GUSTAVE TROUVÉ (1839-1902)

Gustave Trouvé fut un inventeur prolifique, touche-à-tout particulièrement doué dans le domaine de l’électricité.

Né à La Haye-Descartes, après des études à Angers, il créa une fabrique d’instruments scientifiques à Paris.
En dehors de ses inventions, il améliora de nombreux appareils existants notamment en les miniaturisant.
Il proposa de nombreuses applications de l’électricité, dans les domaines de la propulsion (premier tricycle électri que, précurseur de la voiture électrique et premier canot électrique), des télécommunications, de la médecine (endoscopie), de la vie courante, ou des spectacles.

Reconnu comme inventeur exceptionnel par ses pairs, il fut pourtant rapidement oublié après sa mort.

Gustave Trouvé est né dans une famille de petite bourgeoisie, son père, Jacques Trouvé, étant marchand de bétail possédait alors une assez jolie propriété.

Sommaire

Extrait du livre "Histoire d'un inventeur : Exposé des découvertes et des travaux de M. Gustave Trouvé dans le domaine de l'électricité",
par Barral, Georges (1842-1913).

D’après G. Barral– qui a peut-être enjolivé la précocité de Trouvé, dès son plus jeune âge, Gustave se passionna pour les mathématiques et le
dessin. Du matin au soir, armé d’un couteau et d’un marteau il construisait des petits chariots, des automates ou des télégraphes. Son moulin à marion nettes entraîné par le vent et installé au portail de la maison, était admiré par tous les passants ; chacun reconnaissait alors les talents manuels autant que la créativité de l’enfant. À sept ans, il construisit une machine à vapeur formée d’une boîte à poudre – la chaudière – et d’épingles à cheveux – les bielles et manivelles – soudées par du plomb et de l’étain, les supports étant coupés dans du bois. Quoique rudimentaire, l’appareil était très ingénieusement conçu et une double excentricité de l’axe permettait une course suffisante des tiroirs.
Malgré la petitesse de ses organes, l’appareil fonctionnait. On a pu en réaliser un dessin, l’original ayant été conservé par Trouvé tout au long de sa vie.
En 1850, il commence ses études au collège de Chinon où il a failli provoquer un incendie avec une machine à vapeur laissée sous pression dans son pupitre Gustave Trouvé suivit les cours de l’École des Arts et Métiers d’Angers dès l’âge de 15 ans. Pendant toute cette période de formation il cultiva un talent pour le dessin ce qui lui permit de représenter avec une grande aisance les mécanismes qu’il concevait. Il exécutait des dessins d’animaux tout en lignes géométriques, avec une netteté extraordinaire et une rapidité vertigineuse.
Quelques gravures réalisées et signées par Gustave Trouvé pour illustrer certains de ses articles viennent d’ailleurs confirmer ses qualités artistiques. Kevin Desmond fait l’hypothèse que les illustrations signées L. Bienfait auraient certainement été réalisées par Trouvé, jouant ainsi avec les mots.
Vers 1860, à sa sortie des Arts et Métiers, il entra dans l’entreprise d’un grand horloger parisien. Il apprend aussi le métier de serrurier.


En 1863, à 24 ans, il fonda une entreprise de fabrication d’instruments de précision : G.ve TROUVE, 6 rue Thérèse, Paris.
Il fabriquait des instruments électriques et des instruments de mesures linéaires en buis et ivoire. Il faut signaler que Trouvé a su utiliser son nom, providentiel pour un inventeur, en signant ses instruments soit par son nom soit par eurêka en alphabet grec.

Appareil médical Trouvé. Tissu du couvercle de la mallette

Par la suite, il s’établit au 14 rue Vivienne, où il occupa un ensemble logement-atelier-laboratoire-magasin jusqu’à sa mort.
Lors de son association avec Leblanc, il utilisa des locaux situés au 40 rue de Saintonge entre 1871 et 1872.

