Faire fonctionner le TELEGRAPHE et le TELEPHONE SIMULTANEMENT

Le sujet est d'importance à cette époque ou le télégraphe éxistait dans le monde entier avec son infrastructure : fils, poteaux, ingénieurs, peronnel ... et voici qu'un petit nouveau "le téléphone" voudrait bien s'inviter dans la danse.

- 1880-1881 On doit à un ingénieur des télégraphes belges, M. Van Rysselberghe, d’importantes recherches pour préserver les fils télégraphiques de l’influence perturbatrice des courants induits, résultant du voisinage des fils télégraphiques.
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Langdon-Davies de Londres est aussi dans la course, au milieu des années 1880, il s'inspire des travaux de François van Rysselberghe
- D'autres expériences du même domaine, ont commencé en 1881, bien avant les travaux de Langdon-Davies avec Cardew à la Society of Telegraph Engineers

sommaire

L'idée de superposer un signal téléphonique sur une ligne télégraphique vient de Van Rysselberghe :

Van Rysselberghe
était professeur de physique à l'école industrielle de l'école de navigation d'Ostende.

Van Rysselberghe
Il était encore dans son adolescence au début de sa carrière et avait acquis une réputation de brillant.
Il a conçu une station météorologique pour la lecture à distance alors qu'il était rattaché à l'Observatoire royal de Belgique et c'est probablement ce qui l'a amené à l'idée de superposer un signal téléphonique sur une ligne télégraphique.
Il a peut-être suivi l'œuvre originale de David Hughes en Grande-Bretagne, publiée en 1879. Hughes a proposé l'utilisation d'une bobine d'arrêt pour réduire les interférences entre les circuits télégraphiques. Van Rysselberghe finira par breveter son système en 1882

Les courants téléphoniques, au lieu d’être lancés et interrompus brusquement par les appareils, sont gradués, au moyen de résistances que l’on intercale successivement dans le circuit, au moment de la fermeture, et que l’on retire de la même façon, au moment de l’ouverture du circuit.
Rien n’est changé dans le mode de transmission ; seul, le manipulateur, convenablement agencé, opère automatiquement les commutations nécessaires.Bien qu’il fournisse une solution pratique suffisante, ce système avait l’inconvénient d’exiger des manipulateurs d’une construction spéciale.

Sur notre site nous avons 2 ouvrages :
1885 Télégraphie Téléphonie simultanés Van Rysselberghe

1890 Télégraphie Téléphonie simultanés Van Rysselberghe , dans lesquels nous retrouverons la plupart des explications ci dessous.

M. Van Rysselberghe a donc cherché à résoudre le problème en n’employant que des appareils ordinaires.
De plus, ayant reconnu que les courants téléphoniques et télégraphiques lancés simultanément sur un même fil, dans le même sens ou en sens inverse, ne se mélangent point, et peuvent être séparés, ce physicien est arrivé à un résultat très remarquable.
La puissance d’un réseau télégraphique peut être plus que doublée, sans rien changer à la ligne, puisque, avec l’adjonction pure et simple d’un petit nombre d’appareils accessoires dans chaque poste, et d’une paire de téléphones, on peut à la fois téléphoner ou télégraphier, c’est-à-dire parler et écrire simultanément.
Tout le système est basé sur l’emploi d’une bobine, dont le mode d’enroulement a pour effet d’ajouter la puissance des courants téléphoniques et de neutraliser les courants télégraphiques.

En Belgique et en Amérique, où M. Van Rysselberghe est allé mettre sa méthode en pratique, l’envoi simultané des dépêches télégraphiques et téléphoniques se fait d’une manière régulière.
Aussi les appareils de M. Van Rysselberghe pour la téléphonie à grande distance n’avaient jusqu’ici trouvé d’applications que sur quelques lignes de la Belgique, mises, à titre d’essai, à la disposition de l’inventeur.

Système M. Van Rysselberghe,
Document télégraphie et téléphonie simultanés de Mourlon 1884 ou en fichier

Pour aller droit au but si vous vouler passer sur la partie explication technique, le système fonctionnait sur un seul fil de télégraphe aérien.
Un inducteur est formé en utilisant une bobine de fil , capable de filtrer la fréquence Morse inférieure de la fréquence vocale beaucoup plus élevée et bloque la fréquence vocale la plus élevée mais a laissé passer la fréquence Morse basse.
De manière similaire mais opposée à l’effet de l’inducteur , un condensateur est installé, qui transmet la fréquence vocale la plus élevée mais bloque la fréquence Morse inférieure. Les deux fréquences séparées ont été détournées des instruments respectifs, soit l'instrument Morse, soit l'instrument téléphonique.
En exemple, un rapport du gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud décrit une économie de 93% en utilisant ce système à condensateur sur un seul fil de télégraphe plutôt que de construire un deuxième fil pour fournir un service téléphonique classique.

sommaire

On retrouve le fonctionnement du système Rysselberghe, tiré du "journal télégraphique" janvier 1884

Télégraphie et téléphonie simultanées par les mêmes fils conducteurs , système F. Van Rysselberghe
par M. J. BANKEUX Ingénieur on chef des télègraphes belges.

Dans son numéro du 25 Août 1882, le Journal télégraphique a rendu sommairement compte des premières expériences de M. Van Rysselberghe, ayant pour objet la suppression dans un eircuit téléphonique, des effets d'induction produits par le travail télégraphique de fils conducteurs voisins et parallèles, ainsi que l'utilisation de ces mêmes fils à la correspondance duplex, télégraphique et téléphonique.
Bien que les recherches dans cette direction aient complètement abouti depuis six mois, des raisons entièrement personnelles à l'inventeur ont empêché la publication du système.
Aujourd'hui que tout obstacle a disparu et que d'ailleurs les appropriations d'une partie des réseaux du télégraphe, en Belgique et en Hollande, sont près de faire entrer les nouvelles combinaisons téléphoniques dans la pratique courante, il nous est possible d'exposer celles-ci avec quelques détails.

Graduation, des courants télégraphiques.
— Nous avons déjà dit dans quelles circonstances M. Van Bysselberghe a été amené à combattre l'induction télégraphique dans le circuit primaire lui-même, à la différence des autres procédés généralement en usage, qui tendent à neutraliser les effets dans le circuit secondaire ou téléphonique. Les courants induits les plus marqués et par conséquent les plus nuisibles sont ceux qui correspondent à la fermeture et à l'ouverture du circuit inducteur, et leur intensité est directement proportionnelle à celle des courants qui les ont provoqués à ces deux époques de la transmission d'un signal. Dès-lors, graduer l'émission et l'extinction du courant primaire, de telle sorte que de zéro à I il aille régulièrement en augmentant et de I à zéro régulièrement en décroissant, c'est réduire la force des courants induits et les graduer à leur tour, c'est-à-dire en définitive faire fléchir seulement la membrane du téléphone récepteur, sans donner lieu à aucun son. : Après avoir essayé comme graduateurs des manipulateurs modifiant automatiquement la résistance du circuit primaire, M. Van Bysselberghe obtint des résultats infiniment supérieurs par l'emploi d'électro-aimants et de condensateurs, dont le jeu purement électrique se prête mieux à toutes les applications et qui ne réclament aucune modification des transmetteurs télégraphiques ordinaires.
fig 1
fig 2
Soient deux fils Li1, et Li2 voisins et parallèles (fig. 1); M et B respectivement un manipulateur et un récepteur télégraphiques; E un électro-aimant droit, d'une résistance d'environ 1000 ohms, intercalé entre la pile et la clef.
Les courants lancés sur le fil Li1, par le manipulateur M, ne sont point perçus ou sont peu sensibles dans le téléphone T2 et leur action directe sur le téléphone Tt est considérablement moindre que si l'électroaimant E n'existait pas.
Le résultat est meilleur encore si l'on dispose en outre un condensateur entré les bornes pile et ligne de la clef de transmission (fig. 2).

Enfin, les téléphones Tt et T2 restent absolument silencieux, quelle que soit la force de la pile P, lorsque le condensateur est raccordé en dérivation à la terre entre les deux électro-aimants Ej et E8, qui ont alors chacun une résistance de 500 ohms (fig. 3).
fig 3
Pour que l'expérience réussisse complètement, il faut que le fil télégraphique Lj ait une certaine longueur et que la résistance du récepteur B ne soit pas inférieure à 500 ohms ; la capacité du condensateurgraduateur peut être uniformément de 2 microfarads pour la généralité des installations télégraphiques.
En ce qui concerne le travail par Morse, les éleetrograduateurs ne sont pas nécessaires lorsque les courants traversent, au départ d'un poste, les bobines du récepteur B.
Dans le cas de l'appareil Hughes, on obtient une réduction notable des bruits d'induction par la suppression pure et simple de la dérivation par l'armature, à l'exclusion de tout dispositif de graduation. Il est préférable d'intercaler un électro-aimant de 1000 ohms dans cette dérivation, mais la combinaison qui s'harmonise le mieux avec toutes les conditions variables des lignes et des appareils est celle de la figure 3, savoir, dans chaque bureau terminus : un électro-graduateur de pile, un: autre de ligne et un condensateur branché de la ligne à la terre.

Une application très-intéressante du système antiinducteur est faite en Belgique à la suite des recherches de M. Van Bysselberghe et de M. Buels, chef de bureau, sur un fil de 45 kilomètres fonctionnant en duplex-Hughes entre Bruxelles (Nord) et Anvers (Bourse).
Le travail de ce fil produisait dans les circuits voisins un tapage téléphonique intense, qu'il fallait éteindre sans nuire à l'établissement de la balance télégraphique. La disposition suivante résout complètement le problème.
fig 4
Les deux côtés du pont sont représentés par deux électro-aimants E1, et E2 à noyaux de fer mohiles; on règle la balance de la façon habituelle au moyen du rhéostat B, puis en envoyant des courants interrompus on modifie par tâtonnements la longueur de pénétration des noyaux, de telle sorte que l'équilibre se maintienne sous l'influence des effets statiques et dynamiques dont les électro-aimants sont le siège; le condensateur-gradnateur devient inutile.
Il ressort de cet exposé: que, sur une ligne télégraphique donnée, on peut assurer un service téléphonique téléphonique l'aide d'un fil simple avec terres, lorsque tous les autres conducteurs, voisins et parallèles, parcourus par des courants télégraphiques, sont armés du dispositif anti-inducteur Van Bysselberghe, et 2°, que si tous les fils indistinctement sont armés, l'un quelconque d'entre eux est capable de desservir une correspondance duplex, télégrapho-téléphonique, à l'abri des perturbations causées par l'induction et, comme l'expérience le démontre, de celles provenant des dérivations; de courants d'un fil à l'autre. Dans le premiercas,: on perd une communication télégraphique ; dans le second, l'identité absolue des circuits télégraphique et téléphonique donnerait lieu en pratique à des inconvénients tels que la combinaison serait, difficilement acceptable. Un fait d'observation a fourni à l'inventeur le moyen de rendre les deux services indépendants autant qu'ils peuvent l'être.
fig 5
Soient TLT' un circuit téléphonique simple ayant une dérivation KMN à la terre (fig. 5);
C un condensateur de '/z microfarad ou moins r
B une résistance de 500 ohms ou plus;
T et T' des téléphones dont les résistances peuvent varier de 0,1 à 4000 ohms.
Que l'on supprime ou maintienne la dérivation KMN, les correspondants ne s'aperçoivent d'aucune différence dans l'intensité des courants téléphoniques. Nous avons expérimenté sur des lignes aériennes de 45 à 110 kilomètres (fils de fer de 4 milliru.), sur celle de Bruxelles à Paris, en 5 millim., d'une longueur de 320 kilomètres^ et sur le câble sous-marin de Douvres à Ostende (138 kilom.).
En ce qui regarde les rapports de résistance à établir entre la ligne, les récepteurs téléphoniques, le fil secondaire, de la bobine d'induction des transmetteurs microphoniques, la pile, le microphone et le fil primaire de la bobine, les expériences ont démontré que, à l'encontre des lois admises en télégraphie, des téléphones ayant seulement quelques tours de gros fil fonctionnent parfaitement sur des lignes aériennes de plus de 300 kilomètres, et que les résultats sont les plus favorables quand la résistance du circuit inducteur, au poste de transmission, est réduite dans la plus large mesure possible. C'est pourquoi M. Van Bysselberghe fait usage comme générateur d'électricité, de piles à très-faible résistance intérieure, telles que les accumulateurs, et multiplie les contacts microphoniques en les accouplant en surface.

