E.N.S.T
Ecole Nationale Supérieur des Télécommunications
En 1845, Alphonse Foy, directeur des lignes
télégraphiques, propose la création d'une nouvelle
école d'application pour les polytechniciens, spécialisée
dans la télégraphie. Sa proposition est à l'époque
rejetée.
La politique volontariste d'aménagement du
territoire menée sous le Second Empire permet de couvrir intégralement
la France en télégraphes.
C'est ainsi qu'en 1876, au tout début de la Troisième
République, à la suite d'une loi de 1873, les administrations
des Postes et des Télégraphes fusionnent ; c'est la création
des P&T.
1878 Dans le même élan, sous la présidence de
Mac Mahon, le gouvernement de Jules Dufaure s'enrichit le 1er mars 1878,
d'un nouveau service des Postes et Télégraphes
: lÉcole Supérieure de Télégraphie,
fondé par Adolphe Cochery.
Deux mois après son investiture, A. Cochery publie le 12 juillet
1878 une circulaire ordonnant la création de l'École
supérieure de télégraphie (EST), dont le premier
directeur est Ernest-Édouard Blavier. L'école s'installe
alors dans le 7e arrondissement, rue de Grenelle, à Paris. L'ouverture
a lieu le 4 novembre 1878.
Blavier est secondé par Ernest Mercadier qui devait par
la suite sillustrer comme directeur des études de lÉcole
Polytechnique. Cest lui qui y fit installer lélectricité,
dimportation toute récente en Europe. Cest pourquoi
largot de lX a désigné cette lumière
par le terme de « merca ».
Emergence dun nouveau métier : ingénieur des télégraphes.
Les modalités dintégration à
lÉcole sont quasiment identiques à celles en vigueur
aujourdhui.
Il y a bien sûr les élèves de lÉcole
Polytechnique, classés daprès leur rang de sortie
dans les télégraphes.
Il existe également un concours externe, ouvert aux licenciés
ès sciences, aux anciens de lÉcole Polytechnique,
de lÉcole Normale
Mais lÉcole est aussi
destinée à offrir des chances de promotion au personnel
télégraphiste.
Ils doivent réussir un concours interne. Louis-Adolphe Cochery,
le fondateur de lÉcole, attend deux effets de cette sélection
:
- Le premier effet est social : si lorigine des candidats est variée,
leur avancement dans le service après leur sortie a lieu dans des
conditions identiques. Les distinctions dorigine disparaissent définitivement.
- Le second effet sera denrichir le corps
des ingénieurs : « donner à lÉtat, des
fonctionnaires, non seulement au courant de la science actuelle, mais
prêts encore à en hâter les progrès ».
Avec linvention du télégraphe électrique
par Samuel Morse en 1837 et la mise au point du téléphone
par Alexander Graham Bell aux États-Unis en 1876, les premiers
besoins en formation se font rapidement et cruellement sentir.
Quand le lundi 4 novembre 1878 souvre
lÉcole Supérieure de Télégraphie,
ancêtre de lENST, le Service des Télégraphes
vient dêtre uni à celui des Postes au sein dun
Sous-secrétariat des Finances. Louis-Adolphe Cochery deviendra
lannée suivante le premier ministre des Postes et Télégraphes.
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En 1888, L'École supérieure de télégraphie
change de nom, pour devenir l'École Professionnelle des Postes
et Télégraphes (EPSPT), et sa formation intègre
une différence entre les élèves destinés à
l'administration supérieure (section administrative) et les autres
(section technique).
1898 Dix ans après sa création, lÉcole
Supérieure de Télégraphie accomplit sa première
transformation en devenant lÉcole Professionnelle des Postes
et Télégraphes. Elle comporte donc deux sections : à
la section des élèves-ingénieurs sétait
ajoutée une section délèves-administrateurs.
Plus dun demi-siècle avant la création de lÉcole
nationale dadministration (ENA), on avait jugé que la gestion,
elle aussi, réclamait une formation supérieure et des techniques
propres.
Parmi les directeurs de lÉcole, on remarque Léon Thévenin,
dont le nom reste associé au célèbre théorème
quil énonça et qui constitue, encore de nos jours,
un outil danalyse des systèmes électriques linéaires.
Édouard Estaunié lui succède
en 1901.
