Les Télécommunications militaires

Jusqu'à 1890. - Cette période comprend toute la série des tentatives et la transformation incessante des méthodes techniques par lesquelles dès la première connaissance des phénomènes électriques il a été possible de fixer les grandes lignes de ce qui deviendra plus tard la l'industrie électrique moderne.
Les premières réalisations . - Alors qu'avant Alessandro Volta les expériences électriques formaient un objet de pure curiosité, après la découverte des piles et du courant électrique les physiciens virent la possibilité de s'en servir pour des résultats d'intérêt pratique et travaillèrent à fond sur cet objet.
- Sir Humphry Davy a réussi en 1807 avec le courant électrique à obtenir du potassium et du sodium libres à partir d'alcalis et à effectuer un grand nombre de décompositions qui ont ouvert la voie à l'électrochimie.
- JFD Arago en 1820 et dans les années suivantes montra que le fer pouvait être magnétisé par le courant électrique, il fit des expériences d'électromagnétisme et construisit des appareils qui constituèrent le germe d'applications importantes.
- L. Nobili en 1825 a inventé le galvanomètre astatique, qui a été le premier appareil de mesure adapté à la technique et à l'origine de l'industrie de la mesure électrique ; plus tard, il a construit le premier modèle de moteur électrique, qui est resté oublié et dont l'original est conservé au Musée Scientifique de Florence.
- Le premier des générateurs aptes aux applications fut la cellule à deux liquides, avec dépolarisation au sulfate de cuivre, inventée par JF Daniell en 1836.
- Après la télégraphie optique du français Chappe, exclusivement utilisée par les militaires et le télégraphe aérien essentiellement un moyen de communication convenant aux pouvoirs publics centralisé comme celui qu'a connu la France sous la Révolution et l’Empire, arrive le télégraphe éléctrique par Samuel Morse, en 1837.

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- L’installalion d’un télégraphe électrique implique la pose d’un fil continu.
De là résultent : un accroissement considérable du matériel à transporter ; l’obligation de construire des lignes, ce qui peut être, en certains cas, très difficile ; en d’autres cas, tout à fait impossible ; des chances de dérangement, d’avaries, ou môme de destruction des lignes établies.
Le système offre en revanche de précieux avantages.
Ce télégraphe fonctionne indépendamment de l’état de l’atmosphère et également bien la nuit et le jour. Son action n’est momentanément entravée que pendant les orages violents; il n’y a pas à se préoccuper de l'orientation des appareils ; le choix des stations est relativement facile ; il suffit de trouver à proximité des points choisis soit l’eau, soit un terrain humide afin de pouvoir bien relier à la terre les extrémités du fil conducteur ; à la rigueur meme, on peut se dispenser de satisfaire à celte condition ; et ce, moyennant la pose d’un fil de retour; enfin, il reste une trace écrite des dépêches.

— Le télégraphe électrique a aussi son histoire militaire.
Ce sont les Américains en 1861-65 pendant la guerre civile, et les Anglais en Inde qui, les premiers, en ont fait usage en campagne.

Pour les Anglais, lorsque, eu 1867, les troupes indigènes de l’Inde se soulevèrent contre leur domination, il leur fallut combattre la rébellion à la fois sur plusieurs points et la suivre jusqu’au cœur du pays. De nombreuses colonnes furent lancées dans des directions divergentes. Or, il était de la plus haute importance, pour le gouverneur général, d’être tenu sans cesse au courant de leur situation pour leur expédier des renforts, des approvisionnements ou pour combiner et coordonner leurs mouvements. On dut alors improviser la télégraphie militaire. Grâce à la nature d’une terre bridée par le soleil, on put souvent se contenter de dérouler les fils sur le sol, sans la moindre précaution. Le succès fut complet.
Au cours de la guerre de la Sécession des États d’Amérique (1862-1864) les belligérants firent grand usage du télégraphe pour se relier aux positions en arrière ; pour donner à l’ennemi de fausses indications, etc. Un millier de cavaliers hardis commandés par le général Morgan purent, à la faveur de faux télégrammes, parcourir 1 000 kilomètres en vingt-quatre jours, pénétrerai le milieu de l'armée fédérale de Géorgie, prendre plusieurs villes, faire quantité de prisonniers. Celte troupe de partisans ne dut souvent son salut qu’au zèle intelligent d’un télégraphiste.
Pendant toute la campagne de 1866, les trois grandes armées prussiennes furent sans cesse reliées entre elles et à Berlin.
Enfin, durant la guerre de 1870-71, l’organisation de nos adversaires se perfectionna singulièrement et prit grande extension. Au lieu de quatre sections de télégraphie de campagne et trois sections d’étapes, ils mobilisèrent sept sections de campagne et cinq d’étapes, lesquelles sections construisirent ou réparèrent 6 000 kilomètres de lignes et 135 stations. Les Allemands déclarent que c’est uniquement à la faveur de leurs nombreuses communications télégraphiques qu’ils purent effectuer leur si rapide concentration à l’entour de la position de Sedan.
Du côté des Français, il n'existait, avant 1870, qu’un service télégraphique extrêmement imparfait.
Pendant la guerre de 1877-78, les Russes ont construit dans la Péninsule des Balkans 14oo kilomètres de lignes, comprenant 2 700 kilomètres de fil ; et, en Asie, 1 100 kilomètres de ligues avec des fils mesurant ensemble plus de 1700 kilomètres. La station d’Orchanie, par exemple, n’a pas expédié en cent trente jours moins de 2 053 télégrammes.

Organisation du service de guerre.
— En deçà, de la zone d’opérations rétablissement d’un réseau de communications, télégraphiques à l’usage des années n’implique aucune espèce de dispositions spéciales ; rien n’empèche de se conformer, dans ces régions relativement calmés, aux règles ordinaires du temps de paix. Mais, pour ce qui est des travaux à exécuter en première ligne, il a fallu créer un matériel ad hoc, facilement transportable, peu encombrant et pouvant se plier à toutes les exigences du service.
Ce matériel s’arrime sur des voitures de deux sortes. Les unes, dites voitures-poste, renferment, tout montés, les appareils d’un ou deux postesavec quelques kilomètres de câble à dérouler au fur et à mesure de la marche. Les autres, chariots télégraphiques et chariots de travail, transportent en plus grandes quantités les conducteurs nus (ou le câble) et les accessoires voulus que nécessitent la pose ou les réparations.
La « voiture-poste » contient les appareils et la pile. On emploie le câble isolé pour les lignes terrestres ou pour les lignes aériennes qu’on n’a pas le temps de disposer sur isolateurs : le fil nu en fer galvanisé pour les lignes ordinaires, fie câble est enroulé à l’entour de bobines métalliques montées à l’arrière des voitures; chaque bobine en porte 1 kilomètre. Les isolateurs sont en ébonite; ils se fixent parfois à des bouts de longues perches qu’il suffit de piquer en terre alors que les supports de rencontre viennent à faire défaut. Le travail courant implique, d’ailleurs, un emploi régulier de perches à crochet, d’échelles et autres engins que transportent les chariots télégraphiques.

Pose d'une ligne militaire. — En avant, marche un chef d'atelier qui indique successivement les points par lesquels doit passer la ligne. Il est suivi d’un marqueur qui trace sur les arbres, les maisons, etc., des signes conventionnels destinés à faire connaître les indications du chef d’atelier aux employés qui marchent derrière lui. Vient ensuite le chariot portant le conducteur. Un distributeur aposté sur cette voiture donne aux aides marchant à sa hauteur les crochets, échelles, etc., que demande la pose des supports. Un dérouleur qui suit le chariot assure le dévidement du câble ; il est secondé d’un aide qui, au fur et à mesure, dispose le conducteur sur l’un des cotés de la route suivie par le chariot. Viennent enfin les monteurs qui fixent le câble aux supports établis.
Quand une bobine est épuisée, le sous-chef d’atelier s’assure à l’aide d’un parleur, du bon état de la ligne posée. Un atelier, organisé comme il vient d’ètre dit, met environ .5 minutes à la pose d’un kilomètre de ligne.
Pour le service d’avant-postes on a essayé l’emploi d’une bobine portée à dos de mulet et aussi un sac porle-câble fixé aux épaules d’un homme. Ce sac est aujourd’hui réglementaire dans l’armée allemande.

Cas des opérations d’attaque et de défense des places. — Ua télégraphie électrique rend, en particulier, d’éminents services au cas des opérations d’attaque et de défense des places. Il est permis de penser que sans elle, il serait impossible de procéder au blocus des grands camps retranchés actuels, à moins d’y consacrer des elïeetifs tellement considérables qu’il faudrait renoncer à l’idée de tenir la campagne en d’autres points et d’empêcher l’ennemi d’organiser en arriére de nouveaux moyens de défense.
Au cas d’un siège, les postes principaux : grand quartier général, quartiers généraux des commandants de secteurs, des commandants de l’artillerie et du génie, parcs, groupes de batteries, postes d’observation du tir indirect, dépôts de tranchée, parallèles, etc., etc., seront reliés par des lignes souterraines, construites en câble enfoui dans une tranchée assez profonde pour ne pas être atteint par les projectiles de la place et protégé par des augets en bois. Les postes télégraphiques seront établis sous des abris blindés à l’épreuve des projectiles.
Un réseau électrique reliera les différents corps d’investissement entre eux et avec Je grand quartier général ; il pourra s’étendre aux principaux cantonnements, postes avancés, batteries, etc., de telle sorte que la nouvelle attaque de la garnison sur un point quelconque de la ligne d’investissement soit transmise instantanément sur toute l’étendue de cette ligne, et que les renforts puissent arriver, en temps utile, sur les points particulièrement menacés. Les quartiers généraux seront, en outre, mis en relation avec les différents corps d’observation répandus sur le territoire ennemi, avec la base d’opérations et le siège du gouvernement, par l’intermédiaire des lignes existant le long des grandes voies.
Au cas d’une défense de place, les communications électriques auront dû être créées à l’avance, de manière à relier les divers éléments du camp retranché entre eux et avec le noyau central ; elles seront organisées souterrainement et passeront à im,5o de profondeur dans les parties les plus exposées aux feux de l’attaque. En vue d’assurer l’unité d’action de la défense l’efficacité et la concentration de ses feux, les états-majors du gouverneur, des commandants de secteurs, des commandants de l’artillerie et du génie ; les batteries, postes d’observation, etc., seront reliés par un réseau établi partie à l’avance, partie au moment du besoin. Les postes télégraphiques seront installés sous des abris à l’épreuve.

SYSTÈMES MIXTES
Emploi combiné de diverses méthodes télégraphiques. — Les divers-moyens de correspondance ci-dessus énumérés peuvent, en certains cas, se combiner de la façon la plus heureuse.

Télégraphe à eau. — Il a été dit que, pour composer un alphabet de nature à leur permettre de correspondre, les agents du service des signaux avaient recours, chez les Grecs, à l’emploi d’une méthode basée sur le principe des reprises d’allumage. Mais, ne comportant qu’un nombre limité d’informations, le procédé était absolument insuffisant. On eut alors l’idée d’en combiner l’usage avec le jeu de certain appareil construit d’après la loi de l’écoulement des liquides. De là le télégraphe à eau, inventé parÆnéas, l’ingénieur de Philippe de Macédoine, et dont Polybe nous a laissé la description suivante : « Ceux, dit-il, qui veulent mutuellement s’informer par des fanaux de ce qui se passe n’ont qu’à prendre des vases de terre également larges et profonds et munis d’un orifice. II suffit que ces vases aient trois coudées de hauteur et une coudée (0m,5o) de largeur. Que les opérateurs prennent ensuite des morceaux de liège un peu plus petits que la section intérieure des vases et qu’ils fichent au milieu de ce liège une tige sur laquelle de trois doigts (0m,o6) en trois doigts (0m,o6) ils fixeront une enveloppe bien apparente. Qu’ils écrivent sur chacune de ces enveloppes les choses qui arrivent le plus ordinairement au cours de la guerre. Sur l’une, par exemple : il est arrivé de la cavalerie ; sur l’autre : il est arrivé des hoplites (infanterie de ligne); sur une troisième : despsiles (infanterie légère) ; sur la suivante : de l'infanterie et de la cavalerie sur une autre encore : des vaisseaux; ensuite: des vivres. Et de même sur toutes les autres enveloppes tous autres événements qu’on pourra prévoir, eu égard au caractère de la guerre engagée.
« Que de part et d’autre, on adapte à ces vases des tuyaux exactement pareils, en sorte qu’il ne puisse s’écouler ni plus ni moins d’eau par les uns que par les autres. Qu’on emplisse les vases d’eau ; qu’on pose à la surface de cette eau les morceaux de liège munis de leurs liges et qu'ensuite on ouvre les tuyaux « Il est clair que, les vases étant pareils, le liège descendra.et les tiges s’enfonceront également dans les vases à mesure que ceux-ci se videront.
«Quand, de concert, on aura vérifié ce fait, on portera les vases aux endroits où l’on doit donner et observer les signaux, et les flotteurs de liège seront mis en place.
« Quand il adviendra quelqu’une des choses inscrites sur les tiges, on lèvera un fanal et on le tiendra levé jusqu’à ce que, de l’autre côté, on en ait levé un autre.
« On abaissera alors le fanal et l’on ouvrira le tuyau. Quand l’enveloppe sur laquelle est écrite la chose que l’on veut faire connaître sera descendue au niveau des bords du vase, on lèvera le fanal.
« l)e l’autre côté, sur le champ, on fermera le tuyau et l’on regardera ce qui est écrit sur la lige qu’on trouve à hauteur des bords du vase.
« Alors, si tout a été exécuté de part et d’autre avec la même promptitude, de part et d’autre on lira la même chose ».
Philon de Byzance a résumé comme il suit la description de Polybc : «On doit avoir des vases à oriticcs, soit en airain, soit en terre cuite, de la contenance d’au moins quatre rnétrètes (15o litres). On inscrira sur ces vases et en certains points : froment nouveau, bois, armes, sol
dats, enfin tout ce dont on peut avoir besoin, soit qu’on ait négligé de le préparer avant le siège, soit qu’on en est déjà plus. Ces choses étant écrites on emplira le vase d’eau ; puis, la nuit venue, on fera, à l’aide de torches, les signaux convenables à l’armée, à la ville ou au poste avec lequel on veut communiquer.
« Il faut, d’ailleurs, que, dans tous les lieux susdits, il y ait des vases égaux à ceux dont vous vous servez, avec des orifices égaux et portant mêmes inscriptions dans les mêmes parties, afin qu’on puisse, grâce aux signes dont on est convenu, reconnaître ce dont les assiégés ont besoin».
Il s’agit, en somme, de deux vases pareils à pareils orifices d’écoulement et pareillement gradués. Chacun d’eux est muni d’un flotteur dont la descente est réglée, commencée ou arrêtée, par des feux de signaux. A chaque graduation correspond une indication dont un dictionnaire peut donner le détail.

Systerne Télégraphe-ballons-pigeons-photo-microscopie.
— Qui ne se rappelle le fait du soulagement moral apporté aux Parisiens assiégés de par l’emploi du système mixte Télégraphe-hallom-pigeons-pho to microscopie ?
Ce système consistait à centraliser à Tours tous les télégrammes expédiés de la province ; à les condenser une première fois en les tvpo
graphiant, de manière à en composer comme les colonnes d’un journal ; à photographier ce journal en en réduisant les dimensions au huil-centième, réduction qui correspondait à peu près à l’étendue d’une feuille de papier à cigarettes et à tirer cette épreuve sur un collodion fort mince, du poids de quelques centigrammes. Un pigeon emporté de Paris par ballon y rapportait cette légère pellicule. A l’arrivée, la dépêche était placée sur le porte-objet d’un microscope photo-électrique de grande puissance. L’image obtenue se projetait sur un écran avec une amplification telle qu’on pouvait déchiffrer à l’œil nu tous les mots du télégramme.
Chaque pigeon se chargeait d’une vingtaine de pellicules dont le poids total ne s’élevait pas à 1 gramme ! L’ensemble des dépêches ainsi transportées par l’oiseau comprenait environ trois cent mille lettres ou chiffres et représentait à peu près la valeur d’un volume in-12 .
Cent mille télégrammes ont été ainsi expédiés à Paris pendant le siège.
Imprimées eu caractères ordinaires, ces dépêches réunies formeraient une bibliothèque de plus de cinq cents volumes.
Tout cela venu à tire-d’aile d’oiseau

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SYSTÈMES DE M. TROUVÉ.
En 1872
, Gustave Trouvé français, développe un télégraphe électrique militaire portatif dont la ligne auto-déroulante permet une communication rapide jusqu'à une distance d'un kilomètre, pour la transmission instantanée dans les deux sens des ordres et des rapports.
Article vu dans La nature 1876

Le système de télégraphie militaire inventé par M. Trouvé mérite d’attirer l’attention pour deux raisons : d’ùne part il réalise un ensemble complet se suffisant à lui-même, et suffisant dans un trèsgrand nombre de cas, et d’autre part il a déjà été adopté par plus d’une armée européenne, c’est-à-dire que ce n’est plus une chose nouvelle recommandée seulement par l’inventeur, mais une combinaison qui a été dès à présent appréciée par des hommes compétents.
L'ensemble se compose d’un câble à deux fils destiné à réunir deux stations, et, pour chaque station, d’une pile et d’un appareil de correspondance. La figure ci dessous réprésente la ligne et les deux stations, ou, pour parler un langage moins technique, les deux correspondants. L’officier qu’on voit à droite a choisi son point d’observation. Il porte en bandoulière une pile qu’on voit à son côté et un appareil télégraphique, gros comme une montre, qu’il peut mettre dans sa poche ou accrocher à son épaulette dans les intervalles de la correspondance.
Le soldat qu’on voit s’éloignant à gauche porte sur le dos un crochet, analogue à ceux dont se servent les commissionnaires à Paris ; sur ce crochet on voit d’abord, à la partie supérieure, une grosse bobine sur laquelle est enroulé le câble, et ensuite à la partie inférieure, la pile ; il a en outre le petit appareil télégraphique, qui est, au moment considéré, accroché en haut et à gauche du crochet. A mesure que le soldat marche en avant, le câble se déroule derrière lui sur le sol, et la bobine tourne sur son axe; le moment venu de correspondre, il décrochera le petit appareil télégraphique, et, le prenant à la main, commencera l’envoi ou la réception des dépêches qui se présenteront.

Cette correspondance pourra avoir lieu sans même qu’il arrête sa marche et sans que tout le câble soit déroulé ; il y a un kilomètre de câble sur la bobine, on sera donc obligé de s’arrêter après avoir parcouru mille mètres, mais on pourra aussi bien correspondre à une distance moindre, à 500 mètres, par exemple, parce que la communication a toujours lieu au travers du câble entier, qu’il soit enroulé sur la bobine ou déroulé sur le sol.
Le câble est à deux conducteurs isolés; chacun d’eux est recouvert de gutta percha, et tous deux ensemble sont réunis sous une enveloppe de ruban caoutchouté ; avec cette protection, il peut être étendu sur un sol sec ou humide, il peut même être exposé à la pluie ou traverser un ruisseau sans que la communication en soit troublée. Nous ferons remarquer ici, par parenthèse, que, vu le peu de résistance électrique de la ligne, une petite perte serait de peu de conséquence. Les deux conducteurs sont attachés à la pile de l’officier stationnaire avant la séparation des deux télégraphistes ; des boutons spéciaux, désignés par des lettres, ne laissent place à aucune erreur. Avant de se quitter, ils vérifieront leurs appareils en transmettant dans les deux sens une courte phrase. Après avoir repris sa position , le télégraphiste mobile en avisera son correspondant par l’envoi du mot d’ordre, et l’échange de dépêches pourra commencer.
Le soldat porteur du crochet recherche les sentiers inaccessibles aux voitures ; s’il a une route à traverser, il choisit de préférence un endroit où des arbres lui permettent de monter le fil à une hauteur suffisante pour laisser passer par-dessous les voitures et les canons, car on comprend, de reste, que, si ce fil était étendu au travers du chemin, il courrait chance d’être écrasé et coupé par les roues qui passeraient dessus. A vrai dire, pour ce cas et d’autres analogues, il faudra adjoindre au télégraphiste un compagnon chargé d’enlever le câble sur les branches des arbres et de divers soins de ce genre.
A vrai dire, pour ce cas et d’autres analogues, il faudra adjoindre au télégraphiste un compagnon chargé d’enlever le câble sur les branches des arbres et de divers soins de ce genre.
D’ailleurs, le moment venu de cesser la communication, le télégraphiste reçoit l’ordre de revenir à son point de départ, et là encore un compagnon lui est nécessaire pour enrouler le câble sur la bobine ; l’aide se sert alors d’une manivelle qui s’emmanche sur le bout de droite de l’axe de la bobine; il la tourne et enroule le fil pendant que le porteur marche au petit pas pour faciliter l’opération.
Nous avons montré ici deux télégraphistes, l’un stationnaire, l’autre mobile, séparés par une distance maximum de mille mètres. Mais le second peut être accompagné d’un troisième, porteur d’un crochet et d’une bobine identiques ; quand l’un des porteurs aura épuisé son câble, le second commencera à dérouler le sien, non sans avoir établi la liaison entre les deux câbles, au moyen de petits mousquetons très - ingénieusement combinés. Il sera donc possible d’établir la correspondance entre deux points distants de deux ou plusieurs kilomètres, sans rien changer au système. Pour faire comprendre toute l’utilité de cet ensemble si simple, il faut insister sur ce point que, dans un cas de grande urgence, une ligne de un kilomètre peut être établie sur un terrain découvert, en dix minutes, c’est-à-dire dans le temps nécessaire pour parcourir à pied cette distance.

On aura remarqué dans ce qui précède que nous avons parlé d’un câble à deux fils , tandis que le télégraphe ordinaire n’emploie qu’un seul fil et se sert de la terre pour suppléer au fil de retour. En y réfléchissant, on verra que cette télégraphie volante ne peut pas fonctionner dans les conditions ordinaires ; l’établissement d’une bonne perte à la terre est en effet indispensable à chaque station ; or les télégraphistes militaires ne peuvent pas toujours choisir un terrain convenable à cette communication avec la terre qui d’ailleurs ne peut que oien rarement être établie d’une manière instantanée. Dans les plaines de sable brûlées par le soleil, en Algérie par exemple, on n’arriverait pas à établir un ül de terre ; dans une plaine gelée à plusieurs pieds d’épaisseur, comme ont été nos campagnes pendant une notable partie du temps qu’a duré la dernière guerre, on n’y arriverait pas davantage. Ces raisons ont déterminé M. Trouvé à employer deux conducteurs et à s’écarter des habitudes du service télégraphique ordinaire ; et nous sommes convaincu qu’il a eu raison, sans vouloir dire que la télégraphie militaire doive dans tous les cas procéder ainsi.
Si on avait à employer le télégraphe Trouvé à de grandes distances, il serait à propos de faire usage des deux conducteurs comme d’un seul, ce qui réduirait de moitié la résistance de la ligne, et d’employer la terre pour le retour.