Télégraphie et téléphonie simultanées.
En appliquant à un fil télégraphique le principe indiqué fig. 5, on forme l'installation duplex de la figure 6,
dans laquelle le condensateur-graduateur C, a une capacité de 0,5 ou au besoin de 0,1 microfarad seulement, et le condensateur-séparateur C2 une capacité de 2 microfarads. On réalise ainsi l'indépendance des deux modes de correspondance.
fig 6
Les dispositions anti-inductrices Van Bysselberghe ont été expérimentées à différentes reprises sur le réseau télégraphique belge avec le plus franc succès. Nous citerons notamment l'expérience ou trois opérateurs établis respectivement à l'Observatoire de Bruxelles, à Ostende et à Anvers, ont conversé entre eux sans aucune difficulté par l'intermédiaire d'un fil de fer de 4 millimètres pose sur les poteaux des lignes reliant ces localités, et ce, durant la période la plus active du travail Morse et Hughes de nombreux fils courant parallèlement au premier, et dont quelques-uns seulement, les plus bruyants, avaient été armés. La distance d'Ostende à Anvers est de 170 kilomètres. On se servait de transmetteurs microphoniques et de récepteurs Bell modifiés par M. Van Bysselberghe en vue de reproduire la parole avec une grande intensité, de façon à dominer entièrement les bruits nuisibles que l'on avait intentionnellement laissés subsister.
Nous signalerons encore la transmission téléphonique, en service régulier, du Palais Législatif, à Bruxelles, aux bureaux d'un journal quotidien, à Gand, du compte-rendu des débats parlementaires, des cotes de la Bourse et des marchés, par un fil aérien de la ligne télégraphique de Bruxelles à Ostende, lequel sert en même temps à la transmission des courants voltaïques actionnant les télémétéorographes installés aux observatoires de ces deux villes.
Cette dernière application est un exemple des ressources que présente le système adopté pour obtenir l'indépendance mutuelle des deux services à l'aide d'un même fil conducteur. Deux stations A et D peuvent correspondre par télégraphe pendant que deux autres intermédiaires B et C tiennent une conversation par le fil qui relie les deux premières. Mieux encore: on peut sectionner téléphoniquement un fil télégraphique continu, de manière à multiplier, sans interférence, le nombre des postes en relation (fig. 7).

E, et E2 sont des électro de 1000 ohms ; E3 et E4 des bobines ou, de préférence, des électro-aimants de 500 ohms environ ; B, et B2 des récepteurs d'au moins 500 ohms, et enfin C, . . . . C5 des condensateurs de 0,5 microfarad.
Dans ces conditions, T, et T2 d'une part, T., et T4 de l'autre communiquent par téléphone, dans.le même temps que les postes extrêmes échangent dos télégrammes.
Admettons maintenant que tous les fils d'une ligne aérienne donnée sont armés du système anti-inducteur et aussi les fils d'embranchement, ceux qui viennent prendre terre aux bureaux terminus, et, en général, tous les conducteurs télégraphiques dont le travail est susceptible de provoquer des courants d'induction ou de dérivation dans un Circuit téléphonique. Est-il possible d'utiliser plusieurs fils simples de cette ligne à des communications verbales indépendantes et simultanées ? La réponse est absolument négative : tout ce qui se dit sur un fil est nettement compris sur tous les autres. Le pire ennemi du téléphone n'est plus letélégraphe, mais bien le téléphone lui-même.
Dès-lors, toutes les fois que l'on aura besoin de plusieurs circuits téléphoniques entre deux points déterminés, iL faudra prendre en double les fils télégraphiques, qui conservent d'ailleurs, isolément leur affectation ordinaire. M. Van Bysselberghe indique les deux solutions suivantes.

Première solution. (Fig.. 8.)
Dans cette disposition, S, et S2 représentent des résistances d'au moins 500 ohms; B2 est un récepteur d'une résistance de 1000 ohms ou davantage, et E2 est un électro-aimant d'environ 1000 ohms. On satisfait en outre à la condition SxL2 = S2xL1
Sous le rapport téléphonique, il y a avantage à prendre pour E,, St et S2 des électro-aimants, afin de ne pas avoir à remplir rigoureusement cette condition d'équilibre.
Deuxième solution. (Fig. 9.)
Lj et L2; fils télégraphiques quelconques;
E,, E2, E3 et E4: électro-aimants de 500 ohms;
C, et C2: condensateurs de 0,5 microfarad;
C8 et C4: B ' de 2 mierofarads;
Bi et B2: récepteurs télégraphiques dont la résistance n'est pas inférieure à 500 ohms.
C'est cette dernière combinaison qui a été réalisée en Belgique sur la ligne de Bruxelles à Anvers, entre Haeren et Berchem (35 kilomètres), et en Hollande, entre Amsterdam et Haarlem (18 kilomètres).
Lorsque l'on veut utiliser un fil télégraphique international au service téléphonique, ou seulement l'empêcher de nuire à la correspondance verbale échangée par des fils de la même ligne, on peut se dispenser de réclamer l'appropriation du conducteur sur le territoire étranger: il suffit, d'intercaler à la frontière ou en un point intermédiaire convenablement choisi, un électro-aimant de 500 ohms^ et de placer un condensateur de 2 microfarads dans une. dérivation de la ligne au sol.
Il est mutile d'insister sur la nécessité d'isoler électriquement avec le plus grand soin, dans toutes les installations duplex, les fils de connexion et les instruments des postes téléphoniques, afin d'éviter le mélange des signaux télégraphiques ou des pertes à la terre.
Les condensateurs réclament des soins particuliers, car ils doivent résister à l'action de la plus grande différence de potentiel créée par les piles les plus énergiques employées en télégraphie. On les soumet à cet effet à l'épreuve suivante: un circuit étant composé d'une batterie de 300 éléments Leelanché, de trois électro-aimants de 500 ohms et d'un interrupteur à vibrations rapides, aux bornes duquel se relient, en circuit dérivé, les armatures d'un condensateur shunté lui-même par un paratonnerre, le condensateur est tenu de supporter sans avarie les extra-courants ainsi produits. Néanmoins, dans l'éventualité de dégradations accidentelles, il importe de combiner les choses de telle sorte que-le remplacement des condensateurs et des paratonnerres s'opère en un tour de main.

Il reste à exposer le mode de rattachement des circuits entièrement métalliques des lignes intra-urbaines aux circuits à fil simple des abonnés des réseaux téléphoniques locaux.
Le problème dans sa plus grande simplicité a été résolu en Angleterre à l'époque où le Post Office se décida à établir sur ses poteaux télégraphiques, pour l'usage des Compagnies concessionnaires, des circuits spéciaux formés chacun de deux fils se tordant en hélices l'un autour de l'autre, d'après le principe indiqué par le Professeur Hughes. On sait que la solution consiste à interposer une bobine d'induction dont l'un des fils fait partie du circuit métallique de la trunk line, et l'autre du conducteur reliant l'abonné et prenant terre à ses deux extrémités. Malgré la double transformation inductive introduite par surcroît dans le système téléphonique et l'augmentation de la résistance du circuit intermédiaire, la correspondance à grande distance reste possible, si le rapport des résistances des fils des bobines répétitrices est convenablement réglé. Dans le dispositif Van Bysselberghe, la question se complique de l'intervention des courants télégraphiques et de l'obligation d'assurer la décharge des condensateurs-séparateurs (fig. 9). L'inventeur relie à cette fin à la terre le milieu de celui des deux circuits de l.a bobine d'induction qui compose le pont téléphonique. On peut se représenter, comme le montrent les flèches de la figure 10,

la marche des courants téléphoniques. En réalité, il faut empêcher la réaction mutuelle des deux parties de la bobine et dédoubler celle-ci. Chaque moitié forme une bobine d'induction d'induction n'ayant de commun avec l'autre que la liaison à la terre, et les axes ou noyaux de fer doux sont perpendiculaires entre eux. Cette disposition des axes est également observée dans l'installation de plusieurs électro-aimants graduateurs, lorsqu'on est forcé de placer ces accessoires côte-à-côte; toutefois M. Van Bysselberghe obtient le résultat désiré en insérant chaque électro dans un cylindre de fer doux.
Une conséquence curieuse de la combinaison fig. 10 : si, en l'absence de tout travail télégraphique, on isole l'un des fils L1 ou L 2, l'intensité de la réception ne diffère pas sensiblement de celle obtenue au moyen du double circuit.
Il est clair que les bobines de translation ou, plus exactement, de répétition, et les condensateurs-séparateurs doivent se trouver dans les bureaux télégraphiques terminus de la trunk line et non aux bureaux centraux des téléphones; il est désirable aussi que chaque connexion entre ces bureaux soit faite par un fil d'aller bouclé d'un côté, à travers la bobine d'induction, à un fil de retour allant prendre terre de l'autre, et que ces conducteurs soient isolés au moins au même degré que les fils télégraphiques. Jusqu'ici, comptant sur la réelle bonne volonté des courants téléphoniques à arriver en quantité suffisante au bout d'un fil urbain posé sur des isolateurs déplorables, l'on ne s'est guère préoccupé de l'isolation ; cependant les échos réciproques de conducteurs voisins peuvent provenir tout autant de la dérivation que de l'induction. Nous croyons que cette considération ne devra plus être négligée si l'on veut voir réussir la correspondance à grande distance, directement entre les abonnés des villes. Peut-être devra-t-on également, dans certains cas, renforcer la puissance des transmetteurs téléphoniques communément en usage, en attendant l'invention d'un véritable relais téléphonique. Déjà, pour l'appel d'un bureau central à l'autre, il est nécessaire, dans le système Van Bysselberghe, d'éviter les sonneries fonctionnant par courants voltaïques et les magneto-calls ordinaires, afin de ne pas troubler le travail télégraphique des fils utilisés en duplex;, dès-lors les appareils téléphoniques doivent produire par eux-mêmes un signal suffisamment bruyant pour éveiller l'attention du bureau appelé.
Nous avons admis jusqu'ici qu'un fil télégraphique ne se prête supplémentairement à la correspondance téléphonique entre deux points donnés que s'il est continu d'une extrémité à l'autre. Cette condition n'est pas absolue. Supposons deux fils reliant respectivement les postes A et C à un troisième B où ils vont prendre terre à travers des appareils télégraphiques; il suffit de shunter l'ensemble de ceux-ci par un pont avec condensateur établi entre les fils de ligne dans le bureau
B, pouf vu que chaque jeu d'appareils présente aux côùrants téléphoniques uhe. résistance d' au moins 500 homs .Dans l'hypôthèse de l'emploi entre deux loalalités de plusieurs circuit téléphoniques composés chacun deux fils télégraphiques courants pàrallellement sur lesmêmes poteaux et approprié suivant lesystème Rysselberghe, il importe beaucoup d'être fixé sur le degré, d'influence téléphonique que conservent les circuits les uns sur les autres. Si les conversations tenues sur l'un d'eux font écho au point d'être intelligibles sur les voisins, l'avantage du double fil disparaît et l'on est obligé de limiter à un seul conducteur avec terres les moyens de correspondance duplex. Le remède serait, dans ce cas encore, la pose croisée des fils, telle qu'elle est réalisée en Angleterre; mais ce mode d'installation exigerait le remaniement complet des lignes télégraphiques et il serait inapplicable dans les pays où les isolateurs sont attachés aux poteaux mêmes et non à des bras ou traverses.
Les expériences faites jusqu'à présent en Belgique sur des lignes de 100 kilomètres et moins, ont démontré que quand les plans de chaque couple de fils sont parallèles et rapprochés, on entend la voix induite, et on parvient parfois à comprendre des mots, voire des lambeaux de phrases. Toutefois l'induction diminue et même disparaît lorsque ces plans s'écartent ou, mieux encore, se croisent jusqu'à devenir perpendiculaires. On obtient un excellent résultat en associant, par exemple, le premier fil à la droite des poteaux avec le second de la rangée de gauche, et le premier de gauche avec le troisième de droite.
La solution générale de M. Van Bysselberghe remédie à l'inégalité des effets d'induction des fils voisins sur chacun des conducteurs télégraphiques composant le couple téléphonique. A cet effet, on fait glisser l'un sur l'autre les deux parties de la bobine répétitrice correspondant au fil téléphonique le plus influencé, de manière à diminuer l'action inductive des solénoïdes primaire et secondaire. On arrive ainsi à rendre presque insensible l'induction réciproque des cireuits doubles posés sur les mêmes appuis. Il importe peu, d'ailleurs, en pratique, que l'on entende le discours transmis par un circuit voisin; il suffit qu'on ne le comprenne pas.
Une conséquence directe de l'application du système Van Bysselberghe est le renforcement des piles télégraphiques, pour tenir compte de la résistance supplémentaire fixe 1500 ohms apportée par les électro-graduateurs dans chaque circuit. Il est bien permis de s'effrayer, au premier abord, de la dépense à laquelle on est entraîné, car les installations doivent être complétées; dans tous les bureaux dont les fils peuvent agir sur les fils téléphoniques, soit par induction, soit' par bifurcation : de courants. Cependant; si l'on calcule les frais que réclameraient des lignes téléphoniques spécialement construites pour un uorribre : de circuits égal à celui qui est fourni par les fils télégraphiques existant dans un réseau donné, on reconnaît immédiatement les avantages économiques des dispositions de M. Van Bysselberghe.

