Ukraine
Dés le début de la téléphonie,
Kiev alors en Russie,
était bien en avance, rappelons que en 1878 le premier
propriétaire d'un téléphone personnel à
Kiev était Alexandre Borodine, un ingénieur
qui vivait au 17 rue Tereshchenkovskaya (alors rue Alekseevskaya).
L'ingénieur a établi une liaison téléphonique
entre les étages,
Les premières stations téléphoniques ont ouvert
dans deux villes Kiev et Lviv toutes deux en 1884.
Deux ans plus tard, le précurseur du système de télécommunication
moderne a vu le jour. C'était le premier réseau téléphonique
urbain à part entière construit à Kiev
(1886).
Le 1er avril 1886 sur l'insistance des habitants de Kiev,
le premier central téléphonique avec 60 numéros
a été mis en service.
À l'avenir, l'Office a construit ses propres stations à
Kharkov, Kazan, Astrakhan, Koursk et dans d'autres villes.
A Kiev, le centre était situé dans la rue. Khreschatyk,
24/26. Et encore une fois, le centre de Kiev est devenu le premier
de l'empire.
Le bâtiment n'a pas été conservé, mais
sa construction est devenue une véritable avancée dans
le développement des communications téléphoniques.
Apparu à Kiev la profession des opérateurs
téléphoniques.
Ce sont les filles qui assurent manuellement la communication entre
deux abonnés. Chaque abonné était rattaché
à un commutateur spécifique, et pour joindre un autre
abonné, il fallait d'abord contacter l'opérateur téléphonique,
qui assurerait la connexion.
En 1893, la compagnie LM
Ericsson
and Co ouvre sa première
station téléphonique russe à Kiev.
sommaire
Entre 1912 et 1914, une reconstruction a eu lieu,
ce qui a amélioré la qualité des appels et attiré
de nouveaux utilisateurs.
Cependant, la Première Guerre mondiale
et l'après-guerre ont freiné le développement
des télécommunications, qui n'a été relancé
que dans les années 30. Au cours de cette décennie,
la capacité du réseau est passée à 22
400 numéros desservis par 4 stations (sous stations) qui
ont finalement été détruites peu après
le début de la Seconde Guerre mondiale.
Après un très bref épisode entre 1918 et 1920
l'Ukraine ne pourra acquérir son indépendance
qu'en 1991 dans le cadre de la dissolution de l'Union soviétique.
La population ukrainienne a longtemps vécu à l'ombre
d'états plus puissants : d'abord la Lituanie et la Pologne
puis les empires autrichien et surtout russe. Les élites ukrainiennes
sont durant cette période en grande partie acculturées.
Sous la domination russe à compter du XIXe siècle un
afflux important de Russes vient s'installer sur le territoire de
l'Ukraine pour coloniser le sud du pays puis pour occuper les emplois
dans l'industrie et l'extraction minière en formant la majorité
de la population des villes situées à l'est et au centre.
Les Ukrainiens vivent majoritairement dans les campagnes et dans les
régions occidentales et centrales.
L’historiographie récente a en effet insisté
sur la difficile emprise du pouvoir soviétique en Ukraine,
surtout occidentale, après la Seconde Guerre mondiale. L’étude
des priorités dans la reconstruction et la reconfiguration
des lignes de communication dans leur matérialité permet
d’appréhender les modalités pratiques et symboliques
de la (ré)installation du pouvoir soviétique en Ukraine.
Les réseaux et l’intensité des échanges
traduisent les politiques de subordination dans les modes de gouvernement
du pays et sont susceptibles à ce titre d’apporter un
éclairage nouveau sur les rapports entre la capitale de l’URSS
et la république.
Après la première guerre mondiale
en 1919, l’usine Ericsson,
qui produit l’essentiel de l’équipement téléphonique
en Russie, est nationalisée.
Elle prend alors le nom « Aurore Rouge ». Mais
confrontée au manque de matières premières et
de combustible, la production y est arrêtée.
