Octobre 1889 en
France l'américain Welles fonda avec Georges Aboilard
une société d'import de câbles téléphoniques
système Patterson.
La société importa d'abord d'Amérique les premiers
câbles téléphoniques isolés au papier et
elle effectua ensuite leur fabrication dans son usine de Paris. LMT
est crée en 1889 par G. Aboilard pour exploiter les brevets
de AT&T :
Usine de Paris, Fabrication du câble système Patterson
occupant une quarantaine d'ouvriers.
Câble à 7 paires à isolation par tube de bois,
ensuite isolé au paier et sous plomb sur demande de l'administration
des PTT.
L'administration de PTT
venait de prendre le monopole de l'exploitation des téléphones,
le développement du réseau pouvait commencer. Le 6 janvier 1890 ils fondent une société au
nom collectif "G.Aboillard & Co" et installent
une usine au 46 avenue de Breteuil à Paris.
Cinquantenaire
La commutation téléphonique manuelle
En 1890 trois bureaux de Paris : Gobelins, Etienne Marcel et
Wagram étaient en commande pour un système de commutateur
"multiple" qui met tous les abonnés du central à
la portée de la main et de la fiche de l'opératrice.
Suivirent Gutemberg avec 6000 lignes, 2000 à Rouen et 2000
au Havre .... et bien d'autres comme Panhard et Levassor en 1899.
Muliple
Aboilard de Port Royal Paris.
Dés 1891,
la société importe des États-Unis les premiers
centraux à batterie locale dont l'administration des
PTT agréa le modèle; la société décida
alors de construire ces appareils dans ses ateliers. La scociété
décide en 1895 une extension de l'usine pour y fabriquer les
commutateurs téléphoniques, manuels à cette époque.
Les câbles des centraux téléphoniques
étéient de 63/100e étamé entouré
se soie et coton sous tresse ou plomb .
LMT 46 Avenue de Breteuil,
Paris
Dès 1895
l'administration des PTT adopte le système à batterie
centrale pour le réseau de Paris.
En 1898 LMT fabrique
de câbles à 112 paires avec du fil de 1 mm. Par la suite
la capacité est montée à 900 paires en 0,6 mm
et 1200 paires en 0,5 mm grâce aux progrès tecniques.
G. Aboilard qui n'a pas laissé de trace dans les registres
des brevets, aurait pu avoir une certaine présence en Espagne
et, en fait, Aboilard était à Madrid à la fin
de 1891, sur quel activié ou projet ? Mais en 1908 G. Aboillard
décéde.
La société toujours en activité croissante conserve
son jusqu'en 1900, elle est rebaptisée « Le
Matériel Téléphonique » (LMT) .
La commutation téléphonique
automatique
Chez notre voisin belge
en 1911 le développement du système
Rotary
fut transféré à Anvers et confié
à la Bell Telephone qui
s'attela à la tâche avec succès. McBerty
a été transféré en Belgique pour soutenir
le développement et mettre en place les processus de fabrication.
En 1912 LMT reçu la commande des PTT de deux centres
Rotary pour Angers et Marseille. Nota : En Belgique compte tenu de l'entrée
en guerre de l'Allemagne, les commandes de la Reichpost ont été
annulées et le central Rotary
7A semi-automatique commandé pour Berlin a finalement
été installé à la place à Angers
en France par la socciété LMT "Le matériel
téléphonique". Il est entré en service en
1915. En 1913 Bureaux et Usine sont installés
46 Avenue de Breteuil, Paris 7e.
Un élément déterminant
avait été le succés de démonstration du
système Rotary organisé par le Belge Albert Damoiseaux,
collaborateur de Bell travaillant au Rotary depuis 1913, dans un local
loué Avenue de Breteuil à Paris. Albert Damoiseaux
(a été en fonction jusqu'en 1927) supervisant le développement.
De nombreux ingénieurs et techniciens venant de différents
pays collaborèrent à la construction et au développement
du central parisien et reçurent leur formation de Damoiseaux.
Sélecteurs Rotary
En 1919 on comptait
plus de 2 millions de lignes Rotary en exploitation.
Parallélement LMT développait l'activité "câbles",
comme la mise au point de la ligne Paris-Strasbourg, le "Train
Dispatching" adopté par les compagnies de chemin de fer
Français, les postes de radio, les hauts parleurs ... les postes
de conduite de tir de marine de guerre.
En 1921 Lmt installe dans le domaine privé un système
Rotary pour les "magasins réuinis"
Tout au long des années
1920, les stratégies d'intégration verticale et d'expansion
par le biais de filiales combinées ont donné naissance
à un conglomérat de quinze sociétés dédiées
à la fabrication de matériel et d'équipements
de télécommunication dans divers pays européens.
Le noyau initial était, bien sûr, dans les usines européennes
de Western Electric, parmi lesquelles se distinguaient Bell Telephone
Manufacturing Co. (Anvers), Le Matériel Téléphonique
(France), Standard Telephones and Cables (Londres), ainsi que d'autres
d'apparence modeste mais très dynamique. Dans cette catégorie,
on pourrait inclure Creed & Co., qui, d'une petite usine ouverte
à Glasgow en 1902, avait déménagé à
Croydon sept ans plus tard pour faire partie d'ITT
en 1928, commençant une période d'expansion à
l'étranger.
LCT / LMT / CGCT Ces trois filiales du
groupe américain ITT ont été établies
dans les années 20 pour participer au développement
européen du téléphone.
En 1925, anticipant les commandes massives
à venir. LMT bâtit une usine à Boulogne-Billancourt,
sur les rives de la Seine. LMT.
La multinationale ITT de
1926 à 1939 Après la première
guerre mondiale, la société passa sous la coupe de la
holding américaine ITT . L'implantation d'ITT en France
remonte aux années 1925-1926 et s'articule autour de trois
évènements:
- le rachat de Western Electric,
- l'appel d'offres des PTT pour le central téléphonique
Carnot,
- le rachat de la Compagnie des Téléphones Thomson-Houston. Dès sa création, ITT a donc été plus
qu'aucune autre firme, une « multinationale » puisque
le groupe n'avait jamais été réellement implanté
aux États-Unis alors qu'il y avait son siège social.
Limité à l'exploitation téléphonique avant
1925, avec le rachat d'IWEC, le groupe étendit ses activités
à la fabrication d'équipements.
Une partie du développement d'ITT se réalisa en Europe.
En Espagne, à côté de la CNTE, une société
industrielle, Standard Elétrica S.A. créée au
sein d'ITT, comptait plus de 1 800 employés en 1928.
Les sociétés européennes rachetées à
AT&T utilisaient pour la plupart des anciens brevets de
Western electric, ce qui mettait ITT sous la dépendance d'AT&T.
Pour se dégager de cette dépendance, des activités
de recherches furent développées dans les pays où
ITT était implanté, c'est-à-dire en Europe :
- En 1926, Le
choix de la France se porte sur le système Rotary pour le réseau
de Paris intramuros et suburbain.
LMT remporta l'important appel d'offres de l'administration française
des PTT et réussit à placer des systèmes de commutation
de type Rotary, héritées de la Western electric.
C 'est à cette date que l'usine est transférée
à Boulogne-Billancourt.MauriceDeloraine
reconvertie l'usine de Paris et
met en place les LLMT les laboratoires de LMT.
car en contrepartie, ITT s'était engagé à créer
un laboratoire de recherches et d'études, les LLMT
dont les effectifs atteignaient 700 personnes en 1930.
Maurice Deloraine fut nommé directeur de ce laboratoire
qui apporta à ITT une position dans la recherche de pointe
dans le domaine des télécommunications: Hyperfréquences
que l'on appelait encore ondes ultra-courtes, téléphonie
multiplex, modulation d'impulsion codée.
À la demande des administrations françaises, les LLMT
s'engagèrent également dans des recherches conduisant
à des applications militaires: radiogoniométrie à
lecture instantanée, et, à partir de 1938, radar.
- La filiale anglaise STC fut investie dans un projet ambitieux de
câble téléphonique sous-marin par le biais de
son laboratoire, Standard Telecommunication Laboratories (STL). À
la suite de la crise de 1929, ce laboratoire britannique de 420 personnes
fut dissous en 1939.
- En 1929 et 1930, ITT s'implanta en Allemagne avec l'acquisition
de Ferdinand Schuchardt, Standardt Elektrizitäs Gesellschaft
(SEG), liée à AEG, et C. Lorenz AG, ancienne filiale
de Philips. Lorenz apportait au groupe ITT une position de pointe
dans le domaine du radioguidage et atterrissage sans visibilité.
Le système Lorenz installé à l'Aéroport
de Berlin-Tempelhof fut installé en 1934 en divers points du
monde ...
Cette impression d'impuissance du CNET des débuts,
face à l'informatique naissante, est confirmée a contrario
par l'engagement précoce dans le « digital » de
son équivalent privé, le Laboratoire Central de Télécommunication,
l'une des quatre filiales françaises du groupe américain
ITT, avec LMT, LTT et la CGCT. Lors de l'implantation du groupe en
France, dans les années 1920, ITT a compris que, pour être
accepté sur le marché, il fallait faire participer le
milieu technique français à l'innovation.
D'où la création en 1927 du LCT le "Laboratoire
Central des Télécommunications",
qui devient un centre de R & D bouillonnant de créativité,
à la mesure des moyens dont il dispose et du talent de son
directeur, Maurice Deloraine.
Le 29 octobre 1927 le
Rotary 7A1 une variante du 7A est mise en
service pour la première fois dans le monde en France, à
Nantes, fabriqué en France par la société Le
Matériel Téléphonique, capable de gérer
jusqu'à 10.000 abonnés. Déjà à
Marseille, certains ROTARY 7A1 avaient été re dimensionnés
pour recevoir jusqu'à 20.000 abonnés. Au final la version
ROTARY 7A1 est retenue pour une mise en service dans Paris. Le 18
février, le central CARNOT, le plus ancien central téléphonique
de Paris, installé au 23 de la rue Médéric et
qui dessert dix mille abonnés du 17e arrondissement, fait peau
neuve.
