LES TICKETS TÉLÉPHONIQUES


Document P .Fallot, Besançon .

Alors que le TÉLÉPHONE fait aujourd’hui l’objet de légitimes récriminations, que les efforts certains de l’Administration ne parviennent pas encore à apaiser, il est intéressant de voir dans quelles conditions cette nouvelle invention, aujourd’hui jugée indispensable, fut, voilà 90 ans, mise à la disposition du Public .

Paris fut la première ville d’Europe dotée d’un Téléphone urbain ; et en 1886, fut réalisée la première liaison internationale entre Paris et Bruxelles .
L’ADMINISTRATION DES POSTES ET TÉLÉGRAPHES avait été chargée de mettre ce nouveau moyen de communication en pratique : le 12 août 1888, elle rendit compte de la manière dont était résolu ce problème, dans une circulaire dont voici un extrait :
« Les réseaux téléphoniques sont de deux natures : les réseaux interurbains qui mettent deux villes en relation ; les réseaux urbains qui « mettent en communication les habitants d’une même ville.
« La création des réseaux interurbains entraîne de grandes dépenses et ne peut être entreprise que dans la mesure des ressources budgétaire .
« Les bureaux urbains, au contraire, sont d’une construction prompte, facile, peu coûteuse, et leur exploitation assure un rendement largement rémunérateur dans tous les centres où ils répondent à un réel besoin .
« Par un Traité du 25, XT 1886, le Ministre des Postes et Télégraphes a concédé pour 3 ans à la SOCIÉTÉ DES TÉLÉPHONES l’exploitation de tous les réseaux téléphoniques urbains créés, ou à créer sur toute «l’étendue du territoire .
On trouvera dans l’« HISTOIRE POSTALE DU TERRITOIRE DE BELFORT » (1) des précisions sur les conditions d’Installation des lignes téléphoniques .
Quant aux conditions de leur Exploitation, elles nous sont révélées par M . FALLOT, l’auteur de l’« HISTOIRE POSTALE DU DOUBS » (2), qui a bien voulu confier aux Documents Philatéliques le fruit des recherches qu’il a faites dans les collections et la documentation de la Maison de la Poste et de la Philatélie .

(1) R .DE FONTAINES, 1961, pages 252 et suivantes .
(2) Prix littéraire 1973 de la Fédération des Stés Phil. de France — P .FALLOT, Don Dép. des P .T .T . 25018 Besançon CEDEX, 122

Mais rappelons d’abord que le Journal Officiel du 9 août 1875 avait annoncé l’ouverture d’un concours pour la création d’un nouveau type de timbres-poste; il était précisé que :
« L’Artiste dont le projet aura été choisi pour devenir le type du timbre-poste français recevra un prix de 1 . 500 francs .
« Deux indemnités l’une de 500 francs, l’autre de 300 francs, seront « allouées aux auteurs de deux esquisses qui seront classées en 2¢ et 3¢ ordre
« Les trois esquisses primées appartiendront à l’Administration .
Ce fut le modèle présenté par J.A. SACE, artiste modeste, peintre d’histoire, figurant d’après l’auteur « le Commerce et la Paix s’unissant et régnant sur le monde », qui fut classé premier et servit pendant 25 ans à la fabrication de nos timbres-poste .
Quant au deuxième projet primé, dû à M. CHAPLAIN, célèbre graveur de médailles, membre de l’Institut, et représentant une femme assise, il resta inemployé jusqu’en 1880 .
On décida alors de l’utiliser à la place de type Sage pour affranchir les nouvelles « Cartes-Télégrammes » et cartes pour « Tubes Pneumatiques », bien connues des Collectionneurs d’Entiers Postaux .
.
Télégramme type Chaplain. Timbre type Sage.

Ce fut encore le type Chaplain qui illustra à partir de 1885 les TICKETS TELEPHONIQUES dont il va étre question.

(N .D .L .R. ou Note De La Rédaction)

Date de naissance : 31 Décembre 1884 Date de décès : 28 Décembre 1910

sommaire

Introduction

Pendant 26 ans furent utilisés des tickets téléphoniques, appelés actuellement timbres-téléphone .
Or qui peut indiquer avec précision les dates de mise en service des « tickets », les chiffres de tirage ? Chercher la totalité de ces vignettes, c’est se lancer dans une aventure aux difficultés quasi-insurmontables ! Il est plus difficile de trouver le n° 30 du catalogue YVERT et TELLIER, 3 F vert, qu’un vermillon ou un bleu de Prusse !
La définition des tickets est donnée par l’article de l'Instruction 123 n° 519 sur le recouvrement et la comptabilité des produits téléphoniques (édition de 1905) : « Les tickets sont des figurines d’une valeur conventionnelle émises par l’Administration pour servir à la représentation des taxes des communications échangées par l’intermédiaire des cabines .»
Comme les timbres-poste les tickets téléphoniques étaient fournis aux bureaux par les Receveurs principaux approvisionnés eux-mêmes par l’Agent Comptable de la fabrication des timbres-poste .
Il s’agit donc bien de vignettes postales, et la circulaire du 28 décembre 1910 qui a supprimé l’emploi des tickets à partir du le janvier 1911 précise : « les tickets seront renvoyés à l’Agence Comptable de la fabrication des Timbres-poste par l’intermédiaire de la Direction . Le public sera admis à échanger contre des Timbres ou contre espèces les tickets restés en sa possession » .
Avant ces tickets, eurent cours les formules typographiques répertoriées sous les numéros 1 et 2 dont la date de mise en service est, elle aussi, inconnue .
Il serait utile de dresser la liste des oblitérations rencontrées sur ces formules, lieu et date, mais si ces timbres sont rares à l'état neuf, ils le sont encore plus oblitérés ! S’agissait-il de formules émises par la Société Générale des Téléphones, ou plutôt d’un mode d’exploitation des réseaux créés par l’Etat dès 1883 ? Le mystère reste entier .
À noter que I'« Histoire des Timbres-poste français » (MAURY 1949) ne fait pas état de ces formules .