À cette époque, l’équipement téléphonique
disponible en Russie a vieilli sans qu’on ait les moyens de le
remplacer, les compagnies étrangères ne fournissant
plus la Russie en pièces de rechange ...
En 1923, les autorités moscovites achètent deux
packs d’équipement téléphonique à
une société de câbles danoise pour le réseau
téléphonique de la capitale. Le
Conseil des Commissaires du Peuple d’Ukraine, quant à
lui, désire acheter un central téléphonique
automatique en Allemagne afin d'équiper Kiev. À
cette fin, il prend contact avec la représentation commerciale
soviétique à Berlin qui fait des propositions à
la Direction du réseau téléphonique.
Le 23 mars 1923, la Direction électrotechnique principale
du VSNH intervient dans les négociations. Pour éviter
l’achat du central à l’étranger, elle déclare
que la production des centraux a un grand avenir en URSS.
La Direction électrotechnique principale propose que le trust
des usines de faible courant fabrique 50 % de pièces des centraux
; seules les pièces que celui-ci ne pouvait produire doivent
être achetées à l’étranger. C’est
le trust qui doit monter la station et ainsi acquérir l’expérience
nécessaire pour pouvoir ensuite produire lui-même l’intégralité
des centraux.
La Direction du réseau téléphonique réagit
avec enthousiasme et lance une étude de faisabilité.
Cependant le Commissaire aux Communications émet un avis fort
différent : en avril 1923, il qualifie l’idée de
la Direction électrotechnique principale « d’illettrisme
technique absolu ». Pour lui, les « expérimentations
» fondées sur les commandes faites à l’étranger
sont le meilleur moyen de discréditer l’USSR.
Pour cette raison, le central téléphonique pour
le gouvernement ukrainien est finalement acheté en Allemagne.
Le développement du secteur soviétique des télécommunications
est une priorité pour tous les acteurs des échelons
supérieurs du pouvoir. Mais la compréhension des moyens
pour atteindre cet objectif varie d’un dirigeant à l’autre.
Le Commissaire aux Communications comprend mieux que les autres la
dépendance des usines soviétiques de leurs partenaires
étrangers. Il cherche à respecter leurs intérêts
commerciaux.
Le central pour le gouvernement ukrainien est commandé en
1923 à Siemens et Halske.
sommaire
En 1935 le central téléphonique
automatique Strowger
est ouvert à Kiev avec 300 lignes.
Au cours du XXe siècle, la capacité
du réseau téléphonique de Kiev est passée
de 300 numéros à plus de 4 000 numéros.
La demande continuant d'augmenter, la modernisation du système
de télécommunications urbaines était inévitable.
En 1940, plus de 120 centres régionaux
n'étaient pas connectés à Moscou par téléphone.
Le contexte particulier des républiques occidentales au moment
de la sortie de guerre, marqué par des mouvements de résistance
armée, des épurations, des répressions et des
déportations, explique la volonté du Kremlin d’avoir
un accès téléphonique direct avec le plus grand
nombre de localités, au détriment de la structure administrative
de la république .
En 1943
l’entrée de l’Armée rouge en Ukraine est suivie
du recensement des moyens de communications et de la reconstruction,
essentiellement à partir des équipements trophées
des lignes détruites.
Deux rapports de 1946 permettent de rendre compte, au détour
d’une phrase, de l’héritage récupéré
par l’Union soviétique à l’issue de la guerre
: « L’Ukraine dispose d’équipement en une quantité
telle, comme probablement nulle part ailleurs en Union soviétique
» ; « Le nombre des lignes magistrales téléphoniques
et télégraphiques a actuellement bien dépassé
le niveau d’avant-guerre et, surtout, maintenant, nous avons
des appareils d’une qualité exceptionnelle ». Ce
sont là des restes des dispositifs de communication des régions
occidentales annexées et des techniques de communication de
l’ennemi. Cependant, cette modernité des équipements
récupérés peut aussi être mise en doute,
comme en Volhynie où le central téléphonique
polonais est jugé obsolète.
