Le Téléphonoscope

Le téléphonoscope est un appareil de vision à distance imaginaire, que l'on peut considérer comme une anticipation de la visiophonie et de la télévision.

Le terme a été popularisé par Albert Robida, qui le décrit dans son roman "Le Vingtième Siècle "publié en 1883, et sa suite "Le Vingtième Siècle : La Vie électrique" publiée en 1893. C'est aussi le titre de la revue des amis d'Albert Robida.

« Le théâtre chez soi par le téléphonoscope », dessin d'Albert Robida à la plume et lavis à l'encre de Chine,
illustration de son roman Le Vingtième Siècle (1883).

Les merveilles du téléphonoscope
Extrait du livre d'Albert Robida : Le vingtième siècle. Edition Georges Decaux, Paris 1884.

Cinquante mille spectateurs par théâtre ! L'orchestre unique. Le théâtre chez soi.
Une représentation de Faust ! Les Horaces améliorés. Cinq actes et cinq clous.
Parmi les sublimes inventions dont les XXe siècle s'honore, parmi les mille et une merveilles d'un siècle si fécond en magnifiques découvertes, le téléphonoscope peut compter pour une des plus merveilleuses, pour une de celles qui porteront le plus haut la gloire de nos savants.
L'ancien télégraphe électrique, cette enfantine application de l'électricité, a été détrôné par le téléphone et ensuite par la téléphonoscope, qui est le perfectionnement suprême du téléphone. L'ancien télégraphe permettait de comprendre à distance un correspondant ou un interlocuteur, le téléphone permettait de l'entendre, le téléphonoscope permet en même temps de le voir. Que désirer de plus ?

Quand le téléphone fut universellement adopté, même pour les correspondances à grande distance, chacun s'abonna, moyennant un prix minime. Chaque maison eut son fil ramifié avec les bureaux de section, d'arrondissement et de région. De la sorte, pour une faible somme, on pouvait correspondre à toute heure, à n'importe quelle distance et sans dérangement, sans avoir à courir à un bureau quelconque. Le bureau de section établit la communication et tout est dit ; on cause tant que l'on veut et comme on veut. Il y a loin, comme on voit, de là au tarif par mots de l'ancien télégraphe.

L'invention du téléphonoscope fut accueillie avec la plus grande faveur ; l'appareil: moyennant un supplément de prix, fut adapté aux téléphones de toutes les personnes qui en firent la demande. L'art dramatique trouva dans le téléphonoscope les éléments d'une immense prospérité ; les auditions théâtrales téléphoniques, déjà en grande vogue, firent fureur, dès que les auditeurs, non contents d'entendre, purent aussi voir la pièce.
Les théâtres eurent ainsi, outre leur nombre ordinaire de spectateurs dans la salle, une certaine quantité de spectateurs à domicile, reliés au théâtre par le fil du téléphonoscope. Nouvelle et importante source de revenus. Plus de limites maintenant aux bénéfices, plus de maximum de recettes ! Quand une pièce avait du succès, outre les trois ou quatre mille spectateurs de la salle, cinquante mille abonnés, parfois, suivaient les acteurs à distance ; cinquante mille spectateurs, non seulement de Paris, mais encore de tous les pays du monde.

Auteurs dramatiques, musiciens des siècles écoulés ! ô Molière, ô Corneille, ô Hugo, ô Rossini ! qu'auriez-vous dit au rêveur qui vous eût annoncé qu'un jour cinquante mille personnes, éparpillées sur toute la surface du globe, pourraient de Paris, de Pékin ou de Tombouctou, suivre une de vos oeuvres jouées sur un théâtre parisien, entendre vos vers, écouter votre musique, palpiter aux péripéties violentes et voir en même temps vos personnages marcher et agir ?
Voilà pourtant la merveille réalisée par l'invention du téléphonoscope. La Compagnie universelle du téléphonoscope théâtral, fondée en 1945, compte maintenant plus de six cent mille abonnés répartis dans toutes les parties du monde ; c'est cette Compagnie qui centralise les fils et paye les subventions aux directeurs de théâtres.
L'appareil consiste en une simple plaque de cristal, encastrée dans une cloison d'appartement, ou posée comme une glace au-dessus d'une cheminée quelconque. L'amateur de spectacle, sans se déranger, s'assied devant cette plaque, choisit son théâtre, établit sa communication et tout aussitôt la représentation commence.
Avec le téléphonoscope, le mot le dit, on voit et l'on entend. Le dialogue et la musique sont transmis comme par le simple téléphone ordinaire ; mais en même temps, la scène elle-même avec son éclairage, ses décors et ses acteurs, apparaît sur la grande plaque de cristal avec la netteté de la vision directe ; on assiste donc réellement à la représentation par les yeux et par l'oreille. L'illusion est complète, absolue ; il semble que l'on écoute la pièce du fond d'une loge de premier rang.

M. Ponto était grand amateur de théâtre. Chaque soir après son dîner, quand il ne sortait pas, il avait coutume de se récréer par l'audition téléphonoscopique d'un acte ou deux d'une pièce quelconque, d'un opéra ou d'un ballet des grands théâtres non seulement de Paris, mais encore de Bruxelles, de Londres, de Munich ou de Vienne, car le téléphonoscope a ceci de bon qu'il permet de suivre complètement le mouvement théâtral européen. On ne fait pas seulement partie d'un public restreint, du public parisien ou bruxellois, on fait partie, tout en restant chez soi, du grand public international !

Après dîner, comme on ne sortait pas, M. Ponto s'étendit sans son fauteuil devant son téléphonoscope et se demanda ce qu'il allait se faire jouer.
"Oh, papa ! surtout pas de tragédie, ou nous nous en allons ! s'écria Barbe en allant s'asseoir à côté de lui.
- Choisis toi-même, alors, dit M. Ponto ; tiens, voici le programme universel que la Compagnie adresse chaque jour à ses abonnés.
- Un peu de musique, proposa Hélène.
- C'est cela, dit M. Ponto, j'aime la musique ; elle m'endort mieux que la simple prose ou les vers.
- Que joue-t-on à Vienne ? demanda Barnabette.
- Voyons : grand Opéra de Vienne... les Niebelungen de Wagner.
- Ah ! mon enfant, à Vienne, c'est commencé ! l'heure de Vienne avance de quarante-cinq minutes sur celle de Paris ; il est donc huit heures quarante-cinq, nous n'aurons pas le commencement.
- A Berlin, alors ?
- Non, c'est commencé aussi.
- Voyons, l'Opéra de New-York, en ce cas !
- Non, il est trop tôt, ce n'est pas commencé. New-York retarde, il nous faudrait attendre quelques heures.
- Restons à Paris, alors, dit Hélène ; que donne-t-on à l'Opéra de Paris ?
- Faust, répondit Barbe.
- Va pour Faust ! dit M. Ponto, je ne l'ai encore entendu que douze ou quinze cent fois... une fois de plus ou de moins !...
- Ah! dit Barbe consultant son programme, on a ajouté trois grands ballets nouveaux et une apothéose.
- Très bien ! très bien ! dit M. Ponto ; attention, mes enfants, je sonne. "
Et M. Ponto appuya sur le timbre de l'appareil et il prononça ces mots dans le tube téléphonique :
"Mettez-moi en communication avec Opéra de Paris !
Un timbre lui répondit immédiatement.
"La communication est établie ! dit M. Ponto ; baissez les lampes, nous n'avons pas besoin de lumière."
Une sorte d'éclair traversa la plaque de cristal, un point lumineux se forma au centre, grandit avec des mouvements vibratoires et des scintillements, puis brusquement la scène de l'Opéra toute entière apparut avec la plus grande netteté.
En même temps éclata le tonnerre des cuivres de l'orchestre; les trombones, les saxophones et les bugles, habilement perfectionnés et portés à un très haut degré de puissance, rugirent une phrase musicale à faire crouler un édifice moins solidement construit que la maison Ponto.
Hélène sentit comme un grand souffle qui faisait voltiger les cheveux, les lampes s'éteignirent tout à fait et les faïences sur les dressoirs frissonnèrent.

