L'Afrique-Équatoriale
française AEF
Lacquisition de nouvelles colonies :
L'Afrique Equatoriale avait toujours souffert des
difficultés et de la lenteur imposées par la nature
à ses communications intérieures.
Une part importante de l'emprunt de 21 millions accordé à
la colonie en 1910 fut donc consacrée à la construction
des lignes télégraphiques les plus urgentes, et les
premiers efforts furent orientés de manière à
tirer de son isolement la région qui en souffrait le plus :
le territoire militaire du Tchad.
Le but à atteindre était de relier
Fort-Lamy le plus rapidement possible, d'une part avec Bangui et Brazzaville,
d'autre part avec le réseau de l'Afrique Occidentale, et par
lui avec Dakar et la France
Le décret du 15 janvier 1910,
porte création du gouvernement général de l'Afrique
équatoriale française (AEF),
Entre 1910 et 1958, l'Afrique-Équatoriale française
(A.-E.F.) était un gouvernement général regroupant
au sein d'une même fédération quatre colonies
françaises d'Afrique centrale . le
Gabon, le Moyen-Congo, le Tchad et l'Oubangui-Chari
.
Une organisation comparable, l'Afrique-Occidentale française.
Si lAOF a des côtes et des ports, et se
trouve accessible par la mer et les grands fleuves, ce tout aussi
immense pays quest lAEF est enclavé au cur
du continent, sans débouché autre sur la mer quune
côte peu commode, longue de 800 km, entre Massabé et
la frontière sud du Cameroun.
sommaire
Constituée en plusieurs étapes et s'étendant
du désert du Sahara au fleuve Congo et de l'océan Atlantique
aux monts du Darfour, elle réunit à terme le Gabon,
le Moyen-Congo (dont une partie correspond au Gabon, une autre
à l'actuelle République du Congo), le Tchad et
l'Oubangui-Chari (devenu la République centrafricaine).
Sa superficie atteignait 2 500 000 kilomètres carrés,
soit environ quatre fois celle de la France. Son chef-lieu était
Brazzaville (République du Congo), résidence
du gouverneur général .
En 1899 le télégraphe nexiste
au Congo que le long de la côte, entre Cap Lopez et Massabe,
et, vers lintérieur, de Loango à la Loubomo.
Palais
du gouverneur de Brazzaville
Puis en 1919 - Après la Première
Guerre mondiale, le Togo et le Cameroun,
deux anciennes colonies allemandes, sont désormais administrées
par la France, sous mandat de la Société des Nations
(SDN).
Cette même année, les possessions du Haut-Sénégal
sont divisées pour donner naissance à trois nouvelles
colonies, la Haute-Volta (devenu le Burkina Faso), le Niger
et le Soudan français (devenu le Mali).
L'Afrique coloniale
sommaire
Le Moyen--Congo
Le Congo français ou Moyen-Congo
à partir de 1903 était une colonie composée
de l'actuel Gabon et de la République du Congo de 1882
à 1906, puis uniquement de l'actuelle République
du Congo.
La Loi française du 30 novembre 1882, approuve les
traité et acte signés, les 10 septembre et 3
octobre 1880, entre Pierre Savorgnan de Brazza, enseigne de
vaisseau, et le roi Illoy Ier, Makoko, suzerain des Batekès
(ou Tékés).
En 1883 est créé pour Savorgnan de Brazza un
commissariat du gouvernement dans louest africain.
Ce commissariat est transformé en 1886 en un commissariat
général au Congo dont relève un lieutenant-gouverneur
pour le Gabon.
Le commissariat général est créé
par le décret du 11 décembre 1888 qui réunit
les établissements du Gabon aux Territoires du Congo,
sous l'autorité du commissaire général
du Gouvernement au Congo.
Le décret du 30 avril 1891 donne le nom de Congo
français aux possessions du centre africain.
Aux termes du décret du 29 décembre 1903, «
portant organisation du Congo français et dépendances
»5, le commissariat général comprend :
- La colonie du Gabon ;
- La colonie du Moyen-Congo ;
- Le territoire de l'Oubangui-Chari ;
-- Le territoire du Tchad.
En 1906, la France a découpé cette colonie
en deux :
- le Gabon avec comme capitale Libreville
- le Moyen-Congo avec Brazzaville
Le commissariat général
au Congo est devenu un gouvernement général
du Congo français en 1909.
Le décret du 15 janvier 1910,
portant création du gouvernement général
de l'Afrique équatoriale française (AEF),
substitua celui-ci au gouvernement général du
Congo français.
En 1911, à la suite de la seconde crise
du Maroc, elle cède après un compromis avec
l'Allemagne signé à Fès, la partie nord
du Congo, qui sera rattachée au Cameroun
allemand. Cette bande de territoire est récupérée
durant la Première Guerre mondiale en 1914-1915.
Congo 1910 la Compagnie
générale de télégraphie
sans fil, jeune société
fait ses preuves en Afrique-Équatoriale française,
sur la liaison Brazzaville à Loango ,
grâce à l'allongement de la longueur d'onde,
d'excellents résultats sont obtenus après des
débuts difficiles.
Les travaux du chemin de fer Brazzaville-Océan,
commencent en 1921 à partir de Pointe-Noire et la ligne
est ouverte en Juillet 1934.
Deux grandes gares sont construites aux extrémités
de la ligne pour lui donner son prestige et sa respectabilité,
une à Pointe-Noire et une à Brazzaville, et
sur la ligne on trouve quatre stations intermédiaires
et vingt-trois haltes avec des voies dévitement
placées tous les vingtaines de kilomètres. Un
point deau est situé tous les trente kilomètres
environ.
Une ligne téléphonique à douze
fils est installée : six fils pour le
téléphone du chemin de fer avec quatre pour
les liaisons de gare à gare et deux pour les liaisons
de bout en bout, plus deux pour le télégraphe
avec retour par la terre, et quatre autres pour le téléphone
public.
En 1930, au point de vue de la télégraphie
sans fil, Brazzaville possède un grand poste
intercolonial construit et entretenu par la Métropole.
Son émission est à arc et a une puissance de
115 kw. Ses pylônes ont 150 mètres de haut. Pointe-Noire,
Port-Gentil, Bangui, Lamy, Abéché, Ati, Fada,
Mao et Faya sont aussi pourvus de postes d'émission
de puissances diverses. Des postes à ondes courtes
sont en outre installés à : Port-Gentil, Lambaréné,
Pointe-Noire, Bangui et Lamy.
En A. E. F. des câbles relient Brazzaville à
Léopoldville, Pointe-Noire à Port-Gentil et
Libreville, qui est en communication de son côté
avec Cotonou et par suite avec la France.
Comme lignes télégraphiques terrestre,
il existe les lignes suivantes :
1° Brazzaville, Pointe-Noire, Port-Gentil, Lambaréné,
2° Libreville, Ndjolé ;
3° Brazzaville-Pangala-Kimboto et embranchement Pangala-Djambala
;
4° Liranga, Bangui, Crampel, Arcbambault, Massenva, Lamy,
avec un embranchement, Kabo à Batangafo.
A partir de 1955, la technique de commutation
ayant évolué considérablement, c'est avec
un matériel système Crossbar
que les centraux de l'Office Equatorial avaient été
équipés les plaçant ainsi parmi les plus
modernes. Ils étaient construits par la Société
des téléphones Ericsson (C.P.400).
En ce qui concerne Pointe Noire : 1200 lignes fonctionnaient
depuis le 28 octobre 1961.
Fin mai 1963 La Compagnie Générale
de constructions téléphoniques installait
aussi du matériel de sa fabrication à Brazzaville
: 1000 lignes d'extension en type
R6 , portant sa capacité à 3000
lignes (Dolisie : 300 lignes).
Cependant le central de Pointe Noire n'aurait
pu répondre à la demande importante d'abonnements
nouveaux si l'Office Equatorial n'avait conclu fin 1962 un marché
pour l'extension de nouvelles lignes.
On reprochait souvent aux responsables de l'équipement
de consacrer un large investissement aux grandes cités
et d'ignorer l'intérieur du pays.
L'Office Equatorial étudiait alors la possibilité
de doter également les centres secondaires d'autocommutateurs.
Au cours du dernier trimestre de 1963, Mossendjo, Makabana,
Fort-Rousset et Dolisie s'équipaient en centraux de 200
et 100 lignes du type Crossbar.
La modernisation des centraux urbains et leur extension en nombre
d'abonnés ne pouvaient s'accommoder des réseaux
de câbles et de lignes aériennes existants ; c'est
pourquoi, simultanément aux montages des autocommutateurs,
des équipes posaient des câbles et réalisaient
de de nouvelles installations à :
-Pointe Noire : 10 km de câble étaient posés
dont certains en conduite
-Brazzaville : le réseau le plus important du pays et
même de l'Office Equatorial, où les secteurs de
Poto-Poto et de Bacongo avaient reçu une extension très
large.
C'était principalement en raison des distances par la
radiotéléphonie que les liaisons interurbaines
étaient établies.
Cependant, en bordure du chemin de fer Brazzaville-Pointe Noire,
une artère téléphonique ancienne à
6 circuits (3 circuits PTT, 3 circuits C.F.C.Q.) desservait
toutes les villes outre la Capitale du Congo et son Port.
Grâce à l'emploi du courant porteur, elle avait
pu écouler le trafic mais avec attente. Déjà
dès 1965 elle ne suffisait plus. (En 1955, elle fut équipée
d'un TRT. 12 voies s'y ajoutait donnant en plus 4 voies Brazzaville-Oolisie,
6 voies Brazzaville-Pointe Noire, 6 voies Dolisie-Pointe Noire.
Quelques temps après un équipement nouveau allait
répondre à la demande téléphonique
interurbaine de cet axe important.).
En ce qui concerne le fil, en 1962 une ligne de 250 km était
construite avec fils Coperweld par l'Office Equatorial pour
le compte de la compagnie minière de l'Ogoué.
Sur cette ligne physique, l'Office Equatorial disposait de liaisons
par courants porteurs A.M.E. pour les liaisons au Congo entre
Dolisie-Makabana-Mossendjo-Binda. Dans le troisième trimestre
1963, la ligne Kinkaka-Kindamba (130 km) était construite
en fil sur appuis télescopiques légers.
Des systèmes de courants porteurs du type Stackable TRT
allaient être installés sur des sections de lignes
chargées, sur l'artère Brazzaville-Pointe Noire.
La carte, qui reproduit schématiquement le réseau
interurbain du Congo, est suffisamment explicite sur la disproportion
régionale et sur le nombre de liaisons interurbaines
entre celles établies par fil et celles assurées
par radio.
L'internationale : Brazzaville était relié
à Paris, Tananarive, Douala, Ouagadougou, Abidjan, Léopoldville,
Dakar.
Le Congo était constitué d'un
réseau télégraphique à grande distance
reliant Brazzaville* aux états de l'Office Equatorial
des Postes et Télécommunications ; ces liaisons
fonction naient en téléimprimeur sur voie radioélectrique,
ainsi que Brazzaville à Pointe Noire en télégraphie
harmonique sur courants porteurs.
Le service Télex était ouvert au mois de juillet
1961 à Brazzaville. Il comptait en 1965 14 abonnés
à Brazzaville. Le trafic était principalement
dirigé vers la France et sur le Congo-Léopoldville
(aujourd'hui le Zaïre, dont la capitale est Kinshasa).
Le réseau téléphonique
Malgré l'effort actuel de l'accès au téléphone
pour la majorité de la population, le phénomène
de discrimination spatiale existe et persiste toujours. La répartition
régionale du téléphone, est assez frappante.
Il y a une concentration autour deu deux pôles : Pointe
Noire et Brazzaville et le reste du pays est vide. Plus des
3/4 des installations de télécommunications se
trouvent dans les zones urbaines qui ne regroupent que 20 %
de la population.