Le rapport du 23 décembre 1892 l’étude des tickets téléphoniques ne peut être dissociée de l’histoire du téléphone et avant de s’engager dans le labyrinthe des décrets de la fin du x1x° siècle il est bon de lire le rapport présenté au Ministre du Commerce et de l’Industrie le 23 décembre 1892 par le Directeur Général des Postes et des Télégraphes .
« ... Service téléphonique.
L’apparition du téléphone, pour le public européen, date de l’Exposition universelle de 1878, et c’est en 1879, alors qu’il n’existait encore aucun réseau téléphonique en Europe, que le Gouvernement français fut saisi d’une demande de concession .
L’Administration des Postes et des Télégraphes accorda les autorisations sollicitées qui, d’ailleurs, n’avaient d’autre caractère que celui de simples 124 permissions données pour un délai restreint, et n’aliénaient aucun des droits de l’Etat .
Le 10 décembre 1880, s’opéra la fusion des trois sociétés concessionnaires, pour constituer la Société Générale des Téléphones, dont les pouvoirs d’exploitation des réseaux expiraient le 8 septembre 1889 .
Huit jours avant cette échéance, I'Etat, usant des droits que lui conféraient le cahier des charges et la loi du 16 juillet 1889, prenait possession, sous réserve des indemnités dues aux concessionnaires, des réseaux exploités par cette société, à PARIS et dans dix villes importantes des départements et de I Algérie .
Dès 1883, l’Etat avait construit et exploité plusieurs réseaux urbains,en dehors des villes où la Société des Téléphones s’était établie .
Il importait, en effet, d’assurer le bénéfice des exploitations téléphoniques aux villes secondaires délaissées par cette société,
L’Etat avait, de plus, rattaché à certains de ses réseaux urbains, comme des satellites, des réseaux annexes, installés dans les localités ou groupes de localités qui constituent, en quelque sorte, la banlieue des grands centres industriels .
Dans un autre ordre de faits, il avait inauguré les communications téléphoniques à grande distance, en reliant les réseaux urbains entre eux ; c’est ainsi que PARIS a été mis successivement en relation téléphonique avec BRUXELLES, LE HAVRE, REIMS, ROUEN, LILLE, LYON, MARSEILLE, etc .
Mais ces premiers travaux d’essai n’avaient qu’un caractère en quelque sorte préparatoire .

L’organisation téléphonique en France ne date, en réalité, que de la reprise de la concession à la Société Générale des Téléphones ; on doit considérer cette œuvre comme l’une des plus imporianies améliorations introduites, depuis 1889, dans les services qu’administre la Direction Générale des Postes et des Télégraphes .
Depuis le 1er septembre 1889, en effet, tous les réseaux ne forment plus qu’une seule exploitation placée dans la main de I’Administration, qui travaille à coordonner et à développer ces éléments divers, afin de faire entrer l’emploi du téléphone dans les habitudes de la population .
Pour se rendre compte de l’état présent auquel on est arrivé par des améliorations successives, toutes introduites depuis les derniers mois de l’année 1889, il convient de considérer séparément :
a) les réseaux urbains ;
b) les réseaux interurbains ;
c) les bureaux téléphoniques municipaux .