"Je vais modérer un peu, dit M. Ponto en tournant légèrement la clef du compteur ; l'orchestre nous assourdirait".
Le tumulte musical baissa de quelques tons et les cloisons de l'appartement cessèrent de vibrer.
Le docteur Faust en scène venait d'évoquer le Maudit ; quand il acheva son grand duo avec Méphistophélès, le téléphonoscope transmit comme un écho lointain le bruit des applaudissements de la salle.
"Ah ! on peut applaudir ? dit Barnabette .
- Parbleu ! répondit M. Ponto ; les spectateurs à domicile peuvent envoyer leurs applaudissements aussi. Tenez, j'ouvre la communication avec la salle, vous pouvez applaudir !
- Alors, fit Barbe en riant, on pourrait aussi transmettre des sifflets en cas de besoin ?
- Ah ! mais non, fit M. Ponto, c'est défendu ! Vous comprenez que s'il était permis de transmettre des marques d'improbation, des farceurs pourraient, du coin de leur feu, troubler des représentations...
- Mais alors, reprit Barbe, quand une pièce ennuie un spectateur à domicile, il n'a pas le droit de le dire ? C'est fort désagréable, il faut refouler ses sentiments et garder sa mauvaise impression pour soi.
- Mais non, petite sotte ; le spectateur à domicile peut siffler tout à son aise quand une pièce l'ennuie, mais il doit avoir soin de fermer la communication avec la salle ; de la sorte, il satisfait sa mauvaise humeur sans porter le désordre au théâtre ! Quand les spectateurs de la salle...

(... ceci n'est qu'un bref extrait d'un ouvrage qui comporte plusieurs centaines de pages et un grand nombre d'illustrations).
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L'Opéra est un des rares théâtre qui ont conservé un orchestre particulier. Les théâtre lyriques, on le conçoit, ne peuvent s'en passer, mais les autres théâtres se sont entendus pour payer à frais communs un seul orchestre établi dans un local spécial construit selon des données scientifiques, et relié à tous les théâtres par des fils téléphonique. L'orchestre central joue chaque soir quatre morceaux que les fils transmettent aux théâtres abonnés. Les théâtres ne sont pas forcés de jouer tous à la même heure ; par une combinaison phonographique, les morceaux sont retenus dans les tuyaux jusqu'au moment où le souffleur tourne le robinet placé dans le fond de sa boite.

Dans les ouvrages de Robida : Le Vingtième Siècle (1883), La Guerre au vingtième siècle (1883) et La Vie électrique (1892), leur action se déroule dans les années cinquante et soixante. Textes et illustrations dépeignent les incidences des apports scientifiques dans le quotidien des gens. Robida y aborde l’art de la guerre et de nombreux thèmes de société comme les transports, l’alimentation, la place des femmes…Il imagine aussi de multiples objets et techniques, et décline leurs usages. Dans le domaine des communications, il conçoit le ‘ téléphonoscope ‘ inspiré du téléphone de Graham Bell. En 1876, le chercheur d’origine écossaise brevète son invention capable de transporter et de restituer le son sur de longues distances.
Albert Robida voit plus loin : après la diffusion du son viendra forcément celle de l’image. ‘ Perfectionnement suprême du téléphone ‘, le téléphonoscope est une ‘ plaque de cristal ‘ de forme ovale rappelant les miroirs de salon. L’appareil est mis en scène dans le roman La Vie électrique, paru en 1892, et dont l’intrigue débute en 1955. Le Télé, ‘ abréviation habituelle du nom de l’instrument ‘ précise l’auteur, sert à la fois à dialoguer entre deux interlocuteurs et à diffuser des contenus. Robida en décline les usages. Au fil du roman, l’appareil fait office tour à tour de visiophone, de téléviseur, et même de poste Internet pour qui s’amuse à trouver une correspondance moderne.

Avant la description du téléphonoscope par Robida en 1883, la rumeur attribuait cette invention, sous le même nom, à Thomas A. Edison.
En fait, Thomas Edison avait bien inventé un téléphonoscope, mais ce nom avait fait travailler l'imagination, puisqu'il s'agissait de ce que nous nommons aujourd'hui un mégaphone.
Dessins du véritable téléphonoscope d'Edison.
Paru le 17 May 1878 dans "Technical Notes and Drawings" (Edison Papers at Rutgers University, by courtesy of Swann Galleries).
George du Maurier, "Edison's Telephonoscope", Punch, 9 December 1878.

Premier dessin d'Edison 'un telephonoscope, 2 April 1878, Edison Laboratory Notebook.

Dessins du véritable téléphonoscope d'Edison,17 May 1878 in Technical Notes and Drawings (Edison Papers at Rutgers University, by courtesy of Swann Galleries).

Edison est bien l'inventeur d'un téléphonoscope, qu'il présente à un de ses correspondants, Uriah Painter, dans une lettre (perdue) du 5 mai 1878 , et que Painter propose immédiatement de faire breveter, dans une lettre du 13 mai 1878. Mais il s'agit d'une sorte de double cornet acoustique, permettant de transmettre des conversations sur une distance de 1 à 2 miles.
Edison avait fait un premier dessin sur un carnet de note le 2 avril 1878. Le 10 mai, il fit des schémas en vue d'une demande de brevet. Les dessins apparaissent dans un ensemble intitulé "Laboratory Notebooks", réunis dans Notes and Drawings by Edison, propriété de Swann Galleries qu'Edison aurait présenté à l'artiste James E. Kelly en mai 1878.

Le projet de telephonoscope est cité dans le Boston Globe dès le 24 mai 1878. Il apparaît aussi dans un ouvrage sur le phonographe paru en 1878.
L'instrument fut ensuite connu sous le nom de mégaphone. Edison étudiera par la suite les applications pour les mal-entendants sous le terme d'auriphone. Divers articles sont parus dans la presse américaine début juin 1878 sur le megaphone, aussi appelé Edison's Ear Telescope.

En 1879, le journaliste et dramaturge Abraham Dreyfus introduit le téléphonoscope, trois ans avant son ami Albert Robida.

Avant Robida, le dessinateur anglais George du Maurier propose dans Punch's Almanack for 1879 (Punch du 9 décembre 1878) un dessin Edison's Telephonoscope, qui est aussi un appareil de vision à distance. On y voyait un couple, dans un salon à Londres, en visioconférence avec leur fille jouant au tennis à Ceylan.

