TELEGRAPHIE
et le TELEPHONIE SIMULTANEE
Le sujet est d'importance à cette époque
ou le télégraphe éxistait dans le monde entier
avec son infrastructure : fils, poteaux, ingénieurs, peronnel
... et voici qu'un petit nouveau "le téléphone"
voudrait bien s'inviter dans la danse.
- 1880-1881 On doit à un ingénieur des télégraphes
belges, M. Van Rysselberghe, dimportantes recherches
pour préserver les fils télégraphiques de linfluence
perturbatrice des courants induits, résultant du voisinage
des fils télégraphiques.
- Langdon-Davies
de Londres est aussi dans la course, au milieu des années 1880,
il s'inspire des travaux de François van Rysselberghe
- D'autres expériences du même
domaine, ont commencé en 1881, bien avant les travaux de Langdon-Davies
avec Cardew à la Society of Telegraph Engineers
sommaire
L'EMPLOI DU TÉLÉPHONE POUR LE SERVICE
TÉLÉGRAPHIQUE vers 1887
Une application de la téléphonie dont
nous voulons. parler, mais qui n'est point du tout la moins importante,
c'est l'emploi du téléphone pour le service de la télégraphie.
L'administration des télégraphes de l'Empire germanique
a sans doute le mérite d'avoir compris la première l'importance
de l'assimilation de la téléphonie avec la télégraphie
et d'en avoir fait un emploi considérable.
On compte en effet, actuellement en Allemagne près
de 4.000 stations télégraphiques desservies par
des appareils téléphoniques. Nulle autre administration
ne peut se vanter d'un pareil développement de la téléphonie
dans la télégraphie.
Les craintes énoncées par-ci par-là que la téléphonie
ne peut que nuire à la télégraphie sont victorieusement
réfutées par cette fusion intime des deux genres de
services. En effet, ils s'entr'aident. Le téléphone
est puissant dans les petites distances où le télégraphe
ne peut pas lutter avec lui; mais aussitôt que la distance augmente,
l'importance du téléphone diminue, et, finalement, c'est
le télégraphe qui domine incontestablement.
D'un autre côté, le téléphone combiné
avec le télégraphe peut pénétrer dans
les localités qui sont trop petites ou pas assez riches pour
alimenter une station télégraphique proprement dite.
L'installation d'une station téléphonique est très
simple et peu coûteuse; la manipulation des appareils ne demande
pas un long apprentissage; on peut donc établir des stations
téléphoniques faisant le service de bureaux télégraphiques
dans des conditions beaucoup plus favorables pour les communes que
celles qu'il faut exiger pour l'installation d'un bureau télégraphique.
En Suisse, toute commune qui désire être
reliée au bureau télégraphique le plus rapproché
par une ligne téléphonique, doit supporter la moitié
des frais de la construction de cette ligne; la commune a, en outre,
à fournir un local, son chauffage et éclairage pour
y installer les appareils, et doit pourvoir au service de cette station
téléphonique. Tout le reste, l'installation et l'entretien
des appareils et de la ligne, le service de la station de transmission,
etc., incombe à l'administration.
La combinaison d'une ligne téléphonique avec un bureau
télégraphique est des plus simples et ne demande aucune
description spéciale. Téléphone et télégraphe
étant indépendants l'un de l'autre, on n'a qu'à
reproduire sur une feuille de papier la réception orale, et
ce document servira comme télégramme original pour la
transmission télégraphique, et vice-versa.
Quelquefois on ne construit pas une ligne ou fil spécial pour
la station téléphonique, mais on l'intercale sur un
fil télégraphique. Ce genre d'intercalation est surtout
employé quand la station téléphonique à
créer est située sur la route du fil télégraphique
et lorsque ce fil est peu chargé de correspondances télégraphiques.
Le système d'appel employé en Suisse pour la téléphonie
permet cette intercalation sans trop de difficulté.
La fig. 1 donne les détails
de cette installation: LL, est le fil télégraphique,
A est le bureau télégraphique par l'entremise duquel
les communications de la station téléphonique B
sont transmis sur le réseau télégraphique,
et vice-versa. M est l'appareil Morse, T le manipulateur, et p
la pile. Le système micro-téléphonique de
chaque station est, pour plus de simplicité, représenté
par le téléphone t; c et c, sont des interrupteurs
de la terre, G sont des générateurs magnéto-électriques,
s des sonneries marchant avec des courants alternatifs; b est
la boussole de la station téléphonique. Quand la
ligne LL, est utilisée pour la télégraphie,
la communication avec la terre est interrompue
en c et c1, les courants télégraphiques passent
par les sonneries s et s,, mais ne peuvent pas les influencer
parce qu'ils ne sont pas alternatifs. Il convient cependant de
choisir une direction des courants télégraphiques
telle qu'ils renforcent les aimants permanents de ces sonneries
au lieu de les affaiblir. Les générateurs G sont,
comme on le sait, automatiquement exclus de la ligne quand ils
ne sont pas en action. Si la station B veut transmettre par téléphone
un télégramme en A, elle regarde d'abord si la boussole
best tranquille, c'est-à-dire si la ligne est libre. Dans
le cas de l'affirmative, elle établit la communication
avec la terre en c et sonne. Les sonneries s et s, se mettent
en branle, et les bureaux télégraphiques à
la droite de B entendent un faible roulement de l'armature de
leur récepteur qui leur indique la nature de cet appel.
La station A, après avoir établi la communication
avec la terre en c1, répond aussi par le générateur,
et la conversation peut commencer sans possibilité de dérangement
de la part des bureaux télégraphiques. Pendant tout
ce temps, la ligne LL, peut être utilisée par télégraphe
à la gauche de L jusqu'au dernier bureau, et à la
droite de L jusqu'à A. Le même arrangement peut aussi
servir quand la ligne télégraphique est exploitée
par le système du courant continu. |
|
Une autre intercalation de stations téléphoniques
dans un fil télégraphique à courant continu a
été indiquée par M. Zetzsche. Quand il y a des
stations téléphoniques des deux côtés du
bureau télégraphique qui fait le service de translation,
il s'agit surtout d'éviter,
dans le téléphone, des courants qui puissent affaiblir
l'aimantation.
|
La fig. 2 représente le bureau
télégraphique chargé de faire l'intermédiaire
entre les stations téléphoniques intercalées
dans les lihnes L1,L2, à droite et à gauche. A est
l'appareil Morse, M le manipulateur, p la pile, T l'appareil micro-téléponique.
C un commutateur à fiches à
5 lames, dont 4 sont coupées au milieu.
Dans la règle, les fiches sont placées dans les
trous 1, 3, 5 et 7, le courant circule dans le sens des flèches
et renforce l'aimant dans le système micro-téléphonique.
Le téléphone est intercalé dans la ligne,
mais sans pouvoir être utilisé. Quand on veut téléphoner
avec une station à gauche du bureau de transmission, on
n'a qu'à planter une fiche dans l'un ou l'autre des deux
trous 9 et 10. La ligne L, est alors indépendante de la
ligne L1, et la direction du courant n'est pas changée.
Si, au contraire, le téléphone T doit être
mis en communication avec une station téléphonique
placée sur ligne L,, il faut planter les fiches dans les
trous 2, 4, 6 et 8 (et encore dans 9 ou 10 pour établir
la communication avec la terre). La direction du courant dans
le téléphone restera la même aussi dans ce
cas. On peut, en outre, exclure le téléphone de
la ligne en plantant les fiches dans les trous 2, 4, 5 et 7, ou
seulement dans 2 et 7. |
sommaire
Mais l'idée de superposer un signal téléphonique
sur une ligne télégraphique vient de Van Rysselberghe
:
Constat : Toute variation brusque dans létat
électrique dun circuit téléphonique est
répercutée dans les téléphones récepteurs.
Si, par exemple, on embroche un téléphone sur le parcours
dun fil desservant des appareils télégraphiques,
toute émission ou toute interruption de courant donneront lieu
à un bruit sec dans le téléphone, à une
sorte de craquement très accentué. Si les appareils
télégraphiques dont on fait usage sont des appareils
Morse, il sera possible, avec un peu dhabitude, de percevoir
dans le téléphone les signaux échangés,
de lire au son. Il nest môme pas besoin, pour obtenir
ce résultat, que le téléphone soit placé
sur le conducteur traversé par les courants télégraphiques
; installé sur un conducteur voisin, souvent même assez
éloigné, il reste sensible aux brusques émissions
ou interruptions de courant produites sur les fils qui suivent le
même parcours, bien quil ne soit influenoé que
par induction. Il semblait bien difficile, dans ces conditions, de
placer des fils téléphoniques sur les mêmes appuis
que des conducteurs télégraphiques, et bien plus encore
dinstaller des téléphones et des télégraphes
sur le même fil.
Cependant, on avait remarqué que, si au lieu dêtre
brusque, la variation dans le courant qui influence le téléphone
a lieu graduellement, celui-ci reste muet et insensible à la
perturbation. Cest dans cette voie que M. Van Rysselberghe dirigea
ses recherches. Il pensa que si les courants télégraphiques
se produisaient graduellement et séteignaient de même,
leur influence ne se ferait plus sentir sur les circuits téléphoniques
avoisinants.
Il s'agissait dobtenir ce résultat sans nuire à
la régularité de la correspondance télégraphique;
M. Van Rysselberghe y parvint en faisant traverser des résistances
artificielles par les courants émis sur les lignes.
Van Rysselberghe était professeur de physique à
l'école industrielle de l'école de navigation d'Ostende.
Van
Rysselberghe
|
Il était encore
dans son adolescence au début de sa carrière et
avait acquis une réputation de brillant.
Il a conçu une station météorologique pour
la lecture à distance alors qu'il était rattaché
à l'Observatoire royal de Belgique et c'est probablement
ce qui l'a amené à l'idée de superposer
un signal téléphonique sur une ligne télégraphique.
Il a peut-être suivi l'uvre originale de David Hughes
en Grande-Bretagne, publiée en 1879. Hughes a proposé
l'utilisation d'une bobine d'arrêt pour réduire les
interférences entre les circuits télégraphiques.
Van Rysselberghe finira par breveter son système en
1882
Les courants téléphoniques, au lieu dêtre
lancés et interrompus brusquement par les appareils, sont
gradués, au moyen de résistances que lon intercale
successivement dans le circuit, au moment de la fermeture, et
que lon retire de la même façon, au moment
de louverture du circuit.Rien
nest changé dans le mode de transmission ; seul,
le manipulateur, convenablement agencé, opère automatiquement
les commutations nécessaires.Bien quil fournisse
une solution pratique suffisante, ce système avait linconvénient
dexiger des manipulateurs dune construction spéciale.
|
TELEGRAPHE et TELEPHONE SIMULTANEMENT
Le sujet est d'importance à cette époque
ou le télégraphe éxistait dans le monde entier
avec son infrastructure : fils, poteaux, ingénieurs, peronnel
... et voici qu'un petit nouveau "le téléphone"
voudrait bien s'inviter dans la danse. On en parle dans le journal
télégraphique de juin 1882
De l'influence du développement
de la téléphonie sur le service télégraphique,
par M. E. CHARMER, Commis principal des
télégraphess belges à Liègc.
Il y a juste 3 ans, nous développions
dans ce journal quelques considérations en faveur du travail
télégraphique à l'ouïe. Après
avoir fait ressortir les nombreux avantages de ce système,
nous terminions en le recommandant comme un moyen transitoire
ou plutôt comme un acheminement vers l'introduction futur
des téléphones dans les services télégraphiques.
Or, il n'est plus guère permis de
mettre en doute la réalisation prochaine de cette dernière
éventualité, surtout en présence de l'intéressante
découverte faite récemment par M. van Eysselberghe.
Eliminer les inconvénients de l'induction
dans les téléphones et permettre l'emploi de ces
instruments sur les longues lignes concurremment et même
simultanément avec les autres appareils, tel est le double
problème presque complètement résolu de la
manière la plus heureuse par le savant météorologiste
de l'observatoire de Bruxelles. Encore un petit effort et ce sera
Parfait.
Nous avons parlé dans notre dernier
numéro, des experiences faites avec les nouvelles dispositions
imaginées par M.van Rysselberghe.
Voilà certes un fait de la plus haute
importance au point de vue de l'avancement de la télégraphie.
C'est tout un événement qui va provoquer une véritable
révolution, non-seulement dans le mode de transmission
mais encore dans la marche du travail des bureaux.
Extrême simplification des procédés
d'échange, économie considérable dans l'exploitation
des réseaux, tels seront, en deux mots, les principaux
facteurs de cette nouvelle conquête : de la science électrique,
dont l'application ne pourra guère tarder à se
faire en grand . Bientôt sans doute nous verrons l'avènement
de cette ère pressentie par M. Preece, lorsque réminent
électricien prédisait comme le dernier mot de
la télégraphie l'adoption finale de systèmes
acoustiques très-simples pour les relations en général.
Les résultats de la transformation qui s'annonce seront
d'autant plus appréciables qu'ils s'appliqueront à
la masse des correspondances, c'est-à-dire à celles
qui constituent le trafic interne de chaque pays. En Belgique
où les communications, directes se font à des
distances médiocres, la substitution du téléphone
aux appareils actuels semble pouvoir s'effectuer dans les meilleurs
conditions.
Il serait évidemment puéril de prétendre
que ce changement pourra s'opérer du jour au lendemain,
sans préliminaires et sans quelques tâtonnements.
D'abord,, il est clair qu'avant, d'aborder la pratique, il faudra
modifier au préalable les installations existantes, s'occuper
de l'initiation du personnel au nouveau système réglementer
la marche des opérations, etc. De même, il y aura
lieu de songer au raccordement, peut-être à la
fusion des services téléphoniques urbains avec
le service télégraphique, en vue d'assurer les
relations directes entre abonnés de ville à ville;
enfin, comme conséquence de ce dernier point, il s'agira
de fixer des tarifs appropriés à cette nouvelle
catégorie de correspondances.
Ce sont autant de questions qu'il importera de résoudre.
Nul cloute qu'après une courte expérience, on
n'en ait facilement raison. Pour ce qui regarde les installations
et la mise en oeuvre des téléphones, il existe
d'ailleurs déjà de nombreux types dans les exploitations
urbaines qui fourniront des indications très-utiles à
cette fin.
Y a-t-il lieu maintenant d'appréhender la transition
qui se prépare. Nous n'envisagerons ici la question qu'au
point de vue de l'influence que l'innovation en perspective
peut avoir sur la situation du personnel spécial de la
télégraphie, c'est-à-dire sur celui qui
fonctionne dans les bureaux les plus importants où se
concentre le gros du mouvement et du travail télégraphique
proprement dit.
A notre avis, ce changement doit être
considéré à tous les égards comme
un événement très-heureux, en ce sens qu'il
contribuera à rehausser encore l'importance du rôle
de télégraphiste.
En effet, pour peu que l'on compare le
rôle dévolu jusqu'ici aux opérateurs, à
celui que leur imposera l'échange par téléphone,
on reconnaîtra facilement que, loin de s'amoindrir, ce
rôle devra s'élaigir très sensiblement,
parce qu'il exigera des aptitudes nouvelles et des conditions
d'intelligence et de savoir beaucoup plus étendues. Pour
nous en convaincre, examinons d'abord les fonctions de l'employé
chargé de transmettre verbalement; elles réclament
assurément un ensemble de qualités que tout le
monde ne possède point. Abstraction faite de la question
d'organe, il faut ici du calme, une attention soutenue, une
prononciation nette et bien distincte, de l'intelligence pour
la lecture exacte de textes variant à l'infini, souvent
mal orthographiés, mais plus souvent encore mal écrits.
Il faudra surtout à l'opérateur beaucoup de discernement
pour distinguer et épeler certains mots ou passages extraordinaires
qu'il importera de bien faire saisir.
Et ce n'est pas tout. On conçoit
qu'un semblable exercice, prolongé pendant de longues
séances, embrassant une foule de sujets et d'idées
disparates et tenant tous les sens en éveil, doit être
autrement pénible et laborieux qu'une simple lecture
courante ou la manoeuvre d'un système mécanique.
Voyons maintenant le même employé
à l'oeuvre pour la réception. Il
semble superflu de démontrer qu'il est incomparablement
plus difficile d'écrire sous la dictée, avec l'intermédiaire
du téléphone, que de copier, comme maintenant,
des dépêches imprimées sur une bande.
La tache, dans le second cas, ne sera
pas moins ardue que dans le premier. Nous ne parlerons pas du
sens auditif qui, naturellement, ne doit rien laisser à
désirer. Quand à l'attention, elle ne peut être
distraite un seul instant. Indépendamment d'une écriture
expéditive et lisible, l'employé qui reçoit
doit posséder à fond la langue usuelle du pays
sous peine d'être arrêté à chaque
instant ou du moins de commettre des erreurs, des non-sens et
de ces fautes tout élémentaires qui nuiraient
à la confiance qu'une administration sérieuse
doit inspirer au public.