A . — RÉSEAUX URBAINS, A la date du 1e" septembre 1889, les réseaux téléphoniques urbains fonctionnant en France étaient soumis à deux régimes différents d’exploitation : l’exploitation par l’Etat et l’exploitation par l'industrie privée .
Cette situation créait une diversité très grande de tarifs d’abonnement ; ils étaient :
1° Dans les réseaux exploités par U'industrie privée :
a) De 600 F pour les abonnements principaux à PARIS ;
b) De 400 F pour les abonnements principaux dans les autres réseaux :
¢) De 200 F à PARIS et dans les réseaux des départements pour les abonnements supplémentaires, comportant l’usage d’un poste greffé .
Pour les abonnés propriétaires d’établissements publics, qui mettaient le téléphone à la disposition de leur clientèle, l’abonnement, double de l’abonnement normal, élevait à 1 . 200 F à PARIS, à 800 F dans les autres réseaux les redevances annuelles exigibles des abonnés de cette catégorie .
Il n’existait aucun réseau dans les localités voisines des diverses villes sièges des réseaux concédés, et notamment dans la banlieue parisienne ;
2° Dans les réseaux exploités par l’Etat :
A 200 F pour les abonnements principaux dans les réseaux comprenant moins de 200 abonnés ;
A 150 F dans les réseaux comprenant plus de 200 abonnés .
Les cercles et établissements publics acquittaient, comme dans les réseaux concédés, un abonnement double de l’abonnement normal .
D'autre part, et afin de développer dans des conditions économiques pour les abonnés l’usage du téléphone autour des villes,‘ sièges de ses réseaux, l’Etat avait prévu l’organisation de réseaux annexes, qu’il rattachaït au réseau principal ; on évitait ainsi aux abonnés la dépense onéreuse de l’établissement d’une ligne spéciale .
Les abonnés aux réseaux annexes acquittaient le même abonnement que les abonnés au réseau principal, augmenté d’un supplément de 10 F par kilomètre de fil pour l’usage de la ligne de rattachement des deux bureaux centraux .
Aussitôt après la prise de possession, l’Administration s’est appliquée à unifier les conditions demandées aux abonnés d’un même reseau Les tarifs d’abonnement ont été fixés ainsi qu’il suit par des décrets successifs
— Dans le réseau souterrain de PARIS : 400
— Dans le réseau souterrain de LYON : 300 , (Décret du 31 mai 1890)
— Dans les réseaux des villes comportant une population supérieure à 25000 âmes (Décret du ? novembre 1890)
— Dans les réseaux aériens des villes comportant une population inférieure à 25000 âmes 180 (Décret du 7 novembre 1890) 126
Le montant de l’abonnement principal est réduit de 50 % au profit des établissements de l’Etat, et de 25 % au profit des établissements des dépar- tements et des communes .
Il est augmenté de moitié pour ceux des établissements privés ouverts au public, tels que cafés, restaurants, etc … dont les propriétaires déclarent qu'ils veulent mettre le téléphone à la disposition de leur clientèle (Décret du 31 mai 1890) .
Le nombre des abonnés aux divers réseaux téléphoniques a progressé dans une proportion importante .
De 11440 à la fin de l’année 1889, il a passé à 18191 au 31 décembre 1891 .
L’augmentation est de 6751, soit 59 % en deux ans .
Pendant la même période, le nombre des abonnés du réseau de PARIS est passé de 6255 à 9965, soit une augmentation de 3710 abonnés en deux années .
D’autre part, le nombre des réseaux urbains exploités par l’Etat qui, au 31 décembre 1889, était de 40, s’élevait à 112 au 31 décembre 1891 .
On comptait, au 30 septembre 1892, 135 réseaux avec 20164 abonnés, au lieu de 11440 au 31 décembre 1889 .
Enfin le montant des abonnements en cours, au 31 décembre 1889, était de 3 880 000 F ; au 1e juillet 1892, il atteignait 6 125 366 F .
Les circuits téléphoniques aboutissent fréquemment dans des villes qui n’offrent pas les ressources locales nécessaires pour justifier la création de réseaux téléphoniques urbains .
Dans ces conditions, il eût été excessif d’imposer le paiement de l’abonnement normal de 150 F ou de 200 F, suivant l’importance de la population, aux personnes désireuses de posséder, à domicile, un poste téléphonique qui leur permit d’utiliser, sans déplacement pour elles, le circuit interurbain .
Pour remédier à cet inconvénient, un décret du 23 mars 1891 a autorisé la création de réseaux spéciaux dits RESEAUX A CONVERSATIONS TAXÉES .
Le tarif d’abonnement est, dans ce cas, de 50 F .
Les conversations de toute nature qu’elles soient échangées à l’intérieur ou l’extérieur du réseau, sont taxées d’après le tarif des communications interurbaines, c’est-à-dire à raison de 50 centimes par 100 kilomètres ou fractions de 100 kilomètres et par unité de 5 minutes .
Moyennant un complément d'abonnement de 50 F dans les réseaux souterrains, et sans être tenus à acquitter aucune redevance supplémentaire dans tous les réseaux aériens, les abonnés ont le droit de transmettre et de recevoir leurs télégrammes par téléphone, sans dérangement pour eux .
Le nombre des télégrammes transmis de la sorte, dans la seule agglomération parisienne a atteint 17 193 dans le courant du mois d’octobre 1892 .
Aux termes de Uarticle 18 de la police d’abonnement, les abonnés des divers réseaux urbains peuvent converser gratuitement à partir des cabines téléphoniques .
Il leur est délivré une carte d’identité .
Les particuliers sont admis également à correspondre, à partir des cabines téléphoniques publiques, dans l’intérieur d’un réseau, moyennant le paiement d’une taxe de 50 centimes à PARIS et de 25 centimes en province, par 5 minutes de conversation .
Des abonnements annuels pour conversation par cabine sont donnés au prix de :
— 80 F à PARIS,
— 60 F à LYON,
— 40 F dans les réseaux aériens .
On compte aujourd’hui 376 cabines publiques ; le produit des taxes des conversations s’est élevé :
— En 1889 à 68 007,50 F ;
— En 1890 à 100 653,50 F ;
— En 1891 à 210 722,50 F ;
et pour les neuf premiers mois de 1892 à plus de 250 000 F .
Ces chiffres témoignent hautement de l’utilité de ce service .