Dans l'Almanach for 1879 de Punch (paru le 8 décembre 1878), George du Maurier fait écho à la rumeur selon laquelle Edison venait de mettre au point le téléphonoscope, censé permettre la communication visuelle à distance.
Le dessin de Du Maurier représente un couple de parents qui, assis dans leur fauteuil, regardent leur fille jouer au tennis à Ceylan et dialoguent avec elle. 'Notons que la jeune femme jouant au tennis est un thème récurrant dans Punch en 1878). Comme le père s'enquiert, en chuchotant, de la jolie compagne de sa fille, celle-ci lui promet une présentation en fin de partie.
Voici le texte de la légende :
(Every evening, before going to bed, Pater and Materfamilias set up an electric camera obscura over their bedroom mantel-piece, and gladden their eyes with the sight of their Children at the Antipodes, and converse gaily with them through the wire.)
Paterfamilias (in Willow Place): “Beatrice, come closer, I want to whisper.”
Beatrice (from Ceylon): “Yes, Papa dear.”
Paterfamilias: Who is that charming young lady playing on Charlie’s side!
Beatrice: “She’s just come over from England, Papa. I’ll introduce you as soon as the game’s over!”

Traduction :
(Tous les soirs, avant d'aller se coucher, le Père et la Mère de famille installent une chambre noire électrique au-dessus de la cheminée de leur chambre, se réjouissent de la vue de leurs Enfants aux Antipodes et conversent gaiement avec eux par le fil.)
Le Père (de Willow Place) : « Béatrice, approche, je veux te murmurer. »
Béatrice (de Ceylan) : « Oui, mon cher Papa. »
Le Père : Qui est cette charmante jeune femme qui joue aux côtés de Charlie !
Béatrice : « Elle arrive d'Angleterre, papa. Je te la présenterai dès que le match sera terminé ! »

Resituer le dessin de du Maurier dans son contexte
Ivy Roberts a reconstitué, dans un très intéressant article, le devenir de l'appareil durant le second semestre 1878. Elle suggère le concept de «folklore technologique» pour rendre compte des rumeurs, du ouï-dire et des commentaires des journalistes qui ont contribué à la construction de représentations culturelles du téléphone et de la lumière électrique. «Edison’s Telephonoscope» représente «discovery mania» en négociant entre les prétentions exagérées de l’invention et le rejet satirique des nouvelles technologies pour elles-mêmes. Elle encourage les historiens des médias à nuancer la perspective présentiste, qui associe le dessin de du Maurier à un écran de télévision ou électronique, avec le point de vue du lecteur contemporain, qui aurait compris la représentation non pas comme une prophétie mais comme une spéculation et une critique. de la technologie. Selon Roberts, "En associant le téléphone, un appareil spéculatif, au personnage de l'inventeur américain Thomas Edison, l'illustration de George Du Maurier fait la satire de la façon dont chacune de ces nouvelles inventions a fait monter la barre. Il signifie l'absurdité du progrès technologique futuriste et insinue une attitude sceptique à l'égard de la surenchère technologique."
Le scepticisme et les moqueries vis à vis des annonces d'Edison semble avoir commencé lorsque The New York Daily Graphic publie le 16 mai 1878 un article évoquant la discovery mania, article qui sera reproduit dans de nombreux quotidiens locaux.

"The discovery mania...", The New York Daily Graphic, 16 May 1878
Le téléphonoscope d'Edison mentionné dans The Daily Evening Traveller, 23 May 1878
Une variante : le Telescopophone, The Sun, June 7 1878

Cet article fait suite à une annonce d'Edison, dans le Chicago Tribune qu'il se faisait fort de mettre au point une "oreille artificielle", affirmation implicite de sa philosophie des prothèses sensorielles. Le journal new-yorkais en profitait pour ironiser sur la possibilité d'un oeil artificiel (ce à quoi rêvait déjà un journaliste du Scientific American en mai 1876 après la présentation de l'oeil électrique au sélénium des frères Siemens)...
A peine quinze jours après l'annonce du telephonoscope par le Boston Globle, plusieurs journaux, dont The Sun dans l'article "Edison Outdoing himself", le 7 juin 1878 - moquerie, simple erreur de transcription - parlent de telescopophone. Dès le lendemain The Sun rectifie le tir : le titre de l'article est "Edison's 'ear telescope" et l'inventeur explique que telescopophone n'est pas le nom de l'appareil, mais que celui-ci s'appelle megaphone. Fuite ou coïncidence, le terme megaphone apparaissait déjà dans une satire "A New Phone" publiée le 4 juin par The Burlington Hawk-Eye (Iowa).

Les critiques sur le caractère peu opérationnel de l'appareil se multiplient.
En septembre 1878, Edison présente son ampoule électrique et ses théories sur l'intérêt de développer l'énergie électrique, ce qui entraîne bientôt l'electric light mania, qui se propage en Angleterre et fait la joie des caricaturistes. Selon Roberts, le dessin de du Maurier, mais aussi les autres dessins de l'Almanak for 1879 de Punch doivent se comprendre dans ce contexte. Roberts avance l'idée que les lecteurs de Punch, en voyant le dessin du telephonoscope étaient bien au courant des déboires d'Edison avec son appareil. Le dessin de du Maurier offre l'avantage de fournir un cadre à l'écran, à une époque où le cinématographe n'existe pas encore. Dès le début du 20ème siècle, le dessin sera cité comme une anticipation de la télévision. (Voir en particulier "Du Maurier's Cartoon in London "Punch" 34 Years ago Anticipated Edison", The Sun, New York, March 16, 1913).
Le dessin de Du Maurier va assurer le succès du terme téléphonoscope dans le sens d'appareil de vision à distance.
"Telephonoskopikokosmos", Manchester Evening News 4 October 1879.

sommaire

L'attribution fantaisiste de l'invention du téléphonoscope n'est qu'une illustration parmi d'autres du véritable mythe qui, dès la fin des années 1870, entoure le "sorcier de Menlo Park".
Wyn Wachhorstt a bien montré que ce mythe se constitue dès les années 1877-1878, après l'invention du phonographe, la "machine qui fait parler les morts", autour d'un certain nombre d'anecdotes biographiques répétées à l'envi mais aussi d'associations à des mythes pré-existants (le magicien, Prométhée, Faust, Napoléon, le Professeur...). L'attribution à Edison de pouvoirs surnaturels dans ses capacités d'inventeurs est souvent illustrée par des plaisanteries telles que celle publiée le 1er avril 1878 par le New York Daily Graphic où on le crédite de l'invention d'une machine qui va "nourrir la planète entière en fabriquant des biscuits, de la viande, des légumes et du vin à partir de l'air, de l'eau ou de la terre"...

En France, le mythe d'Edison est notamment véhiculé par le magazine L'Illustration mais aussi par Le Figaro. Le roman L'Eve future de Villiers de l'Isle Adam - dont la première publication sous forme de feuilleton commence dans Le Gaulois en septembre 1880 - se présente explicitement comme un exercice sur ce mythe. Edison y est présenté comme l'inventeur de l'andréide, pure entité "magnéto-électrique" .
( Villiers de l'Isle-Adam, dont l'oeuvre s'inscrit dans le mouvement, issu du romantisme, de critique du positivisme scientifique, s'était documenté de manière assez précise sur les travaux d'Edison avant d'écrire son roman. On ne trouve pas dans l'Eve future de référence à un éventuel appareil de transmission des images à distance. Pour une analyse de ce roman, voir NOIRAY, J., Le romancier et la machine dans le roman français (1850-1900). Tome II, Jules Verne - Villiers de l'Isle Adam, Librairie José Corti, Paris, 1982.).

