Cornelius Herz
Comme M. Graham Bell, comme M. Edison, le docteur Cornélius Herz est citoyen américain, mais il n'est pas natif d'Amérique; il est né à Besançon le 3 septembre 1845 et mort à Bournemouth (Angleterre) le 6 juillet 1898 était un médecin et un homme d'affaires franco-américain impliqué dans le scandale de Panama, mais pour la téléphonie il est le concepteur du microphone à condensateur en 1880.

C'est un personnage atypique medecin, électricien, homme d'affaires ... :


Né à Besançon de parents juifs-allemands émigrés en France, il suit sa scolarité à Besançon avant d'entreprendre des études de médecine à Leipzig en Allemagne, puis il s'installe à Paris où il survit difficilement.
Engagé dans l'armée de la Loire pendant la guerre franco-prussienne de 1870, il devient aide-major. Le 31 août 1879, il sera nommé chevalier de la légion d'honneur, officiellement pour cette campagne.
Après la guerre, il décide de partir tenter sa chance aux États-Unis, où il aurait obtenu la nationalité américaine.
D'autres sources indiquent qu'il aurait suivi ses parents à New York, aux États-Unis en 1848 et qu'il aurait fréquenté les écoles publiques américaines avant d'obtenir son diplôme de fin d'études au City College of New York.
Après ses études de médecine, il serait parti pour Chicago avant de trouver un poste de médecin en 1872 au Mount Sinai Hospital à New York.
En 1873, il épouse à Boston la fille d'un de ses patients, Bianca Saroni, qu'il emmène avec lui l'année suivante à San Francisco, où il se spécialise dans les maladies nerveuses. I
l fit partie du Conseil de santé, et devint bientôt le membre le plus influent de tout le corps médical.

Mais la pratique médicale ne satisfaisait qu'imparfaitement une nature si ardemment tourmentée parles grands problèmes de la science industrielle moderne. Il emploie ses moments libres à investir dans l'immobilier et à étudier les propriétés de l'électricité et le galvanisme.
Pendant son séjour à San Francisco, le docteur Herz avait fondé l'une des usines le plus importantes des Etats-Unis, et il se trouvait intéressé dans
toutes les grandes entreprises électriques du Nouveau Monde.
Aussi, après les Expositions de Vienne et de Philadelphie, qui avaient commencé la réputation de la machine Gramme, se décida-t-il à venir en Europe, pour se rendre acquéreur du brevet de cette machine, et pour étudier de près les progrès accomplis chez nous dans la science éléctrique.

La presse ne lui fait pas que des honneurs.


En 1877 Il retourne à Paris , où nait son premier enfant, Ralph,
C'est un an avant l'Exposition de 1878 que le docteur Herz arriva à Paris, et put acquérir la propriété du brevet de la machine Gramme pour les
États-Unis.
Il se lança alors dans le courant des entreprises électriques européennes, qui commençaient à devenir très sérieuses, et sut transformer et rendre pratiques plusieurs inventions qui, sans lui, n'auraient jamais pu voir le jour.
Il fonde la Compagnie de transport de la force électrique en adaptant les travaux de Marcel Deprez.

Il y a un beau récit d'un journaliste Maurice Dreyfous à Paris, en 1913 " Ce qu'il me reste à dire : un demi siècle de choses vues et entendues (1848-1900)" , qui raconte sous un autre angle, le début du téléphone en France, la place de Herz dans cette vision.
...
J'étais installé rue de la Bourse depuis fort peu de temps, lorsque je reçus la visite d'un jeune journaliste prodigieusement débrouillard, qui était accompagné d'un Américain à grosses lunettes d'or, parlant fort mal le français, lequel avait nom Roosevelt.
Tous deux m'invitèrent à venir voir, dans une boutique située juste en face de chez moi, un instrument bizarre, que Roosevelt désignait sous le nom de plume électrique. (Il prononçait « le ploume électric ».)
C'était la plus stupide de toutes les inventions. Elle consistait en une sorte de petite batterie électrique actionnant une aiguille, prise dans un tube.
On écrivait en tenant le tube comme un porte-plume. L'aiguille toujours en mouvement piquait d'une série de petits trous un papier sur lequel, on étendait, au moyen d'un. rouleau de l'encre d'imprimerie. Grâce à ce dispositif, on pouvait faire un nombre indéfini de copies.
C'est cet objet inepte que le groupe d'Américains installé rue de la Bourse considérait comme des plus extraordinaires et destiné à les enrichir.

Ce groupe d'Américains comportait trois personnages principaux : Roosevelt déjà nommé, Graham Bell, que les autres avaient l'air de considérer comme un personnage de médiocre importance, et enfin, un homme actif, insinuant, toujours en vedette, aimable, empressé, qui n'était ni grand ni petit, plutôt gras que maigre.
Alors que les autres jargonnaient à peine le français, il le parlait à-peu près bien, mais avec un accent difficile à définir, ni anglais, ni allemand, ni français non plus. Il parlait pour eux tous, il était le metteur en œuvre de toute l'aventure.. Il n'avait pas le sol, et il eût été très difficile de lui assigner une profession définie. Il se targuait vaguement du titre de docteur en médecine, mais il ne se parait jamais de ce titre dans ses relations qui, alors, n'étaient pas très étendues. Il se contentait de s'appeler, avec une aimable simplicité, Cornélius Herz.

A côté de la plume électrique, il y avait trois inventions :
1 - Une lampe électrique au charbon dont l'un des charbons était en forme de tige comme celui des appareils de démonstration, en usage dans les l1 aboratoires d'étude, tandis que l'autre, là résidait la nouveauté était en forme de pion de damier. Un mouvement d'horlogerie l'animait d'un va-et-vient et la largeur de la surface productrice d'étincelles multipliait les ressources d'incandescence. Nos inventeurs comptaient beaucoup sur cette lampe je crois que leurs espoirs ont été déçus. Tout au moins a-t-elle eu l'avantage de servir de guide aux ingénieurs qui ont créé les lampes électriques au charbon encore en usage aujourd'hui.
2 - Il y avait bien aussi, dans la boutique où nos inventeurs exhibaient la plume électrique, un drôle de joujou, une drôle de mécanique.
Au moyen d'un cornet, d'une sorte de porte-voix retourné, on envoyait des paroles sur un petit appareil posé sur un cylindre bardé comme un perdreau d'une pâte sur laquelle on collait une feuille d'étain très mince.
Tout en parlant dans le cylindre, on tournait une petite manivelle qui faisait reculer le cylindre à mesure qu'on parlait. Puis, cette première manœuvre étant terminée, on actionnait la manivelle dans le sens opposé, et la mécanique répétait, avec une voix de polichinelle essoufflé, ce qu'on venait de dire dans le cornet récepteur.
Ces messieurs comptaient sur cette amusante machine pour l'exploiter sur les champs de foire.
Ils l'avaient, dès le premier jour, appelée phonographe.
3 - Enfin, dans la même boutique, se trouvait un petit appareil dont ses importateurs voyaient vaguement l'application pratique.
Il se composait d'une paire de tubes de bois surmontés d'une rondelle qui leur donnait l'aspect d'une patère de rideaux
.
Tout un mécanisme spécial s'y trouvait enfermé, les deux appareils étaient reliés entre eux par un fil métallique, recouvert de soie.
On mettait l'un d'eux devant sa bouche, et l'autre à l'oreille du voisin, le voisin, alors, entendait ce qui avait été dit dans l'autre tube.
C'était encore un joujou. Toutefois ce joujou, présenté à l'Académie des Sciences par l'illustre Bréguet, avait déjà été pris au sérieux dans le monde savant. Lorsque l'Académie des Sciences fut appelée à le voir, il n'en existait que deux exemplaires.
C'était le téléphone de Graham Bell
.

