Les Télécommunications
militaires
Jusqu'à 1890. - Cette période comprend
toute la série des tentatives et la transformation incessante
des méthodes techniques par lesquelles dès la première
connaissance des phénomènes électriques il a été
possible de fixer les grandes lignes de ce qui deviendra plus tard la
l'industrie électrique moderne.
Les premières réalisations . - Alors qu'avant Alessandro
Volta les expériences électriques formaient un objet de
pure curiosité, après la découverte des piles et
du courant électrique les physiciens virent la possibilité
de s'en servir pour des résultats d'intérêt pratique
et travaillèrent à fond sur cet objet.
- Sir Humphry Davy a réussi en 1807 avec le courant électrique
à obtenir du potassium et du sodium libres à partir d'alcalis
et à effectuer un grand nombre de décompositions qui ont
ouvert la voie à l'électrochimie.
- JFD Arago en 1820 et dans les années suivantes montra que le
fer pouvait être magnétisé par le courant électrique,
il fit des expériences d'électromagnétisme et construisit
des appareils qui constituèrent le germe d'applications importantes.
- L. Nobili en 1825 a inventé le galvanomètre astatique,
qui a été le premier appareil de mesure adapté
à la technique et à l'origine de l'industrie de la mesure
électrique ; plus tard, il a construit le premier modèle
de moteur électrique, qui est resté oublié et dont
l'original est conservé au Musée Scientifique de Florence.
- Le premier des générateurs aptes aux applications fut
la cellule à deux liquides, avec dépolarisation au sulfate
de cuivre, inventée par JF Daniell en 1836.
- Après la télégraphie optique du français
Chappe, exclusivement utilisée par les militaires et le
télégraphe aérien essentiellement un moyen de communication
convenant aux pouvoirs publics centralisé comme celui qu'a connu
la France sous la Révolution et lEmpire, arrive le télégraphe
éléctrique par Samuel Morse, en 1837.
sommaire
- Linstallalion dun télégraphe
électrique implique la pose dun fil continu.
De là résultent : un accroissement considérable
du matériel à transporter ; lobligation de construire
des lignes, ce qui peut être, en certains cas, très difficile
; en dautres cas, tout à fait impossible ; des chances
de dérangement, davaries, ou môme de destruction
des lignes établies.
Le système offre en revanche de précieux avantages.
Ce télégraphe fonctionne indépendamment de létat
de latmosphère et également bien la nuit et le jour.
Son action nest momentanément entravée que pendant
les orages violents; il ny a pas à se préoccuper
de l'orientation des appareils ; le choix des stations est relativement
facile ; il suffit de trouver à proximité des points choisis
soit leau, soit un terrain humide afin de pouvoir bien relier
à la terre les extrémités du fil conducteur ; à
la rigueur meme, on peut se dispenser de satisfaire à celte condition
; et ce, moyennant la pose dun fil de retour; enfin, il reste
une trace écrite des dépêches.
Le télégraphe électrique a aussi son histoire
militaire.
Ce sont les Américains en 1861-65 pendant la guerre civile, et
les Anglais en Inde qui, les premiers, en ont fait usage en campagne.
Pour les Anglais, lorsque, eu 1867, les troupes indigènes de
lInde se soulevèrent contre leur domination, il leur fallut
combattre la rébellion à la fois sur plusieurs points
et la suivre jusquau cur du pays. De nombreuses colonnes
furent lancées dans des directions divergentes. Or, il était
de la plus haute importance, pour le gouverneur général,
dêtre tenu sans cesse au courant de leur situation pour
leur expédier des renforts, des approvisionnements ou pour combiner
et coordonner leurs mouvements. On dut alors improviser la télégraphie
militaire. Grâce à la nature dune terre bridée
par le soleil, on put souvent se contenter de dérouler les fils
sur le sol, sans la moindre précaution. Le succès fut
complet.
Au cours de la guerre de la Sécession des États dAmérique
(1862-1864) les belligérants firent grand usage du télégraphe
pour se relier aux positions en arrière ; pour donner à
lennemi de fausses indications, etc. Un millier de cavaliers hardis
commandés par le général Morgan purent, à
la faveur de faux télégrammes, parcourir 1 000 kilomètres
en vingt-quatre jours, pénétrerai le milieu de l'armée
fédérale de Géorgie, prendre plusieurs villes,
faire quantité de prisonniers. Celte troupe de partisans ne dut
souvent son salut quau zèle intelligent dun télégraphiste.
Pendant toute la campagne de 1866, les trois grandes armées prussiennes
furent sans cesse reliées entre elles et à Berlin.
Enfin, durant la guerre de 1870-71, lorganisation de nos adversaires
se perfectionna singulièrement et prit grande extension. Au lieu
de quatre sections de télégraphie de campagne et trois
sections détapes, ils mobilisèrent sept sections
de campagne et cinq détapes, lesquelles sections construisirent
ou réparèrent 6 000 kilomètres de lignes et 135
stations. Les Allemands déclarent que cest uniquement à
la faveur de leurs nombreuses communications télégraphiques
quils purent effectuer leur si rapide concentration à lentour
de la position de Sedan.
Du côté des Français, il n'existait, avant 1870,
quun service télégraphique extrêmement imparfait.
Pendant la guerre de 1877-78, les Russes ont construit dans la Péninsule
des Balkans 14oo kilomètres de lignes, comprenant 2 700 kilomètres
de fil ; et, en Asie, 1 100 kilomètres de ligues avec des fils
mesurant ensemble plus de 1700 kilomètres. La station dOrchanie,
par exemple, na pas expédié en cent trente jours
moins de 2 053 télégrammes.
Organisation du service de guerre.
En deçà, de la zone dopérations rétablissement
dun réseau de communications, télégraphiques
à lusage des années nimplique aucune espèce
de dispositions spéciales ; rien nempèche de se
conformer, dans ces régions relativement calmés, aux règles
ordinaires du temps de paix. Mais, pour ce qui est des travaux à
exécuter en première ligne, il a fallu créer un
matériel ad hoc, facilement transportable, peu encombrant et
pouvant se plier à toutes les exigences du service.
Ce matériel sarrime sur des voitures de deux sortes. Les
unes, dites voitures-poste, renferment, tout montés, les appareils
dun ou deux postesavec quelques kilomètres de câble
à dérouler au fur et à mesure de la marche. Les
autres, chariots télégraphiques et chariots de travail,
transportent en plus grandes quantités les conducteurs nus (ou
le câble) et les accessoires voulus que nécessitent la
pose ou les réparations.
La « voiture-poste » contient les appareils et la pile.
On emploie le câble isolé pour les lignes terrestres ou
pour les lignes aériennes quon na pas le temps de
disposer sur isolateurs : le fil nu en fer galvanisé pour les
lignes ordinaires, fie câble est enroulé à lentour
de bobines métalliques montées à larrière
des voitures; chaque bobine en porte 1 kilomètre. Les isolateurs
sont en ébonite; ils se fixent parfois à des bouts de
longues perches quil suffit de piquer en terre alors que les supports
de rencontre viennent à faire défaut. Le travail courant
implique, dailleurs, un emploi régulier de perches à
crochet, déchelles et autres engins que transportent les
chariots télégraphiques.
Pose d'une ligne militaire. En avant, marche un
chef d'atelier qui indique successivement les points par lesquels doit
passer la ligne. Il est suivi dun marqueur qui trace sur les arbres,
les maisons, etc., des signes conventionnels destinés à
faire connaître les indications du chef datelier aux employés
qui marchent derrière lui. Vient ensuite le chariot portant le
conducteur. Un distributeur aposté sur cette voiture donne aux
aides marchant à sa hauteur les crochets, échelles, etc.,
que demande la pose des supports. Un dérouleur qui suit le chariot
assure le dévidement du câble ; il est secondé dun
aide qui, au fur et à mesure, dispose le conducteur sur lun
des cotés de la route suivie par le chariot. Viennent enfin les
monteurs qui fixent le câble aux supports établis.
Quand une bobine est épuisée, le sous-chef datelier
sassure à laide dun parleur, du bon état
de la ligne posée. Un atelier, organisé comme il vient
dètre dit, met environ .5 minutes à la pose dun
kilomètre de ligne.
Pour le service davant-postes on a essayé lemploi
dune bobine portée à dos de mulet et aussi un sac
porle-câble fixé aux épaules dun homme. Ce
sac est aujourdhui réglementaire dans larmée
allemande.
Cas des opérations dattaque et de défense des places.
Ua télégraphie électrique rend, en particulier,
déminents services au cas des opérations dattaque
et de défense des places. Il est permis de penser que sans elle,
il serait impossible de procéder au blocus des grands camps retranchés
actuels, à moins dy consacrer des elïeetifs tellement
considérables quil faudrait renoncer à lidée
de tenir la campagne en dautres points et dempêcher
lennemi dorganiser en arriére de nouveaux moyens
de défense.
Au cas dun siège, les postes principaux : grand quartier
général, quartiers généraux des commandants
de secteurs, des commandants de lartillerie et du génie,
parcs, groupes de batteries, postes dobservation du tir indirect,
dépôts de tranchée, parallèles, etc., etc.,
seront reliés par des lignes souterraines, construites en câble
enfoui dans une tranchée assez profonde pour ne pas être
atteint par les projectiles de la place et protégé par
des augets en bois. Les postes télégraphiques seront établis
sous des abris blindés à lépreuve des projectiles.
Un réseau électrique reliera les différents corps
dinvestissement entre eux et avec Je grand quartier général
; il pourra sétendre aux principaux cantonnements, postes
avancés, batteries, etc., de telle sorte que la nouvelle attaque
de la garnison sur un point quelconque de la ligne dinvestissement
soit transmise instantanément sur toute létendue
de cette ligne, et que les renforts puissent arriver, en temps utile,
sur les points particulièrement menacés. Les quartiers
généraux seront, en outre, mis en relation avec les différents
corps dobservation répandus sur le territoire ennemi, avec
la base dopérations et le siège du gouvernement,
par lintermédiaire des lignes existant le long des grandes
voies.
Au cas dune défense de place, les communications électriques
auront dû être créées à lavance,
de manière à relier les divers éléments
du camp retranché entre eux et avec le noyau central ; elles
seront organisées souterrainement et passeront à im,5o
de profondeur dans les parties les plus exposées aux feux de
lattaque. En vue dassurer lunité daction
de la défense lefficacité et la concentration de
ses feux, les états-majors du gouverneur, des commandants de
secteurs, des commandants de lartillerie et du génie ;
les batteries, postes dobservation, etc., seront reliés
par un réseau établi partie à lavance, partie
au moment du besoin. Les postes télégraphiques seront
installés sous des abris à lépreuve.
SYSTÈMES MIXTES
Emploi combiné de diverses méthodes télégraphiques.
Les divers-moyens de correspondance ci-dessus énumérés
peuvent, en certains cas, se combiner de la façon la plus heureuse.
Télégraphe à eau. Il a été
dit que, pour composer un alphabet de nature à leur permettre
de correspondre, les agents du service des signaux avaient recours,
chez les Grecs, à lemploi dune méthode basée
sur le principe des reprises dallumage. Mais, ne comportant quun
nombre limité dinformations, le procédé était
absolument insuffisant. On eut alors lidée den combiner
lusage avec le jeu de certain appareil construit daprès
la loi de lécoulement des liquides. De là le télégraphe
à eau, inventé parÆnéas, lingénieur
de Philippe de Macédoine, et dont Polybe nous a laissé
la description suivante : « Ceux, dit-il, qui veulent mutuellement
sinformer par des fanaux de ce qui se passe nont quà
prendre des vases de terre également larges et profonds et munis
dun orifice. II suffit que ces vases aient trois coudées
de hauteur et une coudée (0m,5o) de largeur. Que les opérateurs
prennent ensuite des morceaux de liège un peu plus petits que
la section intérieure des vases et quils fichent au milieu
de ce liège une tige sur laquelle de trois doigts (0m,o6) en
trois doigts (0m,o6) ils fixeront une enveloppe bien apparente. Quils
écrivent sur chacune de ces enveloppes les choses qui arrivent
le plus ordinairement au cours de la guerre. Sur lune, par exemple
: il est arrivé de la cavalerie ; sur lautre : il est arrivé
des hoplites (infanterie de ligne); sur une troisième : despsiles
(infanterie légère) ; sur la suivante : de l'infanterie
et de la cavalerie sur une autre encore : des vaisseaux; ensuite: des
vivres. Et de même sur toutes les autres enveloppes tous autres
événements quon pourra prévoir, eu égard
au caractère de la guerre engagée.
« Que de part et dautre, on adapte à ces vases des
tuyaux exactement pareils, en sorte quil ne puisse sécouler
ni plus ni moins deau par les uns que par les autres. Quon
emplisse les vases deau ; quon pose à la surface
de cette eau les morceaux de liège munis de leurs liges et qu'ensuite
on ouvre les tuyaux « Il est clair que, les vases étant
pareils, le liège descendra.et les tiges senfonceront également
dans les vases à mesure que ceux-ci se videront.
«Quand, de concert, on aura vérifié ce fait, on
portera les vases aux endroits où lon doit donner et observer
les signaux, et les flotteurs de liège seront mis en place.
« Quand il adviendra quelquune des choses inscrites sur
les tiges, on lèvera un fanal et on le tiendra levé jusquà
ce que, de lautre côté, on en ait levé un
autre.
« On abaissera alors le fanal et lon ouvrira le tuyau. Quand
lenveloppe sur laquelle est écrite la chose que lon
veut faire connaître sera descendue au niveau des bords du vase,
on lèvera le fanal.
« l)e lautre côté, sur le champ, on fermera
le tuyau et lon regardera ce qui est écrit sur la lige
quon trouve à hauteur des bords du vase.
« Alors, si tout a été exécuté de
part et dautre avec la même promptitude, de part et dautre
on lira la même chose ».
Philon de Byzance a résumé comme il suit la description
de Polybc : «On doit avoir des vases à oriticcs, soit en
airain, soit en terre cuite, de la contenance dau moins quatre
rnétrètes (15o litres). On inscrira sur ces vases et en
certains points : froment nouveau, bois, armes, soldats,
enfin tout ce dont on peut avoir besoin, soit quon ait négligé
de le préparer avant le siège, soit quon en est
déjà plus. Ces choses étant écrites on emplira
le vase deau ; puis, la nuit venue, on fera, à laide
de torches, les signaux convenables à larmée, à
la ville ou au poste avec lequel on veut communiquer.
« Il faut, dailleurs, que, dans tous les lieux susdits,
il y ait des vases égaux à ceux dont vous vous servez,
avec des orifices égaux et portant mêmes inscriptions dans
les mêmes parties, afin quon puisse, grâce aux signes
dont on est convenu, reconnaître ce dont les assiégés
ont besoin».
Il sagit, en somme, de deux vases pareils à pareils orifices
découlement et pareillement gradués. Chacun deux
est muni dun flotteur dont la descente est réglée,
commencée ou arrêtée, par des feux de signaux. A
chaque graduation correspond une indication dont un dictionnaire peut
donner le détail.
Systerne Télégraphe-ballons-pigeons-photo-microscopie.
Qui ne se rappelle le fait du soulagement moral apporté
aux Parisiens assiégés de par lemploi du système
mixte Télégraphe-hallom-pigeons-pho to microscopie ?
Ce système consistait à centraliser à Tours tous
les télégrammes expédiés de la province
; à les condenser une première fois en les tvpographiant,
de manière à en composer comme les colonnes dun
journal ; à photographier ce journal en en réduisant les
dimensions au huil-centième, réduction qui correspondait
à peu près à létendue dune feuille
de papier à cigarettes et à tirer cette épreuve
sur un collodion fort mince, du poids de quelques centigrammes. Un pigeon
emporté de Paris par ballon y rapportait cette légère
pellicule. A larrivée, la dépêche était
placée sur le porte-objet dun microscope photo-électrique
de grande puissance. Limage obtenue se projetait sur un écran
avec une amplification telle quon pouvait déchiffrer à
lil nu tous les mots du télégramme.
Chaque pigeon se chargeait dune vingtaine de pellicules dont le
poids total ne sélevait pas à 1 gramme ! Lensemble
des dépêches ainsi transportées par loiseau
comprenait environ trois cent mille lettres ou chiffres et représentait
à peu près la valeur dun volume in-12 .
Cent mille télégrammes ont été ainsi expédiés
à Paris pendant le siège.
Imprimées eu caractères ordinaires, ces dépêches
réunies formeraient une bibliothèque de plus de cinq cents
volumes.
Tout cela venu à tire-daile doiseau
sommaire
SYSTÈMES DE M. TROUVÉ.
En 1872, Gustave Trouvé français, développe
un télégraphe électrique militaire portatif dont
la ligne auto-déroulante permet une communication rapide jusqu'à
une distance d'un kilomètre, pour la transmission instantanée
dans les deux sens des ordres et des rapports.
Article vu dans La nature 1876
Le système de télégraphie militaire
inventé par M. Trouvé mérite dattirer lattention
pour deux raisons : dùne part il réalise un ensemble
complet se suffisant à lui-même, et suffisant dans un trèsgrand
nombre de cas, et dautre part il a déjà été
adopté par plus dune armée européenne, cest-à-dire
que ce nest plus une chose nouvelle recommandée seulement
par linventeur, mais une combinaison qui a été dès
à présent appréciée par des hommes compétents.
L'ensemble se compose dun câble à deux fils destiné
à réunir deux stations, et, pour chaque station, dune
pile et dun appareil de correspondance. La figure ci dessous réprésente
la ligne et les deux stations, ou, pour parler un langage moins technique,
les deux correspondants. Lofficier quon voit à droite
a choisi son point dobservation. Il porte en bandoulière
une pile quon voit à son côté et un appareil
télégraphique, gros comme une montre, quil peut
mettre dans sa poche ou accrocher à son épaulette dans
les intervalles de la correspondance.
Le soldat quon voit séloignant à gauche porte
sur le dos un crochet, analogue à ceux dont se servent les commissionnaires
à Paris ; sur ce crochet on voit dabord, à la partie
supérieure, une grosse bobine sur laquelle est enroulé
le câble, et ensuite à la partie inférieure, la
pile ; il a en outre le petit appareil télégraphique,
qui est, au moment considéré, accroché en haut
et à gauche du crochet. A mesure que le soldat marche en avant,
le câble se déroule derrière lui sur le sol, et
la bobine tourne sur son axe; le moment venu de correspondre, il décrochera
le petit appareil télégraphique, et, le prenant à
la main, commencera lenvoi ou la réception des dépêches
qui se présenteront.
|
Cette correspondance pourra avoir lieu
sans même quil arrête sa marche et sans que tout
le câble soit déroulé ; il y a un kilomètre
de câble sur la bobine, on sera donc obligé de sarrêter
après avoir parcouru mille mètres, mais on pourra
aussi bien correspondre à une distance moindre, à
500 mètres, par exemple, parce que la communication a toujours
lieu au travers du câble entier, quil soit enroulé
sur la bobine ou déroulé sur le sol.
Le câble est à deux conducteurs isolés; chacun
deux est recouvert de gutta percha, et tous deux ensemble
sont réunis sous une enveloppe de ruban caoutchouté
; avec cette protection, il peut être étendu sur un
sol sec ou humide, il peut même être exposé à
la pluie ou traverser un ruisseau sans que la communication en soit
troublée. Nous ferons remarquer ici, par parenthèse,
que, vu le peu de résistance électrique de la ligne,
une petite perte serait de peu de conséquence. Les deux conducteurs
sont attachés à la pile de lofficier stationnaire
avant la séparation des deux télégraphistes
; des boutons spéciaux, désignés par des lettres,
ne laissent place à aucune erreur. Avant de se quitter, ils
vérifieront leurs appareils en transmettant dans les deux
sens une courte phrase. Après avoir repris sa position ,
le télégraphiste mobile en avisera son correspondant
par lenvoi du mot dordre, et léchange de
dépêches pourra commencer.
Le soldat porteur du crochet recherche les sentiers inaccessibles
aux voitures ; sil a une route à traverser, il choisit
de préférence un endroit où des arbres lui
permettent de monter le fil à une hauteur suffisante pour
laisser passer par-dessous les voitures et les canons, car on comprend,
de reste, que, si ce fil était étendu au travers du
chemin, il courrait chance dêtre écrasé
et coupé par les roues qui passeraient dessus. A vrai dire,
pour ce cas et dautres analogues, il faudra adjoindre au télégraphiste
un compagnon chargé denlever le câble sur les
branches des arbres et de divers soins de ce genre.
A vrai dire, pour ce cas et dautres analogues, il faudra adjoindre
au télégraphiste un compagnon chargé denlever
le câble sur les branches des arbres et de divers soins de
ce genre. |
Dailleurs, le moment venu de cesser la communication,
le télégraphiste reçoit lordre de revenir à
son point de départ, et là encore un compagnon lui est nécessaire
pour enrouler le câble sur la bobine ; laide se sert alors
dune manivelle qui semmanche sur le bout de droite de laxe
de la bobine; il la tourne et enroule le fil pendant que le porteur marche
au petit pas pour faciliter lopération.
Nous avons montré ici deux télégraphistes, lun
stationnaire, lautre mobile, séparés par une distance
maximum de mille mètres. Mais le second peut être accompagné
dun troisième, porteur dun crochet et dune bobine
identiques ; quand lun des porteurs aura épuisé son
câble, le second commencera à dérouler le sien, non
sans avoir établi la liaison entre les deux câbles, au moyen
de petits mousquetons très - ingénieusement combinés.
Il sera donc possible détablir la correspondance entre deux
points distants de deux ou plusieurs kilomètres, sans rien changer
au système. Pour faire comprendre toute lutilité de
cet ensemble si simple, il faut insister sur ce point que, dans un cas
de grande urgence, une ligne de un kilomètre peut être établie
sur un terrain découvert, en dix minutes, cest-à-dire
dans le temps nécessaire pour parcourir à pied cette distance.
On aura remarqué dans ce qui précède
que nous avons parlé dun câble à deux fils
, tandis que le télégraphe ordinaire nemploie quun
seul fil et se sert de la terre pour suppléer au fil de retour.
En y réfléchissant, on verra que cette télégraphie
volante ne peut pas fonctionner dans les conditions ordinaires ; létablissement
dune bonne perte à la terre est en effet indispensable
à chaque station ; or les télégraphistes militaires
ne peuvent pas toujours choisir un terrain convenable à cette
communication avec la terre qui dailleurs ne peut que oien rarement
être établie dune manière instantanée.
Dans les plaines de sable brûlées par le soleil, en Algérie
par exemple, on narriverait pas à établir un ül
de terre ; dans une plaine gelée à plusieurs pieds dépaisseur,
comme ont été nos campagnes pendant une notable partie
du temps qua duré la dernière guerre, on ny
arriverait pas davantage. Ces raisons ont déterminé M.
Trouvé à employer deux conducteurs et à sécarter
des habitudes du service télégraphique ordinaire ; et
nous sommes convaincu quil a eu raison, sans vouloir dire que
la télégraphie militaire doive dans tous les cas procéder
ainsi.
Si on avait à employer le télégraphe Trouvé
à de grandes distances, il serait à propos de faire usage
des deux conducteurs comme dun seul, ce qui réduirait de
moitié la résistance de la ligne, et demployer la
terre pour le retour.
Nous nous sommes étendu assez longuement sur
la ligne télégraphique proprement dite, qui est la partie
la plus essentielle dun télégraphe électrique
; les appareils de correspondance nen sont réellement que
laccessoire : ils peuvent dailleurs être combinés
de bien des façons, et M. Trouvé en a proposé deux
concurremment ; lun est un télégraphe à cadran
très analogue au télégraphe Bréguet ; lautre
est un appareil du système Morse à lecture au son, ce
que nous appelons en langage technique un Parleur. Nous ne décrirons
pour le moment que le dernier.