Albert Robida, directeur et principal auteur et illustrateur du magazine "La Caricature", est un des plus imaginatifs pour jouer du mythe.
La couverture du n°1 de cet hebdomadaire, paru le 3 janvier 1880, croise d'ailleurs habilement le mythe d'Edison avec celui d'Emile Zola : sous le titre "Nana-Revue" une pulpeuse Nana rousse se penche, d'une manière assez allusive, sur un "photo-phonographe". Dans le n°2, du 10 janvier 1880, on trouve, parmi les "Prédictions pour l'année 1880" :

Albert ROBIDA: "Nana-Revue", La Caricature, n°1, 3 janvier 1880. "Le fidélimètre d'Edison", La Caricature, n°25, 19 juin 1880

Le n°5 de La Caricature du 31 janvier 1880 évoque dans "Edison for ever" l'invention de la lampe électrique.
Le n°25, du 19 juin 1880, se délecte d'une "Nouvelle et merveilleuse invention d'Edison : le fidélimètre", appareil permettant aux maris de mesurer à distance le degré de fidélité de leurs épouses. Un Edison souriant, en extension, est représenté en couverture et les cinq lettres de son nom répétées à l'envi.

Dans le n°49, un article de Higrec, "Le téléphodore" attribue à Edison l'invention d'un appareil permettant la transmission à distance des odeurs .
"Le téléphodore, La Caricacture", n°49, 4 décembre 1880

La réaction d'Edison au canular du dioscope (décembre 1881)
La première intervention publique d'Edison est une réaction au canular du dioscope, lancé début octobre 1881 par le quotidien londonien Daily Telegraph et qui s'était rapidement propagé aux Etats-Unis. Selon ce canular, le dioscope, présenté dans le cadre du Congrès international d'électricité de Paris, permet la transmission à domicile, par fil, de captation de spectacle.

Le canular a probablement été inspiré par la démonstration de télé-photographie réalisée par l'électricien anglais Shelford Bidwell. En décembre 1881, une déclaration d'Edison sur la démonstration de Bidwell et la rumeur du dioscope est rapportée par diverse journaux. L'article le plus ancien que nous avons pu identifier est le "Another Wonderful Invention" de The Courier Journal, 27 December 1881 (Louisville, Kentucky), mais il est probable que celui-ci se base sur un article paru dans un organe new-yorkais.
"Mr Edison, in reply to a question as what he thought of the dioscope, said : "The ready imagination of the French has tinetured most that has appeared in the papers regarding Mr. Bidwell's invention, but I must admit that he has attained whatever success he claimed for his instrument. Still, not enough is promised to justify the wild rumors that orevail in some quarters. In turning sound into electricity you are able to move matter, but to turn light into electricity is a very different thing, especially as it would be necessary to transmit all the hues of a picture or a scene of an opera. Still, it is not an unreasonable plan, nor one impossible of accomplishment. But should it succeed, what good would it do ? It has no commercial value, but is merely a luxury. Until satisfied that I can do some good, I am unwilling to tackle such a thing, but as soon as I al convinced that it can be useful, I shall want nothing better".

L'inventeur reconnaît le succès de son collègue britannique mais indique qu'on est loin des rumeurs sur les capacités du dioscope, qu'il attribue à la fantaisie des journalistes français. Selon lui, la transformation de la lumière en électricité est beaucoup plus complexe que celle du son. Le projet n'est cependant absurde et pourrait même être réalisable. Cependant Edison n'en voit pas l'utilité et la valeur commerciale et ne se penchera sur cette question que lorsqu'il sera convaincu de son utilité.

La liste "Things doing and to be done" du 3 janvier 1888

Première page de la liste "Things doing and to be done" d'Edison, datée du 3 janvier 1888.

Si l'on ne repère pas dans les archives Edison de véritable dossier sur des travaux relatifs à la vision à distance, on pourra néanmoins noter que sur sa fameuse "things doing and to be done" du 3 janvier 1888 apparaissent des termes qui peuvent laisser à penser que la diffusion à distance des images ont effectivement fait partie de ses préoccupations quelques mois avant son voyage en Europe. On trouve en effet dans la liste des termes tels que photograph mirror, photograph relay, photograph telephone practical, cable photograph,

Edison a commencé à travailler sur l'image animée avec son assistant W.K.L. Dickson vers 1887 (5) En février 1888, il a reçu la visite d'Edward Muybridge et il semble que les deux hommes aient discuté de la possibilité de combiner le Zoopraxinoscope et le phonographe. Le 8 octobre 1888 rédige un caveat où il annonce son projet de mettre au point un appareil permettant la reproduction des images en mouvement, ce qu'il appelle un kinetoscope et charge son assistant Dickson de travailler sur ce projet.

La déclaration au Boston Journal, 12 mai 1889 : le projet de "far-sight machine"
Texte de l'article "Edison's Latest", Boston Journal, May 12, 1889

Le 12 mai 1889, le Boston Journal publie les déclarations d'Edison concernant ses projets pour l'Exposition universelle de 1892, dont il était alors envisagé qu'elle se tienne à New York, et qui en définitive aura lieu à Chicago. L'inventeur annonce qu'il travaille sur pas moins de soixante-dix inventions différentes. "Une des plus particulières et qui promet de grand résultats est ce que j'appelle une machine à voir au loin (a far-sight machine). Au moyen de celle-ci, j'espère être en mesure d'accroître la portée de la vision par centaines de miles, de manière telle qu'un homme à New York puisse voir les images de ses amis à Boston avec une facilité similaire à celle de voir une performance en scène. Ce serait une invention valable pour une place proéminente à l'Exposition internationale et j'espère l'avoir perfectionné bien avant 1892. Mais ce n'est pas tout. Je puis en toute tranquillité annoncer de nombreuses améliorations aux inventions électriques, de différentes espèces qui vont intéresser et instruire les visiteurs de toutes les parties du monde".
Cette déclaration d'Edison, peu citée par ses biographes, a cependant été largement reproduite ou citée par la presse professionnelle et par la presse américaine (notamment Electrical Review, 25 May 1899 ; Scientific American, 1st June 1889 La déclaration au Boston Journal arrive en Angleterre un mois plus tard et suscite un certain scepticisme "Was Mr. Edison in the Earnest ?" titre la St James Gazette (12 June 1889). "We confess that a declaration attributed to Mr. Edison by the Electrical Review rather tries our faith. (...) If this be acomplished the modest request 'Yeah gods annihilate but time and space and make two lovers happy' will not need to be repeated. By the aid of the phonograph or the telephone and the 'long night machine' Edwin and Angelina will be made happy at low cost" écrit The NottinghamEvening Post (13 June 1889). "Mr Edison, who has become more deaf than ever...", titre la Freeman's Journal, Dublin, Friday 21 June 1889. En juillet, le magazine satirique britannique publie des dessins sur la "far sight" machine" du Profesor Goaheadison qui permet de voir entre "Schicago and Borston".
Les coupures de presse dans le scrapbook tenu par son assistant Bachelor confirment l'intérêt de l'inventeur pour la vision à distance.

