A. HOLCOMB
LES TÉLÉPHONES PRIMITIFS
Il semble intéressant de jeter un coup dil rétrospectif
sur les essais qui ont été faits, avant lapparition
du téléphone Bell,
dans le but de transmettre la parole à laide dappareils
électriques. Nous y verrons que, sil est admis que M. Bell
est linventeur de cet appareil si simple et si parfait, le problème
avait déjà été posé et-résolu
même antérieurement à 1875.
Cest, en effet, à lannée 1837 quil faut
remonter pour trouver le germe de cette invention.
A cette époque les physiciens américains Page et Henry
découvrirent que les pôles dun aimant, approchés
rapidement dune spirale plane parcourue par un courant, produisaient
un son musical.
Ce même phénomène fut observé par Gassiot,
Marrian et de la Rive, en faisant passer un courant dans une hélice
entourant une barre de fer doux.
En 1854, M. Ch.
Bourseul, fonctionnaire des télégraphes
français, démontrait bien clairement le principe : «
Imaginez, écrivait-il, que lon parle près dune
plaque mobile, assez llexible pour ne perdre aucune des vibrations produites
par la voix, que cette plaque établisse et interrompe successivement
la communication avec une pile , vous pourrez avoir à distance
une autre plaque qui exécutera simultanément les mêmes
vibrations. ». Cette description laisse supposer que les exjtériences
entreprises par M. Bourseul lui avaient déjà fait pressentir
la solution de la question. Malheureusement lincrédulité
avec laquelle on accueillit cette idée découragea linventeur,
qui ne poursuivit pas ses essais.
Ces travaux éveillèrent néanmoins lattention
des électriciens, et quelques années après apparurent
plusieurs appareils basés sur le même principe et comprenant
trois types généraux: les formes magnétiques, électro-magnétiques
et microphoniques. Les résultats obtenus avec ces appareils étaient
tels quil est surprenant que lon nait pas cherché
à les utiliser.
sommaire
Reiss
a construit son premier modèle de téléphone en
1858, quatre ans après l'article de Bourseul.
Une variante du deuxième modèle de Reis a été
construite dans la seconde moitié de 1862 par Wilhelm von Legat,
inspecteur des Télégraphes royaux prussiens, Certains
auteurs considèrent celui-ci comme le troisième modèle
de Reis, tandis que d'autres de manière plus appropriée
l'appellent le modèle « Reis-Legat ».
Reis poursuit ses expérimentations et développe un troisième
modèle Il en fit la première démonstration à
la Société de Physique de Francfort-sur-le-Main le 4 juillet
1863 .
L'hiver 1859-60, A. Holcomb
invente un électro-aimant polarisé, qui était extrêmement
sensible et capable de recevoir la parole articulée, et qu'il
a breveté en mai 1860.
La figure ci dessous montre lappareil inventé, en 1860,
par A. Holcomb.
Il se compose dun aimant en fer à cheval, à peu
près semblable à ceux des récepteurs utilisés
par Bell .
La tige courbe placée en regard des bobines de laimant
constitue larmature vibrante, et la pièce conique creuse,
fermée à sa plus grande ouverture par une pièce
de bois supportant larmature, est destinée à concentrer
le son.
Lappareil ainsi construit parle ; ses défauts
ne proviennent que dune mauvaise proportion des pièces,
et son armature est probablement trop délicate. Mais, quoi quil
en soit, les résultats obtenus sont comparables à ceux
du téléphone primitif de Bell.
En 1865, Beardslee perfectionne lappareil de Holcomb.
représenté par les figures suivantes.
brevet, n° 2 419 , 10 juin 1880
Appareil Beardslee
au National Museum of American History.
Écrit au dos : « Téléphone magnéto
fabriqué par George W. Beardslee à College Point, Long
Island, NY 1865 / Témoignage de George W. Beardslee dans l'affaire
de la Molecular Telephone Co., de NY / « Pièce Beardslee
Holcomb / Téléphone » / Examinateur spécial
J A W / NY 4 décembre 1884 / N° 1 _ instrument tel qu'utilisé
complet » (voir plus bas)
Dans ce téléphone les idées générales
de Holcomb sont suivies; laimant massif original en fer à
cheval est seul remplacé par un aimant d'une forme différente.
Cet instrument, comme récepteur, donne les mêmes résultats
que le téléphone de Bell actuel. Le signal dappel
peut se faire à laide de la manivelle que lon voit
sur lun des côtés.
Ces deux téléphones pourraient, avec quelques légères
modifications, être utilisés.
