1963-2030 Les centraux électroniques

 

La recherche Numérique

Durant l’année 1961 L-J Libois du CNET, lance le projet de recherche Numérique, qu’il avait négocié avec son directeur P. Marzin.
Sa première décision est de prendre comme adjoint André Pinet. Les deux ingénieurs se connaissent bien. André Pinet a commencé sa carrière au département transmission de la Direction de recherche des télécommunications en 1942. Au départ technicien, grâce à la formation continue il deviendra ingénieur. En 1946 L-J Libois débute sa carrière d’ingénieur des Télécommunications au CNET, récemment fondé, et prend la responsabilité du service transmission, dans lequel André Pinet deviendra rapidement son adjoint.
En 1961 les bases théoriques de la commutation numérique sont à peu près maitrisées, notamment avec les apports du laboratoire LCT de l’avenue de Breteuil, lié à la société LMT. En effet en 1947 Maurice Deloraine, alors directeur technique du groupe ITT, avait déposé le premier brevet de commutateur numérique à répartition temporelle et soutenu une thèse de Docteur-Ingénieur à Paris sur ce thème. Puis au sein du LCT, en 1948-50 Pierre Aigrain vérifie la faisabilité d’une commutation analogique à répartition temporelle avec modulation PAM (Pulse amplitude modulation) et enfin en 1958 le brevet E. Touraton-J-P. Le Corre, ingénieurs au LCT, complète celui de M. Deloraine.
André Pinet, le chef de projet possède une bonne expérience dans des domaines variés, y compris sur la commutation.
Sur le numérique il a été un pionnier en ayant travaillé sur le codage PCM (Pulse Code Modulation), dès 1947, dans la ligne de l’invention d’Alec Reeves en 1938 au laboratoire LMT de Paris, puis dans une deuxième étape à partir de 1958, au moment où on peut utiliser des transistors pour faire des réalisations expérimentales. Il est un chef de projet pragmatique qui donne des objectifs intermédiaires et fait des choix pouvant être révisés plus tard, en fonction de la disponibilité de nouveaux composants.
Pierre Marzin suggère l’idée d’installer une antenne du Cnet (Centre national d'études des télécommunications) à Lannion.
Le 23 octobre 1963, le CNET de Lannion est inauguré par le ministre des PTT, Jacques Marette.
Le Centre National d’Études des Télécommunications (CNET) de Lannion dont la création remonte à avril 1959 (1962 pour la commutation téléphonique) est devenu depuis le centre de Recherche et de Développement de France Telecom (FT/R&D) ;

Suite aux travaux et recherches principalement sur le projet Antinéa Ramsés, loin de Paris, et de leur hiérarchie, les ingénieurs du Cnet se sentent libres d’essayer, d’oser. Ils lancent un pari sur l’avenir, raconte Yves Bouvier, maître de conférences à la Sorbonne Université et spécialiste de l’histoire des Télécommunications.
Au lieu de travailler sur l’appareil de commutation téléphonique de demain, ils décident de plancher sur celui d’après- après-demain.
Le projet prend le nom de PLATON , prototype lannionais d’autocommutateur temporel à Organisation Numérique.
Les matériels n’en sont encore qu’à leurs balbutiements, les transistors ont été inventés en 1948, mais les chercheurs imaginent utiliser des composants électroniques pour remplacer l’électromécanique des standards téléphoniques. Et bingo.

..... Toute la grande histoire du système PLATON, qui deviendra E10 est liée au centre de Lannion et d'Alcatel est racontée à cette page .

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Les Bell Labs élaborent une nouvelle technique de transmission

Au début des années 1960, le fabricant de matériel de télécommunication Western Electric du groupe American Telegraph and Telephone (AT&T) lance après quelques années de recherches conduites par les Laboratoires Bell, instance de recherche et développement du même groupe, la production industrielle d'un système multiplex à modulation par impulsion et codage MIC.
Ces développements ont pour objectif immédiat d'apporter une réponse économique et pratique à la saturation des liaisons entre centraux téléphoniques, résultat d'une croissance soutenue du réseau téléphonique américain. La nouvelle technique permet d'éviter ou de réduire la pose, coûteuse et difficile en milieu urbain, de nouveaux câbles. Elle utilise la modulation, soit la combinaison de plusieurs voies téléphoniques sur un même support, en les répartissant non plus en fréquence mais dans le temps sous la forme d'impulsions codées. La première mise en service de ce système combinant 24 voies téléphoniques est effectuée à Chicago en 1962, prologue à une industrialisation rapide et importante : dès 1964, 2 millions de km-circuits sont opérationnels.

Le système MIC : multiplexage à 32 voies

C'est Alec H. Reeves en 1938 qui a conçu l'idée de numériser la parole, appelée PCM modulation par impulsions et codage, mais à une époque où la technologie dominante empêchait sa réalisation économique.
C'était un scientifique britannique qui a reconnu le potentiel de la modulation par impulsions codées pour réduire le bruit lorsque la parole est transmise sur de longues distances. Avec un signal analogique, chaque fois que le signal est amplifié, le bruit contenu dans le signal est également amplifié et un nouveau bruit supplémentaire est ajouté. Avec la modulation par impulsions codées, il suffit de régénérer les impulsions, donc le contenu en bruit du signal n'est pas augmenté. Reeves a breveté l'invention en 1938.
Malheureusement, son idée nécessitait des circuits assez complexes (selon les normes des années 1930), qui n'étaient pas rentables en utilisant des vannes tube à vide).
Trente ans plus tard, lorsque ses idées ont pu être réalisées, l'importance de son invention fondamentale a été reconnue par l'attribution à Reeves en 1965 de la médaille Ballantine de l'Institut Franklin, par la médaille d'or de la ville de Columbus en 1966 et en 1969 par l'inclusion de PCM sur le timbre-poste à 1 shilling au Royaume-Uni.

Le multiplexage
Un autre choix effectué en 1963 est celui du multiplexage à 32 voies, dicté par une vision d’avenir du « tout binaire », alors qu’américains et japonais travaillent sur la base de 24 voies, suivant une vision conservatrice venant du multiplexage de voies analogiques.
Ce choix du 32 voies, validé par la Direction Générale des Télécommunications, est proposé à l’ensemble des administrations européennes via la CEPT. L’accord européen sur cette norme est obtenu en fin 1968 et l’UIT en 1969 reconnait les deux normes européennes et américaines. La reconnaissance mondiale de cette norme conforte le CNET Lannion dans ses choix pour aller vers la réalisation d’un réseau numérique complet.

Le concept révolutionnaire est de transformer une banale donnée physique, vibratoire, ondulatoire et palpable (la voix humaine), non plus en simples signaux électriques analogiques comme tout ce qui se faisait avec plus ou moins de réussite depuis la fin du XIXème siècle et qui consistait à répartir, commuter puis faire transiter ces signaux électriques sur des lignes de câbles coaxiaux grâce à différentes astuces (amplification électrique, modulation en amplitude, modulations en fréquences, multiplexage ensemble de plusieurs modulations analogiques), technologies analogiques par qui tous les ingénieurs lambda ne juraient que par elles depuis 1945, mais désormais de transformer ce phénomène physique en suites de nombres mathématiques, puis de traiter ces nombres de manière purement et uniquement mathématique, en les combinant entre eux par calculs et en les transportant sur de si longues distances sous forme de nombres. C'est le système MIC (Modulation par Impulsion et Codage).
L’utilisation de la transmission MIC s’avère souvent très intéressante dans les zones éclatées car elle permet de retarder des investissements en
nouveaux câbles.
Faisant suite au salon Intelcom 77 qui se déroule à Atlanta (U.S.A) du 9 au 14 octobre 1977, il est décidé que désormais seuls des systèmes temporels 100% numériques seront conçus et installés à l'avenir en France, la Commutation Semi-Électronique Spatiale ne devant constituer qu'une étape intermédiaire limitée.

La partie historique plus détaillée des systèmes numériques, du développement à l'industrialisation, dont le projet PLATON à Lannion est détaillée dans cette page.

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Principe de la conversion des signaux analogiques en signaux numériques binaires :

Pour
passer d'un état analogue à une grandeur physique (les ondes vibratoires vocales) à un état mathématique formé par un ensemble de nombres... en signaux numériques téléphoniques, il est nécessaire de procéder en trois étapes : l'échantillonnage, la quantification puis le codage binaire.
- Étape 1 : Échantillonnage.
C'est un peu e même principe que le cinéma 24 photos par seconde suffisent pour tromper l'oeil et voir la scéne avec une bonne fluidité.
En téléphonie classique avec des téléphones basiques qui existent depuis l'invention du téléphone, les signaux analogiques vocaux (ainsi que les tonalités transmises) d'une conversation en cours entre deux abonnés sont tout d'abord échantillonnés à la fréquence de 8.000 Hz. (Un échantillon vocal est prélevé et mesuré toutes les 125 µs. Ceci signifie que l'on effectue 8.000 mesures de tension à chaque secondes.)
Un tel échantillonnage permet de pouvoir reconstituer à chaque extrémité de la chaîne de commutation et de transmission les conversations de manière fidèle jusqu'à une fréquence maximale audible de 4.000 Hz, limite suffisante pour reconstituer des conversations en cours qui soient compréhensibles. L'échantillonnage est en fait une approximation d'un signal analogique dans le temps.

- Étape 2 : Quantification.
Une fois les échantillons vocaux prélevés toutes les 125 µs, il est nécessaire de procéder à une seconde approximation : l'approximation en niveau de tension.
En effet, un signal analogique étant susceptible de prendre une infinité de valeurs entre une tension A et une tension B, cet aspect impose de réduire les valeurs de tensions possibles de ces échantillons en un nombre limité de valeurs-étalons. La valeur de sortie de l'étage de quantification est la valeur-étalon de référence la plus proche de la valeur réelle de la tension d'échantillonnage d'entrée.
Il a été retenu, en norme téléphonique, que les niveaux de tensions échantillonnées seraient compris entre 256 niveaux de tensions différents (256 valeurs-étalons). (Chaque échantillon est donc systématiquement arrondi en une valeur numérique comprise entre une valeur comprise entre 0 et 255.)
Une telle quantification, même s'il ne s'agit pas de Haute-Fidélité telle que l'on pourrait la qualifier en acoustique, permet en norme téléphonique, le codage de suffisamment d'états d'amplitude possibles des signaux vocaux.

Étape 3 : Codage.
Puis ces échantillons vocaux, qui peuvent prendre 256 valeurs différentes sont convertis en numération binaire (en base 2) sur des mots d'une longueur de 8 bits. À partir de là, les échantillons sont devenus des nombres exprimés en base 2, c'est à dire par un nombre au format de 8 chiffres, dont chaque chiffre peut prendre la valeur 0 ou 1.
Comme ces signaux codés sont échantillonnés à la fréquence de 8.000 Hz, sur un mot binaire de 8 bits, le débit équivalent en éléments binaires par secondes (e.b/s) sera de 8.000 Hz x 8 bits = 64.000 bits/s. Bit se traduit par Élément Binaire : 0 ou 1.

Il serait déjà avantageux de réaliser des transmissions sur de longues distances sous forme numérique, car l'intérêt premier serait de pouvoir amplifier de manière peut coûteuse la liaison numérisée, étant donnée que nous savons à l'avance qu'à un instant donné, la valeur théorique transportée est soit égale à 0, soit égale à 1. Par contre, nous ne pourrions transporter sur de longues distances qu'une seule voie téléphonique simultanément, ce qui finalement ne s'avérerait pas très avantageux... Il faut donc trouver un moyen supplémentaire.

Le Multiplexage Numérique.
Lorsque nous avons échantillonné à chaque instant T, toutes les 125µs, en fait, cet instant T a duré 3,90µs. (durée fixée par les normes téléphoniques : il faut l'instant le plus court possible, mais tout en gardant une durée suffisamment longue de sécurité, eu égard aux tolérances des composants électroniques, qui eux, sont bien réels, et ne sont pas des formules mathématiques parfaites...)
Donc, sur une liaison numérique, nous voyons qu'il y a un temps mort de 125µs - 3,90µs = 121,10µs.
Puisqu'il existe un si grand temps mort entre deux échantillons numériques vocaux, pourquoi ne pas y insérer d'autres échantillons vocaux émanant d'autres conversations téléphoniques ?
Ainsi nous pourrions transmettre sur une même liaison numérique 125µs/3,90µs = 32 conversations téléphoniques numérisées à la fois ! En fait, si la durée d'échantillonnage est de 3,90µs, nous avons 32 Intervalles de Temps disponibles (IT) pour faire circuler à la fois successivement et simultanément 32 conversations téléphoniques.
C'est ce que l'on appelle le Multiplexage Numérique : à partir d'une simple liaison numérique, nous pouvons acheminer simultanément 32 voies téléphoniques, de quoi faire disparaître la pénurie de capacités de voies de transmissions de conversations, en réutilisant les liaisons métalliques existantes, qui ne peuvent acheminer en basses fréquences qu'une seule conversation à la fois...

Le Multiplexage Numérique est en fait un système Multiplex à répartition dans le temps.

Ces signaux numérisés sous forme de mots binaires de 8 bits, émanant d'une conversation en cours, avec un débit binaire de 64.000 bits/s, sont ensuite insérés dans une voie d'un Circuit MIC, et ce côte à côte avec d'autres signaux provenant d'autres conversations en cours. (jusqu'à 30 conversations téléphoniques simultanées peuvent circuler sur une même liaison MIC.)

Un Circuit MIC est équipé de 32 voies, car une Liaison MIC est "découpée" en 32 Intervalles de Temps de 3,90µs chacun.
Mais seulement 30 voies sont en réalité réservées au transport des conversations téléphoniques, car 2 voies sont notamment affectées à la synchronisation et au contrôle d'erreur. En effet, parmi les 32 voies, numérotées de 0 à 31,
- la voie 0 est destinées à la synchronisation : qui doit permettre d'indiquer aux équipements de multiplexage (ou de démultiplexage) quel est le premier Intervalle de Temps parmi les 32 possibles,
- la voie 16 est destinée par convention à l'échange de signaux de signalisation (dialogues) entre équipements téléphoniques, pour permettre l'aiguillage des conversations, le contrôle d'erreurs etc...

Le risque de diaphonie (mélange) entre plusieurs conversations est quasiment inexistantant.

Une fois multiplexés, les signaux des 30 voies de conversations téléphoniques sortent sur une Liaison M.I.C.

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Technologie sonore pour les conversations téléphoniques.

a. Les microphones à charbon et les haut-parleurs
Historiquement, les micros utilisés dans les téléphones sont des micros à charbon. La technologie consiste en une capsule de granules de charbon tenues entre 2 électrodes métalliques, les granules de charbon jouent le rôle d’une résistance électrique. Quand ces granules de charbon sont soumis à l’onde sonore émise par la voix, leur géométrie change et la résistance électrique aussi, ce qui permet de réaliser une transduction d’une énergie sonore à une énergie électrique. Leur réponse en fréquence est relativement médiocre puisqu’elle est comprise entre 200 Hz à 3500 Hz. Ce type de micro était beaucoup utilisé jusque dans les années 50 à la radio ou dans les films. Les voix des films des années 30 à 60 ressemblent d’ailleurs aux voix filtrées que l’on entend dans nos téléphones. Quand il y a des séquences de téléphone dans les films anciens, la différence entre le timbre des voix filtrées et des voix normales est moins flagrant que dans les films actuels.
Les haut-parleurs embarqués sur les téléphones fixes sont calqués sur la qualité médiocre des microphones avec une bande passante guère plus large (en général 200 Hz - 5 kHz). Tout comme les microphones, ils ont un taux de distorsion important malgré leur petite puissance. Tout cela fait du téléphone, un système audio de bien mauvaise qualité. Mais le but n’est pas là...
L’important est de transmettre le message porté par la voix. Avec la bande passante de 300 Hz à 3400 Hz des micros à charbon, même si certains détails fins disparaissent en chemin, la voix avec son flot de messages et d’émotions nous parvient sans problème.
Malgré l’évolution des microphones (dynamiques, piezzo) et haut-parleurs de téléphones, le passage au numérique, la médiocrité des communications téléphonique demeure : la qualité sonore des voix téléphonique n’est pas si éloignée des années 1960.
Ceci est du à la norme G 771 qui a été adoptée lors du passage à la téléphonie numérique.
b. La compression G.771
La norme G.771 régie le codage des signaux audio du téléphone nécessaires à leur transit sur un réseau de téléphonie numérique.
Elle définit les différentes méthodes de codage des signaux audio appliqués à la voix humaine. Il s’agit de transcoder la voix pour réduire à la fois la dynamique sonore et le débit.
Les micros utilisés pour les téléphones numériques sont de meilleure qualité que les vieux micros à charbon, mais l’exigence de réduction de débit oblige à une rédaction de la bande passante. Dans un premier temps la voix est numérisée en PCM comme nous venons de l'expliquer. Ensuite le codage G.771 réduit les 13 ou 14 bits en 8bits. La fréquence d'échantillonnage étant de 8 kHz, la bande passante est limitée à 4 kHz selon le principe de la fréquence de Nyquist.
Chaque échantillon est codé sur 8 bits pour un débit total de 64 kbit/s. Les codages de la norme G.771 reposent sur un principe de quantification non uniforme. Pour les échantillons de bas niveaux et de hauts niveaux, une « petite » variation ne sera pas perçue par le système quand une même « petite » variation pour des échantillons de niveaux moyens sera retranscrite par un changement d’intervalle de codage. Cela revient a accorder plus de précision aux signaux qui correspondent à un niveau de voix normal, au détriment d’une mauvaise précision pour les chuchotements et les cris. Ce système très ingénieux permet de combiner en simultané deux fonctions qui sont souvent confondus par le grand public ; la compression de dynamique et la compression de données.
Le traitement de dynamique qui est réalisé par ce codage est plus précisément l’action cumulée d’un expander qui a le rôle d’amortir encore plus les bas niveaux et celui d’un compresseur qui est de limiter les hauts niveaux. L’amortissement des bas niveaux permis par l’expander conduit à réduire le bruit de fond, bruit de fond acoustique provenant de l’environnement extérieur ou bruit de fond introduit par l’électronique du téléphone. Une directive de l’OMS21 relative aux bruits dans l’environnement indique que le rapport signal/bruit doit être d’au moins 15 dB pour toutes les
situations où la voix doit être absolument intelligible (salle de classe ou conversation téléphonique par exemple)
Au sein de la norme G.771, il y a deux lois de codage : La loi Mu qui est utilisée en Amérique du Nord et au Japon et la loi Mu qui est appliquée en Europe et dans le reste du monde. Ces deux lois se distinguent par leur adaptation à différents protocoles. Leurs courbes de compression sont légèrement différentes mais l’influence sur le son n’est pas significative.

Les systèmes de téléphonie sur smartphone utilisent maintenant le réseau internet pour transiter la voix et non les réseaux cellulaires (pas d’antennes relais). C’est comme si deux ordinateurs étaient reliés entre eux par internet et qu’ils échangeait un flux sonore plutôt que des e-mails. Ils utilisent le protocole VoIP (Voice Over Internet Protocol) en associant des adresses IP aux téléphones. Cette technologie à l’avantage de permettre des débits beaucoup plus grand qu’en téléphonie cellulaire. Cela a permis la création de la norme G.722 qui propose une bande passante « haute définition » pour la voix : 50 - 7000 Hz au lieu de 300 - 3400 Hz avec la norme G.771. Si cette technologie se démocratisait, cela pourrait changer l’idée de son téléphonique filtré qu’utilise le cinéma pour distinguer les interlocuteurs de part et d’autre de la ligne.

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Cette révolution technologique conduit à la réalisation de trois générations de centraux électroniques.

I - Les systèmes électroniques de type temporel de 1ère génération déployés en France sont les suivants :

- PLATON prototype,
- E10 N4 Présérie,
- E10 N3 (dont ACROPOLE),
- E10 CTI,
- E12.

Les Commutateurs électroniques de type temporel de 1ère génération, mis en conception à partir de 1964 dans les laboratoires du CNET de Lannion qui est en activité depuis le 15 juin 1963, sont inaugurés pour la première fois en France (et dans le monde) le 6 janvier 1970 avec PLATON I implanté à Perros-Guirec.
Ils sont aujourd'hui obsolètes et en totalité démontés. Le dernier Commutateur Électronique Temporel de 1ère génération de France, un E10N3, est mis à l'arrêt le 23 août 1999 à Aix-en-Provence - Cézanne 2 .

Entre temps, en Juin 1977, sont publiées par l'Administration des Télécommunications les Normes d'Exploitation et de Fonctionnement (N.E.F.) qui constituent le cahier des charges des systèmes de commutation électronique utilisés dans réseau français pour le raccordement des abonnés, auxquels tous les concepteurs/constructeurs de commutateurs téléphoniques doivent désormais se conformer s'ils veulent espérer pouvoir vendre leurs produits à la République Française...

Le Colloque International de Commutation, présidé par M. Louis-Joseph Libois, qui se tient à Paris du 7 au 11 mai 1979 confirme que la seule voie d'avenir sera à brève échéance la Commutation Électronique Temporelle.

Un Commutateur électronique temporel occupe la moitié de l'espace d'un commutateur semi-électronique spatial, à capacité égale.
Un Commutateur électronique de type temporel est désormais entièrement électronique, dépourvu de toute pièce mobile.
Un Commutateur électronique de type temporel est également pourvu de logiciels de fonctionnement. On parle de Commande à Programme Enregistré.
À partir des Commutateurs temporels, la totalité des opérations de commutation des abonnés entre eux est désormais réalisée sous forme de signaux numériquement codés, commutés et transmis sous forme d'Intervalles de Temps (IT).

Désormais, les communications ne sont donc plus commutées physiquement dans un réseau métallique avec des contacts physiques (qu'ils fussent des contacts rotatifs, ou à barres croisées, ou à micro contacts à relais ou à rubans) tel qu'ils étaient conçus jusques alors, où chaque voie ne permettait que le transport d'une seule conversation à la fois et sous forme de signaux électriques analogiques.

Ce nouveau type de commutation consiste désormais à « découper » les lignes de transmissions en fonction du temps, et non plus d'éclater dans l'espace des connexions physiques métalliques, puis d'empiler des conversations via des lignes de transmissions en fonction du spectre de fréquences analogiques comme nous savions le faire jusqu’à lors.