En 1872, il développe un télégraphe militaire portatif dont la ligne auto-déroulante permet une communication rapide jusqu'à une distance d'un kilomètre, pour la transmission instantanée dans les deux sens des ordres et des rapports.
En 1874, il développe un dispositif de localisation et d'extraction d'objets métalliques tels que des balles logées dans les corps des blessés, prototype du détecteur de métal d'aujourd'hui.

Il n’a malheureusement pas été possible de trouver des renseignements sur son entreprise mais elle se limitait certainement à une ou plusieurs dizaines de personnes, comme celles de nombreux constructeurs.
Les instruments étaient construits en séries limitées voire même à l’unité pour une demande particulière ; seules quelques productions se faisaient en grand nombre, comme des trousses électro-médicales pour l’armée.
L’industrialisation des fabrications électriques qui intervint vers 1880, a dû certainement concerner la fabrique de Trouvé.
En 1880, celui-ci fit partie des 21 membres de la Chambre syndicale des Industries électriques qui s’occupait du développement et des applications de l’électricité. Il œuvra également dans le comité d’organisation del’Exposition internationale d’électricité de 1881 sous le titre de constructeur électricien.

En dehors de ses propres inventions pour lesquelles il déposa 32 brevets,Trouvé s’efforça toujours de perfectionner les systèmes existants, en particulier en les miniaturisant.

Sommaire

Adepte de la recherche appliquée, Trouvé s’est passionné pour l’électricité. Il a su aussi explorer les domaines de la mécanique, des télécommunications, de la médecine et des arts.

Trouvé s’intéressa au domaine naissant des télécommunications.
Il mit au point un télégraphe couplé à une montre-télégraphe avec manipulateur et récepteur. Cela permettait de coder des lettres ou des mots conventionnels et rendait la transmission d’ordres militaires plus rapide. De plus, cet appareil était complété par un système de dérouleur de câble.

Sommaire

Il améliora également les performances du téléphone Bell en augmentant la sensibilité du microphone et la qualité de l’écouteur. Il conçut un avertisseur téléphonique adaptable à n’importe quel modèle de téléphone.


Extrait de la revue la nature de 1878 et du livre Histoire d'un inventeur

En 1878, il présente ses travaux à l'académie des sciences de Paris le 1er avril.


Brevet 123108
. B. de 15 ans, 9 mars ; Système de téléphone transmetteur.

Brevet 123277. B. de 15 ans, 18 mars ; Perfectionnements dans les téléphones.
Et aussi le Brevet 138903. B. de 15 ans, 2 octobre; Système d’appareil avertisseur pour téléphones.

Ecouteurs de type Bell fabrication Trouvé
Très prisé par les collectionneurs de téléphones lorsque l'on y trouve la marque Eurêka.

Sommaire

Poste Trouvé après 1878

Les prix d'époque.


Sommaire

Lors de ses recherches, Trouvé collabora avec des confrères ou des médecins.
On peut citer le docteur Hélot pour la réalisation de la lampe frontale – ou photophore –, Foucault pour le gyroscope électrique, Caillaud pour un modèle d’alimentation d’appareils d’électrothérapie, Dunand avec qui il améliora le microphone, et les frères Tissandier pour l’aérostat électrique.
Sa méthode de travail était empirique mais résolument scientifique ; Trouvé ne fut certainement pas un inventeur-bricoleur. En effet, face à un problème technique, il recherchait de nouveaux procédés basés sur ses connaissances d’ingénieur et étudiait précisément les caractéristiques de ses instruments. Il sut justifier ses choix aussi bien par des mesures que par des calculs.
Il s’attachait résolument au côté pratique de ses inventions ou de ses améliorations : l’une de ses demandes de brevets en fait d’ailleurs mention puisqu’il y est précisé « un moteur et ses applications ».