En septembre 1928 les 6000 lignes du centre Rotary de Carnot à Paris entrent en service .
Les câbles pour les centraux automatiques
en 1925 avaient l'aspect d'un ruban, les conducteurs sont formés
par la chaîne et l'osolant par une trame de soie et servaient
au multiplage des broches des organes communs.
En 1935 LMT fabriquait des câbles d'énergie isolés
au papier imprégné.
Dès 1932, LMT
cherche de nouvelles activités, sachant que l'activité
Rotary n'irait pas palus qu'en 1939.
En 1933, Deloraine
devint directeur technique d'ITT Europe
et il conserva toujours des liens étroits avec la filiale d'ITT
en Angleterre avec lesquels il entretenait d'excellents rapports,
ce qui fut loin d'être le cas avec Lorenz, filiale allemande
qu'ITT avait achetée à Philips en 1931.
En 1935 s'ajoutent de nouvelles
activités : système de protection d'incendie, système
de flotabilité d'avions, radio-compas, système d'attérissage
sans visibilité, cellule photo-électrique, télégraphie
harmonique, redresseur oxy-métal ... divers pour les ministèe
de la défense.
L'activité principale restait toujours la téléphonie,
exporte à l'étranger des câbles et des centraux
téléphoniques manuels et automatiques.
Depuis le départ de l'activité Rotary, il a été
fabriqué 400 000 lignes dont 300 000 pour Pariset sa banlieu.
Dès 1914
deux circits aériens de 4 mm Paris-Marseille étaient
munis de bobines de self-induction "Pupin" pour augemnter
la distance des transmissions. En 1918 le câble Paris Starsbourg aérien est remplacé
par un câble à grande distance pupinisé. Des stations
d'amplifications permettaient de maintenir la parole à une
intensité convenable à une bonne audition. Ce câble
a été mis en service en 1925. En 1920 LMT introduit un procédé plus industriel,
les répéteurs sur cordons, sorte d'amplificateurs que
l'on pouvait connecter sur différents circuits
Répeteur
câble coaxial
En 1928 fut réalisé
une liaison entre Paris et l'Amérique du sud via l'Espagne
avec un disposif à courant porteur à trois voies. Système
qui a été installé en premier entre Dijon et
Annemasse en 1929. Cette technique a nécessité d'utiliser
du câble coaxial pour les sigaux haute fréquence comme
pour la télévision. Ce modèle de câble
a aussi été fabriqué par LMT.
Par la suite 150 systèmes à courants porteurs ont été
installés en France par LMT.
Georges Goudet a une fort intéressante
carrière. Né en 1912, ce normalien, docteur ès-sciences,
travaille en 1944-1945 au Laboratoire central des télécommunications.
Ses travaux portent sur l'optique électronique et les ondes
ultra-courtes. Il devient ensuite chef du service « Hyperfréquences
» au CNET, qu'il quitte en 1951 pour la faculté des sciences
de Nancy (chaire d'électrotechnique et direction de l'Ecole
nationale supérieure d'électricité et de mécanique).
En 1955G. Goudet passe définitivement dans l'industrie
privée, au sein du groupe Le Matériel Téléphonique
où il dirige le LCT : Laboratoire Central des
Télécommunications et deviendra PDG de la CGCT.
Il continue cependant à enseigner dans diverses écoles
d'ingénieurs ...
L'atelier radio
En 1955, le sysytème
de centre téléphonique Crossbar
Pentaconta a été adopté par les P.T.T.
et est destiné à équiper les grands réseaux
téléphoniques français.
C'est le résultat d'études faites par L.M.T. avec une
autre compagnie du même groupe, la C.G.C.T., sous la
direction d'un remarquable technicien, M. Gohorel, Le Crossbar remplaça
l'ancien système Rotary.
Les commutateurs Crossbar seront construits par LMT. dans l'usine
modèle qu'elle installe à Laval, dans la Mayenne.
Le 5 juillet 1963pour l'ouverture de l'usine
de Laval, Jacques Marette, ministre des Postes et Télécommunications,
préside l'ouverture de la nouvelle usine de Sept-Fontaines
à Laval, à environ 290 kilomètres à l'ouest
de Paris. Les 300 invités ont été accueillis
par le Dr Maurice Deloraine, président, et M. Philippe
Lizon, directeur général, de Le Matériel
Téléphonique.
D'une superficie de 1 5 000 mètres carrés ( 161 460
pieds carrés), l'usine assemblera le téléphone
à barre transversale (crossbar) Pentaconta,
sa capacité étant d'environ 250 000 lignes par an. De
plus, la fabrication de condensateurs sera bientôt lancée.
L'effectif actuel de 650 personnes passera à 1 000.
La photo montre un cadre
de commutateur Pentaconta partiellement assemblé.
Examinant un commutateur Pentaconta à l'ouverture de la nouvelle
usine de Laval sont, de gauche à droite, Dr Maurice Deloraine,
président de Le Matériel Téléphonique;
M. Jacques Marette, ministre français des Postes et Télécommunications
; et M. Philippe Lizon, directeur général du Matériel
Téléphonique.
Socotel est né au début
de l'année 1959 avec la participation des constructeurs du
groupe CP 400 (CIT, Ericsson, AOIP), auquel, après avoir décliné
l'offre, les filiales du groupe ITT (CGCT et LMT) se
sont jointes.
La mission principale de Socotel était de coordonner les recherches
de l'Administration et de ses principaux industriels dans le domaine
de l'électronique de commutation et de partager les brevets
et certaines études et de faire avancer la normalisation. Socotel
était contrôlé par l'État, qui finançait
50,1 %, tandis que des membres privés couvraient le reste à
parts égales
1956En Belgiqueà Anvers
, LCT (Laboratoire de recherche
en France) la BTMC,
construit un petit autocommutateur électronique à 20
lignes pour la Marine.
Central téléphonique automatique
privé électronique à 20 lignes.
DÉVELOPPÉ et fabriqué par le LCT
Laboratoire Central de Télécommunications, Paris,
et par BTMC
Bell Téléphone Manufacturing Company, Anvers.
C'est un autocommutateur privé entièrement électronique
de 20 lignes il était au centre de l'intérêt
du pavillon de Bell à l'Exposition universelle de 1958
à Bruxelles. La photographie d'illustration montre des
visiteurs qui s'appelaient continuellement les uns les autres
en utilisant les téléphones sur la table et s'émerveillaient
de voir leurs connexions établies rapidement par des
moyens purement électroniques.
Le central peut gérer 4 conversations simultanées
et 2 appels simultanément au moyen de 20 circuits de
ligne d'abonnés, 4 circuits de jonction et 2 registres.
Les éléments de circuit fondamentaux utilisés
(1) sont des diodes à jonction de silicium, de commutation
de la parole commandées par des circuits magnétiques
bistables constitués d'une réactance saturable
en série avec un condensateur pour former un circuit
ferrorésonnant.
En excluant complètement les contacts mobiles, tels que
ceux des relais, la durée de vie de l'équipement
devient pratiquement indéfinie.
Le poste d'abonné utilisé avec l'équipement
diffère de la conception conventionnelle : les chiffres
sont transmis à partir d'un clavier et non avec un cadran
et la sonnerie a été remplacée par un dispositif
électroacoustique piloté par un amplificateur
à transistor dans le poste.
Dans le central, le circuit de ligne de l'abonné comprend
un transformateur de ligne et le dispositif définissant
l'état de la ligne, occupée ou libre, etc. Les
circuits de commutation de la parole à diode au silicium
utilisent deux diodes miniatures pour établir un chemin
de la parole entre les abonnés.
En condition de blocage, les diodes sont équivalentes
à une résistance de 1 000 mégohms en parallèle
avec un condensateur de 5 picofarads. Dans l'état conducteur,
ils ont une résistance de seulement 4 ohms. La puissance
crête transmise est de 50 milliwatts et l'atténuation
totale de ligne à ligne est de 1 décibel. Les
interrupteurs à diodes sont actionnés par les
bascules magnétiques, qui forment également les
compteurs de registre. Ces bascules sont pilotées par
une alimentation 10 volts de 8 kilocycles par seconde. A cette
tension, ils ont deux conditions de fonctionnement ; dans un
état, le courant passé est 15 fois plus que celui
de l'autre état. Après conversion en courant continu
par des redresseurs au sélénium, la sortie de
la bascule polarise les diodes en état conducteur ou
bloquant.
Des circuits imprimés sont utilisés dans le commutateur;
ses dimensions ne sont que de 22 x 53 x 61 centimètres
. La puissance consommée par le central lui-même
(hors courants micro des postes d'abonnés) n'est que
de 30 watts en 24 volts.
1 - C. Dumousseau, « Central téléphonique
automatique à 20 lignes entièrement électronique
», Communication électrique, tome 34 pages 92-101
; juin 1957
Sur la même technologie un
autre centre à 240 lignes sera construit pour la Marine.
Le Metaconta
est issu d'une série de tests effectués dans le laboratoire
ITT à Paris, qui a permis de vérifier les idées
de base dans différentes configurations et de standardiser
les composants appropriés.
En 1963, ITT promeut un programme expérimental dont
les premières implantations européennes sont deux usines
de contrôle centralisé et de composants électroniques
HE 60, la première à Paris et la seconde à
Vienne, toutes deux heureuses du fait du degré de fiabilité
requis et de l'accueil des abonnés. . . L'étape suivante
consista à intégrer le programme de contrôle par
mémoire dans cette réalisation et aboutit en 1967 à
l'installation d'un central local privé combiné connu
sous le nom d'ARTEMIS,
développé conjointement entre la filiale LMT et l'organisme
public CNET dans le cadre du programme mixte incarnée
dans la Société Mixte pour le Développement de
la Technique de la Commutation dans le Domaine des Télécommunications
(SOCOTEL) en France, qui a été immédiatement
suivie par une seconde dans le Wilrijk belge.
