CONGO République
diplomatique
La république démocratique
du Congo (RDC) (en kikongo ya leta : Repubilika ya Kôngo
ya Dimokalasi, en swahili : Jamhuri ya Kidemokrasia ya Kongo, en lingala
: Republíki ya Kongó Demokratíki, en tshiluba
: Ditunga dia Kongu wa Mungalaata), aussi appelé plus simplement
Congo, Congo-Kinshasa ou RD Congo, est un pays d'Afrique
centrale, le troisième pays le plus peuplé d'Afrique,
ainsi que le pays francophone le plus peuplé.
La RDC est membre de lOrganisation internationale de la francophonie
depuis 1977.
Dans la seconde moitié du XIXe
siècle, il est lobjet des convoitises françaises,
belges, anglaises et portugaises. Avant la Conférence de Berlin
(15 novembre 1884-26 février 1885), le roi des Belges, Léopold
II, envoie lexplorateur Stanley au Congo. Celui-ci trouve le
drapeau français hissé par Brazza (un autre explorateur)
à lendroit qui deviendra Brazzaville. Léopold
II, qui souhaite obtenir les deux rives du Congo, est furieux. Brazza
réussit en plus, à signer un traité avec le roi
Makoko, pour le compte de la France. Non loin de là, les Portugais,
déjà présents en Angola, et les Anglais au Soudan,
ont, eux aussi, des prétentions sur le Congo.
A la Conférence de Berlin, Léopold
II bouscule les prétentions du Portugal. « LEtat
indépendant du Congo », propriété personnelle
du roi Léopold II de Belgique, voit le jour avec laccord
des Etats-Unis, et des principales puissances coloniales. Cette entreprise
doit surtout sa réussite au soutien de Bismarck, qui préfère
voir une petite puissance comme la Belgique dominer les « bouches
du Congo », plutôt que la France ou la Grande Bretagne.
Malgré lacquisition du Congo par le roi des Belges, les
articles 10 et 11 de lActe de Berlin garantissent la neutralité
du bassin conventionnel du Congo dans lequel se trouve aussi le Cameroun.
En 1885 Le territoire devient
la propriété privée du roi des Belges Léopold
II . Au cours des 23 ans suivants, le territoire est le lieu des atrocités
généralisées commises par les forces coloniales
de Léopold qui forcent la population indigène à
produire le caoutchouc sauvage.
Le territoire devient par la suite une colonie belge en 1908.
Le pays obtient son indépendance en 1960.
En 1965. le Président Mobutu rebaptise le pays le Zaïre
en 1971. Par la suite, l'ancien nom du pays est restauré et
le pays est confronté à la deuxième guerre du
Congo en 1998.
sommaire
Les télécommunications
à lépoque coloniale
Les télécommunications comme instrument de sécurité
à la disposition des Européens.
Dans lÉtat indépendant du Congo (1880-1910), la
politique de mise en valeur du Congo sest effectuée par
le biais des sociétés privées.
Pour ce faire, le roi Léopold II avait encouragé la
création de sociétés commerciales privées.
Durant cette phase de développement, lautorité
coloniale belge navait pas appréhendé les télécommunications
comme un élément moteur du développement économique
du Congo, mais les avait plutôt considérées comme
un service administratif de lÉtat, conçu pour
assurer la sécurité de ses ressortissants dans ce vaste
territoire hostile. Ainsi, linstallation des équipements
de télécommunications a été corrélée
à lorganisation administrative, défavorisant ainsi
les villages nayant pas de bureaux dadministration coloniale.
En effet, les premiers réseaux téléphoniques
locaux seront construits par des militaires en suivant la pénétration
de lhinterland et dépendront de ladministration
locale du territoire colonisé.
A cette époque il n'y avait que le télégraphe
par fil sur une ligne partie de Bona, la ligne atteignait Banana d'une
part, Matadi, Leopoldville et finalement Coquilatville en 1911.
D'autre part ce n'était qu'un fil de 2 mm. Le second tronçon
Coq-Stan est sur le point d'être entamé. Les diffcultés
sont aussi grandes que sur le tronçon Banana-Coq.
La politique du développement des télécommunications
de lÉtat indépendant du Congo sera un échec
(si on réfléchit en matière de diffusion sociale
de cette technologie) : laccès aux télécommunications
fut strictement réservé aux administrateurs coloniaux
et aux agents des compagnies commerciales, guidées par la rentabilité
de leurs investissements et qui ne sintéressaient quà
leur profit au détriment du développement économique
et social du Congo et du bien-être des autochtones. Cette politique
ne prêtera guère dattention au développement
dune infrastructure des télécommunications favorable
à lexpansion de lensemble de léconomie.
Par ailleurs, lorientation des capitaux, tant publics que privés,
vers des investissements de rente, le commerce et limmobilier,
pratiquée au Congo entre 1880 et 1908 na pas permis le
déploiement des infrastructures nécessaires au développement
des télécommunications.
Bien entendu, il y avait certes un service public de téléphone,
mais ce dernier était contrôlé par lautorité
coloniale et limité à quelques localités du littoral,
telles Banana, Boma, Matadi, et dans certaines zones minières
où les matières premières étaient source
dactivité économique .
Une fois le Congo rétrocédé au gouvernement belge
en 1908, la politique coloniale belge de développement sera
marquée par la création de la Banque du Congo belge
en 1909 et de la Banque commerciale du Congo belge en 1911 pour promouvoir
le développement économique et social.
Ainsi, le pouvoir colonial coordonne et oriente les investissements
étrangers selon les secteurs quil juge prioritaires.
Pour ce qui est des télécommunications, cest en
1940 quon adopte pour la première fois un texte de loi
sur les télécommunications, ce texte réserve
officiellement lusage des télécommunications à
lÉtat au Congo. En effet, il fixe les conditions dexercice
des activités de télécommunications, mais il
prévoit la possibilité daccorder des concessions
de tout ou partie du réseau à des exploitants privés,
à condition daccepter le contrôle de lÉtat
et de payer une redevance.
