Antoine BREGUET et le téléphone
La Maison dhorlogerie Breguet est créée
à Paris en 1775 au 51 quai des Horloges par Abraham-Louis
Breguet (Neufchatel 1747- Paris 1823).
Elle est spécialisée dans l'horlogerie et lui devra entre
autres l'invention du système de tourbillon et de la montre-bracelet.
Breguet collabore avec Chappe pour son télégraphe dont
il imagine le mécanisme. Il est lhorloger de la marine
française.
Il travaille dés 1807 en collaboration avec son fils unique Antoine-Louis
Breguet (1776-1858) et l'entreprise prend le nom de Maison Breguet
et Fils. Antoine-Louis Breguet reprend la Maison Breguet et Fils à
la mort de son père.
Il se désintéresse de lhorlogerie agréés
1812 et laissera dés 1823 la tête des ateliers à
son fils Louis-Clément François Breguet (Paris
1804- Paris 1883). Ce dernier rachète lentreprise en 1833
et sassocie alors avec des proches pour créer la Société
Breguet, Neuveu et Cie.
Physicien et horloger, Louis François Clément Breguet
se passionne à partir de 1832 pour l'électricité
et ses applications..
Louis Clément François Breguet
(1804-1883), fils d'Antoine-Louis Breguet, citoyen français est
horloger.
En parallèle de ce travail il est également physicien.
Il participe avec Antoine Masson à la mise au point d'une bobine
d'induction, perfectionnée par Heinrich Daniel Ruhmkorff, qui
le rend célèbre (bobine de Ruhmkorff). Il fabrique également
un miroir tournant, utilisé par Léon Foucault et par Hippolyte
Fizeau pour mesurer la vitesse de la lumière (1850). Il épouse
en 1833 Eugénie Caroline Lassieur dont il a trois enfants :
- Louise (1847-1930), mariée en 1868 avec Ludovic Halévy
- Antoine (1851-1882), marié
en 1877 avec Marie Dubois
- Madeleine (née en 1853), mariée en 1872 avec Jules Antoine
Charles Taschereau
Lentreprise reprend le nom de Maison
Breguet en 1851, et le 8 mai 1870, se sépare de sa
division horlogerie pour se consacrer aux télégraphes
électriques et aux télécommunications.
Louis-François-Clément Breguet crée le télégraphe
à lettres, à cadran ainsi que le mobile et il oriente
sa demeure du côté des constructions électriques.
Il s'occupe aussi avec succès de chronométrie et succède
à son père dans son horlogerie. Le nom de «Breguet»
devient synonyme de montre parfaite et toute montre de bonne qualité
se nomme une breguet. Le parafoudre est aussi inventé par lui;
il est, comme son père, membre de l'Académie des Sciences.
C'est le contremaître et chef d'atelier de l'époque, Edward
Brown, qui reprend la division montres de la maison Breguet. Breguet
(horlogerie) est toujours en activité, et fait depuis 1987 partie
du groupe Swatch après avoir été entre les mains
des joailliers Chaumet à partir de 1970 puis d'Investcorp en
1987.
Pour différencier la source, les fabrications horlogères
seront marquées Breguet, les appareillages électriques
Breguet FT(pour Breguet Fabricant)
Le premier système employé en France a été
le télégraphe à cadran de Bréguet, dont
le premier type, combiné par Foy et Bréguet, rappelle,
par la disposition de ses signaux, le télégraphe de Chappe

Les Télégraphes Louis Breguet (1844)
Louis Clément François Breguet meurt en
1883 au 39, quai de l'Horloge dans la maison dans laquelle son grand-père
avait fondé la maison d'horlogerie Bréguet. Il est inhumé
au cimetière du Père-Lachaise.
En parlant du quai de lHorloge, les enfants diront
plus tard que cette maison familiale était un paradis.
Lharmonie et laffection y règnent, mais aussi la
discipline, et une rigoureuse éducation calviniste qui mobilise
le sens de leffort dans ce lieu qui est dédié au
travail ; les ateliers Breguet sont tout proches, dans les étages
supérieurs. Si les enfants sont raisonnables, cest parce
que la confiance des parents a développé leur esprit de
responsabilité et de solidarité.
Les soirs sans visiteur, on dîne tôt, puis les enfants envahissent
la grande chambre des parents, située au midi, pour faire durer
les soirées familiales ; outre les parents et leur tante, il
y a les trois grands cousins Niaudet : Alfred
qui travaille déjà avec Louis-Clément, Sophie et
Alice les deux cousines qui font leur ouvrage ou jouent avec les petits
Breguet, Louise, Antoine et Madeleine. La tante Mathilde fait parfois
la lecture à haute voix, de façon un peu décousue
à cause dune surdité naissante. Après Edgar
Degas, ami de lycée dAlfred Niaudet, ce sont ses surs,
Thérèse et Marguerite qui sont devenues les grandes amies
des filles Niaudet et viennent fréquemment passer un moment au
Quai. ; cette jeunesse contribue à entretenir un climat de gaieté
et démulation dans la vénérable maison.
Le jeune Antoine, qui est plutôt bon élève, fréquente
très tôt le lycée Saint Louis où il est suivi
par M. Rabec, un vieux professeur de mathématiques ami de la
famille. Seul garçon au milieu de quatre filles, il est lobjet
dune véritable adoration, en particulier de sa cousine
Alice Niaudet, parce quil se montre toujours généreux,
enjoué, enthousiaste et plein de bonnes idées. Aux heures
où ils nont pas à travailler, les enfants sont très
libres et passent souvent leur dimanche à courir dans les ateliers
vides. A moins quils ne profitent des outils, des tours dont ils
ont appris à se servir et récupèrent des morceaux
de bois qui traînent pour bricoler.
Les grandes vacances, se passent pour lessentiel chez Antoine-Louis
au Buisson, lieu familier où les enfants retrouvent avec enthousiasme
toutes les joies de la campagne, dans une liberté totale à
condition que la maison ne soit jamais troublée par des cris,
des disputes ou même une quelconque musique que ne supporte pas
leur grand-père.
sommaire
Antoine Breguet
(1851-1882), citoyen français, polytechnicien, succède
à son père à la tête de la Maison Breguet
il est celui qui nous intéresse dans ce site.

Antoine Bréguet est le premier membre de cette lignée
familiale à faire des études supérieures.
Au début de 1870, Antoine a dix-huit ans lorsquil
subit une violente attaque de rhumatisme articulaire qui compromet gravement
sa santé en lui laissant le germe dune maladie de cur.
Après sa convalescence à Etretat chez sa soeur, Louise
Halévy, il rentre à Paris alors que la guerre menace.
Depuis la victoire des prussiens à Sadowa, les maladresses de
Napoléon III vis-à-vis de la politique de Bismarck ont
contribué au succès dune Allemagne unifiée
et forte qui cherche un prétexte pour que senflamme la
discorde. La candidature de Léopold de Hohenzollern au trône
dEspagne apparaît comme une machination de Bismarck et,
comme telle, une menace contre la France qui déclare la guerre
à lAllemagne le 19 juillet 1870.
Antoine, qui veut participer à la défense de Paris, senrôle
dans le bataillon des mineurs auxiliaires du génie dont il sera
rapidement nommé sous-
lieutenant. Il faut dire quil connaît « lexploseur
» * inventé par son père et quil en
a appris le fonctionnement, ce qui rendra de grands services pendant
le siège de Paris.
En moins de deux mois, le monde chavire. La France capitule à
Sedan le 31 août ; Napoléon III, fait prisonnier, est emmené
en captivité. Le 4 septembre, un gouvernement de Défense
nationale est formé et la IIIe République proclamée
à lHôtel de Ville par Léon Gambetta.
*Appareil électrique employé pour mettre à
grande distance le feu aux mines, et que lon fait agir par un
coup de poing ou une percussion vive. Le « coup-de-poing Breguet
» utilise le courant induit que provoquent la séparation
brusque et la remise en place de larmature dun puissant
aimant.
coup-de-poing
Breguet
Le 18 septembre commence le siège de Paris ; la capitale
est cernée par les prussiens. La population manque de tout. Antoine
décide de tenir un journal de crise ... Paris bombardé
et affamé capitule le 29 janvier 1871. Larmistice est signé
à Versailles. A la fin du mois de février ...
Au 39 quai de lHorloge la vie sest rapidement mise au ralenti
pendant cette période troublée. Peu avant la défaite
de Sedan, Marcellin Berthelot
avait persuadé sa tante, Caroline Breguet, déloigner
de Paris sa fille, Louise Halévy, sur le point daccoucher.
Elles sont accueillies toutes les deux chez les Maupassant à
Etretat où va naître son premier fils, Elie Halévy,
le 6 septembre 1870.
Comme elles, de nombreux amis et clients sont partis se mettre à
labri en province. Les rues de Paris sont désertes, la
population réduite de moitié : un véritable exode.
Sortir de Paris, pour quelque raison que ce soit, y compris pour se
ravitailler, nest pas absolument impossible mais plutôt
dangereux. On profite de cette période pour réorganiser
la Maison Breguet après que Louis-Clément eût décidé
de la consacrer exclusivement à lélectricité
et quil eût cédé la branche horlogerie à
son chef datelier, Monsieur Brown. Moment capital où Louis-Clément
rencontre Zénobe Gramme qui vient dinventer la dynamo électrique.
Dorigine belge, venu sinstaller en France comme ouvrier
ébéniste chez Christofle, Zénobe Gramme sest
trouvé dans un environnement stimulant en étant en contact
avec les problèmes délectricité industrielle
de son temps (Christofle était un gros consommateur délectricité
pour argenter ses couverts par galvanoplastie et ses installations de
piles sont immenses). Gramme est un bricoleur de génie et au
fur et à mesure que ses connaissances saffinent, il se
rend compte, lui un homme pratique, que lélectricité
et ses lois sont bien connues, mais que les applications ne suivent
guère. Que cette étonnante énergie, il faudrait
la transformer en énergie mécanique, combiner la force
motrice et lélectricité. Zénobe Gramme fait
des essais, bricole chez lui, dans sa cuisine, avec une plaque de gutta-percha
(forme de latex naturel), des aimants et du fil de cuivre.