On sait bien que la tendance consiste à équiper
d'abord les grands centres et à créer ainsi une
discrimination spatiale dans la diffusion de l'innovation et
à essayer de déterminer des priorités dans
les plans d'équipement.
Les services de téléinformatique, télécopie
rapide, ej:c.... ont des points précis de couverture
du territoire : les villes (Brazzaville et Pointe Noire). Leur
diffusion est loin d'être aussi large. Or, de tels réseaux
constituent en aménagement du territoire un outil important
pour le désenclavement informationnel et culturel des
zones éloignées des principaux centres urbains.
(La création des réseaux de transmission a facilité
en grande partie la décentralisation administrative).
La hiérarchisation du réseau téléphonique
est à 5 niveaux : Il va du centrer de transit national
(CTN) aux postes d'abonnés, en passant par le centre
de transit régional (CTR), le centre de regroupement
(CR) et les centres locaux.
Il existe un câble coaxial de 120 voles téléphoniques
d'une longueur de 515 km, posé en 1970 entre Brazzaville
, Loubomo et Pointe Noire. Ce câble saturé permet
le raccordement de 11 centraux automatiques, les points
de sorties intermédiaires sont : Kinkala, Mindoli, Loutété,
Madingou, Nkayi, toudima, toulombo.
Quant à la communication téléphonique,
le nombre de centres automatiques a augmenté les dernières
années. On comptera près d'une vingtaine de centres.
Par contre, les faisceaux hertziens constituent l'outil idéal
en matière d'aménagement du territoire puisqu'ils
offrent instantanément et en tous lieux par le biais
d'une antenne, des capacités de transmis¬ sions susceptibles
de satisfaire les exigences techniques.
Dans l'axe Brazzaville-Ouesso, il existe un faisceau hertzien
de 600 voies (téléphoniques et télévisuelles
à visibilité directe).
Ouesso est relié avec Impfondo par un faisceau troposphérique
de 120 voies (il devra être prolongé vers la République
Centraficaine) .
Un faisceau de 24 voies relie Ngo-Djambala et Gaaboma.
Par ailleurs, sur l'axe Brazzavd.Pointè Noire il existe
un faisceau hertzien d'une capacité de 960 voies (téléphoniques
, télégraphiques , télévisuelles,
radiophoniques et de télex).
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Le Tchad
Une part importante de lemprunt de 21 millions accordé
à la colonie en 1910 fut donc consacrée à
la construction des lignes télégraphiques les
plus urgentes, et les premiers efforts furent orientés
de manière à tirer de son isolement la région
qui en souffrait le plus : le territoire militaire du Tchad.
Le but à atteindre était de relier Fort-Lamy
le plus rapidement possible, dune part avec Bangui
et Brazzaville, dautre part avec le réseau
de
lAfrique Occidentale, et par lui avec Dakar et la France.
Même en utilisant la ligne belge déjà construite
le long du Congo, depuis le Stanley-Pool jusquen face
de Liranga,au confluent de lOubangui, il restait encore
à combler un intervalle de 2.200 kilomètres entre
ce poste et NGuigmi, premier bureau télégraphique
de lAfrique Occidentale Française au Nord du Tchad
.
La Télégraphie
La mission du capitaine P.Lancrenon (1905-1906) (Lien
sur ce document)
En 1905-1906, il est chargé de
mener une mission d'exploration au Tchad et d'établir
le tracé d'une route dans les régions des rivières
Sangha et Logone afin de relier le poste de Carnot au Tchad
(Centrafrique actuelle). Ce territoire étaient encore
largement inconnu de ladminisatration française
et les seules routes utilisables passaient par le territoire
du Cameroun allemand.
Lexpédition partit de Carnot
le 5 juillet 1905. Elle était composée, outre
le lieutenant, de deux sergeants français, dun
civil, de tirailleurs et dauxiliaires, et dune troupe
de porteurs recrutés dans la population locale.
Après avoir exploré le bassin
du Sangha, lexpédition arriva sur les bords du
Logone. Elle fut attaquée par des guerriers du peuple
Laka à plusieurs reprises. Le 4 septembre 1905, la colonne
arrive à Laï, point ultime de lexploration.
La mission fut de retour à Carnot le 6 novembre. Une
nouvelle expédition fut très vite organisée,
partie le 23 décembre 1905 de Carnot vers Lai pour tracer
de nouveaux itinéraires, avant de poursuivre jusqu'à
Fort-Lamy.
À la suite des accords franco-allemands
de 1911, une partie des territoires explorés par la mission
Lancrenon furent cédés à lAllemagne
et rattachés au Cameroun allemand.
En 1910, Lancrenon
est de retour au Tchad. Le Lieutenant-Gouverneur de lOubangui-Chari-Tchad
(au Nord de l'AEF) le charge de la mission télégraphique
du Tchad.
Entreprise en 1910 et terminée en 1913, elle avait pour
but d'améliorer les communications au sein de la colonie
française d'Afrique Equatoriale, nouvellement créée,
ainsi que ses liens avec le territoire militaire du Tchad.
La nouvelle ligne télégraphique permit de relier
Fort-Lamy à Bangui et à Brazzaville,
et de faire la jonction avec le réseau déjà
existant de l'Afrique Occidentale Française.
Lancrenon et ses ouvriers travaillèrent sur deux tronçons
successifs : dabord entre Fort-Lamy et Fort-Crampel
(soit environ 860 kilomètres) puis entre Fort-Lamy et
Rig-Rig (soit 520 kilomètres).
Avant de superviser les travaux dinstallation de la ligne,
Lancrenon dut explorer la région entre Fort-Crampel et
Fort-Lamy afin de relever le terrain et préparer le tracé
de la ligne. Une équipe dune cinquantaine dhommes
travailla ensuite à déboiser une piste, planter
des poteaux et y installer la ligne télégraphique.
Plusieurs bureaux télégraphiques ont été
construits le long de la ligne.
Bien que les ouvriers fussent payés, leur travail sinscrivait
dans le cadre des corvées imposées aux populations
locales, comme l'indique Lancrenon dans son rapport :
Les plus gros travaux, principalement le débroussement
et le transport des poteaux, ont été faits par
des manuvres temporaires. Ceux-ci ont très généralement
été fournis sans aucune difficulté par
les chefs indigène . [
] Chacun était nourri
et payé, puis rentrait chez lui sa tâche accomplie.
Deux fois seulement, jai dû demander la secours
de quelques tirailleurs ou gardes régionaux pour éviter
des pertes de temps.
Après avoir achevé la deuxième partie de
sa mission Lancrenon aprit quune autre mission avait
été ordonnée pour installer la télégraphie
sans fil, rendant ainsi son ouvrage obsolète
à peine terminé.
Monteur télégraphique
Le capitaine Lancrenon combattit sur le front français
dès 1914. Il fut nommé chef descadron du
239ème Régiment dartillerie de campagne.
Son courage au combat dans les tranchées lui vaut dêtre
nommé Chevalier de la Légion dHonneur et
de recevoir la croix de guerre1. Il meurt au combat le 28 juin
1917, au bois Camart (Meuse), alors quil était
parti reconnaître les lignes ennemies
La TSF
Les travaux commencèrent partout en 1910
et se poursuivirent sans interruption; la T. S. F. fut
installée entre Fort-Lamy et NGuigmi
dans le courant de 1912, et enfin le 11 octobre de cette
même année, jai eu la satisfaction de passer
le premier télégramme de Kabo à
Fort-Crampel, soudant ainsi le dernier maillon de cette
chaîne immense qui relie le câble Brest-Dakar aux
points les plus méridionaux de notre Afrique Equatoriale.
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sommaire
Le Cameroun
Le Kamerun allemand
Dans les années 1860-1870, les Français et les
Allemands commencent à s'intéresser au Cameroun.
Le gouvernement allemand envoie Gustav Nachtigal négocier
la mise sous tutelle allemande du Cameroun avec les chefs
doualas. Deux traités en ce sens sont signés
avec des chefs de l'estuaire du Wouri appelé Cameroon
River par les Britanniques : les traités germano-doualas.
Le premier de ces traités, qui date du 12 juillet 1884,
marque la naissance internationale du Cameroun moderne.
Le 14 juillet 1884, le drapeau allemand flotte à
Cameroon Towns devenu Kamerun pour les Allemands et
plus tard Douala, et ce territoire devient sous protectorat
allemand du Kamerun.
En 1890 La télégraphie optique ou aérienne
est introduite au Cameroun.
En 1912, arrive la télégraphie sans fil
ou radiotélégraphie.
Lorsqu'en juillet 1911,
après la deuxième crise marocaine, l'Allemagne
obtint un objet de compensation d'au moins 280 000 kilomètres
carrés sous la forme du Nouveau Cameroun, les
attentes d'une zone coloniale centrafricaine contiguë
furent libérées.
L'idée est devenue un objectif de guerre allemand après
1914. Mais après le déclenchement de la guerre,
les Français, les Britanniques ont envahi les colonies
allemandes et ont tenté de satisfaire leurs intérêts
de sécurité en chassant un concurrent gênant.
En août 1914, début de la Première
Guerre mondiale, le réseau est denviron 1
390 km de lignes, avec 25 bureaux de poste et
de télégraphie et une station radiotélégraphique.
Quant à la téléphonie, le réseau
allemand comporte 200 postes et seulement 82 km
de lignes.
Après la Première Guerre mondiale, pendant laquelle
le Cameroun fut conquis par les forces franco-britanniques,
la colonie allemande fut partagée en deux territoires
confiés par des mandats de la Société
des Nations (SDN) en 1922, à la France (pour les quatre
cinquièmes) : le Cameroun français ; et le reste
au Royaume-Uni : le cameroun britannique.
Pendant la Première Guerre mondiale, les Allemands
ont suivi une politique de la terre brûlée qui
impliquait la destruction des lignes de communication, y compris
le téléphone et le télégraphe.
Le Cameroun français
La majeure partie du Cameroun constitue la colonie allemande
du Kamerun, puis s'y ajoute le Neukamerun pour les territoires
cédés par la France en 1911 après la
crise d'Agadir. Une partie du Cameroun est confiée
à la France par la Société des Nations
au terme de la Première Guerre mondiale. Cette partie,
la plus vaste (431 000 km²), mais peu peuplée
(environ 2 000 000 d'habitants), est dirigée
par un Haut-Commissaire, et placée sous le régime
colonial de l'indigénat, qui consiste à laisser
aux indigènes le soin de régler les problèmes
qui ne concernent qu'eux par le biais de leurs autorités
traditionnelles.
Le Cameroun, administré par la France de 1916 à
1960 était un protectorat allemand placé par
la Société des Nations sous le mandat puis,
sous la tutelle de la France et non, comme il est souvent
écrit, une colonie française. Etat spécifique
au statut particulier, le Cameroun ne sera pas intégré
à lAfrique équatoriale française
(AEF), même si le modèle colonial et les méthodes
dadministration coloniales lui seront appliqués.
Lorsque la France prend possession
du Cameroun français conformément au plan de
partage de mars 1916, elle continue lextension
des réseaux télégraphique, téléphonique
et radiotélégraphique. Exceptée la radiotélégraphie
déjà existante pendant le mandat, lextension
de la télégraphie et de la téléphonie
nest effective au Nord-Cameroun que pendant la tutelle,
particulièrement à Ngaoundéré,
Garoua et Maroua.
Période tutélaire (1946-1960)
Après la Seconde Guerre mondiale, l'ONU change le statut
du Cameroun qui, de protectorat, devient mis en tutelle, mais
est malgré tout intégré à l'Union
française comme les autres colonies.