Ce système des concessions sera développé par
certaines grandes entreprises, dont lUnion minière du
Katanga (devenue la Gécamines depuis 1967) et par les églises,
ce qui leur permettra de disposer dun réseau téléphonique
privé couvrant le territoire du Katanga, ainsi quaux
missionnaires catholiques et protestants dinstaller des systèmes
de radiocommunication dans des zones rurales éloignées
et défavorisées pour remédier à la carence
des infrastructures des télécommunications de manière
globale.
La politique belge du développement au Congo avait certainement
apporté dimportants progrès dans différents
domaines économiques et sociaux qui ont permis au Congo datteindre,
dans les années 1960, le seuil du décollage économique.
Comment se fait-il que son réseau de télécommunications
soit resté embryonnaire, ne correspondant pas au réseau
dun État prêt à entrer dans lère
industrielle ?
En fait, le réseau congolais des télécommunications
était fondé sur les besoins du marché extérieur,
il ne pouvait permettre une intégration économique favorable
au développement dune économie viable et nationale.
Bien entendu, le fait que le secteur fondamental de léconomie
soit tourné vers lextérieur et reste ainsi entre
les mains des intérêts étrangers fait également
naître une infrastructure souvent elle-même dirigée
vers lextérieur. Ce qui explique que les réseaux
de télécommunications qui seront conçus auront
pour objectif de faciliter, avant toute chose, les exportations des
matières premières minières et agricoles entre
le Congo et les pays développés. Ainsi, linstallation
du réseau sera limitée aux centres urbains et dans les
zones minières où sont installées les administrations
et les grandes sociétés privées multinationales,
au détriment des régions ou des zones rurales pauvres.
En 1902, les premiers signaux
radioélectriques traversèrent l'Atlantique Nord.
Avant la première guerre mondiale, les premiers essais pratiques
de liaisons radio à grande distance furent effectués,
pour relier la Belgique au Congo, alors en pleine expansion, le chimiste
Robert Goldschmidt, qui avait été chargé par
Léopold II puis Albert Ier d'étudier les moyens d'installer
la radiocommunication au Congo, construisit dans le domaine royal
de Laeken une puissante station intercontinentale de télégraphie
sans fil qui, peu de temps avant la déclaration de guerre,
se fit entendre à Boma, mais fut détruite à l'arrivée
des Allemands à Bruxelles.
Dès l'après-guerre, un projet de relier la Belgique
par T.S.F. au Congo, aux États-Unis et à l'Amérique
du Sud fut mis à l'étude.
En 1925, Robert Goldschmidt fit des recherches
sur l'emploi des ondes inférieures à 60 mètres
dans les relations radiotélégraphiques entre la Belgique
et le Congo. Au moyen d'un poste privé, qu'il installa en Belgique,
à Machelen, et de récepteurs spéciaux qu'il envoya
à Stanleyville, il fit la preuve indiscutable que ces ondes
bravaient les parasites atmosphériques et qu'avec des puissances
très faibles, elles permettaient de communiquer régulièrement
entre Bruxelles et Stanleyville.
En 1926, deux stations émettrices sur ondes très
courtes furent établies au Congo, à Kinshasa et à
Stanleyville, et toutes deux communiquaient
régulièrement entre elles et avec la Belgique.
Une station intercontinentale de grande puissance fut inaugurée
en Belgique en 1927.
Le nouveau service de radiocommunications à grand rayon d'action
fut dénommé "Voie Belradio"; il comportait
trois centres d'activités: le centre d'émission, situé
à Ruiselede, en Flandre occidentale; le centre de réception,
à Liedekerke, près d'Alost; et le Bureau Central Radio
(BCR), installé au centre télégraphique de Bruxelles,
pour les opérations de transmission et d'enregistrement des
radiotélégrammes.
En 1926, deux stations émettrices sur
ondes très courtes furent établies au Congo, à
Kinshasa et à Stanleyville, et toutes deux communiquaient
régulièrement entre elles et avec la Belgique.
Une station intercontinentale de grande puissance fut inaugurée
en Belgique en 1927.
Le nouveau service de radiocommunications à grand rayon d'action
fut dénommé "Voie Belradio"; il comportait
trois centres d'activités: le centre d'émission, situé
à Ruiselede, en Flandre occidentale; le centre de réception,
à Liedekerke, près d'Alost; et le Bureau Central Radio
(BCR), installé au centre télégraphique de Bruxelles,
pour les opérations de transmission et d'enregistrement des
radiotélégrammes.
Station de TSF de Basankusu en 1932
Bien que le téléphone était déjà
installé au Congo, en 1932 il est noté qu'une de l'instalation
du téléphone entre Beam et Leopoldville.
A cette époque les lignes téléphoniques ne dépassaient
pas 200 à 300 km.
Puis en 1947 le téléphone automatique fonctionne à
Leopoldville et Elisabethville.
sommaire
1948
1948
sommaire
Les télécommunications au Congo sont restées
un bien inaccessible pour la population congolaise, du moins jusquaux
années 1960.
Lorthodoxie budgétaire pratiquée par les autorités
coloniales pour les télécommunications (les montants
affectés aux services des télécommunications
de 175 490 francs et de 187 374 francs en 1954 et 1955, représentaient
respectivement 2,3 % et 2,2 % du budget du Congo belge) témoigne
du peu dintérêt que les colons accordaient aux
télécommunications dans le développement du Congo.
Ainsi, le réseau dont hérite le nouvel État en
1960 est à la fois embryonnaire et obsolète, datant
de la conquête, et ne sest guère amélioré.
À la veille de lindépendance, le Congo ne dispose
que dun réseau téléphonique de 6 801 lignes
dabonnés .
