Histoire
du téléphone, le scoop paru le lundi 17 juin 2002
Ce
n'est pas la première fois qu'une grande invention est
revendiquée par un inventeur autre que celui consacré
par l'Histoire.
Mais il arrive très rarement que l'Histoire soit officiellement
corrigée.
C'est pourtant ce que vient de faire le Congrès américain.
Le 17 juin 2002, à Washington, le Congrès a attribué
à Antonio Meucci l'invention
du téléphone, «au lieu de Bell» qui
s'est approprié les travaux de l'Italien, spécifie
la résolution.
Antonio
Meucci l'inventeur du téléttrophone
|
 |
L'histoire
de Antonio Meucci est encore peu connue, mais il s'agit d'un des épisodesles
plus extraordinaires de l'Histoire américaine, malgré que
ce soit un épisode dans lequel la justice a été pervertie.
Toutefois, le génie et la persévérance d'un immigrant
italien - un génie en tant qu'inventeur, mais qui n'avait pas le
sens des affaires, tenace défenseur de ses droits contre des forces
incroyablement supérieures et une terrible pauvreté &endash;
c'est une histoire qui mérite et doit être racontée
» Antonio Meucci attend d'être reconnu comme l'inventeur d'un
élément-clé de notre culture moderne. (voir l'ouvrage
de Basilio Catania, en italien, « Antonio Meucci -- L'inventeur
et son temps»)
Seulement l'admiration et l'affection des descendants rendront tardive
justice à Antonio Meucci, en transformant sa demeure en un des
musées les plus fréquentés de New York. Dernièrement,
le Sénat américain a reconnu la vérité et
la documentation laissée par Meucci a démontré officiellement
que c'est lui le vrai inventeur du téléphone.
sommaire
Fait
étonnant. Selon un Article paru le lundi 17 juin 2002 dans
le Journal de Montréal, l'inventeur du téléphone
Graham Bell serait mise en cause.
Voici l'extrait de l'article en question :
Washington( AFP ) - La Chambre des représentants américaine
a décidé de créditer un Italo-Américain,
Antonio Meucci, de l'invention du téléphone
communément attribuée à l'Américain
d'origine écossaise Alexander Graham Bell, a-t-on
appris hier de source officielle.
L'inventeur du téléphone ? Antonio Meucci, assure
la chambre des représentants.
Dans une résolution adoptée mardi par simple acclamation,
les représentants américains estiment que "la
vie" et l'oeuvre d'Antonio Meucci doivent être reconnus,
et son travail dans l'invention du téléphone doit
être admis.
Selon le texte de la résolution, présentée
par l'élu républicain de New York Vito Fossella,
Antonio Meucci avait installé dès 1856
un dispositif rudimentaire de télécommunication
entre le sous-sol de sa maison de Staten Island, à New
York, et la chambre de sa femme au premier étage (cette
dernière ne pouvait se déplacer car souffrant d'arthrite).
...
En 1861, il publia un article présentant
ses inventions dans L'Eco d'Italia (« L'Echo d'Italie »
en français), un journal de New-York en langue italienne.
Puis, en 1870, parvenant à transmettre la parole à
un kilomètre de distance, il baptisa son appareil le
téléttrophone
En décembre 1871, il dépose
une demande provisoire et payante de brevet (un caveat),qu'il
renouvelle en 1872 et 1873, mais n'ayant pas 10 dollards, il laisera
expirer cette demande en 1874 faute de moyen.
Vous pouvez agrandir les photos pour lire ce
brevet |

First telephone link, established by Antonio Meucci in Clifton,
between 1854 and 1856
En 1883 la Globe Telephone
Compagny achète l'invention de Meucci et transmet au
gouvernement américain une demande la priorité
de Meucci sur Bell.
Deux procès suivront et le 19 juillet 1887, Bell en
ressort vainqueur.
Deux ans plus tard en 1889
Meucci
décède dans une grande misére.
|
|
sommaire
Avec ou sans fil, il est devenu l'extension de nos bouches
et de nos oreilles grâce au génie d'Alexander Graham Bell...
selon la version officielle. Mais il se pourrait bien que nous ayons été
floués par nos manuels d'histoire car la paternité de cette
formidable invention est aujourd'hui vigoureusement contestée.
Selon l'ingénieur Basilio Batania, ex-directeur général
des Laboratoires centraux de recherche en télécommunications
d'Italie (CSELT), qui a consacré quinze années de recherches
à la question, le véritable inventeur du téléphone
est plutôt Antonio Meucci, un ingénieur italien peu fortuné
ayant émigré à Cuba avant de rejoindre les États-Unis,
où il s'est éteint en 1889.
Basilio Batania présentait récemment
à l'Université Concordia l'ensemble des preuves juridiques
et scientifiques qu'il a glanées pendant ces années parmi
des tonnes de documents dispersés au sein des Archives nationales
des États-Unis. Des preuves qui démontrent le travail de
pionnier accompli par Antonio Meucci.
Ingénieur de formation, Antonio Meucci fuit
son pays pour La Havane, où il découvre dès 1849
que la voix humaine peut être transmise par l'électricité.
Alexander Graham Bell n'est alors âgé que de deux ans...
En 1850, Meucci s'embarque pour les États-Unis, où il espère
développer sa découverte et la commercialiser.
Dans sa nouvelle résidence de Staten Island,
à New York, il met au point un système de télécommunication
entre ses ateliers situés au sous-sol ainsi que dans le jardin,
et la chambre de son épouse qui, souffrant d'arthrite rhumatoïde,
doit demeurer alitée au troisième étage. Il apportera
peu à peu diverses innovations à ce dispositif de télécommunication
au départ rudimentaire. Des innovations qui seront souvent «
redécouvertes » des années plus tard par Bell et la
compagnie qu'il fonda en 1875 avec deux partenaires, le père de
sa femme et un commerçant de chaussures.
Meucci a proposé plusieurs moyens fort ingénieux
d'améliorer la ligne téléphonique, souligne M. Batania.
Pour accroître la distance à laquelle on peut converser par
téléphone, il imagine en 1862 d'introduire un «
inducteur » le long du câble conducteur de l'électricité.
Se présentant sous la forme d'une bobine électromagnétique,
cet inducteur sert à produire du courant et renforce du coup la
transmission du signal. Une idée d'avant-garde qui sera brevetée
par Michael Pupin, en 1900, avant d'être adoptée par tous
les fabricants de téléphones.
Meucci réalise par ailleurs que les câbles
composés de fer ou d'acier employés à l'époque
pour les transmissions télégraphiques sont impuissants à
véhiculer le large spectre de fréquences que comprend la
voix humaine. Pour remédier à ce problème,
il opte pour le cuivre, un matériau qui est meilleur conducteur
de l'électricité. Il augmente aussi le diamètre du
câble et en améliore la conductivité de surface par
un traitement électrogalvanique, compte tenu que le courant constitué
de fréquences téléphoniques se propage principalement
en périphérie du conducteur. Autre solution avancée
pour favoriser une meilleure transmission des fréquences téléphoniques
: subdiviser le câble en plusieurs fils conducteurs de plus petite
taille.
En 1859, Antonio Meucci
conçoit un mécanisme visant à éliminer l'écho
de la voix du locuteur qui rebondit dans le récepteur de celui-ci
et gêne la conversation téléphonique.
Pour remédier à cet effet parasite
découlant du fait que les deux directions de transmission (du locuteur
au destinataire, et inversement) s'effectuaient sur la même ligne,
Meucci sépare les deux voies de transmission sur deux lignes distinctes.
« Or ce n'est que 41 ans plus tard que la compagnie Bell insère
un dispositif équivalent dans ses téléphones »,
précise Basilio Batania.
Meucci crée par ailleurs en 1854 un
dispositif destiné à prévenir la personne qu'on appelle
que quelqu'un est au bout du fil et désire lui parler. Pour ce
faire, il joint à la ligne téléphonique un système
de signalisation télégraphique.
Ainsi, lorsqu'une personne désire parler
à son correspondant, elle déclenche l'interrupteur télégraphique
qui lance alors dans la ligne téléphonique de fortes impulsions
de courant qui, une fois arrivées à destination, sont traduites
par des clics intermittents. « Grâce à ce simple "code
Morse", le correspondant s'apercevait que quelqu'un l'appelait et
pouvait alors prendre le récepteur dans ses mains et débuter
la conversation », explique M. Batania, qui accorde encore une fois
le crédit à Meucci d'avoir été le premier
à identifier ce problème et d'y avoir trouvé une
solution 24 ans avant que la compagnie Bell ne s'y intéresse (en
1878).
Compte tenu que la transmission du son demeure très
faible dans les premiers téléphones dépourvus d'amplificateur,
Meucci comprend l'importance de bien concentrer la puissance acoustique
de la voix dans le transmetteur et de porter à l'oreille le son
recueilli par le récepteur avec la plus grande efficacité
possible. Pour rencontrer ces exigences, il recommande
en 1871 l'emploi des fameuses cabines téléphoniques. «
La compagnie Bell ne constata quant à elle la nécessité
de postes téléphoniques silencieux qu'après 1877
», précise Basilio Batania, qui se garde bien d'affirmer
qu'Antonio Meucci est le seul et unique inventeur du téléphone.
Ce n'est toutefois qu'en décembre 1871 qu'Antonio
Meucci dépose une demande provisoire et payante de brevet (cavea)
pour l'ensemble de ces innovations.
En juillet 1871, alors qu'il voyageait de Manhattan à Staten Island,
Meucci faillit être tué lorsque le moteur à vapeur
du ferry Westfield explosa, le laissant gravement brûlé.
Meucci a langui dans un lit d'hôpital pendant des mois. Son état
financier et sa santé étaient si mauvais que sa femme Ester
a vendu ses modèles de teletrofono originaux à un brocanteur
pour six dollars afin de collecter des fonds pour ses dépenses.
Alors qu'il se remettait de ses blessures, Meucci a conclu un accord avec
Angelo Zilio Grandi (secrétaire du consulat italien à New
York, Angelo Antonio Tremeschin (entrepreneur) et Sereno GP Breguglia
Tremeschin (homme d'affaires), formant la société
Telettrofono. L'accord a été notarié par
Angelo Bertolino, notaire de New York le 12 décembre 1871.
Meucci a été averti de ne rien apporter sur le marché
industriel américain sans d'abord se protéger par des moyens
légaux, ce qui signifiait qu'il avait besoin d'un brevet au prix
de deux cent cinquante dollars. Comme il n'avait pas les moyens de payer
le brevet, il a réglé l'affaire en obtenant une garantie
temporaire d'un an pour vingt dollars, financée par ses nouveaux
partenaires commerciaux.
Le 12 décembre 1871, Meucci conclut un accord avec
Angelo Zilio Grandi (secrétaire du consulat italien à New
York), Angelo Antonio Tremeschin ( entrepreneur ) et Sereno GP Breguglia
Tremeschin (homme d'affaires) afin de constituer la Telettrofono Company.
La constitution fut notariée par Angelo Bertolino, un notaire de
New York. Bien que leur société lui ait versé 20
$, seuls 15 $ furent nécessaires pour déposer une demande
de brevet complète.
La mise en garde que son avocat a soumise au US Patent Office le 28 décembre
1871 était numérotée 3335 et intitulée «
Sound Telegraph ». Voici le texte de la mise en garde de Meucci,
omettant les détails juridiques de la pétition, du serment
et du jurit :
MISE EN GARDE
La pétition d'Antonio Meucci, de Clifton,
dans le comté de Richmond et l'État de New York, représente
respectueusement :
Qu'il a apporté certaines améliorations aux télégraphes
sonores, ...
Ce qui suit est une description de l'invention, suffisamment détaillée
pour les besoins de la présente mise en garde.
J'utilise l'effet conducteur bien connu des conducteurs métalliques
continus comme moyen de transmission du son, et j'augmente cet effet
en isolant électriquement à la fois le conducteur
et les interlocuteurs. Cela forme un télégraphe parlant,
sans qu'il soit nécessaire d'utiliser un tube creux.
Je prétends qu'une partie ou la totalité de l'effet
peut également être obtenue par un arrangement correspondant
avec un tube métallique. Je crois que certains métaux
donneront de meilleurs résultats que d'autres, mais je propose
d'essayer toutes sortes de métaux.
Le système sur lequel je me propose d'opérer et de
calculer consiste à isoler deux personnes, séparées
à une distance considérable l'une de l'autre, en les
plaçant sur des isolateurs de verre ; en employant du verre,
par exemple, au pied de la chaise ou du banc sur lequel chacune
est assise, et en les mettant en communication au moyen d'un fil
télégraphique.
Je crois qu'il est préférable d'avoir un fil plus
large que celui qui est ordinairement employé dans le télégraphe
électrique, mais je vais faire une expérience à
ce sujet. Chacun de ces individus porte à sa bouche un instrument
analogue à un porte-voix, dans lequel le mot peut être
facilement prononcé et le son concentré sur le fil.
Un autre instrument est également appliqué aux oreilles,
afin de recevoir la voix de l'interlocuteur.
Tous ces instruments, à savoir l'ustensile buccal et les
instruments auriculaires, communiquent avec le fil à une
courte distance des personnes. Les instruments auriculaires étant
de forme convexe, comme un verre d'horloge, enferment toute la partie
extérieure de l'oreille et rendent la tâche facile
et confortable à l'opérateur. Le but est de faire
entendre distinctement à l'oreille la parole de la personne
à l'autre bout du télégraphe.
Pour attirer l'attention, le correspondant à l'autre bout
de la ligne peut être averti par un signal télégraphique
électrique ou une série de signaux. L'appareil à
cet effet et l'habileté à le faire fonctionner sont
bien moindres que pour la télégraphie ordinaire.
Lorsque mon télégraphe
sonore est en service, les interlocuteurs doivent rester
seuls dans leurs pièces respectives et toutes les précautions
possibles doivent être prises pour que l'environnement soit
parfaitement calme. L'utilisation d'un ustensile à bouche
fermée ou d'une trompette, ainsi que le fait d'enfermer les
personnes dans une pièce seule, tendent tous deux à
empêcher toute publicité excessive de la communication.
Je pense qu'il sera facile, par ces moyens,
d'empêcher que la communication soit comprise par d'autres
personnes que les personnes compétentes.
Il peut être judicieux de travailler
avec la personne qui envoie le message isolée et avec la
personne qui le reçoit en communication électrique
libre avec la terre. Il est également possible d'inverser
ces conditions et de continuer à fonctionner avec un certain
succès.
Les conducteurs ou ustensiles pour la bouche
et les oreilles doivent être, en fait, je dois dire qu'ils
doivent être, métalliques, et être conditionnés
de manière à être de bons conducteurs d'électricité.
Je revendique comme étant mon invention,
et désire être considéré comme tel, pour
toutes les fins de la présente mise en garde,
La nouvelle invention est ici exposée dans
tous ses détails, combinaisons et sous-combinaisons.
Et plus particulièrement, je revendique
Premièrement. Un conducteur sonore
continu isolé électriquement.
Deuxièmement. Le même appareil
adapté à la télégraphie sonore ou à
la conversation entre interlocuteurs éloignés et isolés
électriquement.
Troisièmement. L'emploi d'un conducteur
sonore, qui est également un conducteur électrique,
comme moyen de communication par le son entre des points éloignés.
Quatrièmement. La même chose
en combinaison avec des dispositions visant à isoler électriquement
les parties émettrices et réceptrices.
Cinquièmement. L'embouchure ou l'instrument
parlant en combinaison avec un conducteur électriquement
isolant.
Sixièmement. Les ustensiles auriculaires
ou récipients récepteurs adaptés pour être
appliqués sur les oreilles en combinaison avec un conducteur
sonore électriquement isolant.
Septièmement. L'ensemble du système,
comprenant le conducteur électrique et sonore, isolé
et muni d'un embout buccal et d'écouteurs à chaque
extrémité, adaptés pour servir comme spécifié.
En témoignage de quoi, j'ai apposé
ma signature en présence de deux témoins signataires.
ANTONIO MEUCCI
Témoins : Marie-Claire. Fred'k
Harper.