Un décret, en date du 1° mai 1891, a organisé, dans les réseaux urbains, un service de MESSAGES TELEPHONES .
Dans l’intérieur des réseaux, le public peut, moyennant une taxe de 50 centimes pour cing minutes, expédier, par le téléphone, un télégramme qui est reçu au bureau postal ou télégraphique le plus voisin du destinataire et remis,par ses soins, à domicile. Les abonnés peuvent, de leur domicile, expédier des messages dans les mêmes conditions .
Ce service, organisé au mois de novembre 1890, dans un certain nombre de bureaux de PARIS, a été étendu successivement à tous les bureaux télégraphiques de la Capitale .
Il a été accueilli par le public avec une grande faveur, et le nombre des messages téléphonés a pris immédiatement une grande importance ; il était de 8 990 en octobre 1891 et de 23 681 en octobre 1892 .
17 circuits téléphoniques ont été mis en service, dans le courant de l’année 1890, et 65 en 1891 ; un grand nombre d’autres sont en cours de construction .
Au 1e* janvier 1890, les circuits téléphoniques en service dans I'intérieur du territoire représentaient une longueur de 1 940 kilomètres et un développement de 3 880 kilomètres de fil .
Au 1% janvier 1892, ils représentaient une longueur de 4 587 kilométres et un développement de fil de 9 174 kilomètres .
La plupart des réseaux primitivement concédés à la Société Générale des Téléphones (LYON, BORDEAUX, MARSEILLE, ROUEN, etc ... ont subi une réfection plus ou moins complète .
A PARTS, les travaux de transformation, qui doivent réduire de 12 à 4 le nombre des bureaux de quartier, se poursuivent activement .
L’hôtel de la Rue Gutenberg, qui doit recevoir le principal poste desservant le centre de PARIS, vient d’être achevé et le montage des appareils y est commencé (1) .
Partout les appareils trop imparfaits du début ont été remplacés par d’autres plus à hauteur des progrès accomplis .
A PARIS, notamment, et dans les principales villes, les anciens commutateurs à manœuvre lente font place aux instruments du type dit MULTIPLE, qui permettent un service beaucoup plus sûr et plus prompt .
Des tableaux de ce genre sont déjà en service à PARIS, à LILLE, à MARSEILLE, et d’autres sont en projet pour LYON, BORDEAUX, NANTES, ete…

B . — RÉSEAUX INTERURBAINS .
Les premières lignes interurbaines construites aux frais de l’Etat et livrées au service, à la date du 31 décembre 1889, étaient au nombre de 11, ayant un développement de 1 940 kilomètres .
La loi du 20 mai 1890, en inaugurant une sorte d’association de l’Etat et des intéressés a permis de donner à ces travaux une vive impulsion .
À la date du 30 septembre 1892, le nombre des circuits interurbains en service était de 162 avec un développement de 8 882 kilomètres .
Les principales villes reliées à PARIS sont : LILLE, VALENCIENNES, ROUEN, LE HAVRE, REIMS, ÉPERNAY, CHALONS- SUR-MARNE, AMIENS, SAINT-QUENTIN, MELUN, TROYES, NANCY, ÉPINAL, DIJON, LYON, MARSEILLE, BORDEAUX, NANTES, TOURS, ORLÉANS, VICHY, VERSAILLES .
En outre des fils relient entre elles les villes de :
1° LILLE, ARMENTIERES, ARRAS, CALAIS, CAMBRAI, DOUAI, DUNKERQUE, FOURMIES, HALLUIN, MAUBEUGE, ROUBAIX, TOURCOING, VALENCIENNES .
2° ROUEN, LE HAVRE, BOLBEC, CHARLEVAL, DIEPPE, ELBEUF, ETRETAT, FÉCAMP, HONFLEUR, LILLEBONNE, LOUVIERS, PONT-AUDEMER .
3° REIMS, CHALONS-SUR-MARNE, ÉPERNAY, MÉZIÈRES, CHARLEVILLE, SEDAN .
4° TROYES, BAR-SUR-SEINE, ROMILLY-SUR-SEINE .
5° LYON, SAINT-ÉTIENNE, SAINT-CHAMOND, VIENNE, MARSEILLE, AIX .
6° BORDEAUX, PAUILLAC, ARCACHON, LIBOURNE .
7° NANCY, LUNEVILLE, TOUL, ÉPINAL .
De plus, trois circuits établis, à frais communs, par les gouvernements français et belge, relient PARIS à BRUXELLES ; un autre va s’ouvrir (1)
Le central Gutenberg devait être détruit par un incendie en 1908 entre VALENCIENNES et MONS, et trois autres, créés de compte à demi avec l’Angleterre, relient PARIS à LONDRES .
Il est à remarquer que ces trois circuits sont les seules lignes téléphoniques sous-marines de quelque importance existant dans le monde entier .
La taxation des conversations interurbaines a pour double base la durée de la conversation et la distance des points reliés, sur le pied de 50 centimes par cing minutes et par distance de 100 kilomètres .
Le produit de ces taxes pour les circuits français a été de : 138 885 F en 1889 ; et de 325 057 F, pour les neuf premiers mois de 1892 .
Sur les circuits franco-belges, le produit est de 140 739 F, dont 84 443 F pour la France .
Sur les circuits PARIS-LONDRES, de 263 100 F dont 144 705 F pour la France .

