Histoire
du téléphone, le scoop paru le lundi 17 juin
2002
Ce
n'est pas la première fois qu'une grande invention est
revendiquée par un inventeur autre que celui consacré
par l'Histoire. Mais il arrive très rarement que l'Histoire
soit officiellement corrigée.
C'est pourtant ce que vient de faire le Congrès américain.
Le 17 juin 2002, à Washington, le Congrès a attribué
à Antonio Meucci l'invention
du téléphone, «au lieu de Bell» qui
s'est approprié les travaux de l'Italien, spécifie
la résolution.
Le rôle dans lhistoire du téléphone
a été officiellement reconnue en 2001 par la Chambre
des représentants des États-Unis : « Expressing
the sense of the House of Representatives to honor the life and
achievements of 19th Century Italian-American inventor Antonio
Meucci, and his work in the invention of the telephone. »
Comment fut découvert le pot aux roses ? Tout débute
en 1989. Basilio Catania, ancien directeur général
de la CSELT (lagence de recherche et de développement
des télécoms italienne), découvre quAntonio
Meucci, alors quil était ingénieur du théâtre
à Florence, a mis au point une « pipe téléphonique
». Elle permet de communiquer entre des plateaux techniques
distants dune vingtaine de mètres. Catania poursuit
son enquête.
Antonio
Meucci l'inventeur du téléttrophone
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L'histoire
de Antonio Meucci est encore peu connue, mais il s'agit d'un des épisodes
les plus extraordinaires de l'Histoire américaine, malgré
que ce soit un épisode dans lequel la justice a été
pervertie. Toutefois, le génie et la persévérance
d'un immigrant italien - un génie en tant qu'inventeur, mais qui
n'avait pas le sens des affaires, tenace défenseur de ses droits
contre des forces incroyablement supérieures et une terrible pauvreté
&endash; c'est une histoire qui mérite et doit être racontée
» Antonio Meucci attend d'être reconnu comme l'inventeur d'un
élément-clé de notre culture moderne. (voir l'ouvrage
de Basilio Catania, en italien, « Antonio Meucci -- L'inventeur
et son temps»)
Seulement l'admiration et l'affection des descendants rendront tardive
justice à Antonio Meucci, en transformant sa demeure en un des
musées les plus fréquentés de New York. Dernièrement,
le Sénat américain a reconnu la vérité et
la documentation laissée par Meucci a démontré officiellement
que c'est lui le vrai inventeur du téléphone.
sommaire
Fait
étonnant. Selon un Article paru le lundi 17 juin 2002
dans le Journal de Montréal, l'inventeur du téléphone
Graham Bell serait mise en cause.
Voici l'extrait de l'article en question :
Washington( AFP ) - La Chambre des représentants américaine
a décidé de créditer un Italo-Américain,
Antonio Meucci, de l'invention du téléphone
communément attribuée à l'Américain
d'origine écossaise Alexander Graham Bell, a-t-on
appris hier de source officielle.
L'inventeur du téléphone ? Antonio Meucci, assure
la chambre des représentants.
Dans une résolution adoptée mardi par simple acclamation,
les représentants américains estiment que "la
vie" et l'oeuvre d'Antonio Meucci doivent être reconnus,
et son travail dans l'invention du téléphone doit
être admis.
Selon le texte de la résolution, présentée
par l'élu républicain de New York Vito Fossella,
Antonio Meucci avait installé dès 1856
un dispositif rudimentaire de télécommunication
entre le sous-sol de sa maison de Staten Island, à New
York, et la chambre de sa femme au premier étage (cette
dernière ne pouvait se déplacer car souffrant
d'arthrite). ...
En 1861, il publia un article présentant
ses inventions dans L'Eco d'Italia (« L'Echo d'Italie
» en français), un journal de New-York en langue
italienne.
Puis, en 1870, parvenant à transmettre la parole à
un kilomètre de distance, il baptisa son appareil le
téléttrophone
En décembre 1871, il
dépose une demande provisoire et payante de brevet
(un caveat),qu'il renouvelle en 1872 et 1873, mais n'ayant pas
10 dollards, il laisera expirer cette demande en 1874
faute de moyen.
Vous pouvez agrandir les photos pour lire
ce brevet |

First telephone link, established by Antonio Meucci in Clifton,
between 1854 and 1856
En 1883 la Globe Telephone
Compagny achète l'invention de Meucci et transmet au
gouvernement américain une demande la priorité
de Meucci sur Bell.
Deux procès suivront et le 19 juillet 1887, Bell en
ressort vainqueur.
Deux ans plus tard en 1889
Meucci décède dans une grande misére.
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sommaire
Avec ou sans fil, il est devenu l'extension de nos bouches
et de nos oreilles grâce au génie d'Alexander Graham Bell...
selon la version officielle. Mais il se pourrait bien que nous ayons été
floués par nos manuels d'histoire car la paternité de cette
formidable invention est aujourd'hui vigoureusement contestée.
Selon l'ingénieur Basilio Batania, ex-directeur général
des Laboratoires centraux de recherche en télécommunications
d'Italie (CSELT), qui a consacré quinze années de recherches
à la question, le véritable inventeur du téléphone
est plutôt Antonio Meucci, un ingénieur italien peu fortuné
ayant émigré à Cuba avant de rejoindre les États-Unis,
où il s'est éteint en 1889.
Basilio Batania présentait récemment à l'Université
Concordia l'ensemble des preuves juridiques et scientifiques qu'il a glanées
pendant ces années parmi des tonnes de documents dispersés
au sein des Archives nationales des États-Unis. Des preuves qui
démontrent le travail de pionnier accompli par Antonio Meucci.
Ingénieur de formation, Antonio Meucci fuit son pays pour La Havane,
où il découvre dès 1849 que la voix humaine peut
être transmise par l'électricité. Alexander Graham
Bell n'est alors âgé que de deux ans... En 1850, Meucci s'embarque
pour les États-Unis, où il espère développer
sa découverte et la commercialiser.
Dans sa nouvelle résidence de Staten Island, à New York,
il met au point un système de télécommunication entre
ses ateliers situés au sous-sol ainsi que dans le jardin, et la
chambre de son épouse qui, souffrant d'arthrite rhumatoïde,
doit demeurer alitée au troisième étage. Il apportera
peu à peu diverses innovations à ce dispositif de télécommunication
au départ rudimentaire. Des innovations qui seront souvent «
redécouvertes » des années plus tard par Bell et la
compagnie qu'il fonda en 1875 avec deux partenaires, le père de
sa femme et un commerçant de chaussures.
Meucci a proposé plusieurs moyens fort ingénieux d'améliorer
la ligne téléphonique, souligne M. Batania.
Pour accroître la distance à laquelle on peut converser par
téléphone, il imagine en 1862 d'introduire un «
inducteur » le long du câble conducteur de l'électricité.
Se présentant sous la forme d'une bobine électromagnétique,
cet inducteur sert à produire du courant et renforce du coup la
transmission du signal. Une idée d'avant-garde qui sera brevetée
par Michael Pupin, en 1900, avant d'être adoptée par tous
les fabricants de téléphones.
Meucci réalise par ailleurs que les câbles composés
de fer ou d'acier employés à l'époque pour les transmissions
télégraphiques sont impuissants à véhiculer
le large spectre de fréquences que comprend la voix humaine. Pour
remédier à ce problème, il opte pour le cuivre, un
matériau qui est meilleur conducteur de l'électricité.
Il augmente aussi le diamètre du câble et en améliore
la conductivité de surface par un traitement électrogalvanique,
compte tenu que le courant constitué de fréquences téléphoniques
se propage principalement en périphérie du conducteur. Autre
solution avancée pour favoriser une meilleure transmission des
fréquences téléphoniques : subdiviser le câble
en plusieurs fils conducteurs de plus petite taille.
En 1859, Antonio Meucci conçoit un mécanisme visant
à éliminer l'écho de la voix du locuteur qui rebondit
dans le récepteur de celui-ci et gêne la conversation téléphonique.
Pour remédier à cet effet parasite découlant du fait
que les deux directions de transmission (du locuteur au destinataire,
et inversement) s'effectuaient sur la même ligne, Meucci sépare
les deux voies de transmission sur deux lignes distinctes. « Or
ce n'est que 41 ans plus tard que la compagnie Bell insère un dispositif
équivalent dans ses téléphones », précise
Basilio Batania.
Meucci crée par ailleurs en 1854 un dispositif destiné
à prévenir la personne qu'on appelle que quelqu'un est au
bout du fil et désire lui parler. Pour ce faire, il joint à
la ligne téléphonique un système de signalisation
télégraphique.
Ainsi, lorsqu'une personne désire parler à son correspondant,
elle déclenche l'interrupteur télégraphique qui lance
alors dans la ligne téléphonique de fortes impulsions de
courant qui, une fois arrivées à destination, sont traduites
par des clics intermittents. « Grâce à ce simple "code
Morse", le correspondant s'apercevait que quelqu'un l'appelait et
pouvait alors prendre le récepteur dans ses mains et débuter
la conversation », explique M. Batania, qui accorde encore une fois
le crédit à Meucci d'avoir été le premier
à identifier ce problème et d'y avoir trouvé une
solution 24 ans avant que la compagnie Bell ne s'y intéresse (en
1878).
Dix ans plus tard, il en fait une démonstration
à son ami Enrico Bendelari. Un journal new-yorkais de langue italienne,
LEco dItalia, relate lexpérience et publie les
détails de linvention. Entre-temps, Meucci a été
naturalisé.
Compte tenu que la transmission du son demeure très faible dans
les premiers téléphones dépourvus d'amplificateur,
Meucci comprend l'importance de bien concentrer la puissance acoustique
de la voix dans le transmetteur et de porter à l'oreille le son
recueilli par le récepteur avec la plus grande efficacité
possible. Pour rencontrer ces exigences, il recommande en 1871 l'emploi
des fameuses cabines téléphoniques. « La compagnie
Bell ne constata quant à elle la nécessité de postes
téléphoniques silencieux qu'après 1877 », précise
Basilio Batania, qui se garde bien d'affirmer qu'Antonio Meucci est le
seul et unique inventeur du téléphone.
Ce n'est toutefois qu'en décembre 1871 qu'Antonio
Meucci dépose une demande provisoire et payante de brevet (cavea)
pour l'ensemble de ces innovations :
En juillet 1871, alors qu'il voyageait de Manhattan à Staten Island,
Meucci faillit être tué lorsque le moteur à vapeur
du ferry Westfield explosa, le laissant gravement brûlé.
Meucci a langui dans un lit d'hôpital pendant des mois. Son état
financier et sa santé étaient si mauvais que sa femme Ester
a vendu ses modèles de teletrofono originaux à un brocanteur
pour six dollars afin de collecter des fonds pour ses dépenses.
Meucci a été averti de ne rien apporter sur le marché
industriel américain sans d'abord se protéger par des moyens
légaux, ce qui signifiait qu'il avait besoin d'un brevet au prix
de deux cent cinquante dollars. Comme il n'avait pas les moyens de payer
le brevet, il a réglé l'affaire en obtenant une garantie
temporaire d'un an pour vingt dollars, financée par ses nouveaux
partenaires commerciaux.
Alors qu'il se remettait de ses blessures, le 12 décembre 1871,
Meucci conclut un accord avec Angelo Zilio Grandi (secrétaire du
consulat italien à New York), Angelo Antonio Tremeschin ( entrepreneur
) et Sereno GP Breguglia Tremeschin (homme d'affaires) afin de constituer
la Telettrofono Company. La constitution
fut notariée par Angelo Bertolino, un notaire de New York. Bien
que leur société lui ait versé 20 $, seuls 15 $ furent
nécessaires pour déposer une demande de brevet complète.
La mise en garde que son avocat a soumise au US Patent Office le 28 décembre
1871 était numérotée 3335 et intitulée «
Sound Telegraph ». Voici le texte de la mise en garde de Meucci,
omettant les détails juridiques de la pétition, du serment
et du jurit :
MISE EN GARDE
La pétition d'Antonio Meucci, de Clifton, dans le comté
de Richmond et l'État de New York, représente respectueusement
:
Qu'il a apporté certaines améliorations aux télégraphes
sonores, ...
Ce qui suit est une description de l'invention, suffisamment détaillée
pour les besoins de la présente mise en garde.
J'utilise l'effet conducteur bien connu des conducteurs métalliques
continus comme moyen de transmission du son, et j'augmente cet effet
en isolant électriquement à la fois le conducteur
et les interlocuteurs. Cela forme un télégraphe parlant,
sans qu'il soit nécessaire d'utiliser un tube creux.
Je prétends qu'une partie ou la totalité de l'effet
peut également être obtenue par un arrangement correspondant
avec un tube métallique. Je crois que certains métaux
donneront de meilleurs résultats que d'autres, mais je propose
d'essayer toutes sortes de métaux.
Le système sur lequel je me propose d'opérer et de
calculer consiste à isoler deux personnes, séparées
à une distance considérable l'une de l'autre, en les
plaçant sur des isolateurs de verre ; en employant du verre,
par exemple, au pied de la chaise ou du banc sur lequel chacune
est assise, et en les mettant en communication au moyen d'un fil
télégraphique.
Je crois qu'il est préférable d'avoir un fil plus
large que celui qui est ordinairement employé dans le télégraphe
électrique, mais je vais faire une expérience à
ce sujet. Chacun de ces individus porte à sa bouche un instrument
analogue à un porte-voix, dans lequel le mot peut être
facilement prononcé et le son concentré sur le fil.
Un autre instrument est également appliqué aux oreilles,
afin de recevoir la voix de l'interlocuteur.
Tous ces instruments, à savoir l'ustensile buccal et les
instruments auriculaires, communiquent avec le fil à une
courte distance des personnes. Les instruments auriculaires étant
de forme convexe, comme un verre d'horloge, enferment toute la partie
extérieure de l'oreille et rendent la tâche facile
et confortable à l'opérateur. Le but est de faire
entendre distinctement à l'oreille la parole de la personne
à l'autre bout du télégraphe.
Pour attirer l'attention, le correspondant à l'autre bout
de la ligne peut être averti par un signal télégraphique
électrique ou une série de signaux. L'appareil à
cet effet et l'habileté à le faire fonctionner sont
bien moindres que pour la télégraphie ordinaire.
Lorsque mon télégraphe sonore est en
service, les interlocuteurs doivent rester seuls dans leurs pièces
respectives et toutes les précautions possibles doivent être
prises pour que l'environnement soit parfaitement calme. L'utilisation
d'un ustensile à bouche fermée ou d'une trompette,
ainsi que le fait d'enfermer les personnes dans une pièce
seule, tendent tous deux à empêcher toute publicité
excessive de la communication.
Je pense qu'il sera facile, par ces moyens, d'empêcher que
la communication soit comprise par d'autres personnes que les personnes
compétentes.
Il peut être judicieux de travailler avec la personne qui
envoie le message isolée et avec la personne qui le reçoit
en communication électrique libre avec la terre. Il est également
possible d'inverser ces conditions et de continuer à fonctionner
avec un certain succès.
Les conducteurs ou ustensiles pour la bouche et les oreilles doivent
être, en fait, je dois dire qu'ils doivent être, métalliques,
et être conditionnés de manière à être
de bons conducteurs d'électricité.
Je revendique comme étant mon invention, et désire
être considéré comme tel, pour toutes les fins
de la présente mise en garde,
La nouvelle invention est ici exposée dans
tous ses détails, combinaisons et sous-combinaisons.
Et plus particulièrement, je revendique
Premièrement. Un conducteur sonore continu isolé électriquement.
Deuxièmement. Le même appareil adapté à
la télégraphie sonore ou à la conversation
entre interlocuteurs éloignés et isolés électriquement.
Troisièmement. L'emploi d'un conducteur sonore, qui est également
un conducteur électrique, comme moyen de communication par
le son entre des points éloignés.
Quatrièmement. La même chose en combinaison avec des
dispositions visant à isoler électriquement les parties
émettrices et réceptrices.
Cinquièmement. L'embouchure ou l'instrument parlant en combinaison
avec un conducteur électriquement isolant.
Sixièmement. Les ustensiles auriculaires ou récipients
récepteurs adaptés pour être appliqués
sur les oreilles en combinaison avec un conducteur sonore électriquement
isolant.
Septièmement. L'ensemble du système, comprenant le
conducteur électrique et sonore, isolé et muni d'un
embout buccal et d'écouteurs à chaque extrémité,
adaptés pour servir comme spécifié.
En témoignage de quoi, j'ai apposé
ma signature en présence de deux témoins signataires.
ANTONIO MEUCCI
Témoins : Marie-Claire. Fred'k Harper.
Approuvé : Office des brevets 28 décembre
1871
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Compte tenu des frais peu élevés de la
mise en garde, l'avocat a dicté la spécification de la mise
en garde en une demi-heure et n'a pas inclus certaines informations importantes.
Meucci a écrit une lettre à son avocat pour tenter de corriger
l'imprécision, mais l'avocat n'a pas pris ses suggestions en considération,
assurant à Meucci que la mise en garde abrégée offrirait
une protection suffisante.
La société Telettrofono n'a vécu que peu de temps,
s'effondrant après que deux des partenaires ont quitté les
États-Unis, retirant leurs actions et le troisième est décédé
l'année suivante.
En 1872, Meucci et son ami Angelo Bertolino se rendirent auprès
d'Edward B. Grant, vice-président de l'American District Telegraph
Co. de New York (et non de la Western Union comme on le dit parfois),
pour lui demander de l'aide. Meucci lui demanda la permission de tester
son appareil sur les lignes télégraphiques de la société.
Il donna à Grant une description de son prototype et une copie
de sa mise en garde. Après avoir attendu deux ans, Meucci alla
voir Grant et lui demanda de récupérer ses documents, mais
Grant lui aurait dit qu'ils avaient été perdus.
Le 28 décembre 1874, la mise en garde de Meucci a expiré.
