Colonies Potuguaises en Afrique

Au XIXeme siècle, la présence du Portugal en Afrique remonte à plus de trois siècles, mais cette présence se circonscrit aux côtes et à quelques îles.
A partir du milieu du XIXème siècle, à l’ère de la course lancée par les principales puissances européennes qui, après avoir compris que l’Afrique était un vaste continent « vide », se sont lancées dans une vraie compétition de conquêtes), le Portugal comprend qu’il a son mot à dire, et se lance lui aussi dans la curée. Sa grande ambition est de réaliser le « Mapa-cor-de-rosa », c’est-à-dire, de faire la jonction entre l’Angola et le Mozambique, autrement dit, entre l’océan Indien et l’Atlantique. Mais cette ambition se heurtera à l’Angleterre qui entend elle réunir l’Egypte à ses possessions de l’Afrique du Sud. Le Portugal doit se plier aux exigences de l’Angleterre ( il n’a guère eu le choix) et en profite par des traités de fixer les frontières de ses possessions ( très convoitées par les autres puissances ). Mais prétendre n’est pas dominé, la pacification des territoires portugais a été difficile et longue. Il faut attendre les années 1930 pour que la Guinée portugaise par exemple soit totalement pacifiée.
En octobre 1910, le roi Manuel II est renversé, la République est proclamée, la monarchie portugaise passe aux oubliettes.
Le nouveau régime peut se targuer d’un empire africain de plus de 2 millions de km2 ! 20 fois plus grand que le Portugal lui-même (92 000 km2) ! ! Un empire qui contient plus de 2 millions d’habitants !
En 1914, le Portugal est la 4eme puissance coloniale du monde (loin il est vrai de la France ou de l’Angleterre dont les empires sont 5 fois plus grands).



L'Afrique portugaise désigne l'ensemble des colonies africaines ayant appartenu au Portugal. Elle regroupe :
En Afrique du Nord:
Des territoires marocains (entre 1471 et 1660): Ceuta, Mogador (Essaouira), Safi, Agadir, Tanger, etc.
En Afrique sub-saharienne:
L'Angola (1575-1975), le Cap-Vert (1642-1975), la Guinée-Bissau (1879-1974), le Mozambique (1501-1975), le São Tomé e Príncipe (1753-1975), sans compter un grand nombre de comptoirs commerciaux au Ghana, au Kenya, en Tanzanie, au Sénégal et au Yémen.
En Afrique occidentale:
Le Bahreïn (1521-1602) et les comptoirs (entre 1506 et 1650) d'Ormuz et de Bandar Abvbas (Iran), de Mascate (Oman) et de Socotora (Yémen).

L'Empire colonial portugais provoqua d'innombrables catastrophes sur les peuples autochtones tels l'esclavage, la guerre, le dérèglement des réseaux commerciaux, la fin des activités culturelles traditionnelles, la déforestation et les maladies, etc. Parmi les autres conséquences, il faut mentionner la prédominance de la langue portugaise et de la religion catholique dans de nombreuses régions du monde.

L'Angola et le Mozambique sont des territoires vastes et potentiellement riches, et la Guinée-Bissao une petite enclave, très pauvre, dans l'Ouest-Africain indépendant. Les trois territoires sont officiellement considérés par le Portugal comme des provinces d'outre-mer, et par conséquent juridiquement intégrés à la métropole. On retrouve cependant dans les institutions politiques, économiques et sociales de ces territoires, de même que dans leurs relations avec la métropole, des schémas coloniaux traditionnels.
La réalité, en Angola et au Mozambique, était celle d'un colonialisme économique sous-développé et d'une domination coloniale archaïque. Subsistaient par exemple le régime du travail forcé et l'envoi de travailleurs du Mozambique dans les mines sud-africaines .

