Belgique


En 1830,
la Belgique prend son indépendance des Pays-Bas, mais ne peut prétendre au moindre territoire de l'empire colonial néerlandais. Après avoir fait jouer son réseau pour assurer la survie et les frontières de son nouveau pays, le roi Léopold Ier se sent rapidement à l'étroit dans son petit territoire. Persuadé que le rayonnement viendra de la puissance coloniale, mais totalement inexpérimenté, il soutient une cinquantaine d'initiatives diverses (commerciales, privées, gouvernementales ou mixtes), dont aucune ne sera pérennisée. Parmi celles-ci :
- dans le district de Santo Tomás de Castilla au Guatemala par la Compagnie belge de colonisation à partir de 1841 ;
- dans la république du Texas ;
- dans l'État brésilien de Santa Catarina, par la Compagnie belgo-brésilienne de colonisation ;
- dans l'estuaire du Rio Nunez, sur le territoire de l'actuelle Guinée ; au Mexique, en participant à l'intervention militaire française (appuyée par l'Angleterre) destinée à soutenir le nouvel empereur issu de la dynastie autrichienne des Habsbourg, Maximilien, dont l'épouse Charlotte est la fille du roi des Belges. Celui-ci cultivait l'espoir d'une expansion belge dans la contrée.
Finalement, l'empire colonial belge apparaît donc, à l'origine, comme étant le fruit d'initiatives privées et officielles dont la plus importante est, au XIXe siècle, l'expansion africaine sous l'impulsion de Léopold II. C'est avec l'appui complémentaire d'emprunts négociés en Belgique avec l'appui du Parlement et par l'envoi d'officiers mis en congé temporaire de l'Armée belge que le centre de l'Afrique a été conquis avant de devenir un empire politique à partir de l'annexion votée par le parlement belge en 1908. Deux colonies principales se distinguent : d'une part, le Congo belge formé pour partie à partir du territoire de l'ancien royaume du Kongo et auquel est adjoint le Katanga — sous administration distincte — et, d'autre part, la province du Ruanda-Urundi. Une concession en Chine a également fait partie de l'expansion belge jusqu'en 1931, date de sa rétrocession à la Chine.

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1835 A peine cinq ans après la déclaration de son indépendance, l'État belge avait déjà pris d'importantes décisions en matière de poste et de chemins de fer.
Par contre, bien que les première lignes de télégraphie optique aient fait leur apparition dès 1834, il faudra attendre plusieurs décennies avant qu'un service public ne s'établisse dans ce domaine. L'époque de la télégraphie optique fut cependant bientôt révolue avec l'apparition du télégraphe électrique.

L'indécision manifestée par le gouvernement belge sur la question du développement ou non d'un réseau télégraphique optique qui était un « instrument diplomatique et militaire strict, a donné plus de possibilités à l'initiative privée qu'en France.
À partir de 1837, des rapports paraissent régulièrement dans Le Moniteur Belge sur les possibilités du télégraphe électrique. Les articles ont probablement tous été rédigés par Quetelet, directeur de l'Observatoire royal de Bruxelles.
En 1845, le Britannique Wheatstone pressa Quetelet de défendre son idée de ligne télégraphique privée auprès du gouvernement belge.
Un an plus tard, la première ligne télégraphique électrique entre Bruxelles et Anvers était une réalit. La société Wheatstone a reçu une concession, mais était responsable des investissements et de l'exploitation de la ligne. En échange, l’entreprise devait ouvrir la voie au commerce. Le gouvernement disposait d'une ligne distincte pour la correspondance.
D'une part, l'État ne devait pas investir lui-même dans ce domaine et, d'autre part, cette solution permettait de rencontrer les exigences exprimées en matière de libre concurrence. En effet, l'État imposa, entre autres, à Cooke et Wheatstone Bruxellois d'exploiter publiquement la ligne télégraphique, et cela « pour les avantages du commerce en général.
A partir de 1847, la Prusse et la France ont exercé de fortes pressions sur la Belgique pour qu'elle établisse des liaisons internationales et permette le transit des communications sur son territoire. Contrairement à la France, la Belgique ne décida donc pas de nationaliser le télégraphe à cette époque.
La différence entre les deux pays peut s'expliquer par la moindre importance accordée par la Belgique à l'argument de la sûreté nationale et par la plus forte poussée du libéralisme économique et politique que connaissait ce pays.
La volonté politique de garantir l'égalité d'accès n'impliquait cependant pas nécessairement l'exploitation du service par l'État. Ainsi, si la Belgique avait hérité de la France un service postal déjà nationalisé, une gestion mixte avait été appliquée au cas des chemins de fer et l'exploitation privée de la télégraphie restait possible. Ce sont des influences extérieures qui ont amené le gouvernement à revoir ses modalités d'exploitation.

En 1849, le gouvernement nomma un comité qui, dirigé par Quetelet, vérifia dans quelle mesure l'accès pouvait être accordé au grand public et comment cela pouvait générer des revenus pour le gouvernement. A cette époque, la Grande-Bretagne disposait déjà de 3 800 km de lignes reliant 150 villes. Le gouvernement a entamé des négociations avec la France pour accorder au grand public l'accès au réseau français.
Un arrêté royal du 4 juin 1850 entraîna le développement rapide d'un réseau télégraphique 13 . La même année, plusieurs bureaux télégraphiques des grandes villes belges seront connectés aux lignes de l'Union télégraphique prussienne-autrichienne et plus tard également au réseau français. Dès 1865, la Belgique dispose d'un réseau national dense. De fortes baisses de tarifs ont contribué à augmenter le trafic télégraphique. À partir de 1865, la moitié du trafic télégraphique sera absorbée par la consommation privée. La création de l’Union télégraphique internationale en 1865 et la Convention de Saint-Pétersbourg de 1875 marquèrent le début d’une vaste coopération européenne. Le marché télégraphique commun à tarifs fixes ouvrait l'accès à chaque citoyen « européen ». Cependant, selon Van der Herten, l’impact sur le public ne doit pas être surestimé. Dans un premier temps, les taux plus élevés conduiraient à ce que les classes supérieures y aient recours principalement, mais même après la baisse des prix, cette activité est restée essentiellement élitiste. Après tout, le service postal proposait une correspondance beaucoup moins chère. Contrairement à la Grande-Bretagne, ce sont principalement les couches supérieures de la population qui utilisent régulièrement la télégraphie. À la fin du XIXe siècle, il jouait un rôle extrêmement important dans la correspondance internationale. Contrairement par exemple à la Grande-Bretagne, il n'existait pas de réseau télégraphique urbain en Belgique, ce qui se produira à partir de 1880 en raison de l'essor de la téléphonie
.
Fin 1849, l'influente Chambre anversoise du commerce et de l'industrie montra à quel point le manque de lignes internationales défavorisait la Belgique et risquait de lui faire perdre un important trafic commercial. Cette intervention a considérablement accéléré le processus de décision : l'État construirait le réseau télégraphique, l'exploiterait et en confierait la gestion à l'administration des chemins de fer et de la poste.
Contrairement au secteur privé, l'État ne se limitait pas à offrir le service lorsque le rendement était élevé.

Ce même raisonnement fut suivi en téléphonie. Ainsi, commenca la première période d'exploitation privée du téléphone début 1879.

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La Belgique : est l'un des pays du continent qui, dès les premières applications du téléphone, a le mieux compris les avantages immenses et de toute nature qu'on pouvait retirer de la merveilleuse invention de M. Graham Bell. Voir la rubrique Bell pour le détail ...

En Belgique, le premier brevet d’importation relatif au téléphone fut déposé par Alexandre Graham Bell, d’Edimbourg (Ecosse), professeur de physiologie vocale à l’Université de Boston (États-Unis), le 27 juillet 1877, sous le n° 42696, et accordé le 16 août de la même année. Le brevet français porte la date du 25 juillet 1877.

Nous donnons ci-après les diverses revendications de Graham Bell. Comme elles n’ont jamais été reproduites, en Belgique du moins, nous pensons que leur publication est destinée à attirer l’attention de tous ceux qui s’intéressent à cette admirable invention.
Nous transcrivons en observant l’ordre indiqué dans le dit brevet.
1° Dans un téléphone électrique, la combinaison d’un aimant tubulaire avec une membrane en fer, acier ou autre matière susceptible d’action inductive, comme cela a été ci-dessus décrit;
2° Dans un téléphone électrique, la combinaison d’une membrane en fer, acier ou autre matière susceptible d’une action inductive avec un aimant tubulaire, de manière que la membrane en fer soit en contact avec un des pôles de l’aimant tubulaire et libre de vibrer dans le voisinage de l’autre pôle, le tout devant fonctionner de la manière indiquée et décrite ;
3° Dans un téléphone électrique, comme cela a été ci-dessus décrit et illustré, un aimant tubulaire devant être employé pour parler ou pour entendre, à l’effet de conduire les sons dans la direction de la plaque ou s’écartant de la plaque;
4° Dans un téléphone électrique, comme cela a été ci-dessus décrit et illustré, l’emploi d’un aimant servant de poignée pour lever le téléphone soit à la bouche, soit à l’oreille;
5° Dans un téléphone électrique, la combinaison avec un aimant tubulaire et une plaque métallique, d’une bobine de fil métallique isolé remplissant complètement l’intérieur du téléphone, comme cela a été ci-dessus indiqué et illustré;
6° Dans un téléphone électrique, un aimant tubulaire composé comme cela a été ci-dessus indiqué et décrit;
La méthode pour produire des ondulations dans un courant voltaïque continu en augmentant ou diminuant graduellement la puissance de la batterie, comme cela a été ci-dessus décrit;
7° La méthode de transmission électrique des sons vocaux ou autres, en faisant varier l’intensité d’un courant électrique, d’une manière proportionnelle aux variations de la densité produite dans l’air par les dits sons;
8° La méthode de transmettre électriquement des sons vocaux ou autres, en faisant varier l’intensité et la polarité d’un courant, suivant une manière proportionnelle à la vélocité et à la direction du mouvement des particules de l’air pendant la production des sons;
9° L’union sur un circuit électrique et à l’aide de ce circuit, de deux ou d’un plus grand nombre de téléphones construits pour opérer comme il a été dit, de sorte que si l’armature platine de l’un ou de l’autre des dits instruments soit mobilisée d’une manière quelconque, les armatures de tous les autres téléphones sur le même circuit seront mobilisées de la même manière et que si l’armature de transmission est mobilisée ou mise en vibration par un son, des sons similaires seront produits par le mouvement ou vibration de l’armature des autres téléphones sur le circuit ;
10° Dans un système de télégraphie électrique ou téléphonie consistant en des instruments transmetteurs et récepteurs réunis sur un circuit électrique. Je revendique la production, dans l’armature de chaque instrument récepteur, d’un mouvement donné quelconque, en soumettant la dite armature à une attraction variante d’une intensité, quel que soit le mode de production de cette variation dans l’aimant et d’où je revendique la production d’un son ou de plusieurs sons par l’armature de l’instrument récepteur, en soumettant la dite armature à une attraction dont l’intensité varie, de manière à mettre l’armature dans cette forme de vibration qui caractérise le son ou les sons donnés;
11 ° La combinaison avec un électro-aimant d’une plaque en fer, acier ou autre matière susceptible d’une action inductive qui peut être mise en vibration par le mouvement de l’air ambiant ou par l’attraction d’un aimant ;
12° Conjointement avec une plaque et électro-aimant, les moyens ci-dessus décrits ou leurs équivalents, pour ajuster la position des deux, de sorte que sans se toucher, ils peuvent être montés aussi près l’une de l’autre que possible ;
13° Dans un téléphone électrique, la combinaison avec la plaque d’un aimant ayant des spères sur l’extrémité ou les extrémités de l’aimant les plus rapprochées de la plaque, comme cela a été ci-dessus décrit;
14° La combinaison avec un téléphone électrique, tel que ceux ci-dessus décrits, d’une boîte sonore, telle que celles ci-dessus décrites ;
15° Conjointement avec un téléphone électrique ci-dessus décrit, l’emploi d’un tube pour transmettre aussi bien que pour recevoir ces sons passant par le téléphone, comme cela a été ci-dessus décrit;
16° Dans un téléphone électrique, la combinaison avec un aimant permanent et une armature plaque, d’un pôle en fer doux formant le noyau pour la bobine, comme cela a été ci-dessus décrit;
17° Dans un système de télégraphie dans lequel le récepteur vibrant opère l’organe interrompant le circuit, d’un circuit local indépendant du dit récepteur, comme cela a été décrit, d’un organe vibratoire servant à interrompre le courant pour le dit circuit local, consistant en un bras à ressort léger dont l’extrémité libre déborde la portion vibrante du récepteur, conjointement avec une portion du récepteur et conjointement avec une pointe de contact dans le dit circuit, avec laquelle le dit bras établit et interrompt le contact comme cela a été décrit; et
18° Le télégraphe autographe, comprenant la combinaison d’une série de transmetteurs et de fils transmetteurs, un seul fil de ligne, des récepteurs correspondants en nombre avec les transmetteurs accordés à un diapason pour vibrer en unisson avec la succession d’impulsions électriques transmises de leurs transmetteurs respectifs, organes vibratoires pour interrompre le circuit, dont un pour chaque récepteur et un circuit local et fil récepteur pour chacun de ces organes vibratoires, la série des fils portant sur du papier préparé, le tout pour fonctionner comme il a été ci-dessus décrit.

Un second brevet fut déposé à Bruxelles, le i3 février 1878, sous le n° 44273B, et accordé le 28 février de la même année.
Voici quelles sont les revendications indiquées par Graham Bell dans ce brevet :
1° La méthode sus décrite pour produire ou transmettre des notes musicales à l’aide de courants ondulatoires d’électricité et à l’aide desquels deux ou un plus grand nombre de signaux ou dépêches peuvent être transmis simultanément sur un seul circuit dans la même ou dans des directions opposées;
2° L’emploi dans un système de télégraphie multiple à courants ondulatoires d’électricité, d’instruments récepteurs dont les armatures sont accordées à des diapasons définis, de manière à vibrer seulement quand un son de même diapason est transmis, comme cela a été ci-dessus écrit;
3+ Un système de télégraphie dans lequel le récepteur est mis en vibration par l’emploi de courants ondulatoires d’électricité, comme cela a été ci-dessus décrit;
4° La combinaison sus décrite d’un aimant permanent ou autre corps susceptible d’une action inductive, avec un circuit fermé, de manière que la vibration de l’un occasionne des ondulations électriques dans l’autre ou dans lui-même et se revendique cette disposition, que l’aimant permanent soit mis en vibration dans le voisinage du fil de conduite formant le circuit ou que le fil de conduite soit mis en vibration dans le voisinage de l’aimant permanent ou soit que le fil de conduite et l’aimant permanent soient tous les deux simultanément mis en vibration dans le voisinage l’un de l’autre;
5° La méthode pour produire des ondulations dans un courant voltaïque contenu par la vibration ou mouvement de corps susceptibles d’une action inductive ou par la vibration ou mouvement du fil de conduite lui-même dans le voisinage de ces corps, comme cela a été ci-dessus décrit.

Le payement des premières annuités de ces deux brevets ayant été négligé, conformément à la loi du 24 mai 1854, par les arrêtés des 7 avril et 21 août 1881, la déchéance de ces deux brevets fut prononcée. D’où il résulte qu’en Belgique, de même qu’en France et dans beaucoup d’autres pays, les premiers brevets de l’inventeur du téléphone sont tombés dans le domaine public.
Toutefois il n’en est pas de même en Amérique et en Angleterre où tous les droits de l’inventeur ont été sauvegardés.

29 novembre 1877 un bref compte-rendu de l'expérience a été enregistré dans le magazine belge «Le Moniteur».
Il s'agit d'une expérience à Malines du 29 novembre 1877. "Lors d'une expérience menée au collège Sint Rombouts à Malines, les appareils ont été placés, l'un dans la salle de le professeur de physique, l'autre dans celle de son confrèret situé dans un autre bâtiment à 60 mètres. Pour connecter les appareils, les fils électriques qui actionnent les pendules électriques de l'institution avait été utilisés. Le courant électrique généré par la voix humaine était donc obligé, au-delà de la distance séparant les deux pièces, de parcourir les bobines des pendules dont l'enroulement correspondrait à plusieurs centaines de mètres de fil télégraphique. Ce qui distingue le téléphone des autres appareils télégraphiques, c'est sa grande simplicité : celui qui a été expérimenté au Collège de Sint Rombouts a été construit par le professeur de physique en quelques heures. Imaginez une tabatière ronde de 7 cm de diamètre et 3 cm de hauteur, dont le fond est attaché à un tube dont le manchon a une longueur de 12 cm et un diamètre de 3 cm. Au centre de la tabatière, ouverte par un pavillon, se trouve une ouverture de la taille d'un gâteau. Tout cela est en bois. Le tube ou manchon contient une tige de fer magnétisé dont l'extrémité, qui débouche dans la tabatière, est munie d'une petite bobine enveloppée d'un très fin fil de cuivre enroulé de soie. Entre la tabatière et son couvercle se trouve une plaque en fer très fine dont le centre est très proche de l'aimant. Cette plaque étant retenue sur sa circonférence, la partie centrale peut vibrer à l'extrémité de l'aimant portant la bobine. En s'approchant ou en s'éloignant de manière presque imperceptible la plaque de l'aimant, le fil de la bobine crée des courants électriques extrêmement faibles, qui sont néanmoins suffisants pour générer des vibrations similaires dans l'autre dispositif. La batterie a ainsi été complètement éliminée. Différents instruments de musique ont été testés: violon, flûte, harmonium, etc. ils ont chanté à l'unisson avec les différents accords, différentes voix et paroles, et tout se propage comme par magie à travers un fil de fer immobile. L'avenir et les nombreux tests qui seront effectués montreront ce que l'on peut réellement attendre de l'utilisation de cet instrument et s'il y a un avenir.

L
e téléphone de Bell a été décrit pour la première fois en Belgique le 17 décembre 1877 par M. Delarge, ingénieur en chef, directeur des télégraphes de l'Etat belge. dans une note publiée dans la Revue universelle des mines, on y trouve également des détails très intéressants sur les expériences faites en Belgique.
Les journaux, les revues et les ouvrages qui ont paru depuis la publication de cette note, nous ont donné les résultats des différentes expériences faites au moyen du téléphone Bell, pour la transmission de la parole à de longues distances.

Hiver 1877 : l'Allemagne envoie deux téléphones en Belgique pour les tests et fournit les informations demandées. La Suisse et l'Italie reçoivent également deux appareils chacune.

En 1877, la Société des Charbonnages de Mariemont fit des expériences avec le téléphone Bell, mais ce n'est que vers la fin de l'année 1878 que commencèrent à s'établir, dans les principales villes, des communications téléphoniques privées.

La première modification apportée au téléphone de Bell est due fin 1877,à M. le colonel Navez de Bruxelles qui augmente considérablement la sensibilité du microphone à charbon par la superposition de plusieurs pastilles de carbone dans lesquelles doit passer le courant électrique.
Le colonel d'artillerie belge Navez, l'auteur du "chronographe balistique" bien connu, a cherché à améliorer le téléphone d'Edison en employant plusieurs disques de charbon au lieu d'un seul.
Suivant lui, les variations de résistance électrique produites par les disques de charbon, sous l'influence de pressions inégales, dépendent surtout de leur surface de contact, et il croit en conséquence que plus ces surfaces sont multipliées, plus les différences en question sont considérables, comme cela a lieu quand on polarise la lumière avec une pile de glaces. Les meilleurs résultats ont été obtenus par lui avec une pile de douze rondelles de charbon. «Ces rondelles, dit-il, agissent bien par leurs surfaces de contact, car il suffit de les séparer par des rondelles d'étain interposées, pour détruire toute articulation de la parole reproduite.»
fig 29 fig 30
Pour éteindre les vibrations musicales nuisibles qui accompagnent les transmissions téléphoniques, M. Navez emploie, comme lame vibrante du transmetteur, une lame de cuivre recouverte d'argent, et pour lame vibrante du récepteur, une lame de fer doublée d'une plaque de laiton, le tout soudé ensemble. Il emploie d'ailleurs des tubes de caoutchouc munis d'embouchures et de conduits auriculaires, pour la transmission et la réception des sons, et les appareils sont disposés à plat, sur une table. À cet effet, le barreau aimanté du téléphone récepteur est alors remplacé par deux aimants horizontaux agissant par un pôle de même nom sur un petit noyau de fer qui porte la bobine et qui se trouve placé verticalement entre les deux aimants. Il emploie naturellement une petite bobine de Ruhmkorff, pour transformer l'électricité de la pile en électricité d'induction.
Les figures 29 et 30 représentent les deux parties de ce système téléphonique. La pile de charbon est en C, fig. 29; la lame vibrante en LL, et l'embouchure E, adaptée à un tube en caoutchouc TE, correspond par le dessous à la lame vibrante. La pile de charbons est réunie métalliquement au circuit par une tige de platine EC, et la lame vibrante communique également au circuit par l'intermédiaire d'un bouton d'attache. Dans le téléphone récepteur, fig. 30, la partie supérieure est disposée à peu près comme dans les téléphones ordinaires; seulement, au lieu d'une embouchure, on a adapté à l'appareil un conduit auriculaire TO. Les deux aimants qui communiquent une polarité uniforme au noyau de fer N portant la bobine d'induction B, sont en A, A' et ont la forme de fers à cheval; on en voit un en coupe en D du côté droit, et l'autre ne montre en C que la courbe du fer à cheval. Les deux boutons d'attache de ce récepteur correspondent aux deux extrémités du fil induit de la bobine d'induction supplémentaire, et les deux boutons d'attache du transmetteur correspondent aux deux bouts du fil primaire de cette bobine et à la pile qui est interposée dans le circuit près de cet appareil.

Cet appareil a été en outre perfectionné par M. l'ingénieur Monseu de Roux.

Sur ce nouveau sujet le microphone, ne manquez pas de lire sur la page de M Hughes les polémiques qui suivirent entre Navez, Edison, et Du Moncel

Le colonel Navez, dans une note intéressante sur un système nouveau de téléphone présenté à l'Académie royale de Belgique le 2 février 1878, ne fait qu'indiquer cette disposition comme moyen de reproduire la parole à de longues distances; mais il ne cite aucune expérience qui montre nettement les avantages de cette combinaison.
MM. Pollard et Garnier vingt jours après M. Navez, et sans avoir eu connaissance du travail de ce dernier, ont envoyé les résultats au Comte Du Moncel, qu'ils avaient obtenus par un moyen semblable, et ces résultats m'ont paru si intéressants que il a fait l'objet d'une communication à l'Académie des sciences en Francce, le 25 février 1878 par Du Moncel .

Une notice sur la téléphonie à grande distance dans laquelle M. Banneux, ingénieur en chef des télégraphes de l'État belge, fait remarquer que l'on ignore trop généralement en Belgique que l'idée d'employer la bobine très connue de Rhumkorff sans interrupteur pour obtenir la reproduction de la parole à grande distance doit être attribuée à M. le colonel Navez de Bruxelles, l'inventeur du premier appareil électro balistique réellement pratique " et précis.
Une note de MM. Navez père et fils, insérée dans les Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 2e série, n° 2, de 1879, expose l'application de la bobine d'induction à la téléphonie.

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Le gouvernement belge, au cours de la tournée de Bell sur le continent en 1878, offrit à Bell, les plus grandes incitations financières pour établir le siège de sa filiale européenne en Belgique : La compagnie de téléphone internationale Bell (IBTC) qui a rapidement évolué pour devenir une société de portefeuille pour ses différentes divisions de services téléphoniques et de production.

En 1878 Le Daily News est le premier journal qui ait fait une application pratique du téléphone dans :
Depuis quelques jours, les bureaux de ce journal sont en communication avec la Chambre des Communes par le moyen d'un téléphone adapté à un fil télégraphique ordinaire. La conversation est entendue distinctement en dépit du bruit produit par les autres fils télégraphiques et le compterendu sommaire des débats du Parlement, publié chaque matin dans le Diaily News lui parvient par cette voie intéressante et nouvelle.
(Moniteur industriel belge).

En 1879, des applications importantes furent faites entre la direction des télégraphes de Bruxelles et les villes de Malines, d'une part (20 km.),et d'Ostende (124 km.), d'autre part.
A Bruxelles, Cornélius Herz; accompagné d'un nombreux personnel, réalisa, avec l'aide de M. Gotendorf, son habile ingénieur, les installations les plus variées. Des lignes aériennes placées entre différents points de la ville fonctionnaient parfaitement.

La première ligne téléphonique belge a été installée dans le Parlement en 1879.

Vers la fin de cette même année, il fut installé à Bruxelles une organisation urbaine semblable à celles des villes américaines.

Dès 1879, des demandes d'exploitation furent adressées au Ministère des Travaux Publics de Belgique par des sociétés privées.
Trois compagnies se sont ainsi constituées pour installer des réseaux, dont la plus importante était le groupe contrôlé par l'International Bell Telephone Company IBTC, Rappelons que
en 1879, c'est Gardiner Hubbard, le beau-père d' Alexander Graham Bell et premier président de la compagnie de téléphone Bell qui fonda la compagnie de téléphone internationale Bell afin de promouvoir la vente de son équipement téléphonique dans toute l'Europe, et trouvera en Belgique et en Angleterre de bons alliés. Le quartier général fut implanté en 1880 à Anvers.

L'exploitation privée du téléphone allait cependant poser des problèmes. À Bruxelles, par exemple, il existait trois réseaux incompatibles et les abonnés d'un réseau ne
pouvaient communiquer avec ceux des autres réseaux. Ces dysfonctionnements, qui contrastaient avec les réussites de l'exploitation des télégraphes par l'État, provoquèrent une prise de conscience de la nécessité d'une forme de centralisation monopolistique.
Celle-ci fut d'abord privée, les trois groupes d'entreprises de téléphonie ayant décidé de fusionner sous le contrôle de l'I.B.T.C

En février 1880, une demande fut adressée à l'autorité supérieure, pour la concession d'un bureau central de téléphone dans l'agglomération liégeoise et dans celle de Verviers.
Un bureau central, établi au centre de la ville de Liège, devait comprendre tout le territoire de la commune, ainsi que les localités de Brosseux, Jemeppe et Seraing. La Compagnie sollicita cette concession pour une durée de trente années.
Au mois de juin de la même année, le téléphone fut placé dans le vieux palais de justice, à Bruxelles, afin d'établir une communication rapide entre les deux parquets du procureur du roi et du procureur général.

Indépendamment des réseaux téléphoniques qui furent établis en 1880 dans les principales villes, un grand nombre de réseaux particuliers furent créés dans les grands centres industriels, les mines, les chemins de fer ...

Afin de pouvoir offrir des tarifs moins élevés et assurer une plus grande extension géographique du réseau, et au vu du succès croissant que rencontrait la téléphonie, principalement dans les milieux du commerce et de l'industrie, succès qui risquait de nuire aux revenus du service public télégraphique, l'État décida en 1891 d'exploiter la téléphonie en tant que service public. Une exploitation conjointe de la télégraphie et de la téléphonie permettrait au surplus de réaliser des économies substantielles.
En 1896, l'ensemble des réseaux concédés avait été repris et la téléphonie devint elle aussi un monopole de l'État.

À partir du début des années 1880, l'État belge, qui gère les lignes télégraphiques depuis 1850 et en a confirmé le monopole par la loi de 1876, se prépare à s'adjoindre progressivement les innovations technologiques que constituent les réseaux téléphoniques en développement.
Le téléphone est commercialisé aux États-Unis par son inventeur Graham Bell depuis 1877 et connaît des initiatives en Belgique dès 1879 avec des demandes d'exploitation de trois sociétés privées parmi lesquelles l'International Bell Telephone Company, qui installe son uartier général européen à Anvers .

Les TELEPHONES réversibles BELL

Dans presque toutes les expositions des sections étrangères nous trouvons des récepteurs Bell en grand nombre; ces récepteurs ne diffèrent pour ainsi dire pas des premiers modèles mis en service.
C’est un barreau aimanté dont l’une des extrémités est garnie d’une bobine d’électroaimant; en regard, la plaque vibrante en tôle est pincée entre une embouchure en ébonite et une gaine de même matière qui enveloppe tout l’instrument.
Dans ce téléphone à manche (fig. 9), les bornes d’attache des cordons, auxquelles viennent aboutir les extrémités du fil de la bobine, sont situées à la partie inférieure. Une gorge, ménagée dans l’enveloppe en ébonite, permet de suspendre l’instrument au transmetteur, dont le levier-commutateur se termine par une fourche.

Au milieu : modèle Breguet-Roosvelt en France

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Dans la revue l'Electricien de 1882, on pouvait lire :

FILS DE BRONZE PHOSPHOREUX

On se préoccupe beaucoup en Belgique de l'emploi du bronze phosphoreux comme conducteur télégraphique et téléphonique . Aussi croyons - nous intéressant de résumer quelyues renseignements intéressants que publie l'Ingénieur - Conseil sur ce sujet .
Il résulte d'expériences faites par MM . Nyström et Rothen que les fils de bronze phosphoreux ont une conductibilité électrique égale à 1/5 environ de celle du cuivre , 1,5 fois plus grande que celle du fer .
M. Bède a trouvé de son côté que 1 kilomètre de fil de bronze phosphoreux de 2 millimètres de diamètre a 28 ohms de résistance , tandis qu'un fil de fer en a 40 sous les mêmes dimensions . Un fil for tement écroui à la filière résiste à 120 kilogrammes par millimètre carré et ne s'allonge que de 1 pour 100 environ avant de se rompre . Un fil convenablement recuit s'allonge d'environ 60 pour 100 , mais l'effort de rupture descend à environ 40 kilogrammes par millimètre carré . La rupture d'un fil télégraphique ou téléphonique dans les villes peut causer des accidents . Un fil de fer qui tombe sur la voie publique frappe des personnes ou s'enroule autour des jambes des chevaux . M. Bède a constaté que lorsqu'un fil téléphonique de bronze phospho reux se rompait pendant la pose , par suite d'une maladresse , son élasticité en ramenait les deux fragments vers les supports voisins , avant que ces fragments aient eu le temps de descendre de quelques mètres .

A Bruxelles on a posé un grand nombre de lignes téléphoniques avec des fils de bronze phosphoreux de 8/10 de millimètre de diamètre . A Gand , presque tout le réseau téléphonique est fait avec les mêmes fils . On voit à peine ces fils , ils ne produisent aucun produit et char gent très peu les toitures , puisqu'ils ne pèsent pas 5 kilogrammes par kilomètre de longueur . On n'a pas craint d'employer ce petit diamètre , parce que l'inoxydabilité du fil permettait de répondre de sa durée . La pose des fils très minces demande cependant beaucoup d'attention et il est arrivé fréquemment que des ouvriers maladroits les brisaient . Il serait plus pratique d'employer des diamètres un peu plus forts . En Italie , la Société internationale des téléphones emploie uniquement des fils de bronze phosphoreux de 1 millimètre 1/4 ; le gouvernement suisse , après avoir essayé ce même fil , en fait de nouvelles appli cations .

Cette dimension est certainement très convenable . On a encore ainsi un fil très léger ( 10,5 kilog . par kilomètre ) , mais bien plus maniable que le fil de 0,8 millimètre . Ce fil remplace parfaitement le fil d'acier de 2 millimètres , mais son prix est sensiblement plus élevé . Actuellement , il coûte environ 10 francs le kilomètre , tandis que le fil d'acier galvanisé de 2 millimetres ne coûte pas 20 francs ; mais il faut remarquer que le prix d'un kilomètre de ligne téléphonique , en comptant sur celui des chevalets , les frais de réparation des toitures el ceux de pose , est au moins de 350 francs . La différence de 20 francs sur le prix du fil n'est donc pas bien importante et est très largement achetée par la réduction des frais de pose des lignes et de construction des chevalets , qui peuvent être naturellement bien plus légers , lorsqu'il s'agit de porter du fil 2 1/2 fois moins lourd que le fil d'acier . Le fil de bronze durera bien plus longtemps que le fil d'acier . Tout comple fait , les fils de bronze phosphoreux de 1 millimètre 1/4 de diamètre semblent être d'un emploi plus économique que les fils d'acier de 2 millimetres ; leur supériorité sous tous les autres rapports n'est compensée par aucune infériorité.

Western Electric qui était une entreprise commercialisant l’invention de Graham Bell, voulait développer leurs activités en Europe. Finalement, ils ont choisi la Belgique puisque le gouvernement belge leur a offert les meilleures conditions tout en exigeant que les équipements soient construit en Belgique. La création de Bell Telephone Manufacturing Company a eu lieu en 1882, et les bureaux et l'usine étaient situés à Anvers, en Belgique.
Les objectifs étaient "la production, la vente, l'achat et la location de matériel pour la téléphonie et la télégraphie et tout ce qui est directement ou indirectement lié à l'électricité.
Les fondateurs étaient :

- Francis Welles, délégué de l'American Western Electric Company,
- Louis De Groof, représentant de l'International Bell Telephone Company,
- et un certain nombre de dignitaires locaux.

En 1890, Western Electric décide de racheter International Bell Telephone, de sorte que ses représentants au conseil d'administration doivent partir, parmi lesquels Louis De Groof et son frère Jean-Corneille.
Une nouvelle entreprise a été fondée, les frères De Groof ont convaincu un directeur local de la société d'exploitation Bell (appelée «la Compagnie Belge du Téléphone Bell») de se joindre à eux pour démarrer une nouvelle entreprise de téléphonie.


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Voici les principaux appareils téléphoniques testés et adoptés en Belgique

Les téléphones EDISON. Edison aux Usa avait déjà imaginé ce concept ainsi que le microphone à charbon qui sera breveté en 1878.
Selon M. Bede dans son ouvrage sur la téléphonie, ce serait à Edison que revient tout le mérite de l'invention du transmetteur à charbon EN 1876.
Le téléphone d'Edison est fondé sur ce principe énoncé déjà dès 1856 par M. le comte Du Moncel, à savoir que la pression exercée au point de contact entre deux corps conducteurs appuyés sur l'autre pouvait influer considérablement sur l'intensité électrique développée.

Le premier brevet pris par Édison en Belgique pour sonn téléphone a été demandé le 11 janvier 1878, et a été accordé le 3i janvier, sous le n° 43984. Il s’agit d’un brevet importation, le brevet français datant du 19 décembre 1877.
Edison a donné à son transmetteur la forme indiquée dans la photo ci dessous .
Voici la description donnée par M. Bede :

L'appareil Edison présente trois pièces principales, une plaque vibrante, une pastille de charbon platinée, c'est à dire recouverte d'une couche de platine, et d'une seconde pastille de charbon. La plaque vibrante ou diaphragme porte une couronne garnie de trois pointes de charbon qui s'appuie sur la pastille de charbon platinée. Celle-ci est en communication par une bande qui l'entoure avec l'un des pôles d'une pile ; la seconde pastille de charbon est mise en communication avec l'autre au moyen d'un petit cordon métallique très flexible. Une vis de pression qui s'appuie sur cette pastille permet de la presser plus ou moins fort contre la première.
Ainsi dans tout le système, il n'y a réellement de flexible que le diaphragme. Lorsqu'il rentre en vibration, il exerce des pressions très variables contre les charbons, et le contact de ceux-ci éprouve par là des variations continuelles qui se reproduisent dans l'intensité du courant qui franchit ce contact pour se rendre dans le circuit inducteur d'une bobine d'induction, dont le courant induit est en communication avec le fil de ligne et le circuit du téléphone récepteur.

Le système du diaphragme et des charbons est placé dans un bâti de fonte articulé sur un bras attaché à un pupitre qui porte la bobine d'induction et le crochet communicateur auquel on suspend le téléphone et qui est disposé de telle façon que lorsque le téléphone y est accroché, les courants
envoyés dans la ligne ne peuvent pas le traverser et se rendent dans une sonnerie ou un appareil d'appel quelconque.
Lorsque, au contraire, ou décroche le téléphone pour le porter à l'oreille, le circuit de la sonnerie est interrompu et le téléphone reçoit le courant qui fait vibrer sou diaphragme.
Les appareils d'Edison sont employés principalement lorsqu'il s'agit de franchir des distances considérables. Aussi est-ce à dater de l'apparition de ces transmetteurs que la téléphonie a pris une extension qui s'accroît chaque jour davantage."

avec écouteur Phelps Pony-Crown
Les appareils d'Edison sont employés principalement lorsqu'il s'agit de franchir des distances considérables.
Deux modèles de postes téléphoniques d'Edison tels qu'ils sont en usage en Belgique pour un grand nombre de communications privées, et notamment à Bruxelles et à Anvers par les compagnies qui ont installés sur des réseaux publics.

Le premier brevet Edison en Belgique a été demandé le 11 janvier sous le n°43984. 'est un brevet d'importation français du 19 décembre 1877.

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Les téléphones GOWER
Concurrement avec les appareils Blake et Bell installés par M. Bede, le téléphone Gower fut le premier appareil téléphonique installé en Belgique. Mais bien que ces derniers constituent un perfectionnement des plus importants sur eux de Bell, ils ont étés rapidement été delaissés, et lorsque la Compagnie Bell a repris les réseaux Belges, elle s'est empressée de remplacer tous les téléphones Gower par les appareils Blake-Bell.

En France le "téléphone chronomètre" Gower, brevet du 3 décembre 1878. est l'appareil qui est présenté à la l'Académie des sciences du 27 janvier 1879. C'est un appareil très performant et n'utilisant pas d'éléctricité.
Gower, réalisa une des premières modifications du téléphone Bell, il eut l'idée de replier l'aimant en arc de cercle, de manière à présenter ses deux pôles en regard de la membrane de fer sur laquelle ils doivent agir.
L'action doit être plus énergique, puisqu'elle s'exerce par deux pôles au lieu d'un. En même temps, M. Gower donna à la membrane vibrante plus de surface, ce qui accrut l'effet de résonnance. La membrane de fer circulaire est placée au fond d'une boîte ronde, en laiton.
Un sifflet à l'intérieur de la boîte tient lieu de sonnerie d'appel lorsque l'on souffle fort avec l'appareil appelant.


Lire "La Nature de Décembre 1878" qui présente ce nouveau téléphone magnétique Gower (photo Cnam à Paris)


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Les téléphones BLAKE
De tous les perfectionnements auxquels le téléphone d'Edison a donné naissance un des plus remarquables est celui dû à M. Blake.
Par son ingénieuse combinaison cet appareil peut être classé également au nombre des parleurs microphoniques à charbon les plus puissants.
Dans le transmetteur Blake, comme dans celui d'Edison, dit M. le comte Du Moncel, le contact des charbons au lieu d'être effectué par la pression
de deux pièces, dont l'une est fixe et l'autre mobile, ce qui rend l'appareil impressionnable aux actions physiques extérieures, est constitué par deux organes mobiles qui sont toujours en contact léger l'un avec l'autre et qui sont complètement indépendants du diaphragme.

La figure donne tous les détails de la disposition intérieure du transmetteur :

h est une pastille de charbon. g, disque de cuivre dans lequel est fixée cette pastille. d, ressort d'acier, c est une petite pointe de platine formant le contact avec le charbon, rivée à un ressort très mince. C est le diaphragme.

Les deux ressorts d et ce sont isolés par une lame en os et fixés à un levier en fonte F, sur la partie inférieure de celui-ci appuie une vis G qui sert au réglage de l'appareil, soit qu'on veuille éloigner ou rapprocher le levier du diaphragme, afin d'augmenter ou de diminuer le contact du charbon avec la pointe de platine. I est une bobine d'induction dans le circuit de laquelle passe le courant de la pile dite pile du microphone, et dont l'un des pôles est en communication au moyeu d'un fil avec le bâti, tandis que l'autre pôle est rattaché par un fil au ressort cc.
On a donné différentes dispositions au transmetteur Blake :
Celle que nous venons de décrire est la forme primitive ; actuellement le type le plus en usage est celui ci .

C'est sous cette forme qu'il est employé en Amérique, combiné avec une sonnerie magnétique dite " Magnéto Call ".
Un téléphone Bell sert de récepteur, il est suspendu à un contact faisant commutateur, et le transmetteur est le microphone en question dans lequel on fait passer le courant d'une pile Leclanché.
C'est cette combinaison d'appareils Blake et Bell, comme on peut s'en rendre compte en Belgique, que l'International Bell Telephone Company a adoptée pour tous ses réseaux téléphoniques en Amérique et en Europe.
Toutes les parties de l'appareil téléphonique sont réunies sur une planche : la sonnerie Magneto, le microphone Blake, le Téléphone .

Bell avec son cordon spécial et la pile contenue dans une boîte formant pupitre sur lequel on peut écrire ou lire pendant qu'on se sert de l'appareil pour communiquer, ce qui se fait en portant le téléphone Bell à l'oreille et en causant à 25 centimètres de l'embouchure du microphone.
Mais de toutes les dispositions qui ont été imaginées pour le microphone Blake, la plus simple, la plus commode, et la moins coûteuse, c'est celle appliquée à l'appareil qu'employait M. Bede lorsqu'il installa les premiers réseaux téléphoniques dans les principales villes en Belgique.
Le transmetteur conserve la forme , mais on y ajoute un bouton d'appel et un crochet formant commutateur sur lequel repose le téléphone Bell relié au microphone par le cordon .
À chaque transmetteur on joint une sonnerie trembleuse qui fonctionne au moyen d'une batterie de 2, de 4, de 6 ou de 8 éléments Leclanché, suivant la distance qui sépare le poste transmetteur du poste récepteur. Pour parler à son correspondant, il suffit de presser sur le bouton d'appel qui fait fonctionner la sonnerie placée chez ce dernier. Dès qu'il a répondu, on décroche le téléphone que l'on met à l'oreille et l'on parle dans le microphone de sa voix naturelle à 25 ou 30 centimètres du transmetteur .
Cet appareil ainsi disposé peut fonctionner à plus de 25 kilomètres.

