Pour
comprendre comment le téléphone est arrivé
en France je vous invite à consulter
Le
téléphone de Bell en partant
d'Amérique. et son développement
en France.
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-
Le premier réseau privé Français
-
Le réseau de Paris et les premiers centres manuels
- Les différents
types de centres manuels
suivants
- Le
bureau manuel vers 1880
- De
1881 à 1889 : Développement des centraux manuels
de PARIS
- 1891
Modification du réseau de Paris
- 1893 Le centre de
Gutemberg
- Le problème
du standard multiple.
- 1903 Crise téléphonique
- 1907-1908 La batterie
centrale
- 1908
L'incendie de Gutemberg
- 1910
L'inondation de Paris
- 1911 Les
évolutions continuent
- 1912
La numérotation à 6 chiffres
- Les
demoiselles du téléphone
- 1913
L'automatisation commence
- 1929
Gobelins premier centre automatique de Paris
- Les
services ruraux, L'automatique privé
- Paris et banlieues déploiement
du réseau
- Téléphoner
à PARIS brochure PTT de 1925
- La
numérotation téléphonique en France
- Supplément -
Réseaux téléphoniques de PARIS 1879 - 1927
par Catherine Bertho
- 1928-1960
Transition du manuel à l'automatique
Pour établir une correspondance téléphonique
entre particuliers, on a créé, dabord en Amérique,
ensuite en Europe, un bureau central, auquel convergent
tous les fils, et où des employés mettent en rapport
les deux correspondants, en rattachant lun à lautre
les fils des deux abonnés, sur la demande de lun
deux.
Réseau téléphonique et centre manuel téléphonique,
l'un ne va pas sans l'autre.
Sommaire
L'un
des premiers réseau privé en France : s'est
construit en Normandie, la ou la première liaison privée
a été établie.
En
juillet 1878, M. Dutertre installe un fil téléphonique
entre sa demeure particulière et la mairie de la petite
commune de La Vaupalière dont il est le maire.
Puis peu à peu, il ajoute de nouveaux fils: il relie
le garde champêtre distant de 1600 mètres, le
receveur des contributions, distant de 2000 mètres.
Et en mai 1879, il fait la demande officielle pour
un réseau avec 6 stations : j'ai l'intention
de faire construire un réseau complet de lignes aériennes
qui relieraient à la Mairie la recette des contributions
indirectes, dont le receveur est un conseiller municipal et
le domicile du garde-champêtre.
Les mêmes poteaux serviraient à supporter des
fils spéciaux mettant en communication la Mairie avec
le presbytère et la maison de l'adjoint au maire plus
le prolongement de la ligne vers ma demeure particulière.
Les avantages généraux de cette installation
seraient de relier les extrémités de la commune
avec la Mairie d'où seraient expédiés
des ordres, il serait facile d'obtenir promptement les secours
des sapeurs pompiers ou de la gendarmerie.
En mai 1880 M. Dutertre obtient du Ministre, avec
avis favorable du préfet, l'autorisation de relier
son réseau à Maromme, le chef lieu de canton
situé à 4 km de La Vaupalière.
Voici la description du réseau :
"l'appareil choisi est celui de Gower (système
de Bell perfectionné). Des études comparatives
ont fait reconnaître que le système Bell est
encore celui qui a la supériorité pour transmettre
les caractères distinctifs de la voix M. Dutertre a
ajouté un ingénieux petit système avertisseur,
pour qu'il fût possible de savoir sans retard si quelqu'un
se trouvait à l'appareil sollicité pour répondre
immédiatement. Le fil est supporté à
l'aide d'isolateurs mobiles dits à queue. La portion
du fil susceptible d'être en contact avec le support
est entourée d'un morceau de caoutchouc vulcanisé.
Dans une grande étendue du parcours, les supports-isolateurs
sont piqués aux arbres de la forêt le long de
la route qui conduit à La Vaupalière. Une fois
en haut de la côte, les isolateurs sont apposés
contre les maisons; puis, sur un espace d'environ deux kilomètres,
ils sont attachés à des poteaux placés
de 90 mètres en 90 mètres. En face de la mairie,
un certain nombre de fils devant provenir de différentes
directions et attendant une destination sont réunis
dans un tuyau, traversent le chemin sous terre et arrivent
au système receveur. Pendant ce cours trajet les fils
sont chacun revêtus d'une couche de gutta-percha ; cet
enduit a pour but d'isoler les courants.
Là, chaque fil est mis en rapport avec un commutateur
suisse.
Par le moyen de cet appareil, on établit la communication
avec le point téléphonique avec lequel on doit
correspondre.
Les essais sont tout à fait concluants
et certifiés par le docteur Laurent, membre de la
Société Industrielle de Rouen, qui rapporte:
j'ai entendu distinctement les paroles et les phrases émises
par les personnes qui ont communiqué avec moi par
le téléphone administratif de M. Dutertre.
Le son de la voix arrive à l'oreille, de manière
à comprendre très clairement. Le timbre présente
même des différences caractéristiques
qui permettent de reconnaître la voix des personnes
qui parlent ".
De son côté, M. Dutertre écrit au Directeur
ingénieur des télégraphes de Rouen
: "ce fil a fait ses preuves; gendarmes, contrôleur
des contributions directes et indirectes, percepteur, agent-voyer,
l'ont tous employé pour avoir des renseignements
plus prompts; des malfaiteurs, des conducteurs de voiture
ivres ou sans lanterne, ont pu être arrêtés,
signalés au passage par le secrétaire de la
mairie' (juin 1881).
En novembre 1880, M. Dutertre
présente à ses collègues de la Société
Industrielle, un projet de "téléphonie
administrative dans les communes rurales et de son application
au service public". II montre tout d'abord la supériorité
du téléphone sur le télégraphe
: "pour un service télégraphique il faut
un employé spécial, un employé initié
aux difficultés de la marche de l'appareil télégraphique.
Avec l'appareil téléphonique, point de complications
semblables. Tout le monde est apte à parler dans
un cornet téléphonique, à mettre le
cornet à l'oreille, à écouter. Il suffit
d'une explication fort simple, d'une démonstration
élémentaire pour permettre à même
une personne dont l'instruction est très restreinte,
pour ne pas dire nulle, de correspondre par le téléphone.
".
M. Dutertre insiste ensuite sur les profits
que chaque commune rurale doit retirer du téléphone
: "je mentionnerai tout d'abord les communications
qui doivent avoir lieu dans la commune. Quand il est nécessaire
de recourir au garde champêtre, il faut avoir sous
la main quelqu'un à envoyer chez ce fonctionnaire,
il faut écrire l'ordre à transmettre, remarquez
la vitesse d'exécution avec l'emploi du téléphone.
Une communication verbale est rapidement faite et allège
le fardeau bureaucratique. Actuellement, il faut de trois
à cinq jours pour les communications de commune à
commune.
Les intérêts agricoles eux
mêmes ont une part considérable à attendre
du téléphone administratif. Les dépêches
astronomiques, le cours des denrées, certains conseils
urgents, etc... pourront être propagés dans
un bref délai parmi les habitants. Il n'est pas jusqu'à
l'administration militaire pour le recrutement; lors d'une
levée d'hommes, en cas de guerre, et même la
stratégie qui n'aient à profiler largement
de linstallation en question.
En cas d'incendie, on ne saurait encore
contester qu'il soit du devoir de l'autorité municipale
de recourir le plus promptement possible, à tous
les moyens, pour faire appel aux personnes capables de porter
secours. II en sera de même s'il arrive un accident.
Un aune point essentiel que je ne puis passer
sous silence, c'est l'assistance médicale dans les
campagnes. Vous remarquerez que notre petite commune, comme
bien d'autres, est trop petite pour posséder un médecin
et un pharmacien. Les habitants sont obligés, pour
se faire soigner, de sadresser à un praticien
domicilié à une distance plus ou moins gronde
; le médecin n'est pas chez lui, est en tournée,
quelquefois dans une commune avoisinant La Vaupalière
; il retourne fort tard à son domicile où
il trouve l'adresse du malade de La Vaupalière. Le
médecin, harassé de fatigue renverra au lendemain
matin la visite à faire. Avec l'installation d'un
appareil téléphonique quelle différence
! Un appareil serait placé chez le médecin
cantonal chargé de la médecine chez les indigents
et le médecin le plus voisin de la commune. Le médecin
pourrait être prévenu par le téléphone,
chez lui et dans les communes où il est en tournée,
Il pourrait en passant à chaque station téléphonique,
s'informer s'il est demandé. On peut dire de même
pour ce qui concerne le pharmacien et l'obtention de médicaments
urgents.
Ainsi encore, au moment des élections,
pour les renseignements nombreux que les autorités
réclament ,cette installation sera on ne peut plus
utile.
M. Dutertre propose ensuite la formation
dun réseau plus complet qui relierait 13 communes
du canton de Maromme.
Il prévoit même des lignes supplémentaires
qui fonctionneraient dans le cas où une ligne du
réseau serait interrompue pour une cause ou pour
une autre".
Après avoir pris contact avec les deux compagnies
qui exploitent le téléphone â Paris,
il évalue le coût total à 6.500 Fr dont
150 Fr par km de fil et 100 Fr pour chaque station téléphonique.
Enfin, pour rentabiliser le réseau,
M. Dutertre propose que le téléphone administratif
soit autorisé à servir les particuliers pour
les communications privées Cela créerait une
source de revenus qui pourrait être employée
: premièrement à la défalcation des
premières dépenses d'installation , deuxièmement
à la satisfaction des frais d'entretien , troisièmement
à la rémunération des employés
ou des personnes employées à la manipulation
et au soin des appareils.
