Alfred
Niaudet
Alfred Niaudet, électricien
renommé, est né le 2 mars 1835 et décédé
le 11 octobre 1883 , à lâge de 48 ans.
Fils de Prosper Niaudet et Mathilde Lassieur (1813-1896),
il avait deux surs : Sophie (1837-1907, épouse de Marcellin
Berthelot) et Alice (1839-1929).
Le 5 octobre 1845, Edgar Daugas entre au collège Louis Le Grand,
il y effectue toute sa scolarité. C'est là qu'il rencontre
Alfred Niaudet, Henri Rouart, Paul Valpinçon et Ludovic Halévy,
qui resteront ses amis.
1877 Niaudet par Edgar Daugas, Musée des Beaux-Arts de Virginie.
Il fût :
- Membre de la Société Française
de Physique dès sa fondation.
- Collaborateur Puis Directeur de la société Bréguet
- Administrateur de la Société Générale
des Téléphones, de la Compagnie électrique,
et de la Société déclairage publique.
- Président de la Compagnie internationale des Téléphones.
sommaire
En 1870, il organisait le service télégraphique
de larmée du Rhin ; enfermé à Metz, il créait
un système de communications aériennes pour tromper le
blocus. Habillé en civil, il sen échappait pour
rejoindre les armées de la Défense nationale.
1873-1874 Alfred Niaudet-Breguet vient faire
des recherches sur la machine de Gramme au laboratoire de recherches
physiques de la faculté des sciences de Paris.
ÉVOLUTION DES TRANSPORTS DÉNERGIE. Le 19 mai 1873,
Par Planté et Niaudet attirèrent sur la question lattention
de lAcadémie des Sciences.
1874 La Nature - Revue des sciences, 1874. Alfred Niaudet-Breguet
EXPLOSEUR MAGNÉTO-ÉLECTRIQUE de breguet.
Supposez un aimant en fer à cheval, sur
les branches duquel sont enroulés des fils conducteurs
isolés ; supposez une armature de fer doux appliquée
sur les pôles de laimant. Si on vient à éloigner
rapidement larmature, il se produit dans le fil conducteur
un courant électrique dune durée presque instantanée.
Si on rapproche larmature et quon lapplique
de nouveau sur les pôles de laimant, il se produit
dans le fil un second courant présentant les mêmes
caractères que le premier, mais en sens contraire.
Cette expérience, due à Faraday,
est le principe de lexploseur représenté par
la figure ci-jointe.
Exploseur
magnéto-électrique
Pour obtenir un courant au moyen de cet appareil, il suffit de
donner un coup de poing sur le manche, doù résulte
le brusque arrachement de larmature. La simplicité
de cette manuvre fait souvent donner à cette machine
le nom de coup de poing.
Quand on ramène larmature au
contact, on obtient un second courant de sens contraire.
Pour la principale des applications de cet
instrument, linflammation de la poudre, il y a intérêt
à avoir un courant de grande tension ; aussi convient-il
demployer le premier courant, celui darrachement,
par cette seule raison que le mouvement peut être accompli
plus rapidement que le mouvement contraire. Pour augmenter encore
la tension du courant, on a recours à un artifice singulier
qui mérite de nous arrêter un instant.
Le levier de larmature porte un petit
ressort que la figure montre en avant et à gauche, et qui
touche par son extrémité à une vis. Quand
on écarte larmature et laimant, le ressort
cesse de toucher la vis. Mais, comme au point de départ,
il est bandé, le contact entre la vis et le ressort ne
cesse quaprès que larmature a fait environ
les deux tiers de son mouvement. Lun des bouts du fil conducteur
enroulé sur les branches de laimant est mis en communication
avec le levier de larmature, lautre bout communique
avec la vis ; par conséquent, le courant produit par le
coup de poing est enfermé dans lappareil, du moins
pendant les deux tiers du temps de sa production. Cette disposition
qui, à première vue, paraît destinée
à faire perdre la plus grande partie du courant, a, au
contraire, pour effet daugmenter la tension, parce que le
courant qui est fourni par lappareil est, non plus le courant
dinduction magnéto-électrique, mais lextra-courant
de ce courant dinduction, cest-à-dire le courant
dinduction qui se produit au moment de la rupture du circuit
local du courant magnéto-électrique.
En fait, la simple addition du ressort et
de la vis dont nous venons de parler, augmente dans le rapport
de 1 à 5 la tension du courant. On lapprécie
dune manière grossière en comparant les chocs
que lappareil donne quand on met deux doigts sur les bornes
terminales, et on le constate dune manière plus nette
par le nombre des amorces quon peut enflammer dans lun
et lautre cas. Grâce à
ce perfectionnement et à une heureuse proportion entre
les parties de la machine, on peut arriver à enflammer
de la poudre de chasse extra-fine placée entre deux pointes
de métal très-voisines.
En réalité, dans la pratique,
on emploie dans la confection des amorces, des poudres spéciales,
notamment celle indiquée par M. Abel, chimiste de larsenal
anglais de Woolwich. La poudre dAbel est plus sensible que
la poudre de chasse ordinaire ; aussi peut-on enflammer simultanément
dans un seul circuit un nombre assez grand damorces, et,
par suite, mettre le feu à plusieurs mines ou à
plusieurs canons à la fois. Le seul défaut de cette
poudre est quelle saltère avec le temps, et
quau bout de dix-huit mois ou deux ans elle nest plus
inflammable.
