Clément Ader
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Clément Ader, né
le 2 avril 1841 à Muret et mort le 3 mai 1925 à Toulouse,
est un ingénieur français, pionnier de l'aviation.
Il est le premier à avoir fait décoller un engin motorisé
plus lourd que l'air en 1890.
Clément Agnès Ader,
naît le 2 avril 1841 à Muret, de François
Ader (30 janvier 1812 - 14 janvier 1889) et de sa deuxième
femme, Antoinette Forthané (8 mars 1816 - 6 novembre
1865).
Les Ader sont tournés vers la menuiserie depuis plusieurs
générations.
L'arrière-grand-père de Clément était
menuisier et architecte. Il s'illustra dans la réfection
de l'église d'Ox, à quelques kilomètres de
Muret.
Son grand-père maternel, qui servit dans les armées
de Napoléon Ier, vivait avec sa femme dans un moulin dont
le mécanisme enchanta longtemps le petit Clément.
Il venait souvent le regarder, tout en écoutant les récits
de campagne de son aïeul.
Ce sont sûrement ces histoires qui insufflèrent au
jeune enfant le patriotisme qui ne le quitta jamais durant toute
sa vie.
Ader père espérait
beaucoup que Clément lui succédât à la
tête de la menuiserie familiale.
Mais il souhaitait avant tout le bonheur de son fils unique. Aussi,
lorsque l'instituteur de Muret vint lui conseiller d'envoyer Clément
à Toulouse pour suivre des études secondaires, il
se résigna.
Son fils partit en octobre 1853, à l'âge de 12 ans,
comme pensionnaire de l'institution Assiot.
Il obtient son baccalauréat à 15 ans. Il est considéré
par ses professeurs comme « un élève très
sérieux, particulièrement doué en mathématiques
et en dessin ».
En 1857 s'ouvre une nouvelle section dans l'établissement
: une école industrielle amenant un diplôme d'ingénieur
équivalent aux Arts et Métiers.
Ader fait partie de la première promotion, d'où il
sort diplômé en 1861.
On pense qu'il prépara les concours d'entrée aux Grandes
Écoles, mais soit il ne se présenta pas aux concours,
soit il échoua. Ses études terminées, il se
mit en quête d'une situation stable.
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sommaire
Dans ce site nous nous intéressons au
téléphone mais nous ne pouvons pas parler de Clément
Ader sans évoquer Ader l'inventeur, de l'importance qu'il a eut
à son époque, principalement pour l'aviation.
A 21 ans, Ader travailla
pour la "Compagnie des chemins de fer du Midi" de 1862 à
1866, il débute comme conducteur des Ponts et Chaussées
et travaille sur la ligne de chemin de fer de Toulouse à Bayonne.
Là, son génie inventif se manifeste pour la première
fois en créant, en 1866, une machine pour le relevage des
rails.
Le Vélocipède
Venu à Paris pour l'Exposition
de 1867, Ader découvre les vélocipèdes Michaux
(1861) et imagine de remplacer le bandage en fer par par des anneaux
de caoutchouc, soit le premier pneu plein (brevet du 24 novembre
1868).
En 1868, il se lance dans la fabrication de vélocipèdes,
dénommés « véloces caoutchouc ».

Autre innovation, il utilise un cadre tubulaire de section carrée,
réalisé en tôle au lieu de barre de fonte, ce
qui amène une légèreté encore inconnue
... Il remportera même des courses départementales
dans le but de démontrer la supériorité de
son "véloce-caoutchouc" dont la commercialisation
est malheureusement stoppée en 1870 par le déclenchement
de la guerre franco-prussienne.
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vélocipède Michaux |
Le « rail sans fin »
En 1868
il invente un curieux engin : le rail sans fin; cest un petit train
composé de trois voitures dont les éléments de voie,
au fur et à mesure que le train avance, se posent devant lui et
se relèvent derrière. Cest un peu lancêtre
de lautochenille et du tank. Il offre son invention au ministère
de la Guerre qui lui répond quil ny voit « aucune
utilité pour le service militaire ».
La « pose-rails »
Il commence par travailler à la Compagnie des chemins de fer du
Midi.
En 1875, il imagine une machine à poser les rails, elle est
utilisée pendant des dizaines d'années.
L'Automobile
Ayant abandonné définitivement l'aéronautique, il
se lance dans le développement de ses propres automobiles, qui
remportent quelques prix sportifs.
La Société industrielle des téléphones-voitures
automobiles système Ader produisit de 1900 à 1907 des automobiles
de 8 à 25 chevaux dont les moteurs bicylindres et quatre cylindres
étaient disposés en V, spécialité de la maison
Ader.
L'usine se situait au 98, rue de Cormeilles à Levallois-Perret
et le magasin d'exposition se trouvait, lui, au 83 de la prestigieuse
avenue parisienne de la Grande-Armée.
Embarcation glissant sur l'eau.
Il teste à partir de 1867 et obtient en 1901 le brevet d'une embarcation
munie d'ailes rasant la surface de l'eau (précurseur des engins
à effet de sol comme le navion). En 1904, il modifie son invention
en rajoutant une injection d'air sous pression sous les ailes, concevant
ainsi un des toutes premières sinon la première configuration
d'un engin à effet de sol à portance augmentée23
dénommé « canot à patins pneumatiques »,
et décrit par lui-même comme un « bateau glissant sur
l'eau ».
sommaire
Le Téléphone
Si la postérité a fait de Clément
Ader lun des pères de laviation, cest aux dépens
de ses autres travaux, puisque lon oublie généralement
quil fut lun acteurs majeurs dans lessor de la téléphonie
en France.
Il donne sa démission des Ponts et Chaussées en 1876 et
monte à Paris pour tenter sa chance. Dès son arrivée
dans la capitale, il sintéresse tout de suite à lélectricité.
Travaillant dans l'administration, Ader
est fonctionnaire. Pour réaliser ses ambitions, il lui faut investir
de l'argent dans ses inventions. Son salaire ne suffisant pas, il lui
faut trouver un autre moyen de financer ses travaux. Plusieurs solutions
s'offrent à lui, créer une entreprise comme il avait déjà
tenté de le faire avec le vélocipède ou rechercher
un mécène.
Le manque d'argent le décide à quitter l'administration
et à s'installer à son compte :
"Le besoin d'en gagner me décida à quitter les ponts
et chaussées, et les chemins de fer, où l'endormante et
décourageante hiérarchie n'aurait jamais pu me fournir les
ressources nécessaires à la réalisation de ma machineà
voler".
C'est à Paris, à partir de 1874, qu'il décide de
travailler et de vivre Il souhaite gagner suffisamment d'argent pour pouvoir
se consacrer, ultérieurement, à sa passion : l'aviation.
L'argent qu'il compte gagner et économiser doit constituer, selon
son expression, des nourrices permettant de financer ses projets. Au nombre
de ces nourrices figure la téléphonie.
À Paris, Ader commercialise
le système de Graham Bell et celui du combiné inventé
par Cyrille Duquet.
Bell
Américain
Duquet Canadien 
Il a innové et construisit ses premiers
appareils dans les ateliers Bréguet,
Il commence à réaliser quelques expériences amusantes
avec un simple clou en fer puis un bouton de porte en laiton .
1878 : le téléphoneà vibrations moléculaires
sans diaphragme et sans aimant
  
La présence d'un noyau aimanté dans le téléphone
récepteur n'est pas indispensable, et nous avons vu que l'électrophone
de M. Ader emploie de petits électro-aimants microscopiques en
fer doux. En faisant des expériences sur ces appareils, M. Ader
a été conduit à construire un récepteur
composé d'une simple tige de fer de un millimètre de diamètre,
enroulée d'une bobine de fil fin, et il a pu transmettre la parole
dans ces conditions avec une très grande netteté. Le petit
fil de fer était piqué sur une planche, et il constata qu'en
appliquant contre le second bout libre de cette petite tige de fer une
masse pesante, l'intensité des sons était plus que doublée.
Il construisit alors le simple téléphone récepteur
représenté figure 101, formé d'un loquet de porte
B, une tige de fer doux d'un millimètre de diamètre CC,
planté dans une planchette carrée de sapin de 5 centimètres
de côté et une petite bobine A roulée sur un tuyau
de plume d'oie.
Le transmetteur employé par M. Ader était celui de son électrophone
, mais tous les transmetteurs à charbon peuvent faire parler le
téléphone ainsi constitué. On peut, avec ce petit
instrument, faire une expérience de spiritisme assez amusante en
fichant le fil de fer CC sur une table par dessous, en dissimulant habilement
les conducteurs et en faisant parler dans le transmetteur un compère
placé dans une pièce un peu éloignée. Si l'expérience
est faite dans le silence, à une heure avancée de la nuit,
par exemple, toute la table parle, on peut l'entendre en se plaçant
assez près tout autour, et cette expérience produit l'effet
le plus singulier sur les personnes crédules ou impressionnables.
M. Ader en continuant ses expériences
a construit un second téléphone encore plus simple fig.
102;
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il est formé
d'une planchette AB et d'une bobine C sur laquelle est roulé
un fil fin avec des spires très peu serrées collée
sur la planchette.
L'appareil parle dans ces conditions sous l'action d'un transmetteur
à charbon et de trois piles Leclanché.
Si les spires sont trop serrées ou noyées dans la gomme
laque, le téléphone ne parle plus, mais en introduisant
dans la bobine un clou D, un petit fil de fer ou une aiguille aimantée
venant appuyer contre la planchette, aussitôt on perçoit
très distinctement la parole.
en retirant le clou, le téléphone redevient muet.
Les sons sont faibles mais très distincts.
Ader est le premier à reproduire la parole avec des moyens
aussi simples. |
Par la suite, Ader construit un téléphone
sans diaphragme, sans aimant et sans bobine.
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Le téléphone
récepteur suivant est encore plus simple. Il se compose d'une
tige de fer doux A (fig. 103) et d'une planchette de bois B. En appliquant
la planchette B contre l'oreille et une masse métallique pesante
à l'autre extrémité du fil A,
M. Ader a pu reproduire la parole en employant un transmetteur à
charbon.
De la Rive, en 1846, avait constaté les sons produits dans
des conditions analogues avec des courants interrompus mais M. Ader
est le premier qui ait reproduit les sons articulés par des
moyens aussi simples.
Il faut ajouter cependant que ces sons sont très faibles, mais
ils sont néanmoins très distincts et nous devons remercier
ici M. le comte du Moncel qui a bien voulu nous répéter
toutes les expériences que nous venons de signaler, et dont
nous garantissons la parfaite exactitude.
Ce système pourtant ultra simple restera dans le domaine des
expériences. |
Ader déposa un brevet le 27 février
1879 sous le n° 129 320
Récepteur téléphonique
à vibration moléculaire électro-magnétique,
vue dans le Scientific American Supplément 178
Récepteur téléphonique à vibrations moléculaires
électromagnétiques de Ader :
Modèle déposé au Musée de Muret
Modèle construit par De Combettes, installé dans l'hotel de
la Société est aussi présenté à la scéance
du 4 avril 1879 de la société des ingnieurs civils par M.
Fichet.
Depuis les expériences de M. Ader,
M. Boudet de Paris a construit un téléphone récepteur
analogue dans lequel la planchette de bois est remplacée par un
diaphragme d'acier. Cet appareil reproduit la parole avec le parleur microphonique
du même auteur en employant un seul élément Leclanché.
La téléphonie domestique
Parmi les types d'installations téléphoniques réalisées
par Ader, il faut noter la téléphonie domestique, destinée
à fonctionner dans les maisons, les hôtels ou les administrations.
Elle consiste en la transformation des sonnettes électriques d'une
maison en un petit réseau téléphonique local Ader décrit
le fonctionnement de son installation et apporte des précisions intéressantes
qui permettent de comprendre les rapports maîtres - serviteurs de
son époque :
Pour se servir de l'appareil : le Maître depuis son appartement sonne
une fois s'il veut la présence d'un domestique ; si c'est pour lui
parler il sonne deux fois ; dans ce cas le domestique prend le téléphone
au tableau et écoute les ordres qui lui sont donnés. Les allées
et venues des domestiques sont diminuées et les Maître ssont
bien plutôt servis.
Quand le Maître désire être appelé, le domestique
appuye sur le bouton correspondant et sur le bouton d'appel ; il seproduit
alors dans le téléphone de l'appartement des toc-toc semblables
à ceux que l'on fait en frappant contre une porte. Cela est bien
moins incommodant qu'unesonnerie, insupportable d'ailleurs dans un appartement.
Donc,pour les appels : bruyants pour les domestiques et discrets pour les
Maîtres.
Le système est disposé de telle sorte que depuis tous les
appartements onpeut entretenir une conversation defamille et sans qu'il
soit possible à un domestique de commettre des indiscrétions
au tableau, car en écoutant il couperait les lignes et par suite
la conversation .
sommaire
Le XIX siècle est marqué par le développement des
sciences et des techniques ; outre l'aviation, l'électricité
ou y fait ses débuts, Ader s'intéresse à ses applications
qui le conduisent à la téléphonie.
En effet, dans les notes qu'il avait prises en vue de la publication d'un
ouvrage sur l'origine de la téléphonie il écrit :
" J'étais un ami de Du Moncel ; un jour, c'était
quelques années avant l'exposition de 1878, il memontra un article
d'une revue américaine où on parlait vaguement pour la première
fois du téléphone. En même temps, il mapportait
un de ses livres, Exposé sur lélectricité,
ouvert à la page 110 : transmission électrique de la parole"
Clément Ader se jette alors à corps perdu dans l'industrie
toute nouvelle de l'électricité Il réalise son premier
modèle d'appareil téléphonique.
Cet appareil fonctionne à l'aide d'une pile Leclanché, il
est néanmoins plus sommaire que celui réalisé, auparavant,
par l'Américain Graham Bell.
En effet, ce dernier, pionnier du téléphone, parvient à
correspondre sur une vingtaine de kilomètres alors qu'Ader ne peut
communiquer que d'une pièce à l'autre.
Ader raconte que son père l'a aidé dans la mise au point
de ses expériences de transmetteur-récepteur. Installé
dans une chambre, il lui répétait inlassablement des fables
et des contes que son fils essayait de percevoir à l'autre bout
de l'appareil.
Clément Ader dépose son premier brevet en téléphonie,
le 23 juillet 1878, pour un système de correspondance vocale
électrique dite électrophone. Il le perfectionne par une
combinaison ingénieuse qui consiste à placer le microphone
de Hughes, comme émetteur, dans le combiné du téléphone.
Ce modèle est présenté, en 1879, à la Société
des Ingénieurs Civils :
M. Fichet présente à la Société plusieurs
microphones entre autres ceux de M Trouvé, de M. Ader, et un microphone
à charbon oscillant de M. de Combettes. Il présente également
un autre appareil de M. Ader, appelé l'Electrophone.
En 1878, Ader déposa ainsi ses premiers
brevets relatifs à un système de correspondance vocale dénommé
« Électrophone ».
INPI, brevet n°125782 du 23 juillet 1878. L'Electrophone
est principalement destiné à correspondre à de grandes
distances.
16 août 1878 premier certificat
d'addition
15 Octobre 1878 certificat d'addition sans changement sur le principe
mais plus économique à poduire.
 
brevet 125 782 |
L'électrophone à
main : ou Système de correspondance vocale,
Cet appareil se distingue des autres téléphones à
pile par quelques dispositions nouvelles et intéressantes.
Le transmetteur est constitué par une sorte de porte-crayon
mobile en bois terminé par une soucoupe devant laquelle on
parle. L'extrémité de ce porte-crayon se termine par
un petit cylindre de charbon arrondi à son extrémité
et qui appuie sur un second morceau de charbon fixe de plus grande
section. Le courant traverse le charbon fixe, le petit crayon mobile
et sort par un fil très fin et très élastique
pour rejoindre la ligne.
En maintenant l'appareil vertical, on rompt le circuit; en l'agitant,
on produit des chocs qui se traduisent sur le récepteur par
des bruits intenses pouvant être entendus à une assez
grande distance; en tenant l'appareil un peu incliné, il y
a un léger contact entre les deux charbons et la transmission
téléphonique directe, sans bobine d'induction, s'effectue
très nettement et avec une grande puissance. |
28 octobre 1878 "Récepteur
électrophone parlant à haute voix" Brevet
N°127 180.
Le récepteur est un tambour de 15 à 18 centimètres
de diamètre, tendu d'une feuille de parchemin, sur lequel sont
fixées six petites armatures en fer-blanc très minces et
très étroites disposées sur un cercle de 6 centimètres
de diamètre.
En face de ces armatures sont placés six petits électro-aimants
microscopiques, chacun d'eux pouvant être réglé séparément
à l'aide d'une vis.
C'est M. Marcel Deprez qui a employé, le premier, ces petits électro-aimants
dans ses enregistreurs pour éviter l'inertie magnétique
des électro-aimants plus gros, inertie qui produit un retard dans
l'aimantation et par suite dans l'inscription des phénomènes.
Les six petits électro-aimants sont tous disposés en tension
et agissent simultanément sur leurs armatures dans le même
sens avec une très grande rapidité. Avec ce récepteur,
la parole peut être entendue à 5 ou 6 mètres de distance
en employant le transmetteur que nous avons décrit, mais le réglage
en est fort difficile, car la membrane est trop sensible à la chaleur
et à l'humidité.

Nous gardons le souvenir d'une conférence dans laquelle l'appareil,
parfaitement réglé quelques heures auparavant, a complètement
refusé de se faire entendre devant un public aussi attentif que
bienveillant, comme doit le faire tout instrument bien élevé
dans une expérience publique.
Aujourd'hui (1881) M. Ader emploie de préférence son téléphone
à surexcitation magnétique (p. 247) comme récepteur,
les résultats sont presque aussi puissants et beaucoup plus sûrs
qu'avec l'électrophone.
Pour communiquer à plus grande distance, Ader construit des modèles
à 6, 8 ... 12 électroaimants plus petits.
Le 18 novembre 1878, Le comte Du Moncel présente à
l'académis des sciences un électrophone à 6 éléctroaimants.
En décembre l'électrophone
est présenté au public au musée polyphonique de Paris.
Après ces expériences, Ader conviendra que le système
récepteur de Bell avec le microphone à charbon de Hughes
est bien la meilleure solution.
Plus tard, Ader construit le microphone composé de 10 bâtons
en charbon montés sur 3 traverses.
Il est très simple à fabriquer et pas onéreux, facile
à installer, ne necessite aucun réglage : il est donc très
avantageux.
Brevet US274246A approuvé
le 20 Mars 1883
sommaire
Ala fin des années 1870, le téléphone n'est pas répandu
car les réseaux téléphoniques ne peuvent couvrir
que quelques dizaines de kilomètres, il n'y a pas de réseau
interurbain et peu d'abonnés.
Clément Ader essaye de persuader les personnalités d'acquérir
ce nouveau mode de communication. Il raconte, dans Installation du téléphone
chez M. Grévy, par quel subterfuge l'appareil a été
installé dans les appartements privés du président
de la République :
La téléphonie était peu connue à cette époque.
Le Président ne témoignait aucun désir de l'avoir
dans ses appartements particuliers et cependant, il fallait dans ses hautes
fonctions qu'il en eût un, à portée de sa main, sur
sa table de travail.

