POSTE
D'APPEL DIRECT , POSTE MOBILE, APPEL DIRECT sur un seul fil
1- POSTE DAPPEL DIRECT système Berthon
Le 10 décembre 1880, la Société
Générale des Téléphones se
constitue, elle décide d'exploiter le système Bell-Grower
amélioré par Ader et M. Berthon. Le 28
février 1883, elle dépose un brevet pour perfectionnements
dans la disposition des bureaux centraux et des postes téléphoniques,
en vue de permettre l'appel direct entre abonnés (système
Berthon) Grâce à ce système, la société
installe le réseau téléphonique de Paris dont les
appareils restent en service jusqu'en 1920. Il sagit
ici dun appareil très ingénieux et dont lusage
se répand beaucoup en France.
Brevet de quinze ans 154,019. du 28 février 1883 ; société
générale des téléphones (réseaux téléphoniques
et constructions électriques ) , représentée par
Armengaud jeune , à Paris , boulevard de Strasbourg , n° 23.
-
Perfectionnements dans la disposition des bureaux centraux et des postes
téléphoniques , en vue de permettre l'appel direct entre
abonnés , système Berthon.
Suivra ; Société générale des téléphones,
le 22 mai 1883 , brevet 154,019 . Perfectionnements dans la distribution
des bureaux centraux et des postes téléphoniques , en
vue de permettre l'appel direct entre abonnés , système
Berthon.
Article lu dans "Les téléphones Usuels"
de Ch. Mourlon 1887
Il est dû à M. Berthon, le directeur de la Société
Générale des Téléphones, dont nous
avons eu loccasion de décrire le nouveau transmetteur, lequel
est généralement combiné avec lappareil dappel
.
Pour faire bien comprendre à nos lecteurs le perfectionnement réalisé
par cet appareil qui rend les communications plus faciles et plus rapides,
nous ne saurions mieux faire que den reproduire ici la description.
Cet ensemble dappareils est décrit dans La Nature
par lun des collaborateurs les plus savants et les plus sympathiques
de cette revue, M. lingénieur E. Hospitalier :
Le fonctionnement général
du réseau a été décrit ici autrefois en
détail, aussi ny reviendrons-nous pas; mais il sest
introduit dans les appareils des perfectionnements importants, de
nature à rendre les communications plus faciles, plus rapides
et plus commodes, et sur lesquels nous croyons utile dappeler
lattention de nos lecteurs.
Nous signalerons aujourdhui, en particulier, lappel direct,
les postes mobiles, et le système permettant de desservir plusieurs
abonnés habitant le même immeuble par un seul et même
fil. |
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Fig 2 Console et poste mobile |
Fig 1 Poste d'appel direct
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« Supposons, par exemple,
pour fixer les idées, un industriel ayant sa maison de vente
située au centre de Paris, et son usine un peu plus loin de
ce centre, mais dépendant dun même bureau central.
La maison de vente et lusine ont entre elles des communications
très fréquentes, mais elles doivent aussi pouvoir communiquer
individuellement avec tous les autres abonnés du réseau.
Avec des postes téléphoniques ordinaires, il faudrait
passer chaque fois par le bureau central pour demander la communication
entre la maison de vente et lusine, ce qui amènerait
chaque fois une certaine perte de temps.
Avec lappel direct, cet inconvénient disparait. Au lieu
détablir des postes ordinaires, on dispose des postes
dappel direct, et le bureau central établit une communication
permanente entre ces deux postes, sans pour cela perdre la possibilité
dêtre appelé par lun ou lautre de ces
postes, ou dappeler aussi à volonté lun
ou lautre, sans déranger celui qui nest pas interpellé.
Les communications dappel direct, cest-à-dire de
la maison de vente à lusine, ou de lusine à
la maison de vente, sétablissent alors directement, sans
que le bureau central ait à intervenir, combinaison qui présente
le double avantage de réduire le nombre de communications à
effectuer par le bureau central, et de faire gagner à labonné
un temps précieux qui serait perdu chaque fois quil sagit
d'établir une communication entre lusine et le bureau
de vente, dont, dans notre hypothèse, les rapports sont très
fréquents.»
Il faudrait beaucoup plus de place que celle dont nous pouvons disposer,
et des explications dont la longueur dépasserait la patience
du lecteur, pour exposer par le menu les ingénieuses combinaisons
du circuit qui permettent de réaliser cet appel direct; mais
nous espérons pouvoir en faire comprendre aisément le
principe.