Nous nous sommes étendu assez longuement sur la ligne télégraphique proprement dite, qui est la partie la plus essentielle d’un télégraphe électrique ; les appareils de correspondance n’en sont réellement que l’accessoire : ils peuvent d’ailleurs être combinés de bien des façons, et M. Trouvé en a proposé deux concurremment ; l’un est un télégraphe à cadran très analogue au télégraphe Bréguet ; l’autre est un appareil du système Morse à lecture au son, ce que nous appelons en langage technique un Parleur. Nous ne décrirons pour le moment que le dernier.

LE PARLEUR DE TROUVÉ
L’appareil de correspondance dit Parleur de Trouvé est représenté en demi-grandeur par la figure ci dessous. Il a la dimension d’une grosse montre et peut être porté dans un gousset. La boîte est en métal ; on la fait habituellement en laiton nickelé à la pile. On a figuré l’instrument avec l’un des fonds enlevé pour laisser voir le mécanisme, qui est d’ailleurs très simple. Un électro-aimant en est le principal organe ; son armature, placée au-dessous a un mouvement peu étendu, autour d’un axe placé du côté du spectateur ; cette armature vient par un petit appendice frapper un bouton monté sur le fond de la boîte qui est eu arrière. Ces petits coups font un bruit suffisant avec une pile convenable pour permettre facilement la lecture, sans même qu’il soit nécessaire de mettre l’appareil près de l’oreille ; on comprend que la boîte du Parleur sert de caisse de résonnance et contribue notablement à la netteté de la perception.

Le manipulateur, ou clef Morse est placé à l’extérieur de la boîte ; c’est un petit levier qui pivote autour d’un axe et dont l’extrémité est relevée; la manipulation peut se faire avec le bout de l’index de la main droite, la boîte étant tenue dans la main gauche.

Précédemment, M. Trouvé avait réalisé une autre disposition encore plus compacte ; la manipulation se faisait par un bouton placé dans l’anneau de la bélière, comme est le bouton de remontoir dans les montres qui se remontent sans clef. Il n’est pas impossible qu’on revienne à cette forme, qui offre moins de prise aux accidents.
Trois fils conducteurs isolés sont attachés à l’appareil et servent à le relier à la pile et aux deux lignes. Ces conducteurs sont formés chacun de plusieurs fils de cuivre très fins, tressés, ce qui donne une souplesse extrême à l’ensemble ; ils sont recouverts chacun de soie d’une couleur spéciale; d’ailleurs le petit crochet qui les termine est numéroté ; et ces numéros correspondent à ceux des boutons de la caisse à pile auxquels ils doivent êlre attachés, de telle sorte que malgré la bâte fiévreuse avec laquelle toutes ces liaisons peuvent être faites quelquefois, il ne paraît pas possible de commettre d’erreur.
Il nous reste à parler de la pile elle-même, qui n’est pas la partie la moins heureuse de l’ensemble et qui présente des avantages tout à fait incontestables. Nous consacrerons à ce sujet un prochain article ; mais dès à présent le lecteur a vu le caractère capital du lélé-praphe militaire de M. Trouvé, qui est la réunion de toutes ses parties (câbles, pile, manipulation, récepteur, avertisseur) sur le dos d’un homme, tout cet ensemble étant comparable à un sac de soldai et d’un moindre poids. Il sera utilisé par la plupart des armées européennes,

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Quant à la télégraphie militaire, elle a progressé beaucoup comme installation et comme organisation dans ces dernières années.
Aujourd’hui, on en comprend toute l’importance, elle constitue une section spéciale de l’armée, ayant un personnel et un matériel ad hoc. Dans ces conditions, les appareils n’ont pas besoin d’être perfectionnés ; ils doivent surtout être simples, portatifs et solides, et on doit surtout avoir en vue la bonne organisation des bureaux mobiles et des fourgons de transport du matériel des lignes, qu’on a dû chercher à disposer convenablement pour la guerre. On a proposé, à une certaine époque, d'employer les appareils autographiques pouf l’armée, afin de permettre l’envoi de croquis de mouvements de troupes, et les télégraphes d’Arlincourt avaient fourni de bons résultats dans des expériences faites au camp de Saint-Maur ; mais il ne paraît pas qu’on ait donné suite à cette idée, sans doute à cause de la délicatesse et du volume de ces instruments. Il y a pourtant à faire dans cet ordre d’idées, car un croquis donne mieux l’idée d’une opération à exécuter que toutes les explications verbales possibles.
En attendant, ce sont les Morse, les relais parleurs de petite dimension, les téléphones, qui sont actuellement adoptés, et les bureaux mobiles ressemblent beaucoup, comme organisation, à nos bureaux télégraphiques ordinaires.
En France, le corps des télégraphistes est composé d’employés télégraphistes, qui font ainsi leur temps de service militaire.
Ce système est infiniment préférable à celui qu’on avait adopté avant notre fatale guerre de 1870, et qui confiait ce service.

Peu après l'invention du téléphone, la recherche militaire commence pour les adapter à l'armée.

Les téléphones sont déjà utilisés pour soutenir les campagnes militaires des colonies britanniques (Inde et en Afrique) dès la fin des années 1870. Aux États-Unis, les lignes téléphoniques permettent de lier les forts entre eux, ainsi que les quartiers généraux de l'armée. Elles sont aussi utilisées pour gérer les incendies sur les installations défensives côtières.
Vers 1889 Le premier téléphone de campagne créé aux États-Unis, est trop cher pour être produit en masse.
D'autres développements, dans d'autres pays, rendent le téléphone de campagne plus viable. Les câbles sont en cuivre plutôt qu'en acier, on développe des machines qui permettent de rapidement installer les câbles sur le champ de bataille, et on invente des systèmes avec des batteries pour les postes de commande et des générateurs à main pour le champ de bataille.
Les premiers téléphones de campagne conçus pour cette utilisation spécifique sont utilisés par les Britanniques pendant la seconde guerre des Boers. Ils sont utilisés de façon plus importante pendant la guerre russo-japonaise, au cours de laquelle les deux camps ont équipé tous leurs régiments d'infanterie et toutes leurs divisions d'artillerie de téléphones.
L'utilisation des téléphones de campagne devient générale avant la première guerre mondiale.

1882 LE MAGNÉTO-PARLEUR Wiessenbruch
Cet appareil simple et ingénieux a été combiné par M. L. Wiessenbruch, lieutenant du génie belge, pour servir de télégraphe d’avant-postes sans pile. Le but de ces télégraphes d'avant-poste est d’établir des relations entre les grand’gardes et les vedettes, entre les batteries et leurs postes d’observation, etc.; leur portée ne dépasse guère deux ou trois kilomètres; en raison du caractère spécial de ces lignes volantes, il faut un système léger, transportable, simple, rustique et puissant; le téléphone magnétique, sur lequel on avait fondé beaucoup d’espérances au début, n’est pas toujours assez puissant, à cause des bruits qui existent pendant l’action ou ses préparatifs, le microphone est plus puissant, mais il est aussi plus délicat, exige un réglage et une pile souvent encombrante.
A côté du téléphone, les télégraphes légers de campagne sont tantôt à signaux permanents, tantôt à signaux fugitifs, à cadran, à aiguille ou à parleur. Tous ces appareils exigent une pile plus ou moins volumineuse.
Le magnéto-parleur de M. L. Wiessenbruch tient à la fois du téléphone et du parleur Morse. C’est un transmetteur magnéto-électrique qui ne pèse que 750 grammes : il peut être renfermé dans une boîte de treize centimètres de longueur, neuf centimètres de largeur et cinq centimètres d’épaisseur, dont il n’émerge que le bouton du manipulateur et les deux bornes d’attache des conducteurs.
Le transmetteur consiste en un téléphone magnéto-électrique de Gower, à fil fin, dont la plaque vibrante a un faux-tirant, c’est-à-dire est bombée en son centre de façon à faire ressort sous la pression, comme dans cet infernal jouet qui fit fureur à Paris, — pendant huit jours — il y a quelques années, et connu sous le nom de cri-cri. Une clef de Morse ordinaire est disposée au-dessus de cette plaque bombée et exerce une pression en son centre lorsqu’on appuie sur le bouton de manipulation. Chaque fois qu’on appuie sur ce bouton, la plaque du téléphone, en vertu de sa forme, s’approche brusquement de l’aimant et développe un courant d’induction dans les bobines; en cessant d’appuyer, elle reprend sa position primitive non moins brusquement et développe un second courant d’in- duction de sens inverse. Tel est le principe du transmetteur magnétique qu’on porte en campagne suspendu sur la poitrine au moyen d’une petite courroie.
Une communication complète par ce système comprend un circuit formé d’une ligne à un seul fil reliant les deux postes, et à chacun de ces postes un magnéto-parleur relié d’un côté à la ligne et de l’autre côté à un téléphone Bell ordinaire servant de récepteur ; le circuit est complété par la terre à l’aide d’un fil attaché d’une part à la seconde borne du téléphone récepteur et de l’autre à la poignée d’un sabre enfoncé dans un sol légèrement humide. L’opérateur manipule de la main droite comme avec un manipulateur Morse ordinaire et applique de la main gauche le téléphone récepteur à l’oreille. La réception au son ne diffère pas essentiellement du mode de réception si usité en Amérique et en Angleterre avec les sounders; les courants d’induction développés par la plaque bombée sont incomparablement plus énergiques que les transmissions de la voix dans les téléphones les plus perfectionnés, on peut donc lire au son la dépêche transmise malgré le bruit environnant.
Dans des expériences faites par M. L. Wiessenbruch, on a pu intercaler une résistance équivalente à 600 kilomètres de fil de fer de 4 millimètres de diamètre (6000 ohms) sans nuire sensiblement à la netteté de la réception. Le magnéto-parleur pourra donc remplacer le parleur Morse dans toutes les applications; il est très léger, très sensible, fonctionne sans aucune pile et enfin, il comprend à chaque poste un téléphone magnéto-électrique dont on pourra se servir à la façon ordinaire, pendant la nuit par exemple, lorsque le silence est assez grand pour permettre ce mode de communication.
A l’Exposition de 1881, le colonel russe W. Jacobi avait exposé sous le nom de télékal, un transmetteur téléphonique sans pile, mais il était plus lourd et plus encombrant que le magnéto-parleur du lieutenant Wiessenbruch, puisqu’il pesait cinq à sept kilogrammes, et avait 54 centimètres de longueur sur 22 de large et 11 de hauteur. Dans la description qu’il en a donnée, le colonel W. Jacobi n’a fourni aucun détail sur la disposition du transmetteur sans pile dont il fait usage, et en supposant, ce qui est probable, qu’il emploie un système électro-magnétique, le magnéto-parleur présenterait en ore l’avantage d’un poids et d’un volume beaucoup moindres, sans compter l’idée ingénieuse d’utiliser le principe sur lequel est fondé le cri-cri, à la construction d’un transmetteur magnéto- électrique simple et puissant.

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Dès 1885 en France, deux téléphones à usage militaire sont expérimentés :

Le SYSTEME téléphone COLSON :
D'après la loi de Faraday , la force électromotrice des courants induits développés dans le fil d'un téléphone magnétique transmetteur est proportionnelle au nombre des lignes de force du champ magnétique , qui coupent le fil dans l'unité de temps par suite des vibrations de la plaque . Il y a donc intérêt , pour constituer un transmetteur puissant , à faire en sorte que le plus grand nombre possible des lignes de force soit concentré sur la bobine et affecté par les vibrations de la plaque . Dans le téléphone récepteur , l'action est réciproque , et il y a , de plus , à considérer les vibrations moléculaires qui se développent dans la plaque et dans l'aimant ; on voit donc qu'il y a encore intérêt , pour former un récepteur énergique , à ce que le plus grand nombre possible des lignes de force du champ magnétique soit influencé par les courants induits de la bobine , c'est à dire soit concentré sur celle ci , et à ce qu'elles affectent le plus grand nombre possible des molécules de la plaque .
En étudiant la répartition des lignes de force , M. Colson a trouvé que la meilleure disposition permettant de réaliser les conditions énoncées consiste à placer la plaque vibrante entre les branches d'un aimant en fer à cheval dont un pôle agit au centre de la plaque par l'intermédiaire d'un noyau en fer doux qui porte la bobine , tandis que l'autre pôle est fixé à un anneau en fer doux influençant les bords de la plaque au travers d'un anneau en substance non magnétique ; le noyau central est relié au pôle correspondant de l'aimant au moyen d'un pas de vis qui sert au réglage . La plaque est ainsi polariséc du centre à la circonférence et présente , au centre et sur les bords , deux pôles de noms contraires ; les lignes de force sont concentrées sur la bobine et sur toute la masse de la plaque .

Cet appareil , construit par M. de Branville , donne de très bons résultals ; il produit des sons intenses et remarquablements nets ; il est probable que cette dernière qualité est due à la disposition centrale du pôle qui porte la bobine , et à l'action des lignes de force sur l'en semble de molécules de la plaque
fantôme magnétique produit par ce téléphone .
Appareil militaire Colson, Constructeur De Branville en 1885, adopté en 1886 par l'armée française.

...
Cet article est repris dans la revue La Nature de 1886

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JANVIER 1886. LA NATURE. LE TÉLÉPHONE COLSON

Cet appareil vient d’être dernièrement d’expériences à la suite desquelles il a été définitivement adopté dans l’armée.
Nous pensons que nos lecteurs en liront la description avec intérêt. Son mode de construction est basé sur la conception théorique des lignes de force que l’inventeur, M. le capitaine du génie Colson, expose de la façon suivante dans son Traité élémentaire d'électricité : « A chaque position de la plaque de fer-blanc d’un téléphone magnétique par rapport aux pôles de l’aimant correspond une certaine répartition des lignes de force; celles-ci se déplacent lorsque la plaque vibre ; si la bobine est rencontrée par ces lignes en mouvement, il se développe dans son fil une différence de potentiel qui est, d’après la loi de Faraday, proportionnelle à leur nombre. Un téléphone transmetteur sera donc d’autant plus énergique, toutes choses égales d’ailleurs , que les lignes de force mises en mouvement par les déplacements de la plaque, et rencontrant le fil de la bobine, seront en plus grand nombre. De même un téléphone récepteur sera d’autant plus puissant que les lignes de force mises en mouvement par les variations des courants induits qui parcourent la bobine, et rencontrant laj plaque, seront plus nombreuses. On voit par conséquent que, d'une façon générale, il y a intérêt à faire passer au travers de la bobine et de la plaque le plus grand nombre possible de lignes de force. »

Pour obtenir ce résultat, la plaque vibrante, en fer-blanc mince, a été placée entre les deux pôles de l’aimant. L’un, qui porte la bobine de fil fin, agit d’un côté et au centre de la plaque, tandis que l’autre se prolonge en un épanouissement et agit sur le bord et de l’autre côté; une rondelle de cuivre le sépare de la plaque qui se trouve ainsi entièrement plongée dans le champ magnétique. Les lignes de force la traversent dans le sens des rayons.

Ce téléphone est construit par M. de Branville avec le plus grand soin sous la forme de transmetteur et sous celle de récepteur.
On voit en A l’aimantavec son pôle central P et son pôle excentrique P'. Ce dernier traverse la plaque vibrante M par un trou garni de caoutchouc, la rondelle de cuivre R, et va se relier à l’anneau de fer doux F formant l’épanouissement polaire. Ces pièces sont enfermées dans une cuvette en cuivre nickelé et maintenues au moyen d’un couvercle G qui se visse sur la cuvette. La résistance de la bobine est de 200 ohms pour le transmetteur, comme pour le récepteur.

Le transmetteur a 9 centimètres de diamètre, il est muni d’un cornet amplificateur. On le règle au moyen d’une vis fixée dans le fond de la cuvette et qui permet d écarter ou de rapprocher de la plaque le noyau qui constitue le pôle central de l’aimant. Le réglage une fois fait se maintient indéfiniment. Le récepteur n’a que 6 centimètres de diamètre, son réglage est fait une fois pour toutes par le constructeur. Un des avantages du téléphone Colson est d’ètre indéréglable. Il possède, en outre, une puissance et une netteté remarquables; il n’est pas nasillard, ce qui tient sans doute à ce que toutes les molécules de la plaque sont plongées dans le champ magnétique, et à ce que les actions des deux pôles ont lieu concentriquement à la plaque. Ainsi que nous le disions en commençant, cet appareil commence à être apprécié et fait déjà l’objet de plusieurs applications dans l’armée. Le transmetteur est employé par le service de l’artillerie dans l’organisation des observatoires de tir; le récepteur est ajouté au matériel de la télégraphie militaire; ailleurs les deux petits récepteurs sont maintenus sur les oreilles de l’opérateur au moyen d’une courroie jugulaire, tandis que le transmetteur est suspendu dans un étui maintenu par une bretelle sur la poitrine, le cornet à portée de la bouche comme le représente notre première gravure (fig. 1).
Fig 1
On a laissé l’étui ouvert pour faire voir le transmetteur; le compartiment vide au-dessous est destiné à recevoir les récepteurs pour le transport ainsi que les courroies et les cordons souples. Cette disposition permet de faire l’appel sans le secours d’appareils spéciaux ; elle a en outre l’avantage de laisser à l’homme placé en observation, l’entière liberté, ce qui est indispensable dans un grand nombre de cas.

Dans certaines applications on peut, bien entendu, combiner les récepteurs avec un microphone; cependant en ligne aérienne comme en ligne souterraine le transmetteur produit des effets comparables comme intensité et comme netteté à ceux qu’on obtient avec les transmetteurs à pile.

On peut organiser des postes entièrement magnétiques en ajoutant au transmetteur et aux deux récepteurs un appel phonique Sieur qui les actionne énergiquement et leur fait produire un son très intense et tout à fait suffisant pour l’appel. Il serait intéressant d’essayer ce téléphone sur un réseau de ville, et à grande distancé sur les lignes télégraphiques munies du système Van Rysselberghe, comme celles qui sont établies entre Rouen et le Havre, entre Reims et Paris. On obtiendrait certainement d’excellents résultats, car, ainsi que nous avons pu en juger récemment, dans le téléphone Colson, la voix a une intensité remarquable tout en conservant parfaitement son timbre.

G. Mareschal

Téléphone fabrication ROULEZ

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Le téléphone Porte Montre
:

1885 dans la revue LA LUMIERE ELECTRIQUE, le téléphonique magnétique

Après une longue description d'apareils utilisant les pouvoirs magnétiques au service de la téléphonie, le texte se termine par l'usage du téléphone par les militaires.

Nous citerons enfin une dernière forme donnée au poste téléphonique magnétique, nous voulons parler de l’appareil portatif que représentent en grandeur naturelle les figures 36 et 37. Là les organes ont été absolument condensés; le timbre, auquel on a donné la forme d’une sorte de cou vercle de boîte, constitue la partie postérieure de l’appareil, le téléphone qui sert à la fois de transmetteur et de récepteur forme la partie antérieure. Enfin l’appel et la sonnerie sont logés dans l’espace restant.
Fig 36 fFg 37

Ce poste est destiné à une des applications les plus importantes de la téléphonie, à la téléphonie militaire.

Nous devons cependant ajouter que cet appareil, de dimensions restreintes, nécessitera encore quelques perfectionnements avant d’arriver à sa forme vraiment pratique. Le téléphoniste n’aura à porter qu’un de ces petits appareils et la bobine de fil à dérouler. Il sera déchargé du poids de la pile. Au repos l’appareil suspendu par son anneau tend par son poids un ressort qui porte cet anneau et met ainsi le poste sur sonnerie ; quand on soulève l’appareil le ressort s’abaisse et met la ligne sur téléphone. Ce ressort joue le rôle du crochet des postes ordinaires.

Les figures 38 et 39 représentent des applications de téléphonie militaire.
Fig 38
La première nous montre un officier d’artillerie en observation dans un abri, pendant une école à feu. Il relève les points de chute exacts des projectiles lancés sur une batterie fictive, que l’on peut apercevoir, et transmet, au moyen du téléphone, les résultats à l’officier qui commande l’école, ' en lui signalant les coups longs ou courts, ainsi que les écarts à gauche et à droite du but.
Fig 39
Sur la deuxième gravure, on voit un officier d’état-major en reconnaissance. Il s’est avancé jusqu’à la lisière d'un bois qui sert de rideau aux troupes cachées, tandis qu’un soldat marchant à sa suite déroule et pose une ligne téléphonique qui maintient l’observateur en communication constante avec ses chefs.

La question des communications téléphoniques, qui prend chaque jour des proportions plus considérables, aura fait, grâce aux nouveaux appareils magnétiques, un progrès vraiment important. Nous venons de signaler les différents modèles qui ont été construits jusqu’ici pour satisfaire aux principales nécessités de l’industrie, et en même temps aux divers besoins de la vie privée et publique. Nous n’avons pu dans cette étude qu’indiquer les grands traits de ces applications qui doivent se multiplier à l’infini, la construction des appareils se modifiant avec la plus grande facilité, dès que des conditions spéciales se présentent.

M. Je docteur Herz, en inaugurant dans ce journal l’année 1885, exprimait la croyance qu’un service de téléphonie universelle viendrait bientôt se substituer aux vieux modes de communication, dont chacun sent l’insuffisance eu égard aux besoins commerciaux de notre époque. Il faut avouer que si l’on envisage d’une part le développement étonnant qu’a su prendre en quelques années la merveilleuse découverte de Graham Bell, et d’autre part les progrès qui sous nos yeux viennent d’être réalisés en si peu de temps, cette idée n’a rien qui doive surprendre, car ce qui reste à faire est certainement peu de chose à côté de ce qui est déjà fait,

B. Marinovitcii.

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1880 Le téléphone Zigang (Détail à cette page du site)
Le capitaine français Zigang, connu pour sa trompette d'appel (1887) , a construit un téléphone électromagnétique, qui est probablement le plus petit existant à ce jour. La trompette électrique de Zigang est constituée d'un diaphragme au fond d'un tube en forme de trompette, qui vibre sous l'action de l'électro-aimant, comme dans un téléphone, le courant étant créé et coupé par le diaphragme lui-même.
1887 Trompette Zigang
La principale préoccupation de l'inventeur était de produire un téléphone bon marché, léger et pratique à usage domestique ; Parce que dans ses expériences précédentes, un courant galvanique en forme d'onde agissait sur une plaque parlante téléphonique au moyen d'un électro-aimant, jusqu'à une certaine limite, plus les courants étaient forts et spécifiques, plus la plaque parlante était élastique et petite, il a choisi un plaque avec un ton fondamental élevé, qu'il trouvait très avantageux pour reproduire les sons.

1889 à l'EXPOSITION UNIVERSELLE à PARIS

La maison Ch. Mildé présente , dans le batiment principal de l’exposition militaire, un spécimen de chacun de ses appareils microtéléphoniques applicables aux besoins de l’armée. Ces appareils sont très bien construits et fonctionnent dans de très bonnes conditions.