Au Cameroun français, ladministration a privilégié
lenseignement général au détriment
de lenseignement technique professionnel. Ainsi, le
personnel qualifié manquait dans des services comme
les postes et télécommunications, avec des conséquences
sur le chiffre daffaires et les recettes. En 1951, sont
créés les centres dinstruction professionnelle
qui ont formé des agents des postes et télécommunications
jusquà lindépendance du territoire
en 1960. Lintensification des infrastructures gérées
par ce personnel a eu des impacts importants .
En 1946, une Assemblée Représentative du Cameroun
(ARCAM) fut constituée .
En 1956, la France accorde lautonomie interne.
Le Cameroun britannique
Le Cameroun sous mandat britannique était administré
en deux zones, le Cameroun septentrional et le Cameroun méridional.
Le Cameroun septentrional se composait de deux sections non
contiguës, divisées par un point de rencontre
entre les frontières du Nigeria et du Cameroun, et
était administré comme une partie de la région
du nord du Nigeria.
Lorsque la Société des Nations a cessé
d'exister en 1946, le Cameroun britannique a été
reclassé comme territoire sous tutelle de l'ONU, administré
par le Conseil de tutelle de l'ONU, mais est resté
sous contrôle britannique.
Le 12 juin 1946, les Nations unies ont approuvé les
accords de tutelle pour que le Cameroun britannique soit gouverné
par la Grande-Bretagne.
Au Cameroun britannique, de 1916 aux années 1950, les
communications reposaient sur les coureurs de drapeaux qui
ont été décrits comme des "lignes
téléphoniques humaines". Les chemins suivis
par les coureurs ont servi de base au développement
des lignes télégraphiques sur le territoire.
Par exemple, la ligne de Buéa-Kumba à Ossidinge
utilisait les mêmes chemins que les coursiers. Au milieu
des années 1930, le câblage du Cameroun britannique
a reçu plus de soutien.
Le Cameroun français
est devenu indépendant, sous le nom de République
du Cameroun, le 1 janvier 1960, et l'indépendance
du Nigeria était prévue pour la même année,
ce qui a soulevé la question de savoir ce qu'il fallait
faire du territoire sous administration britannique.
Après quelques discussions (qui duraient depuis 1959),
un plébiscite est décidé et organisé
le 11 février 1961. La zone nord à majorité
musulmane a opté pour l'union avec le Nigeria, et la
zone sud a voté pour rejoindre le Cameroun.
sommaire
Le 15 décembre
1953, M. Jourdain, secrétaire général
du Cameroun français, crée une liaison radiotéléphonique
entre Douala et Ebolowa.
En juin 1954, ladministration des postes et télécommunications
engage la construction de la ligne téléphonique
entre Douala et Nkongsamba pour un montant denviron
40 millions de francs CFA85. Prévue pour des
communications interurbaines directes ou en transit avec les
abonnés de Yaoundé, elle est entièrement
construite le long de la voie ferrée à la fin
de lannée 1955.
Le 1er novembre 1954, une liaison radiotéléphonique
est réalisée entre Douala et Paris.
Le 7 décembre 1955, une autre liaison
radiotéléphonique est créée,
cette fois entre le Cameroun et lAfrique équatoriale
française.
À lextrême nord du territoire, une station
radioélectrique est ouverte à Fort-Foureau
au trafic télégraphique officiel et privé
dans tous les régimes, le 1er août 1955 ;
de même,
le 1er septembre 1955, 2 stations radio--électriques
sont ouvertes à Yagoua et à Mora
au trafic télégraphique officiel et privé
dans tous les régimes.
En 1955, lassemblée territoriale du Cameroun
obtient la construction dun bureau des postes et télécommunications
à Yabassi,
En décembre 1959,
le réseau télégraphique atteint
2 677 km de lignes avec 116 établissements.
De même, le réseau radiotélégraphique
disposait de 37 stations radiotélégraphiques
réparties sur tout le territoire .
Le service téléphonique, quant à
lui, a 49 centraux urbains, 3 560 postes
et environ 1 500 km de ligne.
sommaire
Extrait d'une étude
: Télégraphe et téléphone dans les
colonies allemandes : entre concurrence et complémentarité.
De Fanny Dufétel-Viste
À la Poste impériale,
ou Reichspost, était ainsi dévolue la charge
dimplanter et de développer des réseaux
de communication et dinformation selon des critères
politiques, mais aussi démographiques et économiques.
Pour ce faire, la Reichspost disposait dune gamme
doutils allant du courrier simple aux instruments
de vitesse que cette fin de XIXe siècle avait mis
à sa disposition : radio, télégraphe
et téléphone.
Si la radio joua alors avant tout un rôle militaire
et international dans le contexte colonial allemand, le
télégraphe et le téléphone,
eux, connurent une utilisation beaucoup plus intensive
et large au sein même des colonies.
Cest sur ces deux modes de communication, le télégraphe
et le téléphone, que nous comptons nous
pencher.
Comment sarticulaient-ils entre eux ? En effet,
on est là en présence de deux outils, si
similaires par la vitesse, et en même temps si différents
par la nature même de leur support, électricité
et papier pour le télégraphe, électricité
et son pour le téléphone. Jusquoù
pouvait aller leur complémentarité et où
commençait peut-être leur concurrence ?
Dans les colonies allemandes se posait cependant le problème
de la « dilution » des moyens humains
: en 1913, pour le Togo, 87 000 km2 sont occupés
par 320 Allemands ; au Cameroun, 1643 Allemands sont
répartis sur 795 000 km2, 12 292 Allemands
sont recensés sur les 835 000 km2 du Sud-Ouest
africain et 4107 vivent sur les 995 000 km2 de lAfrique
de lEst.
Seule une communication rapide pouvait dès lors
suppléer à cette fragilité structurelle
et surmonter lobstacle que représentait limmense
superficie peu peuplée des colonies.
Dès les premiers temps, lÉtat allemand
et une entreprise clé de lindustrie allemande
comme Siemens se sont en effet positionnés sur
le marché de la téléphonie. Cependant,
et cest là un facteur qui donnait lavantage
au télégraphe par rapport au téléphone,
ce dernier était handicapé par sa faible
portée et une médiocre qualité découte.
Cétait le cas dès que lon dépassait
quelques dizaines de kilomètres, surtout dans des
colonies situées en zone tropicale, comme le Cameroun
ou la Nouvelle-Guinée, avec des lignes téléphoniques
qui subissaient les effets conjugués de la chaleur
et de lhumidité. La transmission par télégraphe,
si elle était aussi défectueuse par moments,
nen était pas moins globalement plus fiable
et stable. Enfin, contrairement au téléphone
qui ne véhicule quun message oral, donc éventuellement
sujet à déformation, le télégramme,
lui, transmettait un message sous forme fixe. Dans un
contexte politique et administratif, le télégramme
semblait donc offrir une garantie dexactitude, de
« vérité » dans le
rendu de linformation. Le télégraphe
fut ainsi linstrument privilégié pour
relier les centres de décision politiques et économiques
aux localités de chaque colonie. Le développement
du télégraphe entre 1903 et 1907 est particulièrement
remarquable sur le continent africain. Un des facteurs
à envisager pour expliquer cette hausse est à
chercher dans les conflits colons-colonisés qui
secouèrent justement à cette époque
les colonies allemandes dAfrique .
Gr 1
Des centaines et même des milliers de kilomètres
de lignes télégraphiques furent alors construits
pour des utilisations militaires, la Reichspost récupérant
alors, une fois la paix revenue, une grande partie de
ces lignes. Le développement du télégraphe
sen trouva subitement accéléré,
ce qui est particulièrement flagrant dans le cas
du Sud-Ouest africain et de lAfrique de lEst,
mais beaucoup moins pour le Cameroun.
Quen est-il alors du
téléphone ?
On pourrait penser que sa part est réduite à
peu de chose. Pourtant, les chiffres des conversations
téléphoniques sont loin dêtre
insignifiants ainsi que lon peut le voir sur le
graphique 2 (Communications téléphoniques
Afrique) et sur le graphique 3 (Communications téléphoniques
îles du Pacifique et Kiautschou). En comparant les
trois graphiques, on constate dabord une particularité
en ce qui concerne le Sud-Ouest africain : entre 1907
et 1913, le nombre de télégrammes expédiés
depuis cette colonie ou arrivés diminue nettement
alors que le nombre de télégrammes en transit,
cest-à-dire provenant dautres territoires
que le Sud-Ouest africain, connaît une augmentation
très conséquente, entraînant dailleurs
une hausse globale du nombre de télégrammes
traités. Pourquoi ce recul au sein du Sud-Ouest
africain ? Différents facteurs peuvent expliquer
ce phénomène. Un de ces facteurs est sans
doute le développement du téléphone
à la même époque : on constate en
effet quexactement à la même période
- entre 1907 et 1913 - où le télégraphe
est de plus en plus utilisé pour linternational
(en transit) et moins au sein même du Sud-Ouest
africain, le téléphone, lui, connaît
un très important développement. Certes,
le retrait des troupes allemandes du Sud-Ouest africain
après le règlement du conflit contribuait
à cette baisse de lutilisation du télégramme,
mais ce nétait pas tout.
Gr
2Gr3
Même sil ne faudrait pas établir un
schéma de vases communicants, ces chiffres incitent
en effet à penser que le téléphone
a pris, au moins partiellement, la place du télégraphe
localement et régionalement au sein de cette colonie.
Cette évolution fut dailleurs perçue
par la Reichspost. Dans le rapport suivant daté
de 1909 et concernant Windhoek (Sud-Ouest africain), il
est ainsi expliqué :
« Le trafic des télégrammes a
certes diminué de 17,6% pour lannée
de référence. Cette baisse est à
mettre en liaison avec la démobilisation et le
retour chez eux de nombreux éléments de
la troupe. Cependant, une partie des anciens échanges
télégraphiques a été remplacée
par les communications téléphoniques directes
suite au développement des installations de téléphonie.
[
] nous sommes parvenus à augmenter le trafic
téléphonique vers lextérieur
- autrement dit le moyen de remplacement du trafic télégraphique
- de 43,5%. »
Il est intéressant de souligner
quici, lauteur considère à deux
reprises explicitement le téléphone comme
un réel outil, sinon de remplacement, du moins
complémentaire du télégraphe. Il
faut cependant souligner que cest là un schéma
propre au Sud-Ouest africain. La forte hausse du téléphone
y est aussi à mettre en relation avec le boom économique
que connut la région de Lüderitz avec la découverte
des premiers filons diamantifères justement en
1908 : de grandes compagnies sy développèrent
dans une ambiance fortement concurrentielle, des compagnies
pour lesquelles le téléphone représentait
un outil de gestion au quotidien. Dans le Sud-Ouest africain
(graphique 2) la Reichspost a ainsi transmis en 1913 pas
moins de 3 410 000 communications téléphoniques,
à Kiautschou pour la même année (graphique
3), ce chiffre sélève à 1 194
000. Même pour des colonies où le développement
du téléphone ne paraît progresser
que beaucoup plus difficilement, on retrouve des chiffres
en fait non négligeables si on veut bien les replacer
en perspective avec le développement économique
et la population du territoire. Au Togo (graphique 2),
toujours en 1913, la Reichspost transmit 55 000 communications
téléphoniques, dans les îles du Pacifique
(Nouvelle-Guinée allemande, îles Carolines,
Palau, Mariannes et Marshall, à lexception
de Samoa cependant, graphique 3) ce chiffre fut de 52
000. Si laugmentation des communications téléphoniques
est nettement moins spectaculaire en ce qui concerne les
trois autres colonies africaines, voire quasi insignifiante
pour le Togo, elle nen est pas moins réelle
et est loin dêtre négligeable. Comment
expliquer alors cette percée dun outil coûteux
comme le téléphone ? Il est en effet nécessaire
de rappeler quà la différence de la
métropole et du continent européen plus
largement, les colonies allemandes noffraient pas
a priori une clientèle potentielle suffisante et
dense pour justifier la mise en service de lignes de téléphone.