LE PARLEUR DE TROUVÉ
Lappareil de correspondance dit Parleur de Trouvé est représenté
en demi-grandeur par la figure ci dessous. Il a la dimension dune
grosse montre et peut être porté dans un gousset. La boîte
est en métal ; on la fait habituellement en laiton nickelé
à la pile. On a figuré linstrument avec lun
des fonds enlevé pour laisser voir le mécanisme, qui est
dailleurs très simple. Un électro-aimant en est
le principal organe ; son armature, placée au-dessous a un mouvement
peu étendu, autour dun axe placé du côté
du spectateur ; cette armature vient par un petit appendice frapper
un bouton monté sur le fond de la boîte qui est eu arrière.
Ces petits coups font un bruit suffisant avec une pile convenable pour
permettre facilement la lecture, sans même quil soit nécessaire
de mettre lappareil près de loreille ; on comprend
que la boîte du Parleur sert de caisse de résonnance et
contribue notablement à la netteté de la perception.
Le manipulateur, ou clef Morse est placé à
lextérieur de la boîte ; cest un petit levier
qui pivote autour dun axe et dont lextrémité
est relevée; la manipulation peut se faire avec le bout de lindex
de la main droite, la boîte étant tenue dans la main gauche.
Précédemment, M. Trouvé avait réalisé
une autre disposition encore plus compacte ; la manipulation se faisait
par un bouton placé dans lanneau de la bélière,
comme est le bouton de remontoir dans les montres qui se remontent sans
clef. Il nest pas impossible quon revienne à cette
forme, qui offre moins de prise aux accidents.
Trois fils conducteurs isolés sont attachés à lappareil
et servent à le relier à la pile et aux deux lignes. Ces
conducteurs sont formés chacun de plusieurs fils de cuivre très
fins, tressés, ce qui donne une souplesse extrême à
lensemble ; ils sont recouverts chacun de soie dune couleur
spéciale; dailleurs le petit crochet qui les termine est
numéroté ; et ces numéros correspondent à
ceux des boutons de la caisse à pile auxquels ils doivent êlre
attachés, de telle sorte que malgré la bâte fiévreuse
avec laquelle toutes ces liaisons peuvent être faites quelquefois,
il ne paraît pas possible de commettre derreur.
Il nous reste à parler de la pile elle-même, qui nest
pas la partie la moins heureuse de lensemble et qui présente
des avantages tout à fait incontestables. Nous consacrerons à
ce sujet un prochain article ; mais dès à présent
le lecteur a vu le caractère capital du lélé-praphe
militaire de M. Trouvé, qui est la réunion de toutes ses
parties (câbles, pile, manipulation, récepteur, avertisseur)
sur le dos dun homme, tout cet ensemble étant comparable
à un sac de soldai et dun moindre poids. Il sera utilisé
par la plupart des armées européennes,
sommaire
Quant à la télégraphie militaire,
elle a progressé beaucoup comme installation et comme organisation
dans ces dernières années.
Aujourdhui, on en comprend toute limportance, elle constitue
une section spéciale de larmée, ayant un personnel
et un matériel ad hoc. Dans ces conditions, les appareils nont
pas besoin dêtre perfectionnés ; ils doivent surtout
être simples, portatifs et solides, et on doit surtout avoir en
vue la bonne organisation des bureaux mobiles et des fourgons de transport
du matériel des lignes, quon a dû chercher à
disposer convenablement pour la guerre. On a proposé, à
une certaine époque, d'employer les appareils autographiques
pouf larmée, afin de permettre lenvoi de croquis
de mouvements de troupes, et les télégraphes dArlincourt
avaient fourni de bons résultats dans des expériences
faites au camp de Saint-Maur ; mais il ne paraît pas quon
ait donné suite à cette idée, sans doute à
cause de la délicatesse et du volume de ces instruments. Il y
a pourtant à faire dans cet ordre didées, car un
croquis donne mieux lidée dune opération à
exécuter que toutes les explications verbales possibles.
En attendant, ce sont les Morse, les relais parleurs de petite dimension,
les téléphones, qui sont actuellement adoptés,
et les bureaux mobiles ressemblent beaucoup, comme organisation, à
nos bureaux télégraphiques ordinaires.
En France, le corps des télégraphistes est composé
demployés télégraphistes, qui font ainsi
leur temps de service militaire.
Ce système est infiniment préférable à celui
quon avait adopté avant notre fatale guerre de 1870, et
qui confiait ce service.
Peu après l'invention du téléphone,
la recherche militaire commence pour les adapter à l'armée.
Les téléphones sont déjà utilisés
pour soutenir les campagnes militaires des colonies britanniques (Inde
et en Afrique) dès la fin des années 1870. Aux États-Unis,
les lignes téléphoniques permettent de lier les forts
entre eux, ainsi que les quartiers généraux de l'armée.
Elles sont aussi utilisées pour gérer les incendies sur
les installations défensives côtières.
Vers 1889 Le premier téléphone de campagne créé
aux États-Unis, est trop cher pour être produit en masse.
D'autres développements, dans d'autres pays, rendent le téléphone
de campagne plus viable. Les câbles sont en cuivre plutôt
qu'en acier, on développe des machines qui permettent de rapidement
installer les câbles sur le champ de bataille, et on invente des
systèmes avec des batteries pour les postes de commande et des
générateurs à main pour le champ de bataille.
Les premiers téléphones de campagne conçus pour
cette utilisation spécifique sont utilisés par les Britanniques
pendant la seconde guerre des Boers. Ils sont utilisés de façon
plus importante pendant la guerre russo-japonaise, au cours de laquelle
les deux camps ont équipé tous leurs régiments
d'infanterie et toutes leurs divisions d'artillerie de téléphones.
L'utilisation des téléphones de campagne devient générale
avant la première guerre mondiale.
1882 LE MAGNÉTO-PARLEUR Wiessenbruch
Cet appareil simple et ingénieux a été combiné
par M. L. Wiessenbruch, lieutenant du génie belge, pour servir
de télégraphe davant-postes sans pile. Le but de
ces télégraphes d'avant-poste est détablir
des relations entre les grandgardes et les vedettes, entre les
batteries et leurs postes dobservation, etc.; leur portée
ne dépasse guère deux ou trois kilomètres; en raison
du caractère spécial de ces lignes volantes, il faut un
système léger, transportable, simple, rustique et puissant;
le téléphone magnétique, sur lequel on avait fondé
beaucoup despérances au début, nest pas toujours
assez puissant, à cause des bruits qui existent pendant laction
ou ses préparatifs, le microphone est plus puissant, mais il
est aussi plus délicat, exige un réglage et une pile souvent
encombrante.
A côté du téléphone, les télégraphes
légers de campagne sont tantôt à signaux permanents,
tantôt à signaux fugitifs, à cadran, à aiguille
ou à parleur. Tous ces appareils exigent une pile plus ou moins
volumineuse.
Le magnéto-parleur de M. L. Wiessenbruch tient à la fois
du téléphone et du parleur Morse. Cest un transmetteur
magnéto-électrique qui ne pèse que 750 grammes
: il peut être renfermé dans une boîte de treize
centimètres de longueur, neuf centimètres de largeur et
cinq centimètres dépaisseur, dont il némerge
que le bouton du manipulateur et les deux bornes dattache des
conducteurs.
Le transmetteur consiste en un téléphone magnéto-électrique
de Gower, à fil fin, dont la plaque vibrante a
un faux-tirant, cest-à-dire est bombée en son centre
de façon à faire ressort sous la pression, comme dans
cet infernal jouet qui fit fureur à Paris, pendant huit
jours il y a quelques années, et connu sous le nom de
cri-cri. Une clef de Morse ordinaire est disposée au-dessus de
cette plaque bombée et exerce une pression en son centre lorsquon
appuie sur le bouton de manipulation. Chaque fois quon appuie
sur ce bouton, la plaque du téléphone, en vertu de sa
forme, sapproche brusquement de laimant et développe
un courant dinduction dans les bobines; en cessant dappuyer,
elle reprend sa position primitive non moins brusquement et développe
un second courant din- duction de sens inverse. Tel est le principe
du transmetteur magnétique quon porte en campagne suspendu
sur la poitrine au moyen dune petite courroie.
Une communication complète par ce système comprend un
circuit formé dune ligne à un seul fil reliant les
deux postes, et à chacun de ces postes un magnéto-parleur
relié dun côté à la ligne et de lautre
côté à un téléphone Bell ordinaire
servant de récepteur ; le circuit est complété
par la terre à laide dun fil attaché dune
part à la seconde borne du téléphone récepteur
et de lautre à la poignée dun sabre enfoncé
dans un sol légèrement humide. Lopérateur
manipule de la main droite comme avec un manipulateur Morse ordinaire
et applique de la main gauche le téléphone récepteur
à loreille. La réception au son ne diffère
pas essentiellement du mode de réception si usité en Amérique
et en Angleterre avec les sounders; les courants dinduction développés
par la plaque bombée sont incomparablement plus énergiques
que les transmissions de la voix dans les téléphones les
plus perfectionnés, on peut donc lire au son la dépêche
transmise malgré le bruit environnant.
Dans des expériences faites par M. L. Wiessenbruch, on a pu intercaler
une résistance équivalente à 600 kilomètres
de fil de fer de 4 millimètres de diamètre (6000 ohms)
sans nuire sensiblement à la netteté de la réception.
Le magnéto-parleur pourra donc remplacer le parleur Morse dans
toutes les applications; il est très léger, très
sensible, fonctionne sans aucune pile et enfin, il comprend à
chaque poste un téléphone magnéto-électrique
dont on pourra se servir à la façon ordinaire, pendant
la nuit par exemple, lorsque le silence est assez grand pour permettre
ce mode de communication.
A lExposition de 1881, le colonel russe W. Jacobi avait
exposé sous le nom de télékal, un transmetteur
téléphonique sans pile, mais il était plus lourd
et plus encombrant que le magnéto-parleur du lieutenant Wiessenbruch,
puisquil pesait cinq à sept kilogrammes, et avait 54 centimètres
de longueur sur 22 de large et 11 de hauteur. Dans la description quil
en a donnée, le colonel W. Jacobi na fourni aucun détail
sur la disposition du transmetteur sans pile dont il fait usage, et
en supposant, ce qui est probable, quil emploie un système
électro-magnétique, le magnéto-parleur présenterait
en ore lavantage dun poids et dun volume beaucoup
moindres, sans compter lidée ingénieuse dutiliser
le principe sur lequel est fondé le cri-cri, à la construction
dun transmetteur magnéto- électrique simple et puissant.
sommaire
Dès 1885 en France, deux
téléphones à usage militaire sont expérimentés
:
Le SYSTEME téléphone COLSON :
D'après la loi de Faraday , la force électromotrice
des courants induits développés dans le fil d'un téléphone
magnétique transmetteur est proportionnelle au nombre des lignes
de force du champ magnétique , qui coupent le fil dans l'unité
de temps par suite des vibrations de la plaque . Il y a donc intérêt
, pour constituer un transmetteur puissant , à faire en sorte
que le plus grand nombre possible des lignes de force soit concentré
sur la bobine et affecté par les vibrations de la plaque . Dans
le téléphone récepteur , l'action est réciproque
, et il y a , de plus , à considérer les vibrations moléculaires
qui se développent dans la plaque et dans l'aimant ; on voit
donc qu'il y a encore intérêt , pour former un récepteur
énergique , à ce que le plus grand nombre possible des
lignes de force du champ magnétique soit influencé par
les courants induits de la bobine , c'est à dire soit concentré
sur celle ci , et à ce qu'elles affectent le plus grand nombre
possible des molécules de la plaque .
En étudiant la répartition des lignes de force , M. Colson
a trouvé que la meilleure disposition permettant de réaliser
les conditions énoncées consiste à placer la plaque
vibrante entre les branches d'un aimant en fer à cheval dont
un pôle agit au centre de la plaque par l'intermédiaire
d'un noyau en fer doux qui porte la bobine , tandis que l'autre pôle
est fixé à un anneau en fer doux influençant les
bords de la plaque au travers d'un anneau en substance non magnétique
; le noyau central est relié au pôle correspondant de l'aimant
au moyen d'un pas de vis qui sert au réglage . La plaque est
ainsi polariséc du centre à la circonférence et
présente , au centre et sur les bords , deux pôles de noms
contraires ; les lignes de force sont concentrées sur la bobine
et sur toute la masse de la plaque .
Cet appareil , construit par M. de Branville , donne de très
bons résultals ; il produit des sons intenses et remarquablements
nets ; il est probable que cette dernière qualité est
due à la disposition centrale du pôle qui porte la bobine
, et à l'action des lignes de force sur l'en semble de molécules
de la plaque
fantôme
magnétique produit par ce téléphone .
Appareil militaire Colson, Constructeur De Branville en 1885,
adopté en 1886 par l'armée française.
...
Cet article est repris dans la revue La Nature de 1886
sommaire
JANVIER 1886. LA NATURE. LE
TÉLÉPHONE COLSON
Cet appareil vient dêtre dernièrement
dexpériences à la suite desquelles il a été
définitivement adopté dans larmée.
Nous pensons que nos lecteurs en liront la description avec intérêt.
Son mode de construction est basé sur la conception théorique
des lignes de force que linventeur, M. le capitaine du génie
Colson, expose de la façon suivante dans son Traité
élémentaire d'électricité : «
A chaque position de la plaque de fer-blanc dun téléphone
magnétique par rapport aux pôles de laimant
correspond une certaine répartition des lignes de force;
celles-ci se déplacent lorsque la plaque vibre ; si la
bobine est rencontrée par ces lignes en mouvement, il se
développe dans son fil une différence de potentiel
qui est, daprès la loi de Faraday, proportionnelle
à leur nombre. Un téléphone transmetteur
sera donc dautant plus énergique, toutes choses égales
dailleurs , que les lignes de force mises en mouvement par
les déplacements de la plaque, et rencontrant le fil de
la bobine, seront en plus grand nombre. De même un téléphone
récepteur sera dautant plus puissant que les lignes
de force mises en mouvement par les variations des courants induits
qui parcourent la bobine, et rencontrant laj plaque, seront plus
nombreuses. On voit par conséquent que, d'une façon
générale, il y a intérêt à faire
passer au travers de la bobine et de la plaque le plus grand nombre
possible de lignes de force. »
Pour obtenir ce résultat, la plaque vibrante,
en fer-blanc mince, a été placée entre les
deux pôles de laimant. Lun, qui porte la bobine
de fil fin, agit dun côté et au centre de la
plaque, tandis que lautre se prolonge en un épanouissement
et agit sur le bord et de lautre côté; une
rondelle de cuivre le sépare de la plaque qui se trouve
ainsi entièrement plongée dans le champ magnétique.
Les lignes de force la traversent dans le sens des rayons.
Ce téléphone est construit par M. de Branville
avec le plus grand soin sous la forme de transmetteur et sous
celle de récepteur.
On voit en A laimantavec son pôle central P et son
pôle excentrique P'. Ce dernier traverse la plaque vibrante
M par un trou garni de caoutchouc, la rondelle de cuivre R, et
va se relier à lanneau de fer doux F formant lépanouissement
polaire. Ces pièces sont enfermées dans une cuvette
en cuivre nickelé et maintenues au moyen dun couvercle
G qui se visse sur la cuvette. La résistance de la bobine
est de 200 ohms pour le transmetteur, comme pour le récepteur.
Le transmetteur a 9 centimètres de diamètre,
il est muni dun cornet amplificateur. On le règle
au moyen dune vis fixée dans le fond de la cuvette
et qui permet d écarter ou de rapprocher de la plaque le
noyau qui constitue le pôle central de laimant. Le
réglage une fois fait se maintient indéfiniment.
Le récepteur na que 6 centimètres de diamètre,
son réglage est fait une fois pour toutes par le constructeur.
Un des avantages du téléphone Colson est dètre
indéréglable. Il possède, en outre, une puissance
et une netteté remarquables; il nest pas nasillard,
ce qui tient sans doute à ce que toutes les molécules
de la plaque sont plongées dans le champ magnétique,
et à ce que les actions des deux pôles ont lieu concentriquement
à la plaque. Ainsi que nous le disions en commençant,
cet appareil commence à être apprécié
et fait déjà lobjet de plusieurs applications
dans larmée. Le transmetteur est employé par
le service de lartillerie dans lorganisation des observatoires
de tir; le récepteur est ajouté au matériel
de la télégraphie militaire; ailleurs les deux petits
récepteurs sont maintenus sur les oreilles de lopérateur
au moyen dune courroie jugulaire, tandis que le transmetteur
est suspendu dans un étui maintenu par une bretelle sur
la poitrine, le cornet à portée de la bouche comme
le représente notre première gravure (fig. 1).
Fig 1
On a laissé létui ouvert pour faire voir le
transmetteur; le compartiment vide au-dessous est destiné
à recevoir les récepteurs pour le transport ainsi
que les courroies et les cordons souples. Cette disposition permet
de faire lappel sans le secours dappareils spéciaux
; elle a en outre lavantage de laisser à lhomme
placé en observation, lentière liberté,
ce qui est indispensable dans un grand nombre de cas.
Dans certaines applications on peut, bien entendu,
combiner les récepteurs avec un microphone; cependant en
ligne aérienne comme en ligne souterraine le transmetteur
produit des effets comparables comme intensité et comme
netteté à ceux quon obtient avec les transmetteurs
à pile.
On peut organiser des postes entièrement magnétiques
en ajoutant au transmetteur et aux deux récepteurs un appel
phonique Sieur qui les actionne énergiquement et
leur fait produire un son très intense et tout à
fait suffisant pour lappel. Il serait intéressant
dessayer ce téléphone sur un réseau
de ville, et à grande distancé sur les lignes télégraphiques
munies du système Van Rysselberghe, comme celles qui sont
établies entre Rouen et le Havre, entre Reims et Paris.
On obtiendrait certainement dexcellents résultats,
car, ainsi que nous avons pu en juger récemment, dans le
téléphone Colson, la voix a une intensité
remarquable tout en conservant parfaitement son timbre.
G. Mareschal
|
Téléphone
fabrication ROULEZ
sommaire
Le téléphone Porte Montre :
1885 dans la revue LA LUMIERE ELECTRIQUE,
le téléphonique magnétique
Après une longue description d'apareils
utilisant les pouvoirs magnétiques au service de la téléphonie,
le texte se termine par l'usage du téléphone par
les militaires.
Nous citerons enfin une dernière forme donnée au
poste téléphonique magnétique, nous voulons
parler de lappareil portatif que représentent
en grandeur naturelle les figures 36 et 37. Là les organes
ont été absolument condensés; le timbre,
auquel on a donné la forme dune sorte de cou vercle
de boîte, constitue la partie postérieure de lappareil,
le téléphone qui sert à la fois de transmetteur
et de récepteur forme la partie antérieure. Enfin
lappel et la sonnerie sont logés dans lespace
restant.
Fig 36
fFg 37
Ce poste est destiné à une
des applications les plus importantes de la téléphonie,
à la téléphonie militaire.
Nous devons cependant ajouter que cet appareil, de dimensions
restreintes, nécessitera encore quelques perfectionnements
avant darriver à sa forme vraiment pratique. Le téléphoniste
naura à porter quun de ces petits appareils
et la bobine de fil à dérouler. Il sera déchargé
du poids de la pile. Au repos lappareil suspendu par son
anneau tend par son poids un ressort qui porte cet anneau et met
ainsi le poste sur sonnerie ; quand on soulève lappareil
le ressort sabaisse et met la ligne sur téléphone.
Ce ressort joue le rôle du crochet des postes ordinaires.
Les figures 38 et 39 représentent des applications
de téléphonie militaire.
Fig 38
La première nous montre un officier dartillerie en
observation dans un abri, pendant une école à feu.
Il relève les points de chute exacts des projectiles lancés
sur une batterie fictive, que lon peut apercevoir, et transmet,
au moyen du téléphone, les résultats à
lofficier qui commande lécole, ' en lui signalant
les coups longs ou courts, ainsi que les écarts à
gauche et à droite du but.
Fig 39
Sur la deuxième gravure, on voit un officier détat-major
en reconnaissance. Il sest avancé jusquà
la lisière d'un bois qui sert de rideau aux troupes cachées,
tandis quun soldat marchant à sa suite déroule
et pose une ligne téléphonique qui maintient lobservateur
en communication constante avec ses chefs.
La question des communications téléphoniques,
qui prend chaque jour des proportions plus considérables,
aura fait, grâce aux nouveaux appareils magnétiques,
un progrès vraiment important. Nous venons de signaler
les différents modèles qui ont été
construits jusquici pour satisfaire aux principales nécessités
de lindustrie, et en même temps aux divers besoins
de la vie privée et publique. Nous navons pu dans
cette étude quindiquer les grands traits de ces applications
qui doivent se multiplier à linfini, la construction
des appareils se modifiant avec la plus grande facilité,
dès que des conditions spéciales se présentent.
M. Je docteur Herz, en inaugurant dans ce journal
lannée 1885, exprimait la croyance quun service
de téléphonie universelle viendrait bientôt
se substituer aux vieux modes de communication, dont chacun sent
linsuffisance eu égard aux besoins commerciaux de
notre époque. Il faut avouer que si lon envisage
dune part le développement étonnant qua
su prendre en quelques années la merveilleuse découverte
de Graham Bell, et dautre part les progrès qui sous
nos yeux viennent dêtre réalisés en
si peu de temps, cette idée na rien qui doive surprendre,
car ce qui reste à faire est certainement peu de chose
à côté de ce qui est déjà fait,
B. Marinovitcii.
|
sommaire
1880 Le téléphone Zigang (Détail
à cette page du site)
Le capitaine français Zigang, connu
pour sa trompette d'appel (1887) , a construit un téléphone
électromagnétique, qui est probablement le plus petit
existant à ce jour. La trompette électrique de Zigang
est constituée d'un diaphragme au fond d'un tube en forme de
trompette, qui vibre sous l'action de l'électro-aimant, comme
dans un téléphone, le courant étant créé
et coupé par le diaphragme lui-même.
1887 Trompette
Zigang
La principale préoccupation de l'inventeur était de produire
un téléphone bon marché, léger et pratique
à usage domestique ; Parce que dans ses expériences précédentes,
un courant galvanique en forme d'onde agissait sur une plaque parlante
téléphonique au moyen d'un électro-aimant, jusqu'à
une certaine limite, plus les courants étaient forts et spécifiques,
plus la plaque parlante était élastique et petite, il
a choisi un plaque avec un ton fondamental élevé, qu'il
trouvait très avantageux pour reproduire les sons.
1889 à l'EXPOSITION UNIVERSELLE
à PARIS
La maison Ch. Mildé présente ,
dans le batiment principal de lexposition militaire, un spécimen
de chacun de ses appareils microtéléphoniques applicables
aux besoins de larmée. Ces appareils sont très bien
construits et fonctionnent dans de très bonnes conditions.
La Société de Branville et Cie,
expose divers types dappareils téléphoniques et
microtéléphoniques militaires qui ont tous été
mis en essai par le Ministère de la guerre.
Ces appareils ont été, en général, examinés
par des officiers; quelques-uns ont été «adoptés
et sont devenus réglementaires.
Les types principaux exposés sont :
Un poste téléphonique avec téléphone Aubry;
Un poste microphonique;
Un vibrateur électrique.
Les appareils de la maison de Branville et Cie sont fort bien construits
et très soignés.