Les télécommunications
après l'indépendance :
Durant les années 1960 à 1970, les télécommunications
seront considérées comme un instrument de souveraineté
nationale et de développement national : leur rôle important
dans le rapprochement des populations, dans la diffusion des connaissances,
dans la coordination des activités économiques et dans
la sécurité territoriale a conduit lÉtat
à en faire un domaine prioritaire où son intervention
devait être totale.
En effet, le but de ce contrôle était de planifier le
secteur des télécommunications afin daccélérer
le développement économique et acquérir la souveraineté
dun secteur stratégique.
Durant cette période, le nombre de lignes téléphoniques
passera de 6 801 lignes en 1960 à 11 781 lignes en 1973.
Malgré les intentions affichées, les télécommunications
resteront le parent pauvre dune économie de rente, axée
sur lextraction minière. Cette politique conduira à
terme à des résultats décevants, à des
inefficacités organisationnelles, à la multiplication
des interventions politiques, au sureffectif et à la sous-capitalisation.
Dès 1974, lÉtat zaïrois est au centre
du processus du développement, il nationalise les entreprises
étrangères et il exécute des plans ou des programmes
de développement pour toute léconomie nationale.
Cest lépoque du parti-État où les
nationalisations constituaient un acte fondateur de la souveraineté
nationale ; acte que la Belgique ne pardonnera jamais.
Durant cette phase, les pouvoirs financiers privés et religieux
sont combattus, mais le pouvoir en place ne reprendra pas réellement
le relais des opérateurs privés en matière de
télécommunications. Par exemple, la Gécamines
disposait dun réseau téléphonique privé
depuis lépoque coloniale, limité au territoire
du Katanga, et aujourdhui ouvert au public, disposant de cabines
ainsi que dune station terrestre standard de type B. Mais la
nationalisation et sa mauvaise gestion par des proches de Mobutu durant
des années nont pas permis à la « géante
Katangaise » de moderniser et de développer significativement
son réseau.
Parallèlement, des efforts historiques pour couvrir tout le
territoire se sont poursuivis sans beaucoup de conviction ; la réalité
sur le terrain avait battu en brèche tout espoir.
Dès 1978, le déploiement dun réseau national
des télécommunications par satellite (Renatelsat) na
donné jour quà 16 stations terrestres de standard
B installées principalement dans des villes secondaires politiquement
stratégiques pour assurer la sécurité du régime.
Dautre part, linefficacité de lopérateur
public (due à un déficit permanent et au manque du respect
des objectifs fixés en matière dinvestissements)
conduira au ralentissement de la croissance du réseau téléphonique.
En 1997, le réseau congolais était réellement
vétuste, avec 18 000 lignes en état de fonctionnement,
et il ny avait plus dinterconnexion téléphonique
entre la capitale et les différentes villes des provinces.
Par ailleurs, la graduelle « politisation » du personnel
de direction de lOCPT dans les années 1970-1990 la
transformé en une organisation corporatiste lourde et inefficace,
qui a perdu une partie de ses professionnels les plus compétents.
La RDC se retrouvait en 1997 avec une télédensité
de 0,03 %, cest-à-dire moins du cinquième de son
niveau de 1973.
En effet, le sous-développement des télécommunications
en RDC est aussi lié aux politiques mises en uvre dans
ce pays, le comportement centralisateur de lÉtat congolais
qui sest attribué le monopole des télécommunications
pour renforcer sa capacité dinformation et de sécurité,
cest-à-dire, que les télécommunications
étaient avant tout un outil de ladministration centrale,
de la police, des services secrets et autres services de lÉtat,
au détriment dactivités économiques et
sociales.
Dautre part, le manque de pouvoir dachat des salariés
font que leffort qui a été réalisé
au début des années 1970 en faveur de la pénétration
des télécommunications au sein des classes populaires
et rurales a buté sur le problème de « non-solvabilité
» de ces populations.
Les politiques congolaises de télécommunications nont
pas su intégrer la classe moyenne et populaire dans leur projet
pour le rendre légitime.
Si le système colonial avait strictement réservé
les télécommunications aux colons, le système
mobutiste avait engendré la reproduction de lordre colonial
dans la mesure où les télécommunications nétaient
accessibles quà la seule classe dirigeante, aux agents
des services de sécurité territoriale et des renseignements,
excluant ainsi les classes moyennes et populaires.
Le téléphone était devenu en RDC un bien de différenciation
de classe sociale, et cest dans ces conditions que louverture
à la concurrence sest faite en 1997.
sommaire
1961 Passation,
Etat des lieux
A fin juillet dernier, l'Union internationale
des télécommunications (UIT) fut chargée par
l'ONU de fournir l'aide technique nécessaire à la République
du Congo, ex-Congo belge. Afin de pouvoir réaliser cette tâche,
l'UIT demanda à quelques-uns de ses membres de mettre à
sa disposition des spécialistes en télécommunications.
L'administration suisse des TT accepta d'envoyer une équipe
de techniciens qui arrivèrent à Léopoldville
isolément ou par petits groupes dès le 6 août
déjà, les derniers à fin septembre.
D'entente avec le gouvernement congolais, l'effectif des «experts»
fut fixé à un maximum de 39 pour les trois premiers
mois, leur nombre étant limité par les crédits
attribués et le personnel spécialisé à
disposition.
Dès le 11 août, le chef du groupe de spécialistes
suisses des télécommunications fut chargé de
la responsabilité de toute l'équipe technique de l'UIT
au Congo, et prié de représenter le Chef du département
de l'assistance technique de l'UIT auprès de l'ONU au Congo
et du Ministre des communications. Sa mission était de «déterminer
les conditions de fonctionnement et d'exploitation des services de
télécommunications et de prendre les mesures nécessaires,
en accord avec les Nations Unies au Congo, en vue de la restauration
de ces services».