En pratique, les appareils de cette catégorie feraient loffice
de récepteurs seulement. Comme transmetteurs, le secours dune
pile serait nécessaire.
Dautres téléphones, semblables à celui que
Reiss
a inventé en Allemagne, ont été construits vers
1869 en Amérique par le professeur Philip H. Van der
Weyde.
La figure montre un transmetteur imaginé par cet inventeur
Il se compose dune boîte rectangulaire, munie à sa
partie supérieure dune ouverture centrale sur laquelle
est placée une membrane bien tendue, qui agit sur un contact
microphonique.
Quand on parle dans lembouchure, la membrane entre en vibration
et communique son mouvement au contact. Il en résulte des différences
dintensité de courant correspondant aux ondulations de
la voix.
Ce transmetteur est relié à un appareil récepteur
formé dune simple tige de fer recouverte de fil isolé,
et dont lune des parties extrêmes sappuie contre un
appendice résonnant . Rapidement aimantée et désaimantée,
cette tige subit dans son arrangement moléculaire des variations
accompagnées de sons légers. Lensemble de ce système
constitue, comme on le voit, un circuit téléphonique complet.
Toutefois la faiblesse des sons est très grande. Cet inconvénient
disparaît partiellement en plaçant linstrument sur
une table sonore couverte dun diaphragme vibrant.
Reis utilisait comme noyau du solénoïde une longue aiguille
à tricoter fixée aux deux extrémités sur
deux ponts en bois, quil collait à leur tour sur une caisse
de résonance en bois. Cette construction était nécessaire
en raison du faible son émis par laiguille seule.
Plusieurs inventeurs, parmi lesquels Philip H. Van der Weyde, ont amélioré
le récepteur Reis de 1861.
En 1869 et 1870, Van der Weyde fabriqua deux récepteurs intéressants
dont la description parut quelques années plus tard dans le Telegraphic
Journal and Electrical Review (et même plus tard dans Scientific
American).
Récepteur électro-magnétique construit par M. Van
der Weyde, en 1870.
Il est formé dun électro-aimant horizontal placé
en regard d'une armature plate. Ce dispositif très simple forme
un téléphone puissant. Intercalé dans un circuit
avec une pile et un microphone semblable à celui de la figure
precédente , il remplit l'office de récepteur.
Il [Van der Weyde] souda un bouton de fer au centre d'une plaque de
laiton, placée devant une barre de fer, entourée d'une
bobine, et c'est l'instrument utilisé comme récepteur
lors de la conférence du 8 janvier 1869.
En août 1870, il lut un article devant l'Association américaine
pour l'avancement des sciences qui se réunissait cette année-là
à Troy, N.Y., l'article étant intitulé «
Autres améliorations dans la méthode de transmission de
mélodies musicales par fil télégraphique ».
Dans la discussion qui suivit la lecture de l'article, un ou deux des
membres présents déclarèrent qu'ils avaient obtenu
de bons résultats en plaçant une plaque de fer étamé
devant les pôles d'un électro-aimant en fer à cheval,
et mentionna cet appareil comme étant bien connu ; et en arrivant
chez lui en septembre 1870, il construisit l'appareil dans lequel une
plaque de fer étamé était utilisée.
Or, les deux récepteurs ne ressemblent guère, même
en principe, au récepteur simple fabriqué par Philipp
Reis . Il ressort en fait des deux illustrations que nous avons maintenant
une armature en fer (soit un bouton en fer, soit une plaque en fer)
et un entrefer (aussi petit soit-il) entre larmature et le ou
les pôles de lélectroaimant. Ce sont là les
caractéristiques dun récepteur électromagnétique.
Si, cependant, lentrefer était très petit, par exemple
lorsque larmature touche la tête du noyau magnétique
(ce qui peut aussi se produire occasionnellement lorsque lallongement
du noyau atteint sa valeur maximale),
Il faut cependant remarquer que les expériences de Van der Weyde
visaient à transmettre des mélodies musicales et quil
ne possédait pas à lépoque démetteur
adapté à la parole, à lexception de lémetteur
de Reis (qui ne convenait guère à cet usage).
Le mot « téléphone » que lon trouve
dans les articles de Van der Weyde se référait au «
telefon » de Reis sans aucune allusion à la transmission
de la parole. Bien des années plus tard, bien sûr, il a
découvert quon pouvait lutiliser pour transmettre
la parole, mais seulement en conjonction avec un autre émetteur
téléphonique .
En 1870 , la même année, Cromwell
Varley ,Paul Lacour puis Elisha
Gray ont résolu, à l'aide de diapasons
et de dispositifs très ingénieux, le problème de
la Iransmission des sons par l'électricilé.
