Les Réseaux
réseaux de Télécommunications
À lère du WEB, du
smartphone et de la 5G il est malaisé de comprendre certains
évènements vieux de plus de 50 ans et des difficultés
techniques quil fallait résoudre à lépoque.
Les nombreux débats actuels sur lhistoire dInternet
entretiennent souvent la confusion sur ce quest Internet. Dans
le sens commun daujourdhui, Internet est égal au
WEB, aux réseaux sociaux, à l'e-commerce et bien d'autres
services apparus dans les années 1990. Rappelons létymologie
d'Internet : de l'anglais internetwork, lui-même composé
des mots inter et network. De même, le Minitel (Vidéotex)
dont il est bon ton de se moquer aujourdhui et dopposer
à Internet fut un service dinformation décidé
en 1978, bien après les faits dont il question ici.
Un peu de contexte historique
En 1970 le réseau mondial de télécommunications
était essentiellement le réseau téléphonique
: les terminaux étaient aussi rudimentaires que possible et
toute lintelligence du fonctionnement du système était
dans le réseau.
Ce que lon appelait téléinformatique était
encore balbutiant. Loffre des opérateurs de télécom
(les Telcos) était rustique et dérivée du téléphone.
Une part importante du marché des transmissions de données
était la connexion de terminaux à peine plus «
intelligents » que les postes téléphoniques vers
des serveurs. Les liaisons inter-ordinateurs balbutiaient et étaient
essentiellement des transferts de fichiers.
Une révolution est apparue dans les années 50 : les
réseaux informatiques.
Il resta à « inventer » le concept de réseau
dordinateurs.
Les précurseurs en FRANCE
Janvier 1969 la solution de réseau indépendant
est reprise en lançant le projet CADUCÉE
(Centre Automatique de Données Utilisant la Commutation Électronique
et Électromécanique). Les études lancées
par le CNET qui ont duré 6 mois s'avèrent concluantes.
- En Septembre 1969, M. le Ministre des P et T - Robert Galley prend
la décision de construire le Réseau CADUCÉE.
- Le 14 janvier 1972, ouverture du Réseau Expérimental
Téléinformatique CADUCÉE (autorisé rétroactivement
par arrêté du 17 janvier 1972).
- Le 21 janvier 1972, raccordement du premier abonné au Réseau
CADUCÉE, il s'agit du Centre de Promotion de la Téléinformatique
sis dans le Centre Téléphonique Paris-Littré.
4 autres abonnés suivent quelques jours plus tard, dont deux
à Nice.
Ce nouveau service, utilisant un ensemble de
commutateur téléphoniques dédiés, de système
crossbar CP400 permet d'atteindre des débits nettement supérieurs.
En effet une transmission de données fiable peut désormais
atteindre, suivant les options choisies les 2400 bit/s, 4.800 bit/s,
9.600 bit/s voire les 19.200 bit/s avec ce nouveau système,
dès sa commercialisation.
L'on parvient à de tels débits
sur des lignes analogiques par le biais d'emploi de lignes téléphoniques
à 4 fils uniquement : 2 fils servent à l'émission
de données, 2 autres fils servent à la réception
de données. Les commutateurs CP400 sont aussi de types à
4 fils, ainsi que les équipements de Transmissions sur 4 fils
également.
Le réseau CADUCÉE s'arrêta
le 1er janvier 1990 et l'ensemble des commutateurs CP400 qui
le composent sont mis à l'arrêt à cette date.
1975 arrive le projet du réseau COLISÉE
: (contraction de COmmutation de LIaisons SpécialiSÉEs)
Ce projet est autorisée 4 octobre 1975 et la
mise en service du réseau ouvre après l'ouverture des
premiers commutateurs téléphoniques d'abonnés
E10N3 en France,en empruntant des commutateurs E10N3 dédiés
à 4 fils, tel le premier commutateur installé à
Paris-Échiquier.
Techniquement, les communications de données commutées
par COLISÉE doivent impérativement transiter au départ
comme à l'arrivée par le biais de Commutateurs Électroniques
Temporels.
Ultérieurement des commutateurs E10N1 dédiés
seront utilisés, tels que celui de Chennevières-sur-Marne.
Le Réseau COLISÉE se substitue progressivement au Réseau
CADUCÉE, ce qui permet un fonctionnement réellement
fiabilisé et une meilleure maintenance. COLISÉE permet
une certaine démocratisation de la transmission de données,
jusqu'à 32.000 bit/s.
Le Réseau COLISÉE est catégorisé comme
un Réseau Pré-Intelligent.
En Janvier 1992, le Service COLISÉE est modernisé
et devient COLISÉE Numéris.
Courant 1993, Le Service COLISÉE Numéris fusionne avec
le Réseau Téléphonique Commuté classique
(désormais numérisé).
En outre, 2 Commutateurs MT25 supplémentaires sont mis en service
à Paris-Échiquier (21 juillet 1991 puis Octobre 1993)
et 2 Commutateurs MT 25 d'abonnés (CAA) de province sont reconvertis
en commutateurs COLISÉE Numéris : 1 à Caen (en
Septembre 1994) et 1 à Louviers (24 mai 1995).
Le 31 décembre 1999, cessation définitive du
service COLISÉE Numéris.
sommaire
Les projets CYCLADES et ARPANET
Le modèle de réseau en tant que nuds reliés
par des liens apparaît dans les années 1950, avec la
naissance de la théorie probabiliste des files dattente.
Le point clé pour pouvoir appliquer ces théories : le
concept de routeur, soit un nud capable de stocker un message
en attendant que le lien sur lequel il doit être retransmis
se libère. On trouve en filigrane, derrière le concept
de message, celui de datagramme, cest-à-dire un paquet
élémentaire dinformation qui circule de manière
autonome dans le réseau. Cette idée va à linverse
des réseaux téléphoniques reposant sur létablissement
de circuits où linformation circule sans jamais être
stockée.
Le 29 octobre 1969, fut envoyé le premier
message dArpanet entre un ordinateur de léquipe
du Professeur Leonard Kleinrock à UCLA (University of California
at Los Angeles) et un ordinateur de luniversité de Stanford,
à environ 500 km. Cet envoi considéré plus tard
comme marquant la naissance dInternet (plus précisément
dArpanet) reposait sur la technique dite de « commutation
de paquets ».
Inventée dans les années soixante indépendamment
par Paul Baran et Donald Davies, cette technique présentait
une différence fondamentale par rapport à la «
commutation de circuits » adoptée pour les réseaux
téléphoniques. Jusqualors, avec la « commutation
de circuits », les ressources de transmission sur les liens
et de stockage en mémoire étaient réservées
de façon exclusive pour toute la durée de communication.
À linverse, en « commutation de paquets »,
les données à transmettre sont découpées
en messages courts, appelés « paquets », envoyés
sur les liens de communication entre ordinateurs. Cette technique
permettait alors un partage efficace des liens en évitant quils
soient monopolisés par lenvoi dun long message.