C’est d’ailleurs la diffusion à grande échelle de cette technologie à partir de la fin des années 1960, suite à l'évolution technologique et à la miniaturisation des composants électroniques, qui permet progressivement la numérisation et l’informatisation de tout notre monde.

Principe de sécurisation des commutateurs temporel.
Dans les Commutateurs temporels de série, il a été décidé de dédoubler les organes de calculs et de commande, pour que si un organe subit une avarie, un autre puisse prendre le relais en attendant la réparation. Suivant leur architecture, le dédoublement est effectué par différents moyens

Principe de conversion des signaux analogiques des abonnés entrants ou sortants dans un commutateur d'abonnés temporel.
Dans tout Commutateur temporel, un principe immuable est de coder numériquement par échantillonnage les conversations vocales dès leur entrée dans le Commutateur via les organes de raccordement d’abonnés, puis d’assurer leur acheminement uniquement sous forme numérique « mathématique » via un type de transmission d’un concept mathématique entièrement nouveau, qui consiste en l’emploi de la technologie du multiplexage entièrement numérique mise au point à la même époque, bien que pensé et développé progressivement depuis 1937 : il s’agit du système MIC (Modulation par Impulsion et Codage) qui permet d’accroître la capacité d’écoulement du trafic.
Cette opération, le Multiplexage Numérique, est réalisée dans les Unités de Raccordement d'Abonnés des commutateurs électroniques temporels, et ce quelles que soient leur version ou leur dénomination (EMA, CSA, CSE, URA2G, CSN, CSNHD)
Le Multiplexage Numérique est un système Multiplex à répartition dans le temps.

Principe général d'établissement d'une conversation téléphonique.
- Quand un abonné souhaite appeler un correspondant, il décroche alors son combiné et le Commutateur lui envoie la tonalité continue, comme tout commutateur téléphonique, ce qui constitue l'invitation à numéroter.
- L'abonné numérote alors au clavier ou au cadran de son téléphone.
- Le Commutateur va alors réceptionner le numéro de téléphone et via ses différents organes.
- Une fois le numéro de téléphone mémorisé et traduit, il va tenter d'établir une route dans son Réseau de Connexion pour mettre en relation les deux abonnés lorsque l'abonné appelé décrochera son téléphone.
- soit les deux abonnés sont reliés au même Commutateur d'abonnés, et la communication téléphonique ne transitera que par ce seul Commutateur d'abonnés.
- soit les deux abonnés sont éloignés et de ce fait reliés à des Commutateurs différents, auquel cas, la conversation téléphonique circulera par un certain nombre de Centres de Transit, suivant la distance, jusqu'à mettre le Commutateur d'abonnés de départ en relation avec le Commutateur d'abonnés d'arrivée. Dans le principe rien ne change, mais ceci rajoute plusieurs étapes de commutation successives, ainsi que des nécessités de dialogues entre commutateurs par des liaisons dédiées.

Principe de la commutation temporelle, proprement dite :
Le but est de connecter ensemble deux Intervalles de Temps quelconques appartenant à des liaisons numériques MIC quelconques.
Ce qui revient mathématiquement à transférer l'échantillon d'un MICm ITi entrant sur un MICn ITj sortant.
Dans un Commutateur intégralement temporel, la commutation temporelle consiste en fait en une transposition d’Intervalles de Temps (IT), par le biais de glissements temporels calibrés par multiples de 3,90µs, d’une Liaison MIC entrante vers une Liaison MIC sortante, par l’utilisation, dans le cas d’un Réseau de Connexion entièrement temporel, de Mémoires Tampon.
Chaque abonné est connecté sur un équipement de raccordement d’abonné. Chaque conversation empruntant un équipement de raccordement d’abonné analogique est d’abord convertie en données numériques binaires, puis est reliée à une liaison MIC bien déterminée. Dans cette Liaison MIC qui lui est attribuée, une voie spécifique fixe lui est aussi attribuée (il s’agit en fait d’un Intervalle de Temps bien déterminé), qui est toujours la même parmi les 30 voies possibles de sa liaison MIC (liaison MIC qu’il partage avec 29 autres abonnés).
Concernant chaque abonné qui souhaite joindre un correspondant, le Commutateur va devoir déterminer une route que la conversation numérisée devra emprunter, de la liaison MIC entrante vers une liaison MIC sortante ; et ce pour chaque voie de conversation entrante de chaque Liaison MIC entrante, à destination de la bonne voie de sortie souhaitée dans la Liaison MIC sortante souhaitée par le Commutateur.
Pour ce faire,
-la totalité des liaisons MIC entrantes est connectée à l’entrée du Réseau de Connexion,
-la totalité des liaisons MIC sortantes est connectée à la sortie du Réseau de Connexion.

La mission du Commutateur téléphonique consiste à réaliser un brassage des voies de conversations provenant des liaisons MIC entrantes, pour les répartir, suivant le routage que les traducteurs ont déterminé, vers les liaisons MIC sortantes, et ce en dispatchant les voies d’entrées dans le Réseau de Connexion, vers les voies sortantes du Réseau de Connexion.

Dans un premier temps, toutes les liaisons MIC entrantes du Commutateur sont démultiplexées à l'entrée du Réseau de Connexion.
Dans un second temps, pour chaque liaison MIC démultiplexée entrante, le contenu numérique échantillonné de chacune des 30 voies téléphoniques est mémorisé dans une Mémoire Tampon d’Entrée (MTE), durant le laps de temps nécessaire qui va permettre l’aiguillage sous forme temporelle des conversations entrantes vers les voies de conversations sortantes.
Dans un troisième temps, une fois que le Commutateur aura déterminé pour chaque Liaison MIC entrante, sur quelles autres Liaisons MIC sortantes les 30 voies téléphoniques devront pouvoir véhiculer les conversations numérisées, le Commutateur va commander au bon instant, pour chaque voie téléphonique entrante le transfert du contenu de la Mémoire Tampon de Sortie (MTS) vers la bonne voie de sortie de la bonne Liaison MIC sortante du Réseau de Connexion.
Dans un quatrième temps, une fois les opérations d’aiguillages réalisées au sein du Réseau de Connexion, les voies composant les circuits MIC sortants sont alors multiplexées et les Liaisons MIC peuvent continuer à transmettre les voies de conversation, mais au passage, les voies entrantes ont été dispatchées sur différentes Liaisons MIC de sortie…
- Dans le cas où l’abonné demandé est relié au même Commutateur que l’abonné appelant, la conversation sera intégralement traitée par ce même Commutateur : elle arrivera sur la voie déterminée d’un MIC entrant pour être redirigée sur la bonne voie du bon MIC sortant qui est affectée à l’abonné demandé.
- Dans le cas où l’abonné demandé est relié à un Commutateur différent de l’abonné appelant, la conversation devra passer par plusieurs Commutateurs téléphoniques, ce qui dans le principe ne change rien, mais ajoute des étapes de même nature…
Les Réseaux de Connexion numériques Mixtes - Temporels et Spatiaux
C
ertaines variantes existent dans les Réseaux de Connexion des Commutateurs temporels.

Dans un Réseau de Connexion numérique intégralement temporel (PLATON, E10N3, E10B3, MT20 de petite capacité et MT25 de petite capacité), il faut beaucoup de Mémoires Tampon afin de stocker le temps nécessaire les signaux de conversation des voies entrantes pour les rediriger vers les bonnes voies de sortie.
Vu le prix de ces mémoires au début de la commutation temporelle, ainsi que par souci de simplification du Réseau de Connexion, il a parfois été décidé pour certains systèmes (AXE10, AXE Transgate 4, E12, E10N1, MT20 de grande capacité et MT25 de grande capacité) d’intégrer un ou plusieurs étages réalisés en électronique numérique spatiale entre l’étage d’entrée temporel et l’étage de sortie temporel des Réseaux de Connexion, afin de pouvoir se passer d’un maximum de Mémoires Tampon. Cet étage numérique spatial de brassage est plus simple à réaliser et beaucoup moins coûteux.
Par contre, un étage spatial numérique, même s’il permet d’améliorer le brassage, ne peut procéder qu’au basculement d'un Intervalle de Temps donné (IT) d'une Liaison MIC entrante vers une autre Liaison MIC sortante, toujours à la même position temporelle donnée.

Donc, un étage spatial numérique ne permet en aucun cas de décaler l’Intervalle de Temps (IT) entre une Liaison MIC entrante et une Liaison MIC sortante. Donc, ce ou ces étages ne viennent qu'en appoint dans un Réseau de Connexion numérique, mais ne peuvent pas assurer à eux seuls la commutation téléphonique complète.

Ce qui revient, pour un étage numérique spatial mathématiquement à transférer l'échantillon d'un MICm ITi entrant sur un MICn ITi sortant. (avec le même ITi en entrée comme en sortie), sans avoir besoin de mise en mémoire tampon.

Il s’agit là d’un compromis entre la technique pure et la finance, pour pouvoir réaliser un brassage entre les Liaisons numériques MIC entrantes et sortantes. Cette technique fonctionne tout aussi parfaitement que la technique de connexion purement temporelle. Cependant, l’intérêt de cet artifice tend depuis de nombreuses années à s’estomper, étant donné la baisse des prix vertigineuse des circuits Mémoires.

En revanche, dans un Commutateur temporel, quelque soit sa génération et son modèle, le Réseau de Connexion temporel est systématiquement dupliqué.

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PLATON : (Prototype Lannionnais d'Autocommutateur Temporel à Organisation Numérique)

Le système PLATON est inventé par les ingénieurs des télécommunications du CNET, implanté depuis 1963 à Lannion, sous la houlette de M. Louis-Joseph Libois*, leur directeur. Le responsable des études menées sur la Commutation Électronique Temporelle PLATON est M. l'Ingénieur en Chef - André Pinet (1920 - 2017).
Participent au projet PLATON, la Société Lannionnaise d’Électronique (filiale de la CIT), l'AOIP et le laboratoire de la SOCOTEL.

Organisation d’un commutateur temporel à commande répartie : (cas du prototype PLATON et des commutateurs E10N4, E10N3, E10N1 et E10B3 qui en découlent).
Le principe est de dédoubler les lignes de transmissions suivant la nature de leur usage, afin de constituer ainsi deux sous-réseaux distincts dans le but de rationaliser ces commutateurs en termes de fiabilité et de sécurité de fonctionnement, ainsi qu’en matière économique. Il est à noter que ce principe de dédoublement est déjà clairement établi par les équipes de recherches dès l'année 1961.
- Le premier sous-réseau est spécialisé dans les opérations devant être exécutées en temps réel, qui ont trait à la commutation : (Réception : des appels extérieurs, des décrochages des téléphones des abonnés, de la numérotation ; envoi des tonalités et des courants de sonneries, établissement des conversations, taxation de l’abonné.)
- Le second sous-réseau est spécialisé dans les opérations de gestion, qui sont en fait réalisables en temps différé, et ce lorsque le commutateur est moins sollicité en terme de charge d’abonnés : (Extraction des données d’exploitation (taxation, incidents) ; planification des opérations de maintenance et des mises à jour logicielles du système, comme la révision des programmes de calculs ; ou encore du plan de numérotation général, ou de la programmation des numéros des abonnés raccordés au commutateur ainsi que de leurs options d’abonnements à d’éventuels services supplémentaires.) Ces opérations sont prises en charge par un Centre de Traitement des Informations.

- Après publication de la Note Technique Interne n°39 du 21 juillet 1965 relative au projet d'installation d'un ensemble de commutation temporelle intégré au réseau téléphonique général dans la zone de Lannion, il est immédiatement procédé à la mise en étude d'une première maquette expérimentale de laboratoire ce même mois, installée au CNET de Lannion.
- La mise en construction de la maquette débute le 9 décembre 1965 et en Février 1966, deux "abonnés" peuvent se parler à travers le Réseau de ConneXion de la maquette.
- Cette maquette expérimentale, composée du minimum d'organes nécessaires, sera opérationnelle au mois d'Avril 1969 et permettra de valider l'ensemble des cartes composant chaque organe ainsi que la structure de la machine en fonctionnement dynamique.

Première maquette expérimentale de Commutation Temporelle installée dans les laboratoires du CNET Lannion.

Ligne à Retard Magnétostrictive, utilisée comme Mémoire Vive(RAM) dans les Commutateurs prototypes PLATON

- Le premier Commutateur PLATON créé est capable de gérer 800 abonnés - dans la ville de Perros-Guirec.
- Le Centre de Traitement des Informations (CTI) est un calculateur de type RAMSES I conçu par le CNET.
- Le premier appel téléphonique expérimental entre deux « abonnés tests » de ce même Commutateur prototype est établi le 30 juillet 1969.
- Le premier appel téléphonique expérimental sortant à destination d’un Commutateur téléphonique du réseau est émis le 4 septembre 1969.
- Le premier appel téléphonique expérimental entrant en provenance d’un Commutateur téléphonique du réseau est reçu le 8 septembre 1969.
- Premier essai de mise en service temporaire, sur le réseau téléphonique public, du premier Commutateur temporel d'abonnés au monde, en France, à Perros-Guirec le 6 janvier 1970.
- L’inauguration du Commutateur PLATON par le Directeur Régional des Télécommunications de Rennes, Roger Légaré a lieu le 26 janvier 1970.
- Le basculage définitif des abonnés sur le commutateur PLATON est effectif le 13 mars 1970 après stabilisation du prototype par corrections diverses.

Commutateur prototype n°1 PLATON de Perros-Guirec Poste mis en service le 6 janvier 1970, premier Commutateur téléphonique Électronique Temporel du monde. Mis hors service le 10 avril 1979 - Fabricant : CNET.
Dans le cas de PLATON I - Perros-Guirec, les travées sont en forme de L, avec ce coude caractéristique à 90°. Ce type de construction mécanique relève de l'exception.

- Un second prototype PLATON, une fois quelques améliorations éprouvées sur le premier, est ensuite mis en service à Lannion même le 16 juin 1970. (Commutateur Nodal Lannion III).
- Ce second prototype PLATON sera officiellement inauguré le même jour par M. le Ministre des PTT - Robert Galley le 16 juin 1970.
- Le Commutateur Nodal Lannion III dessert à sa mise en service 600 abonnés locaux, plus 400 circuits de transit nodal. Sa capacité sera étendue le 15 janvier 1971.
- Deux centres satellites temporels de 500 abonnés de Plestin-les-Grèves et Saint-Michel-en-Grèves, reliés au Commutateur nodal de Lannion III, sont mis en exploitation en Mai 1971.
Il sera mis hors service le 10 avril 1979 .

- Un troisième prototype PLATON d'une capacité de 1.000 abonnés extensible à 8.000 est mis en exploitation en tant que Commutateur d'abonnés à Lannion le 2 juin 1971. (Commutateur d'abonnés Lannion IV) ; Inauguration officielle le 18 juin 1971 en présence de M. le Directeur Général des Télécommunications - Pierre Marzin, .
- Le Commutateur Lannion IV est capable de gérer 8.000 abonnés, regroupés en 32 Unités de Sélection, pour un trafic de 600 erlangs, son Centre de Traitement des Informations (CTI) est équipé en première monte d'un Calculateur 10010-CII.
- Nous avons pu établir avec certitude que les 3 prototypes PLATON étaient déjà retirés du service avant la fin de l'année 1980 ; PLATON I Perros-Guirec ayant été arrêté le 10 avril 1979, soit 9 années de fonctionnement révolues. (Remplacé par Perros-Guirec Marché E10N3 mis en service ce même jour.) Il sera mis hors service en Mai 1978.

Ces trois Commutateurs prototypes PLATON constituent la cellule de base de commutation temporelle intégrée. C'est grâce à cet ensemble de Commutateurs PLATON que les tests grandeur nature en exploitation réelle ont pu être menés et détecter les défauts de communication entre machines, et y remédier. De ces trois prototypes découlera la famille E10 (E10N4, E10N3, E10N1 et E10B3) développée industriellement.

Ci-dessus : le Centre de Traitement des Informations (CTI) Modèle CII 10010, associé au Commutateur Prototype PLATON Lannion III.

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Au niveau architectural et fonctionnel :

Le premier sous-réseau du Commutateur PLATON, qui n’est, rappelons-le, qu’un prototype, est équipé d’un unique Traducteur (TR), d’un seul Taxeur (TX) et de 2 Multienregistreurs (MR) (nombre de Multienregistreurs extensible à 8 si nécessaire). Ces 3 organes constituent l’organe de commande du Commutateur. Il est également pourvu de 2 Marqueurs (MQ).
- Le Traducteur (TR) stocke le routage des conversations téléphoniques suivant les abonnés demandés.
- Les 2 Multienregistreurs (MR) assurent le déroulement et le séquencement de l'établissement en temps réel des communications et leur arrêt.
- Le Taxeur (TX) est chargé d'établir et de comptabiliser les taxes des conversations pour chaque abonné en temps réel.
- Les 2 Marqueurs (MQ) assurent l'interface entre l’organe de commande constitué et les Unités de Raccordement d'Abonnés de 1ère génération, nommés Équipements de Modulation d’Abonnés (EMA) et les circuits de sortie (raccordés au reste du réseau téléphonique) nommés Équipements de Modulation de Circuits (EMC), via le Réseau de Connexion (CX).
- Le Réseau de Connexion (CX), dans un Commutateur PLATON est 100% de type temporel, à un seul étage, de type T, d'une capacité de 32 Unités de Sélection, capable de commuter un maximum de 64 multiplex numériques MIC.
- Chaque EMA peut héberger 511 abonnés (la position Zéro étant impossible).
- Chaque EMC peut être relié à 62 circuits de transit.
- Est également présent un Organe de Contrôle (OC) chargé des opérations de test et de maintenance du système.
Le second sous-réseau du premier prototype PLATON est assuré par le Centre de Traitement des Informations (CTI), qui est constitué par un calculateur RAMSES I créé par le CNET, chargé de gérer, en différé dans le cadre du service normal, le Commutateur. (Ce calculateur est remplacé quelques mois plus tard par un CII-10010, plus puissant).

L’équivalent de la duplication de certains organes de commande est théoriquement assuré dans le Commutateur PLATON : en cas de panne du Traducteur (TR) ou du Taxeur (TX), la fonction défaillante peut-être reprise en secours par le Centre de Traitement des Informations (CTI) associé à l’Organe de Contrôle (OC) qui peuvent ainsi suppléer en temps réel à certaines avaries partielles du Commutateur.

Au niveau du développement et de la fabrication matérielle de PLATON :

Les mémoires des programmes de fonctionnement des différents organes du Commutateur (ce que l’on pourrait qualifier de mémoire morte ROM) sont constituées de simples matrices à diodes, finalement très primitives.
Les mémoires tampon de données du Commutateur (ce que l’on pourrait qualifier de mémoire vive RAM) sont constituées par des lignes à retard à magnétostriction réglables "au tournevis".
Après des tentatives laborieuses menées par le CNET à partir de 1965 avec les circuits intégrés de technologie DTL dont les temps de transfert s'avéreront trop lents, le réseau de connexion (CX) 100% numérique est finalement reconçu avec succès en 1967 avec les tous nouveaux circuits intégrés de la famille TTL de Texas Instruments apparus en 1966, qui donnent de meilleurs résultats de fonctionnement.
Même les baies de raccordement des abonnés de ce prototype, conçues initialement par l'AOIP, sont entièrement électroniques et dépourvues de toute pièce mobile. Elles sont dénommées EMA (Équipements de Modulation d’Abonnés). La Concentration/Expansion des abonnés est effectuée directement en numérique (électronique temporelle). En raison de l’utilisation de technologies récentes, ces baies de raccordement s’avèrent malheureusement très coûteuses alors.

À partir du Commutateur PLATON, tous les Commutateurs électroniques de type temporel sont capables d'accepter la numérotation depuis l'abonné de départ en fréquences vocales (DTMF) en plus d'accepter la numérotation à impulsions décimales en vigueur en France depuis 1913.

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La Famille 1000-E10 : Incluant deux sous-familles : E10 et MT de la société française Alcatel qui faisait partie du groupe franco-américain Alcatel-Lucent :

Sous-famille E10, (abréviation : E pour Électronique car 100% électronique, projet n°10), (licence Alcatel époque CGE), dont le prototype est issu du projet PLATON, en France existent les types suivants de 1ère génération :

E10N4 - E10 Niveau 4. Le Commutateur E10N4 marque le début de la mise en industrialisation du projet PLATON, mais voit aussi ses caractéristiques améliorées. Notamment, les Commutateurs E10N4 voient leur Réseau de Connexion supporter jusqu'à 15.000 abonnés, sous 64 Unités de Sélection, pour un trafic de 1.200 erlangs.

Temporel de première génération, l'organe de commande consiste en une commande répartie entre plusieurs organes différents et spécialisés. Chaque organe est dédoublé pour assurer la sécurité du système et fonctionnent en service normal, en partage de charge. Ces organes dédoublés sont : les Traducteurs (TR) et les Marqueurs (MQ). Au nombre de 2 à 8 ce sont les Multienregistreurs (MR). Le Taxeur (TX) n'est pas un organe dédoublé.
- Le Taxeur (TX) est chargé d'établir et comptabiliser les taxes des conversations pour chaque abonné.
- Les Traducteurs (TR) calculent les routages des conversations téléphoniques suivant les abonnés demandés.
- Les Multienregistreurs (MR) assurent l'enregistrement de la numérotation et sa réémission, puis le déroulement et le séquencement de l'établissement en temps réel des communications et leur arrêt. Chaque Multienregistreur MR constitue un ensemble de 66 Enregistreurs et occupe une baie. (à comparer au volume équivalent d'une baie d'Enregistreurs de Rotary 7A1 formée de 4 Enregistreurs). Les Multienregistreurs sont les seuls organes du système E10N4 à pouvoir prendre des initiatives en temps réel.
- Les Marqueurs (MQ) sont l'interface entre les organes de commande précités et les Unités de Raccordement d'Abonnés via le Réseau de Connexion (CX).
Est également présent un organe d'Équipement de Tonalités et d'Auxiliaires (ETA) incluant les :
- Générateurs de Tonalités (GT),
- Récepteurs multiFréquences pour la numérotation au clavier et pour la signalisation intercentre (RF).