Varley
Lacour
Cette rapide esquisse des téléphones primitifs démontre
clairement que, sans rien ôter au mérite de M. G. Bell,
les principes théoriques étaient non seulement établis
dune façon précise, mais encore que les organes
constitutifs de ce merveilleux appareil avaient été déjà
construits et avaient fonctionné.
Holcomb, qui avait obtenu en mai
1860 un brevet pour un électroaimant polarisé extrêmement
sensible, construisit à l'automne de la même année
un appareil qu'il prétendait capable d'envoyer et de recevoir
des sons articulés.
Le seul témoin, à part lui-même, qui a témoigné
que cet appareil fonctionnait ainsi était sa femme. D'autres
ont témoigné qu'il n'avait alors fait aucune telle déclaration.
Il n'a déposé aucune demande de brevet avant janvier 1878
et les seules pièces de l'instrument produites étaient
un aimant permanent en acier, une caisse de résonance, un archet
en acier avec une fixation en laiton, une pince en laiton et quelques
morceaux de diaphragme cassés. Il a été jugé
que les preuves étaient insuffisantes pour renverser la présomption
de priorité et de validité découlant de l'octroi
du brevet téléphonique à Bell.
Holcomb a intéressé un certain Beardslee à son
appareil qui a créé plusieurs organisations pour tester
pour sa propre satisfaction l'exactitude des revendications de Holcomb.
Il s'est convaincu que l'appareil ne fonctionnerait pas à de
grandes distances et l'a abandonné.
Il a été jugé que ce n'était pas une anticipation
du brevet téléphonique de Bell.
La Molecular Telephone Company de New York
, qui est propriétaire du brevet Lockwood et Bartlett, engagera
les procédures qui lui seront conseillées pour protéger
son droits de brevet, tant contre la diffamation que contre la contrefaçon,
et également pour protéger leurs fabricants contre l'intimidation
par des menaces ou autres.
The Telephone Cases, étaient une série d'affaires judiciaires
américaines dans les années 1870 et 1880 liées
à l' invention du téléphone , qui ont abouti à
une décision de 1888 de la Cour suprême des États-Unis
confirmant la priorité des brevets. appartenant à Alexander
Graham Bell . Ces brevets ont été utilisés par
l' American Bell Telephone Company et le Bell System , bien qu'ils aient
également acquis des brevets critiques sur les microphones d'
Emile Berliner.
sommaire
YesWeScan: The FEDERAL REPORTER
AMERICAN BELL TELEPHONE CO. and others v. MOLECULAR .TELEPHONE CO. and
others.
"Circuit Court, S.D.New York". 24 juin 1885.
1.
BREVETS POUR INVENTIONS TÉLÉPHONE À BELL
ANTICIPATION.
Dans l'appareil fabriqué par Reis, d'Allemagne, en 1860, avec
ses diverses modifications, comme décrit par Legat, Pisco, Van
der wyde et d'autres, un courant électrique intermittent ou pulsatoire
était utilisé, l'émetteur, lorsqu'il était
actionné par les ondes sonores, établissant et coupant
le circuit à chaque vibration. Il a été jugé
que l'appareil était, de par sa nature même, incapable
d'envoyer et de recevoir des paroles articulées et qu'il ne constituait
pas une anticipation des lettres patentes n° 174 465 du 7 mars 1876,
délivrées à Alexander Graham Bell pour des améliorations
en télégraphie, dont les éléments essentiels
sont l'emploi du courant électrique ondulatoire, par opposition
au courant pulsatoire, pour transmettre et copier des vibrations de
l'air correspondant exactement en amplitude, en vitesse et en forme
à celles produites par la voix humaine, et l'appareil à
cet effet.
2.
Un certain Holcomb, qui en mai 1860 avait obtenu un brevet pour un électro-aimant
polarisé extrêmement sensible, construisit à l'automne
de cette année-là un appareil qu'il prétendait
capable d'envoyer et de recevoir des sons articulés.
Le seul témoin, outre lui-même, qui a témoigné
que cet appareil faisait ce travail était sa femme.
D'autres ont témoigné qu'il n'avait alors fait aucune
telle affirmation.
Il n'a déposé aucune demande de brevet avant janvier 1878,
et les seules pièces de l'instrument produites étaient
un aimant permanent en acier, une caisse de résonance, un archet
en acier avec une fixation en laiton, une pince en laiton et quelques
morceaux cassés du diaphragme.
Il a jugé que les preuves étaient insuffisantes pour renverser
la présomption de priorité et de validité découlant
de l'octroi du brevet téléphonique à Bell.