Le poste militaire portatif, est la forme réduite
du poste Ader avec sonnerie d'appel, magnéto-électrique,
mais le transmetteur et le récepteur sont de la forme Berthon-Ader
combiné. Il pèse 7 kilogrammes.
sommaire
Le réseau téléphonique militaire
dAnvers.
Il existe à Anvers un réseau téléphonique
militaire qui mérite détre signalé.
Tous les forts et établissements militaires,tous les dépôts
militaires, quel que soit leur éloignement de la ville, toutes
les casernes et bâtiments militaires sont reliés téléphoniquement
à un bureau central à la caserne de la Compagnie des télégraphistes
et artificiers du génie.
Ce réseau a commencé à être établi
en 1881, mais depuis cette époque il a subi un grand nombre de
modifications.
Depuis le 1er août 1890, le service1 fonctionne très régulièrement
avec dè nouveaux appareils choisis par le lieutenant du génie
André.
Sans entrer dans de longs détails sur cette intéressante
installation, rappellerons que dans le cas actuel, il fallait remplir
non-seulement les conditions dune communication téléphonique
ordinaire, mais garantir encore dune façon absolue le secret
des communications, de façon quil fût impossible
de brancher un récepteur sur le circuit de deux correspondants.
Signalons également une disposition nouvelle qui permet davertir
automatiquement les deux postes du moment précis de leur mise
et de leur rupture de communication, à laide dun
coup de sonnette spécial.
Toutes ces dispositions ont été réalisées
dans une grande table téléphonique, pour 60 numéros,
imaginée par le lieutenant André, et construite dans les
ateliers Mourlon, à Bruxelles.
Lappareil choisi est le microphone Dejongh, qui est déjà
très employé en Belgique et en France. Chaque poste renferme
un microphone Dejongh, une sonnerie magnétique, deux téléphones-montres
du système Goffart, et un para foudre Van Rvsselberghe.
On comprend toute limportance dun tel réseau au point
de vue des opérations militaires pour la transmission des ordres;
quelques minutes suffisent pour prévenir tous les postes et les
dépôts, môme à des distances considérables.
sommaire
1890
Le système de téléphonie du capitaine Charollois
repose sur ce principe quune résistance élevée
du fil de ligne et un isolement incomplet ne sopposent pas au
passage des courants utiles. Dès lors, pour concilier une résistance
à la rupture suffisante avec ces qualités négatives,
on pose simplement sur le sol un fil dacier, recouvert de cuivre,
de 6 mm de diamètre; chaque bobine porte un kilomètre
de fil; pour la relève, les hommes la portent au moyen de courroies
sur la poitrine et peuvent manuvrer facilement sa manivelle. Le
téléphone possède des récepteurs genre Ader
et le microphone à granules et plaque de mica, utilisé
par le Home-Téléphone. Les piles Leclanché, actuellement
en usage, sont dites à sac et composées dune électrode
en zinc et dune autre formée de deux demi-cylindres comprimés
graphite et peroxyde de manganèse, pressés contre une
lame de charbon et insérés dans un sac de toile, le tout
baignant dans un mélange de chlorhydrate dammoniaque et
de chlorure de zinc, que lon peut immobiliser au moyen de la gelée
d'Agar-Agar ou de la cellulose de noix de coco. Elles donnent une tension
de 1,5 volt, et un élément, fermé sur une résistance
de 10 ohms, fournit pendant le premier jour 0.155 ampère, puis
0.140, et décroît lentement jusquau cinquantième
jour où il donne encore 0,068 ampère; en tout il aura
fourni 118 ampères-heure, moyennant quelques lavages et quelques
recharges très espacés.
1890 dans la revue LA LUMIERE ELECTRIQUE,
NOUVELLES / EXPÉRIENCES DE TÉLÉPHONIE MILITAIRE
.
On sait que lusage du vélocipède a été
introduit avec un certain succès dans larmée
française et que, dans des conditions normales, ces appareils
ont rendu de bons services, sans que leurs conducteurs aient eu
la prétention de remplacer la cavalerie.
Si nous en croyons certains organes étrangers,
des expériences faites en Russie ont fourni des résultats
tels que celui-ci :
Trois hommes ont franchi en 132 heures, en touchant à Simféropol,
Balaklava, Sébastopol, etc., une distance denviron
700 kilomètres. Lofficier et les deux chasseurs de
forteresse avaient chacun 15 kilogrammes de bagages. Citer Balaklava,
cest rappeler le terrain mouvementé, bizarre, inoubliable
où la cavalerie anglaise de lord Cardigan trouva son tombeau;
cest dire aussi les difficultés de manuvre
pour un vélocipède.
Mais cest en même temps prouvèr quun
appareil qui fonctionne ainsi, peut devenir mieux quun passe-temps.
Tout récemment nous avons fait connaître
un type de vélocipède allant aussi bien sur leau
que sur terre sans quil soit nécessaire de lui faire
subir une transformation quelconque. Voici le principe de lappareil.
Cest un tricycle dont les roues, au lieu dêtre
à jour, sont formées de trois grandes lentilles
biconvexes en tôle, creuses et bien étanches, et
munies extérieurement de petites palettes en cuivre.
Le mouvement est identique à celui des bicyclettes. Sur
route, ces roues creuses agissent comme les roues ordinaires,
et linstrument peut atteindre une vitesse de 15 à
20 kilomètres à lheure; dans leau, les
roues deviennent des flotteurs et, grâce à leurs
palettes, servent aussi de piopulseurs fournissant, suivant les
courants, le vent, etc., une marche de 4 à 7 kilomètres
à l'heure .
Des expériences très concluantes ont été
faites en rade de Marseille par divers temps : nous nen
citerons que deux : lune pour donner une idée de
la navigabilité de lappareil, lautre pour indiquer
son application à la téléphonie ou
télégraphie de campagne.
- Dans la première, deux velocemen éprouvés,
transportés en bateau à 4 kilomètres au large,
montèrent et actionnèrent successivement lappareil,
avec plein succès, pendant deux heures environ, par des
fonds de 25 à 35 mètres .
- Dans la seconde expérience, on posa un câble volant
dit « câble de campagne ».
Les constructeurs ayant bien voulu en effet nous confier leur
vélocipède, lidée nous vint de lemployer
à des expériences de télégraphie militaire.
La donnée était la suivante :
Une troupe dépourvue déquipage de pont doit
traverser une rivière ou un lac et maintenir ses communications
électriques avec son centre de commandement.
Ecartons tout dabord le cas, assez rare d'ailleurs, où
le fleuve nest ni trop profond, ni trop rapide, ni trop
large, ni trop inégal au fond pour empêcher un déroulement
de câble de campagne opéré à la main
par des hommes des sections télégraphiques.
En général, même pour un cours deau
moyen, ces conditions favorables ne se trouvent pas réunies.
Le Rhône et la Durance étant éloignés
en moyenne de 40 à 50 kilomètres de Marseille, la
mer restait seule indiquée comme champ dexpériences.
Le 23 novembre dernier, à la suite de la grande baisse
barométrique du 22, le vent souflant en tempête et
la mer étant démontée, les essais furent
faits. Il était évident que si dans des conditions
aussi détestables il était possible de poser 100
ou 200 mètres de câble et de percevoir les signaux
échangés entre le vélocipède et la
terre, on pouvait en déduire la possibilité de traverser
une rivière et dassurer la communication permanente
entre un détachement davant-garde privé de
bateaux et son centre daction.
( Pour préciser, nous dirons que l'un des opérateurs-constructeurs,
M. Rousseau, manuvra près dune heure en tous
sens, à 3 milles de la côte : après quoi,
le second, M. Lafleur, fut abandonné en mer et revint dans
le port de Marseille, après avoir coupé le sillage
de trois grands paquebots et fait environ 5 kilomètres
en 49 minutes).
Ordre des essais. Lappareil, mis à leau
au milieu de rochers, dans une sorte de bassin recevant par le
milieu la houle du large, se comporte très bien. Sur lessieu
principal est fixée une grande équerre en U soutenant
une bobine de câble léger (cuivre étamé
sous gutta et double tresse).
En se tenant debout à la lame, le tangage éprouvé
ne fatigue pas : cest le mouvement dun cheval doux
au trot. Le câble se déroule régulièrement
avec une légère incurvation due à la dérive
et senfonce lentement, sans former de coques, grâce
à un frottement voulu et calculé de laxe,
destiné à empêcher un déroulement trop
rapide.
Une des extrémités du câble, celle du rivage,
est reliée à un téléphone qui prend
terre, par un poinçon de fer, dans le sable humide; l'autre
bout, happé sur le tambour de la dérouleuse que
porte le vélocipède nautico-terrestre, déborde
les joues de labobine et senroule en un boudin extérieur.
Une fois le câble déroulé à la longueur
que lon veut, on stoppe, on saisit le boudin et on amène
le fil à une planchette dessais fixés sur
le milieu du gouvernail que dirigent les mains du vélocipédiste.
Cette planchette, de 0,10 m. sur 0,06 m. porte un petit manipulateur
de sonnerie à trois directions. On fixe le bout libre du
câble au fil dentrée dun téléphone-montre
M dont lautre borne est reliée à la borne
de ligne L. On rattache à la borne de pile P le pôle
positif dun élément flottant que lon
jette à la mer. Enfin on met la borne T à la terre
par le massif du vélocipède.
Il ne reste quà manipuler en signaux Morse, ou à
parler au téléphone. En temps normal, cette dernière
solution semblerait la plus rationnelle; mais il faut remarquer
dune part que. toute conversation se propage fort bien au
loin sur l'eau, et que, dautre part, la voix humaine serait
certainement couverte par le bruit du canon et même de la
fusillade que le téléphone percevrait et mêlerait
aux paroles, de façon à les rendre inintelligibles.
Doù la nécessité du Morse avec ses
espacements réguliers et sûrs, quune oreille
exercée distingue sans peine au milieu de vingt autres
bruits. Mais un récepteur Morse est lourd, peu commode
à porter; un parleur occupe une certaine place, a besoin
de réglage et ne possède quune sensibilité
limitée.
Un téléphone-montre, au contraire, permet de lire
au son, n'a pas besoin de réglage, pèse fort peu,
se place dans une poche et peut sattacher au besoin à
la jugulaire d'une coiffure militaire pour rester, en permanence
appliqué à loreille du télégraphiste
d'avant-poste.
Avec le dispositif que nous indiquons et que nous
avons monté en pleine eau, malgré la bourrasque,
en quelques secondes, avec quelques coups de tournevis, il a été
possible de transmettre et de recevoir très nettement,
malgré le sifflement du vent et le bruit des vagues qui
empêchaient toute audition de paroles criées à
pleins poumons. Il nous a paru même que le fracas de leau
entendu daussi près et le fouettement des embruns
étaient, au point de vue de louïe, plus puissants
et plus gênants peut-être que celui de détonations
d'armes à feu et que, par conséquent, lexpérience
était concluante.
Au point de vue nautique, nous dirons quil suffit de tenir
solidement le gouvernail dune main pour assurer la direction,
lautre main restant libre pour la manipulation. Au point
de vue électrique, il faut ajouter quen embrochant
les deux téléphones dans le circuit, le manipulant
et son correspondant perçoivent simultanément les
signaux.
Cest un moyen de contrôle pour le premier, qui peut
corriger sa propre manipulation sil comprend que sa transmission
nest pas parfaite ; cest aussi une façon dêtre
assuré que le câble nest pas isolé.
En rivière, un élément Leclanché suffira
à la correspondance. Sur mer, en raison de la composition
du liquide, nous nous sommes borné à employer le
type suivant, bien connu en principe.
Deux petits charbons à lumière cc, reliés
métalliquement, sont fixés dans des entailles pratiquées
de part et dautre de deux morceaux de liège EE'.
Un fil de zinc de 1 millimètre de diamètre et de
0,10 m. de long Z passe au travers du liège, entre les
charbons. Il est prolongé par un .fil métallique
portant une lame de cuivre U. On fixe le rhéophore des
charbons à la planchette dessais, et on jette lélément
à leau. La plaque de terre du zinc, servant de lest,
maintient lélément vertical. Un seul couple
suffit. On évite ainsi lennui demporter une
pile.
Il nous semble démontré par lessai
que nous avons tenté que, puisquil est possible de
manuvrer sur une mer mauvaise, de dérouler un câble,
d'établir les communications, de transmettre et de naviguer
en tirant le fil après soi, il doit être possible
deffectuer une opération identique en rivière
ou sur un lac, soit pour le service militaire, soit pour relier
à un moment donné des équipes douvriers
travaillant sur les rives opposées dun cours deau
et ne possédant ni pont, ni bac, ni bateau. Il nest
pas aisé de transporter un bateau sur les chemins, de le
mettre à leau, de poser un fil et de recharger ensuite
lembarcation sur un chariot. Il est facile au contraire
de transporter un vélocipède nautique, puisquil
roule également sur terre, quil porte son cavalier
comme un cheval ou navigue comme un canot.
P. Marcillac.
|
En 1893, le capitaine Charollois édite
un ouvrage sur son invention de téléphone de campagne
à un fil :
Téléphone domestique sans piles, ses
applications : du Capitaine Charollois, inventeur de la téléphonie
militaire par fil unique non isolé.
Auteur(s) Charollois Editeur, producteur Alençon : Herpin, 1893
COMPTE RENDU DES TRAVAUX DE LA. SOCIÉTÉ
DES INGÉNIEURS CIVILS DE FRANCE BULLETIN DE MARS 1894
"M. le Président donne la parole à
M. le Capitaine Charollois, pour la présentation d'appareils
téléphoniques imaginés 'par lui et applicables
à la téléphonie militaire. ~~
M. Ph.-E. Charollois rappelle quen séance du 19 mai
1893, M. Ch. Haubtmann fit une communication sur diverses expériences
de téléphonie militaire par fil unique non isolé
avec retour par la terre, faites aux manuvres de lest
par le Capitaine Charollois, chargé par le Ministre de
la Guerre dappliquer son système, dune manière
pratique, aux opérations de campagne.
M. Charollois lit le rapport concernant les expériences
exécutées selon le programme qui lui avait été
imposé. Toutes ces expériences donnèrent
les résultats annoncés. Elles furent répétées
depuis par lAdministration centrale de la Guerre, dans les
corps darmée, divisions, brigades et régiments,
et donnèrent la certitude à tous que le seul moyen
pratique des communications téléphoniques en campagne
réside dans lemploi du fil nu comme conducteur.
M. Ch. Haubtmann dit quil peut témoigner de lexactitude
de ces résultats dexpérience quil a
contrôlés lui-même en les répétant
; mais il émet lopinion que la théorie scientifique
de cette nouvelle application de lélectricité
ne peut, pour le moment, être établie sérieusement
en raison du manque de données sur lintensité
et la tension des courants émanant des récepteurs
magnétiques introduits dans le circuit formé par
le fil nu reposant sur le sol et le sol lui-même.
M. Charollois donne ensuite lecture dun rapport de lofficier
directeur du corps dés signaux à larmée
des États-Unis, relatant les expériences nombreuses
quil fit lui-même par les procédés du
Capitaine Charollois. Ces expériences, faites par tous
les temps et dans toutes les conditions de campagne, donnèrent
des résultats concluants et déterminèrent
ladoption de la téléphonie par fil nu à
larmée des États-Unis.
Lecture est faite ensuite dun article de YAllgemeine militar
Zeitung de septembre dernier relatant la mise en communication
téléphonique de Berlin et Potsdam par des patrouilles
de cavalerie. Les détails de construction de la ligne par
fil nu et les moyens employés sont copiés littéralement
sur linstruction établie par le Capitaine Charollois,
qui revendique cette invention comme étant sienne et non
allemande.
M. Charollois présente ensuite à la Société
divers types de ses appareils de téléphonie militaire
magnétiques, récepteurs transmetteurs et appels
par magnétos et sonneries polarisées actionnées
toujours par fL unique non isolé et retour par la terre;
divers appareils à communications multiples, bobines dérouleuses
avec fil nu bimétallique, accessoires de téléphonie
militaire, etc.
Il présente ensuite un appareil microphonique
dont il^donne laudition dans la salle des séances.
Le transmetteur étant placé sur la table, la conversation
est faite à distance de 25 m et les réponses transmises
par les récepteurs sont entendues par tous les auditeurs
présents dans la salle.
Le constructeur explique que ces résultats sont dus à
la précision de ses récepteurs, à leur réglage
micrométrique et à la matière sonore dont
ils sont composés. Il les attribue aussi à lexcessive
sensibilité de son transmetteur microphonique dont les
dispositions sont toutes nouvelles.
M. Charollois, en présentant ses appareils, fait remarquer
leur mode entièrement nouveau de construction, obtenu par
moulage dans des formes dacier, où il noie dans la
matière plastique et isolante toutes les connexions. Ce
mode de fabrication assure dune façon complète
la sécurité des prises de courant et des contacts
scellés irrévocablement dans la substance qui acquiert,
après moulage, la dureté et le poli du marbre.
M. le Président dit que M. le Capitaine
Charollois vient de présenter à la Société
des procédés de communication téléphonique
de son invention bien faits pour étonner par leur simplicité
et les résultats remarquables quils permettent dobtenir.
Ses ingénieuses combinaisons lui permettent de fabriquer
des appareils de transmission très satisfaisants qui, il
faut lespérer, pourront recevoir leur application
aussi bien dans le service des armées en campagne que dans
les usages courants.
M. le Président remercie M. le Capitaine Charollois et
le félicite en même temps de ces résultats
si intéressants dus à sa persévérance.
Il est donné lecture en première
présentation des demandes dadmission de MM. M. Appert,
E. Carrot, A. Guignard, L. Hannoyer, L. Raynaud, M. Rousseaux
et Y. Yée comme membres sociétaires, et de : M.
M. Satre comme membre associé.
MM. A. Ansaldy, F. Calvé, G. Despret, J.-H.-M. Maunoury,
I. Naëder, Antonio Olyntho dos Santos Pires, G. Tartary,
A.-O.-Ch. Tellier et Ch. Zéringer sont reçus comme
membres sociétaires.
La séance est levée à 11
heures un quart.
|
1896 dans la revue LA NATURE : TÉLÉPHONIE
MILITAIRE
A FIL UNIQUE NON ISOLÉ, SYSTÈME
P. CIIAROLLOIS
Parmi les ressources que la science moderne met
à la disposition des armées en campagne, la télégraphie
et la téléphonie sont certainement de celles qui,
malgré leur apparence modeste, constituent néanmoins
un des facteurs les plus importants de la victoire dans nos guerres
modernes.
Grâce à leur précieux concours les commandants
darmées peuvent centraliser entre leurs mains, et
cela presque instantanément, toutes les indications voulues,
leur permettant de disposer le plus utilement possible de leurs
unités de combat. Grâce à elles, toutes les
opérations peuvent acquérir un remarquable degré
de précision et de rapidité. Elles permettent, en
effet, la transmission des ordres dans toutes les directions avec
la netteté et linstantanéité du commandement
direct.
Les progrès introduits continuellement dans la science
de la guerre la rendent de jour en jour plus complexe et plus
délicate. La rapidité dans lexécution
des mouvements est devenue une nécessité primordiale,
à tel point que le gain de la victoire résulte le
plus souvent de la promptitude des opérations, aussi bien
dans loffensive que dans la défensive.
Entre deux nations belligérantes, on peut dire, en effet,
que le triomphe des armes est en quelque sorte assuré à
celle qui effectuera sa mobilisation dans le minimum de temps,
en transportant le plus loin possible et dans le moindre délai
la plus grande masse dhommes munis darmes à
tir rapide et dont lapprovisionnement serait promptement
renouvelé.
Une fois en campagne, en dehors des grandes voies ferrées
et autres, les troupes se trouvent généralement
disséminées sur de grandes étendues de terrain
et le plus souvent dépourvues de communications régulièrement
établies entre elles.
Cest alors quintervient le rôle de la télégraphie
et aussi de la téléphonie, bien que cette dernière
nait pas su encore affirmer son droit dexistence dune
manière indiscutable, et cela dabord parce quelle
est la dernière venue et ensuite, il faut bien le dire,
parce que les appareils et installations employés jusquà
ce jour noffraient pas toutes les qualités voulues
pour donner complète satisfaction.
Cest en apportant tous ses soins à létude
de cette importante question, que le capitaine P. Charollois,
du 115e de ligne, est arrivé à lui donner une très
heureuse solution après de longs et laborieux efforts.
Cest en cherchant à donner à lemploi
du téléphone en campagne toutes les qualités
pratiques qui lui manquaient, à savoir: simplicité,
légèreté et solidité, facilité
et rapidité dinstallation, commodité dans
la communication; cest en cherchant à rendre facilement
maniable ce très précieux auxiliaire du commandement,
que le capitaine Charollois a été amené tout
dabord à nemployer pour ses transmissions téléphoniques
quun fil unique en se servant de la terre comme fil de retour.
Ce premier point est déjà capital,
en lui-même, mais sa valeur sen trouve encore augmentée
par la constatation de linutilité de lisolement
de ce fil. En effet, à la suite de nombreuses expériences,
le capitaine Charollois a constaté quun fil métallique
déroulé sur le sol, sans aucune précaution
disolement, avait la propriété de conduire
à des distances relativement. grandes une vingtaine
de kilomètres au moins les courants induits circulant
entre deux téléphones électriques, ou meme
simplement magnétiques, placés aux extrémités
de ce fil unique considéré comme ligne, le retour
étant fait parla terre.
Des expériences multiples et des essais nombreux ont conduit
le capitaine Charollois à employer en dernier lieu le fil
bimétallique en cuivre rouge pur à àme dacier.
Ce fil présente les qualités voulues pour cet emploi,
conductibilité, solidité, légèreté,
souplesse; il est inoxydable et peu coûteux.
Le capitaine Charollois a également étudié
un transmetteur et un récepteur microphoniques dune
sensibilité tellement grande que les conversations peuvent
être échangées à haute voix, à
distance, sans avoir à se pencher sur lappareil comme
cela se pratique avec les téléphones ordinaires.
Pour obtenir plus de netteté dans la correspondance, et
surtout pour rendre plus distinctes les sonneries dappel,
on emploie de petites piles sèches ajoutées au transmetteur
et renfermées avec celui-ci dans une boîte en tôle
servant de protection.
Le poste téléphonique ainsi formé est porté
à dos dhomme et la communication est obtenue par
le déroulement du fil à laide dune bobine
dérouleuse spéciale, le retour seffectuant
par la terre, grâce à emploi de tiges, ou de
baïonnettes meme, enfoncées dans le sol et reliées
au poste par des cylindres prise de terre.
Les figures 1 à 6 montrent les différentes phases
de l'établissement dune ligne téléphonique
militaire système Charollois à fil unique nu.
La figure 1 montre le soldat muni dun poste téléphonique
électrique fixé par des bretelles sur le dos, comme
les sacs ordinaires, et tenant à la main une bobine dérouleuse.
Les figures 2 et 5 représentent le poste volant en fonctionnement,
la baïonnette enfoncée dans le sol pour le retour
du courant.
La figure 4 représente linstallation à poste
fixe du poste volant rendu stationnaire. La figure 5 montre lappareil
transmetteur.
Au lieu dun téléphone électrique,
et bien quil ne présente aucune complication, on
peut se contenter dun téléphone magnétique,
qui est encore plus simple. Le capitaine Charollois a en effet
imaginé et construit des transmetteurs-récepteurs
microphoniques dune simplicité et dune sensibilité
remarquables.Le téléphoniste militaire porte lappareil
suspendu au képi près de loreille pour écouter
et le porte à la bouche pour parler. Pour plus de commodité,
on peut également se servir de deux téléphones,
servant lun découteur et lautre de parleur,
ce dernier étant suspendu par un cordon sur la poitrine.