C'est guidé par ces considérations, et en vue d'organiser sans délai le service de la téléphonie entre les principales villes de Belgique — première étape vers un service international — que M. Olin, Ministre des travaux publics, a approuvé, en Décembre dernier, un contrat par lequella maison Mourlon et Cie, de Bruxelles, s'engage à fournir, sous la direction de l'inventeur, tous les accessoires du système Van Bysselberghe nécessaires à l'appropriation du réseau belge.

Nous avons à mentionner, pour terminer, l'objection ; formulée par M. W. Preece dans une note lue au meeting de Southampton de la British Association, en 1882: Quel avantage y a-t-il à correspondre verbalement sur aun fil au détriment de la communication télégraphique ?
En Angleterre, la vitesse est tout, et nous éliminons toutes les influences qui retardent la vitesse; par conséquent, il ne peut être question d'électro-aimants et de condensateurs dans les circuits télégraphiques ; ils «retardent la télégraphie.

Si le Wheatstone automatique était en usage en Belgique, nous eussions cherché à déterminer in anima vili l'influence du dispositif anti-inducteur sur là rapidité du travail de cet appareil, après avoir eu soin d'augmenter la force électro-motrice afin de conserver au courant son intensité primitive. Mais nous ne doutons pas que les Administrations étrangères qui utilisent le Rapide — la Grande-Bretagne, la France, l'Italie, la Russie et la Suède — ne consentent à exécuter, sur leurs lignes, les expériences destinées à élucider pratiquement ce point, et à en publier les résultats, au bénéfice de la communauté, par la voie du Journal télégraphique.
Quoi qu'il en soit, on a travaillé chez nous sur un fil de 244 kilomètres au moyen d'appareils Hughes réglés à 150 tours de chariot, sans que l'intercalation et la suppression alternatives d'un électro-aimant de 1000 ohms dans le circuit produisissent une fausse lettre ou un dérangement quelconque; on transmettait cependant les combinaisons classiques les plus compliquées. En outre, pendant environ deux mois, le bureau de Bruxelles (Nord) a. fait le service avec Paris (320 kilomètres), à 145 tours, l'électro-graduateur étant alors inséré dans la dérivation des bobines du Hughes. Cette innocuité du système
anti-inducteur s'étend évidemment a fortiori au travail par Morse.

Les inventions de M. Van Bysselberghe sont brevetées en tous pays.

Bruxelles, Janvier 1884.

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M. Olin, Ministre des travaux publics de Belgique, a approuvé, en Décembre dernier, un contrat par lequel la maison Mourlon et Cie, de Bruxelles, s'engage à fournir, sous la direction de l'inventeur, tous les accessoires du système Van Bysselberghe nécessaires à l'appropriation du réseau belge.

De 1880 à 1889
, Charles Mourlon collabore avec François Van Rysselberghe à la commercialisation de son invention consistant à utiliser les mêmes câbles pour la téléphonie et la téléphonie.

En 1880, Charles Mourlon créa les premiers ateliers de construction de matériel électrique en Belgique.

Charles Mourlon

Charles Mourlon était un homme d'affaires de Brus-Roy principalement actif dans les applications électrotechniques.

Avec Van Tysselberghe, ils vendent des licences et des appareils pour ce qu'on appelle le "système Van Rysselberghe" dans le monde entier.
L'invention, brevetée en 1882 en Belgique et au Royaume-Uni, a entraîné l'expansion rapide de l'usine de Mourlon à Bruxelles.
Plus tard, des brevets ont été obtenus dans le monde entier.

Il publia de nombreux ouvrages se rapportant à l'électricité, au téléphone, aux industries des lampes, etc., qui furent traduits en plusieurs langues.
Il participa à de nombreuses expositions nationales, internationales et universelles, de 1888 à 1925, en tant que membre, secrétaire ou Président du Groupe de l'Electricité et membre des Jurys ; il orchestra largement l'effet médiatique de ces manifestations.

Les téléphones usuels : "Le Mourlon" est un des livres très recherché par les collectionneurs et historiens .

Van Rysselberghe se rendit aux États-Unis en 1885 pour tester son système sur des lignes plus longues et parvient à établir un appel entre New York et Chicago, à une distance d'environ 1 000 milles.
Malheureusement aux États-Unis, la situation était différente de celle de l'Europe. Western Union Telegraph et Bell Telephones ont réglé leurs différends juridiques, et un des termes de l'accord prévoyait qu'ils resteraient en dehors des affaires de chacun.
Cela a obligé Bell à construire son propre réseau interurbain à partir de zéro, une proposition coûteuse.
Pour cette raison, la démonstration de Van Rysselberghe, bien que très réussie, n'attira pas beaucoup plus l'attention. Bell ne pourra pas établir de connexion directe entre les deux villes avant 1892.

Rysselberghe concéde son système sous licence dans le monde entier et son succès a été tel qu’en 1889, ils a pris contact avec les gouvernements britannique et français pour mettre en place une ligne téléphonique transmanche. Elle serait payée par la société et remboursée par une redevance sur les appels vocaux et télégraphiques effectués.
Les deux gouvernements ont rejeté la proposition, car ils s'inquiétaient de la quantité de propriété privée dans le secteur florissant de la téléphonie.

En France en 1886 dans la revue L'Electricité on y lisait :
" Le système de transmissions télégraphiques et téléphoniques simultanées de M. Van Rysselberghe est le seul qui , en France du moins , ait reçu jusqu'ici quelques applications pratiques dans la téléphonie interurbaine . D'autres systèmes doivent , paraît - il , êlre essayés sous peu , et nous saurons alors à quoi nous en tenir sur leur valeur pratique" .

Puis en Belgique en 1886 la revue l'Electricien raconte :
"Plusieurs journaux belges ont annoncé que des essais de téléphonie à grande distance par le système de F. Van Rysselberghe , avaient eu lieu entre Vienne et Brünn ; nous lisons à ce sujet dans l'un des principaux organes de la presse quotidienne de Vienne , la Neue Freit Presse , ce qui suit : « Les communications par téléphone entre Vienne et Brünn , dont nous avons déjà annoncé l'installation a brillamment soutenu hier l'épreuve du feu . Pour la première fois un grand nombre de personnes , membres du club des agronomes et des forestiers , qui ont visité hier en corps le bureau central des télégraphes , ont pu se mettre en communication téléphonique avec Brünn . Un de nos collaborateurs qui s'était joint aux visiteurs nous écrit à ce sujet : « C'est avec une vive curiosité que nous pénétrons dans la salle des raccordements télégraphiques dans laquelle on procède aux essais téléphoniques en question . Dans cette salle viennent converger les fils de toutes les parties du monde , formant pour le profane une véritable forêt vierge de fils dont le réseau inextricable n'est pénétré que par l'ail exercé du télégra phiste . Cette chambre est le cour télégraphique de Vienne . Une petite cloison fixée contre un mur , porte l'appareil téléphonique au moyen duquel nous avons conversé avec nos concitoyens de Brünn . L'appareil est raccordé à l'un des fils télégraphiques qui relient Vienne å Brünn et la correspondance téléphonique s'effectue sans souci des dépêches télégraphiques qui simultanément s'échangent par ce même fil . L'appareil ressemble à nos téléphones ordinaires , seulement il est muni d'un signal d'appel qui constitue la solution ingénieuse de la plus grande difficulté que l'on ait å vaincre dans l'élaboration du système . M. l'ingénieur en chef Kareis , à l'initiative duquel nous devons ces essais , basés sur le système si souvent cité de J. Van Rysselberghe , nous en a fait les honneurs . L'appareil correspondant se trouve installé dans une maisonnette de garde , à la gare de Brunn . M. Kareis appela son collègue et celui - ci répondit au même instant qu'il était prêt à causer avec nous . La première question de Vienne fut : « M. X ... est - il là ? » Un « oui » clairement articulé fut la réponse de l'interlocuteur , éloigné de nous de 144 kilomètres . Les communications s'échangèrent sans la moindre difficulté et avec une rapidité et une précision aussi parfaites que si nous avions parlé à l'intérieur de Vienne , bien que , au même instant , on télégraphiât activement sur le même fil . Les résultats obtenus produisirent une surprise , nous dirons même une stupéfaction fort agréable . Nous avions craint que les courants électriques qui transmettent les signaux télégraphiques entre Vienne et Brünn ne vinssent troubler la conversation par des crépitements , des bourdonnements ou par d'autres bruits , mais il n'en fut rien . Nous entendimes distinctement des phrases et des nombres pris au hasard articules à Brünn ; un des nôtres constata même qu'une dame parlait devant l'appareil , à Brünn .
Une heure avant notre visite , M. le ministre du commerce , Baron Pino , qui suit ces expériences avec le plus grand intérêt , avait téléphoné lui - même à Brünn , et ce n'est qu'après s'être assuré du succès des expériences qu'il permit l'admission des visiteurs .
On continue les essais , et lorsque les installations seront complète ment terminées , la téléphonie entre Vienne et Brünn sera livrée au public . Dès que le succès de cette première grande ligne téléphonique se sera affirmé , on s'occupera d'établir la correspondance verbale entre Pesth et Vienne , c'est - à - dire à une distance de plus de 280 kilomètres »
".