Lors du précédent cycle d'études, l'exigence
de disposer de nos propres processeurs spécialement adaptés
à la commande des processus de commutation s'est imposée
très tôt. En réponse, l'incorporation de Metaconta
dans le système a présidé à la conception
de chacun des composants et des outils de programmation depuis le
début jusqu'au point de convertir les deux processeurs utilisés
- l'ITT 1 600 et le 3 200 - pour constituer réellement des
éléments intégraux de le système.
La conception du commutateur semi-électronique
HE 60, concurrent du Siemens ESM II, est attribuée au
standard allemand Elektrik Lorenz.
Sur la photo en Allemagne Richard Stiicklen,
ministre de l'Administration allemande des postes, télégraphes
et téléphones, ouvre le central téléphonique
semi-électronique à Stuttgart le 12 juillet 1963
en passant un appel à partir d'un poste d'abonné à
bouton-poussoir. HE-60
à Stuttgart
Le bureau Blumenstrasse de 2000 lignes fait partie de la zone locale
de Stuttgart. En plus des facilités allemandes standard de
numérotation par abonné pour les appels interurbains
et internationaux et de numérotation sortante et entrante identifiée
avec branchement automatique privé centraux, le nouveau bureau
propose des appels par bouton-poussoir et un acheminement alternatif
dans la zone locale.
Cette installation d'essai permettra une expérience pratique
du fonctionnement de l'équipement et du système ainsi
que l'acceptation par les abonnés des nouvelles fonctionnalités
qu'il met à leur disposition. Le système de commutation
semi-électronique HE-60 utilise exclusivement des contacts
à lames sèches hermétiquement scellés
et des composants électroniques, combinant la rapidité
de l'action électronique avec la fiabilité des contacts
mécaniques.
Parallèlement à l'avancée
de la téléphonie temporelle en cours au CNET de Lannion,
il est fait un exposé sur la commutation électronique
temporelle en 1947 devant la Société française
des radio- électriciens. LCT construit dès 1956 un autocommutateur électronique
à 20 lignes pour la Marine, puis un central à 240 lignes.
Le résultat le plus important des développements d'ordinateurs
au LCT a été la formation d'équipes expérimentées,
au moment où ITT s'interrogeait sur la stratégie à
suivre en vue de la commande électronique des centraux téléphoniques
[commutation spatiale] : devions-nous acheter des ordinateurs IBM
et les adapter, ou en développer nous-mêmes ? On a choisi
d'en développer au Laboratoire Central
des Télécommunications, de Vélizy.
Le premier a été le LCT
3200, dont dix prototypes ont été construits
en 18 mois.
Le LCT3200 est fabriqué à l'usine
LMT de Laval : un accord-groupe interne à ITT prévoit
que seule la LMT fabrique les calculateurs pour l'ensemble de ses
filiales. Le premier a été
installé à Roissy en 1970.
Son défaut était d'être trop volumineux (composants
discrets), et nous lui avons fait un successeur en circuits intégrés,
le LCT 3202.
Parallèlement, le LCT développait depuis 1959 le système
qui s'appellera plus tard le RITA, fondé sur ses brevets
en MIC et en commutation temporelle. »
( RITA, à base de Mitra 15M / 125, système
Thomson de gestion des communications du champ de bataille, est un
des grands succès d'exportation de cette société
puisqu'il a été sélectionné par le commandement
américain et réalisé aux USA sous license. Il
faut noter que ce système utilise les techniques MIC mises
au point par LCT / LMT avant que ces sociétés soient
rachetées par Thomson à ITT, de sorte que Thomson a
payé des royalties à ITT). Thomson a longtemps payé
des royalties à ITT sur le RITA et sur les centraux LMT 3202.
Le système METACONTA
11A est équipé dune Unité
de Commande Centralisée constituée de deux calculateurs
centraux LCT3200 (32 bits) très volumineux car réalisés
en grande partie avec des cartes munies des tous premiers Circuits
Intégrés TTL de la Texas Instruments ayant été
produits (dont les 74H de famille rapide), ainsi que par une proportion
encore significative de composants discrets (transistors). Les diverses
cartes formant les sous-ensembles sont alors connectées sur
un fond de panier où les différentes broches de connexion
sont alors wrappées entre-elles.
En France il est le premier calculateur informatique
à usage téléphonique fabriqué industriellement
en série.
Certains Commutateurs MÉTACONTA 11A seront équipés
ultérieurement de calculateurs centraux LCT3202 plus évolués.
Le Réseau de Connexion est constitué du tout nouveau
MINISÉLECTEUR miniaturisé à contacts de type
MÉTABAR à 256 points de connexion implanté sur
circuit imprimé.
L' E11 (abréviation de : Électronique
projet numéro 11) de la LMT à Boulogne, avec
deux calculateurs LCT3202, est issu des prototypes Socrate, Aristote
et Périclès. Le système MÉTACONTA E11
est très proche du système MÉTACONTA 10R dont
il est l'adaptation pour le marché français, par le
développement conjoint entre LMT et l'Administration des Télécommunications
d'un logiciel adapté au marché français
Les Calculateurs LCT3202 sont tous fabriqués à
l'usine LMT d'Orvault : un accord-groupe interne à ITT
prévoit que seule la LMT fabrique les calculateurs pour l'ensemble
de ses filiales.
1987
Salle des Transmissions, associée au Commutateur MÉTACONTA
11A de Reims. (Il s'agit des premiers équipements de modulation
numérique mis en service en 1981 pour le desservir)
C'est en 1938 aux « Laboratoires LMT
», avenue de Breteuil, qu'est inventée la modulation
par impulsions et codage (MIC), un principe de base des actuels
systèmes de télécommunications.
C'est en France, en 1938, que
l'Anglais Alec Reeves qui travaillait pour LMT,
dépose le brevet du MIC (Modulation par Impulsions Codées),
qui devait éliminer presque complètement le bruit. Malheureusement,
à cette époque, la technologie de l'électronique
à lampes ne permettait pas de réaliser économiquement
de tels procédés de transmission. Dans les années
50, le numérique apparaît comme une conséquence
de la nouvelle industrie des ordinateurs dont le développement
a été rendu nécessaire par la deuxième
guerre mondiale.
Il fallut cependant attendre l'apparition des circuits intégrés
à la fin des années 60 pour que l'électronique,
jusque-là cantonnée aux systèmes de transmissions
analogiques à multiplexage fréquentiel, puisse sérieusement
sétendre à la transmission numérique et
à la commutation. En 1961 les bases théoriques de
la commutation numérique sont à peu près maitrisées,
notamment avec les apports du laboratoire LCT de lavenue
de Breteuil, lié à la société LMT.
En effet en 1947 Maurice Deloraine, alors directeur technique du groupe
ITT, avait déposé le premier brevet de commutateur numérique
à répartition temporelle et soutenu une thèse
de Docteur-Ingénieur à Paris sur ce thème. Puis
au sein du LCT, en 1948-50 Pierre Aigrain vérifie la faisabilité
dune commutation analogique à répartition temporelle
avec modulation PAM (Pulse amplitude modulation) et enfin en 1958
le brevet E. Touraton-J-P. Le Corre, ingénieurs au LCT, complète
celui de M. Deloraine.
Cette tranche de l'histoire de la naissance
de la commutation électronique est racontée
sur cette page.
...
Les multiplex numériques sont dabord utilisés
comme systèmes de gain de paires pour la transmission entre
les centraux analogiques. Puis on passe de la programmation câblée
à la programmation enregistrée en pilotant les commutateurs
par des ordinateurs.
Le dernier pas à franchir a été de remplacer
les matrices de commutation analogiques par des matrices numériques.
Ce sont les Français qui, au cours des années 1970,
précèdent tout le monde dans ce domaine, dabord
les ingénieurs du CNET
avec le système E10, puis les ingénieurs
de LMT
avec le système MT20.
Le reste du monde, pris de court, est obligé de suivre... en
grinçant des dents à cause des investissements faits
dans l'analogique.
Les LLMT, Laboratoires
installés au 46 avenue de Breteuil à Paris. En France, les LLMT, dont les effectifs avaient atteint 700 personnes
en 1930, furent le lieu à partir duquel LMT entreprit
une politique de diversification. et étendit ses activités
à la radio domestique, la détection et la protection
contre l'incendie, la radiogoniométrie et le froid industriel,
et, peu avant la guerre, à la demande des ministères
de Défense Nationale, elle étudia et construisit des
appareils de bord pour avions et divers matériel de guerre.
L'histoire de LMT fut de plus en plus marquée par la personnalité
de Maurice Deloraine, un ingénieur ESPCI, affecté
à la fin de la guerre aux laboratoires de la Tour Eiffel du
général Ferrié. Ce dernier conseilla
à son jeune assistant de poursuivre sa carrière aux
Etats-Unis.
Les LLMT reçurent notamment une commande de la Marine, en 1938
pour fabriquer un radar de veille lointaine à impulsions.
Ce radar n'avait pas les mêmes spécifications que celui,
à ondes centimétriques, que mettait au point à
la même époque la SFR à la pointe Saint-Mathieu,
près de Brest, mais il était également très
avancé pour l'époque. Installé en février
1940 sur l'île de Port-Cros, près de Toulon, il fut utilisé
entre la déclaration de guerre de l'Italie, le 10 juin 1940
et la demande d'armistice du 17 juin et prouva son efficacité
en permettant de déjouer une attaque d'avions italiens sur
la base de Toulon.
Pendant la drôle de guerre, LMT avait consacré tous ses
efforts à la Défense Nationale.