Il va faire franchir un pas décisif à la production délectricité
en inventant et mettant au point le prototype de la dynamo industielle
en 1869. Avancée scientifique considérable car la «
machine magnéto-électrique » peut générer
un courant puissant sur une longue durée, alors que la pile,
seule source délectricité disponible jusque là,
ne peut produire quun courant peu durable, pas toujours fiable
et demandant un entretien constant.
La Maison Breguet, spécialisée dans la fabrication de
toutes sortes de matériel électrique, sintéresse
immédiatement à cette découverte avec laquelle
elle imagine remplacer totalement les piles.
La vraie révolution provoquée par la dynamo vient de deux
de ses propriétés essentielles : son adaptabilité
à de nombreuses applications due au fait que lintensité
du courant produit varie en fonction de sa vitesse de rotation; et sa
réversibilité, que lon peut mettre en évidence
de la façon suivante : «..en mettant deux dynamos dans
le même circuit, si lon fait tourner la première
à la main, la seconde se met aussitôt à tourner
».
Dès leur première rencontre, entre Antoine Breguet, le
futur brillant polytechnicien passionné de théories scientifiques
et Zénobe Gramme, le technicien autodidacte un peu fruste et
bourru, le courant passe... La Maison Breguet achète le brevet
de la dynamo électrique et Louis-Clément soutient les
efforts de Gramme en lui finançant les premières annuités
du dépôt de son brevet. La machine initiale est rustique
et dun rendement
médiocre. Plus tard, Antoine en détaillera les éléments,
les étudiera méthodiquement de façon scientifique
pour améliorer ses performances. En 1881, il publiera un fameux
mémoire, «La Machine de Gramme, sa théorie et sa
description ».
Quand Gramme verra son invention mise en équations, il sécriera
: «Si javais su quil me faudrait savoir tout celà,
je ne laurais jamais inventée»
1873 Antoine, à peine remis dune crise de rhumatisme articulaire,
prépare le concours de lécole Polytechnique auquel
il est reçu dans la moyenne.
Maintenant, il doit effectuer trois années détudes
très prenantes pendant lesquelles ses principales distractions
se trouvent dans le laboratoire
délectricité de la Maison.
1874 est une année glorieuse pour la Maison du quai de lHorloge.
Le 30 mars, toute la famille descend à pied le quai Conti pour
assister à la réception de Louis-Clément à
lInstitut de France. Le cousin Marcellin, qui lui a repassé
lhabit familial, est là pour laccueillir au milieu
de ses amis académiciens : le président, Jules Jamin,
le secrétaire perpétuel, Joseph Bertrand, Ferdinand de
Lesseps, Jules Marey, Victor Régnault
Quelle émotion pour Louis de se retrouver en cette place dans
lhabit de ce grand-père auquel il voue une telle admiration
!
En juillet, cest au tour dAntoine dêtre lobjet
de la fierté familiale ; il est le premier de la famille à
sortir de lécole Polytechnique, après trois générations
de Breguet, horlogers et savants, qui, sans titre universitaire, ont
fait toute leur éducation à létabli sous
la blouse douvrier .
Nous sommes en 1877. Antoine a vingt-six ans, et pour sa sur Louise
Halévy qui veille toujours sur lui avec sollicitude, il est temps
de penser sérieusement à fonder une famille. Or, ce nest
pas dans ses fréquentations daffaires ou de sociétés
savantes quil peut espérer trouver un parti.
Un beau soir daoût, Louise et Ludovic passent au quai de
lHorloge avec un de leurs amis, Monsieur Gendron. Ils entraînent
Antoine dans une promenade parisienne ; jardin des Tuileries, place
de la Concorde, rue saint Honoré ; ils atterrissent au cercle
de lUnion, chez les Dubois.
Louise connaît bien Madame Dubois, née Camille OMeara,
réputée comme ayant été la meilleure élève
de Chopin, qui maintenant enseigne le piano au Gotha parisien. Deux
filles ravissantes et douces apparaissent : Marie, bientôt dix-neuf
ans et Henriette, quatorze ans.
Dans son agenda personnel à la date du 15 août 1877 Marie
Dubois écrit : « Monsieur et Madame Ludovic Halévy
sont venus le soir avec MM. Gendron et Breguet. Joué à
quatre mains et seule : Romance de Rubinstein et Etude de Chopin »
On voit sur la page quelle a rajouté plus tard «Cest
la première fois que je Lai vu ». Comme dans un grand
nombre de familles bourgeoises, le clan Halévy a sa « marieuse
», Madame Brun. Dès la belle saison, celle-ci organise
dans sa propriété du Pecq des réunions dominicales
que fréquentent jeunes gens et jeunes filles de la bonne société.
On y fait connaissance en jouant au croquet sur la pelouse. Dans le
carnet de Marie, les
dimanches se suivent avec : « Partie de croquet avec Madame Halévy
et son frère », puis : « Partie de croquet avec M.
Breguet »...
Dernière indiscrétion dans son intimité, elle écrit
le 26 septembre : « Voilà juste six semaines que je lai
vu pour la première fois. Maman me parle de lui à mon
grand étonnement, car jétais arrivée à
me persuader que je le désirais trop pour quil puisse penser
à moi ».
Le 2 octobre, ils sont fiancés et cest la naissance dun
grand amour. Marie est de souche irlandaise, profondément catholique
et les Breguet,
calvinistes, devront une fois encore faire preuve de leur tolérance
cuménique... Mais tout se passe bien et le mariage est
célébré en léglise de la Madeleine
le 15 décembre 1877, quatre mois seulement après leur
première rencontre. Le ménage sinstalle non loin
du Quai, 4 rue Perrault, où naît leur premier enfant, Madeleine,
le 19 décembre 1878.
Antoine sera le plus prolifique des inventeurs de sa lignée et
bien que décédé jeune, il égalera et surpassera
même ses prédécesseurs.
Il est aussi inventeur dans de nombreux domaines : il est spécialiste
de la dynamo électrique et du téléphone et par
ailleurs enseignant à la Sorbonne et à l'EPHE ainsi que
directeur de la Revue Scientifique. En 1875, il confectionne
un anémomètre ingénieux.
À tout juste trente ans Antoine Bréguet est nommé
chef du Service des Installations à la première Exposition
Internationale de lÉlectricité et au Congrès
des Électriciens qui se tiennent à Paris en 1881.
Le 3 mars 1976, le brevet du
téléphone n° 174 465 est délivré à
A.G. Bell ... puis Le
15 Mai 1877 - Bell Présente le téléphone
à main (hand telephone) avant d'entreprendre son voyage de promotion
en Europe en commencant par la Grande Bretagne.
En Septembre 1877 A la réunion annuelle de l'association
Britanique (BAAS) à Plymouth, on apprit les progrés fait
depuis et W.Preece, avec la participation
de Bell, ils firent la première démonstration pratique
avec la fameuse paire de Hand-Téléphones amené
par WH Preece.
Antoine, qui parle couramment langlais, est membre de la Society
of Telegraph Engineers, et à ce titre il se rend à Plymouth
pour faire la découverte de ce « télégraphe
parlant ». Il est tout de suite subjugué par le téléphone
dont il se plait à imaginer le développement, et il se
fait confier par Bell une paire dappareils. Rentré à
Paris, plein denthousiasme, Antoine déclare à des
collègues :
A cette réunion assiste son
cousin Alfred Niaudet,
neveu de Mr
Louis Bréguet (père) et célébre
constructeur de matériel éléctrique chez Bréguet,
qui parle couramment l'Anglais et qui est aussi membre de la "Society
of telegraph Engineers".
Le lendemain Niaudet recoit des mains même de l'inventeur
une paire de téléphones (photo ci contre au musée
du cnam) pour les amener en France.
Ces deux téléphones traverserent la Manche, dans une
boite fermée à clef. Ils étaient en bois de
frêne blanc tout à fait rustique et assez semblable
à un bilboquet, la paire sera par la suite, donnée
par la veuve A.Breguet au Musée des arts et métiers
à Paris en 1884 et y sont toujours visibles.
Breguet sans tarder fit une présentation devant un
petit comité apartenant à l'institut et Collége
de France.
Fin septembre 1877 Niaudet et Breguet organisent une présentation
à l'Académie des Sciences à Paris.
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Cest Monsieur Breguet qui a joui du précieux
avantage de tenir entre ses mains et dessayer, à son aise,
le téléphone. Pareil à saint Thomas, il a pu croire
parce quil a vu et touché. Aussi sest-il empressé
de faire part à lAcadémie des Sciences de létonnement
que lui a inspiré le merveilleux appareil américain, non
seulement par les résultats incroyables obtenus, mais aussi par
la simplicité des organes qui le composent. La pureté de
la voix humaine et ses nuances sont si bien conservées que lon
peut reconnaître la voix de la personne qui parle.
Puis A. Niaudet fait ses premières expériences et une présentation
à Paris début novembre 1877 et termine en annonçant
que M. Bell lui avait formellement promis de venir bientôt à
Paris et dy prendre la parole dans une réunion scientifique.
Ce sera une fête pour les admirateurs de lheureuse invention
du téléphone.
Le 2 Novembre 1877
, Alfred Niaudet et Antoine Breguet expérimentent
" le téléphone" devant des membres de l'institut
et du collége de France.
Ci dessous deux lettres de correspondance entre Bell et Niaudet sont echangées,
la première rédigée par Alfred Niaudet, le 8 novembre
1877, quelques jours après la première démonstration
dun téléphone en France ;

« Cher Monsieur, merci infiniment pour votre intéressante
lettre et pour les journaux que vous mavez transmis. Je serai à
Paris pendant six ou huit jours et jespère vous y rencontrer.
Je vous envoie un journal contenant les comptes rendus de ma conférence
ici. Les remarques de Sir William Thomson ont été si brillantes
quelles devraient certainement être traduites en français
et auront un grand poids. En hâte, vôtre, sincèrement.
Alexander Graham Bell. »
La seconde écrite par Alexander Graham Bell le lendemain, 9
novembre, à Alfred Niaudet. Lettre autographe signée
au physicien Théodore Schneider.