Elle le reçut avec une curiosité froide et défiante. Au sortir de la séance, Graham.Bell n'eut rien de mieux à faire que de le replacer dans la boutique de la rue de la Bourse, où il fonctionna pour la joie des voisins.

A quelques jours de là, Graham Bell et Cornelius Roosevelt, flanqués de l'inévitable Cornelius Herz, tout joyeux, me racontaient le succès d'une première expérience qu'ils venaient d'exécuter entre une maison de la rue Vivienne, et une maison de la place de la Bourse située à une centaine de mètres de celle-ci.
C'est là que fut donné le premier coup de téléphone qui ait retenti en France, et peut-être même en Europe.
Cornélius Herz se démena, intrigua jusqu'à ce qu'il eût abordé le ministre compétent, et obtenu de lui l'autorisation de se servir des lignes télégraphiques pour faire un essai de conversation entre Versailles et Paris.
L'expérience réussit, on causa entre le palais de Versailles, et le cabinet du Ministre.
Le lendemain, l'invention. du téléphone était lancée.
Il ne restait plus qu'à la vulgariser pour arriver à l'exploiter. C'était là une grosse affaire.

Cornelius Herz s'y employa, avec intelligence et ténacité. Il ne se faisait point faute de chercher, partout où il le pouvait, les gens qui consentiraient à s'abonner au téléphone, même en payant très bon marché. Il n'en trouvait guère.

Aussi, l'idée d'une Exposition internationale d'électricité à Paris, ne pouvait-elle trouver de plus chaud partisan que le docteur Cornélius Herz.
Dès qu'il en eut bien considéré tous les immenses avantage, au point de vue du progrès de la science nouvelle, il se dévoua à la réalisation de
cette idée.
Le docteur Herz obtint la première concession pour l'exploitation des téléphones, et bientôt après, il se mit à étudier avec passion cette partie si
intéressante des applications de l'électricité.

1878, l'exposition éléctrique de PARIS.

Le journal La Lumière électrique entama une campagne en faveur de l'Exposition projetée, et contribua puissamment à amener son succès.
Au début, l'initiative privée devait se charger de tous les détails d'exécution et fournir les fonds nécessaires.
Dans ce but, le docteur Cornélius Herz avait provoqué la formation d'un comité, composé notamment de MM. Hébrard, sénateur, directeur du journal le Temps; Jules Bapst, directeur du Journal des Débats; baron Jacques de Reinach, Georges Berger, qui devint ensuite le commissaire général, et le docteur Cornélius Herz.
Ce comité élabora le plan d'ensemble du projet d'Exposition internationale d'électricité, et il était tout disposé à se cbarger lui-même de son exécution.
Ce projet, présenté au Gouvernement, ayant été très chaudement accueilli, par M. Varroy, alors ministre des Travaux publics, puis par son successeur, M. Sadi Carnot, fut adopté par le conseil des ministres.
Le Gouvernement, jaloux de s'approprier cette création, demanda à se substituer à l'initiative privée, et à faire de l'Exposition d'électricité une entreprise de l'État. Le ministre des Postes et Télégraphes, M. Cochery, fut chargé d'en diriger l'exécution.

L'ouverture officielle de cette Exposition, d'un genre absolument nouveau, se fît le 10 août 1881, en présence du Président de la République,
avec une solennité qui convenait à une manifestation aussi importante, au point de vue des progrès de la science électrique.
On ne se doutait guère que dans ce vaste Palais de l'Industrie, construit il y avait trente ans à peine, pour renfermer des Expositions universelles et générales, s'ouvrirait un jour une Exposition, non pas même d'une science, mais d'une branche restreinte d'une seule science.
Ce fut là un phénomène bien remarquable, et qui montre d'une façon bien frappante le développement qu'a pris de
nos jours l'application des sciences à l'industrie.

L'Exposition de 1881 réussit, comme on le sait, au delà de toutes les espérances.
Aussi, dans l'année qui suivit, le Gouvernement français voulut-il témoigner sa reconnaissance à l'initiateur d'une manifestation si heureuse pour notre pays, en nommant M. le docteur Ilerz officier de la Légion d'honneur.

Sommaire

Les Travaux du docteur Cornélius Herz en téléphonie :

1880 1881 Invention d'un Système téléphonique à condensateur .

Texte et images isuues du livre "Les nouvelles conquêtes de la science l'Electriité" 1885 par Louis Figuier

Tous les téléphones connus avaient le grave inconvénient d'être troublés par le voisinage d'une ligne télégraphique ou d'une autre ligne téléphonique,
c'est-à-dire qu'ils étaient influencés par le phénomène de l'induction; et en outre, ils ne pouvaient pas transmettre la parole à de grandes distances.
Le docteur Herz s'appliqua, avec une ardeur sans égale, à résoudre ces deux problèmes.
C'est au Dr Cornélius Herz que l'on doit le premier et le plus remarquable appareil ayant permis d'étendre considérablement la portée du téléphone.
C'est en 1880 et 1881 que le Dr Cornélius Herz effectua ses importants travaux, et nous ne pouvons mieux terminer la partie historique de cette notice qu'en rapportant les résultats remarquables obtenus par ce physicien pour la transmission lointaine de la parole.
Il obtint des gouvernements de l'Europe la libre disposition des réseaux télégraphiques; ce qui lui permit d'arriver aux remarquables résultats que nous avons rapportés en traitant de la transmission des ondulations télégraphiques à grande distance au moyen des appareils de ces physiciens.