La société fabriqua toutes sortes de matériel,
bouchons de grenade, têtes spéciales de fusée,
postes émetteurs-récepteurs, altimètres etc...
Forts de 5400 personnes en 1930, les deux établissements subirent
les effets de la récession mondiale, et les effectifs n'étaient
plus que de 2700 au moment de la déclaration de guerre. La
participation à la bataille de l'armement les fit grimper à
4300 le 31 mai 1940.
LCT / LMT / CGCT Ces trois filiales du groupe américain
ITT ont été établies dans les années 20
pour participer au développement européen du téléphone.
Le Laboratoire Central des Télécommunications est la
composante la plus dynamique de cette triade dont les deux autres
sont des structures de production. Le LCT s'impliquera très
tôt dans les techniques numériques, bien plus tôt
en fait que les laboratoires comme le CNET ou les industriels comme
CGE, dont c'était pourtant la vocation.
.
On y trouve les réalisations suivantes :
- un calculateur à lampes pour la conduite de lancement de
torpilles, que l'on retrouvera dans l'étude des calculateurs
militaires. Expérimental.
- un calculateur CS2 expérimental pour effectuer les calculs
de navigation d'un avion. Mémoire à tores de 1024 *
16 bits, servie par 175 transistors et 400 diodes.Logique série
réalisée avec 250 circuits intégrés DTL
(ITT et Fairchild), effectuant l'addition en 96 µs, la multiplication
et la division en 224 µs. Réalisation en forme de livre
à 8 pages double face, chacune 36 flatpacks. Poids 3 Kg, volume
3 litres.
- un autre calculateur expérimental 825 P pour avion, avec
mémoire à tores 4096 * 24 bits, organisation parallèle,
addition en 6 à 8,5 µs, mpy / div en 61 µs. Réalisation
en forme de 5 livres à 5 pages double face, trois pour le CPU
et deux pour les entrées/sorties. Poids 6,9 Kg, volume 6 litres.
Assembleur fonctionnant sur Univac 1107.
- un calculateur transistorisé L10 pour l'aviation suédoise
- un calculateur SEL pour les réservations d' Air France (
SARI, commande annulée)
- un calculateur de comptabilité téléphonique,
AMA.
- des autocommutateurs électroniques bien antérieurs
à ceux du CNET
- des ordinateurs à transistors discrets (LCT 3200) et à
circuits intégrés (3202) pour les centraux Metaconta,
produits en petites séries.
En 1904, la Western Electric Company
crée le modèle 20.
Il est légèrement modifié en 1919
et est vendu sous le nom de modèle 50. En métal
laqué noir et ébonite, ce modèle est composé
dun cadran chromé reposant sur le pied et dun
fût terminé par un microphone réglable. Latéralement,
le combiné monobloc en cornet repose sur un crochet-pince
formant commutateur. Le cordon torsadé est de couleur marron.
Ce type de téléphone est alors très répandu
aux États-Unis.
Ce poste est commercialisé en France
avant la Première Guerre mondiale par la société
G.Aboilard.
Cest un des premiers téléphones dit à
batterie centrale intégrale, cest-à-dire
que le courant électrique qui lalimente est fourni
par des accumulateurs installés au central téléphonique
Aboilard
Mural 1907.
Les postes téléphoniques LMT 1924 sont retenus
par l'état, en proposant 2 modèles dans leurs versions
murales et mobiles. LMT
Modèle 1924 LMTà micro solid-back qui combine du matériel
US de Western Electric C° avec du materiel Francais.
Le modèle naura que peu de succès tout au moins
dans sa version mobile. Il resta cependant longtemps utilisé
dans les centraux téléphonique, son micro dexcellente
qualité servant de référence.
Modèle de luxe
A droite le modèle 24 classique
de grande diffusion.
Syle Art Deco vers 1934 ce modèle luxueux a équipé
le paquebot Normandie, il est très prisé par les collectionneurs.
Le poste "Radiojour"
L'offre (pdf)
Écoutez "C'est Paris" de Mitchells Jazz Kings, enregistré
le 24 avril 1923
En 1923, ce récepteur à cristal type Oudin fut le
premier en France à être fabriqué en plus grand
nombre.
La terre peut être connectée en haut à droite
; en haut à gauche une antenne (A - ondes longues ou AC - ondes
moyennes). Sur les tiges de guidage se trouvent les contacts glissants
: à l'avant pour l'alignement primaire et à l'arrière
pour l'alignement secondaire. Les écouteurs peuvent être
connectés en bas à droite. Au milieu se trouve le cristal
avec le bouton de réglage à côté. Ce bouton
actionne un grand condenseur à air variable sous la forme de
deux plaques en aluminium, qui peuvent pivoter l'une par rapport à
l'autre. Ce condensateur est situé dans la base du récepteur.
La portée de réception est de 200 à 3000 mètres.
1923 Un communiqué est envoyé à la presse
quelques jours avant le 23 janvier 1923. date de l'ouvertue
de la station radiotéléphonique de lEcole supérieure
des PTT (ENST).
« LEcole supérieure des postes et télégraphes,
qui étudie dune manière systématique dans
son laboratoire technique ce qui se fait de nouveau dans le monde
entier en matière de télégraphie et de téléphonie
avec ou sans fil, vient dinstaller un poste dessai pour
émissions radiotéléphoniques. Des locaux et une
antenne ont été établis pour permettre dessayer,
au point de vue de la qualité et du volume, tous les types
possibles de postes démission de téléphonie
sans fil. Pour que ces essais soient tout à fait probants,
il sera procédé, avec chacun de ces types de postes,
à des émissions variées comportant de la diction,
de la musique et du chant. Ces émissions seront faites régulièrement
le mardi et le jeudi soir, de 19h45 à 22 heures, et le samedi
après-midi, de 16h30 à 19h30. Les émissions auront
lieu à partir de mardi prochain 23 janvier, et seront faites
avec une longueur donde de 450 mètres et une puissance
dans lantenne de 500 watts. »
Une fructueuse collaboration Pour lancer leur station parisienne, les PTT ont saisi une opportunité.
Dans la foulée dEmile Girardeau, qui vient de
lancer Radiola, son concurrent LMT a projeté de lancer
lui aussi sa station. LMT, cest Le Matériel Téléphonique,
concessionnaire pour la France et ses colonies des brevets et procédés
de la Western Electric Company.
Mais LMT ne reçoit pas le feu vert. La société,
qui a déjà fait venir un émetteur de 500 watts,
loffre gracieusement aux PTT qui ne manqueront pas de penser
à eux par la suite pour des marchés déquipement
téléphoniques. Autre intérêt : lémetteur
de la Western Electric diffuse sur les petites ondes. Or en France,
les deux radios, la Tour Eiffel et Radiola émettent sur les
ondes longues.
Cest un ingénieur, Maurice Deloraine, qui deviendra directeur
des laboratoires de LMT, qui installe le matériel, de lémetteur
au micro.
La station va pouvoir se lancer sur les ondes grâce à
limpulsion dAlfred Dennery, directeur de lécole.
Malheureusement il doit quitter ses fonctions en octobre pour raisons
de santé et décède en novembre à lâge
de 52 ans.
Après quelques essais, la station est officiellement sur les
ondes le 23 janvier.
Mais les PTT garderont la date du 20 janvier pour fêter lanniversaire
de leur radio parisienne. Elle émet trois fois par semaine
et innove très vite, profitant des infrastructures des PTT,
dès le 27 janvier. « Après entente avec la maison
Gaveau, elle a pu émettre de son poste de la rue de Grenelle,
à Paris, le concert donné ce jour-là à
la salle Gaveau, par une pianiste de grand talent, Mlle R. Orléans.
Le concert a été parfaitement reçu dans toute
la France. Ce premier essai sera suivi dautres« , se félicite
Le Petit Parisien.
Plus tard, la station radiotéléphonique de lEcole
supérieure des PTT sera aussi la première à retransmettre
une représentation théâtrale et à mettre
au programme des cours de littérature, de lecture de son et
de langues vivantes.
Comment se faisaient les retransmissions ?
Un seul microphone est employé. Il est placé sur le
bord de la scène, du côté des violons, à
trois mètres de la boîte du souffleur, détaille
Le Petit Champenois. Le courant microphonique est amplifié
par deux étages basse fréquence, et le courant résultant
obtenu est transmis à la station par ligne téléphonique
ordinaire. Ce dernier circuit a 11 km pour lOpéra, 17,5
km pour le Trianon et 12 km. pour la Gaité. A larrivée
au poste démission, le courant téléphonique
subit encore une amplification dun étage (B.F.) et est
enfin couplé à lémetteur. Le poste des
PTT qui transmet avec moins de 400 watts effectifs (6 à 8 ampères
dans lantenne) est entendu régulièrement en Norvège,
en Ecosse et on Algérie, soit dans un rayon do 1800 km. Cest
un beau résultat et on ne peut que féliciter les opérateurs.
Un très beau démarrage pour cette station qui sera la
tête de réseau des PTT et qui prendra le nom de Paris-PTT
à la rentrée 1927.
Poste de radio années 30-40
En 1928, Deloraine recruta Busignies qui était
déjà détenteur de brevets dans la domaine de
la radio-goniométrie.
A partir de 1933, Lorenz filiaire d'ITT s'était développée
dans le cadre de l'Allemagne nazie. Non seulement aucun dividende
ne fut plus reversée à la maison-mère, mais Deloraine
ne parvenait pas à obtenir des informations technique de Lorenz.
Le patron d'ITT, Sosthène Behn, demanda à rencontrer
Hitler qui lui donna de bonnes paroles sur l'avenir d'ITT en Allemagne.
Le fait de ne percevoir aucun dividende de la part de sa filiale allemande
était parfaitement acceptable par les actionnaires d'ITT qui
misaient sur une croissance dans chacun des pays où la holding
était implantée.