L'usage de ce microphone Blake ainsi disposé tend à se généraliser chaque jour de plus en plus par suite de la facilité avec laquelle on peut l'installer ; il se recommande en outre par le peu d'entretien qu'il nécessite et par son prix minime relativement surtout à celui des autres appareils téléphoniques d'Ader, d'Edison, de Gower, de Crossley, etc., etc.

Les entrepreneurs qui s'occupent spécialement d'installations téléphoniques privées comprenant, comme on sait, toutes les communications en dehors des réseaux établis par les compagnies soit pour relier entre eux établissements industriels, des châteaux avec leurs fermes ou des administrations emploient de préférence le transmetteur Blake que nous venons d'indiquer.

Un simple coup d'oeil jeté sur le diagramme de la pose (voir planche ) de cet appareil montrera la facilité avec laquelle on peut le placer.

La figure ci contre. montre le poste tout monté avec le microphone Blake, son récepteur Bell et la sonnerie d'appel.
Ce transmetteur est choisi généralement de préférence à tout autre par suite du peu de place qu'il exige et de la facilité que l'on a de placer la sonnerie ou les sonneries de cet appareil dans un appartement autre que celui dans lequel il se trouve, de telle sorte que la sonnerie d'appel peut être entendue de toutes les parties d'une maison.


En Belgique un brevet d'importation a été pris par M.Soulerin le 20 juillet 1879, n°48,888. Il fut transféré à la Compagnie du téléphone Bell qui exploite ce transmetteur.


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Les téléphones BERLINER (Voir la page sur Emile Berliner)

Le premier microphone Berliner : Le microphone Berliner, qui est construit par l'American Bell téléphone company, est représenté figure ci contre dans sa position à moitié ouverte.

L'instrument est simple et compact et ne peut pas facilement se déranger. Sa particularité consiste dans la disposition des constacts de charbon. Un des charbons a de ce contact est fixé au centre de la membrane, tandis que l'autre charbon b est placé dans une capsule qui est portée par une bande de cuivre c, munie d'une charnière qui se trouve attachée à un bras d placé sur le côté de derrière de la boîte sonore c. Ce charbon disposé de cette manière est par conséquent mobile et son extrémité arrondie se place facilement sur le bout plat du premier charbon. Le bras mentionné plus haut a un double but; il supporte d'une part l'électrode de charbon mobile et de l'autre il sert à fixer la membrane sonore sur la partie de derrière de la boîte sonore de fer. La membrane sonore est couverte sur le bord avec de la gomme molle g, et séparée de la boite sonore par une bague en carton. La boîte sonore de fer c est réunie par une charnière à un morceau de fonte k, fixé dans une boîte ronde; cette boite contient la bobine d'induction l, et les bornes pl,p2 p3, p., pour les fils de la ligne et la ligne de terre. Devant la bobine d'induction se'trouve rapportée une
plaque i, réunie avec le fil de la batterie; cette plaque porte un ressort b, dont le bout libre est armé d'une vis
v ; cette vis pousse avec sa tête contre un autre ressort b' qui est posé au centre de la membrane sonore et
qui remplit autant le service d'amortisseur que celui de conducteur par lequel passe le courant pour se rendre
à l'électrode de charbon a également placé sur le milieu de la membrane. Le courant de la batterie rentre par
une des bornes p', passe parle fil primaire de la bobine d'induction et par les deux ressorts f et f dans l'électrode de charbon fixé sur la membrane et la boîte sonore, enfin par la charnière et se tourne par la borne
p à la batterie.
Par suite des oscillations de la membrane sonore excitées par la voix, le contact de l'électrode de charbon entre en vibration; ces vibrations de contact appellent dans le circuit de la spirale primaire des vibrations de courants correspondantes et, par suite des courants ondulatoires provenant de la batterie qui traversent la spirale, il se produit dans la spirale secondaire, des courants ondulatoires d'induction qui se transmettent par la ligne au récepteur téléphonique.
L'instrument fonctionne parfaitement bien avec tout téléphone ordinaire (récepteur) de bonne construction et par suite il est très répandu.
Si l'on emploie ce microphone pour de longues lignes, il faut que l'électrode de charbon mobile soit suffisamment lourde pour vaincre, par un contact plus intime, la résistance du circuit et augmenter les courantsondulatoires dans la spirale primaire

En 1886 Sous ce nom, M. Berliner a désigné un microphone qui, au moyen de deux boulons, peut s’adapter aux postes de tous les systèmes.
La figure 74 en représente une vue d’ensemble, et la figure 75 une coupe.

Sur le boîtier métallique B, qui soutient les deux boulons servant à fixer l’instrument, est vissé un couvercle C, terminé par l’ajutage A, auquel s’adapte l'embouchure D. Entre le boîtier et le couvercle C est pincée la plaque de charbon M, qui constitue la plaque vibrante. Un bloc de char bon E est fixé par un boulon au boîtier B.
Le bloc de charbon E, dans lequel des rainures circulaires et concentriques ont été creusées, forme avec la lame de charbon une boîte conique remplie de granules de charbon. Le bloc E est isolé du boîtier B ; sur sa face inférieure il en est séparé par une lame de fibre vulcanisée, et le boulon b est entouré d’ébonite. Un ressort r réunit le bloc E à la tige F. La plaque de charbon M repose sur le boîtier B et communique avec la tige G. A sa partie supérieure, cette plaque est recouverte par un disque de mica sur lequel repose une rondelle en carton. Le couvercle C, qui se visse sur le boîtier, porte un ressort r terminé par un petit disque de feutre a, qui s’appuie sur le disque de mica. D’autre part, le bloc E est entouré d’un anneau de feutre H, qui repose sur la périphérie de la membrane en charbon M.
Le disque de feutre a et l’anneau de feutre H forment des amortisseurs qui empêchent les crachements.
Ce microphone est construit en Autriche par la Société anonyme de la fabrique de téléphones, à Vienne.
Dans le modèle adopté par l'administration Belge, le transmetteur est ùonté directement sur la boite d'une sonnerie magnéto du modèle Gilliland.

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Les téléphones ADER

Les récepteurs Ader en France, d'abord construits par la Société Générale des Téléphones jusqu'en 1993, et ensuite par lla Société industrielle des Téléphones.
Indépendemment la Compagnie Intérnationale des Téléphones à Bruxelles mais dont les résaux sont en Italie et à Malte, elle a adopté les appareils Ader concurrement avec ceux de Crossley. En Belgique les premiers appareils Ader ont étés construits par les ateliers Mourlon et Cie à Bruxelles. Par la suite une convention fut passée avec le concéssionnaire des brevets Roosvelt de Paris pour exploiter ces transmetteurs en Belgique.

Dans le premier modèle figure 1, désigné dans le catalogue de la Société Générale des Téléphones sous Ader le n° 1, l’aimant est en dehors du boîtier et forme la poignée ou l’anneau de suspension de l’instrument. La figure 2 montre une coupe du récepteur Ader n° 1. L’aimant A affecte la forme d’un anneau ouvert. Sur les pôles de cet aimant sont vissées des équerres en fer doux formant les noyaux des bobines b , b. Sur les bords du boîtier B, en laiton nickelé, vissé sur les pôles de l'aimant A, repose la plaque vibrante D, en tôle étamée. Des rondelles de réglage en laiton sont interposées entre le boîtier, la membrane et le couvercle C qui se visse sur le boîtier. Ce couvercle porte, en X, un anneau excitateur en fer et, en E, une embouchure en ébonite ou en ivorine.
Les bobines montées sur carcasse métallique ont une résistance totale d’environ 150 ohms; lediamètre de la plaque vibrante est de 50 mm, son épaisseur de 0,32 mm. Les extrémités des fils des bobines, qui sont montées en série, aboutissent à des bornes extérieures isolées du boîtier par des rondelles en os ou mieux en ébonite. Le modèle Ader n° 2 est verni en noir au lieu d’être nickelé.

Dans le second type, connu sous le nom de récepteur Ader n° 3, l’aimant est à l’intérieur du boîtier.
A poignée Le même sur manche
Dans le modèle n° 3 aussi SGT puis SIT, qu’il soit à poignée (fig. 3) ou à manche, qu’il appartienne à un appareil combiné ou à un serre-tête, l’organe électromagnétique est constitué par deux anneaux en acier aimanté AA (fig-4) dont deux équerres forment les pôles, en meme temps qu elles constituent les noyaux de deux bobines, montées en série, dont la résistance est de 150 ohms. La plaque vibrante D a 54 mm de diamètre sur une épaisseur de 0,21 mm.
Ader N°12bAder N°11b Le serre-tête

Le transmetteur ADER

— Le microphone Ader se compose d’une mince planchette en sapin, de forme rectangulaire, ayant 16 cm de longueur sur 11 de largeur.
A cette planchette sont fixés, par des boulons, trois prismes de charbon a, b , c (fig. 33), parallèles et espacés d’environ 45 mm.
Dans les trous pratiqués à l’intérieur de ces trois prismes, s’engagent des cylindres de charbon EL, dont la partie médiane a 8 mm de diamètre, tandis que les extrémités n’ont plus qu’un diamètre de 4 mm.
Les trous des prismes sont plus grands que les bouts des cylindres, de sorte que ceux-ci s’y meuvent librement, tout en restant emprisonnés entre les trois prismes.
Les cylindres de charbon sont au nombre de dix, formant deux rangées de cinq. Les deux prismes extrêmes portent chacun une petite languette de cuivre, fixée par un écrou, et à laquelle est soudé le fil de communication.
La planchette de sapin est collée sur une bandelette de caoutchouc, adhérente elle-même à l’ébénisterie du transmetteur.

Dans les divers transmetteurs de réseau auxquels la Société industrielle des Téléphones a appliqué le microphone Ader, elle a fait usage d’un mécanisme uniforme auquel il n’a été apporté quelques changements de détails que dans les cas d’absolue nécessité.

— La clé d’appel (fig.34) est à double fil ; elle se compose de deux ressorts RR,, parallèles, isolés l’un de l’autre et montés sur les plots AB. Un bouton d’appel C rend ces deux ressorts solidaires, tout en les main tenant isolés l’un par rapport à l’autre. Les butées de travail sont représentées par les pièces métalliques DE ; les butées de repos par les équerres FG. Les contacts sont à friction.

— Les transmetteurs Ader muraux à pupitre, connus sous les noms de type n° 1 et type n°2, comportent les organes que nous venons de décrire; ils ne diffèrent entre eux que parle vernissage; le n° 1 est verni au tampon ; le n° 2 est verni au pinceau.
N°4
N°2
Consultez le catalogue SGT de 1891
.

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Le téléphone de Böttcher de Francfort sur le Mein Allemagne a imaginé un téléphone de forme spéciale.

Le transmetteur Böttccher
La différence de ce téléphone de tous ceux décrits jusqu'ici, consiste particulièrement en ceci, que l'aimant m n'est point placé dans la boîte à poste fixe, comme cela a généralement lieu, mais se trouve suspendu à l'aide de vis et de fils minces d'acier.
Cette disposition a pour effet de faire osciller l'aimant avec la membrane c, ce qui augmente l'énergie, mais aussi par contre le son se produit d'une façon moins nette et moins distincte que dans les systèmes Bell, Ader, Fein et autres.


Si dans le téléphone Boettscher on pose l'oreille tout contre le porte-voix, le son est moins dislinct, que si on l'éloigné de 7 à 8 centimètres.
Les plaques polaires sur lesquelles sont posées les bobines d'induction b ne sont point en fer massif, mais formées de trois petites barres de fer cylindriques écartées légèrement es unes des autres, ce qui leur permet de changer plus facilement et plus vite de magnétisme. L'aimant m estattiré vers le haut par les vis a et vers le bas par la vis aï, de sorte que celui-ci est suspendu librement dans la boîte, et les bouts qui portent les plaques polaires se trouvent à peu près à un demi-millimètre au-dessous de la membrane c. Ce téléphone est fait entièrement en métal et il n'y a pas à craindre qu'il joue, comme cela peut arriver avec les boîtes de bois; on ne le règle qu'une fois pour toutes. La boîte est pourvue de pieds, qui servent à la fixer. Pour parler, il faut approcher la bouche du porte-voix le plus possible, par contre l'audition est meilleureà une certaine distance, comme nous l'avons déjà dit.
Ce téléphone est d'un mauvais usage dans les endroits où il y a beaucoup de bruit.

Le récepteur Bottcher.
Le noyau en fer doux N porte la bobine B et est attaché à angle droit sur l'aimant droit; P est la plaque vibrante .
Ce modèle de récepteur présente l'avantage d'être très facile à manier, il est en usage dans beaucoup de réseaux en Allemagne.

Le shéma de principe
Le poste ordinaire fonctionne avec une sonnerie à pile, l'autre modèle avec une sonnerie magnétique, ce poste ne nécessite donc pas de de pile pour fonctionner (comme le Gower), il est peu sujet aux dérangements.

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Le téléphone DEJONGH
Scientifique Belge employé des télégraphes belges , Dejongh a imaginé un transmetteurs à contacts multiples.
Le microphone est constitué de deux fois 4 crayons de charbon montés en parallèle.
Il existe deux modèles : mural et portatif.




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En 1880 L'ingénieur belge Léon de Locht-Labye est l'inventeur du pantéléphone, appareil plus évolué que celui de Bell et entra directement en concurrence avec le téléphone de Bell.

C'est un transmetteur microphonique très sensible aux vibrations sonores, dont le point de départ peut être situé à plusieurs centaines de mètres ; il transmet à plusieurs lieues, par l'intermédiaire de téléphones récepteurs, la parole prononcée à vingt mètres et plus de l'appareil ; on peut d'ailleurs parler d'aussi près que l'on veut ; la parole transmise gagne en force et surtout en netteté.


Le microphone
utilise un diaphragme reposant sur 3 points, et suspendu verticalement .
Avec une feuille de liège, de mica ou de métal, d'environ 15 cm de côté, ainsi que à l'arrière, un bras ajustable
suspendu, avec une perle en platine ou en argent collée pour établir le contact avec une perle ou une bande de carbone correspondante rivetée sur le diaphragme.
Une bobine d'induction complète le circuit et arrête l'effet "make and break" lorsque le diaphragme est déplacé de manière trop violente par des personnes criant dedans.
Un récepteur non d'origine comme sur la gravure, de type Ader un peu spécial compléte le téléphone.

Brevet 264 028 du 5 sept 1882

Modèle Journaux
C'est le premier téléphone qui a être installé entre le fonds d'un puits de mine et la surface.
Pantéléphone, d'ou vient ce nom ?
C'est M. Mercadier durant ses travaux sur la télégraphie multiplex, s'est proposé vers 1887, de construire de qui s'appelle le monotéléphone, reproduisant un son unique, par opposition au téléphone ordinaire, qui reproduisait indistinctement tous les sons et qui s'appelle pantéléphone.
On sait que le téléphone ordinaire se compose essentiellement d'un diaphragme en forme de disque mince en fer ou en acier, encastré sur les bords, à peu de distance du pôle d'un électro aimant.
Pour construire le monotéléphone, M.Mercadier tout en maintenant le diaphragme très prés du pôle de l'électro aimant, lui a rendu la liberté de vibrer transversalement, en fixant seulement par trois points choisis sur la ligne nodale de son premier harmonique. ...

On retrouve aussi des traces dans les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences de 1887
Sur la théorie du téléphone monotéléphone ou résonateur électromagnétique.
Note de M. E. Mercadier, présentée par M. Cornu.


« Dans une étude précédente sur la théorie du téléphone, je crois avoir démontré que le diaphragme magnétique de cet appareil est animé de deux espèces de mouvements différents qui se superposent. Les uns sont des mouvements de résonance, moléculaires, indépendants de la forme extérieure ce sont précisément ceux qui permettent au diaphragme de transmettre et de reproduire tous les sons, propriété caractéristique qu'il aurait fallu préciser nettement dans le nom même du téléphone en l'appelant pantéléphone
Les autres sont des mouvements d'ensemble, transversaux, correspondant au son fondamental et aux harmoniques du diaphragme, et qui dépendent de son élasticité, de sa forme et de sa structure ceux-là sont nuisibles au point de vue de la transmission nette de la musique et de la parole, car ils altèrent le timbre, leurs harmoniques ne coïncidant que par le plus grand des hasards avec ceux de la voix ou des instruments usuels.
» Pour mettre hors de doute l'existence et la superposition de ces deux genres de mouvements, j'ai cherché à faire prédominer les uns ou les autres à volonté dans le même diaphragme. On y parvient à l'aide de la disposition suivante que j'avais réalisée dès 1881, et que j'ai seulement simplifiée depuis.
» I. On place le diaphragme d'un téléphone quelconque dans les conditions les plus favorables pour qu'il puisse vibrer transversalement sans obstacle, et de façon à laisser se produire facilement la division en lignes nodales correspondant à un son donné bien déterminé. Pour cela, au lieu d'encastrer le diaphragme sur ses bords, comme on le fait ordinairement, on le pose simplement aussi près que possible du pôle de l'électro-aimant sur un nombre de points suffisants d'une ligne nodale.
» Si c'est un diaphragme rectangulaire, on le pose sur deux appuis rectilignes coïncidant avec les deux lignes nodales du son fondamental. » Si c'est un diaphragme circulaire, on perce trois ouvertures de 2mm à 3mm (le diamètre sur les sommets d'un triangle équilatéral inscrit dans la circonférence qui constitue la ligne nodale du premier harmonique, et l'on pose le disque sur trois pointes en liège disposées de la même manière sur un plateau fixe et pénétrant dans les ouvertures.
» Cela étant, faisons passer dans la bobine de l'appareil une série de courants d'intensité très faible, de période graduellement décroissante, par exemple, provenant de l'émission de sons musicaux devant un transmetteur quelconque téléphonique ou radiophonique. Alors le récepteur téléphonique, modifié comme il est dit ci-dessus, ne vibre, d'une manière appréciable, que sous l'action des courants dont la période est égale à celle du son correspondant à la nodale sur laquelle repose le diaphragme, son que j'appellerai particulier ou spécial il ne reproduit plus une série continue de sons de hauteur graduellement croissante, indifféremment et avec la même intensité, comme le téléphone ordinaire; il n'en reproduit énergiquement qu'un seul; il n'est plus pantéléphonique, il est monotéléphonique on peut donc l'appeler monotéléphone.
» Ce résultat n'est pas absolu. En réalité, le diaphragme fait entendre quelques sous-harmoniques du son spécial correspondant à la ligne nodale fixée mais leur intensité est relativement très faible. De plus, le diaphragme reproduit des sons de période un peu inférieure ou supérieure à celle du son spécial, mais l'intervalle extrême entre ces sons est assez petit et n'excède généralement pas un ou deux commas.
» Ces réserves sont de la même nature que celles qu'on doit faire au sujet des résonateurs en Acoustique. Du reste, le rôle d'analyseur que le monotéléphone joue par rapport à ce qu'on peut appeler les ondes électromagnétiques est analogue à celui que joue un résonateur par rapport aux ondes sonores si on leur communique en effet une série d'ondes successives ou simultanées de périodes différentes, chacun d'eux choisit en quelque sorte celle du son spécial qui correspond à sa forme géométrique et aux conditions dans lesquelles il est placé, et la renforce énergi- quement.
» Le monotéléphone peut donc s'appeler aussi bien résonateur électromagnétique.
» II. Dans le dispositif qu'on vient de décrire, les mouvements transversaux prédominent, et il est aisé de voir l'effet qu'ils peuvent avoir dans un téléphone ordinaire car si l'on essaye de faire reproduire par un monotéléphone la parole articulée émise dans un transmetteur, ou bien on n'entend à peu près rien si le son spécial de l'appareil est hors de l'échelle où se meut la voix humaine (de l'ut2 à l'ut4), ou bien, dans le cas contraire, on n'entend que des sons d'un timbre modifié et des articulations émoussées, le tout noyé en quelque sorte dans la sonorité du son spécial, toutes les fois qu'il se fait entendre.
» Mais il est très facile de produire l'effet inverse, de faire prédominer les mouvements moléculaires de résonance sur les transversaux, de rendre au monotéléphone le rôle pantéléphonique, de lui faire reproduire tous les sons avec la même intensité et la parole articulée avec netteté.
» Il suffit, pour cela, de mettre obstacle aux vibrations transversales d'ensemble, en fixant légèrement les bords ou plusieurs points du diaphragme, par exemple en y appuyant convenablement les doigts.
» Le moyen le plus simple de faire l'expérience est le suivant. On reçoit dans le monotéléphone des sons différents successifs ou simultanés parmi lesquels se trouve le son spécial, ou des paroles articulées à peu près à la hauteur de ce son. On approche l'oreille du diaphragme tant qu'elle en est à une certaine distance ou qu'elle l'effleure tout au plus, on entend seulement le son spécial mais, si l'on appuie de plus en plus l'oreille sur le diaphragme, le son spécial s'affaiblit peu à peu, et l'on finit par entendre tous les sons avec une égale intensité, ainsi que la parole articulée sans altération sensible du timbre. Par cette seule opération très simple on a rendu aux mouvements de résonance la prédominance sur les transversaux et à l'appareil la propriété pantéléphonique que possède le téléphone ordinaire à diaphragme encastré.
» Dans une Communication ultérieure, je reviendrai sur la construction du résonateur électromagnétique et sur ses applications. »

Les avantages sur ces concurrents étaient la qualité de la transmission sonore et l'utilisation d'un seul fil entre les deux appareils, qui peut donc utiliser un fil de télégraphie avec ou sans le télégraphe simultanément comme nous allons le voir ci après.
Il fut utilisé dans quelques villes européennes et surtout à grande échelle en Argentine à partir de 1880 ou le colonel Navez est arrivé pour concurencer la compagnie Gower (brevet Gower-Bell) qui exploite déjà 500 abonnés sur un réseau aou figurent 42 lignes gouvernementales et particulières.

On voit que cet ingénieux appareil réunit toutes les conditions nécessaires pour être employé avec succès, non seulement pour les installations téléphoniques de lignes privées, mais aussi pour les communications entre abonnés d'un réseau important comme ceux établis dans nos grandes villes.
C'est d'ailleurs l'appareil choisi par la " Société nationale du Pantéléphone système de Locht. " Cette société, établie à Buenos-Ayres, Argentine,

Installation d'un appareil en Argentine

Clément Cabanettes Un aventurier français de Ambec. En 1879, il apprend que la république argentine cherche à recruter des officiers français pour moderniser son armée. Il décide alors d'un nouveau changement radical, et part pour l'Argentine en novembre 1879.
Il est alors pris dans des mouvements politico-économiques qui le dépassent totalement.
Au cours de ces événements, il entre en contact avec les représentants d'une société qui souhaite introduire dans le pays le téléphone inventé par Graham Bell.
C'est ainsi que l'on peut lire dans le numéro de "La Prensa" du 16 février 1881 : "Monsieur Cabanettes, directeur de la société du Pantéléphone de Léon de Loch, qui a obtenu une licence d'exploitation pour le "parleur" microphonique système Loch, appelé " Pantéléphone" a eu l'autorisation du président de la municipalité, Monsieur Torcuato de Alvear, d'établir une ligne d'essai depuis le "Coliseum" jusqu'au bâtiment de la municipalité. La ligne s'étendra sur une longueur de 12 cuadras (1 cuadra = 250 m) et aura, en outre, une résistance de fil en bobine de 10 à 15 kilomètres". Le fait que le général Roca, chef de l'État, décide aussitôt de faire poser des lignes entre son domicile personnel et la Casa Rosada, siège de la présidence, ne suffit ni à assurer à Clément Cabanettes sa pérennité à la tête de la société (il se retire l'année suivante) ni à le convaincre de continuer à travailler dans ce domaine...

De nombreuses installations de cet appareil ont été faites en France et eu Angleterre, surtout après les succès qu'il a remportés à l'Exposition d'électricité de Paris et du Palais de Cristal à Londres.

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1882 Le téléphone HAMMER-TELEPHONE de Léon de Locht-Labye

Breveté
en Angleterre octobre 1882, et en Autriche le 9 juin

Mon invention concerne un téléphone dans lequel la transmission et la reproduction des sons et de la parole articulée sont effectuées en produisant des chocs à partir ou vers un obstacle rigide, et par conséquent des mouvements instantanés d'une armature en face d'un aimant permanent ou électro au lieu de par les inflexions de un disque mince ou un tympan, tel qu'utilisé dans les téléphones de ce que l'on appelle le type Bell. L'appareil est applicable à la fois comme émetteur et comme récepteur.
A est un aimant en fer à cheval pourvu à ses pôles N S de prolongements ou extensions en fer doux, sur lesquels sont placées des bobines B B de fil de cuivre isolé. Cet aimant est fixé de manière inamovible à un châssis, C, qui sert de support à l'ensemble de l'appareil. Devant et à proximité immédiate des pôles N S de l'aimant se trouve une armature, C, constituée d'une épaisse barre rigide en fer doux ou en acier magnétisé. Cette barre fait partie d'un levier rigide, L, se déplaçant librement sur un axe fixe, a a, porté sur un support, p p, en cuivre, laiton ou autre matériau approprié. On voit ainsi que le levier d'induit est libre, et par conséquent n'a en lui-même en rien la nature d'un disque souple. Il n'est fixé au support que par son axe et n'est relié à aucune membrane ou autre organe. Il se termine par un petit chapeau ou marteau, M, en liège, caoutchouc, bois, métal ou autre matériau approprié, fixé à l'extrémité d'une vis de réglage, fu. Ce marteau dans sa position normale repose sur l'obstacle rigide ou le corps rigide précédemment mentionné, consistant en une pièce inexible épaisse et rigide, P, de bois, de verre, d'ébonite ou d'un autre matériau approprié de toute forme, mais qui, pour l'amour de symétrie, est supposée cylindrique dans l'appareil représenté sur les dessins, l'embouchure ou l'écouteur T du téléphone étant monté sur ladite pièce P.La position du levier d'induit est déterminée par l'attraction magnétique des pôles de l'aimant, dont l'effet est contrebalancé par la réaction de l'obstacle rigide supportant le marteau à l'extrémité du levier. A l'aide de la vis c, qui porte ce marteau, la distance entre les pôles de l'aimant et l'armature peut être réglée avec facilité, de manière à obtenir le maximum d'effet téléphonique.
L'embouchure ou l'écouteur et l'obstacle rigide P sont reliés au cadre C 'C au moyen de trois piliers, D D.
Dans l'exemple illustré sur les dessins, la boîte ou l'étui de fermeture habituel est omis, il n'est pas nécessaire d'en utiliser un pour la réalisation de mon invention, car le corps rigide peut être mis directement en contact avec la bouche ou l'oreille par une bouche appropriée. pièce ou écouteur.
En supprimant ainsi la caisse de résonance, les réverbérations et échos indésirables, qui sont communs à de nombreux téléphones, sont évités.
Si on le souhaite, l'une des deux extrémités de l'armature peut être en contact avec le pôle magnétique qui lui est opposé, l'autre extrémité étant séparée de l'autre pôle.

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En 1881, à l'occasion de l'exposition électrique à Paris, Tivadar Puskas avait mis en service un certain type de Théatrophone, qui permettait aux visiteurs de l'exposition d'écouter, dans les cabines téléphoniques de l'exposition, les représentations de l'opéra.

Lors de l'exposition de Paris en 1881 en plus du système automatique américain Connolly, deux inventeurs Leduc (français) et Bartelous (belge), ont également présenté des machines de commutation automatique, qui n'ont également jamais été utilisées à cette date, mais le système Bartelous a été mis en service à Bruxelles en 1886 avec 19 abonnés. (lire la suite sur cette page ).
Le standard automatique de M.Bartelous a été adopté par la Compagnie Téléphonique Belge.
A Bruxelles, la longueur des lignes de liaison avec la gare centrale est de 7 kilomètres, avec une résistance de 350 ohms.
19 abonnés sont regroupés, la résistance supplémentaire s'élevant à 2 000 ohms.
Avec des distances plus courtes et moins de résistance, jusqu'à vingt-cinq personnes pourraient être regroupées.
En 1886 en Belgique il y avait 5 bureaux auxiliaires du réseau de Bruxelles sont desservis par des commutateurs automatiques du système Bartelous

Une installation de Théatrophone fut construite par Puskas en 1882 à Anvers, nommée « orchestrion téléphonique », par laquelle les hôtes d'un restaurant du quai Van Dick pouvaient écouter par téléphone les concerts du Grand café de la paix.


En France
Dès 1882 la Société Générale des Téléphones, la souveraine, sinquiéte des trops nombreux constructeurs qui commençaient à proposer des téléphones pour les installations domestiques et à lui faire de l'ombre.
1883 la SGT décide de leur faire un procès pour contrefaçon pour essayer d'enrayer cette concurence.
La SGT est représenté par Armengaud Jeune, ingénieur conseil et administrateur de la société, et J.E.Engrand avoué de 1ere instance auprès du tribunal de la Seine. Suivirent des saisies descriptives chez certains constructeurs et fait assigner devant le tribunal de la Seine des sociétés dont : La Société anonyme Maison Bréguet; Maiche, Lenczewski, Journaux, De Locht-Labye , Beillahache, M portevin fils... Mildé fils, la Société du gaz de nice , Bert et D'Arsonval, D'Argy ...
A.Jeune expert en brevet tend à prouver que les appareils dérivent des brevet français d'Edison pour l'emploi du micro à charbon et de la bobine d'induction.

1885 l'affaire de contrefaçon de 1882 intentée par la SGT refait surface.
Les avocats de la SGT produisent un document pour instruire le futur procès ( à lire dans la lumière électrique du 21 mars 1885), pour Louis Maiche la conclusion est sans appel "Ce parleur de M.Maiche reproduit tous les caractères distinctifs du système Edison"; L.Maiche ne peut pas luter contre la mauvaise foi de la puissante et souveraine SGT. Et c'est pareil pour les autres sociétés poursuivies : La Société anonyme Maison Bréguet; Lenczewski, ... Bert et D'Arsonval, d'Argy, Mildé ....
Cela entraina la faillite de Locht Labye ainsi que d'autres constructeurs.

La loi du 11 juin 1883 prise à l'initiative du Cabinet du libéral liégeois Walthère Frère-Orban (1812-1896) règle le régime du téléphone.
Elle inscrit la Belgique dans une logique de monopole d'exploitation au profit de l'État avec des concessions à des entreprises privées, pour une durée de vingt-cinq ans. L'opposition catholique s'insurge. Elle fait valoir que la règle doit être que toutes les industries susceptibles d'être exercées par les particuliers restent en dehors des atteintes du Gouvernement. Celui-ci ne doit intervenir que lorsque l'initiative privée est impuissante à desservir convenablement les intérêts de la généralité des citoyens. Or, l'existence même des téléphones en dehors de l'action gouvernementale prouve à elle seule que son intervention est inutile

En Belgique, le service téléphonique est exploité simultanément par l'Etat et par les Sociétés privées ; mais, dans une intéressante étude sur cette matière, M. l'ingénieur Banneux, Directeur du service télégraphique, dont la compétence est généralement reconnue, se prononce catégoriquement en faveur de l'exploitation par l'Etat. D'autre
part, personne ne conteste que le Gouvernement ne doive réunir, à un moment donné, le service téléphonique sous sa seule direction, ainsi qu'il l'a déjà fait pour le télégraphe; comme ce n'est qu'une question de temps, on trouve généralement qu'il conviendrait de le faire dès maintenant.

Le gouvernement quant à lui estime que le téléphone touche à l'intérêt général et qu'il ne peut rester l'apanage d'un petit nombre de localités favorisées. Il annonce que l'État ne distribuera pas les bénéfices à des actionnaires, mais qu'il les consacrera à des initiatives moins rémunératrices, à des localités où les résultats seront plus lents à se développer, compensant les pertes subies d'un côté par les gains récoltés de l'autre et proclamant une fois de plus la grande loi de solidarité qui existe entre les citoyens d'un même pays. Comme l'indique l'économiste Joseph Pirard, les notions de service universel et de l'optimalité du service rendu au consommateur sont donc explicitement abordées à l'occasion de ces débats.


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Extrait du journal L’Électricité, 1880 à propos de l’Expositon d’électricité à Paris

De tous les appareils téléphoniques installés aux Champs-Elysées, celui qui obtient le succès le plus complet est sans contredit le Pantéléphone de Locht-Labye, adopté par le gourvernement de la République Argentine.

Tandis que les appareils des Compagnies téléphoniques sont installés avec un luxe inouï de précautions dans des guérites matelassées et calfeutrées de toutes parts, les postes téléphoniques de M. de Locht sont adaptés sans aucune précaution à des cloisons de bois.
Malgré le bruit assourdissant des machines qui avoisinent les postes, les chocs des marteaux, le mouvement et les conversations de la foule qui se succède d’une manière continue devant les installations de M. de Locht, les communications téléphoniques se font avec la plus grande facilité, et les visiteurs se retirent émerveillés du résultat des expériences extraordinaires auxquelles ils assitent.
La personne qui parle peut s’écarter jusqu’à trente mètres de l’appareil, et ses paroles ne cessent d’être comprises et répétées pour le contrôle. Les paroles adressées à voix basse étouffée, et ce jusqu’à cinquante centimètres au moins de l’appareil, sont encore comprises et répétées avec la même fidélité.
Il est bon d’ajouter que le mot de Pantéléphone a été choisi par M. de Locht-Labye parce que son instrument est impressionnable par toutes espèces de sons articulés ou inarticulés, forts ou faibles, provenant de loin ou de près.
En outre ce transmetteur s’applique à toute espèce de récepteur téléphonique.
Figure 1 - Vue extérieure
Nous donnons le dessin d’ensemble et le dessin détaillé du poste pantéléphonique. Ce qu’on appelle un poste, c’est la réunion dans un seul appareil des pièces suivantes : le pantéléphone, le bouton d’appel a b d, la sonnerie trembleuse S, le signal g R I persitant après l’appel, le commutateur interrupteur A agissant par le poids du téléphone, et la bobine d’induction e f V.
Toutes ces pièces sont fixées sur la plaque de fond de la boîte. L’ouverture de la porte ne produit aucun dérangement de l’appareil. Le réglage et l’expérimentation peuvent ainsi être faits sans la moindre difficulté.
Sur la gauche, se trouve disposé le pantéléphone. La petite plaque de liège P P P, suspendue par deux petits ressorts (l’un d’eux est marqué F) en métal souple, porte encastré à sa partie inférieure un petit disque O en charbon parfaitement plan, qui est en contact avec une arête en platine fixée à l’extrémité d’un petit doigt métallique terminé à son extrémité n par une articulation à grenouillère.
Ce mode d’articulation permet d’augmenter ou de diminuer la pression des deux corps et d’assurer le contact du plan de charbon et de l’arête de platine sur toute la longueur de celle-ci.
Des huit bornes serre-fils représentées à la partie inférieure, les deux extrêmes t t de chaque côté reçoivent les bouts des conducteurs téléphoniques .La borne C3 est rattachée au pôle positif de la batterie voltaïque servant aux appels de la sonnerie.La borne C1 est reliée au pôle positif du dernier élément de cette pile ; c’est l’élément pantéléphonique. Le pôle négatif de la pile, rattaché d’ailleurs au fil de retour ou à la terre, correspond à la borne T.La borne L reçoit le fil de ligne. Les postes sont disposés d’une manière identique dans les deux stations correspondantes.
Voici la marche des courants pour les appels et pour la conversation :La pression du doigt sur le bouton d’appel dans la première station rompt le contact du ressort b avec la pièce de contact d et l’établit avec le butoir a.Le courant électrique suit dans la première station le chemin C3 a b L, passe par le fil de ligne à la deuxième station dans l’appareil de laquelle il pénètre par la borne L, arrive au commutateur A par la route L b d A ; le levier commutateur étant en contact avec la borne S, le courant passe dans les bobines de la sonnerie S, d’où par l’armature et le ressort il arrive en V et par la borne T et le fil de retour rejoint le pôle négatif de la pile de la première station.Le circuit étant fermé, la sonnerie trembeuse fonctionne dans le second poste et l’appel s’y produit. Aussitôt s’opère le déclanchement du levier g R qui découvre la cible I. Si le correspondant est absent au moment de l’appel, ce signal persistant lui permet de s’apercevoir à sa rentrée qu’on désire correspondre téléphoniquement avec lui.La réponse se fait comme l’appel ; puis les correspondants décrochent leurs téléphones, les portent aux oreilles et les y maintiennent appliqués pendant la durée de la conversation.Ils peuvent d’ailleurs parler sur le ton naturel sans fatigue et sans être obligés de s’approcher de l’appareil.Dans la plupart des cas, il suffit de tenir un seul téléphone à l’oreille, mais c’est toujours celui de droite qui doit être décroché pour faire fonctionner le levier commutateur.Ce levier est amené contre la borne D en même temps que s’établit le contact du petit ressort m avec son butoir.
Figure 2 - Vue intérieure
Dans chaque poste le courant d’un élément voltaïque part de C1, arrive en n, passe au contact O de pression variable, puis par un fil métallique dissimulé sur la face postérieure du liège au ressort de suspension F, de là au butoir en contact avec le ressort m, pénètre en e dans l’hélice intérieure de la bobine d’induction, et par V et la borne T se referme au pôle négatif de la pile.
Chaque modification de ce courant, par la variation de la résistance au contact microphonique, détermine dans l’hélice extérieure de la bobine d’induction un courant instantané qui se propage dans la ligne et les téléphones des deux postes.
Ce courant téléphonique suit le fil de ligne L b d A D t, traverse le téléphone de droite, passe à celui de gauche dont le second fil t est rattaché en f au fil intérieur de la bobine d’induction dont l’autre bout en V est relié à la borne T.Le courant passe ainsi au poste correspondant dans lequel il parcourt le chemin inverse, et le circuit se ferme par le fil de ligne.
La conversation achevée, on suspend les téléphones et on relève le signal dans chaque station
.Cette description permet à nos lecteurs de comprendre parfaitement le mécanisme de cet appareil, qui réalise l’idéal de la simplicité.
Tout le réglage consiste à faire jouer l’articulation du butoir n, de manière à produire un contact intime entre les deux corps, le plan de charbon et l’arête de platine, et à modifier par l’inclinaison de la plaque la pression plus ou moins grande de la plaque sur le butoir.
Ce réglage n’a rien de difficile, puisqu’il y a plus d’un centimètre d’écart entre les positions extrêmes du butoir, qui permettent d’établir la conversation dans les conditions ordinaires.

Nous avons été des premiers à appeler l’attention du public sur le pantéléphone, nous avons insisté à différentes reprises sur les qualités exceptionnelles de l’appareil de M. L. de Locht-Labye, et sur le succès sans égal qu’il obtient à l’Expositon d’électricité.Nous ne doutons pas que son usage se répande de plus en plus dans la pratique.


Une affaire de bobine, ca sent le gaz : comme tous les dépositaires de brevet de téléphone faisant de l'ombre à la SGT , la belgique n'a pas été épargnée avec L'AFFAIRE de la SOCIÉTÉ du GAZ DE NICE et C. DE LOCHT-LABYE. à propos du Pantéléphone !!!

Extrait de "L'Electricien" de 1883

Les appareils d'Ader étaient, pour ainsi dire, à peuprès inconnus en Belgique, où l'on sait que, seuls, les postes Blake Bell sont en faveur concurremment avec ceux d'Edison . MM . Mourlon, de Bruxelles, viennent de faire une installation des transmetteurs et récepteurs d'Ader tels qu'ils ont été adoptés à Paris par la Société générale des téléphones. Cette installation a été faite dans les vastes locaux occupés à Bruxelles par la Société générale pour favoriser l'industrie nationale : tous les directeurs et chefs des principaux services peuvent communiquer entre eux téléphoniquement.
Un bureau central , installé avec un grand luxe, est placé dans la salle des huissiers et permet à l'un de ceux-ci de donner les différentes communications qui sont demandées.
On appréciera sans peine les services que rend cette application du téléphone : en outre, le poste central étant mis en communication avec le réseau de la ville, chaque directeur peut, de son bureau ,communiquer avec tous les abonnés de l'agglomération bruxelloise.
Une installation également importante d'appareils Ader a élé faite aux carrières de Quenast en Belgique. Ces immenses exploitations,qui occupent une superficie de plusieurs kilomètres, possédaient déjà un réseau télégraphique privé, reliant entre eux les principaux bureaux avec l'administration centrale et le cabinet du directeur des travaux, ce dernier ayant sous ses ordres un personnel de plus de 2000 employés et ouvriers.
Les appareils télégraphiques qui élaient encore du système à cadran de Bréguet, ont, partout, été remplacés par des postes Ader microtéléphoniques. Un système de commutateurs permet au directeur de correspondre, de sa place, avec les principaux sièges d'exploitation.
L'administration des télégraphes de l'Etat belge, qui aura, sous peu, à entreprendre de nombreuses installations téléphoniques, a fait faire plusieurs essais par son personnel technique, de tous les systèmes les plus employés, mais la préférence semble devoir être accordée aux transmetteurs et récepteurs Ader.
Les Ingénieurs des télégraphes de l'Etat belge ont apporté une modification dans la disposition du poste microtéléphonique : au lieu de la sonnerie à piles, qui est employée généralement, ils ont fait construire des sonneries du système américain appelées Magneto bell avec aimants en fer à cheval, véritables petites machines d'induction de Clarke très ingénieusement combinées. Elles se placent dans une boite carrée, en bois de noyer, au -dessus du transmetteur microphonique d'Ader, et le tout est réuni sur une planchette qu'on fixe au mur.
Par la suppression de la sonnerie à pile, il ne faut plus qu'un élément pour le microphone, il en résulte une grande facilité pour l'installation des appareils et une notable réduction des prix d'entretien.
Le système de sonneries magnétiques, abandonné pour ainsi dire en France, est actuellement le seul en usage en Belgique, en Hollande et en Suisse, où il est installé concurremment avec le microphone de Blake .