Organisation du service téléphonique
régimentaire.
Cette organisation comporte deux services distinct :
1° Service de régiment, assuré par les sapeurs;
2° Service de compagnie, assuré dans chaque compagnie
par quatre soldats et un caporal désignés par le
capitaine.
Service de régiment. Le service
de régiment a pour objet détablir les communications
téléphoniques entre le régiment et les états-majors
de brigade et de division, ainsi que pour toutes les opérations
exigeant des lignes de grande longueur.
Les champs de tir, polygones et stands sont également desservis
par ces lignes téléphoniques mobiles, qui rendent
les plus grands services dans lexécution des feux
de guerre et des tirs réglementaires. Ces lignes, établies
avec du fil de 6/10 de millimètre, peuvent avoir jusquà
20 kilomètres de longueur et doivent souvent rester en
position plusieurs jours sans être relevées. En conséquence,
elles sont établies avec un certain soin et nécessitent
le matériel suivant :
Matériel de régiment. 6 bobines dérouleuses;
6 kilomètres de fil bimétallique 6/10 ;
6 téléphones magnétiques ; o perches bambou
à crochet ; 4 cylindres prise de terre; 4 crochets de suspension
pour téléphone. Le poids de la bobine complète
chargée de 1 kilomètre de fil est de 5kg,500.
Service des compagnies. Ce service a pour
objet de permettre à la compagnie détablir
dans toutes les circonstances de campagne, sur son terrain dopération,
une ou plusieurs lignes téléphoniques pouvant atteindre
une longueur totale de 4 kilomètres .
Les principaux Cas demploi sont les suivants : Relier la
grandgarde aux petits postes et à la réserve
davant-postes ; transmettre à la grandgarde
les renseignements recueillis par une patrouille ; emploi dans
les cantonnements ; liaisons de postes détachés
dans les terrains accidentés, montagneux ou boisés,
etc. Appréciation des distances dans linstruction
du tir.
Létablissement de ces lignes de compagnie ayant toujours
lieu en terrains tranquilles, il est inutile de suspendre le fil,
qui est déroulé simplement sur le sol. Aussi, le
matériel de compagnie a-t-il été réduit
à son plus simple volume en employant du fil de 4/10 de
millimètre enroulé sur une bobine de dimensions
réduites et en supprimant les perches en bambou.
Matériel de compagnie. 2 bobines
dérouleuses ; 4 kilomètres de fil bimétallique
de 4/10 de millimètre (2 kilomètres par bobine)
; 4 téléphones magnétiques ; o cylindres
prise de terre ; 5 crochets de suspension de téléphone.
Le poids de la bobine complète chargée de 2 kilomètres
de fil est de 2kg,500.
Établissement d'une ligne de régiment (fig. 6)
Soit une ligne de 6 kilomètres à établir
: le caporal ou un téléphoniste supplémentaire
prend position au point A en fixant son téléphoné
à loreille et en le reliant
par lun de ses conducteurs à la ligne et par lautre
conducteur à son épée-baïonnette enfoncée
dans un sol humide. La première équipe commence
à dérouler le fil. Pour ce déroulement, le
porteur de la bobine (fig. 1) marche dans la direction B à
la vitesse du pas accéléré, sans se préoccuper
du fil qu'il laisse derrière lui. Il a soin dans sa marche
de se diriger sur les points dappui où le fil peut
être accroché ou suspendu.
Son camarade, muni de la perche à crochet, le suit et accroche
le fil aux supports naturels quil trouve à proximité
: arbres, maisons, haies, etc. A défaut de supports naturels,
on laisse le fil à terre, en choisissant de préférence
les sillons, fossés, etc. La ligne, suspendue ou laissée
à terre, doit être à labri de toute
atteinte pouvant amener sa rupture.
La première équipe ayant déroulé ses
2000 mètres, le porteur du téléphone sinstalle
en a', poste intermédiaire, comme il a été
fait au point A et entre de suite en correspondance téléphonique
avec son camarade de tête de ligne. Le porteur de la perche
de la première équipe devenant disponible, se tient
prêt à se porter sur la ligne pour reconnaître
et réparer toute rupture accidentelle pouvant se produire,
rupture indiquée par la cessation de communication. Ces
deux hommes ont de cette façon la surveillance et la garde
de la fraction quils ont posée; ils en deviennent
pour ainsi dire les cantonniers.
La deuxième équipe, ayant raccordé son fil
à la ligne, procède comme il vient d'être
expliqué pour la première. Lopération
se continue ainsi jusquen B.
La ligne de 6 kilomètres comprendra quatre postes téléphoniques
: deux extrêmes, têtes de ligne A et B, et deux intermédiaires
a' et a" destinés à la surveillance de la ligne.
Tous ces postes sont en relation entre eux.
Ce dispositif de ligne militaire explique comment
la surveillance est exercée rigoureusement, les ruptures
accidentelles réparées sans retard, et enfin comment
une ligne de 25 kilomètres a pu être relevée
en une heure aux manuvres de lEst. Lordre ayant
été donné simultanément à tous
les postes de relever au même instant, chaque équipe
a repris le fil quelle avait posé.
Il est bien entendu que lorsque le pays est tranquille, la ligne
bien posée et quon ne craint pas daccident,
les postes intermédiaires peuvent être supprimés,
laudition nen est que meilleure aux postes extrêmes.
Dans le but dassurer la plus grande mobilité aux
téléphonistes de régiment, ces hommes reçoivent
aux manuvres et en campagne la solde franche attribuée
aux isolés, afin quils puissent vivre en tout endroit
où ils sont retenus par leur service spécial. Cette
mesure a été adoptée aux manuvres de
lEst.
Établissement dune ligne de compagnie.
Cette opération ne nécessite pas les soins
de protection dune ligne de régiment. Elle consiste
simplement à dérouler le fil à terre en suivant
toutefois les fossés, sillons ou sinuosités du sol
où la ligne est à labri des ruptures. Les
prises de ligne et de terre sont les mêmes que précédemment.
Communications avec téléphonistes en marche.
Dans quelques opérations, telles que reconnaissances, patrouilles,
explorations, etc., il est utile pour la tête de ligne davoir
des communications constantes avec les fractions en marche. Dans
ce cas, le téléphoniste mobile tient de la main
gauche son épée-1 aïon-nette reliée
au téléphone qui est suspendu à son oreille.
Le courant est alors établi dune manière permanente,
même pendant la marche, par le corps du téléphoniste
et ses pieds qui foulent le sol.
Tout appel lancé de la tète de ligne est distinctement
perçu par le téléphoniste ou cavalier en
marche, qui sarrête et répond. Dans ces conditions,
le chef qui est à la tête de ligne a toujours en
main ses fractions détachées et peut envoyer à
tout instant ses ordres et instructions. Le téléphoniste
ou le cavalier, ainsi en communication par le corps, doit marcher
autant que possible sur la terre ou lherbe, afin dassurer
par les pieds ou les sabots du cheval un bon contact avec le sol.
Emploi par la cavalerie. Ce système
téléphonique peut rendre de grands services à
la cavalerie pour la transmission rapide des renseignements. recueillis
parles reconnaissances et vedettes. Les procédés
de communication sont les mêmes que pour l'infanterie. Toutefois
le cavalier peut, comme il est expliqué ci-dessus pour
le fantassin, être en relation constante, même en
marche, avec son poste dorigine. Son téléphone,
suspendu à loreille, est en relation directe avec
la ligne par lun de ses conducteurs.
Lautre conducteur est relié au mors, par suite à
la terre, par le corps et les sabots du cheval.
Dans le cas où il serait nécessaire détablir
très rapidement une ligne téléphonique, on
peut faire dérouler le fil par un cycliste. Étendant
lapplication de sa téléphonie à fil
nu aux usages habituels, le capitaine Charollois a créé
également une série dappareils répondant
aux besoins ordinaires et formant tout un système de téléphonie
civile qui peut être utilisé en de nombreuses circonstances.
L. Pesce, Ingénieur des Arts et Manufactures
|
sommaire
La TPS télégraphie
par le sol
La télégraphie par le sol utilise les propriétés
de transmission des couches géologiques sur une faible distance
(3 km environ).
Déjà en 1882, William Preece utilise
le sol comme conducteur d'ondes électriques.
1901 La télégraphie tellurique
Le colonel de génie militaire russe Pilsoudski
avait prétendu, à la suite de la découverte de
Marconi, que les ondes se transmettaient bien plus aisément et
d'une façon plus intense par le sol que par l'air. Après
quelques expériences en Russie, il est venu créer ici
deux stations électriques qui, à l'appui de son affirmation,
transmettent des messages télégraphiques par voie terrestre.
Grâce à cette découverte du colonel russe, avec
des appareils d'une puissance insignifiante on transmet par ondes terrestres
une dépêche à 550 mètres, tandis que par
voie aérienne elle ne va pas au-delà de 50 mètres.
On a d'ailleurs constaté que sur terre l'émission de courants
électriques sans fil, selon le système Marconi, est à
peu près impossible. Les arbres, les accidents du terrain constituent
autant d'intercepteurs.
Les deux postes du Vésinet sont situés
à 537 mètres l'un de l'autre. L'inventeur prétend
d'ailleurs que la distance que peuvent franchir les dépêches
confiées à la terre est illimitée. Et il travaille
en ce moment à l'établissement de postes qui relieront
notre coin de banlieue parisienne à l'étranger.
Pour affirmer sa suprématie, la télégraphie sans
fil par terre enverra des messages à des centaines de kilomètres
au lendemain même de son entrée dans le monde un peu surpris.
La découverte du colonel Pilsoudski rendra de grands services
en temps de manuvre et en guerre. Le gouvernement russe a déjà
reconnu l'importance de ses travaux en lui demandant de procéder
à des essais dont bénéficiera son service des postes
et télégraphes.
L'expérience dont il était question ici
fut réalisée quelques jours après ce premier article,
le 1er juillet 1901. Elle était destinée précisément
à être présentée à la presse et fut
rapportée dans les jours suivants dans de très nombreux
titres parisiens et même internationaux tant l'évènement
devait être d'importance...Contibuer ce récit à
lire à cette adresse : Les
« premiers pas » de la télégraphie tellurique
au Vésinet (1901)
sommaire
1909 Tableaux militaires à appels vibrés.
Quatre jacks à double rupture et quatre annonciateurs
ordinaires; les quatre récepteurs dappels vibrés
sont placés à la partie supérieure et à
lintérieur du meuble; ils portent chacun un tube évasé,
formant pavillon, et qui conduit au dehors le bruit produit par les
courants vibrés.Chaque ligne est prise en dérivation sur
un cordon terminé par une fiche; les liaisons seffectuent
en introduisant la fiche de la ligne appelante dans le jack de la ligne
appelée : l'annonciateur dappels de la première
reste ainsi en dérivation et enregistre le signal de fin de conversation;
un cinquième cordon avec fiche communique avec lappareil
de lopérateur.
Un second modèle, réalisé également en 1909,
est agencé, en principe, comme le précédent ; à
la partie supérieure sont rangés quatre coupe-circuit
en porcelaine; au-dessous, quatre annonciateurs dont le volet, en tombant,
ferme le circuit dune sonnerie ; enfin, à la partie inférieure
sont les quatre conjoncteurs et les récepteurs dappels
vibrés, dont les pavillons émergent à lextérieur.
Comme dans le premier système, quatre cordons à fiche
servent à lintercommunication et un cinquième est
relié au poste dopérateur.
1910 Tableau militaire à manettes et appels vibrés.
Les conjoncteurs des tableaux ordinaires sont ici remplacés
par des commutateurs à manette; chacun de ceux-ci se compose
de deux contacts circulaires en laiton, L et L' communiquant avec les
lignes; au-dessous se trouvent deux groupes de trois petits contacts.
Laxe
de la manette porte deux ressorts fourchus, susceptibles de réunir
un grand contact à lun quelconque des trois petits du môme
groupe. Dans la position A A', les deux branches de la ligne, L et L',
sont reliées à lentrée et à la sortie
de lannonciateur, constitué par un récepteur dappels
vibrés avec pavillon. Dans la position O O', le circuit communique
avec le poste dopérateur; entin, la position I I', est
celle de lintercom-munication entre les quatre lignes : à
cet effet, les plots, I et I', des quatre commutateurs, sont multiplés
ensemble, de sorte que, pour relier deux ou plusieurs lignes, par exemple
dans le cas dun ordre donné simultanément à
plusieurs postes, il suffit de placer leurs commutateurs respectifs
dans la troisième position. Un cinquième récepteur
dappels vibrés, V, est placé en dérivation
sur les plots I et I', pour enregistrer le signal de lin de communication.
sommaire
La Grande Guerre 1914-1918 est le premier conflit
pendant lequel les télécommunications militaires ont pris
une grande ampleur et ont joué un rôle aussi primordial
dans le succès des combats.
En 1914 au début de la guerre, lémetteur
de la tour Eiffel reste le seul moyen de communication, mais Paris est
menacé et le colonel Ferrié propose linstallation
dun émetteur à Lyon. Un émetteur à
« étincelles » SFR de 50 KW est alors à Marseille
en partance pour Saïgon ; son convoyeur le capitaine Péri
reçoit lordre de le ramener sur Lyon ; il linstalle
sur le terrain militaire de la Doua à Villeurbanne avec laide
de lingénieur Joseph Béthenod. Ils font monter 8
pylônes de 120 m et tendre 13 câbles de 750 m et installent
des baraquements provisoires.
Le 29 septembre 1914 linstallation fonctionne et on peut entrer
en contact avec la Russie et la Serbie nos alliés. Des bâtiments
en dur sont construits en 1916. Ferrié et son équipe continuent
leurs recherches, permettant en 1917 de remplacer lémetteur
à étincelles par un émetteur à arc de puissance
double de celui de la tour Eiffel qui permet démettre en
« ondes entretenues » (au lieu des ondes amorties).
Le Cdt Chaulard successeur du capitaine Péri améliore
linstallation de la Doua : 2 pylônes de 200 m et 6 de 180
m avec une meilleure prise de terre permettent une liaison toute lannée
avec lAmérique. Linstallation sera encore améliorée
en 1919 avec un alternateur haute fréquence permettant de communiquer
avec toutes les colonies. En 1921 linstallation sera reprise par
les PTT.
Férié en octobre 1914 réunit une équipe
à la Doua pour travailler sur le sujet, qui bénéficie
de la proximité de la manufacture de lampes Grammont (usine du
Belvédère à Caluire, quartier du Clos-Bissardon).
Grammont met au point une ampoule de verre sphérique à
électrodes horizontales avec une embase à 4 broches la
lampe TM (pour Télégraphie Militaire), fabriquée
à partie de novembre 1915 par Grammont et la Compagnie des Lampes
de Paris, qui livrent 100000 lampes en 1916 et 1000 lampes par jour
fin 1918, facturés 5 F pièce (soit environ 15 €).
Leur durée de vie était courte (quelques centaines dheures).
De multiples appareils bénéficient de ces lampes TM :
amplificateurs, récepteurs, puis émetteurs. Elles sont
adoptées par les Anglais et les Américains.
Grâce aux évolutions de la TSF, les spécialistes
français, MM. Gaston Vincent et Louis Duverger inventent
le téléphonie monofilaire.
Dès 1918, en pleine guerre, il permettait de résoudre
un autre problème considéré comme insoluble :
la téléphonie avèc la nacelle des ballons d'observation
à l'aide dun seul conducteur qui nétait autre
que le câble de traction, non muni dune âme téléphonique.
Deux types dappareils furent créés qui permettent,
la communication à bout de câble, cest-à-dire
à plus de 1.500 mètres de hauteur, lun pour les
ballons dont le câble ne comporte pas d'âme téléphonique,
lautre pour les ballons à câble portant une âme
téléphonique. Lorsque celle-ci vient à se rompre,
au cours dune manuvre, on peut passer instantanément,
par le seul déplacement dune manette, du dispositif bifilaire
au dispositif monolilaire .
C'est dans le secteur du Saillant de Saint-Mihiel (Meuse), en mars 1915,
que sont nées des techniques qui vont changer les façons
de faire la guerre. Grâce à un sous-lieutenant français
André Delavie sont apparues,
presque par hasard, il y a cent ans sont apparues les premières
écoutes téléphoniques.
Récit
de cette histoire (pdf)
Le colonel de Malleray le nomme officier téléphoniste,
à la tête de 30 téléphonistes. Au cours dune
série dattaques qui durent cinq jours, les fils ne sont
pas coupés, et ce fait est si nouveau et si important que le
20 mars, il est signalé au commandant.
Dans la quinzaine du 5 au 20 mars 1915, un autre fait a attiré
lattention du sous-lieutenant Delavie. Il saperçoit,
en écoutant sur une de ses lignes, quon entend les communications
échangées sur dautres. Ce sont des mélanges,
lui disent ses hommes, et on ne peut les éviter. Bien loin dêtre
satisfait dune telle explication, le sous-lieutenant examine les
lignes dans leur construction ainsi que les tableaux auxquelles elles
aboutissent et sassure quaucun contact pouvant provoquer
un mélange nest possible. Il en construit une parfaitement
isolée des autres, entre son central de Saint-Agnant, la cote
360 et le camp des réserves de Ronval (forêt dApremont),
et constate quon entend les conversations des lignes voisines
! Dans les postes téléphoniques les plus avancés,
les téléphonistes quil questionne lui disent et
il sen rend compte quon perçoit sur nos lignes, un
peu faibles, des mots étrangers.
Lidée géniale jaillit : profiter de ce phénomène
pour surprendre les communications téléphoniques allemandes
! Le problème vient des prises de terre à lextrémité
: en les éloignant de plusieurs dizaines de mètres de
celles des prises de terre des postes téléphoniques, on
peut capter des courants de retour ; et comme les lignes allemandes
sont proches, parfois à 50 mètres, on entend distinctement
les conversations ennemies !
Le 3 avril, Delavie écrit dans son journal :
« Le capitaine du génie Salmon, ancien élève
de Polytechnique, est venu ce matin ; il ne voulait pas se rendre à
lévidence ; je lui ai prouvé par la théorie
que les choses pouvaient se passer telles que je les avais expliquées
et ensuite je lai amené voir lexpérience elle-même
; je lui ai fait contrôler jusque dans les moindres détails
de façon quil ny ait pas de doute. Il a très
bien entendu et sa réponse définitive a été
celle-ci que je transcris malgré son allure militaire : «
Eh bien, vous mavez foutu sur le cul ! »
Le 2 mai, il écrit que son « invention est en route
: le corps darmée en a tiré un certain nombre ».
Deux jours plus tard, il affirme : « Mes expériences ont
réussi au-delà de toute espérance. Je puis capter
à mon gré toutes les communications téléphoniques.
Je vais aménager des appareils pour lécoute des
Allemands. Dès hier, on les a entendus chanter dans leurs trous,
rire, se moquer du 75, régler le tir, etc. Dans quelques jours,
je crois que nous les entendrons comme si nous y étions ».
Les généraux dabord sceptiques furent conquis par
les résultats et créèrent une organisation pour
les exploiter à grande échelle...
1917 le système à bien évolué :
Je vous recommande de consulter le site "Des
téléphonistes et télégraphistes passerands
en 14-18" qui raconte ces moments.
Les transmissions se faisaient par téléphonie, mais aussi
par télégraphie soit Télégraphie électrique,
soit Télégraphie Par le Sol (T.P.S.) soit Télégraphie
Sans Fil (T.S.F.). On y apprend comment faire de la télégraphie
par le sol (T.P.S.)
« La télégraphie par le sol a été
utilisée dès 1917 pour établir des liaisons à
courte distance (portée 3 km environ).
Elle évitait lutilisation dune ligne téléphonique
sujette aux coupures lors des bombardements. »
On a rapidement compris aussi quelle pouvait aussi servir de communication
entre 2 galeries de mine sans quil soit nécessaire de tirer
du câble entre les 2 boyaux
La réception ne peut
toutefois pas dépasser un rayon de 3 km. Le fil en lui-même
est un fil de terre, donc assez solide, beaucoup plus solide que le
fil normal de téléphone et il est aussi assez court (moins
de 100 m). Il ne peut être coupé que par de lartillerie,
et pas par le piétinement ou autre. Sil est coupé
et quil existe une extrémité qui reste fichée
en terre, le système fonctionne encore. Sil est tout à
fait coupé, il est facile de le faire réparer, même
en plein bombardement par un télégraphiste qui na
pas besoin daller fort loin pour retrouver la coupure
Linvention
a fait lobjet dun brevet dès 1910 ; ce nest
donc pas un secret militaire.
Dès 1916, lexpérience du sous-lietenant Delavie
se généralise avant la création officielle, début
1917, des Sections spéciales découte mises au service
du Service de Renseignements.
Celles-ci se composent de techniciens qui doivent repérer les
endroits où des « fuites » permettent dintercepter
les conversations ennemies et dinterprètes capables découter,
en temps réel, les conversations ennemies.
Le rôle de ces interprètes est dautant plus difficile
quil leur faut comprendre non seulement lallemand mais aussi
ses diff érents patois, et être familiarisés, dans
la langue de Goethe comme dans celle de Voltaire, avec la terminologie
militaire.
La plupart des interprètes travaillant déjà pour
létat-major, les Sections spéciales se rabattront
sur quelques professeurs et sur des volontaires de la Légion
étrangère dorigine allemande ou suisse.
Durant les deux dernières années de la guerre, les écoutes
téléphoniques rendront dinappréciables services,
permettant de juger du moral des troupes ennemies, de tenir à
jour ses mouvements et, au niveau des champs de bataille, dêtre
informé de ses off ensives et de capter les informations destinées
au réglage de lartillerie.
Ajoutons que ces humbles auxiliaires du Service de Renseignements travaillent
dans les tranchées de première ligne, directement sous
le feu des Allemands. Leur travail de repérage permettra aussi
de colmater quelques brèches béantes ouvertes dans les
communications françaises.
Leur rôle et même leur simple existence sont restés,
jusquà ce jour, quasi ignorés des historiens.
Apparue en 1917, la TPS nécessite
le cryptage des messages, ce qui est peu compatible avec les situations
durgence, aussi est-elle le plus souvent utilisée comme
un moyen de secours.
La téléphonie des tranchées
« Deux types de téléphones sont utilisés
: les téléphones de campagne à « appel vibré
» du type 1908 et les téléphones mixtes «
à magnéto et à appel vibré » tels
les modèles 1909, 1915 et 1916. La dotation
est denviron 20 téléphones par régiment.
TM 09-15 |
TM 09 Le poste téléphonique
modèle 1909 possède un boîtier en bois avec
couvercle placé dans un étui en cuir avec courroie
pour le transport. Le combiné non repliable se loge horizontalement.
Le TM 1909 est fort rare dans l'armée française d'avant
1914 organisée pour la guerre de mouvement. Il est principalement
destiné à être relié au réseau
civil. Les militaires ne prennent réellement conscience de
l'utilité du téléphone qu'au moment de la stabilisation
du front en octobre 1914. Il faut alors réquisitionner en
toute hâte des appareils civils ; le modèle le plus
courant (et standardisé) est alors du type Marty 1910.