Le Dr Cornélius Herz avait été un des premiers à introduire en France le téléphone de M. Graham Bell, et le premier aussi à importer d'Amérique en Europe le transmetteur de M. Edison. Il avait été frappé de ce fait que le téléphone, bien que déjà amené à un certain degré de perfectionnement, possédait encore quelques points faibles, qui l'empêchaient de prendre tout son développement, et il se posa le difficile problème de faire disparaître ces défauts.
Un des points auxquels le Dr Cornélius Herz s'attacha, de préférence, fut celui-ci : permettre la transmission de la parole à grande distance sur
les lignes télégraphiques ordinaires, sans que l'on eût à craindre les effets nuisibles de l'induction par les fils voisins.
Il se proposa, pour cela, d'employer des moyens analogues à ceux dont on se sert dans le même but, en télégraphie.
Mais il fallait supprimer la bobine d'induction, qui avait été employée jusque-là pour augmenter la portée du transmetteur du téléphone, et le D' Cornélius Herz fut ainsi amené à perfectionner le transmetteur, à augmenter les variations produites dans le courant par la voix, à inventer, en un mot, un transmetteur à longue portée pouvant se passer de bobine d'induction.
L'appareil que le Dr Hcrz imagina dans ce but, comportait plusieurs principes entièrement nouveaux.
En premier lieu, les charbons servant pour les contacts étaient remplacés par des substances métalliques, ou semi-métalliques, telles que des sulfu-
res, de la pyrite, etc. On n'avait pas cru jusque-là pouvoir supprimer le charbon.
L'expérience montra au D r Herz qu'il y avait avantage à remplacer le charbon par les substances que nous venons de citer, en se servant de l'une
ou de l'autre, suivant le cas.
En second lieu, la plaque vibrante n'agissait plus sur un seul et unique contact, comme dans les transmetteurs ordinaires. Elle mettait en action
12 contacts rangés autour de son centre, et fixés à l'extrémité de douze leviers, que portaient 2 colonnes.
La pression de chaque contact pouvait être réglée avec soin par des moyens fort simples, et l'effet produit était amplifié par le nombre.
Enfin, point capital, le transmetteur n'était plus intercalé dans le circuit, mais placé en dérivation sur la pile. Quant à la pile, elle était formée de douze éléments ,et était reliée au transmetteur de telle sorte que chacun des contacts de celui-ci fût en dérivation sur un des éléments.

C'est ce que l'on voit dans la figure ci-dessus qui donne le schéma de l'installation générale.

Les variations du courant se trouvaient ainsi amplifiées, pour deux raisons : d'abord par le fait du montage du transmetteur en dérivation, ensuite par la réunion des effets produits individuellement par chaque contact ; et l'on peut s'expliquer ainsi les merveilleux résultats dont nous parlerons plus loin.
Quant aux détails de cet appareil transmetteur, on peut s'en faire une idée par la figure suivante, qui le représente en coupe.

On voit que la plaque vibrante, M, qui est une membrane circulaire en tôle de fer d'assez grande dimension, est fixée sur un anneau de bois, BB',
lequel est, supporté par trois colonnes, C C C".
Sur le côté inférieur de cette plaque vibrante à petite dislance de son centre, sont collées six petites rondélies de pyrite ou de pyrolusite, Sur chacune de ces plaques appuient deux pointes de charbon ou de pyrite, portées à l'extrémité de leviers, que soutiennent 12 colonnes en cuivre.
Un fil f,f'/", partant du bout extérieur de chaque levier, s'enroule au pied de la colonne, surun petit treuil.
Ce dernier permet donc de régler très facilement la pression de la pointe de charbon sur la plaque de pyrolusite.
Des bornes pour les communications avec les différents éléments de la •pile, la ligne et la terre, complètent l'appareil.
Le transmetteur étant ainsi perfectionné, la suppression de l'induction par les fils voisins devenait une tâche plus facile.
Le D r Cornélius Herz y parvint en interposant dans la ligne un condensateur et un diffuseur, sorte de paratonnerre à pointes, destiné à agir d'une façon analogue au condensateur.
Le condensateur dont le D r Cornélius Herz fait usage dans son appareil, n'a rien de particulier; c'est le même organe qui est employé dans le télé-
graphe électrique. Il est formé, comme tous les appareils de ce genre employés en télégraphie, de feuilles de papier d'étain alternées et séparées par
du papier paraffiné.
Le diffuseur est représenté par la figure : .
Il se compose de deux plaque métalliques, longitudinales, dans lesquelles sont implantées des pointes de cuivre blanchi à l'étain.
Des enlretoises maintiennent les pointes à une très petite distance les unes des autres.
L'interposition de ces appareils dans la ligne n'empêcha pas la transmission de se faire; elle produisit seulement un certain affaiblissement, mais
elle écarta les effets produits par les courants anormaux et accidentels.
Elle supprima l'induction, le grand obstacle à la netteté de la transmission téléphonique.


Mais le Dr Herz ne se contenta pas de ces progrès.
Il avait supprimé le courant d'induction et perfectionné le transmetteur; il voulut créer un nouveau récepteur.

On savait, à cette époque, que certains sons musicaux peuvent être reproduits par un condensateur, comme ceux que l'on place dans les bobines
d'induction. M. Pollard avait fait connaître une sorte de jouet fondé sur ce principe, et qui avait reçu le nom de condensateur chantant.

Le Dr Cornelius Herz ne tarda pas à reconnaître qu'en disposant convenablement l'expérience, on. pourrait faire parler le condensateur chantant, et s'en servir comme récepteur téléphonique.

Il atteignit pleinement ce résultat, grâce à la disposition présentée ci dessous et dès le mois de juin 1880, il put faire entendre son
condensateur parlant.


Le Dr Herz avait ainsi créé un récepteur tout différent du récepteur électro-magnétique de Bell, et inventé, pour la transmission de la parole à grande distance, un système complètement nouveau.
Par le fait, il n'avait eu rien à changer à ses précédents dispositifs ; le transmetteur était toujours en dérivation, eL le résultat était dû à ce qu'avec cet arrangement le condensateur se trouvait toujours chargé au potentiel de la pile.

Quand, un peu plus tard, un autre physicien, M. Dunand,fit de nouveau parler un condensateur en le chargeant avec une pile spéciale, il ne s'aperçut pas qu'il ne faisait que reproduire, en la compliquant, la disposition imaginée par le D r Cornélius Herz.


M. Dunand disposait, en effet, son expérience de la manière suivante.
Il intercalait dans le circuit de la pile et du microphone, le fil préliminaire d'une bohine, et le fil induit de celte même bobine était relié aux extrémi-
tés du condensateur; mais dans ce dernier circuit il plaçait une pile de quelques éléments.
Le rôle de cette dernière pile était de charger à un potentiel constant les lames du condensateur, condition indispensable à la reproduction de la parole, et qui se trouve tout naturellement remplacée, sans l'intervention d'une pile accessoire, dans le système du D r Cornélius Ilcrz.

Quant à la forme particulière que l'inventeur donne au condensateur récepteur, elle est représentée par la figure suivante :

Le condensateur se compose d'un assemblage de feuilles de papier circulaires, entre lesquelles sont interposées des feuilles d'étain
de môme forme, munies de prolongements, qui dépassent, d'un côté pour les feuilles de rang pair, de l'autre pour les feuilles de rang impair.
L'espèce de galette ainsi formée est placée dans une sorte de boîte plate, en bois, portant, en haut une ouverture circulaire 0, et en bas une poignée P, P'. Deux bornes B B', communiquant chacune avec une des séries de lames d'étain, servent à recevoir les fils de communication avec
la pile.