1883 -- M. Olin , ministre des travaux publics, vient de déposer à la Chambre, un projet de loi sur l'établissement et l'exploitation de lignes téléphoniques en Belgique.

Ce projet vient remplacer celui qui fut présenté aux Chambres législatives le 31 mars 1882 et que le ministre, à cette époque M. Sainctelette, fut obligé de retirer, en présence de l'opposition de la majorité des membres.
Voici les articles de ce nouveau projet de loi :
Article premier. - Le gouvernement est autorisé à entreprendre lui-même ou à concéder, conformément aux clauses du cahier des charges annexé à la présente loi , l'établissement et l'exploitation de réseaux téléphoniques.
Art. 2. — Les lois pénales et les règlements de police relatifs aux télégraphes sont applicables aux lignes téléphoniques établies ou concédées par le gouvernement. La loi du 1er mars 1851 est également étendue aux correspondances téléphoniques.
Art. 3 . Toute personne qui, sans être munie d'une concession régulière , exploite, moyennant péage, une ligne télégraphique ou téléphonique, est punie d'une amende de 100 à 500 francs.

Le cahier des charges type proposé et visé par l'article premier,contient les principales dispositions suivantes :
Art. premier. – La concession est accordée pour une durée de vingt-cinq ans au maximum .
Art. 3. - Lorsque plusieurs concessions sont installées dans la même agglomération, le gouvernement peut exiger que les différentsréseaux soient reliés entre eux de manière à permettre aux abonnésde chaque concession de correspondre avec les abonnés des autresréseaux. Les conditions de raccordement sont fixées de commun accord, et, à défaut d'entente, elles sont réglées par l'administration .
Art. 5. — Les communications établies entre une ligne téléphonique et une ligne télégraphique ou entre plusieurs réseaux téléphoniques d'une même agglomération ne donnent lieu à aucun péagesupplémentaire.
Art. 7 . Le concessionnaire est astreint à ouvrir des bureaux au public, s'il en est requis par l'administration, à raison d'un bureauen plus par 150 abonnés.
Art. 8 . Toute personne ayant un établissement dans le périmètre de la concession a le droit de le faire relier au réseau dans les conditions générales de l'abonnement.
Art. 9 . La taxe annuelle que le concessionnaire est autorisé à percevoir, à titre d'abonnement, est fixée par le gouvernement dans l'acte de concession , mais, en aucun cas elle ne dépasse 250 francs lorsque le raccordement est établi dans un rayon de 3 kilomètres du bureau principal. Cette taxe est susceptible d'une augmentation de 50 francs par kilomètre au delà de ce rayon, tous frais d'installation et d'entretien des fils, appareils, etc. , restant à la charge du concessionnaire .
Art. 11 . Toute conversation par l'intermédiaire d'un bureau ouvert au public donne lieu à une perception de 50 centimes au plus par fraction indivisible de 10 minutes. Cette taxe n'est pas exigible des personnes abonnées au réseau dont dépend le bureau.
Art. 12. — Le gouvernement a le pouvoir d'ordonner la substitution d'un réseau souterrain au réseau aérien ; dans ce cas, le concessionnaire est autorisé à élever le prix de l'abonnement de 50 francs.
Art. 14. — Tout abonné a le droit de mettre à la disposition des tiers les appareils affectés à son usage, mais en s'abstenant de percevoir de ce chef aucune taxe ni péage.
.
Nul doute que cette loi sera votée et qu'elle donnera satisfaction à de nombreux intérêts engagés et à tous les projets de réseaux téléphoniques qui ont été présentés au département des travaux publics.
Jusqu'ici Anvers, Bruxelles, Gand , Charleroi, Liège, Verviers, sont dotés d'un réseau téléphonique, mais d'autres villes non moins importantes au point de vue des affaires et de leur industrie réclament l'établissement de communications téléphoniques. A Louvain , l'ingénieur Van Hulle a déjà entrepris plusieurs installations importantes , et å Hasselt, les premières lignes téléphoniques vont être installées cette semaine, pour réunir entre elles les nombreuses et puissantes distilleries de cette localité . Les propriétaires de ces grands établissements ont pris à cet effet des arrangements avec MM. Mourlon, de Bruxelles, qui doivent leur fournir tout le matériel et les appareils téléphoniques du système Bell , pour assurer un service régulier de communication .
Tous les établissements industriels du bassin du centre de Mons et de Charleroi, vont être reliés entre eux. Un projet a été présenté par MM . Mourlon, Vellut et Willemin , pour la création d'un réseau, le plus important peut-être qu'il y ait eu jusqu'ici en Belgique. En effet, il s'agira de réunir notamment les charbonnages et toutes leurs dépendances créées par feu M. Warocquié, à Mariemont, avec les hauts fourneaux, laminoirs, ateliers de construction , etc. , si nombreux dans ce pays.
Des bureaux centraux seront placés dans les principaux groupes industriels et mis en communication par une ligne avec les stations de l'État les plus rapprochées de manière à pouvoir, suivant un tarif admis, adresser par téléphone les dépêches télégraphiques de chaque abonné.
On voit d'ici les immenses services que pourra rendre cette nouvelle combinaison du téléphone avec le télégraphe.
Cette entreprise qui a réuni de nombreuses adhésions est soumise en ce moment à l'approbation du Ministre des travaux publics, et sitôt après le vote des Chambres, on va mettre immédiatement la main å l’æuvre pour l'établissement de ces réseaux téléphoniques. Les fils seront aériens et placés sur poteaux et chevalets . Les appareils transmetteurs et récepteurs, ainsi que tableaux indicateurs avec commutateurs des bureaux centraux seront du système Ader.
Bien que l'éclairage de la salle des séances de la Chambre des représentants entrepris par la Compagnie générale d'électricité de Bruxelles, au moyen de lampes à incandescence ait parfaitement réussi , il ne semble pas avoir rencontré l'approbation unanime parmi les membres de l'Assemblée législative et parmi les habitués des tribunes.


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- 1880-1881 On doit à un ingénieur des télégraphes belges, M. Van Rysselberghe, d’importantes recherches pour préserver les fils télégraphiques de l’influence perturbatrice des courants induits, résultant du voisinage des fils télégraphiques.

- Le Dr Cornélius Herz avait construit un appareil qui permetait de supprimer les courants d’induction, si préjudiciables aux transmissions téléphoniques faites au moyen des fils des télégraphes, mais l’appareil du Dr Herz n’a jamais entré dans la pratique.

- 1880-1881 On doit à un ingénieur des télégraphes belges, M. Van Rysselberghe, d’importantes recherches pour préserver les fils télégraphiques de l’influence perturbatrice des courants induits, résultant du voisinage des fils télégraphiques.
-
Langdon-Davies de Londres est aussi dans la course, au milieu des années 1880, il s'inspire des travaux de François van Rysselberghe
- D'autres expériences du même domaine, ont commencé en 1881, bien avant les travaux de Langdon-Davies avec Cardew à la Society of Telegraph Engineers

L'idée de superposer un signal téléphonique sur une ligne télégraphique :

Van Rysselberghe Van Rysselberghe était professeur de physique à l'école industrielle de l'école de navigation d'Ostende.
Il était encore dans son adolescence au début de sa carrière et avait acquis une réputation de brillant.
Il a conçu une station météorologique pour la lecture à distance alors qu'il était rattaché à l'Observatoire royal de Belgique et c'est probablement ce qui l'a amené à l'idée de superposer un signal téléphonique sur une ligne télégraphique.
Il a peut-être suivi l'œuvre originale de David Hughes en Grande-Bretagne, publiée en 1879. Hughes a proposé l'utilisation d'une bobine d'arrêt pour réduire les interférences entre les circuits télégraphiques. Van Rysselberghe finira par breveter son système en 1882
Les courants téléphoniques, au lieu d’être lancés et interrompus brusquement par les appareils, sont gradués, au moyen de résistances que l’on intercale successivement dans le circuit, au moment de la fermeture, et que l’on retire de la même façon, au moment de l’ouverture du circuit.
Rien n’est changé dans le mode de transmission ; seul, le manipulateur, convenablement agencé, opère automatiquement les commutations nécessaires.Bien qu’il fournisse une solution pratique suffisante, ce système avait l’inconvénient d’exiger des manipulateurs d’une construction spéciale.
M. Van Rysselberghe a donc cherché à résoudre le même problème en n’employant que des appareils ordinaires. De plus, ayant reconnu que les courants téléphoniques et télégraphiques lancés simultanément sur un même fil, dans le même sens ou en sens inverse, ne se mélangent point, et peuvent être séparés, ce physicien est arrivé à un résultat très remarquable. La puissance d’un réseau télégraphique peut être plus que doublée, sans rien changer à la ligne, puisque, avec l’adjonction pure et simple d’un petit nombre d’appareils accessoires dans chaque poste, et d’une paire de téléphones, on peut à la fois téléphoner ou télégraphier, c’est-à-dire parler et écrire simultanément.
Tout le système est basé sur l’emploi d’une bobine, dont le mode d’enroulement a pour effet d’ajouter la puissance des courants téléphoniques et de neutraliser les courants télégraphiques.

TELEGRAPHE et TELEPHONE SIMULTANEMENT

Le sujet est d'importance à cette époque ou le télégraphe éxistait dans le monde entier avec son infrastructure : fils, poteaux, ingénieurs, peronnel ... et voici qu'un petit nouveau "le téléphone" voudrait bien s'inviter dans la danse. On en parle dans le journal télégraphique de juin 1882

De l'influence du développement de la téléphonie sur le service télégraphique, par M. E. CHARMER, Commis principal des télégraphess belges à Liègc.
Il y a juste 3 ans, nous développions dans ce journal quelques considérations en faveur du travail télégraphique à l'ouïe. Après avoir fait ressortir les nombreux avantages de ce système, nous terminions en le recommandant comme un moyen transitoire ou plutôt comme un acheminement vers l'introduction futur des téléphones dans les services télégraphiques.
Or, il n'est plus guère permis de mettre en doute la réalisation prochaine de cette dernière éventualité, surtout en présence de l'intéressante découverte faite récemment par M. van Eysselberghe.
Eliminer les inconvénients de l'induction dans les téléphones et permettre l'emploi de ces instruments sur les longues lignes concurremment et même simultanément avec les autres appareils, tel est le double problème presque complètement résolu de la manière la plus heureuse par le savant météorologiste de l'observatoire de Bruxelles. Encore un petit effort et ce sera Parfait.
Nous avons parlé dans notre dernier numéro, des experiences faites avec les nouvelles dispositions imaginées par M.van Rysselberghe.
Voilà certes un fait de la plus haute importance au point de vue de l'avancement de la télégraphie. C'est tout un événement qui va provoquer une véritable révolution, non-seulement dans le mode de transmission mais encore dans la marche du travail des bureaux.

Extrême simplification des procédés d'échange, économie considérable dans l'exploitation des réseaux, tels seront, en deux mots, les principaux facteurs de cette nouvelle conquête : de la science électrique, dont l'application ne pourra guère tarder à se faire en grand . Bientôt sans doute nous verrons l'avènement de cette ère pressentie par M. Preece, lorsque réminent électricien prédisait comme le dernier mot de la télégraphie l'adoption finale de systèmes acoustiques très-simples pour les relations en général.
Les résultats de la transformation qui s'annonce seront d'autant plus appréciables qu'ils s'appliqueront à la masse des correspondances, c'est-à-dire à celles qui constituent le trafic interne de chaque pays. En Belgique où les communications, directes se font à des distances médiocres, la substitution du téléphone aux appareils actuels semble pouvoir s'effectuer dans les meilleurs conditions.
Il serait évidemment puéril de prétendre que ce changement pourra s'opérer du jour au lendemain, sans préliminaires et sans quelques tâtonnements. D'abord,, il est clair qu'avant, d'aborder la pratique, il faudra modifier au préalable les installations existantes, s'occuper de l'initiation du personnel au nouveau système réglementer la marche des opérations, etc. De même, il y aura lieu de songer au raccordement, peut-être à la fusion des services téléphoniques urbains avec le service télégraphique, en vue d'assurer les relations directes entre abonnés de ville à ville; enfin, comme conséquence de ce dernier point, il s'agira de fixer des tarifs appropriés à cette nouvelle catégorie de correspondances.
Ce sont autant de questions qu'il importera de résoudre. Nul cloute qu'après une courte expérience, on n'en ait facilement raison. Pour ce qui regarde les installations et la mise en oeuvre des téléphones, il existe d'ailleurs déjà de nombreux types dans les exploitations urbaines qui fourniront des indications très-utiles à cette fin.
Y a-t-il lieu maintenant d'appréhender la transition qui se prépare. Nous n'envisagerons ici la question qu'au point de vue de l'influence que l'innovation en perspective peut avoir sur la situation du personnel spécial de la télégraphie, c'est-à-dire sur celui qui fonctionne dans les bureaux les plus importants où se concentre le gros du mouvement et du travail télégraphique proprement dit.
A notre avis, ce changement doit être considéré à tous les égards comme un événement très-heureux, en ce sens qu'il contribuera à rehausser encore l'importance du rôle de télégraphiste.
En effet, pour peu que l'on compare le rôle dévolu jusqu'ici aux opérateurs, à celui que leur imposera l'échange par téléphone, on reconnaîtra facilement que, loin de s'amoindrir, ce rôle devra s'élaigir très sensiblement, parce qu'il exigera des aptitudes nouvelles et des conditions d'intelligence et de savoir beaucoup plus étendues. Pour nous en convaincre, examinons d'abord les fonctions de l'employé chargé de transmettre verbalement; elles réclament assurément un ensemble de qualités que tout le monde ne possède point. Abstraction faite de la question d'organe, il faut ici du calme, une attention soutenue, une prononciation nette et bien distincte, de l'intelligence pour la lecture exacte de textes variant à l'infini, souvent mal orthographiés, mais plus souvent encore mal écrits. Il faudra surtout à l'opérateur beaucoup de discernement pour distinguer et épeler certains mots ou passages extraordinaires qu'il importera de bien faire saisir.
Et ce n'est pas tout. On conçoit qu'un semblable exercice, prolongé pendant de longues séances, embrassant une foule de sujets et d'idées disparates et tenant tous les sens en éveil, doit être autrement pénible et laborieux qu'une simple lecture courante ou la manoeuvre d'un système mécanique.
Voyons maintenant le même employé à l'oeuvre pour la réception. Il semble superflu de démontrer qu'il est incomparablement plus difficile d'écrire sous la dictée, avec l'intermédiaire du téléphone, que de copier, comme maintenant, des dépêches imprimées sur une bande.
La tache, dans le second cas, ne sera pas moins ardue que dans le premier. Nous ne parlerons pas du sens auditif qui, naturellement, ne doit rien laisser à désirer. Quand à l'attention, elle ne peut être distraite un seul instant. Indépendamment d'une écriture expéditive et lisible, l'employé qui reçoit doit posséder à fond la langue usuelle du pays sous peine d'être arrêté à chaque instant ou du moins de commettre des erreurs, des non-sens et de ces fautes tout élémentaires qui nuiraient à la confiance qu'une administration sérieuse doit inspirer au public.
Limitées aux plus stricts besoins du service télégraphique, les conditions que nous venons de résumer seront indispensables en général. Mais il en est d'autres dont la nécessité, bien que moins absolue, se fera vivement sentir, parce qu'elles concernent une partie notable des correspondances. Nous voulons parler des connaissances linguistiques. Avec le nouveau mode de transmission l'extrême utilité de ces connaissances devient évidente et en quelque sorte palpable, si l'on veut retirer du travail téléphonique tous les avantages qu'il est suscep. tible de produire. Nous pouvons en augurer que les administrations se trouveront pour ainsi dire mises eu demeure de faire une position exceptionnelle à ceux de leurs agents reconnus capables de correspondre en plu. sieurs langues.
La question des langues acquiert, dans les circonstances actuelles, une importance considérable. Rappelons à ce propros, qu'elle a déjà fait l'objet de plusieurs articles antérieurs dont deux, dus à l'initiative de M. Gould, ont mis en lumière toute une série de faits d'un intérêt pratique incontestable.
En résumé, nous voici bien loin, comme on le voit, du rôle de copiste et de simple lecteur que d'après certaines prévisions peu judicieuses, l'introduction des téléphones réserverait aux télégraphistes.
Pour assumer, nous ne dirons pas à la perfection, mais d'une manière convenable, l'emploi de téléphoniste, un personnel de choix sera de rigueur. Pourra-t-on le confier à de très-jeunes gens, à de très-jeunes personnes ? Evidemment non. Nous estimons qu'il faudra des agents formés, entendus, sinon très-instruits du moins doués d'un jugement mûr, renforcé de cette expérience et de ces notions générales qui ne s'acquièrent qu'à un certain âge.
Qu'on ne s'y trompe point, c'est précisément là que se rencontrera la vraie pierre d'achoppement quand il s'agira d'organiser le service téléphonique avec les éléments actuels. Il n'y a pas d'illusions possibles. Le succès du nouveau système sera sans restriction solidaire de la valeur du personnel appelé à le mettre en oeuvre. Nous ne parlerons pas des exigences plus grandes encore que l'avenir pourrait faire naître, par exemple, de l'application de la sténographie dont la place semble marquée à côté du téléphone pour accélérer les réceptions.

Bref, sans faire preuve d'un optimisme exagéré, nous avons le ferme espoir que la transformation qui va s'accomplir aura pour effet de faire une plus large part à l'activité et à l'intelligence des travailleurs an télégraphe

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Comme les autres pionniers, M. Van Rysselberghe s'est appliqué à perfectionner le microphone, en augmentant sa puissance pour porter la parole au dela de 200 km. Il recommande pour produire le courant inducteur une source éléctromotrice à résistance intérieure extrémement faible (inférieure à 2 ohms) et une disposition de huit barres de charbons à contacts multiples, la résistace totale ne dépassera pas 16 ohms. (comme les autres systèmes déjà décrits).

Nous avons vu, la disposition donnée par M. F. van Rysselberghe à son nouveau microphone à contacts multiples , dans lequel les charbons sont tous montés en quantité .Ce nouveau poste se compose d'une boite en noyer contenant un inducteur complet qui , mis en mouvement au moyen d'une petite manivelle placée sur le côté de l'appareil , fait fonctionner les sonneries placées aux deux postes en communication . Ces sonneries sont indépendantes de l'appareil transmetteur , ce qui permet de les placer dans une autre salle que ce dernier , comme cela existe pour les appareils munis de sonneries à piles . Sur le couvercle de la boite en noyer renfermant l'inducteur sont disposés les charbons du microphone montés , comme nous l'avons dil , en quantité . La planchette qui supporte ces charbons , présente une certaine analogie avec celle du microphone Ader . Seulement , au lieu d'être collée , elle se trouve encastrée dans un cadre métallique . Le récepteur est un téléphone Bell , avec gaine en ébonite ; la résistance intérieure de la bobine est d'au moins 100 ohms . Ce récepteur repose sur deux crochets dont l'un est fixe ; l'autre est automatique et fait l'office de commutateur . L'installation de l'appareil est d'une grande simplicité ; comme il ne nécessite pas de réglage , il n'est sujet à aucun dérangement . Sur la planchette du microphone est fixé un cylindre en ébonite, de façon que lorsqu'on fait usage de l'appareil , les ondes sonores sont dirigées perpendiculairement vers le milieu de la planchette du microphone . L'adaptation bien simple de ce tube en ébonite donne d'excellents résultats au point de vue de la transmission de la parole .

De cette manière , tout en écoutant par le récepteur Bell , on peut facilement écrire le message téléphonique transmis . Un presse - papier retient le papier sur le pupitre . Cet appareil est destiné particulièrement aux cabines téléphoniques publiques , aux stations et surtout aux bureaux télégraphiques où toute dépêche transmise ou reçue doit être écrite . La figure ci - contre indique la disposition arrêtée pour le poste microtéléphonique destiné au service des réseaux téléphoniques pour les communications à Jongue distance .
La forme adoptée est soit en mural soit en pupitre de table :

Les six bornes dont est muni l'appareil , sont reliées comme suit : La borne L communique avec la ligne , et la borne T avec la terre ; par les bornes SS les deux fils communiquent à la sonnerie ; PP correspondent aux pôles de la pile . Celle - ci est composée de deux éléments Leclanché à plaques agglomérées ( grand modèle ) renfermés dans une boîte indépendante du poste téléphonique .
Les sonneries sont de type Bell indépendantes de l'appareil pour permettre de placer les sonneries aux endroits appropriés au besoin.


Chacun de ces types de microphones , dont les dispositions nouvelles sont essentiellement pratiques , vient compléter l'ensemble du système anti - inducteur de M. F. van Rysselberghe . Les derniers essais , faits en présence des fonctionnaires de l'État belge , prouvent suffisamment que , partout où l'on appliquera les dispositifs imaginés par M. F. van Rysselberghe pour arriver à la suppression de l'induction , il faudra nécessairement , comme complément du système , faire usage de ces microphones qui transmettent la parole à de grandes distances . Mais peut être les compagnies et les particuliers reculeront - ils devant la dépense que nécessiterait le remplacement des appareils actuellement en service par l'un de ces nouveaux postes microtéléphoniques dont nous venons de parler .
C'est pourquoi M. F. van Rysselberghe a indiqué certaines modifications aux appareils existants ; nous essayerons d'en donner une idée par les deux figures qui suivent . Ces modifications , imaginées par l'inventeur , portent surtout sur les transmetteurs Blake et Ader , employés dans tous les pays d'Europe où des réseaux téléphoniques ont été installés . En France , le microphone Ader , avec sonnerie à piles , est usité , mais en Belgique , par exemple , où l'on a renoncé à ce genre de son neries , on a également appliqué la sonnerie magnétique dite magneto call au transmetteur Ader . Les appareils adoptés presque exclusive ment par l'administration des télégraphes de l'État belge , avec les modifications que M. van Rysselberghe apporte dans la disposition des charbons et des contacts , sont du modèle représenté par la figure 3 .

Une autre modification consiste à placer la sonnerie magnéto avec le récepteur Bell en dessous du transmetteur ( fig . 4 ) .
Sur la planchette du microphone , on peut aussi fixer un cylindre d'ébonite , comme dans l'appareil précedent.
Quant à l'appareil Blake - Bell , employé par l'International Bell telephone C dans tous ses réseaux , la modification qu'y a apportée M. van Rysselberghe est bien simple ; la figure 5 en rend compte . On connait la description de l'appareil Blake Bell . M est une sonneriemagnéto du système américain ( modèle Gilliland ) dite magnéto - call ; T est un téléphone Bell avec son cordon ; P est la boite contenant la pile du microphone ; B est un microphone Blake dont on utilise la bobine pour le transmetteur à charbon V , lequel communique d'une part à cette bobine par le fil a et à la pile placée dans la boite P par le conducteur b . Au lieu de parler comme d'ordinaire devant le microphone B , on se place au - dessus du cylindre en ébonite C posé sur la planchette du microphone van Rysselberghe , pour que , comme nous venons de le dire , la voix arrive bien perpendiculairement sur le milieu de la planchette qui supporte les charbons du microphone . Ce cylindre en ébonite a encore pour avantage d'indiquer , bien mieux que lorsqu'on fait usage des transmetteurs ordinaires d'Ader et de Blake , la distance à laquelle la personne qui parle doit se tenir de la planchelle du microphone .
D'autres modifications plus simples encore apportées au micro phone Blake ont été étudiées par M. van Rysselberghe , afin d'arriver à introduire , à très peu de frais , certains changements indispensables pour l'emploi de ces appareils pour les communications interurbaines . ( Le microphone Blake est jusqu'ici le seul appareil employé en Belgique par les compagnies de téléphones . )
Quant au microphone de M. F. van Rysselberghe , tel qu'il est est avec des appareils ainsi montés qu'on a pu établir les récentes communications télé phoniques à grande distance qui ont eu tant de relentissement et qui ont été échangées entre :
Ostende et Bruxelles .. Anvers et Bruxelles .. Paris et Bruxelles .. Porto et Lisbonne .. Rouen et le Havre . Buenos - Ayres et Rosario ...
Ce sont également ces microphones que l'on a employés pour relier le chalet royal d'Ostende et le palais de Laeken au théâtre de la Mon naie de Bruxelles .
Nous avons déjà dit dans un article précédent que pour établir ces communications , qui permettaient à la reine d'entendre les opéras joués sur la première scène lyrique de Belgique , on empruntait les lignes de la compagnie belge du téléphone Bell ainsi que le réseau télé graphique de l'État , sans cléranger ce dernier de son service , par suite de l'application du système anti - inducteur de M. J. van Rysselberghe , que le gouvernement belge a appliqué d'une façon générale sur toutes ses lignes télégraphiques .

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En Belgique et en Amérique, où M. Van Rysselberghe est allé mettre sa méthode en pratique, l’envoi simultané des dépêches télégraphiques et téléphoniques se fait d’une manière régulière dans le service.
Aussi les appareils de M. Van Rysselberghe pour la téléphonie à grande distance n’ont-ils jusqu’ici trouvé d’applications que sur quelques lignes de la Belgique, mises, à titre d’essai, à la disposition de l’inventeur.

Système M. Van Rysselberghe,
Document télégraphie et téléphonie simultanés de Mourlon 1884 ou en fichier

Pour aler droit au but si vous vouler passer sur la partie explication technique suivante, le système fonctionnait sur un seul fil de télégraphe aérien.
Un inducteur est formé en utilisant une bobine de fil , capable de filtrer la fréquence Morse inférieure de la fréquence vocale beaucoup plus élevée et bloque la fréquence vocale la plus élevée mais a laissé passer la fréquence Morse basse.
De manière similaire mais opposée à l’effet de l’inducteur , un condensateur est installé, qui transmet la fréquence vocale la plus élevée mais bloque la fréquence Morse inférieure. Les deux fréquences séparées ont été détournées des instruments respectifs, soit l'instrument Morse, soit l'instrument téléphonique.
En exemple, un rapport du gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud décrit une économie de 93% en utilisant ce système à condensateur sur un seul fil de télégraphe plutôt que de construire un deuxième fil pour fournir un service téléphonique classique.

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"journal télégraphique" du 25 Aout 1882 : La téléphonie à grande distance.

Bruxelles, 4 juin 1882. J. BANNEUX.
"Le compte rendu de M. Banneux date du mois de Juin dernier. Depuis, les études et les expériences ont
été poursuivies activement et nous croyons savoir que M. Banneux se propose de faire connaître prochainement les résultats beaucoup plus concluants auxquels M. Van Rysselberghe et lui Sont déjà parvenus ou espèrent prochainement arriver. Nous aurons donc, sans doute aussi, à revenir bientôt sur cette intéressante question de la téléphonie à grande distance dont l'intérêt s'augmente ici de sa combinaison avec la transmission télégraphique ordinaire".

Jusqu'à présent le téléphone n'a guère été employé que pour les communications locales entre habitants d'une même ville, mais si telle a été et telle devait être effectivement la première application pratique de cette merveilleuse invention, l'on a bien vite pressenti qu'il ne resterait pas confiné dans ce domaine restreint et qu'un jour viendrait certainement où, franchissant les limites imposées d'abord à son activité, il deviendrait un des modes les plus précieux de communication à longue distance, soit parallèlement, soit concurremment avec la télégraphie. Aussi, de nombreux essais ont-ils été tentés déjà pour lui permettre d'atteindre à ce résultat dans les conditions de précision et de sécurité voulues pour toute exploitation pratique. Parmi les différentes tentatives faites en vue de résoudre le problème, celles qui, dans ces derniers temps, ont le plus frappé l'attention, sont les expériences faites par le savant Directeur de l'Observatoire d'Ostende, M. Van Rysselberghe, entre Bruxelles et Paris et qui, si le succès définitif répond aux espérances qu'ont fait naîtte les premiers essais, réaliserait non seulement ce desideratum des communications régulières à longue distance par le téléphone, mais encore la double transmission télégraphique et téléphonique simultanée par les mêmes fils.
Le Journal télégraphique a déjà, dans son numéro du mois de Mai dernier, dit un mot de ces expériences.
Nous sommes heureux de pouvoir y revenir plus en détail aujourd'hui, en reproduisant une étude faite sur cette question par M. J. Banneux, Inspecteur des télégraphes belges, qui a suivi et assisté M. Van Rysselberghe dans le cours de ses expériences.
-Depuis le jour où le téléphone, poussant ses premiers vagissements, faibles et incertains, fit entendre à Sir William Thomson émerveillé le To be or not to be de Hamlet (c'était à l'exposition de Philadelphie, en 1876), chaque mois, pour ainsi dire, a amené un perfectionnement tendant à renforcer sa voix de pygniée et à la porter à des distances de plus en plus considérables.
S'il n'avait dû compter que sur les éléments dont l'a définitivement composé son glorieux inventeur, le professeur Graham Bell, il n'eût cependant pu prétendre qu'à un rôle fort modeste, car il ne lui eût été possible de faire parvenir la parole qu'à un petit nombre de kilomètres. Excellent comme transformateur des courants engendrés par des vibrations acoustiqxies, il ne convenait guère comme producteur des courants d'émission.
- La découverte du microphone par Edison et Hughes, au commencement de 1878, vint à propos fournir un transmetteur d'une puissance sinon illimitée, du moins infiniment supérieure à celle du téléphone magnéto-électrique: la portée du son s'allongea sans exiger de la part de l'opérateur plus d'efforts vocaux qu'auparavant. Les transmetteurs les plus connus aujourd'hui, les Edison, les Navez, les Blake, les Berliner, les Crossley, les Ader, les Gower-Bell, les Pantéléphones, les Theiler et une foule d'autres ne sont que des variétés de microphones.
- L'usage d'une pile voltaïque, comme source du courant dont les variations, causées par les vibrations du microphone, se transformaient dans le téléphone récepteur, eu parole articulée, musique ou chant, permettait de régler jusqu'à un certain point la force motrice proportionnellement à la distance à franchir, mais exposait aussi à voir brûler les charbons des appareils de transmission et à perdre en route une notable partie du courant initial.
- Un nouveau progrès fut marqué par l'emploi dos bobines d'induction ; là, le courant de la pile, rendu ondulatoire par les mouvements du microphone, a pour unique fonction de créer, sans quitter le poste transmetteur, des courants induits dans le fil fin d'une bobine relié au fil de la ligne. Ces courants induits jouissent de la remarquable propriété de surmonter, plus aisément que les courants directs, les résistances électriques de tout ordre, ou, ce qui revient au même, d'atteindre plus rapidement pour une intensité donnée l'extrémité du conducteur ; ce sont eux qui arrivent dans le téléphone récepteur, dont ils mettent en vibration tous les organes et principalement la plaque métallique pour reproduire, à une échelle réduite, les sons émis devant le microphone du départ.
Qui eut le premier l'idée d'employer la bobine bien connue de Rhumkorff, sans interrupteur, pour obtenir la reproduction de la parole à de grandes distances ? On ignore trop généralement, en Belgique, qu'elle doit être attribuée à M. le colonel Navez, de Bruxelles, l'inventeur du premier appareil électrobalistique réellement pratique et précis. L'application de la bobine d'induction à la téléphonie est exposée dans une note de MM. Navez, père et fils, dans les Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 2° série, n° 2, de 1878. Nous avons eu nous-mêne l'occasion d'expérimenter, chez M. Navez, dans les premiers jours du mois de mars de cette même année, la combinaison d'un transmetteur à disques multiples de charbon,
genre Edison, en circuit avec une pile locale et le fil primaire d'une bobine, et un récepteur de Bell relié au fil secondaire et au fil de ligne. A cette époque, le microphone à charbon d'Edison apprenait à parler : il articulait mal, il bredouillait M. Navez l'avait heureusement modifié tout en cherchant, par de nombreux essais, à en pénétrer la théorie. Les résultats fournis par des instruments sommairement construits étaient fort encourageants ; malheureusement, les circonstances n'ont pas permis à notre compatriote de poursuivre son oeuvre. Ce fut plusieurs mois après seulement que les premiers appareils d'Edison, munis d'une bobine d'induction, firent leur apparition en Europe.

Les éléments principaux de toute installation téléphonique étaient dès-lors trouvés : un microphone transmetteur, une bobine d'induction, une pile, un fil de ligne et, enfin, un téléphone de Bell pour la réception.
Mais on avait auparavant déjà cherché à déterminer la portée des appareils téléphoniques. M. Niaudet, dans une brochure publiée en décembre 1877, raconte que le professeur Bell lui a affirmé avoir fait des expériences sur une ligne de 415 kilomètres, entre Boston et New-York ; on ne dit pas dans quelles conditions ni avec quel résultat. En novembre et décembre de la même année, des essais entre Berlin et Magdebourg (70 kilomètres), par une ligne sur poteaux, n'avaient pas réussi ; au contraire, on avait pu correspondre entre Aberdeen et Inverness (Ecosse), à 174 kilomètres de distance, entre Berlin et Brandebourg (68 kilomètres), entre Plymouth et Exeter (75 kilom.), entre Aberdeen et Banff (83 kilom.).
En Belgique, les expériences faites par les ingénieurs des télégraphes le 13 décembre 1877, sur un circuit de deux fils télégraphiques de la ligne de Bruxelles à Liège (100 kilomètres), au moyen de téléphones de Bell, laissèrent entendre la voix et comprendre quelques phrases usuelles; encore fallait-il que les autres fils télégraphiques de la mémo ligne fussent muets. Un air de cornet à piston, joué à Bruxelles, fut toutefois bien reçu à Liège, mais on sait que le chant et la musique instrumentale se transmettent bien plus aisément on tontes circonstances que la parole articulée.
En Allemagne, dans les conditions les plus favorables, la portée du téléphone Siemens par un seul fil sur poteaux ne dépassait pas 163 kilomètres au commencement de 1878. Cette distance se réduisait à 53 kilomètres lorsque le fil téléphonique avait pour voisins d'autres conducteurs en activité, an nombre de 1 à 5. Sur un fil en partie aérien et en partie souterrain, on allait à 126 kilomètres, mais les autres fils devaient être au repos, et il fallait transmettre en élevant la voix. Un seul fil répétait la parole à 50 kil., malgré le travail de 10 fils télégraphiques voisins, avec cette circonstance spéciale qu'ils étaient suspendus à des poteaux de fer sur une portion de leur trajet. Avaut la mise en service du câble de Berlin à Magdebourg, on correspondait facilement par un des fils souterrains à une distance de 70 kilomètres, la terre était prise comme retour. Par contre, il fallait employer un double fil pour atteindre 38 kilomètres seulement par le câble de Berlin à Halle qui en a 165, durant la période de travail des autres Dis du même câble.
Le 13 novembre 1877, un ingénieur delà Submarine Teleraphe Cie tint pendant deux heures une conversation de St-Margaret 'hay, sur la côte anglaise, près de Douvres, à Santgate, près de Calais, par un fil sous-marin reliant ces deux points et qui a 42 kilomètres de longueur; il put lire les signaux morse passant par les autres fils du câble. Le 7 décembre, les ingénieurs belges ne parvenaient pas à s'entendre à deux kil. de distance, d'un bureau télégraphique à l'autre de Bruxelles, à travers un seul fil souterrain : les perturbations causées par le passage des courants télégraphiques dans les conducteurs du voisinage couvraient absolument la voix téléphoniqne.

Il serait facile de poursuivre à l'infini cette énumération, où les résultats se heurtent, se contredisent, du moins en apparence, car le défaut général des comptes rendus d'expériences de l'espèce est le manque de précision et l'insuffisance du détail des conditions où elles ont été faites. Il nous souvient d'avoir lu la description d'essais téléphoniques exécutés entre deux localités belges ; il s'agissait justement d'entendre à l'oeuvre un microphone d'invention liégeoise, concurremment avec un autre d'origine étrangère. Le premier, j'ai honte de le dire, fit piteuse figure ; le second, au contraire, se comporta vaillamment. Le lendemain, par un phénomène remarquable, la victoire de l'un était transformée en une défaite éclatante par les journaux qui mettaient un succès merveilleux au compte du microphone du crû. Certes, tout le monde était de bonne foi, le microphone seul avait tort. Que croire, par exemple, des résultats superbes obtenus en avril 1878 par un transmetteur à charbon d'Edison, sans bobine d'induction, et un récepteur Bell, au moyen d'un seul fil de la ligne télégraphique de New-York à Philadelphie (133 kilomètres) ? La correspondance fut parfaite, malgré le fonctionnement d'une masse d'autres fils télégraphiques de la même ligne, qui présentait une petite section souterraine, le reste étant aérien. Ainsi dirent les journaux américains de 1 époque. Il est vrai qu'ils, nous viennent de si loin !
La correspondance téléphonique par le câble sous-marin de Middelkerke, près d'Ostende, à Ramsgate, près Douvres (140 kilomètres), fut encore essayée le 20 décembre 1877 par les ingénieurs belges et anglais. Le résultat fut peu satisfaisant. Un journal l'attribua au bruit des vagues qui déferlaient sur le rivage au point d'atterrissement sur la côte de Belgique. La vérité est que ce jour-là la mer était calme et unie comme un miroir. Pour parvenir à saisir quelques mots, les expérimentateurs durent employer deux fils en un circuit métallique et supprimer tout passage des dépêches par les autres conducteurs du câble. Les ingénieurs belges reconnurent que leurs collègues étrangers parlaient l'anglais et devaient hausser fortement le ton
de la voix pour se faire entendre. Ceux-ci curent le plaisir d'ouïr le God save the Queen joué par un cornet à piston de bon|ne volonté ; les autres perçurent à Middelkerke les signaux Morse arrivant de l'intérieur de l'Angleterre jusque dans le voisinage du point d'atterrissement de Ramsgate, et ce fut tout. On ne réussit pas mieux sur le câble de Holyhead, à Dublin, qui a environ 120 kilomètres de long.
Dans une Note lue en avril 1878 par M. W. H. Preece, à la Physical Society, nous trouvons quelques renseignements précis sur les transmissions téléphoniques par câbles, au moyen du seul téléphone Bell. Entre Manchester et Liverpool (48 Ml.) et même entre Dublin et Holyhead, sur ce même câble déjà signalé par lés journaux comme ayant fourni des résultats négatifs, on peut converser avec facilité, malgré le travail télégraphique des six autres conducteurs de chaque ligne. On constatait sans doute de l'induction, mais à un degré qui ne gênait pas la correspondance verbale. Les mêmes effets furent fournis par le câble de Ghiernesey à Darmouth, qui a 96 kilom. de long. Sur un câble atlantique artificiel de Clark et Muirhead, M. Preece n'eut aucune difficulté de se faire entendre à l'extrémité d'un circuit équivalent à 160 kilomètres, quoique sa voix fût emmitouflée; de cette distance jusqu'à 241 kilomètres, cet étouffement commença à contrarier la conversation et augmenta jusqu'à 320 kilomètres de longueur, ce qui représente l'écart entre Bruxelles et Paris.
Dans les premiers jours de septembre 1878, un représentant d'Edison vint en Belgique pour tenter de communiquer de Bruxelles (Nord) à Douvres. L'entreprise était hardie. Le circuit comprenait une section aérienne d'environ 150 kilomètres et un câble sous-marin à 4 conducteurs reliant la Panne, près de Furnes, à la côte anglaise (87 kilomètres). On fit usage d'appareils d'Edison avec bobines d'induction ; la pile du microphone se composait de deux éléments Fuller au bichromate de potasse. Avec un seul fil de ligne, c'est à peine si Douvres entendit les appels de Bruxelles, cependant lancés d'une voix formidable ; en employant 2 fils avec terres, le résultat fut encore moins heureux. Un circuit entièrement métallique formé par deux fils améliora l'effet : le correspondant anglais perçut quelques mots ; en revanche, Bruxelles n'entendit rien du tout. C'était entre dix heures et une heure après-midi. De 3 à 6 heures, toujours en pleine activité télégraphique, Douvres comprit quelques courtes phrases et constata l'absence complète de tout bruit d'induction de son côté ; le téléphone de Bruxelles persista dans son mutisme vocal, mais continua de dénoncer énergiquement le passage des courants télégraphiques sur les fils voisins.
La montagne ne venant pas, on alla à la montagne. Le lendemain, de 10 h. 30 à midi, on refit les essais entre Ostonde et Douvres avec deux fils sans terres ; la section aérienne se trouvait ici réduite à une ligne de 10 à 4 fils sur environ 36 kilomètres. Cette fois, Douvres déclara comprendre distinctement, même avec un seul téléphone, mais Ostende ne reçut que de temps et autre la vague notion de paroles prononcées de l'autre côté de la Manche. C'était, bien peu! Quelques jours auparavant, les appareils d'Edison avaient de nouveau permis une correspondance facile entre Douvres et Calais 42 (kilom.).
En Belgique, sur les artères principales du réseau aérien, où le nombre des fils est en moyenne de 10 et s'élève sur certaines sections, à 20 et même à 66, on n'avait jamais pu, jusque dans ces derniers temps, obtenir une communication téléphonique passable entre Bruxelles et la province, sans être obligé d'employer, pendant les heures du travail télégraphique, deux des fils conducteurs ordinaires. Les fils voisins, surtout ceux desservis par l'appareil imprimeur de Hughes, à émissions rapides, produisent dans le circuit téléphonique des courants nuisibles intenses qui se transforment dans les téléphones en éclats d'une sonorité parfois douloureuse, lorsque la terre est prise comme retour. Cet effet est amoindri par la suppression de celle-ci, mais reste toujours assez énergique pour rendre aléatoire toute tentative de relations suivies entre les localités reliées. Ainsi, même sur la courte distance de Bruxelles à Malines (24 kilom.), on ne pouvait garantir un service téléphonique régulier par deux fils tels qu'ils sont posés sur les poteaux, et par un seul fil, il eût été extrêmement difficile de se faire eutendre de Bruxelles (Nord) à Schaerbeek : le bureau télégraphique et la station du Nord sont, à ce point de vue, de véritables forges de Vulcain dont le téléphone se fait l'écho jusqu'aux limites du pays.
En août 1881, on essaya sans grand succès la communication entre Buffalo et Paterson, aux Etats-Unis, sur une distance de 563 kilomètres, au moyeu d'un fil de la ligne télégraphique de la Western Union. Quelques phrases seulement furent intelligibles, et certainement c'est déjà là un résultat remarquable. Pour assurer les communications journalières entre les réseaux téléphoniques de New-Port et de Cardiff, le Post-Office anglais a dû établir à la fin de 1881, d'une façon toute spéciale, un double fil sur les poteaux de la ligne télégraphique, bien que ces villes ne soient éloignées que de 17 kilomètres, soit une distance moindre que celle de Liège à Pepinstér.
On emploie le Gower-Bell. La même installation est faite entre Manchester et Liverpool (48 kilomètres). Nous ajouterons en passant que la correspondance téléphonique entre ces deux groupes de localiés est devenue rapidement si active, qu'ils sont reliés aujourd'hui chacun par deux fils doubles.
Lorsque les fils du téléphone n'accompagnent sur les mêmes poteaux qu'un très-petit nombre de fils télégraphiques, ou mieux encore lorsqu'on dispose de lignes distinctes spécialement affectées à la correspondance verbale, la portée de la voix augmente pratiquement d'une façon merveilleuse. Il suffit alors d'un conducteur unique. On cite dans la Nouvelle Zélande un fil téléphonique de 161 kilomètres, où la conversation s'effectue depuis quatre mois avec facilité, et un autre, plus long encore, de Melbourne à Albany, en Australie, sur une distance do 320 kilomètres. Les communications nombreuses échangées dernièrement entre la gare de l'Est, à Paris, et celle de Nancy, sur 353 kilomètres, au moyen des appareils d'Ader et par un seul fil, sont une autre confirmation de même fait ; elles avaient lieu entre minuit et une heure du matin, en l'absence de tout cause perturbatrice.
Les expériences du docteur Cornélius Hérz, en 1880 et 1881, au moyen de systèmes téléphoniques nouveaux, avaient fait concevoir les plus belles espérances sur le succès dos comrnunications à toute distance par un fil unique des lignes télégraphiques. L'objectif était d'amplifier les variations d'intensités des courants téléphoniques afin d'augmenter l'énergie de la voix reçue, sans obliger le correspondant à forcer le ton et en outre, d'éliminer, dans le circuit téléphonique, les courants nuisibles provenant de l'induction statique, de l'induction dynamique et des dérivations des autres fils du voisinage. On abandonna d'abord la bobiné d'induction ; on établit, en dérivation sur une pile assez forte, uu microphone à contacts multiples et résistants, et on interposa dans le fil un condensateur destiné à présenter une solution de continuité aux courants gênants, tout en laissant agir les courants utiles. Le condensateur, on le sait, est composé de séries alternatives de feuilles de papier paraffiné et de feuilles d'étain ; on le connaît surtout par sa propriété de reproduire le chant, mais le docteur Hera était parvenu, au commencement de 1880, a le faire parler comme un vulgaire téléphone, et même il l'employait comme récepteur eu lieu et place de celui-ci. En septembre 1880, on put converser sur le câble sous-marin de Brest à Penzance, d'une étendue do 300 kilomètres. Quelques mois après, on réussit à entendre quelques phrases détachées au bout d'un fil aérien des lignes françaises, à la distance fabuleuse de 1,100 kilomètres (environ trois fois et demie la distance d'Ostendc à Arlon), mais dans le silence de la nuit ; enfin, entre Orléans et Bordeaux, par un fil de 457 kilomètres, une conversation fut possible, les demandes et les réponses s'échangaient régulièrement aux heures d'activité des autres fils télégraphiques. Plus tard, le docteur Herz revint aux bobines d'induction et résolut le problème d'augmenter la durée des courants induite utiles pour en accroître les effets. Mais, d'après des renseignements que nous avons lieu de croire exacts, les conclusions de toutes ces expériences n'ont pas encore répondu pratiquement aux prémisses annoncées, et il est à craindre que ces laborieux et persévérants efforts n'aient abouti à annihiler les courants nuisibles qu'à la manière de cet original qui, écoutant de la musique, se bouchait les oreilles pour ne pas être trouble par la conversation de ses voisins.