En 1876, Alexander Graham Bell, employé des laboratoires Western
Union, obtient un brevet sur le téléphone. Meucci a protesté
à plusieurs reprises, envoyant des lettres aux journaux, revendiquant
l'invention comme la sienne...
Une longue série de procès
C'est donc en décembre 1871 qu'Antonio Meucci dépose une
demande provisoire et payante de brevet (cavea) pour l'ensemble de ces
innovations, mais que, faute de moyens financiers suffisants pour le prolonger,
il laisse expirer en 1874. Or, deux ans plus tard, en 1876, l'Américain
d'origine écossaise Alexander Graham Bell dépose à
son tour deux brevets sur l'invention du téléphone, qu'il
aurait conçu en terre canadienne, à Brantford, en Ontario
ainsi qu'à Baddeck, en Nouvelle-Écosse.
Poussé par la Globe Telephone Company et la National Telephone
Company qui réclament l'abolition du monopole de la compagnie Bell,
le gouvernement des États-Unis intente dès 1885 un procès
contre la Bell Telephone Company et Alexander Graham Bell dans le
but d'annuler les brevets accordés à ces derniers étant
donné qu'ils violaient les travaux réalisés antérieurement
par Antonio Meucci.
Mais la compagnie Bell, défendue par des avocats rusés,
tente par tous les moyens de bloquer le déroulement de ce procès.
Quatre mois plus tard, elle lance à son tour un procès contre
la Globe Telephone Company, qui avait acquis en 1883 les droits de Meucci
sur le téléphone.
Elle accuse la Globe Telephone d'avoir commis une infraction aux brevets
de Bell en fabriquant des téléphones censés être
couverts par les brevets de M. Bell. En gagnant ce procès, la compagnie
Bell espère rendre caduque la poursuite dont elle est la cible
à Washington.
Mais le procès traîne en longueur au point où, d'un
commun accord, les parties décident finalement de suspendre le
procès en 1897 en raison des coûts exorbitants que devait
assumer le gouvernement, et compte tenu que les brevets de Meucci étaient
désormais arrivés à échéance. Le procès
se termine sans qu'on ait tranché sur l'identité du véritable
inventeur du téléphone.
Mais l'histoire ne retiendra que le nom de Graham Alexander
Bell, et celui d'Antonio Meucci se perdra dans le tumulte juridique dont
les traces seront néanmoins conservées dans les archives.
« Graham Bell n'a joué aucun rôle dans cette poursuite
car il avait été licencié de la compagnie Bell Telephone
dès 1879, tandis que le procès contre Meucci fut lancé
en 1885 », précise Basilio Batania, qui se refuse à
condamner celui qui a reçu tous les honneurs associés à
l'invention du téléphone. « Il ne faut pas confondre
la compagnie Bell et M. Bell, qui n'avait vraisemblablement rien contre
M. Meucci. La théorie exposée par Bell sur la transmission
de la voix par l'électricité est très brillante.
Mais je crois qu'Alexander Bell n'était pas très versé
dans les applications pratiques. »
Rendre à César...
Basilio Batania désire fouiller plus longuement les réalisations
de M. Bell avant de publier une comparaison entre le travail effectué
par cet Américain décédé au Canada et celui
accompli par Meucci, car « les deux méritent des éloges
», insiste-t-il avant d'affirmer néanmoins qu'Antonio Meucci
est à ses yeux le premier à avoir inventé les techniques
de communication téléphonique à grandes distances.
C'est-à-dire le téléphone électromagnétique
qui correspond essentiellement au récepteur de nos téléphones
actuels.
Cette pièce que l'on porte à l'oreille et qui est constituée
d'un « électro-aimant » entouré d'un diaphragme
(une membrane) jouait jadis à la fois le rôle de récepteur
et celui de transmetteur, jusqu'à ce qu'un dénommé
Thomas Edison invente le microphone à graphite, dont la puissance
était dix fois plus grande que celle du transmetteur électromagnétique.
Pour rendre à César ce qui appartient à César,
la Chambre des représentants des États-Unis a adopté
une résolution, en juin 2002, qui reconnaît officiellement
la contribution déterminante d'Antonio Meucci dans l'invention
du téléphone. Justice a enfin été rendue...
sommaire
En France le journal "Devoir
du 19 April 2003" racconte aussi cette histoire
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Antonio Meucci
né le 13 avril 1808 à San Frediano, un quartier de
la commune de Florence en Toscane et mort le 18 octobre 1889 à
Staten Island, aux États-Unis, est notamment connu comme
l'inventeur du téléphone.
En 1808, un certain Antonio Meucci naît en Italie près
de Florence. Elevé dans une famille modeste mais doué
, il étudie le dessin et lingénierie mécanique
à lAcadémie des Beaux-Arts. Puis, il travaille
pour le théâtre de la ville en tant que machiniste
cest à dire quil est chargé de manoeuvrer
les décors de la scène. Il y rencontre, aussi, sa
future femme, Ester, une couturière.
En 1835, le couple est recruté par le grand théâtre-opéra
de La Havane, et part pour Cuba. Fasciné par les sciences,
Antonio Meucci lit tout ce qui sy rapporte surtout en physique
et en chimie. Ainsi, parallèlement à son travail de
technicien de théâtre, Antonio, se plaît à
imaginer des expérimentations futuristes.
Toujours curieux de découvrir un nouvel outil
pour faciliter la vie des autres, Meucci inventa une méthode
pour galvaniser le métal, quutilisa alors larmée
à Cuba, Il travailla aussi durant dix ans sur une méthode
efficace de traitement de certaines maladies par électrochocs.
Un jour alors quil se prépare à administrer
un traitement électrochoc à un ami, Meucci entend
clairement la voix de celui-ci sur le fil de cuivre qui , courant
entre deux pièces séparées, le relie à
son ami. Il comprend alors que le son propulsé par
des décharges électriques peut se propager à
travers un câble de cuivre.
Réalisant le potentiel de sa découverte, en 1849,
il imagina les bases du téléphone et développa
un prototype, dont rien n'indique cependant qu'il fonctionnait.
Il se donne, alors, dix ans pour perfectionner le principe de ce
quil appelle alors son télégraphe parlant
puis den promouvoir la commercialisation.
Il partit en 1850 à New York pour promouvoir ses inventions,
sans grand succès.
C'est au cours de ces années qu'il construisit son prototype
de téléphone, le Telettrofono.
Arrivé en Amérique, Meucci se trouve confronté
à deux principales difficultés : des problèmes
d'ordre financier et sa méconnaissance de langlais.
De plus, une série noire de plusieurs années va sabattre
sur lui et sa femme Ester. qui tombe malade et devient à
moitié paralysée.
Pour communiquer avec elle, Meucci installe un système télégraphique
parlant reliant diverses pièces de leur maison à son
laboratoire.
Cest la première installation au monde !
En 1860,quand lappareil devient pratiquement fonctionnel
,Meucci organise une démonstration pour attirer des investissements
financiers qui ne convainc malheureusement pas lauditoire.
Amer et découragé, Meucci plonge dans une pauvreté
croissante. Cependant, il continue de produire une série
de nouvelles inventions dont il vend les droits pour se sortir de
sa situation précaire. Néanmoins, il ne parvient pas
à économiser assez dargent pour prendre le brevet
final.
En 1871, il est grièvement brûlé par
lexplosion dun bateau à vapeur qui tue 125 personnes.
Il sen sort miraculeusement. Mais pendant quil est alité
à lhôpital, sa femme vend plusieurs de ses modèles
de travail dont le prototype du téléphone à
un brocanteur pour payer ses frais dhospitalisation. Lorsque
Meucci essaie de racheter ses précieux objets, on lui répond
quils ont été achetés par un «
jeune homme inconnu » dont lidentité reste jusquà
présent un mystère.
Brisé mais non vaincu, Meucci travaille, jour et nuit, pour
reconstruire son invention car il a peur que quelquun ne la
lui vole avant den avoir obtenu le brevet. Le
12 décembre 1871, il fonda la Telettrofono
Company avec trois associés.
Toutefois, il reste dans limpossibilité de recueillir
la somme requise pour un brevet définitif (250 dollars, somme
considérable à lépoque !), il recourt
au caveat ,un avis dintention de prendre un brevet
le 28 décembre 1871.
En 1874, Meucci
tenta de contacter le directeur dune compagnie de télégraphes,
la Western Union, pour lui montrer son « télégraphe
parlant ».
Le secrétaire de la compagnie différa pendant deux
ans la prise de rendez-vous, et prétendit finalement que
lon avait « perdu » le prototype.
On est alors en 1874 et le caveat posé par Meucci expire
faute de ressources pour le renouveler.
Deux ans plus tard, en 1876, Bell déposa son brevet
de téléphone. Convaincu de s'être fait voler
son invention, Meucci lui intenta un procès.
Deux procès suivront et le 19 juillet 1887, Bell en ressort
vainqueur.
Deux ans plus tard en 1889 Meucci
décède dans une grande misére.
Aujourd'hui, son nom est plus généralement associé
à celui du célèbre Garibaldi, dont il fut l'ami
à partir de 1860.
Pourtant il sera établit les faits suivants
:
En 1858-59
Dans un croquis, redessiné par un peintre, Nestore Corradi,
Meucci montre l'essentiel de son système téléphonique.
A noter, la communication bidirectionnelle avec des lignes distinctes
pour éviter l'effet dit "sidetone", le système
de signalisation à touches télégraphiques,
l'étiquette longue distance
En 1859 Il développe
une batterie sèche (neuf ans avant Leclanché),
à utiliser dans ses liaisons téléphoniques.
En 1860-61 Il confie à
son ami, Enrico Bendelari, partant pour l'Italie, de trouver
les soutiens de son téléphone, pour le présenter
d'abord en Italie.
Il publie également sur L'Eco d'Italia, un journal italien
de New York, une brève description de son invention.
En 1861 Meucci améliore
encore son téléphone électromagnétique,
en utilisant un noyau linéaire et une bobine plus grande,
placés très près du diaphragme.
Bendelari revient d'Italie (alors sous de forts bouleversements
politiques et militaires) sans réussir à susciter
l'intérêt au téléphone.
En 1862 Meucci se concentre
sur la ligne de transmission téléphonique, expérimentant
diverses structures et revêtements du conducteur, ainsi
que la mise à la terre et le chargement inductif de la
ligne.
En 1864-65 Meucci réalise
son «meilleur téléphone», en utilisant
un diaphragme en fer avec une épaisseur optimisée
et étroitement serré le long de sa jante, ce qui
est l'une des exigences d'un téléphone moderne.
L'instrument était logé dans une boîte de
savon à barbe (alors populaire), dont le couvercle, vissé
sur le dessus, maintenait fermement le diaphragme.
En 1865-67 Il explore d'autres
structures de son téléphone (avec un noyau magnétique
en forme de «fer à cheval courbé»
ou de tire-bouchon, ou toroïdal avec shunt magnétique),
sans autres améliorations
1870 (Août) Il obtient
une excellente transmission de la parole à une distance
d'un mile, en utilisant comme conducteur une tresse de cuivre
isolée de coton. Environ un mois plus tard, améliore
les performances en utilisant une charge inductive, subdivisée
le long de la ligne. Il anticipe ainsi le brevet de Pupin de
30 ans.
En 1871 Au cours de sa longue
infirmité, suite à l'explosion à bord du
ferry de Westfield (survenue le 30 juillet), sa femme, Esther,
vend tous ses modèles de téléphone à
un revendeur d'occasion, à la fois pour payer les frais
médicaux et pour faire face aux nécessités
de la vie
(12 décembre) Toujours convalescente, Meucci fonde à
New York la "Telettrofono Company",
avec trois éminents partenaires italiens. Il vise à
effectuer des tests sur le terrain, à obtenir des brevets
aux États-Unis et à l'étranger et à
mettre à la disposition du public le téléphone
de Meucci 2.
(28 décembre) Les partenaires de Telettrofono
Co. n'ayant fourni à Meucci que 20 dollars,
Meucci n'a pu déposer un caveat qu'au Bureau
américain des brevets. Compte tenu des frais peu élevés
perçus, l'avocat en brevets de Meucci, Thomas Stetson,
a fait une description concise et n'a pas inclus de dessins.
L'avertissement n ° 3335: "Sound Telegraph", ne
donne donc qu'une idée partielle de l'invention de Meucci.
En 1872 (été)
Avec son ami Angelo Bertolino, il rend visite à M. Edward
B. Grant, vice-président de l'American District Telegraph
Co. de New York, pour obtenir la permission de tester son appareil
téléphonique sur les lignes télégraphiques
de l'entreprise.
À cette fin, il fournit une description détaillée
et des prototypes de son téléphone ainsi qu'une
copie de sa mise en garde.
En 1872-73 À la demande
d'un plongeur, William Carroll, Meucci a construit un téléphone
spécial pour lui permettre, lorsqu'il travaille sous
l'eau, de communiquer avec le vaisseau mère. Un fil de
cuivre isolé torsadé alimenterait l'instrument,
logé à l'intérieur du masque du plongeur,
fonctionnant à l'intérieur du tube en caoutchouc
transportant de l'air vers le plongeur, tandis que l'homme à
bord du navire porterait deux récepteurs égaux
fixés sur ses oreilles, afin d'être capable d'utiliser
ses mains librement (voir Marine Phone de Meucci).
Le 8 juillet 1880, il dépose
une demande de brevet pour cet appareil.
En 1874
Deux ans après les visites répétées
(environ toutes les deux semaines) effectuées par Meucci
et / ou Bertolino à M. Grant, ce dernier a dit à
Meucci que tout son matériel s'était perdu et
qu'il [M. Grant] n'a pas pu poursuivre l'affaire.
En 1876 Dès qu'Alexander
Graham Bell obtient un brevet sur le téléphone,
Meucci proteste à plusieurs reprises, envoyant également
des lettres aux journaux, affirmant que le téléphone
était son invention.
En 1880
(2 juillet) Dépose une demande "Fil à usage
électrique" pour fil téléphonique
à large bande, réalisée avec une tresse
de fils de cuivre isolés. Il était similaire au
Monster Speaker-Cable de RadioShack, offrant une réponse
exceptionnellement bonne aux basses et hautes fréquences
de la plage audio. |
La controverse de paternité
Jusqu'en 1989, personne n'avait jamais remis en question
la paternité de Bell sur l'invention du téléphone.
Cette année-là, Basilio Catania, ancien directeur
général de la CSELT (l'agence de recherche et
de développement des télécoms italiennes),
découvre les travaux d'Antonio Meucci, alors qu'il est ingénieur
du théâtre à Florence.
Basilio Catania théorise alors une éventuelle spoliation
de Meucci par Bell.
L'appareil construit par Meucci, le Télettrophone, aurait
bel et bien fonctionné. Il l'aurait réalisé,
en 1850, pour communiquer entre
son bureau et la chambre de sa femme, paralysée par des crises
d'arthrite.
En 1860, dix ans plus tard,
il en aurait fait une démonstration à son ami Enrico
Bendelari, et l'expérience aurait été relatée
par un journal new-yorkais de langue italienne, L'Eco d'Italia.
En 1874 vint le moment de la prise de contact avec Edward B. Grant,
vice-président de la Western Union Telegraph Company, en
vue d'une démonstration. C'est à partir de ce moment-là
que, selon Catania, la spoliation aurait commencé. Grant
aurait offert à Meucci d'utiliser ses locaux et d'y entreposer
son matériel, et lui aurait demandé d'examiner les
plans de son invention. Une fois ceux-ci en sa possession, Grant
aurait systématiquement repoussé la date de la démonstration.
Au cours des deux années qui suivirent, Meucci ne put jamais
réaliser sa démonstration, et finit en 1876 par perdre
ses droits sur son invention, ne pouvant, par manque de moyens,
renouveler l'avertissement du brevet.
C'est aussi pendant ces deux années que "Bell aurait
volé l'invention de Meucci", toujours selon Basilio
Catania. Ce dernier met en effet en avant que Bell aurait
travaillé dans le laboratoire où Meucci avait entreposé
ses appareils.
En mars 1876, Graham Bell déposa le brevet du téléphone,
puis expérimenta son appareil à l'exposition internationale
de Philadelphie en 1876.
Puis vint le grand succès de Londres où il installa
un téléphone à la Chambre des communes.
Les protestations de Meucci auraient dès lors été
vaines, face à la richesse et à la puissance grandissante
de Bell.
Pour soutenir cette thèse, B. Catania
s'appuie également sur les travaux d'une commission d'enquête
dont l'attention aurait été attirée par les
plaintes de Meucci pour ententes illicites : il aurait existé
une connexion secrète entre des employés de l'office
des brevets et la compagnie de Bell. Et celle-ci s'était
engagée à rétrocéder à la Western
Union 20 % des bénéfices de l'invention, le téléphone.
La notoriété de Catania ancien Direteur Général
de la recherche et développement des Télécoms
en Italie, lui ouvre les portes des archives des laboratoires Bell.
Il consulte des milliers de document et fait une étonnante
découverte , un document de septembre 1885 qui est une traduction
en anglais du carnet de note de Meucci !!!!
Dans ce document Meucci a représenté plusieurs lignes
téléphoniques longues distance avec, à chaque
extrémité un téléphone éléctromagnetique
et sur la ligne une charge inductive. Cette technique est aujourd'hui
connue sous le nom de pupinisation qui a été breveté
en 1900 par M. Pupin
Catania trouve aussi d'autres documents attestant les travaux de
Meucci dans le domaine de la téléphonie, et un dessin
du peintre et sculpteur Nestor Corrali avec qui Meucci avait travaillé
à Florence représentant deux hommes en conversation
téléphonique.