Approuvé : Office des brevets 28 décembre
1871
|
Compte tenu des frais peu élevés de la
mise en garde, l'avocat a dicté la spécification de la mise
en garde en une demi-heure et n'a pas inclus certaines informations importantes.
Meucci a écrit une lettre à son avocat pour tenter de corriger
l'imprécision, mais l'avocat n'a pas pris ses suggestions en considération,
assurant à Meucci que la mise en garde abrégée offrirait
une protection suffisante.
La société Telettrofono n'a vécu
que peu de temps, s'effondrant après que deux des partenaires ont
quitté les États-Unis, retirant leurs actions et le troisième
est décédé l'année suivante.
En 1872, Meucci et son ami Angelo Bertolino se rendirent auprès
d'Edward B. Grant, vice-président de l'American District Telegraph
Co. de New York (et non de la Western Union comme on le dit parfois),
pour lui demander de l'aide. Meucci lui demanda la permission de tester
son appareil sur les lignes télégraphiques de la société.
Il donna à Grant une description de son prototype et une copie
de sa mise en garde. Après avoir attendu deux ans, Meucci alla
voir Grant et lui demanda de récupérer ses documents, mais
Grant lui aurait dit qu'ils avaient été perdus.
Le 28 décembre 1874, la mise en garde de
Meucci a expiré. En 1876, Alexander Graham Bell, employé
des laboratoires Western Union, obtient un brevet
sur le téléphone. Meucci a protesté à plusieurs
reprises, envoyant des lettres aux journaux, revendiquant l'invention
comme la sienne...
Une longue série de procès
C'est donc en décembre 1871 qu'Antonio Meucci
dépose une demande provisoire et payante de brevet (cavea) pour
l'ensemble de ces innovations, mais que, faute de moyens financiers suffisants
pour le prolonger, il laisse expirer en 1874. Or, deux ans plus tard,
en 1876, l'Américain d'origine écossaise Alexander Graham
Bell dépose à son tour deux brevets sur l'invention du téléphone,
qu'il aurait conçu en terre canadienne, à Brantford, en
Ontario ainsi qu'à Baddeck, en Nouvelle-Écosse.
Poussé par la Globe Telephone Company et
la National Telephone Company qui réclament l'abolition du monopole
de la compagnie Bell, le gouvernement des États-Unis intente dès
1885 un procès contre la Bell Telephone
Company et Alexander Graham Bell dans le but d'annuler les brevets accordés
à ces derniers étant donné qu'ils violaient les travaux
réalisés antérieurement par Antonio Meucci.
Mais la compagnie Bell, défendue par des
avocats rusés, tente par tous les moyens de bloquer le déroulement
de ce procès. Quatre mois plus tard, elle lance à son tour
un procès contre la Globe Telephone Company, qui avait acquis en
1883 les droits de Meucci sur le téléphone.
Elle accuse la Globe Telephone d'avoir commis une
infraction aux brevets de Bell en fabriquant des téléphones
censés être couverts par les brevets de M. Bell. En gagnant
ce procès, la compagnie Bell espère rendre caduque la poursuite
dont elle est la cible à Washington.
Mais le procès traîne en longueur au
point où, d'un commun accord, les parties décident finalement
de suspendre le procès en 1897 en raison des coûts exorbitants
que devait assumer le gouvernement, et compte tenu que les brevets de
Meucci étaient désormais arrivés à échéance.
Le procès se termine sans qu'on ait tranché sur l'identité
du véritable inventeur du téléphone.
Mais l'histoire ne retiendra que le nom de Graham Alexander
Bell, et celui d'Antonio Meucci se perdra dans le tumulte juridique dont
les traces seront néanmoins conservées dans les archives.
« Graham Bell n'a joué aucun rôle
dans cette poursuite car il avait été licencié de
la compagnie Bell Telephone dès 1879, tandis que le procès
contre Meucci fut lancé en 1885 », précise Basilio
Batania, qui se refuse à condamner celui qui a reçu tous
les honneurs associés à l'invention du téléphone.
« Il ne faut pas confondre la compagnie Bell et M. Bell, qui n'avait
vraisemblablement rien contre M. Meucci. La théorie exposée
par Bell sur la transmission de la voix par l'électricité
est très brillante. Mais je crois qu'Alexander Bell n'était
pas très versé dans les applications pratiques. »
Rendre à César...
Basilio Batania désire fouiller plus
longuement les réalisations de M. Bell avant de publier une comparaison
entre le travail effectué par cet Américain décédé
au Canada et celui accompli par Meucci, car « les deux méritent
des éloges », insiste-t-il avant d'affirmer néanmoins
qu'Antonio Meucci est à ses yeux le premier à avoir inventé
les techniques de communication téléphonique à grandes
distances. C'est-à-dire le téléphone électromagnétique
qui correspond essentiellement au récepteur de nos téléphones
actuels.
Cette pièce que l'on porte à l'oreille
et qui est constituée d'un « électro-aimant »
entouré d'un diaphragme (une membrane) jouait jadis à la
fois le rôle de récepteur et celui de transmetteur, jusqu'à
ce qu'un dénommé Thomas Edison invente le microphone à
graphite, dont la puissance était dix fois plus grande que celle
du transmetteur électromagnétique.
Pour rendre à César ce qui appartient
à César, la Chambre des représentants des États-Unis
a adopté une résolution, en juin 2002, qui reconnaît
officiellement la contribution déterminante d'Antonio Meucci dans
l'invention du téléphone. Justice a enfin été
rendue...
sommaire
En France le journal "Devoir
du 19 April 2003" racconte aussi cette histoire
 |
 |
Antonio Meucci
né le 13 avril 1808 à San Frediano, un quartier de
la commune de Florence en Toscane et mort le 18 octobre 1889 à
Staten Island, aux États-Unis, est notamment connu comme
l'inventeur du téléphone.
En 1808, un certain Antonio Meucci naît en Italie près
de Florence. Elevé dans une famille modeste mais doué
, il étudie le dessin et lingénierie mécanique
à lAcadémie des Beaux-Arts. Puis, il travaille
pour le théâtre de la ville en tant que machiniste
cest à dire quil est chargé de manoeuvrer
les décors de la scène. Il y rencontre, aussi, sa
future femme, Ester, une couturière.
En 1835, le couple est recruté par le grand théâtre-opéra
de La Havane, et part pour Cuba. Fasciné par les sciences,
Antonio Meucci lit tout ce qui sy rapporte surtout en physique
et en chimie. Ainsi, parallèlement à son travail de
technicien de théâtre, Antonio, se plaît à
imaginer des expérimentations futuristes.
Toujours curieux de découvrir un nouvel outil
pour faciliter la vie des autres, Meucci inventa une méthode
pour galvaniser le métal, quutilisa alors larmée
à Cuba, Il travailla aussi durant dix ans sur une méthode
efficace de traitement de certaines maladies par électrochocs.
Un jour alors quil se prépare à administrer
un traitement électrochoc à un ami, Meucci entend
clairement la voix de celui-ci sur le fil de cuivre qui , courant
entre deux pièces séparées, le relie à
son ami. Il comprend alors que le son propulsé par
des décharges électriques peut se propager à
travers un câble de cuivre.
Réalisant le potentiel de sa découverte, en 1849,
il imagina les bases du téléphone et développa
un prototype, dont rien n'indique cependant qu'il fonctionnait.
Il se donne, alors, dix ans pour perfectionner le principe de ce
quil appelle alors son télégraphe parlant
puis den promouvoir la commercialisation.
Il partit en 1850 à New York pour promouvoir ses inventions,
sans grand succès.
C'est au cours de ces années qu'il construisit son prototype
de téléphone, le Telettrofono.
Arrivé en Amérique, Meucci se
trouve confronté à deux principales difficultés
: des problèmes d'ordre financier et sa méconnaissance
de langlais. De plus, une série noire de plusieurs
années va sabattre sur lui et sa femme Ester. qui tombe
malade et devient à moitié paralysée.
Pour communiquer avec elle, Meucci installe un système télégraphique
parlant reliant diverses pièces de leur maison à son
laboratoire.
Cest la première installation au monde !
En 1860,quand lappareil devient pratiquement fonctionnel
,Meucci organise une démonstration pour attirer des investissements
financiers qui ne convainc malheureusement pas lauditoire.
Amer et découragé, Meucci plonge dans une pauvreté
croissante. Cependant, il continue de produire une série
de nouvelles inventions dont il vend les droits pour se sortir de
sa situation précaire. Néanmoins, il ne parvient pas
à économiser assez dargent pour prendre le brevet
final.
En 1871, il est grièvement brûlé par
lexplosion dun bateau à vapeur qui tue 125 personnes.
Il sen sort miraculeusement. Mais pendant quil est alité
à lhôpital, sa femme vend plusieurs de ses modèles
de travail dont le prototype du téléphone à
un brocanteur pour payer ses frais dhospitalisation. Lorsque
Meucci essaie de racheter ses précieux objets, on lui répond
quils ont été achetés par un «
jeune homme inconnu » dont lidentité reste jusquà
présent un mystère.
Brisé mais non vaincu, Meucci travaille, jour et nuit, pour
reconstruire son invention car il a peur que quelquun ne la
lui vole avant den avoir obtenu le brevet. Le
12 décembre 1871, il fonda la Telettrofono
Company avec trois associés.
Toutefois, il reste dans limpossibilité de recueillir
la somme requise pour un brevet définitif (250 dollars, somme
considérable à lépoque !), il recourt
au caveat ,un avis dintention de prendre un brevet
le 28 décembre 1871.
En 1874, Meucci
tenta de contacter le directeur dune compagnie de télégraphes,
la Western Union, pour lui montrer son « télégraphe
parlant ».
Le secrétaire de la compagnie différa pendant deux
ans la prise de rendez-vous, et prétendit finalement que
lon avait « perdu » le prototype.
On est alors en 1874 et le caveat posé par Meucci expire
faute de ressources pour le renouveler.
Deux ans plus tard, en 1876, Bell déposa son brevet
de téléphone. Convaincu de s'être fait voler
son invention, Meucci lui intenta un procès.
Deux procès suivront et le 19 juillet 1887, Bell en ressort
vainqueur.
Deux ans plus tard en 1889 Meucci
décède dans une grande misére.
Aujourd'hui, son nom est plus généralement associé
à celui du célèbre Garibaldi, dont il fut l'ami
à partir de 1860.
Pourtant il sera établit les faits suivants
:
En 1858-59
Dans un croquis, redessiné par un peintre, Nestore Corradi,
Meucci montre l'essentiel de son système téléphonique.
A noter, la communication bidirectionnelle avec des lignes distinctes
pour éviter l'effet dit "sidetone", le système
de signalisation à touches télégraphiques,
l'étiquette longue distance
En 1859 Il développe
une batterie sèche (neuf ans avant Leclanché), à
utiliser dans ses liaisons téléphoniques.
En 1860-61 Il confie à
son ami, Enrico Bendelari, partant pour l'Italie, de trouver les
soutiens de son téléphone, pour le présenter
d'abord en Italie.
Il publie également sur L'Eco d'Italia, un journal italien
de New York, une brève description de son invention.
En 1861 Meucci améliore
encore son téléphone électromagnétique,
en utilisant un noyau linéaire et une bobine plus grande,
placés très près du diaphragme.
Bendelari revient d'Italie (alors sous de forts bouleversements
politiques et militaires) sans réussir à susciter
l'intérêt au téléphone.
En 1862 Meucci se concentre
sur la ligne de transmission téléphonique, expérimentant
diverses structures et revêtements du conducteur, ainsi
que la mise à la terre et le chargement inductif de la
ligne.
En 1864-65 Meucci réalise
son «meilleur téléphone», en utilisant
un diaphragme en fer avec une épaisseur optimisée
et étroitement serré le long de sa jante, ce qui
est l'une des exigences d'un téléphone moderne.
L'instrument était logé dans une boîte de
savon à barbe (alors populaire), dont le couvercle, vissé
sur le dessus, maintenait fermement le diaphragme.
En 1865-67 Il explore d'autres
structures de son téléphone (avec un noyau magnétique
en forme de «fer à cheval courbé» ou
de tire-bouchon, ou toroïdal avec shunt magnétique),
sans autres améliorations
1870 (Août) Il obtient
une excellente transmission de la parole à une distance
d'un mile, en utilisant comme conducteur une tresse de cuivre
isolée de coton. Environ un mois plus tard, améliore
les performances en utilisant une charge inductive, subdivisée
le long de la ligne. Il anticipe ainsi le brevet de Pupin de 30
ans.
En 1871 Au cours de sa longue
infirmité, suite à l'explosion à bord du
ferry de Westfield (survenue le 30 juillet), sa femme, Esther,
vend tous ses modèles de téléphone à
un revendeur d'occasion, à la fois pour payer les frais
médicaux et pour faire face aux nécessités
de la vie
(12 décembre) Toujours convalescente, Meucci fonde à
New York la "Telettrofono Company",
avec trois éminents partenaires italiens. Il vise à
effectuer des tests sur le terrain, à obtenir des brevets
aux États-Unis et à l'étranger et à
mettre à la disposition du public le téléphone
de Meucci 2.
(28 décembre) Les partenaires de
Telettrofono Co. n'ayant fourni à
Meucci que 20 dollars, Meucci n'a pu déposer un caveat
qu'au Bureau américain des brevets. Compte tenu des frais
peu élevés perçus, l'avocat en brevets de
Meucci, Thomas Stetson, a fait une description concise et n'a
pas inclus de dessins. L'avertissement n ° 3335: "Sound
Telegraph", ne donne donc qu'une idée partielle de
l'invention de Meucci.
En 1872
(été) Avec son ami Angelo
Bertolino, il rend visite à M. Edward B. Grant, vice-président
de l'American District Telegraph Co. de New York, pour obtenir
la permission de tester son appareil téléphonique
sur les lignes télégraphiques de l'entreprise.
À cette fin, il fournit une description détaillée
et des prototypes de son téléphone ainsi qu'une
copie de sa mise en garde.
En 1872-73 À la demande
d'un plongeur, William Carroll, Meucci a construit un téléphone
spécial pour lui permettre, lorsqu'il travaille sous l'eau,
de communiquer avec le vaisseau mère. Un fil de cuivre
isolé torsadé alimenterait l'instrument, logé
à l'intérieur du masque du plongeur, fonctionnant
à l'intérieur du tube en caoutchouc transportant
de l'air vers le plongeur, tandis que l'homme à bord du
navire porterait deux récepteurs égaux fixés
sur ses oreilles, afin d'être capable d'utiliser ses mains
librement (voir Marine Phone de Meucci).
Le 8 juillet 1880, il dépose
une demande de brevet pour cet appareil.
En 1874
Deux ans après les visites répétées
(environ toutes les deux semaines) effectuées par Meucci
et / ou Bertolino à M. Grant, ce dernier a dit à
Meucci que tout son matériel s'était perdu et qu'il
[M. Grant] n'a pas pu poursuivre l'affaire.
En 1876 Dès qu'Alexander
Graham Bell obtient un brevet sur le téléphone,
Meucci proteste à plusieurs reprises, envoyant également
des lettres aux journaux, affirmant que le téléphone
était son invention.
En 1880
(2 juillet) Dépose une demande "Fil à usage
électrique" pour fil téléphonique à
large bande, réalisée avec une tresse de fils de
cuivre isolés. Il était similaire au Monster Speaker-Cable
de RadioShack, offrant une réponse exceptionnellement bonne
aux basses et hautes fréquences de la plage audio. |
La controverse de paternité
Jusqu'en 1989, personne n'avait jamais remis en question
la paternité de Bell sur l'invention du téléphone.
Cette année-là, Basilio Catania, ancien directeur
général de la CSELT (l'agence de recherche et de
développement des télécoms italiennes), découvre
les travaux d'Antonio Meucci, alors qu'il est ingénieur du
théâtre à Florence.
Basilio Catania théorise alors une éventuelle spoliation
de Meucci par Bell.
L'appareil construit par Meucci, le Télettrophone, aurait bel
et bien fonctionné. Il l'aurait réalisé, en 1850,
pour communiquer entre son bureau et la chambre de sa femme, paralysée
par des crises d'arthrite.
En 1860, dix ans plus tard, il
en aurait fait une démonstration à son ami Enrico Bendelari,
et l'expérience aurait été relatée par
un journal new-yorkais de langue italienne, L'Eco d'Italia.
