Découvrons l'histoire du téléphone qui arrive en France, racontée par son inventeur Graham. Bell

Un peu avant, au Usa, depuis mai 1877
commence l'essor du téléphone quand Bell présente au public son invention sous une nouvelle forme imaginée par le professeur Preece : "the Hand Telephone" ou "Téléphone à Main" aussi appelé "butterstamp" aux Usa.

En septembre 1877 arrivé en Angleterre Graham. Bell, est invité par "La Société des ingénieurs télégraphistes" de Londres, à la réunion annuelle de l'association Britanique à Plymouth au mois de septembre 1877, on apprit les progrés fait depuis et W.Preece, avec la participation de Bell, ils firent la première démonstration pratique avec la fameuse paire de Hand-Téléphones amenée par WH Preece.

Fin septembre 1877 Niaudet et Breguet qui étaient à la réunion de Plymouth, organisent une présentation à l'Académie des Sciences à Paris.

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Mais avant la visite de Graham Bell en Europe le 21 Novembre 1877, "
LA NATURE du 7 AVRIL 1877" publie un article sur LE TELEGRAPHE, PARLANT :
On a vu reparaître dans ces derniers temps un jouet fort simple, qui peut passer pour l’ancêtre du télégraphe parlant. Nous voulons désigner ici les deux tubes de carton ouverts à une extrémité et fermés à l’autre par un diaphragme de parchemin ; les deux diaphragmes sont reliés entre eux par une ficelle d'une longueur de 7 à 10 mètres. Si l’on vient à parler à voix basse dans l’un des tu- bes , l’interlocuteur qui place l’autre à son oreille entend très-distinctement la conversation, dont les éléments sont transmis par la ficelle. L’analyse de cette transmission montre que les vibrations de l’air for niant la voix mettent en mouvement la première membrane, les ondulations de celle-ci produisent dans la ficelle des vibrations longitudinales qui influencent à leur tour la seconde membrane, et arrivent finalement au tympan de l’auditeur par la couche d’air de l'intérieur du second tube. Il s’agit là d’un phénomène qui nous est familier, et dont l’explication nous paraît peu embarrassante. Cependant à y regarder de plus près, et demandant à la physique si elle rend compte de tous les détails, on apprendra bientôt que bien des points restent obscurs pour les savants.

La voix est plus complexe qu’un air de musique; déjà la transmission d’un air, et, même pour réduire la question à ses éléments, la transmission d’une note n’est pas chose si facile à comprendre. On distingue, on le sait, dans une note musicale trois qualités : la hauteur, l’intensité et le timbre. La hauteur est donnée par le nombre de vibrations effectuées dans l’unité de temps, c’est la qualité la mieux étudiée et à laquelle conviennentles deux épithètes de note grave ou aiguë, suivant que les vibrations sont longues ou courtes, lentes ou rapides. L’intensité et le timbre dépendent de circonstances moins connues, et l’analyse ne sait pas encore préciser les causes qui les modifient. Ce n’est pas pour décourager le lecteur que nous insistons sur la complexité du sujet qui avait semblé au premier aspect parfaitement expliqué. Nous voulons ménager la transition pour donner la description du télégraphe parlant, auquel l'électricité prête ses ressources merveilleuses de propagation à toutes distances. Pour une explication en bloc, ce nouvel appareil paraîtra aussi simple que le joujou à la ficelle. Nous aurons une membrane vibrant sous l’impulsion de la voix, un relais électrique franchissant l’étape, et à l’autre bout un répercuteur apportant à la membrane de réception l’onde sonore du départ. Ainsi formulée, l’explication se tient debout et satisfait les gens peu difficiles; mais en pareille matière les savants arrivent avec leur loupe et demandent à pénétrer plus avant le mystère. Il en est de l’invention nouvelle comme de toutes celles qu ’on a vues poindre depuis l’origine du monde. Il est souvent plus malaisé d’en rendre compte en suivant le langage de l’école, que d’en exposer les résultats. Cela vient de ce que les chercheurs, ou pour mieux dire les trouveurs, procèdent dans leurs élucubrations par une voie qui leur est personnelle, et où les théories régnantes n’ont pas toujours accès. Mais l’invention acquise, il faut, fou gré mal gré, qu’elle s’intercale dans le cadre des opinions classiques ; il est bon d’ajouter que celles-ci prennent toujours à temps l'élasticité qu’il faut pour admettre la nouvelle venue. Ce serait un curieux travail, digne de tenter un philosophe, d’étudier à ce point de vue la physique moderne; nous avons aujourd’hui une tâche plus modeste. Il nous faut dire comment on parle à distance par le moyen de l’électricité, comment le nouvel appareil de M. Bell se distingue de ses devanciers, et réalise ce qu’on a pu appeler sans exagération une véritable merveille. Notre enthousiasme ne sera pas suspect, nous ne dirons pas tout ce que nous espérons de cette invention qui se présente encore à nous sous une forme embryonnaire ; nous nous bornerons à la produire en la rattachant à ses aînées. Peut- être si nous éprouvons quelque réserve, cela tient-il à ce que les descriptions les plus complètes que nous possédons renferment des lacunes, sans doute voulues dans un intérêt d’exploitation que nous n’avons point à discuter.
L’appareil de M. Bell, tel que nous allons l’indiquer d’après le témoignage des personnes qui l’ont vu fonctionner, ne ressemble point aux téléphones qui ont été produits antérieurement et dont nous avons décrit ici même le type le plus parfait imaginé par M. Reuss.
Le téléphone chante un air de musique à distance; c’est déjà beaucoup, et nous nous sommes suffisamment extasiés sur ce progrès de la science. Mais enfin, nous avons indiqué que le récepteur de l’instrument transmet seulement des vibrations dont la durée est identique à celle des vibrations émises. Nous avons même reconnu qu’il est apte à reproduire un ensemble de notes, autrement dit l’effet d’un orchestre. Si l’on se reporte à la description du mécanisme de l’instrument, on verra qu’il n’a que la prétention de transmettre une seule des trois qualités du son : la hauteur, sans souci de ce qui peut arriver pour l’intensité et le timbre. Qu’on nous permette de rappeler que le transmetteur du départ établit et interrompt le courant lancé dans le fil, sur un rhytme concordant exactement avec celui de l’émission, mais il n’a pas souci des nuances, il donne le nombre des vibrations et la mesure, voilà tout.
L’originalité de l’appareil de M. Bell réside dans une conception nouvelle. Ainsi que l’a dit M. Thomson, si l’électricité doit convoyer toutes les délicates qualités qui distinguent le langage articulé, elle doit varier continuellement la force de son courant, et, cela autant que possible, en proportion simple avec la vitesse d’une particule d’air engagée dans la constitution du son. Pour réaliser cette conception mathématique, l’inventeur a songé à utiliser l’une des propriétés des courants induits. On sait que lorsqu’on approche ou qu’on éloigne d'un barreau aimanté, entouré d’un circuit isolé, une armature de fer doux, il naît dans le fil des courants instantanés, dont les changements d’intensité successifs suivent exactement les phases du mouvement matériel de l’armature. C’est une loi constatée, que l’intensité du courant est à chaque instant proportionnelle à la vitesse de l’armature. Voilà donc l’organe principal et nouveau du télégraphe parlant; nous allons aborder la description. Nous retrouvons, comme dans tous les.téléphones, deux organes distincts : le transmetteur et le récepteur.
Fig 1 Fig 2
Le transmetteur, représenté figure 1, consiste en un électro-aimant horizontal, fixé à une colonne portée sur un socle en bois. Devant les pôles de cet aimant, ou pour parler exactement, de cet inducteur magnéto-électrique, est fixé au socle et dans un plan vertical un anneau circulaire en laiton, sur lequel est tendue une membrane ; elle porte à son centre une petite pièce allongée de fer doux qui oscille devant l’aimant toutes les fois que la membrane est dans un état de vibration. Cette membrane se tend comme une peau de tambour au moyen des vis indiquées sur le dessin.
Les deux extrémités du circuit qui entoure l’aimant aboutissent à deux vis de pression, servant à établir la communication avec le récepteur que l’on voit figure 2. Celui-ci n’est autre qu’un électro-aimant tubulaire du type indiqué par M. Nicklès en 1852, et reproduit plusieurs fois depuis cette époque sous divers noms. Il consiste en une barre verticale entourée de fil et renfermée dans un tube de fer doux qui condense le champ magnétique, et augmente dans cette aire la force d’attraction. A ce tube est fixée par une vis, et contre la circonférence, une mince armature en tôle, de l’épaisseur d’une feuille de papier fort ; sous l’influence des courants transmis, cette armature agit en partie comme un vibrateur, et en partie comme un résonnateur. L’aimant avec son armature est monté sur un petit pont fixé au socle en acajou, pareil au socle du transmetteur.
L’action de l’appareil est la suivante : lorsqu’une note ou une parole retentit dans l’embouchure du transmetteur, la membrane vibre à l’unisson et fait ainsi avancer et reculer le fer doux inducteur devant l’électro-aimant, le fer induit ainsi une série de courants magnéto-électriques dans l’hélice qui l’entoure, et ces courants sont transmis par le fil conducteur à l’instrument de réception. Une vibration correspondante est donc produite dans la mince armature en fer, et celle-ci suffit à donner des ondes sonores qui permettent de reconnaître distinctement et clairement des mots articulés. Dans tous les essais antérieurs, ainsi que nous l’avons dit, pour produire ce résultat, les vibrations étaient obtenues par le jeu d’un interrupteur, de sorte que si le nombre des vibrations par seconde et les mesures du temps étaient correctement transmises, par contre il n’y avait pas de variation dans la force du courant, variation qui eût permis de reproduire en même temps la qualité du ton. Ce défaut n’empêchait pas la transmission de notes purement musicales, mais les variations compliquées du ton, de la qualité, de la modulation qui constituent la voix humaine, exigeaient quelque chose de plus que le simple isochronisme d’impulsions vibratoires.
Dans l’appareil de M. Bell, non-seulement les vibrations du récepteur sont isochrones avec celles de la membrane du transmetteur, elles sont encore semblables en qualité au son qui les produit, car les courants étant induits par un inducteur qui vibre avec la voix, les différences d’amplitude des vibrations donnent des différences dans la force des impulsions, et un son articulé, le son de la voix d’une personne qui parle, est produit à l’autre extrémité du conducteur.
Quant aux relations d’expériences faites avec cet appareil, nous ne pouvons faire mieux que de citer les paroles d’un témoin oculaire, sir William Thomson. Voici ce qu’il dit dans son adresse à la réunion de l’Association britannique à Glasgow :
« Au département Canadien j’ai entendu : To be or not to be... There’s the rub, par un fil télégraphique. Des monosyllabes de mépris, l’articulation
électrique les donnait par élans, haussait la portée du ton. Elle me donnait au hasard des passages tirés des journaux de New-York. : « S. S. Cox bas arrived (jen’ai pas distinctementperçu S. S. Cox) , the city of New York.—Senator Morton.—The senate bas resolved to printa thousand extra copies; the Americansin London have resolved to celebrate the coming 4 th of July. »