La Société de Branville et Cie, expose divers types d’appareils téléphoniques et microtéléphoniques militaires qui ont tous été mis en essai par le Ministère de la guerre.
Ces appareils ont été, en général, examinés par des officiers; quelques-uns ont été «adoptés et sont devenus réglementaires.
Les types principaux exposés sont :
Un poste téléphonique avec téléphone Aubry;
Un poste microphonique;
Un vibrateur électrique.
Les appareils de la maison de Branville et Cie sont fort bien construits et très soignés.

Le poste militaire portatif, est la forme réduite du poste Ader avec sonnerie d'appel, magnéto-électrique, mais le transmetteur et le récepteur sont de la forme Berthon-Ader combiné. Il pèse 7 kilogrammes.

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Le réseau téléphonique militaire d’Anvers.

Il existe à Anvers un réseau téléphonique militaire qui mérite d’étre signalé.
Tous les forts et établissements militaires,tous les dépôts militaires, quel que soit leur éloignement de la ville, toutes les casernes et bâtiments militaires sont reliés téléphoniquement à un bureau central à la caserne de la Compagnie des télégraphistes et artificiers du génie.
Ce réseau a commencé à être établi en 1881, mais depuis cette époque il a subi un grand nombre de modifications.
Depuis le 1er août 1890, le service1 fonctionne très régulièrement avec dè nouveaux appareils choisis par le lieutenant du génie André.
Sans entrer dans de longs détails sur cette intéressante installation, rappellerons que dans le cas actuel, il fallait remplir non-seulement les conditions d’une communication téléphonique ordinaire, mais garantir encore d’une façon absolue le secret des communications, de façon qu’il fût impossible de brancher un récepteur sur le circuit de deux correspondants.
Signalons également une disposition nouvelle qui permet d’avertir automatiquement les deux postes du moment précis de leur mise et de leur rupture de communication, à l’aide d’un coup de sonnette spécial.
Toutes ces dispositions ont été réalisées dans une grande table téléphonique, pour 60 numéros, imaginée par le lieutenant André, et construite dans les ateliers Mourlon, à Bruxelles.
L’appareil choisi est le microphone Dejongh, qui est déjà très employé en Belgique et en France. Chaque poste renferme un microphone Dejongh, une sonnerie magnétique, deux téléphones-montres du système Goffart, et un para foudre Van Rvsselberghe.
On comprend toute l’importance d’un tel réseau au point de vue des opérations militaires pour la transmission des ordres; quelques minutes suffisent pour prévenir tous les postes et les dépôts, môme à des distances considérables.

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1890

Le système de téléphonie du capitaine Charollois repose sur ce principe qu’une résistance élevée du fil de ligne et un isolement incomplet ne s’opposent pas au passage des courants utiles. Dès lors, pour concilier une résistance à la rupture suffisante avec ces qualités négatives, on pose simplement sur le sol un fil d’acier, recouvert de cuivre, de 6 mm de diamètre; chaque bobine porte un kilomètre de fil; pour la relève, les hommes la portent au moyen de courroies sur la poitrine et peuvent manœuvrer facilement sa manivelle. Le téléphone possède des récepteurs genre Ader et le microphone à granules et plaque de mica, utilisé par le Home-Téléphone. Les piles Leclanché, actuellement en usage, sont dites à sac et composées d’une électrode en zinc et d’une autre formée de deux demi-cylindres comprimés graphite et peroxyde de manganèse, pressés contre une lame de charbon et insérés dans un sac de toile, le tout baignant dans un mélange de chlorhydrate d’ammoniaque et de chlorure de zinc, que l’on peut immobiliser au moyen de la gelée d'Agar-Agar ou de la cellulose de noix de coco. Elles donnent une tension de 1,5 volt, et un élément, fermé sur une résistance de 10 ohms, fournit pendant le premier jour 0.155 ampère, puis 0.140, et décroît lentement jusqu’au cinquantième jour où il donne encore 0,068 ampère; en tout il aura fourni 118 ampères-heure, moyennant quelques lavages et quelques recharges très espacés.

1890 dans la revue LA LUMIERE ELECTRIQUE, NOUVELLES / EXPÉRIENCES DE TÉLÉPHONIE MILITAIRE .

On sait que l’usage du vélocipède a été introduit avec un certain succès dans l’armée française et que, dans des conditions normales, ces appareils ont rendu de bons services, sans que leurs conducteurs aient eu la prétention de remplacer la cavalerie.

Si nous en croyons certains organes étrangers, des expériences faites en Russie ont fourni des résultats tels que celui-ci :
Trois hommes ont franchi en 132 heures, en touchant à Simféropol, Balaklava, Sébastopol, etc., une distance d’environ 700 kilomètres. L’officier et les deux chasseurs de forteresse avaient chacun 15 kilogrammes de bagages. Citer Balaklava, c’est rappeler le terrain mouvementé, bizarre, inoubliable où la cavalerie anglaise de lord Cardigan trouva son tombeau; c’est dire aussi les difficultés de manœuvre pour un vélocipède.
Mais c’est en même temps prouvèr qu’un appareil qui fonctionne ainsi, peut devenir mieux qu’un passe-temps.

Tout récemment nous avons fait connaître un type de vélocipède allant aussi bien sur l’eau que sur terre sans qu’il soit nécessaire de lui faire subir une transformation quelconque. Voici le principe de l’appareil. C’est un tricycle dont les roues, au lieu d’être à jour, sont formées de trois grandes lentilles biconvexes en tôle, creuses et bien étanches, et munies extérieurement de petites palettes en cuivre.
Le mouvement est identique à celui des bicyclettes. Sur route, ces roues creuses agissent comme les roues ordinaires, et l’instrument peut atteindre une vitesse de 15 à 20 kilomètres à l’heure; dans l’eau, les roues deviennent des flotteurs et, grâce à leurs palettes, servent aussi de piopulseurs fournissant, suivant les courants, le vent, etc., une marche de 4 à 7 kilomètres à l'heure .
Des expériences très concluantes ont été faites en rade de Marseille par divers temps : nous n’en citerons que deux : l’une pour donner une idée de la navigabilité de l’appareil, l’autre pour indiquer son application à la téléphonie ou télégraphie de campagne.
- Dans la première, deux velocemen éprouvés, transportés en bateau à 4 kilomètres au large, montèrent et actionnèrent successivement l’appareil, avec plein succès, pendant deux heures environ, par des fonds de 25 à 35 mètres .
- Dans la seconde expérience, on posa un câble volant dit « câble de campagne ».
Les constructeurs ayant bien voulu en effet nous confier leur vélocipède, l’idée nous vint de l’employer à des expériences de télégraphie militaire. La donnée était la suivante :
Une troupe dépourvue d’équipage de pont doit traverser une rivière ou un lac et maintenir ses communications électriques avec son centre de commandement.
Ecartons tout d’abord le cas, assez rare d'ailleurs, où le fleuve n’est ni trop profond, ni trop rapide, ni trop large, ni trop inégal au fond pour empêcher un déroulement de câble de campagne opéré à la main par des hommes des sections télégraphiques. — En général, même pour un cours d’eau moyen, ces conditions favorables ne se trouvent pas réunies.
Le Rhône et la Durance étant éloignés en moyenne de 40 à 50 kilomètres de Marseille, la mer restait seule indiquée comme champ d’expériences. Le 23 novembre dernier, à la suite de la grande baisse barométrique du 22, le vent souflant en tempête et la mer étant démontée, les essais furent faits. Il était évident que si dans des conditions aussi détestables il était possible de poser 100 ou 200 mètres de câble et de percevoir les signaux échangés entre le vélocipède et la terre, on pouvait en déduire la possibilité de traverser une rivière et d’assurer la communication permanente entre un détachement d’avant-garde privé de bateaux et son centre d’action.
( Pour préciser, nous dirons que l'un des opérateurs-constructeurs, M. Rousseau, manœuvra près d’une heure en tous sens, à 3 milles de la côte : après quoi, le second, M. Lafleur, fut abandonné en mer et revint dans le port de Marseille, après avoir coupé le sillage de trois grands paquebots et fait environ 5 kilomètres en 49 minutes).
Ordre des essais. — L’appareil, mis à l’eau au milieu de rochers, dans une sorte de bassin recevant par le milieu la houle du large, se comporte très bien. Sur l’essieu principal est fixée une grande équerre en U soutenant une bobine de câble léger (cuivre étamé sous gutta et double tresse).
En se tenant debout à la lame, le tangage éprouvé ne fatigue pas : c’est le mouvement d’un cheval doux au trot. Le câble se déroule régulièrement avec une légère incurvation due à la dérive et s’enfonce lentement, sans former de coques, grâce à un frottement voulu et calculé de l’axe, destiné à empêcher un déroulement trop rapide.
Une des extrémités du câble, celle du rivage, est reliée à un téléphone qui prend terre, par un poinçon de fer, dans le sable humide; l'autre bout, happé sur le tambour de la dérouleuse que porte le vélocipède nautico-terrestre, déborde les joues de labobine et s’enroule en un boudin extérieur. Une fois le câble déroulé à la longueur que l’on veut, on stoppe, on saisit le boudin et on amène le fil à une planchette d’essais fixés sur le milieu du gouvernail que dirigent les mains du vélocipédiste.

Cette planchette, de 0,10 m. sur 0,06 m. porte un petit manipulateur de sonnerie à trois directions. On fixe le bout libre du câble au fil d’entrée d’un téléphone-montre M dont l’autre borne est reliée à la borne de ligne L. On rattache à la borne de pile P le pôle positif d’un élément flottant que l’on jette à la mer. Enfin on met la borne T à la terre par le massif du vélocipède.
Il ne reste qu’à manipuler en signaux Morse, ou à parler au téléphone. En temps normal, cette dernière solution semblerait la plus rationnelle; mais il faut remarquer d’une part que. toute conversation se propage fort bien au loin sur l'eau, et que, d’autre part, la voix humaine serait certainement couverte par le bruit du canon et même de la fusillade que le téléphone percevrait et mêlerait aux paroles, de façon à les rendre inintelligibles.
D’où la nécessité du Morse avec ses espacements réguliers et sûrs, qu’une oreille exercée distingue sans peine au milieu de vingt autres bruits. Mais un récepteur Morse est lourd, peu commode à porter; un parleur occupe une certaine place, a besoin de réglage et ne possède qu’une sensibilité limitée.
Un téléphone-montre, au contraire, permet de lire au son, n'a pas besoin de réglage, pèse fort peu, se place dans une poche et peut s’attacher au besoin à la jugulaire d'une coiffure militaire pour rester, en permanence appliqué à l’oreille du télégraphiste d'avant-poste.

Avec le dispositif que nous indiquons et que nous avons monté en pleine eau, malgré la bourrasque, en quelques secondes, avec quelques coups de tournevis, il a été possible de transmettre et de recevoir très nettement, malgré le sifflement du vent et le bruit des vagues qui empêchaient toute audition de paroles criées à pleins poumons. Il nous a paru même que le fracas de l’eau entendu d’aussi près et le fouettement des embruns étaient, au point de vue de l’ouïe, plus puissants et plus gênants peut-être que celui de détonations d'armes à feu et que, par conséquent, l’expérience était concluante.
Au point de vue nautique, nous dirons qu’il suffit de tenir solidement le gouvernail d’une main pour assurer la direction, l’autre main restant libre pour la manipulation. Au point de vue électrique, il faut ajouter qu’en embrochant les deux téléphones dans le circuit, le manipulant et son correspondant perçoivent simultanément les signaux.
C’est un moyen de contrôle pour le premier, qui peut corriger sa propre manipulation s’il comprend que sa transmission n’est pas parfaite ; c’est aussi une façon d’être assuré que le câble n’est pas isolé. En rivière, un élément Leclanché suffira à la correspondance. Sur mer, en raison de la composition du liquide, nous nous sommes borné à employer le type suivant, bien connu en principe.

Deux petits charbons à lumière cc, reliés métalliquement, sont fixés dans des entailles pratiquées de part et d’autre de deux morceaux de liège EE'. Un fil de zinc de 1 millimètre de diamètre et de 0,10 m. de long Z passe au travers du liège, entre les charbons. Il est prolongé par un .fil métallique portant une lame de cuivre U. On fixe le rhéophore des charbons à la planchette d’essais, et on jette l’élément à l’eau. La plaque de terre du zinc, servant de lest, maintient l’élément vertical. Un seul couple suffit. On évite ainsi l’ennui d’emporter une pile.

Il nous semble démontré par l’essai que nous avons tenté que, puisqu’il est possible de manœuvrer sur une mer mauvaise, de dérouler un câble, d'établir les communications, de transmettre et de naviguer en tirant le fil après soi, il doit être possible d’effectuer une opération identique en rivière ou sur un lac, soit pour le service militaire, soit pour relier à un moment donné des équipes d’ouvriers travaillant sur les rives opposées d’un cours d’eau et ne possédant ni pont, ni bac, ni bateau. Il n’est pas aisé de transporter un bateau sur les chemins, de le mettre à l’eau, de poser un fil et de recharger ensuite l’embarcation sur un chariot. Il est facile au contraire de transporter un vélocipède nautique, puisqu’il roule également sur terre, qu’il porte son cavalier comme un cheval ou navigue comme un canot.

P. Marcillac.

En 1893, le capitaine Charollois édite un ouvrage sur son invention de téléphone de campagne à un fil :

Téléphone domestique sans piles, ses applications : du Capitaine Charollois, inventeur de la téléphonie militaire par fil unique non isolé.
Auteur(s) Charollois Editeur, producteur Alençon : Herpin, 1893

COMPTE RENDU DES TRAVAUX DE LA. SOCIÉTÉ DES INGÉNIEURS CIVILS DE FRANCE BULLETIN DE MARS 1894

"M. le Président donne la parole à M. le Capitaine Charollois, pour la présentation d'appareils téléphoniques imaginés 'par lui et applicables à la téléphonie militaire. ~~
M. Ph.-E. Charollois rappelle qu’en séance du 19 mai 1893, M. Ch. Haubtmann fit une communication sur diverses expériences de téléphonie militaire par fil unique non isolé avec retour par la terre, faites aux manœuvres de l’est par le Capitaine Charollois, chargé par le Ministre de la Guerre d’appliquer son système, d’une manière pratique, aux opérations de campagne.
M. Charollois lit le rapport concernant les expériences exécutées selon le programme qui lui avait été imposé. Toutes ces expériences donnèrent les résultats annoncés. Elles furent répétées depuis par l’Administration centrale de la Guerre, dans les corps d’armée, divisions, brigades et régiments, et donnèrent la certitude à tous que le seul moyen pratique des communications téléphoniques en campagne réside dans l’emploi du fil nu comme conducteur.
M. Ch. Haubtmann dit qu’il peut témoigner de l’exactitude de ces résultats d’expérience qu’il a contrôlés lui-même en les répétant ; mais il émet l’opinion que la théorie scientifique de cette nouvelle application de l’électricité ne peut, pour le moment, être établie sérieusement en raison du manque de données sur l’intensité et la tension des courants émanant des récepteurs magnétiques introduits dans le circuit formé par le fil nu reposant sur le sol et le sol lui-même.
M. Charollois donne ensuite lecture d’un rapport de l’officier directeur du corps dés signaux à l’armée des États-Unis, relatant les expériences nombreuses qu’il fit lui-même par les procédés du Capitaine Charollois. Ces expériences, faites par tous les temps et dans toutes les conditions de campagne, donnèrent des résultats concluants et déterminèrent l’adoption de la téléphonie par fil nu à l’armée des États-Unis.
Lecture est faite ensuite d’un article de YAllgemeine militar Zeitung de septembre dernier relatant la mise en communication téléphonique de Berlin et Potsdam par des patrouilles de cavalerie. Les détails de construction de la ligne par fil nu et les moyens employés sont copiés littéralement sur l’instruction établie par le Capitaine Charollois, qui revendique cette invention comme étant sienne et non allemande.
M. Charollois présente ensuite à la Société divers types de ses appareils de téléphonie militaire magnétiques, récepteurs transmetteurs et appels par magnétos et sonneries polarisées actionnées toujours par fL unique non isolé et retour par la terre; divers appareils à communications multiples, bobines dérouleuses avec fil nu bimétallique, accessoires de téléphonie militaire, etc.

Il présente ensuite un appareil microphonique dont il^donne l’audition dans la salle des séances. Le transmetteur étant placé sur la table, la conversation est faite à distance de 25 m et les réponses transmises par les récepteurs sont entendues par tous les auditeurs présents dans la salle.
Le constructeur explique que ces résultats sont dus à la précision de ses récepteurs, à leur réglage micrométrique et à la matière sonore dont ils sont composés. Il les attribue aussi à l’excessive sensibilité de son transmetteur microphonique dont les dispositions sont toutes nouvelles.
M. Charollois, en présentant ses appareils, fait remarquer leur mode entièrement nouveau de construction, obtenu par moulage dans des formes d’acier, où il noie dans la matière plastique et isolante toutes les connexions. Ce mode de fabrication assure d’une façon complète la sécurité des prises de courant et des contacts scellés irrévocablement dans la substance qui acquiert, après moulage, la dureté et le poli du marbre.

M. le Président dit que M. le Capitaine Charollois vient de présenter à la Société des procédés de communication téléphonique de son invention bien faits pour étonner par leur simplicité et les résultats remarquables qu’ils permettent d’obtenir.
Ses ingénieuses combinaisons lui permettent de fabriquer des appareils de transmission très satisfaisants qui, il faut l’espérer, pourront recevoir leur application aussi bien dans le service des armées en campagne que dans les usages courants.
M. le Président remercie M. le Capitaine Charollois et le félicite en même temps de ces résultats si intéressants dus à sa persévérance.

Il est donné lecture en première présentation des demandes d’admission de MM. M. Appert, E. Carrot, A. Guignard, L. Hannoyer, L. Raynaud, M. Rousseaux et Y. Yée comme membres sociétaires, et de : M. M. Satre comme membre associé.
MM. A. Ansaldy, F. Calvé, G. Despret, J.-H.-M. Maunoury, I. Naëder, Antonio Olyntho dos Santos Pires, G. Tartary, A.-O.-Ch. Tellier et Ch. Zéringer sont reçus comme membres sociétaires.

La séance est levée à 11 heures un quart.

1896 dans la revue LA NATURE : TÉLÉPHONIE MILITAIRE

A FIL UNIQUE NON ISOLÉ, SYSTÈME P. CIIAROLLOIS

Parmi les ressources que la science moderne met à la disposition des armées en campagne, la télégraphie et la téléphonie sont certainement de celles qui, malgré leur apparence modeste, constituent néanmoins un des facteurs les plus importants de la victoire dans nos guerres modernes.
Grâce à leur précieux concours les commandants d’armées peuvent centraliser entre leurs mains, et cela presque instantanément, toutes les indications voulues, leur permettant de disposer le plus utilement possible de leurs unités de combat. Grâce à elles, toutes les opérations peuvent acquérir un remarquable degré de précision et de rapidité. Elles permettent, en effet, la transmission des ordres dans toutes les directions avec la netteté et l’instantanéité du commandement direct.
Les progrès introduits continuellement dans la science de la guerre la rendent de jour en jour plus complexe et plus délicate. La rapidité dans l’exécution des mouvements est devenue une nécessité primordiale, à tel point que le gain de la victoire résulte le plus souvent de la promptitude des opérations, aussi bien dans l’offensive que dans la défensive.
Entre deux nations belligérantes, on peut dire, en effet, que le triomphe des armes est en quelque sorte assuré à celle qui effectuera sa mobilisation dans le minimum de temps, en transportant le plus loin possible et dans le moindre délai la plus grande masse d’hommes munis d’armes à tir rapide et dont l’approvisionnement serait promptement renouvelé.
Une fois en campagne, en dehors des grandes voies ferrées et autres, les troupes se trouvent généralement disséminées sur de grandes étendues de terrain et le plus souvent dépourvues de communications régulièrement établies entre elles.

C’est alors qu’intervient le rôle de la télégraphie et aussi de la téléphonie, bien que cette dernière n’ait pas su encore affirmer son droit d’existence d’une manière indiscutable, et cela d’abord parce qu’elle est la dernière venue et ensuite, il faut bien le dire, parce que les appareils et installations employés jusqu’à ce jour n’offraient pas toutes les qualités voulues pour donner complète satisfaction.
C’est en apportant tous ses soins à l’étude de cette importante question, que le capitaine P. Charollois, du 115e de ligne, est arrivé à lui donner une très heureuse solution après de longs et laborieux efforts. C’est en cherchant à donner à l’emploi du téléphone en campagne toutes les qualités pratiques qui lui manquaient, à savoir: simplicité, légèreté et solidité, facilité et rapidité d’installation, commodité dans la communication; c’est en cherchant à rendre facilement maniable ce très précieux auxiliaire du commandement, que le capitaine Charollois a été amené tout d’abord à n’employer pour ses transmissions téléphoniques qu’un fil unique en se servant de la terre comme fil de retour.

Ce premier point est déjà capital, en lui-même, mais sa valeur s’en trouve encore augmentée par la constatation de l’inutilité de l’isolement de ce fil. En effet, à la suite de nombreuses expériences, le capitaine Charollois a constaté qu’un fil métallique déroulé sur le sol, sans aucune précaution d’isolement, avait la propriété de conduire à des distances relativement. grandes — une vingtaine de kilomètres au moins — les courants induits circulant entre deux téléphones électriques, ou meme simplement magnétiques, placés aux extrémités de ce fil unique considéré comme ligne, le retour étant fait parla terre.
Des expériences multiples et des essais nombreux ont conduit le capitaine Charollois à employer en dernier lieu le fil bimétallique en cuivre rouge pur à àme d’acier. Ce fil présente les qualités voulues pour cet emploi, conductibilité, solidité, légèreté, souplesse; il est inoxydable et peu coûteux.

Le capitaine Charollois a également étudié un transmetteur et un récepteur microphoniques d’une sensibilité tellement grande que les conversations peuvent être échangées à haute voix, à distance, sans avoir à se pencher sur l’appareil comme cela se pratique avec les téléphones ordinaires.
Pour obtenir plus de netteté dans la correspondance, et surtout pour rendre plus distinctes les sonneries d’appel, on emploie de petites piles sèches ajoutées au transmetteur et renfermées avec celui-ci dans une boîte en tôle servant de protection.
Le poste téléphonique ainsi formé est porté à dos d’homme et la communication est obtenue par le déroulement du fil à l’aide d’une bobine dérouleuse spéciale, le retour s’effectuant par la terre, grâce à ’emploi de tiges, ou de baïonnettes meme, enfoncées dans le sol et reliées au poste par des cylindres prise de terre.

Les figures 1 à 6 montrent les différentes phases de l'établissement d’une ligne téléphonique militaire système Charollois à fil unique nu.
La figure 1 montre le soldat muni d’un poste téléphonique électrique fixé par des bretelles sur le dos, comme les sacs ordinaires, et tenant à la main une bobine dérouleuse.
Les figures 2 et 5 représentent le poste volant en fonctionnement, la baïonnette enfoncée dans le sol pour le retour du courant.
La figure 4 représente l’installation à poste fixe du poste volant rendu stationnaire. La figure 5 montre l’appareil transmetteur.