Limitées aux plus stricts besoins
du service télégraphique, les conditions que nous
venons de résumer seront indispensables en général.
Mais il en est d'autres dont la nécessité,
bien que moins absolue, se fera vivement sentir, parce qu'elles
concernent une partie notable des correspondances. Nous voulons
parler des connaissances linguistiques. Avec le nouveau mode
de transmission l'extrême utilité de ces connaissances
devient évidente et en quelque sorte palpable, si l'on
veut retirer du travail téléphonique tous les
avantages qu'il est suscep. tible de produire. Nous pouvons
en augurer que les administrations se trouveront pour ainsi
dire mises eu demeure de faire une position exceptionnelle à
ceux de leurs agents reconnus capables de correspondre en plu.
sieurs langues.
La question des langues acquiert, dans
les circonstances actuelles, une importance considérable.
Rappelons à ce propros, qu'elle a déjà
fait l'objet de plusieurs articles antérieurs dont deux,
dus à l'initiative de M. Gould, ont mis en lumière
toute une série de faits d'un intérêt pratique
incontestable.
En résumé, nous voici bien
loin, comme on le voit, du rôle de copiste et de simple
lecteur que d'après certaines prévisions peu judicieuses,
l'introduction des téléphones réserverait
aux télégraphistes.
Pour assumer, nous ne dirons pas à
la perfection, mais d'une manière convenable, l'emploi
de téléphoniste, un personnel de choix sera de
rigueur. Pourra-t-on le confier à de très-jeunes
gens, à de très-jeunes personnes ? Evidemment
non. Nous estimons qu'il faudra des agents formés, entendus,
sinon très-instruits du moins doués d'un jugement
mûr, renforcé de cette expérience et de
ces notions générales qui ne s'acquièrent
qu'à un certain âge.
Qu'on ne s'y trompe point, c'est précisément
là que se rencontrera la vraie pierre d'achoppement quand
il s'agira d'organiser le service téléphonique
avec les éléments actuels. Il n'y a pas d'illusions
possibles. Le succès du nouveau système sera sans
restriction solidaire de la valeur du personnel appelé
à le mettre en oeuvre. Nous ne parlerons pas des exigences
plus grandes encore que l'avenir pourrait faire naître,
par exemple, de l'application de la sténographie dont
la place semble marquée à côté du
téléphone pour accélérer les réceptions.
Bref, sans faire preuve d'un optimisme exagéré,
nous avons le ferme espoir que la transformation qui va s'accomplir
aura pour effet de faire une plus large part à l'activité
et à l'intelligence des travailleurs an télégraphe
|
Van Rysselberghe a fourni des détails sur un certain
nombre de circuits permettant de gérer différentes configurations
de lignes, à la fois monofilaires et entièrement métalliques
(deux fils). Le système s'est rapidement répandu en Europe,
où la plupart des lignes téléphoniques longue distance
utilisaient son système dans les années 1880.
M. Van Rysselberghe a donc cherché à résoudre
le problème en nemployant que des appareils ordinaires.
Tout le système est basé sur lemploi
dune bobine, dont le mode denroulement a pour effet dajouter
la puissance des courants téléphoniques et de neutraliser
les courants télégraphiques.
Document
télégraphie et téléphonie simultanés
de Mourlon 1884 ou en fichier
« Lexpérience lui a démontré
que pour combattre linduction produite au départ, une
résistance de 1000 unités était nécessaire,
mais que pour conjurer linduction à l'arrivée,
500 unités suffisaient. Alors, pour ne pas augmenter la résistance
de la ligne dans des proportions trop considérables, tout en
restant dans les conditions que lui imposait la pratique, il a eu
recours à un artifice.
M. Van Rysselberghe appelle électro-aimants graduateurs de
bobines ayant une réstance de 500 ohms et pourvues dun
noyau de fer doux; il les dispose de la manière suivante: lune
des bobines est intercalée entre la pile et le plot de travail
du manipulateur, lautre entre le massif du manipulateur et la
ligne.
Système
Van Rysselberghe.
Cest ainsi que les choses sont agencées lorsquil
sagit du Morse; pour le Hughes, on a imaginé une disposition
complémentaire.
De la sorte, le courant de la pile se rendant sur la ligne traverse
les deux bobines, soit 1000 ohms, lé courant venant de la ligne
ne traverse quune seule bobine, de 500 ohms.
« On sait que, par suite des phénomènes dinduction
propre dont un électro-aimant est le siège, lorsquune
variation se produit dans lintensité dun courant
qui le parcourt, la durée de la période variable dun
courant de ligne est accrue quand il traverse un instrument de ce
genre. Pour rendre silencieux et insensible aux courants télégraphiques
le téléphone dont nous parlions tout à lheure,
on placera donc entre le manipulateur et la ligne un électro-aimant
convenablement choisi. Mais si une pareille précaution atténue
et fait pratiquement disparaitre le son correspondant à lémission
de courant, elle est inefficace en ce qui concerne la fin de celui-ci
; au moment, en effet, où le manipulateur quitte le contact
de pile, alors même quil nest pas encore revenu
sur le butoir de repos, une force électromotrice considérable
prend naissance dans lélectro-aimant par suite de la
cessation brusque du courant et amène dans le téléphone
la production dun bruit sec très perceptible et assez
intense. Pour obvier à cet inconvénient et prolonger
lémission, on ajoute entre lélectro-aimant
et le manipulateur un condensateur dont une armature est mise en dérivation
sur le circuit, lautre armature étant à la terre.
« Le condensateur, pendant que le manipulateur est sur contact
de pile, se charge, puis quand on rêlève le levier, se
décharge à travers lélectro-aimant lui-même
et la ligne; on prévient ainsi la production de lextra-courant
de rupture U »
Le condensateur dont nous venons de préconiser lemploi
a généralement une capacité de deux microfarads.
En combinant ainsi lemploi des électro-aimants graduateurs
et du condensateur, tous les bruits provenant tant de linduction
que de la transmission directe, sont absolument annulés dans
les téléphones, et on pourrait impunément placer
un de ces instruments en dérivation sur un fil ainsi armé,
sans quil soit influencé. Il est évident que si,
sur les lignes armées du système anti-inducteur Van
Riysselberghe, il ny a pas dinconvénient au point
de vue téléphonique à placer un téléphone
en dérivation, il nen est plus de même au point
de vue télégraphique, et quun tel dispositif aurait
pour effet de donner une communication avec la terre, qui nuirait
à la régularité des correspondances télégraphiques.
Il a donc fallu trouver un nouveau dispositif permettant déviter
toute perte délectricité dans le sol. Cette nouvelle
combinaison consiste à introduire un condensateur entre le
téléphone récepteur et le fil de ligne. Ce condensateur
que lon appelle condensateur-séparateur a une faible
capacité (1/2 microfarad); une de ses armatures est réunie
au fil de ligne, lautre à un des cordons du téléphone
récepteur, le second cordon étant à la terre.
En résumé, les installations pourvues du système
Van Rysselberglie comprennent, comme le montre la figure : 1°
un électro-aimant entre la pile et le manipulateur; 2°
un autre électro-aimant entre le manipulateur et la ligne;
3° un condensateur-graduateur entre le manipulateur et le second
électro-aimant; 4° un condensateur-séparateur entre
la ligne et le récepteur téléphonique.
Les deux postes correspondants sont installés de la même
Manière.
Lorsque la ligne comporte deux conducteurs, chacun deux est
armé comme nous venons de lindiquer, mais le téléphone
récepteur, au lieu de communiquer avec la terre, est réuni
au condensateur disposé sur le fil de retour.
Dailleurs, tous les fils qui suivent le même parcours
que les lils téléphoniques sont armés de la même
façon.
Ainsi, léconomie du système Van Rysselberglie
consiste à Mstaller les postes téléphoniques
sur des fils télégraphiques déjà existants
qui continuent à servir aux relations télégraphiques.
Ces fils sont préalablement armés, ainsi que les fils
voisins, dun dispositif spécial évitant que lexploitation
des télégraphes puisse nuire aux téléphones
et réciproquement.
Sur la ligne téléphonique de Paris à Reims installée
avec le système Van Rysselberglie, on utilise quatre conducteurs
télégraphiques, formant deux circuits téléphoniques
à double U.
Dabord souterrains pendant la traversée de Paris, ces
conducteurs deviennent aériens et sont alors constitués
par des dis de fer galvanisé de 4 millimètres de diamètre,
un seul a 0 Millimètres ; une petite section de câble
sert à la traversée dun tunnel; enfin, de la gare
de Reims au bureau central, la dgne est en lil de bronze de 2 millimètres.
Lensemble de la dgne a un développement de 164 kilomètres.
Les électro-aimants graduateurs ont une résistance de
$00 ohms; lorsque les lignes télégraphiques sont desservies
pur des appareils Morse, on emploie deux de ces électroaimants;
lorsquon fait usage du Hughes, on en ajoute un troisième,
de 2o0 ohms seulement, placé sur la dérivation à
la terre. Dans ces électro-aimants « le fil est enroulé
sur un noyau de fer plein de 72 millimètres de long et 14 millimètres
de diamètre; la partie sur laquelle se fait lenroulement
est longue de 55 millimètres; deux joues en fer de 13 millimètres
dépaisseur, recouvrant des joues en bois, laissent affleurer
vers lextérieur les extrémités du noyau
plein; un cylindre creux en fer de même épaisseur à
peu près les rejoint et recouvre lensemble qui offre
laspect dun cylindre plein de 40 millimètres de
diamètre. On voit que la masse de fer est considérable
et que le circuit magnétique est fermé. »
Les condensateurs sont renfermés dans des boîtes en fonte
et noyés dans la paraffine. On place généralement
dans la même boîte lélectro-aimant de ligne
et le condensateur; cet ensemble prend le'nom danti-inducteur.
On lui adjoint un paratonnerre à lame dair, dans lequel
les deux plaques métalliques sont séparées par
de minces feuilles de papier paraffiné, que lon découpe
à lemporte-pièce, et qui laissent passer entre
les deux plaques une petite couche dair.
Système
M. Van Rysselberghe
Les électro-aimants graduateurs interposés entre la
pile, la terré et les appareils sont installés dans
les bureaux, mais les anti-inducteurs (électro-aimant et condensateurs)
sont répartis sur différents points de la ligne, notamment
aux points où un conducteur porté sur les mêmes
appuis que la ligne téléphonique abandonne celle-ci,
et aussi aux points de raccordement des tronçons urbains avec
la ligne de pleine voie.
Ainsi que nous lavons dit, les appareils téléphoniques
sont isolés de la ligne par des condensateurs-séparateurs.
« Les fils des circuits téléphoniques aboutissent
à une des armatures dun condensateur, lautre armature
étant mise en communication avec le conducteur télégraphique.
Cette dernière jonction a lieu, par rapport à lélectro-aimant
de ligne, du côté du poste correspondant : cest
là une précaution indispensable et à lobservation
de laquelle on est immédiatement rappelé en cas doubli,
la conversation devenant impossible dès que les interlocuteurs
sont séparés par un électro-aimant graduateur
»
Les condensateurs-séparateurs, munis de paratonnerres, ont
une capacité de 1/2 microfarad.
Lindépendance des circuits télégraphiques
est assurée par les condensateurs-séparateurs ; il sagit
de boucler le circuit téléphonique; on y parvient avec
de nouvelles bobines auxquelles on a donné le nom de translateurs
phoniques. Ces bobines se composent de trois circuits. Sur les bobines
creuses A, sont enroulés les deux premiers circuits; chacun
deux communique avec larmature dun condensateur-séparateur,
les deux circuits ont une terre commune T. A lintérieur
des deux bobines creuses est placée une troisième bobine
B B dont lenroulement est fermé sur le téléphone
t. Linstallation est la môme dans les deux postes téléphoniques.
On voit que le circuit à double fil, affecté au service
téléphonique, forme un vaste rectangle dont les deux
fils de ligne représentent les grands côtés et
les translateurs les petits côtés; les condensateurs-séparateurs
sont placés aux angles.
Translateur
phonique.
Le circuit des téléphones est purement local; les courants
développés par les vibrations de la membrane traversent
la bobine B B et induisent dans les bobines A, At dautres courants
qui chargent les condensateurs C, C, ; ces condensateurs se déchargent
sur la double ligne, et leffet inverse se produit à la
station darrivée où les courants chargent les
condensateurs C', C\ qui se déchargent à travers les
bobines A', A',, réagissant elles-mêmes sur la bobine
B' B' dont le circuit est fermé sur le téléphone
t'.
Depuis les premières installations du système Van Ryssel-berghe,
les bobines translatrices ont été modifiées plusieurs
fois; on a procédé par tâtonnements, et nous ne
croyons pas quil y ait encore de type bien arrêté.
Appel phonique. Les appels entre les postes centraux ne peuvent
avoir lieu par les procédés ordinaires, puisque les
téléphones sont séparés de la ligne principale
par des condensateurs; ne le fussent-ils pas, lemploi de piles
et de sonneries installées comme elles le sont habituellement
troublerait à chaque instant les transmissions télégraphiques.
Il a fallu imaginer un relais sans effet sur les appareils télégraphiques
et agissant efficacement sur les téléphones à
travers les condensateurs. Lidée de ce relais, connu
sous le nom d'appel phonique, est due à M. Sieur.
Cest un boitier de récepteur Sieur,sur la membrane duquel
repose la pointe dun levier AB convenablement équilibré.
Appel phonique. Installation du système
Le levier A B est suspendu entre les pointes des vis a a' sur lesquelles
il pivote librement; les vis b b' servent à régler sa
sensibilité.
Les bornes L, L' communiquent avec les deux extrémités
du fil de la bobine du récepteur, renfermée dans le
boîtier; la borne S est reliée à la chape qui
supporte le levier A B, la borne S' à la plaque vibrante par
lintermédiaire du boîtier. A lextérieur,
LL' reçoivent les deux fils de ligne, S S'les deux üls
dune sonnerie à trembleur dans le circuit de laquelle
est intercalée en permanence une pile locale, comme le montre
la figure.
Lappel phonique étant placé verticalement, la
pointe du levier A B reste appuyée par son propre poids sur
la plaque vibrante du récepteur. Il en résulte une dérivation
sans résistance à travers laquelle circule la plus grande
partie du courant de la pile locale P; la fraction de ce courant qui
traverse encore les bobines de la sonnerie à trem-bleur S est
insuffisante pour la faire fonctionner; mais si la membrane téléphonique
est mise en vibration par des courants pénétrant par
les bornes L L', le contact entre la plaque vibrante et le levier
A B est altéré; la résistance est notablement
augmentée en ee point et la majeure partie du courant de la
pile locale traverse les bobines de la sonnerie à trembleur
qui alors fonctionne régulièrement. Lappel phonique
nest, en résumé, qu'un relais de sonnerie qui
entre en jeu au moment des appels; au repos, il absorbe en quelque
sorte le courant local qui, sans cela, agirait constamment sur la
sonnerie; en activité, il restitue le courant local à
la sonnerie; cest un bief de dérivation dont la vanne
est normalement ouverte et ne se ferme quau moment où
la sonnerie doit se faire entendre.
sommaire
Ayant reconnu que les courants téléphoniques
et télégraphiques lancés simultanément
sur un même fil, dans le même sens ou en sens inverse,
ne se mélangent point, et peuvent être séparés,
ce physicien est arrivé à un résultat très
remarquable.
La puissance dun réseau télégraphique peut
être plus que doublée, sans rien changer à la
ligne, puisque, avec ladjonction pure et simple dun petit
nombre dappareils accessoires dans chaque poste, et dune
paire de téléphones, on peut à la fois téléphoner
ou télégraphier, cest-à-dire parler et
écrire simultanément.
Sur notre site nous avons 2 ouvrages :
1885 Télégraphie Téléphonie simultanés
Van Rysselberghe
1890 Télégraphie Téléphonie simultanés
Van Rysselberghe , dans lesquels nous retrouverons la plupart
des explications .
En Belgique et en Amérique,
où M. Van Rysselberghe est allé mettre sa méthode
en pratique, lenvoi simultané des dépêches
télégraphiques et téléphoniques se fait
dune manière régulière.
Aussi les appareils de M. Van Rysselberghe pour la téléphonie
à grande distance navaient jusquici trouvé
dapplications que sur quelques lignes de la Belgique, mises,
à titre dessai, à la disposition de linventeur.
,
La plupart des lignes belges sont disposées
pour les transmissions télégraphiques et téléphoniques
simultanées; plusieurs artères du réseau français
ont été organisées de la même manière.
Un rapport du gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud décrit
une économie de 93% en utilisant ce système à
condensateur sur un seul fil de télégraphe plutôt
que de construire un deuxième fil pour fournir un service téléphonique
classique.
sommaire
Van Rysselberghe s'est rendu aux États-Unis
en 1885 pour tester son système sur des lignes plus longues
et a pu réaliser un appel de New York à Chicago, sur
une distance d'environ 1 000 milles. Malheureusement, aux États-Unis,
la situation était différente de celle de lEurope.