Est-il nécessaire de préciser
que ce projet fut présenté au Conseil Général
et au préfet, qu'il fut jugé intéressant
mais que, personne n'y donna suite mis à part
une demande d'enquête du Ministre en juin 1881 qui
écrivait alors : 'j'ai tout lieu de craindre aujourd'hui
que la ligne ne serve à tout autre chose qu'à
l'usage auquel elle était primitivement destinée."
Heureusement pour M.Dutertre, une discrète vérification
des gendarmes permet au préfet de répondre
: "le fil ne sert que dans un intérêt
administratif et général".
Malgré le support du docteur Laurent,
membre de la Société Industrielle de Rouen,
qui argumenta sur la supériorité dun
réseau téléphonique entre communes
rurales par rapport au télégraphe, Louis Dutertre
qui avait construit et entretenu ce réseau à
ses propres frais dans le souci de lintérêt
administratif et général dut se résoudre
à en arrêter les améliorations en labsence
de certitudes durables de la part des autorités.
|
De la Téléphonie administrative
dans les communes rurales et de son application au service
public. septembre 1881
RAPPORT sur l'installation faite par M. Dutertre, maire de
La Vaupalière, membre de la Société industrielle,
etc PAR M. le D'' LAURENT.
SEANCE DU 2 SEPTEMBRE 1881. ( que vous trouverez
à cette adresse https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1225841/)
MESSIEURS,
Dans la séance de novembre
1880 du comité d'utilité publique, M. Dutertre
a appelé l'attention des membres présents
sur l'application qu'il avait faite de la téléphonie
à La Vaupalière, commune dont il est maire,
et M. Mairesse a été choisi pour rapporteur.
Mais des occupations nouvelles et non prévues ont
obligé cet honorable collègue de renoncer
à l'élaboration de ce travail. C'est ainsi
que, dans la séance du 20 juillet dernier, j'ai été
désigné pour vous exposer l'organisation téléphonique
installée à la mairie de La Vaupalière.
Vous vous rappelez les conférences
faites à l'Hôtel-de-Ville de Rouen, en décembre
1877, par notre collègue, M. Gouault. Après
avoir démontré les principes essentiels sur
lesquels était basé le téléphone,
le conférencier nous a parlé des détails
de sa construction et des services que cet instrument était
appelé à rendre dans un avenir plus ou moins
prochain.
Je n'ai donc pas à m'occuper
de la description du téléphone ni de sa théorie.
Je ne crois pas non plus qu'il m'incombe de vous signaler
dans ce rapport les améliorations successives apportées
aux appareils téléphoniques, depuis décembre
1877. D'ailleurs, une exposition industrielle
réservée à l'électricité
est ouverte à Paris depuis le 1er août, et
je suis persuadé que chacun des
membres de la Société industrielle de Rouen
sera désireux d'examiner les merveilleux petits instruments
dont l'usage se répand si rapidement depuis la découverte
de Graham Bell. Tout ami du progrès ne peut manquer
de reconnaître la nécessité de s'initier
aux améliorations qui vont permettre de généraliser
de plus en plus ce moyen de communication.
Il appartenait à notre distingué
collègue, M. Dutertre, de nous faire apprécier
par la pratique quelques-uns des services que peut procurer
la téléphonie. J'ai dit appartenait; en effet,
Messieurs, la science télégraphique est redevable
à cet électricien de perfectionnements importants,
qui ont même été adoptés par
l'Administration des Télégraphes. C'est vous
faire remarquer, dès le début, quelle compétence
possède le créateur du service téléphonique
administratif dans les communes rurales.
Dès le mois de février qui
suivit la conférence (février 1878), M. Dutertre
a installé un fil entre sa demeure particulière,
à La Vaupalière, et la mairie. Puis, peu à
peu, il a ajouté de nouveaux fils à La Vaupalière
même plus tard, en avril 1880, il a relié cette
commune avec le chef-lieu du canton.
J'ai vérifié à
différentes reprises le fonctionnement de la ligne
téléphonique dont j'ai à vous entretenir.
Ce fonctionnement avait été examiné
précédemment par plusieurs membres de notre
compagnie, et notamment par MM. Besselièvro, Mairesse,
Bernardini et Deshays. Ces messieurs pourraient donc vous
confirmer les résultats qui seront consignés
par moi dans ce rapport. J'ai entendu distinctement les
paroles et les phrases émises par les personnes qui
ont communiqué avec moi par le téléphone
administratif de M. Dutertre.
Etant à Maromme, j'ai conversé
à La Vaupalière avec M. Quibel, receveur des
Contributions, avec M. Dutertre, avec M. Manneville, secrétaire
de la mairie. J'ai entendu, de Maromme même, la conversation
qui avait lieu à La Vaupalière entre deux
points téléphoniques à l'un était
M. Dutertre, à l'autre M. Manneville. A La Vaupalière,
je me suis entretenu avec le secrétaire de la mairie
de Maromme, M. Morel, avec le garde champêtre et le
receveur des Contributions. Le son
de la voix arrive à l'oreille, de manière
à comprendre très clairement. Le timbre présente
même des différences caractéristiques
qui permettent de reconnaître la voix des personnes
qui parlent. Il faut se rendre compte par soi-même
de ces phénomènes réellement curieux
pour croire qu'il n'y a rien d'exagéré dans
les résultats publiés par les expérimentateurs.
Comment se figurer que la voix parvienne si distinctement,
après avoir parcouru une distance plus ou moins considérable,
passant par un fil très mince ? Les physiciens ont
trouvé que la vitesse de propagation du son dans
le fer peut être évaluée à 5
kilomètres par seconde. Ici, il ne s'agit plus du
son seulement, mais bien de rélectricité,
dont la vitesse de propagation est de 120,000 lieues par
seconde. Les paroles parties du point le plus éloigné
du réseau actuel mettent donc bien moins d'une seconde
à se rendre à l'autre extrémité.
Leur transmission a lieu instantanément. Enfin, étant
à Rouen, j'ai eu recours aux deux voies télégraphique
et téléphonique pour correspondre avec M.
Dutertre. Le secrétaire de la mairie de Maromme a
bien voulu servir d'intermédiaire. La dépêche
télégraphique étant adressée
à M. Morel, cet employé l'a transmise téléphoniquement,
à La Vaupalière, à M. Dutertre. Cette
combinaison des deux moyens nous a permis de correspondre
plus facilement; par la voie télégraphique
seule, qui s'arrête à Maromme, on eût
été contraint d'envoyer ensuite un express
à la commune de La Vaupalière.
Mes essais ont donc été aussi
variés que possible pour m'éclairer sur les
avantages de cette installation.
La ligne téléphonique,
dont il est question ici, est constituée en ce moment
par un réseau partant de la mairie de La Vaupalière
et s'étendant par des ramifications :
1° Chez le garde champêtre
de La Vaupalière son habitation est à 1,600
mètres de la mairie
2° Chez le receveur des Contributions,
dont le domicile est à 2 kilomètres de la
mairie
3° A la mairie de Maromme, chef-lieu
du canton, située à 4 kilomètres de
la mairie de La Vaupalière.
Ce réseau est incomplet. Dans
ses essais primitifs, limités dans la
commune seule, M. Dutertre avait installé quelques
lignes supplémentaires qu'il a été
obligé de supprimer. L'installation a donc dû
rester jusqu'à présent bornée aux ramifications
précédentes.
La téléphonie administrative
dans les communes rurales est une innovation. Malheureusement,
dans notre beau pays, tout ce qui est innovation rencontre
le plus souvent des entraves diverses et puissantes. On
a à compter avec la routine, l'ignorance, les préventions,
les superstitions, etc. Aussi, dois-je dire qu'il a fallu
la force de conviction et la méritante persévérance
de notre collègue pour ne pas être rebuté
et ne pas renoncer entièrement à cette entreprise
d'ulilité publique. Car, il ne s'agit pas d'une exploitation
privée, mais bien d'un réseau qui a pour but
les intérêts de la commune, les intérêts
du canton et les intérêts départementaux.
Je dois ajouter que c'est à ses frais, avec ses propres
deniers, que M. Dutertre a installé et entretient
ce service administratif. Ne sachant pas si la ligne téléphonique
serait autorisée à fonctionner, et si, par
conséquent, elle avait l'espoir d'une existence plus
ou moins durable, notre collègue a cru devoir s'arrêter
dans la voie des améliorations. Cette ligne marche
aujourd'hui telle qu'elle a été disposée
tout d'abord. A La Vaupalière, sous la main du secrétaire
de la mairie, dans la maison commune, est placé un
appareil téléphonique. A chaque point avec
lequel a lieu la communication existe un autre appareil
téléphonique.
L'appareil choisi est celui de Gower (système de
Bell perfectionné). Des études comparatives
ont fait reconnaître à notre collègue
que le système Bell est encore celui qui a la supériorité
pour transmettre les caractères distinctifs de la
voix. Mais peu importe, an point de vue qui nous occupe,
l'appareil mis en usage. Il n'est pas douteux que les progrès
de la construction téléphonique feront adopter
successivement le mécanisme le plus approprié.
M. Dutertre a ajouté un ingénieux petit système
avertisseur, pour qu'il fût possible de savoir sans
retard si quelqu'un se trouvait à l'appareil sollicité
pour répondre immédiatement.