C . — BUREAUX TÉLÉPHONIQUES MUNICIPAUX .
Un décret en date du 20 octobre 1889, a créé des bureaux téléphoniques municipaux destinés à relier, par un fil téléphonique, au bureau télégraphique le plus voisin, les localités autres que les chefs-lieux de canton .
Aux termes d’un autre décret, en date du 9 juillet 1890, la concession de ces bureaux est subordonnée au versement des frais de premier établissement, dont la commune intéressée doit faire l’avance .
Cette avance est ensuite remboursée à la commune, au moyen d’une surtaxe de 25 centimes, appliquée, jusqu’à complet remboursement de l’avance Jaite au Trésor, à tous les télégrammes originaires ou à destination du bureau téléphonique municipal concédé .
Les communes ou les particuliers ont la faculté de s’exonérer de l’application de cette surtaxe, en faisant à l’Etat l’abandon de la somme représentant les frais de premier établissement .
Sous le régime de ces nouvelles dispositions, l’Administration a mis en service :
— 10 bureaux en 1890,
— 70 bureaux en 1891,
— 53 bureaux dans les premiers mois de 1892 .
Enfin la création de plusieurs autres bureaux a été décidée ; un grand nombre d’entre eux sont en construction .
En vue de donner de nouvelles facilités au public, je fais rechercher les moyens de donner aux bureaux téléphoniques municipaux le double caractère de bureaux recevant et expédiant les télégrammes et de bureaux cen- traux de réseaux téléphoniques municipaux .
Ils ont été pourvus de cabines téléphoniques publiques et mis en relation directe, soit entre eux, soit avec les réseaux voisins .
Les particuliers peuvent y être reliés par des fils spéciaux, ce qui leur permet à la fois, de recevoir et de transmettre les télégrammes sans quitter leur domicile ; ils peuvent encore converser de leur domicile par les circuits urbains et interurbains auxquels ils sont reliés .
Ce nouveau service est susceptible d’une grande extension .
C’est ainsi que le bureau téléphonique municipal de BLÉVILLE, relié au HAVRE a été muni d’une cabine publique, qui permet de communiquer verbalement avec tous les abonnés du réseau du HAVRE et même de ROUEN, PARIS, ete… On compte déjà plusieurs bureaux de cette catégorie .

LES TARIFS

Ces quelques pages brossent un tableau intéressant du service télé-phonique de la fin du xrx siècle et nous permettent de nous reporter plus facilement quatre-vingts ans en arrière, à une époque où il n’était question ni de câbles coaxiaux, ni de faisceaux hertziens, et encore moins de Télécommunications Spatiales !
Etudions les décrets qui furent souvent à l’origine de la création ou de la modification des tickets téléphoniques .
DECRET DU 31 DECEMBRE 1884
ARTICLE 1 .
Toute personne peut, à partir des cabines téléphoniques mises par l’Etat à la disposition du public, correspondre, soit avec une autre personne placée dans une cabine téléphonique de la même ville, soit avec un abonné du réseau .
La taxe à percevoir pour l’entrée dans les cabines publiques est fixée par 5 minutes de conversation :
— A PARIS à 0,50 F .
— Dans toutes les autres localités de France, d’Algérie et de Tunisie à 0,25 F .
ARTICLE 2 .
Des communications téléphoniques à distance peuvent être mises à la disposition du public .
Les lignes auxquelles est appliquée cette mesure sont indiquées par décision ministérielle .
La taxe à percevoir par 5 minutes de conversation de ville à ville est fixée pour toute distance inférieure à 100 kilomètres à 1 F . etc ...

TICKET DE 25 CENTIMES n° 3 bleu sur chamois (catalogues Thiaude et Yvert), TICKET DE 50 CENTIMES n° 4 rouge sur rose (catalogues Thiaude et Yvert) .
Les premières lignes interurbaines furent ROUEN-LE HAVRE (ler janvier 1885), LILLE-DOUAI (18 mai 1885), LILLE-DUN- KERQUE (19 juillet 1885), PARIS-REIMS (ler décembre 1885) .
PARIS-LE HAVRE fut mise en service le 8 mai 1887, PARIS- ROUEN le 25 juin 1887, PARIS-LILLE le 1¢* décembre 1887, PARIS- MARSEILLE le 6 août 1888, etc ...
La taxe de 1 F par 100 kilomètres (TICKET DE 1 F rouge sur azuré n° 5 Thiaude et Yvert) a été appliquée également à des liaisons d’une distance supérieure .
Décret du 27 .10 .1885
— PARIS-REIMS : 172 km 1 F ; puis PARIS- LILLE : 250 km, PARIS-ROUEN : 136 km, PARIS-LE HAVRE : 228 km ;
Décret du 28 juillet 1888
— PARIS-MARSEILLE : 888 km 3 F .

Première liaison internationale : PARIS-BRUXELLES .
Un décret en date du 28 décembre 1886 fixe le tarif de la communi-cation à 3 F .
TICKET DE 3 F noir sur vert n° 6 (Thiaude et Yvert) .
En 1888 le service des Postes et Télégraphes est rattaché au Ministère du Commerce et l’intitulé « Ministére des Postes et des Télégraphes » devient « Postes et Télégraphes » .
TICKET DE 50 cts rouge sur rose n° 8 (Thiaude) 9 (Yvert) .
TICKET DE 1 F rouge sur azuré n° 9 (Thiaude) 10 (Yvert) .
TICKET DE 3 F noir sur vert n° 10 (Thiaude) 11 (Yvert) .

DECRET DU 19 OCTOBRE 1889 ET ARRETE DU 28 OCTOBRE APPLICABLE LE 1er NOVEMBRE 1889
Simplification des taxes des conversations téléphoniques interurbaines .
« La taxe élémentaire à payer par conversation téléphonique interurbaine est fixée à 50 centimes par 5 minutes et par 100 kilomètres ou fraction de 100 kilomètres de distance calculée d’après le parcours réel de chaque ligne .»
Exemple : PARIS-ROUEN 1 F .
PARIS-LE HAVRE : 1,50 F .
PARIS-MARSEILLE : 4,50 F .