Un jour, à l'insu du Président et de son Ministre, nous
trouvâmes la petite conspiration que voici : d'accord avec Mr Caël
et le Régisseur de l'Elysée, nous organisâmes une
ligne téléphonique depuis le Ministère des Télégraphes
jusqu'à l'Elysée et aboutissant à un téléphoneplacé
sur la table de MrGrévy. Lorsque le Président entra dans
son cabinet, l'appareil attira de suite son attention. Le Régisseur,
prétextant une raison de service, s'y trouvait déjà.
Le Président lui demanda :
- Que signifie cet objet, d'où vient-il ?
- C'est Mr Cochery qui a donné l'ordre de le placer là.
- Oh, de sa part, ce doit être un instrument utile. Puis le Régisseur
lui présenta le téléphone. Pendant ce temps Mr Caël
assurait la communication avec le Ministre.
- Mais c'est la voix de Cochery que j'entends, s'écria le Président.
Merci cher Ami de m'avoir réservé cette surprise. Je ne
m'attendais pas à tant de satisfaction. Merci encore et Mr Cochery,
déconcerté par ces remerciements inattendus, ne trouva à
répondre que des Ah ! Bien ! Très heureux Mr le Président
de vous être agréable !
Dès lors, Mr Grévy devint le meilleur ami des téléphones
30 et, selon Georges de Manthé, un grand ami d'Ader avec lequel
il dispute des parties de billard.
L'intérêt pour le téléphone se développe
en même temps que se perfectionnent les techniques. En 1881, Paris
possède 7 bureaux centraux et plus de 300 abonnés, 7 villes
de province ont également leur réseau .
Ses travaux sur le téléphone, notamment l'utilisation d'un
microphone comme émetteur, permettent à Clément Ader
d'obtenir un prix :
Cette combinaison ingénieuse donne au récepteur Ader une
grande sensibilité. Elle a contribué avec les autres travaux
remarquables du même inventeur à lui mériter le prix
de physique de 3 000 francs, qui lui a été récemment
décernépar l'Académie des Sciences .
sommaire
Ader, l'inventeur
Clément Ader peut sembler nêtre
quun bricoleur de talent, sans réelles préoccupations
scientifiques.
En réalité, il sintéresse de près
aux récentes avancées et communications de lAcadémie
et des revues spécialisées quil lit afin de
se tenir informé : ses inventions sont pour la plupart directement
liées aux derniers progrès savants et industriels.
Mais au-delà de ces préoccupations concrètes,
il ambitionne lui aussi de participer à lavancée
de la science, même lorsquelle nest pas en lien
direct avec ses activités techniques.
Ainsi, ses carnets (Carnets intitulés « Recherches
» : Fonds Ader, doc. 2349) portent la trace de questionnements
liés au rayonnement solaire, à lélectricité
spatiale, à l« obscure action du magnétisme
sur la gélatine », à linduction magnétique
terrestre, et même à léther, dont la preuve
de lexistence est alors au cur du débat scientifique
international, puisque les expériences dAbraham Michelson
et Edward Morley interrogeant la réalité de la notion
(jusquà ce quAlbert Einstein, expert au bureau
des Brevets à Berne, publie en 1905 un article remettant
en cause lidée déther et de temps absolu).
Dans les années 1880, Ader ne possède pas de formation
scientifique suffisante pour résoudre définitivement
la question, bien quil sy essaie, comme en témoignent
plusieurs pages de calculs et croquis dans ses carnets.
La communauté savante lui reconnaît certains mérites
: deux de ses mémoires sont présentés et lus
à lAcadémie des sciences
Ader a ainsi conservé plusieurs cartes de visite obtenues
auprès de scientifiques plus ou moins influents (comme Jules
Janssen, académicien et directeur de lObservatoire
de Paris, ou Gabriel Lippmann, maître de conférences
à la Faculté des sciences), griffonnées de
quelques notes de circonstances sur lintérêt
de leur rencontre. On perçoit ainsi le travail quAder
réalisait pour constituer et entretenir ses contacts jusque
dans les enceintes de lAcadémie.
Désormais inventeur-entrepreneur à plein temps, Ader
organise son travail autour de sa demeure parisienne, rue de lAssomption,
qui lui sert datelier pour la plupart de ses projets.
Ses correspondants sadressent à lui en tant quingénieur,
comme le montrent ses échanges épistolaires avec clients
et fournisseurs auprès desquels il possède
une réputation, puisque certains dentre eux connaissent
la nature particulière et parfois hors du commun de ses exigences,
et linvitent à ajouter des plans précis à
plusieurs de ses commandes.
Ader possède ainsi tout un réseau de relations professionnelles
dans le milieu des artisans et constructeurs dinstruments.
Par ailleurs, il salarie un petit groupe douvriers, relativement
fidèle à son service sur le long terme, pour réaliser
certains projets.
Enfin, il travaille avec le cabinet dagents de brevets Armengaud
jeune, après avoir quitté son ancien agent Émile
Barrault le centralien, visiblement chagriné par la
rupture de leur collaboration une fois la réputation dAder
établie et ses affaires florissantes, lappelle «
mon cher ami » et tente visiblement de le circonvenir par
ses flagorneries (Lettre dÉmile Barrault à Clément
Ader, 31 décembre 1881) .
Le statut et lactivité dAder témoignent
donc dun milieu dinventeurs-entrepreneurs suffisamment
vivace pour faire vivre plusieurs agents de brevets sur la place
de Paris, et illustrent bien ce moment précis (avant que
la grande entreprise nabsorbe ces vocations au siècle
suivant) où les avancées conjointes de lindustrie
et des savoirs scientifiques rendent possible lexistence dune
profession libérale (parfois abusivement qualifiée
dingénieur-conseil) qui produit de linvention
en continu en vue de bénéfices le plus souvent industriels,
mais parfois aussi militaires ou administratifs.
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Parmi les inventeurs qui se sont le plus occupés de téléphonie,
nous devons citer M. Ader, dont les appareils sont aujourd'hui adoptés
par la Société des Téléphones de Paris. C'est
une chose curieuse, quand on va visiter ses ateliers, de voir le nombre
énorme de modèles successivement combinés par lui
et qui se sont trouvés abandonnés, soit pour ne pas changer
sans notables avantages la fabrication des appareils courants, soit par
suite de résultats capricieux ou incomplets.
Toutefois, parmi tous ces modèles, nous en avons trouvé
quelques-uns qui présentent un réel intérêt
et que nous croyons devoir faire connaître.
L'un de ces modèles, que nous représentons. est surtout
curieux par l'application à la téléphonie d'un principe
physique nouveau que j'ai développé dans ma notice sur l'appareil
d'induction électrique de Ruhmkorff.
Autre disposition

Ce principe es celui-ci. Si un courant induit est transmis un condensateur,
il se produit au moment de la condensation un flux électrique de
charge qui change d: sens au moment de la décharge, parre que celle-ci
s'effectue, pendant les interrupticns du courant, au sein de la bobine
induite. Si le condensateur est disposé de manière que le
courant de charge ait une direction sur l'une, des lames et n'en ait pas
sur l'autre, parce que la charge se fera dans un cas au centre de l'armature
et que dans le second cas elle traversera dans sa longueur l'autre armature,
on petit comprendre qu'en disposant cette dernière de manière
il pouvoir vibrer comme dans le condensateur de Dolbear, on pourra impressionner
la charge qui la traverse par des actions électro-magnétiques,
et déterminer, par suite, un mouvement de vibration de l'armature
elle-mcme.
Supposons donc que le condensateur en question soit représenté
par un diaphragme de cuivre DD et deux pièces circulaires de fer
A, B, incrustées dans deux disques d'ébonite C, C réunis,
comme on le voit sur la figure, et que ces armatures de fer soient fixées
sur les deux pôles d'un aimant N 0 S. Supposons encore que le diaphragme
DD corresponde à l'un des bouts du fil secondaire de la bobine
d'induction du transmetteur, alors que l'autre bout correspondra à
l'aimant NOS.
Dans ces conditions, il se produira, au moment de la charge, un mouvement
électrique travers le diaphragme, qui changera de sens lors de
l'interruption du courant inducteur, et comme les deux armatures de fer
sont chargées de la même manière, elles n'exerceront
aucune action sur le diaphragme DD; mais il n'en sera pas de même
du courant magnétique de l'aimant qui pourra réagir, par
ses pôles, sur le Ilux de charge du diaphragme, et déterminer
une action mécanique sur celui-ci, comme cela a lieu sur l'auréole
de l'étincelle d'induction quaud on l'excite entre les pôles
d'un aimant. Naturellement, cette action sera d'autant plus forte que
le courant induit sera plus énergique, et changera de sens quand
la décharge s'effectuer à travers la bobine d'induction.
Il en résultera donc qu'en parlant devant un transmetteur microphonique
mis en rapport avec la bobine d'induction et capable de fournir des courants
ondulatoires, on pourra transmettre la parole à travers le système
précédent qui constitue alors un récepteur téléphoniquosans
attractions électro-magnétiques. Cet appareil a donné
d'assez bons résultats comme netteté de sons, mais l'intensité
de ces sons n'élait pas aussi grande que celle des téléphones
ordinaires, et c'est ce qui a fait négliger cette disposition.
Pour obtenir les meilleurs résultats, il fallait que les rondelles
destinées à écarter le diaphragme DD des armatures
de fer A, B fusseut très minces, afin que
l'intervalle laissé libre entre les armatures du condensateur fut
très étroit. Le courant de charge était d'ailleurs
communiqué au diaphragmepar une bague de cuivre incrustée
dans l'un des cylindres d'ébonite.
Une autre disposition, que nous représentons, était destinée
à transmettre la parole extrêmement haut, plus haul même
que la voix humaine. On y est arrivé jusqu'à un certain
point sous le rapport de l'intensité des sons; mais l'articulation
des mots était peu satisfaisante et inférieure mêmes
à ce que l'on obtient avec le phonographe. Toutefois. Ader croit
que si le besoin de ce genre de téléphonie se faisait sentir,
il serait possible, avec quelques perfectionnements,d'arriver de cette
manière il une bonne reproduction de la parole. Mails comme ce
système nécessiterait encore l'emploi de moyens très
coùteux, nous doutons fort qu'il devienne très pratique.
Nous
représentons une autre disposition de transmetteur microphonique
de M. Ader assez originale, fondée cette fois sur une véritable
variation de résistance du circuit téléphonique.
Elle est du reste de la plus grande simplicité, comme on va pouvoir
en juger. Sur une planche verticale est fixée une bague constituée
par une lame très longue et très mince de cuivre enroulée
en spirale. et dont chacune des spires est isolée de sa voisine,
qui lui est superposée, par des bandes de papier très minces.
La partie antérieure de cette bague, qui est reliée au circuit
téléphonique, est légèrement bombée,
comme on le voit en GF, et présente à sa partie supérieure
une rainure complètement dénudée où les différentes
lames de la spirale se présentent comme les contacts successifs
d'un interrupteur multiple. En ce point de I;i spirale, appuie l'extrémité
d'un fil de platine faisant partie du circuit téléphonique,
qui est recourbé en CA, comme ou le voit sur la fignre, et qui
est fixé sur une pièce métallique B.
Ce fil est relié transversalement par un autre fil E à un
diaphragme DD devant lequel on parle. En temps ordinaire, le bout du fil
recourbé AC appuie contre le milieu de la bague GF; mais aussitôt
qu'une vibration se produit, cette partie recourbée roulc sur la
bague, d'abord en dessus, puis ensuite en dessous, faisant varier la résistance
du circuit complété par la lame de la bague d'autant de
fois la circonférence de celle-ci, que les points de
tangence extrêmes du fil recourbé comprennent entre eux d'épaisseurs
a,a,a,a,a, etc., de la lame enroulée ou de spires. Comme ce nombre
est en rapport avec l'amplitude des vibrations, on peut obtenir de cette
manière des courants ondulatoires très accentués
qui amplifient beaucoup les sons émis. Ce système cependant
ne présentait pas toule la pureté désirable dans
la reproduction de la parole.
M. Ader a cherclré aussi à établir des transmetteurs
téléphoniques basés sur les effets de friction. Dans
un premier modèle qu'il avait combiné il y a deux ans et
demi, il obtenait ce résultat d'une manière un peu analogue
à celle mise à contribution par M. Dolbear un bout de chaine
de Galle très petite et fixée par l'une de ses extrémités
à un diaphragme téléphonique, venait s'enrouler sur
la partie circulaire d'un noyau de fer horizontal polarisé par
un aimant et muni de bobines, que l'on pouvait tourner suivant son axe
et qui était introduit dans un circuit téléphonique
complété par un transmetteuret une pile. En temps normal,
le courant ne passant pas à travers le système, le magnétisme
communiqué au noyau maintenait fortement l'adhérence du
noyau et de la chaine de Galle; mais aussitôtque l'on parlait devant
le transmetteur, les renforcementset les affaiblissements de l'action
magnétique qui résultaient des courants ondulatoires transmis
permettaient à la chaine d'être entrainée par le noyau
ou de glisser sur lui au moment où l'on tournait. Le diaphragme
étant entrainé ou repoussé en même temps, reproduisait
des vibrations en rapport avec le courant ondulatoire, ce qui déterminait
la reproduction de la parole. Suivant l'auteur, ce système aurait
précédé celui de M. Dolbear, mais aucune publication
n'en ayant été faite, on ne peut établir aucune priorité.
Dans le second modèle, un disque de cuivre pivotant horizonlalement
sur son centre frotte sur une série de ressorts mis en rapport
avec le circuit téléphonique, et de petites ailettes adaptées
en dehors du disque sur des tiges disposées suivant lrayon de celui-ci,
tenaient lieu du diaphragme vibrant des appareils ordinaires. En parlant
devant ces ailettes, les vibrations de l'air leur communiquaient une très
légère impulsion qui, en délerminant aux points de
contact du disque avec les ressorts une série de chocs et de frictions,
pouvait fournir des courants ondulatoires en rapport avec l'amplitude
des vibrations. Dans cet appareil les ailettes avaimt la forme de petites
assiettes en bois.
M. Ader a étudié aussi la meilleure forme ;i c'onner aux
bobines d'induction des transmetteurs microphoniques, et il a reconnu
que les bobines constituées par des anneaux à noyau de fils
de fer provoquaient, pour les courants ondulatoires, les mêmes effets
que les bobines droites, mais qu'elles donnaient de beaucoup moins bons
résultats pour les courants interrompus, tels que ceux qui reproduisent
les sons musicaux des condensateurs chantants. Cela se comprend du reste
facilement, si l'on réfléchit qu'un anneau constitue un
système électro-magnétique fermé dans lequel
se produit une condensation magnétique qui rend plus difficiles
et plus lentes les aimantations et désaimantations,et par suite
moins intenses les courants induits produits. Il y a déjà
longtemps M. Ruhmkorff, ayant essayé de construire de cette manière
des bobines d'induction, s'aperçut qu'ellcs ne donnaient plus d'étincelles,
et, pour en obtenir, il lui suffisait de couper l'anneau et de séparer
par un intervalle d'un millimètre les deux parties disjointes.
A celle époque,j'avais expliqué cet effet en montrant que,
dans un système magnétique fermé, les courants induits
que l'on obtenait au moment de la première fermeture du courant
étaient plus intenses que ceux que l'on obtenait aux fermetures
de courant subséquentes, et que, pour retrouver la première
intensité, il fallait disjoindre préalablement le système.
Je montrais en même temps que la tension des courants induits était
beaucoup moindre avec le système fermé qu'avec le système
ouvert, car dans ce dernier cas on obtenait de fortes commotions, alors
que dans le premier on n'en obtenait aucune. Il. Ader prétend toutefoisque
des bobines en forme d'anneau ont l'avantage,avec les courants ondulatoires,
d'éviter les effets de crachement qui se manifestent avec les systémes
ordinaires quand les microphones sont mal construits. Mais la difficulté
de construction de ces sortes de bobines annulc tous les avantages qu'on
pourrait tirer de cette disposition.
M. Ader a d'ailleurs reconnu que les bobines donl le noyan
était polarisé par des aimants ne donnent pas, avec les
courant ondulatoires, de meilleurs effets que les noyaux ordinaires nou
polarisés, du moins quand ils sont composés de fils de fer
assez fins.
Parmi les dispositifs téléphoniques de M. Ader dont nous
n'avons pas encore parlé, nous devrons citer
1° Un transmetteur microphonique composé de 7 barres de charbon
fixées parallèlement les unes à côté
des autres sous une planchette de sapin et dont les angles sorit abattus
du côté de la planche, de manière a former six rigoles
triangulaires dans lesquelles sont placées des boules métalliques
(30 pour chaque rainure).Les barrettes paires et impaires pouvant être
réunies aux pôles de la pile en quantité ou en tension,
on obtient de cette manière des contacts multiples plus ou moins
résistants (suivant les conditions du circuit), qui peuvent reproduire
la parole d'une manière satisfaisante.
2" Un aulre transmetteur a contact unique assez large. entre les
deux charbons duquel on introduit une goutte d'huile.
Bien que ce liquide ne soit pas conducteur, il peut agir en augmentant,
comme liquide, l'adhérence des deux charhons en contact, et empêche
les crachements, tout en développant l'intensité des sons
produits. Il faut alors que les charbons soient très durs et que
leur surface de contact soit polie comme du marbre..
3 ° Un système de transmetteur a double effet constitué
par deux cylindres de charbon placés verticalement à une
certaine distance l'un au-dessus de l'autre et sur lesquels appuient deux
lames de ressort terminées par une petite pointe de plombagine.
Une petite aiguille d'ivoireglissant verticalcmenl dans une rainure, réagit
directement sur ces deux cylindres. mais dans un sens opposé, et
il en résulte que, pour chaquc demi-vibration, il se produit, aux
contacts, d'un côté un accroissement de pressoin et de l'autre
côté un décroissement., effets qui peuvent s'additionner
pour augmenter les différences de résistance du circuit
microphonique et par suite l'intensité des sons. Dans ce système,
il n'y a pas de diaphragme, et les ondes sonores de l'air peuvent agir
directement sur les contacts mais comme la voix s'engouffre dans une espèce
de compartiment en entonnoir, surmontait le support de l'anpareil, il
est probable que ce sont les vibrations communiquées aux parois
de ce compartiment qui transmettent le plus efficacement les vibrations
de la voix au système microphonique.
4° Un transmetteur microphonique du même genre, mais dans lequel
les pièces de charbon, toujours en contact, ne sont impressionnées
par les vibrations sonores que par l'intermédiaire d'une tige d'ivoire
adaptée an, diaphragme d'une embouchure téléphonique,
et qui agit en quelque sorte par percussion; de cette manière il
n'y a jamais disjonction des deux pièces de contact, et par suite
on évite les crachements; c'est un dispositifun peu analogue au
système Blake.
5° Un transmetteur i liquide, constitue par une boite plate d'ébonile,
dont le fond est garni d'une lame de charbon et qui porte comme couvercle,
à 2 ou millimétres au-dessus de celle lame, un diaphragme
de zinc. L'espace compris entre les deux lames est rempli d'eau salée,
et il suffit de réunir la
plaque de zinc et la plaque de charbon au récepteur téléphonique,
pour que la parole soit reproduite sans l'intermédiaire d'aucune
pile. C'est le transmetteur lui-même qui constitue alors la pile,
et c'es tla couche liquide dont la résistance augmente ou diminue
sous l'influence des vibrations de la tante de zinc, qui joue le rôle
du système microphonique.
6° Un lrausmetleur microphonique à contacts multiples composé
de deux prismes declcarbon placés horizontalement l'un au-dessus
de l'autre, et entre lesquels sont introduits, des deux côtés,
par l'une de leurs extrémités, de petits crayons de charbon
très déliés, qui portent a faux dans la rainure ainsi
formée, et qui constituent chacun, de cette manière, deux
contacts dont le degré de pression dépend de la longueur
du crayon en
dehors de la rainure. Avec cette disposition, les contacts se trouvent
être forcément groupés en quantité.
7. Un récepteur téléphonique à fil de fer,
dans lequel il se produit un effet particulier et très curieux.
Cet appareil consiste dans un fil de fer droit de 1 millimètre
environ de diamètre, muni à chacune de ses extrémités
d'une hélice de fil fin, formant une bobine en fuseau. Si on introduit
la partie centrale de cette sorte d'électro-aimant droit dans une
mâchoire, en cuivre, composée d'une lévre concave
devant laquelle se trouve uue pièce droite de butée, et
que le noyau magnétique se trouve, de cette manière, soutenu
sur trois points dans le voisinage de la ligne neutre, on entend, au moment
de la fermeture du courant à travers le circuit téléphonique
correspondant à cet électro-aimant, un son sec qui ne se
renouvelle pas aux fermetures de courant subséquentes,et, pour
le reproduire de nouveau, il faut retirer le fil de fer de la machine
et l'y replacer ensuite. L'explication de cet effet est bien difficile,
et se rattache vraisemblablement aux actions moléculaires que nous
ne connaissons pas assez en ce moment pour en tirer quelque induction
théorique.
Dans les conditions de l'expérience précédente, la
parole ne peut être reproduite; mais si on pique le fil de fer dans
une planche de bois et qu'on écoute derrière cette planclre,
on entend parfaitement la reproduction de la parole, car alors la seconde
bobine joue le rôle de la masse métallique que M. Ader ajoute
au fil de fer dans son téléphone il fil de fer.
8° Une nouvelle disposition de ce téléphone il fil de
fer qui permet de rendre le récepteur pour ainsi dire microscopique;
c'est un fil de fer de 1 millimètre de diamètre qui est
recourbé en fer à cheval de manière à former
des branches de 1 centimètre 1/2 de longueur, et qui est aplati
à son point de courbure pour pouvoir être fixé sur
une planchette au moyen d'une petite vis; chacune de ces branches porte
une bobine de fil très firi; et les deux extrémités
sont recourbées de manière a se présenter l'une devant
l'autre à un millimètre de distance.
Nous allons maintenant décrire une trompette ingénieuse
combinée par M. Herz, mais nous croyons devoir dire dès
à présent qu'elle est fondée sur un tout autre principe
que les trompettes de M. Ader; nous en représentons le dispositif
:

Le récepteur n'est autre qu'un téléphone Gower R
muni de son cornet acoustique T, et le transmetteur E, analogue à
celui du condensateur chantant, porté de part et d'autre du diaphragme
DD un double contact V ,B qui lui permet de charger et de décharger
un condensateur de grande surface C, de tcllc manière que les charges,
après s'être condensées sous l'influence des vibrations
positives, se trouvent neutralisées à travers le téléphone
sous l'influence des vibrations négatives; ce qui détermine
une action électrique très énergique qui est proportionnelle
aux charges et par suite il l'intensité des courants transmis.
Le condensateur dont on se servait était du modèle employé
sur les lignes télégraphiques et avait environ 7 microfarads
de capacité électrostatique. La pile P se composait de 5
éléments Leclanché.
M. Barney nous a aussi envoyé une note dans laquelle il décrit
un microphone d'une disposition particulière qui, selon lui, a
donné de très bons résultats. Vous en donnons un
dessin pour en rendre la compréhension plus facile. Dans ce dessin,
l'appareil est vu en coupe verticale.

Le disque inférieur divisé en deux parties isolées
l'une de l'autre et mises eit rapport avec les deux branches du circuit
est en BB'; chacune de ces parties est percée d'un trou t, t' dans
lequel est introduit un petit crayon de charbon c, c' d'environ 2 millimètres
de diamètre. Le disque supérieur qui est entier se voit
en AA': il est percé de 3 trous plus grands que les trous t et
t' et est superposé sur l'autre à la façon de la
table d'un dolmen.
De gros crayons de charbon C C' de 6 milimètres de diamétre
sont introduits dans les trous correspondant aux trous t, t' et appuient
sur les petits crayons c, c'.de manière à produire, dans
de meilleures conditions, l'effet des cônes renversés dont
M. Barney avait reconnu antérieurement l'efficacité. Ils
sont d'ailleurs très libres dans les trous à travers lesquels
ils passent.
Enfin ce système de contacts est monté sur un support. cylindrique
en liège GG, et peut être recouvert avec un capuchon M également
en liège qui circonscrit le disque de dessous BB. Ce système
a produit, dit-on, de bons effets.
Dernièrement les journaux belges ont annoncé avoc un certain
retentissement que M. Van
Rysselberghe, l'auteur du météorographe, était
parvenu par l'addition de condensateurs aux lignes voisines des lignes
téléphoniques, à annuler complètement les
effets d'induction exercés sur ces dernières lignes. Il
est probable que l'effet produit dans ces conditions, si tant est que
le renseignement soit exact, doit être de détourner l'action
inductrice. Celle-ci trouvant, en effet, dans les condensateurs, une voie
plus facile pour se développer, s'y porte de préférence
et dégage, par cela même, les lignes sur lesquelles pourrait
se porter l'induction des effets contraires qui en sont la conséquence.
Quoi qu'il eu soit, on a pu échanger en Belgique, entre Ostende
et Bruxelles, des communications téléphoniques sur un fil
télégraphique, compris entre 10 autres fils desservant 8
appareils Hughes et
2 Morse en plein travail, sans qu'on put percevoir aucun hruit anormal,
Les sons mêmes pouvaient être entendus à une dizaine
de centimètres de l'oreille. Il parait du reste que le transmetteur
de Van Rysselberghe a reçu une nouvelle disposition qui développe
beaucoup l'intensité des sons reproduits. L'invention est encore
tenue secrète, et c'est le gouvernement belge qui fait lui-méme
les expériences sur les lignes de l'État.
On attend beaucoup de ce nouveau système.
Enfin, pour terminer avec tous ces systèmes téléphoniques,
inédits, nous signalerons une nouvelle disposition combinée
par M. J.. Moser qui permet d'actionner 50 téléphones à
la fois par un même fil, ce qui rend beaucoup plus économiques
les installations pour les auditions théâtrales. Dans ce
système, tous les téléphones sont intercalés
les uns à la suite des autres dans le même circuit; mais
comme ils nécessitent alors des courants
d'une assez grande tension, M. Moser emploie plusieurs transmetteurs et
plusieurs bobines d'induction, en ayant soin de réunir en tension
les fils secondaires de toutes ces bottines; de sorte que les circuits
primaires se trouvent actionnés isolément par des transme'tcurs
séparés, et c'est une même pile de trois éléments
Daniel à large surface qui fournit, par dérivation, le courant
à tous ces transmetteurs. L'auteur prétend que les résultats
de ce système sont extrêmement satisfaisants et qu'il n'est
plus besoin, en l'employant, de piles de rechangepour les auditions théâtrales
en raison de la grande conslance de la pile de Daniel..
Récepteur téléphonique
magnéto-condensateur
Brevet du 02 décembre 1879 US222118
MAGNET-TELEPHONES.
Selon le principe de la charge et décharge d'un condensateur décrit
précédement.
sommaire
Le Théâtrophone
Clément Ader imagine et réalise un réseau original
de téléphones qu'il présente à l'Exposition
Générale d'Electricité de 1881: le Théâtrophone.
Brevet du 13 janvier 1882 US257453
TELEPHONIC TRANSMISSION OF SOUND FROM THEATERS
Plusieurs microphones sont placés sur la scène de l'Opéra
et reliés à des récepteurs situés au Salon
de l'Electricité. Moyennant cinq francs, les visiteurs peuvent
écouter pendant quelques minutes la représentation en cours
à l'Opéra. Cette expérience passionne le public qui
a une impression de perspective auditive donnée par l'utilisation
des deux écouteurs.
La presse se montre élogieuse et publie de nombreux articles. Le
Temps, du 1 août 1981, écrit à propos de cette exposition
: Non moins curieuses seront les salles 7et 8, c'est là qu'on sera
franchement en pleine féerie. Six petits salons soigneusement isolés
des bruits du palais y sont aménagés. Des fils les mettent
en communication avec l'Opéra et la Comédie-Française,
et grâce aux téléphones de Mr Ader, on y pourra entendre
une représentation du Prophète ou du Monde où l'on
s'ennuie aussi bien que si l'on était dans une stalle d'orchestre
du théâtre. Le téléphone ne laisse perdre aucun
bruit ; les applaudissements, lespas des acteurs sur lesplanches, une
chaise qu'on déplace, on entend tout. N'étaient lejeu des
acteurs et l'aspect du décor,plus neserait besoin d'aller au théâtre,
on assisterait à unepremière chez soi.
Le journaliste Gaston Tissandier écrit, avec enthousiasme, dans
la Nature :
M.Ader a bien voulu nous inviteraux expériencespréliminaires
qui ont été exécutées; cela est merveilleux,
cela est magique. Ces résultats à eux seuls assureraient
le succès de l'Exposition d'Electricité.
Puis, dans le numéro du 24 septembre 1881, il rapporte :
On entre dans chacune des salles, vingt par vingt, après avoir
fait la queue, quelquefois pendant un temps considérable. Il n'est
pas rare de voir plusieurs centaines de personnes attendre leur tour devant
les portes.
Les articles de la presse sont favorables au téléphone et
vantent les qualités des appareils Ader. Son oeuvre est unanimement
reconnue, elle lui vaut de nombreuses lettres de remerciements, de demandes
pour obtenir une audition théâtrale ou faire une expérience.
L'ingénieur Berthon écrit à Ader, il lui demande
de faire une démonstration de son appareil dans une soirée
où seront invités égalementdes Ministres, les Préfets
de la Seine et de police MM.Berger, Breguet et toutes les sommités
de la science et de la Presse.
Le théâtrophone est également installé chez
le président de la République pour permettre à ses
invités de se délecter en écoutant les chants de
l'opéra.
Des salles d'audition sont aussi placées au Théâtre
National de l'Opéra Comique et à la Comédie-Française.
Ader a même prévu d'équiper les combinés du
théâtrophone d'un boîtier permettant d'écouter
la musique en échange d'une pièce de monnaie, il dépose
un brevet de son appareil
Ce succès profite à Ader qui obtient, à 40 ans, la
croix de chevalier de la Légion d'honneur au titre du ministère
des Postes et des Télégraphes Le ministre lui adresse un
élogieux témoignage de satisfaction :
Cette distinction est la juste récompense des remarquables perfectionnements
apportés par vous au téléphone qui pendant l'Exposition
a eu tant de succès auprès du public, je désire qu'elle
soit en outre un encouragement à réaliser de nouveaux perfectionnements
que nous sommes en droit d'attendre de votre intelligente initiative.
Au cours des années suivantes, Clément
Ader perfectionne son système. Il dépose plus de soixante
brevets et certificats d'addition notamment en Grande-Bretagne, en Allemagne,
en Russie et aux Etats-Unis.
La liste de brevets sur la téléphonie
et la télégraphie déposés par Ader
et gérés par le bureau Armengaud jeune est
impressionnante, et senrichit de plus dune centaine
de dépôts et additions de modifications en lespace
de quelques années seulement.
Les principaux brevets entre 1878 et 1888 sont :
Brevet 125782- 23 juillet 1878- Système
de correspondance vocale, dit électrophone.
16 août 1878- Addition.
15 octobre 1878- Addition.
Brevet 127180- 28 octobre 1878- Récepteur
électrophone parlant à haute voix.
Brevet 129320- 27 février 1879- Récepteur téléphonique
à vibrations moléculaires électromagnétiques.
Brevet 121974- 26 juillet 1879- Système de téléphone
à pôles magnétiques concentrés.
Brevet 132944- 30 septembre 1879- Système d'avertisseur
téléphonique sans pile, à signal visible.
15 janvier 1880- Addition.
Brevet 133337- 24 octobre 1879- Téléphone récepteur
à pôles magnétiques surexcités.
30 mai 1882- Addition.
19 avril 1883- Addition.
9 mai 1883- Addition.
13 septembre 1883- Addition.
27 février 1884- Addition.
12 mai 1884- Addition.
21 avril 1885- Addition.
Brevet 135667- 19 mars 1880- Système de poste téléphonique
et appareils employés à cet effet.
10 juillet 1880- Addition.
23 août 1880- Addition.
Brevet 181736- 24 février 1887- Mode de réception
des courants électriques aux extrémités des
câbles souterrains et sous-marins.
16 mars 1887- Addition.
18 avril 1887- Addition.
18 mai 1887- Addition.
5 juillet 1887- Addition.
6 septembre 1887- Addition.
3 mars 1888- Addition.
21 mars 1888- Addition.
3 décembre 1888- Addition.
Brevet 190283- 28 avril 1888- Système de télégraphie
sous-marine, dit " l'alternatif ".
19 décembre 1888- Addition.
Il semble qu'Ader ait rompu tout lien avec la S.I.T. au plus tard
en 1906. Les brevets et toutes les additions pris au nom d'Ader
jusqu'au 3 février 1900 avaient été cédés
à la Société industrielle des téléphones
(S.I.T.) le 8 février 1900 ; celle-ci avait pris à
son nom tous les brevets et additions suivants concernant les automobiles.
Contrairement a d'autres chercheurs, en dehors de ses brevets et
de ses trois lignes de "souvenirs" confus de 1921, Ader
n'a jamais rien écrit sur le téléphone...
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sommaire
Dès 1879, l'Etat accorde trois autorisations pour l'exploitation
de réseaux téléphoniques, bien que ce système
soit encore méconnu.
Le bureau central du réseau de Paris est
dirigé par le jeune ingénieur, Clément
Ader.
Ainsi le 24 septembre 1879 la société Gower a demandé
a la préfecture du département de la Seine l'autorisation
de faire établir dans les égouts de Paris 101 lignes téléphoniques.
Un plan est joint à la demande. Cela ne se fera ni sans frais ni
sans délais. La société doit d'abord verser une provision
de 20 000 F, un cautionnement spécial de 5 000 F plus un cautionnement
supplémentaire de 20 000 F.
Ceci fait, le Directeur des travaux de Paris affirme aux gérants
de la Société "je ne vois aucun inconvénient
â ce que vous procédiez, dès â présent,
à l'établissement des fils" sauf bien sûr â
donner avis du début des travaux à au moins trois ingénieurs
détenteurs de l'autorité sur une parcelle du sous-sol :
l'ingénieur de l'assainissement pour le service des égouts,
l'inspecteur des eaux, et 1'ingénieur de la section intéressée
en ce qui concerne les tranchées sur la voie publiques.
Cenre
manuel Ader Gower 
Les commutateurs (switchboard) des premiers bureaux centraux téléphoniques
à PARIS étaient identiques aux commutateurs utilisés
par le télégraphe. Les lignes étaient unifilaires
et reliées à l'une des barres du commutateur, les barres
de l'autre série communiquaient «chacune avec un appareil».
Un bouchon (bâton de cuivre) établisait la connextion entre
les barres métaliques.
sommaire
Le 10 décembre 1880, la Société
Générale des Téléphones se
constitue, elle décide d'exploiter le système Bell-Grower
amélioré par Ader et M. Berthon. Le 28 février
1883, elle dépose un brevet pour perfectionnements dans la
disposition des bureaux centraux et des postes téléphoniques,
en vue de permettre l'appel direct
entre abonnés (système Berthon) Grâce à
ce système, la société installe le réseau
téléphonique de Paris dont les appareils restent en service
jusqu'en 1920.
Il sagit ici dun appareil très ingénieux et
dont lusage se répand beaucoup en France.
Il est dû à M. Berthon, le directeur de la Société
Générale des Téléphones, dont nous
avons eu loccasion de décrire le nouveau transmetteur, lequel
est généralement combiné avec lappareil dappel
.
Pour faire bien comprendre à nos lecteurs le perfectionnement réalisé
par cet appareil qui rend les communications plus faciles et plus rapides,
nous ne saurions mieux faire que den reproduire ici la description.
Cet ensemble dappareils est décrit dans La Nature
par lun des collaborateurs les plus savants et les plus sympathiques
de cette revue, M. lingénieur E. Hospitalier :
« Supposons, par exemple, pour fixer les idées, un industriel
ayant sa maison de vente située au centre de Paris, et son usine
un peu plus loin de ce centre, mais dépendant dun même
bureau central. La maison de vente et lusine ont entre elles des
communications très fréquentes, mais elles doivent aussi
pouvoir communiquer individuellement avec tous les autres abonnés
du réseau.
Avec des postes téléphoniques ordinaires, il faudrait passer
chaque fois par le bureau central pour demander la communication entre
la maison de vente et lusine, ce qui amènerait chaque fois
une certaine perte de temps.
Avec lappel direct, cet inconvénient disparait. Au lieu détablir
des postes ordinaires, on dispose des postes dappel direct, et le
bureau central établit une communication permanente entre ces deux
postes, sans pour cela perdre la possibilité dêtre
appelé par lun ou lautre de ces postes, ou dappeler
aussi à volonté lun ou lautre, sans déranger
celui qui nest pas interpellé.
Les communications dappel direct, cest-à-dire de la
maison de vente à lusine, ou de lusine à la
maison de vente, sétablissent alors directement, sans que
le bureau central ait à intervenir, combinaison qui présente
le double avantage de réduire le nombre de communications à
effectuer par le bureau central, et de faire gagner à labonné
un temps précieux qui serait perdu chaque fois quil sagit
d'établir une communication entre lusine et le bureau de
vente, dont, dans notre hypothèse, les rapports sont très
fréquents.»
sommaire
Les principaus téléphones Ader
..   