Cet article ne peut éviter l’écueil de présenter une longue énumération, cependant il est important de montrer la diversité et la grande richesse de travaux de Gustave Trouvé. Les inventions ne sont pas classées par ordre chronologique mais selon leurs différents domaines.

Les phénomènes électriques avaient été largement observés depuis le XVIIIe siècle, et les études théoriques de l’électricité étaient en cours d’élaboration. Trouvé put exploiter pleinement sa créativité et son savoir-faire dans le domaine des applications pratiques de l’électricité alors en développement.
Les inventions de Trouvé ne furent pas toutes à destinée pacifique. En effet, il lui arriva de concevoir un fusil dont la mise à feu de la cartouche était provoquée par un fil porté instantanément à incandescence lorsque la gâchette fermait le circuit électrique.
Sans générateurs ni moteurs, l’électricité n’aurait pas pu passer du statut de curiosité à celui d’application pratique pour la vie courante. Trouvé s’intéressa à la question en permettant des avancées dans le domaine des moteurs à courant continu et des piles.
Trouvé conçut plusieurs types de moteurs, suivant ses besoins. Par exemple, pour équiper une maquette de dirigeable, il fabriqua un moteur miniature très léger avec des bobines en aluminium. Les procédés de fabrication des aimants étant mieux appréhendés, Trouvé eut l’occasion d’effectuer des tests sur le choix des aciers, ou la technique de trempe.
Tout ceci lui permit en 1880,d’améliorer un moteur à bobine Siemens dont le rendement était faible étant donné l’annulation de la répulsion entre l’aimant et la bobine pendant une partie de la rotation. Pour ce faire, il façonna les faces polaires de la bobine en « limaçon » . En outre, il remplaça les aimants par un électroaimant en fer à cheval. Ainsi le rendement de ce moteur était-il nettement supérieur au moteur Siemens initial.
Un moteur de ce type fait partie de la collection du lycée Sophie Germain de Paris 4.
Il est d’ailleurs urgent de prendre conscience qu’il faut classer, conserver, valoriser les collections des établissements scolaires qui possèdent un patrimoine scientifique important.
Trouvé se spécialisa dans les petits moteurs sur-mesure en ajoutant par exemple un moteur électrique au gyroscope de Foucault, en réalisant un moteur pour un jouet monté sur un socle en ivoire, ou encore en motorisant des machines à coudre. Ses travaux ne se limitèrent pas à la mise au point de nouveaux modèles. En effet, il étudia scientifiquement les rendements des moteurs, construisant même plusieurs modèles de «dynamomètres » pour en mesurer les caractéristiques.

Sommaire

En 1880, avec le moteur Siemens amélioré, qu'il alimente avec un accumulateur récemment développé par Starley il le monte sur un tricycle anglais de marque Coventry, inventant ainsi le premier véhicule électrique au monde. Bien qu'il l'ait été testé avec succès le 19 avril 1881 dans la rue de Valois dans le centre de Paris, Gustave Trouvé n'arrive pas à le faire breveter. Il adapte donc rapidement son moteur à accumulateurs à la propulsion maritime.
Pour faciliter le transport du système de propulsion maritime entre son atelier et la Seine, Gustave Trouvé le rend portatif et amovible, inventant ainsi le moteur de hors-bord.
Le 26 mai 1881, le prototype de 5 m de long construit par Trouvé et baptisé « Le Téléphone » atteint une vitesse de 1 m/s (3,6 km/h) vers l'amont et 2,5 m/s (9 km/h) vers l'aval.

Gustave Trouvé expose son bateau (mais pas son tricycle) et ses instruments électro-médicaux à l'Exposition internationale d'Électricité de Paris et reçoit peu de temps après la Légion d'honneur.