Au lieu d’un téléphone électrique, et bien qu’il ne présente aucune complication, on peut se contenter d’un téléphone magnétique, qui est encore plus simple. Le capitaine Charollois a en effet imaginé et construit des transmetteurs-récepteurs microphoniques d’une simplicité et d’une sensibilité remarquables.Le téléphoniste militaire porte l’appareil suspendu au képi près de l’oreille pour écouter et le porte à la bouche pour parler. Pour plus de commodité, on peut également se servir de deux téléphones, servant l’un d’écouteur et l’autre de parleur, ce dernier étant suspendu par un cordon sur la poitrine.

Organisation du service téléphonique régimentaire.
—Cette organisation comporte deux services distinct :
1° Service de régiment, assuré par les sapeurs;
2° Service de compagnie, assuré dans chaque compagnie par quatre soldats et un caporal désignés par le capitaine.

Service de régiment. — Le service de régiment a pour objet d’établir les communications téléphoniques entre le régiment et les états-majors de brigade et de division, ainsi que pour toutes les opérations exigeant des lignes de grande longueur.
Les champs de tir, polygones et stands sont également desservis par ces lignes téléphoniques mobiles, qui rendent les plus grands services dans l’exécution des feux de guerre et des tirs réglementaires. Ces lignes, établies avec du fil de 6/10 de millimètre, peuvent avoir jusqu’à 20 kilomètres de longueur et doivent souvent rester en position plusieurs jours sans être relevées. En conséquence, elles sont établies avec un certain soin et nécessitent le matériel suivant :
Matériel de régiment. — 6 bobines dérouleuses; 6 kilomètres de fil bimétallique 6/10 ;
6 téléphones magnétiques ; o perches bambou à crochet ; 4 cylindres prise de terre; 4 crochets de suspension pour téléphone. Le poids de la bobine complète chargée de 1 kilomètre de fil est de 5kg,500.

Service des compagnies. — Ce service a pour objet de permettre à la compagnie d’établir dans toutes les circonstances de campagne, sur son terrain d’opération, une ou plusieurs lignes téléphoniques pouvant atteindre une longueur totale de 4 kilomètres .
Les principaux Cas d’emploi sont les suivants : Relier la grand’garde aux petits postes et à la réserve d’avant-postes ; transmettre à la grand’garde les renseignements recueillis par une patrouille ; emploi dans les cantonnements ; liaisons de postes détachés dans les terrains accidentés, montagneux ou boisés, etc. Appréciation des distances dans l’instruction du tir.
L’établissement de ces lignes de compagnie ayant toujours lieu en terrains tranquilles, il est inutile de suspendre le fil, qui est déroulé simplement sur le sol. Aussi, le matériel de compagnie a-t-il été réduit à son plus simple volume en employant du fil de 4/10 de millimètre enroulé sur une bobine de dimensions réduites et en supprimant les perches en bambou.

Matériel de compagnie. — 2 bobines dérouleuses ; 4 kilomètres de fil bimétallique de 4/10 de millimètre (2 kilomètres par bobine) ; 4 téléphones magnétiques ; o cylindres prise de terre ; 5 crochets de suspension de téléphone. Le poids de la bobine complète chargée de 2 kilomètres de fil est de 2kg,500.
Établissement d'une ligne de régiment (fig. 6) — Soit une ligne de 6 kilomètres à établir : le caporal ou un téléphoniste supplémentaire prend position au point A en fixant son téléphoné à l’oreille et
en le reliant par l’un de ses conducteurs à la ligne et par l’autre conducteur à son épée-baïonnette enfoncée dans un sol humide. La première équipe commence à dérouler le fil. Pour ce déroulement, le porteur de la bobine (fig. 1) marche dans la direction B à la vitesse du pas accéléré, sans se préoccuper du fil qu'il laisse derrière lui. Il a soin dans sa marche de se diriger sur les points d’appui où le fil peut être accroché ou suspendu.
Son camarade, muni de la perche à crochet, le suit et accroche le fil aux supports naturels qu’il trouve à proximité : arbres, maisons, haies, etc. A défaut de supports naturels, on laisse le fil à terre, en choisissant de préférence les sillons, fossés, etc. La ligne, suspendue ou laissée à terre, doit être à l’abri de toute atteinte pouvant amener sa rupture.
La première équipe ayant déroulé ses 2000 mètres, le porteur du téléphone s’installe en a', poste intermédiaire, comme il a été fait au point A et entre de suite en correspondance téléphonique avec son camarade de tête de ligne. Le porteur de la perche de la première équipe devenant disponible, se tient prêt à se porter sur la ligne pour reconnaître et réparer toute rupture accidentelle pouvant se produire, rupture indiquée par la cessation de communication. Ces deux hommes ont de cette façon la surveillance et la garde de la fraction qu’ils ont posée; ils en deviennent pour ainsi dire les cantonniers.
La deuxième équipe, ayant raccordé son fil à la ligne, procède comme il vient d'être expliqué pour la première. L’opération se continue ainsi jusqu’en B.
La ligne de 6 kilomètres comprendra quatre postes téléphoniques : deux extrêmes, têtes de ligne A et B, et deux intermédiaires a' et a" destinés à la surveillance de la ligne. Tous ces postes sont en relation entre eux.

Ce dispositif de ligne militaire explique comment la surveillance est exercée rigoureusement, les ruptures accidentelles réparées sans retard, et enfin comment une ligne de 25 kilomètres a pu être relevée en une heure aux manœuvres de l’Est. L’ordre ayant été donné simultanément à tous les postes de relever au même instant, chaque équipe a repris le fil qu’elle avait posé.
Il est bien entendu que lorsque le pays est tranquille, la ligne bien posée et qu’on ne craint pas d’accident, les postes intermédiaires peuvent être supprimés, l’audition n’en est que meilleure aux postes extrêmes. Dans le but d’assurer la plus grande mobilité aux téléphonistes de régiment, ces hommes reçoivent aux manœuvres et en campagne la solde franche attribuée aux isolés, afin qu’ils puissent vivre en tout endroit où ils sont retenus par leur service spécial. Cette mesure a été adoptée aux manœuvres de l’Est.

Établissement d’une ligne de compagnie. — Cette opération ne nécessite pas les soins de protection d’une ligne de régiment. Elle consiste simplement à dérouler le fil à terre en suivant toutefois les fossés, sillons ou sinuosités du sol où la ligne est à l’abri des ruptures. Les prises de ligne et de terre sont les mêmes que précédemment. Communications avec téléphonistes en marche. — Dans quelques opérations, telles que reconnaissances, patrouilles, explorations, etc., il est utile pour la tête de ligne d’avoir des communications constantes avec les fractions en marche. Dans ce cas, le téléphoniste mobile tient de la main gauche son épée-1 aïon-nette reliée au téléphone qui est suspendu à son oreille. Le courant est alors établi d’une manière permanente, même pendant la marche, par le corps du téléphoniste et ses pieds qui foulent le sol.
Tout appel lancé de la tète de ligne est distinctement perçu par le téléphoniste ou cavalier en marche, qui s’arrête et répond. Dans ces conditions, le chef qui est à la tête de ligne a toujours en main ses fractions détachées et peut envoyer à tout instant ses ordres et instructions. Le téléphoniste ou le cavalier, ainsi en communication par le corps, doit marcher autant que possible sur la terre ou l’herbe, afin d’assurer par les pieds ou les sabots du cheval un bon contact avec le sol.

Emploi par la cavalerie. — Ce système téléphonique peut rendre de grands services à la cavalerie pour la transmission rapide des renseignements. recueillis parles reconnaissances et vedettes. Les procédés de communication sont les mêmes que pour l'infanterie. Toutefois le cavalier peut, comme il est expliqué ci-dessus pour le fantassin, être en relation constante, même en marche, avec son poste d’origine. Son téléphone, suspendu à l’oreille, est en relation directe avec la ligne par l’un de ses conducteurs.
L’autre conducteur est relié au mors, par suite à la terre, par le corps et les sabots du cheval.
Dans le cas où il serait nécessaire d’établir très rapidement une ligne téléphonique, on peut faire dérouler le fil par un cycliste. Étendant l’application de sa téléphonie à fil nu aux usages habituels, le capitaine Charollois a créé également une série d’appareils répondant aux besoins ordinaires et formant tout un système de téléphonie civile qui peut être utilisé en de nombreuses circonstances.

L. Pesce, Ingénieur des Arts et Manufactures


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La TPS télégraphie par le sol

La télégraphie par le sol utilise les propriétés de transmission des couches géologiques sur une faible distance (3 km environ).
Déjà en 1882, William Preece utilise le sol comme conducteur d'ondes électriques.

1901 La télégraphie tellurique


Le colonel de génie militaire russe Pilsoudski avait prétendu, à la suite de la découverte de Marconi, que les ondes se transmettaient bien plus aisément et d'une façon plus intense par le sol que par l'air. Après quelques expériences en Russie, il est venu créer ici deux stations électriques qui, à l'appui de son affirmation, transmettent des messages télégraphiques par voie terrestre.
Grâce à cette découverte du colonel russe, avec des appareils d'une puissance insignifiante on transmet par ondes terrestres une dépêche à 550 mètres, tandis que par voie aérienne elle ne va pas au-delà de 50 mètres. On a d'ailleurs constaté que sur terre l'émission de courants électriques sans fil, selon le système Marconi, est à peu près impossible. Les arbres, les accidents du terrain constituent autant d'intercepteurs.

Les deux postes du Vésinet sont situés à 537 mètres l'un de l'autre. L'inventeur prétend d'ailleurs que la distance que peuvent franchir les dépêches confiées à la terre est illimitée. Et il travaille en ce moment à l'établissement de postes qui relieront notre coin de banlieue parisienne à l'étranger.
Pour affirmer sa suprématie, la télégraphie sans fil par terre enverra des messages à des centaines de kilomètres au lendemain même de son entrée dans le monde un peu surpris.
La découverte du colonel Pilsoudski rendra de grands services en temps de manœuvre et en guerre. Le gouvernement russe a déjà reconnu l'importance de ses travaux en lui demandant de procéder à des essais dont bénéficiera son service des postes et télégraphes.

L'expérience dont il était question ici fut réalisée quelques jours après ce premier article, le 1er juillet 1901. Elle était destinée précisément à être présentée à la presse et fut rapportée dans les jours suivants dans de très nombreux titres parisiens et même internationaux tant l'évènement devait être d'importance...Contibuer ce récit à lire à cette adresse : Les « premiers pas » de la télégraphie tellurique au Vésinet (1901)

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1909 Tableaux militaires à appels vibrés.
— Quatre jacks à double rupture et quatre annonciateurs ordinaires; les quatre récepteurs d’appels vibrés sont placés à la partie supérieure et à l’intérieur du meuble; ils portent chacun un tube évasé, formant pavillon, et qui conduit au dehors le bruit produit par les courants vibrés.Chaque ligne est prise en dérivation sur un cordon terminé par une fiche; les liaisons s’effectuent en introduisant la fiche de la ligne appelante dans le jack de la ligne appelée : l'annonciateur d’appels de la première reste ainsi en dérivation et enregistre le signal de fin de conversation; un cinquième cordon avec fiche communique avec l’appareil de l’opérateur.

Un second modèle, réalisé également en 1909, est agencé, en principe, comme le précédent ; à la partie supérieure sont rangés quatre coupe-circuit en porcelaine; au-dessous, quatre annonciateurs dont le volet, en tombant, ferme le circuit d’une sonnerie ; enfin, à la partie inférieure sont les quatre conjoncteurs et les récepteurs d’appels vibrés, dont les pavillons émergent à l’extérieur. Comme dans le premier système, quatre cordons à fiche servent à l’intercommunication et un cinquième est relié au poste d’opérateur.

1910 Tableau militaire à manettes et appels vibrés.
— Les conjoncteurs des tableaux ordinaires sont ici remplacés par des commutateurs à manette; chacun de ceux-ci se compose de deux contacts circulaires en laiton, L et L' communiquant avec les lignes; au-dessous se trouvent deux groupes de trois petits contacts.
L’axe de la manette porte deux ressorts fourchus, susceptibles de réunir un grand contact à l’un quelconque des trois petits du môme groupe. Dans la position A A', les deux branches de la ligne, L et L', sont reliées à l’entrée et à la sortie de l’annonciateur, constitué par un récepteur d’appels vibrés avec pavillon. Dans la position O O', le circuit communique avec le poste d’opérateur; entin, la position I I', est celle de l’intercom-munication entre les quatre lignes : à cet effet, les plots, I et I', des quatre commutateurs, sont multiplés ensemble, de sorte que, pour relier deux ou plusieurs lignes, par exemple dans le cas d’un ordre donné simultanément à plusieurs postes, il suffit de placer leurs commutateurs respectifs dans la troisième position. Un cinquième récepteur d’appels vibrés, V, est placé en dérivation sur les plots I et I', pour enregistrer le signal de lin de communication.

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La Grande Guerre 1914-1918 est le premier conflit pendant lequel les télécommunications militaires ont pris une grande ampleur et ont joué un rôle aussi primordial dans le succès des combats.

En 1914 au début de la guerre, l’émetteur de la tour Eiffel reste le seul moyen de communication, mais Paris est menacé et le colonel Ferrié propose l’installation d’un émetteur à Lyon. Un émetteur à « étincelles » SFR de 50 KW est alors à Marseille en partance pour Saïgon ; son convoyeur le capitaine Péri reçoit l’ordre de le ramener sur Lyon ; il l’installe sur le terrain militaire de la Doua à Villeurbanne avec l’aide de l’ingénieur Joseph Béthenod. Ils font monter 8 pylônes de 120 m et tendre 13 câbles de 750 m et installent des baraquements provisoires.
Le 29 septembre 1914 l’installation fonctionne et on peut entrer en contact avec la Russie et la Serbie nos alliés. Des bâtiments en dur sont construits en 1916. Ferrié et son équipe continuent leurs recherches, permettant en 1917 de remplacer l’émetteur à étincelles par un émetteur à arc de puissance double de celui de la tour Eiffel qui permet d’émettre en « ondes entretenues » (au lieu des ondes amorties).
Le Cdt Chaulard successeur du capitaine Péri améliore l’installation de la Doua : 2 pylônes de 200 m et 6 de 180 m avec une meilleure prise de terre permettent une liaison toute l’année avec l’Amérique. L’installation sera encore améliorée en 1919 avec un alternateur haute fréquence permettant de communiquer avec toutes les colonies. En 1921 l’installation sera reprise par les PTT.
Férié en octobre 1914 réunit une équipe à la Doua pour travailler sur le sujet, qui bénéficie de la proximité de la manufacture de lampes Grammont (usine du Belvédère à Caluire, quartier du Clos-Bissardon). Grammont met au point une ampoule de verre sphérique à électrodes horizontales avec une embase à 4 broches la lampe TM (pour Télégraphie Militaire), fabriquée à partie de novembre 1915 par Grammont et la Compagnie des Lampes de Paris, qui livrent 100000 lampes en 1916 et 1000 lampes par jour fin 1918, facturés 5 F pièce (soit environ 15 €). Leur durée de vie était courte (quelques centaines d’heures). De multiples appareils bénéficient de ces lampes TM : amplificateurs, récepteurs, puis émetteurs. Elles sont adoptées par les Anglais et les Américains.
Grâce aux évolutions de la TSF, les spécialistes français, MM. Gaston Vincent et Louis Duverger inventent le téléphonie monofilaire.
Dès 1918, en pleine guerre, il permettait de résoudre un autre problème considéré comme insoluble :
la téléphonie avèc la nacelle des ballons d'observation à l'aide d’un seul conducteur qui n’était autre que le câble de traction, non muni d’une âme téléphonique. Deux types d’appareils furent créés qui permettent, la communication à bout de câble, c’est-à-dire à plus de 1.500 mètres de hauteur, l’un pour les ballons dont le câble ne comporte pas d'âme téléphonique, l’autre pour les ballons à câble portant une âme téléphonique. Lorsque celle-ci vient à se rompre, au cours d’une manœuvre, on peut passer instantanément, par le seul déplacement d’une manette, du dispositif bifilaire au dispositif monolilaire .


C'est dans le secteur du Saillant de Saint-Mihiel (Meuse), en mars 1915, que sont nées des techniques qui vont changer les façons de faire la guerre. Grâce à un sous-lieutenant français André Delavie sont apparues, presque par hasard, il y a cent ans sont apparues les premières écoutes téléphoniques.
Récit de cette histoire (pdf)
Le colonel de Malleray le nomme officier téléphoniste, à la tête de 30 téléphonistes. Au cours d’une série d’attaques qui durent cinq jours, les fils ne sont pas coupés, et ce fait est si nouveau et si important que le 20 mars, il est signalé au commandant.
Dans la quinzaine du 5 au 20 mars 1915, un autre fait a attiré l’attention du sous-lieutenant Delavie. Il s’aperçoit, en écoutant sur une de ses lignes, qu’on entend les communications échangées sur d’autres. Ce sont des mélanges, lui disent ses hommes, et on ne peut les éviter. Bien loin d’être satisfait d’une telle explication, le sous-lieutenant examine les lignes dans leur construction ainsi que les tableaux auxquelles elles aboutissent et s’assure qu’aucun contact pouvant provoquer un mélange n’est possible. Il en construit une parfaitement isolée des autres, entre son central de Saint-Agnant, la cote 360 et le camp des réserves de Ronval (forêt d’Apremont), et constate qu’on entend les conversations des lignes voisines ! Dans les postes téléphoniques les plus avancés, les téléphonistes qu’il questionne lui disent et il s’en rend compte qu’on perçoit sur nos lignes, un peu faibles, des mots étrangers.
L’idée géniale jaillit : profiter de ce phénomène pour surprendre les communications téléphoniques allemandes ! Le problème vient des prises de terre à l’extrémité : en les éloignant de plusieurs dizaines de mètres de celles des prises de terre des postes téléphoniques, on peut capter des courants de retour ; et comme les lignes allemandes sont proches, parfois à 50 mètres, on entend distinctement les conversations ennemies !
Le 3 avril, Delavie écrit dans son journal :
« Le capitaine du génie Salmon, ancien élève de Polytechnique, est venu ce matin ; il ne voulait pas se rendre à l’évidence ; je lui ai prouvé par la théorie que les choses pouvaient se passer telles que je les avais expliquées et ensuite je l’ai amené voir l’expérience elle-même ; je lui ai fait contrôler jusque dans les moindres détails de façon qu’il n’y ait pas de doute. Il a très bien entendu et sa réponse définitive a été celle-ci que je transcris malgré son allure militaire : « Eh bien, vous m’avez foutu sur le cul ! »
Le 2 mai, il écrit que son « invention est en route : le corps d’armée en a tiré un certain nombre ». Deux jours plus tard, il affirme : « Mes expériences ont réussi au-delà de toute espérance. Je puis capter à mon gré toutes les communications téléphoniques. Je vais aménager des appareils pour l’écoute des Allemands. Dès hier, on les a entendus chanter dans leurs trous, rire, se moquer du 75, régler le tir, etc. Dans quelques jours, je crois que nous les entendrons comme si nous y étions ». Les généraux d’abord sceptiques furent conquis par les résultats et créèrent une organisation pour les exploiter à grande échelle...

1917 le système à bien évolué :
Je vous recommande de consulter le site "Des téléphonistes et télégraphistes passerands en 14-18" qui raconte ces moments.
Les transmissions se faisaient par téléphonie, mais aussi par télégraphie soit Télégraphie électrique, soit Télégraphie Par le Sol (T.P.S.) soit Télégraphie Sans Fil (T.S.F.). On y apprend comment faire de la télégraphie par le sol (T.P.S.)
« La télégraphie par le sol a été utilisée dès 1917 pour établir des liaisons à courte distance (portée 3 km environ).
Elle évitait l’utilisation d’une ligne téléphonique sujette aux coupures lors des bombardements. »

On a rapidement compris aussi qu’elle pouvait aussi servir de communication entre 2 galeries de mine sans qu’il soit nécessaire de tirer du câble entre les 2 boyaux … La réception ne peut toutefois pas dépasser un rayon de 3 km. Le fil en lui-même est un fil de terre, donc assez solide, beaucoup plus solide que le fil normal de téléphone et il est aussi assez court (moins de 100 m). Il ne peut être coupé que par de l’artillerie, et pas par le piétinement ou autre. S’il est coupé et qu’il existe une extrémité qui reste fichée en terre, le système fonctionne encore. S’il est tout à fait coupé, il est facile de le faire réparer, même en plein bombardement par un télégraphiste qui n’a pas besoin d’aller fort loin pour retrouver la coupure… L’invention a fait l’objet d’un brevet dès 1910 ; ce n’est donc pas un secret militaire.

Dès 1916, l’expérience du sous-lietenant Delavie se généralise avant la création officielle, début 1917, des Sections spéciales d’écoute mises au service du Service de Renseignements.
Celles-ci se composent de techniciens qui doivent repérer les endroits où des « fuites » permettent d’intercepter les conversations ennemies et d’interprètes capables d’écouter, en temps réel, les conversations ennemies.
Le rôle de ces interprètes est d’autant plus difficile qu’il leur faut comprendre non seulement l’allemand mais aussi ses diff érents patois, et être familiarisés, dans la langue de Goethe comme dans celle de Voltaire, avec la terminologie militaire.
La plupart des interprètes travaillant déjà pour l’état-major, les Sections spéciales se rabattront sur quelques professeurs et sur des volontaires de la Légion étrangère d’origine allemande ou suisse.
Durant les deux dernières années de la guerre, les écoutes téléphoniques rendront d’inappréciables services, permettant de juger du moral des troupes ennemies, de tenir à jour ses mouvements et, au niveau des champs de bataille, d’être informé de ses off ensives et de capter les informations destinées au réglage de l’artillerie.
Ajoutons que ces humbles auxiliaires du Service de Renseignements travaillent dans les tranchées de première ligne, directement sous le feu des Allemands. Leur travail de repérage permettra aussi de colmater quelques brèches béantes ouvertes dans les communications françaises.
Leur rôle et même leur simple existence sont restés, jusqu’à ce jour, quasi ignorés des historiens.

Apparue en 1917, la TPS nécessite le cryptage des messages, ce qui est peu compatible avec les situations d’urgence, aussi est-elle le plus souvent utilisée comme un moyen de secours.

La téléphonie des tranchées
« Deux types de téléphones sont utilisés : les téléphones de campagne à « appel vibré » du type 1908 et les téléphones mixtes « à magnéto et à appel vibré » tels les modèles 1909, 1915 et 1916. La dotation est d’environ 20 téléphones par régiment.