En fait, le téléphone va parvenir à
se tailler une place réelle dans le secteur des
communications coloniales et même, de manière
qui peut paraître de prime abord paradoxale, une
place tout à fait spécifique à mettre
justement en relation avec le contexte colonial. La politique
volontaire de la Reichspost et de lAllemagne en
matière de téléphonie, si elle est
un facteur sans aucun doute décisif, ne saurait
en effet expliquer à elle seule le développement
que le téléphone connut dans les colonies
allemandes.
Qui étaient alors les usagers du
téléphone ?
Assez logiquement on trouve ladministration coloniale
comme cliente régulière, même si elle
restait très attachée au télégraphe.
On peut dailleurs supposer avec quelque certitude
- mais sans preuve définitive - que les communications
téléphoniques de service, à limage
des télégrammes de service, bénéficiaient
de la gratuité, ce qui aurait évidemment
constitué une incitation forte à lusage.
Des chiffres de quelques millions dappels téléphoniques
sur une année ne sauraient cependant sexpliquer
totalement par lusage quen faisaient ladministration
coloniale et quelques milliers dEuropéens,
et ce pour les colonies les plus peuplées encore.
Il ne sagit pas là uniquement dun moyen
de communication utilisé par des Européens,
mais bien dun moyen utilisé par des composantes
plus larges de la population résidant dans ces
colonies allemandes. Les données manquent pour
établir que le téléphone ait été
très utilisé par les indigènes. En
revanche, ce qui apparaît régulièrement
et avec insistance, cest lusage assez intensif
qui en était fait par les commerçants indiens
ou arabes sur le continent africain et par les commerçants
chinois dans la concession portuaire de Kiautschou. Une
raison essentielle, et cest sûrement là
quil faut voir aussi la clé du développement
spécifique du téléphone dans les
colonies allemandes, était que cette population
commerçante ne maîtrisait que peu ou pas
lalphabet latin, indispensable pour rédiger
les télégrammes.
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sommaire
Le
Gabon
Cest un pays forestier avec une faible
population. La France occupe le Gabon progressivement à
partir du milieu du XIXe siècle, après un
traité signé avec le « roi Denis »,
en 1839.
Les explorateurs commencent à pénétrer
larrière-pays (tels le Franco-Américain
Paul Belloni Du Chaillu, qui donnera son nom au massif du Chaillu,
ou Pierre Savorgnan de Brazza qui remonte le cours de l'Ogooué
en 1874, puis 1876-1878 et 1879-1882).
En 1886, le Gabon devient une colonie
qui, dès 1888, est fusionnée avec celle du Congo
sous le nom de Gabon-Congo puis, en 1898, de Congo français21.
En 1904, à la suite d'un décret du 29
décembre 190322, le Gabon redevient une colonie distincte,
le reste du Congo français formant les deux colonies
du Moyen-Congo et d'Oubangui-Chari et le territoire militaire
du Tchad.
En 1910, les colonies du Gabon et du Congo sont intégrées
dans l'Afrique-Équatoriale française AOF.
En 1946, le Gabon devient un territoire d'outre-mer.
Le 17 août 1960, le Gabon accède à l'indépendance.
Peu de travaux ont été consacrés
au domaine des télécommunications au Gabon.
La difficulté à faire lhistorique
des télécommunications au Gabon est corrélative
à la quasi-absence dune mémoire nationale.
Une défaillance en termes d'archivage des données
au Gabon est à relever.
En 2014 il ya : 18 700 Lignes
de téléphone fixe et 2 942 719 Téléphones
portables.
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sommaire
L'Oubangui-Chari
Le territoire est contesté par le Sultan
dÉgypte. Après la défaite des forces
égyptiennes, la France établit une administration
coloniale dans ce territoire en 1903. En 1898, la mission militaire
du commandant Marchand tente d'incorporer l'actuel Sud-Soudan
au territoire de l'Oubangui-Chari, mais la mission se heurte
aux forces de l'armée britannique de Kitchener, à
Fachoda, donnant lieu à la crise de Fachoda.
La colonisation de l'Oubangui a commencé avec
l'établissement de l'avant-poste Bangui en 1889,
sur la rive droite française de l'Oubangui, face au poste
belge de Zongo sur la rive gauche.
Le territoire appelé Oubangui-Chari en 1904 est
formé de la réunion de la région du Haut-Chari
et des territoires du Haut-Oubangui.
Le 1er décembre 1958, par une libre
et unanime décision des représentants élus
du peuple, l'Oubangui-Chari a choisi de se constituer en «
République centrafricaine », État membre
de la Communauté.
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Rien
à voir avec les télécommunications, mais avec
la colonisation.
LA SOCIETE FRANÇAISE D'EMIGRATION DES FEMMES
AUX COLONIES (1897 - 1898) par Yvonne KNIBIEHLER
Le 12 janvier 1897, une conférence attire
un nombreux public au siège de l'Union Coloniale, 50,
rue de Provence.
L'orateur est le publiciste Joseph Chailley-Bert, "coloniste"
actif (1), qui vient annoncer et expliquer la création
d'une Société française d'émigration
des femmes aux colonies.
La séance est présidée, circonstance inattendue,
par le comte d'Haussonville, personnalité du parti royaliste,
peu favorable à la politique coloniale mais connu pour
avoir facilité l'émigration des Alsaciens Lorrains
en Algérie et aussi pour animer diverses uvres
de bienfaisance au profit des femmes et des enfants (2). La
réunion de ces deux hommes symbolise une brève
rencontre entre "l'idée coloniale" et la condition
féminine : rencontre importante quoique brève
car elle les éclaire l'une et l'autre à un moment
important.
L'allocution d'ouverture prononcée par d'Haussonville
et la conférence de Chailley-Bert (3) font connaître
les intentions et les objectifs des fondateurs de la Société
; ultérieurement, la presse, notamment la Quinzaine coloniale
et la Revue des Deux Mondes indiquent les résultats de
l'expérience.
L'idée parait d'une simplicité lumineuse. D'un
côté, dit Chailley-Bert, le mot "politique
coloniale" est en train de changer de sens : pendant vingt
ans il n'a signifié que conquêtes,désormais
il signifie organisation politique et administrative, exploitation
économique ; il faut donc à présent envoyer
aux colonies des colons et des fonctionnaires ; ceux-ci sont
le plus souvent célibataires mais, dit d'Haussonville,
"point de mariage, point de famille et point de colonies
d'avenir". Justement, d'un autre côté, un
"stock" (4) important de jeunes filles françaises
restent, elles aussi "sons avenir". D'Haussonville
est surtout sensible au sort pitoyable des "non classées"
celles que la politique scolaire a pourvues de diplômes
et de prétentions, mais qui ne peuvent trouver d'emploi
; Chailley-Bert insiste davantage sur le fait qu'elles ne trouveront
pas de mari faute de dot (à cause du déclin des
revenus agricoles et des taux d'intérêt). La Société
d'émigration des femmes aux colonies veut résoudre
ensemble, et l'un par l'autre, le problème colonial et
le problème féminin : d'où "l'immense
intérêt social"des solutions qu'elle propose.
Mais lorsqu'il s'agit de préciser ces solutions dans
le détail, la confusion s'installe, la pensée
des fondateurs apparaît pleine d'incertitude et de contradiction.
(1) Chailley-Bert est le gendre de Paul Bert,
gouverneur de l'Annam et du Tonkin en 1386.
(2) Entre autres une Société de protection des
Alsaciens Lorrains, et une Oeuvre des mères ; il publiera
en 1900 Salaires et Misères de femmes
(3)Elles sont publiées aussitôt (1897) chez Armand
Colin. J. CHAILLEY-BERT, L'émigration des femmes aux
colonies. Collection Questions du temps présent, 63 pages.
(4) Le mot est de Chailley-Bert, qui s'excuse de cette "expression
commerciale". On le sait l'Union Coloniale est surtout
soucieuse de développement économique ; le langage
de ses membres s'en ressent.
PREMIERE INCERTITUDE. JUSQUOÙ
IMITER LES ANGLAIS ?
Dès le départ on se réfère explicitement
à l'exemple anglais, mais en même temps, on le
répudie. La United British Wotnen's émigration
association envoie des prospectus dans toute l'Angleterre pour
attirer des jeunes rurales, elle les rassemble à Londres
dans des hôtels exclusivement réservés à
leur usage, les dirige sur un port, les embarque au nombre de
100 ou 150, accompagnées d'une ou plusieurs femmes d'âge
et de responsabilité ; à la colonie, elle fait
escorter chacune d'elles jusqu'à l'endroit où
un emploi l'attend et reste en contact pendant encore un an
ou plus. "Au bout d'un certain temps presque toutes se
marient, et la Société a atteint le double objet
qu'elle se proposait : procurer aux jeunes femmes de la métropole
une situation et aux colons des épouses". Si on
suppose en outre qu'ils sont heureux et qu'ils ont beaucoup
d'enfants" l'entreprise ressemble à un conte de
fées, et c'est sans doute ce qui fait rêver Chailley-Bert.
Pourtant, il juge "ridicule de rassembler sur un point
détermine 100, 150, 200 femmes pour les former en bataillon
sacré" (1) et surtout il déclare que les
colonies françaises n'ont pas besoin d'un grand nombre
de femmes ("quelques dizaines au plus" pour les premières
années) ; il ne croit donc pas nécessaire d'envoyer
des circulaires. Et néanmoins il veut mettre sur pied
comme les Anglais une infrastructure solide et sûre, donc
probablement coûteuse, sans se demander si elle sera rentable,
pour déplacer seulement quelques personnes chaque année.
Il est vrai qu'il lance son imagination à travers les
siècles : il faut "tenir compte de choses qui se
passeront dans un siècle ou deux"... ; il prévoit
une émigration masculine sans cesse accélérée
(l'Afrique du Nord peut nourrir 10 millions de personnes, dit-il),
et il veut être en mesure de mettre le "contingent
d'émigration féminine (...) à la hauteur
de tous les besoins".
SECONDE INCERTITUDE. FAUT-IL CREER UN BUREAU DE PLACEMENT
?
Officiellement la Société, suivant toujours le
modèle britannique, fonctionnera comme bureau de placement.
"Nous nous proposons de procurer dans les colonies une
situation à celles qui, sans faute de leur part, n'ont
pu s'en faire une dans la métropole". Mais les Anglais
transportent leurs jeunes campagnardes en Afrique du Sud et
en Australie, c'est-à-dire dans des pays tempérés
où les exploitations rurales se multiplient rapidement,
et où l'on a besoin de fermières. Alors qu'aucune
colonie française n'offre les mêmes perspectives,
et Chailley-Bert le sait bien puisqu'il affirme "Nous aurons
cinquante fois plus de demandes que de situations à accorder".
Il évoque quelques places de gouvernantes, d'institutrices,
de sages-femmes, de modistes, de couturières ; mais surtout
il espère que le gouvernement va confier à des
femmes, au moins dans les villes, des emplois de télégraphistes,
employées de postes etc..
Bref les places sont encore à créer, et elles
restent, bien entendu, subalternes... Est-ce une simple coïncidence
? En 1900 va paraître un petit livre intitulé La
femme aux colonies (2). L'auteur, Grâce Corneau, ne fait
aucune mention de la Société d'émigrationdes
femmes.
Elle encourage elle aussi l'émigration féminine,
mais dans des conditions bien différentes : elle explique
comment se procurer une concession (prix, délais, salaires
de la main d'uvre, cultures rémunératrices)
et comment devenir femme colon ; ce n'est pas plus difficile
pour une femme que pour un homme, affirme-t-elle ! Et d'encourager
les Françaises à se changer ainsi en "marquises
de Carabas"... Encore le conte de fées !