TM 09-15 Évolution du modèle 1909, le poste téléphonique
modèle 1915 n'a pas de couvercle sur son boîtier en
bois placé dans un étui en cuir avec couvercle et
courroie pour le transport. Les piles du micro sont placées
dans un étui fixé à l'extérieur droit
de l'étui principal. L'appel se fait par magnéto à
manivelle et bouton vibreur (noir). Le bouton blanc sert à
vérifier que la ligne n'est pas coupée. Le combiné
à pédale en métal peint en noir se replie pour
le rangement avec l'écouteur (côté gauche derrière
la sonnerie amovible). Il est fabriqué en quantité
avant l'arrivée du modèle 1916.
Dimensions (mm) : 250x145x190 - Poids 7kg |
TM16 |
TM 16 Plus compacte et
plus léger que ses prédécesseurs, le poste
téléphonique modèle 1916 possède un
boîtier en bois avec couvercle placé dans un étui
en cuir avec couvercle et courroie pour le transport. L'appel se
fait par magnéto à manivelle et bouton vibreur. Le
bouton blanc sert à vérifier que la ligne n'est pas
coupée. Le combiné à pédale identique
au modèle 15 se replie pour le rangement (à l'avant
à gauche de la sonnerie amovible). Il est fabriqué
en quantité jusqu'à la fin de la guerre.
Dimensions (mm) : 228x219x169
|
Le téléphone de campagne comporte un MICRO,
un ou plusieurs ECOUTEURS, une SONNERIE (réception des appels),
une MAGNETO (émission des appels), un CONDENSATEUR (séparation
des courants dappels des courants de conversation), une BATTERIE
dalimentation (pile micro). » (site voyageurs-du-temps.fr,
page telephone-telephonie-telephoniste 1067)
sommaire
La Radio
et la Télégraphie sans fil
LE GÉNÉRAL GUSTAVE FERRIÉ pionnier
de la radiodiffusion et de la normalisation des temps et cycles
Gustave Ferrié |
Gustave Auguste Ferrié
est un ingénieur et Général français
né en 1868 en Savoie et mort en 1932, à Paris. Il
étudie à lEcole Polytechnique, se spécialise
dans la télégraphie optique et électrique puis
sengage dans larmée. Sorti officier du génie,
il obtient sa première affectation avec le grade de Lieutenant.
Grâce à sa première expérience dans les
transmissions lors dun stage au Mont-Valérien en 1893,
il sintéresse très tôt à cette
technologie naissante quest la télégraphie sans
fil (TSF). Quelques années plus tard, il retournera dailleurs
à lécole de télégraphie militaire
du Mont-Valérien en tant quinstructeur puis commandant.
Ses connaissances et expériences à la fois dans le
domaine scientifique et militaire lui confèrent un large
panel de compétences, particulièrement appréciées
par Gustave Eiffel.
En 1900, le ministère de la Guerre charge Gustave Ferrié
détudier les applications militaires de la TSF. Très
rapidement, le Général ne parvient plus à obtenir
daméliorations à la hauteur de ses espérances
: il ne dispose pas dantennes suffisamment hautes pour réaliser
des liaisons de longue distance. Il va tenter délever
des antennes en employant des dirigeables militaires mais ces essais
se révèlent infructueux en raison des intempéries. |
Le 27 mars 1898, le capitaine Ferrie, délégué
militaire du gouvernement français, est chargé de rendre
compte des essais de TSF faits par Marconi entre la France et l'Angleterre.
Peu de temps après, et à partir des expériences de
Branly, le ministre de la Guerre confiait au jeune capitaine la mission
de développer les applications militaires de la TSF. Les moyens
dont il dispose sont dérisoires. Pourtant il multiplie les inventions,
il innove. On doit à son équipe, entre autres, le détecteur
électrolytique et le détecteur à galène. Les
systèmes d'émission et les antennes de réception
font l'objet d'études pour assurer des liaisons fiables entre les
places fortes. La TSF militaire assure ainsi, le 8 mai 1902, une liaison
d'urgence entre la Guadeloupe et la Martinique ravagée par l'irruption
de la montagne Pelée.
Par la suite Gustave Eiffel offrira au ministre de la Guerre la tour qui
porte son nom, pour qu'elle serve de support d'antenne de TSF, ce qui
sera fait en 1903. Cinq baraquements en bois s'élèvent bientôt
sur le Champ-de-Mars et quatre fils d'antenne relient le sommet de la
tour aux arbres de l'avenue de Suffren.
Bien vite, la marine nationale saisit tout l'intérêt qu'elle
peut retirer des expériences de l'équipe de Ferrie. A ce
dernier, le lieutenant de vaisseau Tissot propose d'émettre de
la tour Eiffel un service permanent de transmission de signaux horaires
destinés aux navires de la flotte française. Nous sommes
en 1905, le projet est accepté par le bureau des longitudes. Cette
même année, la guerre russo-japonaise, qui témoigne
certes des faiblesses de la Russie tsariste, va également mettre
en évidence l'importance stratégique de la TSF. La flotte
de l'amiral Togo, dûment équipée de récepteurs
de TSF et d'antennes Yagi, surprend en effet les cuirassés russes
accourus de la Baltique par une manuvre originale. Au lieu de livrer
bataille en lignes, ordre imposé par la nécessité
d'échanger des signaux à vue, les Japonais, coordonnés
par radio, traversent de part en part la ligne russe qu'ils bousculent.
Malgré leur dispersion et la visibilité médiocre,
ils portent des coups coordonnés et décisifs contre l'escadre
de Nicolas II.
En 1911, année de la création de l'École
supérieure d'électricité qui formera les officiers
du service des transmissions, l'essentiel du service porte sur les bulletins
météorologiques. En butte au septicisme de l'armée
de terre, Ferrie persévère. Pour vaincre la pusillanimité
ambiante, il installe un émetteur mobile de TSF sur une automobile,
réussissant ainsi des liaisons sur plus de cent kilomètres.
Grâce au général Ferrie, aidé
par la commission centrale de TSF de la marine de guerre, les premières
sociétés du Domaine (Carpentier, Gouffe, Rochefort) sont
parvenues à se réunir pour fonder la Compagnie générale
de radiotélégraphie (CGR). La Société française
radioélectrique n'allait pas tarder à apparaître
à son tour, les deux groupes conjuguant leurs capacités
dans l'effort de guerre commun.
En août 1914, la France se lance dans la guerre avec un équipement
en quantité inférieure à celui de ses alliés.
Mais également, fait plus grave, inférieur à celui
de ses adversaires d'outre-Rhin. Les stations mobiles sont en nombre
limité et les postes puissants n'offrent aucune garantie de liaison
régulière. Les pouvoirs publics n'ont pas donné
suite aux propositions de Ferrie et de ses collaborateurs. Des mesures
extrêmes s'imposent donc. Afin d!étoffer les services de
la tour Eiffel, deux puissants émetteurs, destinés primitivement
à Saigon et à Tombouctou, sont installés à
Lyon cette fois. Lyon-la-Doua assurera les liaisons avec la Russie,
la Serbie et la Roumanie.
La marine de guerre allemande va se préparer
dès 1907 à une guerre maritime, où la maîtrise
de la TSF joue déjà un rôle essentiel. La société
Telefunken équipe systématiquement les navires militaires
et civils. Elle va même jusqu'à équiper des navires
neutres, dont les opérateurs sont allemands. A la déclaration
de guerre, les navires de commerce se réfugient dans les ports,
après avoir été alertés par TSF, alors que
les bâtiments de guerre infligent de lourdes pertes aux flottes
alliées. Certaines stations côtières neutres d'Amérique
du Sud, notamment péruviennes, aident les forces navales allemandes
et les corsaires agissant dans le Pacifique et l'Atlantique sud. Aux
Canaries, le consul allemand est arrêté après qu'on
a découvert chez lui un émetteur clandestin. La Grande-Bretagne
réagit et, à la fin de 1914, les câbles transatlantiques
qui relient l'Allemagne à l'Afrique sont coupés ; les
quatre stations allemandes de TSF à grande puissance situées
dans le Pacifique sont détruites.
Le 4 août 1914, dans le cadre du huitième
régiment du Génie, les transmissions militaires sont mobilisées.
12 000 hommes et 150 officiers, dont beaucoup sont des employés
des PTT, sont versés dans la télégraphie militaire.
Ferrie fonde l'Établissement central du matériel de la
radiotélégraphie militaire, qui deviendra une pépinière
de chercheurs et de techniciens. Les écoutes radio, effectuées
par la tour Eiffel, permettent au service du chiffre de décrypter
des messages allemands et de repérer les faiblesses des forces
ennemies sur la Marne. Galliéni utilisera du reste ces informations
pour arrêter les troupes d'invasion qui déjà menacent
Paris. Du côté des chercheurs de la TSF, les nécessités
guerrières vont s'avérer un prodigieux stimulant. Les
amplificateurs basse fréquence, les récepteurs de bord
pour avions, les transmissions par radio de la voix humaine, la construction
en série de lampes d'émission triode TM, les réseaux
d'écoute et de gonio- métrie chargés de situer
la source des émissions ennemies, le premier récepteur
superhétérodyne, telles sont quelques-unes des innovations
survenues entre 1914 et 1918, et qui témoignent combien les équipes
coordonnées par le général Ferrie ont eu un rôle
fondamental dans l'essor de la TSF. A cet élan collaborent tous
les savants, techniciens et entrepreneurs qui assureront l'avenir de
la TSF et de la radiodiffusion en France : autour du capitaine Brenot
on trouve, à la tour Eiffel, Maurice de Broglie, Laut, Lucien
Levy, Ditte, tandis qu'à Lyon sont rassemblés auprès
du professeur Abraham et du capitaine Péri, Marius La- tour et
Biguet. Emile Girardeau sera de ceux qui assureront l'avenir de ces
recherches.
Ferrié, un génial organisateur
Les zeppelins sortis, avant même qu'ils eussent traversé
la frontière, étaient déjà repérés
par l'ensemble de nos propres goniomètres. Nous les suivîmes
sur la carie d'Europe, comme si nous les avions vus nous-mêmes
; ils passèrent au nord du Luxembourg, survolèrent la
Belgique et traversèrent le Pas-de-Calais.
C'est alors que le plan Ferrie entra en action ; le général
donna ordre à quelques-unes de nos stations d'émission
du front de brouiller les communications des zeppelins en accordant
nos émetteurs sur la longueur d'onde de chacun d'eux. Chaque
dirigeable eut son poste perturbateur parmi nos stations terrestres,
cnacun des nôtres s'efforçant de couvrir, avec le maximum
d'intensité, l'étincelle des postes aériens allemands.
Si bien que les go- *nios ennemis n'y comprenaient plus rien, pataugeaient
dans les azimuts et étaient dans l'impossibilité de donner
la moindre mesure exacte à leurs pilotes.
Mais notre général ne se borna pas à cette petite
supercherie, il poussa le brouillage dans ses limites extrêmes
en utilisant un grand poste français, techniquement camouflé
en émetteur allemand.
Il substitua la station ainsi maquillée à la grosse station
terrestre allemande en transmettant aux zeppelins des rectifications
de route qui devaient amener les dirigeables au-dessus de nos camps
d'aviation et de nos batteries et non plus sur la Belgique et le Luxembourg,
itinéraire projeté pour le retour. Le gros émetteur
français, étant plus près des aéronefs que
l'émetteur allemand, était reçu par les récepteurs
aériens ennemis avec une meilleure intensité. Les radios
du bord prirent donc pour des renseignements de premier ordre les fausses
mesures que Paris leur envoyait ; au lieu de repasser au-dessus de Bruxelles,
les zeppelins vinrent échouer dans nos lignes où nos escadrilles,
alertées à temps, n'eurent qu'à les entourer, les
obliger à atterrir et à se rendre. Celui que nous étions
chargés de surveiller particulièrement au poste du Hohneck
fut abattu à Bourbonne-les-Bains, les autres s'effondrèrent
les uns après les autres à l'arrière de notre front
et le dernier, complètement affolé par la multitude des
rectifications qu'il recevait tant de France que d'Allemagne, rectifications
contradictoires évidemment, descendit la vallée du Rhône,
fut aperçu à Avignon et disparut vers la Corse sans qu'on
sût jamais ce qu'il était devenu. Ce fut une accablante
défaite pour le Kaiser et pour l'aviation germanique qui avaient
tout prévu, sauf qu'il existait chez nous un subtil et génial
organisateur en la personne du général Ferrie et un réseau
radiogoniométrique merveilleusement outillé et discipliné.
Ce fut la fin des raids par zeppelins, aucune nouvelle tentative ne
fut faite par ceux qui restaient dans les hangars ennemis
ommaire
Ferrie meurt le 16 février 1932, et reçut
beaucoup d'éloges :
Arrive 1914, la guerre. Ici, ce que lon
peut appeler la chance française trouve à la tête
des services de télégraphie militaire lhomme
le plus compétent qui soit, celui qui, à une science
profonde, joint une énergie peu commune et un incomparable
esprit réalisateur. Il serait trop long dénumérer
toute lampleur des recherches, des découvertes, des
réalisations faites par le général Ferrié
et les savants collaborateurs quil avait réunis autour
de lui et dont le continuel dévouement ne lui a jamais
fait défaut.
Il suffît de dire que, dès le début et pendant
toute la durée de la guerre, la France fut toujours, en
télégraphie et téléphonie militaires,
dune incontestable supériorité.
Nos alliés nous suivirent; quant à nos ennemis,
malgré leur puissante organisation technique, ils furent
toujours considérablement en retard. Larmée
française a été ainsi toujours la première,
grâce à Ferrié, qui se montra dans ces circonstances
non seulement un grand chef auquel doit aller la reconnaissance
du pays, mais un des meilleurs artisans de la victoire finale.
Après la guerre, Ferrié réussit à
conserver la cohésion entre les spécialistes dont
lunion avait donné de si bon résultats. Il
fut lâme du projet dune grande opération
internationale de différences de longitude mondiale, actuellement
en cours dexécution, sous les auspices du Bureau
des Longitudes.
Il collabora également, avec toute sa compétence
et toute son ardeur, à la réalisation de lexpédition
scientifique que lon appelle lAnnée polaire,
qui doit donner, au point de vue de la physique du globe, des
résultats de tout premier ordre. Il nous en parlait encore
au Bureau des Longitudes, il y a une quinzaine de jours; la mort
vient de le surprendre au milieu de ses travaux.
Tant de services rendus avec un dévouement sans limites
et un complet désintéressement devaient avoir leur
consécration scientifique. Dès 1911, le Bureau des
Longitudes lappelait auprès de lui; en 1922, lAcadémie
des Sciences le nommait à lunanimité à
la vacance créée dans la Section de Géographie
et Navigation par le décès de notre confrère
Grandidier, après lui avoir décerné, en 1921,
sa plus haute récompense, le prix Osiris.
A létranger, ses mérites scientifiques
avaient peut-être encore plus de retentissement que dans
notre pays, et sa place se marquait au premier rang dans les unions
et comités scientifiques internationaux. Il était
successivement nommé : président de la Commission
internationale des Longitudes par T. S. F. ; membre de
la Commission internationale de lHeure, président
de lUnion internationale de Radiotélégraphie
scientifique, et tout récemment, quand le Conseil international
de Recherches modifia ses statuts, en 1931, et procéda
à lélection dun nouveau bureau, ce fut
Ferrié qui, dacclamation, fut nommé premier
vice-président de la nouvelle organisation. Toutes les
sociétés scientifiques françaises de géodésie,
dastronomie, de radiotélégraphie, délectricité
le comptaient comme président ou membre de leur conseil.
Il nétait de par le monde un congrès intéressant
ces sciences auquel il ne participât avec une autorité
devant laquelle tout le monde sinclinait. Si lon ajoute
à cela toutes les inspections que lui imposaient ses fonctions
dinspecteur général des Services de Télégraphie
militaire et des Troupes et Services de Transmissions, en France,
en Algérie, au Maroc, au Levant, on reste confondu devant
une telle accumulation de travaux et devant une telle infatigable
activité. Au moment même où il entrait au
Val-de-Gràce, il était sur le point de partir en
Syrie.
Tel était celui auquel la science doit
tant de résultats. Mais, à côté du
savant il y avait lhomme. Trouver un camarade et un ami
plus sûr, un collaborateur plus accueillant, et pour ceux
qui servaient sous ses ordres, un chef plus bienveillant, est
impossible à dire. Sa haute compétence scientifique,
qui le plaçait au premier rang, était chez lui comme
cachée sous une affabilité et une modestie qui faisaient
ladmiration de tous ceux qui le connaissaient. Qui la
approché la aimé. Cest le plus bel éloge
que lon puisse faire dun homme.
La perte est immense pour la science; elle lest plus encore
pour la compagne si dévouée de sa vie, qui lentourait
de son affection, qui le soutenait dans ses travaux, lui faisait
oublier ses fatigues et devant laquelle je mincline.
Au nom de lAcadémie des Sciences, au nom du Bureau
de Longitudes, jexprime à Mme Ferrie et à
toute sa famille la part bien vive que tous leurs membres prennent
à la disparition dun des plus éminents de
leurs confrères. Puisse lhommage que nous lui rendons
être un adoucissement à leur douleur, et vous, Ferrié,
mon confrère, mon camarade et mon ami, non pas un adieu,
mais au revoir.
Conférence faite le 10 mars 1932 à lAssociation
amicale des 8e, 18e et 28e Génie, par le lieutenant-colonel
du Génie Brenot, président du Syndicat professionnel
des Industriels radioélectriques.
Plus que le devoir, la sympathie profonde qui se dégageait
irrésistiblement de la personnalité du général
Ferrié a inspiré déjà tant déloges,
tant détudes dune vie si magnifiquement remplie
que je crois devoir me dégager ce soir du cadre habituel
des notes biographiques.
La meilleure manière de faire connaître un homme
nest pas d'énumérer ses succès. Cest
de le montrer aux prises avec les difficultés de la vie
et de faire la mesure de son triomphe à celle des obstacles
franchis.
Lhistoire du général
Ferrié se confond avec lhistoire de la T. S. F. en
France.
Parler delle, cest parler de lui. Il en fut le tuteur
et conduisit ses premiers pas, avec énergie, avec sûreté,
au milieu des pires misères. Plus tard, quand lenfant
devint grande personne, il en resta le conseiller, lanimateur
dans leffort. Mais ce sont les heures du début les
plus intéressantes, les heures où seul, sans soutien,
sans moyen, il fallait livrer dans la nuit des luttes incessantes
et dures... et le pire ennemi nétait pas la matière
ingrate.
De ces heures permettez-moi de vous livrer quelques souvenirs.
Le capitaine Ferrié vient dassister aux expériences
faites par Marconi entre la France et lAngleterre
(1899).
Il a pressenti lavenir, et, dans lardeur de sa foi
et de sa jeunesse, il assume devant le Ministre de la Guerre,
et la responsabilité de retrouver seul, en dehors de toute
participation étrangère, les résultats acquis,
et celle détablir des appareils susceptibles dapplications
militaires.
Reportons-nous à lépoque :
Des phénomènes mystérieux aux lois mal connues
: depuis lantenne jusquau cohéreur de Branlv,
on travaille dans une technique nouvelle, où ce qui paraît
aujourdhui dune évidente simplicité
pose les problèmes les plus ingrats.
Solutions électriques difficiles, réalisations mécaniques
complexes. Ce monde des infiniments petits, des vitesses infiniment
grandes, entend faire payer cher laccès de ses mystères.
Ferrié saide de conseils, de concours que peuvent
lui apporter quelques savants, quelques ingénieurs de lindustrie,
Blondel, Carpentier, Ducretet, Gaiffe, Rochefort, et, sans crédits
ou presque, sans moyens dexécution, il aborde tout
de même la tâche.
Une petite pièce, boulevard Latour-Maubourg, deux baraques
avec des supports dantenne constitués par de petits
pylônes en bois, dans les forts de Villeneuve-Saint-Georges
et de Palaiseau, constituent les locaux de travail.
Quelque temps après, M. Eiffel offrira lutilisation
de la Tour que dautres ingénieurs ont renoncé
à employer comme support dantenne, à cause
de limportance de sa masse métallique.
Une petite baraque en bois de quelques mètres carrés
est construite au Sud du monument, dans lemplacement alors
enclos de palissades, et à létat de brousse,
oii se dessinera plus tard le parc du Champ de Mars. Lantenne
est un simple fil, amarré, à la suite dessais
progressifs, dabord au 1er étage, puis au 2e, puis
au 3e.
Le 5 novembre 1898, Eugène Ducretet établit
la première liaison française par radio, en émettant
des sons depuis la tour Eiffel jusqu'au Panthéon (ce qui
représente environ 4 km).
Dans ces installations rudimentaires, le capitaine Ferrié
fait tout. Il exécute les montages, procède
aux mesures, manipule le plus souvent lui-même. Son équipe
comprend dexcellents sapeurs, modèles de travail
et de dévouement, mais qui ne sont ni des physiciens, ni
des électriciens. Les collaborateurs les plus habituels
sont un caporal mécanicien, qui deviendra dentiste, un
fabricant de corsets, un horloger, un charpentier. Ils doivent
recevoir ici notre hommage unanime. Ils furent les ouvriers de
la première heure et ne marchandèrent jamais leur
dévouement ni leur peine.
Et bientôt les premiers résultats
apparaissent. Un type de transmetteur à bobine dinduction
est créé. Une des boules de léclateur
est simplement reliée au sol, lautre à lantenne.
Lantenne est donc attaquée en excitation directe.
La syntonie na pas grande importance à cette époque,
car les émissions nencombrent pas léther.
Dailleurs, le détecteur lui-même, du type «
cohéreur », est un détecteur à grande
résistance, sensible aux pointes de tension, et qui saccommode
bien ainsi des effets de choc électrique qui lui sont brutalement
transmis.
Le récepteur, dans sa boîte de chêne, blindée
de cuivre, à forme de pupitre, va rester longtemps immuable.
Il comprend tous les organes annexes du cohéreur, quil
a fallu étudier, créer : tapeur pour décohérer
le cohéreur, relais, circuits divers, excités par
lantenne réceptrice et qui, sous le nom de jiggers,
étaient demeurés un des mystères des postes
de Marconi.
Des types de cohéreurs réguliers et sensibles ont
été créés, à limaille dor
et surface dacier poli.
Les antennes ont été étudiées. On
en a vérifié le mode vibratoire, le mode de rayonnement.
On a appris à mesurer leurs longueurs dondes.
Comme les techniques anglaise et allemande semblent
se préoccuper des antennes dirigées, le capitaine
Ferrié étudie les propriétés des antennes
horizontales et, sur les conseils de Blondel, envisage déjà
lemploi des cadres.
Les irrégularités du cohéreur, les inconvénients
de son principe ont poussé Marconi à chercher un
autre détecteur. Le grand inventeur italien établit,
étudie le détecteur magnétiqne.
Mais, dès 1900, le capitaine Ferrié,
sécartant de la voie des cohéreurs à
contacts solides, avait donné le principe des détecteurs
électrolytiques, à contact pointe-liquide. Quelques
années plus tard son idée sera reprise en Allemagne
et mise au point simultanément dans les deux pays.
En 1902, cest-à-dire moins de trois ans après
la création du service détudes, un matériel
démission et de réception susceptible dapplications
pratiques a été créé.
Les Colonies, la Marine en demandent des types et les expérimentent.
Le capitaine Ferrié effectue des expériences comportant
lemploi dantennes soutenues par des ballons à
300 ou 400 mètres de hauteur, et constate que des portées
de 300 ou 400 kilomètres sont ainsi réalisables,
avec des puissances infimes.
Le grand mouvement se déclenche... et le nouveau matériel
reçoit le baptême du feu. Le capitaine Ferrié
part aux Antilles avec ses appareils pour remplacer par T. S.