La déclaration d'Edison sur le téléphote à Paris en juillet 1889


"Conversations for the Times. Professor Goadheadison's Latest", Fun, 3 July 1889

En France, le mythe d'Edison atteint son apogée à l'occasion de la visite que fait l'inventeur à l'occasion à l'Exposition universelle de 1889.
Edison visite l'Exposition universelle de Paris en août 1889 et son guide n'est autre qu'Etienne Marey, qui lui fait visiter l'Exposition française de photographie (où exposent entre autres Nadar et les frères Lumière) et lui montre les résultats qu'il avait obtenu avec son chronophotographe.

Avant l'arrivée d'Edison, Le Figaro et l'édition parisienne du New York Herald rendent compte, le 23 juillet, d'un pli qui aurait déposé à l'Académie des sciences par un inventeur français, M. Courtonne, présentant les principes d'un téléphote concurrent de celui d'Edison. Cette information sera largement reprise dans la presse française et états-unienne, sans qu'il soit possible d'identifier avec précision ce M. Courtonne.

Une rumeur circule, dès avant l'arrivée d'Edison à Paris selon laquelle il arrivait "avec le téléphote dans la poche". Dans l'article "Sa Majesté Edison", dans le Figaro du 8 août 1889, dans lequel il compare l'inventeur à Zeus, Georges Robert écrit : "Edison a inventé le téléphone, le phonographe, une lumière qui détrône cette vielle lune cassée qui promène depuis des siècles ses morceaux sur nos têtes. Il invente le téléphote. Il fait tout pour nos. Ne faisons nous rien pour lui ?" Le journaliste paraît bien informé : "Il travaille à une talking doll, poupée qui parlera pendant une heure. Il vient d'achever son séparateur de minerai de fer et il espère inventer un bateau volant. Il ferait au dedans le vide par la compression de l'air, qui actionnerait deux ailes. Enfin, il s'occupe du téléphote, qui, justement retarde son arrivée parmi nous".

Lors de son arrivée au Havre, le 11 août, Gaston Calmette observe l'enthousiasme du public : "Tous impatients de saluer enfin Edison, le grand chercheur auquel la science moderne doit ses progrès les plus surprenants, Edison qui n'est jamais venu sur le continent européen et qui, chaque année, jette sur ce vieux monde qui ne le connaît pas quelques-unes de ses découvertes sublimes : hier, la lampe électrique incandescente et le téléphone, aujourd'hui, le microphone et le phonographe; demain peut-être, le téléphote, cet instrument merveilleux au moyen duquel on pourra voir à dix mille lieues la personne qui vous parlera !" Calmette rapporte même un entretien avec le Dieu : "Quand on l'interroge sur le téléphote, il répond que ses travaux sont en excellente voie et qu'avant un an il en fera connaître les résultats. En attendant, il va créer une Société des phonographes analogue à la Société des téléphones" (Le Figaro, 12 août 1889).

"G. Calmette, "Edison en France", Le Figaro, 12 août 1889.

Le 13 août, l'édition parisienne du New York Herald rapporte un entretien que son journaliste a obtenu avec Edisoon dans son appartement de l'Hotel du Rhin. Sous le sous-titre "A Seeing Machine", une des questions porte explicitement sur la possible invention par Edison d'"une machine à l'aide de laquelle un homme à New York pourrait voir ce que faisait sa femme à Paris", comme une sorte de reprise du fidélimètre de Robida. Edison répond en riant : "Je ne sais pas si ce serait un réel bienfait pour l'humanité. Les femmes protesteraient." Mais Edison confirme qu'il travaille sur la question et que ce sera sa priorité en rentrant aux Etats-Unis : "Cette invention-là serait utile et pratique et je ne vois pas pourquoi elle ne deviendrait pas bientôt une réalité, et une des premières choses que je ferai en rentrant en Amérique sera d'établir cet appareil entre mon laboratoire et mes ateliers de téléphone." De manière étonnante (car on ne trouve pas de trace ailleurs de cela), il affirme avoir déjà obtenu "des résultats satisfaisants en reproduisant des images sur cette distance, qui est seulement d'un millier de pieds". Et de manière tout aussi étonnante, il affirme qu'il serait ridicule de parler de la possibilité de se voir de New York à Paris, ce que la rotondité de la terre empêcherait de faire !

Le 16 août, Le Figaro rend compte de cette conversation.
"Une conversation avec Edison" (extrait), Le Figaro, 16 août 1889

The Brooklyn Citizen, en date du 7 octobre 1889, sous le titre "Edison's Talk" fait référence à l'entretien de Paris, et évoque, avec un certain scepticisme son annonce de l'importance de son entreprise au pavillon américain de l'Exposition universelle. "Au sujet d'autres propositions, nous ne sommes pas aussi sûrs. Il adore titiller ses auditeurs avec des déclarations extraordinaires, mais tellement extraordinaires sont les choses qu'il a faites qu'on n'est sage à ne pas se prononcer trop avant entre faits et plaisanteries. Il confie qu'il est en train de travailler sur un instrument qui transportera sur la distance l'apparence aussi bien que la voix d'une personne qui parle, ou, en d'autres mots qui soumettra la photographie à la transmission électrique de manière telle qu'on puisse voir aussi bien qu'entendre son propre correspondant à des milliers de miles de distance. Pour surprenante que soit cette proposition, elle ne l'est guère plus que le phonographe ou le téléphone. De fait, cette proposition serait seulement une modification du téléphone. Celui-ci enregistre les variations des impulsions de l'air, ce qui produit sur l'esprit, à travers l'oreille, l'impression du son. Le téléphote transportera les impulsions beaucoup plus délicates de la lumière. La différence entre les deux est la longueur d'ondes, mais leur relation est établie de nombreuses manières bien que jamais autant que par le fait que l'appareil auditif et l'appareil occulaire dans la tête d'un homme sont interchangeables, en tout cas en ce qui concerne les nerfs de transport et qu'ils sont analogues dans la méthode de recevoir et de transmettre des sensations. Cela ne devrait surprendre personne si dans un siècle on puisse voir l'illumination de la cathédrale Saint-Pierre à partir d'un bureau de téléphote (telephote office) à Brooklyn".

Si tel est bien ce qu'Edison a dit, il n'y a rien de très original par rapport à ce qui s'écrivait depuis 1877 et le délai annoncé (un siècle) indiquait clairement qu'il y avait beaucoup du concept à la réalité. La rumeur de son invention va pourtant se propager. Dans l'article "Le téléphote" paru dans Le magasin pittoresque (1889), C.Colin rend compte de l'attribution intempestive à Edison de l'invention d'un appareil permettant de transmettre les images à distance. Il est piquant de constater qu'un historien contemporain tel que Jacques Perriault, pourtant heureux précurseur de l'"archéologie de l'audio-visuel", se base sur l'article de Colin pour attribuer à son tour l'invention du téléphote à Edison. ("Nous terminerons par une autre invention de T.A. Edison, qui montre, à son tour, combien les modèles technologiques de ces hommes étaient en avance sur leur époque".)
The Star, Beattie, Kansas, 16 August 1889

L'Illustration, 14 septembre 1889
Edison's Talk", Brooklyn Citizen, 7 octobre 1889
Après Paris, Edison part pour Berlin, puis Heidelberg et repasse à Londres avant de s'embarquer pour les Etats-Unis. On retrouve dans les clippings des archives d'Edison un article de l'édition du 23 septembre 1889 du New York Herald faisant suite à un entretien avec Edison, victime d'un refroidissement à Londres mais très satisfait de son séjour à Paris. Interrogé sur ses projets projets, il élude la question, mais indique que ses prochains travaux ne sont pas sans rapport avec l'électricité.