L'historique qui précède présente sans doute bien des lacunes ; nous espérons cependant qu'il dissipera beaucoup d'erreurs propagées dans un but intéressé ou par un enthousiasme prématuré sur la praticabilité de la téléphonie à longue distance par les fils du télégraphe ; en tous cas, il fournira des termes de comparaison avec les résultats des expériences de M. Van Rysselberghe, dont nous allons maintenant nous occuper.

On a cherché jusqu'ici à remédier à l'induction, et en général aux influences perturbatrices, de quatre manières différentes :
1° En soustrayant le circuit téléphonique aux influences hrductives et autres ;
2° En augmentant l'énergie de la voix téléphonique jusqu'à lui faire dominer les bruits nuisibles ;
3° Eu diminuant la sensibilité du téléphone récepteur au point de le rendre indifférent aux courants étrangers, tout en le laissant impressionné par les courants utiles ;
4° En contré-balançant lés effets de l'induction.
Le premier remède trouve sa formulé dans rétablissement de lignes affectées uniquement aux usages téléphoniques et suffisammentéloignées, par leurs extrémités et dans tout leur parcours, des bureaux et des lignes télégraphiques. Ce remède réussit à peu près complètement lorsque les fils sont posés sur poteaux, et plus efficacement encore lorsque les poteaux sont métalliques ; mais il laisse beaucoup à désirer sur des lignes de câbles du type télégraphique, c'est-à-dire ayant des conducteurs isolés parallèles les uns aux autres, dont l'ensemble est protégé par une armature de fils de fer ou enveloppé d'une garniture formée d'un textile quelconque et placé dans des tuyaux. En effet, dans les câbles ainsi construits, les courants téléphoniques circulant dans un fil induisent des courants dans les fils du voisinage, comme le font les fils télégraphiques ; si la force de ces courants est moindre, en revanche on peut généralement saisir par un des fils téléphoniques les conversations échangées sur les autres. On a alors cherché à interposer un véritable écran magnétique entre chaque conducteur et ses voisins en l'insérant isolément, et sur tout son parcours, dans un tube métallique relié à la terre ; le câble à conducteurs multiples se compose ainsi d'une série de petits câbles protégés par une garniture commune. Les inconvénients du système sont d'augmenter dans une forte proportion le prix de la conduite et d'occuper beaucoup de place pour un petit nombre de conducteurs; encore la suppression de l'induction n'est-elle pas radicale.
Le deuxième remède indiqué, combiné généralement avec le troisième, a été expérimenté en Amérique par Edison, en France par le docteur Cornélius Herz, et aussi par bien d'autres, sans doute ; il a obtenu pensons-nous, peu de succès pratique.
Le parti auquel on s'est arrêté jusqu'à présent et qui donne les résultats les plus efficaces consiste à neutraliser dans un circuit téléphonique les courants étrangers engendrés soit par des courants téléphoniques, soit par des courants télégraphiques il faut, dans ce but, former un circuit indépendant de toute liaison électrique avec le sol, en employant pour chaque relation deux fils, l'un d'aller, l'autre de retour, tordus en hélices l'un sur l'autre dans toute l'étendue de la ligne. Par cette position, les courants induits tendent à circuler simultanément dans les fils en sens contraire les uns des autres et, par conséquent, ils s'annihilent s'ils sont de forces égales.
On démontre que cette neutralisation n'est parfaite que lorsque la cause inductrice est située à l'infini et que les deux fils téléphoniques sont infiniment rapprochés ; d'où il suit qu'en pratique les bruits d'induction continuent à subsister sur les lignes à câbles, mais la correspondance téléphonique n'en souffre pas sensiblement.
Cette méthode est adoptée sur toutes les lignes souterraines en Angleterre et ailleurs ; c'est celle appliquée au réseau téléphonique de Paris, où des câbles sont posés, à côté des câblés; télégraphiques, dans les égouts à grande section.
Dans la disposition de M. Brasseur, de Bruxelles, les conducteurs téléphoniques sont également au nombre de deux, mais leur circuit est relié à la terre, ce qui a pour effet de réduire la résistance électrique de l'ensemble au quart; de celle des deux fils sans terre.
Sur les poteaux, l'arrangement des deux fils en hélices, présente des difficultés pratiques et ne réussit guère aussi bien que sur des lignes souterraines. Il faut ici compter non-seulement avec l'induction, mais surtout avec les courants de pile qui s'échappent des fils télégraphiques Voisins, et qui, par l'air et les supports, se fraient un chemin dans le circuit téléphonique. D'autre part, quoi que l'on fasse, les deux conducteurs ne peuvent jamais être également influencés au point dé vue de l'induction par leurs compagnons du télégraphe ; il existe donc toujours dans les téléphones des perturbations désagréables. C'est, toutefois, ce système, à défaut d'un meilleur, et au prix d'un surcroît de frais d'établissement et d'entretien et d'une surcharge des poteaux, qui est appliqué aux lignes de Manchester à Liverpool et de Newport à Cardiff (48 et 17 kilom.). Cette disposition aurait dû être employée sur les lignes télégraphiques principales de notre pays s'il avait fallu — et l'utilité en sera reconnue dans un avenir très-prochain —- relier entre eux par cette voie les réseaux téléphoniques urbains aujourd'hui en exploitation.
La nécessité de la duplication dès fils pour chaque relation téléphonique entraîne évidemment des dépenses assez élevées pour qu'on hésite, même sur de courtes distances, à établir des conduites souterraines, déjà de cinq à sept fois plus coûteuses que les lignes aériennes dans les circonstances ordinaires de la télégraphié. Cette considération est d'une importance infiniment plus grande encore sur les lignes sous-marines et, certes aucune Compagnie ne consentirait à immobiliser ses fils conducteurs en partie double alors qu'isolément ils lui rendent télégraphiquement de meilleurs services.

Tel était, résumé aussi fidèlement que possible, l'état de la question au moment où M. Van Rysselberglie entreprit les expériences dont les journaux ont parlé il y a quelques jours. Les renseignements qui vont suivre sont puisés à une source authentique, et s'ils ne paraissent pas confirmer toutes les assertions qu'on a propagées sur les progrès réellement acquis jusqu'à présent, ils laissent pressentir une victoire plus complète.
Au début de ses études, M. Van Rysselberglie se proposait uniquement d'arriver à utiliser, pour des communications téléphoniques, le fil spécial établi entre l'Observatoire do Bruxelles et la station météorologique d'Ostende et destiné au service du télémétéorographe du même inventeur, sans nuire au fonctionnement de ce dernier système.
Le fil part de l'Observatoire, traverse aériennement là ville sur 1000 mètres environ et aboutit, au bureau télégraphique du Nord, à un commutateur qui le relié à un câble ordinaire à 7 fils en service longeant la façade latérale du bâtiment dé la station; de là, le conducteur passe sur les poteaux de la ligne de l'Etat, qu'il emprunte jusqu'à Ostende, où il pénètre dans le bureau télégraphique, et il repart aériennement dans la ville jusqu'à la station météorologique, à une distance de 1300 mètres environ. Sur la ligue principale de Bruxelles (Nord) à Ostende (station), qui est longue de 122 kilomètres, le fil spécial est accompagné d'autres fils télégraphiques dont le nombre varie de 7 sur 42 kilomètres à 41 sur un kilomètre, et dont quelques-uns sont actionnés par les appareils Hughes, le reste l'étant par les appareils Morse. Sans entrer dans de plus longs détails sur ce point, il suffit de constater que trois des fils desservis par les Hughes suivent le fil téléphonique dans tout son parcours de Bruxelles à Ostende. On rencontre donc ici à un haut degré les circonstances perturbatrices qui ont amené les insuccès des expériences antérieures sur les lignes partant de la capitale.
Les premières recherches de M. Yan Rysselberghe portèrent sur les moyens de renforcer l'intensité de la voix des téléphones récepteurs, afin de dominer les bruits étrangers. Se basant sur la théorie, il reconnut nécessaire de proportionner la résistance des téléphones à celle de la ligne et du circuit secondaire de la bobine d'induction, en exagérant même la résistance totale ; il partait de cette idée que les courants dérivés des fils télégraphiques étaient tout autant à craindre que les courants induits et qu'en conséquence un excès de résistance dans les téléphones ne nuirait pas à la reproduction vocale, au contraire, tandis qu'elle amoindrirait dans une grande mesure les courants nuisibles. D'un autre côté, il constatait la nécessité de réduire, dans les limites les plus étroites, la résistance électrique du circuit inducteur du départ, c'est-à-dire celle de la pile, du microphone transmetteur et du fil primaire de la bobine d'induction ; enfin, il écarta le téléphone pendant l'opération de la transmission.
A la demande de M. Houzeau, directeur de l'Observatoire, l'Administration des télégraphes s'empressa de mettre à la disposition de M. Van Rysselberglie ses lignes, ses bureaux, son personnel et ses instruments, en vue des essais préalables à faire pour déterminer tous les éléments du problème. Les premières expériences en ligne eurent lieu le 16 janvier 1882 entre Bruxelles (Nord) et Anvers (Est) sur un fil de 44 kilomètres, prenant de part et d'autre la terre des bureaux télégraphiques. Malgré le vacarme produit dans les téléphones par les fils télégraphiques en travail, on put comprendre à Anvers quelques-unes des phrases prononcées à Bruxelles et recevoir exactement, sauf quelques erreurs, une longue série de nombres composés de un à cinq chiffres. Ce résultat était encourageant, car il n'avait pas encore été atteint, avec degré de précision, dans les expériences antérieures faites les ingénieurs de l'Etat sur la même section, au moyeu d'm seul fil et des appareils téléphoniques ordinaires.
Un jour, au bureau de Bruxelles (Nord), M. Van Rysselberglie constata avec surprise que l'un des fils télégraphiques, Hughes allant vers Ostende faisait plus de bruit dans le téléphone qu'un autre de la même ligne qui, la veille, se distinguait au dessus de tous les autres par son tapage : les rôies étaient renversés. La cause du phénomène était une simple transposition des fils d'un appareil Hughes l'un sur l'autre. Vérification faite, l'instrument le moins bruyant présentait à son manipulateur un défaut tel que les courants de la pile, au lieu d'être envoyés brusquement sur la ligne avec leur intensité habituelle, s'émettaient avec une force graduellement croissante. Cette simple observation, recueillie par un esprit sagace donna la clef du problème cherché. Il fallait, non pas, comme comme on l'avait tenté jusqu'alors, neutraliser ou amoindrir les courants nuisibles dans le circuit téléphonique même, mais attaquer leur cause dans les circuits télégraphiques.

C'est là, en effet, la caractéristique du système de M. Yan Rysselberglie : au lieu de détruire les effets, il cherche à enlever la source du mal.
Ce point bien établi, il ne fut pas difficile de trouver la formule du remède. L'arsenal des instruments électriques contient un outil aussi merveilleux dans ses effets que mystérieux dans sa théorie : c'est le condensateur, véritable panacée, qui a rendu possible la transmission en sens inverse, et simultanément par un seul fil, de deux et même de quatre dépêches télégraphiques, qui chante et parle à volonté. D'autre part, combiner des transmetteurs à émissions et extinctions graduelles des courants voltaïques n'était pas, pour l'inventeur du télémétéorographe, un obstacle bien sérieux.
Entretemps, et sans user d'aucun moyen préventif contre l'induction des fils télégraphiques, M. Van Rysselberglie réussissait à établir une correspondance journalière entre l'Observatoire de Bruxelles et la station météorologique d'Ostendê. Sans doute, ce n'était pas parfait : les bruits anormaux conservaient leur intensité, mais les modifications apportées au transmetteur et les dispositions rationnelles de l'ensemble donnaient à la voix reçue une force et une netteté que les ingéniours de l'Administration n'avaient jamais pu obtenir des appareils ordinaires dans des conditions de distance et de circuits plus favorables.
Au commencement d'avril on essaya avec le plus grand succès la correspondance téléphonique sur un fil de la ligne souterraine de là ville d'Anvers, d'une longueur d'environ 1100 mètres. Des quatre autres fils du même câble, deux fonctionnaient simultanément par les appareils Hughes et les autres par le Morse : les effets d'induction n'apportaient aucun obstacle à la communication verbale. On relia ensuite au ni câble un fil aérien de Bruxelles (Nord), de façon à obtenir un c
ircuit partant de la Bourse d'Anvers, passant par la station de cette ville, allant à Bruxelles par une ligne de poteaux et en revenant par une autre jusqu'à Anvers (station); total, 1150 mètres de ligne souterraine et 88 kilomètres de parcours aérien. Le travail des fils télégraphiques, quoique dans son plein, n'interrompit pas l'entente ; il fallut seulement élever la voix devant le transmetteur et articuler nettement; la parole parvint ainsi à se faire jour d'une manière intelligible.
Dans ces deux expériences, les fils influençants n'avaient pas été munis du système anti-inducteur de M. Van Rysselberglie ; au contraire, dans les expériences d'Ostende à Bruxelles (Observatoire) effectuées le 31 mai, en présence de MM. les Ministres Eolin, Graux et Gratry, les fils de la ligne télégraphique les plus bruyants avaient été armés de condensateurs tant à Bruxelles (Nord) qu'à Grand et à Ostende; aussi ces essais ont-ils mieux réussi que tous les autres.
Indépendamment du fait en lui-même de la praticabilité d'une correspondance dans des circonstances où tous les moyens imaginés jusqu'ici avaient échoué, ce qui a frappé le public, c'est la possibilité de faire passer simultanément sur un même fil conducteur des dépêches verbales et des dépêches télégraphiques. Cependant, rien n'est moins extraordinaire : les dispositions prises par M. Van Rysselberglie au point de vue purement téléphonique avaient pour corollaire logique la probabilité du succès d'un essai par des appareils téléphoniques et télégraphiques à la fois. On peut dire que la correspondance Morse a été obtenue par surcroît. Les appareils et les combinaisons à employer furent rapidement trouvés par l'inventeur ; il avait sous la main des condensateurs et des résistances artificielles et cela lui suffit. Les courants téléphoniques directs, de même que les courants induits étrangers, ont une action nulle ou peu sensible sur les récepteurs télégraphiques ; les téléphones seuls craignent les télégraphes et les premiers fonctionnent dans des circonstances où les derniers restent absolument inertes.
Les expériences faites jusqu'alors avaient porté sur des fils de l'intérieur ; il était très-intéressant de s'assurer si les combinaisons de notre compatriote pour le transmetteur et les récepteurs téléphoniques parviendraient à reproduire la parole a quelques centaines de kilomètres aux heures du repos des fis télégraphiques. Les Administrations belge et française s'entendirent pour prêter un fil de Bruxelles (Nord) à Paris (Centre). M. Van Rysselberglie profita de l'occasion pour expérimenter en même temps le travail par l'appareil Morse sur le même conducteur, et les dispositions suivantes furent prises le 16 et le 17 mai : de part et d'autre, on relia le fil à la terre des bureaux télégraphiques des deux capitales ; on établit des condensateurs sur les fils de la même ligne les plus troublants et on installa les postes téléphoniques et les postes télégraphiques Morse, modifiés en vue des émissions et des extinctions graduelles des courants. Le but, répétons-le, étant surtout de chercher à correspondre à grande distance à l'abri des influences perturbatrices des fils du voisinage, ou choisit pour les essais la période de 4 à 8 heures du mâtin, pendant laquelle le travail télégraphique chôme ou est insignifiant. Il n'était donc pas nécessaire d'armer les fils voisins contre l'induction, et, dans tous les cas, l'ou n'avait pu prendre aucune mesure contre les perturbations résultant des conditions particulières du bureau de Paris, conditions que les expériences elles mêmes devaient mettre en lumière et qui furent reconnues singulièrement nuisibles à la correspondance téléphonique.
Le 16 mai, vers 4 heures du matin, les premières paroles prononcées à Paris par M. Van Rysseîberghè se répétaient fidèlement à Bruxelles ; le timbre de la voix était parfaitement conservé. La conversation se tînt avec beaucoup de régularité pendant 3 heures. Vers 7 heures, les fils télégraphiques commencèrent à entrer en activité et progressivement le tapage augmenta dans les téléphones jusqu'à couvrir entièrement la voix des expérimentateurs à Bruxelles, mais non à Paris. Entré 7 et 8 heures, Bruxelles expédia par le fil conducteur simultanément la dépêche verbale et la dépêche télégraphique Morse, dont les journaux ont reproduit le texte, d'ailleurs inexact. Le lendemain, de grand matin, on recommença avec le même succès. Dire que la correspondance a pu s'échanger à; cette longue distance de 320 kilomètres aussi facilement que de l'extrémité à l'autre d'une ville serait une exagération manifeste. Personne n'y comptait et rien ne sert de forcer l'importance du résultat. L'inventeur avait atteint son but actuel : démontrer que son système avait une portée vocale considérable et reconnaître la possibilité de faire servir le même fil à la transmission simultanée de messages parlés et de messages télégraphiques.
Le succès est certes très-beau, mais il ne sera parfait que lorsque des expériences nouvelles, exécutées après l'appropriation conrplète des circuits télégraphiques suivant les idées de M. Van Rysselberglie, auront prouvé que la correspondance verbale est pratique pour de grandes distances durant les heures d'activité de la correspondance télégraphique, c'est-à-dire lorsque les résultats seront aussi brillants, par exemple, que ceux obtenus par le Morse et le téléphone sur le fil de Bruxelles à Ostende. Pour un seul fil téléphonique partant de Bruxelles (Nord), l'appropriation de ce bureau doit être à peu près aussi importante que s'il s'agissait d'utiliser à la correspondance en double tous les fils qui y aboutissent ; la même obligation s'imposant pour chaque bureau relié, et même pour d'autres, on comprend que l'inventeur n'ait pu exécuter des essais préliminaires en s'astreignant aux dépenses qu'entraînerait l'exploitation de son système sur la majeure partie du réseau télégraphique.
Lorsque les moyens préventifs, parfaitement connus dès maintenant, seront appliqués sur une plus grande échelle qu'ils ne l'ont été sur la ligne de Bruxelles à Paris, les expériences recommenceront ; on a tout lieu d'espérer qu'elles seront concluantes.

sommaire

On retrouve le fonctionnement du système Rysselberghe, tiré du "journal télégraphique" janvier 1884

Télégraphie et téléphonie simultanées par les mêmes fils conducteurs , système F. Van Rysselberghe
par M. J. BANKEUX Ingénieur on chef des télègraphes belges.

Dans son numéro du 25 Août 1882, le Journal télégraphique a rendu sommairement compte des premières expériences de M. Van Rysselberghe, ayant pour objet la suppression dans un eircuit téléphonique, des effets d'induction produits par le travail télégraphique de fils conducteurs voisins et parallèles, ainsi que l'utilisation de ces mêmes fils à la correspondance duplex, télégraphique et téléphonique.
Bien que les recherches dans cette direction aient complètement abouti depuis six mois, des raisons entièrement personnelles à l'inventeur ont empêché la publication du système.
Aujourd'hui que tout obstacle a disparu et que d'ailleurs les appropriations d'une partie des réseaux du télégraphe, en Belgique et en Hollande, sont près de faire entrer les nouvelles combinaisons téléphoniques dans la pratique courante, il nous est possible d'exposer celles-ci avec quelques détails.

Graduation, des courants télégraphiques.
— Nous avons déjà dit dans quelles circonstances M. Van Bysselberghe a été amené à combattre l'induction télégraphique dans le circuit primaire lui-même, à la différence des autres procédés généralement en usage, qui tendent à neutraliser les effets dans le circuit secondaire ou téléphonique. Les courants induits les plus marqués et par conséquent les plus nuisibles sont ceux qui correspondent à la fermeture et à l'ouverture du circuit inducteur, et leur intensité est directement proportionnelle à celle des courants qui les ont provoqués à ces deux époques de la transmission d'un signal. Dès-lors, graduer l'émission et l'extinction du courant primaire, de telle sorte que de zéro à I il aille régulièrement en augmentant et de I à zéro régulièrement en décroissant, c'est réduire la force des courants induits et les graduer à leur tour, c'est-à-dire en définitive faire fléchir seulement la membrane du téléphone récepteur, sans donner lieu à aucun son. : Après avoir essayé comme graduateurs des manipulateurs modifiant automatiquement la résistance du circuit primaire, M. Van Bysselberghe obtint des résultats infiniment supérieurs par l'emploi d'électro-aimants et de condensateurs, dont le jeu purement électrique se prête mieux à toutes les applications et qui ne réclament aucune modification des transmetteurs télégraphiques ordinaires.
fig 1
fig 2
Soient deux fils Li1, et Li2 voisins et parallèles (fig. 1); M et B respectivement un manipulateur et un récepteur télégraphiques; E un électro-aimant droit, d'une résistance d'environ 1000 ohms, intercalé entre la pile et la clef.
Les courants lancés sur le fil Li1, par le manipulateur M, ne sont point perçus ou sont peu sensibles dans le téléphone T2 et leur action directe sur le téléphone Tt est considérablement moindre que si l'électroaimant E n'existait pas.
Le résultat est meilleur encore si l'on dispose en outre un condensateur entré les bornes pile et ligne de la clef de transmission (fig. 2).

Enfin, les téléphones Tt et T2 restent absolument silencieux, quelle que soit la force de la pile P, lorsque le condensateur est raccordé en dérivation à la terre entre les deux électro-aimants Ej et E8, qui ont alors chacun une résistance de 500 ohms (fig. 3).
fig 3
Pour que l'expérience réussisse complètement, il faut que le fil télégraphique Lj ait une certaine longueur et que la résistance du récepteur B ne soit pas inférieure à 500 ohms ; la capacité du condensateurgraduateur peut être uniformément de 2 microfarads pour la généralité des installations télégraphiques.
En ce qui concerne le travail par Morse, les éleetrograduateurs ne sont pas nécessaires lorsque les courants traversent, au départ d'un poste, les bobines du récepteur B.
Dans le cas de l'appareil Hughes, on obtient une réduction notable des bruits d'induction par la suppression pure et simple de la dérivation par l'armature, à l'exclusion de tout dispositif de graduation. Il est préférable d'intercaler un électro-aimant de 1000 ohms dans cette dérivation, mais la combinaison qui s'harmonise le mieux avec toutes les conditions variables des lignes et des appareils est celle de la figure 3, savoir, dans chaque bureau terminus : un électro-graduateur de pile, un: autre de ligne et un condensateur branché de la ligne à la terre.

Une application très-intéressante du système antiinducteur est faite en Belgique à la suite des recherches de M. Van Bysselberghe et de M. Buels, chef de bureau, sur un fil de 45 kilomètres fonctionnant en duplex-Hughes entre Bruxelles (Nord) et Anvers (Bourse).
Le travail de ce fil produisait dans les circuits voisins un tapage téléphonique intense, qu'il fallait éteindre sans nuire à l'établissement de la balance télégraphique. La disposition suivante résout complètement le problème.
fig 4
Les deux côtés du pont sont représentés par deux électro-aimants E1, et E2 à noyaux de fer mohiles; on règle la balance de la façon habituelle au moyen du rhéostat B, puis en envoyant des courants interrompus on modifie par tâtonnements la longueur de pénétration des noyaux, de telle sorte que l'équilibre se maintienne sous l'influence des effets statiques et dynamiques dont les électro-aimants sont le siège; le condensateur-gradnateur devient inutile.
Il ressort de cet exposé: que, sur une ligne télégraphique donnée, on peut assurer un service téléphonique téléphonique l'aide d'un fil simple avec terres, lorsque tous les autres conducteurs, voisins et parallèles, parcourus par des courants télégraphiques, sont armés du dispositif anti-inducteur Van Bysselberghe, et 2°, que si tous les fils indistinctement sont armés, l'un quelconque d'entre eux est capable de desservir une correspondance duplex, télégrapho-téléphonique, à l'abri des perturbations causées par l'induction et, comme l'expérience le démontre, de celles provenant des dérivations; de courants d'un fil à l'autre. Dans le premiercas,: on perd une communication télégraphique ; dans le second, l'identité absolue des circuits télégraphique et téléphonique donnerait lieu en pratique à des inconvénients tels que la combinaison serait, difficilement acceptable. Un fait d'observation a fourni à l'inventeur le moyen de rendre les deux services indépendants autant qu'ils peuvent l'être.
fig 5
Soient TLT' un circuit téléphonique simple ayant une dérivation KMN à la terre (fig. 5);
C un condensateur de '/z microfarad ou moins r
B une résistance de 500 ohms ou plus;
T et T' des téléphones dont les résistances peuvent varier de 0,1 à 4000 ohms.
Que l'on supprime ou maintienne la dérivation KMN, les correspondants ne s'aperçoivent d'aucune différence dans l'intensité des courants téléphoniques. Nous avons expérimenté sur des lignes aériennes de 45 à 110 kilomètres (fils de fer de 4 milliru.), sur celle de Bruxelles à Paris, en 5 millim., d'une longueur de 320 kilomètres^ et sur le câble sous-marin de Douvres à Ostende (138 kilom.).
En ce qui regarde les rapports de résistance à établir entre la ligne, les récepteurs téléphoniques, le fil secondaire, de la bobine d'induction des transmetteurs microphoniques, la pile, le microphone et le fil primaire de la bobine, les expériences ont démontré que, à l'encontre des lois admises en télégraphie, des téléphones ayant seulement quelques tours de gros fil fonctionnent parfaitement sur des lignes aériennes de plus de 300 kilomètres, et que les résultats sont les plus favorables quand la résistance du circuit inducteur, au poste de transmission, est réduite dans la plus large mesure possible. C'est pourquoi M. Van Bysselberghe fait usage comme générateur d'électricité, de piles à très-faible résistance intérieure, telles que les accumulateurs, et multiplie les contacts microphoniques en les accouplant en surface.

Télégraphie et téléphonie simultanées.
En appliquant à un fil télégraphique le principe indiqué fig. 5, on forme l'installation duplex de la figure 6,
dans laquelle le condensateur-graduateur C, a une capacité de 0,5 ou au besoin de 0,1 microfarad seulement, et le condensateur-séparateur C2 une capacité de 2 microfarads. On réalise ainsi l'indépendance des deux modes de correspondance.
fig 6
Les dispositions anti-inductrices Van Bysselberghe ont été expérimentées à différentes reprises sur le réseau télégraphique belge avec le plus franc succès. Nous citerons notamment l'expérience ou trois opérateurs établis respectivement à l'Observatoire de Bruxelles, à Ostende et à Anvers, ont conversé entre eux sans aucune difficulté par l'intermédiaire d'un fil de fer de 4 millimètres pose sur les poteaux des lignes reliant ces localités, et ce, durant la période la plus active du travail Morse et Hughes de nombreux fils courant parallèlement au premier, et dont quelques-uns seulement, les plus bruyants, avaient été armés. La distance d'Ostende à Anvers est de 170 kilomètres. On se servait de transmetteurs microphoniques et de récepteurs Bell modifiés par M. Van Bysselberghe en vue de reproduire la parole avec une grande intensité, de façon à dominer entièrement les bruits nuisibles que l'on avait intentionnellement laissés subsister.
Nous signalerons encore la transmission téléphonique, en service régulier, du Palais Législatif, à Bruxelles, aux bureaux d'un journal quotidien, à Gand, du compte-rendu des débats parlementaires, des cotes de la Bourse et des marchés, par un fil aérien de la ligne télégraphique de Bruxelles à Ostende, lequel sert en même temps à la transmission des courants voltaïques actionnant les télémétéorographes installés aux observatoires de ces deux villes.
Cette dernière application est un exemple des ressources que présente le système adopté pour obtenir l'indépendance mutuelle des deux services à l'aide d'un même fil conducteur. Deux stations A et D peuvent correspondre par télégraphe pendant que deux autres intermédiaires B et C tiennent une conversation par le fil qui relie les deux premières. Mieux encore: on peut sectionner téléphoniquement un fil télégraphique continu, de manière à multiplier, sans interférence, le nombre des postes en relation (fig. 7).

E, et E2 sont des électro de 1000 ohms ; E3 et E4 des bobines ou, de préférence, des électro-aimants de 500 ohms environ ; B, et B2 des récepteurs d'au moins 500 ohms, et enfin C, . . . . C5 des condensateurs de 0,5 microfarad.
Dans ces conditions, T, et T2 d'une part, T., et T4 de l'autre communiquent par téléphone, dans.le même temps que les postes extrêmes échangent dos télégrammes.
Admettons maintenant que tous les fils d'une ligne aérienne donnée sont armés du système anti-inducteur et aussi les fils d'embranchement, ceux qui viennent prendre terre aux bureaux terminus, et, en général, tous les conducteurs télégraphiques dont le travail est susceptible de provoquer des courants d'induction ou de dérivation dans un Circuit téléphonique. Est-il possible d'utiliser plusieurs fils simples de cette ligne à des communications verbales indépendantes et simultanées ? La réponse est absolument négative : tout ce qui se dit sur un fil est nettement compris sur tous les autres. Le pire ennemi du téléphone n'est plus letélégraphe, mais bien le téléphone lui-même.
Dès-lors, toutes les fois que l'on aura besoin de plusieurs circuits téléphoniques entre deux points déterminés, iL faudra prendre en double les fils télégraphiques, qui conservent d'ailleurs, isolément leur affectation ordinaire. M. Van Bysselberghe indique les deux solutions suivantes.

Première solution. (Fig.. 8.)
Dans cette disposition, S, et S2 représentent des résistances d'au moins 500 ohms; B2 est un récepteur d'une résistance de 1000 ohms ou davantage, et E2 est un électro-aimant d'environ 1000 ohms. On satisfait en outre à la condition SxL2 = S2xL1
Sous le rapport téléphonique, il y a avantage à prendre pour E,, St et S2 des électro-aimants, afin de ne pas avoir à remplir rigoureusement cette condition d'équilibre.
Deuxième solution. (Fig. 9.)
Lj et L2; fils télégraphiques quelconques;
E,, E2, E3 et E4: électro-aimants de 500 ohms;
C, et C2: condensateurs de 0,5 microfarad;
C8 et C4: B ' de 2 mierofarads;
Bi et B2: récepteurs télégraphiques dont la résistance n'est pas inférieure à 500 ohms.
C'est cette dernière combinaison qui a été réalisée en Belgique sur la ligne de Bruxelles à Anvers, entre Haeren et Berchem (35 kilomètres), et en Hollande, entre Amsterdam et Haarlem (18 kilomètres).
Lorsque l'on veut utiliser un fil télégraphique international au service téléphonique, ou seulement l'empêcher de nuire à la correspondance verbale échangée par des fils de la même ligne, on peut se dispenser de réclamer l'appropriation du conducteur sur le territoire étranger: il suffit, d'intercaler à la frontière ou en un point intermédiaire convenablement choisi, un électro-aimant de 500 ohms^ et de placer un condensateur de 2 microfarads dans une. dérivation de la ligne au sol.
Il est mutile d'insister sur la nécessité d'isoler électriquement avec le plus grand soin, dans toutes les installations duplex, les fils de connexion et les instruments des postes téléphoniques, afin d'éviter le mélange des signaux télégraphiques ou des pertes à la terre.
Les condensateurs réclament des soins particuliers, car ils doivent résister à l'action de la plus grande différence de potentiel créée par les piles les plus énergiques employées en télégraphie. On les soumet à cet effet à l'épreuve suivante: un circuit étant composé d'une batterie de 300 éléments Leelanché, de trois électro-aimants de 500 ohms et d'un interrupteur à vibrations rapides, aux bornes duquel se relient, en circuit dérivé, les armatures d'un condensateur shunté lui-même par un paratonnerre, le condensateur est tenu de supporter sans avarie les extra-courants ainsi produits. Néanmoins, dans l'éventualité de dégradations accidentelles, il importe de combiner les choses de telle sorte que-le remplacement des condensateurs et des paratonnerres s'opère en un tour de main.

Il reste à exposer le mode de rattachement des circuits entièrement métalliques des lignes intra-urbaines aux circuits à fil simple des abonnés des réseaux téléphoniques locaux.
Le problème dans sa plus grande simplicité a été résolu en Angleterre à l'époque où le Post Office se décida à établir sur ses poteaux télégraphiques, pour l'usage des Compagnies concessionnaires, des circuits spéciaux formés chacun de deux fils se tordant en hélices l'un autour de l'autre, d'après le principe indiqué par le Professeur Hughes. On sait que la solution consiste à interposer une bobine d'induction dont l'un des fils fait partie du circuit métallique de la trunk line, et l'autre du conducteur reliant l'abonné et prenant terre à ses deux extrémités. Malgré la double transformation inductive introduite par surcroît dans le système téléphonique et l'augmentation de la résistance du circuit intermédiaire, la correspondance à grande distance reste possible, si le rapport des résistances des fils des bobines répétitrices est convenablement réglé. Dans le dispositif Van Bysselberghe, la question se complique de l'intervention des courants télégraphiques et de l'obligation d'assurer la décharge des condensateurs-séparateurs (fig. 9). L'inventeur relie à cette fin à la terre le milieu de celui des deux circuits de l.a bobine d'induction qui compose le pont téléphonique. On peut se représenter, comme le montrent les flèches de la figure 10,

la marche des courants téléphoniques. En réalité, il faut empêcher la réaction mutuelle des deux parties de la bobine et dédoubler celle-ci. Chaque moitié forme une bobine d'induction d'induction n'ayant de commun avec l'autre que la liaison à la terre, et les axes ou noyaux de fer doux sont perpendiculaires entre eux. Cette disposition des axes est également observée dans l'installation de plusieurs électro-aimants graduateurs, lorsqu'on est forcé de placer ces accessoires côte-à-côte; toutefois M. Van Bysselberghe obtient le résultat désiré en insérant chaque électro dans un cylindre de fer doux.
Une conséquence curieuse de la combinaison fig. 10 : si, en l'absence de tout travail télégraphique, on isole l'un des fils L1 ou L 2, l'intensité de la réception ne diffère pas sensiblement de celle obtenue au moyen du double circuit.
Il est clair que les bobines de translation ou, plus exactement, de répétition, et les condensateurs-séparateurs doivent se trouver dans les bureaux télégraphiques terminus de la trunk line et non aux bureaux centraux des téléphones; il est désirable aussi que chaque connexion entre ces bureaux soit faite par un fil d'aller bouclé d'un côté, à travers la bobine d'induction, à un fil de retour allant prendre terre de l'autre, et que ces conducteurs soient isolés au moins au même degré que les fils télégraphiques. Jusqu'ici, comptant sur la réelle bonne volonté des courants téléphoniques à arriver en quantité suffisante au bout d'un fil urbain posé sur des isolateurs déplorables, l'on ne s'est guère préoccupé de l'isolation ; cependant les échos réciproques de conducteurs voisins peuvent provenir tout autant de la dérivation que de l'induction. Nous croyons que cette considération ne devra plus être négligée si l'on veut voir réussir la correspondance à grande distance, directement entre les abonnés des villes. Peut-être devra-t-on également, dans certains cas, renforcer la puissance des transmetteurs téléphoniques communément en usage, en attendant l'invention d'un véritable relais téléphonique. Déjà, pour l'appel d'un bureau central à l'autre, il est nécessaire, dans le système Van Bysselberghe, d'éviter les sonneries fonctionnant par courants voltaïques et les magneto-calls ordinaires, afin de ne pas troubler le travail télégraphique des fils utilisés en duplex;, dès-lors les appareils téléphoniques doivent produire par eux-mêmes un signal suffisamment bruyant pour éveiller l'attention du bureau appelé.
Nous avons admis jusqu'ici qu'un fil télégraphique ne se prête supplémentairement à la correspondance téléphonique entre deux points donnés que s'il est continu d'une extrémité à l'autre. Cette condition n'est pas absolue. Supposons deux fils reliant respectivement les postes A et C à un troisième B où ils vont prendre terre à travers des appareils télégraphiques; il suffit de shunter l'ensemble de ceux-ci par un pont avec condensateur établi entre les fils de ligne dans le bureau
B, pouf vu que chaque jeu d'appareils présente aux côùrants téléphoniques uhe. résistance d' au moins 500 homs .Dans l'hypôthèse de l'emploi entre deux loalalités de plusieurs circuit téléphoniques composés chacun deux fils télégraphiques courants pàrallellement sur lesmêmes poteaux et approprié suivant lesystème Rysselberghe, il importe beaucoup d'être fixé sur le degré, d'influence téléphonique que conservent les circuits les uns sur les autres. Si les conversations tenues sur l'un d'eux font écho au point d'être intelligibles sur les voisins, l'avantage du double fil disparaît et l'on est obligé de limiter à un seul conducteur avec terres les moyens de correspondance duplex. Le remède serait, dans ce cas encore, la pose croisée des fils, telle qu'elle est réalisée en Angleterre; mais ce mode d'installation exigerait le remaniement complet des lignes télégraphiques et il serait inapplicable dans les pays où les isolateurs sont attachés aux poteaux mêmes et non à des bras ou traverses.
Les expériences faites jusqu'à présent en Belgique sur des lignes de 100 kilomètres et moins, ont démontré que quand les plans de chaque couple de fils sont parallèles et rapprochés, on entend la voix induite, et on parvient parfois à comprendre des mots, voire des lambeaux de phrases. Toutefois l'induction diminue et même disparaît lorsque ces plans s'écartent ou, mieux encore, se croisent jusqu'à devenir perpendiculaires. On obtient un excellent résultat en associant, par exemple, le premier fil à la droite des poteaux avec le second de la rangée de gauche, et le premier de gauche avec le troisième de droite.
La solution générale de M. Van Bysselberghe remédie à l'inégalité des effets d'induction des fils voisins sur chacun des conducteurs télégraphiques composant le couple téléphonique. A cet effet, on fait glisser l'un sur l'autre les deux parties de la bobine répétitrice correspondant au fil téléphonique le plus influencé, de manière à diminuer l'action inductive des solénoïdes primaire et secondaire. On arrive ainsi à rendre presque insensible l'induction réciproque des cireuits doubles posés sur les mêmes appuis. Il importe peu, d'ailleurs, en pratique, que l'on entende le discours transmis par un circuit voisin; il suffit qu'on ne le comprenne pas.
Une conséquence directe de l'application du système Van Bysselberghe est le renforcement des piles télégraphiques, pour tenir compte de la résistance supplémentaire fixe 1500 ohms apportée par les électro-graduateurs dans chaque circuit. Il est bien permis de s'effrayer, au premier abord, de la dépense à laquelle on est entraîné, car les installations doivent être complétées; dans tous les bureaux dont les fils peuvent agir sur les fils téléphoniques, soit par induction, soit' par bifurcation : de courants. Cependant; si l'on calcule les frais que réclameraient des lignes téléphoniques spécialement construites pour un uorribre : de circuits égal à celui qui est fourni par les fils télégraphiques existant dans un réseau donné, on reconnaît immédiatement les avantages économiques des dispositions de M. Van Bysselberghe.