Western Union Telegraph et Bell Telephones avaient réglé
leurs différends juridiques, et une partie de l'accord prévoyait
qu'ils resteraient en dehors des affaires de chacun. Cela a obligé
Bell à construire son propre réseau interurbain à
partir de zéro, une proposition coûteuse. C'est pour
cette raison que la démonstration de Van Rysselberghe, bien
que très réussie, n'a pas retenu beaucoup d'attention.
Bell ne put assurer une connexion directe entre les deux villes qu'en
1892. Ce n'est qu'après l'invention par Pupin de la bobine
de chargement, plusieurs années plus tard, que Bell fut capable
de fournir de véritables appels longue distance, et à
ce moment-là, le travail de Van Rysselberghe avait été
oublié.
La citation suivante est tirée de The Practical
Telephone Handbook de Poole , édition 1912, et il convient de
noter que le BPO utilisait encore les circuits de Van Rysselberghe jusque
dans les années 1930.
"En incluant dans le circuit de batterie et de ligne des bobines
à haute inductance dans une ligne télégraphique,
comme le montre la partie inférieure de la figure, la soudaineté
des courants télégraphiques de fermeture et de coupure
peut être si réduite qu'un téléphone connecté
en un circuit de dérivation d'une ligne monofilaire resterait
assez silencieux pendant le passage des messages télégraphiques.
Comme le courant de parole téléphonique n'affecterait
pas les instruments télégraphiques, il était ainsi
possible de faire fonctionner à la fois le téléphone
et le télégraphe sur la même ligne unifilaire, en
même temps. en même temps, de manière tout à
fait indépendante. Ce système a été largement
utilisé sur les lignes télégraphiques d'État
en Belgique et sur un certain nombre de lignes ferroviaires dans d'autres
pays, ainsi que pour les circuits de lignes d'appel pour les lignes
principales exploitées par la poste britannique.... En faisant
revenir le téléphone par une seconde ligne télégraphique
montée de manière similaire (aux deux extrémités,
bien sûr) comme indiqué dans la partie supérieure
de la figure ci dessous, il est facile d'obtenir un circuit métallique
sans induction pour le téléphone si les lignes sont en
forme de ligne. correctement équilibré et tordu".
On retrouve le fonctionnement du système
Rysselberghe, tiré du "journal télégraphique"
janvier 1884
Télégraphie
et téléphonie simultanées par les mêmes
fils conducteurs , système
F. Van Rysselberghe
par M. J. BANKEUX Ingénieur
on chef des télègraphes belges.
Dans son numéro du 25 Août
1882, le Journal télégraphique a rendu sommairement
compte des premières expériences de M. Van Rysselberghe,
ayant pour objet la suppression dans un eircuit téléphonique,
des effets d'induction produits par le travail télégraphique
de fils conducteurs voisins et parallèles, ainsi que
l'utilisation de ces mêmes fils à la correspondance
duplex, télégraphique et téléphonique.
Bien que les recherches dans cette direction aient complètement
abouti depuis six mois, des raisons entièrement personnelles
à l'inventeur ont empêché la publication
du système.
Aujourd'hui que tout obstacle a disparu et que d'ailleurs les
appropriations d'une partie des réseaux du télégraphe,
en Belgique et en Hollande, sont près de faire
entrer les nouvelles combinaisons téléphoniques
dans la pratique courante, il nous est possible d'exposer
celles-ci avec quelques détails.
Graduation, des courants télégraphiques.
Nous avons déjà dit dans quelles circonstances
M. Van Bysselberghe a été amené à
combattre l'induction télégraphique dans le circuit
primaire lui-même, à la différence des autres
procédés généralement en usage,
qui tendent à neutraliser les effets dans le circuit
secondaire ou téléphonique. Les courants induits
les plus marqués et par conséquent les plus nuisibles
sont ceux qui correspondent à la fermeture et à
l'ouverture du circuit inducteur, et leur intensité est
directement proportionnelle à celle des courants qui
les ont provoqués à ces deux époques de
la transmission d'un signal. Dès-lors, graduer l'émission
et l'extinction du courant primaire, de telle sorte que de zéro
à I il aille régulièrement en augmentant
et de I à zéro régulièrement en
décroissant, c'est réduire la force des courants
induits et les graduer à leur tour, c'est-à-dire
en définitive faire fléchir seulement la membrane
du téléphone récepteur, sans donner lieu
à aucun son. : Après avoir essayé comme
graduateurs des manipulateurs modifiant automatiquement la résistance
du circuit primaire, M. Van Bysselberghe obtint des résultats
infiniment supérieurs par l'emploi d'électro-aimants
et de condensateurs, dont le jeu purement électrique
se prête mieux à toutes les applications et qui
ne réclament aucune modification des transmetteurs télégraphiques
ordinaires.
fig 1
fig 2
Soient deux fils Li1, et Li2 voisins
et parallèles (fig. 1); M et B respectivement un manipulateur
et un récepteur télégraphiques; E un électro-aimant
droit, d'une résistance d'environ 1000 ohms, intercalé
entre la pile et la clef.
Les courants lancés sur le fil
Li1, par le manipulateur M, ne sont point perçus ou sont
peu sensibles dans le téléphone
T2 et leur action directe sur le téléphone Tt
est considérablement moindre que si l'électroaimant
E n'existait pas.
Le résultat est meilleur encore
si l'on dispose en outre un condensateur entré les bornes
pile et ligne de la clef de transmission (fig. 2).
Enfin, les téléphones Tt et T2
restent absolument silencieux, quelle que soit la force de la
pile P, lorsque le condensateur est raccordé en dérivation
à la terre entre les deux électro-aimants Ej et
E8, qui ont alors chacun une résistance de 500 ohms (fig.
3).
fig 3
Pour que l'expérience réussisse
complètement, il faut que le fil télégraphique
Lj ait une certaine longueur et que la résistance du
récepteur B ne soit pas inférieure à 500
ohms ; la capacité du condensateurgraduateur peut être
uniformément de 2 microfarads pour la généralité
des installations télégraphiques.
En ce qui concerne le travail par Morse,
les éleetrograduateurs ne sont pas nécessaires
lorsque les courants traversent, au départ
d'un poste, les bobines du récepteur B.
Dans le cas de l'appareil Hughes, on obtient
une réduction notable des bruits d'induction par la suppression
pure et simple de la dérivation par l'armature, à
l'exclusion de tout dispositif de graduation. Il est préférable
d'intercaler un électro-aimant de 1000 ohms dans cette
dérivation, mais la combinaison qui s'harmonise le mieux
avec toutes les conditions variables des lignes et des appareils
est celle de la figure 3, savoir, dans chaque bureau terminus
: un électro-graduateur de pile, un: autre de ligne et
un condensateur branché de la ligne à la terre.
Une application très-intéressante
du système antiinducteur est faite en Belgique
à la suite des recherches de M. Van Bysselberghe et de
M. Buels, chef de bureau, sur un fil de 45 kilomètres
fonctionnant en duplex-Hughes entre Bruxelles (Nord) et Anvers
(Bourse).
Le travail de ce fil produisait dans les circuits voisins un
tapage téléphonique intense, qu'il fallait éteindre
sans nuire à l'établissement de la balance télégraphique.
La disposition suivante résout complètement le
problème.
fig 4
Les deux côtés du pont sont
représentés par deux électro-aimants E1,
et E2 à noyaux de fer mohiles; on règle la balance
de la façon habituelle au moyen du rhéostat B,
puis en envoyant des courants interrompus on modifie par tâtonnements
la longueur de pénétration des noyaux, de telle
sorte que l'équilibre se maintienne sous l'influence
des effets statiques et dynamiques dont les électro-aimants
sont le siège; le condensateur-gradnateur devient inutile.
Il ressort de cet exposé: 1°
que, sur une ligne télégraphique donnée,
on peut assurer un service téléphonique téléphonique
l'aide d'un fil simple avec terres, lorsque tous les autres
conducteurs, voisins et parallèles, parcourus par des
courants télégraphiques, sont armés du
dispositif anti-inducteur Van Bysselberghe, et 2°,
que si tous les fils indistinctement sont armés, l'un
quelconque d'entre eux est capable de desservir une correspondance
duplex, télégrapho-téléphonique,
à l'abri des perturbations causées par l'induction
et, comme l'expérience le démontre, de celles
provenant des dérivations; de courants d'un fil à
l'autre. Dans le premiercas,: on perd une communication télégraphique
; dans le second, l'identité absolue des circuits télégraphique
et téléphonique donnerait lieu en pratique à
des inconvénients tels que la combinaison serait, difficilement
acceptable. Un fait d'observation a fourni à l'inventeur
le moyen de rendre les deux services indépendants autant
qu'ils peuvent l'être.
fig 5
Soient TLT' un circuit téléphonique
simple ayant une dérivation KMN à la terre (fig.
5);
C un condensateur de '/z microfarad ou
moins r
B une résistance de 500 ohms ou
plus;
T et T' des téléphones dont
les résistances peuvent varier de 0,1 à 4000 ohms.
Que l'on supprime ou maintienne la dérivation
KMN, les correspondants ne s'aperçoivent d'aucune différence
dans l'intensité des courants téléphoniques.
Nous avons expérimenté sur des lignes aériennes
de 45 à 110 kilomètres (fils de fer de 4 milliru.),
sur celle de Bruxelles à Paris, en 5 millim., d'une longueur
de 320 kilomètres^ et sur le câble sous-marin de
Douvres à Ostende (138 kilom.).
En ce qui regarde les rapports de résistance
à établir entre la ligne, les récepteurs
téléphoniques, le fil secondaire, de la bobine
d'induction des transmetteurs microphoniques, la pile, le microphone
et le fil primaire de la bobine, les expériences ont
démontré que, à l'encontre des lois admises
en télégraphie, des téléphones ayant
seulement quelques tours de gros fil fonctionnent parfaitement
sur des lignes aériennes de plus de 300 kilomètres,
et que les résultats sont les plus favorables
quand la résistance du circuit inducteur, au poste de
transmission, est réduite dans la plus large mesure possible.
C'est pourquoi M. Van Bysselberghe fait usage comme générateur
d'électricité, de piles à très-faible
résistance intérieure, telles que les accumulateurs,
et multiplie les contacts microphoniques en les accouplant en
surface.
Télégraphie et téléphonie
simultanées.
En appliquant à un fil télégraphique le
principe indiqué fig. 5, on forme l'installation duplex
de la figure 6, dans laquelle le condensateur-graduateur
C, a une capacité de 0,5 ou au besoin de 0,1 microfarad
seulement, et le condensateur-séparateur C2 une capacité
de 2 microfarads. On réalise ainsi l'indépendance
des deux modes de correspondance.
fig 6
Les dispositions anti-inductrices
Van Bysselberghe ont été expérimentées
à différentes reprises sur le réseau télégraphique
belge avec le plus franc succès. Nous citerons notamment
l'expérience ou trois opérateurs établis
respectivement à l'Observatoire de Bruxelles,
à Ostende et à Anvers, ont conversé
entre eux sans aucune difficulté par l'intermédiaire
d'un fil de fer de 4 millimètres
pose sur les poteaux des lignes reliant ces localités,
et ce, durant la période la plus active du travail Morse
et Hughes de nombreux fils courant parallèlement au premier,
et dont quelques-uns seulement, les plus bruyants, avaient été
armés. La distance d'Ostende à Anvers est de 170
kilomètres. On se servait de transmetteurs microphoniques
et de récepteurs Bell modifiés par M. Van Bysselberghe
en vue de reproduire la parole avec une grande intensité,
de façon à dominer entièrement les bruits
nuisibles que l'on avait intentionnellement laissés subsister.
Nous signalerons encore la transmission téléphonique,
en service régulier, du Palais Législatif, à
Bruxelles, aux bureaux d'un journal quotidien, à Gand,
du compte-rendu des débats parlementaires, des cotes
de la Bourse et des marchés, par un fil aérien
de la ligne télégraphique de Bruxelles à
Ostende, lequel sert en même temps à la transmission
des courants voltaïques actionnant les télémétéorographes
installés aux observatoires de ces deux villes.
Cette dernière application est
un exemple des ressources que présente le système
adopté pour obtenir l'indépendance mutuelle des
deux services à l'aide d'un même fil conducteur.
Deux stations A et D peuvent correspondre par télégraphe
pendant que deux autres intermédiaires B et C tiennent
une conversation par le fil qui relie les deux premières.
Mieux encore: on peut sectionner téléphoniquement
un fil télégraphique continu, de manière
à multiplier, sans interférence, le nombre des
postes en relation (fig. 7).
E, et E2 sont des électro de 1000
ohms ; E3 et E4 des bobines ou, de préférence,
des électro-aimants de 500 ohms environ ; B, et B2 des
récepteurs d'au moins 500 ohms, et enfin C, . . . . C5
des condensateurs de 0,5 microfarad.
Dans ces conditions, T, et T2 d'une part,
T., et T4 de l'autre communiquent par téléphone,
dans.le même temps que les postes extrêmes échangent
dos télégrammes.
Admettons maintenant que tous les fils
d'une ligne aérienne donnée sont armés
du système anti-inducteur et aussi les fils d'embranchement,
ceux qui viennent prendre terre aux bureaux terminus, et, en
général, tous les conducteurs télégraphiques
dont le travail est susceptible de provoquer des courants d'induction
ou de dérivation dans un Circuit téléphonique.
Est-il possible d'utiliser plusieurs fils simples de cette ligne
à des communications verbales indépendantes et
simultanées ? La réponse est absolument négative
: tout ce qui se dit sur un fil est nettement compris sur tous
les autres. Le pire ennemi du téléphone n'est
plus letélégraphe, mais bien le téléphone
lui-même.
Dès-lors, toutes les fois que l'on
aura besoin de plusieurs circuits téléphoniques
entre deux points déterminés, iL faudra prendre
en double les fils télégraphiques, qui conservent
d'ailleurs, isolément leur affectation ordinaire. M.
Van Bysselberghe indique les deux solutions suivantes.
Première solution. (Fig.. 8.)
Dans cette disposition, S, et S2 représentent des résistances
d'au moins 500 ohms; B2 est un récepteur d'une résistance
de 1000 ohms ou davantage, et E2 est un électro-aimant
d'environ 1000 ohms. On satisfait en outre à la condition
SxL2 = S2xL1
Sous le rapport téléphonique, il y a avantage
à prendre pour E,, St et S2 des électro-aimants,
afin de ne pas avoir à remplir rigoureusement cette condition
d'équilibre.
Deuxième solution. (Fig. 9.)
Lj et L2; fils télégraphiques quelconques;
E,, E2, E3 et E4: électro-aimants de 500 ohms;
C, et C2: condensateurs de 0,5 microfarad;
C8 et C4: B ' de 2 mierofarads;
Bi et B2: récepteurs télégraphiques dont
la résistance n'est pas inférieure à 500
ohms.
C'est cette dernière combinaison qui a été
réalisée en Belgique sur la ligne de Bruxelles
à Anvers, entre Haeren et Berchem
(35 kilomètres), et en Hollande, entre Amsterdam
et Haarlem (18 kilomètres).
Lorsque l'on veut utiliser un fil télégraphique
international au service téléphonique, ou seulement
l'empêcher de nuire à la correspondance verbale
échangée par des fils de la même ligne,
on peut se dispenser de réclamer l'appropriation du conducteur
sur le territoire étranger: il suffit, d'intercaler à
la frontière ou en un point intermédiaire convenablement
choisi, un électro-aimant de 500 ohms^ et de placer un
condensateur de 2 microfarads dans une. dérivation de
la ligne au sol.
Il est mutile d'insister sur la nécessité d'isoler
électriquement avec le plus grand soin, dans toutes les
installations duplex, les fils de connexion et les instruments
des postes téléphoniques, afin d'éviter
le mélange des signaux télégraphiques ou
des pertes à la terre.
Les condensateurs réclament des soins particuliers, car
ils doivent résister à l'action de la plus grande
différence de potentiel créée par les piles
les plus énergiques employées en télégraphie.
On les soumet à cet effet à l'épreuve suivante:
un circuit étant composé d'une batterie de 300
éléments Leelanché, de trois électro-aimants
de 500 ohms et d'un interrupteur à vibrations rapides,
aux bornes duquel se relient, en circuit dérivé,
les armatures d'un condensateur shunté lui-même
par un paratonnerre, le condensateur est tenu de supporter sans
avarie les extra-courants ainsi produits. Néanmoins,
dans l'éventualité de dégradations accidentelles,
il importe de combiner les choses de telle sorte que-le remplacement
des condensateurs et des paratonnerres s'opère en un
tour de main.
Il reste à exposer le mode de rattachement des circuits
entièrement métalliques des lignes intra-urbaines
aux circuits à fil simple des abonnés des réseaux
téléphoniques locaux.