Les 39 techniciens de l'UIT, comprenant 1 Allemand, 3 Marocains, 6
Ethiopiens, 14 Tunisiens et 15 Suisses, furent répartis dans
les cinq provinces de Léopoldville, Kasaï, Kivu, Equateur
et Orientale. Le Katanga encore occupé par des spécialistes
belges n'était pas compris dans le «secteur» pris
en charge par l'UIT.
Les tâches techniques consistaient à remettre en service,
réparer, entretenir et maintenir en exploitation les installations
des télécommunications
de l'aide radio à l'aviation des studios et émetteurs
de radiodiffusion que nous allons décrire succinctement.
Télécommunications
Le Congo, pays immense à l'échelle européenne,
a nécessité tous les moyens de transmission utilisables,
en tenant compte des distances énormes, des conditions tropicales,
de la topographie du pays, des disponibilités en personnel
technique et opérateur et, comme dans tous les pays du monde...,
des crédits mis à la disposition de la direction des
télécommunications.
Service télégraphique
Léopoldville, à la fois capitale du Congo et chef-lieu
de province, est reliée par radio aux cinq autres chefs-lieux
de provinces ainsi qu'aux localités importantes telles que
Kikwit, Port Francqui, Banningville et Inongo.
Ci-après, quelques-unes des fréquences
utilisées qui permettent de se rendre compte des longueurs
d'ondes :
Léopoldville-Bukavu : 1 voie tf et 3 canaux tg sur la
même bande latérale f 16 384 kHz,
Léopoldville-Stanley ville : 1 voie tf et 3 canaux tg
sur la même bande latérale f 11 455 kHz,
Léopoldville-Luluabourg : 1 voie tf et 3 canaux tg sur
la même bande latérale f 8034 kHz,
Léopoldville-Coquilhatville : 1 voie tf et 3 canaux tg
sur la même bande latérale f 10 110 kHz,
Léopoldville-Elisabethville : 1 TOR f 13 510 kHz.
La liaison avec Matadi, port principal à l'embouchure
du Congo, est réalisée par câble (30 paires)
sur 150 km, prolongé par une ligne aérienne de
250 km à un seul lacet desservie par porteurs à
12 voies comprenant 6 canaux télégraphiques. La
ligne aérienne, équipée ensuite de porteurs
à 3 voies, est prolongée jusqu'à Borna
et Banana, ports situés respectivement sur le Congo et
sur l'Océan Atlantique.
Pour compléter le réseau télégraphique,
chaque province est dotée d'un certain nombre de stations
de TSF secondaires desservies par du personnel indigène
et assurant la transmission de télégrammes avec
le chef-lieu. Comme il s'agit, au total, de plus d'une centaine
de liaisons, elles constituent un réseau répondant
aux besoins des colons et de l'économie du pays.
D'autre part, plusieurs entreprises sont titulaires de concessions
les autorisant à utiliser un réseau de postes
émetteurs privés adapté à leur exploitation.
|
|
D'autres sociétés ont participé
aux frais du câble Léopoldville-Matadi et bénéficient
de canaux télégraphiques qui leur ont été
attribués.
En outre, le service Télex est très développé.
Plus d'une centaine d'abonnés sont raccordés à
ce service à Léopoldville, par un commutateur automatique
TW 39, et à Matadi. Cela facilite l'écoulement du trafic,
principalement avec l'Europe. Des centraux Télex commandés
pour Luluabourg, Stanleyville, Bukavu, sont en partie livrés
et pourront vraisemblablement être mis en service dès
que les conditions le nécessiteront et le permettront.
A Léopoldville, un ensemble de deux TOR système MUX
Siemens, avec un appareillage assez récent comprenant des transpositeurs
de code de 5 à 7 unités, permettent 8 liaisons télégraphiques
à double sens avec Bruxelles et complètent heureusement
l'appareillage télégraphique.
Quant au trafic télégraphique international, il est
assuré par les liaisons directes ci-après:
Léopoldville-Bruxelles 2 TOR à
4 canaux f 23 570 kHz,
Léopold ville-Londres f 19 100 kHz,
Léopoldville-Beyrouth f 20 960 kHz
Léopoldville-New York f -- 5430/8034/8420 kHz,
Léopoldville-Johannesburg f : 20 755 kHz,
Léopoldville-Luanda f - 11 455 kHz,
Léopoldville-Usumbura f 16 384/13 150 kHz,
Bukavu-Nairobi f -- 7955/10110 kHz,
Bukavu-Usumbura f 5430/8420 kHz, par courants porteurs sur ligne aérienne.
Dans ce domaine aussi, l'étendue
du pays et sa situation géographique ont eu comme conséquence
l'utilisation intensive de la radiotéléphonie.
Les relations internationales sont assurées par les liaisons
suivantes:
Léopoldville-Bruxelles 2 canaux f 24 820 kHz, 1 canal f 23
570 kHz,
Léopoldville-Brazzaville (câble à travers le Congo),
Léopoldville-Johannesburg 1 canal f 20 755 kHz,
Léopoldville-Luanda 1 canal f 9257/9865 kHz,
Léopoldville-Usumbura (Ruanda-Urundi).
Toutes ces liaisons sont effectuées en passant par un «terminal»
où le degré d'amplification est surveillé et
réglé au mieux et où est intercalé un
dispositif assurant le secret des conversations.
Des places d'opératrices occupées par des téléphonistes
belges qualifiées permettent l'accès aux centraux automatiques
de Léopoldville
Quant au trafic interne, il s'écoule
sur les jonctions ci-après:
Léopoldville-Luluabourg f -- 5430/8034/8420 kHz,
Léopoldville-Stanley ville f - 11 455 kHz,
Léopoldville-Bukavu f 16 384/13 150 kHz,
Léopoldville-Coquilhatville f -- 7955/10110 kHz,
Léopoldville-Elisabethville f 5430/8420 kHz
Léopoldville-Kikwit courants porteurs à 12 voies (150
km par câble souterrain, 250 km sur ligne aérienne),
Léopoldville-Matadi câble souterrain,
Léopoldville-Thysville câble souterrain,
Matadi-Boma courants porteurs sur ligne aérienne,
Boma-Tshela ligne aérienne,
Boma-Lukula ligne aérienne,
Boma-Banana ligne aérienne,
Bukavu-Usumbura courants porteurs sur ligne aérienne.