- Le Réseau de Connexion (CX), dans un commutateur E10N4 est 100% de type temporel, à un seul étage, de type T, capable de commuter un maximum de 128 multiplex numériques MIC.
- Chaque commutateur élémentaire, de 16 Unités de Sélection chacun, permet le raccordement de 32 multiplex MIC et peuvent être combinés jusqu'à 4 exemplaires pour former un commutateur d'une capacité maximale de 128 multiplex numériques MIC, chaque MIC pouvant traiter 30 voies téléphoniques à pleine charge, sous un trafic de 1.200 erlangs maximum.
- Est également présent un Organe de Contrôle (OC) chargé des opérations de test et de maintenance du système.

Dès 1972, les Commutateurs E10N4 puis E10N3 permettent de gérer jusqu’à 15.000 abonnés (dès la présérie E10N4 qui aurait compté 18 machines entre le 24 mai 1972 et le 28 septembre 1976).
- Le premier Commutateur E10N4 prototype (équipé d'Unités de Raccordement d'Abonnés de type CSA à mini relais à contacts scellés) est mis en service en France le 24 mai 1972 à Guingamp (Guingamp Centre 1 (CN21)). (Sa Mise hors service intervient le 11 juin 1980).

Guingamp Centre 1 et Paimpol 2, qui sont des prototypes E10N4, ressemblent beaucoup aux Commutateurs PLATON dont ils sont directement issus.
Un second perfectionnement important est le remplacement des cartes mémoire à Lignes à Retard Magnétostrictive par des cartes à Registres à Décalages conçues à partir de circuits intégrés de type TTL, ce qui permet de stabiliser et de fiabiliser facilement le fonctionnement des Commutateurs.
Commutateur Prototype E10N4 - PLATON - Guingamp Centre 1
Mis en service le 24 mai 1972 - Hors Service le 11 juin 1980 - Fabricant : SLE. Au premier plan, dans la première travée, 3 baies de Concentrateurs Spatiaux-temporels d'Abonnés (CSA), qui portent les cartes d'abonné.

Le second et dernier prototype E10N4 - PLATON de Paimpol 1 (RN531) est mis en service le 30 juin 1972 et Hors Service le 11 juin 1980 - Fabricant : SLE.


Les deux premiers Commutateurs E10N4 - PLATON Prototypes de Guingamp et de Paimpol ainsi que les trois prototypes PLATON et l'ensemble des satellites déjà mis en service précédemment, constituent alors le premier Réseau Local Intégré entièrement maillé en technologie temporelle (dans le monde).

- Le Commutateur E10N4- La Flèche-sur-Sarthe 1 est mis en service le 6 avril 1973. Il est le premier de la présérie E10N4.
- S'ensuit le Commutateur E10N4 - Poitiers-Grailly 2 (PT11) mis en service le 22 juin 1973.

Le premier Commutateur E10N4 mis en service en tant que Centre Nodal est mis en service à Rennes, (Rennes-Lavoisier 2 le 27 mars 1975.
Un Centre Nodal est en réalité un Centre de Transit terminal pour abonnés ruraux : il est à la fois un centre d'abonnés et un centre de transit...
- Le premier Commutateur E10N4 exporté à l'étranger sera mis en service en Pologne, à Winogrady, en 1975.

En 1972, contrairement à PLATON, le type d’Unités de Raccordement d’Abonnés retenu n’est pas 100% électronique.
En effet, lancer une production de série dès 1972 des commutateurs équipés de baies de raccordement d’abonnés EMA de 1ère génération réalisées en matériel électronique à composants discrets ou intégrés aurait été tout simplement ruineux.

Aussi, pour mettre en service la présérie E10N4 , il a donc été proposé en lieu et place des EMA, un autre type de baies de raccordement d’abonnés à moindre coût : le CSA (Concentrateur Spatio-temporel pour Abonnés), équipé de relais à tiges à contacts scellés et miniaturisés chargés de réaliser les matrices d'expansion/concentration en analogique-spatial, couplés à des convertisseurs analogiques-numériques MIC. Chaque MIC ayant une capacité de 30 voies téléphoniques.
- Le CSA est donc un dispositif terminal semi-électronique, conçu par la CIT-Alcatel.
- Les matrices d'expansion/concentration des CSA sont réalisées avec des relais reed à 3 contacts : 2 contacts pour le transports des conversations analogiques et 1 contact de maintien électrique (même principe que pour le commutateur semi-électronique spatial PÉRICLÈS).
- Chaque CSA peut héberger 511 abonnés (la position Zéro étant impossible à adresser électroniquement).

Concernant les Commutateurs E10N4, il existe, comme pour PLATON, au dessus de chaque groupe constitué par quelques un de ces commutateurs, un Centre de Traitement des Informations (CTI) chargé de superviser en différé un groupe de commutateurs E10 dans toutes ses fonctions (exploitation, maintenance, sauvegarde du système et de la taxation...).
Chaque CTI est équipé, en ce qui concerne les premiers commutateurs de la présérie installés entre 1972 et 1975, d'un calculateur Mitra 15 de la société SEMS.
Centre de Traitement des Informations de type MITRA 15.
Ultérieurement, tous les Commutateurs E10N4 installés en France seront ensuite convertis en commutateurs E10N3 au niveau fonctionnel, grâce au remplacement de leur Centre de Traitement des Informations (CTI) par un calculateur Mitra 125.

Dès leur "conversion rapide", les Commutateurs E10N4 seront dès lors considérés et comptabilisés comme étant des Commutateurs E10N3, ce qui explique que l'on retrouve si peu de littérature titrée E10N4.

E10N3 - E10 Niveau 3 - (Dénomination initiale : E10A).
Le Commutateur E10N3 est le résultat direct de la mise en industrialisation par la Compagnie Industrielle des Télécommunications - Alcatel de la présérie E10N4. Connu aussi sous l'appellation E10/64 US. (car constitué de 64 Unités de Sélection). L'E10N3 est prêt à partir de 1976.

La serrurerie (coffrets, menuiserie métallique) est totalement repensée et améliorée pour une mise en industrialisation en vue d'une fabrication en grande série.
À partir de 1976, après la baisse de prix des composants électroniques, les baies de raccordement d'abonnés EMA de 2ème génération entièrement électroniques, à base de nouveaux circuits intégrés hybrides ou monolithiques, deviennent abordables et seuls seront installés ultérieurement des Commutateurs E10N3 équipés de cette technologie EMA 2G.
L'amélioration fonctionnelle principale consiste ensuite en l'adoption d'un nouveau calculateur Mitra 125 pour le Centre de Traitement des Informations (CTI) à partir de 1977.

Dans le système E10N3, Temporel de première génération, l'organe de commande consiste, tout comme pour le système E10N4, en une commande répartie entre plusieurs organes différents et spécialisés. Chaque organe est dédoublé pour assurer la sécurité du système et fonctionnent en service normal, en partage de charge. Ces organes dédoublés sont : les Traducteurs (TR) et les Marqueurs (MQ). Au nombre de 2 à 8 ce sont les Multienregistreurs (MR). Le Taxeur (TX) n'est pas un organe dédoublé, mais il sauvegarde régulièrement les informations de taxation sur bandes magnétiques.

- Le Taxeur (TX 02) est chargé d'établir et comptabiliser les taxes des conversations pour chaque abonné.
- Les Traducteurs (TR 06) constituent la mémoire programmable (et modifiable) des routages possibles dans le Commutateur Téléphonique ou vers d'autres Commutateurs téléphoniques du Réseau.
- Les Multienregistreurs (MR 09) assurent l'enregistrement de la numérotation et sa réémission, puis le déroulement et le séquencement de l'établissement en temps réel des communications et leur arrêt. Chaque Multienregistreur de type MR 09 constitue un ensemble de 66 Enregistreurs et occupe une baie. (à comparer au volume équivalent d'une baie d'Enregistreurs de Rotary 7A1 formée de 4 Enregistreurs). Les Multienregistreurs sont les seuls organes du système E10N3 à pouvoir prendre des initiatives en temps réel.
- Les Marqueurs (MQ 02) sont l'interface entre les organes de commande précités et les Unités de Raccordement d'Abonnés via le Réseau de Connexion (CX 05).
- Le Réseau de Connexion (CX 05), dans un Commutateur E10N3 est 100% de type temporel, à un seul étage, de type T, capable de commuter un maximum de 128 multiplex numériques MIC.
Est également présent un organe d'Équipement de Tonalités et d'Auxiliaires (ETA 06) incluant les :
- Générateurs de Tonalités (GT),
- 1 ou 2 Multirécepteurs Récepteurs de Fréquences pour la numérotation au clavier et pour la signalisation intercentre (RF), chaque ensemble RF étant constitué de 31 circuits de récepteurs de fréquences.

- Enfin, le Commutateur E10N3 est naturellement complété par des Unités de Raccordement d'Abonnés, comme tout modèle de Commutateur. Il s'agit des baies EMA 01 de 2ème génération inaugurées en 1976 capables d'héberger jusqu'à 511 abonnés lorsque les alvéoles sont toutes équipées de cartes de 16 abonnés. La capacité s'en trouvant réduite lorsque sont utilisées des cartes de 8 abonnés seulement (cas des abonnés discriminés avec retransmission des impulsions de taxation au domicile).
- L'étape de concentration en sortie de chaque EMA 01 de 511 abonnés s'effectue sur 60 voies numériques, par l'utilisation de 2 liaisons numériques MIC. ( l'équipement numéro Zéro ne peut pas recevoir d'abonné.).

Concernant les Commutateurs E10N3, il existe, comme pour PLATON, au dessus de chaque groupe constitué par quelques-uns de ces commutateurs, un Centre de Traitement des Informations (CTI) équipé d'un calculateur chargé de superviser en différé un groupe de Commutateurs E10 dans toutes ses fonctions (exploitation, maintenance, sauvegarde du système et de la taxation...).

- Concernant le Centre de Traitement des Informations (CTI) le calculateur Mitra 15 réalisé en technologie à circuits intégrés TTL à partir de 1972 et des premiers E10N4, est progressivement remplacé à partir de 1977 par un calculateur Mitra 125, une fois la mise au point définitive du E10N3 réalisée.
- Les dérouleurs à bande de papier perforé sont rapidement remplacés par des dérouleurs à bandes magnétiques aussi bien dans les premiers E10N3 que dans leur CTI de rattachement afin d'effectuer les sauvegardes externes de sécurité, ou à l'inverse afin d'importer des données de programmation logicielles dans le commutateur ou dans le CTI.

Vue d'ensemble d'un Commutateur temporel E10N3 .

Rambouillet B1 Mis en service le 20 septembre 1978 - Hors service le 25 mai 1994 - Fabricant : CIT-Alcatel

Concernant les Services Confort : E10N3 ne supportait ni le Signal d'Appel, ni la Conversation à Trois, ni le Mémo Appel (service du réveil), ni le service Présentation de l'Identité du Demandeur (PID) mis en service en France Métropolitaine le 2 septembre 1997, ni la Portabilité du Numéro d'Abonné (en cas de déménagement dans la même Circonscription Tarifaire) mise en service à partir du 1er janvier 1998.
-E10N3 supportait le Transfert d'Appel Local (à partir du 22 janvier 1982). (Local = dans la même circonscription de taxe, uniquement)
-E10N3 supportait le Transfert d'Appel National (totalité du parc équipé entre Juin 1988 et Mai 1989).
-E10N3 a pu bénéficier, très tardivement, du service de Facturation Détaillée (à partir de Mai 1990 sur certains E10N3, puis Février 1991 sur l'ensemble des E10N3).

169 Commutateurs d'abonnés E10N3+E10N4 sont installés en France, dont 14 en Île-de-France, y compris Paris intra-muros.

- Dès 1972, les Commutateurs E10N4 et E10N3 permettent de gérer jusqu’à 15.000 abonnés (dès la présérie E10N4 qui aurait compté 18 machines entre le 24 mai 1972 et le 28 septembre 1976).
- Dès 1976, ce système est capable d'écouler jusqu'à 50.000 appels à l'heure, en pleine charge.
- Attention, les Commutateurs E10N4 et E10N3, n'étant pas totalement conformes aux Normes d'Exploitation et de Fonctionnement (NEF), bénéficient de certaines dérogations. En effet, ces systèmes sont mal protégés contre une surcharge d'appels, car ils ne savent pas faire le tri entre les appels entrants et les appels locaux et ne savent pas prioriser les appels. Ces systèmes, qui sont ne l'oublions pas les premiers temporels du monde, ne savent pas "choisir".

- Le premier Commutateur E10N3 normalisé (et qui de ce fait est le 1er E10N3) et équipé avec des Unités de Raccordement d'Abonnés entièrement électroniques à composants discrets, les EMA2G, est mis en service le 19 octobre 1976 sur le site de Lannion (Lannion Centre ). Tous les Commutateurs E10N3 ultérieurs seront équipés de ces nouveaux EMA2G. On distingue les EMAL 01 pour les abonnés locaux et les EMAD 01 pour les abonnés distants. Chaque EMA2G reçoit jusque 512 abonnés.
- À noter la mise en service dans Paris Intra-Muros d'un unique Commutateur d'abonnés E10N3, le 28 mai 1980, ce Commutateur était aussi nommé ACROPOLE ( Autocommutateur Central Répartissant ses Organes Périphériques Pour Offrir des Lignes Eloignées). Il s'agit de Tuileries 3 ET1 (AE24), qui fonctionnera jusques au 16 juillet 1992. Ce Commutateur E10N3 a été utilisé pour désengorger les quartiers d'affaires du centre de Paris que les systèmes ROTARY 7A1 ne pouvaient pas traiter en termes de trafic. En effet, il s'agit d'abonnés d'affaires téléphonant de 5 à 7 fois plus qu'un abonné moyen.
- Le premier Commutateur E10N3 Mobile (déplaçable en camion semi-remorque) est prêt à l'emploi à la mi-1978. D'une capacité de 8.000 abonnés et pourvu de baies EMAD (Équipements de Modulation d'Abonnés Déportés), il est destiné à faire face à toute avarie majeure pouvant survenir sur un Commutateur E10N3, comme par exemple une inondation ou un incendie pouvant survenir dans un centre téléphonique. Le temps de réparer ou de reconstruire le centre téléphonique, le Commutateur E10N3 Mobile prend la relève. Les Commutateurs E10N3 Mobiles sont nommés les "Mobidix".
- Le Commutateur E10N3 le plus récent de France est mis en service le 14 octobre 1986 (Champagnole 2).
- Le premier Commutateur E10N3 de France à être arrêté en 1985 serait Seloncourt 1.
- Le premier Commutateur E10N3 de Paris & Île-de-France à être arrêté le 16 juillet 1992 est Tuileries 3 ET1 (ACROPOLE).
- Notons que le Commutateur Rambouillet B1 est retenu comme prototype pour tester la préparation au passage à la Numérotation à 10 chiffres à partir de 1993 (site pilote en système E10N3), bien qu'il ne connaîtra lui-même jamais cette Nouvelle Numérotation (arrêt le 25 mai 1994).
- L'ultime Commutateur E10N3 d'Île-de-France est arrêté le 31 janvier 1995 (Beaumont-sur-Oise A2).
- Le dernier Commutateur E10N3 de France est arrêté le 3 mars 1999 (Guingamp Centre 2).

E10CTI : les Centres de Transit temporels Interurbains sont directement dérivés du E10N3. Ce système est capable de gérer jusqu'à 36.000 circuits de transit par cœur de chaîne.
- Le premier Commutateur E10CTI , commandé en 1972, est mis en service en France, à Saint Brieuc, le 12 mars 1975. (sa capacité est de 1.800 circuits de transit).
- Le Commutateur E10CTI de Saint-Brieuc est le premier Centre de Transit à commutation temporelle du monde. Il assurera ses fonctions de transit jusques en Mars 1984, date de sa mise hors service.
- L'unique Commutateur E10CTI de Paris, commandé en 1973, est mis en service le 7 décembre 1976 au centre téléphoniques des Tuileries : Tuileries E10CTI. (Sa capacité est de 5.000 circuits de transit, étendue ultérieurement à 18.000 ce qui pour un commutateur de transit de technologie E10N3 est énorme). Il assurera ses fonctions de transit jusques au 15 janvier 1988, date de sa mise hors service.
- Comme les autres Commutateurs E10N3, ils sont tous obsolètes et démontés.

E12 (abréviation pour Électronique projet n°12 ou E12 )
(licence Alcatel époque CGE) C'est un autre système dérivé aussi du prototype PLATON. Temporel de seconde génération, de capacité double que les Commutateurs E10N3 de la même époque..
Le système E12 est mis en étude à partir de 1971 par le biais de la création d’une filiale commune CITEREL entre CIT-Alcatel et Ericsson-France.

L'ambition de départ des ingénieurs était de constituer un Commutateur dont l'organe central de calcul pourrait fonctionner entre 40 et 50 années sans jamais s'arrêter d'assurer son service. Hélas, les effectifs des équipes chargées de concevoir ce système n'étaient pas assez nombreux et le projet prit trop de retard et fut doublé par d'autres systèmes.
Le système E12 devait constituer le premier « réseau intelligent » et offrir des services améliorés par rapport à tout ce qui se faisait jusques alors.

Tout système E12 pourrait être utilisé en Commutateur d'abonnés où il serait capable de gérer 50.000 abonnés par cœur de chaîne, mais cet usage n’est finalement pas retenu, au profit de la famille E10 puis MT25.

Le système E12 est utilisé en Centre de Transit Interburbain (E12CTI) où il est capable de gérer jusqu'à 49.552 circuits de transit par cœur de chaîne.
Deux Commutateurs de transit E12 ont en outre été reconvertis et utilisés pour les numéros Libre Appel dès 1985 (les numéros verts / appels gratuits) puis deux autres pour la Carte Pastel dès le début 1989. (Ce que l'on nommera le Réseau Intelligent)

Un Commutateur E12 est de conception très centralisée ; il est organisé sur 4 niveaux :
1 ) - 1er niveau : l'Unité de Commande Dupliquée (UCD) constituée par deux calculateurs électroniques CS40 fonctionnant en synchronisme en effectuant les mêmes tâches identiques au même instant, ce qui permet un contrôle par comparaison. Chaque calculateur CS40 est équipé du processeur IRIS80. Ultérieurement, l'Unité de Commande Dupliquée a vu son mode de calcul transformé en fonctionnement en partage de charge, ce qui permet de meilleures performances.
- Chaque calculateur CS40, réalisé suivant les prescriptions des PTT est capable de traiter 150.000 communications à l'heure, soit 40 communications à la seconde, d'où son appellation : Calculateur - Secondes - 40. La puissance de traitement d'appels à l'heure sera ultérieurement portée à 350.000 avec des calculateurs améliorés CS40 B3.
2 ) - 2ème niveau : l'Unité de Gestion des MarQueurs (UGMQ) constituée par les Marqueurs (MQ) qui sont l'intermédiaire entre l'Unité de Commande Dupliquée (UCD) et l'Unité de Connexion (UCX).
3 ) - 3ème niveau : l' Unité de ConneXion (UCX) composée du Réseau de Connexion (RCX) initialement pourvu d'une capacité de 960 multiplex numériques MIC de 30 voies téléphoniques chacun, capacité énorme au début de la mise en étude de ce système en 1972. Elle sera par la suite portée à 1536 multiplex numériques MIC pour un écoulement maximal de 15.000 erlangs.
- Le Réseau de Connexion, dans un commutateur E12 est certes de type temporel mais est formé de 5 étages : un étage d'entrée temporel, un étage de sortie temporel, mais au milieu de ces 2 étages, 3 étages spatiaux réalisés en technologie numérique. Le Réseau de Connexion TSSST est une adaptation qui a été utilisé afin de pouvoir assurer à moindre frais et à moindres difficultés un brassage optimal entre les voies entrantes et sortantes. Le Système de Connexion d'un commutateur E12, bien qu'étant vu comme étant de type temporel selon que l'on se place à son entrée ou à sa sortie, n'en est pas moins « entrelardé » par trois couches de technologie numérique spatiale ce qui constitue une curiosité du système, tout comme dans le cas du commutateur E10N1.
4 ) - 4ème niveau : l'Unité de Signalisation (US) chargée de la réception et la distribution des différentes signalisations, qui agit sous le commandement direct de l'Unité de Commande Dupliquée (UCD).

Chaque Commutateur E12 est équipé d'un programme d'autodiagnostic avec localisation automatisée des défauts et de leur emplacement. Sa fiabilité est même conçue pour pouvoir fonctionner sans défaillance majeure et sans interruption de service et durant plusieurs dizaines d'années, fait impressionnant à l'époque de sa mise en étude.

- Seuls 14 Commutateurs E12 ont été mis en service en France (la commande du 14ème commutateur E12 ayant été validée in extrémis ).
- Le système E12 est capable d'écouler en charge typique jusqu'à 150.000 puis 350.000 appels à l'heure et jusqu'à 540.000 appels à l'heure en limite maximale absolue.
- La capacité typique de raccordement d'un Commutateur E12 est de 48.000 circuits en tant que Commutateur de Transit.
- le système E12 est mise en étude à partir de 1971.
- Un premier exemplaire prototype E12 est mis en expérimentation en laboratoire à Boulogne-Billancourt en 1975.
- En tant que Commutateur d'Abonnés, un Commutateur E12 est équipable de baies EMA ou CSA (tirées du matériel E10N3), mais cet usage n'est pas retenu, au profit de la fonction de Centre de Transit Temporel.
- Après une consultation lancée en Avril 1979, le système E12 est validé par l'Administration en 1980.
- Avant leur installation et mise en service, les Centres de Transit Temporel E12 sont nommés dans les documents d'époque (vers 1979-80) GCE pour Grands Centres Électroniques. (car appelés à prendre la suite des GCI électromécaniques crossbar).
- Le premier Commutateur E12 de série, commandé en fin 1977, est mis en service à Massy-Palaiseau le 29 avril 1981 (Massy CTZP1).
- Le premier Commutateur E12 de province est mis en service en Septembre 1981. Il est officiellement inauguré le 16 octobre 1981 par M. le Ministre des PTT - Louis Mexandeau.
- Après installation de quelques exemplaires de série comme par exemple, Saint-Germain-en-Laye CT1 le 26 mai 1982, le système E12 est brusquement abandonné en 1984 pour raisons économiques par la CIT-Alcatel, suite au rapprochement d'avec Thomson Télécommunications intervenu à partir de Juillet 1984, pour se recentrer sur les gammes E10 et MT car déjà très implantées et commercialisées dans le monde entier.
- C'est aussi le système E12 qui supporte la mise en service des premières communications de données commutées TRANSDYN par satellite le 16 décembre 1986. Les débits des liaisons sont de 256 kbit/s. Le satellite utilisé est Télécom 1. Massy E12 CT est le point de liaison avec Télécom 1.
- La dernière mise en service d'un Commutateur E12 intervient en Juin 1987 (Saint-Ouen-l'Aumône CTZP1).
- La totalité des 7 Commutateurs E12 encore en service dans les années nonante a été démontée avant l'introduction de la Nouvelle Numérotation téléphonique à 10 chiffres intervenue le 18 octobre 1996.
- Il aurait été constaté que le système E12 était incompatible à la norme RNIS, ce qui le condamnait de facto à terme. Ainsi la note N°22/DG du 3 juin 1991 stipule la nécessité de supprimer ces commutateurs téléphoniques à l'horizon 1995.
- L'ultime Commutateur E12 de France utilisé en Centre de Transit Temporel est mis à l'arrêt à la mi-janvier 1995 (Saint-Ouen-l'Aumône CTZP1 (RP81)).
- La totalité des Commutateurs E12 a été remplacée par des Commutateurs MT20 entre 1992 et 1995.