Le problème dans sa plus grande simplicité a été
résolu en Angleterre à l'époque où
le Post Office se décida à établir sur
ses poteaux télégraphiques, pour l'usage des Compagnies
concessionnaires, des circuits spéciaux formés
chacun de deux fils se tordant en hélices l'un autour
de l'autre, d'après le principe indiqué par le
Professeur Hughes. On sait que la solution consiste à
interposer une bobine d'induction dont l'un des fils fait partie
du circuit métallique de la trunk line, et l'autre du
conducteur reliant l'abonné et prenant terre à
ses deux extrémités. Malgré la double transformation
inductive introduite par surcroît dans le système
téléphonique et l'augmentation de la résistance
du circuit intermédiaire, la correspondance à
grande distance reste possible, si le rapport des résistances
des fils des bobines répétitrices est convenablement
réglé. Dans le dispositif Van Bysselberghe, la
question se complique de l'intervention des courants télégraphiques
et de l'obligation d'assurer la décharge des condensateurs-séparateurs
(fig. 9). L'inventeur relie à cette fin à la terre
le milieu de celui des deux circuits de l.a bobine d'induction
qui compose le pont téléphonique. On peut se représenter,
comme le montrent les flèches de la figure 10,
la marche des courants téléphoniques. En réalité,
il faut empêcher la réaction mutuelle des deux
parties de la bobine et dédoubler celle-ci. Chaque moitié
forme une bobine d'induction d'induction n'ayant de commun avec
l'autre que la liaison à la terre, et les axes ou noyaux
de fer doux sont perpendiculaires entre eux. Cette disposition
des axes est également observée dans l'installation
de plusieurs électro-aimants graduateurs, lorsqu'on est
forcé de placer ces accessoires côte-à-côte;
toutefois M. Van Bysselberghe obtient le résultat désiré
en insérant chaque électro dans un cylindre de
fer doux.
Une conséquence curieuse de la combinaison fig. 10 :
si, en l'absence de tout travail télégraphique,
on isole l'un des fils L1 ou L 2, l'intensité de la réception
ne diffère pas sensiblement de celle obtenue au moyen
du double circuit.
Il est clair que les bobines de translation ou, plus exactement,
de répétition, et les condensateurs-séparateurs
doivent se trouver dans les bureaux télégraphiques
terminus de la trunk line et non aux bureaux centraux des téléphones;
il est désirable aussi que chaque connexion entre ces
bureaux soit faite par un fil d'aller bouclé d'un côté,
à travers la bobine d'induction, à un fil de retour
allant prendre terre de l'autre, et que ces conducteurs soient
isolés au moins au même degré que les fils
télégraphiques. Jusqu'ici, comptant sur la réelle
bonne volonté des courants téléphoniques
à arriver en quantité suffisante au bout d'un
fil urbain posé sur des isolateurs déplorables,
l'on ne s'est guère préoccupé de l'isolation
; cependant les échos réciproques de conducteurs
voisins peuvent provenir tout autant de la dérivation
que de l'induction. Nous croyons que cette considération
ne devra plus être négligée si l'on veut
voir réussir la correspondance à grande distance,
directement entre les abonnés des villes. Peut-être
devra-t-on également, dans certains cas, renforcer la
puissance des transmetteurs téléphoniques communément
en usage, en attendant l'invention d'un véritable relais
téléphonique. Déjà, pour l'appel
d'un bureau central à l'autre, il est nécessaire,
dans le système Van Bysselberghe, d'éviter les
sonneries fonctionnant par courants voltaïques et les magneto-calls
ordinaires, afin de ne pas troubler le travail télégraphique
des fils utilisés en duplex;, dès-lors les appareils
téléphoniques doivent produire par eux-mêmes
un signal suffisamment bruyant pour éveiller l'attention
du bureau appelé.
Nous avons admis jusqu'ici qu'un fil télégraphique
ne se prête supplémentairement à la correspondance
téléphonique entre deux points donnés que
s'il est continu d'une extrémité à l'autre.
Cette condition n'est pas absolue. Supposons deux fils reliant
respectivement les postes A et C à un troisième
B où ils vont prendre terre à travers des appareils
télégraphiques; il suffit de shunter l'ensemble
de ceux-ci par un pont avec condensateur établi entre
les fils de ligne dans le bureau B, pouf
vu que chaque jeu d'appareils présente aux côùrants
téléphoniques uhe. résistance d' au moins
500 homs .Dans l'hypôthèse de l'emploi entre deux
loalalités de plusieurs circuit téléphoniques
composés chacun deux fils télégraphiques
courants pàrallellement sur lesmêmes poteaux et
approprié suivant lesystème Rysselberghe, il importe
beaucoup d'être fixé sur le degré, d'influence
téléphonique que conservent les circuits les uns
sur les autres. Si les conversations tenues sur l'un d'eux font
écho au point d'être intelligibles sur les voisins,
l'avantage du double fil disparaît et l'on est obligé
de limiter à un seul conducteur avec terres les moyens
de correspondance duplex. Le remède serait, dans
ce cas encore, la pose croisée des fils, telle qu'elle
est réalisée en Angleterre; mais ce mode d'installation
exigerait le remaniement complet des lignes télégraphiques
et il serait inapplicable dans les pays où les isolateurs
sont attachés aux poteaux mêmes et non à
des bras ou traverses.
Les expériences faites
jusqu'à présent en Belgique sur des lignes de
100 kilomètres et moins, ont démontré que
quand les plans de chaque couple de fils sont parallèles
et rapprochés, on entend la voix induite, et on parvient
parfois à comprendre des mots, voire des lambeaux de
phrases. Toutefois l'induction diminue et même disparaît
lorsque ces plans s'écartent ou, mieux encore, se croisent
jusqu'à devenir perpendiculaires. On obtient un excellent
résultat en associant, par exemple, le premier fil à
la droite des poteaux avec le second de la rangée de
gauche, et le premier de gauche avec le troisième de
droite.
La solution générale de M. Van Bysselberghe
remédie à l'inégalité des effets
d'induction des fils voisins sur chacun des conducteurs
télégraphiques composant le couple téléphonique.
A cet effet, on fait glisser l'un sur l'autre les deux parties
de la bobine répétitrice correspondant au fil
téléphonique le plus influencé, de manière
à diminuer l'action inductive des solénoïdes
primaire et secondaire. On arrive ainsi à rendre presque
insensible l'induction réciproque des cireuits doubles
posés sur les mêmes appuis. Il importe peu, d'ailleurs,
en pratique, que l'on entende le discours transmis par un circuit
voisin; il suffit qu'on ne le comprenne pas.
Une conséquence directe de l'application
du système Van Bysselberghe est le renforcement des piles
télégraphiques, pour tenir compte de la résistance
supplémentaire fixe 1500 ohms apportée par les
électro-graduateurs dans chaque circuit. Il est bien
permis de s'effrayer, au premier abord, de la dépense
à laquelle on est entraîné, car les installations
doivent être complétées;
dans tous les bureaux dont les fils peuvent agir sur les fils
téléphoniques, soit par induction, soit' par bifurcation
: de courants. Cependant; si l'on calcule les frais que réclameraient
des lignes téléphoniques spécialement construites
pour un uorribre : de circuits égal à celui qui
est fourni par les fils télégraphiques existant
dans un réseau donné, on reconnaît immédiatement
les avantages économiques des dispositions de M. Van
Bysselberghe.
C'est guidé par ces considérations,
et en vue d'organiser sans délai le service de la
téléphonie entre les principales villes de Belgique
première étape vers un service international
que M. Olin, Ministre des travaux publics, a approuvé,
en Décembre dernier, un contrat par lequella maison
Mourlon et Cie, de Bruxelles, s'engage à fournir,
sous la direction de l'inventeur, tous les accessoires du système
Van Bysselberghe nécessaires à l'appropriation
du réseau belge.
Nous avons à mentionner, pour terminer,
l'objection ; formulée par M. W. Preece dans une
note lue au meeting de Southampton de la British Association,
en 1882: Quel avantage y a-t-il à correspondre verbalement
sur aun fil au détriment de la communication télégraphique
?
En Angleterre, la vitesse est tout, et nous éliminons
toutes les influences qui retardent la vitesse; par conséquent,
il ne peut être question d'électro-aimants et de
condensateurs dans les circuits télégraphiques
; ils «retardent la télégraphie.
Si le Wheatstone automatique était en
usage en Belgique, nous eussions cherché à déterminer
in anima vili l'influence du dispositif anti-inducteur sur là
rapidité du travail de cet appareil, après avoir
eu soin d'augmenter la force électro-motrice afin de
conserver au courant son intensité primitive. Mais
nous ne doutons pas que les Administrations étrangères
qui utilisent le Rapide la Grande-Bretagne, la France,
l'Italie, la Russie et la Suède ne consentent
à exécuter, sur leurs lignes, les expériences
destinées à élucider pratiquement ce point,
et à en publier les résultats, au bénéfice
de la communauté, par la voie du Journal télégraphique.
Quoi qu'il en soit, on a travaillé chez nous sur un fil
de 244 kilomètres au moyen d'appareils Hughes réglés
à 150 tours de chariot, sans que l'intercalation et la
suppression alternatives d'un électro-aimant de 1000
ohms dans le circuit produisissent une fausse lettre ou un dérangement
quelconque; on transmettait cependant les combinaisons classiques
les plus compliquées. En outre, pendant environ deux
mois, le bureau de Bruxelles (Nord) a. fait le service avec
Paris (320 kilomètres), à 145 tours, l'électro-graduateur
étant alors inséré dans la dérivation
des bobines du Hughes. Cette innocuité du système
anti-inducteur s'étend évidemment
a fortiori au travail par Morse.
Les inventions de M. Van Bysselberghe sont brevetées
en tous pays.
Bruxelles, Janvier 1884.
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sommaire
1884
INAUGURATION DU SYSTÈME
Van Rysselbergue ( TÉLÉGRAPHIE ET TÉLÉPHONIE
SIMULTANÉES PAR LES MÊMES Fils ) .
Le système de téléphonie à grande distance
par les fils du télégraphe imaginé par M. F.
Van Rysselberghe , vient d'être inauguré dans des conditions
toute spéciales qui ne manquent pas d'originalité .
La commission de l'Exposition universelle
d'Anvers ayant projeté d'établir une salle d'auditions
téléphoniques musicales de façon à permettre
l'été prochain au public d'entendre à Anvers
la musique des concerts de nos principales villes et cela en utilisant
les lignes télégraphiques , s'était adressée
à M. Van Rysselberghe . Un essai a eu lieu lundi , 1er septembre
, et cet essai a dépassé toute attente . On pouvait
, en effet , entendre de la station de Bruxelles - Nord et de la gare
d'Anvers la musique du Vaux - Hall de Bruxelles . Non seulement les
morceaux d'ensemble étaient reproduits avec la plus grande
clarté mais le solo de violon , exécuté par M.
Hermann sur la méditation de Gounod , a pu être entendu
à Anvers , sans qu'aucun détail de l'exe cution ait
pu échapper aux auditeurs . Il est à remarquer qu'en
même temps qu'on entendait d'Anvers la musique de Bruxelles
par les fils du télégraphe , ceux - ci n'étaient
pas distraits de leur service ordinaire et continuaient à envoyer
des dépèches dans tous les sens . Six microphones avaient
été fixés aux deux petites colonnes du kiosque
du Waux - Hall , de façon à se trouver à la hauteur
des instruments de musique . Ces transmelteurs à charbon du
modèle imaginé par M. Van Rysselberghe , étaient
tous montés en quantités et actionnés par un
petit accumulateur Faure . Ces transmetteurs étaient reliés
au bureau central de la Compagnie des téléphones . De
là le circuit était prolongé en double fil ,
pour éviter l'induction téléphonique , jusqu'à
la station centrale des télégraphes de Bruxelles - Nord
, et communiquait au bureau de M. le directeur Delarge , où
on avait intercale dans le circuit dix récepteurs Bell pour
permettre d'entendre la musique du concert , tandis que celle - ci
était transmise jusqu'à la station d'Anvers - Est .
Dans le bureau de M. Delarge , se trouvaient M. le ministre Vandenpeere
boom , le personnel supérieur des télégraphes
de l'État , ainsi que l'inventeur qui a été ,
à différentes reprises , chaleureusement félicité
par ces hauts fonctionnaires qui inauguraient ainsi la téléphonie
à longue distance , dont le service sera ouvert au public dans
quelques jours . A Anvers se trouvaient M. le professeur Rousseau
, président du comité de l'électricité
à lExposition universelle d'Anvers , plusieurs membres
de la commission , MM , Van Gend , de Caters , Van Bellinghen et de
Brown de Liège , administrateurs de la compagnie Bell , le
lieutenant Lemière de la télégraphie militaire
d'Anvers , M. Charles Mourlon , directeur des ateliers dans lesquels
ont été construits tous les appareils du système
Van Rysselberghe , et enfin M. l'ingénieur Bertin , chargé
de l'organisation des experts , et en outre de la direction des installations
nécessaires à l'appropriation générale
du réseau télégraphique belge à la téléphonie
. Plusieurs membres de la presse anversoise assistaient également
à ces auditions téléphoniques , et tous ont envoyé
par téléphone à Bruxelles leurs félicilations
à l'inventeur . A la demande de M. le ministre des chemins
de fer , postes et télégraphes , les expériences
ont été répétées toujours avec
le même succès le lendemain mardi 2 septembre , en présence
de tous ses collègues de cabinet : MM . Beernaert , de Moreau
, de Jacobs , Woeste et le général Pontus . Tous les
ministres ont pu constater le beau succès obtenu par la méthode
de M. Van Rysselberghe et ont exprimé à celui - ci toute
leur satisfaction . Enfin grâce à l'obligeance de MM
. Stoumon et Calabresi , M. Van Rysselberghe vient de prendre les
dispositions nécessaires pour permettre à LL . MM .
le Roi et la Reine d'entendre , d'entendre de leur chalet d'Ostende
, les opéras exécutés sur notre première
scène lyrique . Et cela toujours par les fils du télégraphe
, car il est à remarquer que c'est cela qui en fait la nouveauté
.
Ce n'est pas la première fois que le téléphone
est utilisé pour la transmission au loin de concerts , de discours
, etc. Mais ici il n'y a pas le moindre fil conducteur à placer
, tout se fait par les fils du télégraphe et sans devoir
interrompre le service de celui - ci . Le télégraphiste
ne s'aperçoit pas du fonctionnement du téléphone
, le télé phoniste ne s'aperçoit pas du travail
du télégraphe ; les deux services sont entièrement
distincts .
Les expériences qui viennent d'être relatées inaugurent
pour la téléphonie à grande distance une ère
nouvelle , et nous sommes heureux de constater que c'est dans notre
pays que cette belle invention a vu le jour . ( Moniteur belge )
1885 INAUGURATION DU SYSTÈME VAN RYSSELBERGHE
EN Suisse .
L'inauguration du système de télégraphie et de
téléphonie simultanées par les mêmes fils
, de M. van Rysselberghe , vient d'avoir lieu en Suisse , entre Lausanne
et Genève , c'est - à - dire sur la partie la plus compliquée
du réseau .
Après avoir permis aux abonnés des compagnies téléphoniques
de ces deux grands centres de correspondre entre eux , M. Buels ,
électricien belge chargé de diriger les installations
, ne s'est pas contenté de ces résultats , il a voulu
que ces mêmes abonnés puissent correspondre directement
avec ceux de Vevey , Montreux , Glion et Aigle qui sont reliés
à Lausanne par un fil spécial . " Bien qu'on opérât
dans les conditions les plus défavorables , puisqu'il s'agissait
de porter la voix d'un circuit à double fil , de Genève
à Lausanne , sur un circuit ne comportant qu'un seul fil ,
les résultats ont été des plus concluants .
Cette dernière expérience est d'autant plus digne d'être
notée qu'elle a été réalisée par
un temps détestable , au milieu d'averses continues qui devaient
occasionner de fortes déviations . Les journaux suisses , qui
ne tarissent pas d'éloges sur les résultats obtenus
par l'appropriation d'une partie du réseau de la Confédération
au système belge comme on l'appelle , font remarquer que les
abonnés des réseaux télégraphiques n'ont
pas été peu surpris de pouvoir tout à coup causer
entre eux d'un bout à l'autre du lac Léman , depuis
les rives du beau lac bleu à Genève jusqu'au - dessus
des nuages , à Glion , sur les bauteurs du Righi Vaudois ,
en franchissant une longueur de plus de 150 kilomètres de fils
télégraphiques .
sommaire
M. Olin, Ministre des travaux publics de Belgique,
a approuvé, en Décembre dernier, un contrat par
lequel la maison Mourlon et Cie, de Bruxelles, s'engage à
fournir, sous la direction de l'inventeur, tous les accessoires du
système Van Bysselberghe nécessaires à l'appropriation
du réseau belge.
De 1880 à 1889, Charles Mourlon collabore avec François
Van Rysselberghe à la commercialisation de son invention
consistant à utiliser les mêmes câbles pour la
téléphonie et la téléphonie.
En 1880, Charles Mourlon créa les premiers ateliers
de construction de matériel électrique en Belgique.
Charles
Mourlon
|
Charles Mourlon était un homme
d'affaires de Brus-Roy principalement actif dans les applications
électrotechniques.