C'est guidé par ces considérations, et en vue d'organiser sans délai le service de la téléphonie entre les principales villes de Belgique — première étape vers un service international — que M. Olin, Ministre des travaux publics, a approuvé, en Décembre dernier, un contrat par lequella maison Mourlon et Cie, de Bruxelles, s'engage à fournir, sous la direction de l'inventeur, tous les accessoires du système Van Bysselberghe nécessaires à l'appropriation du réseau belge.

Nous avons à mentionner, pour terminer, l'objection ; formulée par M. W. Preece dans une note lue au meeting de Southampton de la British Association, en 1882: Quel avantage y a-t-il à correspondre verbalement sur aun fil au détriment de la communication télégraphique ?
En Angleterre, la vitesse est tout, et nous éliminons toutes les influences qui retardent la vitesse; par conséquent, il ne peut être question d'électro-aimants et de condensateurs dans les circuits télégraphiques ; ils «retardent la télégraphie.

Si le Wheatstone automatique était en usage en Belgique, nous eussions cherché à déterminer in anima vili l'influence du dispositif anti-inducteur sur la rapidité du travail de cet appareil, après avoir eu soin d'augmenter la force électro-motrice afin de conserver au courant son intensité primitive. Mais nous ne doutons pas que les Administrations étrangères qui utilisent le Rapide — la Grande-Bretagne, la France, l'Italie, la Russie et la Suède — ne consentent à exécuter, sur leurs lignes, les expériences destinées à élucider pratiquement ce point, et à en publier les résultats, au bénéfice de la communauté, par la voie du Journal télégraphique.
Quoi qu'il en soit, on a travaillé chez nous sur un fil de 244 kilomètres au moyen d'appareils Hughes réglés à 150 tours de chariot, sans que l'intercalation et la suppression alternatives d'un électro-aimant de 1000 ohms dans le circuit produisissent une fausse lettre ou un dérangement quelconque; on transmettait cependant les combinaisons classiques les plus compliquées. En outre, pendant environ deux mois, le bureau de Bruxelles (Nord) a. fait le service avec Paris (320 kilomètres), à 145 tours, l'électro-graduateur étant alors inséré dans la dérivation des bobines du Hughes. Cette innocuité du système
anti-inducteur s'étend évidemment a fortiori au travail par Morse.

Les inventions de M. Van Bysselberghe sont brevetées en tous pays.

Bruxelles, Janvier 1884.

M. Olin, Ministre des travaux publics, a approuvé, en Décembre dernier, un contrat par lequella maison Mourlon et Cie, de Bruxelles, s'engage à fournir, sous la direction de l'inventeur, tous les accessoires du système Van Bysselberghe nécessaires à l'appropriation du réseau belge.

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De 1880 à 1889
, Charles Mourlon collabore avec François Van Rysselberghe à la commercialisation de son invention consistant à utiliser les mêmes câbles pour la télégraphie et la téléphonie.

En 1880, Charles Mourlon créa les premiers ateliers de construction de matériel électrique en Belgique.

Charles Mourlon

Charles Mourlon était un homme d'affaires de Brus-Roy principalement actif dans les applications électrotechniques.

Avec Van Tysselberghe, ils vendent des licences et des appareils pour ce qu'on appelle le "système Van Rysselberghe" dans le monde entier.
L'invention, brevetée en 1882 en Belgique et au Royaume-Uni, a entraîné l'expansion rapide de l'usine de Mourlon à Bruxelles.
Plus tard, des brevets ont été obtenus dans le monde entier.


Il publia de nombreux ouvrages se rapportant à l'électricité, au téléphone, aux industries des lampes, etc., qui furent traduits en plusieurs langues.
Il participa à de nombreuses expositions nationales, internationales et universelles, de 1888 à 1925, en tant que membre, secrétaire ou Président du Groupe de l'Electricité et membre des Jurys ; il orchestra largement l'effet médiatique de ces manifestations.

Les téléphones usuels : "Le Mourlon" est un des livres très recherché par les collectionneurs et historiens .

1885 Rysselberghe recoit le brevet du Phonopore

C. Mourlon a ausi été concepteur de téléphones, on ne trouve pas beaucoup de références et de photos :

Van Rysselberghe se rendit aux États-Unis en 1885 pour tester son système sur des lignes plus longues et parvient à établir un appel entre New York et Chicago, à une distance d'environ 1 000 milles.

Malheureusement aux États-Unis, la situation était différente de celle de l'Europe. Western Union Telegraph et Bell Telephones ont réglé leurs différends juridiques, et un des termes de l'accord prévoyait qu'ils resteraient en dehors des affaires de chacun.
Cela a obligé Bell à construire son propre réseau interurbain à partir de zéro, une proposition coûteuse.
Pour cette raison, la démonstration de Van Rysselberghe, bien que très réussie, n'attira pas beaucoup plus l'attention. Bell ne pourra pas établir de connexion directe entre les deux villes avant 1892.

Dans la revue L'Eectricite de 1885 on y lisait :
"LA REINE DE BELGIQUE ÉLECTRICIENNE . On lit dans les Nouvelles : « La reine , émerveillée des progrès des applications de l'électricité , s'est mise , il y a quelque temps , à étudier sérieusement cette science . Sa Majesté s'est fait expliquer par le menu tous les phénomènes électriques et tous les instruments à l'aide desquels on est parvenu , depuis quelque temps , à transporter instantanément à distance la lumière , la force , le son et l'écriture . D'explications en lectures et de lectures en explications , la reine est devenue ce qu'on peut appeler une véritable « électricienne » . La Compagnie Van Rysselberghe et Mourlon , durant l'installation des téléphones reliant le théâtre de la Monnaie au chalet royal d'Ostende el au château de Laeken , s'est prétée de tout son pouvoir à ce complément de l'instruction de Sa Majesté . Celle - ci vient de lui en témoigner sa reconnaissance en faisant parvenir , avec une bonne grâce charmante , un souvenir aux diverses personnes de la Compagnie qui ont été en rapport avec elle . M. Van Rysselberghe a été prié par Sa Majesté de vouloir bien accepter un magnifique brillant : M. Mourlon , ingénieur , a reçu un splendide album signé de la reine ; M. Ferdinand Hobet , directeur des ateliers , a reçu une montre en or avec chaine ; M. Jean Remes , contremailre , une montre en or ; enfin , M. Éinile de Bremaeker , électricien , qui a placé à Ostende et à Laeken les appareils Van Rysselberghe , a reçu une magnifique épingle en or enrichie de brillants
.
....
AUDITIONS THÉATRALES TÉLÉPHONIQUES . — La reine des Belges prend décidément goût aux auditions téléphoniques à grande distance , on sait qu'une installation téléphonique permanente existe entre le palais de Laeken et le théâtre de la Monnaie à Bruxelles . La musique et le chant sont transmis d'abord par les fils de la Compagnie du téléphone Bell de Bruxelles , puis par les fils du télégraphe , sans que ceux - ci soient dérangés de leur service ; c'est là une application très intéressante et bien originale du système de M. F. Van Rysselberghe . Sa Majesté a exprimé le désir de pouvoir entendre de son palais de Lacken les représentations du nouvel opéra du Grand Théâtre d'Anvers . Des pourparlers sont entamés avec la direction pour laisser mettre sur la scène les microphones Van Rysselberghe , qui permettront à la reine d'entendre le chant et la musique de ce nouvel opéra , dont les Anversois ont eu la primeur , à une distance de plus de 55 kilomètres , et cela en utilisant les fils du télégraphe et ceux des réseaux installés à Bruxelles et à Anvers . "

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Ce n'est que lorsque Pupin invente la bobine de nombreuses années plus tard que Bell fut en mesure de fournir de véritables appels interurbains.

Rysselberghe concéde son système sous licence dans le monde entier et son succès a été tel qu’en 1889, ils a pris contact avec les gouvernements britannique et français pour mettre en place une ligne téléphonique transmanche. Elle serait payée par la société et remboursée par une redevance sur les appels vocaux et télégraphiques effectués. Les deux gouvernements ont rejeté la proposition, car ils s'inquiétaient de la quantité de propriété privée dans le secteur florissant de la téléphonie.

John Goldfinch a attiré mon attention sur un document présenté par le capitaine P. Cardew en 1886 à la Society of Telegraph Engineers, précurseur de l'Institution of Electrical Engineers. Il y décrit des tests et des essais sur le terrain d'un système de signalisation presque identique, utilisant un avertisseur sonore pour générer des tonalités audio reçues sur un instrument téléphonique.
Cardew à son tour se réfère indirectement au brevet de Granville T. Wood pour des communications de trains en mouvement utilisant le même principe . Le brevet a été déposé en 1885 et délivré en 1887, les expériences de Cardew ont commencé en 1881, bien avant les travaux de Langdon-Davies. Le système de Cardew s'est avéré simple à installer, ne nécessitait aucun réglage et fonctionnait sur de longues distances, tout comme le phonopore, quelques années plus tard.

Le 15 septembre 1887, une communication téléphonique a été faite en publique entre le réseau de Malines et ceux de Bruxelles et Anvers.

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Entre temps Langdon-Davies de Londres au milieu des années 1880 qui s'est inspiré des travaux antérieurs de François van Rysselberghe développe et brevette un nouvel appareil LE Phonopore ou Pont Acoustique dont le fonctionnement de leurs deux systèmes etait similaires.
Le Phonopore a rapidement attiré l'attention des chemins de fer de Belgique et s'est bien vendu en Grande-Bretagne et à l'étranger.

Le phonopore était un téléphone pouvant être connecté au même fil qu'un circuit Morse permettant la parole et la télégraphie simultanées.
Il a permis aux administrations des télécommunications et aux chemins de fer d'économiser beaucoup d'argent vers la fin du 19e siècle en supprimant tout besoin urgent d'installer une nouvelle infrastructure de lignes pour fournir un nouveau service de téléphonie.



Le récepteur du Phonopore et le transmeteur.

Langdon-Davies a vendu ses Phonopores par l’intermédiaire de sa société, Phonopore Construction Co. Ltd. à une usine située à Southall, en Grande-Bretagne.
Bien que le système Van Rysselberghe ait aussi été conçu pour fonctionner entre des centraux téléphoniques ou sur des circuits de téléphone à téléphone, le Phonopore a été conçu spécifiquement pour fonctionner sur les lignes de télégraphe Morse à faible vitesse appartenant aux chemins de fer, pour répondre à leurs besoins.
Pour ce faire, il lui fallait un filtre pour couper les impulsions Morse basse fréquence de la conversation téléphonique et pour couper les fréquences de l'appel vocal en Morse, ce fut fait par le travail effectué par Van Rysselberghe. Restait un dernier problème, le signal d'appel téléphonique.

Le vibrateur invention : pour signaler l'appel téléphonique sans interférer avec le canal télégraphique.
Pour résoudre ce problème, Langdon-Davies avait besoin d’une fréquence de sonnerie supérieure aux fréquences vocales, et non inférieure aux fréquences Morse.
Les oscillateurs étant inconnus à ce moment-là, il conçut un "vibrateur", un dispositif mécanique qui générait une fréquence de sonnerie en s'ouvrant et en se fermant très rapidement à environ 135 Hertz.
Un tel vibrateur était disponible auprès de la société Collier-Marr. c'était le haut-parleur idéal pour le Phonopore, le son du récepteur était supposé sonner comme un crissement de corbeau.

Alors que les téléphones étaient de plus en plus utilisés, Langdon-Davies a jugé nécessaire d’ajouter à la gamme des Phonopores à deux lignes, des standards, des postes téléphoniques et des interphones.
Un bureau Phonopore était également disponible. Langdon-Davies a finalement commercialisé un système PAX de 50 lignes pas à pas pour les bureaux administratifs des chemins de fer.

Ce n'est qu'en 1891 que Langdon-Davies publia une explication du phonopore et plus particulièrement du simplex Phonopore Telegraph .
Le principe semble assez simple aujourd'hui. En utilisant une tonalité audible, un second circuit Morse pourrait être créé sur le même fil que le circuit à courant continu normal. La tonalité a été générée par un relais à auto-interruption ou une sonnerie. La séparation entre les deux circuits Morse pourrait être réalisée à l'aide d'un condensateur, mais Langdon-Davies utilisait en fait une bobine bifilaire à extrémités ouvertes. La capacité mutuelle entre les enroulements a fourni le couplage et l'inductance des enroulements a aidé à filtrer les clics Morse. Langdon-Davies a décrit le couplage comme un canal sonore, ou "phonopore".
L’inventeur a également mis au point un arrangement pour l’application du phonopore à des fins téléphoniques. Grâce au phonopore, les communications téléphoniques peuvent être acheminées via un fil télégraphique ordinaire sans aucune interférence avec la télégraphie. Sur le Great Western Railway, deux appareils de signalisation distants de 3,5 km l’un de l’autre ont été reliés par téléphone au moyen de la présente invention, le téléphone étant installé sur un câble de signalisation. On trouve que le système répond admirablement, les deux services sur le même fil n’interférant aucunement.

Par la suite M. Arthur Nicholson, ingénieur en chef de la société New Phonopore, a mis au point un système de signalisation de ligne en 1914 qui permettait jusqu'à douze connexions. Il l'a fait en utilisant des relais sensibles à des niveaux de courant particuliers.
Une partie du bruit télégraphique pouvait toujours pénétrer dans le récepteur du Phonopore lorsque le téléphone et le télégraphe fonctionnaient simultanément sur de longues lignes avec des signaux puissants.
M. Mark Jacobs, ingénieur électricien en électricité, a mis au point un certain nombre de méthodes pour filtrer cette diaphonie en insérant un condensateur ou une bobine de compensateur redessinée dans le circuit. Il a breveté cela en 1905.
M. Jacobs et Thorrowgood, un autre ingénieur, ont reçu un brevet en 1907 pour une idée similaire. En enroulant soigneusement une bobine de compensation dans un récepteur, une petite capacité pourrait être intégrée afin de réduire davantage le bruit. Dans la pratique, peu de récepteurs ont été enroulés avec les bobines de récepteur, il est plus simple et moins coûteux d’ajouter la bobine de compensation appropriée dans le circuit à un moment opportun, selon la conception antérieure de Jacobs.

La simplicité et la fiabilité du système Phonopore doivent avoir séduit les chemins de fer, qui disposaient de peu de dépanneurs techniques.
La simplicité de fonctionnement du Phonopore doit également constituer un attrait : appuyer sur un bouton, attendre une réponse et parler.
Un télégraphe Morse nécessitait un opérateur formé et bien payé à chaque extrémité, mais un Phonopore pouvait être utilisé par n'importe qui.
.....

Divers modèles de Phonopores mis en exploitation et les très importantes bobines de compensation.

Vers 1914, M. Langdon-Davies vendit l’activité Phonopore à Sterling Telephone & Electric. qui ont poursuivi la production avec des téléphones pratiquement inchangés.

La production a cessé au début des années 1920 face à la concurrence des réseaux téléphoniques publics en pleine croissance.
Cependant, de nombreux chemins de fer ont aimé leurs Phonopores et les téléphones ont souvent été remis à neuf dans les ateliers des chemins de fer.

Modèle type avec des récepteurs Ader et un émetteur de Hunnings.
En Belgique le plus considérable de ces réseaux etait celui de la Société de charbonnage de Mariemont et de Bascoup.
On sait que les houillères de Mariemont et de Bascoup sont les plus importantes exploitations de ce genre, non seulement en Belgique, mais encore en Europe.
Il a été examiné dans le magazine américain "Manufacturer and Builder" en septembre 1885. Une mention britannique précoce figure dans la "Pall Mall Gazette" du 27 mai 1886, où l'auteur fut intrigué par l'idée de l'envoi de deux signaux séparés le long d'un même fil.

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1884 NAUGURATION DU SYSTÈME Van RysselBERGHE ( TÉLÉGRAPHIE ET TÉLÉPHONIE SIMULTANÉES PAR LES MÊMES Fils ) .
Le système de téléphonie à grande distance par les fils du télégraphe imaginé par M. F. Van Rysselberghe , vient d'être inauguré dans des conditions toute spéciales qui ne manquent pas d'originalité .
La commission de l'Exposition universelle d'Anvers ayant projeté d'établir une salle d'auditions téléphoniques musicales de façon à permettre l'été prochain au public d'entendre à Anvers la musique des concerts de nos principales villes et cela en utilisant les lignes télégraphiques , s'était adressée à M. Van Rysselberghe . Un essai a eu lieu lundi , 1er septembre , et cet essai a dépassé toute attente . On pouvait , en effet , entendre de la station de Bruxelles - Nord et de la gare d'Anvers la musique du Vaux - Hall de Bruxelles . Non seulement les morceaux d'ensemble étaient reproduits avec la plus grande clarté mais le solo de violon , exécuté par M. Hermann sur la méditation de Gounod , a pu être entendu à Anvers , sans qu'aucun détail de l'exe cution ait pu échapper aux auditeurs . Il est à remarquer qu'en même temps qu'on entendait d'Anvers la musique de Bruxelles par les fils du télégraphe , ceux - ci n'étaient pas distraits de leur service ordinaire et continuaient à envoyer des dépèches dans tous les sens . Six microphones avaient été fixés aux deux petites colonnes du kiosque du Waux - Hall , de façon à se trouver à la hauteur des instruments de musique . Ces transmelteurs à charbon du modèle imaginé par M. Van Rysselberghe , étaient tous montés en quantités et actionnés par un petit accumulateur Faure . Ces transmetteurs étaient reliés au bureau central de la Compagnie des téléphones . De là le circuit était prolongé en double fil , pour éviter l'induction téléphonique , jusqu'à la station centrale des télégraphes de Bruxelles - Nord , et communiquait au bureau de M. le directeur Delarge , où on avait intercale dans le circuit dix récepteurs Bell pour permettre d'entendre la musique du concert , tandis que celle - ci était transmise jusqu'à la station d'Anvers - Est .
Dans le bureau de M. Delarge , se trouvaient M. le ministre Vandenpeere boom , le personnel supérieur des télégraphes de l'État , ainsi que l'inventeur qui a été , à différentes reprises , chaleureusement félicité par ces hauts fonctionnaires qui inauguraient ainsi la téléphonie à longue distance , dont le service sera ouvert au public dans quelques jours . A Anvers se trouvaient M. le professeur Rousseau , président du comité de l'électricité à l’Exposition universelle d'Anvers , plusieurs membres de la commission , MM , Van Gend , de Caters , Van Bellinghen et de Brown de Liège , administrateurs de la compagnie Bell , le lieutenant Lemière de la télégraphie militaire d'Anvers , M. Charles Mourlon , directeur des ateliers dans lesquels ont été construits tous les appareils du système Van Rysselberghe , et enfin M. l'ingénieur Bertin , chargé de l'organisation des experts , et en outre de la direction des installations nécessaires à l'appropriation générale du réseau télégraphique belge à la téléphonie . Plusieurs membres de la presse anversoise assistaient également à ces auditions téléphoniques , et tous ont envoyé par téléphone à Bruxelles leurs félicilations à l'inventeur . A la demande de M. le ministre des chemins de fer , postes et télégraphes , les expériences ont été répétées toujours avec le même succès le lendemain mardi 2 septembre , en présence de tous ses collègues de cabinet : MM . Beernaert , de Moreau , de Jacobs , Woeste et le général Pontus . Tous les ministres ont pu constater le beau succès obtenu par la méthode de M. Van Rysselberghe et ont exprimé à celui - ci toute leur satisfaction . Enfin grâce à l'obligeance de MM . Stoumon et Calabresi , M. Van Rysselberghe vient de prendre les dispositions nécessaires pour permettre à LL . MM . le Roi et la Reine d'entendre , d'entendre de leur chalet d'Ostende , les opéras exécutés sur notre première scène lyrique . Et cela toujours par les fils du télégraphe , car il est à remarquer que c'est cela qui en fait la nouveauté .
Ce n'est pas la première fois que le téléphone est utilisé pour la transmission au loin de concerts , de discours , etc. Mais ici il n'y a pas le moindre fil conducteur à placer , tout se fait par les fils du télégraphe et sans devoir interrompre le service de celui - ci . Le télégraphiste ne s'aperçoit pas du fonctionnement du téléphone , le télé phoniste ne s'aperçoit pas du travail du télégraphe ; les deux services sont entièrement distincts .
Les expériences qui viennent d'être relatées inaugurent pour la téléphonie à grande distance une ère nouvelle , et nous sommes heureux de constater que c'est dans notre pays que cette belle invention a vu le jour . ( Moniteur belge )

1885 INAUGURATION DU SYSTÈME VAN RYSSELBERGHE EN Suisse .
L'inauguration du système de télégraphie et de téléphonie simultanées par les mêmes fils , de M. van Rysselberghe , vient d'avoir lieu en Suisse , entre Lausanne et Genève , c'est - à - dire sur la partie la plus compliquée du réseau .
Après avoir permis aux abonnés des compagnies téléphoniques de ces deux grands centres de correspondre entre eux , M. Buels , électricien belge chargé de diriger les installations , ne s'est pas contenté de ces résultats , il a voulu que ces mêmes abonnés puissent correspondre directement avec ceux de Vevey , Montreux , Glion et Aigle qui sont reliés à Lausanne par un fil spécial . " Bien qu'on opérât dans les conditions les plus défavorables , puisqu'il s'agissait de porter la voix d'un circuit à double fil , de Genève à Lausanne , sur un circuit ne comportant qu'un seul fil , les résultats ont été des plus concluants .
Cette dernière expérience est d'autant plus digne d'être notée qu'elle a été réalisée par un temps détestable , au milieu d'averses continues qui devaient occasionner de fortes déviations . Les journaux suisses , qui ne tarissent pas d'éloges sur les résultats obtenus par l'appropriation d'une partie du réseau de la Confédération au système belge comme on l'appelle , font remarquer que les abonnés des réseaux télégraphiques n'ont pas été peu surpris de pouvoir tout à coup causer entre eux d'un bout à l'autre du lac Léman , depuis les rives du beau lac bleu à Genève jusqu'au - dessus des nuages , à Glion , sur les bauteurs du Righi Vaudois , en franchissant une longueur de plus de 150 kilomètres de fils télégraphiques .

Alors que la Belgique en 1882 ne comptait que 2000 abonnés au téléphone la S.A.Bell Telephone Mfg est fondée, avec Francis Welles ermployé de la Western Electric et Louis De Groof fondé de pouvoir de l'International Telephone Compagnie, et se fixèrent comme objectif : la fabrication la vente, l'achat et la location bail d'équipements de téléphonie et de télégraphie et de tout ce qui touche directement ou indirectement à l'électricité. Le siège social est établi au 278 de la Dambruggestratt à Anvers, la ou fut installé le central téléphonique initial.

Dans l'année qui a suivi sa fondation en 1882, S.A.Bell Telephone Mfg qui n'avait pas encore pas de production employa 35 personnes pour ses ateliers étaient installés dans une petite usine située au 4 Boudewijnstraat, Anvers .

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BTMC a ensuite créé la Compagnie Belge du Téléphone Bell la même année que sa filiale d’exploitation belge, une des nombreuses sociétés fournissant des services téléphoniques dans le pays, les autres ayant principalement évolué à partir d’opérateurs télégraphiques.

BTMC est devenue la propriété principale du fabricant de téléphones Western Electric et a créé plusieurs autres divisions en tant que sociétés nationales en Europe continentale et en Russie .
Plus tard, Western Electric était elle-même détenue majoritairement par la compagnie de téléphone américaine Bell, ce qui a permis à la société Bell de reprendre le contrôle de BTMC.

BTMC était détenue à 45% par American Bell Telephone et à 55% par le principal fournisseur américain de Bell, Western Electric (dont Bell était également actionnaire majoritaire).
Western Electric, société américaine a été créée à l'époque du télégraphe, elle est devenue le même fournisseur américain de téléphones d'Amérique la même année. À la suite d'une vente d'actions à Western Electric, American Bell a ensuite cédé sa propriété à BTMC en 1890 afin de se concentrer sur les opérations du système téléphonique.
Depuis qu'American Bell est l'actionnaire majoritaire de Western Electric, elle a conservé une propriété indirecte d'IBTC.

C'est sur ce créneau que la société de fabrication de téléphones Bell (BTMC), a été créée à Anvers en Belgique le 26 avril 1882 par l'IBTC (compagnie de téléphone internationale Bell) fondée par G.Hubbard en 1879.


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Anvers 4 Boudewijnstraat, Anvers vers 1910 les usines BTMC

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En 1883, une concession fut accordée par décret royal, à la Société des Téléphones en Belgique pour l'installation de lignes à Bruxelles, Anvers, Charleroi, Gand, Lo viers et Vcrviers.
Cette concession comprend un rayon de dix kilomètres et s'applique aussi à la ville de Liège ; elle est fixée à vingt-cinq années. Le prix des abonnements est de 250 francs par an et 150 francs pour six mois. Au delà de trois kilomètres, on paye un prix complémentaire de 50 francs par kilomètre ou fraction.
L'administration des postes et des télégraphes se réserve le droit d'organiser le service des téléphones au moment où elle le jugera opportun,
et garde pour elle le libre accès des bureaux de la Compagnie.
On établit, cette même année, des installations téléphoniques à grande distance. C'est ainsi qu'un journal de Gand, la Flandre Libérale, lit installer un
fil téléphonique spécial entre ses bureaux, à Gand et à Bruxelles. La longueur de cette ligne est d'environ cinquante kilomètres.
Pendant cette année, la progression fut de dix-neuf pour cent en douze mois pour les villes de Bruxelles, Anvers, Charleroi, Gand et Verviers, exploitées par la Compagnie belge du téléphone Bell.

C'est en février 1884 que le bureau central fut ouvert aux communications.
Ce bureau est installé dans les locaux de l'administration centrale à Mariemont, d'où partent toutes les lignes vers les différentes directions.
On se fera une idée exacte de l'importance de cette installation si l'on songe que le développement des fils téléphoniques reliant tous les postes comprend un circuit de plus de soixante-seize kilomètres de fils aériens. Le fil employé pour les lignes est en acier galvanisé, de 21/10 millimètres.
La rentrée des lignes an bureau central est faite au moyen de câbles très solides, fixés le long des montants. Ces fils traversent ensuite le mur du bâtiment.
Grâce à une organisation des mieux étudiées, le service téléphonique des sociétés charbonnières de Maricmont et de Bascoup fonctionne avec la plus grande régularité.
Des instructions spéciales sont affichées à côté de chaque poste et règlent la mise en communication de ces trente-cinq stations téléphoniques entre elles par l'intermédiaire du bureau central.
Une des lignes du réseau est raccordée par un appareil placé au bureau de la gare de Mariemont, et permet ainsi d'envoyer directement, et de recevoir de même, des télégrammes par l'intermédiaire du bureau central à chacun des postes principaux.
Le poste le plus éloigné est distant de sept kilomètres du bureau central ; la fosse no7, à Trazegnies, de cinq kilomètres et demi. Lorsque ces deux postes sont en communication par le bureau central, la parole franchit une distance de douze kilomètres et demi.
A l'exemple de la Société des Charbonnages de Mariemont et de Bascoup, la Société Gockerill, de Seraing, et plusieurs sociétés de charbonnages belges ont fait établir des services téléphoniques entre l'intérieur des puits et les bureaux des compagnies ; l'avantage des communications par téléphone est de mettre constamment en rapport direct l'ngénieur et le personnel des mines.
Après plusieurs mois d'essais, la Société Gockerill étendit, au commencement de 1883, ses installations téléphoniques de la houillère Marie à tous ses sièges d'extraction de charbon. Les fils sont poussés en avant en même temps que les travaux.
Dans la houillère Marie, les différents fils de l'intérieur aboutissent à l'endroit du fond spécialement réservé au rallumage des lampes et qui se trouve toujours placé près du puits. L'appareil placé à trois cent cinquante mètres de profondeur, fonctionne très bien. L'instantanéité des communications, la possibilité de converser épargnent beaucoup de manœuvres. En cas d'accident aux câbles, de déraillement des cages, de rupture de cordon de sonnette ou de dérangement de la sonnerie électrique, d'interruption du service d'extraction pour une cause quelconque, le personnel de l'intérieur peut être prévenu immédiatement. Les ordres, les renseignements urgents sont transmis aussitôt de la surface à l'intérieur et réciproquement, même dans le cas où les communications ordinaires seraient interrompues.
Son principal bras de production est la BTMC. qui se développe dans toute l’Europe, où de nombreux pays appliquaient une politique commerciale nationaliste favorisant les fournisseurs nationaux.

En 1884,1e Ministre des travaux publics approuva une convention permettant de relier téléphoniquement les bureaux télégraphiques avec les bureaux centraux de la Compagnie des Téléphones.
En janvier, ce nouveau service existait à Bruxelles; depuis cette époque, les abonnés au téléphone de Bruxelles peuvent dicter verbalement leurs télé-
grammes ou les recevoir à Taide de leurs appareils, à leur domicile. Une copie de la dépêche leur est ensuite envoyée par la poste sans frais, de sorte que le destinataire peut être sûr qu'on lui a téléphoné d'une manière correcte.
Le Ministre des travaux publics, adressa en janvier 1884, à tous les abonnés du réseau de Bruxelles, une circulaire réglant la transmission par voie téléphonique des télégrammes entre les bureaux télégraphiques de Bruxelles (Nord) et les abonnés par l'intermédiaire du bureau central du réseau téléphonique. D'après cette circulaire, le bureau télégraphique de Bruxelles (Nord) est raccordé téléphoniquement au bureau central de la concession établi à Bruxelles, rue de la Montagne, 73 ; de telle sorte que les abonnés du réseau concédé peuvent être mis en communication directe, par le bureau central, avec le bureau télégraphique de l'Etat. Jour et nuit les abonnés ont la faculté de transmettre, par cette voie, au bureau télégraphique, des télégrammes privés à destination de l'intérieur ou de l'étranger, y compris les dépêches qui doivent être remises par les messagers de l'administration dans le rayon de distribution des bureaux télégraphiques de la localité même.
Ces télégrammes sont souniis, sans surtaxe, au tarif ordinaire des correspondances télégraphiques. Les abonnés peuvent également obtenir que les télégrammes qui leur sont adressés soient expédiés téléphoniquement par le bureau télégrai)hique de Bruxelles. Ils en font la demande par écrit au percepteur de ce bureau en ayant soin d'indiquer les jours et les heures auxquels ils sont en mesure de répondre aux appels. Lorsqu'un appel reste sans réponse pendant cinq minutes, le télégramme est remis à destination par porteur.
Une copie confirmative du texte transmis par le fil téléphonique est remise au domicile du destinataire par la poste et sans frais. La copie peut être envoyée par exprès moyennant le paiement d'une taxe de 25 centimes pour les correspondances à remettre dans le rayon de distribution gratuite du bureau télégraphique, ou dcs fraisd d'exprès stipulés par les règlements du service télégraphique pour les correspondances à porter en dehors de ce rayon.

En mars 1884, on a échangé en Belgique neuf mille sept cent soixanle-dix-sept télégrammes par téléphone entre les abonnés des concessions téléphoniques et les bureaux télégraphiques de raccordement. En avril ce nombre s'est élevé à 11.447, savoir : 2.261 à Liège; 2.149 à Bruxelles; 1.979 à Gand, 1.696 à Anvers; 1.235 à Charlcroi; 1.159 à Louvain et 952 à Verviers; soit une augmentation de 1670 sur le mois précédent. Au commencement de cette même année, on installa à Bruxelles des bureaux publics de correspondance téléphonique o ù tout le monde peut être mis en communicatîon avec les abonnés de la Compagnie, moyennant une taxe de 25 centimes par partie individuelle de 10 minutes.
On organisa à cette époque le service public d^une ville à une autre; depuis le mois de mars 1884, ce service fonctionne entre Bruxelles, Anvers, Gand, Liège, Verviers, Gharleroi et Louvain.
On se sert pour les communications de cette nature des fils télégraphiques; et le prix est de 1 franc pour cinq minutes de conversation, et de 1 fr. 50 pour dix minutes.
Depuis le 28 septembre 1884, seuls, les abonnés de la Compagnie Bell pouvaient user de la communication entre Bruxelles et Anvers ; mais à partir du 20 octobre suivant, la correspondance téléphonique entre ces deux villes fut rendue accessible au public.

Se basant sur l'article premier de la loi du 11 juin 1883, qui autorise le gouvernement à entreprendre lui-même ou à concéder l'établissement et l'exploitation de réseaux, l'administration des postes et télégraphes a commencé par concéder le service de correspondance téléphonique dans les villes d'Anvers, Bruxelles, Gharleroi, Gand, La Louvière, Liège, Louvain, Mons et Verviers, et dans les communes environnantes.
Ces exploitations fonctionnent régulièrement et ont acquis un notable développement.
Dans un rapport adressé au roi et qui parut au Moniteur Belge le 27 octobre 1884, le Ministre des chemins de fer, postes et télégraphes constate que
l'emploi du téléphone, restreint au champ d'action assigné aux concessions, ne peut pas produire tons les avantages que le public et les diverses branches de l'activité nationale sont en droit d'en attendre.

La correspondance téléphonique, dit-il, doit être rendue possible à l'intérieur du royaume entre les localités importantes, et plus tard, avec les pays voisins ; la mise en relation des réseaux concédés est un premier pas à faire dans cette voie.
Le gouvernement doit se réserver l'exploitation de la téléphonie à grande distance, qui peut affecter dans une certaine mesure, le produit des correspondances télégraphiques.
Il incombait notamment à l'administration d'établir, à cette fin, les fils conducteurs destinés à relier entre elles les entreprises locales. Mais l'installation de conduites téléphoniques spéciales aurait réclamé des dépenses et un délai d'exécution qui eussent reporté à une époque assez éloignée la réalisation du progrès.
Grâce aux inventions d'un jeune Belge, les lignes télégraphiques existantes peuvent être appropriées, moyennant une dépense modérée, de manière à transmettre la parole sans cesser de donner cours aux correspondances du télégraphe.
En présence de ce résultat, mon département peut légitimement se féliciter d'avoir accordé un large concours aux études et aux expériences préliminaires de l'inventeur.
L'exécution des mesures d'approbation entreprises par l'administration, au début de la présente année étant aujourd'hui menée à bonne fin et les
grandes lignes de l'Etat étant raccordées aux bureaux centraux des concessions, il reste à fixer en vue d'une exploitation régulière, les tarifs et les conditions réglementaires des correspondances téléphoniques à échanger entre deux points quelconques du territoire belge par les lignes de l'Etat.
Ces considérants sont suivis d'un arrêté royal, en date du 10 octobre 1884, établissant les taxes auxquelles les communications téléphoniques inter
urbaines sont soumises, et d'un arrêté ministériel du 16 du même mois fixant au 20 octobre la date de l'ouverture du service de la correspondance entre les réseaux concédés de Bruxelles à Anvers. La feuille officielle publiait, en outre, une circulaire réglant le mode d'application de ces arrêtés.
Une loi votée par la Chambre des députés de Belgique règle l'exploitation de la téléphonie.
Le gouvernement est autorisé à accorder des concessions d'une durée n'excédant pas vingt-cinq ans. L'industrie privée est libre d'exploiter les agglomérations ; l'État se réserve les communications de ville à ville ou de pays à pays.

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1884 LA MULTIPLICITÉ DES CONCESSIONS TÉLÉPHONIQUES .
Pour montrer combien la multiplicité des compagnies téléphoniques est préjudiciable à la fois au service et aux intérêts mêmes des abonnés , citons quelques exemples . Il y avait , il y a environ trois ans , trois compagnies téléphoniques riyales à Bruxelles , deux à Liège et deux à Anvers . Après quelque temps de lutte , ces compagnies ont dû fusionner en augmentant sen siblement le prix de l'abonnement .
La concurrence produisit un abaissement momentané du prix , mais en fin de compte , la fusion ayant amené un prix plus élevé qu'auparavant , le bénéfice fut illusoire .

A Christiania , le magistrat a pris la décision suivante pour obliger les deux compagnies rivales à fusionner : (Christiania , le 9 aodt 1881 ).
Considérant que , jusqu'ici , les deux compagnies rivales n'ont rien fait que se combattre continuellement , et n'ont pas pu parvenir à un accord å l'amiable , désiré cependant par tout le monde , le magistrat , afin de venir à bout de cette opposition acharnée et préjudiciable à tous les intérêts engagés dans cette exploitation , qui est devenue une nécessité de la vie journalière , décide de notifier aux deux Compagnies , qu'à l'expiration de quinze jours après le reçu de la notification , elles ne seront plus autorisées à placer de nouvelles lignes sur les rues et places de la ville , tout en les sommant de se fusionner dans une seule Compagnie , å investir du monopole selon la concession .

A Turin , le syndic prend une mesure analogue et supprime , à la date du 9 février 1884 , toute nouvelle permission pour installation des lignes jusqu'à l'accord complet entre les deux sociétés . Et c'est au moment où toutes les administrations des grandes villes reconnaissent les inconvénients des réseaux téléphoniques multiples , et prennent des mesures énergiques pour faire fusionner les compa gnies rivales , que Paris accorde de nouvelles concessions , sous l'illusoire prétexte d'une réduction du prix d'abonnement ? A quand la fusion et le prix d'abonnement fusionné à 700 ou 800 francs ?

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VISITE DU ROI DES Belges AUX INSTALLATIONS ÉLECTRIQUES DE L'EXPOSITION D'Anvers 1885 .
— Le roi a fait une longue visite hier soir à l'Exposition d'Anvers , dans la section d'électricité . Sa Majesté était accompagnée du maréchal du palais , le comte J. d'Oultremont , du colonel baron van Rode , du comte de Mérode et du comte de Lalaing .
Le roi , arrivé par train spécial à la gare du Sud , a été reçu par le chevalier de Moreau , ministre de l'agriculture et des travaux publics , et par le comte A. d'Oultremont , commissaire général , par MM . Gody et de Cazenawe , secrétaires généraux , M. Lynen et les membres de la com mission exécutive , le bourgmestre De Wael , M. Rousseau , président du comité d'électricité , et MM . Wybauv , le capitaine Léon Gody (capitaine d'artillerie, répétiteur à l'Ecole militaire, Bruxelles) , les ingénieurs Déry et Dumont , etc .... , etc ... , membres de ce comité .
Sa Majesti , accompagnée de M. de Graux , ingénieur de la galerie des machines , a parcouru successivement les installations de lumière électrique des compartiments allemand et français , dont elle se faisait présenter les exposants . Dans la section française , Sa Majesté a visité tout particulièrement les installations de la compagnie générale des téléphones de Paris , de la maison Menier et de MM . Scrive et Hermite de Lille .
Dans le compartiment belge , Sa Majesté s'est particulièrement inté ressée aux explications et aux renseignements que lui ont donnés MM . Julien , Nothomb et Jaspar , sur les différents systèmes d'appareils qu'ils exposent . Passant de la galerie des machines au compartiment de l'électricité , le Roi s'est rendu dans le nouveau laboratoire de la Commission des essais électriques , dont les honneurs lui ont été faits par MM . Rousseau et Eric Gérard . Sa Majesté s'est entretenue avec quelques délégués étrangers , notamment avec MM . Collette , ingénieur en chef des télégraphes néerlandais , Karcis , ingénieur en chef des télégraphes autrichiens , chargé par son gouvernement de venir étudier en Belgique , pour l'appliquer en Autriche , le système de téléphonie interurbain qui fonctionne dans toute la Belgique .
En sortant du compartiment d'électricité , Sa Majesté s'est arrèlée aux installations de tous les appareils du système Van Rysselberghe et s'est entretenue longuement avec M. Ch . Mourlon , auquel elle a demande de nombreux renseignements sur cette belle invention et notamment sur ses applications à l'étranger et sur les expériences si intéressantes faites tout récemment entre le chalet royal d'Ostende et Bruxelles , expériences qui ont pu permettre à la reine d'entendre la musique et le chant de l'Opéra , qui lui sont transmis à 25 lieues de distance par les fils du télégraphe et sans déranger ceux - ci de leur service .
Le roi a remonté ensuite l'escalier qui conduit au balcon de la halle aux machines pour se rendre dans la galerie centrale , brillamment éclairée par les différentes compagnies de lumière électrique . Sa Majesté a également voulu voir du grand portique l'effet de l'éclairage des jardins et des principaux pavillons ; elle est ensuite rentrée dans l'Exposition pour se rendre à la gare du Sud en repassant par la halle aux machines , où elle a admiré encore une fois le splendide coup d'oeil de ces immenses locaux où tous les systèmes d'éclairage électrique luttent d'intensité et de puissance.