Un petit bouton à ressort donne lieu à une
première sonnerie (sonnerie d'appel), qui transmet
l'avis du désir de correspondre. Dans le système
employé par M. Dutertre, une seconde sonnerie renfermée
dans une petite boîte superposée à l'appareil
fondamental, informe de la présence d'un auditeur.
On n'a pas besoin d'attendre longtemps pour s'assurer s'il
y a, oui ou non, quelqu'un qui répondra à
l'appel du point de départ.
Le fil est supporté à l'aide d'isolateurs
mobiles que l'on peut facilement fixer soit contre le tronc
d'un arbre, soit contre une maison, soit sur des poteaux.
Ce sont des isolateurs dits à queue, et dont la tige
terminale s'implante très facilement dans le bois.
La portion du fil en contact et susceptible d'être
en contact avec le support est entourée d'un morceau
de caoutchouc vulcanisé. On évite ainsi l'usure
résultant du frottement que produit l'agitation du
fil par le vent.
J'ai constaté que, dans une grande étendue
du parcours, les supports-isolateurs étaient piqués
aux arbres de la forêt, le long de la route qui conduit
à La Vaupalière. Une fois au haut de la côte,
les isolateurs sont apposés contre les maisons puis,
sur un espace d'environ deux kilomètres, ils sont
attachés à des poteaux placés de 90
mètres en 90 mètres. En face de la mairie,
un certain nombre de fils devant provenir de différentes
directions et attendant une destination sont réunis
dans un tuyau, traversent le chemin sous terre et arrivent
au système receveur. Pendant ce court trajet, les
fils sont chacun revêtus d'une couche de guttapercha
cet enduit a pour but d'isoler les courants. Là,
chaque fil est mis en rapport avec un commutateur suisse.
Par le moyen de cet appareil, on établit la communication
avec le point téléphonique avec lequel on
doit correspondre. M. Dutertre a appelé tout particulièrement
mon attention sur la commodité des isolateurs qu'il
a employés. C'est ainsi que notre collègue
a pu, dans l'espace de deux heures et demie au plus, établir
tous les fils sur la partie du réseau qui va de la
mairie de Maromme à la Maine. La promptitude d'une
installation a une valeur dont il est bon de tenir compte
pour la pose première ou les réparations ultérieures.
M. Dutertre considère encore comme très important
l'état de relâchement du fil de fer dans l'intervalle
d'un support isolateur à l'autre. La tension aussi
exacte que possible n'est nullement nécessaire, quoiqu'elle
soit exigée pour les lignes télégraphiques.
C'est là un résultat pratique démontré
par une expérience suffisante, puisqu'il en est ainsi
depuis la pose du fil qui va de Maromme à La Vaupalière,
c'est-à-dire depuis avril 1880 jusqu'àce jour,
fin juillet 1881, seize mois environ.
En examinant la disposition des supports-isolateurs sur
les arbres d'une certaine hauteur, on constate facilement
que lorsqu'il fait du vent, des ouragans, les arbres sont
mis en mouvement, s'écartant et se rapprochant plus
ou moins sous l'iinfluence des perturbateurs atmosphériques
sur la cime et les branches. Un étirement exact tend
infailliblement à amener la rupture du fil, soit
par la force soutenue, soit par la brusquerie de l'effort.
On explique de cette façon la rupture assez fréquente
des fils télégraphiques soumis aux révolutions
aériennes. Or, comme M. Dutertre l'a vérifié,
l'inextension des fils téléphoniques ne gêne
en rien la transmission, et on aurait tort de croire à
une déperdition capable d'interrompre la circulation
vocale. Elle offre même un certain avantage, en ce
que la transmission téléphonique n'est pas
gênée par le bruit que le vent détermine,
lors des ouragans, dans les fils fortement tendus.
J'ai même vu que quelques poteaux avaient été
renversés dans une partie du trajet. Le 61 porte
simplement sur une haie d'épine et il n'existe pas
d'interruption. Les poteaux n'ont pas été
relevés jusqu'à présent. Ce fait est
une preuve de plus de l'effet de l'inextension du fil téléphonique.
Ces détails pratiques méritent d'être
appréciés, et tendent à démontrer
la facilité de la pose d'un trajet téléphonique.
Il convient toutefois d'isoler le fil de tout corps susceptible
de propager le courant transmis. Les corps qu'il importe
d'éviter sont ceux dénommés conducteurs
de l'électricité.
Les fils installés par M. Dutertre passent dans la
forêt, à travers les feuilles, et même,
sont plus ou moins en rapport avec des ramifications de
petite dimension. Jusqu'ici on n'a pas accusé la
moindre viciation dans la transmission.
J'ai parlé plus haut de préventions et superstitions
contre lesquelles tout inventeur a à lutter. Il ne
faudrait pas croire que M. Dutertre, tout maire qu'il était,
n'a eu qu'à prier ses administrés pour être
autorisé à poser ses supports-isolateurs contre
les maisons ou à la proximité des propriétés.
Un certain nombre avaient peur que les fils n'attirassent
le tonnerre. Notre collègue a dû parlementer
à maintes reprises, et tâcher de les persuader
de toutes les manières, que les voisins de fils téléphoniques
ne devaient pas redouter plus que les autres la chute de
la foudre. Les événements sont même
venus favoriser les efforts de M. Dutertre. Depuis l'installation
téléphonique, la foudre n'est tombée
qu'une fois à La Vaupalière, mais à
une distance assez grande d'une maison supportant un de
ces fils, à quarante mètres environ. Ce fait
n'a pas peu contribué à rassurer les voisins
des isolateurs.
Messieurs, je ne sais si je vous ai tracé d'une façon
suffisamment explicite les traits qui doivent reproduire
dans votre esprit l'organisation téléphonique
due à l'initiative de M. Dutertre.
Notre collègue a été amené à
cette installation, la première qui existe sur tout
le territoire français, par le désir de satisfaire
à certaines parties du service administratif, et,
ici, Messieurs, je tiens à vous faire reconnaître
la supériorité réelle d'un service
téléphonique pour faire communiquer les communes
rurales sur un service télégraphique employé
au même objet.
Rendons-nous bien compte des exigences d'un poste télégraphique
et comparons-les à celles d'un poste téléphonique.
Pour un service télégraphique, il faut un
employé spécial, un employé initié
aux difficultés de la marche de l'appareil télégraphique,
un employé que vous devez payer dans une certaine
proportion, en raison de ses études préliminaires.
Malgré la diffusion de plus en plus grande de l'instruction,
vous recruterez rarement cet employé parmi les habitants
de la commune rurale.
Avec l'appareil téléphonique, point de complications
semblables. Tout le monde est apte à parler dans
un cornet téléphonique, à mettre le
cornet à l'oreille, à écouter, à
interrompre un trajet, une communication à l'aide
du commutateur. Il suffit d'une explication fort simple,
d'une démonstration élémentaire pour
mettre à même une personne dont l'iustruction
est très restreinte, pour ne pas dire nulle, de correspondre
par le téléphone.
Veuillez approfondir toutes les conséquences de cette
facilité du fonctionnement téléphonique.
De quel prix n'est pas la simplicité de manipulation
?.
Mais voici un autre avantage non moins précieux qu'il
convient de vous signaler.
Tandis qu'avec le télégraphe vous ne pouvez
faire passer qu'un nombre de mots très limité
dans un temps donné, dans le même temps, si
l'on a recours au téléphone, on aura conversé
très longuement, et des réponses nombreuses
auront été échangées de part
et d'autre; une quantité presque incalculable de
mots aura circulé. En outre, remarquez à ce
sujet ce qui a lieu dans les campagnes pour le fonctionnement
télégraphique.
Une dépêche arrive pour une commune située
à deux ou trois lieues du bureau. Les dépêches
sont assez rares. On n'a pas immédiatement à
sa disposition, comme dans les grandes villes, un employé
ou un commissionnaire pour porter la dépêche.
Ce n'est qu'après un temps plus ou moins long qu'on
se procure quelqu'un qui consente à aller remettre
une lettre. Ce commissionnaire met un certain temps à
parcourir la distance nécessaire et arriver chez
le destinataire, même quand il y met toute la célérité
possible. Que sera-ce dans le cas où le commissionnaire
fera certaines rencontres, s'arrêtera chez un ami,
prendra un rafraîchissement, etc.? Il faut ensuite
rapporter la réponse au bureau et expédier
télégraphiquement cette réponse.
Quand on réfléchit à ces lenteurs obligées
d'un service télégraphique dans les communes
rurales, n'est-il pas opportun de constater au contraire,
avec l'adoption du système téléphonique,
des avantages multiples, avantages de temps, avantages d'argent
?
Je vais insister sur les profits que chaque commune rurale
doit retirer du téléphone administratif.
Si nous examinons les nécessités spécialement
administratives, je mentionnerai tout d'abord les communications
qui doivent avoir lieu dans la commune seule.
Quand il est nécessaire de recourir au garde champêtre,
il faut avoir sous la main quelqu'un à envoyer chez
ce fonctionnaire, il faut écrire l'ordre à
transmettre, il faut donc en plus le temps d'écrire
cet ordre. On peut en dire autant pour le receveur des Contributions
directes et indirectes, l'agent voyer, le commissaire. Remarquez
la vitesse d'exécution avec l'emploi du téléphone.
Une communication verbale est rapidement faite et allège
le fardeau bureaucratique. Actuellement, il faut de trois
à cinq jours pour les communications de commune à
commune. J'extrais d'une lettre officielle, adressée
par M. Dutertre à M. le Directeur, ingénieur
des Télégraphes, à Rouen, le passage
suivant M. le Directeur contestait au garde champêtre
le rang de fonctionnaire et voulait, pour la ligne qui va
de la mairie de La Vaupalière chez ce fonctionnaire,
exiger une rétribution comme n'étant pas une
communication administrative.