3.
Holcomb a intéressé un certain Beardslee à son
appareil qui a créé plusieurs organisations pour tester
pour sa propre satisfaction l'exactitude des revendications de Holcomb.
Il s'est convaincu que l'appareil ne fonctionnerait pas à de
grandes distances et l'a abandonné.
Il a jugé qu'il ne s'agissait pas d'une anticipation du brevet
téléphonique de Bell.
4.
La cinquième revendication des lettres patentes n° 186 787
du 80 janvier 1877, à Alexander Graham Bell, pour des améliorations
dans la téléphonie électrique est la suivante :
« La formation, dans un téléphone électrique,
tel que celui montré et décrit ici, d'un aimant avec une
bobine sur l'extrémité ou les extrémités
de l'aimant les plus proches de la plaque.
Il a été jugé que la revendication n'étant
pas pour la combinaison dont l'aimant est un constituant, cette partie
du brevet était nulle, étant anticipée par l'aimant
dans le télégraphe d'impression de Hughes tel que décrit
dans l'ouvrage de Schellen.
5.
TÉLÉPHONE BELLÉTENDUE DE LA RÉCLAMATION.
La cinquième revendication des lettres patentes n° 174 465
du 7 mars 1876, à Alexander Graham Bell pour des améliorations
en télégraphie, concerne « la méthode et
l'appareil de transmission télégraphique de sons vocaux
ou autres, telle que décrite ici, en provoquant des ondulations
électriques, de forme similaire aux vibrations de l'air accompagnant
lesdits sons vocaux ou autres, sensiblement comme indiqué.
Il a été jugé que la revendication et la méthode
ne se limitaient pas à un appareil dans lequel un magnéto-émetteur
est utilisé et que l'utilisation d'un appareil téléphonique
composé d'un microphone-émetteur parlant et d'un magnéto-récepteur
constituait une contrefaçon.
6.
CONTREFAÇON.
Un tel appareil constitue également une contrefaçon des
sixième, septième et huitième revendications du
brevet n° 186 787 du 30 janvier 1877 accordé à Alexander
Graham Bell pour des améliorations en matière de téléphonie.
En équité.
Edward N. Dickerson et Chauncy Smith, pour les demandeurs. Wheeler H.
Peckham, pour les défendeurs.
WALLACE, J. Il est allégué qu'il y a contrefaçon
de la cinquième revendication du brevet accordé à
Alexander Graham Bell, n° 174 465, daté du 7 mars 1876, pour
des améliorations en matière de télégraphie,
et des cinquième, sixième, septième et huitième
revendications du brevet accordé à Bell, n° 186 787,
daté du 30 janvier 1877, pour des améliorations en matière
de téléphonie électrique.
La cinquième revendication du premier brevet concerne «
la méthode et lappareil de transmission télégraphique
de sons vocaux ou autres, comme décrit ici, en provoquant des
ondulations électriques de forme similaire aux vibrations de
lair accompagnant lesdits sons vocaux ou autres, sensiblement
comme indiqué. »
La portée de linvention ainsi revendiquée et linterprétation
que la revendication devrait recevoir ont été examinées
et décidées dans les affaires Telephone Co. v. Spencer,
8 Fed. Rep. 509, et Telephone Co. v. Dolbear, 15 Fed. Rep. 448, par
le tribunal de circuit du district du Massachusetts.
Dans laffaire Spencer, le juge Lowell a jugé que Bell «
a découvert un nouvel art, celui de transmettre la parole par
lélectricité, et a le droit de revendiquer la revendication
la plus large qui puisse être autorisée dans nimporte
quel cas ; non pas le droit abstrait denvoyer des sons par télégraphe,
sans aucun égard aux moyens, mais tous les moyens et procédés
quil a inventés et revendiqués. »
« Il a également été jugé que les
éléments essentiels de la méthode sont la production
de ce que le brevet appelle des « vibrations ondulatoires de lélectricité
», pour correspondre à celles de lair, et leur transmission
à un instrument récepteur, capable de les reproduire ;
et quun appareil dans lequel lémetteur était
fabriqué sur le principe du microphone constituait une contrefaçon
de la cinquième revendication du brevet.
Dans laffaire Dolbear, le juge GRAY a jugé que linvention
revendiquée nest pas simplement lappareil décrit,
mais aussi le procédé général ou la méthode
par laquelle la voix humaine produit, dans un courant électrique,
une succession de perturbations électriques, non pas soudaines
et intermittentes ou pulsatoires, mais graduelles, oscillatoires, vibratoires
ou ondulatoires, de manière à émettre à
lextrémité la plus éloignée du fil
conducteur des sons correspondant exactement en intensité, en
hauteur et en ton, caractère ou qualité, aux sons qui
lui sont transmis à lextrémité la plus proche.