Le 6 octobre, Edison est de retour à New York et commente pour les journalistes les résultats de son voyage. L'Exposition de Paris l'a enthousiasmé, mais il indique n'avoir rien appris en matière d'électricité. Il confirme qu'il travaille sur un appareil qui permettrait de voir son interlocuteur au téléphone, mais qu'il n'est pas sûr qu'il y ait un marché, or il ne s'intéresse qu'aux inventions qui ont un débouché commercial. Ce pragmatisme a surpris ses interlocuteurs européens.

Hertz, Liesegang et Marey
Ses déclarations au Pittburgh Dispatch, 7 octobre 1889 nous apprennent qu'il a rencontré le Professeur Hertz. Celui-ci a publié deux ans auparavant ses premiers articles sur les effets photoélectriques de deux étincelles. Il indique que celui-ci conduit des recherches abstraites qu'il n'est pas possible d'expliquer à un public non familiarisé, mais Edison reconnaît que le professeur allemand "va nous expliquer ce que c'est que l'électricité" Il était cependant bien trop tôt en 1889 pour que soit évoquée l'hypothèse de la transmission d'images, et mêmes de sons, par les ondes hertziennes, dont Hertz n'avait pas encore démontré le potentiel.
Il est possible qu'en Allemagne, Edison ait aussi rencontré le chimiste Raphaël Eduard Liesegang Celui-ci, deux ans plus tard, va lui dédier sa brochure Beiträge zum Problem des elektrischen Fernsehen. Probleme der Gegenwart, la première publication en allemand entièrement consacrée à la vision à distance. Liesegang cite la déclaration d'Edison au New York Herald. Il semble qu'une correspondance ait existé entre les deux hommes en 1889-1890 et qu'Edison se soit intéressé au Phototel proposé par Liesegang et même quil ait cherché à acquérir l'appareil de télévision (Fernsehapparat) du chimiste allemand. C'est du moins ce qu'atteste un article paru dans la Deutsche Allgemeine Zeitung du 1er novembre 1939. C'est également en 1890 que Liesegang déposera aux Etats-Unis une demande de brevet pour son phototel. En 1890, Liesegang déposera une demande de brevet aux Etats-Unis pour son Phototel.
La nouvelle du projet d'Edison arrive en Italie via la publication allemande Electro Techniker (Il Progresso, Rivista italiana di scienze naturale, 10 Aprile 1891, p.49)

A Paris, Edison a également été stimulé par ses discussions avec Etienne-Jules Marey, Edison déposa quatre caveats relatifs à un appareil de cinéma. La quatrième, déposée le 2 novembre 1889, est relative à l'utilisation de film sensible et transparent, perforés des deux côtés "comme sur les bandes du télégraphe automatique de Wheatstone". Dès le 2 septembre 1889, Dickson a commandé à George Eastman des rouleaux de films. Les historiens du cinéma dans cette évolution des travaux d'Edison, l'influence des recherches françaises.

L'annonce du 12 mai 1891 du kinetograph comme appareil de vision à distance
Le troisième épisode se joue dans le contexte de la préparation de la Columbian World Exhibition qui doit se tenir à Chicago en 1893 pour célébrer le 400ème anniversaire de l'arrivée de Christophe Colomb.. L'inventeur se rend à Chicago pour la préparation de l'événement et, le 12 mai, rencontre les journalistes, qui lui demandent quelles seront les inventions qu'il apportera à l'Exposition..
Le premier article semble être celui du Chicago Evening Post du 12 mai 1891. De nombreux articles de presse rendent compte des déclarations d'Edison, de manière plus ou moins complète. Les plus complets sont ceux de The Wichita Daily Eagle (24 mai 1891), The Wheeling Intelligence, (25 mai 1891) et Washington Post (27 juin 1891).
En combinant le contenu des différents articles, il est à peu prêt possible de reconstituer la communication de l'inventeur dans ses détails.

Edison annonce qu'il devrait venir à l'Exposition avec "deux ou trois choses à montrer qui je pense seront une surprise et plairont aux visiteurs du département Electricité de l'Exposition, dont, en tout cas, je suis convaincu qu'elle sera un grand succès. Deux de ces inventions ne sont pas encore prêtes pour être décrites ni même caractérisées. La troisième, cependant, est quasi parfaite et je n'hésite pas à dire quelque chose à son sujet. Elle comprendra des éléments à la fois du téléphone et du phonographe, et sera égale, et même dépassera la somme de leurs mystères combinés. Mais l'invention n'aura pas de valeur commerciale. Elle aura plutôt une valeur sentimentale. Elle n'est pas encore parfaite. Quand elle le sera, elle vous surprendra.
J'espère être capable par cette invention de projeter (to throw upon) sur une toile (canvas) l'image parfaite de n'importe qui et de reproduire ses paroles. Ainsi, si Madame Patti devait chanter quelque part, l'invention mettra son image complète (full-lenght picture) sur la toile de manière si parfaite qu'elle permettra de distinguer chaque détail et expression de son visage, de voir toutes ses actions, et d'écouter la ravissante mélodie de sa voix incomparable. L'invention fera pour l'oeil ce que le phonographe a fait pour la voix, et reproduira la voix tout aussi bien; n fait de manière plus claire.
J'ai déjà perfectionné l'invention à un point tel qu'il est possible de représenter (picture) un combat professionnel (prize-fight), les deux hommes sur le ring et l'intensité des visages intéressés de ceux qui les entourent. Vous pouvez entendre le son des coups, les acclamations d'encouragement et les hurlements de déception. Et quand l'invention aura été perfectionnée, ajoute M.Edison avec une trace de lueur d'enthousiasme sur son visage, un homme pourra être assis dans sa bibliothèque à la maison, et disposant d'une connexion électrique avec un théâtre, il verra reproduit sur son mur ou sur un morceau de toile les acteurs et entendra tout ce qu'ils disent. La seule chose que l'invention requière est la finesse de reproduire les caractéristiques et les expressions. C'est mon intention de tenir prêt pour l'Exposition mondiale une telle combinaison heureuse de la photographie et de l'électricité de manière à permettre un homme de s'asseoir dans son propre salon et de voir représenté (depicted) sur un rideau (curtain) devant lui les formes des interprètes dans un opéra sur une scène distante, et d'entendre la voix des chanteurs. Quand le système sera perfectionné, ce qui j'espère sera le cas pour l'exposition, les muscles du visage du chanteur, chaque regard de son oeil et chaque expression seront vues. Chaque couleur dans les vêtements des interprètes sera également reproduite. De plus, le spectateur, assis au coin du feu, verra chaque personne dans la pièce bouger de sa position d'une manière naturelle, juste comme si elles étaient les vraies personnes elles-même.
Je peux placer un appareil de manière telle qu'il dominera (command) un coin de rue et après l'avoir laissé enregistré (register) les vues des passages (passing sights) durant un laps de temps, je peux les projeter (cast) sur une toile de manière telle qu'ils transportent (carry) ainsi chaque caractéristique et mouvement des passants, même les tics sur les visages pourront être vus et si un de vos amis passe durant ce laps de temps, vous pourrez le savoir. L'invention sera appelée kinetograph. La première partie du mot signifie "mouvement" et la seconde 'écrire" et les deux ensemble signifient la représentation (portrayal) du mouvement. L'invention combine la photographie et la phonographie".