Tout cela je l’ai de mes propres oreilles entendu, dit à moi avec une netteté qui ne permettait aucune méprise, par l’armature alors en forme de disque d’un petit électro-aimant, pareil exactement à celui que j’ai dans la main. Les paroles étaient proférées d’une voix claire et sonore par mon collègue du jury, le professeur Watson, à l’autre extrémité du fil télégraphique ; il avait la bouche contre la membrane tendue, pareille à celle que vous avez devant vous. Elle portait une petite pièce de fer doux, construite de façon à donner dans le voisinage d’un électro-aimant en circuit avec la ligne des mouvements proportionnels aux mouvements sonorifiques de l’air.
Cette merveille, certainement la plus grande de la télégraphie électrique, notre jeune compatriote M. Graham Bell d'Édimbourg, qui va se faire naturaliser citoyen des États- Unis, l’a réalisée. »

Ch. BONTEMPS.

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Le 21 Novembre 1877, Bell arrive à Paris guidé par A.Niaudet , pour participer à ce rendez vous historique.

— Nous reproduisons presque en totalité la conférence de M. Bell. Ce document, inédit en France, nous paraît offrir une importance capitale ; nous le recommandons à l’attention de nos lecteurs.
Cet habile physicien a prononcé un long et remarquable discours sur les travaux et les recherches qu’il a entrepris avant d’arriver à la brillante découverte du téléphone.

Dans LA NATURE du 23 Mars 1878 commence notre histoire du téléphone :
On se rappelle peut-être que lors des premières publications de M. Elisha Gray, M. Du Moncel fit remarquer qu’en 1854 un inventeur qui se dissimulait sous la signature Charles B*** avait annoncé la possibilité de correspondre à l’aide d’un appareil formé d’un fil et de deux lames vibrantes. M. Du Moncel fait savoir que depuis hier il connaît ce précurseur de la retentissante invention. C’est M. Charles Bourseul le, sous-inspecteur des lignes télégraphiques à Auch. Si celui-ci n’a pas donné suite à son ingénieuse idée, c’est, dit-il, qu’il en a été détourné par son entourage auquel il n’avait pas su communiquer sa conviction sur la résolubilité du problème qu’il s’était posé.

Dans LA NATURE 27 AVRIL 1878.
Il y a bien des années, mon père, Alexandre Melville-Bell, d’Edimbourg, appelait mon attention sur le mécanisme de la parole; il avait fait de longues études sur ce sujet. Plusieurs d'entre vous peuvent se rappeler l’invention de mon père; elle consistait en un moyen de représenter d’une manière admirablement exacte les positions des organes vocaux, dans la formation des sons. Nous entreprîmes ensemble de nombreuses expériences nous cherchâmes d’abord à découvrir le mécanisme des éléments anglais et étrangers de la parole. Je me souviens surtout d’une recherche dans laquelle nous nous trouvâmes engagés, concernant les relations musicales des sons de voyelles. Quand des sons de voyelles sont
émis, il semble que chaquevoyelle possède une hauleur de ton propre; en prononçant certaines voyelles successivement, l’on peut distinctement percevoir une échelle musicale. Nous nous proposâmes de déterminer la hauteur de ton naturelle à chaque voyelle. Des difficultés inattendues nous firent obstacle; plusieurs voyelles semblaient posséder une double hauteur; probablement la hauteur de la résonnance de l’air dans la bouche, et la hauteur de la résonnance de l’air contenu dans la cavité postérieure de la langue, cavité comprenant le pharynx et le larynx.