Mais si cette controverse est ignorée de la communauté
scientifique, elle a connu un certain écho dans le grand
public, et en particulier chez la communauté italo-américaine
de New York. Cent cinquante ans après l'arrivée
de Meucci à Manhattan, cette communauté a finalement
réussi à convaincre Rudolph Giuliani, maire de New
York, de réhabiliter Meucci en faisant du 1er mai 2000, le
Meucci Day. De surcroît, comme il est indiqué dans
l'introduction, son rôle dans l'histoire du téléphone
a été officiellement reconnu en 2002 par la Chambre
des représentants des États-Unis. En France, cette
thèse a également été médiatisée
en 2007 par un journaliste, Jean-Baptiste Giraud.
sommaire
Retour à l'histoire,
L'invention :
Antonio Meucci naquit à San Frediano, près de Florence,
le 13 avril 1808. Il étudia dessin et ingénierie mécanique
à l'Académie des Beaux Arts de Florence et ensuite
il travailla pour le théâtre La Pergola et en différents
autres comme chorégraphe et technicien de scène jusqu'à
1835, quand il accepta le poste de chorégraphe et technicien
de scène au Théâtre Tacon de la Havane, Cuba.
À la Havane, la maison d'Ester et Antonio Meucci fait partie
du théâtre. Antonio s'occupe entre les laboratoires
et les entrepôts de la scène. Il a un grand talent
pour la physique et la chimie et chaque jour il imagine des expérimentations
futuristes. Évidemment, il ne manque pas de qualifier ses
découvertes de "surprenantes diableries techniques de
la scène". Ester s'occupe de l'atelier de couture du
théâtre, vu que son salaire et celui de son mari servent
à peine à financer les expérimentations d'Antonio.
Ils restèrent à Cuba pendant 15 ans.
Fasciné comme il l'était par la recherche scientifique
de tout genre, Meucci lisait chaque traité qu'il pouvait
se procurer et dédiait tout son temps libre à la recherche,
inventant des nouvelles méthodes de galvanisation des métaux
et les mettant en application pour parfaire les équipements
militaires du gouvernement cubain; en même temps, il continuait
son travail pour le théâtre et poursuivait ses expérimentations
sans arrêt.
Une de celles-ci devait provoquer une série d'événements
fatidiques. Meucci avait développé une méthode
pour soigner la maladie par des secousses électriques (électrochoc)
qui était devenue très populaire à la Havane.
En 1845, Meucci a créé une petite entreprise de galvanoplastie
de traitement d'objets métalliques, principalement commandées
par l'armée coloniale espagnole. Un jour, pendant qu'il se
préparait à administrer un traitement d'électrochoc
à un ami, Meucci entendit clairement la voix de celui-ci
sur le fil de cuivre qui, courant entre deux pièces séparées,
le reliait à son ami. L'inventeur se rendit compte tout de
suite qu'il tenait entre ses mains une invention beaucoup plus importante
de toutes les découvertes qu'il avait fait auparavant, et
il dédia les dix années suivantes à appliquer
ce principe dans la pratique. Pendant dix ans, il perfectionna l'appareil
original et chercha d'en promouvoir la commercialisation.
Cette initiative lui a valu une petite fortune et la notoriété
à La Havane.
Alors Meucci continu ses expériences et ses recherches
sur l'électrothérapie, il effectue des traitements
à base d'éléctricité sur ses patients.
En 1849, lors d'un traitement
électrothérapique, le patient tient dans sa
main une plaque de cuivre reliée aux fils, puis Meucci est
allé dans une autre pièce ou il y avait l'instrument
de régulation, c'est la que le patient introduit dans sa
bouche la plaque de cuivre et se mis à hurler de douleur.
Meucci dans l'autre pièce, a remarqué que le son de
la voix du patient lui était parvenue plus clairement. Alors
il mis son oreille sur l'instrument qui gérait l'intensité
du courant et a constaté qu'il pouvait entendre la voix du
patient à travers elle.
Meucci a été très impressionné
par ce phénomène et a voulu répéter l'expérience.
Pour éviter une nouvelle "décharche élécctrique",
la plaque de cuivre fut isolée avec cône de carton, dans
laquelle le patient pouvait parler librement.. Meucci dans l'autre
pièce a constaté que la voix du patient lui était
transmise à travers les fils de son installation.
 |
La figure ci contre, montre la disposition
de sa deuxième expérience .
Cette figure est similaire à l'autre, mais tournée
de 90 ° , il est désormais plus évident que
le patient ne soit pas traversé par le courant en disposant
un cône de carton sur l'appareil ,
Dans une autre pièce Meucci dipose d'un appareil identique
qu'il mis à son oreille.
Il put entendre la voix de son patient et l'a prié de
répéter plusieurs fois, pour le convaincre que
la parole lui est bien parvenue par les fils éléctriques.
 |
S'étant fixé cet objectif, il laissa
Cuba en 1850 pour aller s'établir à Clifton,
dans une partie du Staten Island, à quelques kilomètres
de la ville de New York. Arrivé là, Meucci s'aperçut
qu'en plus de ses soucis d'ordre purement financier, il ne pouvait
communiquer adéquatement en anglais puisque, durant son séjour
à Cuba, il avait compté sur la ressemblance entre l'italien
et l'espagnol pour se faire comprendre et que, fut-ce par paresse
ou par manque de temps, il n'avait jamais appris l'anglais. En outre,
à Staten Island, il se trouva entouré par des réfugiés
politiques italiens; lorsque Giuseppe Garibaldi fut exilé de
l'Italie, il séjourna chez Meucci. L'homme de sciences essaya
d'aider ses amis italiens en inventant un grand nombre de projets
industriels, en utilisant des vielles ou des nouvelles méthodes
de fabrication pour des produits aussi divers que la bière,
les chandelles, les pianos et le papier. Mais en ce qui concerne la
bureaucratie, il n'en connaissait rien, et ne put tirer profit même
pas de ces initiatives qui remportèrent un certain succès
à cause de fonctionnaires incapables ou sans scrupules, ou
bien ces argents furent dépensés par les réfugiés
eux-mêmes, qui passaient plus de temps à discuter de
politique qu'à travailler.
Entre temps, Meucci continua à
dédier ses journées à perfectionner le
téléphone.
En 1854, lorsque sa femme resta à moitié
paralysée, Meucci installa un système téléphonique
qui reliait diverses pièces de chez-lui à son
laboratoire dans un édifice adjacent, la première
installation au monde!
Meucci vers 1856 met au point la toute première installation
qui fonctionne, qui reliait son laboratoire à
la chambre de son épouse
|

1852
|
|
sommaire
Autre fait étonnant en France :
Bourseul
Télégraphiste Français Intéressé
par les problèmes d'acoustique,
rédigea en 1854 un article dans la presse "l'illustration"
où il pressentait le futur téléphone tout
en ignorant qu'à l'autre bout du monde Meucci avait déjà
mis au point le premier téléphone fonctionnant avec
l'électricité.
Meucci optient
des résultats satisfaisants vers
1857 , quand il a construit un instrument électromagnétique
( Fig A reproduit à partir du " The Chicago Tribune
» du 9 Novembre 1885) , dans lequel il a utilisé
une barre en acier trempé "M" , magnétisée
en permanence , et un bobinage de fil, qu'il a acheté
chez Charles Chester , un fabricant d'instruments télégraphiques
Centre St., New York. Le diaphragme de cet instrument a été
faite d'une feuille de fer ou d'une membrane animale étirée
portant un petit disque de fer collée au centre . L'intervalle
d'air entre le diaphragme et le pôle inférieur
de l'aimant peut être réglé au moyen d'une
vis

En 1860, quand l'appareil était devenu pratiquement
fonctionnel, Meucci organisa une démonstration pour
attirer des investissements financiers. Pendant la séance,
les spectateurs entendaient la voix d'un chanteur qui se trouvait
à une distance considérable. Une description
de l'appareil fut publiée bientôt dans un des
journaux italiens de New York et le rapport avec un prototype
de l'invention fut porté en Italie par un certain Monsieur
Bendelari, afin de commencer la production la-bàs.
Mais ce voyage n'apporta aucun résultat, pas plus que
les promesses de soutien financier qui auraient dû se
réaliser tout de suite après la démonstration.
En 1861,
il publia un article présentant ses inventions dans
L'Eco d'Italia , un journal de New-York en langue italienne;
En 1864 il concoit un nouveau modèle :
Ne trouvez vous pas que c'est exactement ce que BELL a
reproduit 12 ans plus tard ?
Pendant les années qui suivirent, de 1856 à
1870, l'Italien conçut une trentaine
d'appareils, tentant de perfectionner son invention.
Toutefois, Meucci fit faillite dès la fin des années
1850, et sombra dans la pauvreté.
En 1870, parvenant
à transmettre la parole à un kilomètre
de distance, il baptisa son appareil le téléttrophone.

Un exemplaire (copie) du téléttrophone.
|
 
Ce modèle est une copie du modèle construit
en 1932 par la direction de Guglielmo Marconi alors président
du Conseil national de recherches de l'Italie.

Modèle 1864
|
En décembre 1871, Meucci fonda la Telettrofono
Company, déposant un avertissement de brevet (il
s'agissait d'un système renouvelable moins onéreux
que le dépôt d'un brevet) pour un « télégraphe
parlant », auprès de l'Office des brevet des Etats-Unis.
La société Telettrofono "Société
Téléphonique" fut la première société
de l'histoire à être créée dans le but
d'exploiter le téléphone inventé par Antonio
Meucci.
Elle fut créée par un accord
stipulé entre : Antonio Meucci, l'inventeur, Angelo
Zilio Grandi, Secrétaire du Consulat d'Italie à
New York,
Angelo Antonio Tremeschin, entrepreneur dans le domaine des
constructions civiles, Sereno GP Breguglia, propriétaire
du stand à cigares du Hoffman Cafe à New Street,
New York, où se réunissaient de nombreux hommes
d'affaires de la Bourse de New York voisine .
L'accord a été élaboré
et notarié par Angelo Bertolino, notaire public de
New York et ami d'Antonio Meucci, le 12 décembre 1871,
quelques semaines avant le dépôt de la mise en
garde de Meucci « Sound Telegraph ».
Bien que l'entreprise ait vécu peu de temps - deux
des associés, Grandi et Tremeschin, ayant quitté
les États-Unis et le troisième, Breguglia, étant
décédé au cours de l'été
de l'année suivante (1872) - le contenu de l'accord
rapporté ci-dessous est éclairant quant à
la vision clairvoyante de Meucci sur le téléphone.
Accord Meucci, Tremeschin, Grandi et Breguglia, 12 décembre
1871
[Administration nationale des archives et des dossiers, College
Park, MD - RG60, dossier 6921-1885, boîte 10, dossier
1]
ARTICLE D'ACCORD
Fait ce douzième jour de décembre, en l'an mil
huit cent soixante et onze (1871), entre Antonio Meucci, de
Clifton, New York, Angelo Antonio Tremeschin, de Vicence,
Italie, Angelo Zilio Grandi, de New York, NY, et Sereno GP
Breguglia, de Brooklyn, NY, comme suit ;
- Les parties susnommées ont convenu et conviennent
par les présentes de devenir coassociés ensemble
sous la société Telettrofono Company (Télégraphe
parlant), dans l'affaire de faire et d'essayer toutes les
expériences nécessaires à la réalisation
du Telettrofono, c'est-à-dire de la transmission de
la parole (voix humaine), à ??travers des fils électriques,
inventés par le susdit Antonio Meucci.
- Ledit Antonio Meucci, venant de déposer, au Bureau
des brevets des États-Unis d'Amérique, le caveat
pour la demande, afin d'obtenir des lettres patentes du gouvernement
américain de ladite invention, lui, ledit A. Meucci,
s'engage par la présente, lorsque ces lettres patentes
lui seront accordées, à les laisser comme partie
intégrante de cette co-société, laquelle
co-société doit commencer à cette date
et se poursuivre pendant toute la durée desdites lettres
patentes ; lui, ledit Antonio Meucci, par les présentes,
en considération de la somme d'un dollar en argent
légal, payée à lui en main propre, dont
la réception est par la présente reconnue, renonçant
à tous ses droits de vendre, de céder ou de
disposer autrement de ces lettres patentes, si elles lui sont
accordées.
- Et à cette fin et à cet effet, lesdites parties
conviennent par les présentes que lesdits co-associés,
A.A. Tremeschin, A. Zilio Grandi et SGP Breguglia, seront
pleinement habilités, et ils promettent et s'engagent
à faire de leur mieux pour obtenir un brevet pour la
même invention dans tout État d'Europe ou autre
partie du monde, pour former des co-sociétés,
pour créer des sociétés, pour vendre
ou céder, en partie, les droits de cette invention,
et pour faire tout ce qui peut résulter au bénéfice
et au bon succès de cette entreprise ; et il est convenu,
également, que lesdites parties, Tremeschin, Zilio
Grandi et Breguglia, supporteront, à leurs frais, à
parts égales, à raison d'un tiers chacune, toutes
les dépenses de toute nature et de toute nature, pour
toute expérience qui sera jugée utile et nécessaire
au but susmentionné.
- Et il est convenu, également, que ledit Antonio Meucci
sera exempté de toute charge pour de telles dépenses
en considération de son invention.
- Et il est en outre mutuellement convenu que tous les gains
et bénéfices nets qui proviendront de ladite
entreprise seront divisés entre lesdites parties; pour
trois sixièmes à Antonio Meucci, un sixième
à Antonio Tremeschin, un sixième à A.
Zilio Grandi et un sixième à SGP Breguglia.
- Il est également convenu que si l'un des associés
susmentionnés souhaite à un moment quelconque
se retirer de cette société, il ne pourra être
autorisé à vendre sa part qu'à une partie
supplémentaire responsable et agréable, si aucun
autre associé ou associés de cette société
ne préfère l'acheter.
En foi de quoi, les parties susmentionnées ont apposé
leurs signatures et leurs sceaux dans la ville de New York
le jour et l'année susmentionnés.
(Signé) ANTONIO MEUCCI. [JOINT]
" AOÛT ANTONIO TREMESCHIN. [SCEAU]
" A. ZILIO GRANDI [SCEAU]
" SERENO GP BREGUGLIA. [SCEAU]
En présence de
ENRICO VRAI.
VILLE DE NEW YORK,
ÉTAT DE NEW YORK.
LES ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE.
Le douzième jour de décembre
mil huit cent soixante et onze, devant moi, notaire public
de ladite ville et dudit comté, se sont présentés
personnellement à moi, Antonio Meucci, Angelo Antonio
Tremeschin, Angelo Zilio Grandi et Sereno GP Breguglia, connus
personnellement pour être les personnes décrites
dans et qui ont exécuté l'article d'accord précédent,
et ils ont reconnu individuellement qu'ils ont exécuté
et signé celui-ci dans le but qui y est mentionné,
et m'ont demandé de le conserver dans mes archives.
En foi de quoi, j'ai apposé ma signature
et mon sceau sur les présentes, le jour et l'année
indiqués ci-dessus.
(Signé) ANGELO BERTOLINO, [NOTAR. SCEAU
OFFICIEL] Notaire public, comté de New York
Remis sous ma signature et mon sceau dans la ville de New
York, ce 14 décembre 1871.
ANGELO BERTOLINO. (SCEAU) Notaire public, comté de
NY.
|
En 1872, Meucci se rapprocha d'Edward Grant,
vice-président de l'American District
Company of New-York, lui demandant d'utiliser ses lignes
de télégraphes afin de tester le téléttrophone.
L'Italien donna aussi à Grant une description de son prototype
ainsi qu'une copie de son avertissement de brevet.
Mais deux années plus tard, comme l'entreprise n'avait pas
donné suite, Meucci réclama qu'on lui rende ses documents
; toutefois, Grant affirma que ces derniers avaient été
perdus.
sommaire
Tout de suite après avoir reçu le certificat du caveat,
Meucci chercha de nouveau de démontrer l'énorme potentiel
de l'appareil, et en amena un modèle avec les spécifications
techniques au vice-président d'une des compagnies affiliées
à la compagnie nouvellement établie, la American District
Telegraph, en leur demandant la permission de faire une démonstration
de son Télégraphe Parlant sur les fils de leur réseau.
Toutefois, chaque fois que Meucci contacta ce vice-président,
un certain Edward B. Grant, on lui répondit qu'il n'y avait
pas eu de temps pour organiser l'expérimentation. Après
deux années d'attente, Meucci demanda que son appareil avec
les spécifications techniques lui fut retourné, mais
on lui répondit qu'ils avaient été «
perdus ». On était alors en 1874.
En 1876, Alexander Graham Bell pris le brevet, qui ne décrit
pas réellement le téléphone, mais se réfère
à celui-ci comme tel. Quand Meucci le sut, il donna des instructions
à son avocat de protester auprès du Bureau des Brevets
des États-Unis à Washington (U.S. Patent Office),
seulement pour apprendre que tous les documents qui se rapportaient
au « Télégraphe Parlant » déposés
dans le caveat de Meucci avaient été « perdus
».
En mars 1876, Graham Bell dépose le brevet du téléphone.
Or il travaillait dans le même laboratoire où Meucci
avait entreposé ses appareils. Il dépose son brevet
et expérimente son appareil à lexposition internationale
de Philadelphie en 1876. Puis vient le grand succès de Londres
où il
installe un téléphone à la Chambre des communes.
À Berlin, Siemens commence à fabriquer des téléphones.
Meucci peut bien protester. La Western Union Telegraph Company (avec
Thomas Edison comme conseiller technique) proteste aussi, mais les
deux compagnies finissent par fusionner.
Il a fallu lenquête de Catania pour mettre au jour les
travaux dune commission denquête dont lattention
avait été attirée par les plaintes de Meucci
pour ententes illicites : il existait une connexion secrète
entre des employés de loffice des brevets et la compagnie
de Bell. Et celle-ci sétait engagée à
rétrocéder à la Western Union 20 % des bénéfices
de linvention, le téléphone.
Ces enquêtes ultérieures prouvèrent qu'il existait
des liens illégaux entre certains employés du Bureau
des Brevets et les hauts fonctionnaires de la compagnie Bell. Et
plus tard, dans le cours du litige entre Bell et la Western Union,
il fut révélé que Bell accepta de payer à
la Western Union 20% des profits de la commercialisation de son
"invention" pour une période de 17 ans. Des millions
de dollars étaient en jeu, mais le prix pouvait être
moins cher que révéler des faits qu'il était
mieux de laisser cachés, selon le point de vue de Bell.
