La
SOCOTEL
Introduction
Plusieurs événements vont,
en 1961-1962, profondément infléchir l'économie
des développements techniques. Nous en retiendrons deux.
Le premier est la création du Centre
de recherche de Lannion, CRL. Dès 1957, P.
Marzin s'était saisi avec art de la loi de décentralisation
votée en 1955 et des dispositions incitatives attenantes pour
implanter, dans une Bretagne complètement délaissée
par le développement économique français, un
deuxième site du CNET, à Lannion précisément.
Ayant un temps envisagé d'en faire un centre essentiellement
tourné vers les études spatiales naissantes, P. Marzin
se ravise et nomme en 1962 L.-J. Libois comme directeur. Sous l'il
«amusé» des ingénieurs du corps des télécommunications
de Paris, L.-J Libois va tourner à son avantage cette implantation
excentrée. Fort de l'appui prononcé de Marzin et de
son complice, René Pleven, ancien ministre de la Quatrième
République et influent président du Conseil régional
de Bretagne, Libois obtient une montée en charge du CRL très
rapide : 142 personnes en 1962, 584 en 1964 (en incluant la nouvelle
station spatiale de Pleumeur-Bodou) et 810 en 1967. De plus, le CRL
devient le nouveau centre de gravité de la commutation électronique
du CNET.
Le deuxième événement qui change
la donne est la constitution d'une organisation nouvelle, SOCOTEL,
regroupant l'administration (DGT et CNET) et les principaux industriels
de la commutation. Inspiré par le modèle Sotelec
mis en place pour la transmission dans l'immédiat après-guerre
et par l'exemple plus récent des britanniques (JERC), la Socotel
est un lieu de débats techniques, de mise en commun d'études
et de brevets, de coordination des recherches effectuées en
France, mais surtout d'enjeux stratégiques à travers
la répartition des marchés d'études et des collaborations
entre le CNET et les industriels.
P. Marzin, ce n'est un secret pour personne, pèse au sein de
ces organismes d'économie mixte, de tout le poids du CNET pour
favoriser l'émergence d'une filière industrielle française
face à la prédominance des filiales de PITT. La domination
exercée par les deux filiales américaines (LMT et CGCT),
en termes de parts de marchés d'équipements achetés
par l'administration, reste particulièrement forte pour le
secteur de la commutation (73 % en 1955, 57% en 1961). D'où,
après de difficiles négociations, une intégration
différée de ces deux compagnies au sein de Socotel.
Désormais, les choix de partenaires pour l'industrialisation
des divers systèmes se jouera au sein de la Socotel qui «
suit » le déplacement géographique du centre de
gravité de la commutation électronique : tous les groupes
industriels créent bientôt leur propre site à
Lannion autour du CNET et un laboratoire Socotel y est ouvert dès
1963.
sommaire
Création de la Socotel
Henri Docquiert a été chef adjoint du cabinet dAugustin
Laurent (ministre des PTT en 1944-1945, puis ministre dÉtat
en décembre 1946-janvier 1947), il fut ensuite chef du secrétariat
particulier dEugène Thomas ministre des PTT en 1945,
puis directeur de son cabinet au secrétariat dÉtat
chargé des PTT en octobre 1947-1948 puis au secrétariat
dÉtat à la présidence du conseil, enfin
de nouveau son directeur de cabinet en 1958.
Après cette expérience dans le secteur des postes et
communication, Henri Docquiert créa, en 1959, une entreprise
partenaire des PTT, la SO.CO.TEL : Société
mixte pour le développement de la Commutation dans le domaine
des Télécommunications.
Il en tira un livre "Expérience de coopération
État-Industrie" sur une des premières tentatives
de coopération Administration/Industrie, naissance de la commutation
électronique qui introduisit les ordinateurs dans les centraux
téléphoniques, technique largement répandue aujourdhui
dans le monde.
Puis, il passe dans le privé pour animer de 1970 à 1981
le Syndicat des Industries Téléphoniques et Télégraphiques
(aujourd'hui SI3T), où il se consacre notamment à l'exportation
des techniques françaises et à la création d'une
Europe des industries des Télécommunications. "
.