Avec Van Tysselberghe, ils vendent des licences et des appareils
pour ce qu'on appelle le "système Van Rysselberghe"
dans le monde entier.
L'invention, brevetée en 1882 en Belgique et au Royaume-Uni,
a entraîné l'expansion rapide de l'usine de Mourlon
à Bruxelles.
Plus tard, des brevets ont été obtenus dans le
monde entier.
Il publia de nombreux ouvrages se rapportant à l'électricité,
au téléphone, aux industries des lampes, etc.,
qui furent traduits en plusieurs langues.
Il participa à de nombreuses expositions nationales,
internationales et universelles, de 1888 à 1925, en tant
que membre, secrétaire ou Président du Groupe
de l'Electricité et membre des Jurys ; il orchestra largement
l'effet médiatique de ces manifestations.
Les téléphones usuels :
"Le Mourlon"
est un des livres très recherché par les collectionneurs
et historiens .
|
Van Rysselberghe se rendit aux États-Unis
en 1885 pour tester son système sur des lignes plus
longues et parvient à établir un appel entre New
York et Chicago, à une distance d'environ 1 000
milles.
Malheureusement aux États-Unis, la situation était différente
de celle de l'Europe. Western Union Telegraph
et Bell Telephones ont réglé
leurs différends juridiques, et un des termes de l'accord prévoyait
qu'ils resteraient en dehors des affaires de chacun.
Cela a obligé Bell à construire son propre réseau
interurbain à partir de zéro, une proposition coûteuse.
Pour cette raison, la démonstration de Van Rysselberghe, bien
que très réussie, n'attira pas beaucoup plus l'attention.
Bell ne pourra pas établir de connexion directe entre les deux
villes avant 1892.
Van Rysselberghe se rendit aux États-Unis
en 1885 pour tester son système sur des lignes plus
longues et parvient à établir un appel entre New
York et Chicago, à une distance d'environ 1 000
milles.
Malheureusement aux États-Unis, la situation était différente
de celle de l'Europe. Western Union Telegraph
et Bell Telephones ont réglé
leurs différends juridiques, et un des termes de l'accord prévoyait
qu'ils resteraient en dehors des affaires de chacun.
Cela a obligé Bell à construire son propre réseau
interurbain à partir de zéro, une proposition coûteuse.
Pour cette raison, la démonstration de Van Rysselberghe, bien
que très réussie, n'attira pas beaucoup plus l'attention.
Bell ne pourra pas établir de connexion directe entre les deux
villes avant 1892.
En France en 1886 dans la revue L'Electricité
on y lisait :
" Le système de transmissions télégraphiques
et téléphoniques simultanées de M. Van Rysselberghe
est le seul qui , en France du moins , ait reçu jusqu'ici quelques
applications pratiques dans la téléphonie interurbaine
. D'autres systèmes doivent , paraît - il , êlre
essayés sous peu , et nous saurons alors à quoi nous
en tenir sur leur valeur pratique" .
Puis en Belgique en 1886 la revue l'Electricien raconte :
"Plusieurs journaux belges ont annoncé que des essais
de téléphonie à grande distance par le système
de F. Van Rysselberghe , avaient eu lieu entre Vienne et Brünn
; nous lisons à ce sujet dans l'un des principaux organes de
la presse quotidienne de Vienne , la Neue Freit Presse , ce qui suit
: « Les communications par téléphone entre Vienne
et Brünn , dont nous avons déjà annoncé
l'installation a brillamment soutenu hier l'épreuve du feu
. Pour la première fois un grand nombre de personnes , membres
du club des agronomes et des forestiers , qui ont visité hier
en corps le bureau central des télégraphes , ont pu
se mettre en communication téléphonique avec Brünn
. Un de nos collaborateurs qui s'était joint aux visiteurs
nous écrit à ce sujet : « C'est avec une vive
curiosité que nous pénétrons dans la salle des
raccordements télégraphiques dans laquelle on procède
aux essais téléphoniques en question . Dans cette salle
viennent converger les fils de toutes les parties du monde , formant
pour le profane une véritable forêt vierge de fils dont
le réseau inextricable n'est pénétré que
par l'ail exercé du télégra phiste . Cette chambre
est le cour télégraphique de Vienne . Une petite cloison
fixée contre un mur , porte l'appareil téléphonique
au moyen duquel nous avons conversé avec nos concitoyens de
Brünn . L'appareil est raccordé à l'un des fils
télégraphiques qui relient Vienne å Brünn
et la correspondance téléphonique s'effectue sans souci
des dépêches télégraphiques qui simultanément
s'échangent par ce même fil . L'appareil ressemble à
nos téléphones ordinaires , seulement il est muni d'un
signal d'appel qui constitue la solution ingénieuse de la plus
grande difficulté que l'on ait å vaincre dans l'élaboration
du système . M. l'ingénieur en chef Kareis , à
l'initiative duquel nous devons ces essais , basés sur le système
si souvent cité de J. Van Rysselberghe , nous en a fait les
honneurs . L'appareil correspondant se trouve installé dans
une maisonnette de garde , à la gare de Brunn . M. Kareis appela
son collègue et celui - ci répondit au même instant
qu'il était prêt à causer avec nous . La première
question de Vienne fut : « M. X ... est - il là ? »
Un « oui » clairement articulé fut la réponse
de l'interlocuteur , éloigné de nous de 144 kilomètres
. Les communications s'échangèrent sans la moindre difficulté
et avec une rapidité et une précision aussi parfaites
que si nous avions parlé à l'intérieur de Vienne
, bien que , au même instant , on télégraphiât
activement sur le même fil . Les résultats obtenus produisirent
une surprise , nous dirons même une stupéfaction fort
agréable . Nous avions craint que les courants électriques
qui transmettent les signaux télégraphiques entre Vienne
et Brünn ne vinssent troubler la conversation par des crépitements
, des bourdonnements ou par d'autres bruits , mais il n'en fut rien
. Nous entendimes distinctement des phrases et des nombres pris au
hasard articules à Brünn ; un des nôtres constata
même qu'une dame parlait devant l'appareil , à Brünn
.
Une heure avant notre visite , M. le
ministre du commerce , Baron Pino , qui suit ces expériences
avec le plus grand intérêt , avait téléphoné
lui - même à Brünn , et ce n'est qu'après
s'être assuré du succès des expériences
qu'il permit l'admission des visiteurs .
On continue les essais , et lorsque les installations seront complète
ment terminées , la téléphonie entre Vienne et
Brünn sera livrée au public . Dès que le succès
de cette première grande ligne téléphonique se
sera affirmé , on s'occupera d'établir la correspondance
verbale entre Pesth et Vienne , c'est - à - dire à une
distance de plus de 280 kilomètres »
".
Aux
USA
John Goldfinch a attiré mon attention sur un document
présenté par le capitaine P. Cardew en 1886 à
la Society of Telegraph Engineers, précurseur de l'Institution
of Electrical Engineers. Il y décrit des tests et des essais
sur le terrain d'un système de signalisation presque identique,
utilisant un avertisseur sonore pour générer des
tonalités audio reçues sur un instrument téléphonique.
Cardew à son tour se réfère indirectement
au brevet de Granville T. Wood pour des communications de trains en
mouvement utilisant le même principe .
Le système de Cardew s'est avéré
simple à installer, ne nécessitait aucun réglage
et fonctionnait sur de longues distances, tout comme le phonopore,
quelques années plus tard.
Le brevet a été déposé en 1885 et délivré
en 1887, les expériences de Cardew ont commencé en
1881, bien avant les travaux de Langdon-Davies du Phonopore
Rysselberghe concéde son système
sous licence dans le monde entier et son succès a été
tel quen 1889, ils a pris contact avec les gouvernements
britannique et français pour mettre en place une ligne téléphonique
transmanche. Elle serait payée par la société
et remboursée par une redevance sur les appels vocaux et télégraphiques
effectués.
Les deux gouvernements ont rejeté la proposition,
car ils s'inquiétaient de la quantité de propriété
privée dans le secteur florissant de la téléphonie.
1888 LA TÉLÉGRAPHIE ET LA TÉLÉPHONIE
SIMULTANÉES EN CHINE.
Le Céleste Empire était une des seules régions
du globe où le système de télégraphie
et de téléphonic simultanées, qui fonctionne
dans toute la Belgique ainsi qu'entre Paris et Bruxelles, n'avait
pas acquis droit decité .
Grâce à l'intervention de M. le baron Sadoine, lors de
son passageen Chine, M. C. Poulsen , le directeur des télégraphes
à Tien - Tsin, s'est mis en rapport avec les constructeurs
des appareils Van Rysselbergh pour être en mesure d'expérimenter
le système en question .
A la suite d'essais qui viennent d'avoir lieu en présence de
tous les mandarins de l'administration des télégraphes
impériaux, ces derniers viennent d'adopter le système
pour la Chine, et déjà l'on a mis à l'étude
l'appropriation de la ligne de Sanghaï å Tien - Tsin.
sommaire
Le phonopore et le phonoplex
Le phonopore et le phonoplex étaient tous deux des systèmes
introduits en 1885 pour fournir des canaux télégraphiques
supplémentaires (ou, alternativement, dans le système
phonopore, un canal téléphonique) dans la gamme de fréquences
supérieure à celle du courant continu ordinaire. ou
canaux Morse.
- Le phonopore, développé par Charles Langdon-Davies
en Angleterre, utilisait un type spécial de couplage transformateur/condensateur,
qui est analysé ici mais qui avait peu de propriétés
spéciales utiles, et utilisait un canal télégraphique
« harmonique », c'est-à-dire un signal oscillatoire
à clé.
- Le Phonoplex conçu par Edison utilisait, pour le canal passe-haut,
des signaux dérivés des transitoires produits par une
bobine d'induction.
Langdon-Davies
de Londres au milieu des années 1880 qui s'est
inspiré des travaux antérieurs de François
van Rysselberghe développe et brevette un nouvel appareil
LE Phonopore
ou Pont Acoustique dont le fonctionnement
de leurs deux systèmes etait similaires.
Le Phonopore a rapidement attiré l'attention des chemins
de fer de Belgique et s'est bien vendu en Grande-Bretagne et à
l'étranger.
La simplicité et la fiabilité du système Phonopore
doivent avoir séduit les chemins de fer, qui disposaient de
peu de dépanneurs techniques.
La simplicité de fonctionnement du Phonopore doit également
constituer un attrait : appuyer sur un bouton, attendre une réponse
et parler.
Un télégraphe Morse nécessitait un opérateur
formé et bien payé à chaque extrémité,
mais un Phonopore pouvait être utilisé par n'importe
qui.
.....
Divers modèles de Phonopores mis en exploitation et les très
importantes bobines de compensation.
Vers 1914, M. Langdon-Davies vendit lactivité Phonopore
à Sterling Telephone & Electric. qui ont poursuivi la production
avec des téléphones pratiquement inchangés.
La production a cessé au début des années
1920 face à la concurrence des réseaux téléphoniques
publics en pleine croissance.
Cependant, de nombreux chemins de fer ont aimé leurs Phonopores
et les téléphones ont souvent été remis
à neuf dans les ateliers des chemins de fer.
Modèle
type avec des récepteurs Ader et un émetteur de Hunnings.
En Belgique le plus considérable de ces réseaux etait
celui de la Société de charbonnage
de Mariemont et de Bascoup.
On sait que les houillères de Mariemont et de Bascoup sont
les plus importantes exploitations de ce genre, non seulement en Belgique,
mais encore en Europe.
Il a été examiné dans le magazine américain
"Manufacturer and Builder" en septembre 1885. Une mention
britannique précoce figure dans la "Pall Mall Gazette"
du 27 mai 1886, où l'auteur fut intrigué par l'idée
de l'envoi de deux signaux séparés le long d'un même
fil.
sommaire
- Le phonoplex d'Edison
utilisait, pour le canal passe-haut, des signaux dérivés
des transitoires produits par une bobine d'induction.
- Phonoplex 1887
La télégraphie duplex est d'un usage très fréquent
en Amérique ; elle y est considérée comme d'un
emploi plus commode et plus simple que la télégraphie
multiple , pour laquelle il faut établir un synchronisme toujours
plus délicat que l'ajustement des résistances et des
capacités d'un duplex et même d'un quadruplex . Mais
si le problème est simple pour les lignes télégraphiques
ordinaires , il l'est beaucoup moins pour certains services spéciaux
, tels , par exemple , que celui des chemins de fer . Les tronçons
de ligne successifs n'ont pas les même qualités électriques
: résistance , capacité et isolement , il faudrait rétablir
l'équilibre des appareils chaque fois que les communications
changent : les pertes de temps feraient alors plus que compenser les
avantages offerts par les transmissions simul tanées . C'est
pour éviter ces inconvénients et résoudre les
difficultés du problème qu'Edison a imaginé le
système auquel il a donné le nom de phonoplex
ou way - duplex
Les deux systèmes Phonopore et Phonoplex furent fabriqués
commercialement et connurent un certain succès sur les chemins
de fer.
Le Syndicat Phonopore (plus tard la Société) a eu une
histoire intéressante mais sans succès, A partir de
1893, son directeur général était C.E. Spagnoletti,
F.R.S., ancien président de la Society of Telegraph Engineers
et surintendant télégraphique nouvellement retraité
du Great Western Railway. Bien que la société ait levé,
en 1895, environ 100 000 £ de capital, elle fut cette année-là
effectivement achetée par la New Phonopore Telephone Co. pour
2 000 £. La nouvelle société a continué
à exister, avec un capital émis ne dépassant
pas environ 8 000 £, jusqu'à ce qu'elle soit achetée
pour 175 £ en 1916 par la Phonopore Construction Co., qui a
finalement cessé ses activités peu après 1920
sommaire
En France la démarche
est différente, car on a étudié la possibilité
de faire fontionner ensemble télégraphe et téléphone
sur des fils téléphoniques, contrairement à Rysselberghe
qui adapta le téléphone et le télégraphe
sur les réseuax de télégraphie existants. De
plus le système Rysselberghe n'est pas adapté aux appareils
Baudot utilisé en France
et beaucoup plus rapide que les appareils Morse.
Système Pierre Picard. Le 20
janvier 1891, M. Pierre
Picard, employé de ladministration française des
Postes et des Télégraphes, a fait breveter un nouveau
système de télégraphie et de téléphonie
simultanées.
Le procédé de M. Picard, mis à lessai sur
la ligne Paris-Lyon, est remarquable par son extrême
simplicité; il consiste dans lemploi dune bobine
à quatre circuits égaux, à laquelle linventeur
a donné le nom de transformateur différentiel.
Cette bobine, dont la figure suivante montre le diagramme, se compose
de quatre fils dégal diamètre, enroulés
parallèlement sur un noyau en fil de fer doux. Tous les conducteurs
font un nombre de tours égal autour du noyau ; il en résulte
que, pris deux à deux, leur résistance électrique
diffère un peu, mais elle est la même pour deux circuits
associés. La carcasse de la bobine, formée par trois
joues en bois, deux extrêmes, une intermédiaire, est
montée sur un socle en bois garni de cinq bornes A, B, C, D,
E. Les circuits 1 et 3 sont attachés aux bornes A, B, et réunis
bout à bout sous la borne E ; les circuits 2 et 4 sont reliés
ensemble et assujettis sous les bornes C, D.
Transformateur
différentiel.
Quant à linstallation de lappareil, on peut considérer
différents cas :
I. Installer la communication sur une ligne continue;
II. Installer la communication simultanée sur une ligne
continue pour le service téléphonique, sectionnée
pour le service télégraphique ;
III. Installer la communication simultanée sur une ligne
continue pour le service télégraphique, sectionnée
pour le service téléphonique.
I. Les circuits a, b sont reliés aux deux fils de ligne
et au poste télégraphique.
Installation
du système P. Picard sur une ligne continue.
Ainsi, si on se reporte à la ligure, la borne A sera réunie
à la ligne n° 1, la borne B à la ligne n° 2
et la borne E au massif du manipulateur du poste télégraphique.
Les circuits bouclés c, d sont en communication avec le circuit
secondaire du poste téléphonique; en dautres termes,
les bornes C et D de la bobine sont en relation avec les bornes ligne
du poste micro-téléphonique.
Par suite de cet arrangement, les conducteurs a, b sont interposés
sur la ligne bouclée en O ; les conducteurs c, d appartiennent
au circuit téléphonique local.
Examinons les différents cas qui peuvent se présenter,
soit que le poste télégraphique transmette ou reçoive,
soit que lon parle ou que lon écoute à la
station téléphonique.
a. Le poste télégraphique transmet : les courants
émis par ce poste arrivent en O et se bifurquent sur les deux
lignes bouclées en passant par b et par
a; mais ces courants qui vont circuler sur les lignes 1 et 2, dans
le même sens et par fractions égales, parcourent en sens
inverses les conducteurs a et b du transformateur ; ces courants exercent
des actions inductrices opposées et égales qui sannulent
et ninfluencent pas les conducteurs c, d affectés au
circuit local téléphonique.