Ce défaut est écarté
dans de nouvelles amorces dues à un officier du génie,
et qui ne contiennent aucune substance susceptible de saltérer
avec le temps. En attendant que ces amorces françaises
se répandent, on est réduit aux amorces anglaises
qui ont servi pendant la guerre à quantité de travaux
de destruction et qui rendent dans la paix de grands services
aux ingénieurs pour la percée des tunnels et labatage
des roches.
On a construit des exploseurs qui, dun
seul coup de poing, peuvent enflammer vingt amorces dAbel
; mais cette grande puissance nest obtenue quen sacrifiant
la légèreté de lappareil (ces instruments
puissants pèsent 12 à 13 kilogrammes}. Dans la plupart
des cas, on se contente dappareils plus petits qui pèsent
8 kilogrammes et qui sont capables denflammer dix à
douze amorces dans le laboratoire, et den faire partir six
à huit sur le terrain. Enfin le génie
fait étudier des appareils de très-petite dimension
et dun poids très-réduit, desquels on nattend
que trois ou quatre explosions simultanées, cest-à-dire
une force suffisante pour être absolument sûr dune
explosion sur le champ de bataille. Lexploseur
est lappareil magnéto-électrique le plus simple
qui ait jamais été réalisé, et on
peut ajouter quil nest pas possible den concevoir
un plus simple, puisquil ny entre que les trois parties
indispensables à répéter lexpérience
de Faraday. En effet, on ny voit quun aimant, une
armature de fer doux et du fil de cuivre recouvert de soie. Malgré
cette extrême simplicité, il y a tout lieu de croire
que linstrument se perfectionnera encore notablement et
acquerra, à égal poids ou à égal volume,
une énergie plus grande. Ainsi lemploi des aimants
Jamin, qui na encore été pratiqué quà
titre dessai, ne peut manquer de donner de bons résultats.
Il faut bien se garder de croire que lexploseur
soit comparable en énergie à la bobine de Ruhmkorff.
Le seul avantage quil présente sur ce puissant appareil
est quil se suffit à lui-même et quil
est toujours prêt à fonctionner, tandis que la bobine
dinduction a besoin dêtre excitée par
une pile. Sur le terrain, et notamment à
la guerre, cet avantage est tout à fait capital ; cela
est trop évident pour quil y ait lieu dy insister.
Applications diverses de lappareil
Lappareil qui nous occupe est susceptible
dautres applications que linflammation de la poudre,
et dès lors il ne doit plus être appelé exploseur.
Tout dabord il est facile de lemployer
dans la télégraphie. On a pu voir parmi les objets
exposés à Vienne, par la maison Breguet, un télégraphe
Morse sans pile, dont le manipulateur nétait autre
chose quun exploseur de petite dimension. On connaît
la clef Morse, dont la manipulation consiste en une série
de battements longs et courts diversement espacés. Il suffit
de répéter ces battements avec le manche de lexploseur
pour produire une série de courants positifs à larrachement,
négatifs au retour, qui font fonctionner un récepteur
Morse à armature polarisée. Cet instrument parait
être le télégraphe militaire par excellence,
parce quil réduit au minimum le poids et le volume
des appareils, et parce quil dispense de la pile, qui est
lembarras capital de la télégraphie ambulante.
On a objecté que les télégraphes
Morse employés en France nétant pas à
armature polarisée, les stations ordinaires de la télégraphie
ne pourraient pas être mis en communication avec les télégraphes
de larmée. Cette objection est plus spécieuse
que sérieuse. On a vu en effet, pendant la dernière
campagne, que larmée dinvasion, cest-à-dire
larmée allemande, na presque jamais pu faire
usage des postes français qui ont toujours été
désorganisés au bon moment ; larmée
française, au contraire, constamment en retraite, employait
presque toujours les stations ordinaires de la télégraphie
comme stations militaires. Dailleurs, il y a tout lieu de
croire que les appareils à armature polarisée se
répandront en France comme en Angleterre et en Allemagne,
et dès lors linconvénient signalé se
réduira de jour en jour. Rien ne
serait plus aisé que de concevoir un télégraphe
à cadran magnéto-électrique fondé
sur le même principe, et les officiers du lécole
régimentaire du génie de Montpellier ont fait des
essais dans cette voie.
Nous avons eu loccasion de voir récemment
en Angleterre une autre application du même appareil réalisée
par Sir Charles Wheatstone et déjà assez répandue
; il sagit dun compteur de tours de roue. Un excentrique
placé sur laxe dont on veut compter les tours vient
à chaque révolution arracher larmature dun
appareil analogue à celui que présente la figure
et produit des courants qui sont envoyés dans un récepteur
ou compteur facile à imaginer. Au
lieu de compter des tours de roue, on peut compter les allées
et venues du piston dun corps de pompe, soit dans un moteur
à vapeur, soit dans toute autre machine.
Dautres problèmes pourraient
encore être résolus au moyen de cet artifice, et
nous serions trop heureux si nous avions pu mettre quelque lecteur
sur la voie dune invention nouvelle.
A. Niaudet.
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Publications 1876
- La machine magnéto-électrique de Gramme, par Alfred
Niaudet-Bréguet. (Télégraphie Journal,
vol. III, pages 185, 196, 223).
- Les piles secondaires de M. Planté, par A. Niaudet-Breguet.
(Télégraphie Journal, volume III, page 272).
- Nouvelle machine électro-magnétique à courant
continu, par Alfred Niaudet. (The télégraphie
Journal, vol. IV, page 100).
sommaire
En Septembre 1877 A la réunion annuelle
de l'association Britanique (BAAS) à Plymouth, on apprit les
progrés fait depuis et W.Preece,
avec la participation de Bell, ils firent la première démonstration
pratique avec la fameuse paire de Hand-Téléphones amené
par WH Preece.