(1) Notons qu'il ne songe pas à la traite des blanches
: le trafic international des prostituées ne sera révélé
aux Français qu'en 1902 et avant cette date personne
n'y pense. Cf. Alain CORBIN, Les filles de noce. Aubier Montaigne,
1978.
(2) Grâce CORNEAU, La femme aux colonies. Librairie Nilsson,
Per Lam successeur, Paris, 1900, 109 pages.
TROISIEME INCERTITUDE. COMMENT CREER UNE AGENCE MATRIMONIALE
?
"A parler franc, continue Chailley-Bert, ce qu'il s'agit
d'organiser, c'est une sorte d'agence matrimoniale ; seulement
cette agence doit revêtir certains déguisements
qui feront des jeunes personnes qui recourront à elles
des complices inconscientes de notre but". La nécessité
des "déguisements" fait problème. En
effet, les deux conférenciers s'affirment convaincus
que "le mariage est, bien plus encore que l'école,
le télégraphe ou le téléphone, la
véritable carrière de la femme" (1).
Et pourtant, nouvelle contradiction, ils ne veulent pas de filles
"en quête de maris" : "nous ne souffrirons
pas qu'elles partent avec ce seul projet en tête".
Pourquoi ? La seule réponse claire est celle-ci : c'est
"une bien mauvaise condition pour trouver un mari que d'afficher
la prétention d'en chercher un avant tout et tout de
suite". En fait ce qu'on veut c'est sélectionner
des filles épousables mais sans leur parler de mariage
pour laisser plus de liberté aux colons.
Sélectionner n'est pas trop fort (2). "Ce ne seront
pas lés candidates qui manqueront, affirme Chailley-Bert
: il y en aura abondance et surabondance". La Société
pourra faire sur chacune d'elles une enquête très
poussée à l'aide d'un questionnaire aux questions
"bien calculées", pour connaître "sur
ses talents, ses aptitudes, son caractère, sa moralité,
sa santé, des renseignements complets" ; on exigera
en outre des certificats du médecin, des éducateurs,
des employeurs éventuels. Mais ce n'est pas assez : il
faut aussi une photographie pour s'assurer que la postulante
a un physique agréable. En effet, si en France le mariage
n'est encore qu'une affaire, il n'en est plus ainsi aux colonies
; ce n'est pas que le colon "répugnerait à
épouser quelque riche héritière ; mais
comme il sait qu'à peu d'exceptions près les riches
héritières ne seront pas pour lui (3), il retourne
ses prétentions d'un autre côté ; il veut,
n'ayant à choisir qu'entre des filles de condition humble
ou modeste, en choisir au moins une qui soit d'un physique agréable.
Ne vous récriez pas. C'est là une exigence bien
naturelle ; ce qui n'est pas naturel, c'est que cette exigence
ne nous paraisse plus naturelle". En somme, les colonies
ressuscitent le mariage d'inclination.
Observons au passage que les garanties sont toutes du même
côté : on trie les futures épouses sur le
volet et on ne leur promet rien. Ce qui donne aux colons le
maximum d'avantages. Mais qui trie les futurs maris ?
(1) Allocution de d'Haussonville.
(2) On sait que l'Union Coloniale aide des Français à
partir aux colonies, mais elle exige qu'ils aient une petite
fortune, une bonne réputation, de l'énergie. Elle
ne veut pas favoriser l'émigration de "fruits secs".
(3) 'On ne les prend qu'au dessous du pair" dit encore
Chailley-Bert, décidé ment porté aux métaphores
économiques.
Au fond Chailley-Bert poursuit
un rêve bien masculin : celui du colon célibataire
et laborieux, en passe de réussir, à qui on amène
un choix de filles jeunes, belles et sages ne demandant rien
, mais disposées à tout donner. Toujours le conte
de fées... La réalité est tout autre, et
il le sait bien : le nombre des hommes célibataires est
si élevé aux colonies que les jeunes filles, à
peine débarquées, auront 300 paires d'yeux braqués
sur elles. "Tandis qu'en France elles sont, de par les
murs et la vie, réduites à attendre et à
subir le choix des hommes, là-bas, la proportion des
nombres étant renversée, c'est elles qui ont en
main le droit de choisir". C'est dire que les grands déplacements
de l'ère coloniale accroissent les chances de l'émancipation
féminine, non seulement dans le domaine économique,
mais aussi dans le domaine sentimental.
Mais le rêve de l'orateur se poursuit : il s'émerveille
des heureux effets qu'on peut attendre de ces mariages. "Dans
les colonies ce sera une vie décente et digne ; ce sera
la fixité et le calme remplaçant la mobilité
et l'agitation" ; du coup la prospérité des
établissements se développera, la fécondité
naturelle de la race reparaîtra (et d'évoquer non
seulement l'exemple des Franco-canadiens, mais aussi celui des
colons d'Algérie (1) ; "notre langue française
se répandra dans le monde", "les colonies seront
de véritables écoles d'héroïsme",
et toutes nos discordes s'y apaiseront. Là encore la
réalité contrarie l'imaginaire, et l'orateur l'ignore
moins que quiconque ; il nous montre les colons "gens impatients
du résultat, plantant leur tente, travaillant fiévreusement
pour gagner de quoi retourner vivre en France», peu désireux
en fait de se marier et de faire souche outre mer...
Au fond la meilleure stratégie consiste à marier
les futurs colons ou les futurs fonctionnaires (2) en France,
avant leur départ, ou pendant un, congé. C'est
finalement vers cette idée que s'oriente peu à
peu le conférencier. La Société d'émigration
des femmes jouerait alors son vrai rôle, sans hypocrisie
: elle tiendrait un dossier recensant des jeunes filles qui
consentent à s'expatrier, et elle l'ouvrirait au choix
des jeunes hommes désireux de convoler avant leur départ.
Pourtant, au début de sa conférence, Chailley-Bert
avait plaisanté à propos des mariages précipités
qu'on tolérait sous l'Ancien Régime au moment
d'embarquer. Sans souci de se contredire encore, le voilà
qui dénonce la formalité actuelle des fiançailles.
"Quelles garanties apporte-t-elle donc ? Permet-elle aux
fiancés de faire connaissance ? En rien. A partir du
moment où ils ont dit qu'ils entendaient s'étudier,
ils commencent à avoir mutuellement les yeux fermés
; ou plutôt, ils jouent au jeu bien connu du boulet et
de la cuirasse "Je te percerai, tu ne me perceras pas ;
je te connaîtrai, tu ne me connaîtras pas".
En fait ils ne se connaissent pas... A dire vrai, j'estime que
nos procédés à nous, nos enquêtes
faites par nous, indifférents, et corroborées
par celles de l'intéressé, offrent plus de garanties".
Et ce marieur têtu en vient à souhaiter que "dans
nos écoles de tous degrés, par exemple les écoles
de la Légion d'honneur", on prépare les jeunes
filles à devenir femmes de colons... Il ne songe cependant
pas a ouvrir une section spéciale à l'Ecole Coloniale
!
Bref, le discours de Chailley-Bert présente un projet
mal étudié, plein d'incohérence, ou l'imagination
cherche à transfigurer des réalités peu
reluisantes. Mais l'imagination accomplit parfois des miracles.
Voyons si ce fut le cas pour la Société d'émigration
des femmes.
(1) "et qui sait Dans un siècle ou deux peut-être
faudra-t-il y créer des Sociétés qui auront
un but contraire à celui que nous poursuivons aujourd'hui
et qui ramèneront dans la métropole la population
surabondante des colonies"...Troublante prophétie
(2) Chailley-Bert s'indigne que certains fonctionnaires coloniaux
soient trop mal payés pour pouvoir faire venir leur femme.
On trouve des nouvelles de la Société d'émigration
des femmes (1) dans la Quinzaine Coloniale (issue, en janvier
1897, du modeste Bulletin de l'Union coloniale, et dirigée
par Chailley-Bert) ainsi que dans la Revue des Deux Mondes (2).
Le n° 1 de la Quinzaine Coloniale annonce la création
de la Société en se référant essentiellement
à l'exemple anglais ; les numéros suivants citent
les membres d'honneur, bienfaiteurs, associés, simples
adhérents.
En juillet 1897, le ministre des Colonies, André Lebon,
s'inscrit et accorde une subvention. En novembre 1897 c'est
le Président de la République Félix Faure
qui devient membre d'honneur, ainsi que son épouse et
sa fille Lucie : il fait don de 500 F. Au jour de son premier
anniversaire, la Société compte 128 membres, dont
seulement trois membres d'honneur (qui viennent d'être
cités) ; parmi les 22 membres bienfaiteurs, on compte
des établissements industriels (Dollfuss-Mieg de Mulhouse
et Angel de Paris) ainsi que la Ligue colonial(r) de la jeunesse
- parmi les 42 membres associes, on compte aussi des établissements
industriels (Schneider du Creusot ; Maletra du Petit Quevilly...),
des personnalités parisiennes (Mme
Paul Bert, le prince d'Arenberg..?), des Chambres de Commerce
(chose curieuse : celle de Marseille n'est citée qu'en
juin 98, alors que Marseille est le lieu d'embarquement de toutes
les émigrantes). Un réseau d'adhérents
et de correspondants se constitue peu à peu dans les
colonies ; Urne Doumer préside la Société
en Indochine, Mme Jules Cambon fonde un comité à
Alger.
Le 10 janvier 1898 (n° 26 de la Quinzaine Coloniale) Mme
Pegard, secrétaire générale de la Société
fait le bilan de la première année d'exercice.
Elle a reçu 400 à 500 demandes de jeunes femmes,
elle n'a pu en satisfaire qu'une quinzaine et des négociations
sont en cours pour une trentaine d'autres. Ce qui manque le
plus c'est l'argent. On avait espéré un concours
plus empressé des grandes maisons commerciales et industrielles,
ainsi que des colonies elles-mêmes : "Pourquoi n'avouerions-nous
pas que nous avons eu une déception, grande". Il
a fallu recourir à des uvres de bienfaisance, au
risque de faire apparaître la Société comme
une institution de charité, alors qu'il s'agit d'une
institution patriotique". Il a fallu aussi recourir à
l'aide de Miss Leffroy, secrétaire de la British Women's
Emigration Association" et à celle de Mrs Cos, vice
présidente de la Women's prospective Immigration Society...
L'avenir reste sombre.
(1) Les Archives de l'Union Coloniale sont en cours de classement
aux Archives d'Outre-Mer, rue Oudinot à Paris ; on ne
sait pas encore si elles contiennent un dossier concernant la
Société d'émigration des femmes.
(2) Comte d'HAUSSONVILLE, les non classées et l'émigration
des femmes aux colonies in Revue dos Deux Mondes, 15 juin 1898,
p.779 à 810.
POURQUOI FAUT-IL TANT D'ARGENT
? QUI SONT LES FEMMES DESIREUSES D'EMIGRER ?
En janvier 1897, toute la presse parisienne avait fait un écho
retentissant à la conférence de Chailley-Bert.
La plupart des journaux étaient favorables ; certains
s'égayaient du projet, en multipliant les allusions grivoises
; quelques-uns exprimaient une franche hostilité que
d'Haussonville résume ainsi : "Pas une femme respectable
ne témoignera le désir d'émigrer.
Cet article donne d'utiles statistiques sur les "non
classées", jeunes femmes instruites qui sollicitent
en vain des postes dans l'Instruction publique, les PTT,
les banques, les sociétés industrielles.