Ainsi, en France, après une grosse perte de 25 MF en 1932,
et des bénéfices médiocres les années
suivantes, LMT se redressa à partir de 1937 avec croissance
du chiffre d'affaires et bénéfices substantiels, mais
aucun dividende ne fut perçu par les actionnaires à
partir de 1936.
La télévision
Le 24 octobre 1936, Robert Jardillier, nouveau ministre des PTT, lance
un appel d'offre auprès des constructeurs radio-électrique
en vue de doter la télévision de matériel "
haute définition ".
Juillet 1937, LMT l'administration
des PTT a fait installer à la tour Eiffel un nouvel émetteur
de télévision construit par la société
LMT.
Vue intérieur du chassis émetteur LMT.
Poste radio et télévision.
Un nouvel émetteur de télévision en 455 lignes,
construit par la société Le Matériel Téléphonique,
est installé à la tour Eiffel en juillet 1937.
Il émet sur 46 MHz avec une puissance de 7,5 kW, tandis que
l'ancien émetteur 180 lignes de la SFR-CSF est réutilisé
pour diffuser le son sur 42 MHz. Avec le début des essais de
télévision en 455 lignes, Radio-PTT Vision
change de nom et devient Radiodiffusion nationale Télévision.
Les émissions en 180 lignes continuent toutefois en alternance
avec les émissions en 455 lignes puis disparaissent définitivement
le 10 avril 1938.
Au cours des années 1930, ils ont également fabriqué
des postes de radio, des postes de télévision pour autoradios,
des tubes / vannes à vide (sous licence; y compris des thyratrons)
et des lampes à arc (également sous licence).
Les militaires qui, depuis 1935, préfèrent
sous-traiter les premiers radars français (qui ne portent pas
encore le nom de radars) à Sadir-Carpentier ou à LMTEC.
Dans les premiers mois de la guerre, les laboratoires LLMT de
Levallois font des avancées importantes dans la mise
au point du magnétron de puissance qui ouvre la voie au radar
centimétrique qui sera largement utilisé par les Alliés
à partir de 1943 pour équiper les chasseurs et les bombardiers
.
En 1939 la
construction déquipements radar (à lire ici)
fonctionnant à 30 MHz de fabrication SADIR (Société
Anonyme Des Industries Radioélectriques) et LMT (Le Matériel
Téléphonique), pour la réalisation de barrières
radioélectriques, à base de radars bistatiques
...
Alors que la Wehrmacht est aux portes de Paris, l'usine de
Levallois se replie sur celle de Cholet qui, après l'armistice,
se retrouve dans la zone occupée par les Allemands
.
En 1939, au LLMT, 600 personnes étaient
basées avenue de Breteuil à Paris. Avec l'entrée
en guerre, le Laboratoire fut réquisitionné et mis à
la disposition des services de transmission des trois armes .
Au début de la seconde guerre mondiale les Laboratoires LMT,
sous limpulsion de Henri Busignies, chef du Département
de Radiogoniométrie, développèrent lidée
dune réduction des échos fixes dans les
goniotélémètres , objet dune note
déposée en octobre 1940. Lécho dun
objet mobile, mélangé à londe émise,
produit des « battements doppler » qui sont passés
dans un filtre pour être séparés des échos
fixes : cest le principe du filtrage doppler que les Américains
baptiseront plus tard MTI ou Moving Target Indicator.
Entre-temps les laboratoires LMT ont rejoint les Etats-Unis, cest
ainsi que linvention française du MTI fera lobjet
dun brevet américain du 5 mars 1941, qui ne sera repris
en France quaprès la guerre.
Le 8 mai 1940, Maurice Ponte est à Londres pour présenter
le magnétron de la CSF aux Britanniques qui feront une synthèse
des avantages du prototype de la SFR et de leur propre prototype EC
2.
Le premier bénéficiaire est en février 1941 le
tout nouveau «Cuirassé Richelieu », stationné
à Dakar depuis larmistice. Le capitaine de frégate
Agenet réinstalle à son bord l'un des matériels
SADIR fonctionnant en 1,2 mètre de longueur donde (250
Mhz, 15 kW crête), ramenés de Bizerte, avec lequel il
obtient rapidement des portées intéressantes : 80 km
sur avion à site élevé, 50 km à site moyen,
20 km sur croiseur. Suivent le «Strasbourg» en janvier
1942, puis «lAlgérie» en avril. Avec un radar
LMT de 50 kW de puissance crête, plus du triple des précédents,
sur ? = 2 m, les résultats progressent à nouveau, des
avions sont détectés à 110 km, des navires à
25 km. Un dispositif de télémétrie sur échelle
fine permet
dobtenir une précision de 25 m pour les distances inférieures
à 30 km.
En septembre 1942, cest au tour du «Jean-Bart»,
arrivé inachevé à Casablanca en juin 1940, puis
du «Colbert» à Toulon. Ce fut la dernière
installation. A la suite du débarquement des Alliés
en Afrique du Nord le 8 novembre 1942, Hitler envahit la zone sud,
et la Flotte de Toulon se saborde dans la nuit du 27 au 28 novembre.
A nouveau, lessentiel de léquipement français
en radars opérationnels disparaît dans ce désastre.
A son retour des Etats-Unis, E.M. Deloraine reprend
la direction du nouveau Laboratoire Central des Télécommunications,
successeur des Laboratoires LMT. Le LCT sera le pionnier des radars
cohérents dès 1949.
Les radars sols, doppler et pulse doppler
Une démarche était menée de construire des radars
spécialisés, de courte portée, organisés
autour du traitement doppler. Il sagissait soit de radars traitant
des ondes continues dits radars doppler , soit de radars
traitant des trains dimpulsions ou radars
pulse doppler , par des procédés à base
de filtres de fréquence réalisés en analogique.
Un des acteurs des ces travaux fut le LCT, héritier du brevet
MTI de Henri Busignies et des travaux de Gérard
Lehmann, qui fondèrent la spécialisation de ce laboratoire
dans les radars à Elimination dEchos Fixes. Au delà
de la simple suppression déchos fixes, les essais conduits
par H. Tanter à partir de 1953 sur les prototypes DMRT, révèlent
les capacités étonnantes de la signature doppler dans
les applications sol : Ces damnés français parviennent
à distinguer une femme dun homme par la seule traduction
doppler de sa démarche ! sétonnent les
américains à la suite dessais aux USA en 1957/58.
Il en découlera plusieurs familles de radars sol : radar doppler
à ondes continues type RB12 B et pulse doppler type RATAC et
RASIT, qui connaîtront un très grand succès à
lexport.
Le RATAC (Radar dAide au Tir dArtillerie de Campagne),
est le premier programme militaire franco-allemand, conception et
développement par le LCT et fabrication (400) par LMT et SEL
(série en 1966). Les Etats-Unis achètent la licence
pour le fabriquer sous lindicatif TPS 58 en 1970.
Le RASIT, version simplifiée du RATAC, est fabriqué
en série (800 exemplaires) par LMT et SEL, après les
essais très concluants du prototype RAPIERE (1974). Il sera
fabriqué par Thomson-CSF/SDC jusquen 1995, après
lintégration de LMT à TH-CSF en 1976.
LCT a mené bien dautres études sur ce thème
dont elle avait fait une de ses spécialités, notamment
en développant avec succès le prototype de radar MFR
« Diphane 2 » qui allait préfigurer le mode «
sites bas » du radar « Arabel ».
Par ailleurs, tant à Thomson quà CSF et à
EMD/ESD des développements de petits radars pulse doppler,
pour conduite de tir notamment comme le RA 20 S dESD et lIL
NOIR de Thomson-CSF, ont amené à des réalisations
opérationnelles. LIL NOIR sera produit à
80 exemplaires et son successeur, à partir de 1977, lOEIL
VERT le sera à plus de 100 exemplaires. La généralisation
du traitement numérique du signal, entamée dans les
années 70, fera rejoindre les deux approches VCM et pulse doppler.
Le radar de veille du système darme SHAHINE sera ainsi,
à Thomson-CSF, le premier radar pulse-doppler à traitement
numérique composé dun filtre « VCM 70 dB
» et dun filtrage vitesse par « FFT 16 points »
Par bien des aspects, LMT occupe donc
une place très voisine de celle de la SFR, mais sa qualité
de filiale d'un groupe anglo-saxon va incurver quelque peu sa trajectoire.
Les ingénieurs des sociétés ITT d'Angleterre,
n'ayant pas été réquisitionnés en Angleterre
pour participer à des projets militaires, Deloraine en fit
venir une demi-douzaine pendant la drôle de guerre, pour travailler
avenue de Breteuil. Ceci n'empêchait point que les laboratoires
de Paris et de Londres travaillaient de façons complètement
cloisonnée. Lors d'une visite à Paris, Watson-Watt,
le responsable des développements radar anglais avait expliqué
à Deloraine que la question des radars n'était pas traitée
en France avec la sécurité nécessaire et que
des échanges techniques sur ce sujet était absolument
exclus. En mars 1940, il semble que la situation ait évolué,
des savants anglais se rendirent en France, et Deloraine fut invité
à aller voir leurs installations. A peu près à
la même époque, Maurice Ponte, le responsable des projets
radars de la SFR avait un mal fou à obtenir un visa et dût
finalement mettre en avant la nationalité, britannique, de
son épouse pour aller présenter son magnétron
à son homologue de la GEC à Wembley. Un mois avant la
visite de Ponte à Wembley, c'est Deloraine qui avait transmis
aux Anglais toutes les publications françaises concernant le
radar, y compris celles émanant de la SFR, et il fut surpris
d'entendre de la part des Anglais que cette documentation déjà
publiée devait désormais être classifiée6.