F. la communication sous-marine rompue par léruption
du Mont Pelée. Pour la première fois dans notre
domaine national la « sans-fil » se substitue au «
fil ».
Ce succès va-t-il lui apporter lappui confiant des
services qui le contrôlent ?... non pas. Voici au contraire
les heures grises, celles des pires difficultés.
Cest à cette époque, octobre 1904, que je
reçus un matin lordre de me rendre dans les quarante-huit
heures à lÉtablissement central de Matériel
de Télégraphie militaire pour y collaborer à
lemploi de la T. S. F. aux armées.
Je me présente au capitaine Ferrié, et ma surprise
fut profonde de voir la foi et la gaieté de cet homme à
côté des misérables moyens dont il disposait.
Jétais le premier collaborateur officier attaché
à lui de manière permanente.
Dautres officiers avaient passé à ses côtés,
le capitaine Becq, par exemple, mais incidemment, pour des missions
ou des essais spéciaux.
Le capitaine Ferrié me dit de me mettre
au courant, comme je pourrais, avec léquipe de sapeurs.
Au hasard des essais, il trouve le temps de me donner quelques
explications, et peu à peu, dans la confiante collaboration
quotidienne me laisse voir ses soucis et ses craintes, cachés
derrière cette bonhomie si alerte, si vivante, quon
était tenté de le croire tout à fait inaccessible
au « cafard ».
Les succès du début ont soulevé des jalousies
qui exploitent la méfiance, linertie et toutes les
objections que rencontrent les progrès révolutionnaires.
Un nouveau programme dessais est entrepris en 1905. Un poste
mobile, dit « du Grand Quartier général »,
se déplacera vers lEst et lon vérifiera
à quelle distance une exploitation militaire peut être
assurée.
Ce poste, dont me charge le capitaine Ferrié qui reste
au poste de commandement de Paris, comprend un groupe électrogène
sur chariot, avec accumulateurs, une voiture-poste où sont
rassemblés les appareils récepteurs et transmetteurs
(2 bobines dinduction Rochefort couplées, de 0,50
m détincelle, attaquant lantenne en excitation
directe, une boîte de réception à cohéreur),
une voiture-treuil sur laquelle senroule lantenne
qui est un câble dacier de 400 mètres servant
de câble de retenue à un ballon cerf volant dit «
drachen ».
Des télégrammes véritables doivent être
échangés sous le contrôle dofficiers
qui accompagnent les expérimentateurs.
Les essais réusssisent parfaitement jusquà
la frontière de lEst, confirmant entièrement
les résultats antérieurs qui avaient fait Fobjet
de plus de soupçons que de félicitations.
En me remerciant dans une lettre charmante de ma modeste collaboration,
le capitaine Ferrié mécrit quil nignorait
pas que les expériences récentes avaient eu surtout
pour but de prouver quil était un « fumiste
». Ce ne fut pas contre lui que la démonstration
réussit.
Lère des critiques mesquines et systématiques,
des objections incessantes, nest pourtant pas close : la
T. S. F. vient bouleverser tant dhabitudes. Lorsquon
voulut répandre lusage du téléphone
aux armées, violente déjà fut lobstruction.
La T. S. F. connut dautres luttes, et les coups étaient
plus faciles à diriger : il ny avait quun centre
defforts à frapper.
Des crédits de quelques centaines de francs sont demandés
pour construire un ondemètre. Refusés, comme inutiles.
En dehors du capitaine Ferrié, un cahier des charges a
fixé les conditions disolement des dynamos des postes
de T. S. F. Le capitaine Ferrié le déclare insuftîsant.
On linvite à sabstenir de critiques de ce genre
: « Aux premiers essais, tous les induits crèvent.
»
Lindemnité de déplacement normale est demandée
pendant les expériences faites dans lEure-et-Loir
pour permettre aux sapeurs spécialistes qui travaillent
à toute heure, jour ou nuit, aux essais des postes mobiles
dans des villages sans grandes ressources, dassurer leurs
repas dans des conditions à peu près acceptables.
Refus. Ils doivent se contenter du prêt normal, comme sils
étaient à la caserne, dans lordinaire organisé.
Et la liste pourrait être allongée
sans cesse. Le temps se gaspille en rapports, en réclamations.
Là où de grands encouragements sont nécessaires,
ne se rencontrent que brimades et critiques.
Ces faits sont rappelés sans acrimonie.
On en retrouve le développement autour des premiers efforts
de tous les animateurs des nouveaux progrès.
Mais il était nécessaire de les évoquer,
car ils mesurent en partie le triomphe du vainqueur.
Jamais lénergie du capitaine Ferrié ne se
dément. Pourtant il souffre bien souvent, et je le vois
à certains tremblements nerveux qui sont pour moi les détecteurs
des grands soucis. Mais il se domine magnifiquement et jamais
ses collaborateurs ne sentent le contre-coup de toutes ces misères
: bonne humeur, cordialité, au service dune énergie
de fer, dun esprit dentreprise que rien ne peut calmer.
Heureusement compris par quelques grands chefs, par quelques grands
esprits, qui par moments interviennent pour rétablir une
situation trop compromise, la tâche continue, toujours fertile
en résultats.
Cest le détecteur électrolytique
mis au point, et lintroduction de la lecture au son qui
améliorent considérablement le rendement des récepteurs
jusque là affectés fortement par les moindres parasites.
Cest la suppression des bobines dinduction et lemploi
du courant alternatif industriel qui va permettre daccroître
les puissances en jeu, de diminuer les hauteurs dantenne,
en abandonnant les ballons dune manuvre si délicate
et si aléatoire.
Lévidence des résultats, les services rendus
par la T. S. F. simposent et diminuent lâpreté
des luttes. Les moyens dexécution augmentent.
Un nouveau type de matériel, dallure
plus industrielle, est créé : courant alternatif
sous une puissance de plusieurs kilowatts, lecture au son avec
détecteur électrolytique et quelques premiers types
de détecteurs à cristaux, antennes soutenues par
des mâts ou des pylônes. Le cohéreur disparait
peu à peu.
La Marine, les Colonies adoptent ces appareils. Le commandant
Ferrié sembarque sur lescadre de la Méditerranée.
Cest la tempête. Les marins mêmes, à
lintérieur du poste de T. S. F., sous le pont cuirassé,
sont indisposés. Le commandant Ferrié manipule lui-même
et reste plus de vingt-quatre heures durant aux appareils. On
lemporte évanoui.
Il part au Sénégal et pose les premières
bases des grands postes de lAfrique occidentale.
Il part au Maroc avec un détachement de postes mobiles
improvisés en quelques jours, et assure le service radiotélégraphique
pendant la campagne de la Chaouia, sous les ordres du général
dAmade, qui en fait un magnifique éloge.
La station de la Tour Eiffel se développe. On commence
les travaux du grand poste souterrain actuel.
On remplace progressivement par des postes à courant alternatif,
comportant des antennes soutenues par des pylônes, les stations
des grandes places fortes de lEst et du Nord (Belfort, Épinal,
Verdun, Toul, Maubeuge), desservies jusqualors par les anciens
appareils à cohéreur, à bobine dinduction,
et dont les supports dantenne étaient des ballons
et des cerfs-volants.
Les deux premiers postes automobiles, qui plus tard prendront
part à la guerre de 1914, sont équipés en
1908. Leur antenne est constituée par un mât métallique
démontable.
La T. S. F. est venue au secours du fil, à
lintérieur, lors de la grève des Postes et
des Télégraphes, lors des troubles du Midi.
En collaboration avec M. Blondel, les premiers essais de radiogoniométrie
ont été effectués à La Rochelle, sur
un vapeur du Service des Phares, le Léonce-Raynaud, dont
lantenne est constituée par un cadre triangulaire.
Sur les côtes, des stations de T. S. F. relient les principales
îles aux défenses côtières.
On prépare les expériences de T. S. F., en dirigeable,
en aéroplane.
Le commandant Ferrié élargit déjà
son champ daction en sorientant vers le domaine scientifique;
et les signaux horaires, la mesure du temps amorcent la popularité
de la T. S. F.
En 1910, la bataille est gagnée.
Dans les multiples voies où lhomme
la appelée à son secours, la radioélectricité
affirme la grandeur de son rôle.
Amené à collaborer avec toutes les principales administrations
de lEtat, Guerre, Marine, P. T. T., Colonies, Travaux publics,
Instruction publique, etc..., Ferrié sest imposé
à toutes.
Quand une question de T. S. F. se pose, la réponse est
déjà traditionnelle : Voyez Ferrié.
Cest un magnifique hommage rendu à
onze années dun effort surhumain, extraordinairement
fertile en résultats/en impulsions créatrices dont
leffet a été définitif.
Car, avant toutes choses, cet homme fut un animateur. Lesprit
à laffût de tout ce qui était nouveau,
il déclenchait le mouvement par son énergie, par
linfluence personnelle acquise, coordonnait tous les impondérables
Le résultat se dessinait, simposait.
Les esprits critiques prétendaient alors parfois chercher
vainement lessentiel de son uvre personnelle, qui
napparaissait pas resplendissante comme une invention sensationnelle,
alors que cette uvre était partout, directrice, coordinatrice,
uvre de semeur, de laboureur, dure, essentielle, féconde.
La guerre, les grandes conférences internationales consacreront
la valeur du colonel Ferrié. Son rôle, ses succès,
qui ne sont plus contestés, ont reçu les plus éclatants,
les plus populaires des témoignages.
Du plan national, son vaste esprit la porté sur le
plan international.
Dans les Conseils des Alliés dabord,
ensuite dans les conférences plus vastes où se réunissent
presque tous les pays du monde, il est appelé aux hautes
présidences et cest à lui le plus souvent
que tous sadressent unanimement quand il faut traduire un
effort collectif, une pensée densemble.
Lui dont le tempérament militaire est si ardent quil
reste toujours soldat avant tout, passionné pour lart
du sapeur, aimant son uniforme comme un enfant, se raidissant
dans les saluts militaires comme un jeune polytechnicien, estlâmemême
des conciliations, des coordinations.
Instruit par les luttes du début, plein de dégoût
pour le sectarisme sous toutes ses formes, il cherche toujours
à provoquer les collaborations, à calmer les discordes.
Et sa grande cordialité nest pas seulement une forme
de ses manières : elle reflète le fond de son cur,
affectueux et bon.
Auprès de lui, puis attaché au Ministre des Colonies,
enfin dans lindustrie, toujours son ami, bien souvent son
confident, jai vu son action sous toutes les formes, mais
avec une seule tendance : lapaisement dans la collaboration.
Profitons de la leçon que lui ont dictée
de terribles efforts. Dans les tâches quil a réalisées
ou amorcées en tant de domaines, télégraphie
militaire, radiodiffusion, laboratoires, enseignement, mesures
scientifiques, etc..., il a toujours cherché à élargir
le champ de travail, à sadresser à toutes
les compétences, à toutes les bonnes volontés.
Ce fut une cause essentielle du succès de son uvre.
Cette uvre périclitera si nous ne suivons pas, tous,
dans nos voies respectives, la même inspiration.
En dehors de notre volonté daboutir,
nous devons à sa mémoire, à notre gratitude,
de suivre son grand exemple.
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A partir de 1921, Ferrié expérimente la
radiodiffusion depuis la tour Eiffel. Ainsi nait la radio grâce
à Radio Tour Eiffel qui émet régulièrement
à partir de 1922.
sommaire
Contexte historique
Les télécommunications militaires créées
en 1912 par le regroupement de toutes les unités de sapeurs télégraphistes
au sein du 8e régiment de Génie prennent
au cours de la Grande Guerre une ampleur exceptionnelle. Elles joueront
un rôle primordial dans le succès des combats.
Les communications sont réalisées par des techniques modernes
- télégraphie électrique, télégraphie
sans fil (TSF), téléphonie - et par dautres, obsolescentes,
rapidement limitées à un emploi tactique signalisation
optique (fanions, héliographes) et colombophilie.
Les liaisons air-sol et la télégraphie par le sol (TPS)
seront développées au cours du conflit.
Le téléphone est testé par l 'Armée Française
lors des grandes manoeuvres de 1894. Au début de la guerre, il
y a environ 300 téléphones dans les armées principalement
dans les états-majors. Les armées ne prennent réellement
conscience de limportance de la téléphonie quavec
la stabilisation du front en octobre 1914.
Faute déquipements (TM 09 et TM 09-15 qui sont des adaptations
du téléphone des administrations Marty) en quantité
suffisante, des appareils civils sont réquisitionnés en
toute hâte. Il est alors fait appel aux nombreux constructeurs
qui ont accompagné dans la décennie 1900-1910 le succès
de linvention pour pourvoir aux nouveaux besoins des armées
(la dotation régimentaire est denviron 20 appareils).
La production en masse du TM 09-15 est accélérée.
Le TM 16 plus compact et plus léger que ses prédécesseurs
est introduit progressivement. Il est fabriqué en quantité
jusqu'à la fin de la guerre. En 1918, on compte plus de 200 000
téléphones de campagne.
En 1916, le général Ferrié créa le service
de radiotélégraphie aérienne. La liaison TSF air-sol
révolutionne la transmission du renseignement et lobservation
La reprise de la guerre de mouvement condamne à terme les moyens
filaires. La recherche soriente vers la radio. La Seconde Guerre
mondiale consacrera sa prééminence. Pour larmée
française elle se traduira par la création dune
nouvelle arme : les Transmissions, en mai 1942, et la disparition de
la spécialité au sein du Génie.
Le 13 juin 1933 , le brevet du premier radar bistatique
en onde continue est déposé au nom de Taylor, Young et
Hyland.
1937 A la veille de la seconde guerre mondiale, le radar monostatique
VHF fut mis au point, optimisé et amélioré au cours
du conflit, il permettait de détecter les raids aériens.
Ce conflit armé fût également loccasion de
généraliser des liaisons tactiques, avec lutilisation,
par les différentes armées de moyens de radiocommunications
télégraphiques et téléphoniques.
Utilisation de la radio par l'armée française
en 1940
Il est patent que le Haut Commandement français de 1939-1940
voyait la radio d'un mauvais il, voire y était hostile
!
Le général Gamelin en 1935, est nommé chef d'état-major
général de l'armée française, et restera
à ce poste jusqu'au 19 mai 1940, date à laquelle il est
« limogé » et remplacé par le général
Maxime Weygand.
Comme depuis son PC du château de Vincennes, Gamelin se refuse
à communiquer par radio (trop indiscrète), ses messages
en direction des troupes et ses informations reçues ne transitent
donc que par téléphone ou par estafettes. Le téléphone
convient peu à des troupes en mouvement et les estafettes manquent
sérieusement de rapidité...
Émettre c'est montrer à l'ennemi d'où l'on se manifeste.
La radiogoniométrie est la technique de repérage de la
direction de déplacement des ondes électromagnétiques
(dont les ondes radio font partie). Elle s'appuie sur plusieurs phénomènes
physiques et appareils associés dont, tout particulièrement,
les antennes directionnelles.
En conclusion, on doit donc à juste titre se méfier lorsqu'on
utilise les transmissions par radio .
Instruction Ministérielle du 7 novembre
1936 au sujet de la radio.
En 1939 ce document, toujours d'actualité, est
rediffusé en direction des chefs d'états-majors.
En voici des extraits : §80, §81 et §85.
Radiotélégraphie. Elle ne permet
de communiquer qu'en morse (graphie).
§80.Avantages. Les installations radiotélégraphiques
sont peu visibles et peu vulnérables.
La radiotélégraphie permet :
- de maintenir les relations entre deux autorités, lorsque
la distance, le terrain, les tirs ennemis ou tout autre motif
empêchent l'établissement ou le bon fonctionnement
des autres moyens de transmission ;
- de faire suivre une autorité dans tous ses déplacements
par un poste qui peut la desservir dans un court délai.
Certains postes sont même capables d'émettre
et de recevoir en marche. Ils permettent au commandement d'assurer
la continuité de ses relations pendant les mouvements.
Seule, parmi tous les procédés de transmission,
la radiotélégraphie permet la diffusion simultanée,
à un nombre illimité de correspondants, d'un même
télégramme.
Inconvénients. L'inconvénient capital
de la radiotélégraphie est son indiscrétion.
- L'ennemi peut écouter, loin à l'arrière
(la sensibilité des appareils d'écoute spécialisés
est beaucoup plus grande que celle des récepteurs des corps
de troupe, de sorte que les radiotélégrammes ennemis
peuvent être captés à une distance dépassant
notablement la portée officielle des postes émetteurs),
dans de très bonnes conditions, les émissions adverses,
ce qui oblige à chiffrer en principe les télégrammes
expédiés par radiotélégraphie, et
même il peut, par radiogoniométrie, déterminer
les emplacements des postes entendus et, par voie de conséquence,
les emplacements des postes de commandement.
- L'ensemble des renseignements recueillis par les écoutes
ennemies peut fournir à l'adversaire des données
importantes sur l'ordre de bataille et, dans une certaine mesure,
sur les intentions du commandement. Aussi, dans certaines circonstances,
le commandement est-il conduit à interdire partiellement
ou totalement l'emploi de la radiotélégraphie.
Malgré le nombre élevé de
longueurs d'ondes réalisables à l'heure actuelle,
la nécessité d'éviter les brouillages limite
le nombre des réseaux qui peuvent être constitués
dans une unité.
La réception des postes radiotélégraphiques
peut être brouillée :
- par des émissions normales de l'ennemi ;
- par des émissions systématiques de ce dernier,
s'il consent à supporter lui-même les conséquences
de ce brouillage ;
- par des parasites atmosphériques.
Les relations établies par radiotélégraphie
sont, en comparaison des relations téléphoniques,
d'un faible rendement, par suite de la nécessité
:
- de faire, le plus souvent, travailler les postes en réseau,
ce qui implique qu'un seul poste puisse émettre à
un instant donné ;
- de chiffrer en principe les télégrammes ;
- d'échanger pour les postes correspondants des communications
de service avant et après la transmission du télégramme
proprement dit (Appel du poste expéditeur, indication que
le destinataire est prêt à recevoir, signal de fin
de télégramme, accusé de réception
du destinataire, etc.).
L'ensemble de ces contingences peut réduire
le débit utile d'un poste radiotélégraphique
à moins de 100 groupes (de 5 lettres ou chiffres) à
l'heure.
En conséquence :
- tout télégramme à expédier par radiotélégraphie
devra être aussi condensé que possible et rédigé
à l'aide de documents spéciaux établis à
cet effet ;
- les postes radiotélégraphiques ne peuvent être
utilement mis en uvre que par un personnel soigneusement
instruit ;
- enfin, le matériel ne comportant pas d'appareils d'appel,
il est nécessaire d'assurer une permanence de l'écoute
à chaque poste.
Radiotéléphonie. Elle permet de communiquer par
morse et par la voix (phonie).
D'une manière générale,
la radiotéléphonie a les mêmes caractéristiques
d'emploi que celles exposées ci-dessus pour la radiotélégraphie.
Toutefois la première présente, par comparaison
avec la seconde, les avantages et les inconvénients suivants
:
Avantages.
- les postes de radiotéléphonie peuvent être
exploités par un personnel ne sachant pas lire au son (Comprendre
le morse). Éventuellement, ce procédé permet
à deux autorités de converser entre elles.
Inconvénients.
Toutes choses égales d'ailleurs :
- la portée des postes de radiotéléphonie
est dans l'état actuel de deux à trois fois moins
grande que celle des postes de radiotélégraphie
;
- le nombre des longueurs d'ondes disponibles est deux fois plus
faible qu'en radiotélégraphie ;
- le réception peut être plus facilement brouillée
;
- les risques d'indiscrétions sont encore plus grands,
surtout si les postes sont utilisés pour des conversations.
La discipline d'exploitation doit donc être
très stricte. Elle est très difficile à assurer.
Elle doit être soigneusement contrôlée par
l'organisation obligatoire d'un système d'écoute
des transmissions amies. La conversation ne doit en principe être
pratiquée qu'en poste-à-poste.
|
La tour Eiffel est réquisitionnée de lordre
de mobilisation générale du 3 septembre 1939 jusquen
1945. En effet, daprès la convention dont il est question
dans le document, en cas détat de guerre, la tour passe
sous le contrôle de lÉtat. Cela avait déjà
été le cas durant le premier conflit mondial : soldats
et armes avaient été installés dans la tour, ainsi
quun poste de télégraphie sans fil.
En 1939, larmée française réquisitionne la
tour dans le même but. Dès lentrée dans Paris
des troupes doccupation, larmée allemande y installe
un poste de télédiffusion pour la communication militaire.
Il sera ensuite récupéré à la Libération.
À l'inverse des Français, en 1940 les unités mobiles
italiennes et allemandes disposaient de postes radiophoniques qu'elles
utilisaient souvent en clair et à profusion, au cours de leurs
attaques. Les ordres étaient, bien évidemment, écoutés
par les stations françaises, mais souvent obsolètes lors
de leur exploitation.
1941 Mise en service du premier système
de radionavigation pour les aéronefs FuSAn724/725 dit «
BERNHARDT ». Issu des recherches de la Luftwaffe et de la société
TELEFUNKEN, il est composé de stations de sol implantées
tous les 300Km et dun récepteur avec système dimpression
à bord des aéronefs. Chaque station disposait dune
antenne rotative de 35m de largeur et 28m de hauteur qui diffusait son
signal sur une fréquence spécifique affectée entre
30 et 33.1MHz. La réception de seulement deux de ces signaux,
permettait aux avions de déterminer précisément
leur position. Lune de ces stations, la numéro «
Be-6« , était située dans le département
des Ardennes, au lieu-dit la butte de Marlemont. Ce système préfigurait
les systèmes modernes de radionavigation.
La Seconde Guerre mondiale est le premier conflit dans
l'Histoire où les équipements électroniques ont
été massivement développés et utilisés
pendant les combats. Une Liste
des équipements concernés (brouilleur, radar ...
), leurs noms de code, ainsi que les tactiques dérivées
utilisées entre 1939 et 1945 est accéssible
à cette adresse .
sommaire
Le télescopage des PTT. avec les transmissions militaires.
Cette insistance en 1942 est à mettre en rapport avec la
situation globale. En effet, le tournant représenté par
le débarquement des alliés en Afrique du nord et l'envahissement
de la zone sud par les armées hitlériennes modifient la
situation du côté des télécommunications
militaires.
A la suite de la convention d'armistice de 1940, les corps d'ingénieurs
militaires sont dissous. Pour celui des transmissions qui avait déjà
attiré un bon nombre d'éléments (scientifiques
et ingénieurs) rattachés auparavant au Génie, ce
sont les PTT qui en héritent une bonne partie par la loi du 7
décembre 1940 qui crée "un cadre spécial temporaire
d'ingénieurs et d'agents des transmissions de l'Etat". Quatre-vingts
ingénieurs et cent agents trouvent refuge aux PTT, en particulier
au sein de la nouvelle Ecole nationale supérieure des télécommunications,
à la DRCT et dans le Service d'études et de recherches
techniques de Lyon qui n'est qu'une couverture pour l'ancienne Section
d'études du matériel de transmission (SEMT) officiellement
dissoute. D'autres ingénieurs militaires trouveront refuge dans
les antennes d'industriels (LMT, CSF, Radio- industrie) installés
également à Lyon ou suivront les cours de la division
radioélectrique de l'Ecole supérieure d'électricité
transférée momentanément dans les locaux de l'Ecole
centrale lyonnaise.