ARPANET, Packet Radio Net et SATNET, les trois premiers réseaux
interconnectés grâce à lutilisation du protocole
TCP/IP, en novembre 1977. Schéma tiré dun rapport
technique du SRI technical « Progress Report on Packet Radio
Experimental Network », février 1978.
Une mission commune CNET-IRIA
dirigée par Alain Profit (Adjoint au Directeur du CNET, responsable
du département téléinformatique) et Michel Monpetit
(Directeur adjoint de lIRIA et de la délégation
à linformatique) est allée sinformer et
nouer des contacts avec léquipe ARPANET. Quelques ingénieurs
français y travaillaient dont Michel Elie faisait partie.
Les fondements théoriques de la commutation
de paquets avaient été édifiés dans la
thèse de Kleinrock alors étudiant au MIT en 1962. Les
performances des réseaux à commutation de paquets ont
été étudiées par léquipe
de Kleinrock, devenu professeur à UCLA.
Même si la commutation de paquets sest imposée
comme le mode de transmission privilégié pour les réseaux
de transmission de données, deux variantes étaient étudiées
par les chercheurs dans les années soixante-dix.
La première était le mode datagramme, selon lequel
les paquets de données sont transmis indépendamment
les uns des autres pour parvenir à la destination, en empruntant
éventuellement des chemins différents, avant que le
message dorigine ne soit reconstruit, en recourant à
une retransmission des paquets perdus si besoin.
La seconde était le mode circuit virtuel proposé
par les opérateurs de réseaux téléphoniques,
proche de la commutation de circuit, dans lequel les paquets empruntent
tous le même chemin bien identifié par les nuds
intermédiaires du réseau.
Hubert
Zimmermann présente le projet CYCLADES aux ministres
Hubert Germain, ministre des Postes et Télécommunications
(à gauche de limage) et Jean Charbonnel, ministre du
Développement industriel et scientifique, lors de leur visite
à lIRIA (8 février 1974).
Les deux modes, datagramme et circuit virtuel, étaient
adoptés par différents concepteurs de réseaux,
ce qui a mené à la coexistence de deux « services
réseaux » : le mode « sans connexion »
ou datagramme et le mode « orienté connexion »
ou circuit virtuel.
Dans le même temps, plusieurs formats de représentation
des données et plusieurs mécanismes de synchronisation
des échanges entre les ordinateurs étaient développés
par les constructeurs des équipements de réseaux.
En effet, en 1974, IBM a annoncé son architecture de réseau
propriétaire appelée Systems Network Architecture (SNA)
pour linterconnexion des ordinateurs et des ressources associées.
Deux architectures concurrentes, DECnet et Distributed System Architecture
(DSA) furent respectivement proposées par Digital Equipement
Corporation et CII-Honeywell-Bull dans le même temps.
Les pouvoirs publics avaient lancé aux États-Unis
le projet ARPAnet (1969) et en France le projet Cyclades (1971)
dans lobjectif de réaliser une interconnexion des ordinateurs
des universités fabriqués par des constructeurs différents.
Deux mondes
Les projets publics aux États-Unis et en France ont dans les
deux pays adopté le concept de « datagramme » pour
le service réseau, bien quil ait été fortement
rejeté par les puissants opérateurs de télécommunications
à lépoque.
Le projet français, avec en première ligne Louis Pouzin,
a démontré assez rapidement la faisabilité du
service réseau sans connexion.
Plus tard, les américains Vint Cerf et Robert Kahn ont défini
un ensemble de protocoles de communication, appelé «
la pile » TCP/IP, qui sera adopté pour lARPAnet.
Le terme « pile » fait référence à
la relation logique entre les deux protocoles : TCP utilise le «
service rendu » par IP.
En effet, IP est implanté au niveau de tous les équipements
du réseau et il est conçu pour rendre un service denvoi
de datagramme sans garantie de livraison des paquets. TCP quant à
lui est implanté uniquement au niveau des équipements
terminaux et il assure la fiabilité de la transmission et la
régulation du débit en sappuyant sur le service
denvoi de datagramme assuré par IP.
Il sagit dun protocole de « bout en bout »
car les équipements intermédiaires du réseau
(les routeurs) ne participent pas aux mécanismes de TCP. Cette
approche connaîtra un succès mondial !
sommaire
TRANSPAC pour la France
Philippe Picard Ingénieur de formation,
a passé près de vingt ans à la Direction
générale des télécommunications,
où il a contribué à démarrer les
transmissions de données. Il a également piloté
le projet Transpac avant d'en devenir directeur général
jusquen 1982. Il a également passé dix-sept
ans chez Bull, ou il a occupé les fonctions de directeur
des produits de réseau du groupe (1984-1990) puis de
responsable du secteur des télécom France puis
Europe (1990-2001). Depuis, il est président de lAssociation
pour l'histoire des Télécommunications et de l'Informatique.
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En 1972 le CNET et lIRIA lancèrent
presque simultanément leurs projets incluant la commutation
de paquets.
Un accord de coopération fut signé. Mais la fausse bonne
idée fut de croire que ces deux projets seraient complémentaires
et permettraient une sincère coopération. LIRIA
étant censé sous-traiter au CNET la conception du réseau
de télécom, et pas seulement la fourniture gratuite
de circuits de transmission !
Pour le CNET, le projet RCP était un
prototype destiné à préparer un futur service
de transmissions de données par paquets nommé Transpac.
Il sagissait de rédiger un cahier des charges en vue
dune réalisation industrielle et dacquérir
les compétences pour prendre part aux travaux de normalisation
internationale. Lobjectif du futur service était de pouvoir
combiner les avantages de la commutation par paquets (multiplexage
statistique efficace, conversion de débit) et contrôle
de la qualité de service (taux derreurs, congestion).
Le projet CYCLADES, inspiré dARPANET
sinsérait dans lécosystème du Plan
Calcul. Lobjectif était détudier une architecture
de réseau déchange de données entre ordinateurs
hétérogènes et daccès à des
ressources distantes. Le réseau de transmission par paquets
Cigale en était un sous projet. Le réseau CYCLADES
est réalisé par Louis Pouzin. Il constitue la première
réalisation dinterconnexion de réseaux et possède
des idées novatrices par rapport à ARPANET qui seront
reprises dans TCP et IP. Le plan dadressage de CYCLADES est
similaire à celui dIP, les adresses des ordinateurs étant
similaires à des numéros de téléphone.
Sa gestion de la fenêtre pour le contrôle de flux est
améliorée par rapport à lalgorithme NCP
alors utilisé dans lARPANET. Elle est reprise et encore
améliorée dans TCP.