Celles qui s'adresseront à la Société ne
seront que des aventurières, des demoiselles avec tare
dont on ne voudra plus dans les agences matrimoniales. Ce serait
un triste cadeau à faire aux colonies"... Réaction
conforme à l'idéologie du XIXe siècle qui
valorise la "femme d'intérieur" et juge avec
méfiance, voire avec mépris, toutes celles qui
sortent de chez elles.
Cette prophétie pessimiste se trouve démentie
par les lettres de candidature dont font état Mme Pegard
puis d'Haussonville. Ce dernier recense 68 institutrices, gouvernantes
et demoiselles de compagnie ; 67 employées ; 25 sages-femmes
; 1 doctoresse ; 1 dentiste ; 78 couturières ; 20 modistes
; 16 cuisinières ; 18 femmes de chambre ; 19 bonnes à
tout faire ; 30 femmes sans profession; etc.. Il remarque l'"écriture
fine et distinguée" de la plupart des postulantes
ainsi que "leur mélancolie, leur découragement,
parfois leur désespoir". Il souligne leur intelligence,
leur courage, leur résolution et aussi leur droiture,
leur dignité : une quinzaine de jeunes filles avouent
simplement leur désir de se marier et l'impossibilité
de trouver un mari en France faute de dot; elles se disent gaies,
robustes, pas poltronnes du tout" (d'Haussonville). Toutes
d'ailleurs ne sont pas des vaincues de la vie : quelques-unes
sont très jeunes (l'une a seize ans) ; ce sont des romanesques,
des Imaginatives, à qui la vie en France semble prosaïque
et qui voudraient voir de nouveaux horizons. Le mirage colonial
joue donc aussi sur le sexe dit faible, qui se révèle
ici plus décidé, plus audacieux que certains n'aiment
à le décrire.
Mais on ne peut satisfaire ces demandes sans argent, car la
plupart de ces personnes, dépourvues de toutes ressources,
sont hors d'état de payer leur voyage et même de
se constituer un trousseau décent ; quelques-unes ont
des dettes. Autre difficulté, les offres d'emploi restent
peu nombreuses : 39 seulement en juin 1898. Les colonies, dit
d'Haussonville, "n'avaient pas confiance dans ce nouvel
article d'exportation... la qualité leur en paraissait
douteuse". En outre les offres et les demandes ne coïncident
guère (les colonies semblent avoir surtout besoin de
cuisinières et de femmes de chambre ; une usine tunisienne
demande des ouvrières)... Enfin, il est parfois nécessaire
d'enseigner un métier aux postulantes avant leur départ.
Mme Pegard cite quelques exemples : Mme B." veuve d'un
industriel et mère d'un enfant de 10 ans, apprend la
couture et sollicite les amis de son mari pour pouvoir partir.
Mlle de S., de vieille famille noble ruinée par l'un
des krachs, fait des stages dans les maisons de couture de la
rue de la Paix pour devenir "première" à
500 F par mois dans une grande ville coloniale. Mlle de N.,
nièce de la précédente, veut seulement
aller rejoindre ses parents ; c'est une société
anglaise qui lui avance l'argent. Mlle L., dentellière
aux yeux fatigués, part comme gouvernante ; il faut payer
son loyer, lui avancer 6 mois de gages. Mme R., sage-femme veut
qu'on trouve une place pour son mari. Un jardinier sollicite
une aide pour emmener sa femme. 4 jeunes filles vont rejoindre
leurs fiancés ; l'une d'elles, pauvre orpheline qui "n'avait
jamais connu un jour de bonheur dans sa vie", a emporté
jusqu'à son voile de mariée et sa couronne de
fleurs d'oranger dans un petit carton... C'est l'unique fois,
semble-t-il, où la Société a joué
ouvertement le rôle d'agence matrimoniale ; le prétendant,
ancien gendarme très bien noté, devenu surveillant
de prison, n'avait pu obtenir un congé pour venir en
France chercher femme et s'était adressé à
la Société.
Toutes celles qui sont parties ont transité par Marseille
ou une correspondante les a accueillies et accompagnées
; elles écrivent, après le voyage, des lettres
pleines de satisfaction et de reconnaissance (du moins, Mme
Pegard ne publie que celles-là...).
La Société d'émigration des femmes n'a
donc pas réussi. Elle apparaît un peu comme une
bulle, vite éclatée, dans le bouillonnement intense
de "l'idée coloniale" (1) en cette fin du XIXe
siècle. Maie elle permet quelques remarques (valables
pour le seul moment considéré, et qu'on ne saurait
extrapoler) à propos de l'histoire des migrations, à
propos de l'histoire de la colonisation, à propos de
l'histoire des femmes.
Les migrations de femmes ont été peu étudiées.
Celle dont il vient d'être question n'a guère d'importance
démographique, ni économique. C'est que la pression
démographique est inexistante à cette date en
France, où on s'inquiète plutôt de la "dépopulation"
: l'émigration des femmes est donc dépourvue de
justification "biologique". A-t-elle des justifications
économiques ? Le chômage féminin est un
phénomène mal connu bien que les philanthropes
et les féministes fassent beaucoup de bruit autour ;
mais de toutes façons, dans les mentalités de
ce temps, le chômage féminin n'est pas un problème
économique : sa solution est le mariage, non l'émigration
ou la création d'emplois. Donc l'opinion française
n'est pas prête d'accepter un déplacement massif
et organisé des femmes : elle réagit en dénonçant
ce déplacement comme ridicule, ou immoral, et elle refuse
de le financer. Autre remarque : la migration masculine ne semble
pas attirer une migration féminine postérieure
équivalente ; ce ne sont pas les hommes qui attirent
les femmes, ce sont les familles déjà constituées
; on est ici au seuil des problèmes complexes du mélange
des "races", du métissage, de la dimension
sexuelle dans les faits migratoires et coloniaux. (2)
Ce qui conduit à l'histoire de la colonisation. La tentative
de la Société d'émigration des femmes révèle
d'abord le prestige, à cette date" du modèle
britannique, qu'on prétend adapter et qu'on imite en
fait, sans l'analyser. Le discours de Chailley-Bert souligne
aussi fortement la puissance de l'imaginaire, même dans
les milieux réalistes de l'Union Coloniale ; les colonies
ne sont plus seulement une source de richesse, ou un substitut
de la revanche, elles deviennent un substitut des contes de
fées, un lieu d'utopie où la race française
se régénère dans une vertu et une fécondité
retrouvées. Et la colonie sera moralisée par la
seule arrivée de la femme française, anti dote
au défoulement évoqué ci-dessus. Quand
il s'agit de femmes, l'irrationnel n'est jamais loin dans le
discours masculin.
Pour l'histoire des femmes, la Société apporte
quelques lueurs sur l'évolution des mentalités.
Certes la Société cherche à disposer d'elles,
à leur insu, pour des fins qui les dépassent.
Mais en même tempe, elle préfère leur proposer
des situations indépendantes plutôt que des maris
ou des secours ; elle n'hésite pas à transporter
d'honnêtes filles au-delà des mers, et elle trouve
de nombreuses postulantes : signes que l'émancipation
économique des femmes n'est plus refusée. En outre
la Société escompte que les mariages d'inclination
supplanteront les mariages d'argent, et elle accepte que les
femmes aient "le droit de choisir" : signes que l'émancipation
affective et sexuelle progresse. Pourtant, l'opinion, dans sa
masse, oppose encore une forte résistance passive à
cette émancipation.
Peu importe au fond que la Société ait échoué
dans ses objectifs : c'est sa signification symbolique qui compte.
On espère en avoir montré l'importance relative.
(1) Voir Raoul GIRARDET, L'idée coloniale en France
(1871-1962), La table ronde,
1972, Première partie, chapitre IV.
(2) Une étude des chansons qui, durant l'entre deux guerres"
ont évoqué les colonies (Ma tonkinoise, La fille
du Bédouin) révèle l'importance du facteur
sexuel dans l'attrait des colonies. Les frustrations subies
en métropole (Cf. Alain CORBIN, op.cit.) font de la colonie
une vaste zone de défoulement. A la limite, dans la sensibilité
d'un Européen, la colonie est perçue comme femelle,
facile à posséder.
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sommaire
Organisation des réseaux
de télécommunications dans l'Afrique coloniale francophone
FCR Compagnie française des Câbles sous-marins et
de Radio
FCR Compagnie française des Câbles
sous-marins et de Radio. avant le 1er novembre 1959, ses ascendants
directs sappelaient FC France Câbles ou Sudam
Câbles Sud américains. En ce qui concerne la Radio,
l'activité de FCR se limita dans un premier temps au continent
africain.
la structure d'organisation des réseaux de télécommunications
dans l'Afrique coloniale francophone à la fin des années
50.
Deux ministères en avaient la charge :
1. le Ministère
de la France d'Outre-mer pour les réseaux internes à
chacune des trois entités : AOF, AEF, Madagascar.
2. le Ministère
des PTT pour les réseaux "internationaux" : liaisons
avec les autres continents, liaisons interfédérations
Sagissant du Ministère des PTT, sa tutelle sétendait
sur deux systèmes de télécommunications :
- un réseau radioélectrique
- un réseau de câbles sous-marins télégraphiques.
Le réseau radioélectrique : baptisé
Réseau Général Radioélectrique (RGR)
dépendait de la Direction des Services Radioélectriques
(DSR). Il était constitué de quatre centres :
- trois dentre eux étaient localisés dans
les capitales des Fédérations : Dakar (AOF),
Brazzaville (AEF), Tananarive (Madagascar).
- un quatrième était implanté à Bamako
(Soudan Français) pour des raisons liées à
lhistoire de la colonisation.
Le réseau fut en effet créé après
la première guerre mondiale par le Général
Ferrié pour des besoins stratégiques de communications
entre la Métropole et ses colonies dAfrique. Il fut
par la suite transféré pour son exploitation à
lAdministration civile, en loccurrence le Ministère
des PTT.
Rappelons, pour la petite histoire, que le réseau Ferrié
fonctionnait en ondes longues (myriamétriques) et utilisait
la seule technique disponible à lépoque :
celle des alternateurs HF dont les puissances sexprimaient
en centaines de kilowatts. Cest la raison pour laquelle,
pendant très longtemps, ont subsisté dans les centres
RGR les restes "archéologiques" des grands pylônes
supports des antennes OL : brins rayonnants verticaux et nappes
capacitives horizontales.
Le réseau des Câbles Sous-Marins Télégraphiques
: Le réseau fut géré par la Direction des
Câbles Sous-marins jusquen 1952 date à laquelle
cette dernière transféra lexploitation à
une filiale créée à cet effet : la Compagnie
France Câbles (FC).
En 1959 ce réseau formait un feston de câbles le
long de la côte ouest africaine, de Dakar à Douala,
avec des "escales" à Conakry, Monrovia, Grand-Bassam,
Cotonou et Douala et deux extensions Conakry-Freetown et Dakar-Recife.
Vers la métropole, le prolongement au delà de Dakar
se faisait par les moyens radioélectriques du centre RGR.
Cest ainsi quà Dakar avant 1959, coexistaient
sous le régime de la " paix armée ",
un centre purement PTT, le RGR et un centre FC (filiale à
100% des PTT).
En cette fin des années 1950, l'Afrique
coloniale française évoluait très rapidement
vers les indépendances individuelles des territoires
de l'AOF, de l'AEF et de Madagascar.
La tutelle du Ministère des PTT sur ses réseaux
africains devait à court terme être transférée
aux nouveaux Etats en voie de fondation. Dans cette perspective,
le Gouvernement français décida de "privatiser"
la totalité des activités africaines du Ministère
des PTT, décrites ci-dessus, en les filialisant au sein
d'une nouvelle organisation : la Compagnie Française
de Câbles Sous-marins et de Radio (FCR), créée
à cet effet le 1er novembre 1959.