Lors dun colloque organisé en 1997, pour
le cinquantenaire du CNET (Centre National dÉtudes des
Télécommunications), le directeur général
honoraire des Télécommunications, L.J.Libois, évoqua
ainsi laction menée par Henri Docquiert : « Cest,
en janvier 1959, quest créée SOCOTEL sous limpulsion
et grâce à la ténacité de Henri Docquiert
(
). La mission principale de la SOCOTEL était de coordonner
les recherches de ladministration et de ses principaux constructeurs
dans le domaine de la communication électronique et de mettre
en commun les brevets et certaines études et de faire progresser
la normalisation »
Deux sociétés d'économie
mixte, Sotelec et Socotel
groupent l'administration des P.T.T. et ses fournisseurs d'équipement
de transmissions et câbles interurbains (Sotelec) et de matériel
de commutation (Socotel).
Elles coordonnent la politique de recherche en matériels nouveaux.
Chacun des participants met dans un " pot " commun ses brevets.
Grâce à ces études, l'administration s'adresse,
en priorité, pour ses commandes, dont 90 % sont passées
de gré à gré, aux sociétés regroupées
au sein de Sotelec et Socotel.
sommaire
Société mixte pour le
développement de la technique de la commutation dans le domaine
des télécommunications (SOCOTEL ).
Extrait du rapport du Sénat de 1962
I. Généralités.
La SOCOTEL est une société d'économie mixte,
à laquelle participent, en tant qu'associés, l'État,
d'une part, et les grands constructeurs de matériel de commutation
téléphonique destiné à l'État,
d'autre part. Au 5 février 1959, date de création
de la SOCOTEL, ces constructeurs étaient au nombre de trois
:
- l'Association des Ouvriers en Instruments de Précision (A.
O. I. P. ),
- la Compagnie Industrielle des Téléphones (C. I. T.
)
- la Société des Téléphones Ericsson (
S. T. E. ).
Depuis le 1 " janvier 1961 , le nombre des sociétés
participantes a été porté à cinq, par
adjonction de
- la Compagnie Générale de Constructions Téléphoniques
( C. G. C. T.)
- la société « Le Matériel Téléphonique
» (L. M. T.).
La SOCOTEL est une société d' études et de recherches
dont l' objet est la réalisa tion d'installations destinées
aux administrations de l'État par :
l'acquisition, la répartition et la défense des
droits de propriété industrielle ;
la constitution d'un laboratoire commun chargé, pour
le compte des associés , de l'étude, de la mise au point
et du développement de systèmes de commutation téléphonique
et télégraphique et essentiellement de ceux qui utilisent
l'électronique ;
la coordination technique des travaux des associés et
la constitution d' une documentation.
Les dépenses sont financées par les cotisations des
associés, SOCOTEL n'ayant pas d' activité commerciale
et étant dépourvue de but lucratif. L'État participe
à ces dépenses de fonctionnement et d' équipement,
depuis le ler janvier 1961 , à raison de 50 % et chacune des
cinq sociétés à raison de 10 % .
La SOCOTEL est administrée par un conseil de gérance
comprenant un représentant par société et cinq
représentants de l'État, à savoir : le Directeur
du Centre national d'Études des Télécommunications
(CNET) , président, le Directeur général des
Télé communications, le Directeur du Budget au Ministère
des Finances et des Affaires économiques et deux ingénieurs
généraux des Télécommunications.
Le contrôle économique et financier est assuré
par le Contrôleur financier près le Ministère
des Postes et Télécommunications.
II. Bilan au 31 décembre 1961 .
Le bilan de la société au 31 décembre 1961 présente
un actif et un passif en équilibre pour un total de 462.066,31
F. Le détail de ce bilan, établi suivant le cadre type
prévu au plan comptable général, est fourni par
le tableau ci-annexé.