« Le garde champêtre, écrit M. Dutertre,
insuffisamment payé est obligé d'avoir recours
à un travail manuel et ne peut être astreint
à venir tous les jours à la mairie (son habitation
est à 1,600 mètres de la maison commune).
Faudra-t-il, lorsqu'il arrivera une demande de renseignements
ou un ordre, courir le chercher à près de
deux kilomètres? (Ma commune a près de six
kilomètres de longueur.) Le secrétaire de
la mairie, instituteur, ne peut ni ne doit se déranger.
»
« Ce fil a fait ses preuves; gendarmes, contrôleurs
des contributions directes et indirectes, percepteur, agent-voyer,
l'ont tous employé pour avoir des renseignements
plus prompts; des malfaiteurs, des conducteurs de voitures
ivres ou sans lanterne, ont pu être arrêtés,
signalés au passage par le secrétaire de la
mairie. » (Lettre du 7 juin 1881.) Les intérêts
agricoles eux-mêmes ont une part considérable
à attendre du téléphone administratif.
Les dépêches astronomiques, le cours des denrées,
certains conseils urgents, etc pourront être propagés
dans un bref délai parmi les habitants.
Il n'est pas
jusqu'à l'administration militaire pour le recrutement,
lors d'une levée d'hommes, en cas de guerre, et même
la stratégie qui n'aient à profiter largement
de l'installation en question.
En cas d'incendie, on ne saurait encore
contester qu'il soit du devoir de l'autorité municipale
de recourir, le plus promptement possible, à tous
les moyens, pour faire appel aux personnes capables de porter
secours. Le téléphone administratif sera encore
là dans son rôle. Il en sera de même
s'il arrive un accident. Un autre point essentiel que je
ne puis passer sous silence, c'est l'assistance médicale
dans les campagnes.
Pour ne parler que de La Vaupalière,
vous remarquerez que cette petite commune, comme bien d'autres,
est trop petite pour posséder un médecin et
un pharmacien. Les habitants sont obligés, pour se
faire soigner, de s'adresser à un praticien domicilié
à une distance plus ou moins grande. Actuellement,
il faut aller à Maromme, à Notre-Dame-de-Bondeville,
à Déville, etc. Il faut un certain temps pour
se rendre à la demeure du médecin le médecin
n'est pas chez lui, est en tournée, quelquefois dans
une commune avoisinant La Vaupalière. La personne
envoyée ne peut revenir assez tôt pour l'atteindre
dans cette autre commune, d'où le praticien, continuant
ses visites dans une autre direction, est parti pour retourner
fort tard à son domicile où il trouve l'adresse
du malade de La Vaupalière. Le médecin, harassé
de fatigue, renverra au lendemain matin la visite à
faire. Quel est celui qui souffre le plus de tous ces retards
? C'est le pauvre malade.
Avec l'installation d'un service téléphonique,
quelle différence Un appareil serait placé
chez le médecin cantonal, chargé de la médecine
chez les indigents ou le médecin le plus voisin desservant
la commune de La Vaupalière. Le médecin pourrait
être prévenu par le téléphone,
chez lui et dans les communes où il est en tournée.
Il pourrait, en passant à chaque station téléphonique,
s'informer s'il est demandé.
On peut en dire de même pour
ce qui concerne le pharmacien et l'obtention des médicaments
urgents.
Je n'ai pas la prétention d'avoir
énuméré tous les services que le téléphone
administratif est appelé à rendre dans les
communes rurales. Ainsi encore, au moment des élections,
pour les renseignements nombreux que les autorités
réclament, cette installation sera on ne peut plus
utile.
Comme vous pouvez vous en rendre compte,
elle facilitera considérablement les relations de
commune à commune et les relations de chaque commune
avec le chef-lieu de canton. Il y aura évidemment
plus de célérité dans l'envoi des documents
et des rapports, etc.
Messieurs, notre collègue, M. Dutertre,
en établissant le téléphone administratif
de La Vaupalière à Maromme, s'est surtout
préoccupé de servir les intérêts
de sa commune et de la région qu'il habite. Il a
étudié la formation d'un réseau qui
comprendrait tout le canton de Maromme.
Je mets sous vos yeux le tracé
de ce réseau qui intéresse treize communes,
dont Maromme qui est le chef-lieu de canton des douze autres.
(Voir pl. XIX.) représente
la ligne téléphonique qui fonctionne
actuellement entre la Vaupalière et Maromme. Les
tracés indiquent les communications projetées
avec les autres communes.
Les lignes représentent des
lignes supplémentaires qui fonctionneraient dans
le cas où une ligne du réseau serait interrompue
pour une cause ou pour une autre.
Le tracé proposé par
M. Dutertre paraît à notre collègue
constituer ce qu'il y aurait de plus économique et
ce qui répondrait le mieux à toutes les exigences
des relations administratives.La longueur
du tracé est d'environ 36 kilomètres,
l'évaluation maximum de la
dépense est de 150 fr. par kilomètre. Il faut
ajouter 100 fr. par chaque station téléphonique.
Ce serait un total d'environ 6,500 fr.
Les lignes pointillées ne sont
pas comprises dans les frais. Chaque commune pourrait ensuite
compléter les lignes cidessus, suivant les différents
besoins, au point de vue de la bienfaisance ou assistance
(service médical, service des incendies,etc.),
au point de vue de la sécurité (gendarmerie,
garde champêtre, etc.), etc.
Je croirais sortir du cadre de cet exposé
en essayant d'esquisser les ramifications que réclameraient
ces divers services dans chaque commune. Après ce
que je viens de dire, il suffit de les énoncer pour
avoir une idée satisfaisante de leur utilité
et de la facilité de leur établissement.
Avant de clore ce rapport, permettez-moi
de vous lire un passage emprunté à un livre
paru récemment (1881) sur les télégraphes,
par Ternant (Bibliothèque des Merveilles), page 54.
« Alors qu'en France, le
service des communications téléphoniques se
limite à Paris, en ce moment on compte actuellement
dans le nouveau monde quatre-vingt-cinq villes qui se servent
de ces installations. A Chicago, il y a 3,000 abonnés,
600 à Philadelphie, autant à Cincinnati, un
nombre sans cesse croissant à New-York, et le chiffre
des personnes abonnées aux compagnies téléphoniques
en Amérique dépasse 70,000. »
Ce passage n'est pas, je crois, tout à fait exact
quant à la France. Si je suis
bien informé, nous avons dans notre département
quelques installations téléphoniques privées.
Si les nouvelles inventions y rencontrent un nombre considérable
de sceptiques, nous possédons des amis du progrès
qui sont bien aises d'encourager les inventeurs. Il y a
aussi des industriels qui s'empressent d'expérimenter
les innovations. Ils sont en petit nombre, il est vrai,
mais il en existe et il importe de stimuler leurs idées
généreuses.
Si le téléphone administratif
était autorisé à servir les particuliers
pour les communications privées, on créerait
une source de revenus qui pourraient être employés
à : 1° la défalcation des premières
dépenses d'installation; 2° à la satisfaction
des frais d'entretien; 3° à la rémunération
des employés ou personnes préposées
à la manipulation et au soin des appareils. Mais
à ces résultats qu'il est nécessaire
d'envisager quand une organisation est à fonder et
qui constituent la partie matérielle de l'uvre,
viennent s'en adjoindre qu'on ne peut passer sous silence.
En facilitant les communications entre les
communes d'un même canton, en facilitant les communications
entre les habitants de ces communes, on multiplie les éléments
de progrès, on augmente les moyens de développement
de l'intelligence, et par cela même de développement
du commerce et de l'industrie, on ouvre la véritable
voie de prospérité d'un pays quel qu'il soit,
tout en contribuant aussi à assurer son bien-être.
Si l'établissement d'un téléphone
administratif est déjà une amélioration
considérable pour une population, l'adjonction de
la téléphonie privée est un complément
nécessaire et je ne doute pas que les hommes qui
ont souci de l'intérêt général
ne s'efforcent de concourir à un but aussi louable,
en contribuant de leur influence et même de leurs
capitaux.
CONCLUSIONS.
Pour résumer les développements
donnés dans le cours de ce rapport, me servant des
expressions citées précédemment, je
puis dire sans crainte d'être démenti le téléphone
administratif de La Vaupalière à Maromme a
fait ses preuves.
Je dois en même temps faire
ressortir :
1° Les avantages inhérents
au fonctionnement d'un service téléphonique
dans les communes rurales;
2° La supériorité
du téléphone sur le télégraphe
pour les communications des habitants des campagnes;
3° Enfin, l'initiative de notre
collègue, M. Dutertre.
L'installation dont je vous ai entretenu est due à
sa spontanéité. C'est la première de
ce genre sur le territoire français et je crois qu'il
importe de lui donner tout le développement que mérite
son utilité incontestable.
Le comité d'utilité publique
a l'honneur de proposer 1° De solliciter le concours
de la Société industrielle en faveur d'un
projet qui, d'ailleurs, émane d'un de ses membres;
2° Que MM. les membres de la Société veuillent
bien inviter son Bureau à prier M. le Préfet
de soumettre à l'approbation de MM. les membres du
Conseil général l'achèvement du réseau
téléphonique du canton de Maromme.
Le fonctionnement de ce réseau servirait
de type à l'établissement de réseaux
semblables dans les autres cantons de la Seine-Inférieure.
|
Sommaire
PARIS LE PREMIER RESEAU D'ETAT FRANÇAIS.