Les défendeurs utilisent un appareil téléphonique
composé dun émetteur de microphone parlant et dun
magnéto-récepteur.
La défense sur laquelle ils s'appuient principalement est que
leur appareil est essentiellement le même que celui fabriqué
par Reis, d'Allemagne, en 1860, et décrit dans de nombreuses
publications avant la date de l'invention de Bell ; et ils insistent
sur le fait que, si la cinquième revendication du brevet n'est
pas nulle pour défaut de nouveauté, compte tenu de son
antériorité par Reis, sa portée est restreinte,
et que la revendication et la méthode de Bell se limitent à
un appareil dans lequel un magnéto-émetteur est utilisé
; et sur cette interprétation, comme ils utilisent un émetteur
à microphone, ils insistent sur le fait qu'ils ne contreviennent
pas.
Dans l'affaire Spencer, l'instrument Reis a été invoqué
pour faire échouer le brevet ou limiter l'interprétation
de la cinquième revendication.
Il a été dit de son appareil, dans cette affaire, par
le juge Lowell, que « le regret de tous ses admirateurs était
que la parole articulée ne pouvait pas être envoyée
et reçue par lui.
La déficience était inhérente au principe de la
machine.
Un siècle de Reis n'aurait jamais produit un téléphone
parlant, par une simple amélioration de la construction.
À moins que les éléments de preuve, dans la mesure
où ils concernent cette branche de la défense, ne distinguent
matériellement laffaire de laffaire Spencer, la décision
dans cette affaire devrait être déterminante, et il serait
inconvenant, lorsque les parties peuvent recourir à un tribunal
dappel pour examen, de ne pas tenir compte de la règle
de courtoisie qui devrait prévaloir entre les tribunaux de juridiction
coordonnée.
Des témoignages supplémentaires ont été
présentés par les défendeurs pour montrer que lappareil
Reis est un téléphone parlant, bien que linventeur
nait jamais supposé quil était capable de
transmettre la parole articulée, et bien quil ait toujours
été admis, par les autorités les plus éminentes,
quil en était incapable, jusquà ce que certains
des experts dans la présente affaire se soient prononcés
sur un point différent.
Reis lui-même croyait sans aucun doute que l'émetteur de
son appareil agissait en établissant et en interrompant le circuit
électrique ; et il est admis qu'un appareil fonctionnant sur
ce principe n'est pas capable de transmettre des sons musicaux.
La méthode de Bell consistait à employer un courant électrique
ondulatoire, par opposition à un courant intermittent ou pulsatoire.
Il ne fut pas le premier à employer le courant électrique
dit ondulatoire, mais il fut le premier à l'utiliser pour copier
et transmettre des vibrations de l'air, correspondant exactement, en
amplitude, en vitesse et en forme, à celles produites par la
voix humaine.
Sa découverte fut que ces vibrations pouvaient être transmises
et copiées en utilisant un tel courant, et son invention consista
à concevoir un appareil approprié pour produire les ondulations
sur un fil de ligne, et à communiquer les vibrations à
ce courant à une extrémité du fil, et à
les reproduire à l'autre extrémité.
Il est essentiel que cet appareil ne fonctionne pas pour interrompre
ou rompre le courant électrique, mais qu'il fonctionne au moyen
d'un courant ou d'un circuit électrique pratiquement continu.
Bell a indiqué différentes manières de générer
le courant ondulatoire, comme par une armature vibrante devant un électro-aimant,
ou en faisant varier la résistance du courant électrique,
mais ce n'était pas l'essence de son invention.
Le microphone, selon le professeur Hughes, « introduit dans un
circuit électrique une résistance électrique qui
varie en accord exact avec les vibrations sonores, de manière
à produire un courant électrique ondulatoire à
partir d'une source constante, dont la longueur d'onde, la hauteur et
la forme sont une représentation exacte des ondes sonores.
Déjà en 1854, Bourseul décrivait en substance lappareil
fabriqué par Reis en 1861.
Il disait : "Si lon pouvait maintenant inventer une plaque
métallique qui serait si mobile et si souple quelle reproduise
toutes les vibrations des sons comme lair, et si cette plaque
était reliée à un courant électrique de
telle sorte quelle établisse et interrompe alternativement
le courant électrique selon les vibrations de lair dont
elle est affectée, il serait ainsi possible aussi de disposer
électriquement une seconde plaque métallique de construction
similaire, de telle sorte quelle répèterait simultanément
exactement les mêmes vibrations que la première plaque,
et ce serait alors exactement la même chose que si lon avait
parlé à proximité immédiate contre la seconde
plaque. ou loreille serait affectée exactement comme si
elle avait reçu les sons directement à travers la première
paroi métallique".