Dans lappel direct, M. Berthon a su mettre fort habilement à
profit ce fait que tout le réseau téléphonique
de Paris est établi sur le principe du double fil, le seul
qui, jusquici, permette de supprimer complètement tous
les bruits dinduction et de friture, si gênants et si
désagréables dans les systèmes à simple
fil.
Appelons, pour simplifier, A et B les deux postes munis de lappel
direct, et C le bureau central qui les réunit.
Dans la position ordinaire dattente, le double fil qui réunit
les deux postes A et B au poste central C forme un circuit métallique
fermé complet.
Au poste central, les annonciateurs correspondants à A et B
sont montés en dérivation sur ce double fil. Aux extrémités
de ce circuit métallique, en A et en B, sont placés
deux relais communiquant à la terre par une des extrémités,
lautre extrémité étant reliée au
circuit métallique. Si A veut appeler son conjugué B,
il appuie sur le bouton placé en regard de lindication
appel direct; sil veut appeler au poste central, pour demander
la communication avec un autre abonné du réseau, il
appuie sur le bouton correspondant à appel au bureau.
Dans le premier cas, il envoie, par les deux fils à la fois,
un courant dune pile reliée à la terre qui arrive
chez B et actionne la sonnerie de B par lintermédiaire
du relais, mais sans faire tomber les annonciateurs du poste C, qui,
se trouvant branchés entre deux points du circuit où
la force électromotrice est la même, ne sont traversés
par aucun courant.
Le poste A a donc appelé le poste B directement, sans lintervention
du bureau central. Le reste des communications entre ces deux postes
sétablit alors à la manière ordinaire.
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Si, au contraire, le poste A appuie sur le bouton
appel au bureau, il intercale, par cette manuvre, une pile
isolée dans le circuit métallique complet : le relais
placé en B nest pas influencé par ce courant,
le poste B nest donc pas dérangé, mais les annonciateurs
du poste C, branché en dérivation sur des points qui
ne sont plus au même potentiel, au même niveau électrique,
sont aussitôt traversés par un courant qui actionne
les guichets et les fait tomber. Le bureau central prévenu
établit aussitôt les communications nécessaires,
à la manière ordinaire.
Ce que nous venons de dire pour les appels faits
par A, sapplique également, par simple raison de symétrie,
aux appels faits par B. Lorsque le bureau central a besoin dappeler
à son tour le poste A ou le poste B, il le fait à
laide du courant fourni par une pile dont lun des pôles
est à la terre, en ayant soin de sassurer, au préalable,
que les deux postes A et B ne sont pas déjà en communication
entre eux, ce quil ignore, dailleurs, avant de faire
lessai, puisque A et B peuvent sinterpeller à
volonté sans prévenir le bureau central.
Lorsque les deux postes A et B conjugués en appel direct
ne font pas partie dun même bureau central, le problème
est aussi simple à résoudre, à la condition
dimmobiliser une ligne réunissant les deux postes centraux
auxquels A et B appartiennent respectivement. Cette immobilisation
dune ligne se présente alors, pour labonné,
sous forme de location, à raison de tant par kilomètre
et par an.
Lappel direct, dont nous venons de voir lapplication
à un cas particulier, est susceptible dune généralisation
constituant un mode dexploitation par lequel le service gagnerait
en simplicité et rapidité.
En effet, si tous les abonnés du réseau téléphonique
étaient munis du poste dappel direct, le rôle
de la téléphoniste du bureau central se réduirait,
dans chaque cas, à mettre en communication les deux abonnés
qui demandent la communication en leur réservant le soin
de sappeler eux-mêmes.
Tout retard mis par linterpellé à répondre
ne saurait être ainsi imputé au bureau central dont
le rôle se réduirait à
rompre la communication des deux abonnés reliés, une
fois la conversation terminée; le temps gagné serait
surtout appréciable dans le cas où les deux abonnés
entre lesquels il faut établir la communication nappartiennent
pas au même bureau central.
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2 - LES POSTES MOBILES
MM. Berthon et Ader ont imaginé un système
de postes mobiles, dont les applications sont nombreuses à Paris.
Le but poursuivi par les inventeurs était dimaginer un système
permettant de correspondre de plusieurs points dune maison, en nétablissant
qu'une seule communication.
On place aux différents points dune maison, une console renfermant
un téléphone magnétique récepteur et un transmetteur
Berthon du type que nous avons décrit. A chaque console correspond
une sonnerie ordinaire qui est actionnée du moment que lon
accroche le poste téléphonique portatif .