Aux USA


John Goldfinch a attiré mon attention sur un document présenté par le capitaine P. Cardew en 1886 à la Society of Telegraph Engineers, précurseur de l'Institution of Electrical Engineers. Il y décrit des tests et des essais sur le terrain d'un système de signalisation presque identique, utilisant un avertisseur sonore pour générer des tonalités audio reçues sur un instrument téléphonique.
Cardew à son tour se réfère indirectement au brevet de Granville T. Wood pour des communications de trains en mouvement utilisant le même principe .
Le brevet a été déposé en 1885 et délivré en 1887, les expériences de Cardew ont commencé en 1881, bien avant les travaux de Langdon-Davies. Le système de Cardew s'est avéré simple à installer, ne nécessitait aucun réglage et fonctionnait sur de longues distances, tout comme le phonopore, quelques années plus tard.

1887 lu dans la revue l'électricien
LE PHONOPLEX D'ÉDISON

La télégraphie duplex est d'un usage très fréquent en Amérique ; elle y est considérée comme d'un emploi plus commode et plus simple que la télégraphie multiple , pour laquelle il faut établir un synchronisme toujours plus délicat que l'ajustement des résistances et des capacités d'un duplex et même d'un quadruplex .
Mais si le problème est simple pour les lignes télégraphiques ordinaires , il l'est beaucoup moins pour certains services spéciaux , tels , par exemple , que celui des chemins de fer . Les tronçons de ligne successifs n'ont pas les même qualités électriques : résistance , capacité et isolement , il faudrait rétablir l'équilibre des appareils chaque fois que les communications changent : les pertes de temps feraient alors plus que compenser les avantages offerts par les transmissions simul tanées .
C'est pour éviter ces inconvénients et résoudre les difficultés du problème qu'Edison a imaginé le système auquel il a donné le nom de phonoplex ou way - duplex et que nous fait connaitre aujourd'hui notre excellent confrère de New - York , The Electrical world .
Le système dont nous ne voulons qu'indiquer aujourd'hui le prin cipe est identiquement le même que celui des transmissions télégraphiques et téléphoniques simultanées de M. Van Rysselberghe , mais le but est différent . A chaque posle sont deux sounders , fonctionnant l'un en récepteur ordinaire à relais , l'autre en phone , c'est - à - dire par le clic d'une membrane agissant comme un téléphone sous l'action de courants de haut potentiel et de courte durée . Les courants télégraphiques n'affectent pas le phone ou récepteur phonique , parce qu'ils sont convenablement gradués par l'intercalation d'électros graduateurs , et les courants phoniques n'agissent pas sur le relais ordinaire parce qu'ils sont trop faibles . La longueur de la ligne n'exerce aucune influence sur la transmission phonique . En somme , le phonoplex d’Edison , dont nous donnerons prochainement une explication plus complète avec diagrammes , n'est pas autre chose qu'une simplification , dans son but et ses moyens , du système de M. Van Rysselberghe . Il a déjà reçu un certain nombre d'applications en Amérique , et sa simplicité contribuera sans aucun doute à les accroître rapidement .

Nous donnons aujourd'hui , pour compléter la note publiée dans le précédent numéro de l'Électricien , deux diagrammes montrant les dispositions d'un phone ou récepteur phoniqne et celles d'un poste monté en phonoplex , les deux postes placés à chaque extrémité d'une ligne étant d'ailleurs absolument symétriques .

Le phonoplex d'Edison consiste en une transmission double composée de deux récepleurs embrochés dans le même circuit : l'un de ces récepteurs agit comme relais ordinaire commandant un sounder, l'autre comme un phone ou appareil phonique constituant directement son propre sounder .
Le circuit de Morse représenté à gauche du diagramme, figure 1 , comprend , comme à l'ordinaire , un relais R , un sounder S et une clef K. Un condensateur C , dont nous allons examiner le rôle dans un instant , est placé en dérivation entre la sortie de R et l'entrée de la clef K

e circuit du phone ou sounder phonique se compose d'un télé phone M d'une disposition spéciale et du fil d'une bobine I entre les extrémités de laquelle est monté un condensateur C ' . La clef K ' du circuit phonique ferme par l'intermédiaire d'un électro - aimant R , le circuit de la pile PLB sur la bobine I à travers la résistance R " .

Supposons d'abord , pour faciliter l'explication , que le circuit du Morse ne fonctionne pas . La ligne est à la terre à travers le phone M , la bobine I , la clef K , le relais R et la pile MB . Le condensateur C forme un pont constituant un passage additionnel entre l'entrée de la clef K et la sortie du relais R. Lorsque l'opérateur du phone appuie sur K ’ , le levier du relais R ' rompt le circuit de la bobine I , il se produit un extra-courant énergique et de peu de durée ; le condensateur C' a pour effet de diminuer encore cette durée . Ce courant n'influence pas les relais R , mais agit sur les membranes de deux phones aux deux postes et produit un clic énergique . Il faut remarquer que chaque mouvement de l'armature du relais R ’ provoqué par la maneuvre de R ' produit deux extra-courants : l'un à la rupture et l'autre à la fermeture sur le circuit R " , mais ce second courant est très - diminué par la résistance R " , et il se produit si peu de temps après le premier qu'on n'entend qu'un seul clic dans le phone . En relâchant le levier K ’ , les deux extra - courants successsifs se reproduisent en sens inverse ; le premier est faible et le second beaucoup plus énergique . Cette inversion dans l'ordre des extra - courants modifie la nature du son émis par le phone et permet de distinguer facilement le bruit produit par l'abaissement de la clef de celui produit par son relèvement .
Nous avons supposé jusqu'ici la clef K au repos , et le circuit métalliquement fermé . Dans le cas où la clef R serait abaissée , le circuit à travers le relais serait ouvert , mais l'action du courant phonique se transmettrait également par la charge du condensateur P. Pour bien comprendre le fonctionnement de tous ses organes , il faut ne pas perdre de vue que les appareils sont montés à circuit fermé , et que le rôle des clefs Morse et des relais est absolument inverse de celui des appareils analogues usités en France , où l'on fonctionne presque toujours à circuit ouvert .
Les relais R et la bobine I à chaque poste agissent par leur grand coefficient de self - induction pour graduer les courants de Morse ordinaires au moment de la rupture du circuit pour chaque émission d'un signal : ils graduent le courant et le rendent inaudible au phone sans retarder sensiblement la vitesse de transmission . La résistance R " est variable pour graduer les bruits du phone à la convenance de chaque opérateur ; mais une fois la résistance ajustée , elle reste inva riable .
Le phone représenté en coupe , figure 2 , est formé d'un aimant en U placé à l'intérieur d'une colonne en laiton ; les bobines sont en regard du diaphragme et peuvent être rapprochées ou éloignées à volonté à l'aide d'une crémaillère et d'un pignon . Sur le centre de la membrane est fixée une tige filetée , avec écrou et contre - écrou . Un anneau d'acier , fendu suivant une génératrice , repose sur le diaphragme et est percé d'un trou assez grand pour laisser glisser librement la tige filetée . Lorsque la membrane est attirée , elle entraine la tige filetée et son écrou , qui viennent frapper l'anneau d'acier en produisant un clic énergique , plus sonore que le bruit du sounder ordinaire . Une four chette dans laquelle vient s'engager une petite tige fixée sur l'anneau d'acier l'empêche de prendre un mouvement de rotation qui altérerait la netteté du son ; une traverse supérieure en laiton protège mécani quement le dispositif que nous venons de décrire .
Le système phonoplex est à la fois et à volonté duplex ou dipler , c'est - à - dire qu'il permet d'envoyer deux dépêches en sens inverse ou deux dépêches dans le même sens , par une extrémité quelconque de la ligne , à la condition d'en transmetre une au relais ordinaire et l'autre au phone .
Bien que plus spécialement destiné au service télégraphique des chemins de fer , il convient également aux lignes ordinaires . Il est en service sur plusieurs lignes à New - York et l'Ohio Telegraph Cº and Railroad l'a établi entre Baltimore , Harrisburg et Pittsburgh .
La longueur de la ligne n'influe pas matériellement sur le nombre d'éléments nécessaires au phone : trois ou quatre éléments suffisent jusqu'à 200 ou 300 milles de distance . C'est là une ingénieuse , utile et pratique application faite par Edison des principes indiqués et appliqués pour la première fois par M. van Rysselberghe .

sommaire

Entre temps Langdon-Davies de Londres au milieu des années 1880 qui s'est inspiré des travaux antérieurs de François van Rysselberghe développe et brevette un nouvel appareil LE Phonopore ou Pont Acoustique dont le fonctionnement de leurs deux systèmes etait similaires.
Le Phonopore a rapidement attiré l'attention des chemins de fer de Belgique et s'est bien vendu en Grande-Bretagne et à l'étranger.

Le phonopore était un téléphone pouvant être connecté au même fil qu'un circuit Morse permettant la parole et la télégraphie simultanées.
Il a permis aux administrations des télécommunications et aux chemins de fer d'économiser beaucoup d'argent vers la fin du 19e siècle en supprimant tout besoin urgent d'installer une nouvelle infrastructure de lignes pour fournir un nouveau service de téléphonie.



Le récepteur du Phonopore et le transmeteur.

Vu dans la evue "l'électricité de 1886"

LE PHONOPORE .
Un autre inventeur vient de s'inscrire sur la liste de ceux que les lauriers de M. Van Rysselberghe empêchent de dormir .