A
cette réunion assiste Alfred
Niaudet, neveu de Mr
Louis Bréguet (père) et célébre
constructeur de matériel éléctrique chez Bréguet,
qui parle couramment l'Anglais et qui est aussi membre de la "Society
of telegraph Engineers".
Le lendemain Niaudet recoit des mains
même de l'inventeur une paire de téléphones
(photo ci contre au musée du cnam) pour les amener en France.
Ces deux téléphones traverserent la Manche, dans une
boite fermée à clef. Ils étaient en bois de
frêne blanc tout à fait rustique et assez semblable
à un bilboquet, la paire sera par la suite, donnée
par la veuve A.Breguet au Musée des arts et métiers
à Paris en 1884 et y sont toujours visibles.
Breguet sans tarder fit une présentation devant un
petit comité apartenant à l'institut et Collége
de France.
Fin septembre 1877 Niaudet et Breguet organisent une présentation
à l'Académie des Sciences à Paris.
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Mémoires et compte-rendu des travaux de la société
des ingénieurs civils Vol. 30, 1877
Puis A. Niaudet fait ses premières expériences et une
présentation à Paris début novembre 1877
et termine en annonçant que M. Bell lui avait formellement promis
de venir bientôt à Paris et dy prendre la parole
dans une réunion scientifique. Ce sera une fête pour les
admirateurs de lheureuse invention du téléphone.
Le
2 Novembre 1877 , Alfred
Niaudet et Antoine Breguet expérimentent
" le téléphone" devant des membres de l'institut
et du collége de France.
Ci dessous deux lettres de correspondance entre Bell
et Niaudet sont echangées, la première
rédigée par Alfred Niaudet, le 8 novembre 1877,
quelques jours après la première démonstration
dun téléphone en France ;
« Cher Monsieur, merci infiniment pour votre intéressante
lettre et pour les journaux que vous mavez transmis. Je serai
à Paris pendant six ou huit jours et jespère vous
y rencontrer. Je vous envoie un journal contenant les comptes rendus
de ma conférence ici. Les remarques de Sir William Thomson ont
été si brillantes quelles devraient certainement
être traduites en français et auront un grand poids.
En hâte, vôtre, sincèrement. Alexander Graham Bell.
»
La seconde écrite par Alexander Graham Bell le lendemain, 9
novembre, à Alfred Niaudet. Lettre autographe signée
au physicien Théodore Schneider.
« Monsieur, Pourriez-vous menvoyer une douzaine de brochures
(éclairage industriel par la lumière électrique
Heilmann et Schneider) ou plutôt pourriez-vous me les faire
envoyer par limprimeur Vve Bader et Cie à qui il me serait
agréable den envoyer le prix. Cette brochure mest
quelque fois demandée et je voudrais pouvoir la faire lire aux
personnes qui la désirent.
Vous aurez vu par les petits imprimés de
la Soc. de Physique que jai eu le plaisir dy montrer
le 2 novembre dernier, les deux premiers téléphones qui
aient été introduits en France.
Cest une invention bien extraordinaire,
dans son état actuel ; elle se perfectionnera certainement, mais
dès à présent, on ne peut se défendre dune
certaine émotion quand on entend la voix dun ami au travers
dun fil télégraphique.
Hier soir, nous avons essayé entre Paris
et St Germain et malgré un temps affreux, nous avons entendu
bien des mots, reconnu la voix de notre correspondant, entendu chanter
Au Clair de la Lune. Jétais saisi comme si je navais
jamais entendu le téléphone. Croyez, Monsieur, à
mes sentiments dévoués. Alf. Niaudet. 6 rue de Seine
»
Le 21 Novembre 1877, Bell arrive à
Paris guidé par A.Niaudet , pour participer à ce rendez
vous historique. Bell et Pierret conviennent de faire des essais sur
les lignes télégraphiques de l'état.
Dès le lendemain A.G Bell communique sur une ligne spéciale
de son domicile de Paris avec Léon Say au ministère des
finances et des postes et télégraphes puis avec le ministre
de la guerre.
Décembre 1877 A.Niaudet
et C. Roosevelt créent la "Societé
Anonymes des Téléphones Bell"
Cest la première société de téléphonie
créée en France . Son siège social est situé
au 1, rue de la Bourse, à Paris.
La Société Anonyme des Téléphones Bell sera
présente à lexposition universelle de 1878.
Le 7 décembre : Un extrait
de l'exposé de A. Niaudet "Mémoires de la Société
des ingénieurs civils" : Volume 30 année 1877.
En 1878 Niaudet édite un ouvrage
Téléphone et Phonographe, consultable
cette page
et un exposé dans "LA NATURE",
REVUE DES SCIENCES 23 mars 1878
Le phonographe d'Edison.
- Cet instrument extraordinaire, réalisé en Amérique
et annoncé par les journaux, vient de passer l'Atlantique
et d'arriver à Paris. Un exemplaire de cet appareil, apporté
par M. Puskas, concessionnaire des brevets européens de l'inventeur,
a été présenté le lundi 11 mars à
l'Académie des sciences et le vendredi 15 à la Société
française de physique.
Le phonographe remplit une double fonction
; son nom n'indique que la première ; il écrit les
sons, ceux de la voix ou ceux rendus par un instrument quelconque,
voilà la moitié ; il est capable de les reproduire
après et d'en donner comme le portrait, voilà l'autre
moitié. L'enregistrement des sons avait déjà
été obtenu d'une autre façon, notamment dans
le phonautographe de Scott et Knig, dont la description se
trouve dans tous les traités de physique récents.