Les liaisons radiotéléphoniques internes sont terminées
dans le central interurbain sur des positions de travail où
l'émission et la réception sont réunies sur un
circuit à 2 fils, l'amplification surveillée et si possible
réglée puis prolongée sur le central téléphonique
automatique. Ces places sont desservies par des téléphonistes
congolais assez habiles.
Démolition d'un point de transition
Centraux automatiques
Des centraux automatiques du système Rotary
(Bell Telephone Manufacturing Company, BTM) sont en service à
Léopoldville (7000 raccordements), à Matadi,
Coquilhatville et Stanleyville avec, chacun, de 500
à 600 numéros, tandis que des centraux Strowger
fabriqués également en Belgique par ATE (Automatic Telephone
and Electric Co. Ltd.), d'environ 500 abonnés, desservent les
villes de Luluabourg et Bukavu.
Quatre autres centraux automatiques sont en service à
Usumbura, Kalwezi, Jadotville et Elisabethville;
leur exploitation est assurée par des techniciens belges, dont
plusieurs s'étaient réfugiés dans ces localités
lorsque la situation devint critique au Congo.
25 centraux manuels, pupitres ou tableaux muraux, desservent
les autres localités, telles que Borna, Banana, Tshela, Thysville,
Lukala, Kikwit, Kindu, Banningville, Buende, etc.
En outre, une dizaine de bureaux téléphoniques publics
situés dans d'autres villages, par exemple le long de la ligne
Matadi-Léopoldville, à Lufu, à Songololo ou à
Shangugu près de Bukavu, sont raccordés aux centraux
téléphoniques voisins et permettent aux «usagers»
d'obtenir des communications.
Quelques liaisons radiotéléphoniques complètent
ce réseau qui, quoique modeste, représente un grand
effort. Etabli par les Belges dans l'intérêt des colons,
il facilitera plus tard grandement la reprise des relations commerciales
et la mise en valeur du pays au profit des Congolais.
Réseaux locaux
Dans toutes les grandes villes, l'utilisation de câbles a été
poussée. Un système assez semblable à nos «multiplex»
dessert les quartiers européens; l'usage de «caissons»
n'est pas courant.
Une épissure le long de la boucle permet l'introduction dans
les bâtiments, ce qui complique le raccordement de nouveaux
abonnés et les modifications d'alimentation. Un connecteur
de lignes AWZ (Albiswerk Zürich AG) dessert deux «buildings»
de 14 étages (5 lignes réseau 35 abonnés) à
Léopoldville, d'où nous pouvons conclure que les difficultés
à raccorder les nouveaux abonnés existent aussi bien
sous l'Equateur qu'en Suisse.
De grands PA, points de transition, semblables aux anciennes colonnes
utilisées chez nous complètent le réseau aéro-souterrain.
Ligne aérienne Léopoldville-Matadi; cabine pour point
de coupure (utilisée comme débit de vin de palme.
La photo montre le démontage d'un de ces mastodontes avec des
moyens rudimentaires, travail demandant beaucoup d'attention pour
éviter des accidents qui seraient facilement désignés
par le terme de «sabotage» et pourraient entraîner
quelque réaction brutale des spectateurs.
Le Bâtiment des télécommunications à
Stanleyville et vue dans le Central automatique.
Appareils d'abonnés
Toute la gamme habituelle des postes d'abonnés, depuis le poste
BL (batterie locale) jusqu'aux appareils automatiques modernes de
la BTM et aux sélecteurs à boutons, est en service.
De plus, un grand nombre de centraux domestiques équipés
pour quelques embranchements, ou plusieurs centaines d'embranchements,
son utilisés par les abonnés. Tout cet appareillage
est soit loué par l'administration, soit acheté par
l'abonné qui le fait alors entretenir par le fournisseur. Cette
dernière solution est la plus avantageuse pour les deux parties,
les télécommunications ne disposant
plus du personnel capable d'assurer complètement l'entretien
de ces installations très variées et souvent compliquées.
En ce qui concerne les installations téléphoniques des
colons, souvent réparties le long de lignes aériennes
mesurant 60 à 70 km, l'emploi de batteries d'autos de 6 volts
pour alimenter les stations et les relais, donne pleinement satisfaction.
L'abonné veille soigneusement sur ses batteries, dont le bon
fonctionnement lui permet d'être relié au monde extérieur.
Aide radio à l'aviation
Ici aussi, l'étendue du pays a nécessité la création
d'une aviation civile très développée. Les aérodromes,
souvent perdus dans la brousse, sont pourvus de toutes les installations
techniques indispensables, c'est-à-dire d'émetteurs
et de récepteurs en phonie et graphie pour correspondre avec
les avions en vol, de radiobalises signalant les aérodromes,
de radiophares, de goniomètres et même d'un radar servant
à mesurer la vitesse du vent et la hauteur des nuages, à
l'intention du service météorologique.
De plus, les télécommunications sont encore responsables
de l'éclairage des pistes, des groupes électrogènes
de secours mis fortement à contribution pendant les tornades,
courtes parfois, mais toujours d'une extrême violence. Ces groupes
de secours sont de gros moteurs Diesel ou à benzine, dont le
démarrage manuel facilite le branchement sur le réseau
d'utilisation.