En 1874 vint le moment de la prise de contact avec Edward B. Grant,
vice-président de la Western Union Telegraph Company, en vue
d'une démonstration. C'est à partir de ce moment-là
que, selon Catania, la spoliation aurait commencé. Grant aurait
offert à Meucci d'utiliser ses locaux et d'y entreposer son
matériel, et lui aurait demandé d'examiner les plans
de son invention. Une fois ceux-ci en sa possession, Grant aurait
systématiquement repoussé la date de la démonstration.
Au cours des deux années qui suivirent, Meucci ne put jamais
réaliser sa démonstration, et finit en 1876 par perdre
ses droits sur son invention, ne pouvant, par manque de moyens, renouveler
l'avertissement du brevet.
C'est aussi pendant ces deux années que "Bell aurait
volé l'invention de Meucci", toujours selon Basilio
Catania. Ce dernier met en effet en avant que Bell aurait
travaillé dans le laboratoire où Meucci avait entreposé
ses appareils.
En mars 1876, Graham Bell déposa le brevet du téléphone,
puis expérimenta son appareil à l'exposition internationale
de Philadelphie en 1876.
Puis vint le grand succès de Londres où il installa
un téléphone à la Chambre des communes.
Les protestations de Meucci auraient dès lors été
vaines, face à la richesse et à la puissance grandissante
de Bell.
Pour soutenir cette thèse, B. Catania
s'appuie également sur les travaux d'une commission d'enquête
dont l'attention aurait été attirée par les plaintes
de Meucci pour ententes illicites : il aurait existé une connexion
secrète entre des employés de l'office des brevets et
la compagnie de Bell. Et celle-ci s'était engagée à
rétrocéder à la Western Union 20 % des bénéfices
de l'invention, le téléphone.
La notoriété de Catania ancien Direteur Général
de la recherche et développement des Télécoms
en Italie, lui ouvre les portes des archives des laboratoires Bell.
Il consulte des milliers de document et fait une étonnante
découverte , un document de septembre 1885 qui est une traduction
en anglais du carnet de note de Meucci !!!!
Dans ce document Meucci a représenté plusieurs lignes
téléphoniques longues distance avec, à chaque
extrémité un téléphone éléctromagnetique
et sur la ligne une charge inductive. Cette technique est aujourd'hui
connue sous le nom de pupinisation qui a été breveté
en 1900 par M. Pupin
Catania trouve aussi d'autres documents attestant les travaux de Meucci
dans le domaine de la téléphonie, et un dessin du peintre
et sculpteur Nestor Corrali avec qui Meucci avait travaillé
à Florence représentant deux hommes en conversation
téléphonique.
Mais si cette controverse est ignorée de la communauté
scientifique, elle a connu un certain écho dans le grand public,
et en particulier chez la communauté italo-américaine
de New York. Cent cinquante ans après l'arrivée
de Meucci à Manhattan, cette communauté a finalement
réussi à convaincre Rudolph Giuliani, maire de New York,
de réhabiliter Meucci en faisant du 1er mai 2000, le Meucci
Day. De surcroît, comme il est indiqué dans l'introduction,
son rôle dans l'histoire du téléphone a été
officiellement reconnu en 2002 par la Chambre des représentants
des États-Unis. En France, cette thèse a également
été médiatisée en 2007 par un journaliste,
Jean-Baptiste Giraud.
sommaire
Retour à l'histoire,
L'invention :
Antonio Meucci naquit à San Frediano, près de Florence,
le 13 avril 1808. Il étudia dessin et ingénierie mécanique
à l'Académie des Beaux Arts de Florence et ensuite
il travailla pour le théâtre La Pergola et en différents
autres comme chorégraphe et technicien de scène jusqu'à
1835, quand il accepta le poste de chorégraphe et technicien
de scène au Théâtre Tacon de la Havane, Cuba.
À la Havane, la maison d'Ester et Antonio Meucci fait partie
du théâtre. Antonio s'occupe entre les laboratoires
et les entrepôts de la scène. Il a un grand talent
pour la physique et la chimie et chaque jour il imagine des expérimentations
futuristes. Évidemment, il ne manque pas de qualifier ses
découvertes de "surprenantes diableries techniques de
la scène". Ester s'occupe de l'atelier de couture du
théâtre, vu que son salaire et celui de son mari servent
à peine à financer les expérimentations d'Antonio.
Ils restèrent à Cuba pendant 15 ans.
Fasciné comme il l'était par la recherche scientifique
de tout genre, Meucci lisait chaque traité qu'il pouvait
se procurer et dédiait tout son temps libre à la recherche,
inventant des nouvelles méthodes de galvanisation des métaux
et les mettant en application pour parfaire les équipements
militaires du gouvernement cubain; en même temps, il continuait
son travail pour le théâtre et poursuivait ses expérimentations
sans arrêt.
Une de celles-ci devait provoquer une série d'événements
fatidiques. Meucci avait développé une méthode
pour soigner la maladie par des secousses électriques (électrochoc)
qui était devenue très populaire à la Havane.
En 1845, Meucci a créé une petite entreprise de galvanoplastie
de traitement d'objets métalliques, principalement commandées
par l'armée coloniale espagnole. Un jour, pendant qu'il se
préparait à administrer un traitement d'électrochoc
à un ami, Meucci entendit clairement la voix de celui-ci
sur le fil de cuivre qui, courant entre deux pièces séparées,
le reliait à son ami. L'inventeur se rendit compte tout de
suite qu'il tenait entre ses mains une invention beaucoup plus importante
de toutes les découvertes qu'il avait fait auparavant, et
il dédia les dix années suivantes à appliquer
ce principe dans la pratique. Pendant dix ans, il perfectionna l'appareil
original et chercha d'en promouvoir la commercialisation.
Cette initiative lui a valu une petite fortune et la notoriété
à La Havane.
Alors Meucci continu ses expériences et ses recherches
sur l'électrothérapie, il effectue des traitements
à base d'éléctricité sur ses patients.
En 1849, lors d'un traitement
électrothérapique, le patient tient dans sa
main une plaque de cuivre reliée aux fils, puis Meucci est
allé dans une autre pièce ou il y avait l'instrument
de régulation, c'est la que le patient introduit dans sa
bouche la plaque de cuivre et se mis à hurler de douleur.
Meucci dans l'autre pièce, a remarqué que le son de
la voix du patient lui était parvenue plus clairement. Alors
il mis son oreille sur l'instrument qui gérait l'intensité
du courant et a constaté qu'il pouvait entendre la voix du
patient à travers elle.
Meucci a été très impressionné
par ce phénomène et a voulu répéter l'expérience.
Pour éviter une nouvelle "décharche élécctrique",
la plaque de cuivre fut isolée avec cône de carton, dans
laquelle le patient pouvait parler librement.. Meucci dans l'autre pièce
a constaté que la voix du patient lui était transmise
à travers les fils de son installation.
 |
La figure ci contre, montre la disposition de
sa deuxième expérience .
Cette figure est similaire à l'autre, mais tournée
de 90 ° , il est désormais plus évident que
le patient ne soit pas traversé par le courant en disposant
un cône de carton sur l'appareil ,
Dans une autre pièce Meucci dipose d'un appareil identique
qu'il mis à son oreille.
Il put entendre la voix de son patient et l'a prié de répéter
plusieurs fois, pour le convaincre que la parole lui est bien
parvenue par les fils éléctriques.
 |
S'étant fixé cet objectif, il laissa Cuba
en 1850 pour aller s'établir à Clifton, dans
une partie du Staten Island, à quelques kilomètres de
la ville de New York. Arrivé là, Meucci s'aperçut
qu'en plus de ses soucis d'ordre purement financier, il ne pouvait
communiquer adéquatement en anglais puisque, durant son séjour
à Cuba, il avait compté sur la ressemblance entre l'italien
et l'espagnol pour se faire comprendre et que, fut-ce par paresse
ou par manque de temps, il n'avait jamais appris l'anglais. En outre,
à Staten Island, il se trouva entouré par des réfugiés
politiques italiens; lorsque Giuseppe Garibaldi fut exilé de
l'Italie, il séjourna chez Meucci. L'homme de sciences essaya
d'aider ses amis italiens en inventant un grand nombre de projets
industriels, en utilisant des vielles ou des nouvelles méthodes
de fabrication pour des produits aussi divers que la bière,
les chandelles, les pianos et le papier. Mais en ce qui concerne la
bureaucratie, il n'en connaissait rien, et ne put tirer profit même
pas de ces initiatives qui remportèrent un certain succès
à cause de fonctionnaires incapables ou sans scrupules, ou
bien ces argents furent dépensés par les réfugiés
eux-mêmes, qui passaient plus de temps à discuter de
politique qu'à travailler.
Entre temps, Meucci continua à
dédier ses journées à perfectionner le
téléphone.
En 1854, lorsque sa femme resta à moitié
paralysée, Meucci installa un système téléphonique
qui reliait diverses pièces de chez-lui à son
laboratoire dans un édifice adjacent, la première
installation au monde!
Meucci vers 1856 met au point la toute première installation
qui fonctionne, qui reliait son laboratoire à
la chambre de son épouse
|

1852
|
|
sommaire
Autre fait étonnant en France :
Bourseul
Télégraphiste Français Intéressé
par les problèmes d'acoustique,
rédigea en 1854 un article dans la presse "l'illustration"
où il pressentait le futur téléphone tout
en ignorant qu'à l'autre bout du monde Meucci avait déjà
mis au point le premier téléphone fonctionnant avec
l'électricité.
Meucci optient
des résultats satisfaisants vers
1857 , quand il a construit un instrument électromagnétique
( Fig A reproduit à partir du " The Chicago Tribune
» du 9 Novembre 1885) , dans lequel il a utilisé
une barre en acier trempé "M" , magnétisée
en permanence , et un bobinage de fil, qu'il a acheté
chez Charles Chester , un fabricant d'instruments télégraphiques
Centre St., New York. Le diaphragme de cet instrument a été
faite d'une feuille de fer ou d'une membrane animale étirée
portant un petit disque de fer collée au centre . L'intervalle
d'air entre le diaphragme et le pôle inférieur
de l'aimant peut être réglé au moyen d'une
vis

En 1860, quand l'appareil
était devenu pratiquement fonctionnel, Meucci organisa
une démonstration pour attirer des investissements
financiers. Pendant la séance, les spectateurs entendaient
la voix d'un chanteur qui se trouvait à une distance
considérable. Une description de l'appareil fut publiée
bientôt dans un des journaux italiens de New York et
le rapport avec un prototype de l'invention fut porté
en Italie par un certain Monsieur Bendelari, afin de commencer
la production la-bàs. Mais ce voyage n'apporta aucun
résultat, pas plus que les promesses de soutien financier
qui auraient dû se réaliser tout de suite après
la démonstration.
En 1861,
il publia un article présentant ses inventions dans
L'Eco d'Italia , un journal de New-York en langue italienne;
En 1864 il concoit un nouveau modèle :
Ne trouvez vous pas que c'est exactement ce que BELL a
reproduit 12 ans plus tard ?
Pendant les années qui suivirent, de 1856 à
1870, l'Italien conçut une trentaine
d'appareils, tentant de perfectionner son invention.
Toutefois, Meucci fit faillite dès la fin des années
1850, et sombra dans la pauvreté.
En 1870, parvenant
à transmettre la parole à un kilomètre
de distance, il baptisa son appareil le téléttrophone.

Un exemplaire (copie) du téléttrophone.
|
 
Ce modèle est une copie du modèle construit
en 1932 par la direction de Guglielmo Marconi alors président
du Conseil national de recherches de l'Italie.

Modèle 1864
|
En décembre 1871, Meucci fonda la Telettrofono
Company, déposant un avertissement de brevet (il
s'agissait d'un système renouvelable moins onéreux
que le dépôt d'un brevet) pour un « télégraphe
parlant », auprès de l'Office des brevet des Etats-Unis.
La société Telettrofono "Société
Téléphonique" fut la première société
de l'histoire à être créée dans le but
d'exploiter le téléphone inventé par Antonio
Meucci.
Elle fut créée par un accord
stipulé entre : Antonio Meucci, l'inventeur,
Angelo Zilio Grandi, Secrétaire du Consulat d'Italie
à New York,
Angelo Antonio Tremeschin, entrepreneur dans le domaine des
constructions civiles, Sereno GP Breguglia, propriétaire
du stand à cigares du Hoffman Cafe à New Street,
New York, où se réunissaient de nombreux hommes
d'affaires de la Bourse de New York voisine .
L'accord a été élaboré
et notarié par Angelo Bertolino, notaire public de
New York et ami d'Antonio Meucci, le 12 décembre 1871,
quelques semaines avant le dépôt de la mise en
garde de Meucci « Sound Telegraph ».
Bien que l'entreprise ait vécu
peu de temps - deux des associés, Grandi et Tremeschin,
ayant quitté les États-Unis et le troisième,
Breguglia, étant décédé au cours
de l'été de l'année suivante (1872) -
le contenu de l'accord rapporté ci-dessous est éclairant
quant à la vision clairvoyante de Meucci sur le téléphone.
Accord Meucci, Tremeschin, Grandi et Breguglia, 12 décembre
1871
[Administration nationale des archives et des dossiers, College
Park, MD - RG60, dossier 6921-1885, boîte 10, dossier
1]
ARTICLE D'ACCORD
Fait ce douzième jour de décembre,
en l'an mil huit cent soixante et onze (1871), entre Antonio
Meucci, de Clifton, New York, Angelo Antonio Tremeschin, de
Vicence, Italie, Angelo Zilio Grandi, de New York, NY, et
Sereno GP Breguglia, de Brooklyn, NY, comme suit ;
- Les parties susnommées ont
convenu et conviennent par les présentes de devenir
coassociés ensemble sous la société Telettrofono
Company (Télégraphe parlant), dans l'affaire
de faire et d'essayer toutes les expériences nécessaires
à la réalisation du Telettrofono, c'est-à-dire
de la transmission de la parole (voix humaine), à ??travers
des fils électriques, inventés par le susdit
Antonio Meucci.
- Ledit Antonio Meucci, venant de déposer,
au Bureau des brevets des États-Unis d'Amérique,
le caveat pour la demande, afin d'obtenir des lettres patentes
du gouvernement américain de ladite invention, lui,
ledit A. Meucci, s'engage par la présente, lorsque
ces lettres patentes lui seront accordées, à
les laisser comme partie intégrante de cette co-société,
laquelle co-société doit commencer à
cette date et se poursuivre pendant toute la durée
desdites lettres patentes ; lui, ledit Antonio Meucci, par
les présentes, en considération de la somme
d'un dollar en argent légal, payée à
lui en main propre, dont la réception est par la présente
reconnue, renonçant à tous ses droits de vendre,
de céder ou de disposer autrement de ces lettres patentes,
si elles lui sont accordées.
- Et à cette fin et à
cet effet, lesdites parties conviennent par les présentes
que lesdits co-associés, A.A. Tremeschin, A. Zilio
Grandi et SGP Breguglia, seront pleinement habilités,
et ils promettent et s'engagent à faire de leur mieux
pour obtenir un brevet pour la même invention dans tout
État d'Europe ou autre partie du monde, pour former
des co-sociétés, pour créer des sociétés,
pour vendre ou céder, en partie, les droits de cette
invention, et pour faire tout ce qui peut résulter
au bénéfice et au bon succès de cette
entreprise ; et il est convenu, également, que lesdites
parties, Tremeschin, Zilio Grandi et Breguglia, supporteront,
à leurs frais, à parts égales, à
raison d'un tiers chacune, toutes les dépenses de toute
nature et de toute nature, pour toute expérience qui
sera jugée utile et nécessaire au but susmentionné.
- Et il est convenu, également, que ledit Antonio Meucci
sera exempté de toute charge pour de telles dépenses
en considération de son invention.
- Et il est en outre mutuellement convenu
que tous les gains et bénéfices nets qui proviendront
de ladite entreprise seront divisés entre lesdites
parties; pour trois sixièmes à Antonio Meucci,
un sixième à Antonio Tremeschin, un sixième
à A. Zilio Grandi et un sixième à SGP
Breguglia.