  
« Monsieur, Pourriez-vous menvoyer une douzaine de brochures
(éclairage industriel par la lumière électrique
Heilmann et Schneider) ou plutôt pourriez-vous me les faire envoyer
par limprimeur Vve Bader et Cie à qui il me serait agréable
den envoyer le prix. Cette brochure mest quelque fois demandée
et je voudrais pouvoir la faire lire aux personnes qui la désirent.
Vous aurez vu par les petits imprimés de la Soc. de Physique que
jai eu le plaisir dy montrer le 2 novembre dernier, les deux
premiers téléphones qui aient été introduits
en France.
Cest une invention bien extraordinaire, dans son état actuel
; elle se perfectionnera certainement, mais dès à présent,
on ne peut se défendre dune certaine émotion quand
on entend la voix dun ami au travers dun fil télégraphique.
Hier soir, nous avons essayé entre Paris et St Germain et malgré
un temps affreux, nous avons entendu bien des mots, reconnu la voix de
notre correspondant, entendu chanter Au Clair de la Lune. Jétais
saisi comme si je navais jamais entendu le téléphone.
Croyez, Monsieur, à mes sentiments dévoués. Alf.
Niaudet. 6 rue de Seine »
Puis début novembre 1877 Breguet installe le
téléphone dans ses ateliers du 39 quai de lHorloge
pour que tout le monde puisse lessayer :
« Nous eûmes le plaisir de voir latelier de M.
Breguet et le cabinet de travail où se trouvait alors le seul
téléphone double quon connût en France. M.
Breguet nous fit voir lappareil et nous pûmes assister à
une expérience concluante.
On prévint par une sonnerie les ouvriers qui se trouvaient au
troisième étage. Ils prirent tour à tour le téléphone
en mains et communiquèrent dans le cabinet de travail leurs impressions,
des appréciations sur la température ; ils lurent des
fragments de journal, comptèrent, et enfin lun deux,
qui avait une jolie voix, électrisa positivement, sans jeu de
mot, le grand air de La Fille de Madame Angot. La voix sortit
de linstrument un peu nasillarde, mais fort nette, et avec ses
nuances les plus faibles. Cétait stupéfiant ! Beaucoup
de hauts personnages, de magistrats, de littérateurs, de généraux,
furent reçus par Monsieur Breguet et lécoutèrent
avec attention, curieux surtout de voir le téléphone.
Après avoir vu par eux-mêmes, après avoir parlé,
chanté eux-mêmes, ils sen allaient satisfaits et
émerveillés ».
La Maison Breguet du quai de lHorloge ne désemplit pas
pendant quAntoine expérimente le téléphone
devant ses amis académiciens, et des représentants de
diverses sociétés savantes. Les commentaires sur les résultats
sont unanimes : « cest merveilleux ».
Enfin, le 2 novembre 1877, Alfred Niaudet, le cousin dAntoine,
présente officiellement le téléphone Bell à
la société française de physique. Les nombreuses
démonstrations sont irréfutables mais un peu décevantes
sur le plan technique car les conversations sont perturbées par
le brouhaha de la foule présente.
Graham Bell charge alors Antoine Breguet et Cornelius Roosevelt, un
ingénieur électricien dorigine américaine,
de faire connaître le téléphone en France. En premier
lieu, Antoine Breguet, soucieux de préserver la réputation
de haute qualité de la Maison, améliore laspect
extérieur du téléphone.
On peut lire dans le Petit Journal :
« Lindustrie parisienne, si délicate toujours, na
pas tardé à faire une jolie chose dun assez gros
bilboquet, et le téléphone que nous a montré Monsieur
Breguet est véritablement un joli petit objet, quand on le compare
à lappareil rustique apporté de Londres ».
En se lançant dans lindustrie du téléphone,
la Maison Breguet naura de cesse den améliorer les
performances, laspect pratique et lesthétique
A. Niaudet termine en annonçant que M. Bell lui avait formellement
promis de venir bientôt à Paris et dy prendre la
parole dans une réunion scientifique. Ce sera une fête
pour les admirateurs de lheureuse invention du téléphone.
Bell arrive à PARIS
le 21 novembre, le soir tout juste arrivé de Londres,
Bell s'assoit dans sa chambre de l'hôtel Wagram pour écrire
une lettre à sa femme. Il avait à peine eu le temps de
lui raconter la mer agitée qu'il avait rencontrée entre
Folkstone et Boulogne, qu'à huit heures il fut interrompu par
la visite de Niaudet. Après un entretien de deux heures et demie,
il reprend sa lettre : Niaudet se chargera de traduire et de publier
en France une conférence non précisée de Bell.
Le lendemain, Bell devait voir Le Gay et un autre marchand appelé
Aymler, ainsi que le chef des Télégraphes français,
Pierret, et le ministre de la Guerre, à qui il
comptait donner des téléphones à des fins expérimentales.
Bell et Pierret conviennent de faire des essais sur les lignes télégraphiques
de l'état. Dès le lendemain A.G Bell communique
sur une ligne spéciale de son domicile de Paris avec Léon
Say au ministère des finances et des postes et télégraphes
puis avec le ministre de la guerre.
Bell a notamment rencontré Antoine Breguet et son
père, Louis F. C. Breguet et ils obtiennent quatre licences
pour la production de postes téléphoniques en France
.
Le 25 novembre Niaudet transporta les nouveaux téléphones
Breguet à la Société Française de Physique,
où il annonça que Bell « lui avait promis »
formellement de venir prochainement prendre la parole lors d'une réunion
scientifique ». Niaudet a également fait une démonstration
du téléphone à l'École Polytechnique lors
de l'ouverture du cours de physique de Jules Jamin et, le 7 décembre,
à la Société des Ingénieurs Civils.
Décembre 1877 A.Niaudet et C. Roosevelt
créent la "Societé Anonymes
des Téléphones Bell"
Cest la première société de téléphonie
créée en France . Son siège social est situé
au 1, rue de la Bourse, à Paris.
La Société Anonyme des Téléphones Bell sera
présente à lexposition universelle de 1878.
En 1878, la production de téléphones
Breguet commence.
Antoine Breguet a présenté son téléphone
à l'Académie française des sciences en 1878.
C'est A. Bréguet fils début
1878 qui fut chargé, pendant 5 ans de construire les téléphones
pour la France, dans les ateliers Breguet 39 quai de l'horloge à
Paris

39 quai de lHorloge Paris
Compte tenu que aux US, Watson fabriquait manuellement quelques appareils
Bell, on peut considérer que ce bâtiment est donc le plus
ancien lieu de production déquipements de télécommunications
au monde.
La maison Breguet chargé de fabriquer les téléphones
brevet bell en améliore l'aspect et la fiabilité.
 |
Appelé Butterstamp,
dans le petit monde des collectionneur, on appelle ce modèle
LA POIRE , savez vous d'ou vient ce petit nom ?
Réponse : D'une page publicitaire vu dans
"La Tribune des inventeurs, 1891"
"Non, messieurs ! La poire téléphone
nest pas seulement un merveilleux appareil scientifique,
mais encore son prix peu élevé, la solidité
de sa construction, la rapidité de son installation, la
facilité de son emploi, les services infinis quelle
rendra la mettent au premier rang des découvertes modernes
dun usage réellement pratique. "
Modèle
Breguet entre fin 1877 et début 1878 "Pour la France",
collection Jean Godi
Le poinçon Bell représentant un téléphone
ne sera apposé sur les téléphones que jusqu'en
fin 1878 ou Roosevelt racheta à Breguet tous les droits
sur les brevets Bell déposés en commun au cours
de cette année.
|
Ces
appareils étaient vendus 30 francs à l'époque
ce qui équivaut à 350 € actuels, ils étaient
accompagnés de La
Notice
.
Avec les mises en garde, les explications du pourquoi on en trouve
encore beaucoup qui n'ont pas de marque ...
|
 |
Lisons le reste de cette notice
Les téléphones peuvent servir à établir
des communications entre deux points ou plusieurs pièces d'une
maison ou d'un édifice quelconque, soit pour des besoins purement
domestiques, soit pour des usages commerciaux, industriels ou administratifs.
Les observations suivantes pourront servir de guide aux personnes qui
auront à établir des communications de ce genre avec le
téléphone Bell.
1 - pour obtenir le maximum d'effet il faut avoir dans chaque endroit
deux téléphones à main, c'est à dire deux
de ces cornets représentés par la figure suivante

Quant on écoute, on en met un à chaque oreille; il est
clair qu'on entend mieux avec deux oreilles qu'avec une seule et d'ailleurs
en procédant ainsi, on se garanti contre les bruits extérieurs
qui ne peuvent que troubler.
Quant on parle, on présente devant la bouche l'un des cornets
et on parle dans l'embouchure; mais en même temps on garde le
second téléphone à l'oreille pour saisir les moindres
interruptions de son interlocuteur.
2 - Avant de parler à son correspondant, à son employé,
il faut l'avertir qu'on va parler et, en général il faut
une sonnette comme nous le dirons tout à l'heure.
Cependant si l'un des interlocuteurs A est à son bureau et que
le téléphone soit placé assz près de son
oreille, il entendra que B l'appelle, si B crie un peu fort à
l'autre bout du fil et si A a l'habitude d'entendre ses appels.
On peut même entendre un cri poussé à l'extrémité
B dans toute la pièce A si les conditions sont favorables.
Cette manière de faire pourra être employée quand
l'un des interlocuteurs ne pourra pas à raison de son grade ou
de sa position sociale être sonné par l'autre.
3 - On peut d'ailleurs disposer les choses d'une manière dissymétrique
comme-suit :
Le bureau A n'a pas de sonnette, il n'a qu'une paire de téléphone
et un bouton d'appel. Quand le correspondant A veut appeler B il presse
le bouton et fait marcher la sonnerie B; la conversation s'engage entre
A et B; car le bureau B a, outre sa sonnerie, deux téléphones
pour parler et entendre. Mais il n'a pas dans ce second bureau B de
bouton d'appel. En résumé donc A peut appeler B; mais
B ne peut pas appeler A. Cela suffira dans un grand nombre de cas.