Le 12 juin 1940, les laboratoires
de l'avenue de Breteuil et l'usine de Boulogne effectuèrent
leur repliement dans une usine désaffectée du village
de Bois-Laribière, près de Limoges. Deloraine et un
noyau des LLMT avaient pris la route de Bordeaux pour arranger l'embarquement
de ses ingénieurs anglais à Bordeaux. Le général
Jullien, responsable des télécommunications qui se trouvait
avec le gouvernement à Bordeaux informa Deloraine que l'amirauté
britannique avait envoyé un télégramme pour autoriser
le personnel des laboratoires de Paris à embarquer, mais le
général ajouta que ceux qui étaient mobilisés
seraient alors considérés comme des déserteurs.
On ne sait pas exactement combien de tickets d'embarcation les Anglais
ont proposé à ce moment-là, mais les ingénieurs
des LLMT ne voulaient pas s'embarquer sans leurs familles, dispersées
aux quatre coins de la France. Toujours est-il que le personnel des
LLMT presque au complet se retrouva dans les différents locaux
récupérés autour de Bois-Laribière. Le
commandant Labat qui semble avoir été très proche
de Deloraine et des LLMT était également à Bois-Laribière.
Après la signature de l'Armistice et l'instauration de la ligne
de démarcation, le personnel replié se retrouva en zone
libre et c'est la raison pour laquelle la création de laboratoires
à Lyon fut initiée dés septembre 1940, en avance
de quelques mois sur l'implantation de la SFR. Dans les deux cas,
le gouvernement français, c'est-à-dire Labat, fut à
l'initiative de ces implantations.
Lorsque survient l'armistice signé le 22 juin
1940, le personnel des différentes usines de radioélectricité
de la région parisienne se trouve replié au sud de la
Loire, en zone occupée, comme la SFR repliée à
Cholet dans son usine créée en 1936 ou en zone non occupée
comme LMT qui trouve refuge dans une usine désaffectée
du hameau de Bois la Ribière, près de Limoges ou la
SADIR, à Tulle. Avant de rejoindre Geaune, Labat et son équipe
de la SEMT étaient repliés, comme LMT. à Bois
la Ribière.
A l'échelon individuel se pose la question « où
aller ? Revenir en région parisienne ? Rester en province ?
Partir à l'étranger ? » et à l 'échelon
de la société « Que produire ? Où produire
? Pour qui produire ? » les cadres avaient commencé des
séances de brain-storming pour chercher vers
quelle production civile ils pourraient se réorienter. La pression
allemande s'exerçait de façon assez directe pour que
l'usine parisienne se remette au travail. Un certain nombre d'ouvriers
restèrent à Cholet, mais la majorité réintégrèrent
l'usine de Levallois. Par le canal du commandant Labat, le
gouvernement incita la SFR à créer un centre d'études
et de production en zone non occupée. C'est ainsi que fut créée
au premier semestre 1941 une usine à Lyon qui emploiera 250
personnes un an plus tard. La direction de la SFR de Levallois fit
savoir à ses employés que tous les Israélites
pouvaient être mutés à Lyon s'ils le demandaient. Parmi les réfugies de LMT se trouvaient une équipe
de sept ingénieurs anglais qui travaillaient aux Laboratoires
de l'avenue de Breteuil depuis la déroute de la Filiale anglaise
d'ITT Standard Telephones and Cables (STC). Parmi eux Alec Reeves,
pionnier du téléphone numérique, employé
depuis 1927 aux Laboratoires de l'avenue de Breteuil suite à
la déroute de la filiale britannique d'ITT, la Standard Telephon
& Cables. Les ingénieurs britanniques n'avaient pas été
rappelés dans leurs pays au moment de la mobilisation. L'Amirauté
Britannique fit savoir au quartier général
français replié à Bordeaux que non seulement
ces 7 ingénieurs pouvaient embarquer sur un navire britannique,
mais que les Français de LMT était également
acceptés. Les familles du personnel étaient dispersées
dans toute la France, ce qui n'incitait guère les ingénieurs
et techniciens à partir
en Angleterre sachant aussi qu'ils étaient toujours mobilisés
et auraient pu être considérés du côté
français comme des déserteurs s'ils quittaient le sol
national. Finalement, seuls les ingénieurs anglais embarquèrent
sur un chalutier.
Exfiltration de Deloraine et Busignies
A Bois-Laribière, les équipes du LLMT
tiennent des séances de travail pour définir un nouveau
programme de travail. Il est décidé de diviser le laboratoire
en deux, une partie regagnera Paris et une autre partie s'installera
en zone non occupée. Pas plus que Vidrequin, le directeur Maurice
Deloraine ne prit en considération l'appel du général
de Gaulle aux « ingénieurs et ouvriers spécialistes
des industries d'armement », mais par contre, Deloraine, cadre
supérieur d'une multinationale bénéficiait à
la fois de l'environnement et des structures mentales qui lui permettaient
d'envisager de quitter la France afin de participer à la guerre
mondiale. Par l'intermédiaire de l'ambassade des États-Unis
à Paris, il reçut un message du patron d'ITT, Sosthène
Behn qui demandait à Deloraine de gagner les États-Unis
avec quelques collègues. Labat, mis au courant du projet d'exfiltration,
donna sa bénédiction. Un petit groupe de 13 personnes
fut constitué, comprenant Deloraine, Busignies, spécialiste
de la radiogoniométrie, Labin, spécialiste du radar,
Chevigny, spécialiste des tubes spéciaux pour radars
et leurs familles. Une demi-douzaine de rouleaux de plans fut expédiée
à l'avance et remise à l'ambassade des États-Unis
à Vichy. Les personnes passèrent ensuite la ligne de
démarcation et gagnèrent Lisbonne via Marseille, Alger,
Casablanca et Tanger. A Lisbonne, ils s'embarquèrent sur un
vieux paquebot et arrivèrent à New-York le 31 décembre.
Cette défection de quatre ingénieurs talentueux n'empêcha
évidemment ni l'usine ni les laboratoires de poursuivre leurs
activités en France. Deloraine devint par la suite directeur
de LMT, mais il n'était à l'époque que directeur
technique. Le directeur général de LMT était
Jean Roussel, un homme de 46 ans qui justifia à la Libération
son choix de rester en poste par le fait qu'il valait mieux garder
à la société une direction française et
qu'ainsi « soit assuré par un français la défense
des employés ». Il fallait également, d'après
Roussel, continuer à fournir les administrations françaises.
LMT créa une usine à Lyon dés septembre 1940.
Cette exfiltration représente
le seul cas où les anglo-américains manifestèrent
un quelconque intérêt vis-à-vis de la technique
française dans le domaine de la radioélectricité.
Encore faut-il mettre quelques bémols à cette affirmation,
car si Deloraine et Busignies bénéficièrent de
grands moyens, à commencer par un terrain de 20 hectares à
Long Island, pour y installer un laboratoire de radiogoniométrie
ITT, aucun des quatre Français ne fut autorisé à
discuter de radar avec qui que ce soit.
Cette défection de quatre ingénieurs
talentueux n'empêcha évidemment ni l'usine ni les laboratoires
de poursuivre leurs activités en France. Deloraine devint par
la suite directeur de LMT, mais il n'était à l'époque
que directeur technique. Le directeur général de LMT
était Jean Roussel, un homme de 46 ans qui justifia à
la Libération son choix de rester en poste par le fait qu'il
valait mieux garder à la société une direction
française et qu'ainsi « soit assuré par un français
la défense des employés ». Il fallait également,
d'après Roussel, continuer à fournir les administrations
françaises.
Lorenz nommée Patenfirma
Le fait que LMT soit aux mains d'un
actionnariat états-unien ne modifia qu'à la marge le
comportement des Allemands vis-à-vis de la société.
Les Etats-Unis n'étaient pas encore engagés dans la
guerre lors de l'arrivée des Allemands à Paris, mais
de toutes façons, les Allemands n'entendaient pas plus spolier
les actionnaires de LMT qu'ils n'avaient spolié ceux de la
SFR ou ceux de Lorenz en Allemagne. Ils exigeaient simplement d'être
servis en tant que clients. L'irruption allemande dans LMT se déroula
néanmoins de façon légèrement moins brutale
que dans les sociétés purement françaises et
la prise de contact fut légèrement différée.
Le 9 juillet 1940, les services de transmissions bloquaient les stocks
de l'usine de Billancourt. Deux officiers allemands, le capitaine
Wurtzler et le capitaine Schaer furent chargés des relations
avec LMT. Dans le courant du mois de juillet, le capitaine Wurtzler
ordonna de procéder à la réfection des installations
radiogoniométriques de l'aéroport du Bourget qui avaient
été fournies par LMT, et le 2 août 1940, il demanda
le catalogue des fabrications de LMT. Le 2 septembre 1940, LMT reçut
de la part de la Luftwaffe une demande de renseignements. C'est également
en septembre que la société cousine Lorenz fut nommée
Patenfirma de LMT. Un représentant de Lorenz, Riessner s'installa
dans un bureau des Champs-Élysées. Lorsqu'une autre
société allemande, la SAF passa une commande de disques
redresseurs, LMT en référa au ministère de la
Production industrielle par le truchement du syndicat de la construction
électrique, et le ministère donna son accord pour les
commandes respectives de Lorenz et de la SAF le 5 novembre 1940.
Travailler pour les Allemands On se retrouve donc dans un schéma très proche de
celui de la SFR. LMT tenta de se soustraire aux commandes de Lorenz
en prétextant qu'il devait honorer des commandes françaises.