La remise en état de toutes ces installations, souvent sans
schémas ou descriptions, a été laborieuse et
a nécessité plusieurs semaines de travail ardu; le manque
de pièces de rechange a empêché certaines fois
une réparation complète.
sommaire
Louverture à la concurrence du secteur des télécommunications
comme moyen de modernisation ?
Pour répondre au besoin social grandissant, le réseau
congolais devrait être équipé par de nouveaux
matériels, mais le niveau des investissements à réaliser
était si élevé que louverture à
la concurrence est apparue comme la seule solution. Cette libéralisation
devrait, selon les pays industriels, les experts internationaux et
le gouvernement congolais permettre non seulement de développer
et de moderniser le secteur congolais des télécommunications,
mais aussi doffrir à lensemble de la population
laccès aux services de base en zones rurales et urbaines
à un prix raisonnable. Elle devrait par ailleurs, réduire
les disparités qui existent dans la desserte des différentes
régions de la RDC en infrastructures et services des télécommunications,
et favoriser lintroduction des nouvelles technologies pour répondre
aux besoins sans cesse croissants des grandes entreprises multinationales.
La recomposition du paysage réglementaire issu du processus
de déréglementation de 2002 a eu pour conséquence
de laisser à ce jour le monopole historique dans une situation
quasi inchangée. LOCPT continue dévoluer
sous un statut public, et le contexte congolais de télécommunications
semble caractérisé par la juxtaposition de deux secteurs
(le public et le privé). La juxtaposition dun marché
monopolistique et des mécanismes concurrentiels en RDC a eu
pour mérite de préserver le monopole de lOCPT
dans un secteur où celui-ci devrait vraisemblablement être
naturel (les infrastructures), tout en créant les conditions
incitatives susceptibles de conduire sans contrainte le monopole naturel
à lefficacité.
Pour éviter que cette ouverture conduise à un oligopole
restreint et asymétrique, la libéralisation du secteur
congolais des télécommunications a été
accompagnée dun contrôle de lOCPT et dune
régulation du marché, reposant sur une variété
dinstruments, comme la fixation des conditions techniques et
tarifaires dinterconnexion aux infrastructures essentielles,
mais aussi des procédures dattribution de concessions.
LOCPT peut désormais accorder des agréments pour
une période de vingt ans à tout autre fournisseur de
services de base, en application de la loi du 16 octobre 2002 portant
sur les télécommunications, qui autorise louverture
à la concurrence. Ainsi, son monopole naturel sur la fourniture
des équipements et des services de télécommunications
nationaux et internationaux a été contesté par
lentrée de nouveaux opérateurs, et il est restreint
à la location des voies de transmissions et au service téléphonique
fixe, qui ne représente que 1 % du réseau téléphonique
congolais (UIT, 2000).
Louverture à la concurrence a donné lieu à
la création dune autorité nationale de réglementation
des télécommunications (ARPTC) en 2002 et à lémergence
de nouveaux opérateurs privés. En dehors de lOCPT,
qui est une entreprise publique, on distingue, en 2003, sur une trentaine
dopérateurs présents au Congo, six grands opérateurs
dans la téléphonie mobile cellulaire et du fixe sans
fil : Celtel, Oasis, Vodacom, Congo-Chine Télécom, Congo
Korean Télécom et Starcel, dont le capital est détenu
en majorité par des intérêts privés et
étrangers.
De nouveaux opérateurs ont investi le créneau porteur
de la téléphonie mobile, ils ont élargi le marché
des télécommunications mobiles vers des zones rurales
éloignées et ont contribué à laugmentation
du nombre dabonnés au téléphone cellulaire,
augmentant la télédensité de 0,03 % en 1997 à
1,05 % en 2004. Ainsi, lobligation à laquelle a été
contraint lexploitant public, lOCPT, en 1997, de construire
un réseau national et datteindre au moins une télédensité
de 1 % en 2002 peut être considérée comme
un échec, dans la mesure où laccroissement de
la télédensité a résulté du seul
secteur privé. Lopérateur historique, miné
par des problèmes dordre structurel et managérial,
nexploite que peu de chose, essentiellement la location des
liaisons de transmission. Force est de reconnaître que faute
davoir trouvé les fonds dinvestissements nécessaires
à la modernisation et au développement de son réseau,
lOCPT ne peut respecter ses engagements et semble même
avoir ralenti luniversalisation des services de base.
La déréglementation en RDC a donné
lieu à la création des cabines dappel (CA) et
des points dappel mobile (PAM), principalement dans des espaces
laissés totalement libres par les opérateurs publics
pour répondre à la demande croissante de la population,
dans un cadre purement informel. Ces petites structures génèrent
de nombreux emplois, souvent non qualifiés, dans la vente des
cartes prépayées et lentretien des téléphones
cellulaires. Mais ces CA et PAM, qui au départ devaient permettre
à tout le monde et surtout à ceux qui ont un usage occasionnel
du téléphone dy avoir accès à tout
moment et de partout sans posséder un équipement personnel,
ne sont présents que dans les agglomérations populaires
et urbanisées.
Par ailleurs, la déréglementation a incité certains
opérateurs historiques africains à faire des efforts
de productivité et à mieux adapter leur offre aux caractéristiques
de la demande professionnelle, mais aussi à moderniser leurs
réseaux.
En RDC, la déréglementation se traduit par le développement
de la téléphonie mobile (qui représente 99 %
du réseau congolais) au détriment de la téléphonie
fixe, contrairement à ce qui se passe, par exemple, en Afrique
du Sud et au Sénégal, où les deux réseaux
(fixe et mobile) se renforcent mutuellement. À ce jour, seuls
les réseaux déployés par les opérateurs
privés sont fonctionnels et la téléphonie mobile
est devenue un outil de base, ou mieux, sans laquelle il ny
a pas de communication téléphonique pour les usagers
congolais.