sommaire
Parmi ses inventions, on peut également citer, en 1885, le transmetteur
téléphonique à double effet. Il s'agit d'un système
pouvant écouter les bruits provenant de la terre ou de la mer.
Il prévoit des applications spéciales pour la surveillance
des abords d'un fort à terre ou d'un navire en mer ou encore à
l'entrée d'une passe ou d'une rade afin d'exercer une surveillance
utile et d'éviter des surprises par une nuit noire ou un temps
de brouillard. Cet appareil peut être placé à bord
d'un navire de guerre. Cela lui permet d'être averti d'un bruit
lointain produit à la surface ou au sein de l'eau, mais toujours
transmis par l'eau, [...] on reconnaîtra si le bruit est produit
par une machine degros navire de torpilleurou de bateau sous-marin
Ader a essayé de tirer le plus grand parti possible de la téléphonie
à travers ses brevets.
Cependant, la Société Générale des Téléphones
n'envisage pas d'étendre son réseau parisien à toute
la France. L'Etat décide alors, par la loi du 16 juillet 1889,
le rachat des réseaux téléphoniques existants. Cette
décision de l'Etat est conforme à l'arrêté
du 26 juin 1879 qui autorise le gouvernement à racheter les droits
des autorisations ainsi que les appareils utilisés par les concessionnaires.
La Société Générale des Téléphones
est dissoute le 14 septembre 1893. Elle est remplacée par la Société
Industrielle des Téléphones dont les statuts sont déposés
le 20 septembre 1893.
Le fonds industriel est essentiellement constitué des brevets concernant
la téléphonie de Clément Ader et de la Société
Générale des Téléphones pour les systèmes
de Berthon et d'Ader.
Georges de Manthé raconte qu'après avoir donné ses
marques à l'Etat, Ader reçoit une facture de l'administration
des Postes et Télégraphes pour le paiement de sa ligne téléphonique.
L'inventeur indigné se refuse à payer et, à partir
de cejour, renonce à posséder un téléphone.
Mais, à cette époque, Ader, qui
dispose d'une certaine aisance financière, ne se passionne plus
pour la téléphonie. Il a d'autres préoccupations,
il se consacre à sa seule et véritable passion : l'aviation.
En effet, maintenant, les nourrices de l'aviation ont suffisamment de
lait pour nourrir le premier oiseau humain jusqu'au momentoù il
pourra s'élancer hors du nid ...
En peu de temps, il accumule une grande fortune et multiplie les contacts
influents au sein du gouvernement.
Il se sert de ces ressources pour placer son projet auprès du ministère
de la Guerre : l'Éole.
sommaire
La dernière partie de lactivité
inventive dAder sorganise autour de la télégraphie
et de la télégraphie sans fil, puisquil participe
à la mise en place de communications longue distance,
Nous détailleront en particulier ce
domaine (sur ce lien) après avoir exposé les travaux
menés pour l'Avion.
sommaire
Le moteur à vapeur ultraléger
Moteur à vapeur Ader de 30 ch destiné au deuxième
exemplaire « Zéphyr » de son avion. 37 kg nu
mais 134 kg avec les accessoires.
Le moteur de l'Éole développait 20 ch pour 51 kg5,
soit seulement 2,5 kg/ch.
Pour comparaison, le moteur utilisé par les frères
Wright en 1903 développait 12 ch et pesait environ 75 kg,
soit 6,2 kg/ch.
Cette prouesse technique rendait possible le vol motorisé.
À la suite des essais des avions, Ader proposa son moteur
à vapeur au capitaine Renard, qui travaillait alors sur la
propulsion des dirigeables, puis il se lança dans la fabrication
des moteurs à explosion, notamment de moteurs de type V2
et V4.
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Moteur à vapeur Ader de 30 ch destiné au deuxième
exemplaire « Zéphyr » de son avion. 37 kg nu
mais 134 kg avec les accessoires.
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Laviation, Les « plus lourds que l'air
»
Ader consacre une grande partie de sa vie à la réalisation
d'un rêve d'enfant : faire voler un appareil plus lourd que l'air.
Les recherches et les travaux menés par Ader pour faire voler un
« plus lourd que l'air autopropulsé », coûtent
cher.
Il trouva en la personne d'Isaac Pereire un parrain à la fois généreux
et avisé.
Pendant la guerre de 1870, il est employé comme scientifique et
tente sans succès de réaliser un cerf-volant capable d'emporter
un homme.
La sustentation
« Le vol des oiseaux et des insectes m'a toujours préoccupé
J'avais essayé tous les genres d'ailes d'oiseaux, de chauve-souris
et d'insectes, disposées en ailes battantes, ou ailes fixes avec
hélice
je découvris l'importante courbe universelle
du vol ou de sustentation. »
En 1874, Ader construit un planeur de neuf mètres d'envergure,
qui pèse 24 kg, et qui est susceptible de recevoir un moteur.
On peut en voir des éléments dans certaines photographies
de son ami Nadar. Des études menées au Musée de l'air
et de l'espace du Bourget tendraient à montrer que cette machine
était capable de s'élever dans les airs.
Prototypes : Par la suite, ayant convaincu le ministre de
la Guerre de financer ses travaux, Ader (aidé de Ferdinand Morel,
un ingénieur qui a dessiné les plans de l'avion Chauve-souris)
met au point des prototypes dont les voilures sont inspirées de
considérations naturalistes, imitant l'aile de la chauve-souris.
Ader pense qu'une fois le vol maîtrisé, une aile rigide inspirée
de celle des oiseaux serait plus efficace et plus solide. Il comprend
qu'il ne fallait pas tenter de reproduire le battement des ailes d'oiseau
mais adopter le concept de voilure fixe comme l'avait fait George Cayley
auparavant.
Entre 1890 et 1897, il réalise trois appareils : l'Éole,
qu'il finance lui-même; le Zéphyr (Ader Avion II) et l'Aquilon
(Ader Avion III) sont financés par des fonds publics.
L' Aviaton, les Vols expérimentaux :
I'Avion I, l'Éole.
L'Éole, équipée d'un moteur à vapeur de
20 ch, est une machine à la voilure complexe, inspirée
dans sa forme de celle de la chauve-souris. Sa géométrie
est modifiable en vol à l'aide de six manivelles. On peut ainsi
faire varier la surface, pivoter les ailes d'avant en arrière,
modifier la cambrure et fléchir les bouts d'aile vers le haut
ou vers le bas. Il existe également un réglage du moteur
et des pédales pour la direction au sol. Néanmoins il
n'y a pas de gouverne de direction en vol.
La première tentative aux commandes de l'Éole a lieu
le 9 octobre 1890 dans le parc du château de Gretz-Armainvilliers,
au sud-est de Paris. Les marques laissées par les roues dans
le sol meuble a présenté un endroit où elles
étaient moins marquées et ont totalement disparu sur
une cinquantaine de mètres. Son engin a quitté le sol
; Ader effectue ce jour-là le premier décollage motorisé
d'un engin plus lourd que l'air. Les seuls témoins sont ses
employés.
Intéressée par le projet, l'Armée contacte Ader,
qui effectue un deuxième vol à bord de l'Éole
en septembre 1891.
L'appareil impressionne positivement les militaires qui commandent
à Ader appareil plus puissant. |
 |
L'Avion II, le Zéphyr
Ader commence alors la construction d'un second appareil, évolution
du premier mais présentant des similitudes avec l'Éole :
l'appareil est monomoteur bicylindre à vapeur ultraléger
de 20 ch et 35 kg.
Ce modèle n'est pas achevé ; il sert de base à l'Avion
III, l'Aquillon, qui est un appareil bimoteur (et à deux
hélices), cette formule est censée réduire les problèmes
d'instabilité de l'Éole1. Cet Avion III peut embarquer un
pilote et un observateur.
l'Aquillon
|
Essai
au point fixe de la force motrice de l'Avion III de Clément
Ader
(animation dartiste d'après la photographie d'époque). |
Les hélices de l'Avion III possèdent
quatre pales, ayant l'apparence de plumes, confectionnées en tiges
de bambou, barbes en toile et papier de Chine, nervées par un fil
de bambou.
Les essais suivants ont lieu au camp militaire de Satory, une aire circulaire
de 450 mètres de diamètre permet la démonstration
officielle.
Le 12 octobre 1897, Ader effectue un premier tour sur ce circuit à
bord de son Avion III. A plusieurs reprises, il sent l'appareil quitter
le sol, puis reprendre contact.
Deux jours plus tard, alors que le vent est
fort, Clément Ader lance sa machine devant deux officiels du ministère
de la Guerre. M. Binet, lieutenant du premier génie, déclare
à l'issue de la démonstration : « Il fut cependant
facile de constater, d'après le sillage des roues, que l'appareil
avait été fréquemment soulevé de l'arrière
et que la roue arrière formant le gouvernail n'avait pas porté
constamment sur le sol ».
Les deux membres de la commission le virent sortir brusquement de la piste,
décrire une demi-conversion, s'incliner sur le côté
et enfin rester immobile (il semble que, la roue arrière n'ayant
plus assez d'adhérence du fait de la sustentation, le pilote ait
perdu le contrôle directionnel de sa machine, qui est alors sortie
de la piste puis s'est renversée sous l'effet du vent).
À la question « [...] l'appareil a [-t-il] tendance à
se soulever quand il est lancé à une certaine vitesse ?
» la réponse est « [...] la démonstration
n'a pas été faite dans les deux expériences qui ont
été effectuées sur le terrain».
On peut conclure que, ce 14 octobre 1897, le Français Clément
Ader aurait peut-être effectué un décollage motorisé
mais non contrôlé d'un objet plus lourd que
l'air.
Le ministère de la Guerre cesse de financer Ader, qui est contraint
d'arrêter la construction de ses prototypes (l'Éole avait
coûté 200 000 francs de l'époque, soit près
de 8 millions d'euros).
Les avions d'Ader ont-ils vraiment volé ?
« Ader lui-même était si peu convaincu d'avoir quitté
le sol que, dans ses communications à l'Académie des sciences
(1898) et au Congrès d'aéronautique de 1900, alors qu'il
était dégagé du secret militaire, il ne mentionne
pas l'envol.
Ce n'est que neuf ans plus tard en 1906, à la suite des premiers
vols de Santos-Dumont, qu'Ader prétend avoir exécuté
une envolée ininterrompue de trois cents mètres ».
Contraint au secret militaire (les archives de Satory ne sont rendues
accessibles que dans les années 1990), il ne parle de ses vols
qu'en 1906, après ceux de Traian Vuia à Montesson et à
Issy-les-Moulineaux et de Santos-Dumont à Bagatelle.
Ce silence est à l'origine de la controverse entretenue par les
partisans des frères Wright.
En France, à l'époque, personne n'a entendu parler des frères
Wright. Santos-Dumont prétend donc être le père de
l'aviation à la suite de son vol presque trois fois plus long que
le plus long vol de Traian Vuia. Un débat national s'engage pendant
plusieurs années ; on finit généralement par admettre
le décollage de l'Éole, qui quitta le sol devant témoins,
et repousser la question du vol à 1897.
Les travaux du général Pierre Lissarrague, menés
dans les années 1980 et 1990 (travaux basés sur les archives
secrètes de l'armée, rendues publiques dans les années
1980) tentent vainement de prouver la réalité du vol de
1897.
Les avions d'Ader étaient-ils contrôlables
?
Dans un dictionnaire, « voler » c'est se soutenir,
se mouvoir et se contrôler dans l'air. Afin de faire toute la lumière
sur ces vols ou tentatives de vol, plusieurs maquettes motorisées
de l'Éole et de l'Avion III furent réalisées. Si
les calculs (masse, surface, puissance) et les essais de maquettes de
l'Éole démontrent clairement que l'appareil était
capable de quitter le sol, rien ne permet d'affirmer que ces machines
étaient suffisamment stables et contrôlables pour se mouvoir
dans l'air. Les « Avions » d'Ader ont une voilure à
forte courbure, caractérisée par une forte instabilité
aérodynamique en tangage ; le contrôle en tangage et en roulis
est inopérant. Quand la roue arrière directrice quitte le
sol, la gouverne de direction n'est pas assez efficace pour assurer le
contrôle directionnel. Lettre de Wilbur Wright à son frère
Orville, 31 mars 1911 : « Je suis allé voir l'appareil d'Ader
et me suis procuré une échelle pour l'examiner de plus près.
Il n'existe aucune possibilité de réglage en vol si ce n'est
la manuvre d'avant en arrière au moyen d'une vis sans fin
et c'est quelque vingt ou trente tours qui sont nécessaires pour
modifier la position des ailes... La machine entière est d'un ridicule
achevé. »
Ader aurait pu réussir
En 1890, les bases de l'aérodynamique posées par George
Cayley sont étudiées depuis 30 ans. Félix du Temple
et Alphonse Pénaud ont fait voler avec succès des modèles
réduits en 1857 et en 1871 : les configurations stables capables
de voler sont connues. Ader connaissait (par la revue l'Aéronaute)
les travaux de ses nombreux prédécesseurs.
Ader montre une imagination exceptionnelle, la volonté d'aboutir,
une énorme puissance de travail, des compétences brillantes
de dessin, de calcul et de mécanique. Avec l'Éole, il prouve
savait mener un projet : esquisses, plans, réalisation, essais.
L'Avion était bien construit et léger, il pouvait voler.
Ader disposait pour la première fois d'un moteur suffisamment puissant
(20 ch) et léger pour entraîner un avion.
Il dispose de moyens financiers personnels importants. À la suite
des essais de l'Éole, il obtient par contrat des sommes très
importantes de l'armée pour développer, construire et expérimenter
un deuxième avion.
Les erreurs d'Ader
Il ignore apparemment (délibérément ?) les
travaux des pionniers de l'aviation qui avaient, avant lui, fait voler
des avions à moteur. Ces pionniers avaient abordé deux points
essentiels : la sustentation et la stabilité aérodynamique
; par contre la technique de pilotage (par déplacement des poids
ou par gouvernes) n'était pas encore acquise en 1890. Ader ne s'est
apparemment jamais préoccupé de ces deux derniers points.
Au lieu de tirer parti de l'existant et d'analyser en tant qu'ingénieur
les forces en cause (portance, poids, traînée, poussée)
et les dispositions permettant un équilibre sinon stable du moins
contrôlable de ces forces, Ader s'était focalisé sur
une imitation géométrique de l'aile de la chauve-souris,
sans pouvoir reproduire ni la mécanique musculaire de l'animal
ni son système cérébral de pilotage. Ader avait une
vision naturaliste ou « romantique » de la machine volante.
Ses pales d'hélice étaient structurées exactement
comme une plume d'oiseau, son « bateau glissant sur l'eau »20
avait des ailes déployées comme celles d'un poisson-volant.
Il semble qu'il ignorait ou négligeait la mécanique du vol,
en particulier l'instabilité aérodynamique des profils porteurs
et les effets déstabilisants des mouvements de l'atmosphère.
Le simple fait d'avoir organisé les essais de l'Avion III sur une
piste circulaire et tenté un vol par vent fort montre qu'il n'avait
pas conscience des effets du vent sur l'équilibre et sur le pilotage
de la machine.
N'ayant ni plans stabilisateurs séparés ni gouvernes fonctionnelles,
ses machines étaient à la fois instables et difficilement
pilotables. On suppose que dans son esprit la montée et la descente
se seraient faites en variant la puissance, et que l'avion aurait été
« naturellement » stable en tangage et en roulis. Sur l'Éole,
il n'y avait même pas de gouverne de direction.
Son brevet de 1890 décrit de manière très détaillée
la machine mais pas du tout son fonctionnement. En parlant des «
appareils ailés futurs », Ader dit que « leurs ailes
creuses les supporteront et un propulseur placé à l'avant
les fera avancer». Il n'est nulle part question ni de stabilisateurs
ni de gouvernes.
Ader avait brûlé les étapes indispensables de la mise
au point. Il n'avait procédé à aucun essai préliminaire
de ces machines, en modèle réduit par exemple (comme du
Temple, Pénaud, Tatin, Langley, etc.), ou suspendu à un
câble (comme Stringfellow). L'Éole avait de très nombreux
réglages de sa voilure, nécessitant six manivelles à
actionner, en plus de la commande du moteur et des pédales de direction
au sol. Le comportement de sa machine lui était inconnu, et sa
propre expérience de pilotage était nulle.
Avant de réaliser leur premier vol motorisé en 1903 les
frères Wright avaient progressivement mis au point leur planeur
et effectué plus de 700 vols planés en 1902. Comme le montre
la correspondance échangée entre Clément Ader et
Gabriel de La Landelle, en 1883 et 1884, il n'a pas tenu compte des conseils
de ce dernier.
On lui doit deux ouvrages sur laviation : La Première Étape
de laviation militaire française
(pdf)
LAviation militaire, sans compter les nombreuses inventions
hors du champ de laéronautique.
Ader visionnaire
Ader avait compris le rôle stratégique qu'aurait une
aviation militaire. En 1914, il utilisa son influence pour aider à
la création d'une aviation militaire. Il envoie de nombreux courriers
au ministère de la Guerre, sans qu'on sache si son avis pesa ou
non dans les choix stratégiques. On lui doit deux ouvrages sur
l'aviation : La Première Étape de l'aviation militaire française
et L'Aviation militaire, sans compter les nombreuses inventions hors du
champ de l'aéronautique.
Ader, père de l'aviation ?
« Un examen des brevets d'aéroplanes de Pénaud
(1876) et d'Ader (1890) [...] montre que le premier est le vrai visionnaire,
qui a su voir tout le problème de l'aviation [...] l'autre, l'inventeur
typique, restant attaché à des conceptions telles que l'imitation
purement physiologique de la nature et non pas son interprétation
physique [...] ses idées d'ensemble étaient profondément
fausses et ne pouvaient mener à un résultat réel.
Dans l'aviation réelle, on ne retrouve rien de son uvre,
alors que les idées de Pénaud dominent encore, après
presque un siècle. » Charles Dollfus.
sommaire
« Ce qui caractérise son uvre,
c'est un isolement complet [...] Ader n'a pas fait école et aucun
de ceux qui depuis vingt ans ont travaillé au développement
de l'aviation ne se réclame de lui. Son uvre, très
remarquable, n'a donc été qu'une tentative complètement
isolée et sans aucune influence sur ce qui a suivi. »
Lieutenant-colonel Paul Renard