III. Activités de la société en 1962.
Les activités de la société en 1962 peuvent être
caractérisées par :
un développement des travaux des sous-commissions et
groupes de travail ;
la mise en place des différentes unités du laboratoire
commun et les premières réalisations de celui-ci ;
la création d' un service de télétrafic
et de recherche opérationnelle ;
la négociation d' un accord de brevets avec la Western
Electric Company ;
la publication d'une revue à diffusion internationale
et d'un bulletin de liaison interne.
a) Travaux des sous-commissions et groupes de travail réunissant
les techniciens de l'État et des sociétés :
SOCOTEL S 1 : études relatives à la mise en service,
en juillet 1962 dans le secteur de Grasse, de trois prototypes, têtes
de série, s'insérant dans la gamme des autocommutateurs
pour zones rurales et suburbaines ;
Normalisation des matériels Crossbar et leur adaptation
au réseau téléphonique français ; mise
au point des documents de définition de ces matériels
en vue de l'établissement des dossiers de normalisation destinés
à la Direction générale des Télécommunications
;
Signalisation : mise au point et réalisation de prototypes
d'équipements multifréquences utilisant le nouveau système
de signalisation entre centraux Crossbar en France ;
Central téléphonique électronique : élaboration
des ensembles constitutifs ;
Taxation électronique : définition des systèmes
à réaliser expérimentalement dans les centraux
téléphoniques Crossbar ; mise à l'essai d'un
nouveau système dans le central télégraphique
« Grenelle » de Paris ;
Réalisation de prototypes de postes téléphoniques
;
Établissement d' une maquette de central Crossbar CP
400 semi-électronique.
b ) Le laboratoire commun :
A la fin du premier semestre 1962, le laboratoire commun a pu recevoir
une structure définitive, les trois unités qui le constituent
(bureau d'études, unité de réalisation et de
montage, laboratoire d' adaptation et de contrôle) ayant été
par ailleurs regroupées à Lannion en liaison avec la
décentralisation du C. N. E. T.
En 1962, les activités du laboratoire commun sont, pour
l' essentiel, consacrées, en coopération avec le C.
N. E. T. , à la réalisation du central téléphonique
électronique expérimental, et notamment à
ses deux parties principales :
le réseau central entièrement électronique
;
le satellite téléphonique semi-électronique
utilisant un commutateur Crossbar comme point de connexion.
Par ailleurs, le laboratoire commun a entrepris :
la normalisation des supports mécaniques des prototypes
de commutation électroniques ;
l'étude de différents systèmes de test
et de contrôle à utiliser pour la vérification
des équipements de commutation.
c) Service de télétrafic et de recherche opérationnelle
:
Ce service a été créé au l" r janvier
1962. Il a procédé à des études d'observation
de trafic, à caractère théorique ou expérimental,
en vue d'une utilisation rationnelle des équipements utilisés
ou à utiliser par l'Administration.
d) Accord de brevets :
Un accord de licences a été négocié, au
cours de l'année 1962, avec la Western Electric, société
américaine qui possède un des plus importants patrimoines
de droits de propriété industrielle dans le domaine
des télécommunications.
SOCOTEL et ses associés (le Ministère des Postes et
Télécommunications et les cinq sociétés
participantes) bénéficieront notamment, par la signature
de cet accord, - d'une réduction des taux de redevances qui
- leur étaient antérieurement consentis par la Western.
e ) Publications :
Au cours de l'année 1962 , la SOCOTEL a publié :
un bulletin d'information exclusivement destiné aux
services des associés ;
une revue « Commutation et Électronique »
diffusée à l' échelon international.
IV. Projets pour 1963.
Les études confiées par l'État et les sociétés
participantes aux commissions et groupes de travail ainsi qu'au laboratoire
commun de SOCOTEL s' étendront en 1963 :
au centre intermédiaire de la chaîne d'autocommutateurs
SOCOTEL SI ;
à la réalisation définitive du central
expérimental électronique ;
à la mise au point de deux systèmes nouveaux
de taxation téléphonique électronique ;
à la transmission de données sur circuits télégraphiques
;
à la mise au point des autocommutateurs de type Crossbar
dans le réseau de Paris et dans les grands réseaux de
province.
...
sommaire
Parmi les retombées :
- 1960 : Premier succès
- la gamme SO.CO.TEL S1 et la normalisation du Crossbar
Les Commutateurs téléphoniques crossbar français
sont normalisés en 1963 sous l'autorité de la SOCOTEL
et prêts pour un déploiement massif en France.