- Il est également convenu que
si l'un des associés susmentionnés souhaite
à un moment quelconque se retirer de cette société,
il ne pourra être autorisé à vendre sa
part qu'à une partie supplémentaire responsable
et agréable, si aucun autre associé ou associés
de cette société ne préfère l'acheter.
En foi de quoi, les parties susmentionnées
ont apposé leurs signatures et leurs sceaux dans la
ville de New York le jour et l'année susmentionnés.
(Signé) ANTONIO MEUCCI. [JOINT]
" AOÛT ANTONIO TREMESCHIN.
[SCEAU]
" A. ZILIO GRANDI [SCEAU]
" SERENO GP BREGUGLIA. [SCEAU]
En présence de
ENRICO VRAI.
VILLE DE NEW YORK,
ÉTAT DE NEW YORK.
LES ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE.
Le douzième jour de décembre
mil huit cent soixante et onze, devant moi, notaire public
de ladite ville et dudit comté, se sont présentés
personnellement à moi, Antonio Meucci, Angelo Antonio
Tremeschin, Angelo Zilio Grandi et Sereno GP Breguglia, connus
personnellement pour être les personnes décrites
dans et qui ont exécuté l'article d'accord précédent,
et ils ont reconnu individuellement qu'ils ont exécuté
et signé celui-ci dans le but qui y est mentionné,
et m'ont demandé de le conserver dans mes archives.
En foi de quoi, j'ai apposé ma signature
et mon sceau sur les présentes, le jour et l'année
indiqués ci-dessus.
(Signé) ANGELO BERTOLINO, [NOTAR.
SCEAU OFFICIEL] Notaire public, comté de New York
Remis sous ma signature et mon sceau
dans la ville de New York, ce 14 décembre 1871.
ANGELO BERTOLINO. (SCEAU) Notaire public, comté de
NY.
|
En 1872, Meucci se rapprocha d'Edward Grant,
vice-président de l'American District
Company of New-York, lui demandant d'utiliser ses lignes
de télégraphes afin de tester le téléttrophone.
L'Italien donna aussi à Grant une description de son prototype
ainsi qu'une copie de son avertissement de brevet.
Mais deux années plus tard, comme l'entreprise n'avait pas
donné suite, Meucci réclama qu'on lui rende ses documents
; toutefois, Grant affirma que ces derniers avaient été
perdus.
sommaire
Tout de suite après avoir reçu le certificat du caveat,
Meucci chercha de nouveau de démontrer l'énorme potentiel
de l'appareil, et en amena un modèle avec les spécifications
techniques au vice-président d'une des compagnies affiliées
à la compagnie nouvellement établie, la American District
Telegraph, en leur demandant la permission de faire une démonstration
de son Télégraphe Parlant sur les fils de leur réseau.
Toutefois, chaque fois que Meucci contacta ce vice-président,
un certain Edward B. Grant, on lui répondit qu'il n'y avait
pas eu de temps pour organiser l'expérimentation. Après
deux années d'attente, Meucci demanda que son appareil avec
les spécifications techniques lui fut retourné, mais
on lui répondit qu'ils avaient été «
perdus ». On était alors en 1874.
En 1876, Alexander Graham Bell pris le brevet, qui ne décrit
pas réellement le téléphone, mais se réfère
à celui-ci comme tel. Quand Meucci le sut, il donna des instructions
à son avocat de protester auprès du Bureau des Brevets
des États-Unis à Washington (U.S. Patent Office),
seulement pour apprendre que tous les documents qui se rapportaient
au « Télégraphe Parlant » déposés
dans le caveat de Meucci avaient été « perdus
». Des enquêtes ultérieures prouvèrent
qu'il existait des liens illégaux entre certains employés
du Bureau des Brevets et les hauts fonctionnaires de la compagnie
Bell. Et plus tard, dans le cours du litige entre Bell et la Western
Union, il fut révélé que Bell accepta de payer
à la Western Union 20% des profits de la commercialisation
de son "invention" pour une période de 17 ans.
Des millions de dollars étaient en jeu, mais le prix pouvait
être moins cher que révéler des faits qu'il
était mieux de laisser cachés, selon le point de vue
de Bell.
Et en 1880 dans le
journal de "l'écho de l'Italie", Antonio Meucci
fut proclamé le véritable inventeur du téléphone
, et non pas Alexander Graham Bell.

1885
Vu dans la presse le « Chicago Tribune
» du 9 Novembre 1885
Ce document est d'une importance capitale car elle éclaire
la position des différentes parties impliquées
dans l'enquête du gouvernement américain ( commencée
le 9 Novembre terminée le 14 Novembre 1885), dont le
but était de poursuivre , au nom des États-Unis
, la Bell Telephone Company américaine et Alexander Graham
Bell , en vue d'annuler le brevet Bell. Le travail et les revendications
de Meucci sont largement traités dans le document "
..
Ce document a également été
présenté , par la direction de Guglielmo Marconi
, à l'Exposition « Un siècle de progrès
» de Chicago , Mars 1933.
|
|
sommaire
Dans le procès de 1886, malgré
le fait que les avocats de Bell cherchaient de faire écarter
la cause de Meucci contre leur client, Meucci fut capable d'expliquer
chaque détail de son invention de manière si claire
qu'il ne laissa planer aucun doute sur sa véracité,
malgré le fait qu'il ne gagna pas la cause contre les forces
supérieures, et infiniment plus riches, mises sur le tapis
par Bell. Malgré un communiqué public émis par
le Secrétaire d'État d'alors affirmant que «Il
existe des preuves suffisantes pour donner la priorité à
Meucci dans l'invention du téléphone" et nonobstant
le fait que les États Unis intentèrent un procès
pour fraude contre le brevet de Bell, le jugement fut renvoyé
d'année en année jusqu'à ce que, en 1896, sept
ans après la mort de Meucci, le procès fut abandonné.
Pourtant depuis 1887 la presse n'a pas manqué
de renouveller cet état de fait, que Meucci a bien été
le premier à faire fonctionner son télépone.
En exemple : 1924 "THE TELEGRAPH AND TELEPHONE JOURNAL"
Octobre 1924 MEUCCI ET LE TÉLÉPHONE.
NOUS avons reçu d'un correspondant ce qui suit :
Dans le numéro d'août du TELEGRAPH AND TELEPHONE
JOURNAL, page 190, il y a un article sur « Qui a inventé
le téléphone ? » et une référence
est donnée à l'histoire italienne, attribuant
ce droit à Antonio Meucci. Je suppose que les déclarations
faites proviennent d'une source italienne, et je pense que vous
souhaiterez peut-être avoir quelques détails sur
l'affaire, telle que décidée par les tribunaux
américains.
La décision de justice pertinente a été
rendue par la Circuit Court du District sud des États-Unis
de New York, dans le cadre d'une poursuite intentée par
l'American Bell Telephone Co. contre la Globe Telephone Co.
L'affaire a été jugée par le juge Wallace
et l'avis du tribunal a été déposé
le 21 juillet 1887. Le jugement est assez longue, mais les citations
suivantes de l'arrêt, je pense, font ressortir les points
essentiels :
Page 2. . . . " La réponse de l'accusé Beck
consiste en un refus général des affirmations
du projet de loi et établit la priorité de l'invention
de Meucci. . .
Page 6. ... "Mais les preuves n'ont pas démontré
qu'il (Meucci) avait atteint un résultat pratique au-delà
de celui de transmettre la parole mécaniquement au moyen
d'un téléphone filaire. Il a sans aucun doute
utilisé un conducteur métallique comme moyen de
transmission du son, et supposait qu'en électrifiant
l'appareil ou l'opérateur, il pouvait obtenir un meilleur
résultat. . . .
Page 7. . . . " Meucci déclare qu'il utilise "
les effets conducteurs bien connus des conducteurs métalliques
continus comme moyen pour le son et augmente l'effet en isolant
électriquement à la fois le conducteur et les
parties qui communiquent. Tel qu'exprimé à l'origine
par M. Stetson (un expert en brevets et avocat consulté
par Meucci, il contenait cette déclaration : «
Le système sur lequel je propose d'opérer consiste
à isoler deux personnes, séparées l'une
de l'autre par des distances considérables, en les plaçant
sur une vitre. isolants, employant du verre par exemple aux
pieds de la chaise ou du banc sur lesquels chacun est assis,
et les mettant en communication au moyen d'un fil télégraphique.
Telle que modifiée conformément aux instructions
de Meucci, cette déclaration était nuancée
comme suit :
"Il peut s'avérer pratique de travailler avec la
personne qui envoie le message isolée et avec la personne
qui le reçoit en communication électrique libre
avec le sol ; ou ces conditions peuvent éventuellement
être inversées et continuer à fonctionner
avec un certain succès." . .
Page 8. . . . " Il est vain de prétendre qu'un inventeur
ayant de telles conceptions aurait pu être à cette
époque l'inventeur du téléphone Bell. La
demande décrit cependant un téléphone mécanique
constitué d'un embout et d'une oreillette reliés
par un fil. Une lettre écrite par M. Stetson, daté
du 13 janvier 1872, est en preuve et est important car il confirme
la conclusion selon laquelle au-delà de cela, l'invention
n'était qu'inchoative.
Cette lettre a été écrite à Meucci
alors que ce dernier était en communication avec M. Stetson
au sujet de l'obtention d'un brevet pour l'invention. Dans cette
lettre, M. Stetson informait en substance Meucci que son invention
n'était pas en état d'être brevetée,
lui disant qu'il s'agissait d'une « idée prometteuse
d'utilité » et faisant l'objet d'une mise en garde,
mais nécessitant de nombreuses expériences pour
prouver la réalité. de l'invention.
Sans parler d'autres éléments de preuve tendant
à indiquer que Meucci n'était qu'un expérimentateur
qui n'avait rien produit de nouveau dans l'art de transmettre
la parole par électricité. Il suffit de dire que
ses prétentions sont renversées par sa propre
description de l'invention à une époque où
il la jugeait en état de breveter. et par le témoignage
de M. Stetson." . . .
MEUCCI ET LE TELEPHONE
À L'ÉDITEUR DE "THE TELEGRAPH AND TELEPHONE
JOURNAL"
MONSIEUR,Sans remettre en question la décision
des tribunaux américains (juillet 1887), qui disposaient
probablement des preuves les plus complètes disponibles.
Je ne suis pas sûr que les extraits que donne votre correspondant
soient très convaincants, car bien qu'ils soient utilisés
pour indiquer que Meucci n'a réussi qu'avec une certaine
forme de téléphone mécanique, ils contiennent
des références à certaines conditions électriques
dont l'utilisation n'est pas apparente par rapport à
à la propagation de simples transmissions mécaniques.
Je me souviens avoir lu un article très intéressant
au début des années 1880, qui, si je me souviens
bien, parut dans The Electrical -Review, dans lequel
l'appareil de Meucci était entièrement décrit
et illustré, et les raisons pour lesquelles il n'avait
pas réussi à le faire étaient données.
démontrant une publication et une protection adéquates
pour linvention alléguée. J'ai été
tellement impressionné par l'article à l'époque
que je me suis senti contraint de faire les observations suivantes
au cours d'une conférence (dont la copie est sous mes
yeux) que j'ai prononcée devant le South Stafford Institut
des directeurs des usines sidérurgiques du comté,
le 10 octobre 1885 :
« LE DÉVELOPPEMENT DE LA TÉLÉPHONIE.
Le premier dont nous entendons parler serait Antonio Meucci,
un Italien, qui a affirmé avoir fait la découverte
pour la première fois alors qu'il vivait à Havaima.
dans l'île antillaise de Cuba, en 1849, mais que, comme
ses moyens n'étaient pas tels qu'il lui permettrait de
l'élaborer à fond ou de payer les frais nécessaires
en relation avec le brevetage de celui-ci, il fut interdit de
se protéger. Son appareil en 1857 consistait en un électro-aimant
fixé dans un boîtier approprié, ayant ajusté
devant lui une membrane ou un diaphragme constitué d'une
substance capable d'induction magnétique. Pratiquement
une armature, et en réalité un mince disque circulaire,
fixé sur son bord ou sa périphérie. Cet
instrument était relié à un instrument
similaire éloignée par deux petits fils, dont
un fil joignait les extrémités des bobines magnétiques,
d'une extrémité de l'instrument à une l'autre
extrémité, et ayant été inséré
entre les deux autres. extrémités et la deuxième
ligne à une batterie galvanique.
Je suis désolé de ne pas avoir de copie de l'article
de ma part, mais je m'en souviens bien et les remarques citées
ci-dessus étaient basées sur cet article et représentaient
les principaux faits exposés. Si ces faits pouvaient
être corroborés, il serait clair non seulement
que l'invention de Meucci était un téléphone
électrique, mais aussi que le téléphone
de Bell n'est apparu qu'au moins 19 ans plus tard. Mais il m'a
toujours paru curieux que Meueci, s'il a réellement inventé
l'appareil décrit, n'ait pas réussi à le
faire connaître plus complètement.
Tel qu'il a été décrit, il possédait
les éléments précis du téléphone
de Bell et devait donc avoir fonctionné, et dans ces
circonstances, il est difficile de concevoir qu'il ne puisse
obtenir une certaine aide financière.
Quoi qu'il en soit, il n'en demeure pas moins qu'Alexander Graham
Bell a réussi dans tous les domaines là où
d'autres ont échoué. Bien à vous,
Arden Bank, Manor Way, ARTHUR E. COTTERELL.
Beckenham, 8 octobre 1924. |
sommaire
Notes de B. Catania
, Basilio Catania, ancien directeur général de la
CSELT
J'imagine qu'aucun de vous peut se poser la question : « comment
est-il possible que cette reconnaissance des mérites de Meucci
s'avère beaucoup plus qu'un siècle après les
événements qui établirent la priorité
d'Alexander Graham Bell en ce qui concerne l'invention du téléphone
et après la sentence condamnatoire de Meucci en 1887 ? »
Je pourrais vous répondre avec les mots d'un
grand historien italo-américain, Giovanni Schiavo , qui définit
la sentence condamnatoire de Meucci comme « indiscutablement
une des plus éclatantes erreurs judiciaires dans les annales
de la justice américaine" et comme "une des plus
déshonnêtes sentences dans les annales d'Amérique
et non seulement déshonnête, mais outrageusement offensive.
» Mais je suis sûre que ça ne vous convaincrait
pas. Naturellement M. Schiavo était correct et il supporta
ses affirmations avec plusieurs argumentations légales. Mais,
en effets, en ce qui concerne l'aspect technique, tout le monde pouvait
bien penser que toute déclaration de M. Meucci faite en 1885,
au procès qui le vit perdre, pourrait bien être influencée
de la publication des deux brevets de M. Bell en 1876 et 1877.
Cependant, ce que M. Schiavo négligea fut le
procès intenté par le Gouvernement des États-Unis
contre M. Bell et la Compagnie Bell, qui avait précédé
le procès contre Meucci de plusieurs mois et dans lequel le
Gouvernement des États-Unis soutenait que M. Bell avait été
précédé dans l'invention du téléphone
par M. Meucci et par l'allemand M. Philippe Reis. En outre, le Gouvernement
accusa la Compagnie Bell de jouer déloyalement en tentant d'obtenir,
comme elle obtint, une sentence favorable a New York, tandis que les
jeux plus importants se jouaient à Washington . Malheureusement,
les avocats du Bell réussirent à traîner le procès
pour une douzaine d'années jusqu'à novembre de 1897,
quand, à cause des dépenses énormes supportées
des deux parties, il fut décidé consentement de l'arrêter,
sans vainqueurs ni vaincus.
La Compagnie Bell s'engagea de ne tirer profit de l'inaction du gouvernement
américain et pourtant de ne pas soutenir que Bell était
l'inventeur du téléphone, mais l'histoire n'a pas tenue
en compte ces promesses . . . .
Permettez mois de vous montrer ce qu'un haut officier
du Gouvernement américain avait déclaré en relation
à M. Meucci :
. . . . Il y a des épreuves que, dès
1849, Antonio Meucci initia des expériences avec l'électricité,
en relation à l'invention d'un téléphone parlant.