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1888 LA TÉLÉGRAPHIE ET LA TÉLÉPHONIE SIMULTANÉES EN Chine.
Le Céleste Empire était une des seules régions du globe où le système de télégraphie et de téléphonic simultanées, qui fonctionne dans toute la Belgique ainsi qu'entre Paris et Bruxelles, n'avait pas acquis droit decité .
Grâce à l'intervention de M. le baron Sadoine, lors de son passageen Chine, M. C. Poulsen , le directeur des télégraphes à Tien - Tsin, s'est mis en rapport avec les constructeurs des appareils Van Rysselbergh pour être en mesure d'expérimenter le système en question .
A la suite d'essais qui viennent d'avoir lieu en présence de tous les mandarins de l'administration des télégraphes impériaux, ces derniers viennent d'adopter le système pour la Chine, et déjà l'on a mis à l'étude l'appropriation de la ligne de Sanghaï å Tien - Tsin.

LES PATENTES EN 1888 . 18 029 palentes ont été prises en Angleterre en 1887. En 1886 , le nombre était de 17 162. En 1885, 16101 et en 1884 , l'année de la réforme de l'ancienne loi , 17110. Soit un total de 68 402 dans quatre années .

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Le Théatrophone de Breguet arrive aussi en Belgique.

À Charleroi, le 14 août 1884, la Compagnie des téléphones Bell fit à ses abonnés la surprise d’un concert à domicile.
Chaque abonné avait reçu, le matin, l’avis suivant : Concert-Téléphone. — Dimanche, 14 août, concert au bureau central du téléphone Bell.
Toutes les communications seront établies à onze heures précises du matin. Mettre le cornet à l’oreille, à l’heure juste, sans avertir le bureau central. Le concert eut lieu à l’heure dite, et fut très applaudi des abonnés. µ
À Bruxelles, en septembre 1884, on installa une communication avec le châlet de la reine des Belges à Ostende et le théâtre royal de la Monnaie. La reine put ainsi entendre, à une distance de plus de 250 kilomètres, Guillaume Tell, et le lendemain, la répétition générale du Barbier de Séville.
Après la mort du roi d’Espagne, la cour de Bruxelles ayant pris le deuil, la reine ne paraissait plus au théâtre.
On établit une ligne téléphonique, avec les appareils nécessaires, entre le théâtre de la Monnaie et le château de Laëken, où résidait la reine ; de sorte que la royale Majesté put assister, de loin, aux représentations de l’Opéra.
Il paraît même qu’elle se plaisait à écouter les répétitions. Un journal de Bruxelles a raconté, à ce propos, une anecdote curieuse. La reine suivait, un jour, par l’appareil téléphonique, la répétition de l’opéra des Templiers. Tout à coup, elle eut un tel mouvement de brusque surprise, que le téléphone lui tomba des mains. C’est qu’elle venait d’entendre le chef d’orchestre, dans un moment d’impatience contre les chœurs, lancer le nom du Très-Haut d’une manière qui n’avait rien d’édifiant .Depuis ce jour, les répétitions au théâtre de la Monnaie furent conduites, dit-on, de la façon la plus correcte.
En septembre 1884, on put entendre, de la gare d’Anvers, la musique du Vauxhall de Bruxelles. Non seulement les morceaux d’ensemble étaient perçus avec la plus grande netteté, mais le solo de violon, exécuté par M. Hermann, sur la Méditation de Gounod, put être entendu à Anvers sans qu’aucun détail de l’exécution échappât aux auditeurs. Et chose extraordinaire, on faisait, à ce moment même, des expériences de transmission simultanée par le téléphone et le télégraphe, par le système Van Rysselberghe ; de sorte que, tandis qu’on entendait à Anvers la musique de Bruxelles par le fil du téléphone, ce même fil remplissait son service ordinaire et continuait à envoyer des dépêches télégraphiques.

En 1884, la toute première ligne interurbaine européenne est créée entre Anvers et Bruxelles.

Aussi, en 1885, la téléphonie était exploitée sur une très grande échelle, et, dans le courant de cette année, un certain nombre de villes furent reliées
entre elles par des lignes téléphoniques. Ia Compagnie des Téléphones qui a établi un réseau deLiège exploite, depuis le mois de janvier 1885,
la banlieue de cette ville dans un rayon de dix kilomètres.
Le service de la correspondance fut ouvert au public entre les réseaux concédés, à savoir :
Le 15 avril 1885, entre Anvers et Gand; le 1" juin, entre Bruxelles et Liège ; le 29 du même mois, entre Loujain, Bruxelles et Anvers; le 15 juillet, entre Mons et Bruxelles; le 3 août, entre Bruxelles et Ostende, et entre Mons et Ostende ; le 31 août, entre Bruxelles et Charleroi, etc.
Le service des communications de ville à ville se fait d'après le système Van Rysselbergh, pour l'échange simultané des dépêches télégraphiques et des correspondances téléphoniques. Les taxes et les diverses conditions de la correspondance sont celles que nous avons indiquées en parlant de l'ouverture de la correspondance téléphonique entre Bruxelles et Anvers.

En 1885, la fabrication locale à Anvers avait remplacé l'importation de centraux manuels et d'instruments téléphoniques.
Le volume de fabrication a plus que doublé chaque année, Bell commençant à desservir la majeure partie de l'Europe.
Avant le tournant du siècle, Bell était le principal fournisseur de systèmes téléphoniques en Égypte, en Chine, au Japon et en Amérique du Sud.

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En 1886, trois compagnies avaient organisé le service téléphonique, dans sept villes avec trois mille trois cent soixante-cinq abonnés. Charleroi tenait la tête avec une proportion d'abonnés de 12.5 % de sa population; puis Verviers avec 9 %, Anvers avec 4 %, Bruxelles, Gand et
Liège avec 2 et 3 % .
Les divers réseaux sont, depuis 1886 tous reliés entre eux et avec le télégraphe, ce qui offre de grandes facilités au point de vue commercial.
Lorsqu'une commission spéciale fut nommée pour faire choix du matériel nécessaire aux installations électriques, à l'intérieur du Palais de justice de
Bruxelles, il fut décidé qu'il serait fait une application très complète du téléphone pour relier entre elles les salles de cet immense édifice.
Des postes téléphoniques du système Ader ont été installés dans les différentes salles du Palais.
Tous les appareils sont reliés à un commutateur principal placé dans les bureaux du télégraphe, et destiné à mettre en communication les magistrats, les avocats, etc. De plus, ces derniers peuvent correspondre avec les abonnés des réseaux de Bruxelles et de ses faubourgs, et même avec Anvers, Gand, Liège, Charleroi, Mons, Verviers, etc.
On peut dire que l'installation téléphonique à l'intérieur du Palais de justice de Bruxelles, est une des plus importantes de la Belgique.
Pendant le mois de juillet 1886 il a été échangé trente et un mille huit cent douze télégrammes par téléphone entre les abonnés des concessions téléphoniques et les bureaux télégraphiques de raccordement. Ce nombre s'est élevé pendant les mois d'août, septembre et octobre de la même aunée au chiffre de quatre vingt-quinze mille cinq cent cinq, ainsi répartis :

Bruxelle 24,662 télégrammes — Anvers 18,394 — Liège 14,433 — Charleroi 11,422 — Gand 9,129 — Mens 8,148 — Verviers 5,528 — Louvain 3,789 — Comparé au mouvement des trois mois correspondants de l'année précédente, ce nombre accuse une augmentation de onze mille cinq cent quarante et une dépêches, ou de 13,78 %.
En outre pendant la même période de Tannée 1886, les nouveaux réseaux de Namur, Ostende, La Louvière et Gourtrai ont fourni un total de sept mille sept cent cinquante télégrammes téléphonés.
À la fin de 1886, la division belge comptait au total 6 900 kilomètres de lignes téléphoniques et 3 532 abonnés répartis dans sept villes, dont Bruxelles , Anvers , Charleroi , Gand , Verviers et Liège.

Les taxes sont indistinctement applicables aux communications échangées au moyen des appareils des abonnés des réseaux locaux, et à celles des personnes demandant à correspondre dans les bureaux publics. Ces taxes sont pour la période de jour : de sept heures du matin à neuf heures du soir: 1 franc pour cinq minutes de conversation ou moins; 1 fr.50 pour plus de cinq minutes, jusqu'à dix minutes.
Aucune surtaxe ne peut être réclamée aux personnes non abonnées.
En 1887, un projet a été soumis, par M. Mourlon de Bruxelles, au gouvernement autrichien, pour rétablissement d'un système téléphonique international, qui aurait son centre à Vienne. Le réseau s'étendrait de Vienne à Berlin, Zurich, Paris, Bruxelles, Rome et Saint-Pétersbourg.
En 1887, la première ligne internationale en Europe est ouverte entre Bruxelles et Paris.
Quand on créa, en 1887, un service téléphonique de Paris à Bruxelles, on renonça à tout système préventif des courants d’induction, et on se décida à tendre entre ces deux villes un fil spécial en bronze silicieux, sans aucun rapport avec les lignes télégraphiques, en le maintenant à une distance convenable des fils du télégraphe.
Cet alliage de bronze silicieux est plus résistant que le fer, c’est-à-dire peut être plus facilement tendu sans se rompre. Chaque fil pèse 63 kilogrammes par kilomètre. Il est attaché aux poteaux télégraphiques de la voie ferrée, mais à une distance convenable des fils télégraphiques.
C’est par ce moyen que Paris et Bruxelles, ensuite Bruxelles et Amsterdam, furent reliés par un fil téléphonique, en 1887.
Le succès de la ligne téléphonique de Paris à Bruxelles, au moyen d’un fil de bronze silicieux, fut le signal de l’établissement de communications
semblables entre d’autres grandes villes de l’Europe.


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1888 A la suite d'une convention entre les gouvernements belge et allemand, une ligne téléphonique sera établie entre Verviers et Aix-la-Chapelle. Le tarif sera de 1 fr.25 par cinq minutes d'entretien pour les premiers kilomètres de distance, et de 2 fr.50 pour toute la longueur de la ligne.

A partir de 1889, les réseaux concédés au secteur privé sont progressivement rachetés par l'État qui souhaite d'exploiter la téléphonie en tant que service public en considérant que la concurrence entre opérateurs privés, travaillant avec des systèmes incompatibles, non seulement nuit aux revenus du télégraphe public, mais ralentit l'expansion du service à la population.

En mars 1892, le ministre belge des Chemins de fer, des Postes et Télégraphes, le catholique Jules Vandenpeereboom (1843-1917), fait notifier aux sociétés privées de téléphone encore en activité que, à partir du 1er janvier 1893, le Gouvernement reprendra à son compte toutes les lignes téléphoniques. Le gouvernement belge opère conformément aux termes des cahiers des charges qui ont été annexés aux actes de concession et à la loi réglant la matière des concessions téléphoniques. Le but du gouvernement et de l'Administration des Télégraphes et des Téléphones est de donner, dans un bref délai, une extension très rapide au réseau téléphonique dans tout le pays. Et le ministre d'estimer, à la Chambre le 22 mars 1892, que : nous pouvons le faire dans de bonnes conditions, car nous sommes parfaitement outillés ; nous avons les bureaux télégraphiques, dans lesquels on peut installer des appareils téléphoniques et dont le personnel peut être employé aussi au service du téléphone. On pourra
utiliser des lignes télégraphiques pour les communications téléphoniques, lorsque le réseau aura été renouvelé et que nous nous serons pourvus d'un matériel neuf et spécialement de lignes en bronze phosphoreux ou faites d'un métal analogue. Ce sera là un grand service rendu au public, et, si la Chambre veut bien consentir à mettre à notre disposition les crédits nécessaires, nous aboutirons à un excellent résultat.
Dans la suite de son discours, le ministrene manque pas de souligner la qualité de ses fonctionnaires : nous avons, à la tête de l'administration des télégraphes, des ingénieurs que vous connaissez ; ce sont des hommes de premier ordre et, entre leurs mains, ce service ne peut que grandir et s'améliorer...
Une polémique va pourtant éclater à la Chambre autour de la question de savoir si le choix initial de 1883 de laisser l'initiative aux industriels du privé était judicieux ou si l'État aurait dû prendre d'emblée cette initiative lui-même ?
Le débat n'est évidemment pas tranché. Si on lui enlève le caractère idéologique - ce que nous tentons de faire dans cette note - on doit reconnaître avec Joseph Pirard que le passage en gestion publique va permettre l'abandon de la tarification forfaitaire, considérée comme injuste et nuisant à la généralisation des services téléphoniques . La Bell est rachetée en 1897. À la fin du XIXe siècle, l'État belge exploite tous les réseaux du pays et, en commun avec la Grande-Bretagne, les câbles sous-marins anglo-belges.
Cette question de l'intérêt général rebondira à la fin des années 1920 lorsque sera discuté le nouveau statut de régie autonome de l'administration des télégraphes et téléphones, dans ce qui deviendra la loi du 19 juillet 1930, fondant la Régie des Télégraphes et Téléphones (RTT).
Le leader socialiste Émile Vandervelde (1866-1938) lancera au Premier ministre catholique Henri Jaspar (1870-1939) que le projet aliène une part importante du domaine national, le livrant à une majorité de membres du Comité de gestion représentant des intérêts d'affaires qui sont souvent en contradiction avec l'intérêt général... "Vous aliénez une propriété de l'État" s'exclame Vandervelde . Aux yeux du gouvernement, l'institution de la Régie visait à améliorer la gestion de l'entreprise et à faciliter le financement de la modernisation du réseau, l'État peinant à financer les investissements nécessaires à l'extension de la commutation automatique .
La crainte de certains parlementaires venait du fait que l'État cédait à la RTT la propriété des installations et des réseaux de télégraphie et de téléphonie publics. Cette cession de propriété et l'attribution de la personnalité civile consacraient l'autonomie financière de la Régie. De
surcroît, le gouvernement mit à la disposition de la nouvelle entité un fonds spécial de 600 millions de francs qui devait désormais se charger, sans aucune intervention du Trésor, du financement de ses programmes d'extension et de modernisation. La RTT était autorisée à émettre des emprunts moyennant une approbation préalable des Chambres et l'accord du ministre des Finances. Elle devait verser à l'État un intérêt annuel et perpétuel de 4,5% de la valeur d'inventaire des biens cédés et du fonds spécial qui lui avait été attribué .

Ce débat revient devant l'actualité soixante ans plus tard sous l'influence de la Commission européenne et de sa volonté de libéraliser le marché des télécommunications à partir du 30 juin 1987. Ainsi, la loi du 21 mars 1991 réforme certaines entreprises publiques et transforme la Régie en entreprise publique autonome sous le nom de Belgacom. Un contrat de gestion est passé avec la nouvelle entité. Ce nouveau statut porte distinction des missions de service public et des activités visant au développement de l'entreprise. Les fonctions de réglementation et de surveillance que la RTT accomplissait ne sont pas transférées à Belgacom, mais exercées désormais par l'Institut belge des Services postaux et des Télécommunications (IBPT), sous la responsabilité du gouvernement. Toutes les activités de télécommunications ne faisant pas partie de la concession exclusive sont soumises à la libre concurrence . En 1992, Belgacom sa constitue une entreprise publique autonome, puis deux
ans plus tard en une société anonyme de droit public. Faisant suite à plusieurs directives européennes et en vue de la libéralisation annoncée pour le 1er janvier 1998, en 1996, le Gouvernement belge vend 49% de ses actions au consortium international ADSB Communications, comprenant aussi trois institutions financières belges. En 2004, Belgacom fait son entrée en bourse. En 2016, il prend le nom de sa filiale Proximus, intégrée dans le groupe depuis 2010 11. Il n'est évidemment plus qu'un opérateur parmi quelques autres dans un paysage technologique, économique et commercial qui s'est profondément transformé à de nombreuses reprises et continuera à se métamorphoser...
Ce retour sur la trajectoire rétrospective des réseaux téléphoniques nous permet d'entreprendre notre analyse sur la forme de l'État et ce que nous appelons son périmètre : l'État-législateur, qui réglemente ou normalise, l'État-administrateur, gestionnaire des recettes et des dépenses, État-entrepreneur ou actionnaire, qui produit des biens et services, notamment en tant que propriétaire ou principal actionnaire d'entreprise, l'État-(re)distributeur de revenus, etc. Cette évolution nous rappelle aussi, avec Christopher Hood que, dans un contexte séculaire d'extension des prérogatives et missions étatiques, l'abandon des services ou des secteurs par l'État est loin d'être inconnu. Hood donnait le grand exemple du retrait de l'État du XXe siècle de la plupart de ce que, en tant qu'Anglais, il qualifiait de responsabilités impériales dans les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, la Grande-Bretagne, le Portugal avec l'Angola, ou encore la Belgique avec le Congo sont autant de pays
qui ont fermé leurs services et ministères des colonies. Le professeur à l'Université d'Oxford rappelait également - et nous ne sommes pas loin de notre exemple - les cas d'abandon par l'État de services technologiquement obsolètes tels que les télégraphes ou le fait que, dans la téléphonie vocale, au cours du dernier quart de siècle, de nombreux États européens sont passés d'un monopole public complet de ces services par le biais d'une prestation privée réglementée, à l'abandon total du contrôle des prix et des licences pour tous les domaines de la téléphonie vocale. D'autres exemples nationaux d'abandons de services pour des raisons de réduction des coûts, indépendamment de l'obsolescence technologique, comprennent le retrait des commodités publiques municipales au cours des dernières décennies, l'abandon des défenses côtières et le dragage des embouchures de rivières dans de nombreux pays. En Grande-Bretagne, plus de 4000 miles du réseau ferroviaire ont été fermés entre 1963 et 1973
après que le gouvernement de l'époque eut accepté le célèbre Rapport Beeching de 1963. Hood mentionne aussi la décision historique de 1968 du gouvernement travailliste d'Harold Wilson (1916-1995) d'abandonner la majeure partie de la chaîne des bases militaires britanniques d'outre-mer que la Grande-Bretagne avait autrefois maintenues, de la Méditerranée à la mer de Chine méridionale, et de faire fi de la plupart des engagements
militaires antérieurs de la Grande-Bretagne à «l'Est de Suez». Cette formule à l'Est de Suez est devenue chez le politologue, le titre d'un scénario synonyme de choix radical dans le domaine public et plus particulièrement de retrait complet des services publics de certains domaines existants afin que les ressources réduites puissent être concentrées plus efficacement sur un éventail plus restreint de préoccupations ...

ATEA «Ateliers de Téléphone et Electricité Anversoise» ou The Antwerp Telephone and Electrical Works est la première dénomination officielle de ATEA qui appartient successivement à des sociétés belges, britanniques, américaines et allemandes, fabrique des équipements téléphoniques en Belgique depuis 1890

En avril 1892
, une nouvelle société nommée «Antwerp Telephone and Electrical Works» a été créée par ces 3 personnes ainsi que 5 agents locaux fournissant une partie du capital-risque et ont démarré leur entreprise à Berchem, une banlieue d'Anvers.
La mission de l'entreprise était la fabrication, l'achat, la vente et la location de matériel de téléphonie, télégraphie et électricité.
Ils ont livré, entre autres, des centres manuels et des téléphones dans toute l'Europe.
Outre la Belgique et les Pays-Bas, d(autres marchés ont été passés dans de nombreux pays, même avant la Première Guerre mondiale. Quelques exemples :
Russie Saint-Petersburg, Moscow, Kiev, Riga, Odessa
Italie Rome, Milan, Turin, Bolog­na, Como, Piacen-za, Venice, Naples, Palermo-Sicily
Royaumes Unis Canterbury, Moor­gate, Glasgow
Pologne Warsaw , Lodz
Allemagne Bielefeld
Mexique Vera Cruz
En regardants d'anciens catalogues de téléphones, nous observons beaucoup de ressemblance avec les téléphones d'autres fournisseurs.
De nombreuses sociétés de téléphonie de cette période ont utilisé des pièces de Siemens et Ericsson jusqu'à ce qu'elles puissent en construire elles-mêmes.

Parmi celles-ci figurent BTMC en Belgique, Sterling et Peel Conner en Grande-Bretagne, Elektrisk Bureau en Norvège, Mollers au Danemark et des entreprises françaises.
La plupart de ces entreprises utilisaient à peu près toutes les pièces importées sauf celles enbois, puis ont progressivement commencé à introduire leur propre ferronnerie au fur et à mesure que l'entreprise grandissait.
Malgré de nombreux changements de nom d'entreprise, les produits ont toujours conservé la marque ATEA.
Le tableau suivant vous donne un aperçu pour éviter toute confusion.

Année

Companie

Nom

1892

The Antwerp Telephone and Electrical Works

Atea

1919

The New Antwerp Telephone and Electrical Works

Atea

1931

Automatique Electrique de Belgique

Atea

1939

Automatique Electrique

Atea

1962

Automatic Electric

Atea

1970

Atea

Atea

1971

GTE Atea

Atea

1986

Atea

Atea

1995

Siemens Atea

Atea

En 1895, les gouvernements européens ont décidé qu'il était inapproprié de laisser les réseaux téléphoniques nationaux aux mains de sociétés privées.
Le gouvernement belge a racheté Bell Antwerp à son prix d’exploitation et a poursuivi son essor grâce à ses activités de fabrication et d’installation en expansion.


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...

1890 Lorsque la demande de services ( téléphone) a explosé, la compagnie de téléphone Bell ne disposait pas de fonds de fonctionnement suffisants pour augmenter rapidement le réseau téléphonique, ce qui a amené Western Electric à racheter la totalité des 45% des actions détenues par Bell. Ezra Gilliland, de Western Electric, a contribué à la création de la branche manufacturière.
C'est à ce moment-là qu'un jeune Américain diplômé d'université, polyglotte, Francis R. Welles, a repris ses fonctions sous le titre "Administrateur délégue". Francis Raymond Welles (né à Athens, en Pennsylvanie, le 18 août 1854 - décédé le 4 décembre 1936), obtint son baccalauréat accéléré en 1875 à l' Université de Rochester. et un an plus tard, il a commencé à travailler comme secrétaire d’Enos M. Barton, cofondateur de Western Electric. Barton l'avait déjà envoyé en Australie et en Nouvelle-Zélande pour l'aider dans ses opérations. Welles a ensuite été transféré à Bruxelles.

Welles dirigera la société BTMC à l'étranger pour les 30 prochaines années avec l'aide de Louis De Groof, un mandataire belge.
IBTC a démarré des usines de fabrication subsidiaires dans les grandes villes de toute l'Europe, les politiques nationalistes favorisant les fabricants locaux.
Son usine avait été entièrement reconstruite après un incendie en 1882 et, en 1885, l'installation de Bell Antwerp avait cessé d'être importée aux États-Unis pour passer à la fabrication locale. La production a plus que doublé chaque année grâce à la fourniture de BTMC. leurs autres divisions à travers l'Europe.

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1900 LA TÉLÉGRAPHIE SANS FIL

La Belgique fut l'un des premiers pays à utiliser la télégraphie sans fil.

En 1900, Guglielmo Marconi vint présenter ses inventions au palais royal à Bruxelles, sur invitation du roi Léopold II. L'émetteur fut installé dans une chambre à l'étage et le récepteur dans l'auditoire de la salle de bal, à une distance d'environ 150 mètres. Divers messages furent transmis en morse et, comme le résultat s'avéra concluant, Léopold II fut immédiatement intéressé, non seulement pour un usage commercial mais aussi comme nouveau moyen de communication à l'armée et à la colonie.
Après ces essais fructueux, l'Administration des Télégraphes établit le premier service radio public au monde entre les navires et le réseau télégraphique terrestre.
Une station côtière provisoire fut installée à La Panne en 1900, en même temps qu'était entamée la construction d'une cabine radio sur le pont de la malle belge "Princesse Clémentine" de la ligne Ostende-Douvres.
Toutes les malles belges furent ensuite équipées de radio et un poste définitif fut mis en service à Nieuport en 1902, et ouvert au trafic public en 1904, avant d'être détruit en 1914, lors de la première bataille del'Yser.
Immédiatement après la retraite de l'occupant, la reconstruction des services radiomaritimes fut entamée. Un poste moderne fut établi à Ostende en 1919 tandis qu'une deuxième station fut installée à Anvers. Ces deux stations furent bientôt capables de demeurer en communication avec les paquebots Belgique-Congo pendant toute la durée de leur voyage. Les passagers des avions furent également autorisés à émettre ou à recevoir par radio des messages privés à l'intervention des stations terrestres de l'Aéronautique.
Tels étaient les services mobiles (maritime et aérien) de radiotélégraphie. Des liaisons par radio entre points fixes furent également établies.

En 1902, les premiers signaux radioélectriques traversèrent l'Atlantique Nord.
Avant la première guerre mondiale, les premiers essais pratiques de liaisons radio à grande distance furent effectués, pour relier la Belgique au Congo, alors en pleine expansion, le chimiste Robert Goldschmidt, qui avait été chargé par Léopold II puis Albert Ier d'étudier les moyens d'installer la radiocommunication au Congo, construisit dans le domaine royal de Laeken une puissante station intercontinentale de télégraphie sans fil qui, peu de temps avant la déclaration de guerre, se fit entendre à Boma, mais fut détruite à l'arrivée des Allemands à Bruxelles.

Dès l'après-guerre, un projet de relier la Belgique par T.S.F. au Congo, aux États-Unis et à l'Amérique du Sud fut mis à l'étude.
En 1921, l'Administration belge des Télégraphes et des Téléphones construisit une station moderne de réception, permettant de recevoir des messages des U.S.A.
En 1925, Robert Goldschmidt fit des recherches sur l'emploi des ondes inférieures à 60 mètres dans les relations radiotélégraphiques entre la Belgique et le Congo. Au moyen d'un poste privé, qu'il installa en Belgique, à Machelen, et de récepteurs spéciaux qu'il envoya à Stanleyville, il fit la preuve indiscutable que ces ondes bravaient les parasites atmosphériques et qu'avec des puissances très faibles, elles permettaient de communiquer régulièrement entre Bruxelles et Stanleyville.
En 1926, deux stations émettrices sur ondes très courtes furent établies au Congo, à Kinshasa et à Stanleyville, et toutes deux communiquaient
régulièrement entre elles et avec la Belgique. Une station intercontinentale de grande puissance fut inaugurée en Belgique en 1927. Le nouveau service de radiocommunications à grand rayon d'action fut dénommé "Voie Belradio"; il comportait trois centres d'activités: le centre d'émission, situé à Ruiselede, en Flandre occidentale; le centre de réception, à Liedekerke, près d'Alost; et le Bureau Central Radio (BCR), installé au centre télégraphique de Bruxelles, pour les opérations de transmission et d'enregistrement des radiotélégrammes.

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En 1900, BTMC était également le principal fournisseur de systèmes téléphoniques de sa nouvelle société mère ( AT & T ) en Asie, au Moyen-Orient et en Amérique du Sud.
L’installation d’Anvers était en grande partie responsable de l’introduction du téléphone dans une grande partie de l’Europe, avec ses premiers centraux téléphoniques manuels et à cadran .

À la fin du XIXe siècle, les gouvernements européens ont décidé de nationaliser leurs compagnies de téléphone.
BMTCl était passée à 700 personnes et le bâtiment d'origine et avait déjà été considérablement agrandi.
Les concessions de services téléphoniques de la Compagnie Belge du Téléphone Bell ont expiré ou ont été rachetées par le gouvernement belge.

En 1902 le premier centre à batterie centrale fut inaugurée le 1er novembre à Bruxelles.
En 1907 Le nombre centre à batterie centrale passa à 1800 , les ateliers de prodution à Anvers furent agrandits.

1909 : Il y a 12.000 abonnés au téléphone à Bruxelles et le réseau a été conçu pour installer maximum 14.000 lignes téléphoniques dans la ville.
L’administration décide de maintenir des tarifs élevés pour freiner l’arrivée de nouveaux abonnés, pour éviter de devoir installer de nouveaux câbles dans la ville et d’agrandir le central téléphonique de la Rue de la Paille.

Ancien poteau métallique téléphonique

En Belgique la construction des lignes était très particulière selon le livre "telephony the construction of aerial lines" de P.Abbott :

Ce document date de 1903
...
L'Europe, et par conséquent les compagnies de téléphone et de télégraphe ont presque sans exception adhéré à l'emploi des poteaux en bois, mais les compagnies d'électricité et de chemin de fer ont depuis les premiers largement adopté les poteaux en fer comme étant à long terme la forme la moins chère et la plus satisfaisante à construire lorsque la permanence et la durabilité sont prises en considération; et il semble y avoir peu de
raison pour laquelle les compagnies de téléphone et de télégraphe, qui souhaitent continuer à utiliser des circuits aériens, ne devraient pas suivre cet exemple et ériger quelque chose qui soit vraiment une structure, durable et substantielle, et qui ne soit pas aussi irrémédiablement offensant pour les yeux que le poteau en bois ordinaire doubler.
Un exemple moderne d'excellente conception dans les poteaux structuraux en fer est donné par la ligne belge, illustrée à la Fig.12.
Fig 12, 13 et 14

Les poteaux, comme on le verra sur la figure 13, sont composés de quatre fers angulaires, qui sont tissés ensemble de manière à former un support d'une résistance supérieure. Les bras transversaux sont construits avec des angles transversaux qui sont boulonnés aux angles verticaux, et sur lesquels les broches et les isolateurs sont portés. Chaque bras transversal est généralement doublé; c'est-à-dire de deux angles placés dos à dos, entre lesquels les broches sont insérées et boulonnées en place. La base du mât forme une colonne de fer creuse dans laquelle un carreau émaillé est inséré, comme illustré à la Fig.14.

De toute évidence, une telle méthode de construction d'une ligne coûte beaucoup plus cher que la pratique américaine, mais elle possède des caractéristiques de durabilité et d'effet artistique qui plairont de force au directeur général, qui désire des moyens qui réduisent au minimum les charges annuelles et souhaite obtenir des franchises supplémentaires pour étendre les lignes aériennes; car l'adoption d'une telle forme de construction contribuerait largement à supprimer la répugnance que manifestent aujourd'hui les organismes municipaux de toutes sortes à accorder des franchises pour les lignes ouvertes.
Il est extrêmement facile de construire une ligne de poteaux sur une telle conception de presque n'importe quelle capacité, et de concevoir les poteaux de manière à ce qu'ils soient capables de résister aux vents les plus violents et à la tempête de grésil que l'hiver puisse infliger.
...

Anciennes cartes postale des poteaux restants dans les années 1930, ils n'y avait plus de fils aériens.



On retrouve ce type de pylone à Zurich Suisse dès 1894.

1907 Un nouveau matériau a été introduit dans l'industrie du téléphone: la bakélite. Il a été inventé par le chimiste belge Leo Hendrik Baekeland et a été l'un des premiers types de plastique synthétique. Il a ouvert la voie aux idées des concepteurs et à une toute nouvelle génération de téléphones dont les formes étaient plus sculpturales qu'architecturales.

En 1913, alors que l’Allemagne réunit ses troupes, une grande partie de la Belgique est raccordée en téléphone : gares, bureaux de poste et de télégraphe sont équipés de cabines téléphoniques publiques.

1914-1918 La Grande Guerre a infligé de graves dommages aux opérations et aux installations de production de BTMC, dont une grande partie a été détruite ou saisie par l'armée allemande envahissante, a contraint Bell Telephone à fermer ses portes le 9 octobre 1914.
Beaucoup de documents et de matériel, des mahines pour le Rotary purent être mis à l'abri au Pays-Bas ou Bell avait fondé une filiale en 1911, en Angleterre ainsi qu'aux Etats Unis.
Les dirigeants américains de la société se sont immédiatement rendus au Royaume-Uni ou sont rentrés chez eux, alors que de nombreux employés de l'usine avaient été détachés dans l'armée belge ou avaient été mutés dans d'autres pays inoccupés.
Le contact et le contrôle de la société au siège social de Western Electric ont été perdus pendant toute la durée de la guerre et la quasi-totalité du développement technique et de la fabrication ont été arrêtés pendant le reste de la guerre.
Il faaudra attendre 1920 pour que l'entreprise puisse se mettre à produire dans de bonnes conditions et avec 1500 travailleurs.

En 1918, c’est le désert pour la téléphonie. Le secteur s’est harmonisé sous la tutelle de l’administration des télégraphes et téléphones, mais les dommages créés par la guerre et le démantèlement partiel du réseau ont anéanti l’avancée technologique que la Belgique avait pu prendre.

La Première Guerre mondiale est un nouveau détonateur des communications de masse, ayant notamment encouragé la recherche d’améliorations techniques dont vont surtout profiter les communications téléphoniques et radioélectriques. Ces recherches sont menées par les grandes sociétés privées actives depuis le 19e siècle et leurs filiales, installées dans des pays qui n’ont pas ou peu souffert de la guerre : aux Etats-Unis principalement, par la célèbre American Telephone & Telegraph Company de Alexander Graham Bell et par la Western Electric, mais aussi en Suède par Ericsson, en Angleterre par les sociétés de Guglielmo Marconi ou en Allemagne, par Siemens & Halske.

Au lendemain de la première guerre mondiale, une importante restructuration de l'organisation des télécommunications en Belgique s'avéra nécessaire au vu
de l'accroissement de la demande. Le budget de l'Administration, qui était inscrit dans le budget annuel de l'État et était de ce fait discuté chaque année
au Parlement, était insuffisant pour mettre en œuvre la reconstruction et la modernisation du réseau téléphonique.

La principale invention téléphonique de l’après-guerre est celle des « commutateurs automatiques » pour établir une connexion, là où auparavant chaque ligne était connectée manuellement par les légendaires demoiselles du téléphone. Il suffit de composer un numéro d’appel sur le cadran de l’appareil téléphonique pour que le contact avec la ligne du destinataire soit établi. L’introduction de l’automatisation est cependant très lente, vu son coût et sa complexité technique, et les connexions manuelles vont persister en Europe pendant encore près de cinquante ans. D’autres contraintes techniques subsistent : seul un appel à la fois peut passer sur une ligne téléphonique, ce qui nécessite une extension toujours croissante de la quantité de câbles utilisée, et donc des coûts importants y afférant ; par ailleurs, le signal faiblit avec la distance et les conditions météorologiques, surtout lorsque le câble est aérien, nécessitant des protections renforcées de celui-ci. Ces progrès complexes et
coûteux entraînent une modification importante de l’offre industrielle des télécommunications : les petits producteurs d’appareils et de matériel téléphoniques, incapables de faire face aux coûts de l’évolution technologique, cèdent la place aux grands acteurs internationaux précités.

A partir de 1919, une importante adaptation de l'organisation du télégraphe et du téléphone fut mise en place.
Cette restructuration s'avérait nécessaire pour faire face à l'accroissement de la demande. L'administration ne parvenait en effet pas à mettre en œuvre la reconstruction et la modernisation du réseau téléphonique, pourtant indispensable. La planification de grands projets d'investissement, comme l'automatisation du réseau, exigeait une gestion à long terme de type industriel et une plus grande autonomie financière. Or le budget de l'administration était inscrit dans le budget annuel de l'État, et la gestion de l'exploitation était de ce fait discutée chaque année au Parlement. Par ailleurs, l'État manquait continuellement d'argent à cette époque et ne pouvait répondre aux besoins financiers accrus de l'exploitant qui, de son côté, ne pouvait légalement contracter des emprunts sur le marché.
La création de la Régie du Télégraphe et du Téléphone (RTT) en 1930 permit de remédier à ces problèmes de gestion.
En même temps, le nombre de tâches confiées au service de télécommunication public augmenta. Bien que cette obligation ne soit pas inscrite dans ses statuts, la Régie fut également contrainte, à partir de 1930, de soutenir les équipementiers basés en Belgique.

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La compagnie de téléphone internationale Bell était également responsable de l’introduction du téléphone en Suisse , Itale, Pays bas ... Norvège et en Suède , l'offre industrielle a également évolué dans l'entre-deux- guerres. Les petits producteurs laissaient de plus en plus la place à de grandes entreprises. Chez les équipementiers, notamment, d'importants mouvements de concentration étaient à l'œuvre.
En Belgique, le marché était dominé par la Bell Telephone Manufacturing Company (Bell Mfg).

Le téléphone automatique

Au moment où la Régie des Télégraphes et des Téléphones reprit de l'ancienne administration la tâche de conduire l'exploitation du téléphone et du télégraphe en Belgique dans la voie du développement et du progrès, l'établissement des communications téléphoniques locales se faisait encore, dans la grande majorité des réseaux, à l'intervention d'opératrices. A fortiori, le trafic régional et le trafic interurbain étaient-ils intégralement acheminés par la voie manuelle. Bruxelles, Anvers, Liège et Gand avaient été dotées, dans le courant des années 20, des premières centrales automatiques.

Bien que la téléphonie automatique ait été pratiquement utilisée pour la première fois à la fin du 19e siècle par M. Strowger aux États-Unis, Bell et Western Electric restèrent attachés aux centres manuels avec des opérateurs jusqu’à la fin des années 1920.

En Europe en 1910 aucun autre sysème automatique en dehors du système Strowger n'a trouvé d'application significative.
En France en 1908 on testa le système Lorimer.

Il fallu attendre 1906 pour se décider sur le système Rotary de Bell Telephone sous la direction de Frank McBerty.
En 1911 le développement du Rotay est transféré à Anvers et son succès en Angleterre Suisse France Suède Norvège et Nouvelle Zelande fit tourner les usines à plein régime.
En Europe, des efforts supplémentaires ont été déployés pour automatiser les réseaux téléphoniques dès le début, alimentés par les développements en Allemagne (Siemens) et en Suède (Ericsson).

Le central téléphonique McBerty Rotary, développé chez Western Electric (la société mère de BTMC) en Amérique, sur la base des brevets Lorimer, a été conçu pour un trafic téléphonique entièrement automatique, au Pays-Bas à «La Haye» comme dans d'autres pays d'Europe, les autorités voulaient un type de centre téléphonique pour les abonnés qui n'avaient pas encore d'appareil avec un cadran.
D'une part, l'introduction de dispositifs avec numérotation automatique nécessitait un investissement considérable, d'autre part, les opérateurs téléphoniques étaient encore relativement bon marché (cela ne changera qu'après la Première Guerre mondiale) et la numérotation n'était pas encore accessibles aux abonnés.
Il n'est donc pas surprenant qu'il ait fallu attendre 1914 pour que le développement du système Rotary à Anvers ait progressé au point où les autorités et Bell ont pu signer un contrat. La fabrication des centrauxs Rotary a été transférée d'Anvers au site de Western Electric en Angleterre, et dès 1916 à Hawthorne près de Chicago aux États-Unis. Western Electric a également pris en charge le développement de la centrale électrique Rotary là-bas.

En 1916, Western Electric a acheté les droits de brevet de la société "Automanual", qui avait développé un central téléphonique semi-automatique avec un moyen très efficace de traitement des appels. Dès qu'un abonné décroche le récepteur de son téléphone, deux types de chercheurs entrent en action dans le central téléphonique. Un groupe cherche la ligne qui appele et l'autre cherche un opérateur libre. Dès que l'abonné appelant communiquait le numéro souhaité, il suffisait à l'opérateur de saisir ce numéro sur un clavier et après avoir appuyé sur le bouton de démarrage, les sélecteurs établissaient un chemin vers l'abonné à appeler.
Western Electric a ainsi combiné deux technologies : à savoir le concept Automanual précité et la technologie à bouton-poussoir des téléphones Lorimer. L'usine Rotary, qui avait déjà été numérotée «7» (pour indiquer qu'il s'agit d'un produit Western Electric en vente en dehors des Amériques), était désormais étiquetée «A» pour «Automanual». C'est le Roray 7A.
Néanmoins, la municipalité de La Haye prévoit en 1916 qu'une capacité de 20 000 numéros sera insuffisante et le contrat est élargi pour inclure un réseau de six centraux de 10 000 lignes chacun.
Après la guerre, BTMC peut à nouveau prendre des commandes de La Haye de 25 000 lignes pour les centraux du Centre, Bezuidenhout et l'extension de Scheveningen et Marnixstraat.
C'est donc ce type de centre (Rotary 7A) que le centre de Scheveningen achevé en 1919 sera mis en service, et plus tard également à La Haye.
Plus tard, les versions donc les désignations 7A1 et 7A2, 7B (B pour Banlieu, banlieue parisienne), 7D (D pour District), E (pour électronique) et EN sont apparues. L'ajout "N" signifie "Nouveau" pour le PTT néerlandais et pour les Pays-Bas pour le "RTT" belge.