Conformément aux activités de la Commission extraordinaire
d’État d’enquête sur les crimes nazis, créée
afin notamment de réclamer des réparations aux ennemis,
l’accent est placé sur l’envergure des destructions.
À cette fin, les rapports de la Direction du délégué
du commissariat du peuple aux Communications rattaché au Conseil
des commissaires du peuple (Sovnarkom) d’Ukraine, a priori destinés
à être communiqués aux interlocuteurs étrangers
par le biais de la Commission extraordinaire, insistent sur l’état
des réseaux avant la guerre et au moment de l’expulsion
des Allemands. Les pertes sont évaluées à hauteur
de 72 % de la valeur du parc d’avant-guerre. Cependant, ces estimations
sont rapidement contestées par Moscou, parce qu’elles
ont été établies sur la base des prix et des
tarifs libres et non pas à partir de la liste des prix du commissariat
aux Finances et de la direction des statistiques. Le décalage
entre les estimations est énorme : de 60 à 3 000 roubles
pour un mètre cube.
Parallèlement, certains autres faits ne sont pas remis en cause,
telle la destruction de tous les centraux téléphoniques
urbains (le central automatique de Lviv excepté), des
23 télégraphes régionaux, des 23 centraux
téléphoniques interurbains et des 757 « points
de communication téléphoniques et télégraphiques
» de district (rajon).
L’image de tabula rasa donnée par ces chiffres bruts peut
être nuancée par des mentions de bribes d’équipement
éparpillées sur le territoire, dévasté
par les passages consécutifs des armées. Les dirigeants
devront recoller les morceaux et constituer un nouveau puzzle à
partir de ces bribes, en mettant à distance les configurations
antérieures des réseaux.
Vers le début de l’année 1946, les
rapports envoyés au Comité central du parti ukrainien
présentent des estimations des volumes et du rythme de reconstruction.
Ils précisent que 60 % des lignes et 74 % des fils existant
avant la guerre ont été rétablis.
Il en ressort que l’essentiel des efforts est dirigé vers
l’établissement de liaisons directes par des fils de cuivre
qui permettent le multiplexage (c’est-à-dire le passage
par un même fil de plusieurs communications simultanées),
d’un côté, entre la capitale de la république
et les centres régionaux (Odessa, Vinnica, Lviv, Dnepropetrovsk
et Stalino (Doneck)) et, de l’autre, entre Moscou et les grandes
villes ukrainiennes (Kiev, Kharkov – l’ancienne capitale
ukrainienne, Stalino ou encore Lviv).
Les rapports admettent que les connexions entre Kiev et les villes
de l’Ukraine occidentale existaient déjà avant-guerre.
L’annexion de la Pologne orientale durant la première
phase de l’expansion soviétique, en 1939-1941, a déjà
conduit à la reconfiguration du réseau : les dirigeants
de la république cherchent à connecter Kiev avec les
grandes villes devenues ouest-ukrainiennes. Ces mêmes lignes
vont bénéficier d’un meilleur équipement
qu’avant-guerre : le nombre de canaux sur la ligne téléphonique
entre Kiev et Lviv passe de 4 à 8 auxquels ajoutent 12 canaux
télégraphiques par fréquence vocale (utilisant
la modulation de la tonalité sur le courant alternatif pour
transmettre plusieurs messages simultanément).
La reconfiguration du réseau d’avant-guerre se traduit
par le développement d’un tracé inédit qui
passe par l’abandon de certaines lignes au profit de la construction
de nouvelles. Le réseau prend forme avec une centralisation
à deux échelles : fédérale avec Moscou
et républicaine avec Kiev et matérialise ainsi la structure
administrative .
La ville de Kirovograd, au centre de l’Ukraine, se retrouve avec
un central téléphonique interurbain américain.