Plusieurs modifications de lappareil conçu par Reis sont
décrites par Legat, Pisco, Van der wyde et dautres, et
tous saccordent à dire que les diaphragmes des émetteurs
étaient destinés à fonctionner de manière
à couper ou à rompre le circuit électrique à
chaque vibration, lorsquils étaient actionnés par
des ondes sonores, et, tels que construits, fonctionnaient de cette
manière.
Le premier émetteur fabriqué par Reis, dont un modèle
est parmi les pièces exposées dans la vitrine, était
un bloc de bois ayant une perforation conique, avec un diaphragme à
membrane recouvrant la plus petite extrémité.
Une bande de platine était fixée au centre du diaphragme,
sur laquelle reposait une pointe de platine, située sur une fine
bande de métal.
Cette pointe avec la bande de platine sur le diaphragme étaient
les bornes du circuit.
Dans une autre forme, le diaphragme était fixé à
la plus petite extrémité dun cône métallique,
un levier pivotant était maintenu par un ressort léger
en contact avec le centre du diaphragme, et lautre extrémité
du levier était en contact avec un ressort réglable.
Dans ces deux formes, ainsi que dans les autres modifications quil
nest pas nécessaire de décrire, le point de contact
est disposé de telle manière quil ne suit pas la
membrane en retrait en réponse à la vibration de lair,
mais quil se produit un intervalle qui intercepte le mouvement
extérieur suivant du diaphragme.
Pendant une partie dune vibration, les deux électrodes
se rapprochent lune de lautre, se déplacent ensemble,
se séparent, puis se déplacent dans la même direction
mais pas ensemble.
En 1869, M. Van der Wyde a exposé et fait des expériences
publiques avec lappareil Reis dans la ville de New York, et peu
après a publié une description de linstrument quil
utilisait.
Dans sa description, il déclare clairement quil est tout
à fait clair quaucune qualité de son ne peut être
transmise.
« Bien moins encore », dit-il, « peuvent être
transmis des mots articulés, malgré la prédiction
enthousiaste de certaines personnes qui, lorsquelles ont vu cet
appareil en fonctionnement pour la première fois, se sont écriées
que nous parlerions maintenant directement à travers les fils.
Il est de par sa nature capable de transmettre uniquement la hauteur
et le rythme, par conséquent la mélodie, et rien de plus.»
La théorie est maintenant que le l'appareil de Reiss incarne
réellement la méthode de transmission par microphone,
et que son mécanisme fonctionnera pour faire varier la résistance
dans le circuit électrique.
M. Van der Wyde est présenté et témoigne qu'il
considérait, au moment de ces expériences, que l'action
mécanique du réglage était une alternance de création
et de rupture du courant, mais maintenant il a appris à mieux
le comprendre et est convaincu que la vibration du diaphragme supportant
la feuille de platine produit un contact plus ou moins intime entre
cette feuille et la pointe de platine et produit ainsi une variation
de la résistance au courant de la batterie entraînant une
variation correspondante de la quantité de courant transmis.
L'avocat du défendeur affirme dans son argumentation que l'appareil
Reis n'a besoin que d'une amélioration mécanique, comme
un léger poids sur le dessus de la tige de platine, ou une substitution
de carbone aux électrodes, pour faire de cet appareil un meilleur
téléphone parlant que celui qui peut être fait de
l'appareil Bell, tel que décrit dans son premier brevet.
Le témoignage de M. Yeates peut être cité comme
illustrant la nature des modifications mécaniques qui sont réalisables.
Après avoir décrit certaines améliorations apportées
par lui au récepteur, il dit qu'il a ensuite porté son
attention sur l'émetteur Reis et a découvert « que
le principal défaut de celui-ci était le fait que la petite
broche de contact se déplaçait trop librement de la plaque
de platine sur laquelle elle reposait » ; et le premier plan qui
lui est venu à l'esprit pour obvier à ce défaut
a été de faire plonger la broche dans un fluide conducteur,
et il a fait l'expérience en mouillant simplement la broche avec
sa langue.
Il affirme que cela a grandement amélioré les sons transmis
et que peu de temps après, lors d'une expérience avec
l'instrument, les chansons chantées dans l'émetteur ont
été distinctement entendues et certains mots ont été
clairement reconnus par le récepteur dans une autre partie du
bâtiment.