Célèbre à plus dun titre, il a largement marqué
lévolution de lÉcole. Ce polytechnicien, grand
commis de lÉtat et romancier connu, inaugura des cycles de
leçons données par des conférenciers extérieurs
à ladministration ; Henri Poincaré et Pierre Curie
en firent partie. Il introduisit également des cours de culture
générale, emmenant même les élèves au
Louvre le dimanche matin ; comme quoi la question des humanités
ne date pas dhier ! É. Estaunié donna ainsi à
lÉcole cet élan de haute université quelle
na cessé de présenter et de développer depuis
lors. Cest lui qui, en 1904, forgea le terme de « télécommunication
» en voulant faire la synthèse de tous les « appareils
» et de toutes les disciplines enseignées sous sa responsabilité.
De 1910 à 1924, lÉcole fut
animée par un autre grand directeur, C. Dennery. Il louvrit
encore davantage aux techniques présentes et lui adjoignit un laboratoire
de recherche : le Service détudes et de recherches techniques,
qui devait être, par la suite, à lorigine du Centre
national détudes des télécommunications.
En 1912, un nouveau changement de nom en fait l'École
Supérieure des Postes & Télégraphes (ESPT),
La recherche déboucha, par exemple, sur une réalisation
remarquable : peu après la mise en service, en 1921, de
lémetteur de radiodiffusion sur ondes longues installé
à la tour Eiffel, Dennery créa lannée suivante
la première station européenne de radiodiffusion sur ondes
moyennes.
Le développement de la radiodiffusion
sonore en France
On ne peut parler des inventions du début du 20 ème
siècle, qui a vu le développement de la télégraphie
militaire, de la TSF, puis de la radiodiffusion sonore, sans évoquer
le général Gustave Ferrié qui porta le
télégraphe militaire français au premier rang
dans le monde et qui contribua pour une large part au développement
de la Radio en France. Même après la fin de la guerre,
il chercha à maintenir et à élargir les liens
qui sétaient noués entre les équipes de
radioélectriciens au cours des années précédentes.
Les grands problèmes de la propagation des ondes radio nécessitaient,
en outre, la création dorganisations étendant
leur action sur le monde entier. Cest pourquoi le général
Ferrié créa lUnion de Radiotélégraphie
Scientifique Internationale (URSI).
On ne peut évoquer luvre du général
Ferrié sans souligner aussi limportance prise par le
poste de TSF de la Tour Eiffel.
En décembre 1903, M. Eiffel avait proposé de mettre
la tour à la disposition du Génie militaire comme support
dantenne. Le poste de la tour Eiffel, à lorigine
pauvrement équipé, fut alors transformé en station
permanente de grande puissance ; il deviendra le porte-drapeau de
la TSF française pendant 30 ans.
Après la guerre, le général Ferrié installa,
en février 1922, un studio provisoire dans le pilier Nord de
la tour ; cest ainsi que débutèrent les premières
émissions régulières de radiodiffusion en France.
Au plan de la technique, la Première Guerre mondiale avait
provoqué un développement industriel extraordinaire
des « lampes de TSF » et des équipements de radiotélégraphie.
Des sommes importantes et une énergie considérable avaient
été dépensées pendant la guerre pour la
TSF.
Après larmistice, tous les éléments étaient
en place pour lavènement de la radiodiffusion. En Grande-Bretagne,
la BBC commença en novembre 1922 à émettre des
programmes quotidiens à partir de sa station de Londres ; en
France, après quelques premières expériences
faites en 1921, cest aussi en 1922 que commencèrent les
premières émissions régulières de la tour
Eiffel. Le nombre de stations de radiodiffusion devait croître
ensuite très rapidement : en 1927, on comptait déjà
plus de 700 stations de radiodiffusion sur le seul territoire des
Etats-Unis . |
Traité pratique de télécommunication
électrique, Édouard Estaunié
:
En 1904 Un mot nouveau : « télécommunication
»
« Jai dû ajouter un mot nouveau
à un glossaire déjà trop riche au gré de nombreux
électriciens. Jespère quon voudra bien me le
pardonner.
Les mots naissent dans les sciences neuves, comme les plantes au printemps.