J’imaginai un expédient pour déterminer la hauteur, et crus posséder la priorité de la découverte, qui consistait à faire vibrer un diapason devant la bouche durant les accommodations des organes vocaux prises silencieusement. Il fut constaté que chaque position de voyelle renforçait tel ou tel diapason ou plusieurs diapasons spécialement.
J’écrivis une relation de ces recherches à M. Alex. J. Ellis, de Londres. Sa réponse m’informa que les expériences relatées avaient déjà été faites par Helmholtz (Die Lehre von den Tonempfindungen traduction anglaise par Alexandre J. Ellis. —Theory of tone, Théorie de la perception des sons.) et d’une manière beaucoup plus parfaite que je ne l’avais fait. M.
Ellis me dit, en effet, que Helmholtz, non-seulement avait analysé les sons de voyelles en leurs éléments musicaux constitutifs, mais qu'il avait réalisé la synthèse de ces éléments. Helmholtz avait réussi à produire artificiellement certains sons de voyelles en faisant vibrer simultanément, par un courant électrique, des diapasons de différentes hauteurs. M. Ellis eut la bonté de m’accorder une entrevue dans le but de m’expliquer la disposition des appareils employés par Helmholtz, pour produire ces effets extraordinaires et je consacrai la plus grande partie d’une journée avec lui à l’étude de ce sujet.
A cette époque, cependant, je n’étais pas assez familiarisé avec les lois de l’électricité pour comprendre parfaitement les explications qui me furent données, mais l’entrevue eut pour effet d’appeler toute mon attention sur les sujets du son et de l’électricité, et je n’eus pas de repos avant d’être entré en possession d’un exemplaire du grand traité de Helmholtz, et d’avoir essayé, d’une manière rudimentaire et imparfaite, il est vrai, de reproduire les mêmes résultats.

En réfléchissant aux possibilités de production du son par des moyens électriques, je fus comme frappé par l’idée que le principe de faire vibrer un diapason par l’attraction intermittente d’un électro-aimant pouvait s’appliquer à la production électrique de là musique. J’imaginai donc une série de diapasons de différentes hauteurs d’intonation, et les disposai de façon à les faire vibrer automatiquement de la manière indiquée par Helmholtz, chaque diapason interrompant à chaque vibration un courant voltaïque. Et pourquoi, pensai-je, l’abaissement d’une clef, telle qu’une touche de piano, ne dirigerait-elle point le courant d’interruption de l’un quelconque de ces diapasons, au travers d’un fil télégraphique, jusqu’à une série d’électro-aimants actionnant les cordes d’un piano ou d’un autre instrument de musique? Ainsi une personne pourrait jouer du piano-diapason en un lieu, et la musique pourrait s’entendre en un autre lieu, en une ville lointaine, sur un piano électro-magnétique.
Plus je réfléchissais à cet arrangement, plus il me paraissait réalisable. Je ne voyais en effet nulle raison pour laquelle l’abaissement d’un certain nombre de clefs au point de départ du diapason ne serait pas accompagné, dans le circuit, de la production, au lieu d’arrivée, d’un plein accord perceptible sur le piano à l’unisson.
L’attrait que m’offrait alors l’étude de l’électricité me conduisit à l’étude des divers systèmes en usage en Angleterre et en Amérique. J’admirai surtout la simplicité de l’alphabet Morse et ce fait que cet alphabet pouvait être lu par la perception du son que produit son fonctionnement. Au lieu de se reporter sur les points et les traits enregistrés sur le papier, les opérateurs contractent l’habitude d’observer la durée de tic-tac des appareils, et ainsi de distinguer à l’oreille les divers signaux. La possibilité de représenter, d’une manière analogue, le point et le trait du code Morse par la durée d’une note musicale, s’empara de mon esprit. Une personne pourrait agir sur l’une des clefs du piano-diapason, dont nous avons plus haut vu l’arrangement, et la durée du son émis par la corde correspondante du piano lointain y pouvait être observée par une autre personne.
Il me sembla qu’ainsi plusieurs messages télégraphiques distincts pouvaient être simultanément transmis d’un piano-diapason jusqu’à l’autre extrémité du circuit, par des opérateurs manipulant chacun une clef différente de l’instrument. Ces messages seraient lus, me disais-je, par des opérateurs placés auprès du piano d’arrivée, chacun d’eux écoutant des signaux d’une hauteur définie de ton et ignorant tous les autres. L’on pouvait ainsi réaliser la transmission simultanée de plusieurs messages télégraphiques par un seul fil, le nombre de ces messages n’étant limité que par la délicatesse d’oreille de celui qui écoutait.

L’idée d’accroître la puissance de transmission d’un fil télégraphique de cette manière me vint à l’esprit, et ce fut ce but pratique que j’eus en vue, en commençant mes recherches sur la téléphonie électrique. Il se trouve généralement que dans le progrès de la science la complication conduit à la simplification, et qu’en faisant l’histoire d’une découverte scientifique, il est souvent utile de commencer par la fin. Lorsque je porte un regard rétrospectif sur mes recherches, je reconnais la nécessité de désigner, par des noms spéciaux, une variété de courants électriques qui peuvent produire des sons. J’appellerai votre attention sur plusieurs espèces distinctes de courants d’électricité que l’on pourrait appeler téléphoniques . Afin que les particularités de ces courants soient bien comprises, je prierai M. Frost de projeter sur l’écran une illustration graphique de ces différentes variétés. La méthode graphique de représenter des courants électriques, et que nous voyons ici, est la meilleure que l’on puisse imaginer pour étudier exactement les effets produits par diverses formes d’appareils téléphoniques. Elle m’a fait concevoir cette sorte particulière de courant téléphonique que j’appellerai ici courant ondulatoire, et qui rend possible la production artificielle du langage articulé par des moyens électriques.

Une ligne horizontale g g (fig. 1) est prise comme ligne du courant à zéro ; les impulsions d’électricité positive sont représentées au-dessus de cette ligne, celles d’électricité négative au-dessous ou bien vice versa. L’épaisseur verticale d’une impulsion électrique quelconque (b ou d) mesurée à partir de la ligne de zéro, indique l’intensité du courant électrique au point observé, et l'extension horizontale de la ligne électrique (b ou d) indique la durée de l’impulsion. Il y a neuf variétés de courants téléphoniques; il me suffira de vous en indiquer six. Les trois variétés primaires, désignées sous les noms d’intermittentes, de pulsatoires et d’ondulatoires, sont représentées par les lignes 1, 2 et 3. Des sous-variétés peuvent être distinguées sous les désignations de courants directs, ou de courants inverses, selon que les impulsions électriques sont toutes d’une sorte, ou alternativement positives et négatives. Les courants directs peuvent encore se distinguer comme positifs ou négatifs suivant que les impulsions sont d’une sorte ou de l’autre. Un courant intermittent est caractérisé par la présence et l’absence alternatives de l’électricité dans le circuit. Un courant pul- satoire résulte de changements instantanés dans l’intensité d’un courant continu, et un courant ondulatoire est un courant d’électricité, dont l’intensité varie d’une manière proportionnelle à la vitesse du mouvement d’une particule d’air durant la production du son.
Ainsi la courbe représentant graphiquement le courant ondulatoire pour un simple ton musical est celle qui exprime une oscillation simple du pendule, c’est-à-dire une courbe sinusoïdale.