DÉCRET DU 31 OCTOBRE 1890
« Il est créé pour les heures de nuit un tarifde conversation à prix réduit dans le service de la correspondance téléphonique interurbaine .
Ce tarif est fixé à : 30 centimes par 5 minutes et par 100 kilomètres ou fraction pour les conversations ordinaires et à 20 centimes pour les conversations par abonnement .»
TICKET DE 30 CENTIMES noir sur lilas n° 11 (Thiaude) 8 (Yvert) .
Un arrêté pris le même jour détermine les heures dites de nuit : 21 heures à 7 heures et les circuits ouverts au service de nuit à partir du 16 novembre 1890 : PARIS-LYON/PARIS-MARSEILLE/LYON-MARSEILLE/PARIS- LILLE/PARIS-ROUEN/PARIS-LE HAVRE .

DECRET DU 5 SEPTEMBRE 1895 APPLICABLE LE 1* JANVIER 1896
Abaissement des taxes .Développement des relations entre localités voisines .
ARTICLE 1 : La taxe à payer à l’entrée d’une cabine téléphonique publique pour obtenir une communication dans un réseau local est fixée uniformément à 25 centimes .
Cette taxe s’applique également à l’échange des conversations entre abonnés appartenant à un même réseau à conversations taxées .
ARTICLE 2 : La taxe à payer par conversation téléphonique interurbaine qui était fixée à 50 centimes par 100 kilomètres est réduite à 25 centimes lorsque la distance entre les points reliés (parcours réel de la ligne télé- phonique la plus courte) ne dépasse pas 25 kilomètres, TICKET DE 25 CENTIMES bleu sur chamois n° 7 (Thiaude et Yvert) .

ARRÊTÉ DU 20 DÉCEMBRE 1895 APPLICABLE LE 1 JANVIER 1896
Diminution de la durée des communications interurbaines .
À partir du 1°" janvier 1896 la durée de l’unité de communication applicable aux conversations téléphoniques interurbaines dont la taxe a été réduite exceptionnellement à 0,25 par l’article 2 du décret du 5 septembre 1895 sera fixée à 3 minutes .
Les n° 3 et 7 sont surchargés, à 5 minutés dans le service local, 3 minutes dans le service interurbain » et deviennent les n°5 :
TICKET DE 25 CENTIMES bleu sur chamois n° 12 (Thiaude et Yvert) .
TICKET DE 25 CENTIMES bleu sur chamois n° 13 (Thiaude et Yvert) .
Le n° 8 (Thiaude) ou 9 (Yvert) reçoit la méme surcharge ; sa valeur est modifiée .
TICKET DE 25 CENTIMES SUR 50 CENTIMES rouge sur rose n° 14 {Thiaude et Yvert) .
Impression d’un nouveau ticket de 25 centimes :
TICKET DE 25 CENTIMES bleu et rouge sur chamois n° 15 (Thiaude et Yvert) .
En 1897 la légende « Bulletin de Conversation » est transformée en « Bulletin de Communication » .
TICKET DE 25 CENTIMES bleu sur chamois n° 16 (Thiaude et Yvert) .
TICKET DE 30 CENTIMES brun-noir sur lilas n° 17 (Thiaude et Yvert) .
TICKET DE 50 CENTIMES rouge sur rose n° 18 (Thiaude et Yvert) .
TICKET DE 1 F rouge sur azuré n° 19 (Thiaude et Yvert) .
TICKET DE 3 F noir sur vert n° 20 (Thiaude et Yvert) .

DECRET DU 16 NOVEMBRE 1897 La taxe des conversations locales est ramenée à 3 minutes et le tarif passe de 25 à 15 centimes .
« Dans tous les réseaux (sauf celui de PARIS) la durée de l’unité de conversation pour la correspondance locale est fixée à trois minutes, et la taxe de la conversation locale unité est réduite à 15 centimes .
TICKET DE 0,15 SUR 25 CENTIMES bleu sur chamois, surcharge rouge ou noire n° 21 (Thiaude et Yvert) .
TICKET DE 15 CENTIMES noir n° 23 (Thiaude et Yvert) .

DÉCRET DU 29 DÉCEMBRE 1898

APPLICABLE LE 1er JANVIER 1899 Modification des taxes interurbaines .
ARTICLE 1 .
L’unité admise dans le service téléphonique interurbain de jour et de nuit, tant pour la perception des taxes que pour la durée des communications est la conversation de 3 minutes .
ARTICLE 2 .
La taxe de l’unité de conversation interurbaine de jour est fixée ainsi qu’il suit :
— Entre deux réseaux d’un méme département : 0,40 F .
— Entre les réseaux de deux départements : 0,25 F par 75 km ou fraction de 75 km de distance mesurée à vol d’oiseau, de chef-lieu de département à chef-lieu de département, avec minimum de 0,40 et maximum de 3 F par unité de conversation,
ARTICLE 3 .
La taxe de l’unité de conversation de jour est maintenue à 0,25 F entre 2 réseaux appartenant ou non au même département et mis en relation par des lignes dont la longueur réelle n'excède pas 25 km .
TICKET DE 40 CENTIMES brun-rouge n° 26 (Thiaude et Yvert) .
TICKET DE 75 CENTIMES rose n° 28 (Thiaude et Yvert) .