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II - Les systèmes électroniques de type temporel de 2ème génération :

Les Commutateurs électroniques de type temporel de 2ème génération sont mis en service pour la première fois en France le 16 juin 1981 (système E10N1). En effet, la République Française demeure la locomotive mondiale de la Commutation Électronique Temporelle, suite à une succession de choix politiques, techniques et industriels ambitieux de plus de deux décennies et devance en cela les conclusions unanimes du Colloque International de Commutation qui se tient du 21 au 25 septembre 1981 à Montréal (ISS' 81) qui confirme le tournant massif et définitif au tout électronique temporel et à la transmission en tout numérique MIC.

Les Commutateurs électroniques de type temporel de 2ème génération sont aujourd'hui en voie d'obsolescence ; leur démontage est en cours (2020).
Ils sont caractérisés par une capacité de raccordement typique comprise entre 15.000 et 65.000 abonnés par cœur de chaîne, avec une capacité d'établissement d'appels téléphoniques typiquement comprise entre 90.000 et 200.000 appels à l'heure ; le tout avec une fiabilité renforcée par rapport à leurs prédécesseurs temporels de première génération et une résistance accrues face aux surcharges éventuelles.

Les systèmes électroniques de type temporel de 2ème génération déployés en France sont les suivants :

- E10N1,
- MT20,
- MT25,
- MT35 (mort-né)

Réseaux de Connexion numériques Mixtes - Temporels et Spatiaux
C
ertaines variantes existent dans les Réseaux de Connexion des Commutateurs temporels.

Dans un Réseau de Connexion numérique intégralement temporel (PLATON, E10N3, E10B3, MT20 de petite capacité et MT25 de petite capacité), il faut beaucoup de Mémoires Tampon afin de stocker le temps nécessaire les signaux de conversation des voies entrantes pour les rediriger vers les bonnes voies de sortie.
Vu le prix de ces mémoires au début de la commutation temporelle, ainsi que par souci de simplification du Réseau de Connexion, il a parfois été décidé pour certains systèmes (AXE10, AXE Transgate 4, E12, E10N1, MT20 de grande capacité et MT25 de grande capacité) d’intégrer un ou plusieurs étages réalisés en électronique numérique spatiale entre l’étage d’entrée temporel et l’étage de sortie temporel des Réseaux de Connexion, afin de pouvoir se passer d’un maximum de Mémoires Tampon.
Cet étage numérique spatial de brassage est plus simple à réaliser et beaucoup moins coûteux car il est dépourvu de mémoires (éléments coûteux) : il est constitué de circuits de portes logiques à commutation rapide, synchronisées sur la cadence de fonctionnement des Liaisons numériques MIC.
Par contre, un étage spatial numérique, même s’il permet d’améliorer le brassage, ne peut procéder qu’au basculement d'un Intervalle de Temps donné (IT) d'une Liaison MIC entrante vers une autre Liaison MIC sortante, toujours à la même position temporelle donnée.
Donc, un étage spatial numérique ne permet en aucun cas de décaler l’Intervalle de Temps (IT) entre une Liaison MIC entrante et une Liaison MIC sortante. Donc, ce ou ces étages ne viennent qu'en appoint dans un Réseau de Connexion numérique, mais ne peuvent pas assurer à eux seuls la commutation téléphonique complète.

Il s’agit là d’un compromis entre la technique pure et la finance, pour pouvoir réaliser un brassage entre les Liaisons numériques MIC entrantes et sortantes. Cette technique fonctionne tout aussi parfaitement que la technique de connexion purement temporelle. Cependant, l’intérêt de cet artifice tend depuis de nombreuses années à s’estomper, étant donnée la baisse des prix vertigineuse des circuits Mémoires.
En revanche, dans un Commutateur temporel, quelque soit sa génération et son modèle, le Réseau de Connexion temporel est systématiquement dupliqué pour raison de sécurité.

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Famille 1000-E10 : incluant deux sous-familles : E10 et MT de la société française Alcatel qui fait aujourd'hui partie du groupe franco-américain Alcatel-Lucent :

Sous-famille E10, (abréviation : E pour Électronique car 100% électronique, projet n°10), (licence Alcatel époque CGE), dont le prototype est issu du projet PLATON, en France existe le type suivant de 2ème génération :

E10N1 - E10 Niveau 1 - (Dénomination initiale : E10B). Temporel de seconde génération mis en étude à partir de 1976 et commandé le 15 décembre 1976 par l'Administration des Télécommunications.
Connu aussi sous l'appellation E10/128 US. (composé de 128 Unités de Sélection). L'organe de commande consiste en une commande répartie entre plusieurs organes différents et spécialisés. Chaque organe est dédoublé pour assurer la sécurité du système et fonctionnent en service normal, en partage de charge. Ces organes dédoublés sont : les Taxeurs (TX), les Traducteurs (TR) et les Marqueurs (MQ). Au nombre de 2 à 5 ce sont les Multienregistreurs (MR) suivant l'importance du trafic à traiter.

- Les Taxeurs (TX 30) sont chargés d'établir et comptabiliser les taxes des conversations pour chaque abonné, ainsi que leur facturation détaillée.
- Les Traducteurs (TR 30) constituent la mémoire programmable (et modifiable) des routages possibles dans le Commutateur Téléphonique ou vers d'autres Commutateurs téléphoniques du Réseau. Pour ce faire, ils stockent toutes les caractéristiques des abonnés, et toutes celles des faisceaux de circuits d'acheminement. Chaque TR 30 possède une capacité de 1.000 acheminements différents et peut supporter jusqu'à 40.000 abonnés en pleine charge.
- Les Multienregistreurs (MR 30) assurent l'enregistrement de la numérotation et sa réémission, puis le déroulement et le séquencement de l'établissement en temps réel des communications et leur arrêt. Chaque Multienregistreur de type MR 30 constitue un ensemble de 254 Enregistreurs et occupe une baie. (à comparer au volume équivalent d'une baie d'Enregistreurs de Rotary 7A1 formée de 4 Enregistreurs). Les Multienregistreurs sont les seuls organes du système E10N1 à pouvoir prendre des initiatives en temps réel.
- Les Marqueurs (MQ 30) sont l'interface entre les autres organes de commandes précités et les Unités de Raccordement d'Abonnés via le Réseau de Connexion (CX 30).
- Est également présent un Organe de Contrôle (OC) chargé des opérations de test et de maintenance du système. Cet organe n'est pas dupliqué.
- Sont également présents des organes (au nombre de 2 à 16, suivant options et capacité système retenues) d'Équipement de Tonalités et d'Auxiliaires (ETA 30), Chaque ETA étant basé sur l'utilisation d'un microprocesseur central Intel 8085, incluant les :
- Générateurs de Tonalités (GT),
- Multirécepteurs de Fréquences pour la numérotation au clavier et pour la signalisation intercentre (RF), chaque ensemble RF étant constitué de 32 circuits de récepteurs de fréquences.
- Additionneurs de voies pour les Circuits de ConFérence à 3 (CCF). Sachant que chaque ETA ne peut contenir que 2 CCF seulement, chaque CCF permettant de régir 8 Conférences à 3 simultanément, ce qui limitera l'accès aux souscriptions des Services Conforts lorsqu'ils se démocratiseront à partir des années nonante et précipitera en conséquence la fin anticipée du système E10N1 en 2002.
- Le Réseau de Connexion (CX 30), dans un Commutateur E10N1 est certes de type temporel mais est formé de 3 étages : un étage d'entrée temporel, un étage de sortie temporel, mais au milieu de ces deux étages un étage spatial de technologie numérique toutefois.
Il s'agit là d'un compromis qui a été utilisé afin de pouvoir assurer à moindre frais et à moindres difficultés un brassage optimal entre les voies entrantes et sortantes pour des Réseaux de Connexion de grande capacité (pour l'époque) que l'on ne savait pas concevoir en technologie temporelle pure.
Mais le Réseau de Connexion d'un Commutateur E10N1, n'en reste pas moins un réseau entièrement numérisé même si en son sein, un étage de technologie spatiale numérique est nécessaire pour permettre un brassage optimal à moindre coût et avec un maximum de performances techniques pour l'époque.

Dès 1981, chaque commutateur élémentaire, de 32 Unités de Sélection chacun, permet le raccordement de 64 multiplex MIC et peuvent être combinés jusqu'à 4 exemplaires pour former un commutateur d'une capacité de 256 multiplex numériques MIC de 30 voies téléphoniques chacun, sous un trafic de 2.500 erlangs.
Dès 1984, chaque commutateur élémentaire, de 32 Unités de Sélection chacun, permet le raccordement de 64 multiplex MIC et peuvent être combinés jusqu'à 6 exemplaires pour former un commutateur d'une capacité de 384 multiplex numériques MIC de 30 voies téléphoniques chacun, sous un trafic de 3.800 erlangs.
Dès 1987, chaque commutateur élémentaire, de 32 Unités de Sélection chacun, permet le raccordement de 64 multiplex MIC et peuvent être combinés jusqu'à 8 exemplaires pour former un commutateur d'une capacité de 512 multiplex numériques MIC de 30 voies téléphoniques chacun, sous un trafic de 5.000 erlangs.

- Les Unités de Raccordement d'Abonnés :
En 1980, au commencement des Commutateurs E10N1, les unités de raccordement d’abonnés sont des CSE 31 (Concentrateur Satellite Electronique type 31) dont la matrice de concentration analogique est désormais entièrement électronique réalisée à l'aide de composants discrets ou intégrés (100% électronique), sans pièce mobile, à coût compétitif. Le CSE 31 est conçu par la CIT-Alcatel.
- Chaque CSE 31 peut héberger jusques 1023 abonnés analogiques, lorsque les alvéoles sont toutes équipées de cartes de 16 abonnés. La capacité s'en trouvant réduite lorsque sont utilisées des cartes de 8 abonnés seulement (cas des abonnés discriminés avec retransmission des impulsions de taxation au domicile).
- L'étape de concentration en sortie de chaque CSE 31 de 1023 abonnés s'effectue selon 3 options possibles, sur 60, 90 ou 120 voies numériques, par l'utilisation de 2, 3 ou 4 liaisons numériques MIC, suivant le trafic souhaité et sa densité estimée.
- Chaque CSE 31 est articulé sur l'utilisation de 4 microprocesseurs Intel 8085 combinés aux périphériques d'interface Intel 8741.

Mais à partir de 1987, les CSE31 ont été remplacés par une nouvelle génération plus évoluée conçue par Alcatel, compatible avec les services supplémentaires à valeur ajoutée et au Numéris : il s’agit des CSN (Centre Satellite Numérique) qui seront même déployés dans les commutateurs MT25 pourtant conçus par Thomson à l'origine.
Dans le système E10N1, le Commutateur doit avoir atteint le Palier Logiciel n°6 pour accepter la connexion avec les CSN.

Concernant cette nouvelle technologie des CSN, lorsqu'elle est utilisée pour le raccordement des lignes analogiques, la conversion des signaux analogiques de conversation en signaux numériques s'effectue dès le premier étage d'entrée dans les cartes de raccordement d'abonnés. À partir de là, tout le reste de la chaîne de commutation du Commutateur de départ vers le Commutateur d'arrivée, en passant par les transmissions s'effectue en signaux numériques.

- Chaque CSN peut héberger jusqu'à 5120 abonnés analogiques.
- Chaque CSN peut héberger jusqu'à 2560 abonnés Numéris.
- Tout CSN peut héberger à la fois des abonnés analogiques et des abonnés Numéris, par panachage des cartes terminales d'abonnés.
- Eux seuls étant capables d'héberger des abonnés Numéris, l'arrivée des CSN dans le réseau téléphonique français sont alors la condition première à la naissance de Numéris dans notre pays.
- Les premiers CSN mis en service sont d'abord raccordés sur Commutateurs E10N1 existants courant 1987, peu avant l'arrivée du Numéris le 21 décembre 1987 à Saint-Brieuc.
- Puis, les premiers raccordements de CSN sur Commutateur MT25 suivent avec la mise en service à Paris de MONTMARTRE 4 ET1 le 24 mars 1988 ; ces CSN ci ne desservent en premier que des abonnés analogiques ; le Numéris ne sera déployé via les commutateurs MT25 qu'ultérieurement à partir du 21 mars 1990.
- En Avril 1988, la synchronisation du Réseau Téléphonique est réalisée, préalable technique nécessaire à la généralisation sur tout le territoire du RNIS en France.
- Puis, suivent en Île-de-France les premiers CSN mis en service sur E10N1 avec le Commutateur E10N1 de Puteaux (PUTEAUX 6 ET4) mis en service le 4 mai 1988 avec des CSN en première-monte, Commutateur dont l'usage est réservé, par décision de l'administration, très-majoritairement aux abonnés Numéris.

Un des tous premiers CSN mis en service.
Concernant les Commutateurs E10N1, tout comme PLATON, il existe au dessus de chaque groupe constitué par quelques-uns de ces Commutateurs, un Centre de Traitement des Informations (CTI) équipé d'un calculateur MITRA 225 réalisé en technologie TTL, chargé de superviser en différé un groupe de commutateurs E10 dans toutes ses fonctions (exploitation, maintenance, sauvegarde du système et de la taxation...). A titre transitoire, les tous premiers exemplaires E10N1 de présérie sont supervisés par un CTI équipé d'un calculateur MITRA 125. Ceux-ci seront rapidement remplacés par un MITRA 225.

À la création du système E10N1 entièrement normalisé, de pleine série, un CTI pourvu d'un calculateur MITRA 225 permet de gérer jusqu'à 80.000 voire 100.000 abonnés, répartis sur un maximum de 5 à 6 Commutateurs E10N1. Puis, au fur et à mesure des évolutions, des paliers, les ressources disponibles s'avéreront tout juste suffisantes pour qu'un CTI avec MITRA 225 puisse superviser un maximum de 2 Commutateurs E10N1, eu égard, les années passant, à la complexification des logiciels et des services optionnels se diversifiant.

- En 1991, le calculateur des CTI mis en service cette année-là est remplacé par un OMC83 2G plus puissant et sera raccordé aux ultimes Commutateurs E10N1 les plus récents qui seront mis en service cette année-ci. La validation des OMC83 2G a été faite par le CNET Lannion A le 7 janvier 1991, et les deux premiers OMC 83 2G mis en service, expérimentalement, le sont à Grenoble et à Épinal. Ce nouveau calculateur développé par Alcatel est basé sur l'utilisation de Multiprocesseurs Alcatel 8300. Un CTI pourvu d'un calculateur OMC83 2G peut superviser 6 Commutateurs E10N1 à lui seul, au lieu de 2 pour un MITRA 225 à cette même époque... Le système Mitra 225 avait fait son temps et arrivait en bout de course.
- En 1993, la fabrication des calculateurs MITRA 225, de la société SEMS cesse totalement. Les pièces de rechange n'étant plus disponibles, le parc de calculateurs MITRA 225 qui supportent les CTI doit être changé. Le calculateur Alcatel OMC83 2G est choisi.
- En 1996, l'ensemble du parc des calculateurs MITRA 225 des CTI est donc remplacé par des calculateurs OMC83 2G. (Organe de Maintenance Centralisé, dérivé du standard X83, de 2ème Génération).
Des dérouleurs à bandes magnétiques sont utilisés aussi bien dans un E10N1 que dans son CTI de rattachement afin d'effectuer des sauvegardes externes de sécurité (telles que des données de taxation), ou à l'inverse afin d'importer des données de programmation logicielles dans le Commutateur ou dans le CTI.


Commutateur E10N1 prototype BREST-CENTRE 3 (QU67), alors en expérimentation courant 1980. mis en service le 16 juin 1981 - hors service le 19 mars 2002. A droite, le centre de Traitement des Informations de Saumur, équipé d'un ordinateur MITRA 225.


En 1981 Le centre téléphonique CP400 de Fontainebleau dés années 1960 est remplacé par un système numérique E10 N1 (de 2ème génération). Il est mis en Service le 1er juin 1982 rue de la Paroisse. Mis hors Service le 22 juillet 1998.

Concernant les Services Confort : le système E10N1 supporte les services du Mémo Appel (Réveil), du Transfert d'Appel Local (à l'intérieur de la même Circonscription de Taxe), du Signal d'Appel et de la Conversation à 3 depuis le 1er juin 1984 ; mais les ressources matérielles disponibles ne permettent pas de pouvoir accueillir tous les candidats à la souscription de ces services.
Le Transfert d'Appel National est disponible sur la totalité du parc des Commutateurs E10N1 depuis le 1er février 1988.
Il ne pouvait fournir qu'à un maximum de 15% des abonnés lui étant raccordés le nouveau service de Présentation de l'Identité du Demandeur (PID) mis en service en France depuis le 2 septembre 1997 en France Métropolitaine et le 1er octobre 1997 dans les DOM. (Limitation qui a également accéléré la suppression de ce système pourtant très fiable)

426 Commutateurs E10N1 sont installés en France, dont 35 en Île-de-France inclus 2 dans Paris intra-muros et dont les 18 en Outre-mer. (soit plus que les 416 cités dans les sources habituelles... et ce, sans comptabiliser les E10N1 provisoires en remorque utilisés çà et là en cas de panne de commutateur existant, ou dans l'attente d'une mise en service d'un nouveau commutateur à venir.)
- Les Commutateurs E10N1 seront les premiers à supporter en France les abonnés de type Numéris (RNIS) à partir du 21 septembre 1987 à Brest puis en Île-de-France à partir du 3 août 1988.
- Le système E10/128US est capable de gérer dès 1981 jusqu'à 30.000 abonnés par cœur de chaîne. Il est capable d'écouler jusqu'à 200.000 appels à l'heure, en pleine charge.
- Le système E10/192US est capable de gérer dès 1984 jusqu'à 45.000 abonnés par cœur de chaîne. Il est capable d'écouler jusqu'à 250.000 appels à l'heure, en pleine charge.
- Le système E10/256US est capable de gérer dès 1987 jusqu'à 60.000 abonnés par cœur de chaîne. Il est capable d'écouler jusqu'à 300.000 appels à l'heure, en pleine charge.

Les 3 premiers Commutateurs E10N1 du monde, commandés en Décembre 1977, sont mis en service au Yémen du Nord (Sanaa, Hodeidah et Taëz) en Septembre 1980 et délivrent le service téléphonique de base, en attendant la mise au point définitive du logiciel en cours de finalisation en France, à Brest.
- En France, les opérations de validation du système E10N1 commencent à Brest sur le prototype, à partir du 19 janvier 1981.
- Ce premier Commutateur E10N1 de France (quatrième au monde), d'une capacité initiale de 12.000 abonnés, est mis en service sur le réseau public le 16 juin 1981 - 6H00 - à Brest (BREST CENTRE 3).
Ce même Commutateur E10N1 sera d'ailleurs inauguré en grande pompe le 18 septembre 1981 par M. le Ministre des PTT - Louis Mexandeau en présence de 27 ministres des PTT du monde entier.
Le troisième pays à mettre en service son premier Commutateur en 1982 serait la République d'Irlande (Eire), dans la ville de Kells. Le 9 mai 1980, un accord de coopération technique est signé entre les PTT des deux pays. Le 19 janvier 1982, ce premier Commutateur E10N1 irlandais, installé par Alcatel, est inauguré par Messieurs les Ministres des PTT irlandais-Patrick Cooney et français-Louis Mexandeau, au cours d'une inauguration-démonstration devant le Commutateur en fonctionnement. Le système E10N1 sera massivement déployé dans les villes moyennes, les villages et la campagne irlandaise, de telle sorte qu'il pourvoira jusqu'à la moitié des lignes en service dans ce pays. Retrouvez en cliquant ici le reportage des PTT Irlandais de 1982 (archive RTÉ) avec les deux ministres des PTT !

- Le premier Commutateur E10N1 (à Unités de Raccordement d'Abonnés de type CSE) d'Île-de-France est mis en service le 14 janvier 1982 (ARPAJON A3).
- Le premier Commutateur E10N1 (à Unités de Raccordement d'Abonnés de type CSE) de Paris intra-muros est mis en service et inauguré le même jour par le Directeur Général des Télécommunications Jacques Dondoux le 21 décembre 1983 au centre téléphonique de Raspail (RASPAIL 2 ET1).
Nota : Paris-intra muros ne comptera seulement que deux Commutateurs E10N1 avec RASPAIL 3 ET2 (AD73) ; Paris intra-muros étant "donné" au MT25. Pour la petite histoire, la raison de cette notable exception se justifiait par la présence dans Paris intra-muros, pour le prestige, d'au moins un site abritant de l'E10N1 qui était systématiquement proposé lors des multiples visites d'Ingénieurs et de politiques français ou étrangers de passage dans la capitale.