De cette déclaration, il ressort plusieurs éléments qui sont généralement occultés dans les histoires du cinéma. Tout d'abord l'idée d'Edison est bien que le kinetograph doit fournir une image projetée, sur une toile, un rideau ou un écran. Certes, le kinetoscope d'Edison ne réalisera pas ce projet, qui implique que le spectateur se penche sur une boîte pour regarder des images microscopique, et il faudra attendre C. Francis Jenkins et les frères Lumière, pour assister à de véritables projections. Ensuite, l'idée est bien qu'il y ait transmission des spectacles (d'opéra, de théâtre, de sport) pour une consommation à domicile. Certes, l'idée n'est pas neuve. Elle avait été formulée dès 1878 par le polonais Julian Ochorowicz (qui citait également la cantatrice Adelina Patti), par Albert Robida en 1882 dans son roman Le Vingtième Siècle ou encore, en 1888, par Edward Bellamy dans sa dystopie Looking Backward: 2000–1887. .Mais il est important de noter que la réflexion d'Edison a évolué par rapport à sa déclaration de 1889, qui parlait plutôt d'un complément visuel à la téléphonie, mais pas de transmission de spectacles. Notons enfin qu'Edison parle bien de transmissions en couleurs, ce qui est une innovation complète par rapport à l'état de la photographie à cette date.
Bien sûr, la proposition jetée en pâture aux journalistes est exagérée, mais elle a le mérite de définir un programme, que finalement d'autres réaliseront.
Les réactions dans la presse à ces déclarations, entre le 12 et le 27 mai (date du dévoilement des caractéristiques du kinetograph) sont très diverses. The Philadelphy Inquirer - qui qualifie l'appareil de photo-phonograph - imagine la disparition des théâtres, le problème que cela posera pour les jeunes amoureux contraints de regarder les spectacles en famille, et évoque la possibilité de diffuser les sermons. The Marville Times fait de la surenchère et annonce qu'Edison a mis au point un appareil qui permet d'entendre les sons qui sont émis sur le soleil. "Bientôt ce gars communiquera avec les habitants de la lune" (13 mai 1891). Le Prof. Wiggins, expert en prédictions météorologiques annonce qu'il écrit un roman qui décrira la vie sur Jupiter et qui intégrera l'invention d'Edison (The Helena Independent, 24 mai 1891). La possibilité de regarder les combats sportifs à distance va supprimer un tas de problème pour la police, ironise le Saint Paul Daily (19 mai 1891). "Les amoureux pourront s'entendre et se voir à distance, mais cela n'aura aucun charme, à moins de trouver un autre stratagème" observe The Morning Call (21 mai 1891). De même The Wahpeton Times écrit : "A moins que la machine de M. Edison ne transmette l'odeur du blend de whisky, des oignons et du chou brûlé, les clients des pugilats se plaindront de ce qu'une indéfinissable essence manque pour la jouissance complète des démolitions à longue distance" (28 mai 1891).The Sedalia Weekly Bazoo note la concurrence que le kinetograph va représenter pour les photographes "The man with the kodak may begin to tremble for his occupation" (26 mai 1891).

En France, un billet du journal Le Mot d'ordre (28 mai 1891) compare cet appareil annoncé au téléphonoscope qu'Albert Robida avait décrit dans Le Vingtième siècle (1882). Dans Le Monde illustré (23 mai 1891), Pierre Véron reprend la thématique classique du spectacle à domicile, mais regrette que cet "inouïsme" ne sera pas disponible avant sa mort. Le 1er novembre 1891, Ernesto Mancini, chroniqueur scientifique de L'Illustrazione italiana, constate que, contrairement à ce qui avait été annoncé, l'appareil du thaumaturge Edison ne répond pas à l'objectif annoncé de la vision à distance.

Mais divers commentateurs sont d'emblée séduits par la proposition : "Si Edison réalise ses promesses à l'Exposition mondiale, le mot "surprise" pourra être rayé du dictionnaire. Les gens ne considérerons plus rien comme impossible" (Pittsburg Dispatch, 27 mai 1891). The Morning Call (21 mai 1891) évoque "la réalisation des rêve des auteurs spéculatifs qui ont décrit la vie telle qu'elle sera dans les siècles à venir" et The Indianapolis Journal évoque le roman de Bellamy, dont Edison va réaliser l'utopie (14 mai 1881). Pour The Wheeling Daily Intelligencer (25 mai 1891), "Edison n'est pas un jongleur et quand il dit quelque chose, il sait de quoi il parle. Un dispositif (contrivance) qui apporte un combat de boxe dans les plus humbles chaumières marquera une avance remarquable pour notre civilisation".

Les plus enthousiastes auront certains dû déchanter, malgré la nouveauté de l'appareil, lorsque le kinetograph sera présenté.

L'article paru dans le numéro daté de mai 1891 de la revue Phonogram est cité par les historiens du cinéma (C. Musser, L.Mannoni) comme la seule source relatant la première présentation du kinetoscope à bande pelliculaire perforée, qui eût lieu le 20 mai 1891 lors d'une visite du Women's Club au laboratoire d'Edison à West Orange, soit huit jours après l'annonce faite le 12 mai à Chicago. Le 28 juin 1891,
"Bavardage", Le mot d'ordre, 28 mai 1891
Edison communique finalement à la presse la description technique du kinetograph et son "téléphone cosmique". Les deux articles les plus souvent cités par les historiens sont ceux, plus détaillés, parus dans The Sun, du 28 mai 1891, qui publie un schéma de l'appareil et dans le Scientific American du 20 juin 1891, qui propose la première photographe d'un ruban de pellicule.

Le kinetograph. Schéma paru dans The Sun, 28 mai 1891.

Le 31 juillet 1891, Edison formule les demandes de brevet du kinetoscope et du kinetograph. Une nouvelle présentation aux journalistes a lieu le 29 avril 1893 et la première démonstration officielle a lieu le 9 mai 1893 à la réunion annuelle du Départment de physique du Brooklyn Institute of Arts and Sciences.
Le kinetograph dit '1889" (en réalité datant probablement de 1891).

"Le téléphote n'a jamais existé que dans l'imagination des news-paper men"
Le 28 avril 1893, dans son laboratoire de West Orange, Edison reçoit l'envoyé du Figaro, l'écrivain et bibliophile Octave Uzanne. Les deux hommes ont sympathisé lors de la visite de l'inventeur à Paris, en 1889. Peut-être Uzanne avait-il évoqué à cette occasion le génie prospectif de son ami Albert Robida, qui, dans Le Vingtième siècle (1882) avait poussé beaucoup plus loin que Du Maurier la déclinaison des usages possibles du téléphonoscope ?
Uzanne, qui visiblement ignore les articles de la presse américaine de mai 1891, demande à Edison si le kinetographe est la même chose que le téléphote. La réponse, qui paraît dans Le Figaro du 9 mai 1893 est cinglante.