En 1879,
le ministre des Postes et Télégraphes, Albert Cochery,
décide de créer une commission dexamen pour
tenter de savoir ce que valent vraiment les différents
systèmes téléphoniques. L'arrêté
relatif aux autorisations d'établissements de communications
téléphoniques le 26 juin 1879, le Ministre des Postes
et des Télégraphes Adolphe Cochery autorise les
entrepreneurs de l'industrie privéeà construire
et à exploiter dans certaines villes des réseaux
téléphoniques en fixant ses clauses et conditions.
Il y aura trois demandes de concessions, pour l'organisation de
réseaux téléphoniques formulées par
des sociétes présentant des garanties suffisantes
et furent admises , trois sociétés détentrices
de brevets américains chargés d'établir et
d'exploiter pendant cinq ans des réseaux dans quatre importantes
villes de France : Paris, Lyon, Marseille et Bordeaux.
A cette date le téléphone en France est géré
par la Société Générale
des Téléphones, à laquelle l'État
a accordé en 1879 une concession de 5 ans.
Cette concession prendra fin le 8 septembre 1885 et fut renouvelée
à la même Société pour une durée
semblable et aux mêmes conditions.
La Société, pour ces droits, paie à l'État
10 pour cent de ses recettes brutes, et à la Municipalité
de Paris le même pourcentage pour le droit de faire passer
les câbles téléphoniques dans les égouts
de la ville.
L'État gèra des centraux téléphoniques
dans 9 villes, avec un total de 1 062 abonnés, et
la Société dans onze communes, avec un total
de 6 113 abonnés. Cette concession
ne constitue pas un monopole pour la Société, et
l'Etat s'est réservé le droit de racheterà
tout moment de la concession, à un prix à fixer
par experts. Ces conditions sont certainement loin d'être
favorables à l'extension du téléphone en
France.
En fait, les affaires sont désormais partagées entre
l'État et la Compagnie, comme c'est le cas en Angleterre
entre la Poste et les différentes Compagnies.
PARIS est
a première ville à être équipée
d'un service commercial au téléphone.
Cette organisation servira de modèle pour les autres
villes de France
|
La première société, la
Compagie du Téléphone Gower Roosvelt
obtient l'autorisation à ouvrir un service commercial
de téléphoniele 29
juin 1879 pour les villes de Paris, Lyon,
Marseille, Bordeaux, Nantes et Lille grace à F.A.
Gower qui avait le soutient du Sénateur
Hébrard.
Le représentant de cette société étant
M. le Sénateur Adrien Hébrard.
Elle ouvre son Central 66 Rue
Neuve des Petits Champs à Paris en décembre
1879.
Ce fut le premier central téléphonique français,
on y raccorda les 42 premiers abonnés
au réseau Parisien fin 1879 et 60 personnes
ont signé une promesse dabonnement.
Restait un problème à résoudre,
le financement. La banque" le crédit mobilier"
pris le contrôle de la CdTG
en obtenant le transfert de la conession en août 1879.
L'abonnement a été fixé à 1000
frans par an.
|
- Les commutateurs
(switchboard) des premiers bureaux centraux téléphoniques
à PARIS étaient identiques aux commutateurs à
barres utilisés pour le télégraphe.
- Les lignes étaient unifilaires et reliées
à l'une des barres du commutateur, les barres de l'autre
série communiquaient «chacune avec un appareil».
Un bouchon (bâton de cuivre) établisait la connextion
entre les barres métaliques.
- Un téléphone Gower est installé
chez chaque abonné. L'appareil
Gower plus puissant que le modèle Bell primitif permettait
de communiquer sur de plus longues distances, il n'y avait toujours
par de batterie chez le client., l'appareil
est conçu pour faire à la fois téléphone
et avertisseur (sonnette) sans utiliser de piles.
Jusque mi 1879, sur ce premier réseau utilisant les fils
télégraphiques en aérien d'un seul
fil, le retour se faisant par la terre.
Ce réseau de Paris avait la particularité
d'être entièrement souterrain et calqué sur
celui des égouts.
Pour
répondre aux exigences du contrat avec l'Etat, le
24 septembre 1879, Gower
a demandeà la préfecture du département de
la Seine l'autorisation de faire établir dans les égouts
de Paris, 101 lignes téléphoniques pour adapter
son réseau aérien.
Un plan est joint à la demande. Cela
ne se fera ni sans frais ni sans délais.
La société doit d'abord verser une provision de
20 000 francs, un cautionnement spécial de 5 000 francs,
plus un cautionnement supplémentaire de 20 000 francs.
Les
fils téléphoniques destinés à transmettre
les messages dans Paris sont réunis, au nombre de quatorze,
de manière à former un câble, protégé
par une enveloppe de plomb, et dont le diamètre extérieur
est de 18 millimètres. Ils forment 7 lignes ; car, pour
éviter les effets dinduction, la Société
générale des téléphones nemploie
pas la terre comme conducteur de retour, ainsi quon le fait
dans la télégraphie électrique. On a un fil
de retour ; ce qui nécessite deux fils pour chaque ligne.
Chaque conducteur, considéré
en lui-même, se compose de 3 fils de cuivre, dun demi-millimètre
de diamètre, qui sont tordus ensemble. Il est isolé
par une couche de gutta-percha, de 3/10 de millimètre dépaisseur,
et présente une résistance électrique de
3 ohms par kilomètre.
En face de la maison de chaque abonné, deux des fils se
séparent du gros câble, et pénètrent
dans limmeuble par le branchement dégout. La
Société générale des téléphones
a été, en effet, autorisée par la ville de
Paris (facilité qui nexiste dans aucune autre capitale)
à placer ses câbles à la voûte des égouts,
sur une largeur de 30 centimètres. Dans ces conditions,
il est possible de disposer, sur des supports à 3 crochets,
51 câbles représentant 357 lignes.
Ceci fait, le Directeur des travaux de Paris affirme aux gérants
de la Société "je ne vois aucun inconvénient
â ce que vous procédiez, dès â présent,
à l'établissement des fils" sauf bien sûr
â donner avis du début des travaux à au moins
trois ingénieurs détenteurs de l'autorité
sur une parcelle du sous-sol : l'ingénieur de l'assainissement
pour le service des égouts, l'inspecteur des eaux, et 1'ingénieur
de la section intéressée en ce qui concerne les
tranchées sur la voie publiques.
Paris Les premières lignes : Il y a en tout huit
lignes à chacun six conducteurs qui divergent à
partir de la rue Neuve des Petits Champs siège de la Société.
Ceci permet accessoirement de voir qui étaient les 48 premiers
abonnés : des banques "dont celles qui finançaient
la Compagnie (Société générale, qui
utilise le réseau un peu comme un réseau intérieur
entre sespropres bureaux, le Crédit mobilier, la Société
financière, la banque franco Egyptienne, la Banque générale
de Change) des financiers (Chambre syndicale des agents de Change),
des hommes d'affaires intéressés dans le financement
des sociétés de télégraphie sous-marine
et de téléphone (Erlanger), des journaux (La Lanterne,
le National) , ainsi que l'agence Havas.
Le réseau bénéficie au départ de la
concentration de ce type d'activités autour de la Bourse
et le trajet des fils suit le tracé des rues avoisinantes
.
La prévision d'extension du réseau est réduite
à sa plus simple expression.
Deux jours plus tards, le 29 octobre 1879 la Société
Gower dans une nouvelle lettre précise à l'inspecteur
qu'elle "le prie de bien vouloir utiliser le sixième
fil de la sixième ligne (un câble â six conducteurs)
pour le Cercle franco-américain 4, place de l'Opéra.
Les câbles sortent de
légout par un soupirail percé dans la maçonnerie,
et viennent, dans le sous-sol, sépanouir sur des
tableaux en bois, en formant des sortes de rosaces, qui permettent
leur classement méthodique.
Chaque ligne, isolée de ses voisines, porte, sur un jeton
divoire, outre un numéro dordre, le nom de
labonné quelle dessert.
Les câbles eux-mêmes sont numérotés,
de façon que, en cas daccident, le temps consacré
aux recherches soit réduit au minimum.
Il y a ainsi 4 rosaces pour les abonnés, et 3 autres, plus
petites, pour les lignes auxiliaires, qui réunissent directement
le poste central aux divers bureaux de quartier.
À la sortie des rosaces, les fils se rendent au rez-de-chaussée,
où se trouvent les employés, qui doivent, grâce
au commutateur, relier entre eux deux abonnés quelconques.
|
Le tout à l'égout
:
Soumise à la surveillance des hommes des égouts, la
société Gower l'est aussi
à celle des ingénieurs des télégraphes.
Le 27 octobre 1879,
elle adresse à l'ingénieur chargé de poser
« son » réseau la nomenclature des premiers câbles.
Ceux-ci sont modestes : il y a en tout huit lignes à chacune
six conducteurs qui divergent à partir de la rue Neuve-des-Petits-Champs,
siège de la société. Cela permet accessoirement
de voir qui sont les quarante-huit premiers abonnés : des
banques, dont celles qui financent la compagnie (la Société
générale, qui utilise le réseau un peu comme
un réseau intérieur entre ses propres bureaux, le
Crédit mobilier, la Société financière,
la Banque franco-égyptienne, la Banque générale
de change), des financiers (Chambre syndicale des agents de change),
des hommes d'affaires intéressés dans le financement
des sociétés de télégraphie sous-marine
et de téléphone (Erlanger), des journaux (la Lanterne,
le National), ainsi que l'agence Havas.