Lappel se fait en poussant sur un petit bouton placé au bas
de la console (Fig 2). Dès que la personne quon a
appelée a répondu, on décroche le dit poste téléphonique
portatif et lon place le bout du cordon de celui-ci, muni dune
sorte de jack-knife (ordinairement un conjoncteur à 4 contacts),
dans une ouverture correspondante pratiquée dans le milieu de la
console.
De cette façon, la communication étant sur téléphone,
on peut correspondre.
sommaire
3 - ABONNÉS MULTIPLES SUR UN MEME FIL
Ces mêmes inventeurs ont aussi combiné un
système permettant à plusieurs abonnés dun
même immeuble de correspondre, au moyen dun seul fil, avec
le bureau central.
Certains abonnés dun même immeuble qui ne font pas
un usage très fréquent du téléphone peuvent
sassocier pour placer plusieurs postes sur un même fil. Ce
système ne permet, il est vrai, la communication que pour un seul
abonné à la fois, mais, en pratique, il est très
rare que les communications soient urgentes en même
temps, et le petit inconvénient résultant
de rares coïncidences est bien compensé par léconomie
résultant de la combinaison. Sans entrer dans les détails
techniques du système combiné par MM. Berthon et Ader, disons
quils sont établis pour deux, quatre ou six abonnés.
Des dispositions fort ingénieuses font que le poste central ne
dérange jamais dautre abonné que celui qui lui est
demandé par un correspondant ; de même, un abonné
quelconque peut appeler le poste central sans déranger aucun de
ses coabonnés ; enfin, dès que la ligne est occupée
par un des abonnés, tous les autres en sont aussitôt prévenus
par un signal optique qui indique la mise en liberté de la ligne,
dès que la conversation est terminée. On voit, par ces quelques
exemples, les efforts faits par la Société générale
des téléphones pour donner satisfaction, dans la mesure
du possible, aux exigences des abonnés, et résoudre les
problèmes souvent difficiles que lui imposent les circonstances.
Sans prétendre, comme Pangloss, que tout est pour le mieux dans
le meilleur des mondes, on peut dire cependant que la Société
sait mettre habilement à profit les enseignements dune longue
expérience, et vaincre des difficultés devant lesquelles
reculerait la Société nouvelle et inexpérimentée
dont on nous a récemment menacés, dans le but de protester
contre un monopole de fait, monopole plus que justifié, dans
lespèce, par la nature du service qui en est lobjet.
Le système Ader
est adapté au circuit métallique de Paris, et
permet de placer quatre postes d'abonnés indépendants
sur un double circuit.
Au repos, la ligne de boucle est complétée à
la station centrale, mais est mise à la terre à mi-chemin
entre les quatre abonnés.
Lorsque l'opératrice du poste central veut appeler l'un ou
l'autre des quatre abonnés, il débranche l'un des deux
fils et envoie dans l'autre un courant positif ou négatif qui,
selon la ligne choisie et le sens du courant, agit sur un des quatre
relais
Lorsqu'un abonné décroche son téléphone,
la boucle devient complète, la terre est déconnectée
et la conversation téléphonique peut suivre son cours
régulier.
Tout cela sera mieux compris au moyen des figures 260 et 261

La figure 260 représente les quatre boutons d'appel, i à
4, au poste central :
A est l'annonciateur, qui entre en action lorsque l'un des quatre
postes appelle, et après qu'un tel appel a été
reçu, l'opérateur place son téléphone
en circuit ; L et L' sont les deux fils de la boucle ou du circuit
métallique ; B et B^ deux batteries d'appel
Un courant arrivant par L traverse les boutons d'appel 4, 3, l'annonciateur
A, les boutons d'appel 2 et I, et revient par l'orsque l'opérateur
du poste central appuie sur le bouton d'appel i, un courant négatif
est envoyé dans la ligne L' et L est déconnectée.
En appuyant sur le bouton d'appel 2, un courant positif est envoyé
dans L'.
De la même manière des courants négatifs et positifs
sont envoyés dans la ligne L par les boutons d'appel 3 et 4
respectivement.
La figure 261 montre la combinaison des quatre postes d'abonnés,
I à IV, dans le circuit métallique L l'.
Chacune de ces stations est constituée d'un appareil microtéléphonique,
signalé par le téléphone F, d'un interrupteur
automatique u, d'un bouton-poussoir T, d'un annonciateur S, d'un relais
polarisé R, d'une sonnerie d'appel W et d'une batterie locale
d.