Et en 1880 dans
le journal de "l'écho de l'Italie", Antonio Meucci
fut proclamé le véritable inventeur du téléphone
, et non pas Alexander Graham Bell.

1885
Vu dans la presse le « Chicago Tribune
» du 9 Novembre 1885
Ce document est d'une importance capitale car elle éclaire
la position des différentes parties impliquées
dans l'enquête du gouvernement américain ( commencée
le 9 Novembre terminée le 14 Novembre 1885), dont le
but était de poursuivre , au nom des États-Unis
, la Bell Telephone Company américaine et Alexander
Graham Bell , en vue d'annuler le brevet Bell. Le travail
et les revendications de Meucci sont largement traités
dans le document " ..
Ce document a également été
présenté , par la direction de Guglielmo Marconi
, à l'Exposition « Un siècle de progrès
» de Chicago , Mars 1933.
|
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sommaire
Dans le procès de 1886, malgré le fait que
les avocats de Bell cherchaient de faire écarter la cause
de Meucci contre leur client, Meucci fut capable d'expliquer chaque
détail de son invention de manière si claire qu'il
ne laissa planer aucun doute sur sa véracité, malgré
le fait qu'il ne gagna pas la cause contre les forces supérieures,
et infiniment plus riches, mises sur le tapis par Bell. Malgré
un communiqué public émis par le Secrétaire
d'État d'alors affirmant que «Il existe des preuves
suffisantes pour donner la priorité à Meucci dans
l'invention du téléphone" et nonobstant le fait
que les États Unis intentèrent un procès pour
fraude contre le brevet de Bell, le jugement fut renvoyé
d'année en année jusqu'à ce que, en 1896, sept
ans après la mort de Meucci, le procès fut abandonné.
Pourtant depuis 1887 la presse n'a pas manqué de renouveller
cet état de fait, que Meucci a bien été le
premier à faire fonctionner son télépone.
En exemple : 1924 "THE TELEGRAPH AND TELEPHONE JOURNAL"
Octobre 1924 MEUCCI ET LE TÉLÉPHONE.
NOUS avons reçu d'un correspondant ce qui suit :
Dans le numéro d'août du TELEGRAPH AND TELEPHONE
JOURNAL, page 190, il y a un article sur « Qui a inventé
le téléphone ? » et une référence
est donnée à l'histoire italienne, attribuant
ce droit à Antonio Meucci. Je suppose que les déclarations
faites proviennent d'une source italienne, et je pense que vous
souhaiterez peut-être avoir quelques détails sur
l'affaire, telle que décidée par les tribunaux
américains.
La décision de justice pertinente a été
rendue par la Circuit Court du District sud des États-Unis
de New York, dans le cadre d'une poursuite intentée par
l'American Bell Telephone Co. contre la Globe Telephone Co.
L'affaire a été jugée par le juge Wallace
et l'avis du tribunal a été déposé
le 21 juillet 1887. Le jugement est assez longue, mais les citations
suivantes de l'arrêt, je pense, font ressortir les points
essentiels :
Page 2. . . . " La réponse de l'accusé Beck
consiste en un refus général des affirmations
du projet de loi et établit la priorité de l'invention
de Meucci. . .
Page 6. ... "Mais les preuves n'ont pas démontré
qu'il (Meucci) avait atteint un résultat pratique au-delà
de celui de transmettre la parole mécaniquement au moyen
d'un téléphone filaire. Il a sans aucun doute
utilisé un conducteur métallique comme moyen de
transmission du son, et supposait qu'en électrifiant
l'appareil ou l'opérateur, il pouvait obtenir un meilleur
résultat. . . .
Page 7. . . . " Meucci déclare qu'il utilise "
les effets conducteurs bien connus des conducteurs métalliques
continus comme moyen pour le son et augmente l'effet en isolant
électriquement à la fois le conducteur et les
parties qui communiquent. Tel qu'exprimé à l'origine
par M. Stetson (un expert en brevets et avocat consulté
par Meucci, il contenait cette déclaration : «
Le système sur lequel je propose d'opérer consiste
à isoler deux personnes, séparées l'une
de l'autre par des distances considérables, en les plaçant
sur une vitre. isolants, employant du verre par exemple aux
pieds de la chaise ou du banc sur lesquels chacun est assis,
et les mettant en communication au moyen d'un fil télégraphique.
Telle que modifiée conformément aux instructions
de Meucci, cette déclaration était nuancée
comme suit :
"Il peut s'avérer pratique de travailler avec la
personne qui envoie le message isolée et avec la personne
qui le reçoit en communication électrique libre
avec le sol ; ou ces conditions peuvent éventuellement
être inversées et continuer à fonctionner
avec un certain succès." . .
Page 8. . . . " Il est vain de prétendre qu'un inventeur
ayant de telles conceptions aurait pu être à cette
époque l'inventeur du téléphone Bell. La
demande décrit cependant un téléphone mécanique
constitué d'un embout et d'une oreillette reliés
par un fil. Une lettre écrite par M. Stetson, daté
du 13 janvier 1872, est en preuve et est important car il confirme
la conclusion selon laquelle au-delà de cela, l'invention
n'était qu'inchoative.
Cette lettre a été écrite à Meucci
alors que ce dernier était en communication avec M. Stetson
au sujet de l'obtention d'un brevet pour l'invention. Dans cette
lettre, M. Stetson informait en substance Meucci que son invention
n'était pas en état d'être brevetée,
lui disant qu'il s'agissait d'une « idée prometteuse
d'utilité » et faisant l'objet d'une mise en garde,
mais nécessitant de nombreuses expériences pour
prouver la réalité. de l'invention.
Sans parler d'autres éléments de preuve tendant
à indiquer que Meucci n'était qu'un expérimentateur
qui n'avait rien produit de nouveau dans l'art de transmettre
la parole par électricité. Il suffit de dire que
ses prétentions sont renversées par sa propre
description de l'invention à une époque où
il la jugeait en état de breveter. et par le témoignage
de M. Stetson." . . .
MEUCCI ET LE TELEPHONE
À L'ÉDITEUR DE "THE TELEGRAPH AND TELEPHONE
JOURNAL"
MONSIEUR,Sans remettre en question la décision
des tribunaux américains (juillet 1887), qui disposaient
probablement des preuves les plus complètes disponibles.
Je ne suis pas sûr que les extraits que donne votre correspondant
soient très convaincants, car bien qu'ils soient utilisés
pour indiquer que Meucci n'a réussi qu'avec une certaine
forme de téléphone mécanique, ils contiennent
des références à certaines conditions électriques
dont l'utilisation n'est pas apparente par rapport à
à la propagation de simples transmissions mécaniques.
Je me souviens avoir lu un article très intéressant
au début des années 1880, qui, si je me souviens
bien, parut dans The Electrical -Review, dans lequel
l'appareil de Meucci était entièrement décrit
et illustré, et les raisons pour lesquelles il n'avait
pas réussi à le faire étaient données.
démontrant une publication et une protection adéquates
pour linvention alléguée. J'ai été
tellement impressionné par l'article à l'époque
que je me suis senti contraint de faire les observations suivantes
au cours d'une conférence (dont la copie est sous mes
yeux) que j'ai prononcée devant le South Stafford Institut
des directeurs des usines sidérurgiques du comté,
le 10 octobre 1885 :
« LE DÉVELOPPEMENT DE LA TÉLÉPHONIE.
Le premier dont nous entendons parler serait Antonio Meucci,
un Italien, qui a affirmé avoir fait la découverte
pour la première fois alors qu'il vivait à Havaima.
dans l'île antillaise de Cuba, en 1849, mais que, comme
ses moyens n'étaient pas tels qu'il lui permettrait de
l'élaborer à fond ou de payer les frais nécessaires
en relation avec le brevetage de celui-ci, il fut interdit de
se protéger. Son appareil en 1857 consistait en un électro-aimant
fixé dans un boîtier approprié, ayant ajusté
devant lui une membrane ou un diaphragme constitué d'une
substance capable d'induction magnétique. Pratiquement
une armature, et en réalité un mince disque circulaire,
fixé sur son bord ou sa périphérie. Cet
instrument était relié à un instrument
similaire éloignée par deux petits fils, dont
un fil joignait les extrémités des bobines magnétiques,
d'une extrémité de l'instrument à une l'autre
extrémité, et ayant été inséré
entre les deux autres. extrémités et la deuxième
ligne à une batterie galvanique.
Je suis désolé de ne pas avoir de copie de l'article
de ma part, mais je m'en souviens bien et les remarques citées
ci-dessus étaient basées sur cet article et représentaient
les principaux faits exposés. Si ces faits pouvaient
être corroborés, il serait clair non seulement
que l'invention de Meucci était un téléphone
électrique, mais aussi que le téléphone
de Bell n'est apparu qu'au moins 19 ans plus tard. Mais il m'a
toujours paru curieux que Meueci, s'il a réellement inventé
l'appareil décrit, n'ait pas réussi à le
faire connaître plus complètement.
Tel qu'il a été décrit, il possédait
les éléments précis du téléphone
de Bell et devait donc avoir fonctionné, et dans ces
circonstances, il est difficile de concevoir qu'il ne puisse
obtenir une certaine aide financière.
Quoi qu'il en soit, il n'en demeure pas moins qu'Alexander Graham
Bell a réussi dans tous les domaines là où
d'autres ont échoué. Bien à vous,
Arden Bank, Manor Way, ARTHUR E. COTTERELL.
Beckenham, 8 octobre 1924. |
sommaire
En 1896, la mort de Meucci enterre laffaire.
Cent cinquante ans après son arrivée à Manhattan,
il aura finalement été réhabilité par
un autre Américain dascendance italienne, Rudolph Giuliani,
maire de New York, qui a fait du 1 er mai 2000, le Meucci Day.
Notes de B. Catania
, Basilio Catania, ancien directeur général de
la CSELT
J'imagine qu'aucun de vous peut se poser la question : « comment
est-il possible que cette reconnaissance des mérites de Meucci
s'avère beaucoup plus qu'un siècle après les
événements qui établirent la priorité
d'Alexander Graham Bell en ce qui concerne l'invention du téléphone
et après la sentence condamnatoire de Meucci en 1887 ? »
Je pourrais vous répondre avec les mots d'un
grand historien italo-américain, Giovanni Schiavo , qui définit
la sentence condamnatoire de Meucci comme « indiscutablement
une des plus éclatantes erreurs judiciaires dans les annales
de la justice américaine" et comme "une des plus
déshonnêtes sentences dans les annales d'Amérique
et non seulement déshonnête, mais outrageusement offensive.
» Mais je suis sûre que ça ne vous convaincrait
pas. Naturellement M. Schiavo était correct et il supporta
ses affirmations avec plusieurs argumentations légales. Mais,
en effets, en ce qui concerne l'aspect technique, tout le monde
pouvait bien penser que toute déclaration de M. Meucci faite
en 1885, au procès qui le vit perdre, pourrait bien être
influencée de la publication des deux brevets de M. Bell
en 1876 et 1877.
Cependant, ce que M. Schiavo négligea fut
le procès intenté par le Gouvernement des États-Unis
contre M. Bell et la Compagnie Bell, qui avait précédé
le procès contre Meucci de plusieurs mois et dans lequel
le Gouvernement des États-Unis soutenait que M. Bell avait
été précédé dans l'invention
du téléphone par M. Meucci et par l'allemand M. Philippe
Reis. En outre, le Gouvernement accusa la Compagnie Bell de jouer
déloyalement en tentant d'obtenir, comme elle obtint, une
sentence favorable a New York, tandis que les jeux plus importants
se jouaient à Washington . Malheureusement, les avocats du
Bell réussirent à traîner le procès pour
une douzaine d'années jusqu'à novembre de 1897, quand,
à cause des dépenses énormes supportées
des deux parties, il fut décidé consentement de l'arrêter,
sans vainqueurs ni vaincus.
La Compagnie Bell s'engagea de ne tirer profit de l'inaction du
gouvernement américain et pourtant de ne pas soutenir que
Bell était l'inventeur du téléphone, mais l'histoire
n'a pas tenue en compte ces promesses . . . .
Permettez mois de vous montrer ce qu'un haut officier
du Gouvernement américain avait déclaré en
relation à M. Meucci :
. . . . Il y a des épreuves que, dès
1849, Antonio Meucci initia des expériences avec l'électricité,
en relation à l'invention d'un téléphone parlant.
. . . Jusqu'à 1871, . . . bien que très pauvre pour
la majeure partie du temps, il construit plusieurs instruments de
types divers, avec lesquels il conversa, dans sa maison, avec sa
femme et beaucoup d'autres. . . . Son témoignage est appuyé
de sa femme et des affirmations sous serment d'un très grand
nombre de témoins [52].
Il y a d'autres déclarations semblables au
moyen d'autres officiers du gouvernement américain qui montrent
très clairement que le gouvernement était en faveur
de Meucci . Pourtant, la Compagnie Globe Telephone, qui avait acquis
les droits de Meucci sur le téléphone, pensa qu'il
était mieux de supporter l'action du gouvernement à
Washington, plutôt que contraster l'action de la Compagnie
Bell à New York . Juste pour vous donner une idée
de l'engagement de la Compagnie Globe dans les deux procès,
il suffit vous dire qu'elle déposa seulement deux affirmations
sous serment (ou affidavit) au procès de New York, tandis
qu'à Washington, elle en déposa bien 52. J'ajoute
aussi bien que la qualité de ces derniers affidavits était
d'une très grande importance et qu'ils jouèrent un
rôle fondamental dans l'attitude du gouvernement américain
à faveur de M. Meucci .
Entre les 52 affidavits j'en ai choisi un qui a
été pour moi très éclaircissant : il
s'agit de l'affidavit de M. Michel Lemmi, un avocat de New York
et bon ami de M. Meucci, qui fit la traduction en langue anglaise
du cahier de laboratoire de Meucci, se bornant aux parties concernant
le téléphone, mais en reportant dans son affidavit
les dessins avec lesquels Meucci avait illustré ses expériences
téléphoniques.
Le schéma de Meucci de 1870 illustrant la charge inductive
des lignes téléphoniques longue distance
Voici ci-dessus, un de ces dessins , daté
27 septembre 1870. On peut y voir quatre dispositions de ligne à
longue distance, avec des téléphones électromagnétiques
aux deux bouts de la ligne. Les téléphones sont schématisés
avec leurs éléments essentiels, c'est-à-dire
: un électro-aimant avec noyau cylindrique ou bien a fer
à cheval, un diaphragme, une chambre de vocalisation, une
boîte. Les deux bouts de la bobine sont connectés l'un
à la terre, l'autre à la ligne : rien d'extraordinaire,
jusqu'ici, spécialement pour le schéma N. 1. La nouveauté
de ce dessin se révèle dans les schémas N.
2, 3 et 4, car on y voit des inducteurs insérés au
milieu de la ligne longue distance ou bien, selon le schéma
N. 4, entre la terre et l'appareil transmetteur ou récepteur.
Et bien, cette technique est bien connue aux ingénieurs
de télécommunication et est appelée, en Italie
« pupinisation », par ce qu'elle fut brevetée
par M. Pupin en 1900 et ensuite appliquée dans tout le monde,
car elle permettait d'améliorer la qualité du signal
téléphonique, à parité de distance,
ou bien d'augmenter la distance, a parité de qualité
du signal téléphonique. La chose étonnante
de ce document est que M. Meucci avait découvert cette technique
trente ans auparavant. Aussi bien en cas on ne voudrait pas croire
à la date apposée par Meucci sur son cahier de laboratoire,
on doit croire à la date apposée sur l'acte notarié
de dit cahier, c'est-à-dire le 28 septembre 1885, laquelle
est, en tout cas, antérieure de quinze ans à la date
des brevets de M. Pupin .
Il s'agit, donc, d'un document indiscutable et qui révèle
la créativité exceptionnelle de Meucci et, dans le
même temps, contredit l'affirmation des avocats de la Compagnie
Bell selon laquelle le cahier de laboratoire de Meucci était
une tromperie. Il montre aussi que la sentence contre Meucci, où
le juge Wallace l'accusa d'avoir expérimenté avec
des téléphones mécaniques&emdash; comme
ces-là des jouets des enfants &emdash;était injuste,
car un inducteur inséré à moitié d'un
fil quelconque qui joigne deux boîtes aurait empêché,
pas amélioré, la transmission de la parole. Donc,
M. Schiavo était correct : la sentence de M. Wallace était
terriblement injuste. À partielle excuse de M. Wallace et
des avocats de la Compagnie Bell, on pourrait dire que, en 1887,
quand dite sentence fut émise, on ne connaissait pas du tout
la technique de la charge inductive, donc, aucun d'eux ne pouvait
apprécier la découverte de Meucci .
La découverte de l'affidavit de M. Lemmi
provoqua un changement de direction de ma recherche. En effet, je
commençais à penser qu'il pourrait exister, dans le
cahier de laboratoire de Meucci ou dans autres documents, des notes
sur autres techniques téléphoniques avancées
dont la Compagnie Bell n'était pas encore au courant au moment
du procès à New York . Il fut ainsi que je découvris
quatre ultérieures importantes techniques :
--- Plusieurs structures de ligne pour améliorer la qualité
téléphonique aux hautes fréquences,
--- Une disposition de circuit, dite « anti-locale »,
pour éliminer l'écho du parleur local,
--- La signalisation pour avertir l'appelé qu'on désire
lui parler ;
--- Les moyens pour assurer le silence du milieu autour des parleurs.
Le détaille concernant ces dernières techniques est
exposé dans mon
papier sur ETT, la revue technique Européenne sur les
Télécommunications, que les organisateurs de cette
rencontre seraient heureux de vous donner.
B.