Mais la reproduction des sons au moyen de
la trace qu'ils ont laissée dans l'enregistreur,... elle
a été rêvée, cherchée, essayée
par plusieurs, elle n'a jamais été réalisée
avant M. Edison.
Le phonographe ou machine parlante d'Edison
(1/6 grandeur d'exécution, agrandir) .
L'appareil que nous avons vu est représenté par
la figure ci-jointe ; il est d'une simplicité qui ne pourra
pas être dépassée et qu'à certains
égards même on sera obligé d'abandonner pour
obtenir plus de perfection dans le rendu. Il présente une
membrane toute semblable à celle des téléphones,
tenue par sa circonférence dans une bague métallique,
A. Cette membrane porte, fixé à sa surface inférieure
un petit style métallique placé perpendiculairement
à son plan et très rigide. C'est devant cette membrane
qu'on parle, et c'est le style qui écrit les vibrations
de la membrane.
Lenregistrement se fait sur un cylindre
métallique, M, qu'on meut au moyen d'une manivelle. L'axe
du cylindre est taillé en vis, ou en terme technique, taraudé,
et l'un de ses collets ou supports fonctionne comme écrou
; de telle sorte que, quand on tourne la manivelle, le cylindre
non seulement tourne, mais encore progresse. La surface du cylindre
présente elle-même un pas de vis de même hauteur
que l'axe ; si bien que la pointe du style, pendant le mouvement
du cylindre, se trouve continuellement dans la rainure pratiquée
à sa surface.
Quand ou veut employer l'instrument, il faut commencer par placer
sur le cylindre un papier d'étain, pareil à celui
dans lequel on enveloppe le chocolat ; on colle ce papier métallique
avec une colle ordinaire suivant une des génératrices
du cylindre, afin de l'envelopper complètement. Avec les
mains on appuie de manière à faire pénétrer
le papier dans la rainure, qu'on voit se dessiner au travers de
l'étain. On amène alors la membrane dans sa position
d'action, on l'assujettit solidement au moyen d'une vis de serrage,
le style appuyant légèrement sur le fond du canal
hélicoïdal présenté par le papier. On
parle et en mémo temps on tourne le cylindre ; la membrane
vibre et le style fait dans le papier d'étain une série
de marques plus ou moins profondes et de formes variées,
qu'un puissant microscope permettrait seul d'étudier. Voilà
l'inscription, c'est-à-dire la première partie de
l'invention d'Edison ; voilà ce qu'on avait fait avant
lui et voilà ce qu'on avait fait mieux que lui, quand on
se proposait simplement d'écrire les vibrations pour en
étudier les formes. Mais ce mode d'inscription a été
l'idée de génie et comme l'a fort bien dit M. Marcel
Deprez à la Société de physique, l'emploi
de ce papier d'étain a rendu possible la reproduction des
sons, qui avait été cherchée en vain par
d'habiles et savants expérimentateurs. Voici
comment on procède pour tirer de l'instrument ainsi préparé
les sons qu'on lui a dit ou plus exactement criés à
l'oreille. On écarte la membrane, on fait tourner le cylindre
en sens inverse jusqu'à ce qu'il soit ramené à
la position qu'il occupait au début de l'expérience
; on rapproche la membrane et le style se retrouve au contact
du papier d'étain. On tourne de nouveau et dans le même
sens que la première fois. La membrane, poussée
par le style, qui est lui-même guidé par les marques
ou cavités antérieurement produites, la membrane,
disons-nous, vibre et reproduit les sons qui avaient déterminé
l'inscription. Ces sons, amplifiés par une sorte de porte-voix
placé contre l'anneau A (voy. la figure) contenant la membrane,
peuvent être entendus à distance.
Ou ne peut se rendre compte sans l'avoir
entendu, de l'impression singulière que cause cette petite
voix grêle sortant de l'instrument ; jusqu'au dernier moment
on doute et quand les sons distincts, quoique faibles, viennent
frapper l'oreille, on éprouve un étonnement et une
satisfaction qui se sont traduits à la Société
de physique en applaudissements et en rires des personnes qui
remplissaient la salle.
Insistons sur les particularités
de cet instrument, grâce auxquelles il réalise ce
qu'il était si difficile de produire. Le papier d'étain
est comme suspendu au-dessus du vide formé par le pas de
vis tracé sur le cylindre ; il présente une certaine
rigidité à cause de sa tension, mais comme il n'est
pas soutenu par derrière, il présente en même
temps une certaine flexibilité. Grâce à ces
propriétés, la feuille d'étain est capable
de recevoir les impressions qu'y fait le style inscripteur, et
ensuite de les rendre à la membrane quand on fait passer
une seconde fois le style devant la feuille écrite. Le
papier d'étain n'est pas encore, parait-il, ce qu'il y
a de mieux pour cet usage ; M. Edison emploie maintenant des feuilles
de cuivre, sans doute de cuivre rouge, très minces et qui
donnent de meilleurs résultats.
Nous avons supposé implicitement
dans ce qui précède que la rotation du cylindre
était uniforme ; mais il est clair que le mouvement donné
directement par la manivelle ne peut pas être parfaitement
régulier. Pour atténuer ce défaut, on a mis
à la seconde extrémité de l'axe un lourd
volant, V, montré sur notre figure, qui, dans une certaine
mesure, corrige les variations de vitesse produites par l'action
de la main. Il est facile de concevoir des appareils d'horlogerie,
grâce auxquels on obtiendrait un mouvement très uniforme
; c'est un point sur lequel il n'y a pas à insister.