Les modifications qu'il a apportées entre ses premières
et dernières expériences ne sont pas décrites.
Comme les expériences de M. Yeates ont été faites
en Angleterre, la preuve n'est importante que pour montrer la capacité
de l'appareil Reis, avec des modifications mécaniques, à
anticiper l'invention du téléphone parlant.
Après que Bell a montré la voie, il peut maintenant sembler
simple d'introduire sa méthode dans l'appareil Reis.
Certains experts se sont sans doute convaincus que ces modifications
de l'appareil Reis n'entraînent aucune différence dans
le principe de l'appareil. Il est trop tard pour accepter cette théorie,
après tant dannées dexpérimentation
infructueuse avec la méthode de Reis, telle que suggérée
à lorigine par Bourseul, et avec lappareil de Reis
tel que modifié par divers expérimentateurs, jusquà
lépoque de la promulgation de la méthode de Bell.
Il semble impossible déchapper à la conviction que
si le téléphone parlant avait été laissé
là où il a été laissé par Reis et
par ceux qui ont essayé de développer et de perfectionner
sa théorie, il naurait fait que réaliser les spéculations
de Bourseul.
Le témoignage qui a été présenté
par les défendeurs ne sert quà confirmer lopinion
du juge Lowell, selon laquelle « un siècle de Reis naurait
jamais produit un téléphone parlant, par une simple amélioration
de la construction.» La réponse allègue linvention
et lutilisation publique du téléphone parlant par
diverses personnes nommées dans la réponse, avant linvention
de Bell.
Largument de lavocat a été adressé
à la question de la priorité entre Bell et un certain
Holcomb, et entre Bell et un certain Beardslee, qui nest pas nommé
dans la réponse comme inventeur antérieur.
Holcomb affirme avoir réalisé son invention en 1860.
"Sa théorie est que, durant l'hiver 1859-60, il a inventé
un électro-aimant polarisé, extrêmement sensible,
capable de recevoir la parole articulée, et qu'il a breveté
en mai 1860 ; qu'à peu près au moment où il a obtenu
ce brevet, il a eu l'idée de convertir la force de la voix humaine
en électricité ; qu'au début de l'automne 1860,
il a construit un téléphone composé d'un de ses
aimants polarisés, d'un diaphragme en bois monté sur une
boîte ou un embout, et d'une armature en fer doux en forme de
U fixée au diaphragme, s'étendant vers et à proximité
des extrémités de l'extension polaire de l'aimant, mais
sans les toucher, le boîtier du diaphragme et l'aimant étant
fixés et maintenus dans leurs positions relatives par une base
commune aux deux.
Il déclare que peu de temps après avoir terminé
cet instrument, il en a fait un double et a connecté les hélices
des deux aimants dans un circuit électrique complet ou fermé
; que, tout en écoutant l'un il a pu être entendru et reconnu
des mots articulés prononcés dans l'embouchure de l'autre
instrument par d'autres personnes, et il a utilisé ces instruments
à plusieurs reprises et les a montrés à plusieurs
personnes.
Il déclare que son téléphone comportait alors toutes
les caractéristiques essentielles du téléphone
actuel.
Il n'a déposé une demande de brevet qu'en janvier 1878.
Les instruments qu'il dit avoir construits ne sont pas produits, mais
toutes les pièces sont perdues à l'exception d'un aimant
permanent en acier, d'une caisse de résonance, d'un archet en
acier avec une fixation en laiton, d'une pince en laiton et de quelques
morceaux cassés du diaphragme.
Aucun témoin n'est cité pour corroborer les dires de Holcomb,
qui a entendu l'instrument utilisé, à l'exception de la
femme de Holcomb, ou qui était présent lors de leur utilisation.
On produit cependant plusieurs témoins, des hommes intelligents,
qui s'intéressaient au mécanisme électrique de
Holcomb et étaient plus ou moins au courant de ce qu'il avait
accompli, mais aucun d'entre eux ne semblait savoir qu'il avait prétendu
avoir réussi à transmettre la parole grâce à
l'appareil qu'il avait fabriqué.
En juin 1861, il obtint un brevet pour d'autres mécanismes électriques.
De 1862 ou 1863 à 1875, il ne semble pas avoir fait le moindre
effort pour perfectionner son mécanisme téléphonique,
et ce n'est que lorsque l'invention de Bell eut suscité l'intérêt
du grand public qu'il reprit ses efforts pour la perfectionner.
Pendant cette période, il était si indifférent
à l'importance de ce qu'il avait accompli qu'il laissa les instruments
qu'il avait fabriqués disparaître.