Pour réaliser cette combinaison on pourra placer un fil spécial
pour la sonnerie et se servir comme fil de retour de l'un des conducteurs
du téléphone. Ce sera le plus économique et le
plus simple quand la distance ne sera pas grande, car le prix du fil
spécial de la sonnerie sera plus élevé.
Si au contraire la distance est grande il faudra faire usage d'une combinaison
spéciale pour employer les fils mêmes du téléphone
pour faire fonctionner la sonnerie. Cette combinaison sera du genre
de celle que alons faire connaître ci-après.
4 - Dans le cas général c'est à dire dans le cas
ou A et B pourront se sonner indifféremment dans les deux sens,
il y aura dans chaque bureau deux téléphones, un bouton
pour appeler le correspondant, une sonnette électrique pour être
appelé par lui, une pile pour fournir le courant aux appels et
enfin un support pour les téléphones au sujet duquel nous
allons entre dans quelques détails.
Ce support ou tablette présentent deux patères sur lesquelles
on place les téléphones. L'une des ces patère est
fixe, mais l'autre est mobile autour d'un axe et fait un petit mouvement
de bascule quand le poids du téléphone change son équilibre.
Ce déplacement entraine un changement de communication; si le
téléphone est à la patère, la ligne est
en communication avec la sonnerie; si au contraire on prend le téléphone
à la main, la patère remonte aussitôt, en basculant,
la ligne en communication avec le téléphone.
La manuvre se fait de la manière suivante : A presse son
bouton d'appel, la sonnerie de B se met à tinter; B presse à
son tour son bouton en réponse et la sonnerie de A se fait entendre.
Aussitôt chacun des deux correspondants prend ses deux téléphones
dans ses mains et la conversation commence.
Quand elle est achevée, chacun replace ses téléphones
sur leur patère et chaque bureau se retrouve sur sonnerie; c'est
à dire prêt à recevoir les appels de l'autre.
5 - Si un bureau doit communiquer avec plusieurs autres, si par exemple
le Directeur d'une usine veut parler successivement à tous ses
contremaîtres, il suffira dans le bureau central d'une seule paire
de téléphones qu'on emploiera sur l'une des lignes aboutissant
aux bureaux secondaires.
Il faudra dans ce bureau central :
-une sonnerie commune pour toutes les lignes,
-un tableau indicateur faisant savoir quelle ligne a appeler, un bouton
d'appel pour chaque ligne, pour appeler le poste correspondant,
-un commutateur pour chaque ligne pour mettre cette ligne en rapport,
soit avec le tableau indicateur (position d'attente), soit avec le bouton
d'appel (position temporaire) soit enfin avec les téléphones
(position de correspondance).
-Une paire de téléphone.
Il n'y aura pas lieu d'avoir ici le système de patère
mobile faisant commutaeur dont nous avons parlé plus haut; mais
il sera indispensable dans chacun des bureaux ou stations secondaires.
Le 2 Janvier 1878 est indiqué dans "La Nature"
: Très-récemment, dans une soirée donnée
à la préfecture maritime de Cherbourg, on fut fort étonné,
au milieu des salons, dentendre sonner un vulgaire clairon de
la troupe. Le son en était apporté du bout de la digue
par un téléphone dont le perfectionnement est dû
à M. Collard. M. du Moncel, en rapportant ce fait piquant, a
indiqué rapidement en quoi consiste le perfectionnement; mais
bien que M. Bréguet ait donné aussi son explication, nous
ne sommes pas assez sûr davoir bien compris, pour rien dire
de plus à nos lecteurs
En 1881, Antoine Breguet transforme lhorlogerie
familiale en société anonyme sous la dénomination
« Maison Breguet » avec pour objet « la construction,
linstallation et le commerce » de matériel électrique
(télégraphie, téléphonie, signaux, éclairage,
transmission de force à distance, etc.).
Cette coopération Breguet Roosevelt dura jusqu'à
la fin de 1878, date à laquelle Roosevelt racheta à Breguet
ses droits sur les brevets déposés en commun au cours
de l'année contre une somme de 5000 francs
Systèmes
Bell , de Bréguet et Roosevelt :
 |
Concrètement voici ce qui était
proposé aux premiers clients :
Planche Breguet INSTALLATION CLIENT
: exposé au Cnam à Paris
Sur une planchette d'acajou suspendue à la muraille,
sont disposées d'abord une sonnerie trembleuse ordinaire au-dessous
de laquelle est fixé un bouton transmetteur, et en second lieu
deux fourches servant de support aux deux téléphones et dont une
est adaptée à la bascule d'un commutateur disposé comme une clef
de Morse.
Les deux téléphones sont reliés, par deux fils conducteurs disposés
de manière à être extensibles, à quatre boutons d'attache dont
deux sont reliés directement l'un à l'autre et les deux autres
à la ligne, à la terre et à la pile par l'intermédiaire du commutateur,
du bouton transmetteur et de la sonnerie. Le commutateur A se
compose d'une bascule métallique ac portant au-dessus de son point
d'articulation, la fourche de suspension F' de l'un des téléphones;
elle se termine par deux taquets a et c au-dessous
desquels sont fixés les deux contacts du commutateur, et un ressort
presse le bras inférieur de la bascule de manière à faire appuyer
constamment l'autre bras contre le contact supérieur. Pour plus
de sûreté, une languette d'acier ab adaptée à l'extrémité
inférieure de la bascule, frotte contre une colonnette b
munie de deux contacts isolés qui correspondent à ceux de la planchette.
La bascule est en communication avec le fil de ligne par l'intermédiaire
du bouton d'appel, et les deux contacts dont nous venons de parler,
correspondent l'un, le supérieur, avec l'un des fils des téléphones
qui sont intercalés dans le même circuit, l'autre avec la sonnerie
S, qui elle-même communique à la terre. Il résulte de cette disposition,
que quand le téléphone de droite appuie de tout son poids sur
son support, la bascule du commutateur est inclinée sur le contact
inférieur, et, par conséquent, la ligne est mise directement en
rapport avec la sonnerie, ce qui permet d'appeler la station.
Quand, au contraire, le téléphone est enlevé de son support, la
bascule est sur le contact supérieur, et les téléphones sont reliés
à la ligne. Pour appeler la station en correspondance, il suffit
d'appuyer sur le bouton transmetteur; alors la liaison de la ligne
avec les téléphones est brisée et établie avec la pile du poste,
laquelle envoie un courant à travers la sonnerie du poste correspondant.
Pour obtenir ce double effet, le ressort de contact du bouton
transmetteur appuie en temps ordinaire contre un contact adapté
à une équerre qui l'enveloppe par sa partie antérieure, et, au-dessous
de ce ressort, se trouve un second contact qui communique avec
le pôle positif de la pile du poste. L'autre contact correspond
au fil de ligne, et une liaison est établie entre le fil de terre
et le pôle négatif de la pile du poste, ce qui fait que ce fil
de terre est commun à trois circuits:
1o Au circuit des téléphones;
2o Au circuit de la sonnerie;
3o Au circuit de la pile locale.
La seconde fourche qui sert de support au téléphone de droite
est fixée sur la planchette et n'a aucun rôle électrique à remplir.
|
Il est facile de comprendre que ce dispositif peut être
varié de mille façons différentes, mais nous nous bornerons au modèle
que nous venons de décrire qui est le plus pratique.
Brevet 122 452 déposé pr M.Brandon au nom de Cornelius
Roosevelt et Louis François Clément Breguet le 5 février
1878.
Si léclairage est la plus populaire des
applications de lélectricité, le téléphone
est devenu assurément la grande vedette de lExposition.
Chacun veut toucher et porter à son oreille ce petit instrument
pour y entendre un correspondant lointain. Parmi les stands qui exposent
des téléphones, la
SGT (Société Générale du Téléphone
créée en 1880) possède le plus grand et le plus
fréquenté. Elle a surtout installé ce qui est rapidement
devenu le plus grand succès de lExposition : le «
Théatrophone » qui permet
de réaliser des auditions téléphoniques à
partir de lOpéra et du Théatre Français.
Dès le mois de janvier 1880, Antoine Breguet en prépare
les premières expériences. La SGT met à la disposition
du commissariat de lexposition
son meilleur ingénieur, Clément Ader. Le système
des auditions théatrales est aussitôt breveté par
la SGT sous les noms de Clément Ader et Antoine Breguet. (Etrange
coincidence de voir aujourdhui auprès de Breguet le nom
de celui qui est considéré comme le père de laviation).
Le premier essai effectué entre lOpéra et son magasin
des décors distantsde 1.700 mètres est rapporté
dans « la Nature »
« La première de ces curieuses expériences eut lieu
le 18 mai 1881 dans le magasin des décors de lOpéra,
situé rue Richer N° 6. M. Berger, commissaire général
de lExposition dElectricité, assisté de MM.
Antoine Breguet et Clément Ader, présidait à ces
expériences. Le « Tribut de Zamora », le dernier
opéra de Gounod, fut entendu par quelques auditeurs privilégiés
qui se trouvaient là. On percevait merveilleusement les sons
de lorchestre, les churs et les solistes. La prise de son
choisie était le trou du souffleur, on y avait disposé
deux transmetteurs » ...
Antoine peut enfin prendre quelque repos au milieu des siens et découvrir
son deuxième fils, Jacques, né trois semaines avant louverture
de lExposition. Et célébrer Noël en famille,
entouré de ses trois enfants, Madeleine, cinq ans, Louis, deux
ans et Jacques, huit mois ; première génération
de Breguet à compter deux garçons.
La reprise du travail après les fêtes est particulièrement
difficile, car il se rend compte quil a été épuisé
par cette année 1881 pendant laquelle il sest dépensé
au-delà des limites raisonnables. La maladie qui lavait
arrêté un moment au début de sa carrière
a progressé insensiblement. Et pourtant, il ne tient pas compte
de ces avertissements ni des craintes manifestées par sa famille
et son médecin. Son énergie est toujours aussi forte et
il se laisse volontiers absorber par la direction de la Maison et le
grand chantier de la nouvelle usine de la rue Didot dont la construction
vient de commencer ... Dès la fin avril,
Antoine doit garder la chambre et cesser tout effort intellectuel. Marie
note chaque jour dans son agenda « Antoine souffrant
frissons
! » et début juin, son médecin lenvoie faire
une cure de repos à Barbizon. A lun de ses amis qui lui
fait parvenir un article pour la Revue Scientifique, il répond,
plein despoir dune reprise prochaine «Mon cher ami,
me voilà à peu près remis dune longue et
bête période de fièvre bizarre, fille de lExposition
dElectricité ! »
Malheureusement, il ne se remet pas. Antoine meurt subitement le 8 juillet
1882, à lâge de trente et un ans, emporté
par une hémorragie pulmonaire.