Je dois faire ici la remarque que si la théorie du courant ondulatoire d’électricité est une conception dont je puis revendiquer l’origine, on connaît néanmoins des méthodes de produire des sons au moyen de courants intermittents et pulsatoires. Par exemple, il y a longtemps que l’on a fait la découverte qu’un électro-aimant émet un son lorsqu’il est subitement aimanté ou désaimanté. Lorsque le circuit dans lequel est placé cet électro aimant est rapidement fermé et ouvert, une succession de crépitations partent de l’aimant. Ces bruits produisent à l’oreille l’effet d’une note musicale, lorsque le courant est interrompu un nombre suffisant de fois par seconde.
La découverte de la musique galvanique par Page (1) , en 1837, conduisit les recherches faites en différentes parties du monde, presque simultanément dans le domaine de la téléphonie. Les effets d’acoustique produits par l’aimantation furent soigneusement étudiés par Marrian (2) , Beatson (3) , Gassiot (4) , de la Rive (5) , Matteucci (6) , Guillemin (7) . Vertheim (8) , Wartmann (9) , Janniar (10) , Joule (11) , Laborde (12) , Légat (13) Reis (14) , Poggendorf (15) , du Moncel (16) , Delezennes (17), et d’autres encore (18) .
Il faut aussi mentionner que Gore (19) obtint des notes musicales claires par le mercure ; ces notes étaient accompagnées de rides, singulièrement belles à la surface durant le cours des expériences électrolytiques. Page (20) produisit des tons musicaux dans les barres de Trevelyan par l’action du courant galvanique. Sullivan découvrit plus tard qu’un courant d’électricité est engendré par la vibration d’un fil composé partie d’un métal et partie d’un autre.

1 C. G. Page, la Production de la musique galvanique. Journal de Sillimann, 1857, XXXIII, p.396; Journal de Silli- man, 1858, xxxiii, p. 118; Bibl. univ. (nouvelle série, 1859, n, p. 598).
2 J. P. Marrian, Phil. Mag., xxv, p. 382; Inst., 1845, p. 20; Arch. de l'électricité, voy. p. 195.
3 Beatson, Arch. de l'électricité, voy. p. 197 ; Arch. des Sc. phys. et nat. (2 e série), n, p. 115.
4 Gassiot, voy. Preatise on Electricity, par de la Rive, i, p. 500.
5 De la Rive, Treatise on Electricity, i, p. 500; Phil. Mag., xxxv, p. 422; Arch. de l’élect.,-voy. p. 200; Inst., 1846, p. 85; Comptes rendus, xx, p. 1287; Compt. rend., XXII, p. 452; Pogg. ann., p. 657 ; ann. de chim. et de phys., xxvi, p. 158.
6 Matteucci, Inst., 1845; Arch. de l’élect., voy.p. 389.
7 Guillemin, Compt.rend., xxii, p. 264; Inst., 1846, p. 30; Arch. des sc. phys. et nat. (2 e série), i, p. 191.
8 G. Wertheim, Compt. rend., xxn, p. 356-544; Inst., 1846, p. 65, 100; Pogg. ann., t. XVIII, p. 140; Compt. rend., xxvi, p. 505 ; Inst., 1848, p. 142 ; Ann. de chim. et dephys., xxm, p. 305 ; Arch. des sc. phys. et nat., vin, p. 206 ; Pogg. ann., t. xxvn, p. 45; Berl Ber., IV, p. 121.
9 Elle Wartmann, Compt. rend., xxn, p. 544; Phil. Mag. (3 e série), xxviii, p. 544 ; Arch. des sc. phys. et nat. (2 e série), i, p. 419; Inst., 1846, p. 290; M. natschr. d. Ber Rad., 1846, p. 111.
10 Janniar, Compt. rend., XXIII, p. 519; Inst., 1846, p. 269; Arch. des sc. phys. et nat. (2 e série), p. 394.
11 J. P. Joule, Phil. Mag., xxv, p. 76-225; Berl Ber., m, p. 489.
12 Laborde, Comptes rendus, i, p. 692; Cosmos, XVII, p. 154.
13 Legal, Brix, ZS, ix, p. 125.
14 Reis, Téléphonie Polytech. Journ., c. t. xvm, p. 185, Bôttger's notiz, b., 1863, no 6. 5 J. C.
15 Poggendorff Pogg., Ann., XCVIII,p. 192, Berliner Monatsbar, 1856, p. 133; Cosmos, ix, p.49; Berl Ber., XII, p. 241 ; Pogg. ann., t. xxxvii, p. 159.
16 Du Moncel, Exposé, n, p. 125, et in, p. 85.
17 Delezenne, Sound produced by magnetization; Bibl. univ. (new-series), 1841, xvi, p. 406.
18 Voy. London Journ., XXXII, p. 402; Polytech. Journ., ex, p. 161; Cosmos, iv, p. 45; Gl sener, Traité général, et c. p.550; Dove, Repert., vi,p. 58; Pogg., Ann., xm, p. 411; Berl. Bern, 1, p. 144; Arch. des sc. phys. et nat.; xvi, p. 406; Khuns Encyclopédie der Physik, p. 1014-1021.
19 Gore, Proceedings of Royal Society, xn, p. 217. 8
20 C. G. Page, Vibration of Trevelyan’s bars by the galva- nic current; Silliman’s Journal, 1850, ix, p. 105-108; Sullivan ; Currents of Electricity produced by the vibration of mêlais: Phyl. Mag., 1845, p. 261; Arch. de l’élect., x, p.480.

Le courant durait aussi longtemps que l’émission d’uné note musicale et s’arrêtait immédiatement après la cessation du son. Pendant plusieurs années, mon attention se porta presque exclusivement sur les moyens d’obtenir un instrument interrupteur extrêmement rapide de circuit voltaïque et destiné à prendre la place du diapason transmetteur employé dans les recherches de Helmholtz. C’est un fait singulier que d’importantes découvertes sont souvent faites presque simultanément par plusieurs personnes en différentes parties du monde, et que l’idée de la télégraphie multiple, telle qu’il l’a développée dans les divers diagrammes montrés à la Société, paraît s’être présentée isolément tant en Amérique qu’en Europe à quatre inventeurs différents. Les détails eux-mêmes des arrangements en circuit ont une très-grande ressemblance avec ceux qu’ont proposés M. Cromwell Varley, de Londres, M. Elisha Gray, de Chicago, M. Paul Lacour, de Copenhague, et M. Thomas Edison, deRewark dans l’État de New-Jersey. Quant à la question de priorité d’invention, je ne me propose pas de la discuter.
Pour faire mieux comprendre la difficulté de l’usage d’un courant intermittent, je vous prierai de me suivre dans l'application de l'effet produit quand deux signaux musicaux de hauteurs d’intonation différentes sont simultanément dirigés le long d’un même circuit.
La figure 2 fait voir un arrangement dans lequel les tiges aa de deux transmetteurs interrompent le courant de la même pile B.