 |
Fin de vie
Clément Ader en 1922, portant la cravate de commandeur de la
Légion d'honneur.
Ader termine sa vie près de Toulouse, à Beaumont-sur-Lèze
(château de Ribonnet) dans ses vignes.
De temps à autre, Panhard et Levassor lui demandent de tester
leurs derniers modèles.
Il meurt à 84 ans le 3 mai 1925
à Toulouse après une reconnaissance nationale tardive.
Il est inhumé au cimetière de Muret.
Seul a survécu l'avion III. L'appareil est exposé
à Paris au Musée des arts et métiers, suspendu,
toutes ailes déployées, au plafond de l'escalier d'honneur
du musée. On peut également y admirer son moteur à
vapeur, exposé en haut des marches. On doit au grand photographe
Nadar de belles photos des ateliers d'Ader où le connaisseur
pourra voir, outre l'Éole, des éléments du
planeur et du Zéphyr.
|
La renommée d'Ader
En France, sa renommée
s'explique parce que sa tentative de vol motorisé est antérieure
à celles de Santos-Dumont, Langley ou des frères Wright.
L'allure extraordinaire de ses avions en forme de chauve-souris y est sans
doute pour beaucoup. Ader est célèbre pour ses « avions
», mais moins connu pour ses moteurs à vapeur et à essence.
« La vraie carrière d'Ader a été celle de l'ingénieur
électricien, spécialisé dans le téléphone
et ses dérivés »30 qui ont fait sa fortune.
À noter qu'en 2013, des éléments
tangibles auraient permis d'établir que Clément Ader ait
pu effectuer une tentative réussie d'un vol en 1879.
Toutefois, ces éléments étant en cours d'analyse
par différents experts (historiens de l'aviation, ingénieurs,
journalistes et auteurs aéronautiques...), le vol controversé
de 1890 reste à l'heure actuelle le seul « officiellement
» en vigueur.
Ader aurait dérivé le mot «
avion » du terme « aviation » inventé par le
marin, journaliste et homme de lettres Gabriel de La Landelle en 1863,
à partir du mot avis signifiant « oiseau » en latin.
Le 29 novembre 1911, par décision du général Roques,
il est décidé que les « établissements d'aéronautique
» porteront dorénavant le nom d' « escadrilles »
et que les aéroplanes militaires seront désormais appelés
« avion », en hommage à Clément Ader.
sommaire
Revenons à notre
sujet le Téléphone :
Etude des relations de Clément Ader avec la
Société générale des téléphones
puis avec la Société industrielle.
Externalisation et contractualisation de la recherche : le cas de Clément
Ader de Gabriel Galvez-Behar, et documentée
par ses recherches et brevets.
I. « M. ADER, INGENIEUR-CONSEIL DE
LA SOCIETE DES TELEPHONES »
Rappelons brièvement quelques éléments chronologiques
avant de commencer à décrire précisément les
relations entre Ader et la Société industrielle des téléphones.
Né en 1841, Clément Ader fut un inventeur à la fois
précoce et prolifique.
Dès lâge de 25 ans, après des études
techniques à Toulouse, il prit ses premiers brevets relatifs à
de nouveaux modes de transport. Souhaitant assurer la promotion de ses
inventions, il fit au ministère de la Guerre une série de
propositions rejetées après avoir été examinées
par le Comité des fortifications. Un tel échec ne découragea
pas linventeur, qui mit au point, en 1868, des roues en caoutchouc
pour les vélocipèdes.
Afin dexploiter son invention, Ader créa une petite entreprise
dans ce domaine, ce qui ne lempêcha pas dêtre
attiré par dautres industries, et avant tout par lélectricité.
Cet intérêt pour cette toute nouvelle industrie précéda
de quelques années lexposition universelle de 1878.
Ses relations avec lacadémicien des sciences Th.
du Moncel lui permirent dacquérir des connaissances
dans ce domaine et dapprofondir ses recherches sur un problème
qui lui tenait à cur : la transmission de la parole.
Du 16 août de la même année au 31 décembre
1884, Ader déposera une multitude de brevets sur le téléphone.
Reprenant les écrits sur les effets moléculaires, Ader décide
de construire un récepteur sans diaphragme et finit par reconnaître
qu'il reproduit les bruits mais pas la parole.
Ader qui n'avait jamais rien écrit
sur le télephone commence un récit en 1921
, alors qu'il avait 80 ans et que les
faits qu'il relate datait de plus de 40 ans...Ader évoque son intérêt
pour la téléphonie :
Dans une lettre écrite en 1921, Ader évoque son intérêt
pour la téléphonie : Jétais un ami de du Moncel
; un jour, cétait quelques années avant lexposition
de 1878, il me montra un article dune revue américaine où
on parlait vaguement pour la première fois de téléphone.
En même temps, il mapportait un de ces livres : Exposé
de lélectricité. Tome III, Hachette 1856.
ouvert à la page 110 Transmission électrique de la
parole (Pour votre édification, il est indispensable que
vous lisiez cet ouvrage dans lintérêt de lhonneur
français) Vous voyez, me dit-il, on y pensait avant vous et avant
les américains. ». CDHT, fonds Ader, doc. 2343.
Selon les textes, la rencontre avec Th.
du Moncel date "de quelques
mois" ou "des quelques années" avant l'exposition
de 1878, mais comme Ader dit : "Le récepteur ne ressemblait
en rien à celui que Bell venait d'imaginer", on peux supposer
raisonnablement que le téléphone avait déjà
été inventé et que Du Moncel, avec la curiosité
scientifique qu'il avait, en connaissait le fonctionnement... Il est
peu probable que Du Moncel ait seulement montré à Ader
son vieux livre alors qu'il en écrivait un nouveau, très
documenté, dont la deuxième édition fut publié
en novembre 1878.
Dans les papiers d'Ader, après sa mort un dossier que nous
devons à M. Georges de Manthé (gendre d'Ader) dans son
livre "Le père de l'aviation"., on y trouve : un
chapitre "Commencement de mon futur ouvrage sur les origines
du téléphone" ou Ader, écrit
"... Au milieu d'une planchette j'avais enfoncé
une pointe qui venait s'appuyer contre une deuxième semblable
plantée sur un bout de buis, le tout formant pupitre avec les
deux pointes reliées à un circuit.
"Le récepteur ne ressemblait en rien à celui
que Bell venait d'imaginer (nous serions donc après
1876), ni comme principe, ni comme forme. Il se composait simplement
d'une autre plaquette de cinq à six centimètres de longueur,
dans laquelle j'avais plaqué un fil de fer doux de un millimètre
de diamètre et de quarante environ de longueur qui prenait
dans l'intérieur d'une petite bobine dont il formait le noyau
et qui, de l'autre bout, était soudé à une petite
masse de cuivre (le hasard avait voulu que ce fut un bouton
de porte ... première pièce venue).
"Transmetteur et récepteur avec une pile Leclanché
étaient dans le même circuit.
"Mon père, installé dans une chambre, m'aidait
et parlait sur le transmetteur avec une inlassable patience. Le récepteur
à l'oreille, j'écoutais ... C'était un bruit
de vibrations informes accompagnées de crépitements
que les interruptions de contact des pointes produisaient. Cela dura
quelques jours et même quelques semaines.
"J'accusais le contact de s'oxyder sous l'étincelle de
retour, mais, après nettoyage, polissage et même platinage,
l'effet n'était pas meilleur.
"J'avais un crayon de charpentier sous ma main. L'idée
me vint de détacher un bout de sa mine et de l'interposer entre
les contacts du transmetteur.
"Aussitôt que l'expérience fut reprise j'entendis
clairement la voix de mon père qui récitait pour la
centième fois le même conte ou la même fable.
"Mes instruments très rudimentaires n'étaient guère
présentables; à peine les fis-je voir à des amis
de la maison ... qui d'ailleurs, eux, n'y comprirent rien.
"Je ne pris aucun brevet, ajournant cette dépense
pour plus tard, lorsque j'aurais perfectionné mes appareils,
et le temps s'écoula.
Cependant ..." Et, comme dans un feuilleton, le manuscrit s'arrête
sur ce mot.
Son livre sur "son" invention du téléphone
était terminé.... Et il n'avait pris aucun brevet, dommage
!
Ses carnets portent la trace des très nombreuses expériences
quil réalise et qui aboutissent en 1878 au dépôt
dun nouveau brevet pour un procédé téléphonique
de son invention. |
Cornelius Roosevelt et Frederic Gower,
deux représentants dAlexander Graham Bell à Paris,
vont avoir connaissance du brevet Electrophone dAder et proposer à
linventeur de sassocier avec eux dès 1879 .
1879 Un an plus tard, Ader sassociait
avec Frederic A.Gower, un ingénieur électricien associé
à Cornelius Roosevelt, le représentant de Bell
en France
Dès lors, Ader devint lun des acteurs
du développement de la téléphonie en France,
travaillant pour la SGT Société
générale des téléphones avec laquelle
il collabora dès le début des années 1880.
Résultant de la fusion de la Compagnie des téléphones,
détentrice des brevets de Gower, de Roosevelt, et
de la Société française des téléphones,
qui possédait quant à elle des brevets Edison, la
Société générale des téléphones
avait été fondée en août 1880.
Elle se distingua lors de lexposition internationale délectricité
de 1881, avec la mise en place dans lenceinte de lexposition
dun « théatrophone
» permettant dentendre les spectacles donnés à
lOpéra ou à la Comédie française.
Inventeur et maître duvre de ce système qui fut
lun des clous de cette exposition, Clément Ader fut récompensé
par une médaille dor et, quelques temps plus tard, par la
Légion dhonneur.
Ce succès contribua à renforcer les liens entre Ader et
la Société générale des téléphones.
Cest au cours de lannée 1881, en effet, que la SGT
devint propriétaire des inventions de Clément Ader et quelle
sassura sa collaboration exclusive en matière de téléphonie.
Durant la première moitié des années 1880, cette
collaboration fut intense et, en 1884, Clément Ader était
à lorigine de près de 74 brevets et certificats daddition.
À la fin des années 1880, Ader entamait des recherches sur
les récepteurs des transmissions effectuées grâce
aux câbles sous-marins.
Elles aboutirent en 1887 à la mise au point par Ader dun
nouveau système nommé « Phonosignal ».
En 1898, Ader déposa un brevet pour des perfectionnements aux voitures
et aux moteurs.
Deux ans plus tard, lors de lAssemblée générale
de la Société industrielle des téléphones,
le 15 décembre 1900, le rapporteur déclarait : « Notre
ingénieur-conseil, M. Ader, dont le nom fait autorité en
électricité et en mécanique, a combiné et
construit un moteur très intéressant ».
Lautomobile devint alors le champ dune collaboration nouvelle
entre Ader et la Société.
Pendant près de vingt ans, Clément Ader fut donc un collaborateur
essentiel de la Société des téléphones.
Mais ce rapide résumé ne suffit évidemment pas à
expliquer la durée de cette relation, alors même quAder
resta tout le temps à son propre compte. Cest précisément
ce qui nous incite à chercher quels furent les compromis qui la
rendirent possible.
II. ADER, ENTREPRENEUR DINVENTIONS
La longueur de cette relation est dautant plus frappante quAder,
tout au long de cette collaboration, resta autonome vis-à-vis de
la Société des téléphones. Trois arguments
permettent détayer ce constat : léclectisme
des recherches dAder, leur localisation et la défense de
son autonomie par linventeur.
Un court examen des dates marquantes de la vie dAder permet de constater
le caractère concomitant de ses recherches sur le téléphone,
le télégraphe et laviation.
Ader entama ses recherches sur laviation quelques mois après
avoir signé son contrat avec la Société générale
des téléphones en 1882.
En 1894, un an après la reprise de ce contrat par la Société
industrielle des téléphones, il signa un accord avec larmée
relatif à la mise au point dun appareil de locomotion aérienne.
Lannée 1897 est sans doute la plus significative de la dualité
des recherches de Clément Ader. En mai 1897, Ader supervisait les
essais de ses récepteurs de télégraphie sous-marine
qui avaient lieu à Marseille. Quelques mois plus tard, en octobre,
il dirigeait les essais de lAvion n°3 à Satory. Au cours
de lannée 1897.
Ader avait donc mené plusieurs activités de front, dont
certaines navaient aucun rapport avec les activités de la
Société des téléphones.
Cette capacité à mener un double programme de recherche
sexplique par le fait quAder parvint à cloisonner ses
différentes activités. Ce cloisonnement reposait tout dabord
sur une distribution spatiale des différents projets.
Grâce au contrat signé en 1881, Ader avait pu acquérir
un hôtel particulier 68, rue de lAssomption à Passy.
Cest là où il mena lessentiel de ses
recherches sur la téléphonie, dans son laboratoire
particulier, où la Société des téléphones
-dont le magasin était situé 2, rue des Entrepreneurs de
lautre côté de la Seine- lui livrait le matériel
électrique nécessaire.
En effet, dans une lettre adressée à Léauté,
Ader déclare : Tous les essais préliminaires de mon
invention ayant déjà été faits chez moi dans
mon laboratoire particulier on va pouvoir construire immédiatement
les appareils définitifs à latelier et jai bon
espoir pour leur réussite. Le laboratoire particulier est
à domicile. CDHT, fonds Ader, doc. 2369. Lettre de Léauté
à Ader du 16 avril 1895. Par ailleurs les factures relative au
matériel délivré par la Société générale
des téléphones fait état de livraison rue de lAssomption.
CDHT, fonds Ader, doc.2306.
Les recherches aéronautiques étaient menées quant
à elles, rue Pajou, puis à partir de novembre 1891, rue
Jasmin, les deux emplacements offrant lavantage dêtre
tout proches de lhôtel de la rue de lAssomption. Cette
distinction et cette proximité des lieux de lactivité
inventive offraient à Ader la possibilité de mener à
bien ses projets sans quils ninterfèrent entre eux.
Ce cloisonnement des activités était en outre renforcé
par lemploi déquipes distinctes.
Ainsi, Rossel, « chef des laboratoires Ader », nappartenait-il
pas à léquipe des vingt ouvriers qui dans la seconde
moitié des années 1890, saffairaient autour de lAvion
n° 317. En fait, loin de la mythologie le présentant comme
prisonnier de la solitude de linventeur, Ader savérait
être un véritable entrepreneur de linvention, à
la tête de plusieurs dizaines de salariés répartis
sur plusieurs sites.
Cette caractérisation pourrait surprendre dans la mesure où
une longue tradition schumpéterienne nous a appris à distinguer
linventeur de lentrepreneur18. Au mieux sapplique-t-elle
aux inventeurs de la trempe dEdison et il peut paraître bien
naïf de comparer la rue de lAssomption à Menlo Park.
Pourtant, à y regarder de plus près, lactivité
dAder correspond bien à celle dun chef dentreprise
qui coordonne plusieurs projets en supervisant une pluralité déquipes.
La négociation du contrat de 1887 entre Ader et la Société
générale des téléphones vient ainsi le confirmer
de manière éclatante. Collaborateur depuis plus de six ans
avec la Société à laquelle il avait permis de prendre
plusieurs brevets relatif à la téléphonie,
Ader mit au point, on la vu, un nouveau système de réception
des signaux électriques à lextrémité
des câbles sous-marins. En février 1887, il proposa à
ladministrateur de service de la Société générale
des téléphones cette nouvelle invention pour laquelle il
avait déjà pourvu « aux premières dépenses
de
laboratoire ». Il proposa de continuer à payer les essais,
si nécessaire, mais entendait également partager les bénéfices
auxquels pourrait donnerlieu lexploitation de son invention.
Plusieurs mois furent nécessaires à la rédaction
dun traité entre les deux parties.
Le 22 avril 1887, la Société proposa à Ader de lui
ouvrir un crédit de 1000 francs pour commencer à financer
les essais complémentaires et davancer les frais relatifs
à la prise de brevets tant en France quà létranger.
À la fin de la période dessais, Ader sengageait
à rembourser la moitié des frais dessais et de brevets.
Enfin, en cas dexploitation commerciale, la Société
des téléphones suggérait un partage égal des
bénéfices comme des pertes.
Aussitôt Ader répondit par la négative. Autant il
lui paraissait acceptable de rembourser la moitié des frais dessais
et de brevets, autant il lui semblait totalement inenvisageable de partager
les pertes éventuellement occasionnées par lexploitation
commerciale.
Le 27 avril 1887, dans une lettre probablement adressée au directeur
de la Société, Ader donna une explication transparente de
son refus :
« Cette invention ma déjà occasionné
dautres dépenses, que je ne songe pas dailleurs à
réclamer, car comme vous savez jai un laboratoire particulier
quil me faut entretenir de personnel, doutillage et de fourniture.
Je sais que vous traitez les affaires dune manière pratique,
aussi jai la certitude que vous me donnerez raison. Voyez dans quel
embarras je me trouverais sil me fallait solder un déficit.
Je suis inventeur et non capitaliste »
Cette courte citation apporte une lumière qui éclaire lactivité
de Clément Ader dès 1887.
Loin dêtre un inventeur solitaire, Ader se trouvait être
à la tête dune affaire, reposant sur un laboratoire
outillé où travaillaient plusieurs ouvriers et dont lobjet
était de produire des inventions. Si Ader acceptait de prendre
le risque dessais infructueux, il refusait de mettre en péril
son entreprise en lexposant à des revers commerciaux. La
tâche daffronter les aléas du marché revenait
au capitaliste ; à linventeur échouait celle de se
confronter aux vicissitudes de la technique. En dernier ressort, les logiques
de lentrepreneur capitaliste et de lentrepreneur dinventions
nétaient pas les mêmes.
Des compromis étaient donc bien nécessaires à leur
collaboration.
III ENCADRER LINVENTEUR
Cette différence entre les logiques de lentrepreneur dinventions
et celle de lentreprise commerciale est à la source dincertitudes
que les parties tentent de réduire. Pour la seconde, lindépendance
de linventeur représente un risque puisquelle na
guère dassurance que ses fonds seront effectivement investis
dans une activité inventive conforme à ses intérêts.
Elle doit doncencadrer linventeur.
Cet encadrement repose sur la contractualisation de la relation, elle-même
renvoyant à un financement limité des essais, à un
contrôle de la propriété industrielle et à
une surveillance du Conseil dadministration de lentreprise.
Plusieurs contrats ponctuèrent la collaboration entre Clément
Ader et la Société des téléphones. Lexistence
dune pluralité de contrats révèle en fait le
caractère séquentiel de cette relation.
Aussi faudrait-il parler de plusieurs phases de collaboration, et non
pas dune seule, les règles du compromis pouvant changer dun
contrat à lautre. Concernant la première période
de collaboration, entre 1881 et 1887, nous ne disposons malheureusement
pas du premier contrat liant à la Société générale
des téléphones. Ce contrat signé le 3 novembre 1881
fait cependant lobjet de mentions dans des documents ultérieurs
qui permettent den reconstituer partiellement le contenu.
(La première de ces mentions est contenue dans le rapport,
déjà cité, du Conseil dadministration lors
de lAssemblée générale ordinaire de la Société
générale des téléphones le 14 avril 1881 :
« Enfin, cest sur son avis [de la Commission technique de
la Société] que nous avons tranché une question mal
définie, restée litigieuse entre votre Société
et un de ses fondateurs et quen conséquence, nous sommes
devenus propriétaires des inventions de M.
Ader, en même temps que nous nous assurions la collaboration exclusive
de ce dernier. Cette solution nous paru dautant plus satisfaisante
que M. Ader est certainement un des ingénieurs français
qui a fait faire le plus de progrès à la téléphonie
; son concours sera précieux pour votre Société.
» CAMT, 65 AQ Q 3039. En revanche, dans lettre écrite en
1894, Henry Léauté, administrateur délégué
de la Société industrielle des téléphones,
mentionne « la convention du 3 novembre 1881. » CHDT, fonds
Ader, doc. 2369. )
Le point de départ de cette convention était constitué
par les deux brevets Ader de 1878 et de 1879 protégeant respectivement
un récepteur « électrophone » et un récepteur
téléphonique.
En cédant ses droits sur ces brevets, Ader sengageait également
à apporter à la Société des perfectionnements
à la téléphonie. Ainsi, en vendant ses premiers brevets
pris à son nom, Ader entamait une collaboration plus large mais
limitée à un objet, la téléphonie.
Cest une séquence identique qui caractérise la seconde
phase de collaboration entre Ader et la Société sur laquelle
on en sait un peu plus.
En effet, la liquidation de la Société générale
des téléphones en 1893-1895, conséquence de la nationalisation
du téléphone en 1889, donna lieu à une abondante
correspondance entre Ader et le liquidateur de la Société,
correspondance assez instructive sur létat de la relation
entre les deux partenaires.
Là encore un brevet, relatif aux câbles sous-marins et pris
au nom dAder en février 1887, fut à lorigine
dun nouveau partenariat de recherches. Un contrat lia par la suite
Ader et la Société le 5 mai 1887.
( Ce contrat ne figure pas dans le fonds Ader mais est mentionné
dans une lettre du 21 février 1895 (CDHT, doc.2383) et dans un
autre courrier du 16 avril 1895 (CDHT, doc. 2369). Sur lindustrie
du câble sous-marin, cf. Pascal GRISET, Entreprise, technologie
et souveraineté : les télécommunications transatlantiques
de la France, XIXè-XXè siècles, Paris, Éditions
Rive Droite, 1996 )
Il prévoyait le paiement de redevances contre la cession automatique
de licences des brevets quAder
continuerait à prendre à son nom ; la Société
générale des téléphones, quant à elle,
prendrait à sa charge les frais nécessaires aux recherches
dAder et au paiement des annuités. On le voit, les règles
du compromis avaient été quelque peu modifiées par
rapport au premier contrat puisque la prise de brevets ne se faisait plus
de la même manière. En négociant plusieurs contrats
instituant des collaborations relatives à des objectifs distincts,
les parties gardaient la possibilité de modifier les règles
au regard de leur expériences et de leurs résultats antérieurs.
Malgré ces modifications, lencadrement de linventeur
par la Société laisse toutefois apparaître des préoccupations
constantes.
La première porte sur le caractère limité et conditionnel
du financement des essais réalisés par linventeur.
La Société ouvrait ainsi à Ader un crédit
déterminé grâce auquel Ader menait ses recherches
et achetait son matériel dexpérimentation à
la Société, tout en lui facturant en retour lensemble
des frais afférents à ses expériences.
(Ader conservait donc toute les pièces comptables pour la détermination
de ces frais. Une partie dentre elles sont conservées dans
le fonds Ader du CHDT (doc. 2308). )
En outre, selon les termes du contrat, Ader pouvait être conduit
à rembourser les frais dexpériences si ces dernières
naboutissaient pas à une exploitation du système projeté.
(Cette disposition est rappelée dans une lettre du président
de la commission de liquidation de la Société générale
des téléphones à Ader, du 21 février 1895.
CDHT, fonds Ader, doc. 2383. Ce remboursement est plafonné à
5000 francs )
Si Ader pouvait ainsi bénéficier des avances nécessaires
à ses recherches, lentreprise sassurait cependant de
ne pas les financer à fonds perdus et tentait de responsabiliser
linventeur en lui faisant supporter une partie des conséquences
découlant dun éventuel échec. En dautres
termes, la recherche externalisée avait pour avantage de faire
partager les risques de tout investissement dans lactivité
inventive.
Dans la perspective dun succès, il était cependant
nécessaire détablir de la manière la plus nette
possible la détention des droits de propriété sur
les inventions.
De ce fait, un contrôle de la propriété industrielle
savérait nécessaire et, on la vu, les contrats
prévoyaient des modalités précises quant à
la prise de brevets. En outre, la Société des téléphones
nhésita pas à imposer son propre agent de brevets,
Armengaud, par ailleurs administrateur. Cela nempêchait pas
Ader de se montrer loyal et très soucieux de voir poursuivie une
stratégie cohérente en matière de propriété
industrielle.
En outre, Ader tenait à ce quil soit fait mention de son
nom dans les titres des brevets, afin de faire établir la paternité
de ses inventions, fût-elle symbolique. La contractualisation de
la recherche supposait donc que fussent mises en place différentes
modalités de reconnaissance de linvention.
Ce contrôle de la propriété industrielle par la Société
permet aussi de souligner le rôle crucial du Conseil dadministration
de la Société des téléphones, qui fut un lieu
de décision essentiel dans lorientation des recherches menées
par Ader.
Non seulement le Conseil dadministration autorisait ou non la prise
dun brevet ou le paiement des annuités, mais il était
également amené à accepter ou à refuser les
propositions techniques de son inventeur en titre.
Bien souvent, Ader devait chercher à convaincre les membres du
Conseil dadministration de lintérêt de ses inventions,
notamment en les incitant à les expérimenter eux-mêmes.
Ce fut le cas en 1884, avec la mise au point dun téléphone
dintérieur quAder proposa dinstaller chez plusieurs
administrateurs afin quils puissent témoigner de son mérite
auprès de leurs collègues.
Ce dialogue entre Ader et le Conseil dadministration était
facilité par la personnalité de ladministrateur-délégué
de la Société, Henry Léauté. Centralien, élu
dans la section de mécanique de lAcadémie des sciences
en 1890, Henry Léauté fut un interlocuteur constant et bienveillant
à légard de Clément Ader. En tant que savant,
il était à même de comprendre voire dexpertiser-
les propositions dAder, dautant quil était secondé
par un Comité technique ; en tant quadministrateur il pouvait
répondre auprès de ses collègues du sérieux
du collaborateur de la Société.
La relation entre la Société des téléphones
et lentrepreneur dinventions nécessitait donc quun
acteur puisse, en interne, évaluer lintérêt
et la consistance des inventions proposées.
La présence de Léauté permettait enfin doffrir
à Ader des récompenses symboliques complétant sa
rémunération financière. Outre les redevances fixées
par chaque contrat, Léauté profita de sa position académique
pour conférer au collaborateur de la Société des
marques de reconnaissance quAder était sans doute loin de
mépriser. Ainsi, en 1897, Léauté nhésita-t-il
pas à user de son influence pour faire entendre à lAcadémie
des sciences une communication dAder, tout en sassurant que
cette dernière recevrait un écho médiatique important.
La collaboration entre linventeur et la Société des
téléphones dépassait donc le seul domaine dune
transaction purement commerciale pour sinscrire dans un système
déchanges se jouant dans une pluralité de champs.
IV. UNE RELATION CONFLICTUELLE MAIS POSITIVE
Dans le cadre dune telle relation dont on mesure la complexité,
les conflits ne manquèrent pas.
Lune des sources de divergences portèrent sur la pertinence
de lexploitation des inventions mises au point par Ader. Dès
la signature de la convention de 1887, des brevets relatifs au
Phonosignal avaient été pris dans près dune
dizaine de pays étrangers, dont la Belgique, lAllemagne,
la Grande-Bretagne et les États-Unis.
Pourtant, tous les brevets étrangers furent abandonnés en
1891, la Société ne voyant pas lintérêt
de les maintenir et den payer les annuités.
Ader fut ainsi fort irrité de voir que la Société
générale des téléphones na rien fait
pour tirer parti commercialement de [son] invention alors même
quil avait fait techniquement tout ce quil fallait
pour rendre le système pratique.
Linadéquation des logiques commerciale et technique rendait
toujours plus difficiles les relations entre la Société
générale des téléphones et son inventeur.
Le versement des redevances pouvait également être source
de difficultés. La liquidation de la Société générale
des téléphones conduisit à la création dune
société nouvelle en octobre 1893, la Société
industrielle des téléphones.
Forte dun capital de 18 millions de francs et dun portefeuille
de 18 brevets, la nouvelle société avait pour objet la fabrication
et la vente de tout matériel ayant pour but une application quelconque
de lélectricité, en particulier la pose de câbles
sous-marins.
Dès le mois de mars 1894, la Société industrielle
des téléphones manifesta le désir de poursuivre la
collaboration avec Clément Ader en reprenant à son compte
les contrats signés entre ce dernier et la Société
générale des téléphones.
Le début de cette coopération fut cependant difficile, Ader
sévertuant à demander à la nouvelle société
quelle réglât les redevances dont lancienne entreprise
ne sétait pas acquittée, à tort selon lui.
Le Comité de direction de la Société industrielle
des téléphones repoussa les récriminations dAder,
au point que Léauté exhorta linventeur à se
mettre au travail en ces termes :
Je ne puis que vous répéter à ce sujet
ce que je vous ai déjà dit dans nos entrevues ; nous désirons
travailler avec vous, dont nous apprécions la valeur ; remettez-vous
à la téléphonie, faites du nouveau, prenez des brevets
et nous serons enchantés de recommencer à vous payer pendant
quinze ans des redevances.
Peut-être lâpreté dAder sexpliquait-elle
par les coûts en temps et en argent quoccasionnaient ses recherches
sur lÉole. En tout cas, la Société industrielle
des téléphones nétait pas prête à
payer plus que nécessaire. Elle nétait surtout pas
prête à payer pour les inventions personnelles dAder.
Pourtant, la Société allait profiter de la diversité
de lactivité inventive dAder.
Quand Ader prit, le 3 septembre 1898, un brevet relatif au perfectionnement
des voitures automobiles et des moteurs, la Société industrielle
des téléphones vit là loccasion dune
diversification de ses propres activités36. Par un contrat en date
du 2 février 1900, elle et Ader précisèrent les fondements
dune nouvelle coopération. Par bonheur, nous disposons de
ce document qui permet den savoir plus sur le lien entre ces deux
partenaires.
Selon les dispositions du contrat, Ader devait garder la direction
des études, inventions, recherches, relatives aux automobiles ,
avec un droit de contrôle sur le service de construction et en étant
membre de droit de toutes les commissions que la société
pourrait mettre en place pour prendre des décisions dans laffaire
des automobiles. Par ailleurs, Ader apportait à la société
son brevet du 3 septembre 1898 (ainsi que tous ceux qui sy rattachaient)
et sengageait à faire profiter exclusivement la Société
industrielle des téléphones, [...] de toutes les inventions
et de tous les perfectionnements quil apporterait dans lindustrie
concernant lautomobilisme.
En contrepartie, Ader recevrait pendant quinze ans une part du produit
net encaissé des ventes. Les brevets seraient pris au nom de la
Société, qui rétribuerait pour ce faire une agence
de brevets, agréée par les deux parties. Si elle demeurait
libre de prendre les brevets qui lui sembleraient utiles, la Société
industrielle des téléphones devait prendre à sa charge
les procès de toutes natures auxquels les inventions pourraient
donner lieu, étant entendu quAder déclinait toute
responsabilité en cas de déchéance ou dannulation
des brevets pris à la suite de ses recherches.
Une commission fut donc instituée pour évaluer les recherches
dAder et procéder à des études et des essais
qui firent lobjet de véritables programmes. Mais laffaire
échoua et, en 1902, laccord signé deux ans auparavant
fut remplacé par une convention rendant leur liberté aux
deux partenaires.
Au final, la Société des téléphones et Ader
avaient su dépasser tous leurs contentieux pour parvenir à
reconduire, sur des terrains différents, leur collaboration.
sommaire
CONCLUSION
Létude des relations de Clément Ader avec la Société
générale des téléphones puis avec la Société
industrielle vient tout dabord relativiser la distinction entre
recherche interne et recherche externe, la première étant
supposée reposer sur les ressources humaines et matérielles
propres à lentreprise alors que la seconde devrait relever
dinventeurs indépendants, extérieurs à elle.
Au final, une telle typologie savère fort peu pertinente
pour rendre compte de la relation dAder aux différentes sociétés
évoquées. Dun côté, les recherches dAder
furent effectuées hors de lentreprise et firent lobjet
dune véritable transaction, permettant ainsi à lentreprise
de se défausser dune partie du risque que comporte lactivité
inventive. Dun autre côté, Clément Ader ne fut
pas un inventeur totalement indépendant et les règles de
la transaction eurent une influence non négligeable sur son activité
inventive.
Le refus de Société générale des téléphones
de payer à Ader un certain nombre déquipements eut
ainsi une incidence directe sur le cours de ses recherches.
De même, le fait que la Société industrielle des téléphones
ait pu prendre certains brevets proposés, les abandonner ou les
défendre, voire soumettre les travaux dAder à une
commission technique, tout cela montre bien que la recherche de linventeur
indépendant peut être orientée par les règles
définies lors de la transaction.
Recourir à un inventeur extérieur à lentreprise
offre cependant à cette dernière lavantage de partager
le risque de lactivité inventive tout en lorientant.
À cet égard, le statut dentrepreneur dinventions
constitue lune des conditions de possibilité de cette relation.
En poursuivant ses propres objectifs en matière dinvention,
en dirigeant plusieurs équipes de techniciens engagées sur
des projets différents, lentrepreneur dinventions quétait
Ader offrait à son client une garantie importante : celle de vouloir
produire assez de résultats pour pouvoir financer dautres
projets auxquels il tenait.
En sadonnant uniquement à des recherches sur la téléphonie,
il nest pas du tout certain quAder eût été
en mesure de partager les risques de son activité avec la Société
industrielle. Le recours à un entrepreneur dinventions reconnu,
travaillant sur des projets diversifiés, était sans doute
lune des meilleures manières à la disposition de la
Société des téléphones pour promouvoir des
formes dinnovation tout en en maîtrisant le risque.
Dans ce processus, le rôle du brevet dinvention et de la propriété
industrielle apparaît dans toute sa dimension. À travers
la gestion des droits de propriété, cest en effet
une véritable organisation de linvention qui est alors établie.
Savoir qui doit prendre le brevet, jusquà quand lentretenir,
quand et comment le défendre, en quels termes le rédiger,
toutes ces questions constituent les éléments de stratégies
complexes en vue de maîtriser et dorienter lactivité
inventive. Là encore, les objectifs de lentreprise et de
linventeur peuvent diverger, la première restant bien souvent
attentive à la rentabilité de ses actifs tandis que le second
se soucie par ailleurs de sa propre renommée.
Enfin, cette importance des tractations qui ont lieu autour des brevets
dinvention et la richesse des relations entre lentreprise
commerciale et lentrepreneur dinventions conduisent à
redéfinir le rôle du laboratoire, traditionnellement considéré
comme un reflet fidèle de lorganisation de linvention
ou de la recherche industrielle. On ne peut déduire, en effet,
de labsence dun laboratoire au sein dune entreprise
une carence en matière de recherche lorsque
lessentiel de lactivité inventive est susceptible dêtre
mené hors des locaux, dans les ateliers ou dans le laboratoire
particulier dun inventeur.
En fait, non seulement le défaut de laboratoire de recherche ne
signifie pas le défaut dactivité inventive dans lentreprise,
mais il ne signifie pas non
plus labsence dorganisation de cette activité.
Ainsi, dans un contexte où linvention semble être lapanage
de linventeur individuel,
lorganisation de linvention repose sur une pluralité
dacteurs, qui ne sont pas nécessairement concentrés
en un seul et même lieu, ainsi que sur une série de procédures
visant à partager les fruits de lactivité inventive.
Dès lors, chercher à décrire lorganisation
de linvention à la fin du XIXe siècle à travers
le seul cadre danalyse hérité des heures glorieuses
de la Big Science est une entreprise périlleuse.
Pour reconstruire les cadres de linvention, il convient avant tout
de prendre en compte la diversité de ses manifestations.
sommaire
1878 Le premier bureau central du réseau
de Paris de la Compagnie des téléphones
Gower.
.jpg) Signal
Ader 
Les commutateurs (switchboard) des premiers bureaux centraux
téléphoniques à PARIS étaient identiques
aux commutateurs utilisés par le télégraphe.
Les lignes étaient unifilaires et reliées à
l'une des barres du commutateur, les barres de l'autre série
communiquaient «chacune avec un appareil».
Un bouchon (bâton de cuivre) établisait la connextion
entre les barres métaliques.
C'était la terre qui bouclait le circuit et reliant
les abonnés deux à deux.
Avec Gower Ader collabore
et invente un dispositif de signal d'appel pour bureau central de
la Compagnie des téléphones
Gower.
Brevet du 30 septembre 1879 n° 132944,
Système d'avertisseur téléphonique sans
pile, à signal visible, l'exploitation fugace de cet appareil
fonctionnait assez mal dans le central téléphonique
Gower,