La direction de la Maison est alors confiée à son neveu,
Alfred Niaudet, qui est, à son tour, emporté par une crise
cardiaque, lannée suivant.
En 1883, après son décès et celui de son père,
il se produit une scission entre les deux branches «horlogerie»
et «électricité». Cette dernière se
déplace â la rue Didot (Paris) et s'ouvre, ainsi, la Maison
«Breguet Electricité» qui se fait une notoriété
de premier ordre.
sommaire
Le téléphone à mercure
Dans le premier premier ouvrage Français du Comte
Du Moncel traitant du Téléphone (sur
cette page)
en 1878, ou à
feuilleter ,on peut lire que :
... Ces systèmes sont fondés sur ce phénomène
physique découvert par M. Lippmann, que si une couche d'eau acidulée
est superposée à du mercure et réunie au moyen
d'une électrode et d'un fil avec celui-ci, de manière
à constituer un circuit, toute action mécanique qui aura
pour effet de presser sur la surface du mercure et de faire varier la
forme de son ménisque, déterminera une réaction
électrique capable de donner lieu à un courant dont la
force sera en rapport avec l'action mécanique exercée.
Par réciproque, toute action électrique qui sera produite
sur le circuit d'un pareil système, donnera lieu à une
déformation du ménisque et par suite à un mouvement
de celui-ci, qui sera d'autant plus caractérisé que le
tube où se trouve le mercure sera plus petit et l'action électrique
plus grande. Cette action électrique pourra d'ailleurs résulter
d'une différence de potentiel dans l'état électrique
des deux extrémités du circuit mis en rapport avec la
source électrique employée ou d'un générateur
électrique quelconque.
...
Si j'ai bien compris l'idée de M. A. Bréguet, cette indépendance
tiendrait à ce que les effets produits ne sont seulement fonction
que des différences de potentiel déterminées dans
les conditions d'équilibre électrique du système.
Si l'on considère que les courants résultant de l'action
électrique de l'eau acidulée sur le mercure, se trouvent
annulés à travers le circuit par l'opposition des deux
systèmes l'un à l'autre, on comprend aisément que
les forces électro-motrices développées se trouvent
maintenues sur les deux appareils à peu près dans les
mêmes conditions que sur les pôles de deux éléments
de pile réunis par leurs pôles de même nom, et pour
qu'un courant se manifeste il suffit que la tension électrique
de l'une des sources soit affaiblie ou augmentée; mais alors
le courant différentiel qui en résulte et qui est seul
à agir, est soumis à toutes les lois qui régissent
la transmission des courants sur les circuits et, par conséquent,
doit être aussi bien affecté par la résistance du
circuit que tout autre courant.
Le Téléphone
capillaire Breguet. brevet 122955. B. de 15 ans, 2 mars 1878
Le professeur G. Forbes donne la description suivante
: L'instrument que j'appelle le téléphone de Breguet
est basé sur l'instrument décrit par Lipmann, appelé
électromètre capillaire.
Le phénomène peut être démontré
de diverses manières. L'une des méthodes les plus
faciles consiste à prendre un long tube de verre et à
le plier en deux verres d'acide dilué. Le tube étant
lui-même rempli d'acide, un morceau de mercure est placé
au centre du tube. Si l'on connecte alors un pôle d'une pile
à un récipient d'acide et l'autre pôle de la
pile à l'autre récipient d'acide, au moment de la
connexion, le morceau de mercure se déplacera vers la droite
ou vers la gauche, selon la direction du courant. M. Lipmann explique
l'action en montrant que la force électromotrice qui est
générée tend à modifier la convexité
de la surface du mercure. La surface du mercure, vue d'un côté,
a une forme convexe, qui est modifiée par la force électromotrice
créée lorsque la connexion est établie avec
la pile. L'équilibre du mercure dépend de la convexité
et, par conséquent, lorsque la convexité est perturbée,
le mercure se déplace d'un côté ou de l'autre.
Lipmann a également montré que si l'on prend un tube
contenant un peu de mercure et se rétrécissant en
pointe, on le plonge dans de l'acide, puis on le remplit d'acide,
sur un pôle d'une pile plongé dans le tube et un autre
dans l'acide, le mercure se déplace vers le haut ou vers
le bas, montrant une action similaire à celle que je viens
de décrire. Lipmann a également démontré
l'effet inverse : si un morceau de mercure est pressé avec
force de manière à modifier la convexité de
sa surface, par exemple en l'introduisant dans une partie plus étroite
du tube, une force électromotrice est alors produite.
Il m'est venu à l'esprit, et sans doute
à Breguet aussi, que si nous parlons contre la surface
du tube de verre et faisons vibrer le tube, ou si nous faisons
vibrer le mercure de la manière que j'ai montrée,
nous devrions pouvoir introduire dans les fils un courant variable
qui pourrait avoir une force électromotrice suffisante
pour produire une parole audible dans un téléphone
Bell.
De plus, le même instrument, étant donné que
la force électromotrice variable affecte la goutte de mercure
et produit un déplacement variable, devrait également
agir comme instrument récepteur et devrait vibrer en fonction
des courants qui arrivent. Mes expériences n'ont consisté
qu'à utiliser l'instrument comme émetteur ; mais
Breguet, je trouve, l'a utilisé comme récepteur
aussi bien que comme émetteur, bien que je ne sache pas
que M. Breguet ait fait des expériences réelles
de manière à produire une parole articulée.
Je suppose que c'est ce qui s'est passé, bien que je n'aie
pas trouvé de description des expériences, et c'est
pour cette raison que j'ai pensé que le compte rendu de
mes propres expériences pourrait intéresser les
membres de la Société. Les premiers tubes que j'ai
utilisés étaient des morceaux de tube de verre d'environ
un centimètre de diamètre, simplement étirés
jusqu'à une pointe effilée. Je les ai ici. La première
expérience que j'ai tentée consistait à tapoter
le tube de verre de manière à déplacer mécaniquement
la position du mercure, et à écouter l'effet au
téléphone. Pendant longtemps, au moins une heure,
je n'ai pu obtenir aucun effet. Finalement, j'ai obtenu un son,
mais je ne comprenais pas comment il se faisait qu'à un
moment donné, je ne pouvais pas entendre le son, alors
qu'à un autre moment, il était très fort.
En haut, j'ai toujours eu du son, mais sur le côté,
je n'ai pas eu de son, bien que le mercure tremblait. J'ai alors
essayé de voir à quel point le courant était
faible dans le téléphone. Un assistant a tapoté
le tube pendant que je me tenais à l'écart, à
un endroit où je ne pouvais pas voir. Je lui ai demandé
de le tapoter de plus en plus doucement, et j'ai pu entendre le
plus faible coup. Une boulette de papier a ensuite été
lâchée de différentes hauteurs jusqu'à
un pouce, et chaque coup était parfaitement audible dans
le téléphone. J'ai essayé de nombreuses méthodes,
et l'une d'entre elles, choisie par pur hasard, était un
morceau de tube de verre que j'avais étiré en un
tube d'environ 2 mm de diamètre, puis j'en avais presque
fermé l'extrémité. J'ai ce tube ici, et vous
verrez à quel point il est mal formé et laid, mais
c'est l'un des meilleurs tubes que j'aie jamais eu ; et finalement,
j'ai découvert que de petits morceaux de tube de thermomètre,
qui étaient simplement fermés à leurs extrémités
avec un chalumeau, donnaient de très bons résultats,
et j'ai pu les rendre utiles à diverses fins. J'ai ensuite
essayé de monter un tube au bout d'un porte-voix et de
parler au mercure, mais je n'ai obtenu aucun résultat.
Partout où j'ai fixé le tube de verre lui-même
à une table d'harmonie, j'ai obtenu une reproduction très
précise. J'en ai placé un sur un morceau de plaque
de ferrotype, et cela a donné vraiment le meilleur résultat
que j'aie jamais obtenu. Le tube a été fixé
avec de la cire à cacheter, et j'ai obtenu une excellente
voix entendue dans un récepteur Bell. J'ai essayé
de placer un grand nombre de ces tubes, tous en quantité,
au fond d'une plaque de ferrotype, mais sans aucun avantage. Je
n'ai pas encore essayé de les mettre en série, l'un
derrière l'autre, de manière à augmenter
la force électromotrice, mais je pense que ce serait probablement
une amélioration ; bien sûr, il faudrait de nombreux
récipients d'eau acidulée pour y plonger. La voix
articulée la plus distincte a été obtenue
à partir d'une plaque de téléphone ferrotype
ordinaire, fixée sur les bords, et d'un des tubes de verre
que vous voyez ici fixé dessus....
Ces expériences n'ont pas menées à un nouveau
type de téléphone.
|
La nature du 6 juillet 1878 TÉLÉPHONE
A MERCURE
Dans une intéressante étude présentée
dernièrement à lAcadémie des sciences,
M. Salet, après avoir démontré comment le téléphone
Bell nest capable de transmettre avec fidélité
que des mouvements pendulaires, ajoutait avoir pu réaliser
un téléphone dans lequel tout déplacement de
la membrane denvoi correspondait à un déplacement
proportionnel, et de même sens, de la membrane réceptrice.
Pour atteindre ce but, une pile était nécessaire,
et lauteur remarquait que le fait même de lemploi
de cette pile constituait un obstacle absolu à lapplication
de son appareil sur de longues distances.
Jai eu la bonne fortune dimaginer et déprouver
un téléphone dun genre absolument nouveau, qui,
sans aucune pile, présente les avantages de celui de M. Salet,
et ne cesse dailleurs pas dêtre applicable sur
de grands parcours. Bien au contraire, le téléphone
à mercure, plus encore que celui de Bell, est insensible
à la résistance électrique, puisque, daprès
son principe même, il nest influencé que par
le potentiel et non par le débit dune source électrique,
ou, en dautres termes, par la tension et non par la quantité
dun courant.