TM 09-15 TM 09 Le poste téléphonique modèle 1909 possède un boîtier en bois avec couvercle placé dans un étui en cuir avec courroie pour le transport. Le combiné non repliable se loge horizontalement. Le TM 1909 est fort rare dans l'armée française d'avant 1914 organisée pour la guerre de mouvement. Il est principalement destiné à être relié au réseau civil. Les militaires ne prennent réellement conscience de l'utilité du téléphone qu'au moment de la stabilisation du front en octobre 1914. Il faut alors réquisitionner en toute hâte des appareils civils ; le modèle le plus courant (et standardisé) est alors du type Marty 1910.

TM 09-15 Évolution du modèle 1909, le poste téléphonique modèle 1915 n'a pas de couvercle sur son boîtier en bois placé dans un étui en cuir avec couvercle et courroie pour le transport. Les piles du micro sont placées dans un étui fixé à l'extérieur droit de l'étui principal. L'appel se fait par magnéto à manivelle et bouton vibreur (noir). Le bouton blanc sert à vérifier que la ligne n'est pas coupée. Le combiné à pédale en métal peint en noir se replie pour le rangement avec l'écouteur (côté gauche derrière la sonnerie amovible). Il est fabriqué en quantité avant l'arrivée du modèle 1916.
Dimensions (mm) : 250x145x190 - Poids 7kg
TM16 TM 16 Plus compacte et plus léger que ses prédécesseurs, le poste téléphonique modèle 1916 possède un boîtier en bois avec couvercle placé dans un étui en cuir avec couvercle et courroie pour le transport. L'appel se fait par magnéto à manivelle et bouton vibreur. Le bouton blanc sert à vérifier que la ligne n'est pas coupée. Le combiné à pédale identique au modèle 15 se replie pour le rangement (à l'avant à gauche de la sonnerie amovible). Il est fabriqué en quantité jusqu'à la fin de la guerre.
Dimensions (mm) : 228x219x169

 

Le téléphone de campagne comporte un MICRO, un ou plusieurs ECOUTEURS, une SONNERIE (réception des appels), une MAGNETO (émission des appels), un CONDENSATEUR (séparation des courants d’appels des courants de conversation), une BATTERIE d’alimentation (pile micro). » (site voyageurs-du-temps.fr, page telephone-telephonie-telephoniste 1067)

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La Radio et la Télégraphie sans fil


LE GÉNÉRAL GUSTAVE FERRIÉ pionnier de la radiodiffusion et de la normalisation des temps et cycles


Gustave Ferrié
Gustave Auguste Ferrié est un ingénieur et Général français né en 1868 en Savoie et mort en 1932, à Paris. Il étudie à l’Ecole Polytechnique, se spécialise dans la télégraphie optique et électrique puis s’engage dans l’armée. Sorti officier du génie, il obtient sa première affectation avec le grade de Lieutenant.
Grâce à sa première expérience dans les transmissions lors d’un stage au Mont-Valérien en 1893, il s’intéresse très tôt à cette technologie naissante qu’est la télégraphie sans fil (TSF). Quelques années plus tard, il retournera d’ailleurs à l’école de télégraphie militaire du Mont-Valérien en tant qu’instructeur puis commandant.
Ses connaissances et expériences à la fois dans le domaine scientifique et militaire lui confèrent un large panel de compétences, particulièrement appréciées par Gustave Eiffel.
En 1900, le ministère de la Guerre charge Gustave Ferrié d’étudier les applications militaires de la TSF. Très rapidement, le Général ne parvient plus à obtenir d’améliorations à la hauteur de ses espérances : il ne dispose pas d’antennes suffisamment hautes pour réaliser des liaisons de longue distance. Il va tenter d’élever des antennes en employant des dirigeables militaires mais ces essais se révèlent infructueux en raison des intempéries.
Le 27 mars 1898, le capitaine Ferrie, délégué militaire du gouvernement français, est chargé de rendre compte des essais de TSF faits par Marconi entre la France et l'Angleterre.
Peu de temps après, et à partir des expériences de Branly, le ministre de la Guerre confiait au jeune capitaine la mission de développer les applications militaires de la TSF. Les moyens dont il dispose sont dérisoires. Pourtant il multiplie les inventions, il innove. On doit à son équipe, entre autres, le détecteur électrolytique et le détecteur à galène. Les systèmes d'émission et les antennes de réception font l'objet d'études pour assurer des liaisons fiables entre les places fortes. La TSF militaire assure ainsi, le 8 mai 1902, une liaison d'urgence entre la Guadeloupe et la Martinique ravagée par l'irruption de la montagne Pelée.
Par la suite Gustave Eiffel offrira au ministre de la Guerre la tour qui porte son nom, pour qu'elle serve de support d'antenne de TSF, ce qui sera fait en 1903. Cinq baraquements en bois s'élèvent bientôt sur le Champ-de-Mars et quatre fils d'antenne relient le sommet de la tour aux arbres de l'avenue de Suffren.

Bien vite, la marine nationale saisit tout l'intérêt qu'elle peut retirer des expériences de l'équipe de Ferrie. A ce dernier, le lieutenant de vaisseau Tissot propose d'émettre de la tour Eiffel un service permanent de transmission de signaux horaires destinés aux navires de la flotte française. Nous sommes en 1905, le projet est accepté par le bureau des longitudes. Cette même année, la guerre russo-japonaise, qui témoigne certes des faiblesses de la Russie tsariste, va également mettre en évidence l'importance stratégique de la TSF. La flotte de l'amiral Togo, dûment équipée de récepteurs de TSF et d'antennes Yagi, surprend en effet les cuirassés russes accourus de la Baltique par une manœuvre originale. Au lieu de livrer bataille en lignes, ordre imposé par la nécessité d'échanger des signaux à vue, les Japonais, coordonnés par radio, traversent de part en part la ligne russe qu'ils bousculent. Malgré leur dispersion et la visibilité médiocre, ils portent des coups coordonnés et décisifs contre l'escadre de Nicolas II.

En 1911, année de la création de l'École supérieure d'électricité qui formera les officiers du service des transmissions, l'essentiel du service porte sur les bulletins météorologiques. En butte au septicisme de l'armée de terre, Ferrie persévère. Pour vaincre la pusillanimité ambiante, il installe un émetteur mobile de TSF sur une automobile, réussissant ainsi des liaisons sur plus de cent kilomètres.

Grâce au général Ferrie, aidé par la commission centrale de TSF de la marine de guerre, les premières sociétés du Domaine (Carpentier, Gouffe, Rochefort) sont parvenues à se réunir pour fonder la Compagnie générale de radiotélégraphie (CGR). La Société française radioélectrique n'allait pas tarder à apparaître à son tour, les deux groupes conjuguant leurs capacités dans l'effort de guerre commun.

En août 1914, la France se lance dans la guerre avec un équipement en quantité inférieure à celui de ses alliés. Mais également, fait plus grave, inférieur à celui de ses adversaires d'outre-Rhin. Les stations mobiles sont en nombre limité et les postes puissants n'offrent aucune garantie de liaison régulière. Les pouvoirs publics n'ont pas donné suite aux propositions de Ferrie et de ses collaborateurs. Des mesures extrêmes s'imposent donc. Afin d!étoffer les services de la tour Eiffel, deux puissants émetteurs, destinés primitivement à Saigon et à Tombouctou, sont installés à Lyon cette fois. Lyon-la-Doua assurera les liaisons avec la Russie, la Serbie et la Roumanie.

La marine de guerre allemande va se préparer dès 1907 à une guerre maritime, où la maîtrise de la TSF joue déjà un rôle essentiel. La société Telefunken équipe systématiquement les navires militaires et civils. Elle va même jusqu'à équiper des navires neutres, dont les opérateurs sont allemands. A la déclaration de guerre, les navires de commerce se réfugient dans les ports, après avoir été alertés par TSF, alors que les bâtiments de guerre infligent de lourdes pertes aux flottes alliées. Certaines stations côtières neutres d'Amérique du Sud, notamment péruviennes, aident les forces navales allemandes et les corsaires agissant dans le Pacifique et l'Atlantique sud. Aux Canaries, le consul allemand est arrêté après qu'on a découvert chez lui un émetteur clandestin. La Grande-Bretagne réagit et, à la fin de 1914, les câbles transatlantiques qui relient l'Allemagne à l'Afrique sont coupés ; les quatre stations allemandes de TSF à grande puissance situées dans le Pacifique sont détruites.

Le 4 août 1914, dans le cadre du huitième régiment du Génie, les transmissions militaires sont mobilisées. 12 000 hommes et 150 officiers, dont beaucoup sont des employés des PTT, sont versés dans la télégraphie militaire. Ferrie fonde l'Établissement central du matériel de la radiotélégraphie militaire, qui deviendra une pépinière de chercheurs et de techniciens. Les écoutes radio, effectuées par la tour Eiffel, permettent au service du chiffre de décrypter des messages allemands et de repérer les faiblesses des forces ennemies sur la Marne. Galliéni utilisera du reste ces informations pour arrêter les troupes d'invasion qui déjà menacent Paris. Du côté des chercheurs de la TSF, les nécessités guerrières vont s'avérer un prodigieux stimulant. Les amplificateurs basse fréquence, les récepteurs de bord pour avions, les transmissions par radio de la voix humaine, la construction en série de lampes d'émission triode TM, les réseaux d'écoute et de gonio- métrie chargés de situer la source des émissions ennemies, le premier récepteur superhétérodyne, telles sont quelques-unes des innovations survenues entre 1914 et 1918, et qui témoignent combien les équipes coordonnées par le général Ferrie ont eu un rôle fondamental dans l'essor de la TSF. A cet élan collaborent tous les savants, techniciens et entrepreneurs qui assureront l'avenir de la TSF et de la radiodiffusion en France : autour du capitaine Brenot on trouve, à la tour Eiffel, Maurice de Broglie, Laut, Lucien Levy, Ditte, tandis qu'à Lyon sont rassemblés auprès du professeur Abraham et du capitaine Péri, Marius La- tour et Biguet. Emile Girardeau sera de ceux qui assureront l'avenir de ces recherches.

Ferrié, un génial organisateur
Les zeppelins sortis, avant même qu'ils eussent traversé la frontière, étaient déjà repérés par l'ensemble de nos propres goniomètres. Nous les suivîmes sur la carie d'Europe, comme si nous les avions vus nous-mêmes ; ils passèrent au nord du Luxembourg, survolèrent la Belgique et traversèrent le Pas-de-Calais.
C'est alors que le plan Ferrie entra en action ; le général donna ordre à quelques-unes de nos stations d'émission du front de brouiller les communications des zeppelins en accordant nos émetteurs sur la longueur d'onde de chacun d'eux. Chaque dirigeable eut son poste perturbateur parmi nos stations terrestres, cnacun des nôtres s'efforçant de couvrir, avec le maximum d'intensité, l'étincelle des postes aériens allemands. Si bien que les go- *nios ennemis n'y comprenaient plus rien, pataugeaient dans les azimuts et étaient dans l'impossibilité de donner la moindre mesure exacte à leurs pilotes.
Mais notre général ne se borna pas à cette petite supercherie, il poussa le brouillage dans ses limites extrêmes en utilisant un grand poste français, techniquement camouflé en émetteur allemand.
Il substitua la station ainsi maquillée à la grosse station terrestre allemande en transmettant aux zeppelins des rectifications de route qui devaient amener les dirigeables au-dessus de nos camps d'aviation et de nos batteries et non plus sur la Belgique et le Luxembourg, itinéraire projeté pour le retour. Le gros émetteur français, étant plus près des aéronefs que l'émetteur allemand, était reçu par les récepteurs aériens ennemis avec une meilleure intensité. Les radios du bord prirent donc pour des renseignements de premier ordre les fausses mesures que Paris leur envoyait ; au lieu de repasser au-dessus de Bruxelles, les zeppelins vinrent échouer dans nos lignes où nos escadrilles, alertées à temps, n'eurent qu'à les entourer, les obliger à atterrir et à se rendre. Celui que nous étions chargés de surveiller particulièrement au poste du Hohneck fut abattu à Bourbonne-les-Bains, les autres s'effondrèrent les uns après les autres à l'arrière de notre front et le dernier, complètement affolé par la multitude des rectifications qu'il recevait tant de France que d'Allemagne, rectifications contradictoires évidemment, descendit la vallée du Rhône, fut aperçu à Avignon et disparut vers la Corse sans qu'on sût jamais ce qu'il était devenu. Ce fut une accablante défaite pour le Kaiser et pour l'aviation germanique qui avaient tout prévu, sauf qu'il existait chez nous un subtil et génial organisateur en la personne du général Ferrie et un réseau radiogoniométrique merveilleusement outillé et discipliné. Ce fut la fin des raids par zeppelins, aucune nouvelle tentative ne fut faite par ceux qui restaient dans les hangars ennemis

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Ferrie meurt le 16 février 1932, et reçut beaucoup d'éloges :

Arrive 1914, la guerre. Ici, ce que l’on peut appeler la chance française trouve à la tête des services de télégraphie militaire l’homme le plus compétent qui soit, celui qui, à une science profonde, joint une énergie peu commune et un incomparable esprit réalisateur. Il serait trop long d’énumérer toute l’ampleur des recherches, des découvertes, des réalisations faites par le général Ferrié et les savants collaborateurs qu’il avait réunis autour de lui et dont le continuel dévouement ne lui a jamais fait défaut.
Il suffît de dire que, dès le début et pendant toute la durée de la guerre, la France fut toujours, en télégraphie et téléphonie militaires, d’une incontestable supériorité.
Nos alliés nous suivirent; quant à nos ennemis, malgré leur puissante organisation technique, ils furent toujours considérablement en retard. L’armée française a été ainsi toujours la première, grâce à Ferrié, qui se montra dans ces circonstances non seulement un grand chef auquel doit aller la reconnaissance du pays, mais un des meilleurs artisans de la victoire finale.
Après la guerre, Ferrié réussit à conserver la cohésion entre les spécialistes dont l’union avait donné de si bon résultats. Il fut l’âme du projet d’une grande opération internationale de différences de longitude mondiale, actuellement en cours d’exécution, sous les auspices du Bureau des Longitudes.
Il collabora également, avec toute sa compétence et toute son ardeur, à la réalisation de l’expédition scientifique que l’on appelle l’Année polaire, qui doit donner, au point de vue de la physique du globe, des résultats de tout premier ordre. Il nous en parlait encore au Bureau des Longitudes, il y a une quinzaine de jours; la mort vient de le surprendre au milieu de ses travaux.
Tant de services rendus avec un dévouement sans limites et un complet désintéressement devaient avoir leur consécration scientifique. Dès 1911, le Bureau des Longitudes l’appelait auprès de lui; en 1922, l’Académie des Sciences le nommait à l’unanimité à la vacance créée dans la Section de Géographie et Navigation par le décès de notre confrère Grandidier, après lui avoir décerné, en 1921, sa plus haute récompense, le prix Osiris.

A l’étranger, ses mérites scientifiques avaient peut-être encore plus de retentissement que dans notre pays, et sa place se marquait au premier rang dans les unions et comités scientifiques internationaux. Il était successivement nommé : président de la Commission internationale des Longitudes par T. S. F. ; membre de la Commission internationale de l’Heure, président de l’Union internationale de Radiotélégraphie scientifique, et tout récemment, quand le Conseil international de Recherches modifia ses statuts, en 1931, et procéda à l’élection d’un nouveau bureau, ce fut Ferrié qui, d’acclamation, fut nommé premier vice-président de la nouvelle organisation. Toutes les sociétés scientifiques françaises de géodésie, d’astronomie, de radiotélégraphie, d’électricité le comptaient comme président ou membre de leur conseil. Il n’était de par le monde un congrès intéressant ces sciences auquel il ne participât avec une autorité devant laquelle tout le monde s’inclinait. Si l’on ajoute à cela toutes les inspections que lui imposaient ses fonctions d’inspecteur général des Services de Télégraphie militaire et des Troupes et Services de Transmissions, en France, en Algérie, au Maroc, au Levant, on reste confondu devant une telle accumulation de travaux et devant une telle infatigable activité. Au moment même où il entrait au Val-de-Gràce, il était sur le point de partir en Syrie.

Tel était celui auquel la science doit tant de résultats. Mais, à côté du savant il y avait l’homme. Trouver un camarade et un ami plus sûr, un collaborateur plus accueillant, et pour ceux qui servaient sous ses ordres, un chef plus bienveillant, est impossible à dire. Sa haute compétence scientifique, qui le plaçait au premier rang, était chez lui comme cachée sous une affabilité et une modestie qui faisaient l’admiration de tous ceux qui le connaissaient. Qui l’a approché l’a aimé. C’est le plus bel éloge que l’on puisse faire d’un homme.
La perte est immense pour la science; elle l’est plus encore pour la compagne si dévouée de sa vie, qui l’entourait de son affection, qui le soutenait dans ses travaux, lui faisait oublier ses fatigues et devant laquelle je m’incline.
Au nom de l’Académie des Sciences, au nom du Bureau de Longitudes, j’exprime à Mme Ferrie et à toute sa famille la part bien vive que tous leurs membres prennent à la disparition d’un des plus éminents de leurs confrères. Puisse l’hommage que nous lui rendons être un adoucissement à leur douleur, et vous, Ferrié, mon confrère, mon camarade et mon ami, non pas un adieu, mais au revoir.
Conférence faite le 10 mars 1932 à l’Association amicale des 8e, 18e et 28e Génie, par le lieutenant-colonel du Génie Brenot, président du Syndicat professionnel des Industriels radioélectriques.
Plus que le devoir, la sympathie profonde qui se dégageait irrésistiblement de la personnalité du général Ferrié a inspiré déjà tant d’éloges, tant d’études d’une vie si magnifiquement remplie que je crois devoir me dégager ce soir du cadre habituel des notes biographiques.
La meilleure manière de faire connaître un homme n’est pas d'énumérer ses succès. C’est de le montrer aux prises avec les difficultés de la vie et de faire la mesure de son triomphe à celle des obstacles franchis.

L’histoire du général Ferrié se confond avec l’histoire de la T. S. F. en France.
Parler d’elle, c’est parler de lui. Il en fut le tuteur et conduisit ses premiers pas, avec énergie, avec sûreté, au milieu des pires misères. Plus tard, quand l’enfant devint grande personne, il en resta le conseiller, l’animateur dans l’effort. Mais ce sont les heures du début les plus intéressantes, les heures où seul, sans soutien, sans moyen, il fallait livrer dans la nuit des luttes incessantes et dures... et le pire ennemi n’était pas la matière ingrate.
De ces heures permettez-moi de vous livrer quelques souvenirs.

Le capitaine Ferrié vient d’assister aux expériences faites par Marconi entre la France et l’Angleterre (1899).
Il a pressenti l’avenir, et, dans l’ardeur de sa foi et de sa jeunesse, il assume devant le Ministre de la Guerre, et la responsabilité de retrouver seul, en dehors de toute participation étrangère, les résultats acquis, et celle d’établir des appareils susceptibles d’applications militaires.
Reportons-nous à l’époque :
Des phénomènes mystérieux aux lois mal connues : depuis l’antenne jusqu’au cohéreur de Branlv, on travaille dans une technique nouvelle, où ce qui paraît aujourd’hui d’une évidente simplicité pose les problèmes les plus ingrats.
Solutions électriques difficiles, réalisations mécaniques complexes. Ce monde des infiniments petits, des vitesses infiniment grandes, entend faire payer cher l’accès de ses mystères.
Ferrié s’aide de conseils, de concours que peuvent lui apporter quelques savants, quelques ingénieurs de l’industrie, Blondel, Carpentier, Ducretet, Gaiffe, Rochefort, et, sans crédits ou presque, sans moyens d’exécution, il aborde tout de même la tâche.
Une petite pièce, boulevard Latour-Maubourg, deux baraques avec des supports d’antenne constitués par de petits pylônes en bois, dans les forts de Villeneuve-Saint-Georges et de Palaiseau, constituent les locaux de travail.
Quelque temps après, M. Eiffel offrira l’utilisation de la Tour que d’autres ingénieurs ont renoncé à employer comme support d’antenne, à cause de l’importance de sa masse métallique.
Une petite baraque en bois de quelques mètres carrés est construite au Sud du monument, dans l’emplacement alors enclos de palissades, et à l’état de brousse, oii se dessinera plus tard le parc du Champ de Mars. L’antenne est un simple fil, amarré, à la suite d’essais progressifs, d’abord au 1er étage, puis au 2e, puis au 3e.
Le 5 novembre 1898, Eugène Ducretet établit la première liaison française par radio, en émettant des sons depuis la tour Eiffel jusqu'au Panthéon (ce qui représente environ 4 km).

Dans ces installations rudimentaires, le capitaine Ferrié fait tout. Il exécute les montages, procède aux mesures, manipule le plus souvent lui-même. Son équipe comprend d’excellents sapeurs, modèles de travail et de dévouement, mais qui ne sont ni des physiciens, ni des électriciens. Les collaborateurs les plus habituels sont un caporal mécanicien, qui deviendra dentiste, un fabricant de corsets, un horloger, un charpentier. Ils doivent recevoir ici notre hommage unanime. Ils furent les ouvriers de la première heure et ne marchandèrent jamais leur dévouement ni leur peine.

Et bientôt les premiers résultats apparaissent. Un type de transmetteur à bobine d’induction est créé. Une des boules de l’éclateur est simplement reliée au sol, l’autre à l’antenne. L’antenne est donc attaquée en excitation directe. La syntonie n’a pas grande importance à cette époque, car les émissions n’encombrent pas l’éther.
D’ailleurs, le détecteur lui-même, du type « cohéreur », est un détecteur à grande résistance, sensible aux pointes de tension, et qui s’accommode bien ainsi des effets de choc électrique qui lui sont brutalement transmis.
Le récepteur, dans sa boîte de chêne, blindée de cuivre, à forme de pupitre, va rester longtemps immuable. Il comprend tous les organes annexes du cohéreur, qu’il a fallu étudier, créer : tapeur pour décohérer le cohéreur, relais, circuits divers, excités par l’antenne réceptrice et qui, sous le nom de jiggers, étaient demeurés un des mystères des postes de Marconi.
Des types de cohéreurs réguliers et sensibles ont été créés, à limaille d’or et surface d’acier poli.
Les antennes ont été étudiées. On en a vérifié le mode vibratoire, le mode de rayonnement. On a appris à mesurer leurs longueurs d’ondes.

Comme les techniques anglaise et allemande semblent se préoccuper des antennes dirigées, le capitaine Ferrié étudie les propriétés des antennes horizontales et, sur les conseils de Blondel, envisage déjà l’emploi des cadres.
Les irrégularités du cohéreur, les inconvénients de son principe ont poussé Marconi à chercher un autre détecteur. Le grand inventeur italien établit, étudie le détecteur magnétiqne.