Le vocabulaire électrique s'est en même temps enrichi d'un nom sonore de plus , et dame Nature elle - même n'a pas été négligée dans cette distribution de bienfaits ; elle se trouve ornée d'une force de plus : l'impulsion phonoporique ! A qui le tour ?
Notre grand confrère The Times nous présente , dans un tout récent numéro , pas un plat de son choix , car il ne fait que décrire sans commenter , mais tout au moins un plat du choix de l'inventeur de l'appareil en question ; car l'on sent , à la lecture de l'article auquel ledit journal consacre généreusement plus d'une demi - colonne , que ledit inventeur a été traité en enfant terrible auquel on laisse faire tout ce qu'il veut .
Dans ce cas , l'enfant terrible parait avoir dit tout ce qu'il a voulu , et le grand journal s'est contenté d'enregistrer .
Nous ne le suivrons pas dans tous les détails élogieux dont il accompagne sa description , cela nous entraînerait trop loin .
Après un exorde pompeux de l'inventeur que nous avons oublié de nommer , M. Langdon - Davies , et de ses travaux de recherches , le journal The Times ( M. L. D. ) , décrit la construction de l'appareil et donne sur son compte des renseignements quelquefois plus abondants que lucides ; nous en extrayons brièvement les suivants : l'extrême sensibilité de l'instrument offrirait probablement la possibilité d'un bon fonctionnement , malgré les défauts d'isolement , de joints faits à la hâte , de contacts à la terre , etc. , etc.
En pratique , l'analogie presque absolue des clics produits dans le téléphone par les make and break ( contacts et ruptures ) causa une grande difficulté de lecture d'autant plus sérieuse qu'elle offrait la possibilité de lire les signaux renversés .
Des expériences eurent lieu à cette époque avec des sounder vibra teurs construit par MM . Theiler et construits sur le principe des vibrateurs de sonneries électriques ordinaires , mais disposés pour émettre une note musicale .
D'autres expériences très intéressantes furent conduites en vue de déterminer à quelle distance la transmission des signaux était possible avec ce système , lorsque cette transmission était effectuée au moyen de fils nus simplement posés sur le sol .
Dans une première expérience , faite sur 25 kilomètres de fil dont 16 kilomètres en fil de fer doux galvanisé et 9 kilomètres de fil de cuivre de 1mm , 65 posé tantôt sur des haies , tantôt par terre , ou sur des poteaux télégraphiques parallèlement à des fils existants , ou encore dans des tranchées et traversant de nombreux jardins où la terre fraîchement remuée avait une conductibilité relativement élevée , le résultat fut le suivant : avec une clé Morse ordinaire et 10 éléments Leclanché à chaque extrémité , l'un des postes installé dans un appartement fermé pouvait entendre les signaux , assez faiblement , à la condition de tenir le téléphone à l'oreille . L'autre poste , établi en plein air n'a pu , souvent , lire les signaux à cause du vent qui produisait du bruit dans le téléphone .
L'addition d'un sounder vibrateur a donné les meilleurs résultats , les signaux devenant parfaitement intelligibles et distincts des signaux dus à l'induction et aux courants terrestres .
Un autre avantage résultant de l'emploi du téléphone comme récepteur c'est qu'il n'exige aucun ajustement et est toujours prêt à fonctionner .
A l'occasion d'autres expériences , des signaux étaient échangés entre deux stations distantes réunies par un fil nu posé par terre en même temps que l'érection des poteaux et la pose des fils avaient lieu , démontrant ainsi la possibilité , en campagne , d'installer une ligne télégraphique en fil nu , aussi vite que l'armée avance , l'érection des poteaux et la pose des fils se faisant à loisir et la communication se trouvant ainsi établie depuis le commencement de la pose de la ligne .
Ce système a été exclusivement employé en Égypte , en 1882 ; à la bataille de Tel - el - Kebir , 115 dépêches d'environ 30 mots chacune étant transmises du champ de bataille même , de 84,30 du matin à 6 heures du soir .
Avec un vibrateur perfectionné , sur une ligne aérienne isolée d'autres fils , par un beau temps , des signaux très distincts étaient échangés aux Indes , à 600 kilomètres de distance . Avec 30 éléments Minotto le téléphone était clairement entendu à distance de l'oreille . Avec quatre éléments seulement , il fallait tenir l'instrument à l'oreille .

Le mémoire du capitaine Cardew contient une foule d'intéressants renseignemenis et résultats d'expériences et sera publié en entier , avec un certain nombre d'illustrations , dans un prochain numéro du journal de la Société .

J.-A. Berly .

Langdon-Davies a vendu ses Phonopores par l’intermédiaire de sa société, Phonopore Construction Co. Ltd. à une usine située à Southall, en Grande-Bretagne.
Bien que le système Van Rysselberghe ait aussi été conçu pour fonctionner entre des centraux téléphoniques ou sur des circuits de téléphone à téléphone, le Phonopore a été conçu spécifiquement pour fonctionner sur les lignes de télégraphe Morse à faible vitesse appartenant aux chemins de fer, pour répondre à leurs besoins.
Pour ce faire, il lui fallait un filtre pour couper les impulsions Morse basse fréquence de la conversation téléphonique et pour couper les fréquences de l'appel vocal en Morse, ce fut fait par le travail effectué par Van Rysselberghe. Restait un dernier problème, le signal d'appel téléphonique.

Le vibrateur invention : pour signaler l'appel téléphonique sans interférer avec le canal télégraphique.
Pour résoudre ce problème, Langdon-Davies avait besoin d’une fréquence de sonnerie supérieure aux fréquences vocales, et non inférieure aux fréquences Morse.
Les oscillateurs étant inconnus à ce moment-là, il conçut un "vibrateur", un dispositif mécanique qui générait une fréquence de sonnerie en s'ouvrant et en se fermant très rapidement à environ 135 Hertz.
Un tel vibrateur était disponible auprès de la société Collier-Marr. c'était le haut-parleur idéal pour le Phonopore, le son du récepteur était supposé sonner comme un crissement de corbeau.

Alors que les téléphones étaient de plus en plus utilisés, Langdon-Davies a jugé nécessaire d’ajouter à la gamme des Phonopores à deux lignes, des standards, des postes téléphoniques et des interphones.
Un bureau Phonopore était également disponible. Langdon-Davies a finalement commercialisé un système PAX de 50 lignes pas à pas pour les bureaux administratifs des chemins de fer.
Ce n'est qu'en 1891 que Langdon-Davies publia une explication du phonopore et plus particulièrement du simplex Phonopore Telegraph .
Le principe semble assez simple aujourd'hui. En utilisant une tonalité audible, un second circuit Morse pourrait être créé sur le même fil que le circuit à courant continu normal. La tonalité a été générée par un relais à auto-interruption ou une sonnerie. La séparation entre les deux circuits Morse pourrait être réalisée à l'aide d'un condensateur, mais Langdon-Davies utilisait en fait une bobine bifilaire à extrémités ouvertes. La capacité mutuelle entre les enroulements a fourni le couplage et l'inductance des enroulements a aidé à filtrer les clics Morse. Langdon-Davies a décrit le couplage comme un canal sonore, ou "phonopore".
L’inventeur a également mis au point un arrangement pour l’application du phonopore à des fins téléphoniques. Grâce au phonopore, les communications téléphoniques peuvent être acheminées via un fil télégraphique ordinaire sans aucune interférence avec la télégraphie. Sur le Great Western Railway, deux appareils de signalisation distants de 3,5 km l’un de l’autre ont été reliés par téléphone au moyen de la présente invention, le téléphone étant installé sur un câble de signalisation. On trouve que le système répond admirablement, les deux services sur le même fil n’interférant aucunement.

Par la suite M. Arthur Nicholson, ingénieur en chef de la société New Phonopore, a mis au point un système de signalisation de ligne en 1914 qui permettait jusqu'à douze connexions. Il l'a fait en utilisant des relais sensibles à des niveaux de courant particuliers.
Une partie du bruit télégraphique pouvait toujours pénétrer dans le récepteur du Phonopore lorsque le téléphone et le télégraphe fonctionnaient simultanément sur de longues lignes avec des signaux puissants.
M. Mark Jacobs, ingénieur électricien en électricité, a mis au point un certain nombre de méthodes pour filtrer cette diaphonie en insérant un condensateur ou une bobine de compensateur redessinée dans le circuit. Il a breveté cela en 1905.
M. Jacobs et Thorrowgood, un autre ingénieur, ont reçu un brevet en 1907 pour une idée similaire. En enroulant soigneusement une bobine de compensation dans un récepteur, une petite capacité pourrait être intégrée afin de réduire davantage le bruit. Dans la pratique, peu de récepteurs ont été enroulés avec les bobines de récepteur, il est plus simple et moins coûteux d’ajouter la bobine de compensation appropriée dans le circuit à un moment opportun, selon la conception antérieure de Jacobs.

La simplicité et la fiabilité du système Phonopore doivent avoir séduit les chemins de fer, qui disposaient de peu de dépanneurs techniques.
La simplicité de fonctionnement du Phonopore doit également constituer un attrait : appuyer sur un bouton, attendre une réponse et parler.
Un télégraphe Morse nécessitait un opérateur formé et bien payé à chaque extrémité, mais un Phonopore pouvait être utilisé par n'importe qui.
.....

Divers modèles de Phonopores mis en exploitation et les très importantes bobines de compensation.

Vers 1914, M. Langdon-Davies vendit l’activité Phonopore à Sterling Telephone & Electric. qui ont poursuivi la production avec des téléphones pratiquement inchangés.

La production a cessé au début des années 1920 face à la concurrence des réseaux téléphoniques publics en pleine croissance.
Cependant, de nombreux chemins de fer ont aimé leurs Phonopores et les téléphones ont souvent été remis à neuf dans les ateliers des chemins de fer.

Modèle type avec des récepteurs Ader et un émetteur de Hunnings.
En Belgique le plus considérable de ces réseaux etait celui de la Société de charbonnage de Mariemont et de Bascoup.
On sait que les houillères de Mariemont et de Bascoup sont les plus importantes exploitations de ce genre, non seulement en Belgique, mais encore en Europe.
Il a été examiné dans le magazine américain "Manufacturer and Builder" en septembre 1885. Une mention britannique précoce figure dans la "Pall Mall Gazette" du 27 mai 1886, où l'auteur fut intrigué par l'idée de l'envoi de deux signaux séparés le long d'un même fil.

sommaire

En France la démarche est différente, car on a étudié la possibilité de faire fontionner ensemble télégraphe et téléphone sur des fils téléphoniques, contrairement à Rysselberghe qui adapta le téléphone et le télégraphe sur les réseuax de télégraphie existants. De plus le système Rysselberghe n'est pas adapté aux appareils Baudot utilisé en France et beaucoup plus rapide que les appareils Morse.

On peut lire un long exposé de M. Gailho. dans les annales télégraphique de 1894.

PROCÉDÉ DE TÉLÉPHONIE ET TÉLÉGRAPHIE SIMULTANÉES PAR LES MÊMES FILS
( J'ai déjà décrit ce procédé d'une manière sommaire dans le numéro des Annales télégraphiques 3e série, tome XVI. de juillet août 1889 : Note sur l'utilisation des fils téléphoniques pour la télégraphie signé M.Gailho)
Depuis lors j'ai eu l'occasion de d'expérimenter avec succès sur le circuit téléphonique Paris-Lyon-Marseille (1890-91); puis sur le circuit Paris-Nantes (1892-93) et enfin sur l'un des deux circuits Paris-Londres (1893).

Aujourd'hui je me propose d'en reprendre l'exposé avec quelques détails, en indiquant, d'abord, les considérations qui m'ont amené
à chercher un dispositif autre que ceux de van Rysselberghe et de Maiche, déjà connus à cette époque.
Lorsque l'on a établi à grands frais des conducteurs spéciaux pour constituer des circuits téléphoniques, alors qu'il était démontré que les fils de fer étaient
techniquement insuffisants, on s'est immédiatement demandé si l'on ne pourrait pas utiliser à leur tour ces nouveaux conducteurs pour des transmissions télégraphiques simultanées.