A linverse des exigences de la télégraphie ordinaire,
cet appareil serait placé dans les conditions les plus favorables
sil utilisait, comme conducteur terrestre ou sous-marin, un
fil métallique de très-faible diamètre. On
sait, en effet, que, pour une charge électrique donnée,
le potentiel dun conducteur est dautant plus élevé
que sa capacité est plus petite. Le phénomène
qui ma servi de point de départ est absolument réversible
: mon transmetteur et mon récepteur sont donc deux appareils
identiques. Chacun connaît les remarquables travaux de M.
Lippmann, attaché au laboratoire de M. Jamin, au sujet des
tensions électrocapillaires développées à
la surface de séparation du mercure et de leau dans
un tube de verre de petit calibre.
On sait comment M. Lippmann, à laide des principes
quil avait établis, a pu construire le plus sensible
de tous les électromètres connus. Mon appareil ne
diffère de cet électromètre quen ce quil
est notablement plus simple et de plus petit volume. La pointe dun
tube capillaire T, contenant du mercure M, plonge dans un vase V.
Dans ce vase se trouve une couche de mercure M', surmontée
deau acidulée A, de façon que la pointe capillaire
ne pénètre pas dans la couche de mercure, mais seulement
dans leau acidulée. Deux fils de platine P et Q communiquent
respectivement avec le mercure M et le mercure M'. Si ces deux fils
sont réunis entre eux, le niveau du mercure dans le tube
capillaire sétablira à une hauteur invariable.
Mais, si lon interpose dans le circuit des fils de platine
une source électrique, le niveau prendra une autre position
déquilibre dépendant du potentiel de cette source.
En résumé, à chaque différence du potentiel
correspondra un niveau déterminé de la surface inférieure
du mercure. Au-dessus du mercure M se trouve une masse dair
S dont la pression variera évidemment toutes les fois que
le niveau du mercure variera lui-même. Lappareil que
je viens de décrire est réversible, cest-à-dire
que si, par une modification de la pression en S, le niveau du mercure
subit un déplacement, une différence de potentiel
ou, en dautres termes, une force électromotrice sétablira
dans les deux conducteurs P et Q.
Jaccouple maintenant ensemble deux appareils semblables, en
faisant communiquer les fils P et P,, Q et Q p ainsi que le montre
la figure.
Jexerce une pression en S ; une force électromotrice
dépendant de la valeur de cette pression prendra naissance
dans le circuit, et cette force électromotrice produira un
changement dans le niveau du mercure M, du second appareil. La pression
en S, y sera par conséquent modifiée.
On conçoit que, en sappuyant sur les phénomènes
que je viens dexposer, on puisse réaliser un télégraphe
et en particulier un téléphone. Si lon parle
au-dessus du tube T, Pair contenu dans ce tube entre en vibration.
Ces vibrations sont communiquées au mercure qui les traduit
en variations de force électromotrice, et ces variations
engendrent dans lappareil récepteur des vibrations
exactement correspondantes de la masse dair S,, de sorte que,
si loreille se trouve placée au-dessus du tube T 1
on entendra toutes les paroles prononcées dans le tube T.
Au lieu de profiter des déplacements du mercure, on peut
profiter des déplacements de son enveloppe de verre qui présente
moins de masse que lui. On se trouve donc en face dun problème
analogue à celui que javais déjà étudié
dans le téléphone Bell, lorsque javais expérimenté
des plaques de fer doux de diverses épaisseurs. Il est clair,
en effet, que le rapport des deux masses attirantes et attirées
doit être aussi différent que possible, afin de considérer
lune des deux masses comme immobile, et par conséquent
lautre masse comme animée dun déplacement
maximum. Si donc on veut entendre par l'enveloppe de verre, la masse
de celle-ci doit être négligeable par rapport à
la masse du mercure. Si lon veut écouter au moyen du
mercure, le rapport des masses doit être renversé.
Après avoir obtenu des résultats qui ne laissent aucun
doute sur la valeur du téléphone à mercure,
au point de vue scientifique, je devais chercher à obtenir
une plus grande perfection, et cest avec le précieux
concours deM. Lippmann que jentrepris de nouvelles expériences
sur des formes plus portatives à donner à mon instrument.
Lune de ces formes est empreinte dun tel caractère
de simplicité que je ne puis la passer sous silence.
Lappareil ne consiste plus en effet quen un tube de
verre fin de quelques centimètres de longueur contenant des
gouttes alternées de mercure et deau acidulée,
de façon à constituer autant déléments
électro-capillaires associés en tension. Les deux
extrémités du tube sont fermées à la
lampe, mais laissent pourtant un fil de platine prendre contact,
de chaque côté, sur la goutte de mercure la plus voisine.
Une rondelle de sapin mince est fixée normalement au tube
par son centre, et permet ainsi davoir une surface de quelque
étendue à sappliquer sur la coquille de l'oreille,
quand lappareil est récepteur, et de fournir au tube
une plus grande quantité de mouvement sous linfluence
de la voix, quand lappareil est transmetteur.
Je terminerai par un résumé des avantages que lon
pourrait trouver dans lemploi des appareils à
mercure appliqués soit à la téléphonie,
soit plus généralement à la télégraphie.
1° Ces appareils ne nécessitent lusage daucune
pile.
2° Linfluence perturbatrice de la résistance dune
longue ligne est presque nulle pour ces instruments. Dans le téléphone
Bell cette influence est encore appréciable..
3° Deux appareils à mercure accouplés, comme lindique
la figure, sont absolument corrélatifs, en ce sens que même
des positions différentes déquilibre de la surface
du mercure dans lun deux produisent des positions différentes
déquilibre dans lappareil opposé. On peut
donc reproduire à distance, sans pile, non-seulement des
indications fidèles de mouvements pendulaires, comme le fait
le téléphone de Bell, mais encore reproduire limage
exacte des mouvements les plus généraux.
4° Dans un système de télégraphe fondé
sur le même principe que mon téléphone, il est
probable que lon pourrait, dune part, arriver à
une vitesse de transmission plus grande que celle que permettent
dobtenir les appareils ordinaires, et dautre part réaliser
une économie considérable sur les prix et la pose
des conducteurs. Un fil dacier de très-petit diamètre
remplacerait avec avantage les fils de cuivre du plus fort calibre.
La capacité des lignes, considérées comme condensateurs,
serait encore diminuée par la réduction de la surface
de leur armature interne, et cest un nouvel élément
qui viendrait augmenter encore leur rendement commercial.
Je ninsisterai pas davantage sur des espérances que
quelques-uns peut-être trouveront encore prématurées.
Mais je crois nêtre pas seul à penser que, dans
un avenir plus ou moins lointain, la télégraphie pourra
trouver son profit dans lapplication des phénomènes
électro-capillaires.
A. BRÉGUET. |
Correspondance Antoine BREGUET
Ensemble de quatre lettres signées à Gaston TISSANDIER,
Paris. 1er et 7 septembre 1877, 8 avril 1878 et 5 février 1880.
Intéressante correspondance entre les deux scientifiques Français,
initiée par Breguet proposant à Tissandier alors
rédacteur en chef de la revue La Nature ses travaux sur
lhistoire de la lumière électrique et sur le téléphone
à Mercure.
1 2
3 4
Trois pages in-4° (sur papier à en-tête de la Maison
Breguet) et une page in-8° (sur papier à en-tête de
la Revue scientifique)
1er septembre 1877.
« Cher Monsieur, je me suis amusé ces derniers temps à
recueillir quelques notes sur lhistoire de la lumière électrique
jusquà sa production au moyen de machines magnéto-électriques
(exclusivement).Voulez-vous accueillir cette étude dans votre
revue ? Si oui, veuillez me le faire savoir, et je moccuperai
de la mise au net. Je pense quil y aurait de la copie pour deux,
peut-être trois articles.Mais je ne vois en vérité
que peu de figures pour les illustrer. Croyez-moi, cher monsieur, votre
bien dévoué. Antoine Breguet. »
7 septembre 1877.
« Cher Monsieur, Voici le premier article sur lhistoire
de la lumière électrique. Vous pourriez peut-être
faire faire comme figures, 1°- Dufay tirant une étincelle
dun corps humain. Le patient est suspendu en lair sur des
cordons de soie. 2°- létincelle en aigrette qui se
trouve dans un grand nombre de traités de physique : Gavarret,
Mascart entre autres. ; quen pensez-vous ? Votre bien dévoué.
Antoine Breguet. Si vous trouvez ce 1er article trop court, je puis
le rallonger facilement. Jai toutes mes notes mises en ordre.
Je pourrai faire encore facilement deux autres articles de même
longueur (au moins) et les figures y seront plus faciles à placer.
»
8 avril 1878.
« Cher Monsieur, je vous enverrai dans deux ou trois jours la
suite de lhistoire de la lumière électrique. Quant
au téléphone à mercure, jattendais toujours
pour vous adresser le cliché, que jeusse obtenu quelques
résultats nouveaux. Mais le temps me manque pour travailler,
je vais donc vous envoyer de suite la figure. Votre bien dévoué.
Antoine Breguet. P.S. Je vous serai obligé de menvoyer
le dernier numéro de la Nature, car en dehors de labonnement
de mon père, jaime à conserver les numéros
où sont insérés les articles de moi. »
5 février 1880.
« Mon cher Monsieur Tissandier, Vous savez peut-être que,
à partir du 20 février, je prends la direction de la revue
scientifique en collaboration avec mon ami Ch. Richet ; Je sais que
vous avez bien voulu promettre à M. Alglave, la copie de votre
conférence pour la revue. Puis-je espérer que vous tiendrez
votre promesse pour son successeur ? Vous aurez droit à la reconnaissance
de votre bien dévoué Antoine Breguet, 5 rue de Savoie.
Paris »
Gaston Tissandier (1843.1899), voua sa vie aux sciences.