Modèle
à Muret
Le grand avantage des téléphones magnétiques
réside dans la suppression de la pile, mais il faut bien
avouer que le signal du téléphone Gower est parfois
insuffisant et ne laisse pas de trace. Il fallait donc trouver un
moyen de laisser une trace véritable de lappel ou de
produire un appel puissant sans lintervention de piles dont
on considérait, au contraire, la suppression comme une supériorité
sur le système à charbon dEdison.
Cest ce problème qua résolu M. Ader en
imaginant un signal davertissement sans pile.
Brevet du 20 avril 1880 US226584
Visible Signal for Telephones 
Le diagramme de la figure 119 montre la disposition de la lame R
et du levier C oscillant autour du point X sous linfluence
du poids P . Dans une disposition plus récente, représentée
sur la droite du diagramme, le ressort R est incliné, la
surface du crochet est horizontale, ce qui donne plus de sûreté
au signal . Le déclanchment ne veut se qu'en soufflant dans
le téléphone et non pas en parlant, il se produit
cependant en chantant très fortement dans lembouchure
la note qui correspond à lanche vibrante du téléphone.
Cet appareil est un cas bien déterminé de mouvements
dattraction produits par des courants téléphoniques
dinduction, car la lame R ne peut vibrer que sous linfluence
des variations de puissance attractive de lélectroaimant
.
Lorsquon veut faire un appel plus puissant, le signal de M.
Ader peut fonctionner comme relais, cest ainsi quon
lemploie au bureau central du téléphone Gower
; il ferme alors le circuit dune pile locale sur une sonnerie
qui fonctionne jusquau moment où lon relève
le signal, ou bien ce signal peut produire le déclanchement,
d'une sonnerie à mouvement dhorlogerie, analogue à
celle des télégraphes à cadran de Bréguet.
Le 24 septembre 1879 la société Gower a demandé
a la préfecture du département de la Seine l'autorisation
de faire établir dans les égouts de Paris 101 lignes
téléphoniques. Un plan est joint à la demande.
Cela ne se fera ni sans frais ni sans délais. La société
doit d'abord verser une provision de 20 000 F, un cautionnement
spécial de 5 000 F plus un cautionnement supplémentaire
de 20 000 F.
Ceci fait, le Directeur des travaux de Paris affirme aux gérants
de la Société "je ne vois aucun inconvénient
â ce que vous procédiez, dès â présent,
à l'établissement des fils" sauf bien sûr
â donner avis du début des travaux à au moins
trois ingénieurs détenteurs de l'autorité sur
une parcelle du sous-sol : l'ingénieur de l'assainissement
pour le service des égouts, l'inspecteur des eaux, et 1'ingénieur
de la section intéressée en ce qui concerne les tranchées
sur la voie publiques.
Les premières lignes : Il
y a en tout huit lignes à chacun six conducteurs qui
divergent à partir de la rue Neuve des Petits Champs siège
de la Société. Ceci permet accessoirement de voir
qui étaient les 48 premiers abonnés : des banques
"dont celles qui finançaient la Compagnie (Société
générale, qui utilise le réseau un peu comme
un réseau intérieur entre sespropres bureaux, le Crédit
mobilier, la Société financière, la banque
franco Egyptienne, la Banque générale de Change) des
financiers (Chambre syndicale des agents de Change), des hommes
d'affaires intéressés dans le financement des sociétés
de télégraphie sous-marine et de téléphone
(Erlanger), des journaux (La Lanterne, le National) , ainsi que
l'agence Havas. Le réseau bénéficie au départ
de la concentration de ce type d'activités autour de la Bourse
et le trajet des fils suit le tracé des rues avoisinantes
. La prévision d'extension du réseau est réduite
à sa plus simple expression.
Deux jours plus tards, le 29 octobre la Société Gower
dans une nouvelle lettre précise à l'inspecteur qu'elle
"le prie de bien vouloir utiliser le sixième fil de
la sixième ligne (un câble â six conducteurs)
pour le Cercle franco-américain 4, place de l'Opéra.
Le premier modéle de téléphone Gower fut adopté
pendant quelque temps, pour la correspondance téléphonique,
par la Société de Paris, qui ne tarda pas néanmoins
à l'abandonner, vu son prix élevé, son volume
considérable et sa trop faible portée.
Un autre modèle fut créé et utilisé
principalement en Angleterre.
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sommaire
Puis Ader continue ses travaux et fabrique un système d'étude
expérimental sensé démontrer l'existence de la "surexcitation",
il est composé d'un aimant, d'une plaque de tôle retenue
par deux clous et en avant, d'une pièce de fer qui doit être
le "surexcitateur".
. Modèle déposé
au Musée de Muret
Brevet du 26 juillet 1879 n° 131974 - Système
de téléphone à pôles magnétiques concentrés.
Ces travaux aboutissent au Brevet du 24
octobre 1879 n° 133337 - Téléphone récepteur
à pôles magnétiques surexcités.
fabriqué en premier par Ladislas Lenczewski et Cie
30 mai 1882- Brevet d'addition.
19 avril 1883- Addition.
9 mai 1883- Addition.
13 septembre 1883- Addition.
27 février 1884- Addition.
12 mai 1884- Addition.
21 avril 1885- Addition.
sommaire
Après avoir réalisé un excellent
récepteur, Ader continue des laboratoires de F. Gower pour poursuivre
ses travaux afin de trouver un transmetteur de bonne qualité. Th
Du Moncel reprend les expériences d'Ader et demande à Antoinr
Breguet de lui réaliser un prototype.
Article La lumière Electrique du 15 juillet 1880 :
1
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suite 5
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suite 6