Le chef de la direction des communications de Lviv explique lors d’une
réunion qu’il met à profit les occasions que lui
offrent « des camarades [qui] arrivent d’Allemagne et d’autres
pays et apportent des appareils. Nous faisons en sorte que certains
équipements restent chez nous ». Ces soi-disant «
équipements importés », qui permettent dans leur
formulation de brouiller l’origine exacte et le rapport éventuel
aux pillages, sont installés ici et là, entre Kiev et
Odessa pour densifier la ligne par la technique du multiplexage, ou
encore entre Moscou et Stalino où, par ailleurs, leur usage
s’avère impossible faute de pièces adéquates.
Derrière cette reconstruction faisant feu de tout bois, le
centre fédéral intervient dans les répartitions
pour systématiser la distribution et pourvoir les lignes en
techniques étrangères et modernes avant tout celles
reliant Moscou.
Une telle répartition trahit la vision des dirigeants de l’URSS
quant à leurs priorités en matière de communication.
Le schéma radial avec le croisement de toutes les lignes à
Moscou l’emporte visiblement sur la conception d’un réseau
maillé des républiques, où les lignes se croisent
dans les capitales et où chaque grande ville devient à
son tour le centre des communications de sa région.
Pour joindre Kharkov , ou n’importe quel autre centre régional
en Ukraine, Moscou n’a pas besoin de passer par Kiev et ce contournement
contribue à abaisser le statut politique et symbolique de la
capitale ukrainienne tout en renforçant les moyens du contrôle
de la capitale soviétique sur l’ensemble de la république.
sommaire
En 1946 Kiev, qui disposait de 48 lignes téléphoniques
interurbaines avant la guerre, en compte 97 au début de l’année
1946.
Pour Kharkov , ces chiffres sont respectivement de 47 et 86.
Avant guerre, malgré le déplacement de la capitale en
1934 de Kharkov à Kiev, les deux villes avaient conservé
la parité du point de vue de leur niveau de connexion aux autres
villes. À l’issue du conflit, les dirigeants cherchent
à effacer l’ambiguïté de la situation, source
de rivalité, en soulignant la centralité de Kiev. Les
avancées techniques rendues possibles grâce à
la guerre (notamment la diffusion des câbles) sont présentées
comme des preuves de l’héroïsme des reconstructeurs
qui ont su, en dépit des dégâts et des privations,
dépasser les taux d’équipement et de connexion
d’avant-guerre.
En 1948, la liaison entre Kharkov et Moscou est toujours bien
meilleure que celle entre Kharkov et Kiev, cela indépendamment
des distances. Il est vrai que les villes ukrainiennes trouvent leur
intérêt dans ces liens directs avec la capitale soviétique
pourvoyeuse de ressources.
Le plan pour les années 1946-1950 prévoit
tout de même, pour tous les centraux téléphoniques
et télégraphiques interurbains, de remplacer par des
câbles les fils aériens qui « nuisent à
l’image des rues et se rompent souvent à l’intérieur
des villes » .
Dès juin 1945, la direction soviétique des fournitures,
installée à Budapest, prend contact avec l’usine
téléphonique hongroise de Standard Electric Company
pour commander, au titre des réparations, des équipements
téléphoniques qui permettent d’effectuer plusieurs
appels sur la même ligne à haute fréquence, ce
qui garantit une meilleure protection de la confidentialité
des communications.
En 1947, les nouveaux équipements hongrois à
haute fréquence sont en effet installés sur les lignes
qui unissent la capitale ukrainienne aux centres régionaux
(Vinnica, L´vov, Dnepropetrovsk, Kharkov ), tandis que les vieux
appareils SMT-34 (mis au point en 1934 comme leur nom l’indique)
sont déplacés sur les lignes à l’intérieur
des régions. Les innovations techniques se diffusent par cercles
concentriques, en renforçant la centralisation. La vitesse
de propagation du progrès dépend des niveaux hiérarchiques
: en bas de l’échelle, le mot d’ordre est de prolonger
autant que faire se peut l’usage du matériel technique.