Dans un autre modèle, qui est figuré en petit dans les postes que nous "représenterons plus loin, le condensateur circulaire est fixé dans une boîte en bois très plate, qui reproduit absolument la lorme d'un miroir à main.

Enfin, dans quelques cas, le condensateur a pu être placé dans l'enveloppe d'un téléphone Bell ordinaire; de sorte qu'on semblerait écouter dans un récepteur magnétique et non dans un condensateur.
Ajoutons que, dans plusieurs cas, le papier a été supprimé, et le condensateur formé de lames de métal mince, séparées seulement par de l'air.
M. le D r Herz voulut faire l'expérience des appareils que nous venons de décrire, dans des conditions réellement pratiques.
Un certain nombre de lignes télégraphiques de l'État furent mises à sa disposition, et il put même opérer sur un câble sous-marin, entre Brest et Penzanec (Angleterre).
Avec ce câble, dans lequel les transmissions télégraphiques présentent tant de difficultés, on obtint la transmission assez nette de la parole, Avec les lignes télégraphiques aériennes la réussite fut plus complète.
Les expériences furent faites, avec succès, d'Orléans à Blois, puis d'Orléans à Tours. On transmit ensuite d'Orléans jusqu'à Poitiers, Angoulème, et enfin Bordeaux, où la distance atteignit 457 kilomètres.
La transmission était parfaitement nette, et les conversations se faisaient avec la plus grande facilité.
On voulut obtenir davantage; on porta la dislance à 1140 Km. A cet effet, on opéra entre Brest et Tours, en passant par Paris.
A cette distance éinorme, on put envoyer et recevoir distinctement des mots et des phrases.

Signalons encore un autre perfectionnement apporté au transmetteur
microphonique par le Dr Cornélius iïerz.
Nous voulons parler du transmetteur-inverseur.
Dans cet ingénieux système, la plaque vibrante agit sur une bascule portant quatre contacts microphoniques, intercalés d'une façon spéciale dans le circuit d'une pile et du fil primaire d'une bobine d'induction.
Les mouvements imprimés à ces contacts les font agir comme une sorte de commutateur, et les courants, tantôt directs, tantôt inverses, produits dans le fil de la bobine se trouvant redressés par l'inverseur, se renforcent et augmentent considérablement les effets téléphoniques.

Ces figures représentent les formes pratiques que le Dr Cornelius Herz a données à ce dernier genre de téléphone, et les montre ayant pour récepteur, tantôt le téléphone ordinaire, tantôt le condensateur.

L'appareil représenté est surtout destiné aux lignes les plus influencées par les phénomènes d'induction, qui souvent rendent les communications impossibles avec les téléphones ordinaires.
Il est facile de voir, d'après ce dessin, que l'instrument constitue un poste complet, renfermant, sous une forme compacte et gracieuse, tous les organes nécessaires pour l'appel et les communications.
Le diaphragme est horizontal, mais un entonnoir placé en avant de la boîte recueille les sons et les envoie sur la plaque vibrante; de sorte qu'il suffit de parler à environ 50 centimètres de l'appareil, pour que la voix se transmette avec toute son intensité.
Quatre paires de contacts microphoniques sont placées sur un plateau oscillant, situé sous le diaphragme, et relié, d'ailleurs, avec lui par une tige rigide lui communiquant loules les vibrations.
Ces contacts, d'une composition spéciale, communiquent entre eux, avec la pile et avec la ligne, comme il a été dit plus haut.

Dans cet appareil, on ne fait pas usage de bobine d'induction ; aussi faut il que le nombre des éléments de la pile de ligne soit proportionné à la
distance des deux postes.
Par exemple, entre Paris et Orléans il fallut trente éléments de la pile de Daniell à chaque poste, pour obtenir le maximum d'intensité.
De plus, les condensateurs demandant une charge préalable pour pouvoir reproduire la parole, il faut encore employer une autre pile, qui est interposée dans la ligne.
Il semblerait donc, à première vue, que le nombre des éléments de la pile peut être un obstacle à l'emploi de cet appareil; mais il ne faut pas oublier, d'une part, que la pile destinée a charger les condensateurs fonctionnant toujours à circuit, pour ainsi dire ouvert, dépense très peu, et d'autre part, que l'instrument est destiné à fonctionner sur des lignes où l'emploi de tout autre récepteur serait impossible.

Cette figure représente un appareil dans lequel l'inversion du courant a été réalisée d'une tout autre façon que dans le précédent et dans lequel on utilise la bobine d'induction pojr diminuer le nombre des éléments nécessaires sur une longue ligne.

Primitivement cet instrument avait été formé par une plaque vibrante, de chaque côlé de laquelle appuyait légèrement un contact; et les vibrations
produisaient des augmentations ou des diminutions de pression allernativement sur chacun de ces contacts; mais à cette forme peu commode M. Herz a préféré celle que représente la figure ci dessus, qui donne les mêmes résultats.
La plaque vibrante est en matière conductrice.
Au-dessous, et la touchant légèrement, est un cylindre, qui appuie, par sa base, sur un disque; tous les deux étant faits de la même matière que la plaque.
Le disque repose, à son tour, sur une lame de ressort, qui permet, à l'aide d'une vis, d'établir un contact convenable entre les trois pièces.
La plaque et le disque communiquent chacun avec l'un des pôles d'une pile de quatre éléments qui, par son milieu, est mise en relation avec la terre. Enfin le cylindre est relié avec l'une des extrémités du fil primaire d'une bobine d'induction, dont l'autre bout est à la terre.
Le fil secondaire de la bobine aboutit d'un côté à la ligne et de l'autre encore à la terre.
Lorsque l'on parle devant la plaque, ses vibrations déterminent alternativement des augmentations et des diminutions de pression sur le cylindre.
Pendant la première période, la conductibilité augmentant subitement sur la plaque, tandis que l'inertie du cylindre l'empêche de croître sur le disque,
le courant se rend à la terre, par la plaque, le cylindre et la bobine.
Au contraire, dans la seconde période, la conductibilité diminue sur la plaque, mais augmente près du disque; et le courant va à la terre par le disque, le cylindre et la bobine.
On voit donc que pendant ces deux phases ce sont des courants de sens contraires qui sont envoyés dans le circuit primaire de la bobine, et que dans le circuit secondaire il se produit quatre courants, deux à deux, de sens contraire, qui sont envoyés dans la ligne.
Dans cette disposition les téléphones sont placés en dérivation entre la ligne et la terre.
Cet instrument a toujours donné de très bons résultats sur les longues lignes, dont les charges statiques sont souvent considérables.