Mais, dès 1900, le capitaine Ferrié, s’écartant de la voie des cohéreurs à contacts solides, avait donné le principe des détecteurs électrolytiques, à contact pointe-liquide. Quelques années plus tard son idée sera reprise en Allemagne et mise au point simultanément dans les deux pays.
En 1902, c’est-à-dire moins de trois ans après la création du service d’études, un matériel d’émission et de réception susceptible d’applications pratiques a été créé.
Les Colonies, la Marine en demandent des types et les expérimentent.
Le capitaine Ferrié effectue des expériences comportant l’emploi d’antennes soutenues par des ballons à 300 ou 400 mètres de hauteur, et constate que des portées de 300 ou 400 kilomètres sont ainsi réalisables, avec des puissances infimes.
Le grand mouvement se déclenche... et le nouveau matériel reçoit le baptême du feu. Le capitaine Ferrié part aux Antilles avec ses appareils pour remplacer par T. S. F. la communication sous-marine rompue par l’éruption du Mont Pelée. Pour la première fois dans notre domaine national la « sans-fil » se substitue au « fil ».
Ce succès va-t-il lui apporter l’appui confiant des services qui le contrôlent ?... non pas. Voici au contraire les heures grises, celles des pires difficultés.
C’est à cette époque, octobre 1904, que je reçus un matin l’ordre de me rendre dans les quarante-huit heures à l’Établissement central de Matériel de Télégraphie militaire pour y collaborer à l’emploi de la T. S. F. aux armées.
Je me présente au capitaine Ferrié, et ma surprise fut profonde de voir la foi et la gaieté de cet homme à côté des misérables moyens dont il disposait.
J’étais le premier collaborateur officier attaché à lui de manière permanente.
D’autres officiers avaient passé à ses côtés, le capitaine Becq, par exemple, mais incidemment, pour des missions ou des essais spéciaux.

Le capitaine Ferrié me dit de me mettre au courant, comme je pourrais, avec l’équipe de sapeurs. Au hasard des essais, il trouve le temps de me donner quelques explications, et peu à peu, dans la confiante collaboration quotidienne me laisse voir ses soucis et ses craintes, cachés derrière cette bonhomie si alerte, si vivante, qu’on était tenté de le croire tout à fait inaccessible au « cafard ».
Les succès du début ont soulevé des jalousies qui exploitent la méfiance, l’inertie et toutes les objections que rencontrent les progrès révolutionnaires.
Un nouveau programme d’essais est entrepris en 1905. Un poste mobile, dit « du Grand Quartier général », se déplacera vers l’Est et l’on vérifiera à quelle distance une exploitation militaire peut être assurée.
Ce poste, dont me charge le capitaine Ferrié qui reste au poste de commandement de Paris, comprend un groupe électrogène sur chariot, avec accumulateurs, une voiture-poste où sont rassemblés les appareils récepteurs et transmetteurs (2 bobines d’induction Rochefort couplées, de 0,50 m d’étincelle, attaquant l’antenne en excitation directe, une boîte de réception à cohéreur), une voiture-treuil sur laquelle s’enroule l’antenne qui est un câble d’acier de 400 mètres servant de câble de retenue à un ballon cerf volant dit « drachen ».
Des télégrammes véritables doivent être échangés sous le contrôle d’officiers qui accompagnent les expérimentateurs.
Les essais réusssisent parfaitement jusqu’à la frontière de l’Est, confirmant entièrement les résultats antérieurs qui avaient fait Fobjet de plus de soupçons que de félicitations.
En me remerciant dans une lettre charmante de ma modeste collaboration, le capitaine Ferrié m’écrit qu’il n’ignorait pas que les expériences récentes avaient eu surtout pour but de prouver qu’il était un « fumiste ». Ce ne fut pas contre lui que la démonstration réussit.

L’ère des critiques mesquines et systématiques, des objections incessantes, n’est pourtant pas close : la T. S. F. vient bouleverser tant d’habitudes. Lorsqu’on voulut répandre l’usage du téléphone aux armées, violente déjà fut l’obstruction. La T. S. F. connut d’autres luttes, et les coups étaient plus faciles à diriger : il n’y avait qu’un centre d’efforts à frapper.
Des crédits de quelques centaines de francs sont demandés pour construire un ondemètre. Refusés, comme inutiles. En dehors du capitaine Ferrié, un cahier des charges a fixé les conditions d’isolement des dynamos des postes de T. S. F. Le capitaine Ferrié le déclare insuftîsant. On l’invite à s’abstenir de critiques de ce genre : « Aux premiers essais, tous les induits crèvent. »
L’indemnité de déplacement normale est demandée pendant les expériences faites dans l’Eure-et-Loir pour permettre aux sapeurs spécialistes qui travaillent à toute heure, jour ou nuit, aux essais des postes mobiles dans des villages sans grandes ressources, d’assurer leurs repas dans des conditions à peu près acceptables. Refus. Ils doivent se contenter du prêt normal, comme s’ils étaient à la caserne, dans l’ordinaire organisé.

Et la liste pourrait être allongée sans cesse. Le temps se gaspille en rapports, en réclamations. Là où de grands encouragements sont nécessaires, ne se rencontrent que brimades et critiques.

Ces faits sont rappelés sans acrimonie.
On en retrouve le développement autour des premiers efforts de tous les animateurs des nouveaux progrès.
Mais il était nécessaire de les évoquer, car ils mesurent en partie le triomphe du vainqueur.
Jamais l’énergie du capitaine Ferrié ne se dément. Pourtant il souffre bien souvent, et je le vois à certains tremblements nerveux qui sont pour moi les détecteurs des grands soucis. Mais il se domine magnifiquement et jamais ses collaborateurs ne sentent le contre-coup de toutes ces misères : bonne humeur, cordialité, au service d’une énergie de fer, d’un esprit d’entreprise que rien ne peut calmer.
Heureusement compris par quelques grands chefs, par quelques grands esprits, qui par moments interviennent pour rétablir une situation trop compromise, la tâche continue, toujours fertile en résultats.

C’est le détecteur électrolytique mis au point, et l’introduction de la lecture au son qui améliorent considérablement le rendement des récepteurs jusque là affectés fortement par les moindres parasites. C’est la suppression des bobines d’induction et l’emploi du courant alternatif industriel qui va permettre d’accroître les puissances en jeu, de diminuer les hauteurs d’antenne, en abandonnant les ballons d’une manœuvre si délicate et si aléatoire.
L’évidence des résultats, les services rendus par la T. S. F. s’imposent et diminuent l’âpreté des luttes. Les moyens d’exécution augmentent.

Un nouveau type de matériel, d’allure plus industrielle, est créé : courant alternatif sous une puissance de plusieurs kilowatts, lecture au son avec détecteur électrolytique et quelques premiers types de détecteurs à cristaux, antennes soutenues par des mâts ou des pylônes. Le cohéreur disparait peu à peu.
La Marine, les Colonies adoptent ces appareils. Le commandant Ferrié s’embarque sur l’escadre de la Méditerranée. C’est la tempête. Les marins mêmes, à l’intérieur du poste de T. S. F., sous le pont cuirassé, sont indisposés. Le commandant Ferrié manipule lui-même et reste plus de vingt-quatre heures durant aux appareils. On l’emporte évanoui.
Il part au Sénégal et pose les premières bases des grands postes de l’Afrique occidentale.
Il part au Maroc avec un détachement de postes mobiles improvisés en quelques jours, et assure le service radiotélégraphique pendant la campagne de la Chaouia, sous les ordres du général d’Amade, qui en fait un magnifique éloge.

La station de la Tour Eiffel se développe. On commence les travaux du grand poste souterrain actuel.
On remplace progressivement par des postes à courant alternatif, comportant des antennes soutenues par des pylônes, les stations des grandes places fortes de l’Est et du Nord (Belfort, Épinal, Verdun, Toul, Maubeuge), desservies jusqu’alors par les anciens appareils à cohéreur, à bobine d’induction, et dont les supports d’antenne étaient des ballons et des cerfs-volants.
Les deux premiers postes automobiles, qui plus tard prendront part à la guerre de 1914, sont équipés en 1908. Leur antenne est constituée par un mât métallique démontable.

La T. S. F. est venue au secours du fil, à l’intérieur, lors de la grève des Postes et des Télégraphes, lors des troubles du Midi.
En collaboration avec M. Blondel, les premiers essais de radiogoniométrie ont été effectués à La Rochelle, sur un vapeur du Service des Phares, le Léonce-Raynaud, dont l’antenne est constituée par un cadre triangulaire.
Sur les côtes, des stations de T. S. F. relient les principales îles aux défenses côtières.
On prépare les expériences de T. S. F., en dirigeable, en aéroplane.
Le commandant Ferrié élargit déjà son champ d’action en s’orientant vers le domaine scientifique; et les signaux horaires, la mesure du temps amorcent la popularité de la T. S. F.
En 1910, la bataille est gagnée.

Dans les multiples voies où l’homme l’a appelée à son secours, la radioélectricité affirme la grandeur de son rôle.
Amené à collaborer avec toutes les principales administrations de l’Etat, Guerre, Marine, P. T. T., Colonies, Travaux publics, Instruction publique, etc..., Ferrié s’est imposé à toutes.
Quand une question de T. S. F. se pose, la réponse est déjà traditionnelle : Voyez Ferrié.

C’est un magnifique hommage rendu à onze années d’un effort surhumain, extraordinairement fertile en résultats/en impulsions créatrices dont l’effet a été définitif.
Car, avant toutes choses, cet homme fut un animateur. L’esprit à l’affût de tout ce qui était nouveau, il déclenchait le mouvement par son énergie, par l’influence personnelle acquise, coordonnait tous les impondérables Le résultat se dessinait, s’imposait.
Les esprits critiques prétendaient alors parfois chercher vainement l’essentiel de son œuvre personnelle, qui n’apparaissait pas resplendissante comme une invention sensationnelle, alors que cette œuvre était partout, directrice, coordinatrice, œuvre de semeur, de laboureur, dure, essentielle, féconde.
La guerre, les grandes conférences internationales consacreront la valeur du colonel Ferrié. Son rôle, ses succès, qui ne sont plus contestés, ont reçu les plus éclatants, les plus populaires des témoignages.
Du plan national, son vaste esprit l’a porté sur le plan international.

Dans les Conseils des Alliés d’abord, ensuite dans les conférences plus vastes où se réunissent presque tous les pays du monde, il est appelé aux hautes présidences et c’est à lui le plus souvent que tous s’adressent unanimement quand il faut traduire un effort collectif, une pensée d’ensemble.
Lui dont le tempérament militaire est si ardent qu’il reste toujours soldat avant tout, passionné pour l’art du sapeur, aimant son uniforme comme un enfant, se raidissant dans les saluts militaires comme un jeune polytechnicien, estl’âmemême des conciliations, des coordinations.
Instruit par les luttes du début, plein de dégoût pour le sectarisme sous toutes ses formes, il cherche toujours à provoquer les collaborations, à calmer les discordes.
Et sa grande cordialité n’est pas seulement une forme de ses manières : elle reflète le fond de son cœur, affectueux et bon.
Auprès de lui, puis attaché au Ministre des Colonies, enfin dans l’industrie, toujours son ami, bien souvent son confident, j’ai vu son action sous toutes les formes, mais avec une seule tendance : l’apaisement dans la collaboration.

Profitons de la leçon que lui ont dictée de terribles efforts. Dans les tâches qu’il a réalisées ou amorcées en tant de domaines, télégraphie militaire, radiodiffusion, laboratoires, enseignement, mesures scientifiques, etc..., il a toujours cherché à élargir le champ de travail, à s’adresser à toutes les compétences, à toutes les bonnes volontés. Ce fut une cause essentielle du succès de son œuvre.
Cette œuvre périclitera si nous ne suivons pas, tous, dans nos voies respectives, la même inspiration.

En dehors de notre volonté d’aboutir, nous devons à sa mémoire, à notre gratitude, de suivre son grand exemple.

A partir de 1921, Ferrié expérimente la radiodiffusion depuis la tour Eiffel. Ainsi nait la radio grâce à Radio Tour Eiffel qui émet régulièrement à partir de 1922.

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Contexte historique

Les télécommunications militaires créées en 1912 par le regroupement de toutes les unités de sapeurs télégraphistes au sein du 8e régiment de Génie prennent au cours de la Grande Guerre une ampleur exceptionnelle. Elles joueront un rôle primordial dans le succès des combats.
Les communications sont réalisées par des techniques modernes - télégraphie électrique, télégraphie sans fil (TSF), téléphonie - et par d’autres, obsolescentes, rapidement limitées à un emploi tactique – signalisation optique (fanions, héliographes) et colombophilie.
Les liaisons air-sol et la télégraphie par le sol (TPS) seront développées au cours du conflit.

Le téléphone est testé par l 'Armée Française lors des grandes manoeuvres de 1894. Au début de la guerre, il y a environ 300 téléphones dans les armées principalement dans les états-majors. Les armées ne prennent réellement conscience de l’importance de la téléphonie qu’avec la stabilisation du front en octobre 1914.
Faute d’équipements (TM 09 et TM 09-15 qui sont des adaptations du téléphone des administrations Marty) en quantité suffisante, des appareils civils sont réquisitionnés en toute hâte. Il est alors fait appel aux nombreux constructeurs qui ont accompagné dans la décennie 1900-1910 le succès de l’invention pour pourvoir aux nouveaux besoins des armées (la dotation régimentaire est d’environ 20 appareils).
La production en masse du TM 09-15 est accélérée. Le TM 16 plus compact et plus léger que ses prédécesseurs est introduit progressivement. Il est fabriqué en quantité jusqu'à la fin de la guerre. En 1918, on compte plus de 200 000 téléphones de campagne.
En 1916, le général Ferrié créa le service de radiotélégraphie aérienne. La liaison TSF air-sol révolutionne la transmission du renseignement et l’observation
La reprise de la guerre de mouvement condamne à terme les moyens filaires. La recherche s’oriente vers la radio. La Seconde Guerre mondiale consacrera sa prééminence. Pour l’armée française elle se traduira par la création d’une nouvelle arme : les Transmissions, en mai 1942, et la disparition de la spécialité au sein du Génie.

Le 13 juin 1933 , le brevet du premier radar bistatique en onde continue est déposé au nom de Taylor, Young et Hyland.
1937 – A la veille de la seconde guerre mondiale, le radar monostatique VHF fut mis au point, optimisé et amélioré au cours du conflit, il permettait de détecter les raids aériens. Ce conflit armé fût également l’occasion de généraliser des liaisons tactiques, avec l’utilisation, par les différentes armées de moyens de radiocommunications télégraphiques et téléphoniques.

Utilisation de la radio par l'armée française en 1940
Il est patent que le Haut Commandement français de 1939-1940 voyait la radio d'un mauvais œil, voire y était hostile !
Le général Gamelin en 1935, est nommé chef d'état-major général de l'armée française, et restera à ce poste jusqu'au 19 mai 1940, date à laquelle il est « limogé » et remplacé par le général Maxime Weygand.
Comme depuis son PC du château de Vincennes, Gamelin se refuse à communiquer par radio (trop indiscrète), ses messages en direction des troupes et ses informations reçues ne transitent donc que par téléphone ou par estafettes. Le téléphone convient peu à des troupes en mouvement et les estafettes manquent sérieusement de rapidité...
Émettre c'est montrer à l'ennemi d'où l'on se manifeste. La radiogoniométrie est la technique de repérage de la direction de déplacement des ondes électromagnétiques (dont les ondes radio font partie). Elle s'appuie sur plusieurs phénomènes physiques et appareils associés dont, tout particulièrement, les antennes directionnelles.
En conclusion, on doit donc à juste titre se méfier lorsqu'on utilise les transmissions par radio .

Instruction Ministérielle du 7 novembre 1936 au sujet de la radio.

En 1939 ce document, toujours d'actualité, est rediffusé en direction des chefs d'états-majors.
En voici des extraits : §80, §81 et §85.

Radiotélégraphie. Elle ne permet de communiquer qu'en morse (graphie).

§80.Avantages. Les installations radiotélégraphiques sont peu visibles et peu vulnérables.

La radiotélégraphie permet :
- de maintenir les relations entre deux autorités, lorsque la distance, le terrain, les tirs ennemis ou tout autre motif empêchent l'établissement ou le bon fonctionnement des autres moyens de transmission ;
- de faire suivre une autorité dans tous ses déplacements par un poste qui peut la desservir dans un court délai.

Certains postes sont même capables d'émettre et de recevoir en marche. Ils permettent au commandement d'assurer la continuité de ses relations pendant les mouvements. Seule, parmi tous les procédés de transmission, la radiotélégraphie permet la diffusion simultanée, à un nombre illimité de correspondants, d'un même télégramme.

Inconvénients. L'inconvénient capital de la radiotélégraphie est son indiscrétion.
- L'ennemi peut écouter, loin à l'arrière (la sensibilité des appareils d'écoute spécialisés est beaucoup plus grande que celle des récepteurs des corps de troupe, de sorte que les radiotélégrammes ennemis peuvent être captés à une distance dépassant notablement la portée officielle des postes émetteurs), dans de très bonnes conditions, les émissions adverses, ce qui oblige à chiffrer en principe les télégrammes expédiés par radiotélégraphie, et même il peut, par radiogoniométrie, déterminer les emplacements des postes entendus et, par voie de conséquence, les emplacements des postes de commandement.
- L'ensemble des renseignements recueillis par les écoutes ennemies peut fournir à l'adversaire des données importantes sur l'ordre de bataille et, dans une certaine mesure, sur les intentions du commandement. Aussi, dans certaines circonstances, le commandement est-il conduit à interdire partiellement ou totalement l'emploi de la radiotélégraphie.

Malgré le nombre élevé de longueurs d'ondes réalisables à l'heure actuelle, la nécessité d'éviter les brouillages limite le nombre des réseaux qui peuvent être constitués dans une unité.

La réception des postes radiotélégraphiques peut être brouillée :
- par des émissions normales de l'ennemi ;
- par des émissions systématiques de ce dernier, s'il consent à supporter lui-même les conséquences de ce brouillage ;
- par des parasites atmosphériques.

Les relations établies par radiotélégraphie sont, en comparaison des relations téléphoniques, d'un faible rendement, par suite de la nécessité :
- de faire, le plus souvent, travailler les postes en réseau, ce qui implique qu'un seul poste puisse émettre à un instant donné ;
- de chiffrer en principe les télégrammes ;
- d'échanger pour les postes correspondants des communications de service avant et après la transmission du télégramme proprement dit (Appel du poste expéditeur, indication que le destinataire est prêt à recevoir, signal de fin de télégramme, accusé de réception du destinataire, etc.).

L'ensemble de ces contingences peut réduire le débit utile d'un poste radiotélégraphique à moins de 100 groupes (de 5 lettres ou chiffres) à l'heure.

En conséquence :
- tout télégramme à expédier par radiotélégraphie devra être aussi condensé que possible et rédigé à l'aide de documents spéciaux établis à cet effet ;
- les postes radiotélégraphiques ne peuvent être utilement mis en œuvre que par un personnel soigneusement instruit ;
- enfin, le matériel ne comportant pas d'appareils d'appel, il est nécessaire d'assurer une permanence de l'écoute à chaque poste.

Radiotéléphonie. Elle permet de communiquer par morse et par la voix (phonie).

D'une manière générale, la radiotéléphonie a les mêmes caractéristiques d'emploi que celles exposées ci-dessus pour la radiotélégraphie. Toutefois la première présente, par comparaison avec la seconde, les avantages et les inconvénients suivants :

Avantages.
- les postes de radiotéléphonie peuvent être exploités par un personnel ne sachant pas lire au son (Comprendre le morse). Éventuellement, ce procédé permet à deux autorités de converser entre elles.

Inconvénients.
Toutes choses égales d'ailleurs :
- la portée des postes de radiotéléphonie est dans l'état actuel de deux à trois fois moins grande que celle des postes de radiotélégraphie ;
- le nombre des longueurs d'ondes disponibles est deux fois plus faible qu'en radiotélégraphie ;
- le réception peut être plus facilement brouillée ;
- les risques d'indiscrétions sont encore plus grands, surtout si les postes sont utilisés pour des conversations.

La discipline d'exploitation doit donc être très stricte. Elle est très difficile à assurer. Elle doit être soigneusement contrôlée par l'organisation obligatoire d'un système d'écoute des transmissions amies. La conversation ne doit en principe être pratiquée qu'en poste-à-poste.

La tour Eiffel est réquisitionnée de l’ordre de mobilisation générale du 3 septembre 1939 jusqu’en 1945. En effet, d’après la convention dont il est question dans le document, en cas d’état de guerre, la tour passe sous le contrôle de l’État. Cela avait déjà été le cas durant le premier conflit mondial : soldats et armes avaient été installés dans la tour, ainsi qu’un poste de télégraphie sans fil.
En 1939, l’armée française réquisitionne la tour dans le même but. Dès l’entrée dans Paris des troupes d’occupation, l’armée allemande y installe un poste de télédiffusion pour la communication militaire. Il sera ensuite récupéré à la Libération.

À l'inverse des Français, en 1940 les unités mobiles italiennes et allemandes disposaient de postes radiophoniques qu'elles utilisaient souvent en clair et à profusion, au cours de leurs attaques. Les ordres étaient, bien évidemment, écoutés par les stations françaises, mais souvent obsolètes lors de leur exploitation.

1941 – Mise en service du premier système de radionavigation pour les aéronefs FuSAn724/725 dit « BERNHARDT ». Issu des recherches de la Luftwaffe et de la société TELEFUNKEN, il est composé de stations de sol implantées tous les 300Km et d’un récepteur avec système d’impression à bord des aéronefs. Chaque station disposait d’une antenne rotative de 35m de largeur et 28m de hauteur qui diffusait son signal sur une fréquence spécifique affectée entre 30 et 33.1MHz. La réception de seulement deux de ces signaux, permettait aux avions de déterminer précisément leur position. L’une de ces stations, la numéro « Be-6« , était située dans le département des Ardennes, au lieu-dit la butte de Marlemont. Ce système préfigurait les systèmes modernes de radionavigation.

La Seconde Guerre mondiale est le premier conflit dans l'Histoire où les équipements électroniques ont été massivement développés et utilisés pendant les combats. Une Liste des équipements concernés (brouilleur, radar ... ), leurs noms de code, ainsi que les tactiques dérivées utilisées entre 1939 et 1945 est accéssible à cette adresse .

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Le télescopage des PTT. avec les transmissions militaires.