Alors que la DRCT est structurée en cinq départements
techniques (Transmissions, commutation, recherches spéciales,
acoustique-télé-phonométrie et lignes) correspondant
aux grandes directions de l'exploitation des télécommunications
des PTT, le laboratoire de Lyon dirigé par le capitaine Angot
a une activité essentiellement tournée vers l'étude
et la réalisation industrielle d'appareils émetteur-récepteur
radio. L'invasion de la zone sud va modifier la situation et conduire
les autorités militaires de Vichy à concevoir la création
d'un centre interministériel.
1943-44 : des débats sur la création d'un Centre national
des télécommunications
Dès le départ, les intérêts et les conceptions
des divers services techniques (bureaux d'études) des ministères
sont divergents. Une note du Chef d'Etat-major adjoint préconise,
fin 1942 semble-t-il , le regroupement des laboratoires et des divers
services techniques au sein de la DRCT qui deviendrait de fait un centre
interministériel. Ce qui va rapidement provoquer un débat
de fond. D'abord, le laboratoire de Lyon, SERT, est officiellement réorganisé
: "il a été décidé de changer complètement
l'orientation des études", écrit le chef de ce laboratoire
dans un rapport du 16 mars 1943. Le programme des études fixé
par le département Guerre, "études à échéance
plus lointaine et de portée plus générale"
ressemble très précisément à celui de la
section radioélectricité du LNR (sondages ionosphériques,
quartz, antennes, appareils de mesures...). Mais il reste marginal par
rapport au débat.
L'idée du regroupement provoque des réactions immédiates.
Du côté de la Marine, c'est l'opposition radicale. D'abord,
il est illusoire de penser que la "DRCT pourra mener à leur
fin des études que les autorités allemandes ne désireraient
pas autoriser", est-il déclaré. De plus, aller au
delà d'une simple coordination (sous l'égide du CCTI)
ne peut conduire qu'à sacrifier les petits services (celui de
la Marine en l'occurence). En conclusion, il est clairement affirmé
que "l'attribution à la DRCT de toute la charge des études
et recherches nous intéressant ne saurait être une formule
satisfaisante pour la Marine, même à titre provisoire".
Du côté de la Direction des industries mécaniques
et électriques du ministère à la Production industrielle,
le Vice-amiral Giboin répond à la proposition de fusion
en défendant les industriels vis-à-vis de ce qu'il considère
comme un empiétement de l'Etat. Rappelant son constat de 1942
la branche "Constructions radioélectriques professionnelles"
vit à peu près uniquement des commandes de l'Etat (administrations
françaises et autorités allemandes) le seul secteur à
développer, compte tenu des circonstances, est celui des moyens
d'études et des laboratoires de recherche. Il préconise
des ententes entre constructeurs (afin d'éviter les double emplois)
tout en respectant l'émulation entre les divers bureaux d'études.
"Il faut éviter la concurrence stérile" entre
les laboratoires industriels et ceux de l'Etat. Pour ces derniers, il
assure qu'il lui paraît "nécessaire et suffisant que
les techniciens des administrations soient capables de bien poser le
problème aux industriels et de contrôler les solutions
qu'ils proposent". Les techniciens de l'Etat ne doivent pas faire
concurrence à l'industrie.
La séance du CCTI consacrée à cette
question dut être chaude puisque J. Dauvin renvoie par écrit
au Vice-Amiral Bourragué, président du CCTI, le point
crucial de son intervention : "J'estime que la politique générale
exposée par M. Giboin tend, en fait, à revenir au système
des études tel qu'il existait avant la guerre, les techniciens
de l'État posant les problèmes, orientant les études
et contrôlant les réalisations. Or, ce système,
du fait même de sa conception, n'a pas, de très loin, donné
satisfaction. Il est en effet humainement impossible que le technicien
qui suit les études faites par un autre, sache exactement l'effort
que représente la réalisation de cette modification..."
Bref, à la nécessité, reconnue par Giboin, d'avoir
dans les services de l'État d'excellents techniciens, Dauvin
répond que "les techniciens des administrations ne peuvent
être excellents que s'ils disposent de laboratoires. Sinon, leur
rôle se réduira peu ou prou à celui d'acheteur dans
un grand magasin". Dauvin a donc des vues précises : rompre
avec le système d'avant-guerre en créant non des services
techniques ou des bureaux d'études mais de vrais laboratoires.
Il y ajoute en filigrane une stratégie de développement.
Contraire ment à Giboin qui pense que de tels laboratoires feraient
concurrence à ceux des industriels, Dauvin assure, l'État
n'étant pas constructeur de matériel, que ces laboratoires
d'État constitueront "le lien indispensable entre les Services
utilisateurs et l'Industrie". Plus globalement, c'est la prise
de conscience de l'important développement de nouvelles techniques
de télécommunications (Ch. Lange parle en 1943 du "domaine
en expansion rapide des télécommunications") et de
la nécessité d'un nouveau type de recherche, dite "de
masse", qui pousse Ch. Lange et J. Dauvin à accélérer
la mise sur pied du CNET dans les tout derniers temps de Vichy malgré
les difficultés nombreuses. La plus notable semble être
cette différence d'appréciation entre militaires et PTT
qui s'est cristallisée en un conflit autour de la DRCT. A Dauvin
qui vise le développement de gros laboratoires spécialisés
(structure de la DRCT) auquels seront éventuellement adjoints
des laboratoires spécialisés (sur des techniques de pointe),
les militaires voient des services d'études très générales
et des sections particulières (bureaux d'études) en charge
de suivre les développements industriels. Cela donne deux structures
formellement proches : des laboratoires communs (outre le LNR, un laboratoire
national d'acoustique (LNA) et un laboratoire national d'applications
générales des télécommunications, LNAGT)
et six sections particulières chargées des applications
spécifiques à chaque ministère : PTT, Guerre, Air,
Marine, Colonies, Information. Et la bataille se joue donc autour du
LNAGT et de la section PTT. Les militaires proposent que le LNAGT soit
rempli avec le gros des troupes de la DRCT, la section PTT (réduite)
regroupant le suivi et le contrôle des matériels. Dauvin
ne semble pas opposé à la création d'un LNAGT à
condition que la section PTT, c'est-à-dire la DRCT, soit maintenue
dans son intégralité. La lutte est âpre jusqu'à
la création du CNET en mai 1944.
Il semble que Dauvin ait réussi à maintenir sa position
puisqu'une lettre postérieure au 4 mai 1944, expédiée
par Bichelonne au Secrétaire d'Etat à l'Economie et aux
Finances, stipule explicitement que la section PTT sera "constituée
par la plus grande partie des services actuellement rattachés
à la DRCT". D'ailleurs, J. Dauvin est chargé d'assurer
les fonctions de directeur du nouveau centre et Bichelonne vient l'inaugurer
en juin 1944 (. Dès Juillet 1944, la liste des personnels, rattachés
spatia- lement à des bureaux situés dans les divers ministères
(PTT, Guerre, Marine, Air, Communications...), est numériquement
importante (environ 500 personnes).
A la Libération
A la Libération, J. Dauvin, trop lié au régime
de Vichy et considéré comme ayant arboré un peu
trop ostensiblement la francisque, est écarté dès
octobre 1944 . Ce n'est pas son adjoint, Pierre
Marzin, ingénieur des PTT qui a passé toute sa
carrière depuis 1925 au sein de la recherche, au SERT, à
la DRCT puis au CNET et dont l'attitude pendant la guerre, couvrant
la mise en uvre du réseau de résistance organisé
par R. Keller, fut considérée comme irréprochable
qui est choisi. Dauvin est emplacé par un ingénieur général
des PTT, Henri Jannès, responsable des télécommunications
en Afrique du Nord à partir de 1943 et lié aux mouvements
de Résistance proches de la CGT et du parti communiste. La forme
interministérielle du CNET est conservée par le décret
de validation signé le 25 janvier 1945 par le général
de Gaulle mais le fragile compromis entre les PTT et les ministères
militaires va être remis en cause.
Les années d'après-guerre (1945-1953)
sont pour le CNET une période passablement agitée. Les
principaux protagonistes affichent un certain nombre de principes communs
: renforcer le CNET qui doit être un centre fédératif,
développer une recherche "de masse", rattraper le retard
accumulé par l'isolement des années de guerre, renforcer
la coopération avec les industriels (dans un premier temps sous
forme de marchés de recherche ou marchés d'assistance
technique). Ils admettent également de faire évoluer le
statut des fonctionnaires des PTT recrutés par le CNET. Ils sont
tous d'accord que la compétence spécifique d'un chercheur
mérite des compensations financières et que la stabilité
des équipes de recherche nécessite une gestion différente
de celles des services d'exploitation des PTT. II poursuivra sa carrière
au sein du laboratoire de Marcoussis. Voir, entre autres, le témoignage
de G. Clavaud, "Keller et la source K", Revue des Télécommunications,
1974, n° 12-7-9 H. Jannès appartenait avant guerre au service
technique des Lignes souterraines à grandes distances, le groupe
technique le plus puissant au sein du ministère des PTT et concurrent
direct du service de recherche. Il dispensera pendant plusieurs années
des cours de transmission à l'Ecole supérieure des PTT
(2e section). Confirmation téléphonique de G. Clavaud.
Les marchés d'assistance technique consistaient à ce que
les ministères financent non seulement les études qui
les intéressent mais également les chercheurs, les équipes,
"empruntés" aux constructeurs privés et insérés
momentanément dans le cadre du CNET. Ces pratiques, d'un coût
élevé, seront rapidement dénoncées à
la fin des années 1940 pour la création d'un nouveau recrutement
de contractuels permettant d'attirer des spécialistes (physiciens,
chimistes, souffleur de verre, documentalistes, ouvriers très
spécialisés...). Malgré les mesures prises, les
problèmes de recrutement et de stabilisation du personnel resteront
cruciaux pendant toutes ces années, tant la disparité
des salaires entre public et privé est importante.
En revanche, les orientations à donner aux recherches,
l'ancrage du nouveau centre vont très rapidement conduire à
des affrontements. Dès sa nomination, H. Jannès se tourne
vers le CNRS. Il le fait probablement par sympathie politique avec son
directeur F. Joliot, peut-être pour se trouver des alliés,
mais aussi en fonction de l'idée qu'il se fait du développement
d'un grand centre national de recherche qui doit se structurer autour
de laboratoires d'études générales (en collaboration
avec les savants), à charge pour les laboratoires d'applications
relevant des divers ministères de transformer les résultats
en dispositifs techniques spécifiques répondant à
leurs besoins. Conception qui se lit dans son organigramme : à
côté de Services communs (administratif, documentation,
brevets...), trois laboratoires centraux (LNR, LNA, LNAGT) et six sections
particulières qui dépendent hiérarchiquement des
divers ministères (Guerre, Marine, Air, PTT, Colonies, Information).
Il s'agit donc d'une structure federative et Jannès, Ingénieur
des PTT, est responsable du CNET et de la section particulière
des PTT.
Cette logique va en heurter d'autres. Du côté
des ministères militaires, la reconstitution des laboratoires
et le rétablissement du corps d'ingénieurs des transmissions
vont conduire à une hémorragie des officiers et sous-officiers
affectés au CNET en 1944-45.
La scission unilatérale des PTT
Du côté des PTT, par le découpage de l'ancienne
DRCT en deux parties, H. Jannès reprend celui proposé
par les militaires en 1944 : la majeure partie constituant le LNAGT
dirigé par P. Marzin et destiné aux études générales,
le reste étant en charge du contrôle du matériel
destiné aux PTT. Cela revient à alimenter avec les forces
vives des PTT le CNET dont la majeure partie des études, financées
par les ministères militaires, n'intéresse pas les PTT
et heurte la logique de développe ment d'un pôle de recherche
interne aux Télécommunications défendue par J.
Dauvin, puis par P. Marzin et soutenue par Charles Lange, le directeur
des Télécommunications du ministère des PTT qui
est resté en place. Dès le 25 avril 1946, ils réagissent
en créant de façon unilatérale une section PTT
autonome, le Service des recherches et du contrôle techniques
(SRCT), confiée à P. Marzin. De fait, comme en témoignent
certains rapports d'activité, il semble y avoir une différence
entre l'organigramme affiché par H. Jannès et la réalité
: la DRCT n'a jamais vraiment été dissoute (voir tableau
I) et P. Marzin continue de fait à jouer le rôle de directeur
technique. La scission a donc probablement pour objectif de rendre public
le désaccord et de donner les coudées franches à
P. Marzin pour développer son propre centre. C'est le début
d'une longue lutte d'influence pour le contrôle du CNET entre
P. Marzin, d'une part, H. Jannès, puis, à partir de 1948,
P. Tucoulat, soutenus voire aiguillonés par les ministères
militaires, d'autre part. Mais, loin de se réduire à une
simple bataille d'hommes, comme cela a été interprété
à l'époque, cette séparation traduit des logiques
et des intérêts divergents concernant les recherches à
mener. Elles s'effectueront désormais dans un organisme bicéphale
: le CNET dit Service général (CNET-SG) et le SRCT.
A partir de 1946, le SRCT est découpé
en cinq départements techniques qui correspondent aux compartiments
des services d'exploitation : aux quatre spécialités de
la DRCT, transmission, commutation, lignes et télégraphie
s'ajoute un nouveau département "Matériel Postal".
Regroupant équipes de recherche et de contrôle, elles participent,
dans un premier temps à la reconstruction du réseau français,
bien mal en point à la Libération, puis développent
des dispositifs et systèmes qui, dans la technologie électromécanique
classique, améliorent notablement les réseaux (développement
du réseau télex, de l'automatisation des lignes rurales,
d'un nouveau système de commutation électromécanique...).
P. Marzin va constituer un vrai centre de recherche
en jouant sur plusieurs fronts : tisser une coopération-concurrence
avec les industriels, jouer de ses avantages institutionnels pour renforcer
le SRCT et parier sur les techniques électroniques.
Dès 1947, P. Marzin et Ch. Lange, poursuivant
le projet de bâtir une industrie nationale et un pôle de
recherche interne compétent, prolongent l'accord passé
en 1945 avec quatre industriels (CIT, SAT, SACM et LTT) et mettent sur
pied, avec le Service des lignes sou terraines à grande distance
(LSGD), une société réunissant PTT et industriels
: SOTELEC. Voilà qui donne au SRCT un ancrage du côté
des industriels. Il ne faut pas croire pour autant que les réticences
des exploitants des PTT vis-à-vis de la recherche aient disparu
comme le montre, en 1948, le débat houleux entre ingénieurs
des LSGD et du SRCT quant au choix du type de technologie à utiliser
pour la future artère Paris-Lyon : câble coaxial, considéré
comme prometteur mais totalement nouveau et sur lequel les ingénieurs
de l'exploitation n'ont aucune expérience face à la technique
des paires symétriques, bien maîtrisée mais techniquement
"dépassée" aux yeux des ingénieurs de
recherche.
Le recrutement se faisant essentiellement par l'intermédiaire
des PTT, P. Marzin et Ch. Lange vont s'en servir pour renforcer le SRCT
alors même que le CNET-SG rencontre les plus grandes difficultés
à recruter des contractuels. Globalement, le CNET-SG passe entre
1948 et 1953 de 295 à 420 personnes (soit une augmentation de
42 %) et le SRCT de 524 à 908 (soit + 73 %). De plus, le SRCT
puise ses chercheurs et ingénieurs parmi les meilleurs éléments
des ingénieurs du corps des télécommunications
sortant de l'Ecole polytechnique et de l'ENST.
1952 LOTAN déploie plusieurs réseaux
de télécommunications SHF en phonie, télégraphie
et données dédiés aux commandements de ses forces
en Europe. (le AIRCENT de 1952 à 1958, le LANDCENT de 1952 à
1962, lAFCENT de 1962 à 1967). Parallèlement et
à partir de 1961, le premier grand réseau de radiocommunications
en fréquences UHF à diffusion troposphérique (800/900
MHz) entre en service. Nommé ACE-High-Network (pour Allied Command
Europe Highband), il sétendait du nord de la Norvège
au sud de la Turquie sur un linéaire de 6800 Km ! Il existait
près de 90 stations, dont des stations hertziennes en ligne de
visée (LOS), situées dans 9 pays différents. (Dans
les Ardennes 5 stations LOS : La Férée, Poix-Terron-la
Bascule, Stonne, Marlemont, Vieux moulins dHargnies). A partir
de la fin des années 1980, afin de libérer les fréquences
pour des usages civils de téléphonie mobile et de télédiffusion,
le réseau est démantelé progressivement, jusquà
sa désactivation totale en 1996.
sommaire
Les téléphones de campagne de l'armée
française
TM 09-15 |
TM 09 Le poste téléphonique
modèle 1909 possède un boîtier en bois avec
couvercle placé dans un étui en cuir avec courroie
pour le transport. Le combiné non repliable se loge horizontalement.
Le TM 1909 est fort rare dans l'armée française d'avant
1914 organisée pour la guerre de mouvement. Il est principalement
destiné à être relié au réseau
civil. Les militaires ne prennent réellement conscience de
l'utilité du téléphone qu'au moment de la stabilisation
du front en octobre 1914. Il faut alors réquisitionner en
toute hâte des appareils civils ; le modèle le plus
courant (et standardisé) est alors du type Marty 1910.
TM 09-15 Évolution du modèle 1909, le poste téléphonique
modèle 1915 n'a pas de couvercle sur son boîtier en
bois placé dans un étui en cuir avec couvercle et
courroie pour le transport. Les piles du micro sont placées
dans un étui fixé à l'extérieur droit
de l'étui principal. L'appel se fait par magnéto à
manivelle et bouton vibreur (noir). Le bouton blanc sert à
vérifier que la ligne n'est pas coupée. Le combiné
à pédale en métal peint en noir se replie pour
le rangement avec l'écouteur (côté gauche derrière
la sonnerie amovible). Il est fabriqué en quantité
avant l'arrivée du modèle 1916.
Dimensions (mm) : 250x145x190 - Poids 7kg |
TM16 |
TM 16
Plus compacte et plus léger que ses prédécesseurs,
le poste téléphonique modèle 1916 possède
un boîtier en bois avec couvercle placé dans un étui
en cuir avec couvercle et courroie pour le transport. L'appel
se fait par magnéto à manivelle et bouton vibreur.
Le bouton blanc sert à vérifier que la ligne n'est
pas coupée. Le combiné à pédale identique
au modèle 15 se replie pour le rangement (à l'avant
à gauche de la sonnerie amovible). Il est fabriqué
en quantité jusqu'à la fin de la guerre.
Dimensions (mm) : 228x219x169
|
TM 27 Le poste téléphonique modèle
1927 possède encore un boîtier en bois et un étui
en cuir avec couvercle et courroie pour le transport. Il se distingue
du modèle 16 par sa manivelle de magnéto extérieure
et son combiné à pédale du type 1910 non repliable
qui se loge dans le couvercle. Les deux piles trouvent place à
l'intérieur du boîtier. Il n'y a plus de bouton vibreur ni
de bouton de contrôle de la ligne. Les quantités fabriquées
sont sans doute faibles compte-tenu des stocks importants existant en
1918.
Dimensions (mm) : 214x202x184
TM-32 |
TM 32
Le poste téléphonique modèle
1932 possède un boîtier en métal peint en
gris-bleu muni d'une courroie en cuir pour le transport. Une plaque
fixée sur le dessus indique le modèle et le numéro
de série. Il y a trois autres plaques sous le couvercle
dont un tableau des analogies et un schéma électrique.
Le combiné articulé en métal léger
également peint en gris-bleu se range dans la partie gauche
du boîtier avec l'écouteur. Les quantités
fabriquées seront importantes en 39-40.
Dimensions (mm) : 218x122x196
|
TM-36 |
TM 36
Le poste téléphonique modèle
1936 est modèle 1932 "de table" pouvant se connecter
sur le réseau civil des PTT grâce à son cadran
rétractable sur la face avant. Son boîtier est en
métal gris-bleu muni d'une poignée en cuir pour
le transport. Une plaque fixée sur le dessus indique le
modèle et le numéro de série. Il y a trois
autres plaques sous le couvercle dont un tableau des analogies
et un schéma électrique. Le combiné articulé
en métal léger peint en gris-bleu peut être
suspendu à l'extérieur du boîtier grâce
à deux crochets rétractables.
|
TM-39 |
TM 39
Le poste téléphonique modèle
1939 est une ultime version du TM 32 dont le boîtier est
en bakélite marron-bordeaux muni d'une courroie en cuir
pour le transport. Le modèle est moulé sur le couvercle.
Les numéro de série, marché, tableau des
analogies et schéma électrique figurent sur une
plaque sous le couvercle. Le combiné articulé en
métal léger peint en gris-bleu se range dans la
partie gauche du boîtier avec l'écouteur.
|
AT1 AOIP 1945
AT2
AT75-A (TLEE89)
sommaire
Téléphones de campagne de l'armée
allemande
FF 16 conçu en 1916 par la firme Siemens
FF 33 conçu en 1933
Feldfernsprecher 33
FF-OB/ZB conçu dans les années 1960 par la firme Standard
Elektrik Lorenz (SEL)
Téléphones de campagne de l'armée
américaine
model A field telephone ou EE-4
Soldier uses an EE-8 field telephone
TA-1PT field telephone
TA-312 field telephone
Modèle A ou EE-4
Modèle 1917
EE-5
Le téléphone de campagne EE-8 fut créé en
1932 et standardisé en 1937, fournissant alors un téléphone
plus léger et plus fonctionnel juste à temps pour l'entrée
en guerre des Etats-Unis en 1941. Entre autres améliorations,
l'EE-8 a surtout augmenté la portée de transmission maximale
de l'ancien modèle EE-5 de plus de six miles. .
EE8 EE8-B
Téléphone de campagne US Type EE-8-B, d'origine Deuxième
Guerre, utilisable en batterie locale ou centrale. Il est composé
d'un châssis en aluminium relié par un cordon souple à
un combiné TS-9-F.
TA-1PT communication à 4km sans batterie pour l'anecdote ce type
de téléphone a été utilisé pour les
communications internes du vaisseau GALACTICA dans la nouvelle série
de 1997.
TA-43
TA-3128
TA-8389, inclut un clavier
Téléphones de campagne de l'armée finlandaise
TA-57, fabriqué en URSS
P78, fabriqué en Suède
P90, fabriqué au Royaume-Uni
ET-10, fabriqué en France
Téléphones de campagne de l'armée
norvégienne
TP-6N développé au début des années
1970 par l'armée norvégienne
TP-6NA variantes de TP-6N A à C
Téléphone de campagne suédois M37 utilisé
par l'armée de réserve norvégienne. Ce téléphone
est parfaitement compatible avec les séries EE-8, TA-1, TA-43
et TA-312 de téléphones américains.
EE-8 A dans le cadre du Plan Marshall.
FF33 Ce téléphone est très utilisé à
partir du milieu des années 1950, jusqu'à être remplacé
par le TP-6. Il s'agit d'un modèle allemand, que les Norvégiens
avaient dès le début de la fin de la seconde guerre mondiale
mais qui n'a pas été utilisé immédiatement,
pour des raisons politiques.
Mod 1932 développé par Elektrisk Bureau pour les forces
armées norvégiennes, approuvé en 1932, mais jamais
fabriqué en masse à cause d'une bureaucratie lourde et
du début de la seconde guerre mondiale.
Téléphones de campagne de l'armée
soviétique
Russian ???-43 field telephone
téléphone de campagne type IAA-44
Russian TA-57 field telephone
???-44 téléphone fabriqué par
les Américains pour les soviétiques durant la seconde
guerre mondiale. Il reprend de nombreux éléments de l'EE-810
EE-10811 téléphone auto-générateur fabriqué
par les Américains. Il est très proche de l'EE-8 mais
son combiné reprend le micro et l'écouteur du combiné
auto-générateur TS-10. Plus de 90% de la production américaine
est partie en URSS.