Mais surtout, CYCLADES est le premier réseau fonctionnant uniquement
par commutation de paquets. En effet, dans un flux de données,
chaque paquet circule indépendamment. Le multiplexage devient
alors facile : les paquets de divers flux peuvent sentremêler
sans problème. Par contre, les paquets peuvent arriver dans
le désordre. Le récepteur dun message doit donc
être capable de réordonner les paquets. De ce fait, il
sagit forcément dun ordinateur, cest-à-dire
une machine capable de manipuler linformation, et non dun
combiné passif. Ce qui peut paraître un défaut
de prime abord sera une force dInternet : repousser lintelligence
aux extrémités du réseau, ce qui permet une plus
grande interopérabilité et un développement plus
rapide et plus économique du réseau, une nouvelle technologie
venant facilement remplacer la précédente .
Fin 1973, la DGT annonça son intention
douvrir rapidement un service de commutation par paquets. Cette
annonce était due à plusieurs émulations, en
particulier linitiative dun groupe de grandes entreprises
françaises qui étudiait un réseau partagé
en technologie de paquets
sans oublier la rivalité avec
lIRIA !
Fin 1974, un conseil interministériel
donna un feu vert conditionnel pour le lancement de Transpac
:
La Délégation à linformatique
qui soutenait le projet Cyclades est supprimée
en 1974, ce qui entraîne labandon du projet en 1978.
En 1975 La société TRT, consciente
de l'importance qu'allaient prendre les réseaux de données,
répond à un appel d'offres des PTT pour la réalisation
d'un commutateur de paquets destiné au réseau de transmission
de données par paquets (TRANSPAC) que l'administration des
PTT envisage de mettre en place. La réponse est faite en collaboration
avec les sociétés T.I.T. et SESA (pour les logiciels)
et c'est ce consortium qui est finalement retenu par les PTT.
L'étude débute en 1976 ; une équipe entièrement
nouvelle est créée à TRT regroupant Edouard ASSÉO,
Henri VANNETZEL, Pierre LAMOINE, Guillaume BROC...
La réalisation du commutateur CP50 est une des
plus complexes qu'ait entreprise TRT et, grâce au concours de
M.B.L.E. à Bruxelles, la fabrication de circuits imprimés
multicouches est mise au point pour des cartes de très grande
dimension (près de 400 x 400 mm), comportant de 150 à
200 circuits intégrés. Le temps du cycle du processeur
central étant de 250 nanosecondes, des problèmes nouveaux
devront être résolus (temps de propagation, impédance
des circuits, échauffement, etc...).
Le CP50 permet le raccordement de 360 lignes synchrones et 128 lignes
asynchrones et commute 1000 paquets par seconde (à partir de
1985).
Un centre peut compter jusqu'à 32 commutateurs CP50, raccordés
entre eux par un bus temporel à 10 Mhz, avec un débit
utile de 26 Mb/s.
Il contient 5 cartes processeur du type RISC, réalisées
sans circuits LSI. Le commutateur est composé de 2 chaînes
identiques, l'une étant opérationnelle et la 2ème
en secours. Le basculement est commandé par l'ordinateur de
supervision (MITRA 125).
Photo d'un centre TRANSPAC équipé de 3 CP50 avec à
gauche, les armoires MITRA 125
Les 3 premiers commutateurs CP 50 permettront d'équiper le
réseau expérimental début 1978 et le réseau
a été mis en service à la fin de l'année.
Ce fut une performance remarquable. Le succès de TRANSPAC se
traduira pour TRT par la livraison de plus de 200 commutateurs CP
50 ; en huit ans, fin 1986, 40 000 abonnés auront été
raccordés à TRANSPAC !
sommaire
La recommandation X25 du CCITT fut approuvée en 1976,
la réalisation industrielle du système fut confiée
à la SESA, le service démarra officiellement fin 1978.
La recommandation X25 du CCITT, officialisée en 1976, fut finalement
un compromis technique entre quatre opérateurs très
motivés : PTT français, British Post Office, Bell Canada
et Telenet (réseau de transmission de données américain
créé par Larry Roberts
ancien chef de projet dARPANET).
Rémi Després, chef du projet RCP, a été
un acteur majeur de ce résultat.
La norme X.25 a été utilisée dans le réseau
de données Transpac dont le Minitel
fut lapplication phare pour le grand public.
Le réseau a vécu pendant plus de 30 ans avec une vraie
réussite commerciale pour les réseaux dentreprise
et permit ultérieurement le déploiement dapplications
de très grande diffusion comme le Vidéotex (et ses Minitels)
ou les terminaux de paiement électronique.
Le succès de Transpac était conditionné
par la disponibilité des logiciels de connexion au réseau.
IBM était incontournable compte tenu de sa domination du marché.
Son attitude fut ambigüe : officiellement peu favorable à
la commutation de paquets (non prévue dans SNA), IBM a participé
très tôt à des expériences de connexion
à RCP, grâce à son labo de Nice / la Gaude.
La CII travaillait étroitement avec Cyclades pour son architecture
NNA . Après la fusion CII-HB et labandon des produits
de la CII, la conception de DSA a mieux intégré que
SNA lusage dX25. Les fortes compétences des équipes
de réseau de la CII acquises avec NNA ont été
essentielles.
Enfin les industriels de la péri-informatique,
ne disposant pas darchitecture propre, étaient très
motivés pour développer les connexions X25.
Pour conclure, les décisions de 1975 (Fusion CII-Honeywell-Bull
et arrêt dUnidata, suppression de la délégation
informatique) ont retiré au projet Cyclades son support institutionnel.
Après laventure Cyclades, Hubert Zimmermann
se consacra au développement et à la promotion de lOSI
(Open Systems Interconnection) : il était président
du SC16 de lISO, ce qui lui a donné une grande visibilité
internationale. Il avait pris des responsabilités au CNET et
nous avons collaboré pour décliner lOSI dans larchitecture
du système dinformation de France Télécom,
(projet Architel). Il eut ensuite jusquà sa disparition
en 2012, plusieurs autres rebonds remarquables : création de
Chorus, poste stratégique chez SUN.
sommaire
Le débat à propos du « service réseau »
devrait-il être orienté connexion (comme X.25)
ou sans connexion (comme IP) ? nayant pu être tranché
par la communauté scientifique, les deux piles protocolaires
ont été standardisées par lorganisation
internationale de standardisation dans le cadre de la norme pour linterconnexion
des systèmes ouverts. À lépoque, lapproche
« datagramme » adoptée outre-Atlantique navait
pas encore pris le dessus en Europe où les opérateurs
de télécommunication soutenaient très fortement
lapproche « circuit virtuel ».
Le rêve dun réseau mondial interconnectant
tous les ordinateurs semblait alors compromis. Pendant les années
quatre-vingts fleurissent alors les fameux « convertisseurs
de protocoles ». Il sagissait de logiciels dont la finalité
était dassurer des « passerelles » pour linterconnexion
de parties du réseau adoptant des services réseaux différents
(avec ou sans connexion).
Un polytechnicien français, Christian Huitema,
maîtrisait bien les deux « mondes » : dun
côté, il avait participé, alors quil était
au Centre national détudes des télécommunications
(CNET) entre 1980 et 1985, à la mise en uvre des protocoles
réseaux de la station de travail SM90 de Bull.