Il n'était pas dans une situation indigente, et il semble qu'il
ait acheté une ferme dans le Maryland en 1862.
Il était tout à fait capable d'apprécier le grand
mérite et la valeur de son invention, s'il avait réellement
réussi à transmettre la parole avec son mécanisme.
Il n'explique pas pourquoi, pendant une période de quinze ans,
il a laissé son invention en sommeil.
La présomption de priorité et de validité découlant
de l'octroi de lettres patentes ne peut être renversée
par un cas comme celui-ci ; elle suggère trop d'improbabilités
pour mériter une considération sérieuse.
En août 1878, les plaignants actuels intentèrent un procès
contre la Western Union Telegraph Company, pour violation du brevet
en cause.
M. Pope était alors l'électricien de cette société
et savait que Holcomb avait déposé une demande de brevet.
La société a fait valoir la priorité de Holcomb,
entre autres moyens de défense, dans ce procès.
M. Pope a enquêté sur les prétentions de Holcomb
et a eu un entretien avec lui au sujet de la défense du procès.
Il a interrogé Holcomb pour savoir s'il pouvait produire des
témoins pour étayer sa déclaration selon laquelle
il avait transmis une parole articulée au moyen de son appareil.
Holcomb n'a pu lui dire qu'il n'y avait aucun témoin vivant.
A la suite de cet entretien, M. Pope a conclu qu'il n'était pas
souhaitable que la Western Union Telegraph Company achète les
droits de Holcomb, et Holcomb n'a pas été appelé
comme témoin pour étayer la défense.
L'impression produite sur M. Pope était telle que tout homme
sensé en tirerait une enquête sur les faits et les circonstances.
Afin de corroborer Holcomb, la défense a produit M. Beardslee
comme témoin. Il a témoigné que le Dr Bradley,
une de ses connaissances, avait amené Holcomb pour lui rendre
visite et il lui avait décrit un instrument que Holcomb lui avait
montré à cette occasion, qui, selon lui, se situe vers
1861 ou 1862. Il a témoigné que Holcomb prétendait
que, grâce à l'utilisation de tels instruments, il pouvait
communiquer des sons et des mots à distance, grâce à
un courant électrique.
Lors du contre-interrogatoire de ce témoin, il a témoigné
qu'il avait lui-même fait, immédiatement après cet
entretien, plusieurs organisations, pour vérifier pour sa propre
satisfaction l'exactitude des affirmations de Holcomb, au sujet de son
instrument.
Il a déclaré que les instruments ainsi fabriqués
démontraient que la voix humaine pouvait être transmise
par les moyens indiqués par Holcomb, mais il n'a rien vu qui
indique qu'ils fonctionneraient à de grandes distances, et il
ne s'est jamais intéressé à eux plus longtemps,
mais les considérait comme un simple jouet.
Sur la base de ce témoignage, il est soutenu, pour les défendeurs,
que les instruments Beardslee contredisent la nouveauté du brevet.
Il suffit, sans autre remarque, de dire de cette défense que
les instruments ne sont pas fabriqués et n'ont jamais été
utilisés publiquement, et que le témoin, qui est un ingénieur
mécanicien pleinement qualifié pour apprécier leurs
mérites, ne les a jamais considérés comme ayant
une quelconque valeur pratique.
Les questions concernant la nouveauté et les violations par les
défendeurs des différentes revendications du deuxième
brevet en litige n'ont pas été discutées par l'avocat.
La cinquième revendication de ce brevet est « la formation,
dans un téléphone électrique, tel que montré
et décrit ici, d'un aimant avec une bobine sur l'extrémité
ou les extrémités de l'aimant les plus proches de la plaque.»
. La nouveauté de l'aimant décrit dans la description
est contestée par l'expert des défendeurs, M. Young, et
il s'appuie sur une référence à l'aimant dans le
télégraphe d'impression de Hughes, tel que décrit
dans l'ouvrage de Schellen. Cette référence décrit
apparemment l'aimant du brevet.
La revendication ne concerne pas la combinaison dont l'aimant est un
constituant ; et, en l'absence de toute explication de la part des plaignants
concernant la description de Schellen, la nouveauté de la revendication
semble être niée.
La violation de toutes les revendications de ce brevet est établie
par le témoignage de M. Cross.
Il devrait y avoir un jugement en faveur des plaignants sur la cinquième
revendication du premier brevet et sur les sixième, septième
et huitième revendications du deuxième brevet.
Ce volume de American Law a été transcrit pour une
utilisation sur Internet grâce à une contribution de Google.