On exigeait, en même temps, de tout procédé permettant d'arriver à ce résultat les conditions suivantes : Il fallait que les communications téléphoniques et télégraphiques, tout en étant simultanées, ne fussent nullement troublées les unes par les autres ; que le dispositif fût applicable aux appareils télégraphiques à grande vitesse, tels que le Wheatstone et le Baudot, même sur les lignes de grande longueur; et enfin que le procédé n'apportât pas de modification dans le montage télégraphique et surtout dans installation des postes téléphoiiiques centraux , ni dans leur mode
ordinaire de fonctionnement.
Telles sont les conditions que je crois être parvenu à remplir.
Le procédé Maiche, au contraire, exige, tout d'abord et par lui-même, une double transformation par induction des courants téléphoniques, ce qui supprime l'avantage des liaisons métalliques directes , et impose un mode particulier de fonctionnement ; en même temps, il amène un changement notable dans les installations intérieures soit des postes télégraphiques, soit des postes téléphoniques centraux.
Quant au procédé van Rysselberghe, il est inapplicable sur des lignes de quelque importance aux appareils télégraphiques à grande vitesse.
C'est ce que l'on a constaté dès que l'on a voulu mettre en service un appareil multiple Baudot sur la ligne téléphonique de Paris à Marseille même en prenant les deux fils associés en quantité : les bobines de self-induction intercalées dans le circuit contrariaient d'une façon fâcheuse les nombreuses et rapides émissions de cet appareil.
En présence de cet insuccès on a essayé des appareils Hughes ordinaires; mais on a promptement reconnu que sur une telle ligne chaque émission de l'un des appareils se répercutait dans le Hughes installé sur le second conducteur, comme si les deux fils du circuit téléphonique étaient mêlés. On ne pouvait, en réalité, même avec cet appareil, disposer que d'un seul des deux conducteurs; aussi dans la pratique se résignaiton, pour avoir deux transmissions télégraphiques, à n'utiliser que l'appareil Morse ordinaire. Et cependant des conducteurs tels que ceux-là (en cuivre de 4™", 5) doivent pouvoir se prêter sans conteste à des émissions électriques au moins aussi nombreuses et aussi rapides que celles de n'importe quel appareil télégraphique connu, puisqu'ils transmettent sans déformation sensible les ondulations téléphoniques elles-mêmes. Leur emploi pour des transmissions Morse ne s'expliquait donc que par l'impuissance de faire mieux, et il n'était pas téméraire d'en poursuivre l'utilisation pour un appareil télégraphique rapide, quelque grande que fût la rapidité de ses émissions.
Le procédé que j'ai proposé, emploie les deux fils du circuit associés en quantité de façon à n'en former qu'un seul conducteur pour les courants télégraphiques; mais il permet d'affecter la ligne au service d'un appareil rapide, tel qu'un Wheatstone ou un multiple Baudot. Déplus, comme je l'ai déjà dit, il n'amène aucun changement ni dans le fonctionnement ni dans l'installation des appareils téléphoniques et télégraphiques.
Il a suffit, en effet, de mettre en dérivation, et en un point quelconque du parcours de la ligne (voir fig. 1 et 1 bis), un électro-aimant, ou un solénoïde électromagnétique à double enroulement et de l'une quelconque des formes et modèles que l'on rencontre en télégraphie ou dans l'rindustrie électrique.

On ne touche donc pas à l'installation du téléphone, qui peut fonctionner comme par le passé; ni à celle du télégraphe, dont il suffit d'amener le fil de ligne en un point déterminé de l'électro-aimant ou du solénoïde.
Il va sans dire que le dispositif représenté par la figure doit être répété en un autre point de la ligne pour le poste correspondant. Les fig. 1 et 1bis sont deux figures qui représentent exactement la même chose ; elles ne diffèrent l'une de l'autre que par le schéma de la bobine auxiliaire, laquelle est la même dans les deux cas, mais peut être figurée théoriquement de l'une ou de l'autre des deux manières. Cette bobine comporte deux enroulements constitués au moyen de deux fils identiques, soigneusement isolés l'un de l'autre et enroulés simultanément sur le même noyau. Les deux fig. 1 et 1bis montrent d'une façon assez explicite la disposition sur la ligne de cette bobine et de ses deux enroulements.
Les émissions électriques provenant de l'appareil télégraphique se partageront en V en deux parties égales et parcourront les deux enroulements de la bobine en sens invefre par rapport à l'axe du solénoïde. Il s'ensuit que les courants télégraphiques n'éprouveront dans cette bobine aucun affaiblissoment ou retard appréciable, du fait de la self- induction, parce que les flux d'induction magnétique dus à chaque enroulement sont à tout
instant de sens contraires et sensiblement égaux.
Il n'en sera pas de même pour les ondulations émanant de l'appareil téléphonique T. On voit facilement , en effet , que les courants téléphoniques qui tendraient à passer par cette bobine, parcourraient chacun des enroulements dans le même sens par rapport à l'axe du noyau. La bobine agira donc comme bobine de self-induction vis-à-vis de ces courants, et ceux-ci se propageront de préférence sur les fils de ligne proprement dits, c'est-à-dire sur la droite de la fig. 1 ou 1 bis les courants dérivés à gauche dans la bobine étant néglibeables grâce à l'inductance de celle-ci.
(Je rappellerai que, si l'on désigne par l'inductance de chacun des circuits, le circuit voisin étant ouvert, l'inductance de l'esemble des deux circuits associés comme il vient d'être dit sera égale à 4 /.)
De ce qui précède il résulte que les ondulations téléphoniques seront arrêtées par la bobine, qui d'un autre côté ne retardera en aucune façon les émissions télégraphiques. Il reste à voir comment ces émissions ne produiront aucun bruit gênant dans les téléphones.
Ceci serait évident si, les deux enroulements de la bobine étant identiques entre eux, ce qu'il est facile de réaliser, on admettait que la même identité existât pour les deux fils de ligne. Dans cette hypothèse, les courants télégraphiques, en arrivant en V, se partagent en deux fractions rigoureusement égales entre elles ; les chutes de potentiel de V à v, comme de V à v\ sont les mêmes; et, par suite, les potentiels v et v' sont toujours égaux, du moins en ce qui concerne les émissions télégraphiques qui, alors, ne détermineront aucun courant dans la branche téléphonique. Mais on objectera, et non sans raison, que, par suite des défauts inhérents à toute ligne, les courants télégraphiques ne serontpas toujours rigoureusement égaux
en Vt^ et \v', qu'il n'y aura pas toujours égalité de potentiel en vetv', et que par suite on aura des bruits fâcheux dans le téléphone. On peut répondre tout d'abord que cette différence entre les deux courants, que nous désignerons par I et r, provenant d'une très légère différence d'identité
entre les deux fils de ligne, ne sera jamais bien grande elle-même ; car, avec une grande différence d'état électrique des deux fils, l'expérience montre journellement que la correspondance téléphonique, indépendamment de tout système télégraphique superposé, est elle-même impossible. J'ajoute que l'identité absolue des deux courants n'est pas indispensable. Admettons, en effet, que V soit à un moment donné plus grand que I d'une
quantité très petite que nous désignerons par i. Soit Supposons même que t soit la plus grande différence qui puisse exister à un moment quelconque entre V et L Alors le courant total I du premier enroulement, et la fraction I du second, qui sont égaux et circulent en sens inverse par rapport à l'axe du solénoïde, se propageront sans obstacle en annulant mutuellement leurs effets d'induction électromagnétique, et produiront
une même chute de potentiel, à partir de V, sur chaque fil de la bobine. Il ne reste donc plus à considérer que la différence très petite t, qui n'a pas d'importance au point de vue télégraphique, et qui tend à produire entre les points Y et v' une chute de potentiel égale à l/r rien désignant par la resistance commune des deux enroulements. Et cette chute additionnelle ri représente précisément la différence de potentiel qui tend à s'établir
entre v et v\ pour produire un courant parasite entre ces deux points et à travers le téléphone. En un mot, la chute de potentiel, ou perte de charge
maxima, qui puisse se manifester phes ou moins vite entre V et v est ri; celle qui tend de même à se manifester entre V et v' est r{l-\-i); la différence
entre les deux, soit ri, représente l'excès de potentiel qui pourra exister en v' par rapport à v. Par conséquent la première condition à remplir pour
diminuer l'effet de ri sera de prendre pour r une valeur aussi faible que possible. Et, en poussant les choses à l'extrême, on voit que l'influence fâcheuse de cette différence de potentiel disparaîtrait entièrement si la résistance r était rigoureusemnt nulle. Mais alors il serait à craindre que les courants téléphoniques ne se perdissent complètement à travers ce court circuit: toutefois il n'en serait rien si la bobine, bien que de résistance nulle, présentait par ses deux enroulements accouplés v\v' une self-induction considérable.
On sait, d'autre part, que ron peut réaliser des bobines répondant à cette condition d'avoir pour une selfinduction donnée une résistance aussi petite que l'on voudra : il suffit pour cela d'augmenter convenablement les proportions de l'appareil en consentant une dépense suffisante de cuivre pour les fils des deux circuits. Nous verrons ci-après une autre raison pour laquelle il importe d'avoir un coefficient de self-induction aussi élevé que possible. Dans tous les cas il conviendra, en somme, que chacun des enroulements présente une très petite résis¦tance avec une self-induction très grande; ou, si l'on veut, que pour chacun d'eux le rapport de la selfinduction à la résistance - soit aussi grand que possible. Si Ton se donne a priori la valeur de ce rapport et la forme générale de la bobine ou plutôt de son circuit magnétique, ainsi que la perméabilité magnétique du fer employé , les dimensions de l'appareil seront à peu près déterminées mathématiquement. Je dirai incidemment que je suis parvenu ainsi à construire des électros pour lesquels ce rapport était de 6 environ, r étant évaluée en ohms et / en henrys (ou quadrants). En réalité si l'on veut, dans la pratique, se dispenser de recourir à des bobines dépassant beaucoup les dimensions courantes, nous remarquerons que la fraction nuisible de courant i, la seule qui tende à reproduire en v' une différence de potentiel ri, ne sa propagera pas instantanément dans l'enroulement qu'elle parcourt à cause de l'obstruction opposée par la self-induction de ce fil, combinée avec l'induction mutuelle de l'enroulement voisin. En un mot l'excès de courant i ne s'établira que progressivement, et ce n'est que progressivement aussi que le courant dans la seconde branche dépassera la valeur du courant de la
première. Par suite, la différence de potentiel v -v' ne se manifestera pas instantanément, mais bien avec une lenteur qui sera d'autant plus grande que le coefficient de self-induction de chaque enroulement, pris à part, sera plus élevé. On conçoit donc que dans ces conditions le bruit que tendrait à produire le commencement d'une émission télégraphique, soit insensible au téléphone, à cause delà lenteur des vibrations, qu'elle provoquera dans cet appareil. Mais il faut prévoir, au moment de la fin de l'émission télégraphique, les effets de l'extra-courant de rupture.
C'est pour ce motif que, avant toute expérience (9 septembre 1890), j'avais indiqué l'utilité, et même la nécessité qu'il y aurait dans certains cas de mettre un condensateur en dérivation en V. (Voir fig, 2.)