Un autre principe a encore été utilisé par M. Herz pour augmenter la puissance de ses téléphones: c'est celui des dérivations à la terre.
La figure suivante représente un des appareils qui reposent sur ce principe des dérivations.

Sous la plaque vibrante sont quatre paires de contacts, disposés comme dans les figures précedentes, mais avec des communications électriques autrement faites: les quatre contacts inférieurs sont reliés ensemble et les quatre supérieurs aussi, de sorte que toutes les paires agissent ensemble
sans produire d'inversion.
Cet appareil est placé horizontalement et l'on parie directement sur le diaphragme, mais on lui a donné aussi la forme verticale, comme le montre la figure suivante :

Cette disposition n'est cependant qu'extérieure etne change pas l'arrangement intérieur de la plaque horizontale et des contacts.
Tous ces dispositifs complètent heureusement les belles découvertes que nous avons relatées plus haut, et qui assurent à leur auteur une place im-
portante dans l'histoire de la téléphonie.

Le système de M. Van Rysselberghe
Ces intéressants travaux téléphoniques, repris et développés par un électricicn belge, M. Van Rysselberghe, directeur du service météorologique
de Bruxelles, ont donné des résultats dant le monde scientifique en 1885, mais l'idée et les études préliminaires sont entièrement dues au docteur Ilerz.
Les essais de M. Van Rysselberghe furent faits entre Paris et Bruxelles, le 17 mai 1882, à une distance de 544 kilomètres.
M. Van Rysselberghe, outre qu'il supprime l'induction dans les fils voisins, comme l'avait fait son prédécesseur, est arrivé à ce résultat remarquable, de pouvoir faire fonctionner en même temps, et sur un même fil, un appareil téléphonique et un appareil télégraphique.

Pendant l'expérience qui fut exécutée le 17 mai 1882, on transmit une dépêche au directeur des télégraphes à Paris par le télégraphe Morse, et pendant ce temps, grâce au même fil, le télégraphe expédiait un message vocal, qui était entendu à Paris, pendant que fonctionnait le récepteur de l'appareil Morse.

Le système de M. Van Rysselberghe neutralise les courants d'induction par divers procédés : par exemple, en plaçant sur le parcours du courant de la ligne télégraphique un condensateur, qui dérive le courant, de telle sorte que la ligne ne se charge que lentement.
L'action inductrice exercée sur la ligne téléphonique est alors insensible.

Au mois d'août 1885, M. Van Rysselberghe a réussi à transmettre la parole entre Bruxelles et Ostende, puis, mais d'une façon douteuse, entre
Bruxelles et Douvres.
A la suite de l'expérience de M. Van Rysselberghe, les ingénieurs des télégraphes belges ont établi une ligne téléphonique entre Bruxelles et Anvers
(dislance 60 kilomètres) et celle ligne a été mise à la disposition du public.
Le télégraphe électrique a été supprimé.
Avec le télégraphe ordinaire, et grâce à l'installation, au bureau central, de l'appareil de M. Van Rysselberghe, les communications téléphoniques se produisent de Bruxelles à Anvers avec la plus grande clarté.
Dans d'autres expériences, faites avec beaucoup d'attention, par l'administration française, en 1882, entre Paris et Nancy, on a fait franchir à la
voie 555 kilomètres. Pendant une heure les ingénieurs conversèrent entre eux d'une gare à l'autre, au moyen du fil de la ligne télégraphique.

Le système Hopkins,
qui a servi aux correspondances téléphoniques de NewYork à Cleveland et Chicago, réalise également la téléphonie à grande distance.
C'est à Clcvcland (Etat de l'Ohio) qu'ont été constatés les résultats les plus surprenants.
D'abord, on put reproduire à Cleveland des passages de journaux lus à New-York, et qui revenaient dans cette dernière ville, un jour plus tard,
imprimés dans le Cleveland Herald : la distance est de 1046 kilomètres,
En outre, une conversation entre New-York et Chicago (1 000 kilom. environ), tenue le 30 mars 1885, fut entendue distinctement à Cleveland.
Il faut remarquer que les expériences avaient été faites sur des lignes constituées par un fil d'acier de 5 millimètres, recouvert de cuivre, et d'un diamètre total de 5 millimètres, la couche de cuivre avait une épaisseur moyenne de 1,7 millimètre et la longueur totale de la ligne était de 1048 milles, soit 1686 kilomètres.
Si l'on considère que dans ce fil, la section en cuivre représente 16,68 millimètres carrés, alors que la section en acier est 7,06 millimètres carrés et que le cuivre est 6 fois plus conducteur que l'acier, on arrive à celle conclusion que le conducteur américain ne devait présenter qu'une résistance de l 1075 ohms pour 197 kilomètres environ de fil télégraphique de 4 millimètres.
Or dans les expéricncs faites en France, avec le téléphone de M. le D r Cornélius Herz, on a pu transmettre la parole beaucoup plus loin, puisqu'on a pu parler de Tours à Brest, en passant par Paris, sur une longueur de circuit de 1140 kilomètres, avec le fil de fer de 4 millimètres des télégraphes.

Le journal la Nature a fait remarquer, de son côté, que le succès des expériences faites en 1885, entre Cleveland et New-York, comme entre
New-York et Chicago, doit être attribué en grande partie aux conditions toutes particulières de la ligne télégraphique de New-York à Cleveland,
qui est d'une très faible résistance électrique, et dont le fil est placé, sur tout son parcours, à une très grande distance de tous les autres fils télégraphiques. Cette ligne présente, à ce point de vue, toutes les facilités qu'on n'avait pas pu réunir jusqu'ici sur une ligne aussi longue.
Elle constitue une ligne, en quelque sorte, idéale, pour les expériences téléphoniques.
« Ce qui ressort, dit la Nature, des expériences faites pour transmettre à de très grandes distances les ondulations téléphoniques, c'est que, grâce à une ligne placée dans des conditions exceptionnellement favorables, on a pu converser à près de 1000 kilomètres de distance, d'une manière plus ou moins pai faite, avec des systèmes téléphoniques assez variés.
« L'intérêt scientifique de cette expérience est très grand, mais il ne faut pas perdre de vue que la plus grande part du succès est due à la faible résistance de la ligne, ainsi qu'à son excellent établissement. De là à l'exploitation industrielle constante de la téléphonie à grande distance, il y a un pas qui ne nous parait pas encore franchi. »
N'en déplaise à la Nature, ce pas sera franchi.
Le succès passé garantit le succès à venir, et l'on peut affirmer que le téléphone, qui rivalise aujourd'hui avec la télégraphie, pour la rapidité et la facilité des transmissions, égalera bientôt son prédécesseur et son rival quant à la distance que peuvent franchir ses ondulations.
C'est, une nouvelle révolution dans les relations télégraphiques.