LMT produisant avant la guerre du matériel essentiellement
civil recevait en effet un certain nombre de commandes de la part
des PTT, mais en février 1941, le représentant de la
Rüstung-Inspektion, section Air rappela à LMT qu'il était
sous tutelle et qu'il ne pouvait par conséquent pas prendre
de commandes sans autorisation et en avril, le ministère de
l'Air allemand réitéra l'injonction d'exécuter
les dernières commandes sous le contrôle de Lorenz. Ces
ordres furent confirmés par le ministère de l'Air allemand
en avril et en mai 1941. En fin de compte, LMT accepta les commandes
allemandes, ses effectifs et son chiffre d'affaires atteignirent un
niveau supérieur à celui de l'année record 1930,
jamais égalée
Comme dans le cas de la SFR13, le fait de travailler pour le compte
de clients sérieux et honnêtes se traduisit par des exercices
bénéficiaires tout au long de la période. Il
s'agit de bénéfices raisonnables auxquels il faut d'ailleurs
attacher une importance relative en l'absence d'information comptable
concernant les diverses provisions couramment pratiquées en
temps de guerre et susceptibles de changer le résultat du simple
au triple. Le résultat le plus remarquable est celui de l'exercice
1944 où il reste positif, ce qui est une exception dans le
paysage des entreprises françaises.
Pour assurer ces performances financières, les effectifs qui
avaient fondu après la débâcle de juin 1940, dépassèrent
en 1942 leur niveau de mai 1940. Travail forcé en Allemagne Concernant les différents dispositifs de relève
et de travail forcé en Allemagne, LMT paya un plus lourd tribut
que la SFR. Pour un effectif global comparable, le nombre des requis
pour le travail en Allemagne fut à peu près le double,
et il s'étendit beaucoup plus que pour la SFR aux catégories
non strictement ouvrières. Plus de 700 personnes au total,
dont 15 ingénieurs. Faut-il y voir la simple conséquence
d'un reliquat d'activités civiles plus important pour LMT que
pour SFR, ou bien une moindre protection accordée par Lorenz
avec qui les relations auraient été moins amicales que
celles de la SFR avec Telefunken ? Ou bien une stratégie différente
de la part de Lorenz qui aurait caressé le rêve d'intégrer
le différentes sociétés ITT à son avantage
? La question du sabotage A la Libération, lorsqu'elle fut amenée à
rendre des comptes sur sa collaboration avec l'occupant, la société
mit évidemment en avant qu'elle n'avait accepté que
sous la contrainte les commandes allemandes et qu'elle avait tenu
autant que possible à l'écart des affaires le «
commissaire-administrateur » de Lorenz. Comme la SFR, LMT déclara
avoir facilité la mutation de son personnel israélite
dans l'établissement de Lyon, mais LMT évoqua aussi
des aides pour passer à l'étranger, comme elle évoqua
la fourniture de moyens matériels aux volontaires qui voulaient
gagner la France Libre. L'ouverture aux diverses organisations de
résistance des moyens de reproduction et de microfilms fut
également mise en avant.
En janvier et février 1942,
une feuille ronéotée, « Le Micro » émanant
d'un « Comité populaire de chez LMT » fut distribuée
dans les ateliers de l'usine de Boulogne. D'inspiration communiste,
cette feuille clandestine présentait des revendications assez
ordinaires de type syndical: majoration des heures supplémentaires,
augmentations des salaires, indemnité de charbon etc... La
diffusion de cette feuille provoqua un malaise chez les délégués
qui menacèrent de démissionner. En fait, les délégués
défendaient les mêmes revendications, mais la feuille
clandestine accompagnait les revendications sociales de mots d'ordre
politiques antiallemands, antivichystes et prosoviétiques et
les délégués ne voulaient pas être inquiétés
à cause de cet amalgame. Le Micro de février 1942 comportait
3 lignes au sujet des productions de matériel de guerre: Travailleurs,
nous aussi, contre notre ennemi mortel, Sabotons !, Ralentissons la
production de guerre destinée à Hitler. Ces mots d'ordre
dactylographiés furent renforcés (Voir la copie ci-dessous)
par un mot d'ordre manuscrit « Refusons la production de guerre
» dont on voit bien le caractère très délicat,
s'adressant à des ouvriers qui vivent de cette production de
guerre. Pour équilibrer, les rédacteurs du tract ont
aussi rajouté une revendication sécuritaire concernant
les bombardements anglais: « Dés l'annonce du danger,
exigeons les portes ouvertes.
Avec l'annonce de la relève, avant même la relève
forcée de septembre 1942, les mots d'ordre contre « le
travail pour l'Allemagne » seront remplacés par des mots
d'ordre contre le « travail en Allemagne »
Au milieu des années 1930,
les laboratoires de R&D du LMT ont développé un
système de téléimprimeur à 7 lignes.
Comme le système Hellschreiber,
il est basé sur la transmission de flux de pixels imprimés
en temps réel, sans encodage. Le système LMT utilise
une police de caractères composée de 7 lignes
de 10 pixels (max, hors espace entre les caractères)
Pour un alphabet standard de 46 caractères (lettres,
chiffres, signes de ponctuation), la police se composait de
39 motifs de lignes élémentaires différents
de 10 pixels chacun .
Les 39 motifs de
lignes élémentaires
Parmi ces 39 modèles, plusieurs sont la combinaison de
deux autres modèles. Par exemple, le motif 16 est la
combinaison des motifs 2 et 7. Cela a permis de réduire
le nombre de motifs de lignes élémentaires requis
à 23. Ainsi, seuls ces 23 ont été "programmés"
en mémoire, sous la forme de 23 disques crantés
tournant en continu (came roues) - tout comme ce qui était
déjà une pratique courante depuis des années
chez les expéditeurs Hellschreiber de la société
Siemens-Halske .
Les rangées sont transmises et imprimées simultanément,
comme les Hellschreibers originaux avec des imprimantes électrochimiques
et à ruban de carbone. En effet, cela signifie qu'il
y a sept émetteurs de lignes de caractères, qui
traduisent le caractère sélectionné via
un clavier en sept séquences d'impulsions. Cela se fait
en tapant sept oscillateurs de tonalité distincts : 600-2040
Hz avec un espacement de 240 Hz. Les tonalités sont "normalement
activées", donc l'incrustation des tonalités
est en fait "off-on", plutôt que le "on-off"
standard. C'est-à-dire que la tonalité de ligne
est désactivée pour les pixels noirs.
Principe de l'imprimante LMT 7
L'électronique du récepteur comprend sept filtres
passe-bande étroits parallèles, chacun suivi d'un
redresseur/détecteur dédié. Contrairement
au Hellschreiber avec son imprimante à hélice,
il y a sept "broches" d'imprimante actionnées
individuellement (aiguille, stylet), chacune actionnée
par un solénoïde séparé (électro-aimant)
et un tube de commande associé. L'impression se fait
sur une bande de papier, avec un ruban de papier carbone entre
la bande de papier et les stylets. Évidemment, l'équipement
qui en résulte est assez complexe.
L'émetteur de clavier
LMT est également un appareil assez compliqué.
Cela est dû au fait que la police a été
réduite à 23 motifs de lignes élémentaires
et qu'un "séquenceur/recombineur" électromécanique
complexe (comprenant un tampon profond d'un caractère
entre le clavier et le générateur de caractères)
était nécessaire pour générer les
7 flux de pixels simultanés.
émetteur
du clavier (sans les oscillateurs à 7 tonalités)
Les photos ci-dessous montrent que l'équipement était
impressionnant par sa taille. Notez que l'équipement
Siemens-Halske équivalent n'était pas plus grand
que l'unité clavier et l'unité imprimante attachées
aux grandes armoires sur ces photos .
La transmission est de 5 caractères par seconde. C'est-à-dire
200 ms par caractère. Chaque ligne de caractère
comprend au plus 10 pixels. Par conséquent, l'impulsion
la plus courte est de 20 ms et la vitesse de télégraphie
est de 50 bauds (taux de pixel de 25 Hz). Le système
utilise la synchronisation start-stop. Une impulsion de démarrage
est générée en supprimant temporairement
les tonalités "normalement activées"
des lignes 1, 3, 5 et 7. La bande passante audio est bien supérieure
à 2000 Hz, car la fréquence de tonalité
la plus élevée est de 2040 Hz.
1967 Létablissement LMT de Lannion
(Le Matériel Téléphonique, filiale du groupe
américain ITT, dont le siège social est situé
à Boulogne
Billancourt) ouvre le 2 octobre 1967 sur un terrain de 8 hectares
en bordure de la route de Trégastel, sous la direction de M.
Mercier.
Lactivité principale de létablissement est
dassurer le câblage de sous-ensembles des commutateurs
téléphoniques électromécaniques de type
Pentaconta. La présence du CNET
justifie cependant dès lorigine la création en
son sein dune petite entité détudes et développement.
De 40 personnes à louverture, létablissement
compte 170 personnes dès 1969. Le personnel originaire principalement
de la région de Lannion est féminin à 70% et,
les premières années, la moyenne dâge oscille
entre 21 et 24 ans.
Laugmentation de la production nécessite rapidement lextension
de lusine qui trouve sa configuration finale en 1970. La surface
de létablissement passe alors de 1200 m2 à 4500
m2.
Lactivité atteint son maximum en 1973, année où
le nombre demployés approche les 500, la grande majorité
dans latelier de fabrication.
Le service détudes et développement, le «
labo », démarre son activité dès novembre
1967 sous la direction de G. Le Strat et compte une quinzaine de personnes,
techniciens et ingénieurs. Les effectifs sélèveront
à près de 100 personnes en 1981.
Sur le plan de la fabrication, ce sont plus de 15 000 cadres Pentaconta
représentant léquivalent de plus de 150 000 lignes
téléphoniques qui sortent câblés de latelier
de fabrication au plus fort de lactivité en 1973.
En 1976, LMT passe dans le giron de Thomson CSF dans le cadre
de la restructuration du secteur des Télécommunications
et sappelle dorénavant Thomson-CSF Téléphone
(TCT).
A partir de 1976, avec lévolution de la technologie,
lactivité bascule vers le câblage de fonds de panier
et de baies pour les commutateurs de technologie semi-électronique
Metaconta
développée par LMT. Cette activité nécessitant
moins de main duvre, le plan de charge de lusine
en est affecté durablement.