Ce condensateur qui est souvent inutile dans la pratique, aura une capacité qui dépendra de l'appareil télégraphique en service, de la résistance et de la capacité de la ligne, et enfin de la résistance et de la self-induction de la bobine auxiliaire que l'on emploiera. L'adjonction de ce condensateur appelle d'une certaine façon le condensateur que l'on trouve dans le système van Rysselberghe en dérivation sur la ligne; mais sa fonction en diffère notablement à cause du double enroulement de la bobine qui vient à la suite, chacun de ses deux fils réagissant l'un sur l'autre tant au commencement qu'à la fin de chaque émission télégraphique. Il y a généralement dans tout transmetteur télégraphique un brusque passage d'une émission à l'émission suivante du courant, que celle-ci soit de même sens ou de sens contraire, de même intensité ou d'intensité différente. Il y a donc un moment où, dans ces conditions, le point v se trouve, par le jeu même du transmetteur, isolé de la source d'électricité. Si donc nous admettons comme précédemment que, un moment auparavant, I' était plus grand que I, on voit que le potentiel v, qui était plus grand que v' à cet instant, tend à reprendre brusquement la même valeur que v', non seulement par la disparition de ces deux courants émanés du transmetteur télégraphique , mais encore par la réaction inductrice du second enroulement sur le premier, comme il est facile de s'en rendre compte au moins d'une façon qualitative.
Et, si l'on ne prévoit pas une disposition particulière en vue de ce phénomène, un bruit sec pourra se produire à ce moment dans les récepteurs téléphoniques.
C'est pour cela qu'il sera généralement utile sur des lignes longues, et lorsque la valeur de r ne sera pas négligeable, de mettre en dérivation en V, comme je l'ai indiqué sur la fig. 2, un condensateur dont l'autre borne est en communication avec la terre.
En somme, il n'est pas absolument indispensable de recourir à des bobines de dimensions exagérées . On peut se contenter d'un modèle courant, sans cependant renoncer, pour une simplification mal entendue, à un type plus avantageux et qu'il est assez facile de réaliser.
Ainsi il semble nécessaire de n'admettre pour r que des valeurs très faibles toutes les fois que l'on veut mettre en ligne des appareils à marche très rapide tels que le Wheatstone, qui, à un moment donné, peuvent émettre non seulement des courants intermittents, mais encore des courants véritablement périodiques ; et pour ces derniers, s'il est possible par la self-induction d'en diminuer l'intensité, on ne saurait en aucun cas modifier par ce moyen leur caractère de périodicité ; si cette périodicité correspond par sa fréquence à une certaine note musicale, on est à peut près sûr de percevoir au téléphone, comme bruit parasite, le son correspondant. Ce sera un son très faible, si l'on veut, mais qui gênera toujours un peu parce
qu'il sera facilement perçu et reconnu même par des oreilles non exercées ni prévenues. Aussi je crois que, sur les grandes lignes et avec les appareils rapides appelés à les desservir, il sera toujours préférable d'employer des bobines de dimensions assez fortes pour présenter un rapport l/r très élevé, et qu'il conviendra d'y adjoindre, ou tout au. moins de prévoir le condensateur dont il a été question ci-dessus.
Les explications qui précèdent permettent de se rendre compte d'une façon générale du fonctionnement du système tant en ce qui concerne le télégraphe qu'en ce qui concerne le téléphone; et, d'une façon particulière, du rôle que doivent jouer les deux enroulements de la bobine auxiliaire et
le condensateur au point de vue de l'amortissement des bruits ou des sons parasites. On déduit facilement de ces explications les qualités générales que doit présenter la bobine auxiliaire pour remplir les conditions les plus avantageuses, sans que ces conditions soient absolument nécessaires dans tous les cas de la pratique. On peut, par exemple, déterminer r par la condition de ne pas dépasser une certaine valeur pour la différence de potentiel entre v et v' lorsque le régime permanent des courants I' et I est établi, cette dififérence étant alors égale à r (I'— I). Quant à l'écart entre I et I' qui n'est généralement pas connu, on peut faire diverses hypothèses plausibles , et ces hypothèses donneront facilement une limite supérieure de I'— I
avec laquelle on déterminera pour r une valeur qui répondra certainement aux conditions exigées, r (I'— I) étant également donné d'avance.
Ainsi, on admettra que I'— I sera une certaine fraction du courant normal I que l'on connaît, cette fraction étant d'ailleurs approximativement déterminée par cette considération qu'elle ne doit pas dépasser une certaine valeur au dessus de laquelle le service téléphonique serait impossible, à cause des bruits d'induction provenant des fils voisins et indépendamment de toute transmission télégraphique simultanée.
Quant à l , on fixera sa valeur par cette condition que la résistance apparente offerte aux courants téléphoniques soit assez élevée pour rendre inappréciable toute dérivation de ces courants dans la bobine. On remarquera toutefois que l'inductance opposée à ces courants est celle des deux enroulements associés de façon à ajouter leurs effets d'induction ; par conséquent si l'inductance de l'un de ces enroulements est l pour un nombre de tours de fil n, l'inductance totale des deux fils sera 4 l pour un nombre double de tours de fil sur le même noyau.

Cette résistance apparente, pour des valeurs de m comme celles que l'on rencontre avec les ondulations téléphoniques, est sensiblement égale à ml ; car alors r2 est négligeable devant m2 l2 , lorsque l est déjà lui même supérieur à l'unité.
Dans le cas qui nous occupe on écrira donc que 4 ml est supérieur ou au moins égal à une valeur fixée d'avance ; l sera ainsi déterminé , et la valeur
trouvée conviendra généralement pour donner en même temps un rapport r/l assez élevé.
Il importe de remarquer que ces conditions, une fois remplies pour les deux postes correspondants, seront également favorables aux courants télégraphiques d'arrivée et aux courants de départ. Pour s'en rendre compte il suffit de faire l'hypothèse extrême où l'on aurait pris pour r une valeur nulle ou sensiblement nulle : la principale conséquence de cette hypothèse sera que, à l'arrivée, la branche téléphonique sera en quelque sorte mise en court circuit par la bobine auxiliaire par rapport aux courants télégraphiques qui y arrivent.
Les autres conclusions que nous avons examinées ci-dessus pour les courants au départ, s'appliquent aux courants d'arrivée. Il faut cependant ajouter que l'expérience a montré, comme cela était prévu, qu'au poste d'arrivée les appareils téléphoniques se trouvent fort peu influencé par des courants télégraphiques qui ont déjà parcouru une longue ligne, et s'y sont en quelque sorte légèrement diffusés et amortis.

Détails pratiques et cas particuliers d'installation.

I. Pour l'appel des postes téléphoniques il n'y a pas à prévoir de dispositif spécial, Ceci résulte de ce que j'ai dit à plusieurs reprises, que le système n'entraine aucun changement, ni dans l'installation du poste actuel téléphonique, ni dans celle du télégraphe, ni dans leur mode ordinaire de fonctionnement.
Pour s'en convaincre, il suffit de se reporter à la fig. 3.

Sur ce schéma j'ai indiqué à gauche des points a et a' le détail d'une installation normale d'un numéro de tableau téléphonique, auquel aboutit la ligne interurbaine considérée, dans le poste central. On rencontre tout d'abord la clé double d'appel. Si l'on suppose que l'on presse sur cette clé, on voit que l'on coupe, en premier lieu , toute communication avec tout le reste des appareils quels qu'ils soient qui se trouvent à gauche ; et qu'ensuite on met la pile d'appel sur la ligne par ses deux pôles entre les points v et v'
On peut objecter que le courant de cette pile se perdra en grande partie dans le circuit vVv' de la bobine auxiliaire. Ceci n'a pas grand inconvénient si la résistance de la pile est négligeable ou faible par rapport à celle de vVv' en général, cette dérivation ne prendra pas à elle seule tout le débit de la pile, et il passera sur la ligne un courant permanent d'intensité suffisante pour déterminer la chute de l'annonciateur du poste extrême.
Dans l'hypothèse contraire, c'est-à dire dans le cas où la bobine auxiliaire absorberait à elle seule la majeure partie du courant permanent, comme cela est à craindre au poste d'arrivée, le jeu de l'annonciateur serait tout de même assuré, grâce à un phénomène provoqué par la disposition spéciale de la bobine auxiliaire. Supposons, par exemple, que la fig 3 représente maintenant le poste opposé et que le courant d'appel apporté par la ligne soit tout entier dérivé dans le circuit vVv'. Au moment où le poste appelant relèvera la clé d'appel, le courant étant brusquement interrompu, ainsi que le circuit de la ligne, il se produira dans avVv'a' grâce à la très forte inductance de la bobine, un extra-courant très énergique et de durée suffisante pour provoquer la chute de l'annonciateur dans ce même poste. En un mot il n'y a aucun dispositif nouveau à prévoir pour l'appel téléphonique ; le poste central conserve l'installation qu'on a cru devoir lui donner indépendamment de toute transmission télégraphique, installation qui était représentée en bloc sur les fig. 1 et 2 par un cercle compris entre les points a et a' et dont j'ai donné un exemple un peu plus détaillé sur la fig. 3 à gauche des points a et a'. Cet exemple est celui que l'on rencontre généralement dans la pratique pour une installation bien faite, simple et symétrique; mais il ne représente pas une disposition obligatoire.
Ainsi, sans même parler des installations compliquées et dissymétriques que l'on trouve dans certains tableaux, on peut supposer et admettre, sur la fig. 3, que les conducteurs téléphoniques soient coupés par des condensateurs : on pourra, encore dans ce cas, provoquer dans la bobine auxiliaire un extra-courant suffisant pour actionner l'annonciateur par la charge et la décharge des condensateurs.

II. La communication téléphonique peut être prise ou données, soit métalliquement fil à fil, soit par un transformateur ou un autre intermédiaire, — On sait, en effet, que s'il convient de pouvoir prendre la communication métallique à laquelle il serait absurde de renoncer a priori, il est quelquefois nécessaire d'établir cette communication par un intermédiaire qui isole le circuit interurbain du circuit local. C'est le cas, par exemple, d'un circuit d'abonné qui présenterait un défaut d'isolement dissymétriquement placé ; c'est encore le cas où ce circuit d'abonné est à simple fil.
Tous ces cas ont été prévus avant toute superposition de transmission télégraphique : chaque numéro interurbain comporte deux jacks de connexion, et la téléphoniste se servira de l'un ou de l'autre suivant qu'elle voudra donner la communication métalliquement ou par l'intermédiaire d'un transformateur (voir fig. 2).
Mais on emploie ainsi un transformateur qui a été spécialement construit et installé en vue du service de la ligne sur laquelle il est monté, au lieu de subir, comme dans le système Maiche, une transformation qui peut être nuisible surtout lorsqu'elle se répète à chaque extrémité de la ligne. On sait, en outre, que ce transformateur sert encore à provoquer, pour l'appel, la chute du volet de l'annonciateur.

III. Cas d'un poste téléphonique intermédiaire, —
C'était le cas de mes premières expériences sur la ligne de Paris à Marseille, avec un poste téléphonique intermédiaire à Lyon.
La fig. 4 montre le dispositif adopté dans ce poste.

On sait que dans toute installation téléphonique de ce genre les deux côtés du circuit interurbain sont amenés au tableau, chacun sur un numéro.
J'ai représenté en aa1 les entrées de ces deux sections sur ce tableau. Telle est la disposition ordinaire, indépendamment de tout système télégraphique, qui permet sur le tableau central de prendre la communication, âoit sur une section, soit sur l'autre, ou d'établir la liaison entre les deux sections, c'est-à-dire entre les deux postes extrêmes, suivant les demandes. Il n'y aura rien à changer à cette installation lorsqu'on voudra superposer un service télégraphique entre les deux postes extrêmes (Paris et Marseille) avec des appareils à grande vitesse. Il suffira d'appliquer au
poste intermédiaire et sur chaque côté de la ligne le même dispositif que nous avons étudié ci -dessus: c'est-à-dire de brancher sur chacune de ces sections une bobine semblable à celles que nous avons déjà décrites, et de relier ces bobines entre elles en 00' chacune d'elles devant à tour de rôle transmettre à l'autre les courants télégraphiques qui lui viennent de sa section. On remarque immédiatement que ces courants télégraphiques ne sont nullement influencés par la présence de ces bobines qui ne leur opposent aucun effet de self-induction, puisque chacun de leurs enroulements se trouve parcouru par des courants égaux, mais de sens contraires. Les ondes phoniques, au contraire, seront arrêtées ou tout au moins obstruées par ces bobines pour la même raison qu'aux postes extrêmes; de telle sorte que les deux sections seront ainsi séparées l'une de l'autre au point de vue téléphonique, le poste aa! pouvant parler avec le côté gauche, et le poste a^ d^ avec le côté droit de la ligne sans qu'il y ait mélange entre ces deux postes. On voit, d'ailleurs, que s'il passait quelque chose des courants téléphoniques de a a' vers a1 a'1 ou réciproquement, ces courants quoique très faibles seraient fermés sur leur bobine respective B ou B1, sans qu'aucun d'eux puisse passer d'une section à l'autre. C'est un peu pour ce motif, et pour éviter tout mécompte, que je crois bon d'employer deux bobines au poste intermédiaire ; car autrement cette même disposition peut être réalisée avec une seule bobine dans ce poste, comme il est facile de s'en convaincre. Enfin on peut, sans interrompre ni influencer les
transmissions télégraphiques, établir la communication téléphonique entre les deux postes extrêmes par le jeu ordinaire des organes du poste central, sans modification de ces organes, soit métalliquement, soit par l'intermédiaire d'un transformateur. On remarquera qu'en établissaut la liaison métallique, fil à fil, on supprime en quelque sorte les résistances des bobines sur la ligne; mais, comme je l'ai déjà dit, on a soin d'employer des bobines de résistances faibles, et alors la variation de la résistance totale de la ligne est négligeable pour les courants télégraphiques qui la
parcourent.