Trouvé s’intéressa également à la production d’électricité. Il perfectionna régulièrement les modèles de piles en fonction des appareils à alimenter. Ainsi proposait-il un large éventail de générateurs opérationnels. Il modifia la pile au bichromate inventée par Johann Christian Poggendorff en 1842, en créant un modèle dit « pile à treuil ». L’intensité délivrée par ce générateur était modulée en plongeant plus ou moins les électrodes de zinc dans l’électrolyte. Les études que mena Trouvé sur les performances de ces piles, montrèrent qu’elles pouvaient délivrer jusqu’à 8 A pendant quatre heures.
Quant à la pile compacte ,comme son nom l’indique, elle fournissait un maximum d’énergie pour une compacité maximale ; elle servit à alimenter les appareils d’électrothérapie que Trouvé commercialisait.
La pile à renversement ne fonctionnait que lorsqu’on la retournait. La solution de sulfate de mercure située ici dans le bas du récipient, entrait alors au contact des électrodes de carbone et de zinc. Elle était utilisée pour alimenter les détecteurs de métaux en médecine ou pour alimenter des bijoux lumineux.
Le dernier exemple présenté est celui de la pile humide basée sur le principe de la pile Daniell. Pour éviter les fuites fréquentes de la pile liquide, Trouvé intercala des disques de papier buvard imbibés d’électrolyte entre deux disques de cuivre et de zinc. Il exposa son modèle lors de l’Exposition universelle de 1878, ce qui attira l’attention du jury de l’Exposition.
Dix ans plus tard, Carl Gassner poursuivit dans cette voie et gélifia l’électrolyte grâce à de l’agaragar ; la première pile sèche était née.
Trouvé ne se limita pas aux moteurs ni aux piles. Il fabriqua bien d’autres appareils électriques comme des appareils de mesure – notamment des galvanomètres – et des compteurs.
En 1887, Trouvé, qui fabrique sous sa propre marque Eureka (en grec = j'ai trouvé), met au point son auxanoscope, un projecteur électrique de diapositives destiné à être utilisé par des enseignants itinérants (1887).

Sommaire

Les nouveaux moyens de transport inventés par Trouvé suscitèrent beaucoup de critiques positives en son temps.
La collaboration Trouvé-frères Tissandier, célèbres aérostiers, se révéla fructueuse. En effet, ils construisirent une maquette de dirigeable dont l’enveloppe, longue de 3,50 m, était gonflée au dihydrogène. Cette maquette était propulsée par un moteur miniature de 220 g alimenté par un accumulateur Planté de 1,3 kg. L’hélice tournait à la vitesse de 6,5 tours à la seconde et pouvait propulser le dirigeable à la vitesse de 7 km/h. Son autonomie atteignait 40 minutes. Cette maquette fut présentée lors de l’Exposition internationale d’électricité de 1881.
Deux autres modèles méritent notre attention : tout d’abord, l’Aviateur, une maquette à ailes battantes actionnée par un dispositif à air comprimé
construite en 1870 ; puis un autre modèle lui aussi à ailes battantes propulsée par une série de cartouches construit 21 ans plus tard.
Trouvé était proche de Gustave Ponton d’Amécourt qui réalisa en 1863 la première maquette d’hélicoptère à vapeur. Trouvé montra qu’un moteur relié par des fils à une pile restée au sol, pouvait entrainer une hélice, et s’élever. Le concept d’hélicoptère électrique était né.
Après l’échec du canot électrique de Jacobi1 sur la Néva en 1838, Trouvé étudia le problème dans son ensemble. Il conçut une embarcation complète , pour laquelle il mit au point un moteur, une pile et un système de gouvernail. Par ailleurs, il remplaça la roue à aubes de Jacobi par une hélice beaucoup plus performante. Il utilisa deux piles à treuil contenant 1,2 kg de bichromate de potassium et 8 L d’acide sulfurique, pour une masse totale de 24 kg. Ces piles permettaient de modifier la vitesse du canot.
Le compte-rendu de visite de La Société des Ingénieurs Civils précisait : « Le canot peut contenir 3 voyageurs dont on peut estimer le poids à 240 kg. Soit un poids total de 350 kg. Dans ces conditions, les expériences faites sur la Seine les 26, 27 et 28 mai en présence d’un grand nombre de notabilités scientifiques, ont montré que la vitesse a été de 1 m 50 par seconde à la remonte et de 2 m 50 à la descente. La disposition générale du bateau est la suivante : les piles sont au milieu, le moteur à l’arrière sur le gouvernail lui même ; il est relié à l’hélice par une chaîne de Vaucanson. » Le moteur de type Siemens modifié était fixé sur le gouvernail . Le bateau hors-bord était inventé.
Afin de mettre en valeur cette invention si originale, le canot électrique de Trouvé fut présenté dans un bassin de 18 m de diamètre entourant la maquette du phare électrique, juste à l’entrée de l’Exposition internationale d’électricité de 1881.
Toujours en 1881, son tricycle électrique étonna. En fait, Trouvé motorisa un tricycle anglais dissymétrique de marque Coventry, probablement le modèle Rotary . Les essais concluants furent rapportés dans le Journal universel d’électricité publié en 1881 : « Un moteur de 5 kg alimenté par 6 piles secondaires de Planté, placé le 8 avril dernier sur un tricycle dont le poids y compris le cavalier et “ les piles ” était de 160 kg, l’entraîna à une vitesse de 12 km/h ».