- 1960 : Le poste téléphonique
SO.CO.TEL S.63
L'administration met en circulation le modèle de téléphone
S63
Un peu plus tard arrive le téléphone à clavier
multifréquences, pour chiffrer le numéro à appeler
et de bénéficier des nouveaux services ...
C'est le système à fréquence vocal qui consiste
à envoyer la numérotation sous forme de signaux à
deux harmoniques (tones) dans la plage de fréquence vocale
[300 Hz, 3400 Hz]. A chaque touche correspond une combinaison d'une
fréquence basse et une fréquence haute.
- 1961-1962-1963 : Une création originale : le Laboratoire
Commun
- 1975 Lautomatisation du réseau téléphonique
de la Région Parisienne commencée le 22 septembre 1928
est totalement achevée au bout de 47 années, par la
mise en service d'un Centre de Secteur Socotel S1 de 200 lignes à
Forêt-le-Roi (91).
Ce sont les commutateurs téléphoniques ruraux CP100
et sa variante simplifiée qui n'est pas à autonomie
d'acheminement : le Socotel S1.
- 1964-1965-1966 : "Les Trois Glorieuses"
en commutation électronique et le Colloque International de
1966
- Le code multifréquence
Socotel ou DTMF (Dual Tone Multi Frequency)
MF SOCOTEL CCITT N°5 (expérimenté en 1963) R2 Analogique
(normalisé en 1968) R2 Numérique CCITT n°6 CCITT
n°7
Jusquà lavènement du réseau numérique
intégré, la signalisation interne au réseau téléphonique
est aussi basée sur lémission dune combinaison
de deux fréquences. Cette signalisation est communément
appelée signalisation multifréquence (R2 multifréquence,
MF Socotel, CCITT n°5 ...) Elle est du type voie par voie cest-à-dire
quà une voie de signalisation est rigidement associée
une voie déchange de signalisation. Ce système
a été défini pour les systèmes à
commutation électromécanique .
Le code MF Socotel utilise
la combinaison de 2 fréquences différentes parmi
n pour transmettre la signalisation dans les commutateurs téléphoniques.
Ces n fréquences sont situées dans la bande téléphonique
cest-à-dire dans la bande vocale de 300 Hz à
3400 Hz.
En exploitation nationale, on choisit une combinaison de 2 fréquences
parmi 5 (n=5), ce qui offre une possibilité davoir
10 signaux possibles.
Les fréquences pouvant être utilisées sont
:
f0 = 700 Hz f1 = 900 Hz f2 = 1100 Hz f4 = 1300 Hz f7 = 1500 Hz.
En exploitation internationale, on choisit parmi 6 fréquences
différentes. En plus des 5 fréquences précédentes,
on a une fréquence supplémentaire f11 = 1700 Hz.
Il est à noter quune autre fréquence appelée
fréquence de contrôle fc est employée pour
accuser la réception des combinaisons de fréquences
émises. La valeur de fc est de 1900 Hz.
Voici les codes des signaux :
- signaux en avant (demandeur vers demandé) :
o Code a : code daccès indiquant la nature de la
combinaison à établir.
o Code b : code correspondant aux chiffres à transmettre.
o Code c : code de catégorie de labonné.
- signaux en arrière (demandé vers demandeur)
o code A : code de sélection destinée à demander
ou à transmettre les infos nécessaires à
la sélection.
o Code B : code détat du demandé indiquant
à lenregistreur de départ de la ligne demandée.
o Code C : code didentification du demandeur, sert à
demander la catégorie et le numéro du demandeur.
Code R2 Multifréquence (MF)
Ce type de code utilise pour la signalisation deux groupes de
fréquences. En effet, 6 fréquences sont disponibles
pour transmettre les signaux vers lavant. Ce sont les fréquences
allant de 1380 Hz à 1980 Hz, et espacées de 120
Hz les unes des autres (1380, 1500, 1620, 1740, 1860,
1980 Hz). Dautre part, 6 fréquences sont employées
pour la transmission des signaux en arrière.
Elles sont situées entre 540 Hz et 1140 Hz (540, 660, 780,
900, 1020, 1140 Hz).
Il est à préciser que les signaux sont transmis
sous forme de 2 fréquences parmi ces fréquences,
que ce soit vers lavant ou vers larrière.