Ces protocoles étaient basés sur la norme X.25 et donc
sur le service réseau orienté connexion en circuit virtuel.
Dautre part, Christian Huitema avait travaillé
sur lévaluation des réseaux de communication par
satellite (dans le cadre du projet NADIR) avec Jean-Louis Grangé,
farouche défenseur du « datagramme », aux côtés
de Louis Pouzin, face à lapproche « circuit-virtuel
» des PTT. Dès son arrivée à lInria
Sophia Antipolis en 1986, Christian Huitema avait dailleurs
démarré la réalisation de plusieurs logiciels
pour linterconnexion des deux architectures TCP/IP et
X.25 dans lobjectif de permettre leur interopérabilité.
Pendant ce temps-là, le département
américain de défense avait commencé à
exporter le modèle TCP-IP dans le cadre du projet NSFNET (réseau
mis en place en 1985 aux États-Unis pour interconnecter les
universités américaines en particulier). À ce
moment, le mode datagramme avait clairement pris le dessus. On dira
plus tard « IP over everything » pour signifier que lapproche
Internet peut fonctionner avec nimporte quelle technologie de
réseau sous-jacent mais aussi pour faire référence
à sa « supériorité » par rapport
aux autres approches comme X.25.
Un réseau astronomique
Léquipe du Professeur Lawrence Landweber
à luniversité du Wisconsin avait un projet collaboratif
NSF-Inria avec léquipe de recherche RODEO (Réseaux
à hAUt Débit, réseaux Ouverts) de Christian Huitema
à lInria Sophia-Antipolis sur les passerelles pour linterconnexion
de réseaux hétérogènes.
Dans le cadre de ce projet NSF-Inria, une passerelle
de niveau application a été développée.
Cette passerelle, qui assurait la conversion entre les deux services,
Telnet du côté TCP/IP et Triple-X du côté
X.25, permettait un accès à travers un terminal distant
à des ordinateurs connectés à deux réseaux
hétérogènes.
Lidée dune connexion de la France au NSFNET
était en discussion entre les deux équipes.
Lopportunité sest présentée à
loccasion de lassemblée générale
de lUnion Astronomique Internationale à Baltimore début
août 1988. La NASA et la Fondation nationale pour la science
(National Science Foundation, ou NSF) souhaitaient démontrer
à cette occasion laccès à la base de données
SIMBAD (Set of Identifications, Measurements and Bibliography for
Astronomical Data), probablement la meilleure base de données
du genre au monde, hébergée à lépoque
au centre de calcul de luniversité dOrsay et aujourdhui
par luniversité de Strasbourg.
En effet, la base de données étant accessible
par Transpac, les astronomes américains payaient plus
de 100 dollars par accès pour la connexion internationale en
X.25. La disponibilité dune liaison TCP-IP jusquen
France, dune passerelle Telnet Triple-X à lInria
puis dune liaison expérimentale en France au-dessus de
Transpac représentait donc pour ces astronomes une alternative
très intéressante.
Une liaison transatlantique
La décision fut donc prise : un circuit serait
mis en place à travers une liaison satellite à haut
débit (56 kbps, du haut débit pour linternational
à lépoque !), puis des liaisons louées
jusquaux locaux des deux équipes. La connectivité
IP au NSFNET serait amenée à Sophia Antipolis. Les astronomes
américains pourraient donc se connecter sur un ordinateur dédié
à Sophia Antipolis, puis, en utilisant la passerelle applicative
Telnet Triple-X, ils pourraient prolonger la connexion vers
la base de données. La passerelle était développée
et tout semblait prêt pour la démonstration
sauf
que létablissement de la liaison par lopérateur
prit du retard et que les vacances de juillet arrivèrent avant
la mise en place du « circuit » par les opérateurs.
La passerelle avait été testée en local, mais
pas à travers une liaison longue distance ni avec les implémentations
de TCP-IP installées sur les ordinateurs américains.
Afin de concentrer les efforts, un étudiant
de luniversité du Wisconsin, Mitchell Tasman, fut dépêché
à Sophia Antipolis pour participer aux tests préopérationnels.
À quelques jours du colloque, la connectivité put être
établie mais les performances restaient médiocres :
on pouvait se connecter du côté américain à
la base de données mais on ne pouvait pas vraiment lexploiter,
tellement le débit effectif était faible. La décision
de la NASA tomba : annulation de la démonstration, retour de
létudiant aux États-Unis. À peine Mitchell
débarqua-t-il outre-Atlantique quun deuxième revirement
survint : lopérateur de téléphonie américain
MCI, qui était chargé de la mise en place du lien de
communication, demanda de reconsidérer la décision et
mit en place les moyens, en termes de débit, pour réussir
la démonstration. Mitchell Tasman retourna en France en Concorde,
une équipe dingénieurs du centre dopération
réseaux (NOC) de lopérateur MCI fut mobilisée
et un pont téléphonique permanent permit de discuter
les configurations et les ajustements (jusquà laube
heure française). Parmi ces ajustements, on peut mentionner
labsence de compatibilité entre les deux implémentations
de TCP installées sur les ordinateurs américains et
français, qui fut détectée et contournée
ainsi que la modification du code X.25 de la SM90 pour éviter
les déconnexions. La démonstration fut un grand succès.
La France devint à ce moment-là le troisième
pays après les États-Unis et le Canada à se connecter
au NSFNET.
Plusieurs personnes participèrent à
cette aventure côté français : Christian Huitema,
linstigateur et chef du projet, Luc Ottavj, le responsable du
service des moyens informatiques et Walid Dabbous, alors jeune doctorant
travaillant sur les architectures des réseaux hétérogènes,
parmi dautres.
Depuis 1988, des innovations incessantes
Depuis cette époque, les protocoles TCP/IP
se sont imposés comme standard de fait avec le déploiement
universel dInternet.
Les avancées scientifiques ont permis la connectivité
universelle, le support de la mobilité et de la vidéo
dans le réseau. Là aussi, lInria fut un précurseur
avec le logiciel de vidéo conférence multi-utilisateur
IVS développé entre 1992 et 1994. Dautres activités
furent réalisées pour faciliter lintégration
de réseaux satellite dans lInternet à lIETF
et ont abouti au lancement de la start-up UDcast spécialisée
dans la convergence des réseaux IP par liens numériques
satellites et hertziens terrestres. Le souci dinteropérabilité
avait pourtant mené à une ossification du protocole
IP et du réseau. Afin dassurer la compatibilité
avec lexistant et de ne pas remettre en question les services
fournis au dessus de TCP/IP, il nétait plus concevable
dajouter de nouvelles fonctionnalités dans le réseau.