DÉCRET DU 7 MAI 1901 APPLICABLE LE 1er OCTOBRE 1901
Diminution de la taxe de l’unité de conversation et fixation à 25 centimes de la taxe interurbaine cantonale .
ARTICLE 20 .
La taxe de l’unité de conversation locale de jour et de nuit est fixée à 15 centimes dans le réseau de PARIS, 10 centimes dans tous les autres réseaux .
ARTICLE 21 .
La taxe de l’unité de conversation interurbaine de jour est fixée ainsi qu'il suit :
— Entre réseaux d’un même département : 0,40 F .
— Entre réseaux de départements différents 0,25 F par 75 km ou frac- tion de 75 km de distance mesurée à vol d’oiseau de chef-lieu de département à chef-lieu de département avec minimum de 0,40 et maximum de 3 F par unité de conversation .
Ces taxes sont réduites à 25 centimes pour les conversations échangées par des lignes téléphoniques dont la longueur totale n’excède pas 25 km et pour les conversations échangées entre réseaux des localités faisant partie d’un même canton .
Cette taxe réduite est également applicable aux conversations échangées entre le réseau d’une ville siège de plusieurs chefs-lieux de canton et les réseaux des localités situées dans l’un quelconque de ces cantons .
TICKET DE 10 CENTIMES violet n° 22 (Thiaude et Yvert) .
135 En 1906 les tickets de 25, 30, 50 centimes, 1 et 3 F paraissent sur papier blanc ou crème, sans fond de sûreté, comme les n°5 22,23, 26 et 28 .
TICKET DE 25 CENTIMES bleu n° 24 (Thiaude et Yvert) .
TICKET DE 30 CENTIMES brun n° 25 (Thiaude et Yvert) .
TICKET DE 50 CENTIMES orange n° 27 (Thiaude et Yvert) .
TICKET DE 1 F rouge n° 29 (Thiaude et Yvert) .
TICKET DE 3 F vert n° 30 (Thiaude et Yvert) .

LES TICKETS
a ) Impression .
Les tickets, de 70 mm sur 34 mm, étaient imprimés par feuilles de 36 (12 rangées de 3), tirées à plat sur papier épais, dentelées ou non, non gommées .
En 1885, ce sont des « BULLETINS DE CONVERSATION », placés sous le patronage du « Ministère des Postes et Télégraphes », puis en 1888, après la suppression de ce ministère, simplement des « Postes et Télégraphes » .

En 1897, ils se transforment en « BULLETINS DE COMMUNICATION » .
rouge sur rose
service téléphonique à longue distance
Sur 50c. rouge sur rose - surcharge bleue

Voici quelques dates d’émission relevées sur des documents manuscrits non officiels :
— n° 13, 25 cts bleu sur chamois (7 surchargé) : 28 décembre 1895 .
Supprimé avril 1896 .
— n° 22, 10 cts violet : 1T octobre 1901 .
— 10 23, 15 cts noir : 21 février 1898 .
— n° 26, 40 cts brun-rouge : 12 septembre 1899 .
— n° 28, 75 cts rose : 12 septembre 1899 .
Non dentelés : sont connues les valeurs suivantes (sur papier mince) : 10 cts violet n° 22, 15 cts noir n° 23, 25 cts bleu n° 24 .
30 cts brun n° 25, 40 cts brun-rouge n° 26 .
50 cts orange n° 27 .

bleu sur chamois
brun gris
vert

b) Utilisation .
La personne souhaitant téléphoner achetait son ticket à un guichet et le remettait au préposé de la cabine qui le lui rendait, oblitéré, à la sortie .
Les tickets devaient être annulés au moment où le demandeur était admis à pénétrer dans la cabine, c’est-à-dire après que le préposé avait constaté que la communication était établie (circulaire n° 30 de 1899 relative à l’oblitération des tickets téléphoniques) .
On rencontre parfois des moitiés de ticket .
L article 4 de l'instruction n° 519 déja citée en explique l’origine : « Les tickets sont remis par le public au préposé de la cabine qui les oblitére, le ticket est ensuite coupé en deux parties .
Celle revêtue de la figurine (partie droite) est conservée ; l’autre est remise à la partie versante, et lui sert de récépissé .
Ultérieurement les tickets furent conservés en entier par les préposés et mis à l’appui de leur comptabilité .
Une note circulaire du 22 janvier 1910 précise que les tickets ne doivent plus être transmis à l’Administration Centrale, mais conservés dans les Directions .
« Les tickets seront ensuite livrés à l’Administration des Domaines avec les archives destinées à être mises au pilon .
Telle est la réglementaire et triste fin des tickets téléphoniques !
c) Oblitérations .
Les Tickets Téléphoniques furent d’abord annulés au moyen de cachets au contour ondulé, comportant ou non le mot TÉLÉPHONE, par exemple LE HAVRE/Central, LYON/Central… généralement en bleu .

Par la suite, les cabines téléphoniques annexées aux bureaux de poste utilisèrent les cachets ordinaires de ces bureaux avec un T, parfois un zéro, ou une ou deux étoiles à la place de la levée ou de l’heure .

A Audincourt, il s’agit de l’emploi tardif de tickets en principe sup- primés depuis le 1 .1 .11 .
Enfin, certaines cabines installées dans des localités sans bureau de poste, ou postérieurement à 1906 ont employé des cachets manuels de types modernes .