Les quatre stations ont en outre un relais R' et une batterie B en
commun. L'appel du poste central parcourt le circuit suivant : En
appuyant sur le bouton i un courant négatif traverse L', et
traverse d'abord tous les interrupteurs automatiques U et appuie sur
les boutons T des quatre postes d'abonnés par le fil d, puis
il passe par les relais R des deux Stations I et II, puis, par l'intermédiaire
de Q et de l'armature du relais R', il va à la masse. Des relais
R des deux postes I et II, celui du poste I répond aux courants
négatifs, l'autre aux courants positifs ; à la station
I le circuit de la batterie locale b est donc fermé, et la
station est appelée. Lorsque l'opérateur de la centrale
appuie sur le bouton 2, le courant parcourt exactement le même
chemin ; mais il est positif, et actionne par conséquent le
relais de la station II, et non l'autre. En appuyant sur les boutons
3 et 4 du poste central, des courants négatifs ou positifs
sont envoyés dans la ligne L, traversent les relais des postes
des abonnés III et IV et reviennent par Q à la terre.
Le courant négatif actionne le relais du poste III, le courant
positif celui du poste IV.
Lorsqu'un de ces abonnés, disons III, est appelé, il
décroche son téléphone et modifie ainsi complètement
les connexions.
Tout d'abord, un contact est établi entre le pôle positif
de la batterie B et la plaque inférieure de l'interrupteur
automatique, et par ce contact un courant provenant de la batterie
traverse les quatre indicateurs S. Un double objectif est atteint
par ce courant :
D'une part l'armature R' est attirée, et la mise à la
terre du système est interrompue ; par contre tous les annonciateurs
qui montraient à l'origine un disque avec l'inscription «
libre » (désengagé), exhibent maintenant un disque
avec l'inscription « occupe » (engagé). Le bouclage
est complet sans terre de chaque côté. Le courant arrivant
du poste central par L passe par les quatre relais, les interrupteurs
automatiques U, et le fil v des postes T et II , téléphone
F du poste III , fil d entre III et IV , bouton T et interrupteur
U du poste IV , et renvoie 'Arough l' à la gare centrale
Il est impossible d'entendre la conversation, car si un autre abonné,
par exemple II, décrochait son téléphone, le
circuit serait rompu entre T et U de la station III.
Lorsque la conversation est terminée et que le téléphone
est de nouveau suspendu, tous reviennent à l'état de
repos.
Les annonciateurs affichent à nouveau le disque marqué
« libre », et Q est de nouveau connecté à
la terre.
Lorsqu'un des abonnés appuie sur son bouton d'appel T, le courant
positif de la batterie B passe par les fils d, et les boutons T et
fait passer u dans L', et revient directement par S au pôle
négatif de B.
Les relais R et les avertisseurs s sont polarisés, mais ils
n'ont pas d'électro-aimant ; une bobine très plate se
déplaçant entre les pôles d'un aimant très
puissant remplace l'électro-aimant.
Selon le sens du courant cette bobine est attirée par l'un
ou l'autre pôle, et ferme le circuit de la pile b, ou change
le disque de l'annonciateur S
Cette bobine sans noyau de fer présente de grands avantages
par rapport à un électro-aimant polarisé, d'autant
qu'il n'y a pas à craindre d'inversion de polarité,
ni des courants trop forts, ni des décharges atmosphériques.
Le fonctionnement du système Ader est des plus simples : chaque
abonné effectue sa communication comme s'il était le
seul dans le circuit ; à la gare centrale également,
aucune complication ne survient et une conversation secrète
est assurée.
Par contre, quelques inconvénients doivent être mentionnés
: les abonnés restants d'une même ligne ne peuvent pas
converser ensemble lorsqu'un abonné converse avec la station
centrale ou un autre abonné au-delà de celle-ci ; et
les autres abonnés peuvent perturber la conversation en appuyant
sur leurs boutons ou en décrochant leur téléphone.
Enfin, la communication entre les quatre abonnés nécessite
de six à huit fils ; l'application du système doit donc,
par souci d'économie, être limitée au cas où
les quatre abonnés se trouvent dans le même bâtiment.
M. Elsasser a réussi à surmonter le deuxième
inconvénient, mais en sacrifiant la simplicité des connexions,
et comme cet inconvénient n'a pas une très grande importance
pratique, il semble douteux que ces modifications remplacent la disposition
originale d'Ader. |
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