Ceci a « poussé » linnovation à lextérieur
du réseau vers les utilisateurs et des protocoles comme BitTorrent,
lun des protocoles phares des réseaux pair à pair,
ont vu le jour. Des études sur les performances de ces protocoles
et les risques de divulgation dinformations sensibles concernant
la vie privée des utilisateurs de ces protocoles, mais aussi
de Skype et de Twitter, ont dailleurs été réalisées
au sein des équipes de recherche RODEO, PLANETE et DIANA et
ont rencontré un écho mondial.
Ces dernières années ont vu une tendance
forte vers la programmabilité des équipements réseaux
avec les réseaux « logiciels » (Software Defined
Networks ou SDN) et avec le déploiement dynamique de nouveaux
services à travers la virtualisation des fonctions réseaux
(Network Function Virtualization ou NFV). En effet, la complexité
et la diversité des protocoles de la famille TCP/IP ont mené
à une sorte de monopole des équipementiers. Lidée
alors était de simplifier la conception matérielle des
équipements réseaux et douvrir aux fonctions réseaux
logicielles. Et laventure continue.
Les deux géants
Plus tard, Internet est devenu aussi imposant que
le réseau téléphonique, qui sest lui-même
considérablement développé.
Les deux géants sont maintenant interconnectés et partagent
de nombreux liens physiques, mais lun na toujours pas
supplanté lautre.
Les fibres optiques ont permis datteindre des débits
de lordre de 100 milliards de bits par seconde. Ainsi, une seule
fibre peut par exemple acheminer tout le trafic téléphonique
de la France, ou encore, léquivalent de 1000 milliards
de lignes de sémaphores.
Les progrès les plus récents, dans les
deux cas, concernent la mobilité. Lutilisation généralisée
de liens radio permet de communiquer en se déplaçant.
Les premiers réseaux radio remontent pourtant au début
des années 1970 avec le réseau ALOHA dans les îles
hawaïennes. Mais il nétait pas facile à lépoque
de caser un ordinateur et un émetteur-récepteur radio
dans sa poche !
sommaire
1978-2012 Transpac
Transpac a été un réseau public français
de transmission de données à commutation de paquets
qui a été ouvert par la société Transpac
en 1978.
Il était fondé sur la génération de standard
dit X.25, un standard . Ce réseau a été
partie prenante du réseau mondial X.25 qui, avant Internet,
a permis des transmissions de données dans le monde entier
créé au départ pour une clientèle professionnelle,
il a permis ultérieurement, avec les terminaux grand public
Minitels, le développement en France de services télématiques
précurseurs de ceux d'Internet.
Confronté à la concurrence d'Internet, alors que l'évolution
de la filière technologique X.25 en fonction de l'évolution
des besoins et des moyens n'avait pas eu lieu, et alors que l'utilisation
du réseau par les Minitels s'amenuisait fortement, Transpac
a été fermé en juin 2012.
Les standards utilisés
Les services offerts par Transpac étaient ceux des standards
internationaux établis par le CCITT à partir de 1976,
et fondés sur le principe des circuits virtuels. Souvent désignés
globalement sous le titre global de «X.25», ils comprenaient
:
(1) l'Avis X.25 proprement dit, pour l'utilisation du réseau
par les ordinateurs aptes à formater eux-mêmes des paquets
de données ;
(2) les Avis X.3, X.28 et X.299,10,11, pour l'utilisation du réseau
par les terminaux «légers» fonctionnant en mode
caractère, et pour les entrées d'ordinateurs faites
pour accueillir directement ce type de terminaux ;
(3) l'Avis X.75 pour l'interconnexion des réseaux.
Le choix par le CCITT des circuits virtuels pour ses
standards, de préférence à l'autre technique
de commutation de paquets identifiée à l'époque,
les datagrammes, résultait d'une initiative française
pilotée par l'informaticien Rémi Després. Elle
avait rapidement rencontré l'adhésion de futurs opérateurs
de réseau à commutation de paquets au Canada, où
les concepteurs du réseau Datapac avaient un temps envisagé
d'offrir un service à base de datagrammes ; aux États-Unis,
où le concepteur et directeur d'Arpanet, Larry Roberts, s'était
indépendamment convaincu que les circuits virtuels étaient
le service qui répondait aux besoins du marché ; au
Royaume Uni, très impliqué dans le lancement du réseau
européen Euronet ; au Japon avec le projet de la NTT.
Par rapport à d'autres réseaux qui,
comme Datapac et Telenet, ont utilisé en interne un routage
de datagrammes pour offrir le même service de circuits virtuels
X.25, cela avait de plus les avantages de la simplicité, notamment
pour rendre effective la différentiation des classes de service
que proposait X.25. Le service offert par un réseau public
se devait en effet d'être adapté à tous les types
d'équipements utilisateurs, et donc à ceux qui, tout
en étant privés, sont eux-mêmes des réseaux.
Le protocole X.25 était donc, à quelque détails
près, applicable à l'interconnexion de réseaux
d'opérateurs (c'est l'Avis X.75). Mais il était donc
aussi utilisable entre les nuds voisins d'un même réseau.
Avant de figurer dans les spécifications de Transpac, ce principe
simplificateur avait été testé avec succès
sur le réseau expérimental RCP.
Le lancement : En février 1975,
un appel d'offres international a été lancé par
la DGT.
Il faisait suite à l'annonce faite en 1973 par le Directeur
général des Télécommunications Louis-Joseph
Libois de faire étudier par le CCETT les « conditions
dans lesquelles un réseau public utilisant la technique de
commutation par paquets pourrait être lancé en France,
et ce dès 1976 ».
Elles étaient techniquement très précises concernant
la réalisation des circuits virtuels. Sur exigence du Ministère
de l'Industrie, elles demandaient aussi aux soumissionnaires de proposer,
à leur façon, un service de datagrammes. Au vu des progrès
de la standardisation des circuits virtuels au CCITT, cette demande
sera abandonnée avant même la réception des offres.
En décembre 1975, le consortium Sesa-TRT-TIT, qui était
à la fois le mieux disant et déjà doté
d'une expérience dans le domaine, a été choisi
pour la réalisation des commutateurs du réseau.
Afin que les constructeurs d'ordinateurs soient prêts
pour l'ouverture de Transpac, plusieurs actions préparatoires
avaient été engagées.
(1) Des raccordements d'ordinateurs variés avaient été
effectués, en mode paquet, sur le réseau expérimental
RCP18 : un XDS 940, un Honeywell 6080, un IRIS 80 de la CII, des IBM
370/145 et 3271, un T 1600 de la Télémécanique,
et un Modular One du britannique Computer Technology Limited. Ainsi
avait-il été vérifié, d'une part la faisabilité
à un coût raisonnable et avec une bonne fiabilité
d'un service à base de circuits virtuels, d'autre part que,
pour les constructeurs d'ordinateurs, utiliser un tel service était
faisable dans de bonnes conditions.