Dans le monde, le premier Commutateur E10N1 équipé en première monte des nouvelles baies de raccordement d'abonnés de type CSN est commandé le 22 janvier 1985 puis mis en service en Chine, à Pékin, en 1986. Le nouveau réseau téléphonique temporel de Pékin constitué de 14 Commutateurs E10N1 est inauguré officiellement le 12 janvier 1987, en présence de M. l'Ingénieur Général des Télécommunications Albert Delbouys.
- En France, le premier Commutateur E10N1 équipé en première monte des nouvelles baies de raccordement d'abonnés de type CSN est mis en service le 7 décembre 1987 à Saumur (SAUMUR) (département 49).
- Le Commutateur E10N1 Centrex- AÉROPORT NORD 2 est mis en service le 18 mai 1989 à Roissy Charles de Gaulle. Il pourvoit le service Numéris dès sa mise en service ainsi qu'une multitude de services spécialisés.
Il remplace le CommutateurMétaconta Centrex AÉROPORT NORD 1 (ND01) de 1972.
Le Commutateur E10N1 Centrex - AÉROPORT NORD 2 (ND02) est arrêté le 4 juin 1997.
- Le Commutateur E10N1 le plus récent d'Île-de-France est mis en service le 26 mars 1991 (CERGY A5 (NE75)).
- Le Commutateur E10N1 le plus récent de France est mis en service en 1991.
- Les dernières extensions de Commutateurs E10N1 existants sont commandées en 1995.
- Les deux premiers Commutateurs E10N1 a être mis hors service avant Mars 1990 sont : LE CHEYLARD (VL43) et TOULOUSE MIRAIL 3.

Le programme global de démontage des Commutateurs E10N1 a débuté, en France, en 1997. Il devait se conclure initialement en 2005 ; puis la décision a été prise en Janvier 2000 de procéder à un plan massif de retrait total et rapide de tous les Commutateurs E10N1, en raison du manque de ressources qui empêchait de fournir à tous les abonnés les Services Confort et qui étaient totalement incompatibles avec la présélection locale devant entrer en vigueur en France le 1er janvier 2002.
- Avant 2000, un chef de projet "Renouvellement E10N1" est nommé, il s'agit de M. Guy Vassal, pour hâter l'arrêt des Commutateurs E10N1. (Les 9,5 millions de lignes téléphoniques de cette dernière campagne de retrait des 340 Commutateurs E10N1 alors encore en service, sont basculées sur des Commutateurs AXE10 et E10B3, de 3ème génération.)
- Le premier Commutateur E10N1 d'Île-de-France et Paris est désactivé le 3 juin 1997 (RASPAIL 3 ET2).
- Le dernier Commutateur E10N1 d'Île-de-France est désactivé le 27 juin 2001 (ÉVRY A4).
- Le dernier Commutateur E10N1 de France est désactivé le 10 décembre 2002 (RIOM 2).
En dehors de l'Europe, le système E10N1 est connu sous la dénomination OCB-181 (Organe de Commande type B, version 1, mis en service en 1981).

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Sous-famille MT -Matrice Temporelle- (licence Thomson-CSF Telephone), mise en développement à partir de 1975 par la société LMT à l'insu de sa maison mère ITT dès 1971.
Après signature d'un protocole d'accord signé entre Thomson et LMT le 28 avril 1976, LMT est ensuite rachetée par la société Thomson-CSF en Juin 1976 dans le cadre de la "francisation" de l'industrie des télécommunications voulue par M. le Président de la République Valéry Giscard d'Estaing ;
La première commande de l'administration pour un prototype date d'Octobre 1977 (AUBERVILLIERS 1 CTU ).
Avant leur installation et mise en service, les Centres de Transit Temporel MT20 sont nommés dans les documents d'époque (vers 1979-80) GCE pour Grands Centres Électroniques (car appelés à prendre la suite des GCI électromécaniques crossbar).
À noter que la société LMT a commencé à étudier la commutation temporelle dès 1971, à l'insu de sa maison-mère américaine ITT, après en avoir déposé le brevet de base depuis 1945.
Famille robuste mais ayant été techniquement très longue à mettre au point, notamment au niveau logiciel où toutes les difficultés seront résolues en 1984.

MT20, Temporel de seconde génération, type à grande capacité d’écoulement de trafic, commandé en Octobre 1977 par l'Administration des Télécommunications.
Le système MT20 est un système de commutation à commande centralisée. Dans son architecture générale, le système MT20 est en fait le descendant direct du système MÉTACONTA 11F semi-électronique spatial, dont son Réseau de ConneXion (RCX) est devenu 100% électronique temporel.
Les tous premiers exemplaires de Commutateurs MT20 ont fonctionné initialement avec des calculateurs centralisés LCT3202 utilisés sur les Commutateurs MÉTACONTA 11F : l'on parle alors de MT20L (La lettre L signifiant Large capacité); les calculateurs MU320 (nom complet : Mercure 320), mis en étude au début de l'année 1978, étant des dérivés améliorés parachevés ultérieurement en 1983.
De surcroît, le tout premier Commutateur MT20L, implanté à Aubervilliers par la société LMT, reprend l'aspect extérieur des baies des Commutateurs MÉTACONTA 11F formées de panneaux horizontaux amovibles. Les armoires métalliques avec portes articulées verticales seront étudiées et déployées un peu plus tard...

L'architecture du système temporel MT20 est bâtie sur quatre niveaux.

1 ) - Le premier niveau est constitué par une Unité de Commande Dupliquée (UCD) basée sur un ensemble de deux calculateurs fonctionnant en service normal en partage de charge (pourvue de deux processeurs de type MU320 de technologie à circuits intégrés ECL, ayant tous été remplacés entre 1990 et 1993 par le type MU321 deux fois plus puissant puis, par le type MU322 à partir de 1995, puis enfin pour certains commutateurs MT20, par des processeurs MU323 avec nouvelle amélioration de 30% des performances à partir de 2003 ).
2 ) Le second niveau est constitué par l'Unité de SIgnalisation (USI)
- d'une part constituée de Signaleurs (SI) équipés de microcalculateurs MU29 (nom complet : Mercure 29) chargés d'effectuer les tâches non répétitives comme la surveillance et le test des équipements, qui sont constitués par des microprocesseurs AMD2901.
- d'autre part constituée des processeurs Périphériques Programmés de Signalisation (PPS) chargés d'effectuer la majeure partie des tâches simples et répétitives, entre l'Unité de Commande Dupliquée (UCD), le Réseau de ConneXion (RCX) et les liaisons connectées avec les commutateurs distants, pour assurer notamment l'échange des signaux de ligne (tonalités) et d'enregistreur servant à acheminer les appels.
3 ) Le troisième niveau est l'Unité de ConneXion (UCX). Elle comprend notablement le Réseau de ConneXion (RCX) d'un commutateur MT20. L'Unité de ConneXion (UCX) a pour rôle de connecter, grâce à des organes dénommés Groupes Temporels (GT), deux intervalles de temps quelconques appartenant à des liaisons numériques MIC quelconques. Deux types sont possibles :
- soit de type purement temporel TT (un étage d'entrée temporel, un étage de sortie temporel) pour une capacité maximale de raccordement de 512 MIC. (Nota : une Unité de Commande Dupliquée (UCD) composée de calculateurs MU320 ne peut supporter qu'un Réseau de ConneXion (RCX) de 512 liaisons MIC au maximum.) Cette solution ne semble avoir été mise en œuvre en France que de manière limitée, pour cause de capacité de trafic trop réduite.
- soit de type Temporel-Spatial-Spatial-Temporel pour une capacité pouvant s'étendre jusqu'à 2048 MIC. (Avec calculateurs MU321, MU322 ou MU323 uniquement). Dans ce cas, pour maintenir l'accessibilité totale du réseau agrandi, le brassage de ces différents Groupes Temporels (GT) entre eux est alors assuré par l'organe supplémentaire de Sélection de Groupe (SG). Les Sélecteurs de Groupes (SG) sont en fait des matrices numériques spatiales de commutation dites "supermultiplex". Ce Réseau de ConneXion (RCX), de type temporel est formé de 4 étages : un étage d'entrée temporel, un étage de sortie temporel, mais au milieu de ces 2 étages, 2 étages spatiaux réalisés en technologie numérique. Le Réseau de Connexion TSST est une adaptation qui a été utilisée afin de pouvoir assurer à moindre frais et à moindres difficultés un brassage optimal entre les voies entrantes et sortantes.
4 ) Le quatrième niveau équipé des cartes de circuits périphériques (les joncteurs chargés de communiquer avec les autres centres de transit).
- Soit les jonctions d'entrée et de sortie sont déjà sous forme numérique (ce qui est le cas actuellement) et le branchement des liaisons numériques MIC est direct,
- soit les jonctions d'entrée et de sortie sont analogiques (ce qui n'existe plus actuellement) auquel cas il faille passer par une Unité de Raccordement de Circuit (URC) chargée de convertir les signaux traversant le commutateur à la norme MIC. (L'on parle aussi d'Unité d'ADaptation UAD).
- Dans le cas des Commutateurs MT20 utilisés en Centres internationaux, à une époque où certaines liaisons internationales n'étaient pas encore toutes automatisées, il était adjoint une Unité de Raccordement des Opératrices (URO) permettant de connecter 30 postes d'Opératrices manuelles à chaque MT20CI.

Utilisé massivement en centre de transit interurbain, notés MT20TN pour Transit National, ainsi qu'en Centre International, notés MT20CI, et à la marge en centre téléphonique pour les abonnés situés dans leur périmètre géographique voisin.

100 Commutateurs MT20 Transit National sont mis en service en France (108 si l'on compte les 6 changements de code SGTQS ainsi que les deux MT20 de Monaco, partie intégrante du réseau français jusqu'au 21 juin 1996 21H00). Le système reste encore déployé en France en 2017 en version MT20TN.
- 17 Commutateurs MT20 Centre International sont mis en service en France (13 pour la métropole, 4 pour les D.O.M). Aujourd'hui tous les MT20CI sont démontés.
- Le système MT20 est capable de gérer 15.000 circuits de transit par cœur de chaîne avec un Réseau de Connexion TT.
- Le système MT20 est capable de gérer 60.000 circuits de transit par cœur de chaîne avec un Réseau de Connexion TSST.
- Le système MT20 peut faire transiter en son sein 400.000 appels à l'heure, à pleine charge avec deux calculateurs MU320.
- La société LMT commence à étudier la commutation temporelle en 1971.
- Une maquette de Réseau de ConneXion temporel est opérationnelle en 1973.
- Une maquette semi-autonome reliée à l'autocommutateur Pentaconta MOLITOR 1 PC1 (CC32) (à Boulogne-Billancourt (92)) est mise en test en 1976. Les microprocesseurs y sont introduits au niveau des Signaleurs-Marqueurs avec succès.
- Le modèle de Calculateur MU320 est mis en étude au début de l'année 1978. Les Premiers Commutateurs MT20 mis en service (prototype et présérie) seront donc équipés de Calculateurs LCT3202 hérités du système MÉTACONTA 11F, en attendant leur remplacement.
- Le premier prototype MT20 complet, commandé en Octobre 1977, est mis à l'essai le 31 mars 1981. Il mis en service dans le réseau public de l'État en France à Aubervilliers en Août 1981 en tant que Centre de Transit Urbain (Commutateur MT20L équipé de deux calculateurs LCT3202). (Nota : certaines sources évoquent une mise en service expérimentale dès Février 1980 à Aubervilliers - AUBERVILLIERS CTU1). Ce Commutateur MT20L Prototype sera arrêté le 28 février 1986 étant donnée son instabilité en fonctionnement - ceci se produit parfois pour les prototypes.
- Une présérie de deux Commutateurs MT20L utilisés en tant que Centres de Transit Secondaire est commandée le 20 avril 1979. Il s'agit d'AMIENS CAMPUS pour une capacité initiale de 1.000 erlangs et d'ANNECY LES ROMAINS pour une capacité initiale de 1.600 erlangs.
- Le premier Commutateur MT20 de présérie est mis en service le 25 juin 1982, en France à AMIENS CAMPUS . Il sera inauguré le 1er juillet 1982 en présence de M. le Ministre des PTT Louis Mexandeau et de 30 autres ministres des PTT du monde entier. (Commutateur MT20L équipé de deux calculateurs LCT3202). ANNECY LES ROMAINS (AY02) suivra le 18 octobre 1982 en MT20L également.

À partir de cette présérie, le système MT20 est fiabilisé.
Suivront quelques Commutateurs MT20TN (probablement MT20L) : au moins 8.
- Suit le premier Commutateur MT20TN de série, mis en service à Paris au centre téléphonique de BONNE-NOUVELLE CTU1 le 30 août 1983, utilisé en tant que Centre de Transit Urbain (MT20 équipé de deux calculateurs MU320).
- Le premier Commutateur MT20CI mis en service en France est MARSEILLE SAINT-MAURONT CIA 2 le 26 avril 1984.
- Le premier Commutateur international de France utilisant le code de signalisation par canal sémaphore CCITT n°7 est le Commutateur MT20CI - BAGNOLET 4 CTI, mis en service le 4 janvier 1990 (arrêt le 12 février 2002).

Les Commutateurs MT20 les plus récents de France sont mis en service en 1994/95 :
Concernant les MT20 CI : PARIS-BAGNOLET 5 CTI (RT17) le 2 novembre 1994.
Concernant les MT20TN d'Île-de-France : PLESSIS-BOUCHARD 1 CTZP le 20 septembre 1994.
Concernant les MT20TN de Province : LYON-LACASSAGNE CTT5 CTS le 24 octobre 1994 et TOULOUSE FERRIÉ CTT4 CTS3 le 13 oct 1995.
- Les dernières extensions de Commutateurs MT20 déjà existants sont mises en service en 1997.

Salle de Connexion du Commutateur prototype MT20 - AUBERVILLIERS 1 CTU et salle des calculateurs.

Concernant spécifiquement les Commutateurs MT20 utilisés en Centres Internationaux :
- Les Commutateurs MT20 Internationaux sont hiérarchisés en 3 niveaux croissants :
- Niveau (1) MT20CIA (Centre International Automatique) : raccordés uniquement avec les pays européens frontaliers avec la France, car ne disposant pas de salles de Transmissions équipées d'Annuleurs d’Écho (A.E) nécessaires à partir de 2.000 km environ de distance. Les dix Commutateurs MT20CIA sont implantés en Métropole à proximité d'une frontière, (dont quatre MT20CIA en Outre Mer).
- Niveau (2) MT20CTI (Centre de Transit International) : maillés avec les principaux pays du monde, car situés géographiquement sur un Point d’Interconnexion de Commutation et de Transmissions qui disposent de systèmes concentrateurs et d'Annuleurs d’Écho (A.E) sur place, au plus près des commutateurs. Ils étaient maillés avec les principaux pays du monde. Les quatre Commutateurs MT20CTI sont implantés à Paris et à Bagnolet.
- Niveau (3) MT20CTIP : (Centre de Transit International Principal) : maillés avec les principaux pays du monde ainsi qu'à beaucoup de petits pays avec lesquels la France n'échange que très peu de trafic téléphonique. Situés géographiquement sur un Point d’Interconnexion de Commutation et de Transmissions qui disposent de systèmes concentrateurs et d'Annuleurs d’Écho (A.E) sur place, au plus près des commutateurs. Les trois Commutateurs MT20CTIP sont implantés à Paris et Reims.
- L'organisation du trafic international de 3ème génération, mise en place au début des années 1980 est techniquement complexe et s'avère devenir trop couteuse à maintenir en l'état, en raison de la dérégulation des télécommunications et de la perte du monopole des télécommunications nationales et internationales survenue le 1er janvier 1998. Les réductions des coûts deviennent alors prioritaires sur la survie des Commutateurs MT20CI.
- En 1999, il est décidé de retirer progressivement du réseau la totalité des 17 Commutateurs MT20CI français, après la mise en service du premier Commutateur AXE Transgate 4/CTI4G.
M. Christian Kling est nommé le 1er août 1999 Chef de Projet du retrait des treize Commutateurs MT20 CI de métropole.
M. Jean-Claude Froeliger sera chargé du retrait des quatre Commutateurs MT20CIA d'Outre Mer.
- Il est évident qu'à partir de l'année 2001 où le parc de Commutateurs de nouvelle génération fut entièrement déployé (AXE Transgate 4/CTI4G), les jours des Commutateurs MT20CI étaient comptés :
- Tous les Commutateurs MT20CI ont été désactivés entre 2001 et 2003.
- Le premier Commutateur MT20CI à être mis à l'arrêt le 15 janvier 2001, à 9H30 est PARIS-BAGNOLET 5 CTI .
- L'ultime Commutateur MT20CI de France Métropolitaine à être mis à l'arrêt le 9 décembre 2002 à 10H30 est REIMS CITP3.
- L'ultime Commutateur MT20CI d'Outre-Mer à être mis à l'arrêt le 20 mai 2003 est FORT-DE-FRANCE CIA.
- Un total de 100.000 circuits internationaux a dû être muté pour mettre à l'arrêt les 17 MT20CI français.
- Les Commutateurs MT20CI ainsi démontés servirent de banque d'organes aux MT20TN encore en service.

Concernant spécifiquement les Commutateurs MT20 utilisés en Centres de Transit National :
- Le système MT20TN a permis le remplacement massif des Commutateurs de Transit Électromécaniques dont les plus perfectionnés, les GCI PENTACONTA ; remplacement intervenu entre 1989 et 1994.
- Le retrait très progressif des Commutateurs MT20TN commence, d'après nos recherches, en 1997. Il accompagne alors la diminution progressive du trafic téléphonique fixe commuté.
- LILLE-BOITELLE CTU2 est le premier Commutateur MT20TN de France à être mis hors service entre Février 1997 et Janvier 1998.
- Deux Commutateurs MT20TN de province (TOULOUSE CAPITOLE CTU et LYON LALANDE CTU sont mis à l'arrêt en 1999, démontés, récupérés et remontés dans deux Départements d'Outre Mer afin d'être reconvertis en Centre de Transit National réservé uniquement au Réseau Intelligent MT20RI concernant l'acheminement des numéros spéciaux à taxation spéciale (Audiotel, Kiosque, etc...) dans les DOM.
LYON LALANDE CTU est remis en service le 3 mai 2001 en Guadeloupe et devient Baie-Mahault MT20 RI et gère le trafic CT RI de Guadeloupe, Martinique et Guyane jusqu'à son arrêt le 7 mars 2022.
TOULOUSE CAPITOLE CTT2 est remis en service le 15 octobre 2001 à La Réunion et devient SAINTE-CLOTILDE MT20 RI et gère le trafic CT RI de La Réunion et de Mayotte jusqu'à son arrêt le 10 mars 2022.
- FONTENAY CTU1 est le premier Commutateur MT20TN d'Île-de-France à être mis hors service le 20 octobre 2003.
- Les années 2003, 2004 et 2005 voient une baisse du parc des Commutateurs MT20TN avec 34 arrêts de Commutateurs en seulement 3 ans (Projet RÉSEAU 2005).
- Les contrats de maintenance par les fabricants des systèmes MT20TN cessent en 2008. La disponibilité des pièces de rechange de ces vénérables machines devient depuis lors fort compliquée dans la mesure où même les usines qui les fabriquaient n'existent plus. La maintenance, qui devient alors un art, est depuis lors assurée totalement en interne par France Télécom / Orange, avec succès.

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MT25, Temporel de seconde génération, commandé le 20 avril 1979 par l'Administration des Télécommunications, robuste mais ayant été très long à mettre au point, il est directement dérivé du système MT20 dans son architecture, à laquelle il a été adjoint des Unités de Raccordement d'Abonnés où sont connectées des cartes de 8 abonnés (en lieu et place des circuits de jonctions intercentre du MT20). Le logiciel de fonctionnement du système MT25 est lui aussi entièrement remanié par rapport à celui du système MT20.