Cette insistance en 1942 est à mettre en rapport avec la situation globale. En effet, le tournant représenté par le débarquement des alliés en Afrique du nord et l'envahissement de la zone sud par les armées hitlériennes modifient la situation du côté des télécommunications militaires.
A la suite de la convention d'armistice de 1940, les corps d'ingénieurs militaires sont dissous. Pour celui des transmissions qui avait déjà attiré un bon nombre d'éléments (scientifiques et ingénieurs) rattachés auparavant au Génie, ce sont les PTT qui en héritent une bonne partie par la loi du 7 décembre 1940 qui crée "un cadre spécial temporaire d'ingénieurs et d'agents des transmissions de l'Etat". Quatre-vingts ingénieurs et cent agents trouvent refuge aux PTT, en particulier au sein de la nouvelle Ecole nationale supérieure des télécommunications, à la DRCT et dans le Service d'études et de recherches techniques de Lyon qui n'est qu'une couverture pour l'ancienne Section d'études du matériel de transmission (SEMT) officiellement dissoute. D'autres ingénieurs militaires trouveront refuge dans les antennes d'industriels (LMT, CSF, Radio- industrie) installés également à Lyon ou suivront les cours de la division radioélectrique de l'Ecole supérieure d'électricité transférée momentanément dans les locaux de l'Ecole centrale lyonnaise.
Alors que la DRCT est structurée en cinq départements techniques (Transmissions, commutation, recherches spéciales, acoustique-télé-phonométrie et lignes) correspondant aux grandes directions de l'exploitation des télécommunications des PTT, le laboratoire de Lyon dirigé par le capitaine Angot a une activité essentiellement tournée vers l'étude et la réalisation industrielle d'appareils émetteur-récepteur radio. L'invasion de la zone sud va modifier la situation et conduire les autorités militaires de Vichy à concevoir la création d'un centre interministériel.

1943-44 : des débats sur la création d'un Centre national des télécommunications
Dès le départ, les intérêts et les conceptions des divers services techniques (bureaux d'études) des ministères sont divergents. Une note du Chef d'Etat-major adjoint préconise, fin 1942 semble-t-il , le regroupement des laboratoires et des divers services techniques au sein de la DRCT qui deviendrait de fait un centre interministériel. Ce qui va rapidement provoquer un débat de fond. D'abord, le laboratoire de Lyon, SERT, est officiellement réorganisé : "il a été décidé de changer complètement l'orientation des études", écrit le chef de ce laboratoire dans un rapport du 16 mars 1943. Le programme des études fixé par le département Guerre, "études à échéance plus lointaine et de portée plus générale" ressemble très précisément à celui de la section radioélectricité du LNR (sondages ionosphériques, quartz, antennes, appareils de mesures...). Mais il reste marginal par rapport au débat.
L'idée du regroupement provoque des réactions immédiates. Du côté de la Marine, c'est l'opposition radicale. D'abord, il est illusoire de penser que la "DRCT pourra mener à leur fin des études que les autorités allemandes ne désireraient pas autoriser", est-il déclaré. De plus, aller au delà d'une simple coordination (sous l'égide du CCTI) ne peut conduire qu'à sacrifier les petits services (celui de la Marine en l'occurence). En conclusion, il est clairement affirmé que "l'attribution à la DRCT de toute la charge des études et recherches nous intéressant ne saurait être une formule satisfaisante pour la Marine, même à titre provisoire". Du côté de la Direction des industries mécaniques et électriques du ministère à la Production industrielle, le Vice-amiral Giboin répond à la proposition de fusion en défendant les industriels vis-à-vis de ce qu'il considère comme un empiétement de l'Etat. Rappelant son constat de 1942 — la branche "Constructions radioélectriques professionnelles" vit à peu près uniquement des commandes de l'Etat (administrations françaises et autorités allemandes) le seul secteur à développer, compte tenu des circonstances, est celui des moyens d'études et des laboratoires de recherche. Il préconise des ententes entre constructeurs (afin d'éviter les double emplois) tout en respectant l'émulation entre les divers bureaux d'études. "Il faut éviter la concurrence stérile" entre les laboratoires industriels et ceux de l'Etat. Pour ces derniers, il assure qu'il lui paraît "nécessaire et suffisant que les techniciens des administrations soient capables de bien poser le problème aux industriels et de contrôler les solutions qu'ils proposent". Les techniciens de l'Etat ne doivent pas faire concurrence à l'industrie.

La séance du CCTI consacrée à cette question dut être chaude puisque J. Dauvin renvoie par écrit au Vice-Amiral Bourragué, président du CCTI, le point crucial de son intervention : "J'estime que la politique générale exposée par M. Giboin tend, en fait, à revenir au système des études tel qu'il existait avant la guerre, les techniciens de l'État posant les problèmes, orientant les études et contrôlant les réalisations. Or, ce système, du fait même de sa conception, n'a pas, de très loin, donné satisfaction. Il est en effet humainement impossible que le technicien qui suit les études faites par un autre, sache exactement l'effort que représente la réalisation de cette modification..." Bref, à la nécessité, reconnue par Giboin, d'avoir dans les services de l'État d'excellents techniciens, Dauvin répond que "les techniciens des administrations ne peuvent être excellents que s'ils disposent de laboratoires. Sinon, leur rôle se réduira peu ou prou à celui d'acheteur dans un grand magasin". Dauvin a donc des vues précises : rompre avec le système d'avant-guerre en créant non des services techniques ou des bureaux d'études mais de vrais laboratoires. Il y ajoute en filigrane une stratégie de développement. Contraire ment à Giboin qui pense que de tels laboratoires feraient concurrence à ceux des industriels, Dauvin assure, l'État n'étant pas constructeur de matériel, que ces laboratoires d'État constitueront "le lien indispensable entre les Services utilisateurs et l'Industrie". Plus globalement, c'est la prise de conscience de l'important développement de nouvelles techniques de télécommunications (Ch. Lange parle en 1943 du "domaine en expansion rapide des télécommunications") et de la nécessité d'un nouveau type de recherche, dite "de masse", qui pousse Ch. Lange et J. Dauvin à accélérer la mise sur pied du CNET dans les tout derniers temps de Vichy malgré les difficultés nombreuses. La plus notable semble être cette différence d'appréciation entre militaires et PTT qui s'est cristallisée en un conflit autour de la DRCT. A Dauvin qui vise le développement de gros laboratoires spécialisés (structure de la DRCT) auquels seront éventuellement adjoints des laboratoires spécialisés (sur des techniques de pointe), les militaires voient des services d'études très générales et des sections particulières (bureaux d'études) en charge de suivre les développements industriels. Cela donne deux structures formellement proches : des laboratoires communs (outre le LNR, un laboratoire national d'acoustique (LNA) et un laboratoire national d'applications générales des télécommunications, LNAGT) et six sections particulières chargées des applications spécifiques à chaque ministère : PTT, Guerre, Air, Marine, Colonies, Information. Et la bataille se joue donc autour du LNAGT et de la section PTT. Les militaires proposent que le LNAGT soit rempli avec le gros des troupes de la DRCT, la section PTT (réduite) regroupant le suivi et le contrôle des matériels. Dauvin ne semble pas opposé à la création d'un LNAGT à condition que la section PTT, c'est-à-dire la DRCT, soit maintenue dans son intégralité. La lutte est âpre jusqu'à la création du CNET en mai 1944. Il semble que Dauvin ait réussi à maintenir sa position puisqu'une lettre postérieure au 4 mai 1944, expédiée par Bichelonne au Secrétaire d'Etat à l'Economie et aux Finances, stipule explicitement que la section PTT sera "constituée par la plus grande partie des services actuellement rattachés à la DRCT". D'ailleurs, J. Dauvin est chargé d'assurer les fonctions de directeur du nouveau centre et Bichelonne vient l'inaugurer en juin 1944 (. Dès Juillet 1944, la liste des personnels, rattachés spatia- lement à des bureaux situés dans les divers ministères (PTT, Guerre, Marine, Air, Communications...), est numériquement importante (environ 500 personnes).

A la Libération
A la Libération, J. Dauvin, trop lié au régime de Vichy et considéré comme ayant arboré un peu trop ostensiblement la francisque, est écarté dès octobre 1944 . Ce n'est pas son adjoint, Pierre Marzin, ingénieur des PTT qui a passé toute sa carrière depuis 1925 au sein de la recherche, au SERT, à la DRCT puis au CNET et dont l'attitude pendant la guerre, couvrant la mise en œuvre du réseau de résistance organisé par R. Keller, fut considérée comme irréprochable qui est choisi. Dauvin est emplacé par un ingénieur général des PTT, Henri Jannès, responsable des télécommunications en Afrique du Nord à partir de 1943 et lié aux mouvements de Résistance proches de la CGT et du parti communiste. La forme interministérielle du CNET est conservée par le décret de validation signé le 25 janvier 1945 par le général de Gaulle mais le fragile compromis entre les PTT et les ministères militaires va être remis en cause.

Les années d'après-guerre (1945-1953) sont pour le CNET une période passablement agitée. Les principaux protagonistes affichent un certain nombre de principes communs : renforcer le CNET qui doit être un centre fédératif, développer une recherche "de masse", rattraper le retard accumulé par l'isolement des années de guerre, renforcer la coopération avec les industriels (dans un premier temps sous forme de marchés de recherche ou marchés d'assistance technique). Ils admettent également de faire évoluer le statut des fonctionnaires des PTT recrutés par le CNET. Ils sont tous d'accord que la compétence spécifique d'un chercheur mérite des compensations financières et que la stabilité des équipes de recherche nécessite une gestion différente de celles des services d'exploitation des PTT. II poursuivra sa carrière au sein du laboratoire de Marcoussis. Voir, entre autres, le témoignage de G. Clavaud, "Keller et la source K", Revue des Télécommunications, 1974, n° 12-7-9 H. Jannès appartenait avant guerre au service technique des Lignes souterraines à grandes distances, le groupe technique le plus puissant au sein du ministère des PTT et concurrent direct du service de recherche. Il dispensera pendant plusieurs années des cours de transmission à l'Ecole supérieure des PTT (2e section). Confirmation téléphonique de G. Clavaud. Les marchés d'assistance technique consistaient à ce que les ministères financent non seulement les études qui les intéressent mais également les chercheurs, les équipes, "empruntés" aux constructeurs privés et insérés momentanément dans le cadre du CNET. Ces pratiques, d'un coût élevé, seront rapidement dénoncées à la fin des années 1940 pour la création d'un nouveau recrutement de contractuels permettant d'attirer des spécialistes (physiciens, chimistes, souffleur de verre, documentalistes, ouvriers très spécialisés...). Malgré les mesures prises, les problèmes de recrutement et de stabilisation du personnel resteront cruciaux pendant toutes ces années, tant la disparité des salaires entre public et privé est importante.

En revanche, les orientations à donner aux recherches, l'ancrage du nouveau centre vont très rapidement conduire à des affrontements. Dès sa nomination, H. Jannès se tourne vers le CNRS. Il le fait probablement par sympathie politique avec son directeur F. Joliot, peut-être pour se trouver des alliés, mais aussi en fonction de l'idée qu'il se fait du développement d'un grand centre national de recherche qui doit se structurer autour de laboratoires d'études générales (en collaboration avec les savants), à charge pour les laboratoires d'applications relevant des divers ministères de transformer les résultats en dispositifs techniques spécifiques répondant à leurs besoins. Conception qui se lit dans son organigramme : à côté de Services communs (administratif, documentation, brevets...), trois laboratoires centraux (LNR, LNA, LNAGT) et six sections particulières qui dépendent hiérarchiquement des divers ministères (Guerre, Marine, Air, PTT, Colonies, Information). Il s'agit donc d'une structure federative et Jannès, Ingénieur des PTT, est responsable du CNET et de la section particulière des PTT.

Cette logique va en heurter d'autres. Du côté des ministères militaires, la reconstitution des laboratoires et le rétablissement du corps d'ingénieurs des transmissions vont conduire à une hémorragie des officiers et sous-officiers affectés au CNET en 1944-45.

La scission unilatérale des PTT
Du côté des PTT, par le découpage de l'ancienne DRCT en deux parties, H. Jannès reprend celui proposé par les militaires en 1944 : la majeure partie constituant le LNAGT dirigé par P. Marzin et destiné aux études générales, le reste étant en charge du contrôle du matériel destiné aux PTT. Cela revient à alimenter avec les forces vives des PTT le CNET dont la majeure partie des études, financées par les ministères militaires, n'intéresse pas les PTT et heurte la logique de développe ment d'un pôle de recherche interne aux Télécommunications défendue par J. Dauvin, puis par P. Marzin et soutenue par Charles Lange, le directeur des Télécommunications du ministère des PTT qui est resté en place. Dès le 25 avril 1946, ils réagissent en créant de façon unilatérale une section PTT autonome, le Service des recherches et du contrôle techniques (SRCT), confiée à P. Marzin. De fait, comme en témoignent certains rapports d'activité, il semble y avoir une différence entre l'organigramme affiché par H. Jannès et la réalité : la DRCT n'a jamais vraiment été dissoute (voir tableau I) et P. Marzin continue de fait à jouer le rôle de directeur technique. La scission a donc probablement pour objectif de rendre public le désaccord et de donner les coudées franches à P. Marzin pour développer son propre centre. C'est le début d'une longue lutte d'influence pour le contrôle du CNET entre P. Marzin, d'une part, H. Jannès, puis, à partir de 1948, P. Tucoulat, soutenus voire aiguillonés par les ministères militaires, d'autre part. Mais, loin de se réduire à une simple bataille d'hommes, comme cela a été interprété à l'époque, cette séparation traduit des logiques et des intérêts divergents concernant les recherches à mener. Elles s'effectueront désormais dans un organisme bicéphale : le CNET dit Service général (CNET-SG) et le SRCT.

A partir de 1946, le SRCT est découpé en cinq départements techniques qui correspondent aux compartiments des services d'exploitation : aux quatre spécialités de la DRCT, transmission, commutation, lignes et télégraphie s'ajoute un nouveau département "Matériel Postal". Regroupant équipes de recherche et de contrôle, elles participent, dans un premier temps à la reconstruction du réseau français, bien mal en point à la Libération, puis développent des dispositifs et systèmes qui, dans la technologie électromécanique classique, améliorent notablement les réseaux (développement du réseau télex, de l'automatisation des lignes rurales, d'un nouveau système de commutation électromécanique...).

P. Marzin va constituer un vrai centre de recherche en jouant sur plusieurs fronts : tisser une coopération-concurrence avec les industriels, jouer de ses avantages institutionnels pour renforcer le SRCT et parier sur les techniques électroniques.

Dès 1947, P. Marzin et Ch. Lange, poursuivant le projet de bâtir une industrie nationale et un pôle de recherche interne compétent, prolongent l'accord passé en 1945 avec quatre industriels (CIT, SAT, SACM et LTT) et mettent sur pied, avec le Service des lignes sou terraines à grande distance (LSGD), une société réunissant PTT et industriels : SOTELEC. Voilà qui donne au SRCT un ancrage du côté des industriels. Il ne faut pas croire pour autant que les réticences des exploitants des PTT vis-à-vis de la recherche aient disparu comme le montre, en 1948, le débat houleux entre ingénieurs des LSGD et du SRCT quant au choix du type de technologie à utiliser pour la future artère Paris-Lyon : câble coaxial, considéré comme prometteur mais totalement nouveau et sur lequel les ingénieurs de l'exploitation n'ont aucune expérience face à la technique des paires symétriques, bien maîtrisée mais techniquement "dépassée" aux yeux des ingénieurs de recherche.

Le recrutement se faisant essentiellement par l'intermédiaire des PTT, P. Marzin et Ch. Lange vont s'en servir pour renforcer le SRCT alors même que le CNET-SG rencontre les plus grandes difficultés à recruter des contractuels. Globalement, le CNET-SG passe entre 1948 et 1953 de 295 à 420 personnes (soit une augmentation de 42 %) et le SRCT de 524 à 908 (soit + 73 %). De plus, le SRCT puise ses chercheurs et ingénieurs parmi les meilleurs éléments des ingénieurs du corps des télécommunications sortant de l'Ecole polytechnique et de l'ENST.

1952 – L’OTAN déploie plusieurs réseaux de télécommunications SHF en phonie, télégraphie et données dédiés aux commandements de ses forces en Europe. (le AIRCENT de 1952 à 1958, le LANDCENT de 1952 à 1962, l’AFCENT de 1962 à 1967). Parallèlement et à partir de 1961, le premier grand réseau de radiocommunications en fréquences UHF à diffusion troposphérique (800/900 MHz) entre en service. Nommé ACE-High-Network (pour Allied Command Europe Highband), il s’étendait du nord de la Norvège au sud de la Turquie sur un linéaire de 6800 Km ! Il existait près de 90 stations, dont des stations hertziennes en ligne de visée (LOS), situées dans 9 pays différents. (Dans les Ardennes 5 stations LOS : La Férée, Poix-Terron-la Bascule, Stonne, Marlemont, Vieux moulins d’Hargnies). A partir de la fin des années 1980, afin de libérer les fréquences pour des usages civils de téléphonie mobile et de télédiffusion, le réseau est démantelé progressivement, jusqu’à sa désactivation totale en 1996.

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Les téléphones de campagne de l'armée française

TM 09-15 TM 09 Le poste téléphonique modèle 1909 possède un boîtier en bois avec couvercle placé dans un étui en cuir avec courroie pour le transport. Le combiné non repliable se loge horizontalement. Le TM 1909 est fort rare dans l'armée française d'avant 1914 organisée pour la guerre de mouvement. Il est principalement destiné à être relié au réseau civil. Les militaires ne prennent réellement conscience de l'utilité du téléphone qu'au moment de la stabilisation du front en octobre 1914. Il faut alors réquisitionner en toute hâte des appareils civils ; le modèle le plus courant (et standardisé) est alors du type Marty 1910.

TM 09-15 Évolution du modèle 1909, le poste téléphonique modèle 1915 n'a pas de couvercle sur son boîtier en bois placé dans un étui en cuir avec couvercle et courroie pour le transport. Les piles du micro sont placées dans un étui fixé à l'extérieur droit de l'étui principal. L'appel se fait par magnéto à manivelle et bouton vibreur (noir). Le bouton blanc sert à vérifier que la ligne n'est pas coupée. Le combiné à pédale en métal peint en noir se replie pour le rangement avec l'écouteur (côté gauche derrière la sonnerie amovible). Il est fabriqué en quantité avant l'arrivée du modèle 1916.
Dimensions (mm) : 250x145x190 - Poids 7kg
TM16 TM 16

Plus compacte et plus léger que ses prédécesseurs, le poste téléphonique modèle 1916 possède un boîtier en bois avec couvercle placé dans un étui en cuir avec couvercle et courroie pour le transport. L'appel se fait par magnéto à manivelle et bouton vibreur. Le bouton blanc sert à vérifier que la ligne n'est pas coupée. Le combiné à pédale identique au modèle 15 se replie pour le rangement (à l'avant à gauche de la sonnerie amovible). Il est fabriqué en quantité jusqu'à la fin de la guerre.
Dimensions (mm) : 228x219x169

TM 27 Le poste téléphonique modèle 1927 possède encore un boîtier en bois et un étui en cuir avec couvercle et courroie pour le transport. Il se distingue du modèle 16 par sa manivelle de magnéto extérieure et son combiné à pédale du type 1910 non repliable qui se loge dans le couvercle. Les deux piles trouvent place à l'intérieur du boîtier. Il n'y a plus de bouton vibreur ni de bouton de contrôle de la ligne. Les quantités fabriquées sont sans doute faibles compte-tenu des stocks importants existant en 1918.
Dimensions (mm) : 214x202x184
TM-32 TM 32

Le poste téléphonique modèle 1932 possède un boîtier en métal peint en gris-bleu muni d'une courroie en cuir pour le transport. Une plaque fixée sur le dessus indique le modèle et le numéro de série. Il y a trois autres plaques sous le couvercle dont un tableau des analogies et un schéma électrique. Le combiné articulé en métal léger également peint en gris-bleu se range dans la partie gauche du boîtier avec l'écouteur. Les quantités fabriquées seront importantes en 39-40.
Dimensions (mm) : 218x122x196

TM-36 TM 36

Le poste téléphonique modèle 1936 est modèle 1932 "de table" pouvant se connecter sur le réseau civil des PTT grâce à son cadran rétractable sur la face avant. Son boîtier est en métal gris-bleu muni d'une poignée en cuir pour le transport. Une plaque fixée sur le dessus indique le modèle et le numéro de série. Il y a trois autres plaques sous le couvercle dont un tableau des analogies et un schéma électrique. Le combiné articulé en métal léger peint en gris-bleu peut être suspendu à l'extérieur du boîtier grâce à deux crochets rétractables.

TM-39 TM 39

Le poste téléphonique modèle 1939 est une ultime version du TM 32 dont le boîtier est en bakélite marron-bordeaux muni d'une courroie en cuir pour le transport. Le modèle est moulé sur le couvercle. Les numéro de série, marché, tableau des analogies et schéma électrique figurent sur une plaque sous le couvercle. Le combiné articulé en métal léger peint en gris-bleu se range dans la partie gauche du boîtier avec l'écouteur.

AT1 AOIP 1945 AT2
AT75-A (TLEE89)

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Téléphones de campagne de l'armée allemande
FF 16 conçu en 1916 par la firme Siemens
FF 33 conçu en 1933
Feldfernsprecher 33

FF-OB/ZB conçu dans les années 1960 par la firme Standard Elektrik Lorenz (SEL)

Téléphones de campagne de l'armée américaine
model A field telephone ou EE-4
Soldier uses an EE-8 field telephone
TA-1PT field telephone
TA-312 field telephone
Modèle A ou EE-4
Modèle 1917
EE-5
Le téléphone de campagne EE-8 fut créé en 1932 et standardisé en 1937, fournissant alors un téléphone plus léger et plus fonctionnel juste à temps pour l'entrée en guerre des Etats-Unis en 1941. Entre autres améliorations, l'EE-8 a surtout augmenté la portée de transmission maximale de l'ancien modèle EE-5 de plus de six miles. .
EE8 EE8-B
Téléphone de campagne US Type EE-8-B, d'origine Deuxième Guerre, utilisable en batterie locale ou centrale. Il est composé d'un châssis en aluminium relié par un cordon souple à un combiné TS-9-F.

TA-1PT communication à 4km sans batterie pour l'anecdote ce type de téléphone a été utilisé pour les communications internes du vaisseau GALACTICA dans la nouvelle série de 1997.
TA-43
TA-3128
TA-8389, inclut un clavier

Téléphones de campagne de l'armée finlandaise
TA-57, fabriqué en URSS
P78, fabriqué en Suède
P90, fabriqué au Royaume-Uni
ET-10, fabriqué en France

Téléphones de campagne de l'armée norvégienne
TP-6N développé au début des années 1970 par l'armée norvégienne
TP-6NA variantes de TP-6N A à C
Téléphone de campagne suédois M37 utilisé par l'armée de réserve norvégienne. Ce téléphone est parfaitement compatible avec les séries EE-8, TA-1, TA-43 et TA-312 de téléphones américains.
EE-8 A dans le cadre du Plan Marshall.
FF33 Ce téléphone est très utilisé à partir du milieu des années 1950, jusqu'à être remplacé par le TP-6. Il s'agit d'un modèle allemand, que les Norvégiens avaient dès le début de la fin de la seconde guerre mondiale mais qui n'a pas été utilisé immédiatement, pour des raisons politiques.
Mod 1932 développé par Elektrisk Bureau pour les forces armées norvégiennes, approuvé en 1932, mais jamais fabriqué en masse à cause d'une bureaucratie lourde et du début de la seconde guerre mondiale.