Le réseau bénéficie au départ de la
concentration de ce type d'activités autour de la Bourse,
et le trajet des fils suit le tracé des rues avoisinantes.
La prévision d'extension du réseau est réduite
à sa plus simple expression.
Deux jours plus tard, le 29 octobre 1879
, la société Gower précise
à l'inspecteur qu'elle « le prie de bien vouloir utiliser
le sixième fil de la sixième ligne (un câble
à six conducteurs) pour le Cercle franco-américain,
4, place de l'Opéra ».
|
|
Mais cette courtoisie ne dure pas.
Lors des dures discussions pour le renouvellement de la concession
en 1884 et en 1889, la SGT est mise en cause pour le grand nombre
d'abonnés qui attendent encore leur raccordement.
Elle fait alors peser la responsabilité du retard sur l'administration,
incapable, selon ses avocats, de réaliser le réseau
au rythme demandé.
Et il est vrai que, dans un premier temps, la mise en place des
liaisons bute sur l'insuffisance de l'approvisionnement en câbles.
Hormis l'adoption précoce des circuits à deux fils,
choix « moderniste » dont on ne cessera par la suite
de féliciter la SGT, les caractéristiques du réseau
sont encore très frustes.
Tous les câbles sont isolés, sur le modèle des
câbles sous-marins, à la gutta percha.
Il n'existe que deux types de câbles : d'une part, les lignes
auxiliaires qui relient entre eux les bureaux ; d'autre part, les
câbles qui desservent les abonnés.
Les deux fils constituant chaque circuit sont réunis dans
les égouts en câbles de sept paires toronnées
et protégées par une enveloppe de plomb.
Sommaire
|
A
Paris la
bonne décision est prise de passer les fils téléphoniques
par les canalisations souterraines, contrairement à
New York
|
Ce qui
rend ces photos de 1887 si incroyables; c'est cette masse
enchevêtrée de fils dans les rues
de New York seulement sept ans après la première
installation.
Puis, en 1888, juste un an après que ces photos ont
été prises, une tempête de neige massive
a déversé près de deux pieds de neige
sur la ville et a ravagé la masse de fils dans le processus.
Ce n'est qu'alors que les responsables de la ville ont pensé
que ce serait une bonne idée d'enterrer les lignes
téléphoniques au lieu de les tisser autour des
bâtiments.
Dans les autres centres de province lorsque
cela n'était pas possible, les fils étaient
installés en aérien dans les rues et dans les
campagnes .
Malheureusement l'expérience nous montrera
que cette solution devra être remise en cause suite
aux inondations de 1910 et aux divers problèmes de
maintenance de câbles dans des égouts.
|
|
Les fils sont recouverts de
gutta-percha, puis d'un guipage de coton qu'on emploie de sept couleurs
différentes pour faciliter les recherches ; les deux fils d'un
abonné sont de la même couleur, par suite, reconnaissables
à première vue des six autres.
Les deux fils constituant la ligne d'un abonné sont tordus
ensemble, puis les sept doubles lignes sont encore tordues et recouvertes
d'un ruban non goudronné : ils sont enfin enveloppés
par faisceaux de quatorze dans des tubes en plomb formant câbles.
|
La Compagnie des Téléphones
paye un droit calculé au mètre (francs par kilomètre
du conducteur double fil) à
la Ville de Paris;
Les câbles sont fixés à la voûte de
l'égout sur une largeur de trente centimètres et
une épaisseur de dix.
Plafonnier
de 3 fois 17 câbles
On voit, figure ci dessus,
la place des fils et des crochets qui les soutiennent, par rapport
à la conduite d'eau . Un crochet de suspension soutient
ces câbles ; chacune de ses trois parties ou anses contient
dix-sept câbles; il y a donc cinquante et un câbles
ou trois cent cinquante-sept lignes en tout soutenues par le même
crochet.
Ces câbles sont posés par l'administration des Postes
et Télégraphes, les employés de la Société
des Téléphones n'ayant pas le droit d'entrer dans
les égouts dans lesquels se trouvent également les
(ils télégraphiques et les tubes pour les horloges
pneumatiques. Lorsqu'un dérangement se produit sur une
ligne, c'est un service particulier de l'administration des Postes
et Télégraphes qui a mission de le réparer.
Presque tous ces câbles sont à
isolement de papier et à enveloppe de plomb, avec possibilité
de circulation d'air comprimé à 3 kilos de pression,
dans l'intérieur du câble, entre le bureau et les
chambres de coupure.
Quelle que soit leur longueur, ils sont uniformément en
fil de cuivre de 1 millimètre.
Une ligne d'abonnés à deux fils, formant un câble
« une paire », on emploie suivant les cas, pour les
artères principales, des câbles de 224, 112, 56,
28 ou 7 paires.
En plus de l'air que l'on insuffle dans les gros câbles,
au départ des bureaux, d'autres conduites aboutissent aux
chambres même de coupure ; l'air comprimé peut arriver
ainsi directement jusqu'aux boîtes de raccordement situées
dans les chambres.
Cet air, destiné à dessécher les câbles
et à augmenter par suite leur isolement, est obtenu absolument
sec, en le faisant passer au préalable sur du chlorure
de calcium, qui retient toute trace d'humidité.
|
Installation d'un câble par une embouchure d'égout
position des câbles dans les égouts de Paris
|
Les
contraintes se retrouvent dans les conditions qui président
à l'établissement du réseau : d'une part, la
SGT agit sous l'oeil sévère
et parfois suspicieux de l'administration ; d'autre part, elle uvre
dans Paris, ville aux institutions anciennes dont le sous-sol est
à la fois très convoité et très réglementé.
Témoin les démarches que doit faire la société
Gower concessionnaire d'un des
trois réseaux parisiens avant son absorption par la SGT
pour raccorder ses quarante-huit premiers abonnés.
Les clauses de la concession prévoient un curieux partage
entre l'administration des télégraphes et les compagnies
concessionnaires : aux compagnies, la responsabilité de l'équipement
de l'abonné, du poste téléphonique jusqu'à
la façade de l'immeuble, ainsi que la responsabilité
des centraux téléphoniques ; à l'administration,
celle des fils et câbles, qu'elle se réserve le droit
de poser aux frais de la compagnie concessionnaire.
Par ailleurs, à l'exemple de ce qui s'est fait pour le télégraphe
vingt ans plus tôt, la Ville et la préfecture de Paris
imposent à la compagnie de renoncer aux fils aériens
et d'emprunter le réseau des égouts
Or, c'est une exigence qui, dans un premier temps au moins, est
contradictoire avec l'état de la technique.
Comme ceux du télégraphe, les tout premiers réseaux
étaient prévus « en aérien », avec
un seul fil par abonné et retour par la terre.
Il faut plusieurs mois pour qu'on se rende compte, aux États-Unis
comme en Europe, qu'un circuit à deux fils est nécessaire.
Par ailleurs, établir les fils téléphoniques
en parallèle dans les égouts, comme on le fait au
début, provoque des phénomènes électriques
qui se traduisent, soit par un bruit de « friture »
insupportable, soit par la possibilité d'écouter les
conversations adressées à un abonné voisin.
Autant d'obstacles sérieux à une exploitation commerciale.
Sommaire
|
23 juillet 1879 La
deuxième société à demander
une concession est la "Société
Française de Correspondance Téléphonique",
elle obtient une autorisation pour la seule ville de Paris. Son
représentant est M. le Sénateur Louis-Alexandre
Foucher de Careil.
Le siège social était au 7
avenue de l'opéra, dirigé par un ingénieur
: Léon Soulerin qui en 1877, sintéresse
au téléphone et devient le vice-président
de la Chicago Telephonic Exchange.
Il rejoint alors la France et obtient la concession pour exploiter
le téléphone dans la ville de Paris le .
Le système proposé est le récepteur de
Bell avec le transmetteur microphonique de Francis Blake,
un Américain qui vient de faire breveter son système
et de le vendre à la Bell Telephone Company.
Grâce à une communication habile et une redevance
dabonnement nettement moins chère que ses deux concurrents,
400 francs par an, la société dispose de 72 souscripteurs
à la fin de 1879.
Soulerin ne réussit pas à installer un bureau
central capable de relier ses futurs abonnés.
|
Le 8 septembre 1879 la
troisième société, est la "
Société Française des Téléphones
" SFT, avec le système Edison.
Son siège était au 45 avenue
de l'opéra.
Le représentant de cette société étant
M. Alfred Berthon, Ingénieur.
concession pour les villes de Paris, Lyon,
Marseille, Bordeaux, Nantes et Lille.
Au mois de mars 1880, 24 abonnés sont raccordés
et 150 ont signé une promesse dabonnement.
La Société des Téléphones Edison,
annonce quelle reçoit les abonnements au tarif de
600 francs payables 50 francs par mois, labonnement comporte
la pose et lentretien des fils et des appareils.
|
Le 10 décembre 1880,
la Société
Générale des Téléphones
récupère les trois autorisations accordées
initialement en 1879 par l'État.
La formation de cette
Société téléphonique fut accueillie
avec joie par les hommes de progrès.
Elle établit son siège social à Paris, 66
rue Neuve-des-Petits Champs, et le transféra plus
tard au 41 rue Caumartin.
Cette Société s'occupa activement et avec un plein
succès de l'établissement de ses réseaux
téléphoniques en province, et de la réorganisation
du réseau de Paris déjà installé depuis
1879.
Le réseau SFT d'Edison, incapable de s'intercconneccter
avec le réseau Gower est abandonné.