(2) Des spécifications du protocole détaillé
à respecter pour utiliser au mieux Transpac, avec les précisions
à connaître au-delà des seuls standards X.25 et
X.3-28-29, ont été mises à la disposition des
constructeurs longtemps avant l'ouverture du réseau (les Spécifications
Techniques d'Utilisation du Réseau, dites STUR).
(3) Un simulateur du comportement de Transpac, REX25, a été
réalisé au CCETT sur un mini-ordinateur Mitra 125 (le
successeur du Mitra 15, d'abord développé par la CII,
puis commercialisé par la SEMS). Cet outil a été
mis à la disposition des constructeurs pour des sessions de
déboggage de leurs logiciels.
La croissance
Transpac a rapidement connu une forte croissance : ouvert en
1978 avec 1500 accès directs possibles, il atteint 5300
accès effectifs en 1981, puis 10000 en 1983, 21500 en 1984
(une année où Internet en est encore à 1000 ordinateurs
raccordés), et 31000 en 1985.
Les applications professionnelles ont concerné tous les secteurs
d'activité avec, en 1985, 22 % dans l'industrie, 17 % dans
les assurances, 13 % dans les administrations, et 13 % dans les banques
et la finance20. Dans le secteur bancaire, Transpac a été
utilisé entre les distributeurs automatiques de billets et
leurs serveurs par des liaisons permanentes. Il a aussi été
le réseau via lequel les lecteurs de cartes bancaires des commerçants,
qui y accédaient au réseau par des communications téléphoniques
locales, consultaient les serveurs des banques sollicitées.
Au niveau mondial, la société Swift, qui gérait
les échanges interbancaires, a utilisé le réseau
X.25 international, de 1991 jusqu'en 2004 ou il a basculé sur
Internet.
Les applications résidentielles ont connu une croissance très
rapide après que la Direction générale des Télécommunications
ait distribué gratuitement à tous les abonnés
au téléphone des Minitels. C'était au départ
pour son Annuaire Électronique, grâce auquel les usagers
pouvaient trouver les numéros des nouveaux abonnés au
téléphone dès leur mise en service, mais aussi,
dans un deuxième temps, pour promouvoir la création
de nouveaux services dits Télétel. Ceux-ci étaient
offerts sur des serveurs privées raccordés à
Transpac, les Minitels accédant au réseau par l'intermédiaire
de Points d'Accès Vidéotex, les PAVI21.
À la fin des années 1980, le trafic Teletel contribuait
pour près à 50 % au trafic total du réseau. Selon
une estimation citée par Altavista France et attribuée
à France Télécom il y avait en 2000 « 9
millions de terminaux Minitel en service, dont un bon tiers
sont en réalité des ordinateurs avec une émulation
» et « 15 millions d'utilisateurs », au point que
des sociétés américaines Yahoo et Altavista ont
ouvert leurs moteurs de recherche à des accès en mode
Minitel.
La qualité de service
La qualité de service a dès l'origine fait l'objet
d'un suivi dont les chiffres étaient transmis au GERPAC, l'association
des utilisateurs de Transpac (Groupement détudes pour
lÉtablissement du Réseau Transpac1. Sauf pendant
deux périodes où des bogues de jeunesse ont porté
atteinte à cette qualité, elle a atteint le niveau élevé
que sa conception permettait d'attendre. Le premier incident a eu
lieu en 1982 sous la forme de coupures aléatoires de communications.
Dû à une mauvaise réaction des commutateurs à
certains cas de charge exceptionnellement élevée, leur
cause a été promptement diagnostiquée et éliminée.
Le deuxième incident, plus grave, et de ce fait abondamment
commenté dans les médias, a eu lieu en juin 1985 : de
très nombreux utilisateurs des Minitels ont subi un arrêt
complet de service pendant une quinzaine de jours. Une fois qu'a été
corrigée la faute logicielle qui en était la cause dans
la commande des commutateurs, le service est définitivement
redevenu normal, et avec un bon niveau de sécurité.
Principes de fonctionnement du Protocole X25
Transpac a utilisé la « commutation d'étiquettes»,
une technique où tous les paquets d'une même communication
suivent le même chemin, choisi au moment où celle-ci
est établie. Cela lui assurait, par rapport à un fonctionnement
interne en mode datagramme, une meilleure efficacité en transmission
et en commutation. En transmission, grâce à la suppression
du besoin de répéter dans chaque paquet une adresse
de source et une adresse de destination. En commutation, grâce
à la suppression du besoin d'analyser dans chaque commutateur
traversé, et pour chaque paquet, la route à emprunter
en fonction de son adresse de destination. C'est un principe qui a
notamment été repris dans Internet pour son Multiprotocol
Label Switching.
Comme sur le réseau téléphonique, le premier
paquet échangé entre deux équipements informatiques
(terminal distant et site central par exemple) est un paquet d'appel
qui va permettre d'établir la route que vont emprunter les
autres paquets de la communication de données dans tous les
commutateurs utilisés pour cette communication. Les algorithmes
de routage, qui vont déterminer vers quelle ligne de sortie
il faut router le paquet d'appel pour qu'il arrive à destination,
utilisent soit des tables de routage statiques soit des tables de
routage dynamiques. Dans ce cas ces tables sont mises à jour
par échange d'information entre les commutateurs à l'aide
de protocoles propriétaires.
A l'inverse du réseau téléphonique il n'y a aucune
réservation de puissance de commutation ou de bande passante
sur les lignes de transmission entre les commutateurs. Ces ressources
ne sont utilisées qu'en cas de transmission de données
entre les abonnés. On a ainsi établit un circuit virtuel
entre les deux abonnés.
Les commutateurs multiplexent les paquets de données des différents
circuits virtuels sur les lignes de transmissions avec comme règle
: premier arrivé, premier parti. Pour ce faire chaque paquet
de données à une entête qui comprend un identifiant
du circuit virtuel auquel il appartient et un numéro d'ordre
afin d'être sûr de délivrer les paquets au destinataire
dans l'ordre ou ils ont été émis.
Mais le multiplexage peut faire apparaître des engorgements
dans le réseau suite à la saturation d'un commutateur
ou d'une ligne de transmission. Afin de réguler ce phénomène,
pour chaque paquet reçu, commuté et émis sur
une ligne de transmission, le commutateur émet un acquittement
à l'émetteur de ce paquet avec le numéro d'ordre
du paquet reçu. Si l'émetteur ne reçoit plus
d'acquittement, il va cesser d'émettre après avoir émis
un nombre déterminé de paquets (pour ne pas freiner
la transmission en temps normal), limitant ainsi la saturation du
réseau. De plus, seuls les utilisateurs de la ressource saturée
dans le réseau sont limités, les autres n'étant
absolument pas affectés. Le dernier paquet de la communication
de données est un paquet de libération qui va effacer
la route dans tous les commutateurs du réseau traversés
par cette communication. Ceci est le principe de fonctionnement du
niveau Paquet (couche 3 du modèle OSI).