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La politique portugaise durant plusieurs décades a visé à faire en sorte que ses territoires s'autofinancent, à réaliser des profits et à tirer pour les industries de la métropole des matières premières et des marchés privilégiés. Il fallait éviter que les produits des colonies fassent compétition à ceux de la métropole, et les investissements publics dans les colonies visaient essentiellement à favoriser les intérêts des Portugais qui y faisaient affaires. La philosophie sociale qui se dégageait des politiques à l'égard des populations africaines ressemble à celle d'autres États européens - elle était paternaliste - avec cette caractéristique additionnelle que, dans le cas du Portugal, le citoyen de la métropole était lui aussi pauvre, pieux - voire dévot - et illettré, le «travail ardu» était pour lui aussi une «obligation morale et civique».

Dès le début XXe siècle, plusieurs colonies portugaises disparurent en raison des puissances rivales tels le Royaume-Uni et la France ou des guerres internes. Parmi les colonies restantes, Madère et les Açores devinrent des régions autonomes du Portugal, et Goa une partie de l'Inde en 1962.Sous la dictature militaire d'António de Oliveira Salazar (1932-1968), le gouvernement s'entêta à ne pas reconnaître les mouvements indépendantistes africains; il s'ensuivit des guerres sanglantes, notamment en Angola et au Mozambique.

Alors que s'achève la décolonisation en Asie à la fin des années 1940, le mouvement se déplace en Afrique, tout spécialement au Maghreb, en pleine ébullition. Il existe pourtant déjà un pays d'Afrique du Nord qui a obtenu son indépendance : la Libye. C'

En Guinée fut fondé, dès 1956, le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap Vert, le P.A.I.G.C.V. Son chef, Amilcar Cabral, lança, en 1963, la lutte armée qui réussit à contrôler, en 1969, les deux tiers du pays.
C’est dans la plus petite de ses possessions, la Guinée-Bissau, que le Portugal fut confronté en 1973 à l’inexorable avancée du mouvement de décolonisation du continent.
En Angola, ce fut après l'indépendance du Congo belge que certaines organisations politiques, comme le Mouvement populaire de libération de l'Angola (M.P.L.A.), puis l'Union des peuples angolais (U.P.A.), déclenchèrent, en 1961, des soulèvements indépendantistes. Au Mozambique, le Front de libération (Frelimo), constitué en 1962, entama dès 1964 une lutte armée qui se généralise après 1972. Le poids de ces conflits coloniaux, où combattirent quelque 200 000 soldats portugais, convainquit finalement le Portugal qu'il devrait lui aussi céder face à des Africains soutenus par la Chine et l'U.R.S.S. Mais la décolonisation ne put être admise qu'après la chute du régime dictatorial de Salazar, la « révolution des œillets » du 25 avril 1974. L'indépendance de la Guinée-Bissau fut négociée de mai à septembre 1974. Le mouvement se poursuivit, non sans difficultés, avec l'indépendance du Mozambique, reconnue le 25 juin 1975, celle des îles du Cap-Vert le 5 juillet et de São Tomé le 12 juillet, enfin celle de l'Angola le 11 novembre 1975.
Ces décolonisations en chaîne étaient en réalité le résultat de longues années de guérilla : quatorze ans en Angola, dix ans en Guinée et au Mozambique. De coûteuses guerres civiles entre Africains, l'intervention de troupes étrangères, l'adhésion à des idéologies opposées, le départ des colons portugais achevèrent de ruiner ces territoires.
Ces guerres coûtèrent la vie à 14 000 Portugais, sans compter les 20 000 soldats qui revinrent handicapés ou mutilés. Du côté de la population africaine, le bilan fut encore plus considérable : 100 000 morts, majoritairement des civils.

La décolonisation n'a pas été pourtant la loi générale de la seconde moitié du xxe siècle. Elle n'est pas achevée, puisque certains territoires contestent toujours leur statut et que certains peuples combattent encore la domination russe (Tchétchènes) ou rejettent les colonisations chinoise (Tibet) ou, jusqu'en 1999, indonésienne (Timor). La naissance d'un État juif à partir d'une colonisation du peuplement de la Palestine arabe a déjà provoqué plusieurs guerres entre Israël et le monde arabe.

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L'Afrique coloniale