Il faudra sy résigner, et il ny a que demi-mal, puisque
lété qui doit suivre se chargera délaguer
les mauvaises pousses. »
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Années 1930, 1940
et aujourdhui
: la rue Barrault, lENST et Télécom Paris(Tech)
En 1934, lÉcole est séparée
du Service détudes et de recherches techniques. Elle quitte
les locaux du Ministère rue de Grenelle pour sinstaller au
36 de la rue Barrault.
En 1938, l'école prend le nom d'École nationale
supérieure des postes et télécommunications (ENSPTT),
et la même année, le président de la République
Albert Lebrun décerne à l'école la Légion
d'honneur.
Pendant la guerre, en 1942, l'ENSPTT est scindée en deux
écoles : l'ENSPTT qui forme les cadres administratifs, et qui a
fermé ses portes le 31 décembre 2002, et l'ENST École
Nationale Supérieure des Télécommunications.
À partir de cette époque, le progrès des techniques
de télécommunications et lapparition de la télévision
lui donnent une importance rapidement croissante.
À partir de 1943, lÉcole recrute également
des élèves-ingénieurs civils, se destinant à
des carrières dans lindustrie privée.
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Depuis, lÉcole na cessé de se
développer pour suivre lévolution spectaculaire des
techniques de télécommunication.
En 1971, l'ENST passe sous la tutelle directe de
la Direction générale des télécommunications,
et le développement des télécommunications pendant
cette période conduit l'État à créer deux
écoles surs, l'École nationale supérieure des
télécommunications de Bretagne (ENST Bretagne), en 1977,
à Brest, et l'Institut national des télécommunications
(INT), en 1979, à Évry.
En 1991, l'école est un des membres fondateurs
de ParisTech, établissement public réunissant 12
grandes écoles parisiennes ; on y trouve notamment, l'École
polytechnique, École des hautes études commerciales de Paris
(HEC) (depuis 2008), Arts et Métiers ParisTech, École nationale
supérieure des mines de Paris (Mines ParisTech), l'École
nationale des ponts et chaussées (École des Ponts ParisTech),
l'École nationale supérieure de techniques avancées
(ENSTA ParisTech), l'École nationale de la statistique et de l'administration
économique (ENSAE ParisTech) et l'École supérieure
de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris (ESPCI ParisTech).
En 1992, l'ENST fonde avec l'École polytechnique
fédérale de Lausanne (EPFL) l'Institut Eurécom, à
Sophia Antipolis.
En 1996, l'ENST propose la formation FORDIM (FORmation
à DIstance Multi-supports). Cette formation permet à des
ingénieurs de se spécialiser.
En 1997, la libéralisation du marché
des télécommunications contraint l'État à
retirer l'ENST du giron direct de France Télécom et crée
le Groupe des écoles des télécommunications (GET)
afin de rassembler les écoles ENST (renommée entretemps
Télécom Paris), ENST Bretagne, INT (Télécom
INT, INT Management). Le GET est un établissement public administratif
qui dépend du Conseil général des technologies de
l'information (CGTI) au ministère délégué
à l'industrie.
Aujourdhui : une grande école dingénieurs
au cur dun monde devenu numérique .
Depuis le 1er janvier 2008, le GET s'appelle Institut
Télécom, Télécom Paris s'appelle Télécom
ParisTech et l'École Nationale Supérieure des Télécommunications
de Bretagne s'appelle Télécom Bretagne.
Courant 2008, l'INT devient Télécom et management SudParis
(Télécom INT devient Télécom SudParis, INT
Management Télécom École de Management).
À partir du 1er mars 2012, l'Institut Télécom
s'appelle l'Institut Mines-Télécom.
Depuis le 1er juin 2019, Télécom
ParisTech s'appelle à nouveau Télécom Paris et intègre,
comme membre fondateur, l'Institut polytechnique de Paris. À cette
occasion, elle s'installe en octobre de cette même année
à Palaiseau, sur le campus Paris-Saclay, dans un nouveau bâtiment
conçu par Yvonne Farrell et Shelley McNamara, de l'agence irlandaise
Grafton Architects. Télécom Paris quitte la fondation ParisTech
développement au 31 décembre 2019.
Les anciens locaux de l'école, dans le 13e arrondissement
de Paris, sont réhabilités par la Régie Immobilière
de la Ville de Paris pour accueillir le centre de recherche Inria de Paris
ainsi que des logements.
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