Avant d'être émis sur une ligne de transmission,
chaque paquet est encapsulé dans une trame de manière
à fiabiliser la transmission de données sur les lignes
de transmission (entre l'abonné et son commutateur de rattachement
et entre les commutateurs du réseau). Un nombre est calculé
à partir des bits de la trame réellement émise
sur la ligne et envoyés avec la trame. Ceci permet au commutateur
qui reçoit cette trame, de faire le même calcul et de
s'apercevoir d'une erreur de transmission, si le résultat de
son calcul est différent de celui reçu.
Chaque trame, émise avec un numéro d'ordre, est conservée
en mémoire jusqu'à la réception d'un acquittement
du distant pour cette trame. Pour ne pas ralentir la transmission,
un commutateur peut émettre un nombre de trames prédéterminé
sans recevoir d'acquittement. Un commutateur qui reçoit des
trames erronées, demande la réémission de cette
trame et de toutes les suivantes qui ont été émises.
Ceci est le principe de fonctionnement du niveau Trame (couche 2 du
modèle OSI).
Enfin, chaque port d'un commutateur contrôle le niveau Physique
(couche 1 du modèle OSI), c'est-à-dire le fonctionnement
avec l'équipement de transmission de données, principalement
un modem.
Donc si une application informatique veut transmettre
un fichier en X25 à un autre système informatique, elle
doit : " découper le fichier à transmettre en paquets
de données " demander l'établissement d'une connexion
au niveau paquet, qui va générer un paquet d'appel "
dès que la communication est établie avec le distant,
transmettre les paquets au niveau paquet qui va rajouter l'entête
paquet et gérer le protocole paquet " le niveau paquet
va transmettre ces paquets au niveau trame qui va rajouter son entête
et le nombre calculé sur les données à transmettre,
pour contrôler les erreurs " le niveau trame va transmettre
la trame ainsi constituée au niveau physique qui gère
l'interface avec le modem et émet la trame sur la ligne de
transmission. Ceci est schématisé par la figure ci-dessous.
Les commutateurs du réseau vont faire de même,
c'est-à-dire : " recevoir la trame de la ligne du terminal
distant, en gérant l'interface physique avec l'équipement
de transmission " la transmettre au niveau trame qui va vérifier
que les données reçues sont sans erreur de transmission
et, si ce n'est pas le cas, demander au niveau trame du terminal distant
la retransmission des données erronées " transmettre
au niveau paquet qui va s'assurer du bon ordre de réception
des paquets " transmettre le paquet au commutateur proprement
dit qui va trouver, en fonction de la ligne et du numéro identifiant,
le circuit virtuel en entrée, la ligne et le numéro
identifiant le circuit virtuel en sortie, grâce à la
table de routage établie lors du traitement du paquet d'appel
" le commutateur va transmettre le paquet au niveau paquet qui
va le traiter
" et ainsi de suite, jusqu'au niveau paquet
du site central qui va pouvoir transmettre, dans le bon ordre, tous
les paquets émis par le distant qui, une fois recollés,
permettront de reconstituer le fichier transmis. Ceci est schématisé
par la figure ci-dessous.
En résumé, voici les raisons du succès d'X25
:
- bien que tous les abonnés puissent être connectés
au réseau simultanément, grâce au niveau paquet,
le réseau limite l'émission des abonnés en cas
de surcharge, sécurisant ainsi le fonctionnement du réseau
- l'intégrité des données transmises au réseau
est garantie par la correction d'erreur du niveau trame.
sommaire
Le Réseau X.25 international
Liaisons Transpac avec d'autres réseaux en 1980 (NTI
dérivé de REX25 au CCETT)
USA: Telenet, Tymnet, via RCA, ITT, WUI (2 x 9600 bit/s chacun)
Espagne: RETD, via CTNE (9600 bit/s)
Anilles: 4800 bit/s
Grande-Bretagne, Irlande, Pays-Bas, Allemagne, Danemark, Belgique,
Luxembourg, Suisse, Italie: via Euronet (2 x 9600 bit/s)
Extensions engagées
Canada: Datapac et Infoswitch, via Teleglobe (9600 bit/s)
Japon: DDX, via KDD
Allemagne: Datex-P
Pays-Bas: DN-1
Grande-Bretagne: IPSS , et via IPSS
Suède: Swenet
Norvège: Norpac
Australie: Austpac, via OTC
128 pays, ayant chacun de 1 à 65 réseaux, enregistrés
au CCITT en août 2004 (Avis X.121)
Grands Commutateurs
SESA-TRT-TIT le CP50
Luxembourg
Commutateurs moyens
SESA Gamme DPS 25
Brésil, Australie, Chine, Nouvelle-Zélande, Ile
Maurice, Taiwan, Sénégal
Peits commutateurs pour réseaux privés
TRT gamme Compac
OST gamme Ecom (Thao Lane)
SAGEM gamme Megapac
La société TRT
La disponibilité des réseaux
L'utilisation du S9696 a été remarquable car
il possédait la fonction de secours de la Liaison Spécialisée
par le réseau téléphonique commuté. Les
développements mentionnés ci-dessus ont permis de mettre
en uvre des secours en cas de panne de concentrateur, en raccordant
les sites distants, via le réseau téléphonique,
sur un concentrateur de secours au site central. On a également
mis en uvre des secours de LS numérique en utilisant
l'accès RNIS développé sur la gamme MCX. Le résultat
du calcul de disponibilité était toujours supérieur
à 99,9 % du temps. Ces techniques de sécurisation sont
illustrées par le schéma suivant
Forte de ses connaissances en commutation de paquets
X25 (T.I.T. a repris son indépendance peu après 1979),
TRT a développé pour les communications d'entreprise
une gamme de matériels appelés COMPAC comprenant au
départ deux commutateurs de faible capacité : le CP
8 et le CP 1. Ces deux commutateurs seront ensuite remplacés
par le CP 9. L'arrivée en 1983 du processeur de réseau
NPX 090 utilisant l'architecture SM 90 du CNET a permis de compléter
la gamme COMPAC. Parmi les réalisations entreprises avec ces
matériels, le changement de numérotation du réseau
téléphonique français le 25 Octobre 1985 est
une des plus spectaculaires. TRT assura la supervision de tous les
centres principaux et régionaux et du centre national. En moins
d'une heure 23 millions d'abonnés furent dénumérotés
sans incident.
Auparavant, en 1982-1983, TRT avait participé
à la réalisation du premier central du terminal annuaire
à Rennes en fournissant les équipements frontaux. Ce
fut une première mondiale et l'aventure du Minitel commençait
: ce central était prévu pour accueillir 450 000 abonnés
d'Ille et Vilaine.
Les réussites avec les Administrations
TRT, très présent sur le marché de l'administration,
a heureusement pu compenser le chiffre d'affaire décroissant
de la Banque, dans le début des années 1990, par de
beaux succès dans l'Administration.