Le système MT25 est un système de commutation téléphonique à commande centralisée. Tout comme le système MT20, son architecture est construite sur quatre niveaux :

1 ) Le premier niveau est constitué par une Unité de Commande Dupliquée (UCD) basée sur un ensemble de deux calculateurs fonctionnant en service normal en partage de charge (pourvue de deux processeurs de type MU320 (nom complet : Mercure 320) de technologie à circuits intégrés ECL, ayant tous été remplacés entre l'année 1989 et l'année 1997 pour les 11 tous derniers par le type MU321 deux fois plus puissant puis, sur option, par le type MU322 au fil des modernisations à partir de 1995 : depuis 2014, les MT25 en service sont tous pourvus de processeurs MU322 qui sont aussi les plus fiables). Le système MT25 est effectivement essentiellement centralisé, car les communications sont toujours établies puis toujours coupées sur l'ordre exclusif de l'Unité de Commande Dupliquée.
2 ) Le second niveau est constitué par l'Unité de SIgnalisation (USI)
- d'une part constituée de Signaleurs (SI) équipés de microcalculateurs MU29 (Mercure 29) chargés d'effectuer les tâches non répétitives comme la surveillance et le test des équipements, qui sont constitués par des microprocesseurs AMD2901.
- d'autre part constituée des processeurs Périphériques Programmés de Signalisation (PPS) chargés d'effectuer la majeure partie des tâches simples et répétitives, entre l'Unité de Commande Dupliquée (UCD), le Réseau de ConneXion (RCX) et les liaisons connectées avec les commutateurs distants, pour assurer notamment l'échange des signaux de ligne (tonalités) et d'enregistreur servant à acheminer les appels.
3 ) Le troisième niveau est constitué de l'Unité de ConneXion (UCX). Elle comprend notablement le Réseau de ConneXion (RCX) d'un commutateur MT25.
L'Unité de ConneXion (UCX) a pour rôle de connecter, grâce à des organes dénommés Groupes Temporels (GT), 24 GT maximum, deux intervalles de temps quelconques appartenant à des liaisons numériques MIC quelconques.
Deux types sont possibles :
- soit de type purement temporel TT (un étage d'entrée temporel, un étage de sortie temporel) pour une capacité maximale de raccordement de 512 MIC. (Nota : une Unité de Commande Dupliquée (UCD) composée de calculateurs MU320 ne peut supporter qu'un Réseau de ConneXion (RCX) de 512 liaisons MIC au maximum.)
- soit de type Temporel-Spatial-Spatial-Temporel pour une capacité pouvant s'étendre jusqu'à 2048 MIC. (Avec calculateurs MU321 ou MU322 uniquement). Dans ce cas, pour maintenir l'accessibilité totale du réseau agrandi, le brassage de ces différents Groupes Temporels (GT) entre eux est alors assuré par l'organe supplémentaire de Sélection de Groupe (SG). Les Sélecteurs de Groupes (SG) sont en fait des matrices numériques spatiales de commutation dites "supermultiplex". Ce Réseau de ConneXion (RCX), de type temporel est formé de 4 étages : un étage d'entrée temporel, un étage de sortie temporel, mais au milieu de ces 2 étages, 2 étages spatiaux réalisés en technologie numérique. Le Réseau de Connexion TSST est une adaptation qui a été utilisée afin de pouvoir assurer à moindre frais et à moindres difficultés un brassage optimal entre les voies entrantes et sortantes.
4 ) Le quatrième niveau est constitué par les Unités de Raccordement d'Abonnés (URA).
Les baies retenues initialement pour les Commutateurs MT25 sont de type URA 2G. Elles ont été développées de Juillet 1975 à Septembre 1978 par l’Association des Ouvriers en Instruments de Précision (AOIP) en collaboration avec la Société Anonyme de Télécommunications (SAT) filiale du groupe Philips et adoptées officiellement par l’Administration en Janvier 1979.
Une URA 2G est un Concentrateur Temporel, à interface entrée/sortie analogique vis-à-vis de ces abonnés, connectée au Cœur De Chaîne par l'intermédiaire de 2, 3 ou 4 liaisons numériques MIC de 30 voies numériques pour chaque MIC, le nombre de MIC variant suivant le nombre d'abonnés raccordés sur ladite URA 2G ainsi que la densité de trafic statistique à écouler.
La plupart des baies équipées de type URA 2G ont été démontées à la fin 2000, et remplacées par des baies de CSN étant donné que les URA 2G ne supportaient pas l'arrivée de certains nouveaux services comme la Présentation de l'Identité du Demandeur (PID).
Les MT25 sont équipés, dès 1983, de baies de cartes de raccordement d'abonnés de type URA 2G (Unités de Raccordement d’Abonnés de 2eme Génération). Chaque carte comprend 16 abonnés analogiques (les cartes d'abonnés discriminés TTX avec retransmission des impulsions de taxation à domicile 12KHz comprennent seulement 8 abonnés).
Les MT25 sont équipés à partir de 1987, soit de baies de type URA 2G, soit de baies de type CSN (Centre Satellite Numérique), plus perfectionnées.
(Nota : les équipements CSN sont les mêmes que ceux des Commutateurs de la famille E10. Ils ont été conçus par Alcatel pour être également compatibles avec les MT25, ce qui a permis de prolonger la vie des Commutateurs MT25, en pouvant offrir les services modernes aux abonnés comme la Présentation de l'Identité du Demandeur. Mais les CSN rendus compatibles permirent à Alcatel, ayant entre-temps racheté à Thomson-CSF sa branche Commutation Publique, de cesser la conception de l'Unité de Raccordement Numérique (URN) mise en étude par Thomson-CSF peu de temps avant cette absorption...)
- Chaque URA 2G peut héberger 1023 abonnés analogiques ordinaires. (la position numéro zéro ne pouvant être attribuée.)
-Chaque URA 2G peut héberger 511 abonnés analogiques discriminés.
- Un Commutateur MT25 à Réseau de ConneXion TT peut recevoir jusqu'à 15 URA 2G.
-Un Commutateur MT25 à Réseau de Connexion TSST peut recevoir jusqu'à 64 URA 2G.
- Chaque CSN peut héberger 5120 abonnés analogiques.

V
vue d'ensemble du cœur de chaîne du Commutateur MT25 captif de Paris-Cévennes ; initialement pourvu de deux Dérouleurs de Bandes Magnétiques (DBM) situés entre les 2 Calculateurs.

Concernant les Services Confort : le système MT25 supporte les services Mémo Appel (Réveil) et Transfert d'Appel Local depuis le 15 septembre 1985, la Facturation Détaillée depuis début 1987, les services Signal d'Appel et Conversation à 3 depuis le 30 juin 1987 ; le service du Transfert d'Appel National depuis le 1er février 1988, la Présentation de l'Identité du Demandeur depuis le 2 septembre 1997 (Uniquement pour les abonnés reliés sur CSN ; l'URA2G étant incompatible avec ce service).

Le Système MT25 est largement utilisé pour les centres téléphoniques d'abonnés, 307 Commutateurs MT25 sont installés en France, dont 103 en Île-de-France, inclus Paris intra-muros.
- Le système MT25 est capable de gérer jusqu'à 15.360 abonnés pour un MT25 pourvu d'un Réseau de Connexion Temporel-Temporel.
- Le système MT25 est capable de gérer jusqu'à 61.440 abonnés pour un MT25 pourvu d'un Réseau de Connexion Temporel-Spatial-Spatial-Temporel.
- Le système MT25 est capable d'écouler jusqu'à 120.000 appels à l'heure, en pleine charge, si équipé de processeurs MU321.
- Le système MT25 est capable d'écouler jusqu'à 240.000 appels à l'heure, en pleine charge, si équipé de processeurs MU322.

- Le premier Commutateurs MT25 de France a avoir été commandé le 20 avril 1979 est BERNY 2 ET1. Il est situé à Antony. (Mais il ne sera pas le premier Commutateur MT25 mis en service : sa mise en service, prévue en Mars 1982 a été repoussée en raison de logiciels à mettre au point.)
- Le premier Commutateur MT25 est mis en service en France, à Paris, au centre téléphonique de Philippe-Auguste le 15 novembre 1983 (MT25 PHILIPPE-AUGUSTE 2 ET1).
- Le premier Commutateur MT25 d'Île-de-France est mis en service le 6 décembre 1983 à Antony : (BERNY 2 ET1) avec une capacité initiale de 17.000 abonnés. (après la 1ère commande du 20 avril 1979, la mise en construction a démarré en premier, mais ayant pris du retard, Philippe Auguste est mis en service légèrement en avance.)
- Le premier Commutateur MT25 mis en service en province le 20 décembre 1983 est RENNES MALAKOFF 2.
- Le premier Commutateur MT25 de France équipé de CSN en première monte (au lieu des URA2G) est commandé le 12 juin 1986. Il est mis en service le 24 mars 1988 à Paris (MONTMARTRE 4 ET1) avec une capacité de 22.000 abonnés. Les CSN permettant d'accueillir les abonnés Numéris en plus des abonnés analogiques standards.
- Le premier Commutateur MT25 de France a être construit dans une cage de Faraday, destinée à le durcir pour résister à une décharge causée par une bombe atomique, est mis en service à Paris le 8 juin 1988 (PALAIS-ROSE 2 ET1). Mis hors service le 11 février 2014.
- Le premier Commutateur MT25 de France équipé du processeur MU321 est mis en service le 19 janvier 1989 à Paris (CARNOT 5 ET2).
- Le premier Commutateur MT25 de France équipé à l'origine de Calculateurs MU320 les échange pour des Calculateurs MU321 le 10 novembre 1989 (BASSANO 2 ET1). La conversion des autres Commutateurs MT25 de France se poursuivra jusqu'en 1997.
- Le Commutateur MT25 d'abonnés le plus récent de Paris est mis en service le 4 juin 1991 (PHILIPPE-AUGUSTE 3 ET2).
- Le premier Commutateur spécialisé MT25 de France est mis en service le 21 juillet 1991 (service aux entreprises - PARIS ÉCHIQUIER COLISÉE NUMÉRIS 5).
- Le premier Commutateur téléphonique ayant porté un indicatif AB.PQ de Téléphonie Mobile à la norme GSM 2G en France (07.10) est un Commutateur d'abonnés MT25 de Paris, à partir du 14 novembre 1991 (TRUDAINE 5 ET1)
- Le Commutateur MT25 le plus récent d'Île-de-France est mis en service le 21 janvier 1992 (SAINT-GERMAIN-EN-LAYE B2).
- Le Commutateur MT25 d'abonnés le plus récent de France est mis en service le 18 mars 1992 (CHÂTEAU-CHINON 2).
- Le Commutateur spécialisé MT25 le plus récent de France est mis en service en Octobre 1993 (service aux entreprises - PARIS ÉCHIQUIER COLISÉE NUMÉRIS 7).
- Les dernières extensions de Commutateurs MT25 existants sont commandées en 1995.
- La plupart des URA 2G ont été remplacées par des CSN au cours des années 1995 à 2005 en basculant les abonnés sur des cartes de raccordement qui supportaient ces nouveaux services modernes.
- Le premier Commutateur MT25 à être arrêté en France le 7 juin 1998 est CONCARNEAU 2.
- Le premier Commutateur MT25 d'Île-de-France à être arrêté le 25 septembre 1998 est SARCELLES A3.
- Le premier Commutateur MT25 de Paris intra-muros à être arrêté le 6 mai 1999 est BEAUJON 4 ET2.

Jusqu'en 2002, concernant les Commutateurs MT25, MT20 et E10N1, les opérations d'arrêt/basculage des commutateurs téléphoniques sont effectuées par le constructeur Alcatel. Pour une question d'économies (Plan TOP 5a), il est décidé de monter une filière interne France-Télécom pour reprendre l'intégralité de cette activité. Un chef de Projet, M. Gilbert Calbet, est nommé à cet effet le 25 juin 2003.
- Initialement, l'arrêt total des Commutateurs MT25 est envisagé pour 2010. Mais en raison de la nécessité de procéder au retrait des Commutateurs E10N1 en priorité, la vie des Commutateurs MT25 est prorogée une première fois jusques en fin 2015.
- Par ailleurs, la suppression de la Taxe Professionnelle au 1er janvier 2010 qui frappait chaque cœur de chaîne en fonctionnement amplifie ce répit.
- Finalement, l’arrêt total d’exploitation des Commutateurs MT25, replanifié pour la fin 2015, est repoussé une seconde fois à la fin 2020.
- Le dernier Commutateur MT25 de province est mis hors-service le 15 octobre 2019 ; il s'agit de LIMOGES PONT NEUF NODAL 2 .
- Le dernier Commutateur MT25 de Paris intra-muros est mis hors service le 29 septembre 2020 ; il s'agit de JEMMAPES 2 ET2.
- Le dernier Commutateur MT25 d'Île-de-France (et de France) est mis hors service le 13 octobre 2020 ; il s'agit d'AULNAY-SOUS-BOIS A3.

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MT35, présenté en 1983 par Thomson-CSF, variante modulaire de petite capacité conçue pour les zones à faible densité de population.

Un Commutateur MT35 peut être utilisé indifféremment en commutateur d'abonnés ou en commutateur de transit, ou de manière mélangée.
Il s'agit d'un système à commande répartie.
Construit en technologie CMOS pour la plupart des circuits intégrés utilisés, et NMOS pour les circuits complexes et spéciaux.

Il s'agit également d'un système à Réseau de Connexion (RCX) réparti, car chaque Baie Terminale (BT) est parfaitement autonome et constitue un véritable commutateur automatique capable de prendre en charge jusqu'à 1200 abonnés analogiques par baie en charge typique si la baie est reliée à des liaisons numériques MIC et jusqu'à 800 abonnés analogiques par baie en charge typique si la baie est reliée à des liaisons de transmission analogiques de basse fréquence.
Il s'agit d'un système modulaire qui permet de connecter entre elles par des liaisons numériques MIC spécialisées jusqu'à 14 Baies Terminales (BT) pouvant être accouplées pour constituer un commutateur modulaire capable de gérer jusqu'à 17.000 abonnés.

L' Architecture d'un Commutateur MT35 est constituée en 4 niveaux : (concerne chaque Baie Terminale (BT) constituant tout ou partie d'un commutateur MT35).
1 )
1er niveau : l'Unité de CoMmande (UCM) dupliquée, à base de microprocesseurs MC68.000, contrôlant l'Interface de Commande Numérique (ICN).
2 ) 2ème niveau : l'Interface de Commande Numérique (ICN) dupliquée chargée des échanges entre les Unités Terminales Numériques (UTN) et l'Unité de CoMmande (UCM), via l'intermédiaire de Marqueurs (MQC).
3 ) 3ème niveau : le Réseau de Connexion Numérique modulaire (RCN) formé d'une Matrice Temporelle Symétrique (MTS) pouvant connecter temporellement 8 liaisons numériques MIC entrantes vers 8 liaisons numériques MIC sortantes.
4 ) 4ème niveau : les Unités Terminales Numériques (UTN). (au nombre de 1 à 5), où sont connectés les abonnés analogiques, les jonctions Basses Fréquences analogiques ou les liaisons numériques MIC, (était prévue l'arrivée ultérieure des abonnés RNIS).
Une et une seule Baie d'Exploitation et de Maintenance (BEM) est nécessaire pour superviser le Commutateur MT35 complété par au moins une Baie Terminale (BT).

Bien parti pour être acheté par l'administration des Télécommunications en 1983 pour couvrir les zones à faible densité, il n'est finalement pas déployé en France, car le système est abandonné en automne 1984 en raison de la fusion CIT Alcatel – Thomson CSF Telephone initiée à partir de Juillet 1984 et aboutie par un acte de fusion-scission du 31 octobre 1985.

Le système MT35 sera toutefois vendu en Amérique du Sud, notamment au Chili dès 1983 en 6 exemplaires, avant son arrêt rapide de commercialisation.

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III - Les systèmes électroniques de type temporel de 3ème génération :

Les commutateurs électroniques de type temporel de 3ème génération sont, en France, mis en service pour la première fois le 4 janvier 1990 (système AXE10).
Ils sont caractérisés par une grande capacité de raccordement typique de 100.000 à 200.000 abonnés par cœur de chaîne, et une capacité accrue d'établissement d'appels téléphoniques supérieure à 500.000 appels à l'heure ; le tout avec une fiabilité renforcée par rapport à leurs prédécesseurs temporels de seconde génération.

Ils sont compatibles avec tous les services confort commercialisés, y compris la Présentation de l'Identité du Demandeur (PID) en vigueur depuis le 2 septembre 1997 en France Métropolitaine et le 1er octobre 1997 dans les DOM, ainsi que la Portabilité du Numéro depuis le 1er janvier 1998, sans limitation ni adaptation particulière.

Les systèmes électroniques de type temporel des 3ème génération déployés en France sont les suivants :
- E10B3,
- E10B3/CTN3G,
- AXE10,
- AXE TRANSGATE 4 / CTI4G.

Réseaux de Connexion numériques Mixtes - Temporels et Spatiaux
C
ertaines variantes existent dans les Réseaux de Connexion des Commutateurs temporels.

Dans un Réseau de Connexion numérique intégralement temporel (PLATON, E10N3, E10B3, MT20 de petite capacité et MT25 de petite capacité), il faut beaucoup de Mémoires Tampon afin de stocker le temps nécessaire les signaux de conversation des voies entrantes pour les rediriger vers les bonnes voies de sortie.
Vu le prix de ces mémoires au début de la commutation temporelle, ainsi que par souci de simplification du Réseau de Connexion, il a parfois été décidé pour certains systèmes (AXE10, AXE Transgate 4, E12, E10N1, MT20 de grande capacité et MT25 de grande capacité) d’intégrer un ou plusieurs étages réalisés en électronique numérique spatiale entre l’étage d’entrée temporel et l’étage de sortie temporel des Réseaux de Connexion, afin de pouvoir se passer d’un maximum de Mémoires Tampon. Cet étage numérique spatial de brassage est plus simple à réaliser et beaucoup moins coûteux.
Par contre, un étage spatial numérique, même s’il permet d’améliorer le brassage, ne peut procéder qu’au basculement d'un Intervalle de Temps donné (IT) d'une Liaison MIC entrante vers une autre Liaison MIC sortante, toujours à la même position temporelle donnée.
Donc, un étage spatial numérique ne permet en aucun cas de décaler l’Intervalle de Temps (IT) entre une Liaison MIC entrante et une Liaison MIC sortante. Donc, ce ou ces étages ne viennent qu'en appoint dans un Réseau de Connexion numérique, mais ne peuvent pas assurer à eux seuls la commutation téléphonique complète.
Il s’agit là d’un compromis entre la technique pure et la finance, pour pouvoir réaliser un brassage entre les Liaisons numériques MIC entrantes et sortantes. Cette technique fonctionne tout aussi parfaitement que la technique de connexion purement temporelle. Cependant, l’intérêt de cet artifice tend depuis de nombreuses années à s’estomper, étant donné la baisse des prix vertigineuse des circuits Mémoires.
En revanche, dans un Commutateur temporel, quelque soit sa génération et son modèle, le Réseau de Connexion temporel est systématiquement dupliqué.

Famille 1000-E10 : Incluant deux sous-familles : E10 et MT de la société française Alcatel qui fait aujourd'hui partie du groupe franco-américain Alcatel-Lucent :

Sous-famille E10, (abréviation : E pour Électronique car 100% électronique, projet n°10), (licence Alcatel époque CGE), dont le prototype est issu du projet PLATON, en France existe le type suivant de 3ème génération :

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E10B3, est issu des systèmes E10B et du E10-5.
Le système E10B3 est un système Temporel de troisième génération. L'architecture de base est révisée en profondeur par rapport à ses deux prédécesseurs, les Commutateurs E10N3 et E10N1. Le système E10B3 de conception très novatrice s'apparente plutôt à un système informatique qu'à un système téléphonique, directement inspiré en cela par la structure du système E10-5.

Tout comme ses prédécesseurs E10N4, E10N3 et E10N1, le système E10B3 reprend une architecture fortement décentralisée.
Le Cœur de Chaîne, décentralisé, est constitué de Calculateurs qui sont, dans le système E10B3, renommés "Stations".
Ce modèle de Commutateur est le premier système d'abonnés à être mis en service après la dissolution en France de l'Administration des PTT survenue le 1er janvier 1991.
Pour satisfaire aux desiderata de l’Administration qui souhaitait un successeur amélioré au Commutateur E10N1, la société ALCATEL avait comme objectif de créer un nouveau Commutateur avec les caractéristiques suivantes :
-Accroissement de la capacité de raccordement du nombre d’abonnés,
-Accroissement de la capacité de traitement d’appels à l’heure en pleine charge,
-Accroissement de la fiabilité et de la sécurité du système,
-Possibilités d’adjoindre dès le début de commercialisation, ou ultérieurement, de nouvelles fonctionnalités évolutives ou des matériels de technologies futures.
Pour y parvenir, ALCATEL avait comme contrainte interne de devoir réduire les coûts du nouveau système E10B3 :
-d’une part en repartant de l’énorme base logicielle déjà existante et opérationnelle créée pour le système prédécesseur E10N1,
-d’autre part en adoptant les composants électroniques courants et les processeurs disponibles dans le commerce grand public à l'instar du système E10-5.
-de surcroît, un Commutateur E10B3 ne comporte plus que 32 types de cartes différents, contre 160 pour son prédécesseur E10N1. Cet effort d'harmonisation des matériels participe aussi de la réduction du coût/abonné.
Au lieu d'utiliser comme le font ses prédécesseurs ou ses contemporains un bus temporel d'interconnexion des organes de commande, son fonctionnement interne utilise désormais le protocole de communication en Réseau Local d'Interconnexion en Anneau à Jeton (Token Ring), via des Multiplex de communication entre des blocs fonctionnels totalement informatisés (Stations Multiprocesseur -SM) et qui sont décorrélés des organes physiques, si bien qu’en ouvrant la totalité des baies composant un Commutateur E10B3, il soit très difficile à l’œil nu de différencier les différents organes qui semblent tous matériellement identiques.

Les différentes Station Multiprocesseur (SM) sont pilotées par un système d'exploitation nommé Hyperviseur chargé de les faire cohabiter ensemble. L'Hyperviseur est le logiciel de base de fonctionnement du Commutateur E10B3.
Chaque Station Multiprocesseur est pilotée par de multiples microprocesseurs internes couplés entre eux, de la famille Motorola MC68000.

Pour les Machines Physiques (les différents Organes d'un Commutateur) qui existaient auparavant sur les prédécesseurs E10N3 puis E10N1 et qui étaient matériellement distinctes les unes des autres, correspondent désormais sur le Commutateur E10B3 à de nouvelles Machines Logiques (ML) basées sur les logiciels récupérés du système précédent E10N1, portés par les microprocesseurs de la famille MC68000.

Parmi les Stations Multiprocesseur d'un Commutateur E10B3, il existe notamment :
- La Station Multiprocesseur de Commande principale (SMC), (il en existe au moins un exemplaire, mais il peut en exister plusieurs suivant l'importance du commutateur) : parmi laquelle sont incluses les Machines Logiques (ML), chacune pilotée par un logiciel indépendant. Chaque Machine Logique reproduit la fonction d'un Organe connu dans les commutateurs temporels à commande répartie :
- Les Taxeurs (ML TX) chargés d'établir et comptabiliser les taxes des conversations pour chaque abonné.
- Les Traducteurs (ML TR) constituent la mémoire programmable (et modifiable) des routages possibles dans le Commutateur Téléphonique ou vers d'autres Commutateurs téléphoniques du Réseau.
- Les Multienregistreurs (ML MR) qui assurent le déroulement et le séquencement de l'établissement en temps réel des communications et leur arrêt.
- Les Marqueurs (ML MQ) sont l'interface entre les autres organes de commandes précités et les Unités de Raccordement d'Abonnés via le Réseau de Connexion (RCX).

Il existe donc dans un Commutateur E10B3 autant de Machines Logiques (ML) que d'organes existants, sachant naturellement qu'il existe plusieurs Taxeurs, Traducteurs, Multienregistreurs et Marqueurs. Les Machines Logiques de même type fonctionnent, en service normal, en partage de charge.

- La Station Multiprocesseur de Connexion (SMX) : constituée d'un Coupleur Multiplex Principal, associé à un (ou deux) coupleur(s) spécialisé(s), chargé d'accéder au Réseau de Connexion temporel (RCX) du commutateur.
Il est à signaler que le Réseau de Connexion (RCX) du commutateur E10B3 est (à nouveau) 100% temporel, mais désormais pourvu de capacités accrues de connexions. Le Réseau de Connexion d'un Commutateur E10B3 ne comporte qu'un unique étage Temporel, mais d'une puissance nettement améliorée par rapport aux précédents systèmes.
Chaque Commutateur E10B3 permet le raccordement sur son Réseau de Connexion temporel synchrone (RCX) de 2048 multiplex numériques MIC entrants de 30 voies téléphoniques chacun, et 2048 multiplex numériques MIC sortants.