Rapidement la SGT
créa les réseaux de Bordeaux, Marseille, Nantes
et le Havre avec un nouveau type de commutateur.
On
comprend que la Société générale
des téléphones tienne à faire savoir
à ses abonnés potentiels, (dans un article paru
en 1882 dans le journal de vulgarisation scientifique la Nature)
qu'en adoptant le circuit à deux fils et les câbles
torsadés elle a réussi à éliminer
ces inconvénients.
L'installation du réseau téléphonique dans
les égouts a, à l'origine, des avantages dont la
SGT ne manque pas de se féliciter devant ses actionnaires.
|
Sommaire
DETAILLONS
UN BUREAU MANUEL autours des années 1880
Les entrées de poste dans les bureaux centraux.
1 Dans les villes sans passage de câbles
souterrain :
Les entrées de poste se font à laide de tourelles
correspondant aux divers systèmes en sont en bois ou en
fer. En principe, une tourelle est une cage charpentée
à claire-voie, en bois ou en fer, polygonale ou ronde,
pouvant recevoir des fils venant de tous les points de lhorizon.
Installée sur une plate-forme, elle couronne en quelque
sorte lédifice où est installé le poste
central. Ce peut être un dôme somptueux, comme dans
quelques stations; elle peut se réduire à une simple
carcasse de charpente; cest affaire dargent.
Tourelles en bois. La tourelle du poste central
de Limoges, installée pour 400 fils, va nous servir de
modèle. Elle est à base carrée, chacun des
côtés mesurant 4,18m. Des madriers de 15 centimètres
sur chaque face occupent les quatre angles. La charpente de la
cage est en outre renforcée par quatre montants de 0,15m
de largeur sur 0,10m dépaisseur. Sept traverses horizontales
unissent les madriers verticaux sur chacune des façades
de la tourelle. Ces traverses sont espacées de 50 centimètres
et dépassent alternativerrîent, de chaque côté,
de 55 et de 15 centimètres. La dernière traverse
est à 1,25m au-dessus de la plate-forme. Les isolateurs
sont fixés sur les traverses horizontales et reçoivent
les fils conducteurs de la ligne. De lintérieur du
bureau sortent des câbles sous plomb qui sélèvent
le long des madriers dangle, et sinfléchissent
dans la direction des traverses. Après avoir été
dénudés, les conducteurs de ces câbles aboutissent
aux différents isolateurs et sont soudés aux fils
de ligne.
Tourelle André. La tourelle du système
André est ronde. Fidèle à son principe dunification
des matériaux, linventeur a constitué les
montants de sa tourelle avec des hampes de poteaux simples. Despace
en espace, ces montants sont réunis par des cercles construits
comme les traverses des herses, cest-à-dire quils
sont formés par deux fers en U, dont les concavités
se regardent. Les isolateurs sont fixés sur les montants,
mais dun seul côté seulement, du côté
tourné vers lextérieur. Lensemble de
la construction doit être dautant mieux fixé
à sa base que la traction peut être fort irrégulière,
car la nappe des fils venant dans une direction fait rarement
équilibre à celle des conducteurs arrivant dans
la direction opposée. Il est souvent nécessaire
dassurer la stabilité par des haubans. La tourelle
est recouverte dun toit en zinc surmonté dun
paratonnerre. Les câbles sortant du bureau arrivent au sommet
du toit et descendent le long- des tubes en U pour se relier aux
isolateurs.
Tourelles Belz. M. Belz a complété
linstallation du réseau de Nice par une tourelle
de 400 fils. Elle a 3,60m de hauteur, et sa base est un dodécagone,
dont le cercle circonscrit a 3 mètres de diamètre.
Les montants sont semblables à ceux des herses du même
système; ils sont boulonnés sur la plate-forme par
lintermédiaire de solides fers à T. Des cercles
en fer plat les assemblent de distance en distance.
Tourelle système Belz.
Les ceintures de fer plat sont au nombre de trois ; la première
est distante du sommet de la tourelle de 0,72m, la seconde éloignée
de la première de 0,88in, la seconde de la troisième
de 0,9lm, et enfin 1,07m sépare la troisième de
la base.
Chaque face du dodécagone comporte trois montants.
Au centre de la construction sélève une colonne
composée de trois fers en U, dont les creux sont tournés
vers lintérieur; cest au centre de cette espèce
de tube que sont logés les câbles venant du bureau.
Ces fers en U sont cerclés par des fers plats, reliés
par des tirants à la charpente extérieure. Le tout
est recouvert dune toiture.
Sommaire
2 A Paris Les câbles sortant des
égouts sont ensuites aux équipements du bureau central.
La France, fait le choix de la Ligne Bifilaire
(2 fils par ligne), et les premiers Tableaux de Commutation retenus
sont des Tableaux à Jack-Knife.
Dans les tous premiers systèmes manuel, à Batterie
Locale, l'abonné demandeur actionne un bouton réservé
à cet effet, relié à des piles spécifiques
réservées uniquement à cet usage (et non
pas pour la conversation).
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Les câbles aboutissent
en grand nombre aux bureaux centraux ; cette entrée de
poste, à raison de son importance, doit être bien
étudiée et faite avec méthode.
|
Nous décrirons
celle du bureau central type de cette époque
L'égout est sous le trottoir qui borde la maison. Un branchement
particulier relie l'égout au mur dans lequel on a pratiqué
une ouverture remplie par une plaque métallique perforée
de 305 trous destinés à donner passage à
autant de câbles de quatorze fils simples.
Un regard placé sur le trottoir donne accès au branchement
par la galerie .
A leur arrivée à proximité de l'immeuble
où se trouve placé le bureau central, les câbles
à sept conducteurs doubles sont réunis en faisceaux
à leur sortie de l'égout, pénètrent
dans les caves et sont conduits, par des caniveaux en bois, à
des chambres en planches qui sont placées exactement au-dessous
du bureau central .
sommaire
|
C'est dans ces chambres qu'on appelle chambres
à rosaces que les câbles brisent leur enveloppe
de plomb, s'épanouissent et que leurs fils se distribuent
autour d'ouvertures circulaires pratiquées sur les quatre
faces de chaque chambre en véritables rosaces.
Les fils, dépouillés par couple de deux, forment
sept lignes à deux fils qu'on isole l'un de l'autre sur
le bord de l'ouverture circulaire au moyen de boules en caoutchouc
et qui viennent aboutir sur la face extérieure à
des serre-fils doubles fixés alternativement suivant deux
circonférences concentriques.
Sommaire
|
Ce mode d'installation présente l'avantage de permettre
de rechercher facilement les dérangements dans le bureau
et de grouper ensemble les abonnés qui ont de fréquentes
communications entre eux. sans changer les fils allant au tableau.).
A partir du serre-fil double où il aboutit, chaque circuit
est continué jusqu'aux commutateurs du bureau central par
des fils isolés dits : fils paraffinés.
Les fils paraffinés, continuant les fils des câbles
ainsi groupés, sont conduits aux commutateurs.
Chaque câble fournit sept couples de sept couleurs différentes
qu'on place toujours dans le même ordre autour de la rosace.
Pour distinguer facilement les fils appartenant à un même
circuit, on les recouvre de guipage d'une même couleur.
(Les bureaux centraux de la Société générale
des Téléphones sont tous munis de rosaces.
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Les câbles sont tous réunis dans un caniveau en bois
qui est entre le plancher de la pièce et un faux plancher
placé au-dessus .
Ce caniveau longe le corridor formé par les deux panneaux
qui supportent les tableaux.
sommaire
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Plan d'un commutateur,
passage des câbles
On a ménagé un passage entre les deux bâtis,
ou meubles commutateurs, assez grand pour qu'un homme puisse
y travailler à son aise lors de la pose des fils et des
réparations .
Les fils ainsi reliés sont en nombre variable, suivant
le nombre des abonnés qui relèvent de ce bureau.
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Les Conducteurs souterrains, leur spécification
Les lignes souterraines sont à double fil; elles sont
construites en câbles contenant des conducteurs en nombre
pair. Les modèles généralement employés
sont à 2 ou à 14 conducteurs, cest-à-dire
quils contiennent une seule ligne ou bien sept lignes différentes.
Dans le câble à deux conducteurs, chaque âme
est formée dune corde de trois fils de cuivre de 0,5mm,
recouverte de deux couches de gutta-percha, alternant avec deux
couches de composition-chatterton, la première couche de
cette composition étant appliquée directement sur
le toron de cuivre, le tout formant un cylindre de 3,5mm de diamètre;
elle est ensuite enveloppée dun guipage de coton.
Les deux conducteurs, câblés ensemble et avec deux
cordelettes de filin, sont recouverts dun ruban de coton,
puis introduits dans un tuyau en plomb de l,2omm dépaisseur.
La conductibilité électrique du cuivre employé
doit être au moins les 95 centièmes de celle du cuivre
pur. On admet que la résistance à zéro degré
centigrade d'un kilomètre de cuivre pur de 1mm de diamètre
est en ohms légaux de 20,343, et que le coefficient daugmentation
de résistance est de 0,0039 par degré centigrade.
La gutta-percha est de premier choix et bien homogène ; la
résistance qui représente lisolement de chaque
conducteur doit rester comprise entre 200 et 2000 mégohms
par kilomètre, à la température de 24 degrés
centigrades, après deux minutes délectrisation,
avec une pile équivalente à 200 éléments
Daniell.
La capacité électrostatique, par kilomètre
de câble, ne dépasse pas 26 centièmes de microfarad.
Lemploi du goudron est interdit dans la préparation
des enveloppes.