Catania
Vous pouvez lire aussi l'article
"ANTONIO MEUCCI,
THE SPEAKING TELEGRAPH AND THE FIRST TELEPHONE" de Angelo
J.Campanella
sommaire
|
SCIENTIFIC
AMERICAN SUPPLEMENT NO. 520 NEW YORK, DECEMBER 19, 1885
Scientific American Supplement. Vol. XX, No. 520.
Scientific American established 1845
MEUCCI'S CLAIMS TO THE TELEPHONE.
Our readers have already been informed through these columns that,
notwithstanding the refusal of the Attorney-General, Mr. Garland,
to institute suit for the nullification of the Bell patent, application
has again been made by the Globe Telephone Co., of this city, the
Washington Telephone Co., of Baltimore, and the Panelectric Co.
These applications have been referred to the Interior Department
and Patent Office for examination, and upon their report the institution
of the suit depends. The evidence which the companies above mentioned
have presented includes not only the statement of Prof. Gray and
the circumstances connected with his caveat, but brings out fully,
for the first time, the claims of Antonio Meucci.
MEUCCI'S CAVEAT, 1871.
The latter evidence is intended to show that Meucci invented the
speaking telephone not only before Bell, but that he antedated Reis
by several years. In a recent interview with Meucci we obtained
a brief history of his life and of his invention, which will, no
doubt, interest our readers. Meucci, a native of Italy, was educated
in the schools of Florence, devoting his time as a student to mechanical
engineering. In 1844 he gave considerable attention to the subject
of electricity, and had a contract with the government of the island
of Cuba to galvanize materials used in the army. While experimenting
with electricity he read the works of Becquerel, Mesmer, and others
who treated largely of the virtues of electricity in the cure of
disease. Meucci made experiments in this direction, and at one time
thought that he heard the sound of a sick person's voice more distinctly
than usual, when he had the spatula connected with the wire and
battery in his mouth.

FIGS. 1 AND 2.-1849.
The apparatus he used for this purpose is shown in Fig. 1. It consists
of an oval disk or spatula of copper attached to a wire which was
coiled and supported in an insulating handle of cork. To ascertain
that he was able to hear the sound, he covered the device with a
funnel of pasteboard, shown in the adjoining figure, and held it
to his ear, and thought that he heard the sound more distinctly.
These instruments were constructed in 1849 in Havana, where Meucci
was mechanical director of a theater. In May, 1851, he came to this
country, and settled in Staten Island, where he has lived ever since.
It was not until a year later that he again took up his telephonic
studies, and then he tried an arrangement somewhat different from
the first. He used a tin tube, Figs. 3 and 4, and covered it with
wire, the ends of which were soldered to the tongue of copper. With
this instrument, he states, he frequently conversed with his wife
from the basement of his house to the third floor, where she was
confined as an invalid.
FIGS. 3 AND 4.-1852.
Continuing his experiments, he conceived the idea of using a bobbin
of wire with a metallic core, and the first instrument he constructed
on this idea is shown in Fig. 5. It consisted of a wooden tube and
pasteboard mouth piece, and supported within the tube was a bundle
of steel wires, surrounded at their upper end by a bobbin of insulated
wire. The diaphragm in this instrument, was an animal membrane,
and it was slit in a semicircle so as to make a flap or valve which
responded to the air vibrations. This was the first instrument in
which he used a bobbin, but the articulation naturally left much
to be desired, on account of the use of the animal membrane. Meucci
fixes the dates from the fact that Garibaldi lived with him during
the years 1851-54, and he remembers explaining the principles of
his invention to the Italian patriot.
After constructing the instrument just described, Meucci devised
another during 1853-54. This consisted of a wooden block with a
hole in the center which was filled with magnetic iron ore, and
through the center of which a steel wire passed. The magnetic iron
ore was surrounded by a coil of insulated copper wire. But an important
improvement was introduced here in the shape of an iron diaphragm.
With this apparatus greatly improved effects were obtained.

FIG. 5.-1853.
In 1856 Meucci first tried, he says, a horseshoe magnet, as shown
in Fig. 6, but he went a step backward in using an animal membrane.
He states that this form did not talk so well as some which he had
made before, as might be expected.
During the years 1858-60 Meucci constructed the instrument shown
in Fig. 7. He here employed a core of tempered steel magnetized,
and surrounded it with a large coil. He used an iron diaphragm,
and obtained such good results that he determined to bring his invention
before the public. His national pride prompted him to have the invention
first brought out in Italy, and he intrusted the matter to a Mr.
Bendalari, an Italian merchant, who was about to start for that
country. Bendalari, however, neglected the matter, and nothing was
heard of it from that quarter. At the same time Meucci described
his invention in L'Eco d'Italia, an Italian paper published in this
city, and awaited the return of Bendalari.
Meucci, however, kept at his experiments with the object of improving
his telephone, and several changes of form were the result. Fig.
8 shows one of these instruments constructed during 1864-65. It
consisted of a ring of iron wound spirally with copper wire, and
from two opposite sides iron wires attached to the core supported
an iron button. This was placed opposite an iron diaphragm, which
closed a cavity ending in a mouthpiece. He also constructed the
instrument which is shown in Fig. 9, and which, he says, was the
best instrument he had ever constructed. The bobbin was a large
one, and was placed in a soapbox of boxwood, with magnet core and
iron diaphragm. Still seeking greater perfection, Meucci, in 1865,
tried the bent horseshoe form, shown in Fig. 10, but found it no
improvement; and, although he experimented up to the year 1871,
he was not able to obtain any better results than the best of his
previous instruments had given.
FIG. 6.-1856.
When Meucci arrived in this country, he had property valued at $20,000,
and he entered into the brewing business and into candle making,
but he gradually lost his money, until in 1868 he found himself
reduced to little or nothing. To add to his misery, he had the misfortune
of being on the Staten Island ferryboat Westfield when the latter's
boiler exploded with such terrible effect in 1871. He was badly
scalded, and for a time his life was despaired of. After he recovered
he found that his wife, in their poverty, had sold all his instruments
to John Fleming, a dealer in second-hand articles, and from whom
parts of the instruments have recently been recovered.
FIG. 7.-1858-60.
With the view of introducing his invention, Meucci now determined
to protect it by a patent; and having lost his instrument, he had
a drawing made according to his sketches by an artist, Mr. Nestori.
This drawing he showed to several friends, and took them to Mr.
A. Bertolino, who went with him to a patent attorney, Mr. T.D. Stetson,
in this city. Mr. Stetson advised Meucci to apply for a patent,
but Meucci, without funds, had to content himself with a caveat.
To obtain money for the latter he formed a partnership with A.Z.
Grandi, S.G.P. Buguglio, and Ango Tremeschin. The articles of agreement
between them, made Dec. 12, 1871, credit Meucci as the inventor
of a speaking telegraph, and the parties agree to furnish him with
means to procure patents in this and other countries, and to organize
companies, etc. The name of the company was "Teletrofono."
They gave him $20 with which to procure his caveat, and that was
all the money he ever received from this source.
The caveat which Meucci filed contained the drawing made by Nestori,
and as shown in the cut, which is a facsimile, represents two persons
with telephones connected by wires and batteries in circuit. The
caveat, however, does not describe the invention very clearly; it
describes the two persons as being insulated, but Meucci claims
that he never made any mention of insulating persons, but only of
insulating the wires. To explain this seeming incongruity, it must
be stated that Meucci communicated with his attorney through an
interpreter, as he was not master of the English language; and even
at the present time he understands and speaks the language very
poorly, so much so that we found it necessary to communicate with
him in French during the conversation in which these facts were
elicited.
sommaire
FIG. 8.-1864-65.
In the summer of 1872, after obtaining his caveat, Meucci, accompanied
by Mr. Bertolino, went to see Mr. Grant, at that time the Vice President
of the New York District Telegraph Company, and he told the latter
that he had an invention of sound telegraphs. He explained his inventions
and submitted drawings and plans to Mr. Grant, and requested the
privilege of making a test on the wires of the company, which test
if successful would enable him to raise money. Mr. Grant promised
to let him know when he could make the test, but after nearly two
years of waiting and disappointment, Mr. Grant said that he had
lost the drawings; and although Meucci then made an instrument like
the one shown in Fig. 9 for the purpose of a test, Mr. Grant never
tried it. Meucci claims that he made no secret of his invention,
and as instance cites the fact that in 1873 a diver by the name
of William Carroll, having heard of it, came to him and asked him
if he could not construct a telephone so that communication could
be maintained between a diver and the ship above. Meucci set about
to construct a marine telephone, and he showed us the sketch of
the instrument in his memorandum book, which dates from that time
and contains a number of other inventions and experiments made by
him.
Meucci's
"best telephone" of 1864-65 (The Electrical World, 28
November 1885)
FIG. 9.-1864-65.
|
sommaire
Le gouvernement des États-Unis contre Alexander Graham Bell
Une reconnaissance importante pour Antonio Meucci, Basilio
Catane
Résumé
Ce procès important a commencé en juin 1885 et s'est terminé
en novembre 1897 sans qu'il y ait eu de vainqueurs ni de vaincus. Les
actes contiennent un corpus de preuves important et de grande autorité
en faveur de la priorité de l'invention du téléphone
par Antonio Meucci. Ces preuves sont cependant difficiles à retrouver
car elles n'ont jamais été imprimées ni distribuées
et parce que les documents dactylographiés ou manuscrits, qui se
trouvent aux Archives nationales des États-Unis, sont, aujourd'hui
encore, mal organisés et dispersés dans divers dossiers.
L'auteur présente ici quelques-unes des preuves d'une importance
fondamentale afin d'illustrer à quel point l'histoire de l'invention
du téléphone est très défectueuse sur ce point
et exige, par conséquent, une révision conséquente.
Dans un article précédent, il a été
démontré que certains documents, preuves de la priorité
d'Antonio Meucci dans l'invention du téléphone, ne sont
aujourd'hui récupérables, avec beaucoup de difficulté,
qu'aux Archives nationales et à la National Archives and Records
Administration, College Park, Maryland (USA). Ils se trouvent dans des
dossiers désorganisés appartenant au procès intenté
par le gouvernement des États-Unis contre Alexander Graham Bell
et contre l'American Bell Telephone Company (ci-après dénommée
US/Bell). Ce procès avait pour but d'invalider les deux brevets
originaux d'AG Bell sur le téléphone. Dans ces dossiers
se trouve notamment la déclaration sous serment de Michael Lemmi,
qui contient la traduction anglaise des notes de Meucci sur les expériences
téléphoniques telles qu'il les a consignées dans
son carnet de laboratoire (également connu sous le nom de Memorandum
Book ). Dans ce carnet se trouvaient ses dessins, qui, tout aussi importants
que les notes, ont eu une grande influence sur la récente reconnaissance
internationale du mérite de Meucci, ainsi que sur la résolution
n° 269 votée par le Congrès américain le 11 juin
2002.
Avec cet article, nous souhaitons reconstituer l'histoire peu connue de
ces importantes affaires et souligner le rôle que le gouvernement
des États-Unis a joué en faveur d'Antonio Meucci. Il ne
s'agit pas, comme le lecteur le verra, d'un article scientifique ni d'une
prétention juridique, mais il illustrera comment toutes les personnes
impliquées avaient perçu l'importance de la découverte
du téléphone et le rôle que Meucci y avait joué.
En effet, ce que le gouvernement des États-Unis s'est proposé
de prouver, c'est que le téléphone électromagnétique
a été découvert par Antonio Meucci et le microphone
à charbon par l'Allemand Philipp Reis.
Le syndrome du monopole.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser aujourd'hui, ce
ne sont pas des Antonio Meucci, Philipp Reis et d'autres qui ont revendiqué
la primauté de l'invention du téléphone qui ont soulevé
l'opinion publique et plus tard le gouvernement des États-Unis
contre American Bell, mais bien American Bell elle-même à
cause de ce que l'on peut appeler le « syndrome du monopole ».
Au XIXe siècle, il n'existait aucune limite au monopole, puisque
les lois américaines sur les brevets accordaient au titulaire d'un
brevet, pendant 17 ans, le droit exclusif de réaliser un profit
commercial de la manière et au prix qu'il souhaitait, empêchant
quiconque d'entrer sur le marché autrement qu'en tant que titulaire
d'une licence. Par conséquent, en raison de la domination du titulaire
du brevet sur le marché, les aspects négatifs du monopole
que nous connaissons aujourd'hui ont commencé à se faire
sentir : prix exorbitants, manque d'attention aux plaintes et/ou aux besoins
des clients, arrogance et abus de pouvoir toujours croissants.
Le problème de savoir comment freiner et limiter labus de
pouvoir dun monopole a été une préoccupation
constante pour le gouvernement des États-Unis depuis les dernières
décennies du XIXe siècle jusquà nos jours.
La clôture consensuelle du procès US/Bell en 1897 nétait
que la première étape dune longue bataille entre les
États-Unis et American Bell, qui a culminé avec la cession
bien connue dAT&T (American Telephone and Telegraph Co., héritière
dAmerican Bell Telephone Co.), décrétée en
1982 et réalisée en 1984, près dun siècle
après le début du procès en question. Des mesures
similaires ont été adoptées par la suite dans dautres
pays européens dans le but de limiter progressivement le statut
de monopole des compagnies téléphoniques nationales dans
chaque pays particulier.
Les plaintes des abonnés à l'encontre de
l'American Bell Telephone Co. devinrent si pressantes en 1880 qu'en août
1882, environ 1 200 personnes se réunirent à l'hôtel
Continental de Philadelphie pour une réunion. Elles y dénoncèrent
et dénoncèrent la mauvaise qualité du service téléphonique,
en présence de dirigeants de la compagnie. Comme ces derniers soutenaient
que le service devait être considéré comme «
moyen », le président de l'Assemblée, William W. Goodwin,
proposa la création d'un comité, appelé « Comité
Phil'a », avec pour tâche de préparer un projet de
résolution demandant à la compagnie de s'engager clairement
sur la qualité du service qu'elle garantirait à l'avenir.
Vers la fin de 1882, le « Comité Phil'a » se réunit
à nouveau pour se rendre compte qu'aucune réponse raisonnable
n'avait été fournie par American Bell et, par conséquent,
un syndicat fut formé pour examiner d'autres systèmes téléphoniques
que Bell. A l'époque, un jeune ingénieur électricien
qui travaillait pour American Bell à New York rapporta que dans
cette ville "il y avait un vieil Italien qui pouvait fournir des
preuves concluantes qu'il était l'inventeur original du téléphone".
La nouvelle (qui faisait suite à d'autres similaires concernant
de prétendus inventeurs du téléphone) ne fut pas
prise au sérieux au début, mais, par mesure de précaution,
on jugea opportun de demander à un sous-comité d'experts
de faire une enquête approfondie sur ce "vieil Italien",
qui n'était autre qu'Antonio Meucci.
Au printemps 1883, le sous-comité conclut son enquête
avec des résultats étonnants, confirmant la validité
de l'invention de Meucci. Les conclusions furent envoyées au riche
homme d'affaires Robert Garrett, président de la Baltimore &
Ohio Railroad Co. (connue sous le nom de B&O), qui les envoya à
ses avocats pour un examen juridique. Entre-temps, le 2 avril 1883, et
indépendamment des événements de Philadelphie, la
Globe Telephone Co. fut créée à New York, dans le
but de « fabriquer, vendre, concéder sous licence et louer
des instruments télégraphiques, téléphoniques
et électriques et des fournitures pour ceux-ci, [
] d'acquérir
par achat ou licence [
] des brevets et des droits de brevet »
comme alternative aux produits Bell. Quelques semaines plus tard, le Syndicat
de Philadelphie susmentionné, ayant pris l'initiative, a pris le
contrôle de la nouvelle société et, lors de la réorganisation
ultérieure, a nommé William W. Goodwin comme président.
Protestation d'Antonio Meucci.
Comme le lecteur peut le déduire des événements
décrits, Meucci sest retrouvé impliqué dans
une situation qui aurait explosé même sans son intervention,
ou celle de ses partisans.
En revenant un peu en arrière par rapport à ces événements,
il faut considérer que de son côté, et malgré
ses conditions économiques désastreuses, Meucci avait immédiatement
réagi aux deux brevets de Bell de 1876-1877 qu'il considérait
comme "usurpés" de son invention. Dans un premier temps
(1877-1879), il s'était appuyé sur son avocat Thomas D.
Stetson, qui avait déposé son caveat "Sound Telegraph"
en 1871. Plus tard, en 1880, il rechercha l'aide du professeur Parmelee,
du colonel William Bennett et d'autres, qui promirent de maintenir sa
priorité, mais sans aucun engagement direct de leur part. Néanmoins,
grâce à l'argent fourni par le colonel Bennett, Meucci put
reconstruire les principaux modèles de téléphone
qu'il avait créés entre 1853 et 1871, et qui étaient
similaires à ceux que sa femme avait vendus lors de la grave maladie
dont il souffrit suite à l'explosion du ferry de Westfield.
De plus, depuis le début de 1879, Meucci a rassemblé autant
d'affidavits que possible pour son cas, en rédigeant 24 entre janvier
et juillet 1880. De ceux-ci, 15 ont été retrouvés
par cet auteur. De trois autres (probablement rédigés en
italien), il a trouvé la version anglaise, faite en 1885. Ces affidavits
ont été mentionnés et décrits dans deux articles
publiés en 1884, où six autres étaient mentionnés
(rédigés par Henry King, Patrick Kehoe, Reuben Lord, Giuseppe
De Gregorio, Antonio Lazzari et L. Meriance), que nous n'avons pas pu
récupérer.