Comme on le constate, la fréquence de contrôle est,
pour ce code, remplacée par la combinaison de multifréquence
vers larrière. En fait, cette dernière permet
lasservissement de léchange, la transmission
de chaque signal avant entraîne la transmission dun
signal arrière
associé.
Les signaux sont classés comme suit :
- Vers lavant : signaux du groupe I et signaux du groupe
II. Ce sont les signaux suivants :
o signal dadresse
o indicateur dindicatif du pays et demi suppresseur déchos
o chiffre de langue ou de discrimination
o indicateur dappel dessai
o indicateur de nature de circuit
o signal de fin de numérotation
o signal indiquant la catégorie du demandeur
- Vers larrière : signaux de groupe A et signaux
du groupe B. Il sagit des signaux ci-après :
o signaux demandant lenvoi des signaux dadresse
o signaux demandant des renseignements sur les circuits
o signaux demandant des renseignements sur la communication
o signaux dadresse complète
o signaux indiquant la situation de la ligne de labonné
demandé.
Les groupes primaires sont I et A, les groupes secondaires sont
II et B.
Code CCITT n° 5
Le système de signalisation n° 5 est encore un système
de type multifréquence. Il utilise en effet la combinaison
de 2 fréquences choisies parmi 6. La signalisation est
effectuée par lenvoi simultané de ces 2 fréquences.
Elles sont situées dans la bande vocale. Ce sont les fréquences
700
Hz, 900 Hz, 1100 Hz, 1300 Hz, 1500 Hz et 1700 Hz. La signalisation
a lieu section par section et se fait en bloc dans le sens amont
vers laval. |
- 1977-80 Les centraux éléctroniques
viennent remplacer les centraux électromécaniques à
bout de souffle.
...
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Postes, téléphone et télécommunications
; Direction générale des télécommunications
(1971-1978)
Un travail plus fouillé permettrait d'établir
des statistiques sur la répartition des marchés par
zones.
Le versement de la D.T.R.N. donne des renseignements utiles en microéconomie,
dans une branche essentielle pour l'ensemble des Télécommunications.
La Compagnie Industrielle des Télécommunications CIT-ALCATEL,
la Compagnie Générale de constructions téléphoniques
(CGCT) obtiennent également des marchés conséquents.
Les pourcentages de répartition des commandes entre les industriels
de la SOCOTEL et la SOTELEC ne varient que lentement.
Les procédures suivies dans les domaines de la commutations
et de la transmission sont stables.
. Le fonds
La Direction des Télécommunications Réseau National
(D.T.R.N.) est un service spécial des Télécommunications,
qui a connu diverses dénominations.
Les lignes souterraines à grande distance deviennent en 1957,
Les Lignes à grande distance : le service a été
chargé de l'exploitation des faisceaux hertziens.
En raison de l'importance sans cesse croissante du trafic interurbain
écoulé sur le réseau national, les Lignes à
grande distance constituent en 1972 la D.T.R.N., chargée de
la quasi totalité des transmissions interurbaines.
L'étude des marchés versés par la D.T.R.N. démontre
que THOMSON-CSF, conjointement et solidairement avec la Société
Anonyme de Télécommunications dispose d'un quasi-monopole
en matière de faisceaux hertziens ; la société
"Télécommunications radioélectriques et
téléphoniques" ne traite que quelques dossiers.
Pour les marchés de fourniture, la Direction des Télécommunications
Réseau National fait appel à de multiples établissements
: Société Union Radio-Import, Société
Lignes télégraphiques et téléphoniques,
Société Marconi, Société Pierre Fontaine,
Wandel R. Goltermann, Société allemande Elekro-Metall,
Société Tektronix, Société Philips Industrielle
et Commerciale Bobigny, Société Hewlet Packard France,
Société Henri Pouyet, Société Salies S.F.,
Société Ferisol, Société Chauvin-Arnoux,
Société Camusat-Gueguen, Société Le matériel
physico-chimique, Société française de l'Electro-Résistance,
Société Spektrix. permettant de mettre en place un dispositif
de contrôle d'une valeur certaine.