Quand il s'agit de reproduire des paroles
articulées par la voix humaine, les inégalités
de vitesse ont peu de conséquence ; le son monte ou baisse
légèrement quand le cylindre se hâte ou se
ralentit. Mais quand on reproduit des sons musicaux, le défaut
est plus sensible. On comprend en effet que plus la rotation est
rapide, plus le son rendu est aigu, et la même inscription
peut donner des notes très différentes suivant qu'on
tourne plus ou moins vite.
Et par suite, si on inscrit successivement
les quatre notes d'un accord parfait do, mi, sol, do, sur le cylindre,
on le rendra juste, à la condition qu'on tourne tout à
fait régulièrement et pendant l'inscription et pendant
la reproduction du son ; mais pour peu que la vitesse n'ait pas
été uniforme l'une des deux fois, l'accord n'est
pas juste.
On peut noter ici en passant que, avec le
téléphone, les sons musicaux sont plus aisément
rendus que les articulations de la voix ; tandis qu'avec le phonographe
tel que nous l'avons entendu, c'est l'inverse.
Nous l'avons dit, et nous ne pouvons que
le répéter, ces petites imperfections de rendu seront
corrigées par des appareils donnant un mouvement très
régulier. D'autre part, M. Edison a récemment annoncé
par le télégraphe à son représentant
en Europe qu'il était arrivé à reproduire
exactement le timbre de la voix humaine. Ce sera une nouvelle
merveille ou plutôt un parachèvement d'une merveille
mécanique ; mais dès à présent on
ne saurait trop admirer le résultat obtenu et la simplicité
extraordinaire des moyens mis en uvre pour l'obtenir.
Parmi les perfectionnements qui ont été déjà
réalisés, parait-il, par M. Edison, nous en indiquerons
un seul : dans de nouveaux appareils le papier d'étain
se place non plus sur un cylindre, mais sur une plaque dans laquelle
on a tracé une rainure qui a la forme d'une spirale d'Archimède,
ou, pour parler le langage vulgaire, la forme d'un limaçon.
Le mouvement de cette plaque est combiné de manière
que le style porté par la membrane trace ses inscriptions
dans la rainure spirale. Cette disposition est certainement plus
compliquée que celle qui a été montrée
à Paris ; mais elle permet de placer plus aisément
et plus promptement la feuille d'étain et surtout elle
permet, la feuille une fois écrite, de la placer sur un
autre appareil qui fera la reproduction, ce second appareil pouvant
être dans une autre ville et dans une autre partie du monde
que le premier.
C'est dans ces conditions qu'il sera possible
à la Société française de physique
d'entendre une communication verbale de M. Edison, communication
qui aura été confiée à l'étain
quinze jours auparavant et qui aura, passé l'Atlantique
dans une enveloppe de lettre. Cette chose extraordinaire n'a pas
encore été réalisée, mais elle le
sera certainement, pour peu que M. Edison veuille continuer de
suivre la voie dans laquelle il est entré si brillamment.
Ajoutons en terminant que le phonographe
peut être combiné avec le téléphone,
et sans parler de ce qui pourra être fait, disons que des
expériences ont été exécutées
à Bruxelles, dans lesquelles la membrane du phonographe
était mise, au moment de la reproduction, en présence
d'un aimant de téléphone. Les vibrations produites
dans la membrane par le style commandé par la feuille d'étain
préalablement écrite, déterminaient des courants
d'induction téléphoniques dans le fil qui entourait
l'aimant et se trouvaient reproduites dans un téléphone
récepteur placé à distance.
Alfred NIAUDET.
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sommaire
Niaudet publia de nombreux ouvrages délectricité
et collabora à plusieurs publications scientifiques.
1878
Exposé des applications de l'électricité.
Machine
de M. Niaudet-Breguet. M. A. Niaudet-Breguet a combiné
récemment une machine Clarke multiple possédant lavàntage
de pouvoir se passer de commutateur.
La
fig. 140 représente cet appareil.
Cest, comme on le voit, une série de 12 bobines placées
entre deux plateaux et tournant entre les pôles de deux aimants
fixes. Les bobines des électro-aimants sont toutes rattachées
les unes aux autres, le bout entrant de chacune étant lié
au bout sortant de la bobine voisine, exactement
comme une série déléments voltaïques
réunis en tension. Quand le plateau tourne dans le sens de la
flèche, en supposant le pôle nord de laimant en bas
et le pôle sud en haut, voici ce qui se passe dans une bobine
quelconque à mesure quelle séloigne du pôle
N : il sy développe un courant dun certain sens,
et ce courant reste de même sens pendant tout le temps que la
bobine va du pôle N au pôle S ; mais pendant la seconde
demi-révolution de la bobine, elle séloigne du pôle
S et sapproche du pôle N, et par conséquent le sens
du courant est inverse de ce quil était dans la première
moitié du mouvement.
Yoyons maintenant ce qui se passe dans lensemble. A un moment
quelconque, considérant toutes les bobines placées à
la droite de la ligne des pôles, elles sont toutes parcourues
par des courants de même sens qui sont associés en tension.
Au même moment les bobines placées à gauche de la
ligne des pôles sont parcourues par des courants de sens inverse
aux premiers et, comme eux, associés en tension. La somme des
courants de droite est dailleurs manifestement égale à
celle des courants de gauche. Lensemble peut donc être considéré
comme deux piles de 6 éléments opposées lune
à l'autre par leurs pôles de même nom. Or, si un
circuit électrique est mis en communication par ses deux extrémités
avec les points où ces deux séries déléments
sont opposées, il est parcouru à la fois par les courants
des deux piles qui se trouvent alors associés en quantité
comme dans la machine Gramme.