L'un des plus beaux contrats restera sans doute le réseau de
La Poste. La Poste avait en effet décidé de réaliser
un réseau privé, depuis sa séparation de France
Télécom. La difficulté, pour les ingénieurs
de La Poste, résidait principalement dans le manque de données
concrètes sur les trafics de leur réseau. En effet,
tant qu'ils étaient une Direction des PTT, le réseau
était considéré comme de la consommation de ressources
internes du Ministère, sans impact financier. Après
leur séparation, il s'est avéré que La Poste
devait toujours payer France Télécom en fin d'année,
car La Poste consommait plus de ressources de télécommunications
que l'inverse.
Il s'agissait donc de raccorder les 17 000 bureaux de Poste sur les
différentes applications des différents métiers
de La Poste. L'avant vente a construit, là aussi, une longue
et fructueuse expérience. Environ deux ans de travail en commun
ont permis de concevoir le plus grand réseau X25 privé
européen.
L'optimisation de réseau, que nous avions pratiquée
à grande échelle sur le secteur bancaire, les a évidemment
séduits. Mais avec un niveau d'exigence que nous ne connaissions
pas ! En effet gagner 1% sur le coût de fonctionnement du réseau,
c'était économiser le coût de fonctionnement d'un
département !
La sécurisation du réseau a également beaucoup
intéressé La Poste, car c'est elle qui verse les aides
sociales et qui avait déjà connu des débordements
violents, dans certains bureaux de poste qui ne pouvaient pas verser
ces aides à cause d'un problème informatique. La Direction
du réseau ne voulait absolument pas être responsable
de tels débordements.
En Octobre 1991, TRT a été retenue seule, suite à
un appel d'offre pour réaliser un réseau Pilote sur
le département de l'Ille et Vilaine avec les produits NPX09
et NPX90. Suite à la réalisation de ce premier contrat
sans problème, La Poste a lancé un deuxième appel
d'offre pour la généralisation. TRT a répondu
avec des produits nouveaux de la gamme MCX 112, 212 et 212 redondant.
Et nous avons été retenus avec la SAT. TRT fournissait
plus de 1500 concentrateurs et la moitié des modems (17 000
Sematrans 256), la SAT fournissant l'autre moitié des modems,
ainsi que l'intégration des équipements en baie et l'installation
sur site.
Et il y en eut bien d'autres
, le Ministère
des Affaires Sociales, la Direction Générale des Impôts,
la RATP, le Ministère de l'Intérieur (après un
premier échec face à la SAT), des hôpitaux comme
le CHU de Lyon
sommaire
1983 : Le cap des 10 000 abonnés est
franchi en mai. Avec le boom du Minitel, Transpac assure l'acheminement
de l'ensemble du trafic Vidéotex.
1987 : Les 50 000 raccordements sont atteints et la messagerie
Atlas 400 est lancée, préfigurant le succès
des messageries Internet.
1990 : Le cap des 3,5 Milliards de Francs de chiffre d'affaire
est dépassé. Transpac devient la deuxième SSII
française et exploite le premier réseau mondial de téléinformatique
Le développement rapide de l'international aboutira en 1993
à la mise en place de 17 filiales réparties sur l'ensemble
de l'Europe.
1995 : Un nouveau service commercial est lancé s'appuyant
lui aussi sur une technologie d'avant-garde : le Frame Relay.
Ce service facilite l'introduction du multimédia dans les réseaux
d'entreprise.
1996 : Transpac s'engage fortement dans le monde de l'Internet,
avec l'annonce de Global Intranet, la première solution
Intranet au monde, développée en partenariat avec Sprint
et Deutsche Telekom dans le cadre de l'alliance Global One, et la
commercialisation d'accès directs à l'Internet. Transpac
rejoint la Branche Entreprises de France Télécom où
elle participe à la Division Services et Réseaux de
Données (SRD).
1998 : Bien qu'en situation concurrentielle depuis près
de 5 ans (marché des données dérégulé
en France depuis 1993), c'est au 1er janvier 1998 quapparaissent
les concurrents les plus sérieux pour Transpac, notamment Cegetel
avec le réseau SNCF et d'Equant (anciennement SITA/Air France)
qui intensifie sa présence.
2000 : Le rachat de Global One (26 janvier 2000) et la mise
en place des nouveaux principes d'organisation de la Branche Entreprises
conduisent à la réorganisation des entités constitutives
de la Division Services et Réseaux de Données (SRD).
Ainsi est créée une nouvelle entité dénommée
SRI (Solutions Réseaux et Internet) -Transpac, responsable
des activités Réseaux d'Entreprise et Internet Entreprise
en France.SRI-Transpac est le plus important « Data provider
» dEurope.
.
Avec la généralisation du protocole IP dans tous les
domaines (voix, données, images) et la reprise du réseau
backbone IP par les entités réseaux de la maison mère,
l'existence d'une filiale spécifique dans le domaine des transmissions
de données ne se justifie plus. De ce fait au 1er janvier 2006
l'entité Transpac disparait et est complètement fondue
dans la Branche Entreprises du Groupe.
Mai 2017 Arrêt du dernier commutateur X25
actif chez Orange
Dans un tweet, Jean-Luc Vuillemin, directeur des réseaux internationaux
d'Orange, annonçait l'extinction définitive du dernier
commutatif X25 encore en service chez notre opérateur historique.
Il publiait à l'occasion la photo de cet équipement
.
Alors que la direction générale de Transpac et ses équipes
administrative, financière et commerciale étaient basées
à Paris, les équipes d'exploitation technique et informatique
étaient installées en Bretagne, à Rennes.
Transpac aura une croissance très rapide, puisque son réseau,
ayant le monopole X25 en France, fut utilisé pour supporter
toute larchitecture du système Minitel et les énormes
volumes de trafic induits par lannuaire électronique
et les services 3615 poru le rand public.
Boosté par ces usages en pleine expansion le
chiffre d'affaires de Transpac, qui était de 550 MF en 1984,
quadrupla en 3 ans pour dépasser les 2 milliards de francs
dès 1987. Transpac permettait la connexion de divers équipements
et terminaux, à des débits que lon trouve aujourdhui
ridicules : les Minitel se connectaient, via le réseau téléphonique
commuté, à 1200 bits / seconde de débit descendant
et 300 bits / seconde de débit montant. Les serveurs Minitel
étaient capables de gérer plusieurs centaines de connexions
simultanées sur une seule connexion Transpac dun débit
de 256 kb/s ! Et si chacune de ces connexions concernait un service
Minitel 3615 facturé 1,29 F / mn, alors une ligne Transpac
de 128 accès simultanés pouvait produire un chiffre
d'affaires allant jusquà 1,29 x 60 x 24 x 128 = plus
de 200.000 F par jour !
sommaire
Un document détaillé de la Recommandation
UIT-T X.25 " l'interface
entre équipement terminal de traitement de données et
équipement de terminaison de circuit de données pour
terminaux fonctionnant en mode paquet et raccordés par circuit
spécialisé à des réseaux publics pour
données" est disponible en ligne.