En raison de l'espace limité, nous ne pouvons pas
commenter les détails de chacun d'entre eux. Nous pouvons cependant
dire qu'ils contiennent des témoignages valables sur les sujets
suivants :
- L'expérience réalisée par Meucci à La Havane
en 1849 ;
- Ses expériences ultérieures à Clifton à
partir de 1852 ;
- Le dessin exécuté pour Meucci par le peintre Nestore Corradi
en 1858 ;
- La publication de l'invention de Meucci dans le journal L'Eco d'Italia
en 1861 ;
- La mission de son ami Bendelari visant à identifier les investisseurs
en capital-risque intéressés par le téléphone
pour l'Italie, en 1860-1861 ;
- Le désastre du ferry de Westfield, le 30 juillet 1871, au cours
duquel Meucci fut grièvement blessé, se trouvant entre la
vie et la mort pendant plusieurs mois ;
- La création de la Société Téléttrofono
avec trois associés italiens, pour promouvoir son invention, le
12 décembre 1871 ;
- La mise en garde « Sound Telegraph » déposée
au Bureau des brevets le 28 décembre 1871 ;
- Sa pauvreté à partir de 1871 ;
- Sa demande à M. Grant, vice-président de l'American District
Telegraph Company de New York, pour tester son téléphone,
en 1872, et la déclaration de ce dernier, en 1874, selon laquelle
il avait perdu tous les documents et prototypes reçus de Meucci.
Meucci, en outre, après avoir obtenu une copie
certifiée conforme de son caveat du Patent Office, en novembre
1879, s'adressa à plusieurs reprises à la presse. Il accorda
une interview au New York World, écrivit au Messager Franco-Américain
et à L'Eco d'Italia. Le même L'Eco d'Italia revint sur le
sujet dans un éditorial du 9 février 1882 dans lequel, en
plus d'affirmer que « nous reconnaîtrons M. Antonio Meucci
comme le premier, le seul et unique inventeur », il raconta l'histoire
de l'invention de Meucci et il laissa entendre aussi que, pour leurs brevets,
Bell et Gray utilisèrent les informations que Meucci avait données
à M. Grant. L'éditorial concluait par une invitation à
tous les hommes d'affaires italiens résidant à New York
à apporter un soutien financier à la bataille juridique
pour la priorité de Meucci. Au printemps 1881, Adolfo Rossi, qui
quelques mois auparavant était devenu directeur du Progresso Italo-Americano
, rejoignant le vieux et bien établi L'Eco d'Italia à New
York, interviewa Meucci à plusieurs reprises et publia une histoire
détaillée de son invention dans une série d'articles
de journaux qui furent plus tard résumés dans son livre.
Au terme de cette longue période de préparation,
le 25 avril 1883, Meucci donna procuration au Cabinet d'avocats Michele
Lemmi et Carlo Bertolino, pour protéger ses droits sur l'invention
du téléphone et mit par conséquent sous leur garde
tous les affidavits en sa possession, copie de son caveat et des renouvellements
de celui-ci, et les 26 prototypes de téléphone qu'il avait
reconstruits. La première occasion pour le Cabinet d'avocats Lemmi
& Bertolino de promouvoir la cause de Meucci fut lorsque, le 21 juillet
1883, les journaux publièrent la décision du Patent Office,
largement favorable à Bell, après examen des divers brevets
et demandes de brevets « interférant » avec les brevets
de Bell.
Lettre d'Antonio Meucci du 4 mars 1880 ,
publiée dans L'Eco d'Italia du 6 mars 1880 (l'en-tête du
journal a été placé au-dessus de l'article).
Trois jours plus tard, c'est-à-dire le 24 juillet
1883, le cabinet d'avocats Lemmi & Bertolino envoya à tous
les principaux journaux de New York une lettre signée par Meucci,
dans laquelle il revendiquait la priorité dans l'invention du téléphone,
citant son caveat "Sound Telegraph", déposé le
28 décembre 1871, ses renouvellements jusqu'à la fin de
1874, et concluant ainsi "Je n'abandonnerai pas mes droits, et je
me qualifierai, par des documents valables, de premier citoyen américain
qui a obtenu dudit Bureau des brevets de Washington, un caveat qui me
donne droit à la priorité de l'invention du grand téléphone
tant contesté". Cette lettre fut publiée, entre autres,
dans le New York Herald et le Telegraphic Journal and Electrical Review.
Ces articles produisirent une réaction positive immédiate
qui attira également l'attention d'American Bell. Comme nous le
verrons plus en détail plus tard, le cabinet d'avocats Lemmi &
Bertolino reçut en août 1883 d'importantes propositions,
parmi lesquelles celles de EB Welch de Boston et d'Alfred P. Willoughby
de Chicago.
Les négociations avec M. Welch (qui était
lié à American Bell, ), ainsi que les contacts directs ultérieurs
avec American Bell, sont décrits en détail dans les affidavits
et amplement illustrés dans un éditorial du Chicago Evening
Journal. Il suffit de dire ici qu'il s'agissait de manuvres visant
à en savoir le plus possible sur les prétentions de Meucci
afin de les démanteler. Cependant, le cabinet d'avocats Lemmi &
Bertolino a été prompt à les identifier et à
les éviter dès le début. Nous tenons à rappeler
que des représentants d'American Bell, lors d'une réunion
avec des membres du Syndicat, ont fait allusion à une estimation
de l'invention de Meucci d'environ un million de dollars (affidavit de
Robert R. Dearden, rédigé à la fin de l'affidavit
de M. Goodwin).
D'autre part, les contacts avec M. Willoughby (lié au Syndicat
de Philadelphie mentionné ci-dessus) semblaient sincères
et se déroulèrent bien. C'est pourquoi, le 22 septembre
1883, Antonio Meucci signa la cession de ses droits sur le caveat "Sound
telegraph", pour 14 dollars , à un Syndicat constitué
par Alfred P. Willoughby de Chicago et par MM. William W. Goodwin, James
Work et Robert R. Dearden de Philadelphie.
Quelques semaines plus tard, l'avocat de Meucci, Carlo Bertolino, céda
au Syndicat tous les prototypes téléphoniques créés
par Meucci et toutes les déclarations sous serment faites en sa
faveur jusqu'alors. Le 4 décembre 1883 , Meucci signa un autre
acte de transfert au même Syndicat pour sa demande de brevet «
Marine Telegraph », déposée le 8 juillet 1880 et une
demande de brevet (prête à être déposée)
« Méthode et appareil de transmission du son par télégraphie
» dérivée de sa mise en garde « Télégraphe
sonore » . Finalement, le 7 décembre 1883, Meucci notifia
au Patent Office que les avocats OE Duffy de Washington, DC et Howard
Munnickhuysen de Baltimore, MD, (tous deux représentants légaux
du Syndicat) allaient le représenter en ce qui concerne la mise
en garde « Télégraphe sonore » et son développement
futur.
Entre-temps, quelque chose se passait à Baltimore,
où le susdit Robert Garrett, après avoir reçu de
ses avocats, à l'automne 1883, le rapport final sur Antonio Meucci,
décida d'intervenir contre le gigantesque monopole de l'American
Bell « afin de briser l'emprise puissante qui permettait à
cette compagnie de maintenir son isolement sur le marché ».
En fait, le 31 janvier 1884 , la Globe Telephone Company de Baltimore
fut créée avec un capital d'un million de dollars. Les journaux
rapportèrent que les membres fondateurs étaient des capitalistes
bien connus dans le monde financier (l'un d'eux de Londres) et qu'ils
étaient liés à la Globe Telephone de New York.
Le 31 mars 1884 , le capital social de 10 millions de dollars de la Globe
Telephone Company de New York est déposé. Le siège
social de la société se trouve au Mills Building, 15 Broad
Street. La plaque signalétique à l'entrée des bureaux,
ainsi que le papier à en-tête et le bulletin publiés
par la société portent le nom d'Antonio Meucci en tant qu'électricien
, pour désigner l'expert technique de la société.
Le « moment magique » de Meucci se poursuit en septembre,
avec la publication de l'article dans Electrical World , qui retrace toute
l'histoire de son invention du téléphone et les événements
qui conduisent à la création de la Globe Telephone Company
à New York. L'article est publié le 6 septembre 1884 , quelques
jours avant l'inauguration de la Philadelphia Electrical Exhibition ,
ouverte au public du 14 septembre au 18 octobre 1884 , où sont
exposés les deux principaux prototypes du téléphone
de Meucci.
Le Telegraphic Journal and Electrical Review du 11 octobre 1884, intitulé
« The Philadelphia Electrical Exhibition », rappelle également
l'histoire de l'invention de Meucci et rapporte que les appareils téléphoniques
de Meucci sont exposés à l'exposition. Un autre article
assez similaire, intitulé « The Telephone Claimed by Meucci
», faisant référence à la même exposition,
a été publié peu de temps après dans le prestigieux
Scientific American. Dans les deux cas, il était signalé
que : L'exposition de la Globe Telephone Company (New York) est l'une
de celles qui attirent actuellement (parmi les professionnels du téléphone
une attention considérable. Cette société a été
créée pour exploiter les brevets de Shaw. Mais c'est dans
l'invention de Meucci, présentée ici, que réside
le plus grand intérêt.
L'article se poursuit avec une description détaillée de
18 affidavits, parmi ceux mentionnés précédemment
à l'appui de la priorité de Meucci dans l'invention du téléphone,
et conclut : en donnant un dessin d'un des téléphones
de Meucci (1857) exposé ici, accompagné d'une copie de la
mise en garde déposée en 1871 et d'une reproduction du dessin
qui serait l'original sur lequel la mise en garde était basée.
Il n'est pas possible de citer ici le contenu des nombreux
autres articles et/ou entretiens sur Meucci, publiés ou cités
dans la période de 1883 à 1885, c'est pourquoi nous ne donnons
que leurs références bibliographiques.
Au printemps 1885, comme nous le verrons plus loin, certaines entreprises
industrielles lancèrent une action pour tenter d'impliquer le gouvernement
dans la lutte contre le monopole de Bell. La Globe Co., en vue de se joindre
à l'initiative, commença à préparer le corpus
de preuves en faveur de Meucci. La personne qui se chargea de cette tâche
fut le Dr Seth R. Beckwith, un chirurgien d'Elizabeth, New Jersey, qui
avait également un diplôme en droit et qui, en 1883, était
directeur général de l'Overland Telephone Company de New
York. Il y avait acquis une connaissance substantielle dans le domaine
de la téléphonie et était devenu un admirateur de
Meucci. À partir du 1er juin 1885 , et à sa demande, Beckwith
fut accueilli dans les bureaux de la Globe Co., à New York, où
il s'entretint avec de nombreuses personnes qui avaient vu les téléphones
de Meucci avant 1875, les avaient utilisés et étaient capables
de les décrire. Il leur fit rédiger 36 affidavits, la plupart
nouveaux, tandis que certains étaient réécrits ou
traduits en anglais à partir de précédents, déjà
mentionnés, réalisés en 1880.
Le 20 août de la même année, Beckwith fut nommé
directeur général de la Globe Co. Le 12 septembre suivant
, il fit publier et distribuer par la société un bulletin
qui contenait l'historique de l'invention de Meucci dans lequel il énumérait
les preuves de la priorité de Meucci par rapport à Bell,
affirmant que la Globe Co. avait en sa possession un total de 50 affidavits
appuyant ce qu'il affirmait.
Nous avons pu retrouver 27 affidavits (assermentés
après 1880) qui, ajoutés aux 24 mentionnés précédemment,
font un total de 51 affidavits, chiffre qui n'est pas trop éloigné
de celui mentionné dans ladite lettre d'information. Ces affidavits
ont été énumérés et/ou commentés
dans une lettre de l'avocat David Humphreys, conseiller juridique de la
Globe Co., adressée au procureur général par intérim
des États-Unis, l'honorable John Goode, et/ou dans une lettre de
l'honorable Lucius QC Lamar, secrétaire de l'intérieur des
États-Unis, au même Goode. Certains de ces 27 affidavits
ont déjà été rappelés dans cet ouvrage
à différentes reprises ; les autres ont été
retrouvés par cet auteur aux Archives Nationales, sauf celui dressé
par R. Benedetti, cité dans, qui n'a pas été retrouvé.
Encore une fois, nous n'avons pas la place ici pour commenter
ces autres affidavits. Nous aimerions cependant citer le long affidavit
sous serment de John Fleming, le brocanteur qui a acheté à
la femme de Meucci tous les prototypes de téléphones et
autres pièces et composants électriques - qui remplissaient
« une boîte de 3 x 3 pieds, si lourde que je ne pouvais pas
la déplacer ». Dans son affidavit, Fleming donne une description
détaillée des objets qu'il a achetés, avec des références
précises à certains des prototypes reconstruits par Meucci
en 1880.
Impuissant face à l'américain Bell, le
gouvernement est appelé à intervenir.
Entre 1878 et 1885, lorsque le gouvernement américain intervint
enfin, American Bell avait pu remporter, devant les tribunaux locaux,
une série substantielle de victoires contre ceux qui tentaient
d'attaquer son monopole. On disait cependant que ces victoires avaient
été obtenues grâce à la compétence de
ses avocats, ainsi qu'à la connivence de certains juges et de personnes
du Patent Office, plutôt qu'à la supériorité
objective des brevets de Bell par rapport aux inventions promues par d'autres
inventeurs. Les avocats d'American Bell réussirent même à
obtenir des juges, et dans un délai très court (quelques
semaines après le début du procès), une injonction
préliminaire qui, pendente lite , obligeait le plaignant à
suspendre toute activité commerciale. Ceci, en empêchant
à son tour l'entreprise de générer des revenus, l'obligeait
à épuiser son capital en frais de justice.
Il nous est impossible de résumer toutes les procédures
judiciaires mentionnées ; il est cependant important de souligner
que le premier et le plus important procès qui vit la confrontation
entre American Bell et le géant Western Union Telegraph Company
(qui contrôlait les inventions téléphoniques de Thomas
Edison, Amos Dolbear et Elisha Gray et possédait une grande partie
du réseau télégraphique américain) fut résolu
par un accord à l'amiable, signé le 10 novembre 1879. L'accord
prévoyait la division du marché entre les deux sociétés
: le marché du téléphone pour American Bell et le
marché du télégraphe pour Western Union, ainsi que
la reconnaissance officielle par Western Union de la priorité d'AG
Bell dans l'invention du téléphone. American Bell, de son
côté, acceptait de payer 20 % des bénéfices
tirés de tout abonné téléphonique pendant
une période de 17 ans et d'acheter les 56 000 téléphones
et centraux que Western Union avait déjà installés
dans 55 villes.
Cet accord était lourdement chargé de soupçons de
collusion.
En particulier, il y avait des soupçons bien fondés qu'il
avait été conclu en partie pour empêcher que l'invention
d'Antonio Meucci ne soit rendue publique. Western Union, semble-t-il,
avait obtenu une documentation complète de sa filiale, l'American
District Telegraph Company, plus précisément de son vice-président
Edward B. Grant susmentionné ainsi que de son surintendant Henry
W. Pope, frère du principal expert technique de Western Union,
Frank L. Pope. Sa divulgation, en fait, aurait annulé ou soulevé
des questions sur les brevets téléphoniques des deux parties,
puisque la loi sur les brevets alors en vigueur (Patent Act, 8 juillet
1871) statuait, dans la SEC, que tout brevet pour être valide devait
décrire une invention « non connue ou utilisée par
d'autres dans ce pays » et, dans la SEC. que « le demandeur
doit prêter serment ou affirmer qu'il ne sait pas et ne croit pas
que la même [invention] ait jamais été connue ou utilisée
auparavant ».
Les manuvres pour impliquer le gouvernement contre
le monopole d'American Bell commencèrent dans la seconde moitié
de 1885, dans le Sud des États-Unis et furent facilitées
par la montée au pouvoir du Parti démocrate (très
fort dans le Sud). Dans l'administration du nouveau président,
Stephen Grover Cleveland, on comptait, entre autres, le général
Augustus H. Garland, procureur général, et Lucius QC Lamar,
secrétaire de l'Intérieur, dont les noms reviendront souvent
par la suite.
L'auteur de l'incendie était Watson Van Benthuysen,
de La Nouvelle-Orléans, en Louisiane, président de la National
Improved Telephone Company. Le 12 juillet 1885, quelques jours après
l'une des nombreuses injonctions préliminaires obtenues par American
Bell contre la National Improved Telephone Company, Van Benthuysen écrivit
une lettre au procureur général Garland, l'invitant à
intenter une action en justice au nom du gouvernement dans le but d'annuler
les deux principaux brevets d'AG Bell sur le téléphone et,
plus tard, il rédigea un affidavit dans lequel il accusait le tribunal
de collusion avec American Bell. De plus, le 24 août 1885, de Memphis,
au Tennessee, Van Benthuysen envoya un mémoire à l'honorable
Henry W. McCorry, procureur du district des États-Unis pour l'ouest
du Tennessee « au nom des citoyens de Memphis », souscrit
par Charles P. Huntington (Mississippi), JR Beckwith (avocat bien connu
de la Nouvelle-Orléans, Louisiane, et conseiller juridique du National
Improved), et par le colonel George B. Gantt de Memphis (un directeur
du National Improved). Dans le mémoire, ils ont exposé en
détail les raisons pour lesquelles les deux principaux brevets
de Bell devraient être annulés et ont de nouveau invité
le gouvernement à intenter une action en justice pour l'annulation,
suggérant que le procès devrait de préférence
avoir lieu à Memphis, au nom du gouvernement des États-Unis.
Le 31 août 1885, l'honorable H.W. McCorry a transmis
ledit mémoire au procureur général, accompagné
d'une lettre dans laquelle il affirmait qu'après avoir examiné
les preuves et les affidavits joints au mémoire, il estimait que
les brevets de Bell avaient été « délivrés
de manière imprévoyante et irrégulière »
et qu'il était donc favorable à l'ouverture d'un procès
« entièrement sous le contrôle du gouvernement, de
sorte qu'il s'agirait d'une action du gouvernement, en fait comme en nom
». En l'absence du général Garland, la lettre a été
lue, comme le veut la norme, par son commandant en second, le général
John Goode. Il a signé l'autorisation demandée par McCorry,
qui, le 9 septembre 1885, a déposé le projet de plainte
du gouvernement des États-Unis contre American Bell.