Sommaire

Dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, les physiciens qui étudiaient les phénomènes électriques avaient eu l’idée d’appliquer leurs connaissances à la médecine. Tout naturellement, Trouvé s’intéressa lui aussi à ce domaine.
Il fabriqua des appareils d’électrothérapie de différentes tailles. L’un de ses modèles était portatif , alimenté par une pile compacte, le tout rangé
dans une mallette. Par ailleurs, afin que les médecins puissent utiliser le plus efficacement possible ses nombreuses inventions dans le domaine médical, Trouvé rédigea un Manuel d’électrologie médicale publié en 1893.
Trouvé mit au point une électro-fraise à l’usage des dentistes ainsi que plusieurs modèles de lampes frontales en collaboration avec le docteur Hélot.
Trouvé fabriqua également du matériel à l’usage des chirurgiens comme une scie électrique. Par ailleurs, il remplaça l’ivoire – facilement dégradée
par échauffement – par une résine dans les appareils de cautérisation à anse de platine.
Il construisit des polyscopes , appareils permettant d’explorer les cavités du corps : un filament de platine chauffé ou plus tard une ampoule de petite taille était introduit dans la cavité et en éclairait l’intérieur.
Afin de prévenir tout échauffement des tissus, le fil (puis la lampe) était relié à un rhéostat qui permettait de moduler la luminosité. Trouvé poursuivit ses travaux dans ce domaine d’exploration médicale : en effet, avant que la radiographie ne soit utilisée par les chirurgiens,
Trouvé fabriqua un explorateur extracteur. Cet appareil permettait de localiser un projectile métallique et de l’extraire. Une sonde constituée de deux pointes isolées était reliée à un trembleur. La sonde était infiltrée dans la plaie ; dès qu’elle touchait un objet métallique, le circuit électrique était fermé et le trembleur se déclenchait. Si elle touchait un os, rien ne se produisait. Cet instrument fit partie des trousses chirurgicales réglementaires des régiments et des équipages de la Marine.
Trouvé poussa son intérêt de l’exploration physiologique à la géologie.
S’inspirant du polyscope, il adjoignit une lunette et une lampe à un périscope, ce qui permettait d’observer in situ les couches géologiques traversées par un forage.