. . . Jusqu'à 1871, . . . bien que très pauvre pour
la majeure partie du temps, il construit plusieurs instruments de
types divers, avec lesquels il conversa, dans sa maison, avec sa femme
et beaucoup d'autres. . . . Son témoignage est appuyé
de sa femme et des affirmations sous serment d'un très grand
nombre de témoins [52].
Il y a d'autres déclarations semblables au
moyen d'autres officiers du gouvernement américain qui montrent
très clairement que le gouvernement était en faveur
de Meucci . Pourtant, la Compagnie Globe Telephone, qui avait acquis
les droits de Meucci sur le téléphone, pensa qu'il était
mieux de supporter l'action du gouvernement à Washington, plutôt
que contraster l'action de la Compagnie Bell à New York . Juste
pour vous donner une idée de l'engagement de la Compagnie Globe
dans les deux procès, il suffit vous dire qu'elle déposa
seulement deux affirmations sous serment (ou affidavit) au procès
de New York, tandis qu'à Washington, elle en déposa
bien 52. J'ajoute aussi bien que la qualité de ces derniers
affidavits était d'une très grande importance et qu'ils
jouèrent un rôle fondamental dans l'attitude du gouvernement
américain à faveur de M. Meucci .
Entre les 52 affidavits j'en ai choisi un qui a été
pour moi très éclaircissant : il s'agit de l'affidavit
de M. Michel Lemmi, un avocat de New York et bon ami de M. Meucci,
qui fit la traduction en langue anglaise du cahier de laboratoire
de Meucci, se bornant aux parties concernant le téléphone,
mais en reportant dans son affidavit les dessins avec lesquels Meucci
avait illustré ses expériences téléphoniques.
Le schéma de Meucci de 1870 illustrant la charge inductive
des lignes téléphoniques longue distance
Voici ci-dessus, un de ces dessins , daté 27
septembre 1870. On peut y voir quatre dispositions de ligne à
longue distance, avec des téléphones électromagnétiques
aux deux bouts de la ligne. Les téléphones sont schématisés
avec leurs éléments essentiels, c'est-à-dire
: un électro-aimant avec noyau cylindrique ou bien a fer à
cheval, un diaphragme, une chambre de vocalisation, une boîte.
Les deux bouts de la bobine sont connectés l'un à la
terre, l'autre à la ligne : rien d'extraordinaire, jusqu'ici,
spécialement pour le schéma N. 1. La nouveauté
de ce dessin se révèle dans les schémas N. 2,
3 et 4, car on y voit des inducteurs insérés au milieu
de la ligne longue distance ou bien, selon le schéma N. 4,
entre la terre et l'appareil transmetteur ou récepteur.
Et bien, cette technique est bien connue aux ingénieurs
de télécommunication et est appelée, en Italie
« pupinisation », par ce qu'elle fut brevetée par
M. Pupin en 1900 et ensuite appliquée dans tout le monde, car
elle permettait d'améliorer la qualité du signal téléphonique,
à parité de distance, ou bien d'augmenter la distance,
a parité de qualité du signal téléphonique.
La chose étonnante de ce document est que M. Meucci avait découvert
cette technique trente ans auparavant. Aussi bien en cas on ne voudrait
pas croire à la date apposée par Meucci sur son cahier
de laboratoire, on doit croire à la date apposée sur
l'acte notarié de dit cahier, c'est-à-dire le 28 septembre
1885, laquelle est, en tout cas, antérieure de quinze ans à
la date des brevets de M. Pupin .
Il s'agit, donc, d'un document indiscutable et qui révèle
la créativité exceptionnelle de Meucci et, dans le même
temps, contredit l'affirmation des avocats de la Compagnie Bell selon
laquelle le cahier de laboratoire de Meucci était une tromperie.
Il montre aussi que la sentence contre Meucci, où le juge Wallace
l'accusa d'avoir expérimenté avec des téléphones
mécaniques&emdash; comme ces-là des jouets des enfants
&emdash;était injuste, car un inducteur inséré
à moitié d'un fil quelconque qui joigne deux boîtes
aurait empêché, pas amélioré, la transmission
de la parole. Donc, M. Schiavo était correct : la sentence
de M. Wallace était terriblement injuste. À partielle
excuse de M. Wallace et des avocats de la Compagnie Bell, on pourrait
dire que, en 1887, quand dite sentence fut émise, on ne connaissait
pas du tout la technique de la charge inductive, donc, aucun d'eux
ne pouvait apprécier la découverte de Meucci .
La découverte de l'affidavit de M. Lemmi provoqua
un changement de direction de ma recherche. En effet, je commençais
à penser qu'il pourrait exister, dans le cahier de laboratoire
de Meucci ou dans autres documents, des notes sur autres techniques
téléphoniques avancées dont la Compagnie Bell
n'était pas encore au courant au moment du procès à
New York . Il fut ainsi que je découvris quatre ultérieures
importantes techniques :
--- Plusieurs structures de ligne pour améliorer la qualité
téléphonique aux hautes fréquences,
--- Une disposition de circuit, dite « anti-locale »,
pour éliminer l'écho du parleur local,
--- La signalisation pour avertir l'appelé qu'on désire
lui parler ;
--- Les moyens pour assurer le silence du milieu autour des parleurs.
Le détaille concernant ces dernières techniques est
exposé dans mon
papier sur ETT, la revue technique Européenne sur les Télécommunications,
que les organisateurs de cette rencontre seraient heureux de vous
donner.
B.
Catania
Vous pouvez lire aussi l'article
"ANTONIO MEUCCI,
THE SPEAKING TELEGRAPH AND THE FIRST TELEPHONE" de Angelo
J.Campanella
sommaire
|
SCIENTIFIC
AMERICAN SUPPLEMENT NO. 520 NEW YORK, DECEMBER 19, 1885
Scientific American Supplement. Vol. XX, No. 520.
Scientific American established 1845
MEUCCI'S CLAIMS TO THE TELEPHONE.
Our readers have already been informed through these columns that,
notwithstanding the refusal of the Attorney-General, Mr. Garland,
to institute suit for the nullification of the Bell patent, application
has again been made by the Globe Telephone Co., of this city, the
Washington Telephone Co., of Baltimore, and the Panelectric Co. These
applications have been referred to the Interior Department and Patent
Office for examination, and upon their report the institution of the
suit depends. The evidence which the companies above mentioned have
presented includes not only the statement of Prof. Gray and the circumstances
connected with his caveat, but brings out fully, for the first time,
the claims of Antonio Meucci.
MEUCCI'S CAVEAT, 1871.
The latter evidence is intended to show that Meucci invented the speaking
telephone not only before Bell, but that he antedated Reis by several
years. In a recent interview with Meucci we obtained a brief history
of his life and of his invention, which will, no doubt, interest our
readers. Meucci, a native of Italy, was educated in the schools of
Florence, devoting his time as a student to mechanical engineering.
In 1844 he gave considerable attention to the subject of electricity,
and had a contract with the government of the island of Cuba to galvanize
materials used in the army. While experimenting with electricity he
read the works of Becquerel, Mesmer, and others who treated largely
of the virtues of electricity in the cure of disease. Meucci made
experiments in this direction, and at one time thought that he heard
the sound of a sick person's voice more distinctly than usual, when
he had the spatula connected with the wire and battery in his mouth.

FIGS. 1 AND 2.-1849.
The apparatus he used for this purpose is shown in Fig. 1. It consists
of an oval disk or spatula of copper attached to a wire which was
coiled and supported in an insulating handle of cork. To ascertain
that he was able to hear the sound, he covered the device with a funnel
of pasteboard, shown in the adjoining figure, and held it to his ear,
and thought that he heard the sound more distinctly.
These instruments were constructed in 1849 in Havana, where Meucci
was mechanical director of a theater. In May, 1851, he came to this
country, and settled in Staten Island, where he has lived ever since.
It was not until a year later that he again took up his telephonic
studies, and then he tried an arrangement somewhat different from
the first. He used a tin tube, Figs. 3 and 4, and covered it with
wire, the ends of which were soldered to the tongue of copper. With
this instrument, he states, he frequently conversed with his wife
from the basement of his house to the third floor, where she was confined
as an invalid.
FIGS. 3 AND 4.-1852.
Continuing his experiments, he conceived the idea of using a bobbin
of wire with a metallic core, and the first instrument he constructed
on this idea is shown in Fig. 5. It consisted of a wooden tube and
pasteboard mouth piece, and supported within the tube was a bundle
of steel wires, surrounded at their upper end by a bobbin of insulated
wire. The diaphragm in this instrument, was an animal membrane, and
it was slit in a semicircle so as to make a flap or valve which responded
to the air vibrations. This was the first instrument in which he used
a bobbin, but the articulation naturally left much to be desired,
on account of the use of the animal membrane. Meucci fixes the dates
from the fact that Garibaldi lived with him during the years 1851-54,
and he remembers explaining the principles of his invention to the
Italian patriot.
After constructing the instrument just described, Meucci devised another
during 1853-54. This consisted of a wooden block with a hole in the
center which was filled with magnetic iron ore, and through the center
of which a steel wire passed. The magnetic iron ore was surrounded
by a coil of insulated copper wire. But an important improvement was
introduced here in the shape of an iron diaphragm. With this apparatus
greatly improved effects were obtained.

FIG. 5.-1853.
In 1856 Meucci first tried, he says, a horseshoe magnet, as shown
in Fig. 6, but he went a step backward in using an animal membrane.
He states that this form did not talk so well as some which he had
made before, as might be expected.
During the years 1858-60 Meucci constructed the instrument shown in
Fig. 7. He here employed a core of tempered steel magnetized, and
surrounded it with a large coil. He used an iron diaphragm, and obtained
such good results that he determined to bring his invention before
the public. His national pride prompted him to have the invention
first brought out in Italy, and he intrusted the matter to a Mr. Bendalari,
an Italian merchant, who was about to start for that country. Bendalari,
however, neglected the matter, and nothing was heard of it from that
quarter. At the same time Meucci described his invention in L'Eco
d'Italia, an Italian paper published in this city, and awaited the
return of Bendalari.
Meucci, however, kept at his experiments with the object of improving
his telephone, and several changes of form were the result. Fig. 8
shows one of these instruments constructed during 1864-65. It consisted
of a ring of iron wound spirally with copper wire, and from two opposite
sides iron wires attached to the core supported an iron button. This
was placed opposite an iron diaphragm, which closed a cavity ending
in a mouthpiece. He also constructed the instrument which is shown
in Fig. 9, and which, he says, was the best instrument he had ever
constructed. The bobbin was a large one, and was placed in a soapbox
of boxwood, with magnet core and iron diaphragm. Still seeking greater
perfection, Meucci, in 1865, tried the bent horseshoe form, shown
in Fig. 10, but found it no improvement; and, although he experimented
up to the year 1871, he was not able to obtain any better results
than the best of his previous instruments had given.
FIG. 6.-1856.
When Meucci arrived in this country, he had property valued at $20,000,
and he entered into the brewing business and into candle making, but
he gradually lost his money, until in 1868 he found himself reduced
to little or nothing. To add to his misery, he had the misfortune
of being on the Staten Island ferryboat Westfield when the latter's
boiler exploded with such terrible effect in 1871. He was badly scalded,
and for a time his life was despaired of. After he recovered he found
that his wife, in their poverty, had sold all his instruments to John
Fleming, a dealer in second-hand articles, and from whom parts of
the instruments have recently been recovered.
FIG. 7.-1858-60.
With the view of introducing his invention, Meucci now determined
to protect it by a patent; and having lost his instrument, he had
a drawing made according to his sketches by an artist, Mr. Nestori.
This drawing he showed to several friends, and took them to Mr. A.
Bertolino, who went with him to a patent attorney, Mr. T.D. Stetson,
in this city. Mr. Stetson advised Meucci to apply for a patent, but
Meucci, without funds, had to content himself with a caveat. To obtain
money for the latter he formed a partnership with A.Z. Grandi, S.G.P.
Buguglio, and Ango Tremeschin. The articles of agreement between them,
made Dec. 12, 1871, credit Meucci as the inventor of a speaking telegraph,
and the parties agree to furnish him with means to procure patents
in this and other countries, and to organize companies, etc. The name
of the company was "Teletrofono." They gave him $20 with
which to procure his caveat, and that was all the money he ever received
from this source.
The caveat which Meucci filed contained the drawing made by Nestori,
and as shown in the cut, which is a facsimile, represents two persons
with telephones connected by wires and batteries in circuit. The caveat,
however, does not describe the invention very clearly; it describes
the two persons as being insulated, but Meucci claims that he never
made any mention of insulating persons, but only of insulating the
wires. To explain this seeming incongruity, it must be stated that
Meucci communicated with his attorney through an interpreter, as he
was not master of the English language; and even at the present time
he understands and speaks the language very poorly, so much so that
we found it necessary to communicate with him in French during the
conversation in which these facts were elicited.
sommaire
FIG. 8.-1864-65.
In the summer of 1872, after obtaining his caveat, Meucci, accompanied
by Mr. Bertolino, went to see Mr. Grant, at that time the Vice President
of the New York District Telegraph Company, and he told the latter
that he had an invention of sound telegraphs. He explained his inventions
and submitted drawings and plans to Mr. Grant, and requested the privilege
of making a test on the wires of the company, which test if successful
would enable him to raise money. Mr. Grant promised to let him know
when he could make the test, but after nearly two years of waiting
and disappointment, Mr. Grant said that he had lost the drawings;
and although Meucci then made an instrument like the one shown in
Fig. 9 for the purpose of a test, Mr. Grant never tried it. Meucci
claims that he made no secret of his invention, and as instance cites
the fact that in 1873 a diver by the name of William Carroll, having
heard of it, came to him and asked him if he could not construct a
telephone so that communication could be maintained between a diver
and the ship above. Meucci set about to construct a marine telephone,
and he showed us the sketch of the instrument in his memorandum book,
which dates from that time and contains a number of other inventions
and experiments made by him.
Meucci's
"best telephone" of 1864-65 (The Electrical World, 28 November
1885)
FIG. 9.-1864-65.
|
sommaire
Le gouvernement des États-Unis contre Alexander
Graham Bell
Une reconnaissance importante pour Antonio Meucci, Basilio
Catane
Résumé
Ce procès important a commencé en
juin 1885 et s'est terminé en novembre 1897 sans qu'il y ait eu
de vainqueurs ni de vaincus. Les actes contiennent un corpus de preuves
important et de grande autorité en faveur de la priorité
de l'invention du téléphone par Antonio Meucci. Ces preuves
sont cependant difficiles à retrouver car elles n'ont jamais été
imprimées ni distribuées et parce que les documents dactylographiés
ou manuscrits, qui se trouvent aux Archives nationales des États-Unis,
sont, aujourd'hui encore, mal organisés et dispersés dans
divers dossiers. L'auteur présente ici quelques-unes des preuves
d'une importance fondamentale afin d'illustrer à quel point l'histoire
de l'invention du téléphone est très défectueuse
sur ce point et exige, par conséquent, une révision conséquente.
Dans un article précédent, il a été
démontré que certains documents, preuves de la priorité
d'Antonio Meucci dans l'invention du téléphone, ne sont
aujourd'hui récupérables, avec beaucoup de difficulté,
qu'aux Archives nationales et à la National Archives and Records
Administration, College Park, Maryland (USA). Ils se trouvent dans des
dossiers désorganisés appartenant au procès intenté
par le gouvernement des États-Unis contre Alexander Graham Bell
et contre l'American Bell Telephone Company (ci-après dénommée
US/Bell). Ce procès avait pour but d'invalider les deux brevets
originaux d'AG Bell sur le téléphone. Dans ces dossiers
se trouve notamment la déclaration sous serment de Michael Lemmi,
qui contient la traduction anglaise des notes de Meucci sur les expériences
téléphoniques telles qu'il les a consignées dans
son carnet de laboratoire (également connu sous le nom de Memorandum
Book ). Dans ce carnet se trouvaient ses dessins, qui, tout aussi importants
que les notes, ont eu une grande influence sur la récente reconnaissance
internationale du mérite de Meucci, ainsi que sur la résolution
n° 269 votée par le Congrès américain le 11 juin
2002.