Chimiste et physicien de formation, attiré par toutes les sciences
de la nature et fasciné par le monde des techniques et de linvention,
il devint dès les années 1870 éditeur de revues
scientifiques, dont La Nature (ici sollicitée par Breguet). Aventurier
de lair, passionné daérostation, il se livrera
à plus dune quarantaine dascensions. Lors de lExposition
délectricité, en 1881, il contribue, avec son frère
Albert, au premier modèle de ballon dirigeable mû par lélectricité
sommaire
1873-1874 Alfred Niaudet-Breguet vient faire
des recherches sur la machine de Gramme au laboratoire de recherches
physiques de la faculté des sciences de Paris.
Puis Antoine Breguet construit des machines de Gramme, la première
génératrice moderne de courant. Il est lauteur dun
ouvrage avec Gramme (1875) et signe seul en 1880 un livre sur la théorie
de la machine de Gramme qui sort en 1880.
1874 La Nature - Revue des sciences, 1874. Alfred Niaudet-Breguet
EXPLOSEUR MAGNÉTO-ÉLECTRIQUE de breguet.
Supposez un aimant en fer à cheval, sur
les branches duquel sont enroulés des fils conducteurs
isolés ; supposez une armature de fer doux appliquée
sur les pôles de laimant. Si on vient à éloigner
rapidement larmature, il se produit dans le fil conducteur
un courant électrique dune durée presque instantanée.
Si on rapproche larmature et quon lapplique
de nouveau sur les pôles de laimant, il se produit
dans le fil un second courant présentant les mêmes
caractères que le premier, mais en sens contraire.
Cette expérience, due à Faraday, est le principe
de lexploseur représenté par la figure ci-jointe.
Exploseur
magnéto-électrique
Pour obtenir un courant au moyen de cet appareil, il suffit de
donner un coup de poing sur le manche, doù résulte
le brusque arrachement de larmature. La simplicité
de cette manuvre fait souvent donner à cette machine
le nom de coup de poing.
Quand on ramène larmature au contact, on obtient
un second courant de sens contraire.
Pour la principale des applications de cet instrument, linflammation
de la poudre, il y a intérêt à avoir un courant
de grande tension ; aussi convient-il demployer le premier
courant, celui darrachement, par cette seule raison que
le mouvement peut être accompli plus rapidement que le mouvement
contraire. Pour augmenter encore la tension du courant, on a recours
à un artifice singulier qui mérite de nous arrêter
un instant.
Le levier de larmature porte un petit ressort que la figure
montre en avant et à gauche, et qui touche par son extrémité
à une vis. Quand on écarte larmature et laimant,
le ressort cesse de toucher la vis. Mais, comme au point de départ,
il est bandé, le contact entre la vis et le ressort ne
cesse quaprès que larmature a fait environ
les deux tiers de son mouvement. Lun des bouts du fil conducteur
enroulé sur les branches de laimant est mis en communication
avec le levier de larmature, lautre bout communique
avec la vis ; par conséquent, le courant produit par le
coup de poing est enfermé dans lappareil, du moins
pendant les deux tiers du temps de sa production. Cette disposition
qui, à première vue, paraît destinée
à faire perdre la plus grande partie du courant, a, au
contraire, pour effet daugmenter la tension, parce que le
courant qui est fourni par lappareil est, non plus le courant
dinduction magnéto-électrique, mais lextra-courant
de ce courant dinduction, cest-à-dire le courant
dinduction qui se produit au moment de la rupture du circuit
local du courant magnéto-électrique.
En fait, la simple addition du ressort et de la vis dont nous
venons de parler, augmente dans le rapport de 1 à 5 la
tension du courant. On lapprécie dune manière
grossière en comparant les chocs que lappareil donne
quand on met deux doigts sur les bornes terminales, et on le constate
dune manière plus nette par le nombre des amorces
quon peut enflammer dans lun et lautre cas.
Grâce à ce perfectionnement et à une heureuse
proportion entre les parties de la machine, on peut arriver à
enflammer de la poudre de chasse extra-fine placée entre
deux pointes de métal très-voisines.
En réalité, dans la pratique, on emploie dans la
confection des amorces, des poudres spéciales, notamment
celle indiquée par M. Abel, chimiste de larsenal
anglais de Woolwich. La poudre dAbel est plus sensible que
la poudre de chasse ordinaire ; aussi peut-on enflammer simultanément
dans un seul circuit un nombre assez grand damorces, et,
par suite, mettre le feu à plusieurs mines ou à
plusieurs canons à la fois. Le seul défaut de cette
poudre est quelle saltère avec le temps, et
quau bout de dix-huit mois ou deux ans elle nest plus
inflammable.
Ce défaut est écarté dans de nouvelles amorces
dues à un officier du génie, et qui ne contiennent
aucune substance susceptible de saltérer avec le
temps. En attendant que ces amorces françaises se répandent,
on est réduit aux amorces anglaises qui ont servi pendant
la guerre à quantité de travaux de destruction et
qui rendent dans la paix de grands services aux ingénieurs
pour la percée des tunnels et labatage des roches.
On a construit des exploseurs qui, dun seul coup de poing,
peuvent enflammer vingt amorces dAbel ; mais cette grande
puissance nest obtenue quen sacrifiant la légèreté
de lappareil (ces instruments puissants pèsent 12
à 13 kilogrammes}. Dans la plupart des cas, on se contente
dappareils plus petits qui pèsent 8 kilogrammes et
qui sont capables denflammer dix à douze amorces
dans le laboratoire, et den faire partir six à huit
sur le terrain. Enfin le génie fait étudier des
appareils de très-petite dimension et dun poids très-réduit,
desquels on nattend que trois ou quatre explosions simultanées,
cest-à-dire une force suffisante pour être
absolument sûr dune explosion sur le champ de bataille.
Lexploseur est lappareil magnéto-électrique
le plus simple qui ait jamais été réalisé,
et on peut ajouter quil nest pas possible den
concevoir un plus simple, puisquil ny entre que les
trois parties indispensables à répéter lexpérience
de Faraday. En effet, on ny voit quun aimant, une
armature de fer doux et du fil de cuivre recouvert de soie. Malgré
cette extrême simplicité, il y a tout lieu de croire
que linstrument se perfectionnera encore notablement et
acquerra, à égal poids ou à égal volume,
une énergie plus grande. Ainsi lemploi des aimants
Jamin, qui na encore été pratiqué quà
titre dessai, ne peut manquer de donner de bons résultats.
Il faut bien se garder de croire que lexploseur soit comparable
en énergie à la bobine de Ruhmkorff. Le seul avantage
quil présente sur ce puissant appareil est quil
se suffit à lui-même et quil est toujours prêt
à fonctionner, tandis que la bobine dinduction a
besoin dêtre excitée par une pile. Sur le terrain,
et notamment à la guerre, cet avantage est tout à
fait capital ; cela est trop évident pour quil y
ait lieu dy insister.
Applications diverses de lappareil
Lappareil qui nous occupe est susceptible dautres
applications que linflammation de la poudre, et dès
lors il ne doit plus être appelé exploseur. Tout
dabord il est facile de lemployer dans la télégraphie.
On a pu voir parmi les objets exposés à Vienne,
par la maison Breguet, un télégraphe Morse sans
pile, dont le manipulateur nétait autre chose quun
exploseur de petite dimension. On connaît la clef Morse,
dont la manipulation consiste en une série de battements
longs et courts diversement espacés. Il suffit de répéter
ces battements avec le manche de lexploseur pour produire
une série de courants positifs à larrachement,
négatifs au retour, qui font fonctionner un récepteur
Morse à armature polarisée. Cet instrument parait
être le télégraphe militaire par excellence,
parce quil réduit au minimum le poids et le volume
des appareils, et parce quil dispense de la pile, qui est
lembarras capital de la télégraphie ambulante.
On a objecté que les télégraphes Morse employés
en France nétant pas à armature polarisée,
les stations ordinaires de la télégraphie ne pourraient
pas être mis en communication avec les télégraphes
de larmée. Cette objection est plus spécieuse
que sérieuse. On a vu en effet, pendant la dernière
campagne, que larmée dinvasion, cest-à-dire
larmée allemande, na presque jamais pu faire
usage des postes français qui ont toujours été
désorganisés au bon moment ; larmée
française, au contraire, constamment en retraite, employait
presque toujours les stations ordinaires de la télégraphie
comme stations militaires. Dailleurs, il y a tout lieu de
croire que les appareils à armature polarisée se
répandront en France comme en Angleterre et en Allemagne,
et dès lors linconvénient signalé se
réduira de jour en jour. Rien ne serait plus aisé
que de concevoir un télégraphe à cadran magnéto-électrique
fondé sur le même principe, et les officiers du lécole
régimentaire du génie de Montpellier ont fait des
essais dans cette voie.
Nous avons eu loccasion de voir récemment en Angleterre
une autre application du même appareil réalisée
par Sir Charles Wheatstone et déjà assez répandue
; il sagit dun compteur de tours de roue. Un excentrique
placé sur laxe dont on veut compter les tours vient
à chaque révolution arracher larmature dun
appareil analogue à celui que présente la figure
et produit des courants qui sont envoyés dans un récepteur
ou compteur facile à imaginer. Au lieu de compter des tours
de roue, on peut compter les allées et venues du piston
dun corps de pompe, soit dans un moteur à vapeur,
soit dans toute autre machine.
Dautres problèmes pourraient encore être résolus
au moyen de cet artifice, et nous serions trop heureux si nous
avions pu mettre quelque lecteur sur la voie dune invention
nouvelle.
A. Niaudet.
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Publications 1876
- La machine magnéto-électrique de Gramme, par Alfred
Niaudet-Bréguet. (Télégraphie Journal,
vol. III, pages 185, 196, 223).
- Les piles secondaires de M. Planté, par A. Niaudet-Breguet.
(Télégraphie Journal, volume III, page 272).
- Nouvelle machine électro-magnétique à courant
continu, par Alfred Niaudet. (The télégraphie
Journal, vol. IV, page 100).
sommaire
Il construit de nombreux autres instruments dont un
anémomètre enregistreur mu par l'électricité.
Chevalier de lOrdre de Léopold, Commandeur dIsabelle
la catholique, Chevalier de létoile Polaire, il est fait
Chevalier de la Légion dHonneur en mars 1882.