En 1964, est institué un "Service central de contrôle
des prix" placé sous la responsabilité directe
du secrétaire général du Centre National d'Etudes
des Télécommunications.
Le décret n°76-89 du 21 janvier 1976 tend à améliorer
la mise en concurrence des marchés publics. La publicité
donnée aux annonces de marchés est accrue et des délais
suffisants sont accordés pour l'étude et la remise de
leurs offres.
Cette règlementation a fait l'objet de la circulaire du 21
avril 1976. Elle s'applique surtout aux marchés de travaux
de bâtiment de la Direction Générale des Télécommunications,
qui sont également soumis, de par les deux directives de 1971
du Conseil des Communautés européennes et les circulaires
d'application du 6 juin 1973 et du 27 juin 1974, à la mise
en concurrence dans le cadre de la Communauté économique
européenne.
Les marchés de transmission, qui dépendent de SOTELEC,
les marchés de commutation -SOCOTEL- restent à l'écart
de ces changements.
Ils présentent des caractéristiques très particulières,
par suite du nombre restreint d'entreprises en mesure de fournir un
matériel spécialisé et des liens qui les unissent.
Ces liens établis avec les sociétés au sein de
la SOTELEC et de la SOCOTEL, les conditions dans lesquelles sont étudiés,
puis négociés les prix de série, les accords
de rabaix sont incompatibles avec une modification profonde de la
répartition des commandes.
L'appel aux techniques étrangères est le problème
pendant en matière de télécommunications.
Dans le domaine de la transmission (cf. SOTELEC), les intérêts
français ont été assez bien défendus.
Le marché des Câbles est assuré par la Société
"Les câbles de Lyon", la Société "Lignes
télégraphiques et téléphoniques",
la Société Anonyme des Télécommunications.
La fourniture des câbles de réseaux est confiée
à de nombreuses sociétés, notamment l'Association
coopérative d'ouvriers en matériel électrique,
la Société "Les câbles de Lyon", la
Société industrielle de liaisons électrique,
la Société Tréfimetaux, la Société
Gordons et Equipements, la Société "Lignes télégraphiques
et téléphoniques", la Société Anonyme
de Télécommunications, la Société Métaleure,
la Société Thomson-Brandt.
Par contre, les sociétés de commutation de SOCOTEL dépendent
étroitement du capital étranger. L'Association des Ouvriers
en instruments de précision, société française
qui a joué un rôle notable en matière de commutation,est
confrontée, en 1980, à une situation difficile.
Thomson-CSF regroupe "Le matériel téléphonique"
(américain) et ERICSSON-FRANCE (large participation suédoise
et financement par le Crédit Lyonnais).
En matière politique, l'Administration a voulu supprimer le
risque d'un régime de monopole, qui aurait sans doute eu pour
conséquence une emprise excessive des groupes étrangers.
Pour se protéger contre ces dangers, les P.T.T. ont eu recours
à deux sociétés d'économie mixte : la
Société pour le développement de la technique
des télécommunications sur câbles-SOTELEC, constituée
en 1947, et la Société pour le développement
de la technique de la commutation dans le domaine des télécommunications-SOTELEC,
instituée en 1959, par application d'une ordonnance du 8 septembre
1958.
Seule, la SOCOTEL est soumise au contrôle de la Commission des
vérifications des comptes des entreprises publiques, l'Etat
n'ayant dans le capital de la SOTELEC qu'une participation légèrement
inférieure à 50 %. Encore un décret du 9 janvier
1961 porte approbation d'une modification des statuts de SOCOTEL :
la Compagnie générale de constructions téléphoniques
(CGCT) et la Société "Le matériel téléphonique"
sont admises dans cette société en qualité d'associés.
Les sociétés coordonnent les études qui sont
réparties entre les entreprises adhérentes afin d'éviter
la duplication des travaux et l'alourdissement des prix de revient.
Elles instaurent un droit d'usage réciproque des brevets détenus
par chacun des membres desdites sociétés, droit qui
permet de faire fabriquer le matériel breveté indistinctement
par l'une des sociétés qui font partie de SOCOTEL et
de SOTELEC.
Auparavant, l'Administration parvenait à un résultat
voisin en acquérant les droits de propriété industrielle
concernant le matériel qu'elle souhaitait voir produire en
grande série.