En 1919, l’Etat s’engage résolument dans la reconstruction de ses réseaux télégraphique et téléphonique complètement détruits par la guerre. Les grandes lignes, surtout télégraphiques, sont rétablies en quelques mois, malgré la pénurie de matières premières (les fils de bronze, en particulier) et d’appareils. Mais la reconstruction est particulièrement utilisée, à partir de 1920, pour moderniser le réseau téléphonique : les premiers projets d’automatisation des connexions sont développés (le bureau d’Uccle, à Bruxelles, est automatisé dès novembre 1922 !27), davantage de « postes à prépaiement », ancêtres des cabines téléphoniques publiques, sont installés, les communications internationales sont étendues. Tels sont les progrès – principalement d’origine technique – les plus déterminants réalisés dans les années 1920

Le Rotary 7B: pour Banlieu et les entreprises
Pour l'innovation: d'une part appliquer de nouvelles techniques mécaniques fines, et d'autre part abaisser le prix de revient et le prix de vente, il en résulte une conception hautement rationalisée avec de nouveaux commutateurs de suivi horizontal, 100 viseurs de ligne et 300 sélecteurs de ligne. Les embrayages à friction des viseurs et des sélecteurs avec l'arbre d'entraînement ont été remplacés par des embrayages à engrenages.
En 1915, un centre McBerty Rotary entre en service à Angers (France), suivie en 1919 d'un centre à Marseille. Cela apporte l'expérience nécessaire et il n'est donc pas étonnant qu'après la fin de la Première Guerre mondiale, seulement en 1925, une troisième centrale, désormais de type 7A1, entre en service à Nantes. Pour l'Île de France, l'agglomération métropolitaine autour de Paris, les PTT français empruntent un chemin différent. Pour les villages, le système R (otatif) 6 est choisi, un concept simplifié développé par BTMC et LMT - et pour les grands quartiers des centres du réseau 7A1, dont le premier est mis en service en 1928 à Carnot.
Mais là où le R6 est beaucoup moins cher que le système de sélecteur rotatif à levier de Siemens (évidemment pas un choix logique en France), le système Rotary 7A1 est beaucoup plus cher. La réponse à ce défi budgétaire est venue en un an, en 1927, sous la forme de du centre Rotary 7B.
Le "B" peut être lu comme une lettre de fin après "A", mais aussi comme l'abréviation de "Banlieu".
La simplification est le maître mot: le chercheur 100 lignes du 7A1 est désormais utilisé pour les numéroteurs et les chercheurs, mais le contrôle de registre bien connu est entièrement conservé, de sorte que l'interaction entre les échanges réseau et les échanges locaux est possible sans problème.
La période de crise jette une clé dans les travaux: entre 1929 et 1932, seules quelques centrales électriques en France entrent en service, comme en Espagne, en Roumanie et en Hongrie. Ces centrales se retrouvent également dans les grandes villes d'Espagne et de Turquie.
A terme, jusqu'en 1966, plus d'un million de Parisiens appelleront depuis l'une des 480 000 connexions vers un central 7A1 ou via l'une des 430 000 connexions vers un central 7B.
L'une des dernières "réalisations" de la technologie 7B aux Pays-Bas est la commande, fin 1951, et la livraison d'un central téléphonique d'entreprise 7055 pour jusqu'à 400 appareils pour le service central d'importation et d'exportation.
Le Rotary 7D: automatisation "24/7" du trafic téléphonique dans les quartiers
Quiconque, sur la base de l'explication ci-dessus, pourrait penser qu'après le 7A (pour "A" utomanual) et 7B (pour "B" anlieu) une centrale 7C aurait vu le jour, sera déçu. Au moins… dans nos recherches, nous n'avons jamais pu trouver un tel type.
Comme décrit précédemment, les centraux 7A et 7B étaient destinés à automatiser le trafic téléphonique dans les grandes agglomérations métropolitaines. Ainsi, les centraux 7A sont entrés en service dans les grandes agglomérations urbaines du service téléphonique municipal de La Haye et dans les grands réseaux téléphoniques nationaux de Haarlem et d'Utrecht, à l'époque respectivement quatrième et cinquième région urbaine de notre pays.
En 1923, le nouveau Rotary 7A1 était prêt pour la production et l'un des premiers réseaux téléphoniques à en être équipé est le quartier d'ingénierie de Haarlem du Rijkstelephone. Haarlem était alors la quatrième plus grande agglomération urbaine des Pays-Bas en termes de taille et la société sœur française LMT avait également acquis l'expérience nécessaire avec les centres rotatifs.

Ils sont l’œuvre de l’administration, qui conserve son monopole d’exploitation télégraphique et téléphonique. Des liens étroits sont néanmoins maintenus avec les deux entreprises privées qui lui fournissent le matériel et les appareils nécessaires, les sociétés Bell et ATEA, bien que celles-ci soient désormais toutes les deux contrôlées par une des grandes multinationales évoquées en tête de ce chapitre. De nouveaux contrats relatifs à l’automatisation du téléphone sont même signés en 1928 avec Bell pour la plus grande partie du réseau, et en 1932 avec ATEA, pour les zones de Mons, Verviers et Hasselt. C’est la poursuite d’un duopole des partenaires industriels de l’administration, qui se maintiendra encore pendant près de soixante ans.

La Belgique bien sur avait fait son choix pour le Rotary, le premier centre automatique fut ouvert à Uccle Bruxelles en 1922.
Anvers devait suivre en 1924, Liège et Gand en 1929.
Comme il s'agissait des plus grandes villes du pays, la proportion d'abonnés disposant d'un reliement automatique atteignait déjà un niveau assez élevé: 51% des 225.000 abonnés de l'époque.
Les quatre réseaux comportaient 23 centrales, dont 5 de plus de 10.000 lignes.

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Les communications radio connaissent également des améliorations techniques significatives, qui permettent notamment des liaisons téléphoniques transocéaniques dès 1926. Le câble téléphonique ne permet pas une telle performance avant la Seconde Guerre mondiale. La radio accompagne également la conquête de l’air et la construction des premiers aéronefs.
Mais ce qui caractérise la radio des années 1920 est son utilisation comme un outil d’information destiné au public, plus seulement comme un moyen de communication. C’est la véritable naissance de ce que l’on appelle rapidement la radiodiffusion, initiée par les émissions de Laeken en 1914.
Les premiers programmes quotidiens débutent en 1920 en Angleterre, aux Etats-Unis ainsi que dans l’Union soviétique, en 1923 en Belgique, et connaissent ensuite une croissance phénoménale dans toute l’Europe. Là où la configuration géographique, voire parfois l’environnement urbain, perturbent la réception des émissions
radiophoniques, l’idée naît également, aux Pays-Bas notamment, de capter ailleurs ces émissions via un appareil récepteur, puis de les redistribuer par câble, sur le modèle du téléphone. C’est ainsi qu’apparaît au début des années 1930, en Belgique, la radiodistribution.

En 1925, de sérieuses propositions de rachat du réseau téléphonique belge sont formulées, conduisant à un débat animé au Sénat sur l’opportunité de privatiser ou non la régie des téléphones. Le refus finalement opposé à la vente du réseau belge mène à une réflexion plus vaste sur les modalités d’action de l’Etat dans les télégraphes et les téléphones. En même temps, l’évolution de la radiodiffusion impose également à l’Etat de prendre des initiatives et de réfléchir à son rôle dans cette nouvelle activité. Cela conduit à l’adoption d’un impressionnant train de réforme en 1930. Cinq lois fondamentales sont promulguées cette année-là en matière de télécommunications, qui consacrent le rôle exclusif de l’Etat dans ce secteur pour plusieurs décennies.
Les trois premières lois adoptées en mai et juin 1930 réforment de fond en comble le régime juridique des radiocommunications.

Les deux autres lois, adoptées en juillet et octobre 1930, redessinent complètement le paysage juridique et administratif de l’exploitation des télégraphes et des téléphones. La loi du 19 juillet 1930 crée la Régie des télégraphes et des téléphones (RTT), compromis entre les tenants du maintien de la gestion centralisée du service par l’administration, telle qu’elle était assurée depuis 1850, et les partisans de la privatisation du réseau belge des téléphones. La régie « exploite, dans l’intérêt général, avec application des méthodes industrielles et commerciales, la télégraphie et la téléphonie avec et sans fil ». La nouvelle régie publique autonome est néanmoins autorisée à s’intéresser « à la construction, à l’entretien et au fonctionnement des installations privées »43. C’est la loi du 13 octobre 1930 qui précise explicitement le monopole de la RTT, qui a « seule le droit d’établir et d’exploiter, pour la correspondance du public, des lignes et des bureaux télégraphiques et téléphoniques ». Elle peut, cependant, « par des arrangements particuliers, autoriser des tiers à coopérer à cette exploitation », visant par là les relations avec les grandes compagnies de câbles télégraphiques étrangères. Enfin, cette loi soumet pour la première fois, à l’instar des radiocommunications, le maintien et l’établissement de lignes télégraphiques ou téléphoniques privées à un régime de déclaration et d’autorisation. Conformément aux objectifs invoqués pour justifier la création de la RTT, les travaux publics menés par celle-ci durant les années 1930 sont colossaux. Ils permettent tant l’accroissement du nombre d’abonnés au téléphone que la poursuite de l’automatisation générale du réseau téléphonique et la « modernisation » constante du télégraphe et de la radio. La mise à la disposition de téléphones dans les bureaux publics et sur la voie publique connaît également un succès constant.
Plus que jamais auparavant, en matière de télécommunications, le monopole de l’Etat est donc affirmé. Il s’impose en matière de radiodiffusion, et se précise juridiquement tant pour les télégraphes et les téléphones que pour les radiocommunications. Monopole national qui, pour ces dernières, n’empêche pas une situation de concurrence avec les monopoles étrangers. Seule la radiodistribution échappe encore en partie à l’action publique, mais pas au régime d’autorisation préalable. Il n’en demeure pas moins remarquable que l’ensemble de ces activités monopolisées par l’Etat sont, juridiquement, accessibles à l’initiative privée, pour autant qu’elles ne nuisent pas aux services publics et moyennant une autorisation préalable.
L’action des nombreux ministres successifs compétents pour délivrer de telles autorisations doit cependant encore être étudiée, même si l’on sait déjà que, pour la radiodiffusion et dans une moindre mesure pour la radiodistribution, l’initiative privée a été sérieusement bridée par la politique restrictive d’octroi des autorisations nécessaires.
Le premier souci de l’administration est de réorganiser et rééquiper ses services télégraphiques et téléphoniques au niveau d’avant-guerre. Il s’agit principalement de relier à nouveau l’ensemble de ses bureaux télégraphiques locaux, d’engager de nouveaux fonctionnaires et de les former, et de la réparation ou de l’acquisition du matériel nécessaire. Il s’agit ensuite de procéder aux travaux incessants rendus nécessaires par l’expansion toujours croissante des utilisateurs du télégraphe, du téléphone et de la radio.
C’est cependant en 1930 que l’exploitation publique de ces différents services est fondamentalement transformée, on l’a vu, par la création des deux organismes publics autonomes que sont l’INR et la RTT, auxquels sont confiés la gestion exclusive de la radiodiffusion publique, pour le premier, et des communications télégraphiques et téléphoniques publiques, pour la seconde. Reléguée à l’arrière-plan, l’administration centrale des postes, télégraphes et téléphones conserve néanmoins un rôle important dans le secteur.
L’INR est un « établissement public », doté de la personnalité civile, et géré par un « conseil de gestion », composé du ministre qui a les télégraphes et les téléphones dans ses attributions et de neuf membres nommés pour un tiers par le roi, pour un tiers par la Chambre des représentants et pour un tiers par le Sénat ; ce conseil est préparé par un « comité permanent » réduit à quatre membre, dont le ministre ou son délégué. La composition effective de ces organes de gestion est fortement politisée et marque l’intrusion de l’électoralisme, selon l’expression de l’époque, au sein de l’Institut : en pratique, il y eut le plus souvent trois catholiques, trois socialistes et trois libéraux, répartis entre trois bruxellois, trois flamands et trois wallons, mais également trois musiciens, trois ingénieurs et trois journalistes.
En droit, il s’agit des prémisses d’une règle belge de pluralisme idéologique au sein des organismes publics, méthodiquement décryptée par le professeur Hugues Dumont dans sa thèse de doctorat. Le ministre conserve néanmoins un droit de veto sur toutes les décisions prises par le conseil de gestion de l’INR, s’il les estime contraires « aux lois et arrêtés ou à l’intérêt public », et doit approuver le budget annuel de l’Institut. Cela n’a pas manqué d’être critiqué : « lorsqu’on crée un établissement public autonome, ce n’est pas pour y placer, au sein de ses organes de gestion, celui-là même qui est chargé de les contrôler et d’exercer sur ses
décisions le droit de veto et le pouvoir de tutelle ». Sous une structure unitaire dans un premier temps, l’INR est néanmoins chargé d’emblée de l’exploitation de deux stations radiophoniques, chacune étant affectée à une des deux langues nationales. Mais sous la pression du mouvement flamand notamment, l’Institut lui-même est réorganisé dès 1937.
Trois départements sont créés en son sein : celui des émissions françaises, celui des émissions flamandes, tous deux chapeautés par un directeur général, et celui des services communs (administration, services techniques et orchestres). Deux commissions culturelles consultatives sont en outre constituées, l’une pour les émissions flamandes et l’autre pour les émissions françaises. Elles sont composées de représentants du monde culturel (universités, académies, conservatoires, organismes de radiodiffusion, associations littéraires), chargées d’améliorer lavaleur culturelle des émissions. La RTT est, quant à elle, une « régie » autonome, également dotée de la personnalité civile. Elle est « représentée et gérée par le Ministre qui a les télégraphes et les téléphones dans ses attributions » : elle est donc directement administrée par le pouvoir central, contrairement à l’INR, et le ministre y dispose des pleins pouvoirs, notamment à l’égard du personnel. Sauf du point de vue budgétaire et comptable, qui est au cœur de son autonomie, l’évolution administrative concrète est donc faible. Le personnel de l’ancienne administration est transféré à la Régie et poursuit son travail ; elle reprend également l’ensemble des immeubles et meubles affectés aux « services publics » des télégraphes et des téléphones. La nouvelle RTT exploite quatre services : la télégraphie avec fil, la téléphonie avec fil, les services radio maritimes (stations radio côtières et à bord des paquebots de l’Etat) et le service
international Belradio.
Troisième branche étatique en matière de télécommunications, l’administration centrale des postes, des télégraphes et des téléphones conserve plusieurs compétences importantes, dont les moindres ne sont sans doute pas la tutelle sur l’INR et, indirectement via son ministre, la participation à la gestion de la RTT. Elle demeure surtout compétente pour délivrer aux entrepreneurs privés les autorisations requises pour toute activité télégraphique et téléphonique, avec ou sans fil, et toute activité de radiodiffusion ou de radiodistribution, se portant ainsi garante du monopole public attribué aux deux nouveaux parastataux.
Certes, les acteurs publics se multiplient dans le secteur des télécommunications, amorçant une tendance lourde qui perdure encore aujourd’hui. Il n’empêche, à l’exception des acteurs communaux, c’est le ministre qui a les télégraphes et les téléphones dans ses attributions qui reste hiérarchiquement à la tête de l’administration centrale et qui, en même temps, est légalement le président de l’INR et le gestionnaire de la RTT.
Une importante réforme des tarifs téléphoniques est appliquée en 1924. Si de manière générale, elle hausse encore sensiblement les tarifs, leur calcul est désormais radicalement différent. L’abonnement annuel, plus cher, permet le raccordement d’un poste téléphonique au réseau local et son usage (pour un maximum de huit milles communications annuelles), mais chaque communication est en outre facturée en fonction de sa durée (par unité de trois minutes, sauf pour une communication locale dont la durée reste illimitée) et de la distance (sont distingués les tarifs locaux, régionaux, interurbains et, plus tard, internationaux). C’est une petite révolution pour les déjà nombreux habitués du téléphone : plus question d’y passer des heures une fois la connexion établie. A dater de l’adoption de ce nouveau mode de calcul, la hausse des tarifs est régulière jusqu’à la création de la RTT et au-delà. Malgré une croissance « prodigieuse » du nombre d’abonnés, qui sont passés de 50.000 en 1920 à 200.000 en 1930, les recettes exponentielles permettent à peine de couvrir les investissements nécessaires. Un changement significatif, à cet égard, affecte la structure des coûts de l’exploitation téléphonique. Alors que, auparavant, les frais de personnel constituaient le poste le plus lourd du budget, ce sont désormais les investissements en infrastructures qui les remplacent. Les coûts de personnel représentent à peine un cinquième des dépenses en 1933.
Ce changement ne concerne pas les télégraphes, dont les frais de personnel constituent toujours, la même année, plus de la moitié des dépenses engagées.
La croissance du secteur des télécommunications durant l’entre-deux-guerres, telle est fascinante. De nouveaux services sont apparus, tels la radiodiffusion, la radiodistribution ou le service Belradio. Le télégraphe passe au second plan, « supplanté par le téléphone qui, de moyen de luxe qu’il était avant la guerre, est devenu un moyen d’échange constant », mais il n’en demeure pas moins un important moyen de télécommunication en Belgique, avec son trafic annuel de plus de 6,5 millions de télégrammes privés et un million d’avis de services. C’est surtout le téléphone qui s’est véritablement imposé durant cette période comme nouveau moyen de communication de masse, au succès constant avéré par ses plus de 300.000 abonnements en 1940. L’organisation administrative a également été fondamentalement modifiée, mettant en place l’INR et la RTT, deux institutions durables et symboliques dans la mémoire belge.

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De 1930 à 1935, il fut procédé à l'automatisation de 3 autres réseaux importants: Charleroi, Verviers et Bruges, ainsi que de réseaux proches de grands centres,
notamment autour de l'agglomération bruxelloise.

En 1935 fut mis à l'étude un projet d'ensemble traçant les grandes lignes suivant lesquelles la Régie pourrait arriver progressivement à réaliser l'automatisation intégrale du pays.
Cette automatisation devait, en phase ultime, permettre à tout abonné d'entrer directement, par la seule manœuvre de son disque, c'est-à-dire sans aucun intermédiaire manuel, en relation avec un autre abonné du pays quelque distant qu'il fût.
Pour des raisons d'économie et d'exploitation, il fut décidé de grouper les centrales en zones autour de centrales de plus grande importance, dénommées "centres de zone". Le problème de l'interurbain automatique se ramenait ainsi à celui de l'interconnexion de centres de zone. Le centre interautomatique installé dans chacun de ceux-ci constituait le point de passage obligé de toutes les communications interurbaines intéressant les abonnés de la zone. Il centralisait donc l'appareillage propre à la commutation du trafic interurbain et à la taxation de ce trafic.

La mise en automatique d'un bureau manuel supposait généralement la construction préalable d'un bâtiment beaucoup plus vaste que celui qui existait. Pour procéder à l'exécution de son programme d'automatisation, la Régie devait donc se préoccuper avant tout de faire construire un grand nombre de bâtiments.
Le déclenchement de la seconde guerre mondiale eut pour effet de ralentir la réalisation des travaux de modernisation.
En revanche, entre 1945 et 1950 la Régie connut une période d'activité constructrice extraordinaire. Plus de cent bâtiments de tailles diverses furent mis en chantier pour permettre l'installation des volumineux appareillages nécessités par l'introduction de l'interurbain automatique et répondre à l'afflux de demandes de raccordement.

Les centrales téléphoniques automatiques étaient réalisées en Belgique suivant deux systèmes: le système Rotary, construit par la Bell Telephone Manufacturing Company, et le système Strowger, fourni par la S.A. Automatique Électrique (ATEA).

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Taxation et Abonnements :

Jusqu'en 1914, le prix de l'abonnement au téléphone, en Belgique, constituait un forfait, c'est-à-dire que la redevance annuelle payée par l'abonné lui donnait droit à un nombre illimité de communications dans les limites du groupement local.
La redevance variait de 110 à 250 francs par an, suivant l'importance du réseau. Pour les abonnés dont les immeubles à raccorder étaient situés à plus de trois kilomètres en ligne droite du bureau central, il était perçu un supplément annuel de 50 fr. par kilomètre.
Le pays était divisé en 17 groupements locaux.

La communication de groupement à groupement était taxée uniformément à un franc par 5 minutes indivisibles de conversation.
A partir du 1er mai 1914, les 17 groupements locaux furent supprimés. La redevance annuelle d'abonnement se composa d'une redevance de base fixée à 110, 120 ou 130 fr., suivant que le réseau de raccordement comptait moins de 1000, plus de 1000 ou plus de 10 000 abonnés et d'une redevance de conversations fixée à: 40 fr. pour 1200 communications, 80 fr. pour 3000 communications, 130 fr. pour 6000 communications, 180 fr. pour 10 000 communications.
Ces communications pouvaient être prises avec les abonnés du réseau local et avec ceux des autres réseaux voisins jusqu'à la distance de 30 kilomètres.
Pour les distances supérieures à 30 kilomètres, on payait : jusqu'à 60 km : 0,50 fr pour 3 minutes, jusqu a 125 km, 0,70 fr. et pour plus de 125 km, 1,00 fr toujpurs pour 3 minutes.
Après la guerre, toutes les redevances et taxes furent doublées. Le rayon initial du réseau de Bruxel-les, c'est-à-dire le rayon à l'intérieur duquel aucune surtaxe n'était perçue pour la ligne de raccordement, fut porté de 3 à 6 kilomètres. Le 1er novembre 1924, le prix de l'abonnement fut fixé à 300 fr. dans les réseaux de moins de 1000 abonnés et à 320 fr. dans les réseaux de plus de 1000 abonnés.
Dans ces redevances, étaient compris respectivement des crédits de 150 et de 90 fr pour l'obtention de communications locales et régionales.
Les communications locales et régionales furent toutes dénombrées et taxées, les locales à: 0,15 fr., jusqu'à 3000 conversations, 0,125 fr., jusqu'à 6000 conversations, 0,10 fr., au delà de 6000 conversations.
La taxe unitaire des communications régionales fut fixée à 30 centimes par trois minutes.
Le rayon initial des réseaux d'Anvers, de Liège et de Gand fut porté de 3 à 6 kilomètres.
Le tarif interurbain s'établissait comme il suit de 18 et 8 heures : jusqu'à 75 km 1,00 fr, de 75 à 125 km 1,50 fr avec réduction entre de 125 à 175 km 2,25 fr, plus de 175 km 3,00 fr.
Le 1er avril 1926, le tarif des abonnements fut fixé à 300, 320 et 345 fr., suivant que le réseau de raccordement comptait moins de 1000, plus de 1000 ou plus de 10 000 abonnés. La redevance de 300 fr. comprenait toujours un crédit de 150 fr. pour communications locales et interurbaines; les redevances de 320 et 345 fr. en comprenaient un de 90 fr applicable au payement de communications locales exclusivement. Le prix de la communication locale fut fixé à 20 centimes.
Toutes les communications sortant des limites du réseau local furent réputées interurbaines et taxées d'après le tarif ci-après, par unité de trois minutes (avec réduction entre 18 et 8 heures) : jusqu'à 20 km, 0,40 fr. de 20 à 30 km, 0,60 fr. de 30 à 40 km, 0,80 fr. de 40 à 50 km, 1,50 fr.de 50 à 75 km, 2,00 fr, de 75 à 125 km, 2,50 fr. de 125 à 175 km, 3,00 fr. plus de 175 km, 3,50 fr.
Le 1er novembre suivant, le prix de l'abonnement fut ramené de 300, 320 et 345, respectivement, à 200, 280 et 305 fr., mais l'abonné n'avait plus droit à aucune communication gratuite : toutes les communications tant locales qu'interurbaines étaient comptées et taxées séparément.
Le prix de la communication locale fut porté de 20 à 30 centimes.
On paya dans le service interurbain (avec réduction entre 18 et 8 heures,) : jusqu'à 20 km, 0,50 fr. de 20 à 30 km, 0,75 fr. de 30 à 40 km, 1,25 fr. de 40 a 50 km, 2,25 fr. de 50 a 75 km, 3,00 fr. de 75 à 125 km, 3,75 fr. plus de 125 km, 4,50 fr. .
A partir du 1er décembre 1930, les tarifs sont à nouveau modifiés et ils se présentent comme il suit : Réseaux de 300 abonnés au maximum, 375 fr. par an donnant droit à 400 communications locales gratuites; Réseaux de 301 à 1000 abonnés, 450 fr. par an donnant droit à 500 communications locales gratuites ; Réseaux de 1001 à 10 000 abonnés, 525 fr. par an donnant droit à 600 communications locales gratuites; Réseaux de plus de 10 000 abonnés, 600 fr. par an donnant droit à 700 communications locales gratuites.
Les communications locales prises en sus des nombres indiqués ci-dessus sont taxées à raison de 40 centimes.
Les communications entre abonnés appartenant à des réseaux distants de 10 km au maximum, sont assimilées aux communications locales et taxées comme telles.
Les taxes des communications interurbaines sont modifiées comme ci-après (avec réduction entre 18 et 8 heures); de 10 à 20 km, 0,80 fr. de 20 à 30 km, 1,20 fr. de 30 à 40 km, 2,00 fr. de 40 à 50 km, 3,50 fr. , de 50 à 75 km, 5,00 fr. plus de 75 km, 6,00 fr.
Les communications urgentes donnent lieu à l'application d'une surtaxe égale à la taxe unitaire, mais cette surtaxe est valable pour deux unités de conversation.
Enfin, depuis le 1er janvier 1938, on applique un régime de taxation comportant une redevance an-nuelle uniforme de 320 fr., quelles que soient la longueur de la ligne de raccordement et l'importance du réseau. Cette redevance payable par trimestre ne donne droit à aucune communication au départ.
Le réseau général est divisé en 101 secteurs d'étendues diverses comprenant un ou plusieurs réseaux locaux; dans la délimitation des secteurs, il a été tenu compte, autant que possible, des affinités attestées par les courants de trafic, des intérêts de l'industrie et du commerce, des exigences résultant de l'existence de trois langues nationales et de celles qui sont inhérentes au programme de l'automatisation générale du réseau.
A l'intérieur de chaque secteur, la communication est dite régionale et est taxée à raison de 40 centimes quelle que soit sa durée.
De secteur à secteur, la communication est dite interurbaine et est taxée comme il suit: jusqu'à 10 km de centre à centre de réseau, quelle que soit la durée de la communication 0,40 fr. jusqu'à 20 km de centre à centre du secteur et à toute distance lorsque les deux secteurs sont contigus, par unité de 3 mi-mutes 0,80 fr. au delà, jusqu'à 40 km par 3 minutes 1,20 fr. de 40 à 50 km par 3 minutes 3,00 fr. au delà de 50 km par 3 minutes . . . 5,00 fr.
Pour les distances supérieures à 40 km, les communications sont taxées par minute au delà de la 3e minute.
Aux mêmes distances, les communications échangées entre 19 et 8 heures bénéficient d'une réduction de 2/5.
Des communications urgentes à tarif doublé, peuvent être obtenues dans les relations interurbaines à plus de 10 kilomètres qui ne sont pas organisées automatiquement.
L'abonnement local est souscrit pour une première période d'un an qui se prolonge de trimestre en tri-mestre, sauf résiliation notifiée à la Régie 15 jours au moins avant l'échéance annuelle ou trimestrielle.
Il existe également des abonnements semestriels dont la redevance d'usage est de 220 fr. par semestre.
En règle générale, tout le matériel entrant dans la composition des raccordements est et reste la propriété de la Régie; l'abonné ne possède sur ce matériel qu'un droit d'usage. Toutefois, lorsqu'il s'agit de réaliser une installation intérieure à service manuel ou automatique, actionnée par une source d'énergie n'appartenant pas à la Régie, celle-ci peut autoriser l'abonné à acquérir la propriété de cette installation.
Tout abonné doit déposer une provision en espèces, dont il fixe lui-même le montant, en tenant compte de l'importance probable de son trafic, mais qui ne peut être inférieure à 50 fr.
Périodiquement, la Régie envoie à ses abonnés le compte de leurs redevances et de leurs taxes. L'envoi a lieu normalement tous les mois par la voie postale pour les comptes de communications et tous les trois mois pour les comptes de redevances. A ces comptes, sont joints le relevé du nombre des communications régionales prises par l'abonné ainsi que les fiches de ses communications interurbaines et internationales.
Le tarif des communications régionales et des communications interurbaines (jusqu'à 10 km) prises au départ des bureaux publics établis par la Régie ainsi qu'au départ des cabines placées par elle sur les voies publiques des centres urbains, est d'un franc. Ces communications peuvent être coupées au bout de six minutes. Le tarif des communications interurbaines (à plus de 10 km) prises dans les bureaux publics est le même que celui qui est appliqué aux abonnés mais avec un supplément de 25 centimes par conversation.
Le nouveau tarif d'abonnements, essentiellement démocratique, a évidemment provoqué un aflux d'abonnements.
Alors que l'augmentation nette du nombre des abonnés avait été respectivement de 8500, 14 000 et 19 000 pour les exercices 1935, 1936 et 1937, elle s'est élevée à 30 600 en 1938 portant ainsi à 310 000 le total des abonnés à la fin dudit exercice.
Toutefois, cette augmentation extraordinaire a été de faible durée; au bout de 7 à 8 mois, l'accroissement mensuel moyen du nombre des abonnés est tombé de 3200 à 1500, c'est-à-dire qu'il a repris l'ascension moyenne constatée en 1937.
En général, les abonnés nouveaux amenés par l'attrait du nouveau tarif ont constitué pour ]a Régie des clients peu intéressants. Ce sont pour la plupart de faibles consommateurs; d'un autre côté, leurs raccordements ont donné lieu fréquemment à des frais exceptionnellement élevés en raison de la longueur des lignes à construire. En Belgique, l'abonné au téléphone, qu'il soit distant de 1 ou de 10 kilomètres du bureau central de raccordement, acquitte une redevance uniforme sans qu'il ait en aucun cas à intervenir dans les frais de premier établissement de sa ligne de raccordement. Ce régime a été imposé à la Régie à un moment où les bénéfices réalisés par le téléphone étaient relativement élevés et à la faveur de considérations qui n'avaient rien de commun avec les exigences d'une bonne exploitation industrielle.

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L'automatisation requérait des investissements très importants, nécessitait un système de gestion à caractère commercial et industriel et une plus grande autonomie
financière.
En 1925, l'International Telegraph and Telephone Company (ITT), créée quelques années plus tôt par les frères Behn pour exploiter des réseaux concédés en Amérique du Sud et en Europe, racheta l'unité anversoise (la Bell Mfg) de production d'équipements (installée en 1882) de la Bell Telephone Manufacturing Company et introduisit une offre d'achat du réseau belge.
ITT menait une politique d'intégration verticale, joignant la production d'équipements à l'exploitation de réseaux.
Les difficultés financières auxquelles était confrontée l'Administration des Télégraphes et des Téléphones et la mauvaise situation financière de l'État à l'époque jouaient en faveur de l'offre d'ITT: celle-ci fut soutenue par le parti libéral mais rejetée par le parti ouvrier, qui craignait qu'une telle décision n'entraînât la fin du service public.
La création, par la loi du 19 juillet 1930, de la Régie des Télégraphes et des Téléphones constituait une solution de compromis entre les deux tendances opposées.
La Régie fut instituée sous la forme d'une personne civile séparée de l'État, représentée et gérée par le ministre ayant les télégraphes et les téléphones dans ses attributions. L'État lui céda la propriété des installations et des réseaux de télégraphie et de téléphonie publics. Ces deux dispositions de la loi (attribution de la personnalité civile et cession de propriété) consacraient l'autonomie financière de la Régie.
Un fonds spécial de 600 millions de francs fut mis à la disposition de cette dernière par l'État, afin de la doter des moyens financiers nécessaires pour assumer d'emblée cette autonomie. La Régie devait, à l'avenir, se charger, sans aucune intervention du Trésor, du financement de ses programmes d'extension et de modernisation.
Elle était autorisée, à cet effet, à émettre des emprunts moyennant approbation préalable des Chambres et accord du Ministre des Finances, quant aux modalités d'émission. Elle devait verser à l'État un intérêt annuel et perpétuel de 4,5% de la valeur d'inventaire des biens cédés et du fonds spécial de 600 millions.
Le monopole et les règles d'exploitation de la R.T.T. furent arrêtés dans la loi du 13 octobre 1930

La pénétration rapide de la téléphonie automatique dans de nombreux pays a entraîné une expansion remarquable de la société Bell.
L'effectif a augmenté régulièrement, atteignant un sommet d'avant-guerre en 1927 avec plus de 11 000 employés.
Toujours dans ces années d'or, le Bell Telephone Stadium, un parc de sports et de loisirs pour les employés, a été ouvert à Hoboken.

Après que la firme belge a quitté le giron américain en 1925, le nom de «Bell Telephone Manufacturing Company» a été conservé, sans doute pour des raisons de tradition, bien que certains comptes-rendus prétendent que cette anomalie est due à un oubli des avocats de la société.
En tout état de cause, le nom de Bell restait le nom légal de la société, avec le droit d'utiliser le logotype de Bell.
Le titre commercial Alcatel Bell est toujours utilisé par la société, qui en définit clairement le patrimoine dans l'historique de la société sur son site Web.

Cependant, la crise économique a laissé sa marque dans les années 1930.
En 1930, la Société Nationale des Chemins de fer Belges (SNCB) avait ainsi été créée dans le cadre de l'assainissement du franc belge, à l'initiative du libéral E. Franqui, qui était également directeur de la puissante Société Générale de Belgique. Les possesseurs d'obligations d'État avaient été contraints de les échanger contre des actions de la SNCB. Franqui nourrissait alors des projets similaires pour la téléphonie.
Les projets de mise en concession du réseau de télécommunication rencontraient cependant l'opposition du POB Celui-ci arguait qu'une telle décision réfuterait le rôle économique de l'État et signifierait la fin du service public. Tout comme dans le dossier des chemins de fer, le POB entama une campagne d'opposition systématique. La situation était cependant différente, puisque les chemins de fer n'étaient plus un poste de pertes important dans les finances publiques. De ce fait, et suite à la réforme fructueuse du franc belge, l'application du deuxième volet du «plan Franqui» n'était plus aussi pressante. Aussi, dans un contexte de conflits et de tensions entre les grands trusts internationaux et le POB un compromis fut finalement atteint par la création d'une régie autonome, la RTT Régie des Télégraphes et Téléphones.

Les efforts de l’administration pour mettre en œuvre la modernisation du réseau téléphonique durent. En vain, faute de moyens. Le chantier exige la mise en place d’une gestion à long terme de type industriel et une plus grande autonomie financière.
En 1930 Le monde politique tranche. ET procède, le 19 juillet 1930, à la création de la Régie des Télégraphes et Téléphones…
Avec la création de la RTT. Il y avait alors un peu moins de 200.000 abonnés.

Les options fondamentales qui ont présidé à l'apparition de la RTT prenaient en compte les arguments des deux opposants. D'une part, la RTT restait une propriété de l'État et était placée sous la tutelle directe du ministre des PTT. Le POB veillait également au maintien d'un contrôle sur la Régie par le Parlement, qui devait en approuver les budgets. D'autre part, une large autonomie financière était accordée à la Régie afin d'assurer une meilleure gestion mais aussi afin de lui permettre de se lier contractuellement à l'industrie, et ce à long terme. De la sorte s'établirait entre l'exploitant du réseau et les constructeurs une relation qui garantissait le maintien d'un service public tout en offrant un débouché protégé à l'industrie.
La création
de la RTT formalisait ainsi les rapports de forces qui s'étaient établis entre le monde de l'industrie, les producteurs et l'État, gestionnaire du réseau.
Lorsque la récession internationale a atteint son point bas, Bell ne comptait encore que 2 700 employés.
Bell a tenté de renverser la tendance en se concentrant sur le secteur des consommables durables, y compris la radio, un nouveau support qui faisait alors fureur. Au cours de la même décennie, Bell a également commencé à produire du matériel de réfrigération, des systèmes de climatisation et même des ampoules.

1931 Les Bruxellois en rentrant de vacances ont eu l'agréable surprise de trouver une liaison téléphonique instantanée entre Bruxelles, Liège et Anvers. Dans ces trois grandes agglomérations le téléphone automatique a été complètement installé au cours des dernières années. C'est ce qui! a permis de relier cet été, les réseaux entre eux. L'usager forme un numéro spécial et, à l'intervention d'une seule emplpyée qui doit, enregistrer la communication. pour la taxe, cette communication est établie avec le correspondant installé à 100 kilomètres de distance, à Liège. Cela ne prend pas trente secondes. Ce perfectionnement est particulièrement apprécié par les hommes d'affaires et les journalistes.

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Même à travers une succession de propriétaires, la BTMC a conservé son nom d'origine.
La
BTMC a été transférée en 1925 de la propriété de Bell (c’est-à-dire d’AT & T) à la nouvelle société internationale de téléphonie et de télégraphie (ITT) créée en 1920 (cette association a pris fin le 1er janvier 1987 lors de la reprise par la Compagnie Générale d'Electricité (CGE), maintenant Alcatel Alsthom.
C'est en 1925 que la société mère de Bell Antwerp, Western Electric, avait un besoin urgent de capitaux afin de ne pas rater l'expansion du téléphone aux États-Unis.
Pour mobiliser le capital requis, Western Electric a vendu Bell International et plusieurs autres compagnies de téléphone européennes à International Telephone and Telegraph Corporation (ITT)

Francis Welles a pris sa retraite de BTMC en 1913 et est rentré aux États-Unis peu de temps avant la Première Guerre mondiale.


BTMC Catalogue 1924
et matériel en production autours de 1910

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L'entreprise ATEA

1892 AUTOMATlQUE EJ.ECTRIQUE, S,A" Anvers, Belgique, connue notamment sous le nom d'Ateliers de Téléphonie et d'Electricité d'Anvers, a été fondée en 1892 et est donc l'une des plus anciennes entreprises de fabrication de téléphones en Europe.
Dès sa création, la société a joué un rôle de premier plan dans le développement de l'industrie du téléphone, et le siècle actuel n'était pas très avancé lorsque des appareils portant la célèbre marque "ATEA" pouvaient être trouvés en service dans toute l'Europe et l'Asie.

En 1914
, faute de pouvoir exporter, The Antwerp Telephone and Electrical Works - la première dénomination officielle d'ATEA - se retrouve complètement paralysée. C'est la faillite. mais non la fin. Six mois après la «Grande Guerre», elle redémarre sous le nom de New Antwerp Telephone and Electrical Works. Elle est déjà un peu moins belge. De fait, son capital est souscrit par un groupe industriel de Liverpool.
Faut-il le regretter ? Sa renommée à l'étranger est sa meilleure carte de visite. Sans quoi, la jeune PME aurait sombré corps et biens.

En 1919, une société nouvelle et renaissante a été fondée «la nouvelle usine de téléphonie et d'électricité d'Anvers».
L'entreprise a redémarré, avec deux actionnaires :
- La «Banque d’Outremer» représentant un groupe apportant du nouveau capital-risque,
- L'ancienne «Antwerp Telephone and Electrical Works», apporte les biens immobiliers, les outils, les machines et le savoir-faire de l'ancienne société. Les membres du conseil étaient également des actionnaires minoritaires.

La gamme de produits s'est élargie avec la création d'une division sur les équipements de mesure (wattmètres, voltmètres, etc.). Ils ont livré des équipements de mesure en tant que produits OEM pour les centrales électriques, les mines, les navires….
Atea
était célèbre pour la personnalisation des compteurs. Les compteurs kilowattheures étaient également un produit très populaire, beaucoup d'entre eux étant achetés par la compagnie d'électricité locale . Cette gamme de produits a connu un succès jusque dans les années 1960 et au début des années 1970.

ATEA a été créé en 1890 sous le nom d'Ateliers de Téléphonie et d'Électricité d'Anvers et en 1922, il est devenu le Antwerp Telephone And Electric Works, propriété de la société Automatic Telephone Equipment Company (ATE) de Liverpool, en Angleterre.

Après la Première Guerre mondiale, l'automatisation de la téléphonie est devenue populaire.
En 1923 Atea pris contact avec la Relay Automatic Telephony Company (RAT) de Londres et a obtenu une licence pour leur commutation automatique pour le Benelux (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg) et l'Espagne.
En 1926, ils ont signé un contrat avec la Grèce, pour automatiser leur réseau téléphonique national, et ils devraient prendre une franchise sur ce réseau . La technologie RAT, développée par Betulander était techniquement bonne mais coûteuse, en particulier pour les grandes installations.
Ces premiers centraux acceptent jusqu'à 50 lignes.
Un record ! Selon les techniciens anversois, des modèles ont fonctionné de façon continue jusque dans les années soixante...
A cette époque, la téléphonie n'est pas encore l'industrie que l'on connaît aujourd'hui.
Aussi, entre deux commandes, l'usine anversoise diversifie ses activités. C'est ainsi qu'elle se lancera dans la production de « tirettes» sous la marque Ritz - qui, en néerlandais, donne naissance au terme générique «ritssluiting»
Certaines personnes tirent le nom du "nouvel" acronyme ATEA de Automatic Telephone & Electric, avec la lettre "A" après ATE signifiant Anvers, mais à ce moment-là, la société de n’était pas encore devenue ATE.
Le prochain changement de nom (Automatique Electrique de Belgique) a eu lieu en 1926 ou 1931, lorsque la société a été reprise par Automatic Electric of Chicago mais a continué à utiliser la marque établie ATEA.

Le «nouveau service téléphonique et électrique d'Anvers» a dû chercher des solutions rentables. Ils ont donc contacté Automatic Electric à Chicago pour obtenir une licence sur la technologie Strowger.
Associated Telephone and Telegraph, qui possédait Automatic Electric, a pris un «intérêt majeur» dans l'entreprise.

Les centrales téléphoniques automatiques étaient réalisées en Belgique suivant deux systèmes: le système Rotary, construit par la Bell Telephone Manufacturing Company, et le système Strowger, fourni par la S.A. Automatique Électrique (ATEA).

1926 Grâce à cette relation, Atea a eu accès à la technologie Strowger et a été soutenu par Automatic Telephone Manufacturing Company (ATM) de Liverpool. ATM avait déjà une expertise dans la technologie Strowger avant la Première Guerre mondiale; ils ont livré leur premier commutateur au bureau de poste britannique en 1912.