Cette opération complexe fut, en fait, conçue
et pilotée de bout en bout par un homme tout à
fait exceptionnel, M. Lhermite qui, à l'époque,
était à la tête de la Direction des Services
Radioélectriques (DSR).
A la création de FCR, il en devint le premier Président,
le Président Fondateur. Il devait rester à ce
poste jusqu'en 1970. Avec la collaboration d'un très
grand Directeur Général, M. Colin de Verdière,
FCR devait connaître un développement extraordinaire
et devenir une entité mondialement reconnue dans le domaine
des Télécoms.
Les année 60
A La création du réseau FCR .
Loutil juridiquement adéquat était ainsi
mis en place pour permettre à FCR, dans la perspective
des indépendances, la poursuite des activités
dopérateur télécoms exercées
par le Ministère des PTT tout au long de la période
coloniale.
Encore fallait-il, que dans chaque état indépendant,
ce projet soit accepté. Des négociations à
cet effet furent donc engagées avec les gouvernements
nouvellement au pouvoir sur la base générale suivante :
- FCR propose de mettre en place tous les moyens nécessaires
pour créer, développer, exploiter un réseau
de télécommunications internationales.
- FCR en assume toutes les charges (investissements et frais
dexploitation)
- FCR est rémunérée par une quote-part
sur les recettes générées par lexploitation
du trafic acheminé, le solde revenant au gouvernement.
Cest ainsi que furent signées, entre 1959 et 1964,
des conventions avec de nombreux états entre lesquels
il convient de distinguer deux groupes :
a) le groupe des États qui disposaient, dès
lépoque coloniale, de systèmes de télécommunications
internationales : télégraphe, téléphone.
- Sénégal
- Mali (ex Soudan Français)
- Congo (Brazzaville)
- Madagascar
b) le groupe des Etats qui pour leurs relations internationales
devaient transiter par lun des quatre premiers centres
énumérés ci-dessus :
. Dakar et Bamako pour lAOF/Togo
. Brazzaville pour lAEF/Cameroun
Pour ces pays, le fait de pouvoir désormais disposer
de leurs propres centres de télécommunications
internationales constitua une amélioration considérable
par rapport à la situation antérieure.
En voici la liste :
Afrique de l'Ouest : Côte d'Ivoire, Togo, Dahomey (Bénin),
Niger, Haute-Volta (Burkina Faso).
Il convient d'y ajouter le Liberia où la licence d'exploitation
de télégraphie sous marine fut étendue
à la création d'un réseau radioélectrique
(téléphone, télégraphe).
Afrique Centrale : Tchad, Cameroun, Centrafrique et Congo.
La stratégie adoptée (avec des
variantes suivant les pays) était en gros toujours la
même : mise en place très rapide (quelques
semaines) des équipements nécessaires pour établir
une liaison téléphonique et télégraphique
avec la France, prioritairement.
Etaient utilisées pour ce faire des infrastructures provisoires
(bâtiments et terrains) mises à disposition, en
général, par les Offices locaux des PTT ou plus
rarement loués par FCR à des propriétaires
privés.
Après cette première étape, essentielle
pour des pays qui, devenus indépendants faisaient de
leur désenclavement une priorité absolue, était
lancée la réalisation des infrastructures définitives :
. centres émetteurs HF
. centres récepteurs HF
. terminal téléphonique, télégraphique,
télex dotés en matériels en fonction
des besoins, accroissement de trafic, ouverture de nouvelles
liaisons directes.
Parallèlement, lexploitation des câbles sous-marins
télégraphiques du feston ouest-africain était
abandonnée progressivement :
- Douala et Cotonou très rapidement, dès la mise
en service des centres radioélectriques,- Monrovia, Abidjan,
Conakry, Dakar, beaucoup plus tard car pour des raisons politiques
il fallait maintenir :
. à Monrovia, lexploitation des câbles sous-marins
télégraphiques Monrovia Abidjan
et Monrovia Conakry,
. à Conakry, la liaison avec Freetown,
. à Dakar, la liaison avec Recife.
A noter que pour améliorer lexploitation, la création
du Centre Radioélectrique dAbidjan amena FCR à
transférer en 1964 de Grand-Bassam à Port-Bouet
(Abidjan) latterrissement du câble télégraphique
avec Monrovia. La station de Grand-Bassam fut fermée
et lexploitation ramenée à Abidjan au terminal
radioélectrique récemment implanté en ville.
B. La gestion du réseau
Le réseau FCR dans sa plus grande extension comportait
donc une quinzaine de centres dont lorganisation locale
était identique, à limportance près
en fonction des pays.
Pour tous les anciens qui y ont servi, cette décennie
1960 restera dans leur mémoire comme une période
dactivité intense une période pionnière
particulièrement enrichissante où chacun
a voulu et pu donner le meilleur de lui-même.
Période pionnière, pourquoi ? Parce que dans
le nouvel environnement géopolitique de lAfrique
francophone, les personnels des centres FCR se sont trouvés
confrontés à des situations inédites. Certes,
ils disposaient du soutien de la Direction Générale
de FCR à Paris - dont il sera dit un mot par la
suite, mais sur place leur situation était celle dune
équipe de PME, tout à fait autonome, et ayant
à gérer au quotidien et sous leur responsabilité
un ensemble de problèmes de toutes natures :
- relations directes avec les autorités locales (ministres
de tutelle, offices des PTT)
- relations avec la clientèle
- gestion des personnels locaux (recrutement, formation,
.)
- gestion administrative et comptable
- gestion technique et opérationnelle des infrastructures
et équipements.
Dans tous ces domaines les personnels de FCR devaient
essentiellement compter sur leurs qualités professionnelles
bien sûr, mais aussi et surtout sur leurs qualités
personnelles, initiative, débrouillardise, sens des relations
humaines
Ce quils surent faire avec beaucoup de
talent.
Dans cette organisation le rôle de la
Direction Générale était de leur apporter
le soutien le plus efficace possible.
Les « Africains » avaient donc à
Paris un certain nombre de « correspondants »
spécialisés sur lesquels ils savaient pouvoir
compter :
- Service opérationnel Afrique pour tous les problèmes
techniques et dexploitation
- Comptabilité trafic
- Direction financière
- Direction du Personnel (qui deviendra ultérieurement
la DRHA)
- Centrale dachats
Pour les personnels des Centres en Afrique, la Centrale dachats
constitua un rouage fondamental de leur travail au quotidien.
Les services éminents rendus sous la responsabilité
dun chef charismatique sont restés légendaires
dans toutes les mémoires.
Les années 1970
A. Les évolutions structurelles et techniques
La décennie 1960 a donc permis la création
dans les pays précédemment cités de centres
dexploitation « modernes » - pour
lépoque - et qui en assurant leur désenclavement
a apporté une contribution appréciable au développement
des jeunes Etats.
Mais dès le milieu de cette décennie 60, il est
apparu que les moyens mis en place, fondés sur la technique
HF (ondes décamétriques) allaient à court
terme se trouver dépassés par lavènement
des techniques de transmission à grande capacité
et de haute qualité (satellites et câbles sous-marins
téléphoniques).
Afin de préparer cette échéance, la Direction
Générale de FCR, dès 1965, créa
un département « Transmission par satellites »
chargé de développer au sein de la Compagnie une
compétence et une expertise dans cette technique qui
savérait particulièrement bien adaptée
aux besoins africains.
Mais la mise en uvre de ces moyens, à prévoir
à lhorizon des années 1970, supposait, aussi,
la refonte des structures de gestion telles quelles avaient
été conçues à lépoque
des indépendances.
Les télécommunications par satellites, de par
leur nature, sorganisaient à léchelle
mondiale avec pour noyau central INTELSAT, consortium international
à multiples facettes : politique, technique, opérationnelle
Le volet politique faisait que les Etats devenaient dans leurs
pays respectifs le pilote de la gestion de leur système
de télécommunications par satellites, même
si dans beaucoup de domaines (techniques et opérationnels
notamment) ils déléguaient leurs pouvoirs à
des organismes spécialisés.
Dans cette perspective, FCR dès la fin des années
1960, fut amenée à proposer aux Etats africains,
à commencer par ceux avec lesquels elle avait conclu
quelques années auparavant des conventions dexploitation,
un nouveau type de partenariat.
Il sagissait cette fois de la création dEntités
dEconomie mixte (sous la forme juridique de SA ou SARL)
associant lEtat et FCR. Le principe de base de cette proposition
était que ces Entités, de par leur nature, disposaient
à la fois :
- par la présence de lEtat, de la compétence
« politique »
- par la présence de FCR, de la compétence technique
et opérationnelle.
Et cest ainsi, quau fil du temps,
naquirent TELEMALI, TELESENEGAL, INTELCI (Côte dIvoire),
INTELCAM (Cameroun), STIMAD (Madagascar), STIN (Niger), TIG
(Gabon), SATELIT (Togo), TIT (Tchad), STID (Djibouti), SOCATI
(République Centrafricaine), GETESA (Guinée équatoriale).
Lobjectif prioritaire assigné à toutes ces
sociétés étaient bien évidemment
de faire basculer dans les meilleurs délais lexploitation
des télécommunications internationales dans lère
spatiale.
En quelques années furent construites une douzaine de
stations terriennes :
a) dans une première phase des stations « type
A » caractérisées par leur antenne
parabolique de 30 mètres de diamètre pour les
pays de fort trafic, notamment : en 1972
- en Côte d'Ivoire : la station d'Akakro près d'Abidjan
- au Sénégal : la station de Gandoul près
de Dakar
- à Madagascar : la station dArivonimamo près
de Tananarive
en 1973
- au Cameroun : la station de Zamengoe près de Yaoundé
- au Gabon : la station de N'Koltang près de Libreville
en 1977
- au Togo : la station de Cacavelli près de Lomé.
b) dans une seconde phase des stations de « type
B » (antenne de 11/13 mètres) pour les pays
à plus faible trafic
La cellule « transmissions par satellites »
de FCR apporta une contribution décisive dans la maîtrise
duvre de toutes ces stations :
- choix des sites dimplantation,
- conception des infrastructures (bâtiments, énergie)
- élaboration des termes de références
pour la passation de marchés déquipements
essentiellement avec le Groupe TELSPACE (Alsthom, CIT-Alcatel,
Thomson-CSF) et leur suivi jusquà la réception,
- réception des équipements
- formation des personnels, assistance au démarrage de
lexploitation.
A noter quau delà des interventions
au bénéfice des sociétés partenaires
de FCR, le Département « Transmissions par
satellites » fut amené à « vendre »
une compétence internationalement reconnue, à
un grand nombre dopérateurs étrangers partout
dans le monde.
Avec la mise en place de ces nouveaux moyens
de transmission, la qualité d'écoute n'avait plus
rien de commun avec le passé et provoqua une poussée
de la demande. Toutefois, la véritable explosion du trafic
ne survint qu'avec la mise en place des équipements permettant
l'accès automatique au service téléphonique
international, sans intervention d'opératrices et sans
délais d'attente : les Centres téléphoniques
internationaux automatiques.
Pour l'étude et l'ingénierie de ces Centres, la
Direction Générale de FCR avait également
mis en place, dès 1973, une "cellule Commutation"
qui participa à :
- la rédaction des cahiers des charges,
- la passation des marchés (avec la CGCT pour
les premiers centraux en matériel électromécanique
Pentaconta, ultérieurement avec Thomson CSF Téléphone
pour les centraux en matériel électronique MT
20),
- le suivi des marchés,
- la réception et la mise en service des équipements
avec la collaboration du CNET.
C'est ainsi qu'à la fin des années 1970 les grandes
capitales de l'Afrique francophone eurent accès au réseau
téléphonique commuté international :
- en 1975 Abidjan,
- en 1979 Dakar et Yaoundé,
- en 1980 Libreville et Tananarive.