Par analogie, pour recueillir les courants développés
dans la machine de M. Niaudet, il faut établir des frotteurs
qui touchent les points de liaison des différentes bobines entre
elles au moment où ils passent sur la ligne des pôles.
A cet effet, linventeur, sinspirant de la machine Gramme,
a placé des pièces métalliques qui, dirigées
radialement, communiquent avec les points de jonction des bobines et
sur lesquelles se fait la prise des courants.
1879 La Lumière éléctrique
La Pile de M. Niaudet au chlorure de chaux . La
Nature 1880
Cette pile disposée à peu près
comme la pile Léclanché (1 modèle), a pour
substance dépolarisante du chlorure de chaux mêlé
à des fragments de charbon qui remplissent lintérieur
du vase poreux où plonge le charbon, et pour liquide excitateur,
une solution de chlorure de sodium (eau salée) dans laquelle
est immergée la lame de zinc.
Lhydrogène dû à la décomposition
de leau, réagit sur le chlorure de chaux pour former
de leau et de lacide chlorhydrique, doù
il résulte, dans la solution excitatrice, du chlorure de
zinc et du chlorure de calcium, corps très-solubles et bons
conducteurs, ce qui rend la pile énergique et constante.
I)e plus comme le zinc nest pas attaqué dune
manière appréciable en présence du chlorure
de chaux, la pile suse fort peu quand elle ne sert pas, et
laddition du sel marin la rend encore moins résistante.
La force électro-motrice de celte pile
est de 1 volt 6 .Bien quelle se polarise plus que la pile
de Daniell, elle reprend sa force électro-motrice par le
repos. Sa résistance est d'environ 5 ohms. Mais ce qui est
remarquable dans cette pile, cest la suspension de toute attaque
du zinc quand le circuit est ouvert. Il paraît
que,lodeur du chlorure de chaux se trouve rendue inoffensive
par un bouchage hermétique du vase poreux avec un bouchon
entouré de poix. |
1880
- La Lumière éléctrique Machines
nmgnèto-èlectriqiies.
Nous nous proposons, dans ce travail, dexposer
les principes et les principes seulement de toutes
les machines connues qui ont fourni quelques résultats pratiques...
En 1876: M. Niaudet, utilisant la disposition
des bobines de Clarke, et produisant linduction par les deux extrémités
de la bobine à la fois, comme dans la machine de lAlliance,
â construisit une machine à courants continus dans laquelle
les courants sont recueillis par un collecteur du principe de Gramme....
En se reportant au diagramme et à ce que nous allons dire sur
le collecteur de Gramme, il est facile de concevoir le. fonctionnement
de la machine de M. Niaudet ...
- Edition du "Traité élémentaire
de la pile électrique". Alfred Niaudet.
- Niaudet est aussi membre de
la Société Française de Physique dès sa
fondation et deviend administrateur de la Société
Générale des Téléphones.
- Alfred Niaudet : Appareil indicateur
du niveau de leau.
1881
- La Lumière éléctrique
Sifflement de larc voltaïque.
... M. A. Niaudet vient de communiquer à
lAcadémie une note dans laquelle il montre que les sifflements
que produit souvent larc voltaïque, correspondent à
une diminution subite du potentiel des deux charbons entre lesquels
séchange larc voltaïque. Ces variations du potentiel
de larc sont assez notables et répondent à des variations
en sens inverse de lintensité du courant général.
Voici les résultats qui ont été obtenus en faisant
usage du galvanomètre de M. Marcel Deprez pour la mesure des
intensités et des forces électro-motrices ...
- M. Niaudet vient de publier un ouvrage sur les machines magnéto
et dynamo-électriques.
- Mémoires et compte-rendu des travaux de la société
des ingénieurs civils Vol. 36, 1881 , long exposé sur
la pile.
- A. Niaudet : Télégraphe optique
- A. Niaudet : Nouveau récepteur téléphonique de
W.H. Preece
- A. Niaudet : Pile secondaire de M. Faure
- A. Niaudet : Arc voltaïque
Ses publications : Dans lhebdomadaire La Nature
Machine magnéto-électrique de Gramme,
N°22 - 1er Novembre 1873
Exploseur magnéto-électrique de Bréguet, N°35
31 Janvier 1874
Chronographe du Dr Marey, N°49 9 Mai 1874
Pile secondaire de M. Planté, N°56 28 Juin 1874
Observations sur les paratonnerres, N°58 11 Juillet 1874
Nouveau moyen déviter lincrustation des chaudières
à vapeur, N°74 31 Octobre 1874
Rhéotome liquide à direction invariable de M. Ducretet,
N°92 - 6 mars 1875
Aimants Jamin, N° 106 - 12 juin 1875
Nouvelle machine magnéto-électrique à courants
continus, N°132 - 11 Décembre 1875
Correspondance sur la machine Gramme, N°139 - 29 Janvier 1876
Télégraphie militaire. Système de M. Trouvé,
N°155 - 20 Mai 1876
Pile au chlorure dargent de M. Warren DE LA RUE, N°159 - 17
Juin 1876
Pile humide de M. Trouvé, N°168 - 19 Aout 1876
Éclairage à lélectricité, N°214
- 7 Juillet 1877
Bougie électrique de M. Jablochkoff, N°204 - 28 Avril 1877
Le phonographe dEdison, N°251 23 mars 1878
Plume électrique dEdison, N°255 20 avril 1878
Appareil indicateur du niveau de leau, N°393 - 11 Décembre
1880
Description de la plus grande bobine dinduction construite jusquà
ce jour, N°348 - 31 Janvier 1880
Ligne électrique sous-marine de Marseille à Alger, N°391
- 27 Novembre 1880
Et bien d'autres publicatons dans divers ouvrages et
revues autres.