Les commerçants, les industriels de nos principales villes de France pourront bientôt communiquer entre eux, sans quitter leurs bureaux. On enverra de Lille un ordre au Havre, de Lyon à Marseille, et l'on recevra la réponse immédiatement. Paris, centre principal des affaires d'exportaion, sera mis
en commucation verbale avec tous les ports français.
Ici finit l'histoire du téléphone et du microphone mêlés.
Nous allons maintenant étudier les applications diverses que ces appareils ont reçues jusqu'à ce jour.

Ses travaux sont commentés pour la première fois dans la revue qu'il a créée en 1879, "La Lumière électrique".

Extrait de la revue "la lumière électrique" de 1881 , pat Th Du Moncel (pages 97 ... )


















(suite page 108)


En 1882 le Scientific American du 22 Juillet 1882 lui conssacre 3 pages avec les très belles illustrations

Sommaire

Dans l'article de Th Du Moncel, publié dans le "Scientific American" Supplement n ° 274, page 4364, l'auteur, après avoir décrit les systèmes téléphoniques de M. Herz, reporta à une autre occasion la description d'un système encore plus récent du même inventeur, car temps il n'a pas été protégé par brevet.
Dans le numéro actuel de La Lumière Electrique, le comte Moncel revient sur le sujet pour expliquer les principes de ce nouvel appareil du Dr. Herz et dit : Je rappellerai tout d’abord le fait que le premier système de M. Herz reposait sur l’utilisation ingénieuse (alors nouvelle) des dérivations.
L'émetteur du microphone était placé sur une dérivation du courant allant sur la terre, absorbé à la sortie de la pile, et les différents contacts du microphone étaient eux-mêmes connectés directement et individuellement aux différents éléments de la pile.
Le récepteur téléphonique se trouvait à l’autre bout de la ligne.
Lorsque ce récepteur était un condensateur, ses armatures étaient, du fait de cet arrangement, polarisées de façon continue et préventive, le rendant ainsi capable de reproduire une conversation.

Cet arrangement a évidemment présenté ses avantages; mais il avait aussi ses inconvénients, l’un des plus importants étant la nécessité d’utiliser des piles assez fortes et, par conséquent, d’exposer la ligne à des effets de charge qui gênent de manière si pénible les transmissions électriques lorsqu’elles se produisent sur des lignes assez longues .
Il convient maintenant de rappeler que le principal objectif de M. Herz était l'application du téléphone aux longues lignes et qu'il s'y applique depuis ce temps. Il a d'abord pensé à employer des courants inversés, comme en télégraphie;
Mais comment obtenir un tel résultat avec des systèmes basés sur l'utilisation d'émetteurs à vibrations sonores ?
Il aurait peut-être pu résoudre le problème des courants secondaires d'une bobine à induction, comme l'avaient fait MM. Gray, Edison et d'autres; mais alors il n'aurait plus bénéficié de ces amplifications fournies par les variations des dérivations de pression dans les microphones, ce qui l'a conduit à chercher à augmenter les effets des courants induits eux-mêmes en prolongeant leur durée, ou plutôt en les combinant de telle sorte qu'ils se succèdent deux à deux dans le même sens; et c'est ainsi qu'il a résolu le problème au début.
Il convient également de rappeler que M. Herz avait, dès ses premières expériences, reconnu l’efficacité des contacts microphoniques obtenus par la superposition de disques de carbone ou d’autres substances semi-conductrices.
Il les a utilisés dans des arrangements différents et avec des groupes très divers, mais en général, c’est l’arrangement horizontal qui lui a donné les meilleurs effets.
Supposons donc que quatre systèmes de contacts de cette nature soient disposés aux quatre coins d'une plaque d'ébonite, CC (Fig. 1 et 2) en A, A¹, B, B¹ et qu'ils soient connectés les uns aux autres. d’autres, comme le montrent les coupes - c’est-à-dire les disques supérieurs, e, f, g, h, parallèles aux côtés de la plaque, et les disques inférieurs, A, A¹, B, B¹, en diagonale.
Admettons de plus que la plaque pivote autour d'un axe, R; que les disques sont traversés par de petites goupilles fixées dans la plaque; et ces petits disques de plomb reposent sur les disques supérieurs.
Enfin, imaginons que la plaque est reliée à une extrémité, par une tige T, à un diaphragme téléphonique. Or, on comprend aisément que les vibrations produites par le diaphragme vont provoquer l'oscillation du plateau C C, et qu'il en résultera de la part des disques deux effets qui se succéderont.
La première sera, pour les vibrations ascendantes, une augmentation de pression exercée entre les disques du côté gauche, du fait que leur force d'inertie est augmentée de celle des disques de plomb; et le second sera, pour les disques à droite, et, pour la même raison, une réduction de pression qui se produira par résilience, au moment du changement de direction des mouvements de vibration.
Si le courant d'une pile, P, traverse tous ces disques, à travers les connexions que nous venons de mentionner, et passe à travers l'hélice primaire (à travers le fil, I) d'une bobine d'induction HH '(Fig. 2), située en dessous l'appareil, et si le courant secondaire de cette bobine correspond, par l'intermédiaire du fil I, à une ligne téléphonique dans laquelle est interposé un téléphone ou un condensateur parlant, un courant induit inverse sera créé, lequel, inversé en tant que conséquence des connexions transversales des disques, poursuivra l'action du premier ou augmentera sa durée et, par conséquent, sa force, par l'intermédiaire du récepteur téléphonique.
Les résultats de ce système sont très bons; mais le Dr. Herz s'est efforcé de le simplifier encore davantage et, dans cet objectif, a expérimenté plusieurs solutions.
Par exemple, pour obtenir une inversion, un contact était simplement placé de chaque côté de la plaque vibrante.
Bien que les mouvements de ce dernier ne fassent, on le sait, pas la nature des vibrations sonores ordinaires, on a pensé qu'ils pourraient se trouver dans des directions opposées des deux côtés de la plaque, et qu’un des contacts pourrait être comprimé tandis que l'autre était libre.
Ainsi, malgré les avantages de cette disposition, il a été jugé nécessaire de placer la plaque à la verticale afin de donner le même réglage aux deux contacts pour lesquels il est essentiel que ceux-ci soient identiques.
Mais il est devenu difficile de régler en poids; et même pour réussir à régler du tout, il devint nécessaire d'employer deux diaphragmes parallèles, vibrant à l'unisson et portant chacun son contact, mais dans des directions opposées.
Par la suite, l’arrangement horizontal a de nouveau été adopté; mais, par une combinaison astucieuse, les deux principes appliqués par le Dr Herz - dérivation et inversion - ont été unis. Le courant est alors conduit à un double contact, où il se divise. Ce contact est disposé sous la plaque de telle sorte que ses deux points de résistance variable agissent en sens contraire.

 

Le Dr Cornélius Herz inventa et construit un appareil qui permis de supprimer les courants d’induction, si préjudiciables aux transmissions téléphoniques faites au moyen des fils des télégraphes, mais l’appareil n’a jamais trouvé de débouché et n'est jamais entré dans la pratique.