Supposons que l’intervalle musical entre les deux tiges soit une tierce majeure. En ce cas leurs vibrations sont dans la proportion de 4 à 5, c’est-à-dire que 4 vibrations de a sont faites dans le même temps que 3 vibrations de A1. A2 et B 2 représentent les courants intermittents produits, 4 impulsions de B2 étant produites dans le même temps que 5 impulsions de A2 . La ligne A2 et B2 représente l’effet résultant sur la ligne principale de la simultanéité d’action des tiges a et b , interrompant et rétablissant le même circuit. Vous voyez par le dessin que le courant résultant, tout en conservant une intensité uniforme, est moins interrompu lorsque les deux tiges sont en opération, que lorsqu’une seule tige est employée. Continuant d’approfondir la question, vous reconnaissez que si un plus grand nombre de tiges de différentes hauteurs de tons ou de différentes vitesses de vibration sont occupées simultanément à interrompre et à rétablir le même circuit, l’effet résultant sur la ligne principale est réellement l’équivalant d’un courant continu. Vous comprenez aussi que le nombre maximum de signaux musicaux pouvant simultanément être dirigés le long d’un seul fil sans confusion, dépend beaucoup delà proportion de durée du rétablissement quant à celle de l’interruption. Plus le contact est court, en même temps que plus l’interruption est longue, plus le nombre des signaux pouvant se transmettre sans confusion est grand, et vice versa. L’appareil au moyen duquel cette conclusion théorique a été vérifiée se trouve devant vous. Il consiste en une boîte ordinaire d'harmonium, dont les tiges sont actionnées par l’air de la manière habituelle. Devant chaque tige est une vis métallique contre laquelle la tige frappe en vibrant. En ajustant la vis on rend le contact long ou court. Les tiges sont reliées à l’un des pôles d’une pile, et les vis contre lesquelles elles frappent communiquent avec la ligne; des impulsions partent ainsi de la pile dans la ligne durant la vibration des tiges. Sans entrer dans des détails de calcul, vous voyez qu’avec un courant pulsatoire l’effet de transmission simultanée de signaux musicaux est presque l’équivalent d’un courant continu d'intensité minima, comme l’indique la figure 3. Si des courants ondulatoires sont employés, l’effet est différent (voyez la figure 4).

Le courant qui vient de la pile B, est formé en ondulations à la suite de faction inductive des tiges de fer ou d’acier MM', lesquelles vibrent devant les électro-aimants ed mis dans le circuit de la pile. A2 et B2 représentent les ondulations causées dans le courant par la vibration des corps aimantés et l’on voit qu’il y a quatre ondulations de B2 pour cinq de A2 . La résultante d’effet sur la grande ligne est exprimée par la courbe A2 - B 2 , somme algébrique des courbes sinusoïdales A2 et B2 . Un semblable effet est produit quand des courants ondulatoires inverses sont employés comme on le voit en la figure 5 où le courant est produit par la vibration d’aimants réunis en circuit sans une pile voltaïque.
Par les figures 4 et 5, on peut voir que l’effet de la transmission de sons musicaux de différentes hauteurs simultanément le long d’un seul fil, n’est point d’eflaccr le caractère vibratoire du courant comme dans le cas des courants intermittents et pulsatoires, mais de changer les formes des ondulations électriques. En effet, le courant est influencé précisément d’une manière analogue à celle de l’air par la vibration des corps inducteurs MM'. Il devrait donc être possible de transmettre simultanément autant de tons musicaux par un fil télégraphique que par l’air.
La possibilité de se servir de courants ondulatoires, dans un but de télégraphie multiple, m’a permis de laisser de côté tous les arrangements compliqués de circuit et d’employer une seule pile pour tout le circuit, en ne conservant que les récepteurs qui m’avaient précédemment servi.
J’ai dit que Helmholtz avait pu produire artificiellement des tons de voyelles en combinant des tons musicaux de différentes hauteurs et intensités. Nous voyons son appareil en la figure 6.

Des diapasons de différentes hauteurs sont placés entre les pôles d’électro-aimants (a1 , a2, etc.), et maintenus en vibration par l’action d’un courant intermittent qui part du diapason g. Des résonnateurs 1, 2, 3, etc , sont placés de façon à renforcer les sons, plus ou moins, selon que les orifices extérieurs sont plus ou moins élargis. On voit que dans le procédé de Helmholtz, les diapasons eux-mêmes produisent des tons d’intensité uniforme, et dont la sonorité varie par un renforcement externe. Ce qui me frappa, c’est que les mêmes résultats pouvaient être obtenus, et d’une manière beaucoup plus parfaite, en faisant vibrer les diapasons à différents degrés d’amplitude.
J’imaginai alors l’appareil de la figure 7 ; ce fut ma première forme de téléphone articulé.

Dans cette figure, une harpe à tiges d’acier est attachée aux pôles d’un aimant permanent N S. Lorsque l’une quelconque des tiges est mise en vibration, un courant ondulatoire est produit dans les bobines de l’électro-aimant ; l'électro- aimant correspondant E‘ attire les tiges de la harpe IT avec une force variable, et met en vibration celle des tiges qui se trouve à l’unisson de la tige qui vibre à l’autre extrémité du circuit. Ce n’est pas tout ; l’amplitude de vibration dans l’une des tiges détermine l’amplitude de vibration dans l’autre, car l’intensité du courant induit est déterminée par l’amplitude de la vibration inductrice, et l’amplitude de la vibration à l’extrémité de réception dépend de l’intensité des impulsions attractives. Lorsque nous chantons dans un piano, certaines cordes de l’instrument sont mises en vibration avec sympathie par l’action de la voix, et, à différents degrés d’amplitude, un son approché de la voyelle proférée part du piano. La théorie nous fait voir que si le piano avait un nombre beaucoup plus considérable de cordes, à l’octave, les sons de voyelles seraient parfaitement reproduits.
Mon idée de l’action de l’appareil, action indiquée en la figure 7, était la suivante : proférer un son dans le voisinage de la harpe H, et certaines tiges seraient mises en vibration à des amplitudes différentes. A l’autre extrémité du circuit, les tiges correspondantes de la harpe H' vibreraient avec leurs relations propres de force, et le timbre du son serait reproduit. La dépense de la construction d’un semblable appareil m’empêcha de m’engager dans cet ordre de recherches. J’ai déjà parlé d'une invention de mon père, d’un système de symboles physiologiques, pour représenter l’action des organes vocaux, et j’avais été invité par le Conseil de l’instruction publique de Boston, à faire une série d’expériences sur ce système dans l’École des sourds et muets. L’on sait que les sourds-muets sont muets parce qu’ils sont sourds, et que dans leurs organes vocaux il n’y a aucun défaut qui les empêche de parler. L’on avait donc pensé que le système de mon père, système de symboles illustrés et depuis longtemps connu sous la désignation vulgaire de langage visible, pourrait être le moyen d’apprendre à un sourd-muet à se servir de ses organes vocaux et à parler. Le grand succès de ces expériences me porta vers la recherche de méthodes de représentation graphique et optique des vibrations du son, pour l’enseignement des sourds-muets. Pendant quelque temps, je poursuivis mes expériences avec la capsule manométrique de Koenig, et avec le phonautographe de Léon Scott.
Les appareils scientifiques de l’Institut de technologie de Boston furent généreusement mis à ma disposition pour ces expériences, et il se trouva qu’à cette époque, un étudiant de l’Institut de technologie, M. Maurey, venait d’imaginer un perfectionnement du phonautographe.
Il avait réussi à faire vibrer par la voix un style de bois de la longueur environ d’un pied, fixé à la membrane du phonautographe. Par cette disposition il avait obtenu des traces agrandies sur une surface plane et noircie à la fumée. Avec cet appareil, je réussis à mon tour à produire de très-belles traces des vibrations de l’air par les vibrations de voyelles. Quelques-unes de ces traces sont indiquées dans la figure 8. Mon esprit fut frappé par cette forme perfectionnée de l’appareil, et je vis là une ressemblance remarquable entre la manière dont la pièce de bois vibrait sous l’action de la membrane du phonautographe, et celle dont les osselets de l’oreille humaine obéissaient au mouvement de la membrane du tympan. Je résolus donc de construire un phonautographe plus exactement modelé sur le mécanisme de l’oreille humaine, et, dans ce but, j’eus recours aux lumières d’un spécialiste distingué, du docteur Clarence J. Blake. Celui-ci me suggéra l’idée d’employer l’oreille humaine comme phonautographe, au lieu d’en faire une imitation artificielle. L'enclume fut retirée, et, à l’extrémité du marteau fut fixé un style en brin de foin, de la longueur d’environ un pouce. En mouillant la membrane du tympan et les osselets avec une mixture de glycérine et d’eau, on obtenait la mobilité nécessaire des parties. En chantant dans l’oreille externe, on mettait en vibration le style, et l’on obtenait des traces sur une surface plane en verre recouvert de noir de fumée, placée au-dessous du style (fig. 9).