Donc, le téléphone ne saurait être influencé
par les courants télégraphiques de départ.
b. Le poste télégraphique reçoit : les
courants arrivant par les lignes 1 et 2 sont égaux et de même
sens; ils traversent les conducteurs a, b en sens inverse et se réunissent
en O pour actionner le poste télégraphique.
Comme dans le cas précédent, linduction de a b
sur c d est nulle.
Donc, le téléphone ne saurait être influencé
par les courants télégraphiques darrivée.
c. Le poste téléphonique transmet : Lorsque le
poste téléphonique transmet, les courants induits provoqués
dans le circuit e de la bobine dinduction par les vibrations
micro-phoniques, traversent dans le même sens les circuits c,
d du transformateur différentiel ; ils induisent dans les conducteurs
b, a et dans les lignes 1 et 2 de nouveaux courants qui vont actionner
le poste téléphonique récepteur. Ces courants,
dailleurs, en raison de leur faible énergie, ne sauraient
impressionner les stations télégraphiques.
Donc, le poste téléphonique peut transmettre sans que
le poste télégraphique soit influencé.
d. Le poste téléphonique reçoit : A la
station darrivée, les courants induits circulent dans
le même sens à travers a et b; ils induisent de nouveaux
courants dans le circuit c, d, e, qui contient les récepteurs
téléphoniques, et ces derniers fonctionnent.
Il est clair que, pas plus que dans le cas précédent,
le poste télégraphique nest influencé.
Donc, le poste téléphonique peut recevoir sans déranger
le poste télégraphique.
Ainsi, dans le cas que nous venons détudier, les lignes
1 et 2 forment une ligne à double fil pour le service téléphonique;
pour le service télégraphique ils constituent une ligne
à deux conducteurs parallèles et assemblés en
quantité.
II. La ligne téléphonique est continue, la ligne
télégraphique est coupée à un poste intermédiaire,
soient deux postes extrêmes A. D et un poste intermédiaire
C. Deux appareils télégraphiques
sont installés en C et correspondent lun avec A, lautre
avec B. Dans chaque direction la ligne est formée par deux
conducteurs parallèles, comme dans les circuits téléphoniques
à double fil. Linstallation des postes extrêmes
A, B est celle que représente la première figure . Au
poste intermédiaire C sont disposées deux cabines ou
deux postes téléphoniques et deux transformateurs différentiels
(fig. suivante). En résumé, on se trouve en présence,
au bureau intermédiaire, de deux postes juxtaposés,
tels que celui que nous avons décrit plus haut. Cependant,
un jeu de commutateurs O O' permet de mettre hors circuit les deux
cabines ou les deux postes téléphoniques, de façon
à mettre en relation téléphonique directe les
stations A et B. En se reportant à ce que nous avons dit précédemment,
on comprend facilement comment les transformateurs fonctionnent.
Installation du système P. Picard sur une ligne téléphonique
continue et une ligne télégraphique sectionnée.
De lensemble de ces dispositions il résulte que les combinaisons
suivantes peuvent être réalisées :
x -Circuit télégraphique : A avec C, B avec C;
-Circuit téléphonique : A avec C, B avec C;
y -Circuit télégraphique : A avec C, B avec C ;
-Circuit téléphonique : A avec B.
III. La ligne téléphonique est scindée,
la ligne télégraphique est continue.
Cette troisième manière denvisager
les choses a conduit M. Picard à réaliser une solution
très élégante de la question.
Comme dans le cas précédent on emploie deux transformateurs
différentiels (fig. 377). « Les lignes, au lieu dêtre
bouclées de chaque côté à la station intermédiaire
C, la traversent sans solution de continuité, ou plutôt
sont reliées une à une à leur sortie des transformateurs;
mais, entre ceux-ci, elles sont réunies par un conducteur O
O , sans résistance appréciable, auquel linventeur
a donné le nom de pont téléphonique. »
Installation du système Picard sur une ligne télégraphique
continue et une ligne téléphonique sectionnée.
« Ce pont téléphonique ne peut en rien modifier
la condition de la ligne télégraphique puisque celle-ci
comprend les deux conducteurs parallèles, assemblés
en quantité; mais il nen est pas de même pour les
deux lignes téléphoniques qui doivent être constituées,
à droite et à gauche, par les deux conducteurs bouclés.
Cest précisément le pont O O' qui fait l'office
de boucle commune. Cette jonction, formant un court circuit, sert
de passage aux courants téléphoniques de A vers C et
de B vers C, ou inversement, sans que ces courants puissent sinfluencer
réciproquement en raison de la résistance pratiquement
nulle du pont quils ont à parcourir. Il est donc possible,
comme dans le cas précédent, de téléphoner
simultanément de la station intermédiaire C avec chacune
des stations extrêmes A et B, sans que les conversations se
mélangent. » « Pour établir la communication
directe de A en B, il suffit de supprimer le pont O O' et, à
laide des conjoncteurs f et p, de mettre
hors circuit la résistance des deux transformateurs pour laisser
à la voix toute son intensité L »
Le système Picard est installé sur la ligne Paris-Troyes
ou il donne de bons résultats; on est en train de linstaller
sur d'autres réseaux et il est probable que son emploi se généralisera
si, comme il y a lieu de le prévoir, les essais continuent
à être satisfaisants.
Dispositif dappel P. Picard.
Le système dappel phonique de M. Sieur a été
lobjet de plusieurs modifications, notamment lorsquon
a substitué à la sonnerie un annonciateur ordinaire
dont le volet tombe au moment de lappel.
On songea alors à faire usage pour lannonciateur de bobines
différentielles quil est toujours facile de substituer
aux bobines à enroulement unique. Cette combinaison, qui a
été adoptée, est représentée par
la figure suivante.
De chaque pôle de la pile partent deux fils qui senroulent
en sens inverse sur les bobines de lannonciateur. Lun
de ces fils est relié directement à la bobine, lautre
passe par la plaque vibrante et le marteau de lappel phonique.
Les deux circuits sont dégale résistance, et des
courants de sens contraire les traversent continuellement lorsque
lappareil est au repos; ces courants sont par conséquent
sans effets sur les noyaux de lannonciateur dont l'armature
nest pas attirée.
Système d'appel Picard avec annonciateur différentiel.
Lorsque lappel phonique entre enjeu, le circuit qui contient
la plaque vibrante devient, par intermittences, plus résistant
Rue lautre; l'action de ce dernier sur les noyaux de lannonciateur
devient prédominante, les noyaux saimantent, attirent
larmature, et le volet tombe.
Pour linstallation entre Arcachon et Bordeaux de son système
de communications simultanées téléphoniques et
télégraphiques, M. P. Picard a
récemment imaginé une combinaison fort ingénieuse
qui donne des résultats aussi satisfaisants que la précédente
et qui a lavantage de ne nécessiter aucun organe nouveau,
pas même une bobine différentielle. Ce dispositif sadapte
indifféremment à une sonnerie ou à un annonciateur,
comme on le voit.
Dans la figure de gauche, lun des pôles de la pile est
relié au fil de jonction des deux bobines de lannonciateur;
lautre pôle est réuni directement à la sortie
de la bobine de droite, et indirectement à la sortie de la
bobine de gauche par lintermédiaire de la plaque vibrante
et du marteau de lappel phonique. Quand le système est
au repos, le courant circule par fractions égales en sens contraire
dans les deux bobines; il nen résulte aucune aimantation
et lélectro-aimant reste sans effet sur larmature.
Si lappel phonique vibre, léquilibre est rompu,
laction de la bobine de droite devient prépondérante,
larmature est attirée et le volet tombe.
Dans la figure de droite lun des pôles de la pile est
relié au ül de jonction des bobines de la sonnerie; lautre
pôle correspond, par lappel phonique, à la sortie
de la bobine inférieure, et aussi à la vis de réglage
de la sonnerie, à larmature et à la sortie do
la bobine supérieure.
On voit que, dans ce circuit, il existe deux tremblcurs, lun
constitué par lappel phonique, lautre par la sonnerie.
Le système étant en repos, larmature de la sonnerie
est attirée par la bobine inférieure; le circuit de
la bobine supérieure est alors ouvert entre le ressort darmature
et la vis de réglage. Si lappel phonique vibre, le courant
est interrompu dans ce circuit autant de fois que le marteau de lappel
phonique abandonne sa plaque vibrante. Dès la première
interruption, larmature de la sonnerie cesse dêtre
attirée et ferme le circuit de la bobine supérieure
par la vis de réglage et le ressort darmature et, dès
lors, elle fonctionne comme toutes les trembleuses sous laction
de la bobine supérieure seule.
Cette solution est à la fois simple et ingénieuse.
sommaire
Dans la presse scientifique, on peut lire un long
exposé de M. Gailho.
( les annales télégraphique
de 1894).
PROCÉDÉ DE TÉLÉPHONIE
ET TÉLÉGRAPHIE SIMULTANÉES PAR LES MÊMES
FILS
( J'ai déjà décrit ce procédé
d'une manière sommaire dans le numéro des Annales
télégraphiques 3e série, tome XVI. de juillet
août 1889 : Note sur l'utilisation des fils téléphoniques
pour la télégraphie signé M.Gailho)
Depuis lors j'ai eu l'occasion de d'expérimenter avec succès
sur le circuit téléphonique Paris-Lyon-Marseille
(1890-91); puis sur le circuit Paris-Nantes (1892-93) et
enfin sur l'un des deux circuits Paris-Londres (1893).
Aujourd'hui je me propose d'en reprendre l'exposé avec quelques
détails, en indiquant, d'abord, les considérations
qui m'ont amené
à chercher un dispositif autre que ceux de van Rysselberghe
et de Maiche, déjà connus à cette époque.
Lorsque l'on a établi à grands frais des conducteurs
spéciaux pour constituer des circuits téléphoniques,
alors qu'il était démontré que les fils de
fer étaient
techniquement insuffisants, on s'est immédiatement demandé
si l'on ne pourrait pas utiliser à leur tour ces nouveaux
conducteurs pour des transmissions télégraphiques
simultanées.
On exigeait, en même temps, de tout procédé
permettant d'arriver à ce résultat les conditions
suivantes : Il fallait que les communications téléphoniques
et télégraphiques, tout en étant simultanées,
ne fussent nullement troublées les unes par les autres ;
que le dispositif fût applicable aux appareils télégraphiques
à grande vitesse, tels que le Wheatstone et le Baudot, même
sur les lignes de grande longueur; et enfin que le procédé
n'apportât pas de modification dans le montage télégraphique
et surtout dans installation des postes téléphoiiiques
centraux , ni dans leur mode
ordinaire de fonctionnement.
Telles sont les conditions que je crois être parvenu
à remplir.
Le procédé Maiche, au contraire, exige,
tout d'abord et par lui-même, une double transformation par
induction des courants téléphoniques, ce qui supprime
l'avantage des liaisons métalliques directes , et impose
un mode particulier de fonctionnement ; en même temps, il
amène un changement notable dans les installations intérieures
soit des postes télégraphiques, soit des postes téléphoniques
centraux.
Quant au procédé van Rysselberghe,
il est inapplicable sur des lignes de quelque importance aux appareils
télégraphiques à grande vitesse.
C'est ce que l'on a constaté dès que l'on a voulu
mettre en service un appareil multiple Baudot sur la ligne
téléphonique de Paris à Marseille même
en prenant les deux fils associés en quantité : les
bobines de self-induction intercalées dans le circuit contrariaient
d'une façon fâcheuse les nombreuses et rapides émissions
de cet appareil.
En présence de cet insuccès on a essayé des
appareils Hughes ordinaires; mais on a promptement reconnu que sur
une telle ligne chaque émission de l'un des appareils se
répercutait dans le Hughes installé sur le second
conducteur, comme si les deux fils du circuit téléphonique
étaient mêlés. On ne pouvait, en réalité,
même avec cet appareil, disposer que d'un seul des deux conducteurs;
aussi dans la pratique se résignaiton, pour avoir deux transmissions
télégraphiques, à n'utiliser que l'appareil
Morse ordinaire. Et cependant des conducteurs tels que ceux-là
(en cuivre de 4", 5) doivent pouvoir se prêter
sans conteste à des émissions électriques au
moins aussi nombreuses et aussi rapides que celles de n'importe
quel appareil télégraphique connu, puisqu'ils transmettent
sans déformation sensible les ondulations téléphoniques
elles-mêmes. Leur emploi pour des transmissions Morse ne s'expliquait
donc que par l'impuissance de faire mieux, et il n'était
pas téméraire d'en poursuivre l'utilisation pour un
appareil télégraphique rapide, quelque grande que
fût la rapidité de ses émissions.
Le procédé que j'ai proposé, emploie les deux
fils du circuit associés en quantité de façon
à n'en former qu'un seul conducteur pour les courants télégraphiques;
mais il permet d'affecter la ligne au service d'un appareil rapide,
tel qu'un Wheatstone ou un multiple Baudot. Déplus, comme
je l'ai déjà dit, il n'amène aucun changement
ni dans le fonctionnement ni dans l'installation des appareils téléphoniques
et télégraphiques.
Il a suffit, en effet, de mettre en dérivation, et en un
point quelconque du parcours de la ligne (voir fig. 1 et 1 bis),
un électro-aimant, ou un solénoïde électromagnétique
à double enroulement et de l'une quelconque des formes et
modèles que l'on rencontre en télégraphie ou
dans l'rindustrie électrique.
On ne touche donc pas à l'installation du téléphone,
qui peut fonctionner comme par le passé; ni à celle
du télégraphe, dont il suffit d'amener le fil de ligne
en un point déterminé de l'électro-aimant ou
du solénoïde.
Il va sans dire que le dispositif représenté par la
figure doit être répété en un autre point
de la ligne pour le poste correspondant. Les fig. 1 et 1bis sont
deux figures qui représentent exactement la même chose
; elles ne diffèrent l'une de l'autre que par le schéma
de la bobine auxiliaire, laquelle est la même dans les deux
cas, mais peut être figurée théoriquement de
l'une ou de l'autre des deux manières. Cette bobine comporte
deux enroulements constitués au moyen de deux fils identiques,
soigneusement isolés l'un de l'autre et enroulés simultanément
sur le même noyau. Les deux fig. 1 et 1bis montrent d'une
façon assez explicite la disposition sur la ligne de cette
bobine et de ses deux enroulements.
Les émissions électriques provenant de l'appareil
télégraphique se partageront en V en deux parties
égales et parcourront les deux enroulements de la bobine
en sens invefre par rapport à l'axe du solénoïde.
Il s'ensuit que les courants télégraphiques n'éprouveront
dans cette bobine aucun affaiblissoment ou retard appréciable,
du fait de la self- induction, parce que les flux d'induction magnétique
dus à chaque enroulement sont à tout
instant de sens contraires et sensiblement égaux.
Il n'en sera pas de même pour les ondulations émanant
de l'appareil téléphonique T. On voit facilement ,
en effet , que les courants téléphoniques qui tendraient
à passer par cette bobine, parcourraient chacun des enroulements
dans le même sens par rapport à l'axe du noyau. La
bobine agira donc comme bobine de self-induction vis-à-vis
de ces courants, et ceux-ci se propageront de préférence
sur les fils de ligne proprement dits, c'est-à-dire sur la
droite de la fig. 1 ou 1 bis les courants dérivés
à gauche dans la bobine étant néglibeables
grâce à l'inductance de celle-ci.
(Je rappellerai que, si l'on désigne par l'inductance de
chacun des circuits, le circuit voisin étant ouvert, l'inductance
de l'esemble des deux circuits associés comme il vient d'être
dit sera égale à 4 /.)
De ce qui précède il résulte que les ondulations
téléphoniques seront arrêtées par la
bobine, qui d'un autre côté ne retardera en aucune
façon les émissions télégraphiques.
Il reste à voir comment ces émissions ne produiront
aucun bruit gênant dans les téléphones.