Les déclarations sur le rythme vertigineux de la reconstruction
disparaissent quand il s’agit de la situation dans des petites
localités où les réparations ne portent au début
de l’année 1946 que sur 10 % en moyenne des lignes d’avant-guerre,
sachant que certaines régions, notamment occidentales (telles
celles de L´vov, de Volhynie et de Stanislav) n’ont pas
débuté les travaux.
Au 1er janvier 1955, sur les 7 943 agences de communication d’Ukraine,
720 bureaux de poste et agences sont toujours abrités dans
des appartements privés ou dans des locaux inappropriés
des soviets ruraux.
Pour faire face à la pénurie, des responsables d’agences
n’hésitent pas à passer outre la confidentialité
des communications en utilisant les lignes jointes où certains
abonnés peuvent écouter les conversations des autres
: à Pirjatin dans la région de Poltava (au nord-est
de la république), 63 abonnés sont connectés
à un commutateur d’une capacité de 30 lignes. À
Rešetilovka, dans la même région, un commutateur
avec 40 points de sortie dessert 60 abonnés. Par contraste,
la position du gérant de la région de Sumy (au nord-est
de l’Ukraine) est présentée comme scandaleuse :
il reçoit de l’équipement et une aide technique
afin de monter un nouveau central téléphonique urbain
prévu pour 700 lignes, mais ne fait rien pour entreprendre
les travaux de montage. A Herson le central téléphonique
de 400 lignes est surchargé, plusieurs instances administratives
ne sont pas connectées aux réseaux téléphoniques,
tandis qu’un nouveau commutateur pour 100 points de sortie n’est
pas intégré dans les réseaux.
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Au lendemain de la guerre, le rythme de la reconstruction des
réseaux urbains est très lent par rapport au souhait
de Moscou.
Dans la région de Drogobyc les plans ne sont réalisés
qu’à 12,5 %, en Volhynie à 20 %, à Rovno
à 28 %109.
En revanche, le central téléphonique automatique de
Lviv, qui a échappé aux destructions, voit sa capacité
augmenter et atteindre 14 000 milles numéros en février
1946 quand d’autres centres régionaux ont des centraux
pour 300 numéros, et que dans les petites villes de district
en Ukraine orientale les centraux ont entre vingt et trente lignes
.
En 1947, en Volhynie, les rythmes de connexion des soviets ruraux
aux réseaux téléphoniques paraissent en revanche
galopants. 92 des 95 soviets ont déjà le téléphone,
mais c’est le manque de téléphonistes, surtout
pendant les périodes de travaux agricoles, qui restreint la
fréquence du recours au téléphone. La tentative
d’en réclamer aux dirigeants républicains n’aboutit
pas : la règle semble être installée une fois
pour toutes, les directions régionales se chargent du recrutement
et de la formation du personnel.
En 1948, la région de Lviv arrive à connecter tous les
soviets ruraux au réseaux téléphonique. Le contraste
est fort comparé aux régions orientales ukrainiennes
où, en 1952, dans la région d’Odessa notamment,
seuls 23,5 % des kolkhozes et 55 % des sovkhozes sont connectés
aux réseaux téléphoniques.
L’Ukraine occidentale devient une « vitrine du socialisme
» sans que la direction de l’URSS craigne une montée
de mécontentement dans les autres régions de la république.
En 1952, le ministère des Communications
de l’URSS exige même qu’on puisse joindre Moscou de
n’importe quelle bourgade d’Ukraine.
Le schéma du réseau radial, dicté par le modèle
administratif, est valable à l’échelle de toute
l’Union soviétique, mais l’emprise de Moscou sur
les régions varie fortement en fonction des républiques.