IV. Cas d'un poste télégraphique intermédiaire, —
La fig. 5 représente la disposition à adopter pour le cas d'un poste télégraphique intermédiaire.

• Ce cas ne diffère pas essentiellement du cas général, puisque dans le cas général nous avons vu que la bobine auxiliaire, qui caractérise le système, pouvait être branchée en un point quelconque du parcours du circuit téléphonique interurbain, sans rien changer à ce circuit, les prises de contact étant en vv' tout près de l'un des postes téléphoniques, ou bien en v^v\ sur le parcours de la ligne. J'ai seulement présenté ce cas particulier pour
montrer que le système est également applicable sans la moindre difficulté au service dit de trois postes télégraphiques en dérivation les branches de cette dérivation étant constituées avec tout ou partie du circuit téléphonique. En toute hypothèse, il n'y a aucun changement à introduire dans le circuit et les postes téléphoniques, qui continuent à fonctionner comme s'ils étaient seuls, sur la ligne ; et l'on peut dire que les appareils télégraphiques sont simplement greffés sur les conducteurs téléphoniques.

V. Cas d!un poste télégraphique et dun poste téléphonique intermédiaires. —
Ce cas est représenté par la fig. 6.

C'est la même solution que celle du cas III ci-dessus, avec un appareil télégraphique en plus et en dérivation en q.
C'est aussi, si l'on veut, une combinaison des exemples III et IV. On a ainsi trois appareils télégraphiques en correspondance par dérivation, avec un poste téléphonique intermédiaire ; et ce dernier conserve l'usage du circuit Ligne comme s'il n'y avait aucune transmission télégraphique
superposée; c'est-à-dire qu'il peut parler à volonté avec l'un ou l'autre des postes extrêmes, ou avec les deux, ou bien mettre ces deux postes extrêmes en communication directe. Cette communication directe pourra alors être donnée, soit métalliquement fil à fil, soit au moyen d'un transformateur ; mais dans ce cas ce sera le transformateur du poste téléphonique qui sera utilisé, c'est-à-dire un transformateur généralement approprié à la ligne, et que d'ailleurs la téléphoniste pourra, à volonté intercaler, supprimer ou remplacer par tout autre suivant les indications du
service.

VI. Cas où la ligne est coupée par un poste télégraphique à deux directions, —
Dans l'exemple que nous avons étudié ci -dessus, comme dans l'exemple III, c'est par un poste téléphonique à deux directions que la ligne est coupée. Mais il peut être nécessaire de couper la ligne par un poste télégraphique intermédiaire qui aura, lui, à communiquer sur une section ou sur l'autre, ou à donner la communication directe aux deux appareils télégraphiques extrêmes. Le dispositif qui résout cette petite difficulté est indiqué
par la fig, 7.

On voit immédiatement que le circuit téléphonique est coupé en deux sections, qui peuvent être desservies chacune par un téléphone et par un télégraphe. En d'autres termes, le poste télégraphique et le poste téléphonique sont, l'un et l'autre, à deux directions. Il importe de remarquer qu'il n'est nullement indispensable que ces deux postes soient dans le même local, ou même à proximité l'un de l'autre.
Le poste téléphonique pourra correspondre soit dans un sens, soit dans l'autre, soit donner la communication téléphonique aux deux postes extrêmes. Mais pour donner cette communication directe, il faudra généralement employer un transformateur. Ce sera, par exemple, un transformateur intercalé sur un quelconque des cordons de service du bureau central. C'est ce que représente la fig. 7.
Il va sans dire que ce même transformateur recevra les signaux de rappel ou de fin de conversation sans la moindre difficulté, par un des dispositifs connus et en usage dans les bureaux .centraux. Si d'aventure on voulait que les deux postes extrêmes pussent se rappeler mutuellement sans l'intervention du personnel du bureau intermédiaire, il serait facile de résoudre cette question au moyen de transformateurs intermédiaires auxquels on ferait jouer le rôle de translateurs, ou, en d'autres termes, que l'on disposerait en translation entre les deux sections de la
ligne. On voit que, dans ce qui précède, le transformateur est employé pour couper la ligne par rapport aux courants continus, tout en lui laissant la continuité métallique : c'est un usage auquel les transformateurs sont employés depuis l'origine de la téléphonie. Mais ici il importe d'observer que l'emploi du transformateur est, comme dans les autres cas examinés, laissé à l'appréciation du service téléphonique: le poste intermédiaire pourra, par exemple, ne pas l'employer pour sa propre correspondance ou celle de ses abonnés avec la section de droite ou avec la section de gauche; et pour donner la communication entre les deux sections, s'il se sert d'un transformateur il emploiera un transformateur convenablement disposé et
approprié à la ligne. Au point de vue télégraphique, il est à peine besoin ¦de faire remarquer que le poste intermédiaire conservera toutes les facultés ordinaires d'un tel poste ; c'est-à-dire que, en outre des communications sur une section ou sur l'autre, il pourra, par exemple, donner lui-même la communication directe entre les deux sections, ou s'établir en embrochage, ou enfin se placer en dérivation. Mais alors on retombe sur l'exemple
précédent, et dans ce cas le transformateur téléphonique n'est pas indispensable, comme nous l'avons vu, entre aa! et a^d ,
Les exemples qui précèdent me paraissent suffisament variés pour démontrer, sans avoir besoin de le multiplier davantage, qu'il est facile de trouver la solution dans chaque cas de la pratique courante.
Mais de tous ces exemples il ressort cette remarque importante, sur laquelle je ne crains pas de revenir et d'insister, que les transmissions télégraphiques peuvent être, de la manière la plus simple, superposée aux transmissions téléphoniques sans aucune modification préalable des circuits ou des installations intérieures du service téléphonique. A titre d'indication je dirai qu'il convient de placer la bobine auxiliaire le plus près possible d'un point quelconque du parcours du circuit téléphonique et le condensateur le plus près possible de l'appareil télégraphique. On s'en rendra compte facilement. Si, par exemple, le poste téléphonique et le poste télégraphique sont distincts et même éloignés l'un de l'autre, il conviendra de placer la bobine auxiliaire en dehors du poste télégraphique, près d'une rosace ou d'un poste de coupure du circuit téléphonique, et l'on reliera le point V de cette bobine à l'appareil télégraphique au moyen d'un fil simple ordinaire ou d'un seul conducteur d'un câble ; quant au condensateur, il sera placé en dérivation sur ce conducteur dans le poste télégraphique même ou à sa sortie. De cette façon l'influence du condensateur, même de grande capacité sera sensiblement nulle par rapport à la vitesse de transmission télégraphique, et d^ailleurs d^autant plus
faible que l'on aura une plus faible résistance entre ce condensateur et le siège de la force électromotrice du courant transmetteur. Quant aux capacités qu'il convient d'adopter suivant les cas pour ce condensateur de compensation, la pratique m'a déjà indiqué des résultats qui peuvent
¦servir d'indications, mais qui ne me semblent pas encore d'un caractère assez général et assez certain pour que je les consigne ici.
Je me contenterai de dire à cet égard qu'il conviendra, avant toute installation €ur une ligne un peu longue, de prévoir l'emploi de ce condensateur, de le mettre d'abord en service, puis dès les premiers jours d'examiner l'effet produit au téléphone lorsqu'on fait varier sa capacité et enfin
lorsqu'on le supprime complètement. Cet examen peut être fait à chaque poste extrême sans avoir à se préoccuper des expériences analogues qui pourraient être tentées à l'autre poste; et si l'expérience démontre que le bruit n'augmente pas sensiblement lorsque la capacité est réduite à zéro, on pourra sans hésiter supprimer complètement le susdit condensateur.
Les principaux essais de ce système de télégraphie et de téléphonie simultanées ont été faits sur le circuit de Paris à Marseille, avec un poste
téléphonique intermédiaire à Lyon, en 1890-91. C'est la disposition indiquée sur la fig, 4. Les appareils télégraphiques qui ont pu être ainsi superposés aux transmissions téléphoniques, sont le Wheatstone automatique, marchant à toute vitesse ; puis l'appareil Baudot quadruple. Et dans ce dernier cas c'est l'appareil faisant le service ordinaire entre Paris et Marseille qui, à un moment donné, a été reporté sur le circuit téléphonique 2.
Sur le circuit de. Paris à Nantes. Là encore on a fait des essais avec le Wheatstone à toute vitesse ; puis, on a fait le service télégraphique ordinaire du Baudot quadruple, en reportant cet appareil sur le circuit sans entraver le service téléphonique. 3
Sur un des deux circuits de Paris à Londres , avec Hughes et avec le Wheatstone simple et duplex. Les résultats ont été très bons ; mais ils ont sur-
tout confirmé les prévisions que j^avais énoncées en ce qui concerne l'influence des valeurs relatives de la résistance et de la self-induction des bobines employées et l'effet de compensation du condensateur pour les lignes longues ou de grande capacité. Cette influence a pu être mise en évidence grâce aux diverses bobines auxiliaires que j'avais fait construire et qui ont pu être essayées. J'ai réalisé divers modèles pour lesquels les valeurs du rapport ont été successivement de: -, - et même -• J'ajouterai que, avec les bobines du dernier type, j'ai pu faire descendre la résistance r au-dessous de 1 ohm. Il est certain que théoriquement, et par suite dans la pratique, le système ne réside pas essentiellement dans l'emploi de telle ou telle forme de bobine, ni dans l'adoption de telle ou telle valeur de résistance ou de self-induction ; mais il n'en était pas moins très utile de bien faire ressortir leur influence pour que, dans la pratique, on pût ensuite en faire son profit au lieu, de faire une application aveugle d'un principe non
étudié ou même douteux.
Cette étude longue et difficile, quoique très intéressante, m'a été singulièrement facilitée par le concours actif d'abord de M. l'ingénieur de la Touanne, qui a présidé h mes premiers essais entre Paris et Marseille, qui a dirigé la construction des bobines que j'avais calculées et l'a rendue pratique ; puis de M. l'ingénieur Massin, qui a réussi à rendre pratiques elles-mêmes les mesures, jusque-là peu connues, des coefficients de self-induction, qui a fait sur mes bobines de nombreuses déterminations de ces coefficients et a pu me montrer ainsi, avec d'autres indications utiles,
plusieurs corrections à faire dans ces constructions sortant de la pratique journalière. Et comme l'étude complète et raisounée de ce système était le but principal que je m'étais assigné, je ne saurais méconnaître la part considérable de collaboration qui revient à ces deux ingénieurs.

M. Gailho.


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