Téléphones de campagne de l'armée soviétique
Russian ???-43 field telephone
téléphone de campagne type IAA-44
Russian TA-57 field telephone

???-44 téléphone fabriqué par les Américains pour les soviétiques durant la seconde guerre mondiale. Il reprend de nombreux éléments de l'EE-810
EE-10811 téléphone auto-générateur fabriqué par les Américains. Il est très proche de l'EE-8 mais son combiné reprend le micro et l'écouteur du combiné auto-générateur TS-10. Plus de 90% de la production américaine est partie en URSS.

Consultez ce site ou l'on trouve plus de détails des téléphones militaires dans le monde :
Army Field Telephones: Austrian | British | French | German | Swiss | US | Other
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Cartes postales militaires anciennes

   



           


           

     
     
         

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À partir de 1956, le réseau des câbles sous-marins téléphoniques se développe parallèlement à celui des satellites géostationnaires de télécommunications. Les règles de la concurrence sont fixées par la FCC (Federal Communication Commission) des Etats-Unis.

Le satellite militaire.

C'est un satellite artificiel utilisé dans un objectif militaire. Il existe plusieurs catégories de satellites militaires.
Les satellites de reconnaissance (ou satellite espion) optiques sont la catégorie la plus fournie : ils permettent de cartographier un territoire et surtout d'identifier les installations fixes, les armes et les troupes.
Les satellites d'alerte précoce permettent de détecter le lancement de missiles balistiques. Deux catégories sont souvent d'usage mixte civil ou militaire : les satellites de télécommunications militaires fournissent des liaisons sécurisées aux troupes au sol tandis que les satellites de navigation permettent aux individus mais également aux armes (missiles, obus) de déterminer leur position et par conséquent celle de leur cible.
Enfin le satellite peut constituer une arme : satellites anti-satellite et bombe orbitale.

Les premiers satellites militaires sont développés dès le début de l'ère spatiale (1957) par les deux superpuissances militaires de l'époque : L'Union Soviétique et les États-Unis. Un satellite contrairement à un avion peut survoler un pays sans courir le risque d'être intercepté par un missile : aussi les satellites de reconnaissance constituent la première catégorie de satellite militaire à apparaitre (satellites américains Corona 1959).
Le développement de lanceur plus puissants permettant d'emporter des charges utiles lourdes et les développements techniques stimulés par l'accès à l'espace entrainent l'apparition de nouvelles catégories de satellites militaires circulant sur des orbites adaptées à leur objectif (orbite basse, moyenne, polaire, héliosynchrone, géostationnaire) et caractérisés par des charges utiles spécialisées : système de positionnement, télécommunications, détection de lancement de missiles balistiques, détection des radars, interception du trafic radio, localisation des navires de guerre...
Certaines des techniques mises en œuvre peuvent avoir des applications civiles. On voit apparaitre des satellites à usage dual civil/militaire comme les satellites de navigation américains GPS, les satellites de reconnaissance français Pléiades ou certains satellites de télécommunications soviétiques dont l'utilisation militaire est tenue secrète.
Au début de l'ère spatiale des satellites porteurs d'armes de destruction (satellite anti-satellite, bombe orbitale) sont développés. Le Traité de l'espace ratifié en 1967 par les principes nations spatiales interdit la mise en orbite de ce type d'engin spatial.

Les satellites de reconnaissance (ou satellite espion) permettent de cartographier un territoire et surtout d'identifier les installations fixes, les armes et les troupes. Ces satellites circulent généralement sur une orbite basse pour obtenir la meilleure résolution. L'orbite est souvent polaire pour balayer toutes les latitudes. Pour accroitre encore la résolution certains d'entre eux peuvent abaisser fortement leur orbite au-dessus de zones présentant un intérêt militaire particulier. La consommation d'ergols qu'entraine de telles manœuvres et la nécessité de compenser la trainée subie dans une atmosphère plus dense entraine une durée de vie parfois très brève de quelques jours pour certains modèles qui impose des renouvellements constants. Ceci explique en grande partie le nombre très élevé de satellites lancés par l'Union soviétique.
Au début de l'ère spatiale les images sont enregistrées sur des films argentiques qui sont récupérées lorsqu'une capsule détachable ou le satellite revient au sol. Cette technique est rapidement abandonnée par les États-Unis pour la transmission des données par voie hertzienne des données après numérisation des films avant le passage à la prise d'image numérique. La Russie utilise encore partiellement la technique des films. La résolution qui était d'une dizaine de mètres pour les premiers satellites descend à quelques centimètres pour les satellites les plus performants. Pour pouvoir percer la couverture nuageuse ou pouvoir prendre des images de nuit certains satellites de reconnaissance emportent non pas une caméra mais un radar. Une consommation importante d'énergie et une résolution faible ont longtemps freiné le déploiement de ce type de satellite.

Les satellites d'écoute électronique ont pour objectif de capter les signaux radio afin d'obtenir des renseignements sur les forces adverses. Certains de ces satellites sont spécialisés dans l'identification et la localisation des radars utilisés par les systèmes anti-aériens et anti-missiles. D'autres recueillent le trafic radio audio des unités militaires au sol qui permet après décryptage d'évaluer les intentions de l'adversaire.

Les satellites de surveillance océanique ont été déployés initialement par l'Union soviétique pour localiser les navires des États-Unis et de l'OTAN et fournir des objectifs aux missiles transhorizons. Ils comportent des satellites actifs utilisant des radars pour repérer les navires à la surface (satellite RORSAT) et des satellites d'écoute électronique à l'affut des émissions des radars embarqués sur ces mêmes navires.

Un satellite d'alerte précoce est un satellite artificiel conçu pour détecter le lancement d'un missile balistique. Il utilise à cet effet des détecteurs infrarouges qui identifient le missile grâce à la chaleur dégagée par ses moteurs durant la phase propulsée. Ce type de satellite a été développé dans les années 1960 dans le contexte de la Guerre froide pour déclencher suffisamment tôt des alertes dans les territoires visés par une attaque de missiles. Il est par la suite devenu un des composants des systèmes de missiles antibalistiques ainsi que des systèmes de contrôle de la réglementation sur les essais nucléaires. Seules les deux principales puissances nucléaires, la Russie et les États-Unis, disposent d'une flotte de satellites d'alerte précoce.

Les satellites de navigation sont utilisés par un système de positionnement par satellites pour fournir à des récepteurs portables leur position sur la terre en longitude latitude et altitude, avec une précision variant de quelques dizaines de mètres à quelques dizaines de centimètres selon les systèmes. Un système de positionnement par satellites pour fonctionner doit disposer de plusieurs satellites opérationnels. La couverture peut être globale - GPS américain, GLONASS russe et Galileo européen - ou régionale Beidou, IRNSS indien et QZSS japonais.

Les systèmes de positionnement par satellites ont été développés originellement pour répondre à des besoins militaires. L'usage civil s'est développé dans un deuxième temps. Le signal fourni est moins précis pour les usages civils ou peut être dégradé pour cet usage en cas de conflit. Les systèmes de positionnement par satellite jouent un rôle fondamental dans les déplacements des unités militaires sur le terrain et dans le guidage des armes (missiles, obus).

Les satellites anti-satellites ont pour objectif de détruire des satellites des forces adverses positionnés en orbite basse. Les cibles prioritaires sont les satellites de reconnaissance. Seule l'Union soviétique a développé des satellites de ce type : les IS. Les traités internationaux signés par les principales puissances interdisent les armes offensives en orbite et ce type de satellite n'existe plus officiellement.

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Pendant la guerre russo-ukrainienne, la guerre électronique (GE) russe a excellé. Lors de l' annexion de la Crimée et de la guerre dans le Donbass, la Russie a utilisé « des systèmes de guerre électronique très performants pour brouiller et intercepter les signaux de communication, brouiller et usurper les récepteurs GPS, puiser dans les réseaux cellulaires et pirater les téléphones portables ». La guerre électronique russe était si efficace qu’elle bloquait les communications russes et devait être désactivée.

Au cours de la bataille de Bakhmut, les forces ukrainiennes ont largement utilisé les téléphones de campagne, car « les technologies russes ne sont pas capables de suivre ou de bloquer les téléphones de campagne ». Un commandant a déclaré à la BBC : « Cette technologie est très ancienne, mais elle fonctionne très bien. » et il est impossible d'écouter".

En Amérique, pendant la guerre civile dès 1861, le télégraphe a prouvé sa valeur en tant que moyen de communication tactique, opérationnel et stratégique et a contribué de manière importante à la victoire de l'Union. En revanche, la Confédération n'a pas réussi à utiliser efficacement le réseau télégraphique beaucoup plus petit du Sud pour plusieurs raisons. Le service télégraphique militaire des États-Unis (USMT) a traité quelque 6,5 millions de messages pendant la guerre et construit 15 000 milles de lignes. En revanche, le Sud n'utilisait le télégraphe que de manière très limitée. Ulysses S. Grant a écrit qu'il avait « eu de fréquentes conversations par voie électronique » sur la stratégie avec Stanton en 1863, certaines durant deux heures. William Tecumseh Sherman a également rappelé le « concert d'action parfait » entre ses forces en Géorgie et celles de Grant en Virginie en 1864. « Il ne s'est pratiquement pas passé un jour où le général Grant ne connaissait pas l'état exact des faits avec moi, à plus de quinze cents milles de là, pendant que les fils circulaient. McClellan a adroitement utilisé le télégraphe pour réapprovisionner ses troupes en balles et en obus au milieu de la bataille d'Antietam, dans le Maryland, en septembre 1862. Au cours de la bataille de Spotsylvania dans la campagne du désert de mai 1864, le major-général George Gordon Meade a utilisé le télégraphe pour renforcer le IIe Corps du major général Winfield Scott Hancock après qu'il ait subi une lourde contre-attaque confédérée. Stanton s'appuyait sur le télégraphe militaire pour surveiller les actions des généraux sur le terrain, et Lincoln passait d'innombrables heures dans le bureau télégraphique du ministère de la Guerre attenant au bureau de Stanton. Pour la première fois dans l’histoire de la guerre, le télégraphe a aidé les commandants sur le terrain à diriger les opérations sur le champ de bataille en temps réel et a permis aux hauts responsables militaires de coordonner leur stratégie sur de grandes distances. Ces capacités ont été des facteurs clés dans la victoire du Nord..

Le télégraphe était une partie importante de l’histoire militaire et politique de la guerre civile pour deux raisons principales.
De manière plus visible, le télégraphe a prouvé sa valeur en tant que moyen de communication tactique, opérationnel et stratégique.
Pour la première fois dans l’histoire de la guerre, le télégraphe a aidé les commandants sur le terrain à diriger les opérations sur le champ de bataille en temps réel et a permis aux hauts responsables militaires de coordonner leur stratégie sur de grandes distances. Ces capacités ont été des facteurs clés dans la victoire du Nord. Une autre fonction importante était de garantir le contrôle civil sur les opérations militaires. Le personnel du réseau télégraphique militaire relevait directement du secrétaire à la Guerre Edwin McMasters Stanton et du président Abraham Lincoln, plutôt que de la structure de commandement militaire. Stanton s'appuyait sur le télégraphe militaire pour surveiller les actions des généraux sur le terrain, et Lincoln passait d'innombrables heures dans le bureau télégraphique du ministère de la Guerre attenant au bureau de Stanton.

En revanche, la Confédération n'a pas réussi à utiliser efficacement le réseau télégraphique beaucoup plus petit du Sud pour plusieurs raisons.
Avant la guerre, de nombreux opérateurs travaillant sur les lignes du sud étaient des habitants du Nord.
Après la sécession, la plupart sont retournés dans leurs foyers du nord. Les responsables de la plus grande société de télégraphie de la Confédération, la Southern Telegraph Company, hésitaient à coopérer avec les responsables militaires et civils. À plusieurs reprises, les commandants militaires ont été contraints de placer des lignes télégraphiques sous la loi martiale pour assurer une communication efficace.
À mesure que la guerre progressait, les fournitures vitales comme les fils, les isolants et l’acide de batterie devenaient plus difficiles à obtenir. Finalement, à mesure que les armées fédérales avançaient vers le sud, la Confédération perdit le contrôle de lignes télégraphiques et ferroviaires vitales.
Bien que les autorités du Nord aient été initialement lentes à reconnaître la valeur du télégraphe, elles ont pris des mesures décisives en octobre 1861 pour créer un système télégraphique militaire complet. Le 1er novembre 1861, le président Lincoln confia au major-général George Brinton McClellan le commandement de toutes les armées de l'Union en tant que général en chef, en remplacement du vieux lieutenant-général Winfield Scott. L'un de ses premiers actes fut d'ordonner aux généraux en campagne de construire des lignes télégraphiques reliant leur quartier général au sien. En janvier 1862, les sociétés de télégraphie commerciale avaient installé leurs lignes jusqu'au siège social de McClellan à Washington, DC. Quelques semaines plus tard, cependant, Stanton ordonna que les lignes soient déplacées du quartier général de McClellan vers ses bureaux du ministère de la Guerre. Pendant le reste de la guerre, Stanton contrôla les communications de l'armée et supervisa la censure des dépêches télégraphiques.

Le réseau télégraphique militaire a prouvé sa valeur dans la coordination d’une vaste stratégie au cours de la première année de la guerre. Le 16 février 1862, quelques heures seulement après la chute de Fort Donelson, McClellan s'engagea dans une conversation à trois en temps réel avec les généraux Henry Wager Halleck et Don Carlos Buell pour discuter des plans d'avancée vers Nashville. De même, Ulysses S. Grant a rappelé plus tard qu'il avait « eu de fréquentes conversations par fil » sur la stratégie avec Stanton au cours de 1863, certaines durant deux heures. William Tecumseh Sherman a également rappelé le « concert d'action parfait » entre ses forces en Géorgie et celles de Grant en Virginie en 1864. « Il ne s'est pratiquement pas passé un jour où le général Grant ne connaissait pas l'état exact des faits avec moi, à plus de quinze cents milles de là, pendant que les fils circulaient.

Le télégraphe militaire s'est également révélé utile à plusieurs reprises comme outil opérationnel et tactique sur le champ de bataille, permettant aux commandants de rester en contact permanent avec leurs subordonnés et de réagir rapidement aux conditions changeantes. McClellan a adroitement utilisé le télégraphe pour réapprovisionner ses troupes en balles et en obus au milieu de la bataille d'Antietam, dans le Maryland, en septembre 1862. Le secrétaire adjoint à la Guerre, Charles Anderson, a ensuite loué l'utilité du télégraphe lorsqu'il a vu les forces de l'Union en action pendant la bataille de Chickamauga dans le nord de la Géorgie le 19 septembre 1863, notant que « c'était l'un des accessoires les plus utiles de notre armée », donnant au général Rosecrans « des informations constantes sur la manière dont se déroulait la bataille ». En outre, Dana a également pu envoyer onze télégrammes à Washington, informant Stanton de la progression de la bataille presque toutes les heures.

Au cours de la bataille de Spotsylvania lors de la campagne du désert de mai 1864, le major-général George Gordon Meade utilisa le télégraphe pour renforcer le IIe corps du major-général Winfield Scott Hancock après qu'il eut subi une lourde contre-attaque confédérée. Luther Rose, un télégraphiste attaché au quartier général de Hancock, installa sa clé et sa sondeur à 3 h 30 du matin, une heure avant l'avancée de Hancock sur les lignes confédérées, permettant au chef d'état-major de Hancock de coordonner l'attaque avec d'autres commandants de corps. Favorisée par un épais brouillard matinal, l'avancée de Hancock fut un succès. Cependant, plus tard dans la journée, les Confédérés contre-attaquent. Hancock télégraphia à Meade qu'il était incapable de conserver ses gains à moins que le VI Corps à sa droite ne vienne à son soutien. Dix minutes plus tard, comme Rose l'a noté dans son journal, « le 6e Corps s'éloignait et Hancock tenait bon…. Ici, le télégraphe est entré en jeu avec force, montrant à quel point il pouvait être utilisé. Rose utilisait un télégraphe de campagne qui pouvait être déployé en quelques minutes à partir du dos des mules et pouvait être accroché presque n'importe où. Une telle flexibilité signifiait que Rose accompagnait Hancock de près, démontant et réinitialisant ses instruments si Hancock déplaçait son quartier général de plus d'un demi-mile. Rose et un opérateur compagnon étaient si proches du front à Spotsylvania que de violents bombardements brisaient fréquemment leurs barbelés. Les deux hommes se sont relayés pour joindre les freins, remarquant avant de partir : « Si j’arrête un obus, renvoyez mes affaires à la maison. »

Rose décrivit plus tard son instrument télégraphique comme « le principal canal » par lequel passaient les ordres déterminant les mouvements du corps de Hancock pendant la campagne du Wilderness. De même, lors de la malheureuse bataille du cratère à Pétersbourg le 30 juillet 1864. Meade se souvint plus tard qu'il avait envoyé ou reçu plus de 100 télégrammes au cours de la bataille de cinq heures, soit un toutes les trois minutes. Rose lui-même opérait à partir d'une batterie d'artillerie au cours de cet engagement, démontrant l'utilité du télégraphe pour une utilisation en temps réel sur le champ de bataille.

Malgré l’utilité du télégraphe comme moyen de communication stratégique et tactique, le télégraphe militaire des États-Unis (USMT) présentait une limite importante : il restait une organisation civile. Le résultat fut un hybride peu pratique, un système télégraphique qui servait l’armée mais n’en faisait pas partie. Tandis que l’USMT construisait ses propres lignes sur des milliers de kilomètres pour relier les commandants militaires entre eux et avec le ministère de la Guerre, elle s’appuyait fortement sur le réseau télégraphique commercial existant. Les sociétés télégraphiques donnèrent la priorité aux messages militaires et gouvernementaux, tout en continuant à gérer le trafic commercial et à réaliser d'énormes profits en temps de guerre. La douzaine de hauts fonctionnaires de l'USMT étaient tous des officiers du Quartermaster Corps, mais ils conservèrent néanmoins leurs postes civils de gestionnaires des lignes commerciales. Bon nombre des quelque 1 200 opérateurs et monteurs de lignes de l’USMT ont également continué à travailler pour des sociétés de télégraphie commerciale et n’ont reçu qu’une partie de leurs salaires du ministère de la Guerre.

L’USMT est restée une organisation civile parce que des membres clés de l’administration Lincoln, en particulier Stanton, le souhaitaient. Stanton considérait sa supervision des télégraphes comme essentielle au maintien du contrôle sur les opérations militaires et le flux de l'information.

Le contrôle civil de l'USMT a créé un conflit dans deux domaines. Ce qui préoccupait directement les commandants sur le terrain, peu de membres du personnel de l'USMT étaient soumis à l'autorité militaire. Alors que les opérateurs de l’USMT accomplissaient généralement leurs tâches avec empressement, ils refusaient souvent de se conformer aux normes militaires de discipline.

Les télégraphistes de l’USMT se livraient souvent à un comportement qu’aucun officier militaire n’aurait toléré de la part de leurs subordonnés. De nombreux opérateurs buvaient pendant leur service, ne répondaient pas aux appels du matin et acceptaient des pots-de-vin pour transmettre des messages civils avant le trafic militaire. À au moins deux reprises, les télégraphistes de l'USMT ont menacé de faire grève si leurs revendications pour de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail n'étaient pas satisfaites.

De leur côté, les agents s'attendaient souvent à ce que l'USMT fournisse des communications instantanées, même lorsque les opérateurs n'étaient pas en mesure de le faire. En février 1862, le général Halleck tenta de faire licencier un surintendant adjoint pour avoir retardé le trafic militaire à Chicago tout en autorisant la libre circulation des messages commerciaux. Bien que la raison du retard soit la rupture d'un câble traversant la rivière Ohio à Paducah, Kentucky, Halleck a répondu brusquement : « Remédiez au défaut…. Il faut mettre fin à cette inefficacité et à ces retards. En 1864, Theodore Holt, un opérateur affecté au brigadier général Eugene Asa Carr à Little Rock, Arkansas, ne pouvait pas ouvrir un bureau à proximité, alors Carr força Holt à opérer sous garde armée. À une autre occasion, un général de division a menacé de tirer sur un surintendant adjoint s'il n'envoyait pas un certain message à un bureau éloigné dans l'heure. Les opérateurs de l'USMT se plaignaient fréquemment dans leurs journaux et lettres d'un tel traitement, exprimant comme Holt le sentiment que « Carr ne possède pas le Telegraph Corps ». [5]

Tout aussi grave, l'USMT n'a pas coordonné ses opérations avec le Corps des transmissions de l'armée. L’armée américaine n’a que récemment reconnu l’importance de la signalisation militaire en général. Le colonel Albert James Myer (lui-même ancien télégraphiste) n'avait été nommé premier officier en chef des transmissions de l'armée qu'en juin 1860. Myer n'avait aucun télégraphiste qualifié dans le Corps des transmissions lorsque la guerre éclata, mais il insista continuellement pour prendre le contrôle de le système télégraphique militaire. Sa persévérance conduisit à son renvoi de son poste de chef des transmissions à la fin de 1863. Il fut réintégré en 1867 et resta chef des transmissions jusqu'à sa mort en 1880. Il construisit un corps des transmissions capable de fournir toutes les formes de communication militaire dans une guerre future. . Cependant, la mission principale du Signal Corps de 1870 à 1890 était la prévision météorologique. La réalisation la plus remarquable de Myer après-guerre fut la création d'un système national d'information météorologique composé d'observateurs bénévoles et de personnel du Signal Corps. Le système d'information météorologique de Myer, repris par le ministère de l'Agriculture en 1891, a permis des progrès fondamentaux dans la nouvelle science de la météorologie, a évité de nombreux naufrages sur les Grands Lacs et s'est avéré une aubaine pour les agriculteurs qui ont protégé leurs cultures des intempéries. Par la suite, le Signal Corps s'est concentré sur la signalisation purement militaire.
Le Signal Corps a fait ses preuves lors de la guerre de 1898 contre l'Espagne et à nouveau lors des guerres mondiales du 20 e siècle.

La guerre civile a été le premier conflit au cours duquel le télégraphe a été utilisé à des fins militaires. Ce fut une clé importante de la victoire du Nord. L'importance du télégraphe pour la victoire du Nord est mieux illustrée par un compte rendu de son utilisation. Du 1er mai 1861 au 30 juin 1865, l'USMT a traité quelque 6,5 millions de messages pour un coût total (pour la construction, la réparation et l'exploitation du réseau) de 2 655 000 $, soit environ quarante et un cents par message. Pendant la guerre, l'USMT a construit 15 000 milles de lignes, souvent dans des conditions défavorables et parfois sous le feu de l'ennemi. À son apogée en 1865, le réseau USMT comprenait plus de 8 000 milles de lignes télégraphiques militaires et 5 000 milles supplémentaires de lignes commerciales exploitées par des télégraphes militaires. Sur les 1 200 opérateurs et monteurs de lignes qui ont servi dans l'USMT, 175 ont été blessés ou capturés et 25 sont morts en service, dont 8 par l'action directe de l'ennemi

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