Trouvé élargit son champ de créativité à des applications artistiques.
Il fabriqua des bijoux électriques comme un oiseau qui battait des ailes quand on retournait la pile à renversement miniature qui l’alimentait, ou encore un lapin qui tapait sur une cloche. Il proposa des costumes de danseuses parés de pierreries électriques. Pour animer une représentation de Faust, il eut l’idée de faire jaillir des étincelles chaque fois que les épées se croisaient et de faire s’illuminer les armures dès qu’elles étaient touchées. On utilisa ses inventions dans des spectacles à Paris, mais aussi à Londres, Berlin ou Valparaiso.
Trouvé aimait le spectaculaire. Il fabriqua également des fontaines lumineuses automatiques à feux multicolores changeants. Après la réalisation de modèles de salon puis d’un modèle monumental réalisé au château de Craygynos, il proposa même de construire un modèle de 250 m de haut, pouvant prendre appui sur la Tour Eiffel pour l’exposition de 1900. Mais ce projet, trop ambitieux, ne fut pas retenu. Et ce furent des réalisations plus modestes comme sa lampe électrique universelle de sûreté, portative et automatique, qui eurent le plus de succès. Cette dernière fut utilisée par les allumeurs de réverbères,par la compagnie du gaz, par les pompiers de Paris et par ceux de New York. C’est l’ancêtre de notre lampe de poche. Spécialiste reconnu del’éclairage, on fit régulièrement appel à lui. Ainsi conçut-il un système d’éclairage unique qui permit de photographier au mieux les bijoux de la couronne française. En effet, l’État avait besoin de liquidités et était contraint de vendre ces bijoux en 1887. Il fabriqua également un système d’éclairage sous-marin utilisé lorsque le Canal de Suez fut percé (1859-1869).
En outre, Trouvé innova pour faciliter l’enseignement des sciences expérimentales. Par exemple, il fabriqua une génératrice de démonstration et un ensemble d’accessoires, le tout spécialement adapté pour les expériences d’électricité. Il conçut des appareils de projection adaptés aux corps opaques.
Enfin, répondant à la demande de scientifiques, il proposa des éclairages électriques de laboratoire pour observer les corps en suspension et pour faire des dissections par transparence.

Sommaire

La chimie ne lui était pas non plus étrangère et il perfectionna les systèmes d’éclairage à acétylène. Mais ce fut Blériot qui tira profit de cette invention en fabriquant et en commercialisant des lanternes pour automobiles et motocyclettes.
Tout l’intéressait et abandonnant momentanément l’électricité, il s’adonna à la mécanique qu’il maîtrisait grâce à sa formation d’horloger. Il mit notamment au point un procédé de fabrication d’hélices. Auparavant délicate et réservée à des personnes très expérimentées, cette fabrication
devint alors accessible à une main-d’œuvre moins qualifiée.
Enfin une dernière preuve de son imagination débordante. Après la catastrophe du ballon Le Zénith lors de laquelle deux des trois passagers trouvèrent la mort à 7000 m d’altitude, Trouvé imagina très précisément un scaphandre à oxygène équipé de soupapes et de manomètres, spécialement adapté à l’exploration aérienne. Sa proposition ne fut pas testée et il fallut encore quelques décennies pour qu’un système respiratoire soit réellement fabriqué pour l’aviation.

En 1902, Gustave Trouvé travaille sur sa dernière innovation, un petit appareil portable qui utilise la lumière ultra-violette pour traiter les maladies de la peau, le prototype de la PUVA-thérapie, lorsqu'il se coupe accidentellement le pouce et l'index. Négligeant sa plaie, une septicémie se déclare qui nécessite des amputations à l'hôpital Saint-Louis de Paris.
L'inventeur meurt le 27 juillet 1902 à l'hôpital Saint-Louis dans le 10e arrondissement de Paris, âgé de 63 ans.
Un notaire est chargé de liquider son atelier et ses biens personnels. Gustave Trouvé n'ayant pas d'héritier déclaré ni personne capable d’entretenir, la carrière de cet inventeur sombre totalement dans l’oubli.
Lorsque la concession de sa tombe dans le cimetière de sa ville natale de La Haye-Descartes arrive à échéance, les restes de Gustave Trouvé sont jetés dans la fosse commune.