Avec cet article, nous souhaitons reconstituer l'histoire peu connue de
ces importantes affaires et souligner le rôle que le gouvernement
des États-Unis a joué en faveur d'Antonio Meucci. Il ne
s'agit pas, comme le lecteur le verra, d'un article scientifique ni d'une
prétention juridique, mais il illustrera comment toutes les personnes
impliquées avaient perçu l'importance de la découverte
du téléphone et le rôle que Meucci y avait joué.
En effet, ce que le gouvernement des États-Unis s'est proposé
de prouver, c'est que le téléphone électromagnétique
a été découvert par Antonio Meucci et le microphone
à charbon par l'Allemand Philipp Reis.
Le syndrome du monopole.
Contrairement à ce que l'on pourrait
penser aujourd'hui, ce ne sont pas des Antonio Meucci, Philipp Reis et
d'autres qui ont revendiqué la primauté de l'invention du
téléphone qui ont soulevé l'opinion publique et plus
tard le gouvernement des États-Unis contre American Bell, mais
bien American Bell elle-même à cause de ce que l'on peut
appeler le « syndrome du monopole ». Au XIXe siècle,
il n'existait aucune limite au monopole, puisque les lois américaines
sur les brevets accordaient au titulaire d'un brevet, pendant 17 ans,
le droit exclusif de réaliser un profit commercial de la manière
et au prix qu'il souhaitait, empêchant quiconque d'entrer sur le
marché autrement qu'en tant que titulaire d'une licence. Par conséquent,
en raison de la domination du titulaire du brevet sur le marché,
les aspects négatifs du monopole que nous connaissons aujourd'hui
ont commencé à se faire sentir : prix exorbitants, manque
d'attention aux plaintes et/ou aux besoins des clients, arrogance et abus
de pouvoir toujours croissants.
Le problème de savoir comment freiner et
limiter labus de pouvoir dun monopole a été
une préoccupation constante pour le gouvernement des États-Unis
depuis les dernières décennies du XIXe siècle jusquà
nos jours. La clôture consensuelle du procès US/Bell en 1897
nétait que la première étape dune longue
bataille entre les États-Unis et American Bell, qui a culminé
avec la cession bien connue dAT&T (American Telephone and Telegraph
Co., héritière dAmerican Bell Telephone Co.), décrétée
en 1982 et réalisée en 1984, près dun siècle
après le début du procès en question. Des mesures
similaires ont été adoptées par la suite dans dautres
pays européens dans le but de limiter progressivement le statut
de monopole des compagnies téléphoniques nationales dans
chaque pays particulier.
Les plaintes des abonnés
à l'encontre de l'American Bell Telephone Co. devinrent si pressantes
en 1880 qu'en août 1882, environ 1 200 personnes se réunirent
à l'hôtel Continental de Philadelphie pour une réunion.
Elles y dénoncèrent et dénoncèrent la mauvaise
qualité du service téléphonique, en présence
de dirigeants de la compagnie. Comme ces derniers soutenaient que le service
devait être considéré comme « moyen »,
le président de l'Assemblée, William W. Goodwin, proposa
la création d'un comité, appelé « Comité
Phil'a », avec pour tâche de préparer un projet de
résolution demandant à la compagnie de s'engager clairement
sur la qualité du service qu'elle garantirait à l'avenir.
Vers la fin de 1882, le « Comité Phil'a » se réunit
à nouveau pour se rendre compte qu'aucune réponse raisonnable
n'avait été fournie par American Bell et, par conséquent,
un syndicat fut formé pour examiner d'autres systèmes téléphoniques
que Bell. A l'époque, un jeune ingénieur électricien
qui travaillait pour American Bell à New York rapporta que dans
cette ville "il y avait un vieil Italien qui pouvait fournir des
preuves concluantes qu'il était l'inventeur original du téléphone".
La nouvelle (qui faisait suite à d'autres similaires concernant
de prétendus inventeurs du téléphone) ne fut pas
prise au sérieux au début, mais, par mesure de précaution,
on jugea opportun de demander à un sous-comité d'experts
de faire une enquête approfondie sur ce "vieil Italien",
qui n'était autre qu'Antonio Meucci.
Au printemps 1883, le sous-comité conclut son enquête
avec des résultats étonnants, confirmant la validité
de l'invention de Meucci. Les conclusions furent envoyées au riche
homme d'affaires Robert Garrett, président de la Baltimore &
Ohio Railroad Co. (connue sous le nom de B&O), qui les envoya à
ses avocats pour un examen juridique. Entre-temps, le 2 avril 1883, et
indépendamment des événements de Philadelphie, la
Globe Telephone Co. fut créée à New York, dans le
but de « fabriquer, vendre, concéder sous licence et louer
des instruments télégraphiques, téléphoniques
et électriques et des fournitures pour ceux-ci, [
] d'acquérir
par achat ou licence [
] des brevets et des droits de brevet »
comme alternative aux produits Bell. Quelques semaines plus tard, le Syndicat
de Philadelphie susmentionné, ayant pris l'initiative, a pris le
contrôle de la nouvelle société et, lors de la réorganisation
ultérieure, a nommé William W. Goodwin comme président.
Protestation d'Antonio Meucci.
Comme le lecteur peut le déduire des
événements décrits, Meucci sest retrouvé
impliqué dans une situation qui aurait explosé même
sans son intervention, ou celle de ses partisans.
En revenant un peu en arrière par rapport
à ces événements, il faut considérer que de
son côté, et malgré ses conditions économiques
désastreuses, Meucci avait immédiatement réagi aux
deux brevets de Bell de 1876-1877 qu'il considérait comme "usurpés"
de son invention. Dans un premier temps (1877-1879), il s'était
appuyé sur son avocat Thomas D. Stetson, qui avait déposé
son caveat "Sound Telegraph" en 1871. Plus tard,
en 1880, il rechercha l'aide du professeur Parmelee, du colonel William
Bennett et d'autres, qui promirent de maintenir sa priorité, mais
sans aucun engagement direct de leur part. Néanmoins, grâce
à l'argent fourni par le colonel Bennett, Meucci put reconstruire
les principaux modèles de téléphone qu'il avait créés
entre 1853 et 1871, et qui étaient similaires à ceux que
sa femme avait vendus lors de la grave maladie dont il souffrit suite
à l'explosion du ferry de Westfield.
De plus, depuis le début de 1879, Meucci
a rassemblé autant d'affidavits que possible pour son cas, en rédigeant
24 entre janvier et juillet 1880. De ceux-ci, 15 ont été
retrouvés par cet auteur. De trois autres (probablement rédigés
en italien), il a trouvé la version anglaise, faite en 1885. Ces
affidavits ont été mentionnés et décrits dans
deux articles publiés en 1884, où six autres étaient
mentionnés (rédigés par Henry King, Patrick Kehoe,
Reuben Lord, Giuseppe De Gregorio, Antonio Lazzari et L. Meriance), que
nous n'avons pas pu récupérer.
En raison de l'espace limité, nous ne pouvons pas
commenter les détails de chacun d'entre eux. Nous pouvons cependant
dire qu'ils contiennent des témoignages valables sur les sujets
suivants :
- L'expérience réalisée par
Meucci à La Havane en 1849 ;
- Ses expériences ultérieures à Clifton à
partir de 1852 ;
- Le dessin exécuté pour Meucci par le peintre Nestore Corradi
en 1858 ;
- La publication de l'invention de Meucci dans le journal L'Eco d'Italia
en 1861 ;
- La mission de son ami Bendelari visant à identifier les investisseurs
en capital-risque intéressés par le téléphone
pour l'Italie, en 1860-1861 ;
- Le désastre du ferry de Westfield, le 30 juillet 1871, au cours
duquel Meucci fut grièvement blessé, se trouvant entre la
vie et la mort pendant plusieurs mois ;
- La création de la Société Téléttrofono
avec trois associés italiens, pour promouvoir son invention, le
12 décembre 1871 ;
- La mise en garde « Sound Telegraph » déposée
au Bureau des brevets le 28 décembre 1871 ;
- Sa pauvreté à partir de 1871 ;
- Sa demande à M. Grant, vice-président de l'American District
Telegraph Company de New York, pour tester son téléphone,
en 1872, et la déclaration de ce dernier, en 1874, selon laquelle
il avait perdu tous les documents et prototypes reçus de Meucci.
Meucci, en outre, après avoir obtenu une copie
certifiée conforme de son caveat du Patent Office, en novembre
1879, s'adressa à plusieurs reprises à la presse. Il accorda
une interview au New York World, écrivit au Messager Franco-Américain
et à L'Eco d'Italia. Le même L'Eco d'Italia revint sur le
sujet dans un éditorial du 9 février 1882 dans lequel, en
plus d'affirmer que « nous reconnaîtrons M. Antonio Meucci
comme le premier, le seul et unique inventeur », il raconta l'histoire
de l'invention de Meucci et il laissa entendre aussi que, pour leurs brevets,
Bell et Gray utilisèrent les informations que Meucci avait données
à M. Grant. L'éditorial concluait par une invitation à
tous les hommes d'affaires italiens résidant à New York
à apporter un soutien financier à la bataille juridique
pour la priorité de Meucci. Au printemps 1881, Adolfo Rossi, qui
quelques mois auparavant était devenu directeur du Progresso Italo-Americano
, rejoignant le vieux et bien établi L'Eco d'Italia à New
York, interviewa Meucci à plusieurs reprises et publia une histoire
détaillée de son invention dans une série d'articles
de journaux qui furent plus tard résumés dans son livre.
Au terme de cette longue période de préparation,
le 25 avril 1883, Meucci donna procuration au Cabinet d'avocats Michele
Lemmi et Carlo Bertolino, pour protéger ses droits sur l'invention
du téléphone et mit par conséquent sous leur garde
tous les affidavits en sa possession, copie de son caveat et des renouvellements
de celui-ci, et les 26 prototypes de téléphone qu'il avait
reconstruits. La première occasion pour le Cabinet d'avocats Lemmi
& Bertolino de promouvoir la cause de Meucci fut lorsque, le 21 juillet
1883, les journaux publièrent la décision du Patent Office,
largement favorable à Bell, après examen des divers brevets
et demandes de brevets « interférant » avec les brevets
de Bell.
Lettre d'Antonio Meucci du 4 mars 1880 ,
publiée dans L'Eco d'Italia du 6 mars 1880 (l'en-tête du
journal a été placé au-dessus de l'article).
Trois jours plus tard, c'est-à-dire le 24 juillet
1883, le cabinet d'avocats Lemmi & Bertolino envoya à tous
les principaux journaux de New York une lettre signée par Meucci,
dans laquelle il revendiquait la priorité dans l'invention du téléphone,
citant son caveat "Sound Telegraph", déposé le
28 décembre 1871, ses renouvellements jusqu'à la fin de
1874, et concluant ainsi "Je n'abandonnerai pas mes droits, et je
me qualifierai, par des documents valables, de premier citoyen américain
qui a obtenu dudit Bureau des brevets de Washington, un caveat qui me
donne droit à la priorité de l'invention du grand téléphone
tant contesté". Cette lettre fut publiée, entre autres,
dans le New York Herald et le Telegraphic Journal and Electrical Review.
Ces articles produisirent une réaction positive immédiate
qui attira également l'attention d'American Bell. Comme nous le
verrons plus en détail plus tard, le cabinet d'avocats Lemmi &
Bertolino reçut en août 1883 d'importantes propositions,
parmi lesquelles celles de EB Welch de Boston et d'Alfred P. Willoughby
de Chicago.
Les négociations avec M. Welch (qui était
lié à American Bell, ), ainsi que les contacts directs ultérieurs
avec American Bell, sont décrits en détail dans les affidavits
et amplement illustrés dans un éditorial du Chicago Evening
Journal. Il suffit de dire ici qu'il s'agissait de manuvres visant
à en savoir le plus possible sur les prétentions de Meucci
afin de les démanteler. Cependant, le cabinet d'avocats Lemmi &
Bertolino a été prompt à les identifier et à
les éviter dès le début. Nous tenons à rappeler
que des représentants d'American Bell, lors d'une réunion
avec des membres du Syndicat, ont fait allusion à une estimation
de l'invention de Meucci d'environ un million de dollars (affidavit de
Robert R. Dearden, rédigé à la fin de l'affidavit
de M. Goodwin).
D'autre part, les contacts avec M. Willoughby (lié
au Syndicat de Philadelphie mentionné ci-dessus) semblaient sincères
et se déroulèrent bien. C'est pourquoi, le 22 septembre
1883, Antonio Meucci signa la cession de ses droits sur le caveat "Sound
telegraph", pour 14 dollars , à un Syndicat constitué
par Alfred P. Willoughby de Chicago et par MM. William W. Goodwin, James
Work et Robert R. Dearden de Philadelphie.
Quelques semaines plus tard, l'avocat de Meucci, Carlo Bertolino, céda
au Syndicat tous les prototypes téléphoniques créés
par Meucci et toutes les déclarations sous serment faites en sa
faveur jusqu'alors. Le 4 décembre 1883 , Meucci signa un autre
acte de transfert au même Syndicat pour sa demande de brevet «
Marine Telegraph », déposée le 8 juillet 1880 et une
demande de brevet (prête à être déposée)
« Méthode et appareil de transmission du son par télégraphie
» dérivée de sa mise en garde « Télégraphe
sonore » . Finalement, le 7 décembre 1883, Meucci notifia
au Patent Office que les avocats OE Duffy de Washington, DC et Howard
Munnickhuysen de Baltimore, MD, (tous deux représentants légaux
du Syndicat) allaient le représenter en ce qui concerne la mise
en garde « Télégraphe sonore » et son développement
futur.
Entre-temps, quelque chose se passait à Baltimore,
où le susdit Robert Garrett, après avoir reçu de
ses avocats, à l'automne 1883, le rapport final sur Antonio Meucci,
décida d'intervenir contre le gigantesque monopole de l'American
Bell « afin de briser l'emprise puissante qui permettait à
cette compagnie de maintenir son isolement sur le marché ».
En fait, le 31 janvier 1884 , la Globe Telephone Company de Baltimore
fut créée avec un capital d'un million de dollars. Les journaux
rapportèrent que les membres fondateurs étaient des capitalistes
bien connus dans le monde financier (l'un d'eux de Londres) et qu'ils
étaient liés à la Globe Telephone de New York.
Le 31 mars 1884 , le capital social de 10 millions de dollars de la Globe
Telephone Company de New York est déposé. Le siège
social de la société se trouve au Mills Building, 15 Broad
Street. La plaque signalétique à l'entrée des bureaux,
ainsi que le papier à en-tête et le bulletin publiés
par la société portent le nom d'Antonio Meucci en tant qu'électricien
, pour désigner l'expert technique de la société.
Le « moment magique » de Meucci se poursuit en septembre,
avec la publication de l'article dans Electrical World , qui retrace toute
l'histoire de son invention du téléphone et les événements
qui conduisent à la création de la Globe Telephone Company
à New York. L'article est publié le 6 septembre 1884 , quelques
jours avant l'inauguration de la Philadelphia Electrical Exhibition ,
ouverte au public du 14 septembre au 18 octobre 1884 , où sont
exposés les deux principaux prototypes du téléphone
de Meucci.
Le Telegraphic Journal and Electrical Review du 11 octobre 1884, intitulé
« The Philadelphia Electrical Exhibition », rappelle également
l'histoire de l'invention de Meucci et rapporte que les appareils téléphoniques
de Meucci sont exposés à l'exposition. Un autre article
assez similaire, intitulé « The Telephone Claimed by Meucci
», faisant référence à la même exposition,
a été publié peu de temps après dans le prestigieux
Scientific American. Dans les deux cas, il était signalé
que : L'exposition de la Globe Telephone Company
(New York) est l'une de celles qui attirent actuellement (parmi les professionnels
du téléphone une attention considérable. Cette société
a été créée pour exploiter les brevets de
Shaw. Mais c'est dans l'invention de Meucci, présentée ici,
que réside le plus grand intérêt.
L'article se poursuit avec une description détaillée
de 18 affidavits, parmi ceux mentionnés précédemment
à l'appui de la priorité de Meucci dans l'invention du téléphone,
et conclut : en donnant un dessin d'un des téléphones
de Meucci (1857) exposé ici, accompagné d'une copie de la
mise en garde déposée en 1871 et d'une reproduction du dessin
qui serait l'original sur lequel la mise en garde était basée.