Ceci serait évident si, les deux enroulements de la bobine
étant identiques entre eux, ce qu'il est facile de réaliser,
on admettait que la même identité existât pour
les deux fils de ligne. Dans cette hypothèse, les courants
télégraphiques, en arrivant en V, se partagent en
deux fractions rigoureusement égales entre elles ; les chutes
de potentiel de V à v, comme de V à v\ sont les mêmes;
et, par suite, les potentiels v et v' sont toujours égaux,
du moins en ce qui concerne les émissions télégraphiques
qui, alors, ne détermineront aucun courant dans la branche
téléphonique. Mais on objectera, et non sans raison,
que, par suite des défauts inhérents à toute
ligne, les courants télégraphiques ne serontpas toujours
rigoureusement égaux
en Vt^ et \v', qu'il n'y aura pas toujours égalité
de potentiel en vetv', et que par suite on aura des bruits fâcheux
dans le téléphone. On peut répondre tout d'abord
que cette différence entre les deux courants, que nous désignerons
par I et r, provenant d'une très légère différence
d'identité
entre les deux fils de ligne, ne sera jamais bien grande elle-même
; car, avec une grande différence d'état électrique
des deux fils, l'expérience montre journellement que la correspondance
téléphonique, indépendamment de tout système
télégraphique superposé, est elle-même
impossible. J'ajoute que l'identité absolue des deux courants
n'est pas indispensable. Admettons, en effet, que V soit à
un moment donné plus grand que I d'une
quantité très petite que nous désignerons par
i. Soit Supposons même que t soit la plus grande différence
qui puisse exister à un moment quelconque entre V et L Alors
le courant total I du premier enroulement, et la fraction I du second,
qui sont égaux et circulent en sens inverse par rapport à
l'axe du solénoïde, se propageront sans obstacle en
annulant mutuellement leurs effets d'induction électromagnétique,
et produiront
une même chute de potentiel, à partir de V, sur chaque
fil de la bobine. Il ne reste donc plus à considérer
que la différence très petite t, qui n'a pas d'importance
au point de vue télégraphique, et qui tend à
produire entre les points Y et v' une chute de potentiel égale
à l/r rien désignant par la resistance commune des
deux enroulements. Et cette chute additionnelle ri représente
précisément la différence de potentiel qui
tend à s'établir
entre v et v\ pour produire un courant parasite entre ces deux points
et à travers le téléphone. En un mot, la chute
de potentiel, ou perte de charge
maxima, qui puisse se manifester phes ou moins vite entre V et v
est ri; celle qui tend de même à se manifester entre
V et v' est r{l-\-i); la différence
entre les deux, soit ri, représente l'excès de potentiel
qui pourra exister en v' par rapport à v. Par conséquent
la première condition à remplir pour
diminuer l'effet de ri sera de prendre pour r une valeur aussi faible
que possible. Et, en poussant les choses à l'extrême,
on voit que l'influence fâcheuse de cette différence
de potentiel disparaîtrait entièrement si la résistance
r était rigoureusemnt nulle. Mais alors il serait à
craindre que les courants téléphoniques ne se perdissent
complètement à travers ce court circuit: toutefois
il n'en serait rien si la bobine, bien que de résistance
nulle, présentait par ses deux enroulements accouplés
v\v' une self-induction considérable.
On sait, d'autre part, que ron peut réaliser des bobines
répondant à cette condition d'avoir pour une selfinduction
donnée une résistance aussi petite que l'on voudra
: il suffit pour cela d'augmenter convenablement les proportions
de l'appareil en consentant une dépense suffisante de cuivre
pour les fils des deux circuits. Nous verrons ci-après une
autre raison pour laquelle il importe d'avoir un coefficient de
self-induction aussi élevé que possible. Dans tous
les cas il conviendra, en somme, que chacun des enroulements présente
une très petite résis¦tance avec une self-induction
très grande; ou, si l'on veut, que pour chacun d'eux le rapport
de la selfinduction à la résistance - soit aussi grand
que possible. Si Ton se donne a priori la valeur de ce rapport et
la forme générale de la bobine ou plutôt de
son circuit magnétique, ainsi que la perméabilité
magnétique du fer employé , les dimensions de l'appareil
seront à peu près déterminées mathématiquement.
Je dirai incidemment que je suis parvenu ainsi à construire
des électros pour lesquels ce rapport était de 6 environ,
r étant évaluée en ohms et / en henrys (ou
quadrants). En réalité si l'on veut, dans la pratique,
se dispenser de recourir à des bobines dépassant beaucoup
les dimensions courantes, nous remarquerons que la fraction nuisible
de courant i, la seule qui tende à reproduire en v' une différence
de potentiel ri, ne sa propagera pas instantanément dans
l'enroulement qu'elle parcourt à cause de l'obstruction opposée
par la self-induction de ce fil, combinée avec l'induction
mutuelle de l'enroulement voisin. En un mot l'excès de courant
i ne s'établira que progressivement, et ce n'est que progressivement
aussi que le courant dans la seconde branche dépassera la
valeur du courant de la
première. Par suite, la différence de potentiel v
-v' ne se manifestera pas instantanément, mais bien avec
une lenteur qui sera d'autant plus grande que le coefficient de
self-induction de chaque enroulement, pris à part, sera plus
élevé. On conçoit donc que dans ces conditions
le bruit que tendrait à produire le commencement d'une émission
télégraphique, soit insensible au téléphone,
à cause delà lenteur des vibrations, qu'elle provoquera
dans cet appareil. Mais il faut prévoir, au moment de la
fin de l'émission télégraphique, les effets
de l'extra-courant de rupture.
C'est pour ce motif que, avant toute expérience (9 septembre
1890), j'avais indiqué l'utilité, et même la
nécessité qu'il y aurait dans certains cas de mettre
un condensateur en dérivation en V. (Voir fig, 2.)
Ce condensateur qui est souvent
inutile dans la pratique, aura une capacité qui dépendra
de l'appareil télégraphique en service, de la résistance
et de la capacité de la ligne, et enfin de la résistance
et de la self-induction de la bobine auxiliaire que l'on emploiera.
L'adjonction de ce condensateur appelle d'une certaine façon
le condensateur que l'on trouve dans le système van Rysselberghe
en dérivation sur la ligne; mais sa fonction en diffère
notablement à cause du double enroulement de la bobine qui
vient à la suite, chacun de ses deux fils réagissant
l'un sur l'autre tant au commencement qu'à la fin de chaque
émission télégraphique. Il y a généralement
dans tout transmetteur télégraphique un brusque passage
d'une émission à l'émission suivante du courant,
que celle-ci soit de même sens ou de sens contraire, de même
intensité ou d'intensité différente. Il y a
donc un moment où, dans ces conditions, le point v se trouve,
par le jeu même du transmetteur, isolé de la source
d'électricité. Si donc nous admettons comme précédemment
que, un moment auparavant, I' était plus grand que I, on
voit que le potentiel v, qui était plus grand que v' à
cet instant, tend à reprendre brusquement la même valeur
que v', non seulement par la disparition de ces deux courants émanés
du transmetteur télégraphique , mais encore par la
réaction inductrice du second enroulement sur le premier,
comme il est facile de s'en rendre compte au moins d'une façon
qualitative.
Et, si l'on ne prévoit pas
une disposition particulière en vue de ce phénomène,
un bruit sec pourra se produire à ce moment dans les récepteurs
téléphoniques.
C'est pour cela qu'il sera généralement utile sur
des lignes longues, et lorsque la valeur de r ne sera pas négligeable,
de mettre en dérivation en V, comme je l'ai indiqué
sur la fig. 2, un condensateur dont l'autre borne est en communication
avec la terre.
En somme, il n'est pas absolument indispensable de recourir à
des bobines de dimensions exagérées . On peut se contenter
d'un modèle courant, sans cependant renoncer, pour une simplification
mal entendue, à un type plus avantageux et qu'il est assez
facile de réaliser.
Ainsi il semble nécessaire de n'admettre pour r que des valeurs
très faibles toutes les fois que l'on veut mettre en ligne
des appareils à marche très rapide tels que le Wheatstone,
qui, à un moment donné, peuvent émettre non
seulement des courants intermittents, mais encore des courants véritablement
périodiques ; et pour ces derniers, s'il est possible par
la self-induction d'en diminuer l'intensité, on ne saurait
en aucun cas modifier par ce moyen leur caractère de périodicité
; si cette périodicité correspond par sa fréquence
à une certaine note musicale, on est à peut près
sûr de percevoir au téléphone, comme bruit parasite,
le son correspondant. Ce sera un son très faible, si l'on
veut, mais qui gênera toujours un peu parce
qu'il sera facilement perçu et reconnu même par des
oreilles non exercées ni prévenues. Aussi je crois
que, sur les grandes lignes et avec les appareils rapides appelés
à les desservir, il sera toujours préférable
d'employer des bobines de dimensions assez fortes pour présenter
un rapport l/r très élevé, et qu'il conviendra
d'y adjoindre, ou tout au. moins de prévoir le condensateur
dont il a été question ci-dessus.
Les explications qui précèdent permettent de se rendre
compte d'une façon générale du fonctionnement
du système tant en ce qui concerne le télégraphe
qu'en ce qui concerne le téléphone; et, d'une façon
particulière, du rôle que doivent jouer les deux enroulements
de la bobine auxiliaire et
le condensateur au point de vue de l'amortissement des bruits ou
des sons parasites. On déduit facilement de ces explications
les qualités générales que doit présenter
la bobine auxiliaire pour remplir les conditions les plus avantageuses,
sans que ces conditions soient absolument nécessaires dans
tous les cas de la pratique. On peut, par exemple, déterminer
r par la condition de ne pas dépasser une certaine valeur
pour la différence de potentiel entre v et v' lorsque le
régime permanent des courants I' et I est établi,
cette dififérence étant alors égale à
r (I' I). Quant à l'écart entre I et I' qui
n'est généralement pas connu, on peut faire diverses
hypothèses plausibles , et ces hypothèses donneront
facilement une limite supérieure de I' I
avec laquelle on déterminera pour r une valeur qui répondra
certainement aux conditions exigées, r (I' I) étant
également donné d'avance.
Ainsi, on admettra que I' I sera une certaine fraction du
courant normal I que l'on connaît, cette fraction étant
d'ailleurs approximativement déterminée par cette
considération qu'elle ne doit pas dépasser une certaine
valeur au dessus de laquelle le service téléphonique
serait impossible, à cause des bruits d'induction provenant
des fils voisins et indépendamment de toute transmission
télégraphique simultanée.
Quant à l , on fixera sa valeur par cette condition que la
résistance apparente offerte aux courants téléphoniques
soit assez élevée pour rendre inappréciable
toute dérivation de ces courants dans la bobine. On remarquera
toutefois que l'inductance opposée à ces courants
est celle des deux enroulements associés de façon
à ajouter leurs effets d'induction ; par conséquent
si l'inductance de l'un de ces enroulements est l pour un nombre
de tours de fil n, l'inductance totale des deux fils sera 4 l pour
un nombre double de tours de fil sur le même noyau.
Cette résistance apparente,
pour des valeurs de m comme celles que l'on rencontre avec les ondulations
téléphoniques, est sensiblement égale à
ml ; car alors r2 est négligeable devant m2 l2 , lorsque
l est déjà lui même supérieur à
l'unité.
Dans le cas qui nous occupe on écrira donc que 4 ml est supérieur
ou au moins égal à une valeur fixée d'avance
; l sera ainsi déterminé , et la valeur
trouvée conviendra généralement pour donner
en même temps un rapport r/l assez élevé.
Il importe de remarquer que ces
conditions, une fois remplies pour les deux postes correspondants,
seront également favorables aux courants télégraphiques
d'arrivée et aux courants de départ. Pour s'en rendre
compte il suffit de faire l'hypothèse extrême où
l'on aurait pris pour r une valeur nulle ou sensiblement nulle :
la principale conséquence de cette hypothèse sera
que, à l'arrivée, la branche téléphonique
sera en quelque sorte mise en court circuit par la bobine auxiliaire
par rapport aux courants télégraphiques qui y arrivent.
Les autres conclusions que nous avons examinées ci-dessus
pour les courants au départ, s'appliquent aux courants d'arrivée.
Il faut cependant ajouter que l'expérience a montré,
comme cela était prévu, qu'au poste d'arrivée
les appareils téléphoniques se trouvent fort peu influencé
par des courants télégraphiques qui ont déjà
parcouru une longue ligne, et s'y sont en quelque sorte légèrement
diffusés et amortis.
Détails pratiques et cas particuliers d'installation.
I. Pour l'appel des postes téléphoniques il
n'y a pas à prévoir de dispositif spécial,
Ceci résulte de ce que j'ai dit à plusieurs reprises,
que le système n'entraine aucun changement, ni dans l'installation
du poste actuel téléphonique, ni dans celle du télégraphe,
ni dans leur mode ordinaire de fonctionnement.
Pour s'en convaincre, il suffit de se reporter à la fig.
3.
Sur ce schéma j'ai indiqué à gauche des points
a et a' le détail d'une installation normale d'un numéro
de tableau téléphonique, auquel aboutit la ligne interurbaine
considérée, dans le poste central. On rencontre tout
d'abord la clé double d'appel. Si l'on suppose que l'on presse
sur cette clé, on voit que l'on coupe, en premier lieu ,
toute communication avec tout le reste des appareils quels qu'ils
soient qui se trouvent à gauche ; et qu'ensuite on met la
pile d'appel sur la ligne par ses deux pôles entre les points
v et v'
On peut objecter que le courant de cette pile se perdra en grande
partie dans le circuit vVv' de la bobine auxiliaire. Ceci n'a pas
grand inconvénient si la résistance de la pile est
négligeable ou faible par rapport à celle de vVv'
en général, cette dérivation ne prendra pas
à elle seule tout le débit de la pile, et il passera
sur la ligne un courant permanent d'intensité suffisante
pour déterminer la chute de l'annonciateur du poste extrême.
Dans l'hypothèse contraire, c'est-à dire dans le cas
où la bobine auxiliaire absorberait à elle seule la
majeure partie du courant permanent, comme cela est à craindre
au poste d'arrivée, le jeu de l'annonciateur serait tout
de même assuré, grâce à un phénomène
provoqué par la disposition spéciale de la bobine
auxiliaire. Supposons, par exemple, que la fig 3 représente
maintenant le poste opposé et que le courant d'appel apporté
par la ligne soit tout entier dérivé dans le circuit
vVv'. Au moment où le poste appelant relèvera la clé
d'appel, le courant étant brusquement interrompu, ainsi que
le circuit de la ligne, il se produira dans avVv'a' grâce
à la très forte inductance de la bobine, un extra-courant
très énergique et de durée suffisante pour
provoquer la chute de l'annonciateur dans ce même poste. En
un mot il n'y a aucun dispositif nouveau à prévoir
pour l'appel téléphonique ; le poste central conserve
l'installation qu'on a cru devoir lui donner indépendamment
de toute transmission télégraphique, installation
qui était représentée en bloc sur les fig.
1 et 2 par un cercle compris entre les points a et a' et dont j'ai
donné un exemple un peu plus détaillé sur la
fig. 3 à gauche des points a et a'. Cet exemple est celui
que l'on rencontre généralement dans la pratique pour
une installation bien faite, simple et symétrique; mais il
ne représente pas une disposition obligatoire.
Ainsi, sans même parler des installations compliquées
et dissymétriques que l'on trouve dans certains tableaux,
on peut supposer et admettre, sur la fig. 3, que les conducteurs
téléphoniques soient coupés par des condensateurs
: on pourra, encore dans ce cas, provoquer dans la bobine auxiliaire
un extra-courant suffisant pour actionner l'annonciateur par la
charge et la décharge des condensateurs.
II. La communication téléphonique peut être
prise ou données, soit métalliquement fil à
fil, soit par un transformateur ou un autre intermédiaire,
On sait, en effet, que s'il convient de pouvoir prendre la
communication métallique à laquelle il serait absurde
de renoncer a priori, il est quelquefois nécessaire d'établir
cette communication par un intermédiaire qui isole le circuit
interurbain du circuit local. C'est le cas, par exemple, d'un circuit
d'abonné qui présenterait un défaut d'isolement
dissymétriquement placé ; c'est encore le cas où
ce circuit d'abonné est à simple fil.
Tous ces cas ont été prévus avant toute superposition
de transmission télégraphique : chaque numéro
interurbain comporte deux jacks de connexion, et la téléphoniste
se servira de l'un ou de l'autre suivant qu'elle voudra donner la
communication métalliquement ou par l'intermédiaire
d'un transformateur (voir fig. 2).
Mais on emploie ainsi un transformateur qui a été
spécialement construit et installé en vue du service
de la ligne sur laquelle il est monté, au lieu de subir,
comme dans le système Maiche, une transformation qui peut
être nuisible surtout lorsqu'elle se répète
à chaque extrémité de la ligne. On sait, en
outre, que ce transformateur sert encore à provoquer, pour
l'appel, la chute du volet de l'annonciateur.
III. Cas d'un poste téléphonique intermédiaire,
C'était le cas de mes premières expériences
sur la ligne de Paris à Marseille, avec un poste téléphonique
intermédiaire à Lyon.
La fig. 4 montre le dispositif adopté dans ce poste.
On sait que dans toute installation téléphonique de
ce genre les deux côtés du circuit interurbain sont
amenés au tableau, chacun sur un numéro.
J'ai représenté en aa1 les entrées de ces deux
sections sur ce tableau. Telle est la disposition ordinaire, indépendamment
de tout système télégraphique, qui permet sur
le tableau central de prendre la communication, âoit sur une
section, soit sur l'autre, ou d'établir la liaison entre
les deux sections, c'est-à-dire entre les deux postes extrêmes,
suivant les demandes. Il n'y aura rien à changer à
cette installation lorsqu'on voudra superposer un service télégraphique
entre les deux postes extrêmes (Paris et Marseille) avec des
appareils à grande vitesse. Il suffira d'appliquer au
poste intermédiaire et sur chaque côté de la
ligne le même dispositif que nous avons étudié
ci -dessus: c'est-à-dire de brancher sur chacune de ces sections
une bobine semblable à celles que nous avons déjà
décrites, et de relier ces bobines entre elles en 00' chacune
d'elles devant à tour de rôle transmettre à
l'autre les courants télégraphiques qui lui viennent
de sa section. On remarque immédiatement que ces courants
télégraphiques ne sont nullement influencés
par la présence de ces bobines qui ne leur opposent aucun
effet de self-induction, puisque chacun de leurs enroulements se
trouve parcouru par des courants égaux, mais de sens contraires.