Le journal la Nature a fait remarquer, de son côté, que le succès des expériences faites en 1885, entre Cleveland et New-York, comme entre New-York et Chicago, doit être attribué en grande partie aux conditions toutes particulières de la ligne télégraphique de New-York à Cleveland, qui est d'une très faible résistance électrique, et dont le fil est placé, sur tout son parcours, à une très grande distance de tous les autres fils télégraphiques. Cette ligne présente, à ce point de vue, toutes les facilités qu'on n'avait pas pu réunir jusqu'ici sur une ligne aussi longue.
Elle constitue une ligne, en quelque sorte, idéale, pour les expériences téléphoniques.
« Ce qui ressort, dit la Nature, des expériences faites pour transmettre à de très grandes distances les ondulations téléphoniques, c'est que, grâce à une ligne placée dans des conditions exceptionnellement favorables, on a pu converser à près de 1000 kilomètres de distance, d'une manière plus ou moins parfaite, avec des systèmes téléphoniques assez variés.

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La réputation de Cornélius Herz dépasse les milieux scientifiques, il fréquente les cercles politiques et se lie avec Georges Clemenceau dont il finance le journal La Justice.
...

Depuis plusieurs années déjà, le docteur Herz était le correspondant du ministère de l'Instruction publique de France, et au moment de l'Exposition d'électricité il fut le représentant officiel du Gouvernement des Etats-Unis, ainsi que du Gouvernement français.
La grande question du transport de la force au moyen de l'électricité était considérée par le docteur Herz comme une des plus importantes de
notre siècle.
Aussi dès que cette idée commença à se faire jour, se dévouat-il entièrement à son succès.
En 1881, les expériences du transport et de la distribution de la force, organisées sous son influence, à l'Exposition, avaient déjà donné une idée de ce que l'on pourrait obtenir plus tard avec un esprit aussi supérieurement doué que M. Marcel Deprez.
Depuis cette époque, tous les efforts du docteur Herz ce sont tournés vers la solution de cet immense problème industriel.
Rien n'a été ménagé pour fournir à l'inventeur tous les moyens d'appliquer ses théories, si élevées et si précises.
Les belles expériences de Munich, en 1881, puis celles du chemin de fer du Nord en 1885, et enfin celles qui ont eu lieu à Grenoble, sur la demande
de la municipalité, ont prouvé que la question élait mûre pour entrer maintenant dans la pratique industrielle, et sont venues confirmer la confiance inébranlable de celui qui n'avait pas craint d'employer toute son énergie et une grande partie de son avoir à faire triompher une des applications de l'électricité dont les bienfaisantes conséquences sont incalculables.



Cornelius Herz et le scandale de Panama :

Interrogé par l'opposition en 1892, le gouvernement indique que Herz avait reçu la Légion d'honneur en qualité d'électricien et comme étranger, au titre de « délégué américain à l'exposition de Paris » de 1881, qui présentait les applications de l'électricité et recevait un congrès international scientifique6.

Parmi ses relations dans les milieux industriels et politiques, il se lie avec le baron Jacques de Reinach, alors responsable de la publicité de la Compagnie universelle du canal interocéanique de Panama, créée en 1879 par Ferdinand de Lesseps. Herz lui propose d'intervenir auprès de ses connaissances à la Chambre des députés pour obtenir le vote d'une loi qui permettra à la Compagnie de lancer un emprunt en faveur de la construction du canal de Panama.
Pour parvenir à ses fins, il n'hésite pas à recourir à la corruption.
Vraisemblablement victime de chantage de la part de Herz, le baron de Reinach est retrouvé mort le 20 novembre 1892 alors qu'une enquête devait faire la lumière sur ces irrégularités. Cet événement donne le départ du scandale de Panama.
Herz s'enfuit en Angleterre.
Il est condamné par la justice française à cinq ans de prison et son nom est radié de la liste des titulaires de la Légion d'Honneur.

Pour éviter son extradition, Herz, qui s'estime victime d'une persécution des autorités françaises, fait valoir sa nationalité américaine. Il menace aussi de tout révéler sur l'affaire, impliquant de nombreuses personnalités politiques de l'époque, mais la commission parlementaire française qui se rend à son domicile revient à Paris sans éléments probants.

Il est finalement arrêté en janvier 1893 sous l'inculpation de vol de titres financiers.
Mais il ne comparaît pas devant la cour de Londres pour raison médicale, son état de santé étant déclaré sérieux, il restera quatre ans cloîtré à son domicile anglais sans pouvoir être jugé.
Sa mort en juillet 1898 mettra un terme aux poursuites à son encontre.
Bernard Lazare écrira à son sujet :
Cornelius Herz n'eut jamais de patrie, bien qu'il en ait servi plusieurs; il semble n'avoir jamais eu qu'une passion: celle de l'or.

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le scandale de Panama :