Antoine meurt d'épuisement en 1882, laissant veuve Marie Dubois,
qu'il avait épousé en 1877, avec trois enfants mineurs
: Madeleine Camille (née en 1878), Louis Charles (né en
1880) et Jacques Eugène Henri (né en 1881).
La Maison Breguet Electricité passe sous forme de société
anonyme.
Son fils Louis Charles Breguet (1880-1955) reprend la direction
de la division électrique installée à Douai à
partir de 1906, avec comme collaborateur son frère Jacques Eugéne
Henri Breguet (1881-1939).
Tous deux la quitteront en 1911 pour fonder la Sté anonyme des
ateliers daviation Louis Breguet et se consacrer exclusivement
à lavionique. Cette société sera abordée
par Dassault en 1967 (ou 1971?)
Après guerre, l'entreprise fusionne avec les établissements
Sautter-Harlé pour donner naissance à la Société
de Constructions Electriques Breguet-Sautter-Harlé en 1956.
La Société de Constructions Electriques Breguet-Sautter-Harlé
sera absorbée en tant que filiale par la société
sucrière F. Beghin en 1963 (devient en 1973 Beghin-Say) , puis
absorbée par le groupe Fives Lille- Cail en 1966.
Ce groupe est toujours en activité en 2019 sous le nom Fives.
sommaire
La MAISON BREGUET Société anonyme.
Société anonyme formée par acte
passé devant Me Masson, notaire à Paris, le 31 décembre
1881, définitivement constituée le 14 janvier 1882, modifiée
par décisions des Assemblées générales des
18 avril 1889, 29 mai 1897, 7 et 26 mai 1898 et 7 janvier 1899.
Objet.La Société a pour objet la construction,
l'installation commerce de tous appareils ou machines relatifs à
: 1° téléphonie, les signaux électriques de
tous genres, leclairage électrique la transmission de la
force à distance, les mesures électriques et, à
toutes les applications ayant trait par un côté quelconque
à léiectricité; 2° De tous les instruments
de précision.
Et la participation directe ou indirecte de là Société
en France et à létranger, dans toutes entreprises
électriques et dans toutes opérations commerciales, industrielles
et financières pouvant se rattacher à l'un des objets
précités, soit par voie de création de Sociétés
nouvelles, dapport, de fusion ou autrement.
Dénomination. Maison Breguet, Société
anonyme.
Siège social. A Paris, rue Didot,
19. Usines à Paris et à Douai.
Durée. Du 14 janvier 1882 au 31 décembre
1926.
Capital social. Fixé primitivement à
3 millions de francs, divisés lorigine en 600 actions de
5,000 fr., dont 200 ont été attribuées entièrement
libérées à M. Antoine Breguet, fondateur, en représentation
de ses apports détaillés aux statuts; et 400 actions souscrites
enespèces et an pair.
Lassemblée générale du 18 avril 1889 a décidé
léchange des 600 actions de 5,000 fr. contre 6,000 actions
de 500 fr., à raison de une contre dix.
Par décision des assemblées générales des
7 et 26 mai 1898, le capital a été porté de trois
à quatre millions de francs, au moyen de la création de
2,000 actions nouvelles de 500 francs, émises à 675 francs.
Au total : 8,000 actions de 500 francs, libérées et au
porteur. Les intérêts et dividendes se payent ordinairement
en novembre.
Conseil dadministration de sept à neuf membres
nommés pour su ans, renouvelables par moitié tous les
trois ans, devant être propriétaires chacun de cent actions
inaliénables pendant la duréedeleursfonctions.
Assemblée générale ordinaire annuelle
en octobre, composée de tous les propriétaires de dix
actions. Chaque actionnaire a autant de voix quil possède
dactions.
Année sociale du 1er mai au 30 avril.
Bénéfices Sur les bénéfices,
nets de toutes les charges, il est prélevé: 5 % pour constituer
un fonds de réserve, jusquà ce quil atteigne
.e dixième du capital social.
Sur lexcédent il est prélevé
: La somme nécessaire pour payer aux actions un intérêt
de 5 %/4 du. capital versé.
Le surplus est réparti, savoir: 10 % au directeur 5 % au sous-directeur
; 5 % au conseil dadministration ; Et le surplus aux actions à
titre de second dividende. Sur ce dividende, lassemblée
générale peut prélever de quoi constituer une ou
plusieurs réserves extraordinaires et spéciales.
Titres. Actions n° 1 à 6,000, portant
le libellé de : « Maison Breguet. Société
anonyme. Statuts reçus par M8 Masson, notaire à Paris
le 31 décembre 1881 et modifiés par décision de
lAssemblée générale du 18 avril 1889. Capital
social : trois millions de francs divisé en 6,000 actions de
500 francs chacune. Siège social, 39, quai de lHorloge,
à Paris. Action de 500 francs au porteur entièrement libérée
n« » Datés à Paris du 1er juillet 1889. Ces
titres sont munis de lestampille suivante :« Capital porté
de trois à quatre millions par décision de lAssemblée
générale extraordinaire du 7 mai 1898 ».
Actions n° 6001 à 8000, portant le libellé
de : « Maison Breguet. Société anonyme. Statuts
reçus par Me Masson, notaire à Paris, le 31 décembre
1881, et modifiés par décisions des assemblées
générales des. 18 avril 1889, 29 mai 1897 et 7 mai 1898.
Capital social : quatre millions de francs divisé en 8,000 actions
de 500 francs chacune. Siège social : 19, rue Didot, à
Paris. Action de cinq cents francs au porteur, entièrement libérée,
n°... » Datés à Paris du 15 mai 1898.
Tous ces titres, teinte bleue sur fond blanc, sont munis de coupons
numérotés, dont le dernier porte le n° 30. (Le coupon
n° 12 a été payé le 1" novembre 1900.)
Timbre sec sur le titre et sur les [coupons. Souche dans le haut.
OBLIGATIONS 3,000 obligations de 500 fr. 4 1/2 »/»,
entièrement libérées et au porteur, créées
par délibération du Conseil dadministration du 24
avril 1893 en vertu des pouvoirs contenus à larticle 24
des statuts et sur lesquelles 700 ont été affectees a
la conversion ou au remboursement des 689 obli gâtions 6 °/o
en circulation.
Émises à 485 fr. par le Comptoir national descompte
de Paris en juin 1393 Remboursables à 500 fr. en 18- ans de 1894
à 1911, par tirages au sort semestriels en mai et novembre, pour
le remboursement des titres sortis seffectuer les 1er juin et
1er décembre suivant chaque tirage.
La Société sest réservé le droit de
remboursement au pair, par anticipation, à toute époque.
Intérêt annuel : 22 fr. 50 payables par moitié
les 1er juin et 1er décembre Titres. Légère
teinte vert deau sur fond blanc, nos 1 à 3000, portant
le libellé de: « Maison Breguet, Société
anonyme formée par acte notarié passé devant M
Masson, notaire à Paris, le 31 décembre 1881 et constituée
définitivement le 14 janvier 1882. Statuts modifiés par
les assemblées générales extraordinaires des 14
avril 1883 et 18 avril 1889. capital social: trois millions de francs.
Siège social: 19, rue Didot, à Paris obligation de 500
francs au porteur. Émission de 3,000 obligations 41/2/.
etc-, n°... » Datés à Paris du 1er juin 1893.
Munis de coupons semestriels dont le dernier porte le n° 36 et léchéance
du 1er juin 1911. (Le coupon n« 19 a été payé
à son échéance du 1er décembre 1902.) Timbre
sec sur le titre et sur les coupons. Souche dans le haut. Tableau damortissement
au verso.
1210 de ces titres étaient' amortis au 1er décembre 1902.
Le payement des coupons des actions et des obligations et le remboursement
des obligations sorties au tirage seffectuent à Paris au
Comptoir national descompte de Paris rue Bergère, 14.
Admission à la cote (2e partie) De 6,000 actions et des obligations,
le 20 novembre 1893, Et de 2,000 actions, nos 6001 à 8000, le
30 juin 1898.
Administrateurs MM. G. Berger, président; Sciama,
administrateur-directeur ; F. Mayer, Kapferer, G. Dreyfus, J. Dubois.
Commissaires des comptes. MM. Cazabonne, Ollendorf
sommaire
Domaine d'activité
Au delà de ses nombreux innovations et développements
dans le domaine de l'horlogerie mécanique, la Maison Breguet
innovera à la fin du 19° siècle avec de nombreux développements
dans le domaine de l'électrotechnique. Elle sera linstallateur
des premières horloges électriques à Lyon en 1856.
Elle est l'inventeur du parafoudre, de la sonnette électrique
et sera le premier fournisseur des chemins de fer en matériel
de télégraphie.
Elle diversifie alors nettement ses activités et se rajoutent
à ces produits la machine de Gramme (un traité avec Gramme
fut signé en 1875), la dynamo électrique, le téléphone
et les systèmes d'automatismes électromécaniques.
Au début des années 1880, Mr Fayot alors directeur des
ateliers de la Maison Breguet invente un tachymètre électrique
destiné aux navires. Cet équipement sera installé
entre autres sur le Courbet, Le Marceau et le Suchet.
La fin du 19° siècle voit la Maison Breguet produire des
systèmes électromécaniques lourds tels que des
groupes électrogènes et des motorisations diverses, thermiques
et-ou électriques.
Elle fournira entre autres au ministère de la guerre des pompes,
des projecteurs de DCA, des lunettes de visée, des transmetteurs
dordre électriques, des mines sous-marines, des motorisations
pour navires comme celle du sous-marin Mariotte en 1906 (Diesel et électrique)
et du croiseur Pluton en 1928 (turbines) et réalisera léquipement
électrique de nombre de navires.
Elle sera aussi impliquée dans le développement et la
réalisation de systèmes darme automatisés
comme les tourelles dartillerie de cuirassés et dans les
années 30, elle sera retenue pour la conception la réalisation
des motorisation et automatismes des tourelles de mitrailleuses, des
tourelles de mortiers de 81mm et des tourelles dobusiers de 75
- 33 destinées à léquipement de la Ligne
Maginot.
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