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suite 7

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suite 10
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suite 11
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suite 12
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suite 13
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suite 14
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Etrangement
cette description correspond au rare appareil
Bréguet de la même année de ma collection.
Puis Ader construit de nombreuses versions de transmetteurs avant de revenir
au fondamental principe de Hugues.
En s'inspirant des travaux de Locht-Labye, il présente un nouveau
microphone transmetteur à un seul contact, puis d'amélioration
en amélioration il construit un appareil mobile avec le transmetteur
placé sous une planchette fine de sapin :

Le premier téléphone mobile
, micro fixe à charbon, pour mettre sur une table ou un bureau.
sommaire
Ensuite il y eut de nombreuses versions, la première
un vertificat d'addition le 10 juillet 1880 pour "une nouvelle disposition
de transmetteur microphonique à plusieurs contacts à simple
ou double effet"... jusqu'au transmetteur à 10 bâtons
que l'on connait bien et qui rendra Ader célébre.
Ader revenant aux fondamentaux de Hughes
et de Crossley, construit le microphone composé de 10 bâtons
en charbon montés sur 3 traverses.
Il est très simple à fabriquer et pas onéreux, facile
à installer, ne necessite aucun réglage : il est donc très
avantageux.

Le microphone de Crossley (à gauche ) et le micro Ader à
droite.
Le premier appareil téléphonique
Ader à la Présidence de la République fut installé
en décembre 1880.
Voici comment la presse de l'époque rapporta l'évènement
:
"On a procédé il y a quelques jours à
la pose de l'appareil qui est relié par des fils spéciaux
aux bureaux de la Présidence de la Chambre des Députés,
à ceux de la Présidence du Sénat et aux différents
ministères, de manière que le chef de l'Etat puisse
communiquer verbalement avec tous les membres du gouvernement chaque
fois qu'il sera nécessaire".Mais en fait cette installation
fut réalisée à l'insu du Président.
Le poste "Ader" du Président Grévy
et
Monsieur Cochery Ministre des Postes et Télégraphes
Ecoutons Clément Ader relater dans ses mémoires comment
les choses se sont réellement passées :
"Monsieur Grévy était Président
de la République, Monsieur Cochery Ministre des Postes
et Télégraphes et Monsieur Caël Directeur de la
région télégraphique de Paris. Le téléphone
était peu connu à cette époque. Le Président
ne témoignait aucun désir de l'avoir et cependant il
fallait, dans ses hautes fonctions, qu'il en eût un à
portée de main, sur sa table de travail. Un jour, à
l'insu du Président, nous installâmes une ligne téléphonique
depuis le ministère des Télégraphes jusqu'au
bureau de l'Elysée, aboutissant à un téléphone
placé sur le bureau du Président".
Lorsqu'il entra dans son cabinet, l'appareil attira tout de suite
son attention. Le régisseur, prétextant une raison de
service, s'y trouvait déjà. Le Président lui
demanda : "que signifie cet objet ?, d'où vient-il ? C'est
Monsieur Cochery qui a donné l'ordre de le placer là.
Dans ce cas, ce doit être un instrument utile !"
Et aussitôt le régisseur présente l'appareil au
Président en lui expliquant la manière de s'en servir.
Pendant ce temps, Monsieur Caël assurait la communication avec
le Ministre. On devine l'équivoque qui suivit ces préparatifs.
"Mais c'est la voix de Cochery que j'entends, s'écria
le Président... Merci cher ami de m'avoir réservé
cette surprise. Je ne m'attendais pas à une telle satisfaction
!...Merci encore ! "
Et Monsieur Cochery, déconcerté par ces remerciements
inattendus, ne trouvait à répondre que des : "Ah!...Ah!...bien...très
heureux, Monsieur le Président, si j'ai pu vous être
agréable !". |
sommaire
Ader
ne sera pas salarié de la société SGT, il préféra
se contenter d'un intéressement et des droits d'exploitation négociés
avec la SGT.
Cela lui permit d'acheter un pied à terre sur Paris, 68 rus de
l'Assomption ou il installe son laboratoire.
Se remettant au travail, en 1881, Ader prose à la SGT un transmetteur
mural construit par Breguet
Ader-Breguet 1881
Les Téléphones SGT
Paris
 |
Le transmetteur ADER
Le microphone Ader se compose dune mince planchette en
sapin, de forme rectangulaire, ayant 16 cm de longueur sur 11 de largeur
et de 10 crayons en charbon.
A cette planchette sont fixés, par des boulons, trois prismes
de charbon a, b , c (fig. 33), parallèles et espacés
denviron 45 mm.
Dans les trous pratiqués à lintérieur de
ces trois prismes, sengagent des cylindres de charbon EF, dont
la partie médiane a 8 mm de diamètre, tandis que les
extrémités nont plus quun diamètre
de 4 mm.
Les trous des prismes sont plus grands que les bouts des cylindres,
de sorte que ceux-ci sy meuvent librement, tout en restant emprisonnés
entre les trois prismes.
Les cylindres de charbon sont au nombre de dix, formant deux rangées
de cinq. Les deux prismes extrêmes portent chacun une petite
languette de cuivre, fixée par un écrou, et à
laquelle est soudé le fil de communication.
La planchette de sapin est collée sur une bandelette de caoutchouc,
adhérente elle-même à lébénisterie
du transmetteur.
Dans les divers transmetteurs de réseau auxquels la Société
industrielle des Téléphones a appliqué le microphone
Ader, elle a fait usage dun mécanisme uniforme auquel
il na été apporté quelques changements
de détails que dans les cas dabsolue nécessité.
La clé dappel (fig.34) est à double fil
; elle se compose de deux ressorts RR,, parallèles, isolés
lun de lautre et montés sur les plots AB. Un bouton
dappel C rend ces deux ressorts solidaires, tout en les main
tenant isolés lun par rapport à lautre.
Les butées de travail sont représentées par les
pièces métalliques DE ; les butées de repos par
les équerres FG. Les contacts sont à friction.
|
Le récepteur ADER (écouteur)
Brevet
du 28 février 1880 n° 135667, Système
de postes téléphoniques et appareils employés
à cet effet.133337
Brevet du 24 octobre 1879- Téléphone récepteur
à pôles magnétiques surexcités.
30 mai 1882- Addition.
19 avril 1883- Addition.
9 mai 1883- Addition.
13 septembre 1883- Addition.
27 février 1884- Addition.
12 mai 1884- Addition.
21 avril 1885- Addition
En fait on a reconnu que l'utilité de cet anneau était
mal démontré.
Ce brevet et ses certificats d'adition feront la ortune de Ader.
|
 |

Dans le levier-commutateur (fig. 35), les
ressorts de contact sont au nombre de sept.
Lorsque le crochet est abaissé, le ressort a communique avec
la partie centrale du levier à laquelle aboutit en permanence
la ligne L, ; les ressorts b , e, f sont isolés; les ressorts
c, d sont réunis par la bague métallique h; le ressort
m est séparé de sa butée n par la goupille isolante
k.
Lorsque le crochet est relevé, les ressorts et, c, d sont isolés;
b communique avec la partie .centrale du levier ; e, f sont réunis
par la bague métallique y ; le ressort m repose sur sa butée
n. |
 |
 |
La figure 36 montre le schéma
des communications intérieures des transmetteurs Ader, modèles
à pupitre N°2 et N°3.
On voit sur cette figure que ;
1° lorsque le levier-commutateur est abaissé, le courant
d'appel provenant du poste corres pondant passe par L1, H, a, B, R
E, G, S, sonnerie, S 2 , d, c, F, R, A, L 2 . Le conducteur I2 est
isolé en n. Le poste appelé répond en appuyant
sur sa clé dappel et relie ainsi les bornes ZS et CS
à L, et L 2 : la borne ZS par D, B, A, 1 2 , f a borne CS par
E, R,, B, a, II, L r
2° Lorsque le levier-commutateur est relevé, les courants
de conversation circulent entre H, b , induit de Bf, t 2 , récepteur
r 2 de droite, t 3 , t t , récepteur r t de gauche, t, m, n,
L 2 . Le conducteur L 2 A est coupé enc. Le circuit microphonique
est fermé par CM, Minducteur de Bl, borne ZM, pile microphonique.
Il est bien entendu que la pile dappel et la pile de microphone
sont indépendantes.
Dans le transmetteur Ader à pupitre n° 3, la clé,
sous forme de bouton dappel, est analogue à celles des
types n° 1 et 2.
Consultez
le catalogue SGT de 1891 |
 
Brevet US274246A approuvé
le 20 Mars 1883
Le récepteur Ader à gros anneaux
remplacera les téléphones (de type Bell) et équiperont
les transmetteurs Crossley déjà instrallés
sur les premiers réseaux de Province de Gower.
Ader reçu le prix VAILLANT de physique
assorti d'une somme de 3000 fr par l'Académie des sciences.
sommaire
Les récepteurs Ader d'abord construits par
la SGT Société Générale
des Téléphones jusqu'en 1993, et ensuite par la SIT
Société industrielle des Téléphones.
- Société Générale des Téléphones
(SGT) : siège social 41 rue Caumartin 75009 paris
- Société Industrielle des Téléphones
(SIT) : 25 rue du 4 septembre
75002 Paris
  
Dans le premier modèle figure 1, désigné dans le
catalogue de la Société Générale
des Téléphones sous Ader le n° 1, laimant
est en dehors du boîtier et forme la poignée ou lanneau
de suspension de linstrument. La figure 2 montre une coupe du récepteur
Ader n° 1. Laimant A affecte la forme dun anneau ouvert.
Sur les pôles de cet aimant sont vissées des équerres
en fer doux formant les noyaux des bobines b , b. Sur les bords du boîtier
B, en laiton nickelé, vissé sur les pôles de l'aimant
A, repose la plaque vibrante D, en tôle étamée. Des
rondelles de réglage en laiton sont interposées entre le
boîtier, la membrane et le couvercle C qui se visse sur le boîtier.
Ce couvercle porte, en X, un anneau excitateur en fer et, en E, une embouchure
en ébonite ou en ivorine.
Les bobines montées sur carcasse métallique ont une résistance
totale denviron 150 ohms; lediamètre de la plaque vibrante
est de 50 mm, son épaisseur de 0,32 mm. Les extrémités
des fils des bobines, qui sont montées en série, aboutissent
à des bornes extérieures isolées du boîtier
par des rondelles en os ou mieux en ébonite.
Le modèle Ader n° 2 est verni en noir au lieu
dêtre nickelé.
N°2
N°7 N°15
Dans le type n° 3 (fig. 37), plus petit que les précédents,
la clé dappel a la même forme que celles des types
1 et 2; mais elle est actionnée par un bouton-poussoir.
Le type n° 4 (fig. 38) est un appareil portatif. Bien que quelques
ressorts naient pas, dans ce modèle, exactement la même
forme que dans les types muraux n os 1, 2 et 3, la disposition générale,
le fonctionnement et la disposition des circuits ne diffèrent pas.
  |
Au début, les piles sont installées
au sol dans une boite, la sonnerie à courant continu est
accrochée au mur, plus tard, lorsque le bureau central le
permettra, certains appareils ADER seront montés sur
une planche avec un appel magnétique (fig. 103), une
sonnerie à courant alternatif, et une caisse pour mettre
les piles d'alimentation de ligne et de micro.
Fig. 104. Schéma des connexions de lappareil
avec appel magnétique de la Société Industrielle
des Téléphones.
Nous choisirons, comme type de ce mode d'installation, lun
des modèles de la Société industrielle des
Téléphones, dont les figures 103 et 104 montrent une
vue densemble et un schéma des connexions.
A. Appel magnétique. B. Bobine dinduction.
C. Commutaleur automatique. M. Micro ligne. N. Paratonnerre.
- R. Récepteurs. LL. Bornes des fils de ligne.
S. Sonnerie polarisée. T. Borne du fil de terre.
PP. Bornes des fils de pile.. Bornes des fils du circuit primaire.
ss. Bornes des fils du circuit secondaire.
|
..   
Dans le second type, connu sous le nom de récepteur Ader n°
3, laimant est à lintérieur du boîtier.
A poignée
Le même
sur manche
Dans le modèle n° 3 aussi SGT puis SIT, quil soit à
poignée (fig. 3) ou à manche, quil appartienne à
un appareil combiné ou à un serre-tête, lorgane
électromagnétique est constitué par deux anneaux
en acier aimanté AA (fig- -4) dont deux équerres forment
les pôles, en meme temps qu elles constituent les noyaux de deux
bobines, montées en série, dont la résistance est
de 150 ohms. La plaque vibrante D a 54 mm de diamètre sur une épaisseur
de 0,21 mm.
Ader N°12b Ader
N°11b  Le
serre-tête
Les transmetteurs Ader muraux à pupitre,
connus sous les noms de type n° 1 et type n°2, comportent les
organes que nous venons de décrire; ils ne diffèrent entre
eux que parle vernissage; le n° 1 est verni au tampon ; le n°
2 est verni au pinceau.
 