Le choix entre le schéma radial où les grandes villes
ukrainiennes sont davantage connectées à Moscou qu’à
Kiev et le réseau maillé où les connections entre
Kiev et les autres villes l’emportent sur les lignes directes
avec la capitale de l’URSS indique dans quelle mesure les dirigeants
de l’Union soviétique sont prêts à déléguer
la gestion de l’Ukraine aux autorités républicaines.
Dans l’après-guerre, les régions
orientales perdent définitivement leur avantage numérique
dans le domaine de la téléphonie.
sommaire
En 1952, Kharkov n’a retrouvé qu’un quart
de son réseau téléphonique urbain d’avant-guerre
; Odessa a 6.500 lignes téléphoniques, soit 1000 de
moins qu’avant-guerre. Les efforts sont dirigés vers l’Ouest.
Si les demandes d’Odessa d’élargir son réseau
téléphonique urbain sont rejetées « faute
de raisons », la construction des centraux « d’une
grande importance » apparaît comme la raison principale
de l’approvisionnement privilégié de Lviv en équipement
téléphonique.
Toutefois, ailleurs, comme dans la région de Vorošilovgrad
où les centraux poussent au début des années
1950 sans être connectées aux réseaux téléphoniques,
les mêmes arguments restent lettre morte.
Pour les téléphones publics sur
le territoire de l'Ukraine. : Après
l'effondrement de l'URSS, seul le papier-monnaie pouvait être
utilisé alors que les téléphones publics sont
restés équipés avec l'ancien système à
pièces. Le remplacement du système à pièces
nécessitait un financement très important, dont l'entreprise
ne disposait pas. Par conséquent, il a été décidé
de rendre gratuites les communications locales à partir des
téléphones publics sur tout le territoire de l'Ukraine,
c'est-à-dire qu'à partir d'un téléphone
public, il était possible de passer des appels gratuits dans
la ville (les appels interurbains et internationaux restaient payants).
Le téléphone s’affirme comme un
outil de gestion et de commandement économique et administratif
avant tout là où l’emprise soviétique est
fragile, notamment en raison des activités de l’UPA. La
résistance au pouvoir soviétique n’est pas toujours
évoquée explicitement, mais elle apparaît en filigrane
des motivations des dirigeants d’Ukraine et de l’URSS.
Moscou ne se montre pas prête à déléguer
la gestion politique aux autorités républicaines.
Les lignes téléphoniques directes entre la capitale
de l’URSS et les grandes villes ukrainiennes offrent des moyens
de contrôle qui passent outre le gouvernement de la république.
La situation tendue dans les régions occidentales avec une
guérilla très active préoccupe les hiérarques
du Kremlin qui préfèrent les modes d’intervention
directe facilités par les outils de communication modernes.
Au milieu des années 60, Kiev était
en mesure de desservir 800 000 numéros dans une ville de 1,1
million d'habitants.
Kiev
sommaire
La russie de 2014 avant l'annexion
de la Crimée et le déclenchement de la guerre avec l'Ukraine.
En mars 2014, la Russie annexe la Crimée : des troupes
russes, sans uniformes identifiables, prennent le contrôle de
cette région de l'Ukraine et parviennent à chasser les
forces militaires ukrainiennes. Un (semblant) référendum
d'auto-détermination est organisé en mars et la Crimée
est rattachée à la Russie.
sommaire
La guerre du Donbass
Le soulèvement pro-russe, premier événement
de la guerre du Donbass, dans le Donbass à l'est, le long de
la frontière russe où les russophones et les partisans
de l'ancien président Viktor Ianoukovytch sont les plus nombreux,
se déroule contre le nouveau pouvoir ukrainien.
Il se manifeste notamment par l'apparition en avril 2014 de deux républiques
sécessionnistes proclamées par la « Milice populaire
du Donbass » : la République populaire de Donetsk et
la République populaire de Louhansk, qui s'unissent le 22 mai
2014 en une Union des républiques populaires, reconnue par
la république séparatiste géorgienne d'Ossétie
du Sud, elle-même reconnue par la Russie.