Tandis que j’étais livré à ces expériences, je fus surpris à la vue de la disproportion remarquable qui existait entre la membrane et les os qu’elle faisait vibrer. Je pensai que si une membrane aussi mince qu’un tissu de papier pouvait gouverner la vibration d’os, qui, comparés à cette membrane, étaient d’une dimension et d’un poids immense, à plus forte raison une membrane plus grande et plus épaisse ferait-elle vibrer un morceau de fer contre un électro-aimant, et dans ce cas, la complication des tiges d’acier, que nous voyons dans ma première forme du téléphone (fig. 7), serait écarté. Un simple morceau de fer, fixé à la membrane, serait alors placé à chaque extrémité du circuit télégraphique.

Al. GRAHAM Bell.

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Dans LA NATURE 4 MAI 1878.
HISTOIRE DU TÉLÉPHONE RACONTÉE PAR SON INVENTEUR. Suite et fin

La figure (1) fait voir la forme d’appareil que j’employai pour produire des courants ondulatoires d’électricité dans un but de télégraphie multiple.

Une tige d’acier A fut fixée solidement par l’une de ses extrémités à la branche h non recouverte d’un électro-aimant boiteux E, l’extrémité libre de la tige étant en saillie au-dessus de la branche non recouverte. Quand la tige A se mettait à vibrer mécaniquement, le courant de la pile se formait en ondes, et les ondulations électriques traversaient le circuit BEWE', en mettant en vibration la tige correspondante A' à l’autre extrémité du circuit. Je songeai aussitôt à mettre en pratique mon idée nouvelle, et dans ce but, je fixai la tige A (fig. 2), en lui laissant un peu de jeu, à la branche découverte h de l'aimant boiteux ; l’autre extrémité fut assujettie au centre d’une membrane en baudruche n. Je présumai qu’en parlant dans le voisinage de la membrane n, on la mettrait en vibration en faisant également mouvoir la tige d’acier A, ce qui produirait des ondulations sans le courant électrique. Ces ondulations correspondraient aux changements de densité de l’air durant la production du son. Ce changement dans l’intensité du courant devait, selon moi, déterminer à l’extrémité de réception l’attraction de la tige A' ou par l’aimant, de façon que le mouvement de cette tige copiât exactement celui de la tige A. Dans ce cas, le mouvement traduit procurerait un son dans la membrane n, son du même timbre que celui de la vibration originale. Cependant les résultats, loin d’être satisfaisants, furent au contraire décourageants. Mon ami, M. Thomas A. Watson, qui me seconda dans cette première expérience,prétendit avoir entendu un faible son du téléphone, à l’extrémité du circuit, mais il me fut impossible de vérifier l’exactitude du fait. Après maintes expériences, qui ne furent accompagnées que des mêmes résultats partiels, je résolus de diminuer autant que possible la grandeur et le poids du ressort. Dans ce but j’appliquai au centre du diaphragme un morceau de ressort démontre, de la grosseur de l’ongle de mon pouce, et à l’autre extrémité j’eus un instrument nouveau .

Nous pûmes alors obtenir des sons distinctement perceptibles. Je me rappelle une expérience faite avec ce téléphone, et qui causa une grande satisfaction. L’un des téléphones était placé dans une salle de cours à l’Université de Boston, et l’autre, au rez-de-chaussée du bâtiment adjacent. L’un de mes élèves se rendit vers ce dernier téléphone, pour y observer les effets du langage articulé. Lorsque je dis cette phrase : Do y ou understand what I say,— par le téléphone placé dans ma salle de cours, la réponse arriva, à ma grande joie, dans l’instrument lui-même ; des sons articulés partaient du ressort fixé à la membrane. J’entendis: Yes, I understand you perfectly. Mais c’est une erreur de supposer que l’articulation lut absolument parfaite. Je devais m’attendre à cette réponse, et assurément cela facilita beaucoup sa réception. Toujours fut-il bien établi ainsi que l’articulation avait existé, et que si elle avait été indistinctement perçue, ce n’était qu’à cause de l’imperfection de l’instrument lui-même. Je vous épargnerai la description de toutes les phases de transformation de l’appareil; je me bornerai à vous dire qu’au bout d’un certain temps je produisis une première forme d’appareil qui remplit parfaitement les fonctions d'un téléphone récepteur. (Ce modèle de transmetteur est celui qui a été indiqué dans la Nature (no 201, du 7 avril 1877).
Dans cette condition, mon invention parut à l’exposition du centenaire à Philadelphie.
Ainsi la communication vocale n’était établie que dans un sens. Une autre forme de téléphone transmetteur exhibé à Philadelphie, et destiné à correspondre au récepteur, est représentée en la figure 3.