Il n'est pas possible de citer ici le contenu des nombreux
autres articles et/ou entretiens sur Meucci, publiés ou cités
dans la période de 1883 à 1885, c'est pourquoi nous ne donnons
que leurs références bibliographiques.
Au printemps 1885, comme nous le verrons plus loin,
certaines entreprises industrielles lancèrent une action pour tenter
d'impliquer le gouvernement dans la lutte contre le monopole de Bell.
La Globe Co., en vue de se joindre à l'initiative, commença
à préparer le corpus de preuves en faveur de Meucci. La
personne qui se chargea de cette tâche fut le Dr Seth R. Beckwith,
un chirurgien d'Elizabeth, New Jersey, qui avait également un diplôme
en droit et qui, en 1883, était directeur général
de l'Overland Telephone Company de New York. Il y avait acquis une connaissance
substantielle dans le domaine de la téléphonie et était
devenu un admirateur de Meucci. À partir du 1er juin 1885 , et
à sa demande, Beckwith fut accueilli dans les bureaux de la Globe
Co., à New York, où il s'entretint avec de nombreuses personnes
qui avaient vu les téléphones de Meucci avant 1875, les
avaient utilisés et étaient capables de les décrire.
Il leur fit rédiger 36 affidavits, la plupart nouveaux, tandis
que certains étaient réécrits ou traduits en anglais
à partir de précédents, déjà mentionnés,
réalisés en 1880.
Le 20 août de la même année,
Beckwith fut nommé directeur général de la Globe
Co. Le 12 septembre suivant , il fit publier et distribuer par la société
un bulletin qui contenait l'historique de l'invention de Meucci dans lequel
il énumérait les preuves de la priorité de Meucci
par rapport à Bell, affirmant que la Globe Co. avait en sa possession
un total de 50 affidavits appuyant ce qu'il affirmait.
Nous avons pu retrouver 27 affidavits (assermentés
après 1880) qui, ajoutés aux 24 mentionnés précédemment,
font un total de 51 affidavits, chiffre qui n'est pas trop éloigné
de celui mentionné dans ladite lettre d'information. Ces affidavits
ont été énumérés et/ou commentés
dans une lettre de l'avocat David Humphreys, conseiller juridique de la
Globe Co., adressée au procureur général par intérim
des États-Unis, l'honorable John Goode, et/ou dans une lettre de
l'honorable Lucius QC Lamar, secrétaire de l'intérieur des
États-Unis, au même Goode. Certains de ces 27 affidavits
ont déjà été rappelés dans cet ouvrage
à différentes reprises ; les autres ont été
retrouvés par cet auteur aux Archives Nationales, sauf celui dressé
par R. Benedetti, cité dans, qui n'a pas été retrouvé.
Encore une fois, nous n'avons pas la place ici pour commenter
ces autres affidavits. Nous aimerions cependant citer le long affidavit
sous serment de John Fleming, le brocanteur qui a acheté à
la femme de Meucci tous les prototypes de téléphones et
autres pièces et composants électriques - qui remplissaient
« une boîte de 3 x 3 pieds, si lourde que je ne pouvais pas
la déplacer ». Dans son affidavit, Fleming donne une description
détaillée des objets qu'il a achetés, avec des références
précises à certains des prototypes reconstruits par Meucci
en 1880.
Impuissant face à l'américain Bell, le
gouvernement est appelé à intervenir.
Entre 1878 et 1885, lorsque le gouvernement
américain intervint enfin, American Bell avait pu remporter, devant
les tribunaux locaux, une série substantielle de victoires contre
ceux qui tentaient d'attaquer son monopole. On disait cependant que ces
victoires avaient été obtenues grâce à la compétence
de ses avocats, ainsi qu'à la connivence de certains juges et de
personnes du Patent Office, plutôt qu'à la supériorité
objective des brevets de Bell par rapport aux inventions promues par d'autres
inventeurs. Les avocats d'American Bell réussirent même à
obtenir des juges, et dans un délai très court (quelques
semaines après le début du procès), une injonction
préliminaire qui, pendente lite , obligeait le plaignant à
suspendre toute activité commerciale. Ceci, en empêchant
à son tour l'entreprise de générer des revenus, l'obligeait
à épuiser son capital en frais de justice.
Il nous est impossible de résumer toutes les procédures
judiciaires mentionnées ; il est cependant important de souligner
que le premier et le plus important procès qui vit la confrontation
entre American Bell et le géant Western Union Telegraph Company
(qui contrôlait les inventions téléphoniques de Thomas
Edison, Amos Dolbear et Elisha Gray et possédait une grande partie
du réseau télégraphique américain) fut résolu
par un accord à l'amiable, signé le 10 novembre 1879. L'accord
prévoyait la division du marché entre les deux sociétés
: le marché du téléphone pour American Bell et le
marché du télégraphe pour Western Union, ainsi que
la reconnaissance officielle par Western Union de la priorité d'AG
Bell dans l'invention du téléphone. American Bell, de son
côté, acceptait de payer 20 % des bénéfices
tirés de tout abonné téléphonique pendant
une période de 17 ans et d'acheter les 56 000 téléphones
et centraux que Western Union avait déjà installés
dans 55 villes.
Cet accord était lourdement chargé
de soupçons de collusion.
En particulier, il y avait des soupçons bien fondés qu'il
avait été conclu en partie pour empêcher que l'invention
d'Antonio Meucci ne soit rendue publique. Western Union, semble-t-il,
avait obtenu une documentation complète de sa filiale, l'American
District Telegraph Company, plus précisément de son vice-président
Edward B. Grant susmentionné ainsi que de son surintendant Henry
W. Pope, frère du principal expert technique de Western Union,
Frank L. Pope. Sa divulgation, en fait, aurait annulé ou soulevé
des questions sur les brevets téléphoniques des deux parties,
puisque la loi sur les brevets alors en vigueur (Patent Act, 8 juillet
1871) statuait, dans la SEC, que tout brevet pour être valide devait
décrire une invention « non connue ou utilisée par
d'autres dans ce pays » et, dans la SEC. que « le demandeur
doit prêter serment ou affirmer qu'il ne sait pas et ne croit pas
que la même [invention] ait jamais été connue ou utilisée
auparavant ».
Les manuvres pour impliquer le gouvernement contre
le monopole d'American Bell commencèrent dans la seconde moitié
de 1885, dans le Sud des États-Unis et furent facilitées
par la montée au pouvoir du Parti démocrate (très
fort dans le Sud). Dans l'administration du nouveau président,
Stephen Grover Cleveland, on comptait, entre autres, le général
Augustus H. Garland, procureur général, et Lucius QC Lamar,
secrétaire de l'Intérieur, dont les noms reviendront souvent
par la suite.
L'auteur de l'incendie était Watson Van Benthuysen,
de La Nouvelle-Orléans, en Louisiane, président de la National
Improved Telephone Company. Le 12 juillet 1885, quelques jours après
l'une des nombreuses injonctions préliminaires obtenues par American
Bell contre la National Improved Telephone Company, Van Benthuysen écrivit
une lettre au procureur général Garland, l'invitant à
intenter une action en justice au nom du gouvernement dans le but d'annuler
les deux principaux brevets d'AG Bell sur le téléphone et,
plus tard, il rédigea un affidavit dans lequel il accusait le tribunal
de collusion avec American Bell. De plus, le 24 août 1885, de Memphis,
au Tennessee, Van Benthuysen envoya un mémoire à l'honorable
Henry W. McCorry, procureur du district des États-Unis pour l'ouest
du Tennessee « au nom des citoyens de Memphis », souscrit
par Charles P. Huntington (Mississippi), JR Beckwith (avocat bien connu
de la Nouvelle-Orléans, Louisiane, et conseiller juridique du National
Improved), et par le colonel George B. Gantt de Memphis (un directeur
du National Improved). Dans le mémoire, ils ont exposé en
détail les raisons pour lesquelles les deux principaux brevets
de Bell devraient être annulés et ont de nouveau invité
le gouvernement à intenter une action en justice pour l'annulation,
suggérant que le procès devrait de préférence
avoir lieu à Memphis, au nom du gouvernement des États-Unis.
Le 31 août 1885, l'honorable H.W. McCorry a transmis
ledit mémoire au procureur général, accompagné
d'une lettre dans laquelle il affirmait qu'après avoir examiné
les preuves et les affidavits joints au mémoire, il estimait que
les brevets de Bell avaient été « délivrés
de manière imprévoyante et irrégulière »
et qu'il était donc favorable à l'ouverture d'un procès
« entièrement sous le contrôle du gouvernement, de
sorte qu'il s'agirait d'une action du gouvernement, en fait comme en nom
». En l'absence du général Garland, la lettre a été
lue, comme le veut la norme, par son commandant en second, le général
John Goode. Il a signé l'autorisation demandée par McCorry,
qui, le 9 septembre 1885, a déposé le projet de plainte
du gouvernement des États-Unis contre American Bell.
De toute évidence, American Bell n'allait pas prendre
à la légère une attaque aussi violente et dangereuse.
Tout d'abord, elle déclencha une furieuse campagne de presse avec
des articles dans le New York World et le New York Times condamnant le
ministère de la Justice et sa décision de poursuivre American
Bell et accusant le procureur général Garland de vouloir
promouvoir les intérêts de Pan Electric dont il était
actionnaire. L'administration publia un communiqué de presse, niant
les accusations, mais, en même temps, le 9 octobre 1885, ordonna
à McCorry de suspendre l'action en justice contre American Bell
et de remettre toute la documentation en sa possession au ministère
de l'Intérieur, chargé de l'octroi et du contrôle
des brevets, pour examen préliminaire et recommandation. Bien que
McCorry, le 14 octobre, ait réitéré sa demande d'autorisation
de poursuivre, trois jours plus tard, l'honorable Goode rejeta la demande.
A ce stade, d'autres opposants à American
Bell, comme la Globe Telephone Company, la Washington Telephone Company,
la North American Telephone Company et d'autres, vinrent en aide à
National Improved en déposant auprès du ministère
de la Justice des pétitions demandant au gouvernement d'intervenir
pour annuler les brevets de Bell. La Chambre de commerce de New York approuva
également une résolution en faveur du procès. Plus
tard, Pan Electric Company envoya de nombreux affidavits,
signés par d'éminentes personnalités scientifiques
- parmi lesquelles Thomas Edison - qui niaient la priorité de AG
Bell dans l'invention du téléphone.
De son côté, American Bell commença
à se préparer à l'inévitable confrontation
avec le gouvernement et les nouveaux opposants. En particulier, pour faire
face à la Globe Co., elle engagea l'agence nationale de détectives
Pinkerton pour suivre Meucci et recueillir le plus d'informations possible
pour l'utiliser dans sa propre défense et/ou pour lancer une action
en justice contre la Globe Co.
Le secrétaire d'État à l'Intérieur,
l'honorable Lucius QC Lamar, ne perdit pas de temps en examens bureaucratiques
et annonça des audiences, ouvertes au public et à la presse
(cela aussi pour éviter une autre campagne contre l'administration),
du 9 au 14 novembre 1885, afin d'élucider erga omnes les positions
des parties. L'honorable Lamar était accompagné de deux
secrétaires adjoints, Henry L. Muldrow et George A. Jenks, ainsi
que du commissaire aux brevets, Martin VB Montgomery. L' Evening Post
du 10 novembre rapporta que les parties au procès étaient
au nombre de trois : American Bell, un groupe de sociétés
« qui fondent leurs revendications dans une large mesure sur les
brevets de Reis et Meucci », et un « intérêt
inconnu représenté par le professeur Elisha Gray ».
A l'ouverture du procès, le 9 novembre, l'avocat
David Humphreys fut le premier à prendre la parole, affirmant qu'il
avait des preuves de la priorité de Meucci et que Meucci possédait
un téléphone depuis 1849. Humphreys lut également
un affidavit sensationnel, souscrit par le major Zenas Fisk Wilber 12
, ancien examinateur en chef du Patent Office, un mois seulement avant
le début des audiences. Dans son affidavit, Wilber dénonçait
les irrégularités commises par le Patent Office en faveur
du procureur général Bell, déclarant notamment :
A l'époque, en décembre 1871, Antonio
Meucci déposa une demande de mise en garde pour les "télégraphes
sonores". J'étais assistant auprès du professeur BS
Hedrick, examinateur principal, et j'étais chargé sous sa
direction de l'examen des cas relatifs aux inventions électriques
; c'est pourquoi la mise en garde Meucci relevait de ma responsabilité
à cette époque. Au moment du dernier renouvellement de cette
mise en garde, en décembre 1873, j'étais moi-même
chargé des demandes impliquant ou relatives à l'électricité
en tant qu'examinateur principal ; et la mise en garde Meucci était
toujours de ma responsabilité.
En 1876, le département d'électricité était
sous ma responsabilité en tant qu'examinateur principal et j'ai
reçu en tant qu'examinateur, de la division compétente du
bureau, la demande de Bell qui est devenue le brevet américain
n° 174465 du 7 mars 1876 et la réserve d'Elisha Gray. Si
cette affaire avait suivi la procédure habituelle de suspension
de la demande, Bell n'aurait jamais reçu de brevet et si la réserve
de M. Meucci avait été renouvelée en 1875, aucun
brevet n'aurait pu être délivré à Bell.
"A partir de mon expérience dans
l'examen d'un grand nombre de spécifications électriques,
je me suis familiarisé avec les termes et la nomenclature utilisés
et j'ai découvert que les termes utilisés par Reiss et Meucci
sont exprimés ou signifiés par différentes inventions
ultérieures sous des noms différents. J'ai remarqué
[par exemple, que] le "circuit fermé" de Bell est le
"conducteur métallique continu" de Meucci [...]."
Il convient de noter que dans un affidavit ultérieur
rédigé seulement deux jours avant le début des audiences,
Wilber décrit les téléphones de Reis et de Meucci
comme « les prototypes de tous les téléphones parlants
» (faisant probablement référence à l'émetteur
à contact lâche de Reis et à l'émetteur et
au récepteur électromagnétiques de Meucci).
Après l'intervention de Me Humphreys, le
Dr Seth R. Beckwith prit la parole, lut l'affidavit de Meucci et montra
les modèles de téléphone construits par lui, son
Memorandum Book et les nombreux affidavits signés en sa faveur.
Par la suite, George Gantt, Casey Young et JR Beckwith illustrèrent
le Mémorial déjà mentionné au nom des citoyens
de Memphis. Bien que la position de ces derniers intervenants fût
essentiellement en faveur de Philipp Reis, ils n'hésitèrent
pas à exprimer leur reconnaissance à Meucci. George Gantt,
en particulier, déclara :
Si le témoignage humain a une valeur,
alors Meucci a anticipé Bell. Je me réfère au grand
nombre de preuves présentées à lappui de sa
thèse [
] ; mais je laisse à dautres personnes
plus familières avec le sujet le soin de le prouver, aussi longuement
que son importance le mérite.
Dès le début de l'audience, il était
clair que les choses n'allaient pas bien pour American Bell. Dans une
démarche préventive, le lendemain du début de l'audience
susmentionnée, c'est-à-dire le 10 novembre 1885, devant
la Cour du District Sud de New York, American Bell intenta un procès
contre la Globe Telephone Co., Antonio Meucci, le Dr Seth R. Beckwith
et Amos Rogers (secrétaire du Globe), réitérant sa
tactique consistant à obtenir des victoires locales afin de créer
une situation de chose jugée dans un éventuel procès
avec le gouvernement et de créer un obstacle aux efforts du Globe
à Washington en faveur de Meucci.
De plus, le tribunal de district de New York était
présidé par le même juge, William J. Wallace, qui
avait statué quatre fois en faveur d'American Bell. Cette décision
permit aux avocats d'American Bell d'annoncer triomphalement, lors de
leurs plaidoiries finales du 14 novembre, devant l'honorable Lamar, qu'«
un procès est en cours en vertu des brevets de Bell à New
York contre Meucci et la société Globe ». Lors de
la séance de clôture du même jour, toutes les parties
résumèrent leurs arguments à l'appui de leurs positions.