Le 12 février 1896, Edison expérimente la diffusion de photographies par rayons X sur câble téléphonique
Dans les versions précédentes de cette page, j'écrivais : "L'interview de Uzanne est la dernière évocation par Edison que nous connaissions des questions liées à la vision à distance. Probablement a-t-il pris conscience que la transmission des images était prématurée et qu'il fallait d'abord perfectionner le kinetograph et assurer la production de films. Mais a-t-il pour autant cessé de s'intéresser à la question ?"
L'examen des articles de presse consacrés aux recherches menées par Edison sur les rayons X, dès janvier 1896, m'a permis de mettre en évidence un fait ignoré par les biographes d'Edison et par les historiens de la téléphotographie et de la télévison : le 12 février 1896, Edison a expérimenté la transmission d'images par rayons X sur un câble téléphonique. Cette expérience n'a donné aucun résultat probant, mais elle est la première d'auutres investigations sur une telle hypothèse, que d'autres explorerons : H.L. Smith (février 1896), J.G. Vine (févrer 1896), F.L. Close (1896), Robert D'Unger (1896), Elias E. Ries (1896), Huber (1896), René Darmezin (1906), Adriano Nisco (1924).
Edison mettra au point au printemps 1896 un fluoroscope, qui permet d'observer le corps humain par rayons X sans recours à une plaque photographique et qui est un des premiers appareils permettant d'observer le mouvement en direct. Cet appareil rencontrera une forte audience dans la presse.
A l'automne 1896 Edison proposera un télégraphe autographique, qui permet la transmission de dessins par télégraphe. Comme il le reconnaîtra lui-même, cet appareil n'est qu'un perfectionnement du modèle de Caselli.

L'apport d'Edison au développement de la télévision selon Vladimir Zworykin
Dans son livre Television. The Electronic of Image Transmission, Vladimir Zworykin, l'inventeur de la télévision cathodique, crédite Edison d'avoir découvert en 1883 qu'un courant négatif pouvait circuler à partir d'un filament incandescent dans une ampoule sous vide. Il a obtenu en 1984 le brevet US307 031, le premier brevet américain pour un appareil électronique. appareil). Edison ouvrait ainsi la voie aux recherches sur les émissions thermioniques, développées par O.W. Richardson (Prix Nobel de Physique 1928) qui allaient permettre le perfectionnement des tubes à vide en vue de leur utilisation en T.S.F.. et dans la télévision électronique. (ZWORYKIN and MORTON, 1940) . Les physiciens parlent à ce sujet de l'"effet Edidon". Sur l'histoire de l'effet Edison, voir Harold Gardiner BOWEN, The Edison Effect, Thomas A. Edison Foundation, ca; 1951)

La relance du mythe en février 1904
En février 1904, un article du London Mail, qui va avoir une diffusion internationale, Edison aurait fait dans les jours précédents une nouvelle annonce d'un système de vision à distance par fil et couple le mythe d'Edison avec celui de Jan Szczepanik, qui date de 1898 et que l'on aurait pu croire éteint après le fiasco de l'annonce de la démonstration de son Telelectroscope à l'Exposition universelle de Paris.
Il serait d'ailleurs intéressant de savoir si Edison, en 1898, s'est intéressé au Telelectroscope de Jan Szczepanik, que Mark Twain avait surnommé l"Edison autrichien". Plusieurs articles sur cet appareil sont parus dans la presse américaine, et on n'imagine mal que Mark Twain, qui avait rencontré et soutenu Szczepanik à Vienne, n'ait pas évoqué ses travaux lorsqu'il rencontra son ami Edison. Et qu'a pensé du téléphote du français Rignoux qui fit la une du Scientific American Supplement le 22 mai 1915 ? Et comment reçut-il, en 1925, les succès de C. Francis Jenkins dans la diffusion d'images à distance par son Radiovision, ce même Jenkins, de vingt ans son cadet, qui, dès 1894 avait obtenu un brevet pour son Phantoscope et avait été un des principaux challengers sur le marché des techniques cinématographiques ?
Faute de documents indiquant une évidence d'éventuels travaux, il faut bien admettre que l'apport d'Edison est ténu. La publication des archives Edison est en cours aux Etats-Unis, mais il s'agit d'un projet immense. Les archives Edison représentent environ quatre millions de pages. L'édition intégrale n'en est qu'à son cinquième volume, correspondant aux écrits d'Edison en 1879....

En attendant, le mythe continue : Internet, qui est également le moyen le plus efficace de propager les mythes (et les bêtises) fournit la possibilité à un quidam d'écrire que "Plus récemment, les découvertes de Thomas Edison, conjuguées à celles de Constantin Senlecq donnaient naissance au tube cathodique, déjà baptisé "télévision" lors de l'exposition universelle de 1900."

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Le téléphonoscope d'Albert Robida

En France, le terme telephonosocpe devra sa fortune au talent d'Albert Robida qui, dans Le Vingtième Siècle et La Vie électrique va décliner les usages sociaux à venir de ce qui ne s'appelle pas encore la télévision.
On retrouve le telephonoscope dans une fantaisie d'anticipation "Vienna Century Hence"

Trois ans avant la publication du Vingtième Siècle de Robida, un de ses amis, le journaliste et dramaturge Abraham Dreyfus avait lui aussi proposé un téléphonoscope 'Le buste de Dumas'. (Propos de l'an 2000), paru dans La Vie moderne du 22 novembre 1879. Dans ce texte, le téléphonoscope apparaît plutôt comme une radio avec publicité.
L'action du Vingtième Siècle se déroule en 1952 et celui de La Vie électrique en 1955. Robida profite de l'intrigue, assez simple, pour présenter un monde du futur très différent de celui des lecteurs de 1883 : parmi les inventions qu'il décrit, le téléphonoscope préfigure à la fois la télévision, l'Internet et les appareils nomades.
Il s'agit d'un écran mural plat qui permet de communiquer à distance et diffuse les dernières informations à toute heure du jour et de la nuit, les dernières pièces de théâtre, des cours et des téléconférences. Il permet la visiophonie, mais il offre aussi des distractions (spectacles, feuilletons, dont l'un intitulé Purée de poubelles, informations).
Les programmes sont entrecoupés de publicités obsédantes. L'appareil est constitué d'un mince écran de verre accroché comme un tableau au mur du salon, mais il existe aussi une version de poche qui permet à chacun de suivre les programmes à tout moment.

Robida écrit ainsi : « Excellent pour les voyageurs, le téléphonoscope !... on ne craint plus de s’expatrier, puisque tous les soirs on retrouve sa famille au bureau du téléphonoscope ! ».

Comme pour la télévision moderne, le dispositif est couramment désigné par l'abréviation « télé » .

Illustrations d'Albert Robida pour ses romans Le Vingtième Siècle (1883) et La Vie électrique (1893).
Le journal téléphonoscopique.

Les cours par téléphonoscope.

Sulfatin accapare la cabine du téléphonoscope.


Une erreur du téléphonoscope.

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La revue "Le Téléphonoscope "

Editeur : Association des Amis d'Albert Robida
Le Téléphonoscope est édité par les amis d'Albert Robida depuis mai 1998 ... Paraissant une fois par an au format A4, réalisé en quadrichromie sur un papier glacé beige, par offset ou impression numérique, ce qui lui confère une qualité bibliophilique. Il contient de nombreux dessins souvent inédits et reproduits à partir des originaux mis à la disposition de l'Association par ses membres collectionneurs.
Le Téléphonoscope regroupe des articles autour d'un sujet précis, ouvrage écrit et/ou illustré par Robida ou un des thèmes de son œuvre.

 

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