De toute évidence, American Bell n'allait pas prendre
à la légère une attaque aussi violente et dangereuse.
Tout d'abord, elle déclencha une furieuse campagne de presse avec
des articles dans le New York World et le New York Times condamnant le
ministère de la Justice et sa décision de poursuivre American
Bell et accusant le procureur général Garland de vouloir
promouvoir les intérêts de Pan Electric dont il était
actionnaire. L'administration publia un communiqué de presse, niant
les accusations, mais, en même temps, le 9 octobre 1885, ordonna
à McCorry de suspendre l'action en justice contre American Bell
et de remettre toute la documentation en sa possession au ministère
de l'Intérieur, chargé de l'octroi et du contrôle
des brevets, pour examen préliminaire et recommandation. Bien que
McCorry, le 14 octobre, ait réitéré sa demande d'autorisation
de poursuivre, trois jours plus tard, l'honorable Goode rejeta la demande.
A ce stade, d'autres opposants à American Bell, comme la Globe
Telephone Company, la Washington Telephone Company, la North American
Telephone Company et d'autres, vinrent en aide à National Improved
en déposant auprès du ministère de la Justice des
pétitions demandant au gouvernement d'intervenir pour annuler les
brevets de Bell. La Chambre de commerce de New York approuva également
une résolution en faveur du procès. Plus tard, Pan
Electric Company envoya de nombreux affidavits, signés par
d'éminentes personnalités scientifiques - parmi lesquelles
Thomas Edison - qui niaient la priorité de AG Bell dans l'invention
du téléphone.
De son côté, American Bell commença à se préparer
à l'inévitable confrontation avec le gouvernement et les
nouveaux opposants. En particulier, pour faire face à la Globe
Co., elle engagea l'agence nationale de détectives Pinkerton pour
suivre Meucci et recueillir le plus d'informations possible pour l'utiliser
dans sa propre défense et/ou pour lancer une action en justice
contre la Globe Co.
Le secrétaire d'État à l'Intérieur,
l'honorable Lucius QC Lamar, ne perdit pas de temps en examens bureaucratiques
et annonça des audiences, ouvertes au public et à la presse
(cela aussi pour éviter une autre campagne contre l'administration),
du 9 au 14 novembre 1885, afin d'élucider erga omnes les positions
des parties. L'honorable Lamar était accompagné de deux
secrétaires adjoints, Henry L. Muldrow et George A. Jenks, ainsi
que du commissaire aux brevets, Martin VB Montgomery. L' Evening Post
du 10 novembre rapporta que les parties au procès étaient
au nombre de trois : American Bell, un groupe de sociétés
« qui fondent leurs revendications dans une large mesure sur les
brevets de Reis et Meucci », et un « intérêt
inconnu représenté par le professeur Elisha Gray ».
A l'ouverture du procès, le 9 novembre, l'avocat
David Humphreys fut le premier à prendre la parole, affirmant qu'il
avait des preuves de la priorité de Meucci et que Meucci possédait
un téléphone depuis 1849. Humphreys lut également
un affidavit sensationnel, souscrit par le major Zenas Fisk Wilber 12
, ancien examinateur en chef du Patent Office, un mois seulement avant
le début des audiences. Dans son affidavit, Wilber dénonçait
les irrégularités commises par le Patent Office en faveur
du procureur général Bell, déclarant notamment :
A l'époque, en décembre 1871, Antonio Meucci déposa
une demande de mise en garde pour les "télégraphes
sonores". J'étais assistant auprès du professeur BS
Hedrick, examinateur principal, et j'étais chargé sous sa
direction de l'examen des cas relatifs aux inventions électriques
; c'est pourquoi la mise en garde Meucci relevait de ma responsabilité
à cette époque. Au moment du dernier renouvellement de cette
mise en garde, en décembre 1873, j'étais moi-même
chargé des demandes impliquant ou relatives à l'électricité
en tant qu'examinateur principal ; et la mise en garde Meucci était
toujours de ma responsabilité.
En 1876, le département d'électricité était
sous ma responsabilité en tant qu'examinateur principal et j'ai
reçu en tant qu'examinateur, de la division compétente du
bureau, la demande de Bell qui est devenue le brevet américain
n° 174465 du 7 mars 1876 et la réserve d'Elisha Gray. Si
cette affaire avait suivi la procédure habituelle de suspension
de la demande, Bell n'aurait jamais reçu de brevet et si la réserve
de M. Meucci avait été renouvelée en 1875, aucun
brevet n'aurait pu être délivré à Bell.
"A partir de mon expérience dans l'examen d'un grand nombre
de spécifications électriques, je me suis familiarisé
avec les termes et la nomenclature utilisés et j'ai découvert
que les termes utilisés par Reiss et Meucci sont exprimés
ou signifiés par différentes inventions ultérieures
sous des noms différents. J'ai remarqué [par exemple, que]
le "circuit fermé" de Bell est le "conducteur métallique
continu" de Meucci [...]."
Il convient de noter que dans un affidavit ultérieur
rédigé seulement deux jours avant le début des audiences,
Wilber décrit les téléphones de Reis et de Meucci
comme « les prototypes de tous les téléphones parlants
» (faisant probablement référence à l'émetteur
à contact lâche de Reis et à l'émetteur et
au récepteur électromagnétiques de Meucci).
Après l'intervention de Me Humphreys, le Dr Seth R. Beckwith prit
la parole, lut l'affidavit de Meucci et montra les modèles de téléphone
construits par lui, son Memorandum Book et les nombreux affidavits signés
en sa faveur. Par la suite, George Gantt, Casey Young et JR Beckwith illustrèrent
le Mémorial déjà mentionné au nom des citoyens
de Memphis. Bien que la position de ces derniers intervenants fût
essentiellement en faveur de Philipp Reis, ils n'hésitèrent
pas à exprimer leur reconnaissance à Meucci. George Gantt,
en particulier, déclara :
Si le témoignage humain a une valeur, alors Meucci a anticipé
Bell. Je me réfère au grand nombre de preuves présentées
à lappui de sa thèse [
] ; mais je laisse à
dautres personnes plus familières avec le sujet le soin de
le prouver, aussi longuement que son importance le mérite.
Dès le début de l'audience, il était
clair que les choses n'allaient pas bien pour American Bell. Dans une
démarche préventive, le lendemain du début de l'audience
susmentionnée, c'est-à-dire le 10 novembre 1885, devant
la Cour du District Sud de New York, American Bell intenta un procès
contre la Globe Telephone Co., Antonio Meucci, le Dr Seth R. Beckwith
et Amos Rogers (secrétaire du Globe), réitérant sa
tactique consistant à obtenir des victoires locales afin de créer
une situation de chose jugée dans un éventuel procès
avec le gouvernement et de créer un obstacle aux efforts du Globe
à Washington en faveur de Meucci.
De plus, le tribunal de district de New York était présidé
par le même juge, William J. Wallace, qui avait statué quatre
fois en faveur d'American Bell. Cette décision permit aux avocats
d'American Bell d'annoncer triomphalement, lors de leurs plaidoiries finales
du 14 novembre, devant l'honorable Lamar, qu'« un procès
est en cours en vertu des brevets de Bell à New York contre Meucci
et la société Globe ». Lors de la séance de
clôture du même jour, toutes les parties résumèrent
leurs arguments à l'appui de leurs positions. Le Dr Seth R. Beckwith,
en particulier, fit une longue dissertation sur la priorité de
Meucci [102,105], blâmant ainsi la décision d'American Bell
:
Au cours de cette audience, elle [l'American Bell] a fait preuve d'un
manque de respect envers vos Honneurs, car le troisième jour de
votre audience, un procès a été intenté contre
Antonio Meucci.
Une fois les audiences terminées, les assistants
de l'honorable Lamar rédigèrent chacun un rapport. M. Montgomery
envoya son rapport le 12 décembre. Le 22 décembre, suivirent
les rapports des secrétaires adjoints Muldrow et Jenks. Ils s'accordèrent
tous à recommander de poursuivre American Bell. Dans son rapport,
le secrétaire adjoint Jenks écrivit, entre autres choses
:
Il existe également des preuves que dès 1849, Antonio
Meucci commença à expérimenter l'électricité,
en se référant à l'invention d'un téléphone
parlant [
] . Jusqu'en 1871, [
] bien que la plupart du temps
très pauvre, il construisit plusieurs instruments différents
avec lesquels, dans sa propre maison, il conversait avec sa femme et d'autres
[
] . Son témoignage est corroboré par sa femme
et par les affidavits d'un très grand nombre de témoins.
Il affirme qu'en 1872, il se rendit chez M. Grant, vice-président
de la New York District Telegraph Company, lui expliqua son invention
et tenta à plusieurs reprises de la faire essayer sur les lignes
de la compagnie. On prétend que cela fut utilisé par la
compagnie de télégraphe et fut la base du contrat entre
la Western Union Telegraph Company et la Bell Telephone Company, daté
du 10 novembre 1879.
Il convient de noter que dans le long rapport de l'honorable
Jenks, seuls Philipp Reis et Antonio Meucci sont mentionnés comme
les inventeurs du téléphone qui ont précédé
Bell.
Dans son rapport, le secrétaire adjoint Muldrow a commenté
en détail les affidavits en faveur de Meucci, concluant :
Tant de témoins ayant juré que les inventions de Meucci,
Reis et autres ont précédé celles de Bell dans le
téléphone parlant [...], je crois donc qu'il est du devoir
du Gouvernement de rechercher judiciairement si ces faits ne justifient
pas l'institution d'un procès en annulation du brevet du 7 mars
1876, qui porte le sceau du Gouvernement, et qui lui confère le
monopole de l'utilisation d'une des forces de la nature aux dépens
de collectivités entières.
Et ainsi, une fois de plus, les noms de Reis et Meucci réapparurent,
les mêmes qui allaient alimenter les nombreux articles parus à
cette époque dans les principaux journaux américains.
Encouragé par les opinions unanimes de ses assistants, l'honorable
Lucius Lamar écrivit le 14 janvier 1886 une lettre à l'honorable
John Goode (procureur général par intérim), joignant
les trois rapports susmentionnés et les soixante documents présentés
lors des audiences, recommandant notamment que :
la procédure
devrait être menée au nom et entièrement par le gouvernement,
non pas au nom ou au bénéfice de tous ou de certains des
pétitionnaires, mais dans lintérêt du gouvernement
et du peuple, et entièrement aux frais et sous la conduite et le
contrôle du gouvernement.
La lettre de l'honorable Lamar a soulevé l'enthousiasme
de Meucci et de ses partisans (sans parler des partisans de Reis) au plus
haut point ; avec le soutien ouvert du gouvernement des États-Unis,
cet enthousiasme est devenu si extrême qu'il a pris pour acquis
une victoire juridique avant même le début du procès.
Meucci lui-même, dans une déclaration sous serment signée
le 23 juillet 1886 a déclaré que le ministère de
l'Intérieur des États-Unis a pratiquement décidé
en sa faveur, lui donnant la priorité d'invention de la téléphonie
sur toutes les autres. (Voir les décisions des secrétaires
adjoints, Muldrow et Jenks.)
Peu après que les conclusions de l'honorable Lamar
furent envoyées au ministère de la Justice, American Bell
lança une attaque virulente contre le gouvernement à la
Chambre des représentants, par l'intermédiaire des représentants
du Massachusetts (qui étaient proches de lui). Ceux-ci réussirent
à faire passer une résolution, le 26 février 1886,
pour établir un comité d'enquête fédéral,
composé de neuf membres, dans le but « d'enquêter sur
les accusations portées contre certains fonctionnaires publics
14 en rapport avec la Pan-Electric Telephone Company et sur les poursuites
intentées par les États-Unis pour annuler les brevets téléphoniques
de Bell. »
La commission ad hoc a recueilli des dépositions,
des documents et des témoignages sous serment du 12 mars au 27
mai 1886. Ces documents ont été imprimés dans un
volume de près de 1300 pages, en possession de l'auteur de cet
article. A l'issue de l'enquête, deux rapports ont été
rédigés : l'un de la majorité (démocrate)
et l'autre de la minorité (républicaine). Tous deux ont
été présentés à la Chambre des représentants
le 30 juin 1886. Le rapport de la majorité concluait que les fonctionnaires
du gouvernement impliqués n'avaient rien fait de mal, tandis que
la minorité affirmait le contraire, et les choses restèrent
donc inchangées.
Cependant, la lettre de l'honorable Lamar produisit également
des effets impressionnants sur la relation Globe-Meucci. Avec une rapidité
surprenante, le 27 février 1886 (acte enregistré le 1er
mars ) , le Dr SR Beckwith fonda, avec l'approbation de la Globe Co. et
de Meucci, la « Meucci Telephone Company » à Elizabeth,
New Jersey, dont le siège social se trouvait dans le Herald Building,
109 Broad Street. Il convient de noter qu'aucun des actionnaires de Globe
ne faisait partie de la nouvelle société. SB Ryder en était
le président et SR Beckwith le directeur général.
En fait, Beckwith offrit 25 000 $ à la Globe Co. afin d'acheter
ses droits sur Antonio Meucci pour la société nouvellement
créée dans le New Jersey.
Un compte rendu détaillé de cette société
est donné dans le précieux manuscrit de Francesco Moncada,
qui a fait des recherches aux États-Unis en 1932. Il nous dit que
le Dr SR Beckwith, le 26 avril 1886, a publié une courte circulaire
dans laquelle il déclarait :
La société utilise le téléphone Meucci
qui a été breveté au Bureau des brevets en 1871,
cinq ans avant que le brevet de Bell ne soit accordé. Le gouvernement
a ordonné à la société américaine Bell
de comparaître immédiatement devant le tribunal des États-Unis,
accusée d'avoir obtenu son brevet par fraude, collusion et par
un serment mensonger selon lequel il était l'inventeur original.
Le gouvernement exige une « injonction interdisant et interdisant
à la société Bell de faire valoir à nouveau
tout droit ou toute réclamation en vertu des prétendues
lettres patentes de Bell ». La société Bell ou ses
agents seront responsables de tout téléphone utilisé,
loué ou vendu comme article breveté, dès que les
brevets de Bell seront annulés et déclarés nuls par
le gouvernement. Chaque abonné utilisant notre téléphone
sera protégé dans son utilisation contre tout dommage, ennui
ou poursuite intentée par toute personne ou entreprise.
Ces mots sont une indication claire de l'euphorie que
produisirent les conclusions de l'honorable Lamar. Les travaux pour construire
le central téléphonique d'Elizabeth, dans le New Jersey,
et connecter les abonnés avancèrent assez rapidement.
Grâce à la courtoisie des archives AT&T de Warren, dans
le New Jersey, nous avons pu récupérer la première
liste d'abonnés de la Meucci Telephone Company, qui énumère
un total de 116 abonnés, dont 49 étaient déjà
connectés le 21 mai 1886, les autres devant l'être le 1er
août.
Liste
Telephone Company, 1er août 1886
Même l'avocat Charles Swan d'American Bell a dû admettre que
: en avril 1886, Beckwith avait fait de tels progrès dans son échange
à Elizabeth que la Bell Company a jugé préférable
de demander immédiatement une injonction préliminaire.
L'injonction fut demandée le 20 avril 1886, lors
du procès Bell/Globe à New York, en raison de liens présumés
entre les deux sociétés. Néanmoins, le 28 mai suivant,
le juge Wallace refusa d'accorder l'injonction contre la Globe Co., car
aucun lien significatif n'était apparu entre la Globe Co. et la
Meucci Telephone Company. Pour cette raison, le 8 juin 1886, American
Bell intenta un procès contre la Meucci Telephone Company dans
le New Jersey. Le procès se poursuivit jusqu'au 9 janvier 1892,
date à laquelle il fut officiellement clos, plusieurs années
après que la Bell Company eut gagné le procès contre
la Globe Co. (1887) et que la Meucci Telephone Company eut cessé
toute activité (novembre 1888).
Revenant aux événements qui suivirent la
décision de l'honorable Lamar, la Globe Co., voyant le brillant
succès de l'initiative de Beckwith dans le New Jersey et craignant
de perdre l'occasion offerte par le prestige soudain acquis par le nom
de Meucci, ouvrit une seconde Meucci Telephone Company à Nashville,
Tennessee, le 15 avril 1886. La société avait également
des bureaux à Philadelphie, où elle comptait tenir ses réunions,
étant donné que Goodwin et d'autres membres du Syndicat
y dirigeaient leurs affaires. Thomas Bowen fut nommé directeur
général de la nouvelle société. Les actionnaires
étaient pour la plupart les mêmes que ceux de Globe. La Meucci
Telephone Company of Tennessee ne fit pas grand-chose, voire rien du tout
essentiellement parce qu'elle attendait « de porter l'affaire Meucci
devant le Patent Office ».
Le Tennessee (l'État où le procureur McCorry avait tenté
à plusieurs reprises de traduire American Bell en justice) fut
choisi par les dirigeants de Globe comme siège de la nouvelle société
au motif qu'il n'aurait pas été facile pour American Bell
d'obtenir une injonction contre elle, ni de gagner un éventuel
procès avec la même facilité que dans les États
du Nord. Pour les mêmes raisons, le 28 août 1886, la Globe
Co. et le Philadelphia Syndicate cédèrent tous les droits
sur les inventions de Meucci à la Meucci Telephone Company of Tennessee,
en guise de garantie d'une (probable) défaite juridique de la Globe
Co. à New York.
L'hésitation et la prudence de la Globe Co., en particulier de
M. Goodwin et de M. Humphreys, contrastaient fortement avec la rapidité
et l'audace du Dr S. R. Beckwith. Ce dernier avait même élaboré
des plans précis pour étendre l'activité de la Meucci
Telephone Company du New Jersey à Washington, DC, et à Alexandria,
VA, comme le montre un contrat signé avec un certain W. H. McDonald
de Washington, DC, le 28 mai 1886. Le contrat prévoyait que les
téléphones, complets de leurs accessoires, seraient fournis
par l'usine d'Elizabeth, NJ.