Tous les anciens qui ont participé à cette « révolution »
se souviennent du fantastique bon en avant dans la qualité
de service offerte aux clients avec pour conséquence
une explosion des volumes de trafic.
Et cerise sur le gâteau, le public découvrait
que lon pouvait aussi échanger des programmes de
télévision avec des correspondants dans nimporte
quelle partie du monde et promouvoir dautres services
encore plus professionnels, comme par exemple, la transmission
de données (aujourdhui support du WEB).
Dans un pareil contexte, la bonne vieille technique
HF fut enterrée sans fleurs, ni couronnes, elle qui vaille
que vaille, malgré ses limitations génétiques,
avait tout de même rendu pendant quelques décennies
de bons et loyaux services. Ainsi va la vie qui na de
sens que dans lévolution et le progrès.
Ceux qui ont débuté leur carrière aux temps
"médiévaux" dans lhistoire des
télécommunications en garderont un souvenir nostalgique,
mais encore bien vivant.
B. La gestion des Sociétés mixtes
Comme indiqué précédemment lobjectif
de base dans la création de ces sociétés
étaient dinstitutionnaliser un partenariat étroit
entre les Gouvernements et FCR :
* pour tenir compte de lévolution des techniques
dans le domaine des télécommunications,
* pour donner aux Etats, après quelques années
dindépendance, un contrôle plus direct dans
la gestion de leurs systèmes de télécommunications.
Lactionnaire majoritaire était généralement
lEtat et par voie de conséquence les instances
de direction sorganisaient comme suit :
- une Assemblée dactionnaires et un Conseil dAdministration
présidés par une personnalité nationale,
- un Président Directeur Général, personnalité
locale,
- un Directeur Général FCR.
Les fonctions exécutives étaient ainsi réparties
:
- les relations extérieures, la direction du Personnel
revenaient au Président,
- les tâches techniques, lexploitation des liaisons
se trouvaient placées sous la responsabilité du
Directeur Général FCR.
Sagissant de lensemble de ces tâches, la Direction
Générale de FCR par des accords de partenariat
avec la Société apportait en tant que de besoin,
sa coopération dans tous les domaines :
- comptabilité financière
- comptabilité trafic
- mise à disposition de personnels techniques expatriés
pour la gestion des Stations et des Centres
- formation des personnels nationaux
- approvisionnements.
On comprend à travers cette énumération
que la Direction Générale de FCR prolongeait dans
le temps au bénéfice des Sociétés
les mêmes services quelle assurait précédemment
à ses filiales africaines.
Les années 1980
A. Développement des infrastructures internationales
Durant les années 80, FCR poursuit et diversifie
sa collaboration avec les gouvernements africains pour l'installation
de leurs infrastructures de télécommunications
internationales.
* L'accès au système Intelsat et au réseau
téléphonique international est ainsi réalisé
- en 1980 pour Djibouti
- en 1982 pour Niamey
- en 1984 pour Lomé
- en 1985 pour Nouakchott et Cotonou
- en 1987 pour N'djamena.
* La modernisation et l'extension des infrastructures en Côte
d'Ivoire, au Cameroun et au Gabon amènent la mise en
place :
- à Abidjan, en 1986, d'un centre international téléphonique
électronique de technologie MT 20, en remplacement du
centre électromécanique,
- à Douala, en 1986, d'une station terrienne et d'un
centre international téléphonique électronique,
- à Libreville, en 1989, d'un centre international électronique
en système MT 20.
* L'aide de FCR s'est également affirmée dans
les domaines du télex, de la commutation de messages
et des transmissions de données. A la fin des années
1980, la plupart des capitales que nous avons énumérées
plus haut possédaient leur centre télex international
et leur centre de commutation de messages mis en place avec
l'appui des experts de FCR.
* Citons également la part prise par FCR dans l'étude
et la réalisation des réseaux domestiques par
satellites au Mozambique et au Zaïre et la création
à Zamengoe (Cameroun), après appel d'offres international,
d'un centre de contrôle du réseau Intelsat.
* Système de câbles sous-marin
Dans l'organigramme de FCR, existait un service très
important : la Direction des Câbles Sous-Marins. Son "objet
social" était, en liaison étroite avec le
département Câbles Sous-Marins de France Télécom,
d'assurer le pilotage de projets de de construction de systèmes
internationaux de câbles sous-marins : étude de
faisabilité, établissement des cahiers des charges,
appels d'offres, suivi de réalisation , réception
et mise en service.
Quelques uns de ces projets ont concerné
certaines des Sociétés africaines associées
à FCR :
Secteur Ouest africain :
- Entre 1973 et 1980, la "guirlande cotière"
Casablanca - Dakar - Abidjan - Lagos implique Sonatel et Intelci,
- En 1982, le système Atlantis Europe - Sénégal
- Brésil implique Sonatel.
Secteur Est africain (Djibouti) :
De par sa position géographique très favorable,
Djibouti s'est trouvé être un des points d'atterrissement
des projets SEA-ME-WE, systèmes de câbles Asie
du Sud-Est - Moyen Orient - Egypte - Europe de l'Ouest.
La STID, impliquée dans ces projets, eut un rôle
opérationnel très important à jouer dans
le fonctionnement de ces systèmes (technique coaxiale
pour le SEA-ME-WE 1, fibres optiques ensuite).
Au fil du temps et en fonction de l'augmentation du nombre d'études,
les équipes d'experts mises en place à Paris par
FCR s'étaient étoffées.
Un département Ingénierie en Télécommunications
Publiques fut créé. Il comprenait 4 Services :
- Télécom par satellite,
- Commutation publique,
- Transmissions terrestres,
- Energie et Bâtiments.
Créé pour les "besoins de la cause",
à savoir la maîtrise d'oeuvre des projets d'investissement
techniques de FCR dans une phase initiale, ce département
étendit tout naturellement ses activités de consultance
aux Sociétés mixtes dans une deuxième phase,
puis à des "clients" totalement étrangers
à FCR dans une phase ultime.
Au fil du temps, le département était ainsi devenu
un consultant en télécommunications de renommée
internationale. Hommage doit en être rendu à tous
ceux qui, par leur compétence, réussi cette "success-story".
Pour des raisons d'organisation interne au Groupe France Télécom,
il fut décidé en 1988 de rattacher ce département
"Ingeniérie" à Sofrécom, elle-même
filiale de FCR. Cette rupture avec la maison mère fut,
pendant quelque temps, vécu assez difficilement par les
personnels concernés.
B. L'évolution des Sociétés
mixtes
Les années 1980 connurent l'apogée de la présence
des gestionnaires et techniciens de FCR en Afrique.
En juillet 1988, on dénombrait 42 expatriés dans
14 pays différents.
Une nouvelle filiale, GETESA, a été créée
en 1987 avec le gouvernement de la Guinée Equatoriale.
Cependant, au fil des années, en vertu de la philosophie
à base du partenariat FCR/Etat et au fur et à
mesure de la formation des personnels nationaux, la responsabilité
de gestion allait être progressivement transférée
à ces derniers.
La conséquence de cette évolution commença
à se matérialiser au début des années
1980 par la volonté de certains états de nationaliser
le capital de leur Société Mixte par le rachat
de la participation de FCR.
Le processus samorça dans une
première phase par les Etats les plus importants, Côte
dIvoire (1981), Cameroun (1982), Sénégal
(1985) et se généralisa tout au long de la décennie.
Cependant, au sein de ces nouvelles entités, les contrats
de coopération opérationnelle avec FCR furent
reconduits avec quelques aménagements en fonction des
spécifications locales. Ainsi, même si FCR nétait
plus co-actionnaire, elle conserva son rôle de partenaire
opérationnel dans la gestion des sociétés,
notamment par le maintien des personnels expatriés et
de fournitures de matériel.
Progressivement, différents Etats souhaitèrent
fusionner leurs télécommunications nationales
et internationales dans un organisme de gestion unique, provoquant
soit la disparition soit la modification des structures de la
Société mixte comme :
- en 1984, l'absorption d'INTELCI par l'ONT de Côte d'Ivoire,
- en 1985, la fusion de TELESENEGAL et de la Direction des Télécoms
de l'OPT pour former la SONATEL, société d'Etat,
- en 1989, en Centrafrique, la transformation de SOCATI en SOCATEL.
Ce processus d'intégration allait bientôt
concerner d'autres filiales de FCR.
Les restructurations des années 1990
La vague de privatisation du secteur
des télécommunications qui samorça
au début des années 1990 dans les pays développés,
traditionnellement sous monopole dEtat, sétendit
également au continent africain et notamment dans les
pays francophones.
Ces Etats ouvrirent leurs systèmes
de télécommunications à la participation
des investissements internationaux
* dans le secteur de la téléphonie
mobile
* dans le secteur de la téléphonie
fixe national ou international également.
Dans cette nouvelle phase, les acteurs français
sont France Télécom directement ou par le biais
de ses filiales spécialisées (Orange).
C'est ainsi qu'en 1997, France Télécom
prit :
- 51 % du capital de CI- TELCOM, la nouvelle
société ivoirienne de droit privé qui gérait
depuis 1991 les télécoms de Côte d'Ivoire,
- 42,33 % du capital de la SONATEL au
Sénégal.
A la fin des années 1990, Orange
possédait quelques filiales en Afrique :
- Ivoiris en Côte d'Ivoire,
- Mobilis au Cameroun,
- Sonaten Alizé au Sénégal,
- Antaris à Madagascar,
- Caratel en Centrafrique
- Vista Cellular au Bostwana.
Dans les plus importantes de ces filiales, une partie du personnel
expatrié associé à la gestion avait fait
ses premières armes à FCR.
L'expérience d'EGT- I. au Cameroun
Un panorama de l'action de FCR en Afrique
se doit d'évoquer le partenariat particulier que la Société
eut avec le gouvernement camerounais pour l'ingénierie
d'une grande partie de son réseau de télécommunications,
ce qui constitua une activité très spécifique
et très originale.
Ce partenariat, qui dura près de 20
ans, fut conclut à la fin des années 1960 entre
le Ministère camerounais des Postes et Télécommunications
et EGT-I, filiale à 100 % de FCR qui pouvait proposer
ses services sous un autre nom.
Les contrats d'ingénierie, qui firent
l'objet de plusieurs conventions successives, accompagnaient
les différents programmes d'équipements de la
plus grande partie du réseau téléphonique
camerounais (hors zone anglophone), assurés par des constructeurs
français, financés et supervisés par les
organismes français de Coopération.
EGT-I (FCR) devait apporter une assistance
totale aux ingénieurs et techniciens de la Direction
générale des Télécommunications
du Cameroun pour l'étude, les relations avec les constructeurs,
la signature, le suivi et la réception de tous les marchés
d'équipement du réseau de téléphonie
publique.
Cela concernait tous les domaines du réseau
:
- les centraux téléphoniques
y compris les bâtiments qui les abritaient et la fourniture
d'énergie dont il avaient besoin,
- les faisceaux hertziens qui les reliaient
- les réseaux urbains souterrains
et aériens de rattachement des abonnés.
Pour mener à bien ces travaux EGT-I
(FCR) mit en place une petite équipe permanente à
Paris et procéda au recrutement et à l'expatriation
à Yaoundé d'experts de l'Administration française
des Télécommunications.
Cette collaboration étroite entre les
ingénieurs camerounais et les spécialistes d'EGT-I
(FCR) permit en quelques années, à la satisfaction
de tous, la mise en place d'une infrastructure moderne de 34
centraux téléphoniques dans l'ensemble du pays
et la modernisation des deux grands réseaux de Douala
et Yaoundé.
Cette collaboration prit fin quand les
autorités camerounaises se rapprochèrent des constructeurs
allemands vers la fin des années 1980.
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