Des affrontements armés ont lieu avec les forces loyalistes
ukrainiennes, au cours desquels un avion de ligne malaisien survolant
la région est abattu en juillet 2014. Cette situation de guerre
civile donne lieu à des tensions entre l'Occident et le régime
de Vladimir Poutine, accusé de déstabiliser la région
par le gouvernement de Kiev et par la communauté internationale.
À la suite du crash de l'avion malaisien de la compagnie aérienne
commerciale Malaysia Airlines abattu par un missile sol-air, l'Ukraine
interdit le survol de l'est de son territoire .
sommaire
1990 - 2021
La communication par téléphone portable
en Ukraine a débuté au début des années
90 lorsque UMC, une société de télécommunications
ukraino-néerlandaise, est arrivée sur le marché.
Au moment où l'Union soviétique s'est effondrée
en 1991, l'opérateur mobile a mis en place six stations pour
fournir la norme de communication cellulaire 1G.
Cela a abouti à un événement marquant, mis en
évidence par un appel de 40 secondes passé par le premier
président de l'Ukraine, Leonid Kravtchouk, à l'ambassadeur
d'Ukraine en Allemagne à l'époque, Ivan Piskov.
L'événement n'a cependant pas suscité beaucoup
d'enthousiasme.
A cette époque, il n'y avait qu'un seul téléphone
portable pour 18 000 personnes.
Il faudra des années avant que la communication mobile ne dépasse
les limites de l'utilisation professionnelle.
Néanmoins, l'Ukraine suivait le rythme des tendances mondiales
en matière de télécommunications.
En 1994, un opérateur mobile national, Kyivstar, a été
fondé. Il a jeté les bases de la communication en Ukraine,
d'abord dans le domaine des affaires, puis lentement mais sûrement
dans notre vie quotidienne.
Quelques années plus tard, l'Ukraine franchit une nouvelle
étape : le premier fournisseur d'accès Internet, Golden
Telecom, entre sur le marché, créant les tout premiers
réseaux d'entreprise.
Cependant, en 1996, Internet était loin d'être omniprésent,
compte tenu de sa lenteur et de ses prix exorbitants.
Les gens ont commencé à échanger des SMS en 1998
et la même année, les cartes SIM commerciales sont arrivées
sur le marché.
L'idée d'être joignable par téléphone,
où que l'on soit, s'est peu à peu imposée et
la demande a augmenté.
Enfin, à la fin du millénaire, les téléphones
portables se généraliseront, car le coût des communications
mobiles baissera.
Les années 2000 sont une décennie remarquable
qui a numérisé le monde.
Nous pouvons observer une augmentation de la communication mobile
en Ukraine pendant cette période.
En 2004, il y avait 12 millions d'utilisateurs desservis par trois
opérateurs mobiles : Kyivstar, Djuice et Jeans.
Enfin, en 2006, les téléphones mobiles n'étaient
plus considérés comme des attributs des affaires et
de la richesse, car de 2004 à 2006, le nombre a triplé
pour atteindre près de 36 millions.
Une fois qu'Apple a perturbé l'industrie en 2007, il n'a pas
fallu longtemps à l'Ukraine pour rejoindre le train en marche
des smartphones.
Comme partout dans le monde, les Ukrainiens ont commencé à
utiliser l'Internet mobile pour leurs communications quotidiennes.
La décennie suivante a fait tomber le rideau sur les téléphones
traditionnels.
Le nombre de publiphones dans le pays est passé de 56 000 à
60 000. C'est naturel, étant donné que les opérateurs
de téléphonie mobile ont commencé à fournir
la 3G et que la vitesse d'Internet est montée en flèche.
La norme de nouvelle génération de l'internet mobile
a radicalement changé la façon dont les Ukrainiens communiquent
et a incité les opérateurs mobiles à moderniser
leur infrastructure.
La prochaine étape pour l'Ukraine a été la 4G,
que le pays a commencé à adopter en 2015.