Ces approches opposées ont provoqué des
querelles entre Beckwith et Humphreys, qui n'étaient au départ
que des querelles antagonistes, mais qui ont fini par dégénérer
en une vulgaire bagarre avec des accusations réciproques, même
devant le tribunal du New Jersey. Meucci s'est retrouvé pris entre
les deux, mais il a finalement pris le parti de la Globe Co., qui était
le titulaire officiel de ses droits.
Gouvernement contre American Bell : les avocats gagnent.
Le 17 mars 1886, le gouvernement émit une ordonnance
de poursuite contre American Bell, et la plainte fut déposée
auprès du tribunal de district du sud de l'Ohio le 23 mars 1886.
Le solliciteur général, John Goode, assisté d'une
équipe d'avocats, représentait le gouvernement des États-Unis.
Les avocats d'American Bell élevèrent une objection concernant
la compétence du tribunal et demandèrent une motion qui
fut accordée le 7 décembre 1886, obtenant en même
temps que l'affaire soit classée. De ce fait, presque toute l'année
1886 fut gaspillée.
Le procès se déroula alors à Boston,
Massachusetts, où se trouvait le siège de la société
American Bell. Le nouveau mémoire de plainte fut déposé
le 13 janvier 1887. Le procureur était l'honorable George M. Stearns,
sous la direction du Solicitor General George A. Jenks. Les avocats de
Bell soulevèrent cependant une autre objection, soutenue par les
juges LeBaron Colt et Thomas L. Nelson le 26 novembre 1887 (encore une
année perdue !). Cette fois, cependant, le gouvernement fit appel
à la Cour suprême de Washington, DC, qui, le 12 novembre
1888, infirma le verdict des juges Colt et Nelson et les força
à rejeter l'objection de la société American Bell
et à reprendre le procès (néanmoins, une nouvelle
année fut perdue). Cette dernière sentence remonta le moral
de Meucci et fut considérée par beaucoup comme une victoire
pour lui, même si elle n'était que provisoire. Malheureusement,
Meucci mourut le 18 octobre 1889, avant d'avoir pu connaître le
résultat final de l'action gouvernementale.
Après de nombreuses querelles juridiques, les dépositions
commencèrent enfin le 6 décembre 1889. Les avocats du gouvernement
étaient dirigés par le juriste intelligent et persévérant
Charles S. Whitman de Washington, DC. Le 30 janvier 1893, lorsque le deuxième
brevet de Bell expira et que les dépositions se poursuivaient,
les avocats de Bell maintinrent qu'il n'était pas logique de poursuivre
un procès pour annuler des brevets déjà expirés.
Cependant, l'honorable Whitman répondit que dans tous les cas,
une sentence aurait fourni un point de référence pour des
questions d'importance fondamentale pour le pays et continua à
poursuivre l'action du gouvernement. Malheureusement, il mourut en septembre
1896 et, avec sa mort, les efforts du gouvernement perdirent rapidement
leur élan. Le procureur général de l'époque,
l'honorable Judson Harmon, recommanda au Congrès de clore l'affaire
avec le minimum de frais possible puisqu'il avait conclu un accord avec
l'autre partie (American Bell) selon lequel cette dernière n'aurait
en aucune façon profité de l'inaction du gouvernement.
Entre-temps, à la fin de 1897, le président
Cleveland achevait son second mandat et William McKinley, un républicain,
fut élu président. Le nouveau procureur général,
Joseph McKenna, annonça le 30 novembre 1897 que le procès
entre le gouvernement et American Bell était considéré
comme clos. Au final, il n'y eut donc ni gagnant ni perdant : les seuls
à avoir profité de ce long et complexe procès furent
les avocats des deux parties, qui demandèrent à leurs clients
des honoraires stratosphériques.
Conclusions
Nous pensons avoir amplement démontré
dans cet article que le gouvernement des États-Unis dAmérique
a pendant de nombreuses années largement honoré le nom dAntonio
Meucci comme linventeur du téléphone, affirmant quil
a précédé Alexander Graham Bell, avec lAllemand
Philipp Reis (pour lémetteur à contact lâche).
Nous avons également amplement illustré avec quelle ardeur
et quelle ardeur Meucci sest battu pour défendre sa priorité,
jusquà ce que la mort lemporte, tandis que la Globe
Co. défendait toujours sa mémoire en faisant appel à
la Cour suprême de Washington, et que le gouvernement des États-Unis
visait le même but avec son procès contre American Bell.
Voici une brève liste chronologique des réalisations
de Meucci dans le domaine de la transmission électrique de la parole
et des technologies connexes.
1834 Au Théâtre
della Pergola de Florence , il installe un « téléphone
à tuyau » - encore existant aujourd'hui - pour communiquer
de la scène à la palissade de manuvre, à environ
dix-huit mètres de hauteur.
1849 À La Havane,
il découvre la transmission électrique de la parole lors
d'expériences d'électrothérapie ( voir description
détaillée ). Un principe électrostatique et un principe
de résistance variable sont exploités. L'utilisation d'un
émetteur et d'un récepteur électrostatiques donne
un résultat bien moins satisfaisant.
1851 À Clifton,
dans l'État de New York, il reproduit ses expériences de
La Havane, avec des résultats similaires.
1854-55 Une liaison
téléphonique est établie entre les deux laboratoires
de Meucci (l'un au sous-sol de son chalet, l'autre dans la cour) et la
chambre de sa femme, Esther, handicapée par l'arthrite, située
au troisième étage du chalet. Plusieurs instruments téléphoniques
sont testés sur cette liaison, exploitant à la fois les
effets électrostatiques et électromagnétiques, avec
une qualité médiocre.
1856 On obtient une
bonne qualité avec un téléphone électromagnétique,
comportant un électro-aimant en fer à cheval et un diaphragme
en peau d'animal, rigidifié au bichromate de potasse, et portant
un bouton en fer, collé en son centre.
1857-58 Une qualité
améliorée est obtenue en utilisant un aimant permanent comme
noyau, un fin diaphragme en fer et une vis permettant de régler
précisément l'entrefer entre les pôles de l'électroaimant
et le diaphragme. De cette façon, il a pu se passer de la batterie.
1858-59 Dans un croquis
, redessiné par le peintre Nestore Corradi, Meucci présente
l'essentiel de son système téléphonique. À
noter : la communication bidirectionnelle avec lignes séparées
pour éviter l'effet « sidetone », le système
de signalisation avec touches télégraphiques et l' étiquette
longue distance .
1859 Il développe
une pile sèche (neuf ans avant Leclanché), destinée
à être utilisée dans ses liaisons téléphoniques.
1860-61 Il confie à
son ami Enrico Bendelari, parti pour l'Italie, la tâche de trouver
des bailleurs de fonds pour son téléphone et de le lancer
en Italie. Il publie également dans L' Eco d'Italia , un journal
italien de New York, une brève description de son invention .
1861 Meucci améliore
encore son téléphone électromagnétique en
utilisant un noyau linéaire et une bobine plus grande, placée
très près du diaphragme. Bendelari revient d'Italie (alors
en proie à de graves troubles politiques et militaires) sans parvenir
à susciter l'intérêt pour le téléphone.
1862 Meucci se concentre
sur la ligne de transmission téléphonique, en expérimentant
diverses structures et revêtements du conducteur , ainsi que sur
la mise à la terre et la charge inductive de la ligne.
1864-65 Meucci réalise
son « meilleur téléphone » en utilisant une
membrane en fer d'épaisseur optimisée et serrée sur
son pourtour, ce qui est l'une des exigences d'un téléphone
moderne. L'instrument est logé dans une boîte à savon
à barbe (alors très populaire), dont le couvercle, vissé
sur le dessus, maintient fermement la membrane.
1865-67 Il explore
d'autres structures de son téléphone (avec un noyau magnétique
en forme de « fer à cheval courbé », ou de tire-bouchon,
ou toroïdal avec shunt magnétique), sans autres améliorations.
1870 (Août) Il
obtient une excellente transmission de la parole à un mile de distance,
en utilisant comme conducteur une tresse de cuivre isolée au coton.
Environ un mois plus tard, il améliore les performances en utilisant
une charge inductive, subdivisée le long de la ligne . Il devance
ainsi de 30 ans le brevet de Pupin .
1871 Durant sa longue
infirmité, suite à l'explosion à bord du ferry Westfield
(survenue le 30 juillet), sa femme, Esther, vend tous ses modèles
de téléphones à un brocanteur, à la fois pour
payer les frais médicaux et faire face aux nécessités
de la vie.
1871 (12 décembre)
Encore convalescent, Meucci fonde à New York la « Telettrofono
Company », avec trois partenaires italiens de renom. Son objectif
est de réaliser des essais pratiques, d'obtenir des brevets aux
États-Unis et à l'étranger, et de commercialiser
le téléphone Meucci .
1871 (28 décembre)
Les associés de Telettrofono Co. n'ayant fourni à Meucci
que 20 dollars, ce dernier n'a pu déposer qu'une objection auprès
de l'Office américain des brevets. Compte tenu du faible montant
perçu, l'avocat en brevets de Meucci, Thomas Stetson, a rédigé
une description concise et n'a pas inclus de dessins. L' objection n°
3335 : « Télégraphe sonore » ne donne donc qu'une
idée partielle de l'invention de Meucci.
1872 (été)
Accompagné de son ami Angelo Bertolino, il rend visite à
M. Edward B. Grant, vice-président de l' American District Telegraph
Co. de New York, pour obtenir l'autorisation de tester son appareil téléphonique
sur les lignes télégraphiques de la compagnie. À
cette fin, il fournit une description détaillée et des prototypes
de son téléphone, ainsi qu'une copie de son avertissement.
1872-73 À la
demande d'un plongeur, William Carroll, Meucci construisit un téléphone
spécial pour lui permettre, lorsqu'il travaillait sous l'eau, de
communiquer avec le navire-mère. Un fil de cuivre torsadé
et isolé alimentait l'instrument, logé dans le masque du
plongeur, et passait à l'intérieur du tube en caoutchouc
qui lui apportait de l'air. L'homme à bord portait deux récepteurs
identiques fixés sur ses oreilles, lui permettant d'utiliser ses
mains librement (voir le Téléphone marin de Meucci ). Le
8 juillet 1880, il déposa une demande de brevet pour cet appareil.
1874 Deux ans après
des visites répétées (environ toutes les deux semaines)
effectuées par Meucci et/ou Bertolino à M. Grant, ce dernier
a informé Meucci que tout son matériel avait été
perdu et qu'il [M. Grant] ne pouvait plus donner suite à l'affaire.
1876 Dès qu'Alexander
Graham Bell obtient un brevet sur le téléphone, Meucci proteste
à plusieurs reprises, envoyant également des lettres aux
journaux, affirmant que le téléphone est son invention.
1880 (2 juillet) Dépôt
d'une demande de « fil à usage électrique »
pour un fil téléphonique à large bande, fabriqué
à partir d'une tresse de fils de cuivre isolés. Similaire
au câble de haut-parleur Monster de RadioShack , il offre une réponse
exceptionnelle dans les basses et les hautes fréquences de la gamme
audio.
La mémoire de Meucci fut honorée par de
nombreuses personnes et pendant de nombreuses années après
la fin des deux procès. Parmi elles, il faut citer Guglielmo Marconi
qui s'est battu avec acharnement pour que les mérites de son malheureux
compatriote soient reconnus au niveau international. Toujours en 1976,
la publication de la Smithsonian Institution, célébrant
le centenaire de l'invention du téléphone, ne présentait
que huit portraits, choisis parmi les dizaines d'inventeurs connus dans
le domaine du télégraphe et du téléphone :
l'un d'eux était celui d'Antonio Meucci. Les autres étaient
Gray, Blake, Hughes, Edison, Morse, Thompson et Reis.
Depuis, le nom de Meucci s'est peu à peu estompé,
risquant de se retrouver relégué au mieux parmi les anecdotes
scientifiques. L'auteur espère sincèrement que cela n'arrivera
jamais, car si nous devions renier ou effacer nos racines ou oublier ceux
qui, avec leur cur et leur esprit, ont tant honoré l'Italie
et les États-Unis, nous serions les premiers à en subir
les conséquences.
sommaire
Voici une brève liste chronologique de ses inventions,
innovations et découvertes, autres que le téléphone
:
1825 Composé chimique destiné à
être utilisé comme hélice améliorée
dans les feux d'artifice
1834 Au Théâtre della Pergola de Florence , il installe
un « téléphone à tuyau » pour communiquer
de la scène à la palissade de manuvre, à environ
dix-huit mètres de hauteur.
1840 Amélioration des filtres et du traitement chimique
des eaux alimentant la ville de La Havane, Cuba.
1844 Première usine de galvanoplastie des Amériques,
installée à La Havane, à Cuba. Auparavant, les objets
à galvaniser étaient expédiés à Paris.
1846 Appareil amélioré pour l'électrothérapie,
comportant un disjoncteur à courant pulsé à croix
tournante.
1847 Restructuration du théâtre Tacón à
La Havane, suite à un ouragan. Meucci a conçu une nouvelle
structure de toiture et un nouveau système de ventilation pour
éviter que la toiture ne soit arrachée dans de telles circonstances.
1848 Observations astronomiques au moyen d'un télescope
marin d'une valeur de 280 $.
1849 Procédé chimique de conservation des cadavres,
pour faire face à la forte demande de corps d'immigrants à
envoyer en Europe, évitant la décomposition pendant les
nombreuses semaines de navigation.
1849 Première découverte de la transmission électrique
de la parole
1850 Première usine de bougies stéariques des Amériques,
installée à Clifton, New York.
1855 Réalisation de célestas, avec des barres de
cristal au lieu d'acier, et de pianos (l'un d'eux est exposé au
Musée Garibaldi-Meucci, à Rosebank, NY)
1856 Première usine de bière blonde de Staten Island,
la brasserie Clifton, à Clifton, NY.
1858-60 Invention de bougies en paraffine. Brevet américain
n° 22 739 sur un moule à bougie pour celles-ci et brevet américain
n° 30 180 sur un dispositif à lame rotative pour leur finition.
1860 Première fabrique de bougies à la paraffine
au monde, la New York Paraffine Candle Co. s'est installée à
Clifton, dans l'État de New York, au début des années
1860, puis a déménagé à Stapleton, dans l'État
de New York. Elle produisait plus de 1 000 bougies par jour.
1860 Expériences sur l'utilisation de piles sèches
dans la traction électrique et d'autres applications industrielles.
1860 Procédé pour transformer les coraux rouges en
une couleur rose (plus valorisée), comme demandé par Enrico
Bendelari, un marchand de New York.
1862 Brevet américain n° 36 192 sur une lampe à
pétrole qui génère une flamme très brillante,
sans fumée, (donc ne nécessitant pas de tube de verre),
grâce à l'électricité développée
par deux fines plaques de platine enlaçant la flamme.
1862-63 Procédé de traitement et de blanchiment de
l'huile ou du kérosène pour obtenir des huiles siccatives
pour peinture ( brevets américains n° 36 419 et n° 38 714
). L'huile brevetée Antonio Meucci a été commercialisée
par Rider & Clark Co. , 51 Broad Street, New York, et exportée
en Europe. Voir l'avis de l'expert .
1864 Invention de nouvelles munitions plus destructrices pour fusils
et canons, proposée à l'armée américaine et
au général Giuseppe Garibaldi.
1864-65 Procédés d'obtention de pâte à
papier à partir de bois ou d'autres substances végétales
( brevets américains n° 44 735 , 47 068 et 53 165 ). L'Associated
Press s'est intéressée à la production de papier
grâce à ce procédé, qui fut également
le premier à introduire la récupération de la liqueur
de lixiviation.
1865 Procédé de fabrication de mèches en fibres
végétales, brevet américain n° 46 607 .
1867 Une usine de papier, la « Perth Amboy Fiber Co. »,
a été créée à Perth Amboy, dans l'État
de New York. La pâte à papier était obtenue à
partir d'herbes des marais ou de bois. Elle fut la première à
recycler les vieux papiers.
1871 Brevet américain n° 122 478 « Boissons effervescentes
», boissons fruitées et vitaminées que Meucci a trouvées
utiles pendant sa convalescence après ses blessures et brûlures
causées par l'explosion du ferry de Westfield .
1873 Brevet américain n° 142 071 « Sauce alimentaire
». Selon Roberto Merloni, directeur général de la
société italienne STAR, ce brevet anticipe les technologies
alimentaires modernes.
1873 Conception d'un bateau à vapeur à hélice
adapté à la navigation dans les canaux.
1874 Procédé de raffinage du pétrole brut
( mise en garde )
1875 Filtre pour thé ou café, très similaire
à celui utilisé dans les machines à café actuelles.
1875 Ustensile ménager « alliant l'utilité
au bon marché, qui trouvera facilement sa place en vente.
1875 Brevet américain n° 168 273 « Lactomètre
», pour la détection chimique des falsifications du lait.
Il anticipe de quinze ans le célèbre test Babcock. Voir
le commentaire de l'expert .
1875 À la demande de Giuseppe Tagliabue (fabricant d'instruments
physiques de Brooklyn, NY), Meucci conçoit et fabrique plusieurs
baromètres anéroïdes de différentes formes.
1876 Brevet américain n° 183 062 « Hygromètre
», qui constituait une nette amélioration par rapport à
l'hygromètre à cheveux populaire de l'époque. Il
a créé une petite usine à Staten Island pour la fabrication
de cet appareil. Voir le commentaire de l'expert .
1878 Méthode pour prévenir le bruit sur les chemins
de fer surélevés, un problème très ressenti
à l'époque à New York.
1878 Procédé de fabrication de bougies décoratives
en paraffine pour sapins de Noël.
1881 Procédé de fabrication de timbres-poste et fiscaux.
1883 Brevet américain n° 279 492 « Pâte
plastique », dure et tenace, adaptée aux boules de billard.
Voir l'avis de l'expert .
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