MISEREY : recette auxiliaire rurale 11 .1 .97, facteur receveur 1 .7 .99, service téléphonique créé le 1 .8 .06 .
CHAFFOIS : pas de bureau de poste, service téléphonique créé le 25 .3 .02 .
VANDONCOURT : pas de bureau de poste, service téléphonique créé le 25 .8 .04 .
Voici, d’après la « Nomenclature des Cachets à date manuels postérieurs aux types 17 bis et 24 de 1886 à 1969 », de M .LAUTIER, les types d’oblitérations rencontrées :
Al — A2 — A3 — A4
B2 — B3 — B4
C2
F2
Cachets tardifs 19 ou 25 oblitérations chemins de fer, Les couleurs employées ont été variées : bleu, noir, vert, violet .


P. Fallot, Besançon .

sommaire

sommaire

LES CABINES et CARTES D'ABONNEMENT TÉLÉPHONIQUES

Avant la fin de 1884, on commença l'installation de cabines téléphoniques publiques à Paris et dans quelques villes de province. Ces cabines, qui rendent tant de services, existent actuellement, à Paris, dans tous les bureaux de postes et télégraphes et les bureaux centraux de la Société générale des Téléphones, au nombre de 82 à Paris, et 77 dans les villes de province.
Ce service fut ouvert au public le 1er janvier 1885.
Fin 1885, Paris compte 35 cabines enregistrant chacune une trentaine de communications hebdomadaires

Le régime de ces communications a été fixé par décret du 31 décembre 1884, dont voici les termes

Le Président de la République française.
Vu l'article 2 de la loi du 2l mars 1878 ;
Vu la loi du 5 avril 1878;
Sur le rapport du Ministre des Postes et des Télégraphe ;
Décrète :

Article premier.
Toute personne peut, à partir des cabines téléphoniques mises par l'Étatà la disposition du public, correspondre, soit avec une autre personne placée dans une cabine téléphonique de la même ville, soit avec un abonné du réseau.
La taxe à percevoir pour l'entrée dans les cabines publiques est fixée, par cinq minutes de conversation : A Paris, à 0 fr. 50
Dans toutes les autres localités de France, d'Algérie et de Tunisie, à 0 fr. 25
Article 2.

Des communications téléphoniques à distance peuvent être mises à la disposition du public.
Les lignes auxquelles est appliquée cette mesure sont indiquées par décision ministérielle.
La taxe à percevoir par cinq minutes de conversation de ville à ville est fixée :
Pour toute distance inférieure à 100 kilomètres, à 1 franc.
Cette taxe peut être réduite à 50 centimes lorsque les deux villes entre lesquelles l'échange des conversations par téléphone a lieu, ont été classées, par décision du Ministre des Postes et des Télégraphes, comme faisant partie d'un seul et môme groupe téléphonique.
Les conditions dans lesquelles cette taxe est perçue, soit sur la personne qui demande la communication, soit par moitié sur chacune des deux personnes en correspondance, et en général toutes les conditions d'exécution du service sont déterminées par arrêtés du Ministre des Postes et des Télégraphes.

Fait à Paris, le 31 décembre 1884. Signé : JULES GRÉVY.
Par le Président de la République,
Le Ministre des Postes et des Télégraphes,
Signé : AD. COCHERY.

- Depuis cette époque toute personne est admise à communiquer avec n'importe quel abonné au réseau de Paris aux conditions suivantes :
Les personnes non abonnées au service téléphonique du Paris, payent une taxe de 50 centimes pour cinq minutes de conversation.
Dans toutes les autres localités de France, d'Algérie et de Tunisie, 23 centimes.

- Toute personne était admise à communiquer avec n’importe quel abonné au réseau de Paris aux conditions suivantes : les personnes non abonnées au service téléphonique de Paris payaient une taxe de 50 centimes pour cinq minutes de conversation ; le gouvernement délivrait aux abonnés de Paris, sur la présentation de leur contrat, une carte d’abonnement, dont le prix était de 40 francs par an, et qui leur permettait de communiquer dans tous les bureaux téléphoniques et bureaux de quartiers de la Société générale des Téléphones indistinctement.
Chaque abonné a droit à autant de cartes qu'il a d'abonnements.
Les cercles et les établissements publics, tels que cafés, restaurants, hôtels, etc, abonnés aux réseaux téléphoniques concédés à l'industrie privée, sont autorisés à mettre le téléphone à la disposition de leurs membres ou clients, moyennant le payement d'un abonnement double de celui qui est fixé par le tarif applicable aux abonnés ordinaires.
Le deuxième abonnement perçu par le permissionnaire revient intégralement à l'État.

Le produit des communications par cabine publique est entièrement acquis à l'État dans les réseaux de l'État ; dans les réseaux de la Société, il se partage entre l'État et la Société.
Après neuf heures du soir, le public n'était pas admis toutefois àtéléphoner dans les cabines de Paris; depuis le 1er avril 1887, un certain nombre de cabines ont été mises à sa disposition après neuf heures dans les bureaux suivants :
Toute la nuit : bureau n° 44, rue de Grenelle ;
Jusqu'à minuit : bureau n° 92, rue Boissy-d'Anglas .
...................................... 11, avenue de l'Opéra;
.......................................89, au Grand-Hôtel;
11 heures du soir: bureau n° 5, place de la République;
.......................................17, rue des Halles ;
.......................................26, gare du Nord ;
.......................................33, boni, de l'Hôpital;
.......................................45, av. des Ch.-Elysées :
.......................................91, boul. Saint-Denis.

sommaire