Au début des années 80 et jusquà la fermeture
de létablissement, lactivité de latelier
évolue vers la réalisation de prototypes et de petites
séries de cartes électroniques pour les services détudes.
Dans le domaine des études et développement, durant
ses quinze années dexistence, le service Etudes est partie
prenante dans les grandes évolutions du secteur de la téléphonie
: commutation spatiale avec le système Metaconta, commutation
temporelle avec le système MT, RNIS, signalisations CCITT n°6
et n°7.
Outre la division téléphonie,
LMT possédait une division « simulateurs », qui
avait réalisé le premier simulateur de vol de Concorde...
les simulateurs dentraînement de Thales qui ont pris une
part importante du marché mondial de laviation civile,
En 1986, la société
Thomson-CSF-Téléphone, issue de LMT sera à son
tour rachetée par Alcatel-Cit, devenue bien plus tard Alcatel-Lucent
après différentes appellations.
Une grande partie des équipes du service
études et développement de Lannion est alors transférée
vers le service en charge du traitement dappel dans les locaux
de CIT-Alcatel .
En prenant le contrôle total de L.M.T., Thomson acquiert
par la même occasion 40 % du capital de la société
des Lignes téléphoniques télégraphiques
(L.T.T.), spécialisée dans les câbles téléphoniques
(636 millions de chiffre d'affaires) et 17,9 % du Laboratoire central
de télécommunications (Laboratoire de recherche dans
les télécommunications, les radars et les équipements
électroniques pour l'espace) La division équipements
hydrauliques de L.M.T. est également reprise par Thomson.
À côté de cet accord avec I.T.T.,
le groupe mènera une opération similaire avec la firme
suédoise Ericsson Au début du mois de février,
un accord de principe avait été signé, prévoyant
une prise de contrôle majoritaire de la Française des
téléphones Ericsson. Elle s'opérerait de la façon
suivante : Thomson rachète 16% de la Française des téléphones
Ericsson à la firme suédoise, les 17 % détenus
à la C.G.E. et compléterait par des achats en Bourse
à hauteur de 18 % Ces deux opérations ne deviendront
définitives que dans la mesure où les pouvoirs publics
choisiront les techniques des firmes concernées pour les centraux
de communication spatiale, ce qui est fort probable.
Ainsi, Thomson va devenir l'un des grands du téléphone
en France.
Ses participations dans L.M.T., L.T.T. et la Française des
téléphones Ericsson seront incluses au sein de sa filiale
Thomson C.S.F. , qui régnera sur un vaste empire réalisant
10 milliards de francs de chiffre d'affaires
La société a été
radiée du registre du commerce et des sociétés
le 23 décembre 2009.
Les plans sociaux touchèrent
gravement le personnel des installations téléphoniques
(appelés communément "les Installs") dès
1978, la fin des systèmes électromécaniques de
type Crossbar Pentaconta étant programmée
au profit de centraux électroniques, avec de lourdes diminutions
d'effectifs, mais des possibilités de formations longues et
de reclassement au sein de la Thomson (La Compagnie Générale
de Radiologie qui installait les premiers scanners par exemple), et
depuis 1978 les plans sociaux se sont succédé sans interruption
en téléphonie, particulièrement dans le domaine
de la téléphonie publique, à savoir la construction
de centraux téléphoniques...
Lhistoire du syndicat est intimement liée à celle
de létablissement dOrvault et à ses restructurations
successives. Le site de production se crée en 1971, sous la
direction de L.M.T. (Le Matériel Téléphonique),
filiale du groupe I.T.T. (International Telephone and Telegraph).
A ce moment, la demande de la part des administrations, entreprises
et particuliers ne cesse de croître, la France doit rattraper
son retard en matière de raccordement. Létablissement
LMT tourne à plein régime. Il adopte la gestion informatisée
et les méthodes du taylorisme pour toutes les activités
de fabrication et dinstallation.
Les salariés sont partagés entre ceux travaillant sur
le site dOrvault et les équipes itinérantes, appelées
« chantiers », « service des installations »
ou « install ». Ceux-ci installent et entretiennent lignes
et centraux téléphoniques. Sur le site dOrvault
même, il y a également un découpage entre ceux
travaillant dans les bureaux techniques et ceux dans les ateliers
de production. Les techniciens et ingénieurs des bureaux étudient
et préparent la
fabrication des matériels. Dans les ateliers, les ouvrières
fournissent les organes, les infrastructures et composants utilisés
dans le montage. On y retrouve beaucoup de personnel féminin
venant du monde rural et travaillant à la chaîne. Il
existe des primes au rendement. Ces ateliers disparaîtront au
début des années 80.
Cest dans ce contexte que se monte une section syndicale rattachée
à lUnion syndicale des travailleurs de la Métallurgie
de Loire-Atlantique (1972-1979). La section syndicale dOrvault
est intégrée aux luttes liées à la branche
métallurgique dans la région (Aérospatiale, Chantiers
navals, etc.). Il est question, dans les tracts diffusés au
personnel, des luttes dautres sections rattachées à
lUSTM et de fermetures détablissements.
Alors que le secteur téléphonique connaît toujours
une forte période dinvestissement, L.M.T.est racheté
par Thomson (1976). Cest après ce rachat quéclate
une grève de 12 semaines (avril-juin 1978) à Orvault,
alors que ce site navait pas de tradition de lutte auparavant.
Il sagit dun mouvement pour laugmentation des salaires,
les femmes (55% du personnel) venant de la production avaient des
salaires moindres comparés aux hommes. Par ailleurs, il existait
une discrimination latente dans les relations hommes/femmes au sein
de cet établissement. Les hommes faisaient majoritairement
partie du corps des techniciens, cadres et ingénieurs. Lors
du conflit, le gymnase de lentreprise venant dêtre
construit est occupé et il y a des blocages par piquets de
grève, des débrayages des secteurs en mode tournant,
des coupures du transformateur électrique, etc. En réaction,
la direction annonce des procédures de licenciement contre
26 salariés, dont deux délégués CGT et
CFDT, 12 élus du personnel ou candidats aux élections
du comité détablissement. Il eut également
5 avertissements et 57 mises à pied, un lock-out de deux jours,
60 minorations de salaires de 13 à 47 %. Du fait de la solidarité
entre les ateliers et les bureaux techniques, la direction a dû
reculer et accepter des hausses salariales. Malgré ses manuvres,
les procédures impulsées de licenciement naboutirent
jamais.
Cest en profitant de cette dynamique que la section «
sautonomise », devenant un syndicat rattaché à
lUnion fédérale des ingénieurs cadres et
techniciens (UFICT). Le syndicat peut alors nommer ses délégués
et représentants, entamer des procédures judiciaires,
jouir dune existence légale et obtenir une autonomie
financière. Il sagissait aussi de sécarter
du syndicat des métaux, trop raccordé à la navale,
et ainsi de pouvoir se rapprocher de la branche électronique.
Avec larrivée de la gauche au pouvoir, Thomson se voit
nationalisée. A ce moment, on atteint les 20 millions dabonnés
au téléphone, le marché commence à arriver
à saturation.
Celle-ci a pour conséquence dentamer le long et continuel
processus de restructuration que connaît jusquà
présent létablissement. Les ateliers sont les
premières victimes de ce mouvement de restructuration. La direction
tâche également de muter progressivement le personnel
de linstallation vers le site dOrmes (Loiret).
En 1985, Thomson Télécommunications est acheté
par CIT-Alcatel, la nouvelle société prenant le nom
d'Alcatel. Durant le processus de fusion, 2000 salariés du
nouveau groupe sont sous le coup des transferts et des mutations.
En février, les moyens de communication de létablissement
dOrvault sont coupés en réponse au plan de licenciement
des techniciens de linstallation et le central téléphonique
est occupé. Lannée suivante, la direction annonce
un plan de licenciement de 80 personnes.
La direction tente aussi de niveler par le bas les statuts du personnel
de Thomson. On propose ainsi de supprimer les avantages collectifs
des anciens salariés de Thomson et de les transformer en avantages
individuels ou de racheter les avantages acquis. Comparés aux
salariés dAlcatel, les salariés de Thomson disposaient
de meilleures conventions. Cette tentative rencontre la réaction
du syndicat CGT et entraîne une longue bataille juridique. La
direction dAlcatel nobtiendra jamais gain de cause.
En 1987, le groupe Alcatel-Alsthom est créé et les effectifs
du site baissent de 10% à la fin de la décennie. On
tente de recentrer les activités, le tout accompagné
de déplacements autoritaires de postes. La direction tente
également de transférer la gestion du centre de réparation
(32 postes).
En 1994, le tribunal de grande instance dEvry met en examen
P. Suard alors Président-Directeur Général du
groupe pour « recel descroquerie » dans une affaire
de « surfacturation ». Le syndicat CGT se porte partie
civile. Laccusé laisse la place à S.Tchuruk taillant
à la hache les effectifs du groupe et affirmant vouloir faire
dAlcatel « un groupe sans usine ». Durant sa présidence,
les effectifs du groupe en France se voient divisés par six
(de 75.000 personnes à 12.200). Cest en 1996 que se crée
lECID (european committee for information and dialogue), sorte
de comité détablissement européen. LECID
est mis en étroite relation avec la Fédération
européenne de la Métallurgie. En 1997, des accords de
mise en uvre dun plan social et dun dispositif de
temps partiel choisi sont signés au niveau de létablissement.
Les syndicats signent afin de sauver ce qui peut lêtre.
Alcatel cède ses participations (24%) dans Alstom en 2001.
Enfin, en 2006, Alcatel fusionne avec laméricain Lucent
Technologies, donnant naissance à un des leaders mondiaux des
infrastructures de télécommunications.