La société d'exploitation belge locale s'est également intéressée aux équipements Strowger et les livraisons adaptése ont commencé à la fin des années 1920. Sous le nom de The New Antwerp Telephone and Electrical Works, ATEA est devenue, comme elle l'est aujourd'hui, une partie importante et intégrante du groupe Automatic Electric.
Après sous le nom d'Automatique Electrique, S.A., avec ses vastes bâtiments, ses installations de fabrication modernes et ses laboratoires bien équipés, et partageant les techniques très avancées et les réalisations de recherche de l'ensemble du groupe, l'entreprise fabrique une gamme complète d'équipements téléphoniques automatiques et manuels Strowger- bureau central et sous-station à des fins publiques, privées, maritimes et de défense.

Équipement Strowger Automatic fourni par Automatique Electrique, S.A., pour l'important centre de commutation de Tongres, Belgique.
L'équipement qui prévoit la billetterie automatique des appels de péage peut être vu au premier plan.


En tant qu'important fournisseur d'équipements téléphoniques pour la Régie des Télégraphes et des Téléphones belges, ATEA dispose d'une liste impressionnante de centraux téléphoniques Strowger Automatic en fonctionnement ou en construction en Belgique. Les réseaux ou centres de commutation importants de cette catégorie sont ceux centrés à Tournai, Mons, La Louvière, Tongres, Hasselt et Hornu, qui prévoient tous la billetterie automatique des appels de péage.
Une autre réalisation technique a été le réseau national qui fournit aux besoins de télécommunication des chemins de fer belges un réseau plus moderne que tout ce qu'on peut trouver dans n'importe quel autre pays.
Automatique Electrique, S.A., est également l'un des principaux fabricants d'appareils électriques de mesure et d'enregistrement, et est l'un des producteurs européens bien connus de compteurs de wattheure, monophasés et multiphasés, à usage domestique et industriel.

L'usine d'Automatique Electrique, S. A., à Anvers, où la fabrication de l'équipement téléphonique automatique Strowger a commencé en 1926.

1930 : création de la Régie des Télégraphe et Téléphone. Atea, qui s'appelle alors Automatique Electrique de Belgique, propose à l'opérateur les premiers centraux Strowger de l'Américaine Automatic Electric.
La firme anversoise ne se contente pas de les importer et de les adapter, elle innove en imaginant un système de tarification automatique en communication interurbaine... qui sera ensuite largement diffusé aux États-Unis.

Automatique Electrique, S.A., est un important fournisseur d'équipements téléphoniques de la Régie belge des Télégraphes et des Téléphones. Ci-dessus, un groupe d'imprimantes de tickets de péage fournies par ATEA pour l'échange à La Louvière

Nouvelle étape après la Seconde Guerre mondiale. La téléphonie se banalise. Atea développe le premier poste à clef.
Désigné 600, il fera vite le tour du monde... avant que notre régie nationale ne l'agrée
L'après-guerre marque aussi l'avènement du transistor, pas moins. Et, donc, un virage décisif dans la production des systèmes téléphoniques.
Une mutation, aussi, sur la plan de la productivité. En effet, le phénomène du circuit imprimé va de pair avec l'automatisation de la soudure et du montage. Il en résultera une forte réduction du temps de fabrication. Les méthodes de travail sont à la veille de grands bouleversements.
C'est à cette époque, encore, qu'Atea développe les premiers feux de signalisation routière. Quel lien, direz-vous, entre un feu tricolore et le téléphone ? Le plus évident qui soit : c'est par ligne téléphonie que l'on règle les feux ! Au début, peu convaincue de la fiabilité de tels systèmes, la ville d'Anvers, qui les expérimentait, avait exigé d'Atea qu'on les installe en périphérie, aux abords même de l'usine...
La suite, on la connaît. Aujourd'hui encore, la majorité des signaux sont toujours «griffés» Atea.

Les feux de signalisation routière et routière constituent un autre élément important de la gamme de produits de la société et comprennent une grande variété de types pour tous les types de besoins, synchronisés et non synchronisés, et à temps fixe et à fonctionnement par trafic.
Directement ou par l'intermédiaire de l'organisation mondiale de services d'International Automatic Electric Corporation, Chicago, Automatique Electrique, S. A., fournit l'équipement et le matériel "ATEA" aux administrations téléphoniques et autres acheteurs dans presque toutes les régions du monde.


En 1962, General Telephone and Electronics Corporation (GTE) acquit la société Automatic Electric et devint ainsi propriétaire majoritaire de la société belge, connue sous le nom de GTE-ATEA jusqu'à son acquisition par Siemens, en Allemagne, en septembre 1986.
Le 800 succède au 600. L'entreprise anversoise en produira plus de 2 millions d'exemplaires. Il s'agit toujours de systèmes à clef.
Dans certains pays, le concept même sera vulgarisé sous le nom générique... «Atea»
Ce sont les «golden sixties». Les effectifs dépassent les 3.000 personnes, soit un doublement en 10 ans.
En même temps, les budgets, calculés en francs constants, quadruplent.
A cette époque, GTE vendit 80% de l’ensemble de ses actions européennes à Siemens.
Le contrôle de ATEA est donc passé sous le contrôle de Siemens et le nom de GTE a été abandonné, même si ATEA de Herentals a continué de vendre et de proposer des produits GTE.
Pendant toute cette période de participation majoritaire dans le GTE, GTE-ATEA détenait traditionnellement 30% des activités en Belgique.
La société a également développé une activité rentable dans le PABX et les systèmes de bureau généraux basés sur la gamme de produits Omni de GTE.
L’histoire de la société a également soulevé un problème technique intéressant pour le choix des futurs centraux numériques que Siemens / ATEA fournirait à la RTT belge (l’administration belge des télécommunications, aujourd’hui Belgacom).
La RTT a de nombreux commutateurs numériques de type GTE GTD-5C en service.
Ces centraux ont été construits en Belgique et installés par ATEA. Siemens espérait bien entendu pouvoir introduire ses produits EWS de conception allemande en Belgique via ATEA, bien que EWS nécessitât un développement logiciel supplémentaire pour pouvoir fonctionner avec les systèmes d’échange existants GTD et [Alcatel] System 12.
Apparemment, afin d'introduire le SAP dans un autre pays européen, Siemens était prêt à payer pour le développement logiciel requis.

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1899 L'Otomat: Société belge de téléphonie perfectionnée l'Otomat.

Otomat est le distributeur d'une société allemande "PRIvat-TElephon-Gesellschaft H. Fuld & Co. GmbH (PRITEG), fondée en 1899 par Harry Fuld à Francfort-sur-le-Main.
Au 1er janvier 1912, Otomat avait livré plus de 410 000 téléphones.

Harry Fuld était le fils unique d'un riche marchand d'art et d'antiquités à Francfort, en Allemagne, et devait rejoindre le magasin d'art et d'antiquités familial. Ne trouvant pas de place dans l'entreprise familiale, Fuld à l'âge de 20 ans, se joint à Carl Lehner, maître horloger et technicien allemand pour fonder la DeutschePRIvat-TElephon-Gesellschaft H.Fuld & Co. (PRITEG) en 1899 .
Fuld a commencé à louer des produits de téléphonie aux entreprises. Les équipements étaient d'abord acheté à la Bell Telephone Manufacturing Company de Anvers, en Belgique, pui un an plus tard, Harry Fuld commence sa propre production de postes téléphoniques.
L'installation et la maintenance des équipements téléphoniques sont effectuées par des distributeurs, et basés sur un système de franchise.
PRITEG a fourni le savoir et la formation sur les équipements aux entreprises de distribution locales qui devaient être fondées. En contrepartie, les «filiales» transféraient une partie de leurs revenus des contrats de location à la société mère et lui permettaient de consulter à tout moment leurs comptes. L'avantage était une croissance rapide, avec des capitaux étrangers.
Chaque distributeur avait sa propre entreprise, et si cette entreprise faisait faillite, il n'y avait aucune influence sur la «société mère» de Harry Fuld. Au début, les distributeurs se trouvaient principalement dans toutes les grandes villes allemandes. Dans un deuxième temps, il a encouragé les gens à créer leur propre société de distribution pour presque tous les pays européens, sur la base de ce système de franchise.
Dans de nombreux cas, les entreprises étrangères étaient gérées par des citoyens allemands, c'est-à-dire qu'au Royaume-Uni, il y avait des distributeurs Fuld avec une direction allemande à Birmingham, Leeds, en Irlande, dans le Lancashire, dans le Yorkshire et à Glasgow.
Pour distribuer ses produits en Belgique, Otomat de PRITEG les téléphones, le savoir-faire et la formation du personnel, à condition qu'ils cèdent un pourcentage des ventes. À court terme, Harry Fuld a développé un vaste réseau de distribution, surtout avant la Première Guerre mondiale.


PRITEG a changé de nom en 1918 en "H.Fuld & Co. Telephon und Telegraphenwerke". Fulds, en pleine expansion, s'était développé en 1928 pour devenir un groupe industriel avec plus de 100 entreprises et un vaste réseau de succursales, il était en 1930 l'une des principales sociétés de communication en Europe

L'anglais Frederic Thomas Jackson en 1902 est employé de The Private Telephone Com-pany et en 4 ans, il devint secrétaire général de la PTC (UK) qui utilisait du matériel importé par Harry Fuld en Allemagne. Un certain nombre d'autres sociétés d'exploitation essentiellement allemandes faisaient de même en Grande-Bretagne à l'époque.
PTC a été rebaptisé New System PTC ou TMC et a proposé des téléphones internes à la location plutôt qu'à l'achat.

La TMC (Londres) en 1920, entre en bourse, acquiert d'autres sociétés de location de téléphones et se développe en Belgique, en France et en Australie.
On connait au moins cinq distributeurs au Royaume-Uni, et plusieurs dans d'autres pays tels que la Belgique, les Pays-Bas, la Suisse, l'Espagne et la France. D'après les informations dont je dispose, il y aurait certainement eu un distributeur à Lille Paris et peut-être aussi à Marseille sans compter Strasbourg qui était en Allemagne avant la première guerre mondiale. Dans l'acte de fondation de la TMC en 1920 de la société à Bruxelles, on peut voir que FT Jackson détient la majorité des actions. Les autres actions appartiennent à des hommes d'affaires locaux .
En 1929, les bénéfices doublèrent et l'entreprise fut scindée en fabrication (TMC) et location (Telephone Rentals ou TR), bien que les deux appartenaient au même conseil d'administration.
FT Jackson et les sociétés de fabrication de téléphones ont créé des sociétés de distribution en France et en Belgique juste après la Première Guerre mondiale, appelées «Téléautomate».


En raison de la politique de location et de détruire les anciens téléphones en location après quelques contrats, les premiers téléphones TMC sont étonnamment difficiles à trouver. De nombreux téléphones fournis par Fuld n'avaient qu'une décalcomanie TMC pour les identifier, elle a séchée et a fini par s'écailler, les téléphones sont devenus difficile à identifier. TMC ne semble pas non plus avoir produit beaucoup de catalogues, il y a donc très peu d'informations disponibles à leur sujet.

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Continuons :

Comme en 14-18, la Seconde Guerre mondiale bouleverse une nouvelle fois les télécommunications. La radio et le téléphone sont un instrument essentiel de la guerre,
qu’aucune création littéraire ou cinématographique, par exemple, n’a omis de représenter.
L’INR, qui a sabordé ses installations en mai 1940, et la RTT, sont gérés durant la guerre par les secrétaires généraux, sous le contrôle allemand, et leurs équipements encore debout deviennent des cibles stratégiques des bombardements alliés.
Dès 1945, la plupart des lignes et services existants avant guerre sont reconstruits (sauf à Liège, où le bureau central a été complètement détruit lors du retrait des troupes allemandes), et l’activité téléphonique reprend de plus belle, sous la tutelle confirmée de la RTT. Le gouvernement belge en exil s’est également forgé ses propres armes de propagande, en créant à Londres un Office de radiodiffusion nationale, dont le principal poste émetteur est installé à Léopoldville, au Congo belge. C’est l’Office qui est chargé, à la libération, de reprendre les activités radiophoniques, le matériel et les installations subsistants de l’INR, en attendant une réforme parlementaire de celui-ci. Les installations de Veltem sont intégralement reconstituées et les émissions y reprennent dès novembre 1944.

Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclatait, une nouvelle période de croissance semblait imminente, mais Bell devait attendre jusqu'en 1945.
En 1947/48, les commandes dépassaient de beaucoup la capacité de production et divers ateliers de production devaient être loués temporairement. C'est pour cette raison qu'une usine a été construite à Hoboken en 1948. En 1954, la construction du clocher a commencé et, en 1958, un terrain a été acheté pour la construction d'une nouvelle usine..

Le 24 octobre 1953 à 14 heures, 2000 abonnés du réseau de Liège sont raccordés à une nouvelle centrale téléphonique automatique.
Peu de temps après, Bell a réussi à proposer le système téléphonique Pentaconta sur les marchés mondiaux et le service d’automatisation postale a également élargi son éventail d’activités.

La numérotation :
A partir de ce moment, les numéros d’appel de ces abonnés sont modifiés. Les mentions de ces abonnés figurent pour la dernière fois avec leur nouveau et leur ancien numéro. C’est ainsi que pour les réseaux de Liège, Aywaille, Comblain-au-Pont, Engis, Esneux, Fexhe-le-Haut-Clocher, Micheroux, Trooz et Visé, il faut former le numéro d’appel de l’abonné, ces villes sont en téléphonie automatique .
Par contre, pour Anthisnes, Bassenge, Blegny, Louveigné, ROTHEUX-RIMIERE, Sprimont, Verlaine, Villers-l’Evêque et Warsage, il faut former le numéro mentionné en regard du nom du bureau intéressé. Au centre téléphonique manuel , à l’agent qui répond à l’appel, il faut encore indiquer le numéro du correspondant. Mais pour la première fois, Rotheux-Rimière hérite du 04/71.44.22.
En 1953, la Belgique est divisée en cinq zones téléphoniques :
Bruxelles (I), Gand (II), Anvers (III), Liège-Luxembourg (IV), Mons, Charleroi, Namur (V).
Chaque tome (5 parties) représente la division en zones (ex. Eupen, Huy, Barvaux ou Libramont). Chaque zone est divisée en secteurs (ex. Rotheux, Houffalize, Spontin ou Mouscron). Ajoutons enfin qu’il existe des bureaux téléphoniques, centres de zones (ex. Liège, Verviers, Bastogne ou Arlon) et des bureaux téléphoniques (ex. Rotheux, Esneux, Sprimont ou Anthisnes).

Pour un SOS urgent il faut former le 34.80.97, le 34.80.98 ou le 34.80.99…la maison a le temps de brûler ! En cas d’accident d’avion, il faut aviser l’aérodrome national de Bruxelles au 12.88.05 ou les postes de secours les plus proches (police, pompiers, gendarmerie).
Et là rien n’est simple non plus ; il faudrait presque un mini bottin téléphonique dans son portefeuille… Ainsi, par exemple, dans la région de Liège, pour appeler les pompiers il faut faire le 23.23.21 mais à Seraing, le 34.09.53, à Herstal le 66.09.73, à Jemeppe le 33.94.39 ou encore à Flémalle le 33.94.39. Si la catastrophe a lieu à Sclessin, on est perdu ! Si on veut appeler la police dans cette même zone on a plus de chance car il y a 14 numéros à retenir. Pour Sclessin, cela se complique puisque on peut appeler Tilleur, Saint-Nicolas ou encore Montegnée ! Quant à la Gendarmerie, c’est plus simple, mais ils arriveront moins vite car les bureaux sont situés à Chênée, Fexhe-Slins, Flémalle-Haute, Fléron, Hollogne-aux-Pierres et Wandre. Le temps de choisir et notre maison est en cendres…

Les relations téléphoniques sont évidemment ouvertes avec tous les pays européens et même mondiaux, à l’exception de l’Albanie. Les taxes diffèrent évidemment suivant les pays en relation.
Par exemple, pour une période de trois minutes, on paie 24 francs pour Lille, 93 pour Berlin, 174 pour Gibraltar, 192 pour Helsinki et même 198 pour le Vatican (ils ne perdront jamais le nord…). Quand il s’agit de communications « urgentes », double tarif, quand elles sont « éclair », triple tarif, on va quand même pas se gêner surtout quand grand-maman est mourante et qu’il faut expliquer en détail ce qui est arrivé… Mais examinons aussi les pays « extra-européens » car si vous avez une communication éclair à destination de la Bolivie, il vous en coûtera 3006 francs ! Par contre, si vous souhaitez téléphoner en Chine, en Mongolie, ou au Vietnam, c’est impossible. Par ailleurs, je vous conseille la Nouvelle-Zélande (480 francs), le Congo belge (294 francs) ou encore les Açores (288 francs). Il est même possible de téléphoner à des bateaux soit par l’intermédiaire de la station d’Ostende, soit par celle d’Anvers,… cela dépend d’où le bateau est parti ! Avec un bateau étranger, je cite : « la taxe varie suivant la nature du bateau et la distance à laquelle il se trouve » (sic). Sans blague… Les paquebots sont évidemment accessibles comme les belges Albertville, Armand Grisar, Baudouinville, Charlesville, Copacabana, Elisabethville, Gouverneur Galopin, Léopoldville ou Mar del Plata. Les paquebots américains, britanniques, français, italiens, néerlandais et même norvégien (le Oslofjord, très cher au-delà de 35° de longitude ouest).

La Seconde Guerre mondiale freine quelque peu la dynamique mais l’entreprise est reine sur le marché et la demande en services de télécommunication s’accroît à un rythme élevé: 350.000 abonnés en 1946, 522.000 en 1951, plus d’un million en 1965.

La RTT vit ses belles années. Vastes, ses bureaux servent à l’État de réservoir à l’emploi pour contrer la montée du chômage, ce qui pèse sur ses coûts.
En ayant recours à deux constructeurs, la Régie des Télégraphes et des Téléphones provoqua une concurrence qui lui permit de bénéficier de prix favorables.
Le 29 mai 1956 fut inauguré en première mondiale le service international automatique Bruxelles-Paris et Bruxelles-Lille.

En 1965, Bell entre également dans le domaine des voyages dans l’espace et, deux ans plus tard, le premier central téléphonique électronique de type Metaconta est mis en service. Le Metaconta 10C et la version modernisée 10 CN ont été les dignes successeurs du Rotary et de Pentaconta.
Plus de 3 millions de lignes ont été installées dans le monde et, dans certains pays, elles ont également été produites localement dans le cadre d’accords de licence.
En 1965 : La Belgique compte 1.000.000 d’abonnés au téléphone.

En 1966 : La RTT lance le service de sémaphonie. Le "sémaphone", ou bipeur, est un petit appareil auquel on peut envoyer 12 chiffres : un numéro de téléphone à rappeler ou un code signifiant une information ou une action à réaliser. Il se porte à la ceinture. Pour rappeler le numéro affiché à l’écran, on cherche une cabine téléphonique dans les environs. Les numéros des sémaphones commencent par le préfixe 018.

Le 8 octobre 1970 l'automatisation intégrale du réseau téléphonique intérieur fut achevée , soit quarante ans après la création de la R.T.T.
Le nombre d'abonnés passa à 1.370.000.
Dans les années 70, après avoir entièrement réalisé son plan d'automatisation du téléphone, la R.T.T. s'engagea dans l'exécution d'un nouveau projet de
modernisation et d'adaptation, qui consistait à équiper progressivement le réseau téléphonique belge de centraux semi-électroniques.


Le 28 septembre 1975 , le premier central interurbain Metaconta @ 10 C a été mis en service à Wavre, en Belgique.
Ce premier central de la série peut initialement gérer 1 350 circuits qui seront étendus à 2 550 au début de 1975.
Le central de Wavre fonctionne comme un hub régional avec sept centraux rotatifs 7 D et un central local 10 C pour une partie du trafic interurbain rural et international. Le contrôle des systèmes interurbains Metaconta @ 10 C est réalisé avec des ordinateurs ITT 3200.
L'administration belge a déjà mis en service 11 centraux interurbains, qui totaliseront une mise en service de 35 000 circuits d'ici la fin de 1976.
Concernant le marché étranger, Australie (28 000 circuits) et la Yougoslavie (54 000 circuits) bénéficieront de ce système en 1974.

Rien qu'en Belgique, en 1973, il y avait environ 40 000 lignes en service et des commandes ont été reçues pour 90 000 lignes supplémentaires pour 1974 et 50 000 pour 1975.
Le marché d'exportation continue de croître, avec des commandes de Yougoslavie déjà en cours (14 000 lignes), Hong Kong (44 000), la Norvège (SOOO), Taïwan (30 000) et les Bermudes (6 000).

En tant que décennie, les années 1970 devaient être principalement caractérisées par un bond en avant sans précédent.
Dans le domaine de la recherche et du développement, Bell a concentré ses efforts sur la micro-électronique, le développement de logiciels, les études de systèmes, les applications informatiques et l’introduction de nouvelles techniques telles que la modulation par impulsions codées (PCM).
Dans le domaine de la technique de commutation, la numérisation a trouvé une application dans le nouveau système de commutation numérique "System 12", le premier commutateur en Belgique ayant été installé à Brecht en 1981.
Le système actuel Alcatel 1000 S12, produit et exporté à grande échelle et dont aujourd'hui plus de 50 millions de lignes ont été commandées par 39 pays, est la version moderne de cette première génération de centraux téléphoniques entièrement numériques.


En Belgique, tant la finalité de l'exploitation (service universel) que la structure économique (monopole) et le mode d'exploitation (gestion par l'État) ont pris forme en même temps et sont réunis dans un unique concept organique : le service public

L'extension du réseau vers des segments non rentables ne concernait que la classe dominante : les tarifs, aussi réduits qu'ils aient été, excluaient de fait l'accès de la classe populaire à ce service. Ce n'est qu'après la percée politique du mouvement ouvrier, au début du xxe siècle, que l'idée d'un « téléphone pour les ménages » a lentement pris forme. Cette ouverture « démocratique » était cependant motivée avant tout par les possibilités d'amélioration de la rentabilité du réseau - sous-utilisé à certaines heures - qu'elle offrait. Il faut attendre les années 60 pour entendre un parlementaire se référer à la téléphonie comme à un service « social » devant aussi être mis à la disposition des utilisateurs défavorisés.

La politique européenne de libéralisation a exercé une influence croissante sur l'histoire récente de la communication en Belgique.
En effet, la réglementation des télécommunications belges fut adaptée au exigences européennes dès 1991 et, de même, la privatisation partielle (20% des actions) de l'opérateur national, Belgacom, en mars 1994 est publiquement justifiée par la nécessité de s'adapter au marché européen.

Les années quatre-vingt-dix voient l’émergence d’une nouvelle génération de services de télécommunication, tels que les achats à domicile, les services de banque à domicile pour les utilisateurs résidentiels et l’échange de données à haut débit et la vidéoconférence pour les entreprises.
Des services multimédia avancés combinant vidéo, éléments graphiques, images, données et son, mettent une richesse d'informations, de détente et de nombreux moyens de communication à la disposition des utilisateurs.
Pour une communication interactive à distance, des réseaux puissants sont nécessaires. Alcatel dispose de la technologie et du savoir-faire technologique nécessaires pour transformer n'importe quel réseau en une "autoroute de l'information", qu'il s'agisse de cuivre, de câbles coaxiaux ou de fibres optiques.
La technologie de pointe d'Alcatel repose sur l'ATM (commutation à large bande), l'ADSL (accès à large bande), la SDH (transmission à large bande) et le Skybridge (système de communication par satellite). +


Belgacom est la société héritière de l’ancien monopole public. Jusqu’en 1991, ce monopole a été assuré par la RTT (Régie des télégraphes et téléphones). Suite à la loi du 21 mars 1991, la RTT est devenue une entreprise publique autonome.
Belgacom a ainsi vu le jour. À cette époque, elle détenait encore un monopole pour certains services de base, à commencer par la téléphonie vocale.
En 1994, elle a été transformée en société anonyme de droit public.
En 1995, 49,9 % du capital de la société ont été cédés par l’État pour 73 milliards FB au consortium ADSB, qui regroupe Ameritech, Tele Danmark et Singapore Télécommunications Limited.

Depuis 1995, Belgacom a connu une réorganisation en profondeur.
L’entreprise se redéploie vers une diversification des services et un renforcement de leur valeur ajoutée. La décentralisation a été accentuée dans la gestion des services. L’effectif du personnel est passé de 26.000 à 20.000 personnes en quatre ans, suite à un programme de prépensions négocié avec les syndicats, qui s’est révélé onéreux à la fois pour l’entreprise et la puissance publique. Le personnel restant connaît des réaffectations massives.
L’entreprise a été réorganisée en fonction des clientèles, et non plus des zones géographiques. Belgacom a créé des filiales dans les pays voisins (en Allemagne, en France et aux Pays-Bas surtout), ainsi que dans de nouveaux secteurs d’activités (fourniture d’Internet, multimédia, sécurité).

Belgacom n’est plus la seule grande entreprise de services de télécommunications en Belgique. Plusieurs autres sociétés ont développé leurs investissements en Belgique de manière significative : Mobistar, WorldCom et Telenet sont les trois exemples les plus frappants. Ces trois entreprises se déploient sur le marché d’une manière fort différente.

Mobistar est devenu en 1995 le deuxième opérateur de téléphonie mobile en Belgique. Il s’agit d’une entreprise constituée autour de l’actionnaire majoritaire France Telecom. Depuis lors, Mobistar a dépassé ses objectifs en terme de clientèle. Une mise en bourse réussie a été réalisée à l’automne 1998. L’entreprise offre maintenant aussi des services de téléphonie vocale fixe. Elle entend également se lancer dans l’offre d’Internet, ainsi que dans la création de réseaux de données, afin d’offrir une gamme de produits aussi étendue que possible.

Telenet a été constituée au départ d’une initiative du gouvernement flamand. Elle vise à mettre en valeur les réseaux locaux de télédistribution en les modernisant. Une société a été créée. Elle regroupe ces télédistributeurs, l’entreprise US West, ainsi que quelques acteurs flamands traditionnels. Elle offre à la fois des services de télévision et de télécommunications, dont l’accès à Internet. Elle vise ainsi en premier lieu le client résidentiel. Initialement conçue pour développer des services en Flandre, elle a depuis lors étendu ses ambitions à l’ensemble de la Belgique.

WorldCom constitue une filiale de la société américaine qui a connu une croissance foudroyante aux États-Unis pendant les dix dernières années grâce au développement d’un puissant réseau de fibre optique et de services liés à Internet. Plusieurs filiales ont été constituées en Europe pour reproduire cette stratégie. En Belgique, cette filiale a été créée dans un partenariat avec Coditel, afin de bénéficier des réseaux de cet acteur belge traditionnel, spécialement dans la Région bruxelloise. WorldCom mène une concurrence plus ciblée, en fournissant aux entreprises, spécialement multinationales, des services à valeur ajoutée et à large bande passante.

Plusieurs alliances internationales existent dans le monde pour offrir des services globaux aux entreprises multinationales. Elles offrent des tarifs réduits, ainsi qu’une gestion globale du trafic des clients (‘global reach’). Elles ont également déployé leurs services en Belgique. En règle générale, elles y ont établi une filiale.
Ainsi, Unisource regroupe KPN, Swisscom et Telia. Créée en 1992, Unisource Belgium connaît une forte participation de KPN. Recourant d’abord aux réseaux déjà existants (Belgacom, Telenet et SNCB par exemple), l’entreprise développe maintenant un réseau propre. Elle offre ses services d’abord aux sociétés multinationales et aux organisations internationales. Toutefois, certains services sont aussi destinés depuis 1998 aux petites et moyennes entreprises. Une autre alliance internationale, Global One, regroupe Deutsche Telekom, France Telecom et Sprint. Elle offre également ses services en Belgique. BT (British Telecom) a établi une filiale en Belgique dès 1988. Quoique participant à des alliances internationales importantes (naguère avec MCI dans Concert, maintenant avec ATT), BT n’a pas formé d’association sur le marché belge. Elle a recouru aux réseaux déjà existants, mais développe maintenant un réseau propre.
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C’est en 1846 que la première liaison de télégraphie électrique avait été installée le long du chemin de fer entre Bruxelles et Anvers donnant ainsi naissance au télégramme, un service lancé par la RTT (Régie des télégraphes et téléphones), qui permettait de délivrer un message urgent. C’est par exemple par télégramme que le Titanic a demandé du secours au moment d’impact avec l’iceberg, et c’est aussi par télégramme que s’annonçaient les naissances, les mariages, ou les décès, surtout en temps de guerre.

Au fil du temps et des avancées technologiques, d’autres moyens de communication plus accessibles et plus élaborés, sont venus concurrencer le télégramme et ce, à un tel point qu’aujourd’hui devoir payer entre 15 et 20 euros pour envoyer une vingtaine de mots par télégramme semble presque ridicule. Pourtant, pour ceux qui nécessitent une preuve légale de leur envoi, prenez les huissiers de justice par exemple, le télégramme est au contraire un choix avantageux.

Mais cette minorité d’utilisateurs n’a pas pu empêcher le déclin du service, pourtant si populaire dans les années 60. Petit à petit, le million et demi de télégrammes envoyés en Belgique dans les années 80 s’est restreint à un envoi de 50.000 messages en 2010, pour finalement diminuer à 8.000 messages en 2017. Pour Proximus, le temps était venu de mettre un terme au service.

Bien qu’elle n’y était plus contrainte depuis 2013, la Belgique avait malgré tout décidé de continuer à proposer ce « service d’intérêt public ». D’autres pays, par contre, avaient déjà fait le choix de s’en séparer bien avant, c’est le cas des Etats-Unis, de l’Inde, ou la Grande-Bretagne, le tout premier pays au monde à envoyer un télégramme. Malgré cela, pour l’Espagne, l’Italie et l’Argentine, le télégramme continue à se porter plutôt bien et à jouir d’un succès discret.

Pour la Belgique, en tout cas, c’est ici que s’arrête l’histoire d’un service qui en son temps a su révolutionner les moyens de communication. Fin du télégramme. Stop.

2018 Fin du télégraphe

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Au GRAND DUCHÉ DE LUXEMBOURG

L'exploitation des Jigiies téléphoniques dans le Grand-Duché de Luxembourg est réglementée par un arrêté royal, qui fixe le prix de l'abonnement à 80 francs par an dans les limites de la localilé où se trouve Je bureau central.
En Europe, c'est le prix de l'abonnement le moins élevé qui existe actuellement, si l'on en excepte toutefois celui de quelques sociétés coopératives en Suède et en Norwège.
Des conditions spéciales sont faites aux hôtels, cafés, sociétés de réunions, etc., dont les clients peuvent utiliser le téléphone.
Pour ces établissements, le nombre annuel des communications auxquelles donne droit l'abonnement est limité à deux mille.
Au delà de ce nombre, toute communication doit être payée à raison de 25 centimes, mais cette taxe supplémentaire peut être récupérée par l'abonné, sur la personne qui l'a motivée en faisant usage des téléphones au delà du chiffre accordé.

C'est seulement le 1er octobre 1885, que fut ouvert le premier réseau téléphonique dans la ville de Luxembourg.
La rapidité avec laquelle s'est augmenté le nombre des abonnés a démontré l'utilité des serviœs que pouvait rendre cette nouvelle industrie qui fut accueillie avec empressement par la population Luxembourgeoise.

A la fin de l'année 1886, ce réseau comptait déjà deux cent neuf abonnés, et le nombre total des communications établies par le bureau central s'élevait à cent dix-neuf mille neuf cent cinquante-quatre, ce qui donnait une moyenne de trois communications par jour et par abonné.

A la fin de 1887, il y avait trois cents abonnés au réseau téléphonique de la ville de Luxembourg.
Trois cabines téléphoniques publiques ont en outre été ouvertes, avec un tarif de 25 centimes par cinq minutes de conversation.
Quatorze autres petits réseaux créés dans les localités les plus importantes du Grand-Duché, rayonnent autour de la ville de Luxembourg et sont tous reliés au réseau central de la capital par l'intermédiaire duquel ils sont mis en communication.
L'ensemble des abonnés du Grand-Duché s'élève au nombre de quatre cent quatre-vingt-cinq.
Une somme de 100,000 francs fut votée en 1887, par la Chambre des députés, en vue de construire de nouvelles lignes téléphoniques de manière à établir des communications dans tous les villages du pays.

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LE TÉLÉTYPE ET LA CONSTITUTION D'UN RÉSEAU TÉLÉGRAPHIQUE AUTOMATIQUE

La grande majorité des liaisons intérieures du réseau télégraphique étaient constituées par des fils aériens établis le long des lignes de chemin de fer.
L'entretien en était coûteux et ces lignes exposées aux intempéries étaient sujettes à des perturbations fréquentes, parfois de longue durée, principalement en hiver et dans les régions accidentées du pays. La modernisation du service télégraphique débuta dès que les appareils imprimants du type Hughes et Baudot purent être remplacés par le télétype (appelé aussi téléscripteur ou téléimprimeur), qui assurait la transmission par clavier de machine à écrire et pouvait donc être manipulé par n'importe quel dactylographe, après un minimum d'initiation. Il imprimait directement le texte en clair à la réception. L'adoption de cet appareil, qui se répandit largement dans les bureaux télégraphiques belges d'une certaine importance au lendemain de la seconde guerre mondiale, permettait d'envisager la constitution d'un réseau télégraphique automatique.
Dès 1926 avait commencé la mise en câbles souterrains des lignes télégraphiques et téléphoniques interurbaines, ce qui leur assurait une plus grande sécurité de fonctionnement. Cette opération était indispensable en vue de l'exploitation par appareils téléimprimeurs. En effet, à chaque caractère d'un texte à transmettre correspondait une combinaison différente de cinq éléments de courant d'une durée d'un vingtième de seconde. Il suffisait donc d'une perturbation électrique d'un vingtième de seconde, et même moins, pour provoquer l'impression d'un faux caractère à la réception.

LE TÉLEX
À la même époque fut introduit le système de télégraphie à fréquences harmoniques (ou vocales), permettant de superposer sur un même circuit un
grand nombre de communications télégraphiques. Cette technique, utilisée d'abord sur les faisceaux télégraphiques internationaux, fut étendue
progressivement aux circuits de jonction entre centrales du réseau télégraphique automatique intérieur.
Ces centrales, qui étaient établies dans les villes principales du pays et auxquelles étaient raccordés, au moyen d'appareils téléimprimeurs, les bureaux télégraphiques les plus importants, servaient également pour le service "télex". Les abonnés au service télex, qui fut créé en 1946 et d'abord utilisé dans le trafic international puis intérieur, échangeaient leurs messages au moyen d'appareils téléimprimeurs installés à domicile. L'appel du correspondant se faisait, comme au téléphone, par un disque d'appel. La mise en communication et l'identification de l'appelé étaient
entièrement automatiques. La transmission avait lieu par clavier ordinaire de machine à écrire et pouvait se faire en l'absence du destinataire. La réception se faisait sur rouleau de papier. À l'émission, le téléimprimeur fournissait une copie du télégramme transmis. Les abonnés au service télex pouvaient également transmettre par téléimprimeur des télégrammes au bureau télégraphique et recevoir par la même voie ceux qui leur étaient destinés.
C'est en 1954 que la première communication télex internationale automatique fut établie. La Suisse est le premier pays à s'être prêté à un échange en automatique intégral des messages télex. Les abonnés du réseau télex belge pouvaient donc appeler directement au disque leurs correspondants suisses.

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LA STATION TERRIENNE DE TÉLÉCOMMUNICATIONS SPATIALES DE LESSIVE

Les techniques de transmission utilisées pour les télécommunications intercontinentales furent basées, jusque dans les années 60, sur l'utilisation du
câble sous-marin transocéanique pour les artères principales et sur la propagation des ondes courtes pour la plupart des autres liaisons. Compte tenu de la qualité parfois déficiente et de la saturation du spectre disponible pour les ondes courtes, d'une part, et de la capacité restreinte des câbles existants à l'époque, d'autre part, il eût été très difficile de s'adapter à l'évolution explosive des besoins qui allait caractériser le trafic international pendant la décennie 1960-1970 et au-delà.
L'avènement de l'ère spatiale en 1958 permit,petit à petit mais à un rythme néanmoins rapide, d'éviter la congestion de ces moyens classiques de transmission, notamment par la mise sur orbite de satellites de télécommunication capables d'établir, en tant que relais actifs, un nombre presque illimité de voies téléphoniques intercontinentales d'excellente qualité.
La Belgique, en tant que point nodal de communications, participa très tôt à l'établissement des circuits par voie spatiale. La Régie des Télégraphes et des Téléphones acquit une part de copropriété dans la station terrienne française de Pleumeur-Bodou (Bretagne) et dans la station allemande de Raisting. Toutefois, en raison de l'accroissement continu de la demande en circuits intercontinentaux, principalement avec les États-Unis, la solution consistant en l'utilisation de stations terriennes étrangères pour l'écoulement du trafic spatial belge s'avéra rapidement insuffisante. La Régie des T.T. devait donc disposer de sa propre station terrienne de télécommunications spatiales.
Celle-ci fut réalisée à Lessive par la Bell Telephone Manufacturing Company et inaugurée officiellement le 21 septembre 1972.

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BELGACOM, ENTREPRISE PUBLIQUE AUTONOME

Dans le courant des années '80, la Communauté européenne intervint de plus en plus activement dans le domaine des télécommunications: ses directives, qui avaient force de loi pour la R.T.T., modifièrent de fond en comble la réglementation et l'exploitation des télécommunications. Dans plusieurs pays, des mesures furent dès lors prises pour moderniser le statut social des entreprises des T.T. et pour adapter l'exploitation des télécommunications aux directives de la Communauté européenne. Tout comme la loi de 1930, le projet de loi de 1989 "portant réforme de certaines entreprises publiques économiques" 3avait pour but l'adaptation de l'exploitant public à un nouvel environnement politique et économique. Pour répondre aux enjeux de la libéralisation européenne, appliquée à partir du 30 juin 1987 au marché des télécommunications, et améliorer sa compétitivité, la R.T.T. avait besoin d'une plus grande autonomie de gestion.
La loi du 21 mars 1991 transforma la Régie en une "entreprise publique autonome", baptisée Belgacom.
La situation de monopole absolu qu'avait toujours détenu la Régie dans le domaine des équipements et services en matière de télécommunications était désormais modifiée. Belgacom obtint une concession exclusive pour les télécommunications publiques: l'infrastructure publique telle que les centraux, les câbles, les réseaux...; les services télégraphique, téléphonique et télex; les installations de télécommunications se trouvant sur le domaine public et accessibles au public, telles que les cabines téléphoniques. L'accomplissement de cette concession exclusive conjointement avec l'exécution de quelques autres tâches, définies dans un contrat de gestion, constituaient les "missions de service public" dont Belgacom était chargée. La réforme ne concernait pas seulement la Régie des T.T., mais aussi la Régie des Postes, la Régie des Voies aériennes et la Société nationale des Chemins de Fer belges. aspects du monde des télécommunications étaient en train de prendre une importance croissante. La Communauté européenne n'était certainement pas étrangère à leur apparition. Tout d'abord, les fonctions de réglementation et de surveillance que la Régie des T.T. avait toujours accomplies ne furent pas transférées à Belgacom; elles furent exercées désormais sous le pouvoir de décision du Ministre des P.T.T. par un organisme séparé, à savoir l'Institut belge des services postaux et des télécommunications (l'I.B.P.T.). D'autre part, toutes les activités de télécommunications qui ne faisaient pas partie de la concession exclusive pouvaient dorénavant être exercées par chacun en concurrence. Par conséquent, Belgacom devrait faire face à ses concurrents, non seulement pour garder sa position sur le marché existant, mais également afin de s'installer sur le marché lorsque se présenteraient de nouvelles activités.
En résumé, du monopole absolu de la Régie, une partie était mise en libre concurrence, tandis qu'une autre restait monopolistique, mais partagée entre Belgacom (la concession exclusive) et l'I.B.P.T. (la réglementation et la surveillance)

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PRINCIPAUX OUVRAGES ANIENS PUBLIÉS EN BELGIQUE SUR LA TÉLÉPHONIE

BANNEUX, M.-J. ingénieur, chef de service des télégraphes de l'Etat.
— L'électricité en Belgique. 1 broch. 1881.
— La téléphonie à grande distance, lbroch. 1882
BEDE, E., ingénieur, ancien professeur à l'Université de Liège.
— Sur les communications téléphoniques, note présentée au Congrès international du commerce et de l'indus-trie à Bruxelles, septembre 1880 (Revue universelle des Mines, 2me série, 1880).
— La téléphonie. Histoire, description et appli-cation des téléphones. 1 vol. in-8°.
DELARGE ngénieur en chef des télégraphes de l'État.
— Note sur le téléphone appliqué dans le voisinage des lignes télégraphiques ordinaires (Extrait des Annales de l'Académie royale de Belgique, 2me série, tome XLVII, n° 1, 1879
— Note sur le téléphone, année 1871 (Revue universelle des Mines).
DE LOCHT-LABYE, ingénieur, répétiteur à l'école des mines de Liège.
— Les progrès de la téléphonie, ses applications pratiques (Revue universelle des Mines, année 1878).
— La téléphonie, sa théorie, ses applications. (Le pantéléphone, brochure, 1880).
LEBRUN, Léon. — Renseignements divers sur les téléphones (Bulletin de la Société industrielle et commerciale de Verviers, 1878, tome VII).
NAVEZ, lieutenant-colonel d'artillerie et NAVEZ fils.
— Application de la bobine de Ruhmkorff au téléphone pour reproduire la parole aux grandes distances (Bulletin de l'Académieroyale de Belgique, tome XLV, 1878).
— Note sur la théorie du téléphone (Bulletin de l'Académie royale de Belgique, tome XLV, 1878).
— Réponse à una lettre de M. Du Moncel rela-tive à la note de MM. Navez et fils (même correspondance, tome XLV et XLVI, 1878).