Donc, les politiques de déréglementation et de libéralisation
mises en place en RDC se sont traduites par une certaine modernisation
du réseau et des services des télécommunications
(téléphone fixe, mobile, Internet) et un accroissement
du nombre de lignes téléphoniques. Pourtant, les télécommunications
restent encore un bien de luxe pour la plupart des Congolais. Bien
que le prix dun appel local ait baissé de 0,50 à
0,24 dollars US en 2003, laccès aux télécommunications
reste entravé par la combinaison de prix élevé,
déconomie stagnante et de revenu moyen par ménage
relativement bas (40 dollars US), surtout dans les zones rurales.
Ainsi, à la lumière de lexpérience congolaise,
la déréglementation semble réduire le rôle
de lÉtat congolais à la mise en place des conditions
favorables à la concurrence, créant ainsi le risque
que cette libéralisation ne serve peut-être pas à
développer lopérateur historique, qui a besoin
des financements pour moderniser et étendre son réseau
(il paraît aujourdhui peu probable que lOCPT retrouve
un repreneur stratégique apte à relever le défi
du développement des télécommunications locales),
mais plutôt permette aux nouveaux opérateurs de capter,
non pas le plus grand nombre dhabitants, mais les consommateurs
les plus solvables situés dans des zones rentables, en privant
ainsi lopérateur historique de ses meilleurs clients.
Laccès aux services fixes, mobiles et Internet reste
concentré dans les grandes villes et, la concurrence entre
les différents opérateurs devient de plus en plus rude
dans les zones urbaines rentables ou dans les zones minières.
Ce qui ne peut rester sans conséquences sur le développement
économique et social du pays.
En observant la situation africaine,
même dans des pays où les principes de bonne gouvernance
(transparence, bonne gestion des affaires publiques, aménagement
du territoire
) sont appliqués, où lopérateur
public a pu développer les capacités de négociation
avec des opérateurs privés, par exemple en Afrique du
Sud ou au Sénégal, laccès aux télécommunications
par la population des zones rurales est très faible, proche
de la moyenne du reste du continent ; en 2004 par exemple, seulement
0,7 % des villages sénégalais étaient reliés
au réseau.
sommaire
Lanalyse de la densité
téléphonique et le contexte socio-économique
congolais
Lune des caractéristiques des télécommunications
congolaises est linsatisfaction grandissante de la demande sociale.
Les conditions de loffre sur ce marché sont telles que
lobtention dune ligne téléphonique est assujettie
non seulement à des frais dabonnement assez élevés,
mais aussi à un délai dattente relativement long
pouvant durer plusieurs années (la liste dattente pour
linstallation dune ligne téléphonique était
longue de 6 000 installations à réaliser en 1995), et
cette situation a favorisé léclosion dun
« marché noir » du téléphone.
Le prix du branchement au réseau public congolais varie de
100 dollars US à 800 dollars US, alors que le prix officiel
est de 280 dollars US (RDC, 1997).
À cela sajoute lindisponibilité des liaisons
entre abonnés, qui est aussi un fait marquant des télécommunications
congolaises (RDC, 1997). Mais cette situation chaotique ne se limite
pas à la RDC, elle est caractéristique de bien dautres
pays africains.
Par bien des aspects, la situation des infrastructures des télécommunications
en RDC semble plus préoccupante.
Les handicaps les plus manifestes sont : faible télédensité,
fréquente obsolescence des infrastructures de base et accès
aux télécommunications en RDC encore très limité
malgré un besoin social grandissant.
Cette situation ne peut être sans conséquences sur le
développement économique et social de ce pays à
une époque où les télécommunications sont
devenues un facteur stratégique dans la compétitivité
des entreprises.
Par ailleurs, létude des statistiques de lUnion
internationale des télécommunications (UIT) montre que
la RDC a connu une croissance considérable de ses lignes téléphoniques
(de 36 000 à 570 000 lignes) durant la période récente,
mais celles-ci restent dérisoires à laune du nombre
des lignes existantes en Afrique.
De même, la télédensité est bien en dessous
de la moyenne africaine, bien loin derrière lîle
Maurice, et juste devant les pays les plus pauvres dAfrique
comme lÉthiopie, la Guinée-Bissau, ou encore le
Liberia.
Ce phénomène peut être expliqué par le
fait que le nombre des lignes téléphoniques a augmenté
en RDC, mais de manière non proportionnelle par rapport à
la population, ce qui a fait régresser le nombre de lignes
par habitant.
Toutefois, il faut noter que malgré une nette évolution
dans les télécommunications africaines, la RDC narrive
pas à décoller, sa part reste insignifiante par rapport
au niveau africain et sa télédensité ne représente
que 0,58 % de la densité africaine en 2004.
Dautre part, excepté lÉgypte, la situation
des télécommunications dans les pays les plus peuplés
comme la RDC, lÉthiopie et le Nigeria, qui représentent
à eux seuls plus du tiers de la population africaine (323,9
millions), ne sest pas améliorée, elle continue
à stagner, voire à se détériorer. Pourtant,
les services des télécommunications se sont récemment
diversifiés (téléphonie fixe, mais aussi téléphonie
mobile, Internet), mais la RDC narrive pas à améliorer
sa densité téléphonique.
En revanche, les petits pays ont réalisé des progrès
substantiels dans leurs systèmes de télécommunications.
Ils sont passés dun stade embryonnaire de leurs systèmes
des télécommunications à un niveau de développement
et de modernité tout à fait exceptionnel, avec des moyens
de transmissions interurbains et internationaux de grande capacité.
Par ailleurs, ils ont su accompagner le développement de leurs
systèmes des télécommunications dune amélioration
de leur télédensité, cest le cas de lîle
Maurice (70,23 %), de la Tunisie (47,95 %) ou du Cap-Vert (29,62 %).
Tandis que la RDC, avec ses 6,33 % de la population africaine en 2004,
ne gravite quautour de 1,05 % de télédensité.