Trouvé jouissait d’une grande renommée auprès de ses confrères ainsi que du grand public.
En effet, il avait reçu de nombreuses récompenses et distinctions de la part de sociétés savantes. Les jurys d’exposition (universelle, internationale d’électricité) ne manquèrent jamais de mettre en avant ses découvertes. Par ailleurs, Trouvé avait été nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1881. Les applications de l’électricité qu’il avait mises au point lui avaient valu la reconnaissance appuyée de ses pairs.
De nombreux articles de journaux et de revues scientifiques décrivaient ses inventions originales. Cette collaboration avec les journalistes lui offrit d’ailleurs un moyen publicitaire favorable à la modeste commercialisation de ses trouvailles.
Sa notoriété et son inventivité tout azimut expliquent pourquoi Georges Barral le choisit comme inventeur-modèle pour illustrer le nouvel esprit scientifique associé à l’Exposition universelle de 1889. Georges Barral proposa Gustave Trouvé parce que ce dernier savait fort bien appliquer recherches et théories aux besoins du quotidien. Plus tard, L’Histoire de l’électricité de 1881 à 1918 consacra trois de ses cent gravures aux inventions de Trouvé ; y étaient représen tés la lampe frontale, le moteur Siemens modifié et le canot électrique.
Cependant des critiques ne manquèrent pas. Par exemple, un article du Journal universel d’électricité, publié juste après la modification apportée au moteur Siemens, précisait qu’« Il est regrettable de voir certaines personnes lancer à chaque instant l’immortel eurêka d’Archimède pour avoir changé une vis ou apporté une modification plus ou moins excentrique aux inventions d un contemporain. »
En 2001, Georges Ribeill compara les inventions de Trouvé à « un grand bazar électrique qui rassemblait beaucoup d’objets fonctionnellement voués à des destins variables » et il ajouta même que « le bazar électrique de Trouvé tient du magasin magique d’accessoires et décors électriques, une sorte de caverne d’Ali-Baba où, du futile au sérieux, il a accumulé en somme les trouvailles dont il voulait saturer notre civilisation ».
Laissons de côté les propos polémiques et revenons sur les destins variables de ses inventions, car en cela M. Ribeill a raison. Autant certaines de ses inventions (lampe de poche, projecteur d’images) font partie de notre quotidien, autant d’autres n’ont pas connu le succès escompté. On peut citer son tricycle électrique, précurseur de la voiture électrique qui aujourd’hui encore n’en est qu’au début de sa carrière commerciale, le dirigeable électrique qui reste une curiosité et les bateaux électriques qui, malgré leur développement, ne représentent encore qu’une faible part du marché. Les rayons X ont avantageusement remplacé l’explorateur-extracteur. L’électrothérapie médicale reste limitée. Ses travaux précurseurs de l’endoscopie ont été spoliés et son nom volontairement oublié par ses successeurs.
Ainsi, comme bien des inventeurs, Trouvé plongea dans l’anonymat et aujourd’hui peu de gens connaissent l’importance de ses découvertes.
Il faut être conscient que le cas de Trouvé est bien loin d’être isolé. En effet, combien d’inventeurs géniaux, renommés à leur époque ne sont pas passés à la postérité ? Car, pour rester dans la mémoire collective, il ne suffit pas d’être exceptionnellement doué, il faut également faire la publicité de ses découvertes.

Sommaire

Ses archives ont été détruites en février 1980 à la suite de l'incendie accidentel de la mairie.
En 2012, à la suite d’une biographie de l'historien des transports anglais Kevin Desmond, une plaque commémorative est dévoilée sur le site de sa ville natale. Le 15 octobre 2016, une deuxième plaque est dévoilée sur le mur extérieur de son ancien atelier, 14 rue Vivienne, dans le 2e arrondissement de Paris par Kevin Desmond et Jacques Boutault, maire de l'arrondissement.