Livres :
Machines magnéto-électriques Gramme,
Hippolyte Fontaine, 1875
Le téléphone de A. Graham Bell, C. Roosevelt, 1877
Téléphones et phonographes : étude complète
de ces inventions, J. Baudry 1878.
Traité élémentaire de la pile électrique,
J. Baudry 1880.
Machines électriques a courants continus, J. Baudry 1881.
sommaire
Le TÉLÉPHONE DE M.
GOWER publication dans "La Nature
du 22 février 1879 :
Nous avons sous les yeux la copie du mémoire
présenté par M. Gower à lAcadémie
le lundi 27 janvier 1879, et dont les Comptes rendus
ont donné un extrait. Nous allons résumer la discussion
quil contient des mérites comparatifs des différents
systèmes téléphoniques. Il paraît démontré
que les courants électriques interrompus sont impropres à
la transmission de la parole articulée. Ils permettent de
produire à distance des bruits dune hauteur déterminée
ou des notes musicales ; mais ils paraissent incapables de donner
les effets du timbre. Rappelons pour fixer les idées que
le téléphone de Reis est le type des appareils électriques
reproducteurs des sons sans leur timbre, fondés sur lemploi
des courants interrompus. On les appelle téléphones
musicaux, quoiquils ne fassent entendre quune fort mauvaise
musique.
Lemploi des courants appelés par M. Bell ondulatoires
a permis de franchir lénorme distance qui sépare
les téléphones dits musicaux des téléphones
articulants. Les courants ondulatoires sont ceux dont lintensité
subit des variations qui peuvent être figurées par
une courbe ondulée analogue à celle qui représente
les phénomènes du son. Ces variations dintensité
peuvent être obtenues de deux façons :
1° En faisant varier la résistance du circuit, tandis
que la source électrique reste invariable ;
2° En faisant varier la force électromotrice de la source
tandis que la résistance du circuit reste fixe ; nous avons
dans ce cas deux classes de téléphones articulants.
A la première appartient le transmetteur à charbon
de M. Edison et les microphones. Dans tous ces appareils des variations
dans le contact entre deux pièces faisant partie du circuit,
déterminent des variations dans la résistance du courant
fourni par une pile constante. La seconde classe comprend les téléphones
magnéto-électriques de Bell qui, après avoir
excité tant détonnement et dadmiration
en 1877 viennent de recevoir entre les mains de M. Gower une puissance
dont on ne pouvait les croire susceptibles.
Le téléphone de M. Gower est représenté
par les figures ci-jointes, qui sont faites à léchelle
de 1 et donnent par conséquent la dimension de linstrument
qui a reçu le nom de téléphone chronomètre.
Une des préoccupations de lauteur a été
de faire emploi des aimants les plus forts possible, tout en réduisant
au minimum la dimension des boîtes contenant linstrument.
Il a fait construire des aimants du meilleur acier français
connu, supérieur pour cet usage seul à tous ses rivaux
anglais. Il a adopté la forme fermée NOS. Enfin ces
pièces ont été aimantées par lemploi
dun électro-aimant fort gros, excité par le
passage du courant dune puissante machine Gramme. Les deux
pôles portent chacun une petite pièce de fer oblongue
sur laquelle est montée une bobine de fil ; cette forme aplatie
essayée déjà autrefois en Amérique par
M. Gower et rejetée, a été reprise par lui
et lui a donné de meilleurs effets que la forme cylindrique,
sans doute à cause de la force extraordinaire de laimant.
Une boîte de laiton contient les organes que nous venons de
décrire; son couvercle, de même métal, porte
la membrane vibrante qui est quelque peu plus épaisse que
dans les appareils du même genre construits jusquici
; elle est maintenue sur toute sa circonférence par une bague
de laiton et les vis qui lattachent au couvercle ne touchent
en aucun point la membrane. Le disque de métal qui forme
le couvercle nest séparé que par une chambre
excessivement mince de la membrane vibrante, circonstance importante,
comme on sait; car sil est important de diminuer les effets
de résonnance de la boîte elle-même, au-dessous
de la membrane, il lest bien plus encore de les écarter
complètement au-dessus. M. Gower assure dautre part
que ce couvercle présente une vibration appréciable
daccord avec celle de la membrane elle-même. La forme
ancienne de lembouchure téléphonique a été
abandonnée, et on a pu sans rien perdre de lintensité
du son faire usage de tuyaux acoustiques souples avec leurs embouchures
ordinaires.
Cette disposition paraît extrêmement commode, car il
devient facile de parler et dentendre sans se lever de sa
table, tandis que le téléphone est solidement suspendu
au mur. On arrive ainsi à toute la commodité que présentent
les porte-voix ordinaires. Pour compléter la ressemblance
avec les tuyaux acoustiques, M. Gower a pourvu son appareil dun
avertisseur ou appel qui forme la particularité la plus nouvelle
de son instrument. On voit sur la membrane une pièce A, représentée
à part et en plus grand ; elle se compose dun tube
recourbé à angle droit, ouvrant par un bout T sur
le dessus de la membrane et par lautre dans la boîte
; elle contient une anche vibrante. Si on souffle dans le tuyau
acoustique, lair chassé dans ce tube A, fait vibrer
lanche et par communication solide la membrane entre en un
mouvement vibratoire dont les excursions sont beaucoup plus étendues
que dans les téléphones ordinaires ; elles le sont
assez pour quon les sente au doigt. Ces vibra, tions intenses
produisent des courants induits dune intensité considérable
dans le téléphone transmetteur ; il en résulte
au récepteur une vibration correspondante qui fait entendre
un son assez fort. Cet appel peut être entendu dans toute
une pièce si grande quelle soit, alors même quil
ny règne pas un silence absolu. Le timbre particulier-
de ce son contribue dailleurs à le rendre facilement
perceptible au milieu dun certain bruit ambiant.