En 2018, trois opérateurs de téléphonie mobile
sur six ont lancé la norme 4G, qui a révolutionné
encore plus la communication mobile.
Communication mobile en Ukraine en 2021 et au-delà
Selon des données récentes, l'Ukraine compte au total
55 millions d'abonnés aux opérateurs mobiles. Actuellement,
les opérateurs mobiles incluent des sociétés
telles que Kyivstar, Vodafone, Lifecell, Intertelecom, Trimob et PeopleNet.
La vitesse de l'Internet mobile en Ukraine est continuellement améliorée.
La 4G imprègne toutes les sphères de la vie : des loisirs
à la télémédecine et atteint des zones
rurales lointaines dans toutes les régions d'Ukraine. Selon
le mémorandum signé par le gouvernement et les opérateurs
de téléphonie mobile, 95 % de la population ukrainienne
aura accès à la 4G d'ici la fin de 2021.
Il convient également de mentionner que l'Ukraine se classe
au 4e rang mondial pour l'Internet mobile le moins cher et en tête
de liste des pays avec le haut débit fixe le moins cher.
En 2020, le gouvernement a approuvé un plan d'action pour la
mise en œuvre de la 5G. Un appel d'offres pour l'obtention d'une
licence pertinente aura lieu fin 2021.
Les principaux opérateurs mobiles ukrainiens (Kyivstar, Lifecell
et Vodafone) visent à mettre en œuvre la 5G à un
moment donné dans le futur. Cependant, un réseau 4G
à l'échelle nationale reste pour le moment une priorité
absolue pour la plupart des opérateurs.
Vodafone pense qu'au cours des prochaines années, la 4G restera
la principale technologie de transmission de données. La société
affirme qu'il vaut mieux investir dans un réseau 4G à
l'échelle nationale plutôt que dans des points 5G isolés.
Cependant, si Vodafone obtient les fréquences nécessaires
à la mise en œuvre de la 5G via l'appel d'offres, il y
a de fortes chances que la 5G de Vodafone apparaisse dès 2022.
Lifecell est également partisan de la mise en œuvre de
la 4G en premier, affirmant que la 5G n'est nécessaire que
pour la communication de machine à machine à l'échelle
industrielle. Pourtant, la société a déjà
déployé un segment de test 5G dans son bureau pour explorer
les capacités de la technologie dans l'environnement actuel.
Cependant, la société est fermement convaincue qu'elle
doit remplir ses obligations de fournir une couverture 4G dans tout
le pays avant de se lancer dans la mise en œuvre complète
de la 5G.
Kyivstar, aux côtés de ses concurrents, estime que la
4G est suffisamment puissante pour répondre aux demandes de
la plupart des utilisateurs, telles que les réseaux IoT, l'accès
haut débit sans fil, les jeux B2C, la réalité
virtuelle et les réseaux B2B privés.
Cependant, la société prévoit de garder un œil
sur un appel d'offres de licence. En cas de victoire, les Ukrainiens
pourraient voir la norme 5G de Kyivstar en 2023 ou plus tard.
Malgré le fait que l'industrie des télécommunications
en Ukraine soit fortement réglementée, les opérateurs
mobiles s'efforcent de surmonter les obstacles sur leur chemin vers
l'omniprésence des services dans toutes les régions
du pays. Il semble que la prochaine étape pour l'Ukraine soit
la 4G, tandis que les perspectives de mise en œuvre de la 5G
restent incertaines. Pourtant, on peut dire que les grands acteurs
adoptent des technologies modernes pour rester pertinents et ne pas
perdre de positions sur le marché. Pour cela, ils s'appuient
fortement sur le vivier ukrainien de talents technologiques. En particulier,
les scientifiques des données et les spécialistes de
l'apprentissage automatique sont très demandés.
2021, la Russie lance une campagne d'occupation par la force
pour soit disant retrouver la Russie d'autrefois, l'Ukraine souffre
de nouveau ....
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