Une exposition célébrant le 180e anniversaire de sa naissance, intitulée « Gustave Trouvé, le De Vinci du XIXe siècle », a eu lieu à son lieu de naissance à La Haye-Descartes, en France, au mois de mai 2019.
Seize de ses instruments originaux ont été rassemblés, des voitures électriques, des bateaux, des drones et des vélos modernes ont été rassemblés en son honneur
.

Sommaire

Inventions et innovations dans l'ordre cronologic

1864 électro-sphérique moteur
1865 Batterie scellée Lilliput
1865 Dispositifs médicaux
1865 électro-mobile bijoux
1865 Gyroscope électrique
1866 Fusil électrique
1867 Kit médical électrique
1869 pantoscope liquide alimenté
1870 Un dispositif qui imite le vol des oiseaux
1872 Portable Telegraph militaire
1873 batterie améliorée dichromate
extracteur de balles 1874-locator
1875 almanach électrique, calendrier électrique
1875 Machine dynamo-électrique portable
1875 Combinaison spatiale pour aéronautes, alimentation en oxygène
1877 Simulation de la contraction musculaire
1877 électrique Paperweight
exploratoire cavité du corps humain 1878 « Polyscope »
1878 Téléphones et amélioration du microphone
1880 Amélioration du moteur Siemens
1881 Production d'aimants
1881 Bijoux - électriques lumineux
1881 Bateau électrique
1881 Drill dentaire miniaturisé
1881 Moteur hors-bord
1881 tricycle électrique
1883 éclairage sous-marin.
1883 lampe frontale Helot-Trouvé
1883 Phare électrique du véhicule
1884 Lampe de sécurité - électrique
1885 Appareils pour l'éclairage et les laboratoires de chimie physiologique
1885 éclairage sous l'eau utilisée lors de la construction du canal de Suez
1886 Nouveau système pour la construction des hélices
1886 sirènes électriques pour la signalisation d'alarme
1887 modèle de travail d'hélicoptère électrique (en laisse)
1887 électrique "Auxanoscope" (projecteur d'images)
1889 Compteur d'électricité
1889 démonstration électrique Dinamo
1889 Améliorations apportées à l'arme à feu électrique
1889 Système pour le transport de feuilles de verre plat
1890 Dynamomètre Universal
1890 éclairage électrique pour les voitures hippomobiles
1890 « Orygmatoscope » pour le contrôle électrique des couches géologiques.
1890 équipement électrique-pneumatique portable pour allumer les feux
1891 Deuxième oiseau mécanique
1891 Améliorations pour les fontaines de lumière électrique
1892 déclenchement électrique pour la photographie time-lapse
1892 médical portable dynamométriques
1892 Dispositif de massage
1892 Dispositif de batterie électrique pour hernies
système de ventilation industrielle électrique 1893
1894 pour le système de pêche de nuit automatique
1894 Lancia pouvoir pour la chasse magnifique
1894 bijoux de lumière électrique ceinture
1894 dans le dispositif de clavier électrique sur la base de la roue Savart
1894 Saut à la corde - lumière électrique
1895 Éclairage domestique - acétylène
1895 Moteur électrique universel AC / DC
1895 Amélioration de la bicyclette
1895 manuel / machine de massage électrique hybride
1897 Dispositif pour l'acétylène d'embouteillage automatique
1897 Dispositif de fermeture de récipients hermétiquement acétylène
1897 chapeaux de jouets Mill et cannes
1898 Pompe rotative industrielle multi-fonctionnel manuel électrique ~
1899 Carburateur pour les moteurs à combustion interne
1900 gilet de sauvetage portable, batterie électrique gonflable
1901 Outils pour photothérapie
1902 Jeu à ressort Gun-cliquet
1902 bateau moteur ou de l'acétylène modèle sous-marin

Sommaire