Ader N°7 schéma
des communications et détails
Consultez
le catalogue SGT de 1891
Le Combiné Berthon a
été créé prinipalement pour les opératrices
des centres manuels, afin de se libérer une main.
Pour
opératrice. D'autre
Modèle Plus tardif, équiperont des téléphones
mobiles Ader et Berthon.
Le transmetteur Berthon
(fig. 66)
Il se compose dun boîtier en ébonite AA, sur le
fond duquel sont superposées: une rondelle de caoutchouc E,
une plaque de charbon C, une seconde rondelle de caoutchouc F, une
seconde plaque de charbon D, et enfin une troisième rondelle
de caoutchouc G; le tout estassujetti par une bague nickelée
H, qui se visse à lintérieur du boîtier.
La plaque C porte en c un anneau qui fait saillie et forme une sorte
de cuvette dans laquelle on place de la grenaille de charbon.
Cette grenaille se meut librement entre les deux plaques de charbon,
dans lespace qui correspond à la cuvette.
Les deux plaques de charbon forment ce que lon pourrait appeler
les deux pôles du microphone; elles sont reliées au circuit
primaire du transmetteur.
La plaque supérieure est vernie extérieurement, et cest
devant elle que lon parle.
|
 |
Inventé en 1878 par
l'ingénieur Louis Berthon, ce combiné téléphone
a tout d'abord été destiné à un usage
professionnel et aux standardistes (les
demoiselles du téléphone), avant de rencontrer
un vrai succès public aux Etats-Unis, puis en Europe, une dizaine
dannées plus tard.
L.Berthon, bien
avant que la SIT devienne
la seule entreprise d'exploitation du téléphone, a eut
lidée en 1879 dassocier son microphone à
un récepteur conçu par l'ingénieur Clément
Ader :
cest la naissance du combiné Berthon-Ader,
que lon saisit par une poignée et qui diminue lencombrement
de lappareil.
Ce modèle, fabriqué et commercialisé dès
1893, est le premier combiné destiné au public.
Surnom : la louche Berthon
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|
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Le combiné Berthon-Ader,
résulte de laccouplement dun microphone Berthon
renfermé dans un boîtier en ébonite avec un récepteur
Ader n° 3.
Le récepteur est monté à glissière sur
la barre dassemblage.
Vers le milieu de cette barre, un manche en ivorine maintient le cordon
souple à quatre conducteurs qui assure les communications.
Ce cordon se termine tantôt par des ferrets, tantôt par
une fiche à quatre lames que lon enfonce dans une mâchoire
à quatre contacts fermant du même coup le circuit secondaire
sur le récepteur et le circuit primaire sur le microphone.
Quelquefois la poignée porte un commutateur qui, par la pression
de la main, ferme le circuit microphonique.
Habituellement lappareil combiné est monté sur
un support à colonne que représente la figure 94.
|
N°2
N°2 Schéma
N°3 
N°5 N°8
N°8bis 
N°9 Cartel 
N°10 
N°10
 
Berthon N°10 et Lyre Berthon-Ader SGT avec louche Berthon
et modèle SIT avec louche
système Eurireult.
sommaire
Les Téléphones SIT 25
rue du 4 septembre 75002 Paris
la
Société Industrielle des Téléphones
est fondée en 1883 succèdant à
la SGT Société Générale
des Téléphones.
Le nouveau directeur technique de la rue des Entrepreneurs à Paris,
spécialisée en téléphonie, est Gérard
Bailleux.
Celui-ci met rapidement au point un nouveau transmetteur à grenaille
à base de parcelles danthracite concassées. Il équipe
bientôt une nouvelle gamme de téléphones de luxe.
Le récepteur "Ader à petit
anneau" deuxième version
Impossible de retracer d'une façon précise la génèse
de ce récepteur, les médias d'époque consultés
sont tous restés silencieux à ce propos, mais il a des pistes
à suivre...En abandonnant le "surexcitateur" (partie
essentielle de l'appareil...), Ader aurait donc "proposé"
un second type de récepteur.
Toujours dans le "Cours d'installations téléphoniques"
de H. Milon de 1923, on trouve les dessins et la description de ce récepteur
Ader :
Dans les types
Ader plus récents (fig.7), la poignée est indépendante
de l'aimant, et celui-ci est constitué par des barreaux demi-circulaires
disposés à plat dans le boîtier. Deux séries
de ces barreaux superposés sont placés en regard l'une de
l'autre, avec les pôles de même nom en opposition, de façon
à former une sorte d'aimant circulaire avec deux pôles diamètralement
opposés.
Sur ces pôles on fixe les equerres de fer doux qui doivent supporter
les noyaux des bobines. Cette forme a l'avantage d'être peu encombrante,
et de permettre de donner à la poignée ou au support une
forme quelconque, adaptée au mode d'emploi de l'appareil et à
la convenance de la personne qui l'utilise; mais elle ne permet pas l'emploi
d'aimants aussi puissants. (Que le modèle à "surexcitateur).
Comme le récepteur "Ader" n'a donné lieu à
aucun brevet de la part d'Ader, on peut supposer qu'il a été
développé par le bureau d'étude de la Société
générale des téléphones
sommaire
La société SGT lance en 1881
le Théâtrophone,
sur une idée de C.Ader.
Dans ce contexte dinventions accélérées,
le théâtrophone constitue de toute évidence la première
utilisation du savoir scientifique et technique de la reproduction sonore
pour le divertissement du public. Les études historiques sur les
médias considèrent en effet le plus souvent le théâtrophone
comme le premier dispositif de stéréophonie et, à
ce titre, comme un précurseur de la radio, ou encore comme un outil
ayant nourri limaginaire technologique de lépoque .
Le théâtrophone a pourtant défini un nouveau mode
dassistance à la représentation scénique, purement
auditif.
Lauditeur pouvait en effet entendre, dans une même soirée,
les salles de théâtre les plus prestigieuses de Paris (de
lOpéra Garnier, de la Comédie-Française, de
lOpéra Comique) et dès lors circuler dans les différents
espaces scéniques de la ville de Paris à travers les sonorités
qui lui étaient rendues par le théâtrophone. Cette
révolution sonore a permis de réinventer le cadre architectural
et social des lieux de culture. Le spectateur pouvait ainsi circuler et
passer de la salle de spectacle, au foyer du théâtre où
était également diffusé le spectacle : comme dans
une « pré-scène » ; passant de lécoute
médiatisée à lécoute directe.
Un autre succèsde Ader est le Théatrophone
, sous l'initiative de Antoine Breguet il realisa l'installtion de transmetteurs
Ader à l'Opéra de Paris.
Des recepteurs étaient disponibles dans un salon de l'expostion
pour pouvoir écouter à distance ce qui était joué
à l'Opéra.
La maison Breguet et la SGT reçurent un diplôme d'honneur
à l'issue de l'exposition. Clément Ader reçu une
médaille d'or.
Avec plus de 900 000 visiteur, l'Exposition de 1881 réussit,
comme on le sait, au delà de toutes les espérances.
Aussi, dans l'année qui suivit, le Gouvernement français
voulut-il témoigner sa reconnaissance à l'initiateur d'une
manifestation si heureuse pour notre pays, en nommant M. le docteur Herz
officier de la Légion d'honneur.
M. LARTIGUE donne quelques renscignements sur
l'installation des lignes téléphoniques à Paris .
Les fils sont partout doubles , pour éviter l'induction . Pour
les auditions de l'Opéra , il existait dix microphones de chaque
côté de la rampe ; les récepteurs étaient divisés
en 10 séries , de 8 chacune ; chaque microphone correspondant à
8 téléphones , places en tension , destinés chacun
à l'oreille droite d'un auditeur , et le microphone symétrique
à 8 téléphones destinés à l'oreille
gauche . Le récepteur était le téléphone Ader
å surexcitateur . Le courant était fourni à chaque
microphone par 15 éléments Leclanché fonctionnant
successivement par séries de 3 : la bobine intercalée dans
le circuit avait un circuit inducleur dont la résistance élait
1obm , 5 et un circuit induit de 150 ohms . Chaque bobine du récepteur
avait une résistance de 40 ohms : la résistance totale de
chaque récepteur est de 80 ohms .
Ecouteurs
à l'exposition Transmétteurs
à l'Opéra
La SGT se distingua lors de lexposition internationale délectricité
de 1881, avec la mise en place dans lenceinte de lexposition
du « théâtrophone»
permettant dentendre les spectacles donnés à lOpéra
ou à la Comédie française.
Des micros sont installés de chaque côté de la scène
de l'Opéra Garnier et permettent découter lopéra
en restant chez soi. Il s'agit de simples micro au carbone à simple
phase, une technologie ancienne qui ne permettait pas un très bon
rendu acoustique et musical. Même si les micros sont installés
de chaque côté de la scène cela ne signifie pas que
le spectacle était retransmis en stéréo.
Le système sera rapidement étendu à d'autres salles
de spectacle. Le Tribut de Zamora de Charles Gounod fut le premier opéra
de lhistoire à être retransmis via des fils téléphoniques
dans un autre immeuble. Au lendemain de la quinzième représentation,
on pouvait lire dans Le Ménestrel du 22 mai 1881 : « [Le
téléphone] a été mis en communication avec
la salle de lOpéra, à lheure même des
représentations. Réussite complète ! On entendait
parfaitement, rue Richer [dans les magasins de lOpéra], les
voix de Mmes Krauss, Dufrane, Janvier, celles de MM. Sellier, Melchissédec
et Lorrain, dans Le Tribut de Zamora. » « C'est très
curieux. On se met aux oreilles deux couvre-oreilles qui correspondent
avec le mur, et l'on entend la représentation de l'Opéra,
on change de couvre-oreilles et l'on entend le Théâtre-Français,
Coquelin, etc. On change encore et l'on entend l'Opéra-Comique.
Les enfants étaient charmés et moi aussi »
...
Inventeur et maître duvre de ce système qui fut
lun des clous de cette exposition, Clément Ader fut récompensé
par une médaille dor
Ce succès contribua à renforcer les liens entre Ader et
la Société générale des téléphones.
Cest au cours de lannée 1881, en effet, que cette dernière
devint propriétaire des inventions de Clément Ader et quelle
sassura sa collaboration exclusive en matière de téléphonie.
Le brevet ADER fut vendu partout dans le monde
et le théâtrophone fut utilisée jusqu'en 1926, à
Moscou et 1937 à Paris. Bien sûr, son succès déclina
beaucoup après la découverte des ondes hertziennes.
Ader fut surpris de cet engouement, autant qu'il fut surpris de l'échec
commercial de certaines de ses inventions. Mais grâce au théâtrophone
et au téléphone, Ader devint multimillionnaire .
Plan du dispositif de théâtrophone
à l'Opéra durant l'Exposition universelle de Paris (1881).
Brevet du 13 janvier 1882 US257453
TELEPHONIC TRANSMISSION OF SOUND FROM THEATERS
On pouvait lire dans la revue "L'Electricien" de 1881,
l'article de A. NIAUDET .
Il a été fait
ces jours derniers entre l'Hippodrome et les bureaux de la Compagnie
internationale des Téléphones , 15 , place Vendôme
, une expérience intéressante . L'orchestre de l'Hippodrome
, qui joue dans la journée et le soir pour les deux représentations
quotidiennes , a été entendu par de nombreux invités
réunis place Vendôme . Il y avait là 96 récepteurs
téléphoniques ; chaque auditeur en ayant deux , 48 personnes
pouvaient entendre à la fois .
Nous allons cntrer dans quelques détails sur les dispositions
prises par le docteur J. Moser pour obtenir ce résultat .
Grâce à la complaisance de l'administration de l'Hippodrome
et à celle de la Société générale
des Téléphones , on a pu faire usage des deux fils qui
servent habituellement à la direction de l'Hippodrome qui compte
parmi les abonnés du réseau de Paris . Mais de ces deux
fils , il en fallait un pour l'échange des conversations ,
ordres donnés , avis transmis , etc. , etc. , tout à
fait indispensables pour mener à bien une opération
exécutée , comme celle - ci , entre deux points éloignés
.
Il ne restait donc plus qu'un seul fil pour l'audition musicale .
Voici comment les appareils étaient disposés à
l'Hippodrome .
Il y avait 25 transmetteurs microphoniques montés sur une planche
unique , placée elle - même un peu inclinée sur
l'horizon tale et au - dessus du chef d'orchestre . Les microphones
étaient , bien entendu , au - dessus de la planche , protégés
de la poussière par une boîle légère .
La planche elle - même était suspendue par quatre cordes
. La pile agissant sur ces microphones était composée
de 5 accumulateurs Reynier - Faure au début ; l'intensité
du courant était indiquée par un galvanomètre
Deprez placé dans le circuit ; on la maintenait sensiblement
constante en ajoutant à ces 3 accumulateurs un autre , puis
un autre , jusqu'au nombre total de 9. Le résultat aurait pu
être obtenu également avec 5 éléments Danvell
modèle Reynier , qui ont une très faible résistance
et une constance absolue . Le courant de la pile est dérivé
entre les 25 microphones , puis dans les 24 fils primaires de 24 bobines
d'induction , montés par 2 en série et 12 en déri
vation . L'intensité du courant est de 12 ampères environ
.
Les 24 circuits secondaires des 24 bobines d'induction sont groupés
par 4 en série et 6 en dérivation . La résistance
de chacune est de 300 ohms , soit pour leur ensemble 1200 ohms .
La ligne de l'Ilippodrome , de 3512 mètres de longueur , aboutit
66 , rue des Petits - Champs , à l'un des bureaux de la Société
générale des Téléphones auquel aboutit
également la ligne de la place Vendôme qui est très
courte . Avec le raccordement à la rue des Petits - Champs
, la communication était établie . Les récepteurs
du type Ader étaient groupés par 16 en série
et 6 en dérivation .
La netteté de l'audition a été parfaite et il
a paru que tous les auditeurs , ceux de l'après - midi et ceux
du soir , partaient satisfaits .
Nous ne croyons pas qu'on puisse contester
qu'il y ait là un progrès sensible sur le mode d'installation
mis en oeuvre entre l'Opéra et le palais de l'Industrie ,
lors de l'Exposition d'électricité de 1881. Il y avait
d'un côté 10 microphones et de l'autre 80 récepteurs
; mais la moitié seulement des récepteurs était
en service à la fois ; il y avait donc en fait 4 récepteurs
par microphone avec 2 fils , soit en tout 20 fils . La réduction
du nombre des fils facilitera la pose ; elle diminuera le coût
de l'installation , et par suite permettra un plus grand nombre
d'applications .
L'expérience de M. Moser a été
faite avec un seul fil , parce que le second avait un autre usage
; mais nous ne prétendons pas que , dans d'autres cas , il
faille n'employer qu'un fil ; tout au contraire , nous pensons qu'il
conviendra généralement d'unir ainsi deux fils pour
éviter les bruits d'induction .
Nous dirons en terminant que dans les dispositions
de M. Moser la principale nouveauté consiste dans l'association
en dérivation des 25 microphones , dans l'association des 24
fils secondaires des bobines d'induction en tension et en quantité
comme on fait avec des éléments de pile .
P.-S. Nous apprenons au moment
de mettre sous presse que la Société technique russe
a été chargée , par la Direction de l'Exposition
d'électricité à Saint - Pétersbourg
, d'établir entre l'Exposition et le Grand Opéra des
auditions téléphoniques .
Il y avait 8 téléphones Blake , placés
dans les loges , parce que des difficultés assez grandes
s'opposaient à ce qu'on les mit devant la rampe . Chacun
d'eux n'avait qu'un seul élément Leclanché
, mais on le remplaçait de temps à autre par un second
de rechange , au moyen d'un commutateur .
Les fils secondaires des transmetteurs étaient groupés
par 4 en tension , de sorte qu'il y avait deux circuits allant à
l'Exposition , composés chacun d'un fil isolé et de
la terre pour le retour . On plaça les deux fils , chacun
d'un côté du canal , pour éviter l'induction
; c'était là un avantage , mais payé par une
double dépense de poteaux .
Chacune de ces lignes , y compris les appareils , avait une résistance
de 1171 ohms .
Les récepteurs étaient au nombre de 20 pour chaque
circuit , soit 40 en tout , ou 20 auditeurs simultanés .
Cette expérience pratique est intéressante
, mais on voit qu'elle a été dépassée
par celle de Paris .
Ader continue ses expérimentations,
et dépose de très nombreuses additions à son
brevet initial, ainsi quun nouveau brevet pour un
appareil permettant de retransmettre stéréophoniquement
(cest-à-dire en reproduisant la spatialité de
lécoute grâce à deux micros et deux écouteurs)
une représentation théâtrale
|
sommaire
Durant la première moitié des
années 1880, cette collaboration fut intense et, en 1884, Clément
Ader était à lorigine de près de 74 brevets
et certificats daddition.
Limplication de Ader dans la téléphonie lui permet
par ailleurs délargir son réseau dinfluence
: impressionné par le succès de linstallation au Palais
de lindustrie, Adolphe Cochery, ministre des Postes et Télégraphes,
le fait nommer chevalier de la Légion dhonneur :
Pendant près de vingt ans, Clément Ader fut donc un collaborateur
essentiel de la Société des téléphones.
Ader écrivit à M. Chaumet, sous-secrétaire aux postes,
pour l'informer qu'il était disposé à donner à
l'État la marque des récepteurs-Ader "dont il pourrait
exclusivement se servir". (Ader fournira dans sa vie d'autres marques
de désintéressement).
La réponse vint à quelque temps après sous la sous
forme d'un avertissement de l'administration des P.T.T. lui réclamant
le paiement de sa ligne téléphonique personnelle. Ader,
inventeur des appareils téléphoniques français, répondit
qu'il ne paierait pas, laissa couper sa ligne et jamais plus de sa vie
n'eut de téléphone à son domicile.
sommaire
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