Les moyens d'action, les modalités de fonctionnement des deux
organismes ne sont pas semblables : l'Etat est minoritaire dans SOTELEC,
il ne participe pas aux frais qu'entraine son fonctionnement. Il est
majoritaire dans SOCOTEL ; il contribue à son financement.
D'autre part, la coordination des études est poussée
plus loin au sein de SOCOTEL, qui dispose d'un laboratoire intégré.
L'existence de SOCOTEL et de SOTELEC a permis une organisation industrielle.
Parallèlement, la règlementation s'est renforcée.
Réalisée par le décret n° 56 256 du 13 mars
1956, la réforme des marchés de l'Etat est entrée
en vigueur le 1er octobre 1957, à la suite de la publication
d'un autre texte auquel le décret de 1956 avait subordonné
lui-même sa propre mise en application, le décret n°57
1015 du 26 août 1957 relatif aux contrôles des marchés
de l'Etat. Il s'agit d'une promotion de l'appel d'offre, au détriment
de l'adjudication et du gré à gré.
Le contrôle est exercé au sein des départements
ministériels, par les commissions consultatives centrales des
marchés. En fait, pour les télécommunications,
le décret du 26 août 1957 a vu son application limitée
aux marchés à prix provisoires et il ne précise
pas les règles suivant lesquelles seront appréciés
les éléments constitutifs du prix contractuel.
Par contre, l'article 54 de la loi de finances du 23 février
1963 offre des perspectives nouvelles et des moyens d'investigation
; il donne aux P.T.T. le pouvoir de contrôler les prix de revient.
Un arrêté interministériel du 2 juillet 1964 approuve
un cahier des clauses comptables. Pour la première fois, l'Administration
des P.T.T. dispose d'un cadre cohérent lui.
Ce fonds a été versé par la Direction des Télécommunications
du Réseau National le 18 mars 1980.
La période concernée va de 1971 à 1978.
Les documents sont relatifs aux marchés de faisceaux hertziens
: construction et extension de faisceaux hertziens, fourniture de
matériel.
Les marchés de la Direction Générale des Télécommunications
et des Services spéciaux afférents aux télécommunications
présentent tous une caractéristique : la concurrence
joue peu.
Les textes de 1942, qui régissaient les marchés de l'Etat,
sont restés inopérants. Dans la plupart des cas, les
marchés sont passés de gré à gré,
à des prix de bordereaux fixés d'un commun accord par
l'Administration et les constructeurs.
Les services des P.T.T. ont fondé leur politique sur la négociation
des séries de prix avec les entreprises disantes.
Ils s'appuient sur des études estimatives ou des contrôles
effectués par le Centre National d'Etudes des Télécommunications,
l'efficacité de la discussion dépend de la valeur des
études sur le montant et la structure des prix proposés
par les fournisseurs ; assez souvent, seule une étude technique
précède l'adoption d'un matériel nouveau.
La base de départ, qui est le coût de revient retenu
pour établir la série de prix est connue de façon
imparfaite. Une fois déterminée, la série de
prix sert de base à la conclusion des marchés. Si les
marchés comportent des formules de révision qui garantissent
les intérêts du producteur, les mesures de blocage des
prix sont quasi inopérantes.
Les prix inscrits aux séries constituent un maximum à
partir duquel l'Administration cherche à obtenir des rabais
qui tiendraient compte, de façon empirique, des avantages inhérents
au développement ultérieur des séries de fabrication.
Parfois, des accords de longue durée stipulent des rabais progressifs.
En général, les accords de prix prévoient un
rabais établi par comparaison du volume annuel des commandes
avec un volume de référence.
Le marché de gré à gré implique l'acceptation
de prix dont les éléments sont mal connus, la reconduction
de séries de prix anciennes prolongeant des situations partiellement
périmées.
Le secteur "Télécommunications" des P.T.T.,
qui contracte avec des entreprises peu nombreuses, a limité
la concurrence pour des raisons techniques et politiques.
Sur le plan technique, l'Administration souhaitait éviter la
prolifération des types de matériel pouvant remplir
les mêmes fonctions.
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