Ainsi se trouve résolu le problème, si souvent cherché,
de transmettre au moyen du même instrument un appel assez
fort et ensuite la parole articulée. On pourrait croire que
laddition sur la membrane du tube A contenant cette anche
vibrante, trouble la netteté de la transmission ; il nen
est rien et il paraît même que ce poids ; ainsi placé,
joue le rôle détouffoir et contribue à
rendre plus distincte et plus naturelle la parole articulée.
Le téléphone chronomètre a été
expérimenté dans la salle des séances de lAcadémie
des sciences le 27 janvier et dans la salle relativement petite
de la Société de physique le 5 février. On
a pu constater que lappel était entendu dans toute
la salle de lInstitut ; on a entendu également de tous
les points de cette pièce les sons dun cornet à
piston joué près dun transmetteur. Enfin la
parole articulée a pu être entendue à distance;
des phrases simples parlées à voix haute au transmetteur,
ont été entendues à cinq ou six mètres
du récepteur, résultat qui navait jamais été
obtenu jusquà ce jour. Pour entendre à distance
de linstrument il faut larmer dun grand cornet
résonnateur, dans le genre de celui quon emploie pour
renforcer les sons du phonographe; mais dans la pratique lemploi
du tuyau acoustique nous paraît préférable.
Avec le cornet dont nous venons de parler on peut encore exécuter
une expérience curieuse quon fait dailleurs avec
tous les bons microphones (à piles) ; on parle devant le
transmetteur en se tenant à un mètre ou deux de linstrument,
et la parole est clairement reproduite par le récepteur écouté
de près.
A. NIAUDET. |
sommaire
1883 Vu dans "La Nature" de 1883 NECROLOGIE
Alfred Niaudet. La science et lindustrie
viennent de faire, en la personne de M, Alfred Niaudet, la perte dun
de leurs plus dévoués et de leurs plus éminents
serviteurs. Membre de la Société française de physique
depuis sa fondation, coopérateur depuis de longues années
à la maison Bréguet, dont il avait concouru à maintenir
les bonnes traditions scientifiques, administrateur de la Société
générale des Téléphones, de la Compagnie
électrique, de la Société l'Éclairage électrique,
président de la Compagnie internationale des Téléphones,
M. Niaudet avait, plus que personne, contribué à développer
en France les industries qui se rattachent à lélectricité.
En même temps il trouvait le moyen de collaborer aux publications
scientifiques, de faire paraître différents mémoires
sur les machines dynamo-électriques, sur la téléphonie
et la télégraphie, et deux ouvrages qui font autorité,
sur les piles électriques et sur les moteurs dynamo-électriques.
En 1870, il organisait le service télégraphique
de larmée du Rhin ; enfermé dans Metz, il créait
un système de communications aériennes pour tromper le
blocus ÿ ensuite il séchappait sous un vêtement
civil pour rejoindre les armées de la Défense nationale.
M. Alfred Niaudet, avant la longue maladie qui la enlevé
à la science, était un de nos meilleurs et de nos plus
zélés collaborateurs ; nos lecteurs apprécieront,
comme nous, la déplorable perte de ce savant et de cet homme
de bien.
1883 La Lumière éléctrique
FAITS DIVERS
Après la mort de M. Alfred Niaudet,
tout récemment emporté après une longue maladie,
nous apprenons celle de M. L. Breguet, membre de lAcadémie
des sciences et du Bureau des longitudes. Jeudi dernier, il assistait
encore au banquet des membres de lInstitut, et rien ne faisait
présumer une mort aussi rapide. M. Breguet, petit-fils du célèbre
mécanicien dont le nom est resté une des gloires de lhorlogerie
de précision, est un des premiers qui se sont occupés
des applications électriques en France; cest lui qui a
organisé les premières lignes télégraphiques
en ce pays, et qui a construit les premiers appareils télégraphiques
qui ont fonctionné sur nos lignes. Son télégraphe
à cadran est connu de tout le monde, et il en combina dautres
de divers modèles, qui lui furent demandés à diverses
époques par ladministration des lignes télégraphiques.
Pendant longtemps, il fut le seul constructeur qui construisait les
appareils électromagnétiques de précision, et on
lui doit une foule de modèles de chronographes, dhorloges
et denregistreurs électriques. La maison Breguet créa
la plupart des habiles constructeurs qui exploitent aujourdhui
à Paris ce genre dindustrie. Il avait dailleurs fait,
dès 1837, avec M. Masson, des expériences sur les bobines
dinduction électriques, qui conduisirent à la bobine
de Ruhmkorff. Appelé à construire beaucoup dappareils
employés pour la détermination des différences
de longitudes et lastronomie, il fut nommé membre du Bureau
des longitudes, et, en 1873, il fut proclamé membre de lInstitut
en remplacement de M. Passy. Après avoir survécu à
son fils, Antoine Breguet, électricien distingué, qui
avait pris une grande part dans lorganisation de lExposition
de 1881, et à son neveu, M. Niaudet, le praticien bien connu,
il sest trouvé frappé, à son tour, par une
embolie, dans sa 78e année ; il a été enlevé
subitement à la science et à ses amis, dans la plénitude
de ses facultés et sans quaucune infirmité pût
faire présager une fin aussi prompte.
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