La dernière expérience de Marcel Deprez en matière de fabrication et de transport de l'énerie électrique, à Creil fut soutenue financièrement par Edmond de Rothschild et Cornélius Herz. Ce dernier était l’un des fondateurs de la revue La Lumière Electrique, créée en 1879, soit huit ans après la Revue Industrielle d’Hippolyte Fontaine.
Les autres fondateurs étaient Jules Bapst, directeur du Journal des Débats (publié de 1789 à 1944), Adrien Hébrard, directeur du journal Le Temps (publié de 1861 à 1942), Georges Berger, directeur des Expositions Universelles de 1876 et 1889 et le baron Jacques de Reinach (1840 –1892).
Théodore du Moncel était le directeur scientifique de la revue.
L’objectif était de donner une voix institutionnalisée aux professionnels de l’électricité, et de faire se rencontrer les mondes scientifique et industriel.
La revue fut publiée de 1879 à 1894, puis les fondateurs décidèrent de changer son nom en L’Eclairage Electrique, dans l’espoir de faire oublier les liens du baron Jacques de Reinach et Cornelius Herz avec le scandale de Panama.
Elle redevint La Lumière Electrique en 1908 jusqu’à la fin de sa publication en 1916.
Avant le scandale, commença la construction du canal de Panama, situé entre l’Océan Atlantique et l’Océan Pacifique.
Le projet, français, fut lancé en 1880 avec la création de la Compagnie universelle du canal interocéanique de Panama.
Il faisait suite à la réussite de la construction du canal de Suez.
L’idée était de réduire les coûts de transport des bateaux en créant un raccourci sur les terres d’Amérique centrale, entre les deux océans Atlantique et Pacifique. Pour réaliser une telle opération, d’énormes capitaux étaient nécessaires.
L’Etat ainsi que 85 000 épargnants particuliers, sollicités au moyen de la presse, furent impliqués dans le financementde la construction du canal. On peut déjà faire un parallèle entre la construction du canal de Panama et celle de l’industrie électrique française, deux projets de très grande envergure dont lesobjectifs étaient de réduire les coûts de transport (des bateaux et de leurs marchandises dans un cas, de l’énergie dans l’autre), et qui n’étaient réalisables qu’au moyen de sommes d’argent très importantes.
Le deuxième parallèle à faire est que nous retrouvons en partie les mêmes personnes impliquées dans les deux projets.
En effet, l’un des points de contact entre la Compagnie universelle du canal interocéanique de Panama et les patrons de presse était Cornélius Herz.
L’argent reçu pour y faire paraître les annonces était celui du baron Jacques de Reinach.
Lorsque les conditions climatiques et les maladies des ouvriers mal maîtrisées ralentirent la construction, et que finalement,en 1889, la Compagnie universelle du canal interocéanique de Panama fut mise en liquidation judiciaire, on accusa le baron Jacques de Reinach de corruption de parlementaires.
En 1892, il fut retrouvé assassiné et le scandale de Panama fut divulgué dans la presse, alors en plein essor.
Cette même année, Cornelius Herz émigra en Angleterre pour ne jamais revenir.
En 1903, le projet fut finalement revendu à des Nord-Américains qui se chargèrent de finir de creuser le canal Ainsi, se trouvaient au cœur du scandale des hommes politiques, des hommes de presse et des industriels.
Comme le rappelle l’historien Jean Bouvier, la corruption n’était étrangère à aucun de ces milieux.
Pour décrire cette période «fin de siècle», il écrivait: «Le temps n’est plus où un homme public pouvait être un lettré, un juriste: il faut qu’il soit pénétré de l’esprit commercial, industriel, financier.»
Cornélius Herz, de confession juive, né en Allemagne, était courtier et agent de change. Certains Français, déjà adeptes de la théorie du complot, soupçonnèrent que le scandale de Panama fut manigancé par les Allemands.
L’historien Emmanuel Chadeau écrit à ce propos: «Si le Panama avait déconsidéré la France, ses projets et son épargne, c’est que sur une noble cause s’était greffé le «prurit» des intérêts anti-français, symbolisés par la banque et le négoce juifs.»
Le méchant dans les récits officiels était donc Cornélius Herz.
Un journaliste et écrivain, Gustave Le Rouge, connut même un grand succès avec son roman en cinq volumes Le mystérieux docteur Cornélius, paru en 1911-1912 et adapté en série télévisée en 1984. Le héros, Cornelius Kramm, est un scientifique manipulateur et immoral, assoiffé de pouvoir, qui n’hésite pas par exemple à kidnapper un vieux savant français de génie pour l’obliger à travailler pour lui ou alors, toujours avec des techniques dernier cri, à faire de la chirurgie esthétique afin de se faire passer pour une autre personne qui se retrouve pendant ce temps quasi-mort dans un asile de fous.
Pour Emmanuel Chadeau, on se trouvait néanmoins plus proche de la vérité lorsque l’on attribuait ce rôle de méchant à Ferdinand de Lesseps
(1805 –1894): le «héros français du canal de Suez, fatigué et mal conseillé, avait par vanité acheté au prix fort à des Américains découragés et habiles une concession boiteuse assortie d’actifs sans intérêts.»
D’ailleurs, un des neveux de Ferdinand de Lesseps, de même que Gustave Eiffel (1832 –1923), ingénieur contractuel pour la Compagnie universelle du canal interocéanique appelé en renfort sur l’étude technique du percement du canal, furent condamnés pour publicité mensongère pour avoir incité les 12 5particuliers, via la presse, à acheter les bons de la Compagnie, et les banques, via des intermédiaires, à investir.
Pour Emmanuel Chadeau, cette différence de traitement par l’opinion publique s’expliquait par la confession des groupes de personnes impliquées, Catholiques contre Juifs. A propos de Ferdinand de Lesseps, il écrit: «(...)Les progrès du nationalisme dans l’opinion économique étaient tels que l’idée d’une remise en cause des choix fondamentaux (qui dataient de 1879-1880) du perceur d’Isthme (membre de l’Académie française) et de son autorité dans l’establishmentbien pensant des affaires (de Lesseps donnait de lui l’image d’un monarchiste catholique) ne vint à personne.
Et personne ne souligna que le premier acteur de la spéculation était la Caisse d’escompte et de dépôts, une banque où œuvrait avec zèle un neveu du grand homme et où l’on rencontrait, parmi les fondateurs et les actionnaires, des représentants distingués et opulents du monde politique réactionnaire catholique.»
Déjà à la fin des années 1870, lorsqu’une banque catholique, la banque de l’Union générale, fit faillite, l’opinion publique accusa des financiers juifs d’en être responsables. Elle fut fondée en 1876 par Eugène Bontoux, ingénieur, et était soutenue par le Vatican et la cour de Vienne.
Le programme de cette banque était radical: «soustraire l’épargne française à l’influence de la banque d’origine protestante ou juive, et [de] lui assurer des débouchés «naturels» conformes à l’esprit national»3.
Après sa faillite, des millions de francs-or issus de l’industrie lyonnaise et du Nord furent perdus. Cela eut également des retombées sur les banques «cosmopolites», mais ce furent quand même elles les coupables, l’ennemi tout désigné dès la création de la banque.
Pour Emmanuel Chadeau, «une légende était née». Selon lui, cet antisémitisme s’expliquait par de multiples facteurs: la défaite contre l’Allemagne en 1871 avait traumatisé la France, la concurrence avec l’Angleterre et les Etats-Unis aussi.
Pour s’en sortir et justifier tout cela, une partie de la population expliqua tous ces évènements à la lumière d’une théorie où les Juifs, espions étrangers, étaient venus voler la France.
L’historien rappelle que «l’énonciation des thèmes antisémites –le juif étranger à l’économie «vraie» du pays et, par corrélation, le juif détourneur du bien d’autrui ou du bien collectif –est alors devenue d’une telle banalité, qu’elle s’incorpore à la littérature non seulement «populaire», mais «de gare»».
On l’a vu avec Gustave Le Rouge, et on le retrouve également dans un autre style chez Honoré de Balzac, qui se basa sur James de Rothschild pour créer son personnage du baron de Nucingen. James de Rothschild était le père d’Edmond de Rothschild que nous avons déjà mentionné comme membre de la commission en charge d’évaluer les expériences de Marcel Deprez à Creil, expériences qu’il finança. Avec son frère Alphonse, ce dernier fut impliqué comme d’autres banques dans le scandale de Panama.
Ils avaient aussi des liens avec la Société Industrielle des Téléphones, dont la presse catholique considérait que les titres étaient des valeurs de second ordre car elle avait été fondée par des ingénieurs et capitalistes au nom suspect.
Les fondateurs de la Société Industrielle des Téléphones furent accusés par cette presse «d’avoir joué à la baisse sur les cuivres, pour en être consommateurs, avec l’appui «de spéculateurs internationaux» -parmi lesquels les Rothschild»

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