Ultérieurement, en 1997, un nouveau type de Réseau de Connexion (HC2) à commutation temporelle asynchrone (structure ATM) est mis à l'étude puis en expérimentation en 2000 à France Télécom. Les Commutateurs E10B3 qui en sont équipés acceptent comme précédemment le raccordement de 2.048 multiplex numériques MIC de 30 voies téléphoniques chacun, mais au fonctionnement global amélioré : la Matrice ATM traite la Voix mais aussi les Données (DATA), et bénéficie également d'autres améliorations très techniques.

- La Station Multiprocesseur de Terminaisons (SMT) : est chargée de relier au cœur de chaîne les éventuelles Unités de Raccordements d'Abonnés Distantes, via liaisons numériques MIC.

Le type préférentiel d'unités déportées sont des CSND, mais également des équipements de générations plus anciennes : Les CSED, mais aussi les URA 2G de Thomson créées initialement pour le système MT25. (Les URA 2G sont de moins en moins utilisées depuis le courant des années 2000 car elles ne supportaient pas le service de Présentation de l'Identité du Demandeur (PID) commercialisé en 1997...)

- La Station Multiprocesseur Maintenance (SMM) : constituée, par sécurité, de deux Stations Multiprocesseur Maintenance dupliquées et identiques (SMMA et SMMB), fonctionnant en synchronisme ; l'une fonctionnant en pilote, l'autre étant laissée en réserve en cas de défaillance, chargée d'assurer la fonction d'exploitation et de maintenance du Commutateur.
- Elle supporte l'Organe de Contrôle (ML OC) chargé des opérations de test et de maintenance du système.
- Elle assure la supervision et la gestion du système.
- L'archivage des données du système. (Plan de numérotage, tables de traduction des indicatifs téléphoniques, données des options des abonnés, compteurs de taxation...)
- L'interface homme-machine (alarmes, écrans, claviers...)
- La protection du système. (attaques, surcharges, avaries...)
- La réinitialisation du système en cas d'avarie grave. (en dernier recours)

Dans un Commutateur E10B3, les Centres de Traitement de l'Information (CTI) installés à distance et supervisant plusieurs Commutateurs E10 de générations précédentes n'existent plus en tant que tel : désormais, chaque Commutateur E10B3 possède sa propre Station Multiprocesseur de Maintenance (SMM), qui accomplit les mêmes fonctions de supervision que les anciens CTI.

- Il existe notamment la Station Multiprocesseur Auxiliaire (SMA) constituée des Machines Logiques (ML) suivantes :
- ML ETA, pour Équipements de Tonalités et d'Auxiliaires, chargée d'émettre les tonalités, les sonneries...
- ML PUPE, chargée de dialoguer avec les Commutateurs extérieurs.

La sauvegarde externe de sécurité peut être effectuée par des dérouleurs à bandes magnétiques, puis ultérieurement par des dérouleurs à cassettes (supprimés depuis 2000, remplacés par des liaisons entrée-sortie informatiques).

Protection d'un commutateur E10B3 contre d'éventuelles surcharges de fonctionnement.
Les Commutateurs E10B3 bénéficient de protections contre les surcharges de fonctionnement très efficaces, par le biais de programmes de défense particulièrement puissants.
Dans la mesure où nous avons à faire à un Commutateur à commande répartie de conception très décentralisée, et que les organes internes et les fonctions sont au minimum dédoublés, et que de surcroît chaque fonction assurée par un organe ou un groupe d'organes est équipée de programmes de surveillance de défauts dans toutes les parties stratégiques du Commutateur, que ces programmes de défense sont en mesure de détecter, classer les incidents par ordre d'importance des défauts ; d'alerter l'équipe de maintenance, de désactiver un éventuel organe défaillant et de répartir sa charge de travail dans les organes disponibles restants, le temps qu'une équipe d'intervention répare l'avarie, la possibilité qu'une panne intrinsèque dans un organe provoque par "capillarité" l'arrêt total de fonctionnement d'un Commutateur E10B3 est en réalité infime. Ce Commutateur est réputé pour sa solidité "à toute épreuve" ou presque, ce qui fait son succès depuis 1991...
Mais il demeure cependant une seule possibilité gravissime de mettre très facilement en panne avec arrêt total ce type de Commutateurs temporels : la surcharge grave d'appels téléphoniques à traiter. En effet, dans le cas d'une catastrophe, ou au moment des vœux de bonne année à minuit du 31 décembre au 1er janvier, ou encore d'un jeu concours particulièrement populaire par exemple, il pourrait se produire, si un bien trop grand nombre d'abonnés décrochait chacun leur téléphone au même moment, que la totalité des organes du commutateur se retrouvassent tous saturés au même moment et dans ce cas là, le système en entier se bloquerait et le Commutateur tomberait totalement en panne immédiatement.
En effet, au contraire des anciens Commutateurs à organes tournants et aux Commutateurs crossbar qui étaient bien trop lents, et ainsi permettaient d'amortir un surplus de demandes à satisfaire, un Commutateur électronique temporel est si réactif, si rapide à établir la relation avec les abonnés au décrochage des téléphones, qu'un tel amortissement est impossible.
Pour éviter qu'une telle surcharge puisse se produire, il a été mis en place une fonction de surveillance du trafic instantané dans le Commutateur E10B3 toutes les 500 ms, aux points stratégiques qui sont les plus soumis aux surcharges en premier lieu : les Multienregistreurs (ML MR).
1) Dans le cas de surcharges exceptionnelles mineures (SCH1), chaque Multienregistreur surchargé (ML MR) refuse les appels de départ non urgents et ne provenant pas de lignes téléphoniques prioritaires.
2) Dans le cas de surcharges exceptionnelles importantes (SCH2), chaque Multienregistreur (ML MR) refuse les appels de départ et les appels d'arrivée non urgents et ne provenant pas de lignes téléphoniques prioritaires. (ce qui de ce fait renvoie sa propre charge de travail vers un Multienregistreur qui n'est peut-être pas surchargé)
3) Dans le cas de surcharges exceptionnelles graves (SCH3), tous les nouveaux appels de départ ou d'arrivée sont indistinctement rejetés, et ce sans même atteindre les Multienregistreurs (ML MR). La Machine Logique (ML PUPE) traitant des protocoles de signalisation entre Commutateurs stoppe toute tentative d'arrivée d'appel entrant ou sortant du Commutateur en danger.
Lorsqu'un nouvel appel de départ est refusé par le Commutateur, le Commutateur ne renvoie aucune tonalité, il n'aiguille pas l'abonné demandeur vers un répondeur téléphonique. L'abonné n'est que seulement connecté électriquement à une ligne téléphonique muette alimentée en 48 volts.
En revanche, toutes les conversations téléphoniques en cours avant le début de la surcharge sont préservées et maintenues jusqu'au raccrochage de l'un des deux correspondants.
Par cette méthode très astucieuse, un Commutateur E10B3 est à peu près certain d'être protégé contre toute surcharge d'utilisation exagérée.
Les CSN 1G :
Concernant les équipement de raccordement d'abonnés locaux, c'est à dire pour les équipements non délocalisés, et situés dans le même local que le cœur de chaîne : les équipements de raccordement d’abonnés retenus sont des CSN1G (Centres Satellites Numériques de 1ère génération) déjà mis au point depuis 1987 et employés avec le prédécesseur E10N1.
Leur fonctionnement est sécurisé, leurs connexions internes étant dédoublées. Chaque CSN permet le raccordement de 5.120 abonnés !
Les CSE et les URA 2G ne peuvent pas être connectés directement à un cœur de chaîne E10B3, car ces technologies sont plus anciennes, et le passage par une Station Multiprocesseur de Terminaisons (SMT) est obligatoire pour assurer l'adaptation générationnelle des normes. Les CSE et les URA2G sont alors traitées comme s'il s'agissait d'Unités de Raccordement Distantes (Bien que pouvant se situer dans la même pièce que le reste du Commutateur.)
Les CSN HD :
À noter qu'à partir de 1996, une nouvelle technologie de Centres Satellites Numériques à Haute Densité (CSNHD) est mise service en surplus des CSN de 1ère génération. (Présenté en réunions fin 1995). Cette technologie remplit les mêmes fonctions mais sous un volume deux fois moindre, d'où l'appellation CSN de Haute Densité.
Ces nouveaux CSNHD équipent en première monte les Commutateurs E10B3 mis en service à partir de 1996, mais ces baies de CSNHD sont notamment installées lors de déménagements d'équipements vers d'autres sites. Elles permettent un gain de place par réduction de l'encombrement, et qui dit réduction d'encombrement implique réduction de coûts fixes récurrents.

E10B3 baies ouvertes.

En 2023, 170 ans après le premier télégraphe de Fontainebeau, et après 135 ans de téléphonie à Nemours et aussi à Fontainebleau, l'arrêt du dernier centre E10 rue de paroisse, est programmé fin 2023 pour faire suite au "tout ip", l'internet.
C'est la Fin du téléphone fixe.

3 minutes de visite du dernier autocommutateur électronique de Fontainebleau.
(Le son est coupé, la climatisation de la salle fait énormément de bruit).

183 Commutateurs E10B3 sont mis en service en France
dont 13 Commutateurs E10B3 équipés d'un Réseau de Connexion asynchrone amélioré HC2,
dont 10 Commutateurs E10B3 déployés en Outre-Mer, qui assurent à la fois leur rôle de Commutateurs d'Abonnés, mais qui cumulent le rôle de Centre de Transit. Ils sont ainsi chargés de renvoyer le trafic national éloigné, ainsi que le trafic international vers la métropole.

Le système E10B3 très robuste et très stable, pourvu de nouveaux organes de connexion et de commande, est capable de gérer 200.000 abonnés par cœur de chaîne.
- Le système E10B3 est capable d'écouler, selon le constructeur, jusqu'à 705.000 appels à l'heure, en pleine charge. (en réalité la valeur typique de 518.400 est retenue pour le dimensionnement).
- La mise en étude du système E10B3 débute dans les laboratoires de la CIT-Alcatel en 1986 à Lannion. La validation du système débute en Mars 1991 à Lannion, sur un autocommutateur captif du CNET.

Pour la France, dans le réseau de France-Télécom, le premier Commutateur E10B3 est mis en construction à la mi-1990, puis il est mis en service à Brest le 6 novembre 1991 - 6H00 - (BREST EST 2). (Il s'agit du premier prototype)
- Concernant Paris, le premier Commutateur E10B3 est mis en service au Centre Téléphonique Paris-Invalides le 13 janvier 1992 (INVALIDES 4 ET2 ) second E10B3 de France. (Il s'agit du second prototype).
- La mise en service de INVALIDES 4 ET2 est initialement prévue le 4 décembre 1991. Elle est reportée in extremis pour mise à jour du programme enregistré.
- Le troisième et ultime prototype expérimental E10B3 sera mis en service lui aussi avec un peu de retard le 19 mars 1992 : Paris TURBIGO 5 ET2.
- Concernant l'Île-de-France, le premier Commutateur E10B3 est mis en service à Magny-le-Hongre (MAGNY-LE-HONGRE A1) le 14 février 1992, qui dessert aussi le parc d'attraction Euro-Disney Resort ouvert le 12 avril 1992. (Il s'agit du premier exemplaire de série).
- Le Commutateur E10B3 Centrex AÉROPORT NORD 3 non géré par France Télécom est mis en service le 4 juin 1997 à Roissy Charles De Gaulle. Il remplace le Commutateur E10N1 Centrex AÉROPORT NORD 2 de 1989.
- Concernant Paris, le Commutateur E10B3 le plus récent mis en service le 8 décembre 1998 est NORD 7 ET2.
- Concernant l'Île-de-France, le Commutateur E10B3 le plus récent mis en service le 2 mars 1999 estNEMOURS A3.

Le premier Commutateur E10B3 de France (et du monde) pourvu d'un Réseau de Connexion ATM HC2 mis en service le 15 novembre 2000 est LE MANS LYAUTEY 4.
- Les dernières mises en service en système E10B3 de France ont lieu en province. Elles datent de 2002 (REIMS-CÉRÈS 3, le 24 septembre 2002).
- Le premier Commutateur E10B3 de France à être mis hors service est NICE-CARRAS le 30 mars 2010.
- Le premier Commutateur E10B3 de Paris Intra-Muros à être mis hors service est GOBELINS 3 ET1 le 14 novembre 2017.
En dehors d’Europe, le système E10B3 est connu sous la dénomination OCB-283 (Organe de Commande type B, version 2, calculateur Alcatel 8300 dupliqué).

E10B3/CTM est un E10B3 utilisé en Centre de Transit National Mobile.
Avec l'arrivée du téléphone mobile de 2ème génération (le GSM) en 1992, s'est très vite posé le choix technologique de l'acheminement du transit téléphonique des communications émises (et reçues) à partir des téléphones mobiles.

Initialement, les premiers Commutateurs téléphoniques pour abonnés mobiles où étaient rattachés les premiers indicatifs de téléphonie mobile sont des Commutateurs d'abonnés ordinaires, utilisés habituellement en Commutateurs d'abonnés fixes.
Les premiers Commutateurs d'abonnés mobiles seront d'ailleurs, en Île-de-France des MT25 d'abonnés fixes ainsi partagés (où seront rattachés les premiers indicatifs AB.PQ mobiles (France Télécom comme SFR). Concernant Lyon, ce sera un AXE10 d'abonnés fixes qui sera utilisé (LYON BACHUT AXE).
Et au tout début de la téléphonie mobile GSM de 2ème génération, le trafic téléphonique généré par les abonnés mobiles GSM était donc acheminé par le même réseau téléphonique de transit que celui des abonnés fixes, alors constitué presqu'exclusivement de Commutateurs de transit national MT20, temporels de 2ème génération. (Les derniers Commutateurs de transit électromécaniques Crossbar étant en cours d'arrêt.)
En environ 2 ans, s'est posée, avec l'explosion des abonnements au téléphone mobile, la nécessité de repenser le réseau téléphonique dans son entier.
Il a alors été décidé de créer des Commutateurs d'Abonnés Mobiles, où ne seraient désormais reliés uniquement les abonnés mobiles et ainsi de faire cesser cette cohabitation des abonnés mobiles au sein des commutateurs d'abonnés fixes (historiques).
Ces Commutateurs sont des Commutateurs pour Service Mobile - CSM - connus sous leur acronyme britannique MSC.
Les tous premiers MSC furent des Commutateurs temporels de 2ème génération MT20 à titre transitoire, très rapidement remplacés par des MSC temporels de 3ème génération E10B3 en quelques années seulement.
Ainsi, lors de la création du 3ème opérateur de téléphonie mobile Bouygues Télécom, tous les indicatifs AB.PQ de Bouygues GSMF3 ont été créés dès 1995/96 directement sur des Commutateurs de Service Mobile (MSC).
Une fois créés ces Commutateurs pour Service Mobile (MSC), il a été créé un nouveau réseau dédié de Commutateurs de Transit pour la téléphonie mobile, où l'essentiel du trafic téléphonique entre abonnés mobiles devait être désormais acheminé. (Sachant qu'en cas de débordement, le trafic puisse être écoulé en secours par le réseau de transit fixe, au cas où...)

Un réseau de Commutateurs de Transit Mobile a été créé en Commutateurs de transit de 3ème génération et a compté jusqu'à 8 Commutateurs E10B3-CTM.
- Suivant leur configuration et le choix qui a été fait, les E10B3-CTM ont assuré 3 types de fonctions différents :
Centre de Transit téléphonique mobile "standard" : E10B3/CT,
Centre de Transit des Messageries Vocales, pour acheminer les messages enregistrés sur les boîtes vocales : E10B3/CTMV,
Centre de Transit acheminant aussi bien le transit téléphonique mobile que les messages des boîtes vocales : E10B3/CT&CTMV.
- Le premier Commutateur E10B3-CTM a été mis en service le 1er avril 1996 (Paris BEAUJON FTMRT/CT).
- Ces huit Commutateurs E10B3-CTM pour Transit Mobile ont été créés avec un Réseau de Connexion classique.
- Deux de ces Commutateurs de Transit Mobile, spécialisés uniquement dans le transit des Messages Vocaux enregistrés, sont arrêtés assez rapidement dans les années 2003-2004 (BEAUJON FTMRT/CTMV et PHILIPPE-AUGUSTE FTMRT/CTMV ), ils n'ont donc jamais fait l'objet d'évolution technologique en matière de Réseau de Connexion.
- Quant aux 6 autres, ils ont été convertis en technologie HC3 entre 2001 et 2003. (BEAUJON FTMRT/CT, BLANC MESNIL FTMRT/CT et CACHAN FTMRT/CT&CTMV).
- Le tout premier Commutateur E10B3 avec Réseau de Connexion converti en technologie HC3 dans le monde est LYON ÉCULLY FTMRT/CT le 1er juillet 2001.
- Ce réseau a en outre été complété par 2 Centres de Transit Mobile équipés en technologie AXE10 de Ericsson, mis en service le 9 mai 2000 (TOULOUSE KENNEDY FTMRT/MSCT ) et le 18 octobre 2001 (MARSEILLE FTMRT/MSCT). Ces deux Commutateurs de Transit Mobile possèdent, cas particulier, également la fonction Commutateur d'abonnés Service Mobile (MSC) ; ce sont donc des MSCT.
- Ce réseau a assuré la majeure partie du transit du trafic mobile durant de nombreuses années (20 ans), accompagnant l'accroissement du nombre d'abonnés téléphoniques, du nombre d'opérateurs et de la taille du trafic global à traiter.

Au début des années 2010 s'est posée la question du devenir de ce réseau téléphonique de transit commuté mobile.
La décision a été prise d'arrêter ce réseau de transit commuté et de basculer la totalité du trafic téléphonique de transit de la téléphonie mobile sur le protocole internet VoIP.
- Aussi, la totalité des 6 Commutateurs téléphoniques de Transit Mobile restant a été mise hors service en 2015, avant le 31 décembre de cette année ; et la totalité du trafic mobile de transit basculé sur des machines utilisant le protocole VoIP Internet.
- Le premier Commutateur de Transit Mobile E10B3-CTM à être mis hors service est POITIERS GRAND CERF FTMRT/CT le 21 septembre 2015,
- Les deux derniers Commutateurs de Transit Mobiles E10B3-CTM à être mis hors service sont BEAUJON FTMRT/CT et BLANC MESNIL FTMRT/CT le 7 décembre 2015 simultanément.

Concernant les 6 Commutateurs de Transit Mobile E10B3-CTM qui étaient tous équipés, juste avant leur arrêt, de Réseau de Connexion de type HC3 de 16.384 multiplex MIC 2Me.b/s de 30 voies téléphoniques chacun, ou directement de MIC 8Me.b/s de 120 voies chacun, voire d'accès SDH à fibres optiques à 155 Me.b/s (SDH STM-1). (HC = Haute Capacité) : cinq d'entre eux sont désormais mis à l'arrêt et vont servir à entretenir le réseau de transit E10B3-CTN3G fixe ; quant au sixième, BEAUJON FTMRT/CT, il a été adapté pour rentrer dans le réseau de transit du téléphone fixe à la date du 5 décembre 2018, réseau fixe prévu pour durer jusqu'en 2030.

Depuis le 7 décembre 2015, ce réseau de transit téléphonique commuté spécifique à la téléphonie mobile en France n'existe plus. Il est donc remplacé par des machines utilisant le protocole internet VoIP.

E10B3/CTN3G est un Commutateur E10B3 utilisé en Centre de Transit National Fixe.
La décision de déployer des Commutateurs E10B3 utilisés en centre de transit national fixe est prise en Décembre 1998 pour faire face à l'accroissement du trafic de transit téléphonique dans certaines zones très denses, pour le trafic du téléphone fixe.

- Le premier Commutateur de transit E10B3/CTN3G est mis en service en France le 9 février 2000 à Lyon.
- Le Commutateur de transit E10B3/CTN3G le plus récent de France est mis en service à Marseille le 24 octobre 2001.
- 7 Commutateurs E10B3/CTN3G sont mis en service en France entre le 9 février 2000 et le 24 octobre 2001.
Ils sont initialement pourvus de performances initiales améliorées, par rapport à celles des Commutateurs E10B3 utilisés en commutateurs d'abonnés : le raccordement sur Réseau de Connexion temporel asynchrone (HC2) de 2048 multiplex numériques MIC entrants de 30 voies téléphoniques chacun, et 2048 multiplex numériques MIC sortants.
- À partir de Novembre 2001, les Commutateurs de transit E10B3/CTN3G sont équipés d'un nouveau Réseau de Connexion le plus récent (HC3) à commutation temporelle asynchrone (structure ATM) ce qui permet aux E10B3/CTN3G le raccordement de 16.384 multiplex numériques MIC 2Me.b/s de 30 voies téléphoniques chacun, ou directement de MIC 8Me.b/s de 120 voies chacun, voire d'accès SDH à fibres optiques à 155 Me.b/s (SDH STM-1). (HC = Haute Capacité)
- À titre de comparaison, un Commutateur de transit CTN3G HC3 remplace à lui seul 8 Commutateurs MT20TN ; MT20TN qui sont pourtant déjà des Commutateurs de grande capacité.
- 5 Commutateurs CTN3G sont convertis en technologie HC3, et 2 autres sont livrés en technologie HC3 à l'état natif. La conversion du parc en HC3 est effective en Février 2002.
- Un Commutateur de transit CTN3G est capable d'écouler, selon le constructeur ALCATEL, jusqu'à 2,5 millions d'appels à l'heure, en pleine charge.
- Un Commutateur de Transit E10B3/CTN3G occupe moins de place qu'un Commutateur E10B3 d'abonnés, étant dépourvu des nombreuses baies de type CSN où sont raccordés les abonnés. En effet, le Commutateur de transit traite directement des liaisons numériques MIC entrantes et sortantes. Sa puissance de calcul et de commutation de conversations dans le temps n'en est pas moins importante pour autant.

Ces 7 Commutateurs E10B3/CTN3G sont toujours en activité en 2022.
- La mise en service d'un 8ème Commutateur E10B3/CTN3G est actée depuis le 4 octobre 2016. La mise en service est effective depuis le 5 décembre 2018. Il s'agit de Paris BEAUJON CTN3G - qui est une machine recyclée mise à l'origine en service le 1er avril 1996 pour le Téléphone Mobile.