Consultez
ce site ou l'on trouve plus de détails des téléphones
militaires dans le monde :
Army Field Telephones: Austrian | British | French | German | Swiss
| US | Other
Other stuff: Railroad, PTT Linemen's et al | Switchboards | Miscellaneous
...
sommaire
Cartes postales
militaires anciennes
sommaire
À partir de 1956, le réseau des câbles
sous-marins téléphoniques se développe parallèlement
à celui des satellites géostationnaires de télécommunications.
Les règles de la concurrence sont fixées par la FCC (Federal
Communication Commission) des Etats-Unis.
Le satellite militaire.
C'est un satellite artificiel utilisé dans un objectif militaire.
Il existe plusieurs catégories de satellites militaires.
Les satellites de reconnaissance (ou satellite espion) optiques sont
la catégorie la plus fournie : ils permettent de cartographier
un territoire et surtout d'identifier les installations fixes, les armes
et les troupes.
Les satellites d'alerte précoce permettent de détecter
le lancement de missiles balistiques. Deux catégories sont souvent
d'usage mixte civil ou militaire : les satellites de télécommunications
militaires fournissent des liaisons sécurisées aux troupes
au sol tandis que les satellites de navigation permettent aux individus
mais également aux armes (missiles, obus) de déterminer
leur position et par conséquent celle de leur cible.
Enfin le satellite peut constituer une arme : satellites anti-satellite
et bombe orbitale.
Les premiers satellites militaires sont développés dès
le début de l'ère spatiale (1957) par les deux superpuissances
militaires de l'époque : L'Union Soviétique et les États-Unis.
Un satellite contrairement à un avion peut survoler un pays sans
courir le risque d'être intercepté par un missile : aussi
les satellites de reconnaissance constituent la première catégorie
de satellite militaire à apparaitre (satellites américains
Corona 1959).
Le développement de lanceur plus puissants permettant d'emporter
des charges utiles lourdes et les développements techniques stimulés
par l'accès à l'espace entrainent l'apparition de nouvelles
catégories de satellites militaires circulant sur des orbites
adaptées à leur objectif (orbite basse, moyenne, polaire,
héliosynchrone, géostationnaire) et caractérisés
par des charges utiles spécialisées : système de
positionnement, télécommunications, détection de
lancement de missiles balistiques, détection des radars, interception
du trafic radio, localisation des navires de guerre...
Certaines des techniques mises en uvre peuvent avoir des applications
civiles. On voit apparaitre des satellites à usage dual civil/militaire
comme les satellites de navigation américains GPS, les satellites
de reconnaissance français Pléiades ou certains satellites
de télécommunications soviétiques dont l'utilisation
militaire est tenue secrète.
Au début de l'ère spatiale des satellites porteurs d'armes
de destruction (satellite anti-satellite, bombe orbitale) sont développés.
Le Traité de l'espace ratifié en 1967 par les principes
nations spatiales interdit la mise en orbite de ce type d'engin spatial.
Les satellites de reconnaissance (ou satellite espion) permettent de
cartographier un territoire et surtout d'identifier les installations
fixes, les armes et les troupes. Ces satellites circulent généralement
sur une orbite basse pour obtenir la meilleure résolution. L'orbite
est souvent polaire pour balayer toutes les latitudes. Pour accroitre
encore la résolution certains d'entre eux peuvent abaisser fortement
leur orbite au-dessus de zones présentant un intérêt
militaire particulier. La consommation d'ergols qu'entraine de telles
manuvres et la nécessité de compenser la trainée
subie dans une atmosphère plus dense entraine une durée
de vie parfois très brève de quelques jours pour certains
modèles qui impose des renouvellements constants. Ceci explique
en grande partie le nombre très élevé de satellites
lancés par l'Union soviétique.
Au début de l'ère spatiale les images sont enregistrées
sur des films argentiques qui sont récupérées lorsqu'une
capsule détachable ou le satellite revient au sol. Cette technique
est rapidement abandonnée par les États-Unis pour la transmission
des données par voie hertzienne des données après
numérisation des films avant le passage à la prise d'image
numérique. La Russie utilise encore partiellement la technique
des films. La résolution qui était d'une dizaine de mètres
pour les premiers satellites descend à quelques centimètres
pour les satellites les plus performants. Pour pouvoir percer la couverture
nuageuse ou pouvoir prendre des images de nuit certains satellites de
reconnaissance emportent non pas une caméra mais un radar. Une
consommation importante d'énergie et une résolution faible
ont longtemps freiné le déploiement de ce type de satellite.
Les satellites d'écoute électronique ont pour objectif
de capter les signaux radio afin d'obtenir des renseignements sur les
forces adverses. Certains de ces satellites sont spécialisés
dans l'identification et la localisation des radars utilisés
par les systèmes anti-aériens et anti-missiles. D'autres
recueillent le trafic radio audio des unités militaires au sol
qui permet après décryptage d'évaluer les intentions
de l'adversaire.
Les satellites de surveillance océanique ont été
déployés initialement par l'Union soviétique pour
localiser les navires des États-Unis et de l'OTAN et fournir
des objectifs aux missiles transhorizons. Ils comportent des satellites
actifs utilisant des radars pour repérer les navires à
la surface (satellite RORSAT) et des satellites d'écoute électronique
à l'affut des émissions des radars embarqués sur
ces mêmes navires.
Un satellite d'alerte précoce est un satellite artificiel conçu
pour détecter le lancement d'un missile balistique. Il utilise
à cet effet des détecteurs infrarouges qui identifient
le missile grâce à la chaleur dégagée par
ses moteurs durant la phase propulsée. Ce type de satellite a
été développé dans les années 1960
dans le contexte de la Guerre froide pour déclencher suffisamment
tôt des alertes dans les territoires visés par une attaque
de missiles. Il est par la suite devenu un des composants des systèmes
de missiles antibalistiques ainsi que des systèmes de contrôle
de la réglementation sur les essais nucléaires. Seules
les deux principales puissances nucléaires, la Russie et les
États-Unis, disposent d'une flotte de satellites d'alerte précoce.
Les satellites de navigation sont utilisés par un système
de positionnement par satellites pour fournir à des récepteurs
portables leur position sur la terre en longitude latitude et altitude,
avec une précision variant de quelques dizaines de mètres
à quelques dizaines de centimètres selon les systèmes.
Un système de positionnement par satellites pour fonctionner
doit disposer de plusieurs satellites opérationnels. La couverture
peut être globale - GPS américain, GLONASS russe et Galileo
européen - ou régionale Beidou, IRNSS indien et QZSS japonais.
Les systèmes de positionnement par satellites
ont été développés originellement pour répondre
à des besoins militaires. L'usage civil s'est développé
dans un deuxième temps. Le signal fourni est moins précis
pour les usages civils ou peut être dégradé pour
cet usage en cas de conflit. Les systèmes de positionnement par
satellite jouent un rôle fondamental dans les déplacements
des unités militaires sur le terrain et dans le guidage des armes
(missiles, obus).
Les satellites anti-satellites ont pour objectif de détruire
des satellites des forces adverses positionnés en orbite basse.
Les cibles prioritaires sont les satellites de reconnaissance. Seule
l'Union soviétique a développé des satellites de
ce type : les IS. Les traités internationaux signés par
les principales puissances interdisent les armes offensives en orbite
et ce type de satellite n'existe plus officiellement.
sommaire
Pendant la guerre russo-ukrainienne, la guerre électronique
(GE) russe a excellé. Lors de l' annexion de la Crimée
et de la guerre dans le Donbass, la Russie a utilisé «
des systèmes de guerre électronique très performants
pour brouiller et intercepter les signaux de communication, brouiller
et usurper les récepteurs GPS, puiser dans les réseaux
cellulaires et pirater les téléphones portables ».
La guerre électronique russe était si efficace quelle
bloquait les communications russes et devait être désactivée.
Au cours de la bataille de Bakhmut, les forces ukrainiennes ont largement
utilisé les téléphones de campagne, car «
les technologies russes ne sont pas capables de suivre ou de bloquer
les téléphones de campagne ». Un commandant a déclaré
à la BBC : « Cette technologie est très ancienne,
mais elle fonctionne très bien. » et il est impossible
d'écouter".
En Amérique, pendant la guerre civile
dès 1861, le télégraphe a prouvé sa valeur
en tant que moyen de communication tactique, opérationnel et
stratégique et a contribué de manière importante
à la victoire de l'Union. En revanche, la Confédération
n'a pas réussi à utiliser efficacement le réseau
télégraphique beaucoup plus petit du Sud pour plusieurs
raisons. Le service télégraphique militaire des États-Unis
(USMT) a traité quelque 6,5 millions de messages pendant la guerre
et construit 15 000 milles de lignes. En revanche, le Sud n'utilisait
le télégraphe que de manière très limitée.
Ulysses S. Grant a écrit qu'il avait « eu de fréquentes
conversations par voie électronique » sur la stratégie
avec Stanton en 1863, certaines durant deux heures. William Tecumseh
Sherman a également rappelé le « concert d'action
parfait » entre ses forces en Géorgie et celles de Grant
en Virginie en 1864. « Il ne s'est pratiquement pas passé
un jour où le général Grant ne connaissait pas
l'état exact des faits avec moi, à plus de quinze cents
milles de là, pendant que les fils circulaient. McClellan a adroitement
utilisé le télégraphe pour réapprovisionner
ses troupes en balles et en obus au milieu de la bataille d'Antietam,
dans le Maryland, en septembre 1862. Au cours de la bataille de Spotsylvania
dans la campagne du désert de mai 1864, le major-général
George Gordon Meade a utilisé le télégraphe pour
renforcer le IIe Corps du major général Winfield Scott
Hancock après qu'il ait subi une lourde contre-attaque confédérée.
Stanton s'appuyait sur le télégraphe militaire pour surveiller
les actions des généraux sur le terrain, et Lincoln passait
d'innombrables heures dans le bureau télégraphique du
ministère de la Guerre attenant au bureau de Stanton. Pour la
première fois dans lhistoire de la guerre, le télégraphe
a aidé les commandants sur le terrain à diriger les opérations
sur le champ de bataille en temps réel et a permis aux hauts
responsables militaires de coordonner leur stratégie sur de grandes
distances. Ces capacités ont été des facteurs clés
dans la victoire du Nord..
Le télégraphe était une partie importante de lhistoire
militaire et politique de la guerre civile pour deux raisons principales.
De manière plus visible, le télégraphe a prouvé
sa valeur en tant que moyen de communication tactique, opérationnel
et stratégique.
Pour la première fois dans lhistoire de la guerre, le télégraphe
a aidé les commandants sur le terrain à diriger les opérations
sur le champ de bataille en temps réel et a permis aux hauts
responsables militaires de coordonner leur stratégie sur de grandes
distances. Ces capacités ont été des facteurs clés
dans la victoire du Nord. Une autre fonction importante était
de garantir le contrôle civil sur les opérations militaires.
Le personnel du réseau télégraphique militaire
relevait directement du secrétaire à la Guerre Edwin McMasters
Stanton et du président Abraham Lincoln, plutôt que de
la structure de commandement militaire. Stanton s'appuyait sur le télégraphe
militaire pour surveiller les actions des généraux sur
le terrain, et Lincoln passait d'innombrables heures dans le bureau
télégraphique du ministère de la Guerre attenant
au bureau de Stanton.
En revanche, la Confédération n'a pas
réussi à utiliser efficacement le réseau télégraphique
beaucoup plus petit du Sud pour plusieurs raisons.
Avant la guerre, de nombreux opérateurs travaillant sur les lignes
du sud étaient des habitants du Nord.
Après la sécession, la plupart sont retournés dans
leurs foyers du nord. Les responsables de la plus grande société
de télégraphie de la Confédération, la Southern
Telegraph Company, hésitaient à coopérer avec les
responsables militaires et civils. À plusieurs reprises, les
commandants militaires ont été contraints de placer des
lignes télégraphiques sous la loi martiale pour assurer
une communication efficace.
À mesure que la guerre progressait, les fournitures vitales comme
les fils, les isolants et lacide de batterie devenaient plus difficiles
à obtenir. Finalement, à mesure que les armées
fédérales avançaient vers le sud, la Confédération
perdit le contrôle de lignes télégraphiques et ferroviaires
vitales.
Bien que les autorités du Nord aient été initialement
lentes à reconnaître la valeur du télégraphe,
elles ont pris des mesures décisives en octobre 1861 pour créer
un système télégraphique militaire complet. Le
1er novembre 1861, le président Lincoln confia au major-général
George Brinton McClellan le commandement de toutes les armées
de l'Union en tant que général en chef, en remplacement
du vieux lieutenant-général Winfield Scott. L'un de ses
premiers actes fut d'ordonner aux généraux en campagne
de construire des lignes télégraphiques reliant leur quartier
général au sien. En janvier 1862, les sociétés
de télégraphie commerciale avaient installé leurs
lignes jusqu'au siège social de McClellan à Washington,
DC. Quelques semaines plus tard, cependant, Stanton ordonna que les
lignes soient déplacées du quartier général
de McClellan vers ses bureaux du ministère de la Guerre. Pendant
le reste de la guerre, Stanton contrôla les communications de
l'armée et supervisa la censure des dépêches télégraphiques.
Le réseau télégraphique militaire
a prouvé sa valeur dans la coordination dune vaste stratégie
au cours de la première année de la guerre. Le 16 février
1862, quelques heures seulement après la chute de Fort Donelson,
McClellan s'engagea dans une conversation à trois en temps réel
avec les généraux Henry Wager Halleck et Don Carlos Buell
pour discuter des plans d'avancée vers Nashville. De même,
Ulysses S. Grant a rappelé plus tard qu'il avait « eu de
fréquentes conversations par fil » sur la stratégie
avec Stanton au cours de 1863, certaines durant deux heures. William
Tecumseh Sherman a également rappelé le « concert
d'action parfait » entre ses forces en Géorgie et celles
de Grant en Virginie en 1864. « Il ne s'est pratiquement pas passé
un jour où le général Grant ne connaissait pas
l'état exact des faits avec moi, à plus de quinze cents
milles de là, pendant que les fils circulaient.
Le télégraphe militaire s'est également
révélé utile à plusieurs reprises comme
outil opérationnel et tactique sur le champ de bataille, permettant
aux commandants de rester en contact permanent avec leurs subordonnés
et de réagir rapidement aux conditions changeantes. McClellan
a adroitement utilisé le télégraphe pour réapprovisionner
ses troupes en balles et en obus au milieu de la bataille d'Antietam,
dans le Maryland, en septembre 1862. Le secrétaire adjoint à
la Guerre, Charles Anderson, a ensuite loué l'utilité
du télégraphe lorsqu'il a vu les forces de l'Union en
action pendant la bataille de Chickamauga dans le nord de la Géorgie
le 19 septembre 1863, notant que « c'était l'un des accessoires
les plus utiles de notre armée », donnant au général
Rosecrans « des informations constantes sur la manière
dont se déroulait la bataille ». En outre, Dana a également
pu envoyer onze télégrammes à Washington, informant
Stanton de la progression de la bataille presque toutes les heures.
Au cours de la bataille de Spotsylvania lors de la campagne
du désert de mai 1864, le major-général George
Gordon Meade utilisa le télégraphe pour renforcer le IIe
corps du major-général Winfield Scott Hancock après
qu'il eut subi une lourde contre-attaque confédérée.
Luther Rose, un télégraphiste attaché au quartier
général de Hancock, installa sa clé et sa sondeur
à 3 h 30 du matin, une heure avant l'avancée de Hancock
sur les lignes confédérées, permettant au chef
d'état-major de Hancock de coordonner l'attaque avec d'autres
commandants de corps. Favorisée par un épais brouillard
matinal, l'avancée de Hancock fut un succès. Cependant,
plus tard dans la journée, les Confédérés
contre-attaquent. Hancock télégraphia à Meade qu'il
était incapable de conserver ses gains à moins que le
VI Corps à sa droite ne vienne à son soutien. Dix minutes
plus tard, comme Rose l'a noté dans son journal, « le 6e
Corps s'éloignait et Hancock tenait bon
. Ici, le télégraphe
est entré en jeu avec force, montrant à quel point il
pouvait être utilisé. Rose utilisait un télégraphe
de campagne qui pouvait être déployé en quelques
minutes à partir du dos des mules et pouvait être accroché
presque n'importe où. Une telle flexibilité signifiait
que Rose accompagnait Hancock de près, démontant et réinitialisant
ses instruments si Hancock déplaçait son quartier général
de plus d'un demi-mile. Rose et un opérateur compagnon étaient
si proches du front à Spotsylvania que de violents bombardements
brisaient fréquemment leurs barbelés. Les deux hommes
se sont relayés pour joindre les freins, remarquant avant de
partir : « Si jarrête un obus, renvoyez mes affaires
à la maison. »
Rose décrivit plus tard son instrument télégraphique
comme « le principal canal » par lequel passaient les ordres
déterminant les mouvements du corps de Hancock pendant la campagne
du Wilderness. De même, lors de la malheureuse bataille du cratère
à Pétersbourg le 30 juillet 1864. Meade se souvint plus
tard qu'il avait envoyé ou reçu plus de 100 télégrammes
au cours de la bataille de cinq heures, soit un toutes les trois minutes.
Rose lui-même opérait à partir d'une batterie d'artillerie
au cours de cet engagement, démontrant l'utilité du télégraphe
pour une utilisation en temps réel sur le champ de bataille.
Malgré lutilité du télégraphe
comme moyen de communication stratégique et tactique, le télégraphe
militaire des États-Unis (USMT) présentait une limite
importante : il restait une organisation civile. Le résultat
fut un hybride peu pratique, un système télégraphique
qui servait larmée mais nen faisait pas partie. Tandis
que lUSMT construisait ses propres lignes sur des milliers de
kilomètres pour relier les commandants militaires entre eux et
avec le ministère de la Guerre, elle sappuyait fortement
sur le réseau télégraphique commercial existant.
Les sociétés télégraphiques donnèrent
la priorité aux messages militaires et gouvernementaux, tout
en continuant à gérer le trafic commercial et à
réaliser d'énormes profits en temps de guerre. La douzaine
de hauts fonctionnaires de l'USMT étaient tous des officiers
du Quartermaster Corps, mais ils conservèrent néanmoins
leurs postes civils de gestionnaires des lignes commerciales. Bon nombre
des quelque 1 200 opérateurs et monteurs de lignes de lUSMT
ont également continué à travailler pour des sociétés
de télégraphie commerciale et nont reçu quune
partie de leurs salaires du ministère de la Guerre.
LUSMT est restée une organisation civile
parce que des membres clés de ladministration Lincoln,
en particulier Stanton, le souhaitaient. Stanton considérait
sa supervision des télégraphes comme essentielle au maintien
du contrôle sur les opérations militaires et le flux de
l'information.
Le contrôle civil de l'USMT a créé
un conflit dans deux domaines. Ce qui préoccupait directement
les commandants sur le terrain, peu de membres du personnel de l'USMT
étaient soumis à l'autorité militaire. Alors que
les opérateurs de lUSMT accomplissaient généralement
leurs tâches avec empressement, ils refusaient souvent de se conformer
aux normes militaires de discipline.
Les télégraphistes de lUSMT se livraient
souvent à un comportement quaucun officier militaire naurait
toléré de la part de leurs subordonnés. De nombreux
opérateurs buvaient pendant leur service, ne répondaient
pas aux appels du matin et acceptaient des pots-de-vin pour transmettre
des messages civils avant le trafic militaire. À au moins deux
reprises, les télégraphistes de l'USMT ont menacé
de faire grève si leurs revendications pour de meilleurs salaires
et de meilleures conditions de travail n'étaient pas satisfaites.
De leur côté, les agents s'attendaient
souvent à ce que l'USMT fournisse des communications instantanées,
même lorsque les opérateurs n'étaient pas en mesure
de le faire. En février 1862, le général Halleck
tenta de faire licencier un surintendant adjoint pour avoir retardé
le trafic militaire à Chicago tout en autorisant la libre circulation
des messages commerciaux. Bien que la raison du retard soit la rupture
d'un câble traversant la rivière Ohio à Paducah,
Kentucky, Halleck a répondu brusquement : « Remédiez
au défaut
. Il faut mettre fin à cette inefficacité
et à ces retards. En 1864, Theodore Holt, un opérateur
affecté au brigadier général Eugene Asa Carr à
Little Rock, Arkansas, ne pouvait pas ouvrir un bureau à proximité,
alors Carr força Holt à opérer sous garde armée.
À une autre occasion, un général de division a
menacé de tirer sur un surintendant adjoint s'il n'envoyait pas
un certain message à un bureau éloigné dans l'heure.
Les opérateurs de l'USMT se plaignaient fréquemment dans
leurs journaux et lettres d'un tel traitement, exprimant comme Holt
le sentiment que « Carr ne possède pas le Telegraph Corps
». [5]
Tout aussi grave, l'USMT n'a pas coordonné ses
opérations avec le Corps des transmissions de l'armée.
Larmée américaine na que récemment
reconnu limportance de la signalisation militaire en général.
Le colonel Albert James Myer (lui-même ancien télégraphiste)
n'avait été nommé premier officier en chef des
transmissions de l'armée qu'en juin 1860. Myer n'avait aucun
télégraphiste qualifié dans le Corps des transmissions
lorsque la guerre éclata, mais il insista continuellement pour
prendre le contrôle de le système télégraphique
militaire. Sa persévérance conduisit à son renvoi
de son poste de chef des transmissions à la fin de 1863. Il fut
réintégré en 1867 et resta chef des transmissions
jusqu'à sa mort en 1880. Il construisit un corps des transmissions
capable de fournir toutes les formes de communication militaire dans
une guerre future. . Cependant, la mission principale du Signal Corps
de 1870 à 1890 était la prévision météorologique.
La réalisation la plus remarquable de Myer après-guerre
fut la création d'un système national d'information météorologique
composé d'observateurs bénévoles et de personnel
du Signal Corps. Le système d'information météorologique
de Myer, repris par le ministère de l'Agriculture en 1891, a
permis des progrès fondamentaux dans la nouvelle science de la
météorologie, a évité de nombreux naufrages
sur les Grands Lacs et s'est avéré une aubaine pour les
agriculteurs qui ont protégé leurs cultures des intempéries.
Par la suite, le Signal Corps s'est concentré sur la signalisation
purement militaire.
Le Signal Corps a fait ses preuves lors de la guerre de 1898 contre
l'Espagne et à nouveau lors des guerres mondiales du 20 e siècle.
La guerre civile a été le premier conflit
au cours duquel le télégraphe a été utilisé
à des fins militaires. Ce fut une clé importante de la
victoire du Nord. L'importance du télégraphe pour la victoire
du Nord est mieux illustrée par un compte rendu de son utilisation.
Du 1er mai 1861 au 30 juin 1865, l'USMT a traité quelque 6,5
millions de messages pour un coût total (pour la construction,
la réparation et l'exploitation du réseau) de 2 655 000
$, soit environ quarante et un cents par message. Pendant la guerre,
l'USMT a construit 15 000 milles de lignes, souvent dans des conditions
défavorables et parfois sous le feu de l'ennemi. À son
apogée en 1865, le réseau USMT comprenait plus de 8 000
milles de lignes télégraphiques militaires et 5 000 milles
supplémentaires de lignes commerciales exploitées par
des télégraphes militaires. Sur les 1 200 opérateurs
et monteurs de lignes qui ont servi dans l'USMT, 175 ont été
blessés ou capturés et 25 sont morts en service, dont
8 par l'action directe de l'ennemi
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