Texte du document "LE BOUTON-TELEPHONE
DE M. BARBIER"
Le bouton-téléphone
est un petit appareil simple et pratique, appelé à
rendre de grands services dans maintes applications de téléphonie
domestique, grâce à la modicité de son prix
et à la facilité de son installation.
En établissant cet appareil, l'inventeur a résolu
le difficile problème d'utiliser les installations de
sonneries électriques à la transmission de la
parole au moyen de téléphones remplissant le même
office que les boutons d'appel ordinaires et ayants des dimensions
et une forme analogues.
Le bouton-téléphone de M.Barbier est formé
d'un petit téléphone BELL, pouvant servir alternativement
de transmetteur et de récepteur; il est disposé
dans l'intérieur d'un bouton et placé sur un petit
disque de bois qui permet de le fixer facilement au mur. Ce
bouton, comme le montre la figure (page 243), est maintenu à
la planchette au moyen de quatre ressorts entre lesquels il
s'introduit à frottement. Une lame élastique rompt
le circuit téléphonique lorsque l'appareil est
au repos, et le ferme, au contraire, lorsqu'il est décroché.
Il suffit donc d'appuyer sur la touche placée au centre
du bouton pour faire retentir la sonnerie du poste correspondant,
et de prendre ensuite le téléphone à la
main pour engager la conversation.
Le montage des boutons téléphones peut s'effectuer
de bien des manière; mais l'installation la plus simple
est celle que représente le diagramme no 1, et dans laquelle
un ou plusieurs boutons sont reliés à un bouton
téléphonique spécial, dit poste de service
. Ce dernier appareil, ne permettant pas d'interpeller dans
le cas qui nous occupe, est dépourvu de touche d'appel.
En revanche, il est muni d'un commutateur qui met automatiquement
la sonnerie en communication avec la ligne, lorsqu'il est au
repos, et relie au contraire le téléphone à
la ligne toutes les fois que l'on décroche pour correspondre.
Le diagramme no 2 montre une installation de bouton-téléphone
dans laquelle plusieurs boutons sont reliés à
un poste de service muni d'un tableau indicateur indiquant la
personne interpellée l'endroit d'où vient l'appel.
L'établissement des communications entre les divers appareils
n'offre, comme on le voit, aucune difficulté, et l'examen
de la figure ci-contre suffit pour la faire comprendre.
En fin, le diagramme no 3 représente une installation
un peu plus complexe, dans laquelle le poste de service peut
être interpellé et interpeller lui même.
Dans ce cas, on a recours à une bobine d'induction qu'on
intercale dans le circuit, au poste de service, et qui, à
un moment donné, envoie dans la ligne des courants induits
qui font vibre la plaque du poste attaqué. Celle-ci rend
alors un son assez intense pour être entendu dans la pièce
où se trouve l'appareil. Un certain nombre de contacts,
égal à celui des postes secondaires, permet de
lancer le courant dans la direction voulue. Mais, comme il est
indispensable pour que ces appels puissent être faits,
que les divers boutons-téléphones soient eux-mêmes
placés dans le circuit, on a recours, afin de ne pas
épuiser trop rapidement la pile, au coupe-circuits de
M. le docteur d'Arsonval.
Ces appareils se composent de quatre petits couples secondaires,
disposés dans le socle de chacun des boutons-téléphones;
ils ont pour mission d'arrêter le courant continu de la
pile, chaque fois que celui ci tend à les traverser,
et de laisser libre passage aux courants périodiques
de la bobine d'induction.
Dans ces conditions, il suffit au poste de service d'appuyer
sur l'un des contacts pour attaquer le poste secondaire avec
lequel il désire correspondre, et à chacun des
postes secondaires de presser sur le bouton de son appareil
pour interpeller le poste de service.
Bien qu'un seul bouton-téléphone soit suffisant
pour la transmission et la réception, il est préférable,
surtout au poste principal, de faire usage de deux appareils
dont l'un sert à parler et l'autre à écouter.
Il est assez difficile, en effet, de bien correspondre lorsqu'on
est obligé de porter alternativement l'appareil à
la bouche et à l'oreille, suivant que l'on veut parler
ou entendre.
L'appareil micro-téléphonique de M. Ch. Mildé
fils a sur le bouton-téléphone et les appareils
similaires,l'avantage de se prêter aux installations les
plus simples comme aux plus plus importantes, et de ne pas obliger,
lorsqu'on en fait usage, d'élever fortement la voix pour
être entendu de la personne avec laquelle la conversation
est engagée. De plus, avec cet appareil, il suffit, dans
les petites comme dans les grandes installations, de placer
une batterie au poste central pour actionner les micros téléphones
de tous les autres postes; on peut même en faisant usage
du système à appel magnétique, supprimer
complètement les batteries de piles et réaliser
une économie notable dans l'installation.