Un fil en platine, attaché à une membrane tendue, complétait un circuit voltaïque en plongeant dans l’eau.
Lorsqu’on parlait contre la membrane, on faisait partir, d’un téléphone placé dans un autre compartiment de l’Exposition, des sons articulés. Les sons que donnait le téléphone s’accentuaient lorsque l’eau était remplacée par de l’acide sulfurique dilué ou une dissolution de sel à saturation. Des sons articulés furent également obtenus par la vibration de la plombagine dans le mercure, dans une dissolution de bichromate de potasse, dans une eau saturée de sel, dans l’acide sulfurique dilué, et, dans l’eau pure. L’articulation produite par l’instrument primitif était singulièrement distincte, mais le grand défaut consistait dans ce fait que l’instrument ne pouvait servir de transmetteur, ce qui faisait que deux téléphones étaient nécessaires à chaque station, l’un pour transmettre et l’autre pour recevoir.
Je résolus donc de changer la construction ; je cherchai à modifier la dimension et la tension de la membrane, le diamètre et l’épaisseur du ressort en acier, la dimension et la puissance de l’aimant, les spires de fil isolé entourant les pôles, afin de découvrir par voie d’expérience l’effet exact de chaque élément de la combinaison, et de trouver ainsi une forme plus parfaite d’appareil. J’obtins une augmentation marquée de sonorité en raccourcissant les spires du fil, en élargissant le diaphragme en fer appliqué contre la membrane. Cette dernière circonstance corrigeait aussi la netteté de l’articulation. Finalement je supprimai la membrane en baudruche, et une simple plaque de fer fut seule employée.
Cette fois l’articulation était devenue parfaite. Cette nouvelle forme de l’instrument est indiquée par la figure 4, et, comme on l’avait prévu depuis longtemps, il fut bien constaté que la pile n’avait d’autre but que d’aimanter le noyau de fer doux de l’aimant, car les effets étaient les mêmes avec la suppression de la pile et le remplacement du fer doux par une tige d’acier aimanté.