Le Dr Seth R. Beckwith, en particulier, fit une longue dissertation sur
la priorité de Meucci [102,105], blâmant ainsi la décision
d'American Bell :
Au cours de cette audience, elle [l'American
Bell] a fait preuve d'un manque de respect envers vos Honneurs, car le
troisième jour de votre audience, un procès a été
intenté contre Antonio Meucci.
Une fois les audiences terminées, les assistants
de l'honorable Lamar rédigèrent chacun un rapport. M. Montgomery
envoya son rapport le 12 décembre. Le 22 décembre, suivirent
les rapports des secrétaires adjoints Muldrow et Jenks. Ils s'accordèrent
tous à recommander de poursuivre American Bell. Dans son rapport,
le secrétaire adjoint Jenks écrivit, entre autres choses
:
Il existe également des preuves que dès
1849, Antonio Meucci commença à expérimenter l'électricité,
en se référant à l'invention d'un téléphone
parlant [
] . Jusqu'en 1871, [
] bien que la plupart du temps
très pauvre, il construisit plusieurs instruments différents
avec lesquels, dans sa propre maison, il conversait avec sa femme et d'autres
[
] . Son témoignage est corroboré
par sa femme et par les affidavits d'un très grand nombre de témoins.
Il affirme qu'en 1872, il se rendit chez M. Grant, vice-président
de la New York District Telegraph Company, lui expliqua son invention
et tenta à plusieurs reprises de la faire essayer sur les lignes
de la compagnie. On prétend que cela fut utilisé par la
compagnie de télégraphe et fut la base du contrat entre
la Western Union Telegraph Company et la Bell Telephone Company, daté
du 10 novembre 1879.
Il convient de noter que dans le long rapport de l'honorable
Jenks, seuls Philipp Reis et Antonio Meucci sont mentionnés comme
les inventeurs du téléphone qui ont précédé
Bell.
Dans son rapport, le secrétaire adjoint Muldrow
a commenté en détail les affidavits en faveur de Meucci,
concluant :
Tant de témoins ayant juré que
les inventions de Meucci, Reis et autres ont précédé
celles de Bell dans le téléphone parlant [...], je crois
donc qu'il est du devoir du Gouvernement de rechercher judiciairement
si ces faits ne justifient pas l'institution d'un procès en annulation
du brevet du 7 mars 1876, qui porte le sceau du Gouvernement, et qui lui
confère le monopole de l'utilisation d'une des forces de la nature
aux dépens de collectivités entières.
Et ainsi, une fois de plus, les noms de Reis et Meucci
réapparurent, les mêmes qui allaient alimenter les nombreux
articles parus à cette époque dans les principaux journaux
américains.
Encouragé par les opinions unanimes de ses
assistants, l'honorable Lucius Lamar écrivit le 14 janvier 1886
une lettre à l'honorable John Goode (procureur général
par intérim), joignant les trois rapports susmentionnés
et les soixante documents présentés lors des audiences,
recommandant notamment que :
la procédure
devrait être menée au nom et entièrement par le gouvernement,
non pas au nom ou au bénéfice de tous ou de certains des
pétitionnaires, mais dans lintérêt du gouvernement
et du peuple, et entièrement aux frais et sous la conduite et le
contrôle du gouvernement.
La lettre de l'honorable Lamar a soulevé l'enthousiasme
de Meucci et de ses partisans (sans parler des partisans de Reis) au plus
haut point ; avec le soutien ouvert du gouvernement des États-Unis,
cet enthousiasme est devenu si extrême qu'il a pris pour acquis
une victoire juridique avant même le début du procès.
Meucci lui-même, dans une déclaration sous serment signée
le 23 juillet 1886 a déclaré que le
ministère de l'Intérieur des États-Unis a pratiquement
décidé en sa faveur, lui donnant la priorité d'invention
de la téléphonie sur toutes les autres. (Voir les décisions
des secrétaires adjoints, Muldrow et Jenks.)
Peu après que les conclusions de l'honorable Lamar
furent envoyées au ministère de la Justice, American Bell
lança une attaque virulente contre le gouvernement à la
Chambre des représentants, par l'intermédiaire des représentants
du Massachusetts (qui étaient proches de lui). Ceux-ci réussirent
à faire passer une résolution, le 26 février 1886,
pour établir un comité d'enquête fédéral,
composé de neuf membres, dans le but « d'enquêter sur
les accusations portées contre certains fonctionnaires publics
14 en rapport avec la Pan-Electric Telephone Company et sur les poursuites
intentées par les États-Unis pour annuler les brevets téléphoniques
de Bell. »
La commission ad hoc a recueilli des dépositions,
des documents et des témoignages sous serment du 12 mars au 27
mai 1886. Ces documents ont été imprimés dans un
volume de près de 1300 pages, en possession de l'auteur de cet
article. A l'issue de l'enquête, deux rapports ont été
rédigés : l'un de la majorité (démocrate)
et l'autre de la minorité (républicaine). Tous deux ont
été présentés à la Chambre des représentants
le 30 juin 1886. Le rapport de la majorité concluait que les fonctionnaires
du gouvernement impliqués n'avaient rien fait de mal, tandis que
la minorité affirmait le contraire, et les choses restèrent
donc inchangées.
Cependant, la lettre de l'honorable Lamar produisit également
des effets impressionnants sur la relation Globe-Meucci. Avec une rapidité
surprenante, le 27 février 1886 (acte enregistré le 1er
mars ) , le Dr SR Beckwith fonda, avec l'approbation de la Globe Co. et
de Meucci, la « Meucci Telephone Company » à Elizabeth,
New Jersey, dont le siège social se trouvait dans le Herald Building,
109 Broad Street. Il convient de noter qu'aucun des actionnaires de Globe
ne faisait partie de la nouvelle société. SB Ryder en était
le président et SR Beckwith le directeur général.
En fait, Beckwith offrit 25 000 $ à la Globe Co. afin d'acheter
ses droits sur Antonio Meucci pour la société nouvellement
créée dans le New Jersey.
Un compte rendu détaillé de cette société
est donné dans le précieux manuscrit de Francesco Moncada,
qui a fait des recherches aux États-Unis en 1932. Il nous dit que
le Dr SR Beckwith, le 26 avril 1886, a publié une courte circulaire
dans laquelle il déclarait :
La société utilise le téléphone
Meucci qui a été breveté au Bureau des brevets en
1871, cinq ans avant que le brevet de Bell ne soit accordé. Le
gouvernement a ordonné à la société américaine
Bell de comparaître immédiatement devant le tribunal des
États-Unis, accusée d'avoir obtenu son brevet par fraude,
collusion et par un serment mensonger selon lequel il était l'inventeur
original. Le gouvernement exige une « injonction interdisant et
interdisant à la société Bell de faire valoir à
nouveau tout droit ou toute réclamation en vertu des prétendues
lettres patentes de Bell ». La société Bell ou ses
agents seront responsables de tout téléphone utilisé,
loué ou vendu comme article breveté, dès que les
brevets de Bell seront annulés et déclarés nuls par
le gouvernement. Chaque abonné utilisant notre téléphone
sera protégé dans son utilisation contre tout dommage, ennui
ou poursuite intentée par toute personne ou entreprise.
Ces mots sont une indication claire de l'euphorie que
produisirent les conclusions de l'honorable Lamar. Les travaux pour construire
le central téléphonique d'Elizabeth, dans le New Jersey,
et connecter les abonnés avancèrent assez rapidement.
Grâce à la courtoisie des archives AT&T de Warren, dans
le New Jersey, nous avons pu récupérer la première
liste d'abonnés de la Meucci Telephone Company, qui énumère
un total de 116 abonnés, dont 49 étaient déjà
connectés le 21 mai 1886, les autres devant l'être le 1er
août.
Liste
Telephone Company, 1er août 1886
Même l'avocat Charles Swan d'American Bell a dû admettre que
: en avril 1886, Beckwith avait fait de tels progrès
dans son échange à Elizabeth que la Bell Company a jugé
préférable de demander immédiatement une injonction
préliminaire.
L'injonction fut demandée le 20 avril 1886, lors
du procès Bell/Globe à New York, en raison de liens présumés
entre les deux sociétés. Néanmoins, le 28 mai suivant,
le juge Wallace refusa d'accorder l'injonction contre la Globe Co., car
aucun lien significatif n'était apparu entre la Globe Co. et la
Meucci Telephone Company. Pour cette raison, le 8 juin 1886, American
Bell intenta un procès contre la Meucci Telephone Company dans
le New Jersey. Le procès se poursuivit jusqu'au 9 janvier 1892,
date à laquelle il fut officiellement clos, plusieurs années
après que la Bell Company eut gagné le procès contre
la Globe Co. (1887) et que la Meucci Telephone Company eut cessé
toute activité (novembre 1888).
Revenant aux événements qui suivirent la
décision de l'honorable Lamar, la Globe Co., voyant le brillant
succès de l'initiative de Beckwith dans le New Jersey et craignant
de perdre l'occasion offerte par le prestige soudain acquis par le nom
de Meucci, ouvrit une seconde Meucci Telephone Company à Nashville,
Tennessee, le 15 avril 1886. La société avait également
des bureaux à Philadelphie, où elle comptait tenir ses réunions,
étant donné que Goodwin et d'autres membres du Syndicat
y dirigeaient leurs affaires. Thomas Bowen fut nommé directeur
général de la nouvelle société. Les actionnaires
étaient pour la plupart les mêmes que ceux de Globe. La Meucci
Telephone Company of Tennessee ne fit pas grand-chose, voire rien du tout
essentiellement parce qu'elle attendait « de porter l'affaire Meucci
devant le Patent Office ».
Le Tennessee (l'État où le procureur
McCorry avait tenté à plusieurs reprises de traduire American
Bell en justice) fut choisi par les dirigeants de Globe comme siège
de la nouvelle société au motif qu'il n'aurait pas été
facile pour American Bell d'obtenir une injonction contre elle, ni de
gagner un éventuel procès avec la même facilité
que dans les États du Nord. Pour les mêmes raisons, le 28
août 1886, la Globe Co. et le Philadelphia Syndicate cédèrent
tous les droits sur les inventions de Meucci à la Meucci Telephone
Company of Tennessee, en guise de garantie d'une (probable) défaite
juridique de la Globe Co. à New York.
L'hésitation et la prudence de la Globe Co.,
en particulier de M. Goodwin et de M. Humphreys, contrastaient fortement
avec la rapidité et l'audace du Dr S. R. Beckwith. Ce dernier avait
même élaboré des plans précis pour étendre
l'activité de la Meucci Telephone Company du New Jersey à
Washington, DC, et à Alexandria, VA, comme le montre un contrat
signé avec un certain W. H. McDonald de Washington, DC, le 28 mai
1886. Le contrat prévoyait que les téléphones, complets
de leurs accessoires, seraient fournis par l'usine d'Elizabeth, NJ.
Ces approches opposées ont provoqué des
querelles entre Beckwith et Humphreys, qui n'étaient au départ
que des querelles antagonistes, mais qui ont fini par dégénérer
en une vulgaire bagarre avec des accusations réciproques, même
devant le tribunal du New Jersey. Meucci s'est retrouvé pris entre
les deux, mais il a finalement pris le parti de la Globe Co., qui était
le titulaire officiel de ses droits.
Gouvernement contre American Bell : les avocats gagnent.
Le 17 mars 1886, le gouvernement émit une ordonnance
de poursuite contre American Bell, et la plainte fut déposée
auprès du tribunal de district du sud de l'Ohio le 23 mars 1886.
Le solliciteur général, John Goode, assisté d'une
équipe d'avocats, représentait le gouvernement des États-Unis.
Les avocats d'American Bell élevèrent une objection concernant
la compétence du tribunal et demandèrent une motion qui
fut accordée le 7 décembre 1886, obtenant en même
temps que l'affaire soit classée. De ce fait, presque toute l'année
1886 fut gaspillée.
Le procès se déroula alors à Boston,
Massachusetts, où se trouvait le siège de la société
American Bell. Le nouveau mémoire de plainte fut déposé
le 13 janvier 1887. Le procureur était l'honorable George M. Stearns,
sous la direction du Solicitor General George A. Jenks. Les avocats de
Bell soulevèrent cependant une autre objection, soutenue par les
juges LeBaron Colt et Thomas L. Nelson le 26 novembre 1887 (encore une
année perdue !). Cette fois, cependant, le gouvernement fit appel
à la Cour suprême de Washington, DC, qui, le 12 novembre
1888, infirma le verdict des juges Colt et Nelson et les força
à rejeter l'objection de la société American Bell
et à reprendre le procès (néanmoins, une nouvelle
année fut perdue). Cette dernière sentence remonta le moral
de Meucci et fut considérée par beaucoup comme une victoire
pour lui, même si elle n'était que provisoire. Malheureusement,
Meucci mourut le 18 octobre 1889, avant d'avoir pu connaître le
résultat final de l'action gouvernementale.
Après de nombreuses querelles juridiques, les dépositions
commencèrent enfin le 6 décembre 1889. Les avocats du gouvernement
étaient dirigés par le juriste intelligent et persévérant
Charles S. Whitman de Washington, DC. Le 30 janvier 1893, lorsque le deuxième
brevet de Bell expira et que les dépositions se poursuivaient,
les avocats de Bell maintinrent qu'il n'était pas logique de poursuivre
un procès pour annuler des brevets déjà expirés.
Cependant, l'honorable Whitman répondit que dans tous les cas,
une sentence aurait fourni un point de référence pour des
questions d'importance fondamentale pour le pays et continua à
poursuivre l'action du gouvernement. Malheureusement, il mourut en septembre
1896 et, avec sa mort, les efforts du gouvernement perdirent rapidement
leur élan. Le procureur général de l'époque,
l'honorable Judson Harmon, recommanda au Congrès de clore l'affaire
avec le minimum de frais possible puisqu'il avait conclu un accord avec
l'autre partie (American Bell) selon lequel cette dernière n'aurait
en aucune façon profité de l'inaction du gouvernement.
Entre-temps, à la fin de 1897, le président
Cleveland achevait son second mandat et William McKinley, un républicain,
fut élu président. Le nouveau procureur général,
Joseph McKenna, annonça le 30 novembre 1897 que le procès
entre le gouvernement et American Bell était considéré
comme clos. Au final, il n'y eut donc ni gagnant ni perdant : les seuls
à avoir profité de ce long et complexe procès furent
les avocats des deux parties, qui demandèrent à leurs clients
des honoraires stratosphériques.
Conclusions
Nous pensons avoir amplement démontré dans
cet article que le gouvernement des États-Unis dAmérique
a pendant de nombreuses années largement honoré le nom dAntonio
Meucci comme linventeur du téléphone, affirmant quil
a précédé Alexander Graham Bell, avec lAllemand
Philipp Reis (pour lémetteur à contact lâche).
Nous avons également amplement illustré avec quelle ardeur
et quelle ardeur Meucci sest battu pour défendre sa priorité,
jusquà ce que la mort lemporte, tandis que la Globe
Co. défendait toujours sa mémoire en faisant appel à
la Cour suprême de Washington, et que le gouvernement des États-Unis
visait le même but avec son procès contre American Bell.
La mémoire de Meucci fut honorée par de
nombreuses personnes et pendant de nombreuses années après
la fin des deux procès. Parmi elles, il faut citer Guglielmo Marconi
qui s'est battu avec acharnement pour que les mérites de son malheureux
compatriote soient reconnus au niveau international. Toujours en 1976,
la publication de la Smithsonian Institution, célébrant
le centenaire de l'invention du téléphone, ne présentait
que huit portraits, choisis parmi les dizaines d'inventeurs connus dans
le domaine du télégraphe et du téléphone :
l'un d'eux était celui d'Antonio Meucci. Les autres étaient
Gray, Blake, Hughes, Edison, Morse, Thompson et Reis.
Depuis, le nom de Meucci s'est peu à peu estompé,
risquant de se retrouver relégué au mieux parmi les anecdotes
scientifiques. L'auteur espère sincèrement que cela n'arrivera
jamais, car si nous devions renier ou effacer nos racines ou oublier ceux
qui, avec leur cur et leur esprit, ont tant honoré l'Italie
et les États-Unis, nous serions les premiers à en subir
les conséquences.
sommaire
|