Les ondes phoniques, au contraire, seront arrêtées
ou tout au moins obstruées par ces bobines pour la même
raison qu'aux postes extrêmes; de telle sorte que les deux
sections seront ainsi séparées l'une de l'autre au
point de vue téléphonique, le poste aa! pouvant parler
avec le côté gauche, et le poste a^ d^ avec le côté
droit de la ligne sans qu'il y ait mélange entre ces deux
postes. On voit, d'ailleurs, que s'il passait quelque chose des
courants téléphoniques de a a' vers a1 a'1 ou réciproquement,
ces courants quoique très faibles seraient fermés
sur leur bobine respective B ou B1, sans qu'aucun d'eux puisse passer
d'une section à l'autre. C'est un peu pour ce motif, et pour
éviter tout mécompte, que je crois bon d'employer
deux bobines au poste intermédiaire ; car autrement cette
même disposition peut être réalisée avec
une seule bobine dans ce poste, comme il est facile de s'en convaincre.
Enfin on peut, sans interrompre ni influencer les
transmissions télégraphiques, établir la communication
téléphonique entre les deux postes extrêmes
par le jeu ordinaire des organes du poste central, sans modification
de ces organes, soit métalliquement, soit par l'intermédiaire
d'un transformateur. On remarquera qu'en établissaut la liaison
métallique, fil à fil, on supprime en quelque sorte
les résistances des bobines sur la ligne; mais, comme je
l'ai déjà dit, on a soin d'employer des bobines de
résistances faibles, et alors la variation de la résistance
totale de la ligne est négligeable pour les courants télégraphiques
qui la
parcourent.
IV. Cas d'un poste télégraphique intermédiaire,
La fig. 5 représente la disposition à adopter pour
le cas d'un poste télégraphique intermédiaire.
Ce cas ne diffère pas essentiellement du cas général,
puisque dans le cas général nous avons vu que la bobine
auxiliaire, qui caractérise le système, pouvait être
branchée en un point quelconque du parcours du circuit téléphonique
interurbain, sans rien changer à ce circuit, les prises de
contact étant en vv' tout près de l'un des postes
téléphoniques, ou bien en v^v\ sur le parcours de
la ligne. J'ai seulement présenté ce cas particulier
pour
montrer que le système est également applicable sans
la moindre difficulté au service dit de trois postes télégraphiques
en dérivation les branches de cette dérivation étant
constituées avec tout ou partie du circuit téléphonique.
En toute hypothèse, il n'y a aucun changement à introduire
dans le circuit et les postes téléphoniques, qui continuent
à fonctionner comme s'ils étaient seuls, sur la ligne
; et l'on peut dire que les appareils télégraphiques
sont simplement greffés sur les conducteurs téléphoniques.
V. Cas d!un poste télégraphique et dun poste
téléphonique intermédiaires.
Ce cas est représenté par la fig. 6.
C'est la même solution que celle du cas III ci-dessus, avec
un appareil télégraphique en plus et en dérivation
en q.
C'est aussi, si l'on veut, une combinaison des exemples III et IV.
On a ainsi trois appareils télégraphiques en correspondance
par dérivation, avec un poste téléphonique
intermédiaire ; et ce dernier conserve l'usage du circuit
Ligne comme s'il n'y avait aucune transmission télégraphique
superposée; c'est-à-dire qu'il peut parler à
volonté avec l'un ou l'autre des postes extrêmes, ou
avec les deux, ou bien mettre ces deux postes extrêmes en
communication directe. Cette communication directe pourra alors
être donnée, soit métalliquement fil à
fil, soit au moyen d'un transformateur ; mais dans ce cas ce sera
le transformateur du poste téléphonique qui sera utilisé,
c'est-à-dire un transformateur généralement
approprié à la ligne, et que d'ailleurs la téléphoniste
pourra, à volonté intercaler, supprimer ou remplacer
par tout autre suivant les indications du
service.
VI. Cas où la ligne est coupée par un poste
télégraphique à deux directions,
Dans l'exemple que nous avons étudié ci -dessus, comme
dans l'exemple III, c'est par un poste téléphonique
à deux directions que la ligne est coupée. Mais il
peut être nécessaire de couper la ligne par un poste
télégraphique intermédiaire qui aura, lui,
à communiquer sur une section ou sur l'autre, ou à
donner la communication directe aux deux appareils télégraphiques
extrêmes. Le dispositif qui résout cette petite difficulté
est indiqué
par la fig, 7.
On voit immédiatement que le circuit téléphonique
est coupé en deux sections, qui peuvent être desservies
chacune par un téléphone et par un télégraphe.
En d'autres termes, le poste télégraphique et le poste
téléphonique sont, l'un et l'autre, à deux
directions. Il importe de remarquer qu'il n'est nullement indispensable
que ces deux postes soient dans le même local, ou même
à proximité l'un de l'autre.
Le poste téléphonique pourra correspondre soit dans
un sens, soit dans l'autre, soit donner la communication téléphonique
aux deux postes extrêmes. Mais pour donner cette communication
directe, il faudra généralement employer un transformateur.
Ce sera, par exemple, un transformateur intercalé sur un
quelconque des cordons de service du bureau central. C'est ce que
représente la fig. 7.
Il va sans dire que ce même transformateur recevra les signaux
de rappel ou de fin de conversation sans la moindre difficulté,
par un des dispositifs connus et en usage dans les bureaux .centraux.
Si d'aventure on voulait que les deux postes extrêmes pussent
se rappeler mutuellement sans l'intervention du personnel du bureau
intermédiaire, il serait facile de résoudre cette
question au moyen de transformateurs intermédiaires auxquels
on ferait jouer le rôle de translateurs, ou, en d'autres termes,
que l'on disposerait en translation entre les deux sections de la
ligne. On voit que, dans ce qui précède, le transformateur
est employé pour couper la ligne par rapport aux courants
continus, tout en lui laissant la continuité métallique
: c'est un usage auquel les transformateurs sont employés
depuis l'origine de la téléphonie. Mais ici il importe
d'observer que l'emploi du transformateur est, comme dans les autres
cas examinés, laissé à l'appréciation
du service téléphonique: le poste intermédiaire
pourra, par exemple, ne pas l'employer pour sa propre correspondance
ou celle de ses abonnés avec la section de droite ou avec
la section de gauche; et pour donner la communication entre les
deux sections, s'il se sert d'un transformateur il emploiera un
transformateur convenablement disposé et
approprié à la ligne. Au point de vue télégraphique,
il est à peine besoin ¦de faire remarquer que le poste
intermédiaire conservera toutes les facultés ordinaires
d'un tel poste ; c'est-à-dire que, en outre des communications
sur une section ou sur l'autre, il pourra, par exemple, donner lui-même
la communication directe entre les deux sections, ou s'établir
en embrochage, ou enfin se placer en dérivation. Mais alors
on retombe sur l'exemple
précédent, et dans ce cas le transformateur téléphonique
n'est pas indispensable, comme nous l'avons vu, entre aa! et a^d
,
Les exemples qui précèdent me paraissent suffisament
variés pour démontrer, sans avoir besoin de le multiplier
davantage, qu'il est facile de trouver la solution dans chaque cas
de la pratique courante.
Mais de tous ces exemples il ressort cette remarque importante,
sur laquelle je ne crains pas de revenir et d'insister, que les
transmissions télégraphiques peuvent être, de
la manière la plus simple, superposée aux transmissions
téléphoniques sans aucune modification préalable
des circuits ou des installations intérieures du service
téléphonique. A titre d'indication je dirai qu'il
convient de placer la bobine auxiliaire le plus près possible
d'un point quelconque du parcours du circuit téléphonique
et le condensateur le plus près possible de l'appareil télégraphique.
On s'en rendra compte facilement. Si, par exemple, le poste téléphonique
et le poste télégraphique sont distincts et même
éloignés l'un de l'autre, il conviendra de placer
la bobine auxiliaire en dehors du poste télégraphique,
près d'une rosace ou d'un poste de coupure du circuit téléphonique,
et l'on reliera le point V de cette bobine à l'appareil télégraphique
au moyen d'un fil simple ordinaire ou d'un seul conducteur d'un
câble ; quant au condensateur, il sera placé en dérivation
sur ce conducteur dans le poste télégraphique même
ou à sa sortie. De cette façon l'influence du condensateur,
même de grande capacité sera sensiblement nulle par
rapport à la vitesse de transmission télégraphique,
et d^ailleurs d^autant plus
faible que l'on aura une plus faible résistance entre ce
condensateur et le siège de la force électromotrice
du courant transmetteur. Quant aux capacités qu'il convient
d'adopter suivant les cas pour ce condensateur de compensation,
la pratique m'a déjà indiqué des résultats
qui peuvent
¦servir d'indications, mais qui ne me semblent pas encore
d'un caractère assez général et assez certain
pour que je les consigne ici.
Je me contenterai de dire à cet égard qu'il conviendra,
avant toute installation €ur une ligne un peu longue, de prévoir
l'emploi de ce condensateur, de le mettre d'abord en service, puis
dès les premiers jours d'examiner l'effet produit au téléphone
lorsqu'on fait varier sa capacité et enfin
lorsqu'on le supprime complètement. Cet examen peut être
fait à chaque poste extrême sans avoir à se
préoccuper des expériences analogues qui pourraient
être tentées à l'autre poste; et si l'expérience
démontre que le bruit n'augmente pas sensiblement lorsque
la capacité est réduite à zéro, on pourra
sans hésiter supprimer complètement le susdit condensateur.
Les principaux essais de ce système de télégraphie
et de téléphonie simultanées ont été
faits sur le circuit de Paris à Marseille, avec un poste
téléphonique intermédiaire à Lyon, en
1890-91. C'est la disposition indiquée sur la fig, 4. Les
appareils télégraphiques qui ont pu être ainsi
superposés aux transmissions téléphoniques,
sont le Wheatstone automatique, marchant à toute vitesse
; puis l'appareil Baudot quadruple. Et dans ce dernier cas c'est
l'appareil faisant le service ordinaire entre Paris et Marseille
qui, à un moment donné, a été reporté
sur le circuit téléphonique 2.
Sur le circuit de. Paris à Nantes. Là encore on a
fait des essais avec le Wheatstone à toute vitesse ; puis,
on a fait le service télégraphique ordinaire du Baudot
quadruple, en reportant cet appareil sur le circuit sans entraver
le service téléphonique. 3
Sur un des deux circuits de Paris à Londres , avec Hughes
et avec le Wheatstone simple et duplex. Les résultats ont
été très bons ; mais ils ont sur-
tout confirmé les prévisions que j^avais énoncées
en ce qui concerne l'influence des valeurs relatives de la résistance
et de la self-induction des bobines employées et l'effet
de compensation du condensateur pour les lignes longues ou de grande
capacité. Cette influence a pu être mise en évidence
grâce aux diverses bobines auxiliaires que j'avais fait construire
et qui ont pu être essayées. J'ai réalisé
divers modèles pour lesquels les valeurs du rapport ont été
successivement de: -, - et même - J'ajouterai que, avec
les bobines du dernier type, j'ai pu faire descendre la résistance
r au-dessous de 1 ohm. Il est certain que théoriquement,
et par suite dans la pratique, le système ne réside
pas essentiellement dans l'emploi de telle ou telle forme de bobine,
ni dans l'adoption de telle ou telle valeur de résistance
ou de self-induction ; mais il n'en était pas moins très
utile de bien faire ressortir leur influence pour que, dans la pratique,
on pût ensuite en faire son profit au lieu, de faire une application
aveugle d'un principe non
étudié ou même douteux.
Cette étude longue et difficile, quoique très intéressante,
m'a été singulièrement facilitée par
le concours actif d'abord de M. l'ingénieur de la Touanne,
qui a présidé h mes premiers essais entre Paris et
Marseille, qui a dirigé la construction des bobines que j'avais
calculées et l'a rendue pratique ; puis de M. l'ingénieur
Massin, qui a réussi à rendre pratiques elles-mêmes
les mesures, jusque-là peu connues, des coefficients de self-induction,
qui a fait sur mes bobines de nombreuses déterminations de
ces coefficients et a pu me montrer ainsi, avec d'autres indications
utiles, plusieurs corrections à
faire dans ces constructions sortant de la pratique journalière.
Et comme l'étude complète et raisounée de ce
système était le but principal que je m'étais
assigné, je ne saurais méconnaître la part considérable
de collaboration qui revient à ces deux ingénieurs.
M. Gailho.
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1927 ON PEUT TÉLÉPHONER ET
TÉLÉGRAPHIER SIMULTANÉMENT SUR UN MÊME
CIRCUIT
Le problème de la transmission de la parole et des dépêches
sur un même circuit est déjà vieux de plus de
trente ans. Il fut résolu, imparfaitement, par Van Rysselberghe,
P. Picard, Cailho.
Plus récemment, lappropriation des circuits (circuits
fantômes) avait abouti à une solution fort élégante,
mais également insuffisante en raison de la grande difficulté
que lon éprouve à maintenir dans un état
déquilibre électrique parfait les deux circuits
réels, qui permettent de constituer un circuit fantôme.
Cependant, toute solution qui permettrait à la télégraphie
lutilisation totale du réseau téléphonique
serait fatalement adoptée par toutes les administrations,
sans cesse préoccupées de lentretien des réseaux
et de la construction de nouvelles lignes. Il en résulterait,
sinon une économie formidable, du moins un bien-être
inconnu jusquici, puisque la majorité des fils télégraphiques
pourrait être rétrocédée au réseau
téléphonique, le restant étant utilisé
dune manière beaucoup plus avantageuse quils
le sont actuellement.
Il appartenait à un télégraphiste français
de résoudre le problème. M. Bcrthois vient,
en effet, après dix ans defforts, de réaliser
ce qui, jusquici, nétait quun beau rêve
: lutilisation intégrale du réseau téléphonique
par nimporte quel appareil télégraphique.
Nous pouvons dire, dès maintenant, que linventeur utilise,
comme dans plusieurs systèmes de télégraphie
multiple, des courants de fréquence élevée,
dau moins 80.000 périodes.
Il a réalisé cette performance sur un circuit approprié
entre Lyon, Marseille, Cannes et Nice, ccst-à-dire
que chacun de ces quatre postes était capable de recevoir
ou de transmettre des télégrammes à lun
ou à lautre des trois postes restants par un circuit
téléphonique fantôme, sans que les conversations
sur les circuits réels en fussent gênées.
Un poste émetteur de T. S. F. est associé à
lappareil Baudot
Le principe est très simple. Chaque poste Baudot est complété
par un poste émetteur de T. S. F., sans antenne,
bien entendu. Les courants continus, sortant des transmetteurs télégraphiques,
sont transformés en courants à haute fréquence
dans les appareils de T. S. F. et ils circulent sous cette forme
dans les circuits. Ils sont reçus, à larrivée,
dans les appareils de T. S. F. correspondants et retransformés
par eux en courants continus, lesquels, enfin, actionnent les appareils
Baudot.
Comme le nombre des fréquences réalisables est illimité,
on peut dire que, pratiquement, le nombre des postes télégraphiques
susceptibles dêtre desservis par un circuit téléphonique
est également illimité.
Les conséquences dune telle découverte sont
immenses, car tous les circuits du réseau téléphonique
peuvent, sans exception, être affectés à la
transmission télégraphique.
De plus, il a été démontré, au cours
dexpériences, que la propagation sur les fils des courants
à haute fréquence est beaucoup plus rapide que celle
des courants continus ; la télégraphie sur les très
longues distances peut donc être réalisée directement,
sans lintermédiaire de relais retransmetteurs ou dinstallations
de retransmission.
Ainsi, sur le fil de Paris à Rome, les deux retransmissions
jusquici obligatoires de Lyon et de Milan, qui gênent
fortement les échanges entre les deux centraux correspondants,
seraient supprimées.
Aucune raison ne soppose également à ce que
le réseau souterrain français.actuellement inutilisé,
soit mis au service de la télégraphie à haute
fréquence, pas plus que les câbles sous-marins. Ceux-ci,
fortement menacés par la T. S. F., seraient sauvés
par la même T. S. F. qui lui prêterait ses organes les
plus sensibles pour se défendre contre elle-même.
On le voit, la découverte est dimportance. Le moins
quon puisse dire, cest que, si les résultats
obtenus jusquici par M. Berthois sur un circuit, dailleurs
de très mauvaise qualité, se confirment, la télégraphie
avec fils va reprendre un essor que la T. S. F. paraissait vouloir
entraver.
...
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