Mon intention première, c’était que dans sa forme définitive, le téléphone devait fonctionner à l’aide d’un aimant permanent, et non par une pile. M. Watson d’une part, et moi de l’autre, nous fîmes de nombreuses expériences pour obtenir ce résultat. L’intérêt que causa la première publication de nos essais de téléphone engagèrent beaucoup de personnes à étudier ce sujet, et je ne doute pas que plusieurs d’entre elles n’aient individuellement découvert que des aimants permanents pouvaient remplacer des piles. En effet, M. le professeur Dolbear, de Tufts Collège, non-seulement prétend avoir inventé le téléphone magnéto-électrique, mais m’accuse de l’avoir, moi, inventé en m’emparant de son idée, que m’aurait confiée un ami commun. Un modèle d’appareil puissant fut construit au moyen d’un fort aimant composé, en fer à cheval, remplaçant la tige droite jusque-là en usage (voy. la figure 5).
Les sons obtenus par cet instrument sont en effet d’une étendue assez puissante pour se pouvoir entendre, faiblement, il est vrai, par une nom- nreuse assistance, et ce fut dans cos conditions que parut l’instrument à l’Institut d’Essex, à Salem, dans le Massachusetts, le 12 février 1877.
A cette occasion, un discours fut transmis de Boston, distant de seize milles de Salem, et fut distinctement entendu au téléphone correspondant dans cette ville. Le ton de la personne qui parlait fut nettement apprécié par six cents auditeurs, mais seulement à la distance de deux mètres de l’instrument. A la même occasion, le compte rendu d’une conférence fut transmis verbalement de Salem à Boston, et publié dans les journaux du lendemain. (1 Voy. 5° année 1877, 1 er semestre, p. 528)
D’après la forme du téléphone que représente la figure 4, on voit qu’il n’y a plus qu’un pas à faire pour arriver à la forme définitive. C’est l’arrangement la figure 4 rendu portatif.
L’aimant est placé dans l’intérieur de la poignée, et l’embouchure est plus commode (Voy. 5e année 1877, 1 er semestre, p. 289) .
Je dois ici exprimer ma reconnaissance à plusieurs amis, savants d’Amérique, pour leur concours et leur coopération à ces perfectionnements. Je veux surtout nommer le professeur Peirce, et le professeur Blake, de Brown University, le docteur Channing, M. Clarke etM. Jones. A Providence, dans le RhodeIs- land, ces messieurs ont faitdes expériences pour trouver la forme la plus convenable à donner au téléphone, et je suis heureux de pouvoir dire qu’ils m’ont com- muniqué chaque expérience nouvelle à mesure qu’elle a été faite, et qu’ils m’ont signalé chaque pas nouveau dans la recherche de ces perfectionnements. Inévitablement ces physiciens devaient se retrouver sur le terrain que j’avais déjà parcouru dans mes recherches, et en effet, plusieurs de leurs découvertes avaient déjà été faites par moi. Mais la manière si honorable dont ils me communiquèrent leurs résultats mérite mes plus chaleureux remerciments et ma plus haute estime.
J'ai toujours pensé qu’une certaine proportion devait exister entre les différentes parties d’un téléphone, et que la dimension elle-même de l’instrument n’avait point d’importance. Le professeur Peirce fut le premier qui démontra que les aimants à employer devaient avoir une extrême petitesse. Ici, pour indiquer le sens parallèle que nous avons suivi dans nos recherches, je dirai que deux ou trois jours après que j’eus construit le téléphone portatif, contenant l’aimant à l’intérieur de la poignée, le docteur Channing eut l’obligeance de m’envoyer une paire de téléphones, du même type, inventés par les expérimentateurs de Providence. La forme commode que j’ai adoptée a été inventée par mon ami Je professeur Peirce seul. J’exprime encore ma reconnaissance à mon ami et associé, M. Thomas A. Watson, de Salem, dans le Massachusetts, qui m’a prêté, il y a deux ans, son concours dans mes recherches téléphoniques.
En poursuivant ces recherches, je n’ai jamais perdu de vue l’unique but du perfectionnement pratique de la télégraphie électrique, mais j’ai rencontré un grand nombre de faits, qui, sans se rattacher directement à mon but, offrent néanmoins un certain intérêt. (Rescarches in Telephnny, Tract. of American Academie Arts and Sciences, vol. XII, p. 1 )
Par exemple, j’ai trouvé qu’un ton musical est émis par un morceau de plombagine ou de charbon de cornue, lorsqu’un courant intermittent d’électricité les traverse. J’ai observé les effets curieux d’audition que produisait le passage d’un courant intermittent au travers du corps humain. Plaçant un rhéotome dans le circuit d’une bobine d’induction, les fils primaires reliés au rhéotome, les petits fils à deux bandes de laiton, je mis l’une de celles ci contre l’oreille, et j’entendis qu’elle donnait un son clair chaque fois que de l’autre main je touchais l’autre bande. Ensuite, je tins une bande dans chaque main ; les courants induits donnaient un tremblement musculaire dans les doigts. Mettant l’index contre l’oreille, je perçus un bruit de crépitation, qui semblait sortir du doigt lui-même. Un ami présent plaça mon index contre son oreille, mais n’entendit rien. Je le priai de tenir lui-même les bandes, et alors il entendit distinctement un bruit (que, partant de son doigt, je ne pus entendre). Dans ce cas une portion des courants induits traverse la tête de l’observateur quand il place contre l’oreille son propre doigt, et il se peut que le son soit occasionné par la vibration des surfaces de l’oreille et du doigt en contact.
Quand deux personnes reçoivent la secousse d’une bobine Ruhmkorff en joignant les mains l’une de l’autre et chacune tenant de la main libre un fil de la bobine, un son part des mains jointes. Cet effet ne se produit pas quand les mains sont humides. Quand chacune des deux personnes touche le corps de l’autre, un bruit sonore part des points en contact. Quand le bras de l’une des personnes est posé contre le bras de l’autre, le bruit produit peut s’entendre à une distance de plusieurs pieds.
Dans tous ces cas l’on ressent une légère secousse aussi longtemps que dure le contact. L’introduction d’un morceau de papier entre les parties en contact n'empêche pas réellement la production des sons, mais évite les secousses désagréables.Quand le courant intermittent d’une bobine Ruhmkorff traverse les bras, une note musicale peut se percevoir à l’oreille appliquée contre le bras de la personne sur laquelle se fait l’expérience. Les sons partent, ce semble, des muscles de l’avant-bras et du biceps.
M. Elisha Gray ( Elisha Gray, Eng. Pat. Spec., n° 2646, août 1875) a également produit des effets perceptibles d'audition par le passage de l’électricité au travers du corps humain. Une note musicale très-claire est occasionnée par l’étincelle d’une bobine Ruhmkorff, lorsque le circuit primaire est alternativement fermé et ouvert avec une rapidité suffisante. Lorsque deux rhéotomes de différentes hauteurs ouvrent et ferment simultanément le circuit primaire, un son ou ton double part de l’étincelle.
Une curieuse découverte, qui peut offrir pour vous de l’intérêt, a été faite par le professeur Blake. Il construisit un téléphone dans lequel, au lieu de l’aimant permanent, il employait une tige de fer doux, de la longueur de six pieds environ. Un ami chanta d’un ton musical continu dans l’embouchure du téléphone actuel. Ce téléphone était relié à la pièce de fer doux dont nous venons de parler. L’on découvrit que la clarté du son produit dans ce téléphone variait avec la direction dans laquelle la tige était tenue ; et que le maximum d’effet était obtenu lorsque la tige était dans la position de l’aiguille d’inclinaison. J’ai constaté moi-même cette curieuse découverte du professeur Blake.
Lorsqu’un téléphone est mis dans le circuit d’une ligne télégraphique il semble qu’il émette des sons de lui-même. Souvent l’on entend les bruits les plus singuliers, dont la cause est jusqu’à présent restée obscure. Il est une sorte de bruits que produit l’influence inductive de fils voisins et de courants dérivés de ces fils. Les signaux de l’alphabet Morse, lesquels traversent ces fils, sont entendus dans le téléphone. Une autre sorte de bruits vient de l’action de courants terrestres sur le fil; c’est une modification très-curieuse du son, et que révèle la présence de jointures défectueuses dans le fil.
Le professeur Blake me dit qu’il a pu remplacer le fil télégraphique par le rail de la voie ferrée pour la conversation téléphonique. Il dit aussi qu’un seul téléphone relié au rail fait distinctement entendre les bruits du Morse, quoique les fils télégraphiques les plus rapprochés soient à la distance d’au moins quarante pieds.
Le professeur Peirce a observé aussi des bruits étranges produits dans le téléphone relié à un fil télégraphique durant une aurore boréale, et je viens d’entendre aussi parler d’un curieux phénomène étudié par le docteur Channing. Dans la cité de Providence, à Rhode-Island, un fil passant au-dessus de la toiture d’une maison, et de la longueur d’un mille environ, est muni d’un téléphone à chaque bout. Dans une occasion l’on entendit faiblement dans l’un des téléphones une musique accompagnée de chant. Ce fut comme si quelqu’un eût chanté en s’accompagnant du piano. Naturellement l’on fit la supposition que des expériences étaient faites avec le téléphone à l’autre extrémité du circuit, mais, vérification faite, la supposition se trouvait fausse.
L’attention se porta donc sur le phénomène, les appareils furent surveillés, et dans une autre occasion, le même fait se reproduisit aux deux extrémités de la ligne, et fut reconnu par le docteur Channing et ses amis. Il fut bien constaté que ces bruits persistaient pendant deux heures et ordinairement commençaient à la même heure. Des recherches faites le long de la ligne ne révélèrent rien d’anormal, et je suis dans l’impossibilité de vous donner une explication de ce curieux phénomène. Cependant le docteur Channing adresse sur ce sujet une lettre à l’éditeur de l’un des journaux de Rhode-Island lui donnant les titres des chants, tels qu’ils avaient pu être connus, et beaucoup de détails d’observation dans l’espoir que la publicité pourra conduire à la découverte du musicien, et donner ainsi la clef du mystère.
Mon ami M. Frederic A. Gower m’a communiqué une observation non moins curieuse qu’il avait faite sur la faible communication de terre requise pour établir un circuit téléphonique. Nous fîmes ainsi une série d’expériences, qui nous donnèrent des résultats surprenants. Nous prîmes donc deux téléphones adaptés à un fil isolé de la longueur de 100 yards environ dans un jardin, et nous pûmes engager une conversation avec la plus grande facilité, en tenant en main ce qui remplaçait le fil de terre, de façon à former à chaque bout la communication avec le sol au travers de nos corps et ayant aux pieds des chaussettes en coton et des bottes en cuir. Il faisait beau temps, et l’herbe que nous foulions était, en apparence, parfaitement sèche. Nous tenant sur une allée sablée, les sons vocaux, quoique diminués, étaient toujours parfaitement intelligibles; le même résultat se produisait quand on était sur un briquetage de la hauteur de un pied, mais, lorsque l’un de nous se tenait sur de la pierre de taille, nous n’obtenions plus aucun son.
Une expérience que nous fîmes fut si intéressante, que je dois en parler en détail. A l’extrémité de sa position M. Gower établit une communication entre la ligne et la terre en se maintenant sur une pelouse, tandis que de mon côté j’étais sur une planche. Je priai M. Gower de chanter une note musicale continue, et à ma grande surprise le son dans mon téléphone fut parfaitement distinct ; examinant la place de mon pied, je vis qu’il touchait un brin d’herbe recourbé à cette place. J’écartai cette herbe, et n’entendis plus rien du téléphone. Touchant du bout de la botte une herbe ou le pétale d’une pâquerette je percevais de nouveau le son.
La question qui se place ici naturellement est celle-ci : au travers de quelle longueur de fil le téléphone peut-il être employé ?
Je réponds à cette question que le maximum de résistance traversée par un courant ondulatoire reste à déterminer pour conserver une puissance qui suffise à produire au point d’arrivée un son perceptible. Cependant, dans des expériences de cabinet, nulle difficulté n’a été rencontrée à parler au travers d’une résistance de 60 000 ohms; c’est la plus grande résistance que j’ai eue à ma disposition. La longueur la plus grande de ligne télégraphique réelle au travers de laquelle j’aie essayé de conversera été de 250 milles. En cette occasion nulle difficulté n’a été rencontrée tant que des lignes parallèles ne fonctionnaient point. L’on choisit comme jour le dimanche, où d’autres lignes pouvaient ne pas être occupées, et une conversation fut échangée entre M. Thomas-A. Watson à Boston et moi à New-York, et elle dura jusqu’à l’ouverture du trafic sur les autres lignes. Quand ce trafic commença, les sons vocaux diminuèrent considérablement, mais cependant furent encore perceptibles, et ressemblaient au bruit d’une conversation échangée durant un orage. D’ailleurs, une conversation était devenue difficile, à cause de la confusion qu’y apportaient les courants perturbateurs.
Mon ami M. Preece m’a informé qu’une conversation a été échangée avec succès au moyen de téléphones portatifs au travers d’un câble de la longueur de 60 milles s’étendant de Dartmouth à l’île de Guernesey.

Al. GRAHAM Bell.

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