Pour étudier le niveau de développement dun pays,
le comparer avec dautres pays en développement ou développés,
les indicateurs traditionnels utilisés sont : le PIB et le
seuil de pauvreté, la répartition des ressources naturelles
ou minières.
Au-delà de ces indicateurs, dans le point suivant, nous utiliserons
les télécommunications comme indicateur supplémentaire
du niveau de développement du Congo.
Les télécommunications comme indicateur dinégalités
au sein du continent africain
Le téléphone est déjà très inégalement
réparti au sein des États africains.
Malgré les progrès technologiques intervenus dans ce
secteur, il est encore très cher et daccès très
limité, particulièrement hors des centres urbains ;
même les foyers appartenant à la classe moyenne doivent
souvent sinscrire sur dinterminables listes dattente
et payer des frais de raccordement et dabonnement prohibitifs
. Dans les années 1990, une étude de Hudson H.-G. (1991)
avait estimé que sur les 151 000 villages dénombrés
en Afrique, les 121 000 qui représentaient 70 % des ruraux
étaient sans téléphone.
Ce constat est bien réel en RDC où il existe de fortes
inégalités daccès aux services des télécommunications
puisque linfrastructure est bien évidemment concentrée
dans les grandes agglomérations urbaines ou minières,
tandis que beaucoup de communes rurales sont privées de tout
service.
Par exemple, en 1992, il y avait en RDC 35 000 abonnés,
dont 3 000 en téléphones cellulaires. Sur les
3 000 lignes cellulaires, 700 lignes étaient réservées
au gouvernement. Aujourdhui la RDC dispose de 570 000 lignes
téléphoniques, dont plus de la moitié est installée
dans des zones urbaines et minières bien que les trois-cinquièmes
de la population soient en zone rurale.
Dautre part, excepté lAfrique
du Sud, la répartition géographique du réseau
des télécommunications en Afrique na pas favorisé
la partie sub-saharienne. Du point de vue statistique, lAfrique
du Sud détient à elle seule 22,1 % des installations
téléphoniques pour 5,26 % de la population africaine
et le Maghreb, qui représente 16,9 % de la population africaine,
cest-à-dire moins dun cinquième de la population
africaine, détient un peu moins de la moitié du réseau,
soit 40,9 %, tandis que la partie sub-saharienne, qui représente
77,84 % de la population, doit se contenter de 37 % du réseau
africain.
Ce constat nous donne une indication importante concernant létat
des télécommunications en Afrique, et notamment en RDC,
et nous laissent entrevoir leffort de redéploiement en
réseau des télécommunications que doit fournir
la RDC pour rattraper son retard par rapport à dautres
États africains ou industrialisés.
Cependant, en absence dune politique de croissance soutenue
et durable des télécommunications en RDC et au regard
de sa croissance démographique, la situation des télécommunications
en RDC risque de saggraver.
Ainsi, comparé à des petits pays sub-sahariens comme
le Cap-Vert, la Côte dIvoire ou le Sénégal,
nous constatons que la RDC reste un pays où le téléphone
est encore un bien de luxe et dont laccès est limité
à une élite bien déterminée.
Avec 1,05 ligne pour 100 habitants en 2004, son taux de pénétration
téléphonique représente en gros moins dun
dixième de la moyenne de la zone africaine.
Dautre part, la distribution du réseau téléphonique
africain, en fonction du niveau du PIB par pays en 2004 nous montre
que les seize pays à revenu intermédiaire (745 dollars
US à 9205 dollars US par an) détiennent à eux
seuls 76,9 % du réseau africain, soit 660 720 000 lignes téléphoniques
contre 31 742 400 lignes pour les quarante pays à faible revenu
(moins de 745 dollars US) et qui de plus représentent plus
des deux-tiers de la population africaine. En ce qui concerne Internet,
qui commence à être accessible en Afrique en 1997, le
nombre dinternautes a crû sensiblement au cours des récentes
années avec la multiplication des cybercafés ; néanmoins,
les inégalités sont relativement plus marquées,
son utilisation sur le continent suit les lignes de fracture de la
société et reste très élitiste.
Les trois-quarts des pays ont un accès limité à
Internet (moins de 5 % de la population), mais ce dernier est conditionné
par laccès à lordinateur et à lélectricité
(conditions difficilement remplies sur le continent africain).
En Afrique, les petits pays sont favorisés au détriment
des grands, par exemple, à la Réunion et aux Seychelles,
au moins un quart de la population en moyenne a accès à
Internet, tandis quen RDC, moins de 0,1 % de la population peut
y accéder, et la moyenne continentale dinternautes reste
très faible, elle sélève à 2,62
% dutilisateurs.
Cette situation a pour conséquence lémergence
de deux groupes distincts de pays : les mieux équipés
en lignes fixes et mobiles, qui sont souvent les petits pays, dune
part, et les plus démunis, qui sont les pays en guerre tels
que la RDC, le Liberia, la Sierra Leone et les pays les plus pauvres
du continent, comme le Burundi, le Comores, la Guinée, le Niger,
le Rwanda, le République centrafricaine et le Tchad, dautre
part.
À lallure où évoluent les systèmes
des télécommunications africaines, nous pouvons nous
demander à quel moment les télécommunications
africaines pourront rattraper celles des pays les plus riches ?
Mais cette question devient bien évidemment très complexe
si lon intègre la croissance du développement
des télécommunications dans celle plus globale du développement
économique et social.
Pour dépasser ce constat du retard structurel du système
des télécommunications en RDC, il convient détudier
les différents facteurs explicatifs du sous-développement
des télécommunications congolaises. Nous serons amenés
à établir quil existe des similitudes entre le
système colonial de gestion des réseaux de télécommunications
au Congo et le système post-colonial, dans leur manière
de sapproprier les équipements de télécommunications
au profit de la classe dominante ; ce qui par conséquent a
empêché la démocratisation du téléphone
au Congo.
sommaire