S'inspirant des remarquables travaux de M. Bourseul qui en 1851,
reconnu que la transmission électrique des ondes sonores
pouvait s'effectuer sans qu'il fût nécessaire de
transformer le courant primaire en un courant secondaire nécessitant
l'intervention d'une bobine d'induction, M. d'Argy, officier
de marine, eut l'heureuse idée de construire, en dehors
des brevets Edison, Ader, etc ..., un transmetteur à
charbon, basé sur l'emploi de matières pulvérulentes
semi-conductrices, et permettant de supprimer l'emploi de la
bobine d'induction.
Imaginé en 1883, cet appareil, défectueux au début,
a été depuis modifié et rendu tout à
fait pratique par M. Ch. Mildé, qui lui a donné
la disposition suivante :
Une petite boîte métallique, analogue à
celle des baromètres anéroïdes (fig. 1),
et ayant environ 4 millim.d'épaisseur, est remplie, jusqu'aux
5/6 de sa hauteur, de granules de coke tamisé.
A l'extérieur de cette boîte, et disposés
verticalement sur chacune de ses faces, se trouve un manchon
métallique dans lequel est serti un cylindre de charbon,
isolé du contact du métal par une rondelle de
papier et portant une gorge qui sert à l'attache du fil
conducteur.
Les faces des cylindres qui touchent le coke sont striées,
afin de mieux assurer leur adhérence avec les granules;
enfin, l'un des cylindres est collé sur la face extérieure
à une planchette vibrante de sapin devant laquelle on
émet les sons.
Comme récepteur, M. Ch. Mildé emploie son téléphone
indéréglable et à cuvette métallique
dont il existe deux modèles, l'un à manche (fig.
2°, et l'autre à anneau de suspension. L'aimant de
ce téléphone est de forme hélicoïdal
et n'a qu'une seule bobine placée au centre de la plaque
vibrante. Cet appareil fonctionne d'une manière irréprochable;
il est d'ailleurs, comme l'a démontré l'expérience,
dans les meilleurs conditions pour le fonctionnement régulier
des vibrations de la plaque et pour la netteté de la
parole.
Voici comment s'effectue la transmission de la parole avec l'appareil
micro-téléphonique de M. Ch. Mildé. Lorsqu'on
vient à parler devant la planchette du microphone, le
récepteur étant décroché, les vibrations
de l'air, engendrées par la parole, sont répercutées
par la planchette qui entraîne le cylindre de charbon
et le manchon métallique dans lequel il est serti. Par
suite de la force d'inertie, la partie postérieure de
la boîte du microphone vibrant avec moins d'intensité
que sa partie antérieure, il en résulte un léger
aplatissement de la boîte, et, par conséquent,
une compression des granules de coke qui facilite le passage
du courant du courant dans la ligne. Celui ci agira donc avec
d'autant plus de force sur la laque vibrante du récepteur
correspondant, que la parole aura été plus sonore
et la compression des granules plus énergique.
Sous le nom de porte-voix électrique, M. Ch. Mildé
a construit un petit poste domestique ayant la forme d'un porte-montre,
et que l'on peut facilement brancher sur une installation de
sonnerie.
Ce poste dont le prix varie de 20 à 30 francs selon les
application qu'on en veut faire, s'emploie aux lieu et place
d'un bouton de sonnerie électrique. On peut l'utiliser
encore pour les communications d'un poste à un autre,
avec ou sans sonneries indépendantes.
Pour les usines et les réseaux téléphoniques
plus importants, M; Ch; Mildé construit des postes plus
complets dont le prix n'excède pas 60 Francs. Enfin,
pour les grandes distances, il a combiné des appareils
magnétiques qui ont, entre autres avantages, celui de
nécessiter l'emploi d'aucune pile.
Les quatre schémas figurés page 245 montrent la
disposition à donner aux appareils et aux fils conducteurs
dans les installations domestiques le plus en usage.
Disons, en terminant, que le poste micro-téléphonique
de M. Ch. Mildé, dont l'emploi se généralise
chaque jour davantage, a été adopté pour
le service intérieur de l'administration des postes et
des télégraphes, de la préfecture de la
Seine, de la Compagnie des petites voitures, du chemin de fer
de l'Ouest, etc.
Plus de 4000 postes sont actuellement installés chez
divers particuliers et dans les principaux établissements
industriels.
Alfred De VAULABELLE
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