Les 8 Commutateurs E10B3/CTN3G assureront leur service jusqu'à la fin du Vrai Téléphone, envisagée tout d'abord en 2013, puis rapidement en 2018, puis repoussée en 2022, puis encore repoussée en 2025 et 2028 et désormais repoussée en 2030.

sommaire-

AXE10, système Temporel de troisième génération, de la société suédoise Ericsson.
Les Commutateurs AXE10 fabriqués en France le sont par la société Matra Ericsson Telecommunications (MET) dans l'usine de Longuenesse (62). En service dans presque tous les pays du monde, capable de gérer jusqu'à 128.000 abonnés sur un seul cœur de chaîne !
Il s'agit d'un système essentiellement centralisé (tout en étant partiellement décentralisé). - Prononcer : A. IXE. EU. DISS. -

En France, le système AXE10 est l'ultime système téléphonique ayant été mis en service dans le réseau téléphonique public avant la dissolution de l'Administration des PTT survenue le 1er janvier 1991. Le principe de son déploiement dans le réseau téléphonique français a été retenu en 1987.

Au niveau de l’interface logicielle homme-machine, le système AXE10 communique en langue française (Thomson étant chargée de la francisation). En revanche, tout comme son prédécesseur AXE spatial, les codes de commande utilisés pour communiquer avec le système sont directement basés sur la langue anglaise ce qui hélas n’est pas mnémotechnique pour les locuteurs français.

- Au premier niveau, l'Organe de Commande (CP) est historiquement constitué par deux calculateurs APZ212-10 aujourd'hui tous remplacés par des APZ212-20 fonctionnant en service normal en synchronisme, c'est-à-dire en exécutant les mêmes tâches en même temps.

Ultérieurement, courant 1999, les baies de mobilier de couleur bleue référencées BYB202 cessent d'être fabriquées par Ericsson. Ce mobilier est alors remplacé par un nouveau mobilier plus miniaturisé et moins cher à fabriquer car utilisant moins de métaux, référencé BYB501.
Dans le même laps de temps, une version modernisée et miniaturisée de calculateur APZ212-30 est conçue pour "rentrer" dans ce nouveau type de mobilier. Il s'agit de nouveaux calculateurs de modèle APZ212-30, quatre fois plus puissants que le modèle précédent en termes de puissance de calcul.
Ces nouveaux calculateurs APZ212-30 sont livrés avec les ultimes Commutateurs AXE10 pour abonnés au réseau téléphonique fixe mis en service en France et sont installés dans des baies de mobilier technique de modèle BYB501.

Lorsqu'en Janvier 2000 la décision est prise de retirer rapidement en moins de 3 ans et massivement les Commutateurs E10N1, ce seront les derniers commutateurs AXE10 équipés de baies de modèle BYB501 qui reprendront les abonnés des derniers E10N1.
Certains Commutateurs AXE10, équipés de calculateurs APZ212-20 à l'origine, verront leur calculateurs remplacés ultérieurement en 2001 et 2002 par des calculateurs APZ212-30. (au prix d'un changement de baies des calculateurs de BYB202 en BYB501.)

- Le second niveau comporte un ensemble de processeurs régionaux (RP) (chargé d'accomplir certaines tâches répétitives et d'accéder au Réseau de Connexion), répartis dans les différents organes matériels du commutateur interne.

- Au troisième niveau, le Réseau de Connexion d'un Commutateur AXE10 est du type temporel mais est formé de 3 étages : un étage d'entrée temporel, un étage de sortie temporel, mais au milieu de ces deux étages un étage spatial de technologie numérique, utilisé afin de pouvoir assurer à moindre frais et à moindres difficultés un brassage optimal entre les voies entrantes et sortantes.

- Au quatrième niveau architectural, nous avons les unités de raccordement d'abonnés d'un commutateur AXE10 qui sont dénommées SSS pour Suscriber Switching Stage. Chaque SSS peut héberger 2048 abonnés.
- Les cartes d'abonnés analogiques 8 voies sont regroupées par 16 et constituent un module de commutation de lignes (LSM) pour 128 abonnés.
- Chaque LSM comprend donc 128 joncteurs d'abonnés, ainsi qu'une unité d'essais chargée de tester les lignes et les joncteurs d'abonnés.
De plus, concernant les LSM qui seraient raccordés à des lignes analogiques à fort trafic, il existe une possibilité technique (qui n'est pas exploitée en France) d’ajouter des équipements supplémentaires afin de faciliter l'écoulement du trafic téléphonique : 2 joncteurs spéciaux éventuels directement raccordés au cœur de chaîne en option peuvent être rajoutés couplés avec un ensemble de 8 unités de réception de numérotation à fréquences vocales supplémentaires.
- Ces LSM sont regroupés jusqu'au nombre maximum de 16 pour former un commutateur numérique élémentaire de 2048 abonnés maximum. Suivant la capacité voulue du commutateur, plusieurs LSM sont ensuite combinés entre eux via un bus commun de commutation électronique temporelle.
Ce bus de commutation temporelle (TSB) permet à chaque LSM d'accéder au cœur de chaîne et ce afin d'établir les communications internes et externes au commutateur via le Réseau de Connexion interne.

Dès son introduction en France, le système AXE10 a fait l'objet d'adaptations exigées par l'Administration des télécommunications pour être conforme aux standards français en matière de normes et de caractéristiques électriques, comme par exemple : l'envoi du courant alternatif (et équilibré) de sonnerie à la fréquence de 50Hz ; l'obligation de maintien de la réception de la numérotation par impulsions (clavier décimal ou cadran téléphonique administratif 1927) ; l'accroissement de la protection face aux surcharges électriques externes causées par le couplage du réseau électrique de distribution d'énergie ErDF ainsi qu'une protection accrue contre les courts-circuits en ligne par la présence de limiteurs de courant sur chaque voie d'abonné plus une présence de résistances fusibles de sécurité protégeant les étages supérieurs de toute propagation de dommages et ce par la conception d'un modèle spécifique de cartes de raccordement d'abonnés à 8 voies répondant aux normes françaises connues pour être parmi les plus sévères du monde.
Depuis l’introduction du système AXE10 en France, nous sommes, en 2015, à la 4ème génération de cartes analogiques.

À signaler que dans le réseau téléphonique français, la possibilité de réaliser l'écoulement direct du trafic entre les abonnés connectés dans le même commutateur sans passer par le cœur de chaîne (communications dites de voisinage direct) n’a pas été retenue par l’Administration : en France toutes les communications d'un Commutateur AXE10 passent obligatoirement par le cœur de chaîne.

91 Commutateurs AXE10, utilisés uniquement en commutateur d'abonnés en France, sont mis en service, l'utilisation de l'AXE10 en centre de transit n'ayant pas été retenue par l'administration.
- Le système AXE10 est capable de gérer jusqu'à 128.000 abonnés par cœur de chaîne.
- Le système AXE10 est capable d'écouler, selon le constructeur, jusqu'à 800.000 appels à l'heure, en pleine charge. (en réalité la valeur typique de 440.000 est retenue pour le dimensionnement)
- Le prototype AXE10 commandé à Matra Ericsson Telecommunications à la fin 1987, servant en outre à la mise au point aux standards français est livré à l'Administration des PTT le 30 janvier 1989, avec un seul mois de retard sur le planning initialement prévu.
- Mis en test par le CNET à partir du 30 janvier 1989, puis en fonctionnement "à vide" le 27 décembre 1989, ce Commutateur est ensuite mis en exploitation sur le réseau public de l'État le 4 janvier 1990 - 8H00 - à Chaville, en Île-de-France. CHAVILLE A4 ; (Capacité du prototype 32.000 abonnés)
- Le premier Commutateur de série AXE10 est mis en service le 27 février 1991 à Cachan (Île-de-France) (CACHAN 2 AT1 ). Il est aussi le second Commutateur AXE10 de France. Suivront notamment le 25 avril 1991 CLAMART 2 ET1 , le 28 mai 1991 LA COURNEUVE 2 ET1 (BB72), le 26 juin 1991 CHOISY-LE-ROI 2 AT1 ...
- Le premier Commutateur AXE10 de province est mis en service le 19 mars 1991 à Maisons Neuves - MAISONS NEUVES AXE (vers Lyon).
- Le premier Commutateur AXE10 de Paris intra-muros est mis en service le 7 décembre 1993 (MÉNILMONTANT 2 AT1 ).
- Le Commutateur AXE10 le plus récent de Paris intra-muros est mis en service le 29 octobre 1998 (VOLTAIRE 4 ET1).
- Le Commutateur AXE10 le plus récent d'Île-de-France est mis en service à Sceaux le 24 novembre 1998 (ROBINSON 3 AT1).
- Le Commutateur AXE10 le plus récent de France équipé de processeurs APZ212-20, en mobilier BYB202, est mis en service le 26 mai 1999 (MARSEILLE SAINTE-MARTHE AXE).
- Le premier des 10 Commutateurs AXE10 créé à l'origine en mobilier BYB501 équipés de processeurs APZ212-30 est mis en service le 15 juin 1999 (MULHOUSE EUROPE AXE 10)
- Le Commutateur AXE10 le plus récent de France est mis en service à Niort le 21 novembre 2001 (NIORT CLOU BOUCHET 3).
- À noter que 20 Commutateurs créés à l'origine en mobilier BYB202 et équipés de processeurs APZ212-20 sont convertis en 2001 et 2002 en processeurs APZ212-30 au prix du changement du mobilier du cœur de chaîne en mobilier BYB501. Ces modernisations sont rendues nécessaires en cas de dépassement du seuil de 110.000 abonnés par cœur de chaîne et/ou par le dépassement constaté du seuil de 120.000 Tentatives d'Appel à l'Heure la plus Chargée (après étude menée).
- Du fait de l'obsolescence des matériels initiaux de 1ère génération BYB202 annoncée par Ericsson par la cessation de fabrication des cartes adaptées aux dimensions des baies BYB202, les dernières commandes d'extension de Commutateurs équipés de processeurs APZ212-20, ou de conversion de ces Commutateurs existants vers un nouveau cœur de chaîne équipé de nouveaux processeurs APZ212-30 (nécessitant tout de même certaines cartes d'adaptation livrables aux anciennes dimensions du mobilier BYB202) doivent toutes être passées avant la date limite du 30 septembre 2002.
- Le premier Commutateur AXE10 de France à être arrêté le 18 novembre 2008 à Avignon-Le Pontet est LE PONTET FARGUES AXE).
- Le premier Commutateur AXE10 de Paris intra-muros à être arrêté le 31 mars 2009 est RASPAIL 5 AT1.
- Le premier Commutateur AXE10 d'Île-de-France à être arrêté le 22 juin 2010 est ROBINSON 3 AT1.
(à ne pas confondre avec de système l'AXE Spatial mis en service en fin d'année 1978 !)

AXE TRANSGATE 4 / CTI4G, système Temporel présenté comme étant de quatrième génération, utilisé en Centre de Transit International de 4ème génération (NGN - Next Generation Network). Il s'agit d'un système essentiellement centralisé (tout en étant partiellement décentralisé).

Pour rappel, en France, les 3 premières générations de Centres Internationaux automatiques furent :
- 1ère génération : les 20 Commutateurs Électromécaniques de type CROSSBAR PENTACONTA CIA, CLI et CLIV (dont CADET, CINAT, CATON...) et 18 CROSSBAR CP400 CIA, CLI et CLIV
- 2ème génération : les 2 Commutateurs Semi-Électroniques de type MÉTACONTA 11A (Paris & Reims)
- 3ème génération : les 17 commutateurs Électroniques Temporels de type MT20CIA (13 pour la métropole, 4 pour les D.O.M)
Ce commutateur a été présenté comme étant de 4ème génération, car il est certes la 4ème génération de Commutateurs internationaux. Mais à titre général, l'AXE TRANSGATE 4 est bien un Commutateur temporel de 3ème génération.

L' AXE TRANSGATE 4 est très similaire à un Commutateur AXE10 temporel de 3ème génération. Aussi, est-il classé dans la rubrique des Commutateurs électroniques de 3ème génération.
En revanche, le système AXE TRANSGATE 4 est de dimension plus compacte qu'un AXE10 classique, à puissance de traitement équivalente, étant de conception sensiblement plus récente. En effet, à partir de 1999, le mobilier AXE10 de 1er modèle (BYB202) cesse d'être fabriqué par Ericsson (baies bleues). Il est remplacé par du mobilier plus compact de référence BYB501.

La structure de base d'un Commutateur AXE TRANSGATE 4 est en fait calquée sur le Commutateur AXE10, mais il est spécialisé transit : il est donc dépourvu de baies de cartes de raccordements d'abonnés. En lieu et place, il permet le raccordement jusqu'à 4096 liaisons numériques MIC à 2048 Kbit/s. (soit une capacité maximale de 122.880 voies de conversations en transit à pleine charge)

Modernisation oblige, un Commutateur AXE TRANSGATE 4 accepte aussi de brasser directement des entrées de jonctions de fibres optiques ; chaque fibre optique remplaçant 63 liaisons MIC numériques métalliques.

Au niveau de l’interface logicielle homme-machine, le système AXE TRANSGATE 4 communique en langue française (Thomson étant chargée de la francisation). En revanche, tout comme son prédécesseur AXE Spatial, les codes de commande utilisés pour communiquer avec le système sont directement basés sur la langue anglaise ce qui hélas n’est pas mnémotechnique pour les locuteurs français.

Tout comme dans le système AXE10, le système de commande possède une structure à deux niveaux de traitement logiciel. Le premier niveau est équipé de deux processeurs centraux : le cœur de chaîne qui est constitué par deux calculateurs APZ212-50 fonctionne en service normal en synchronisme, c'est-à-dire en exécutant les mêmes tâches en même temps par redondance, pour raison de sécurité. Le second niveau comporte un ensemble de processeurs régionaux, répartis dans les différents organes matériels du Commutateur interne chargés notamment d'accéder au Réseau de Connexion.

Le Réseau de Connexion d'un Commutateur AXE TRANSGATE 4 est du type temporel mais est formé de 3 étages : un étage d'entrée temporel, un étage de sortie temporel, mais au milieu de ces deux étages un étage spatial de technologie numérique, utilisé afin de pouvoir assurer à moindre frais et à moindres difficultés un brassage optimal entre les voies entrantes et sortantes.

Objectifs de l'implantation de CTI/4G :
Avec la fin du monopole téléphonique en France et l'arrivée des opérateurs tiers (nationaux et internationaux, des nouveaux systèmes de call-back), il est alors nécessaire à partir de 1998 de réagir en réduisant substantiellement le coût moyen de la minute téléphonique internationale, afin pour l'opérateur France Télécom de préserver sa marge, tout réduisant les prix facturés aux abonnés.
Avec l'implantation de 3 "Super Commutateurs" de transit téléphonique de 4ème génération à la place des 17 Commutateurs Internationaux de 3ème génération, ceci entraîne une cascade d'effets vertueux, tant financiers que techniques (mais moins au niveau de l'emploi) :

Baisse du coût d'exploitation de la consommation électrique globale du réseau de commutation, par la réduction du nombre de commutateurs internationaux par 5,
Baisse des coûts de maintenance des Commutateurs, car moins de Commutateurs à entretenir, et désormais plus récents et encore plus fiabilisés,
Réduction des effectifs nécessaires à l'exploitation et à la maintenance, donc réduction des coûts...
Simplification drastique de l'organisation du réseau, par l'élimination de 2 niveaux hiérarchiques internationaux. En effet, la hiérarchie de 3ème génération, était constituée de 3 niveaux de Commutateurs MT20CIA car l'on ne savait pas faire techniquement plus simple dans les années 1980. Avec les nouveaux Commutateurs CTI4G, il n'existe désormais plus qu'un seul niveau de Commutateurs internationaux.
De ce fait, les transmissions reliant les Commutateurs de Transit National aux Commutateurs de Transit International se retrouvent simplifiées, car il y a beaucoup moins de renvois d'un Commutateur international à un autre (Le parcours d'une communication est plus direct, "il ne tourne plus en rond").
Désormais, dès qu'une communication émanant du Réseau Téléphonique Commuté National atteint un des 3 Commutateurs de Transit International de 4ème génération, celle-ci est immédiatement aiguillée vers son pays de destination.
En général les communications internationales au départ vers l'étranger parviennent d'un Commutateur de Transit National,
Mais les Commutateurs d'abonnés coutumiers d'un trafic téléphonique international élevés sont directement reliés à un ou plusieurs Commutateurs Internationaux CTI / 4G, ce qui simplifie encore plus le parcours des communications, et réduit encore plus les coûts globaux...
L'acheminement d'une communication, en plus d'en être simplifié, en est de surcroît techniquement fiabilisé, ce qui permet par ricochet de diminuer en conséquence les effectifs affectés à la construction et à la maintenance des Transmissions Numériques.
..
La libéralisation des télécommunications tant nationales qu'internationales a de facto précipité la fin des Commutateurs MT20 affectés au transit international, qui, sinon, auraient aisément pu techniquement fonctionner jusqu'en 2015-2020.

- Le 14 mai 1997, le Comité de Pilotage FTRSI décide de mettre en construction puis en service 2 Commutateurs de Transits Internationaux de 4ème Génération. Un sera installé à Paris-Pastourelle et un second à Marseille International.
- L'appel d'offres destiné à remplacer les Commutateurs MT20 CIA de la précédente génération est gagné par Matra Ericsson Telecommunications en 1998 (au détriment d'Alcatel).
- Mis en construction d'abord à Paris-Pastourelle, le premier Commutateur AXE TRANSGATE 4/CTI4G, PASTOURELLE 5 CTIP, est mis en service le 13 septembre 1999.
- Les premières relations ouvertes à l'international en système CTI4G sont l'Allemagne et la Suisse.
- Suivent dans la foulée les Centres Internationaux Automatiques AXE TRANSGATE 4/CTI 4G REIMS-MURIGNY CITP4 le 6 Juillet 2000, puis BAGNOLET 6 CTIP le 16 Juillet 2001.
- La mise en service projetée dès 1995, initialement prévue pour Juin 1999, du Commutateur AXE TRANSGATE 4/CTI4G de MARSEILLE 2 a finalement été annulée. En effet, ce Commutateur a bel et bien existé, ayant fonctionné à titre expérimental, mais a finalement été démonté de Marseille puis remonté à Reims.
- Depuis 2008, ces 3 Commutateurs sont adaptés pour traiter, en plus de la voix commutée (norme RTC), l'écoulement du trafic Voix par le Protocole Internet (norme VoIP).
- 3 Commutateurs AXE TRANSGATE 4/CTI4G sont installés en France et ont donc repris depuis le 9 décembre 2002 à 10H30, tout le trafic téléphonique commuté entrant et sortant du territoire métropolitain depuis l'arrêt total des Commutateurs MT20CIA métropolitains à cette date ; ainsi que tout le trafic téléphonique international commuté des DOM depuis l'arrêt total des Commutateurs MT20CIA ultramarins le 20 mai 2003.
- Le premier Commutateur International Automatique AXE TRANSGATE 4/CTI4G de France à être arrêté le 4 décembre 2018 à Reims, est REIMS-MURIGNY CITP4).
- Le second Commutateur International Automatique AXE TRANSGATE 4/CTI4G de France à être arrêté le 1er mars 2022 à Paris, est PASTOURELLE 5 CTIP ).
- Le troisième et dernier Commutateur International Automatique AXE TRANSGATE 4/CTI4G de France à être arrêté le 3 mars 2022 à Paris, est BAGNOLET 6 CTIP ).

La page de Commutation Automatique Internationale au départ de la France par autocommutateurs en technologie RTC, a pris fin le 3 mars 2022 et clôt cette page technologique débutée le 24 novembre 1964 par la mise en service de PASTOURELLE 1 CIA 1 DÉPART - CADET (RT54).

Les communications téléphoniques internationales sont désormais assurées par des machines informatiques selon les technologies ALL-IP/VOIP.

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IV - Les systèmes électroniques de type temporel de 4 ième génération déployés en France sont les suivants :

Le Commutateur d’origine suédoise AXE TRANSGATE 4, utilisé en France pour le trafic international, bien que présenté « commercialement » comme étant de 4ème génération ne peut pas être réellement assimilé à un Commutateur de 4ème génération.

En revanche, nous nous devons de préciser que le Commutateur Électronique Temporel de 4ème génération a bel et bien existé, sous forme de maquette. Il avait été mis au point par Alcatel, dans l’année 2001 : il s’agit du E10B3-HC4.

E10B3-HC4
Le Commutateur E10B3 de 4ème génération, même s’il est toujours basé sur les Commutateurs E10B3 de la génération antérieure, est équipé d’un nouveau Réseau de ConneXion asynchrone de type HC4. OCB283-MGC.

-Le Réseau de ConneXion HC4 est d’une part encore plus puissant et miniaturisé que les Réseaux de ConneXion antérieurs (RCX synchrone et HC2 et HC3 asynchrones) et permet de créer des Commutateurs encore plus compacts et puissants que les prédécesseurs,
-D’autre part, en plus de ce nouveau Réseau de ConneXion HC4, les Commutateurs E10B3-HC4 intègrent directement dans leur fonctionnement le système d’exploitation UNIX et toute une batterie de protocoles IP Internet.

Donc il est tout de même nécessaire de rappeler qu’Alcatel a bel et bien conçu de véritables Commutateurs téléphoniques de 4ème génération, qui, en plus de commuter temporellement les conversations téléphoniques selon la norme RTC chez les abonnés comme cela se fait depuis le 19 octobre 1913, est désormais capable de délivrer directement, et sans intermédiaire, et sans équipements supplémentaires dans les Centres Téléphoniques, les protocoles IP haut débit de type ADSL directement chez les abonnés.

Et non, alors qu'existe LE commutateur de 4ème génération capable de commuter simultanément le téléphone classique et distribuer, sans équipements intermédiaires supplémentaires, l’internet à haut débit, ce modèle de Commutateur n’a pas été déployé dans le réseau public en France.

En France, il a été préféré, avec le Plan TOP CAPEX révélé le 15 avril 2003, de stopper toutes les commandes d'autocommutateurs, c'est à dire de ne pas remplacer les Commutateurs électroniques temporels de 2ème génération par des Commutateurs de 4ème génération, mais d'attendre...

Place au tout IP, c'est la fin du RTC Réseau Télécommunications Commuté et de la boucle locale.

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