La composition du câble à 14 conducteurs est la suivante
: Chaque conducteur est composé de trois fils de cuivre de
0,5 mm recouverts de doux couches de gutta-percha, le tout formant
un cylindre de 2,5mm de diamètre, puis dun guipage
de coton.
Deux conducteurs câblés forment le conducteur double.
Sept conducteurs doubles semblables, mais guipés de couleurs
différentes, sont câblés ensemble, puis recouverts
de deux Les vérifications électriques des câbles
comprennent deux séries dexpériences. La première
série est faite sur les conducteurs recouverts de gutta-percha
(âme) avant leur câblage et après quils
ont séjourné pendant vingt-quatre heures dans de leau
maintenue, pendant toute la durée de limmersion, à
une température de 24 degrés centigrades. Les mêmes
essais peuvent être répétés dans des
conditions identiques, après immersion dans de leau
à 14 degrés centigrades; dans ces nouveaux essais
chaque 01 doit donner un isolement de 4 à 6 fois supérieur
à celui quil avait présenté dans les
essais à 24 degrés.
La seconde série dexpériences est faite après
le câblage des âmes et lenroulement sur les bobines.
Au moment des essais, les câbles doivent avoir séjourné
depuis au moins 24 heures dans lair humide à une température
de 20 degrés centigrades. Dans ces derniers essais, la conductibilité
et lisolement ne doivent pas être inférieurs
aux minima indiqués ci-dessus, en faisant la correction de
température. la capacité ne doit pas avoir augmenté.
Les conducteurs recouverts de gutta-percha sont présentés,
pour la vérification de lisolement, par longueurs de
510 mètres pour le modèle à un conducteur double,
et 515 mètres pour le modèle à sept conducteurs
doubles, ou par des longueurs qui soient des multiples exacts des
premières.
Câble Fortin-Hermann. Le câble Fortin-Hermann
est particulièrement propre aux constructions téléphoniques,
en raison de sa très faible capacité électrostatique.
Grâce à laffabilité bien connue de M.
Fortin, il nous a été permis de visiter les ateliers
de construction du boulevard Montparnasse, ainsi que la vaste usine
en construction sur le boulevard Brune, à Paris. Nous ne
pouvons résister au désir de faire connaître
à nos lecteurs quelques intéressants détails
de fabrication.
Le câble Fortin-Hermann doit sa faible capacité à
son diélectrique qui, en résumé, est une couche
dair sec. Chaque conducteur est enfilé dans un chapelet
de petites perles en bois qui se succèdent, tout du long,
sans discontinuité. Deux conducteurs sont tordus ensemble
et un nombre convenable de ces torons est mis sous plomb; cela dépend
des dimensions du câble que lon veut obtenir, et il
en est qui contiennent jusquà 50 et même 100
conducteurs.
Le bois employé pour fabriquer les perles est du bouleau
bien sec et bien sain. Larbre est refendu en billes de 10
à 15 centimètres, débitées elles-mêmes
à la serpe, dans le fil du bois, en planchettes de 1 centimètre
dépaisseur. Ces planchettes sont désciées
en prismes à base carrée, au moyen dune scie
circulaire.
Chacun des petits prismes ainsi obtenus est présenté
à un outil spécial qui, dun seul coup, débite
les perles; cest un foret qui perce le trou central, tandis
quune sorte d'emporte-pièce découpe la partie
extérieure. La perle obtenue de la sorte est un tube cylindrique,
long de 1 centimètre; son diamètre est de 3 millimètres.
Les perles sont ensuite placées dans un polissoir. Cest
un cylindre dont les deux bases sont grillagées et qui se
meut autour dune de ses diagonales. Pendant la rotation continue
de ce cylindre, toutes les perles défectueuses sont rejetées
au dehors. Une fois lopération terminée, toutes
les perles qui sortent du cylindre sont parfaitement polies et prêtes
à être enfdées.
Entre temps, le conducteur a été embobiné,
câblé à la machine, puis embobiné de
nouveau. Lâme de chaque conducteur se compose de trois
brins de cuivre de haute conductibilité de 5/10 de millimètre
de diamètre. Lopération de lenfilage est
particulièrement intéressante. Les perles sont placées
dans un cylindre où un balancier, par ses mouvements de va-et-vient,
les oriente et les fait glisser, dabord dans un entonnoir,
puis dans un long tube. Elles sengagent dans le tube, une
à une, et dans le sens de leur longueur, de sorte que le
trou dont elles sont percées coïncide avec le centre
de lorifice inférieur du tube. Sur le même axe
est placée verticalement une aiguille dacier, attachée
au conducteur à perler, aussi les perles senfilent-elles
tout naturellement; il ny a plus quà les faire
glisser le long du fil, opération qui sexécute
mécaniquement.
Les conducteurs sont préparés par bouts de 20 mètres,
il sagit de les souder : un petit manchon de. cuivre, dun
diamètre juste suffisant pour laisser passer le conducteur,
est placé à cheval sur les deux bouts à relier;
le manchon est évidé en son milieu, de façon
à laisser couler la soudure. Au-dessus de cet évidement
on attache, avec du fil de cuivre fin, un petit morceau dargent;
la soudure ainsi préparée est décapée
au pinceau, puis soumise au chalumeau. La fusion du morceau dargent
est très rapide; elle produit une soudure très solide,
et il ne reste plus quà enlever les bavures et à
faire glisser les perles qui doivent la recouvrir.
La mise sous plomb des conducteurs se fait, par les procédés
ordinaires, au moyen dune ficelle engagée dans les
différents tubes. Des manchons de plomb servent à
réunir les tubes ; on rapproche autant que possible les deux
tubes à réunir, on fait glisser le manchon par dessus,
on soude à létain, et il ne reste plus quà
embobiner le câble.
Au point de vue électrique, le câble Fortin-Hermann
est caractérisé par les constantes suivantes :
Isolement kilométrique supérieur à 200 mégohms.
Capacité kilométrique : 0,05 microfarad.
Résistance kilométrique : 13 ohms.
Lépaisseur du tube en plomb est de 2 millimètres,
et le diamètre total du câble à deux conducteurs,
avec son revêtement, est de 11,5mm.
Câble Patterson. Le câble Patterson, fabriqué
par la Western electric C° de Chicago et mis récemment
à l'essai sur le réseau de Paris, est remarquable
par sa faible capacité. Il contient un grand nombre de conducteurs.
Le modèle utilisé en France contient 52 lignes doubles,
soit 104 fils. Chaque brin est formé dun fil de cuivre
de 1 millimètre de diamètre, entouré de deux
couches superposées et enroulées, en sens inverse,
de fil de coton paraffiné.
Le coton est blanc pour 52 fils et mêlé de rouge pour
les 52 autres.
Les deux conducteurs, un blanc et un rouge, destinés à
former une même ligne dabonné, sont câblés
ensemble avec un pas de spire de 10 centimètres. Trois de
ces conducteurs doubles, réunis en faisceau et cordés,
sont placés au milieu, puis serrés par une mince cordelette;
ils forment en quelque sorte lâme du câblage.
Les autres fils doubles senroulent autour des premiers par
couches successives. Le câble complet, formé par les
104 conducteurs, est de nouveau entouré dune couche
de fils de coton, plongé dans un bain de paraffine et glissé
dans un tuyau de plomb de 3 millimètres dépaisseur.
Le diamètre du câble, y compris le tuyau de plomb,
est de 55 millimètres. La longueur de chaque section enroulée
sur une bobine varie entre 170 et 200 mètres.
Le mode de préparation que nous venons dindiquer ne
différencie pas dune manière sensible le câble
Patterson des câbles ordinaires; ce qui lui donne son caractère
particulier, c'est la dernière manipulation quil doit
subir après sa mise sous plomb. Les deux extrémités
de chaque section sont mises en communication, par des tuyaux garnis
de robinets, avec deux réservoirs. Lun de ces réservoirs
sert à produire de lacide carbonique sous pression,
lautre contient un bain de paraffine. Le câble est mis
dabord en relation avec le réservoir à acide
carbonique, et ce gaz est injecté sous une pression de cinq
à six atmosphères ; les robinets communiquant avec
le bain de paraffine sont ensuite ouverts, et cette substance est
introduite dans le câble à une pression de sept à
huit atmosphères. De cette double opération résulte
une sorte de drainage : les conducteurs sont noyés dans une
couche de paraffine, pour ainsi dire discontinue, emprisonnant des
globules de gaz acide carbonique. Ce diélectrique dun
nouveau genre est tout à fait propre à diminuer la
capacité électrostatique; en outre, il forme aux extrémités
du câble une garniture parfaitement isolante et tout à
fait hydrofuge.
Le raccordement des sections est moins délicat que celui,des
câbles isolés au moyen de la gutta-percha. Les fils
de cuivre de chaque conducteur, blanc avec blanc et rouge avec rouge
correspondant, sont réunis par une simple torsade et isolés
à laide dun petit manchon de lils de coton tressés
très serré.
Lorsque les 104 fils sont raccordés un à un, on coule
de la paraffine chaude, et un manchon en plomb est soudé
à létain sur le tuyau extérieur du câble
.
Les imperfections des premiers réseaux téléphoniques
tenaient à différentes causes : isolement imparfait
de la ligne, induction électro-statique qui se manifeste
surtout dans les câbles, induction électro-dynamique
propre ou self-induction.
Sommaire |
Les différents types de centres manuels .
Sept modèles de commutateurs
(centre) manuels, vont sont succéder en fonction des besoins
grandissants et des progrès accomplis.
En voila une très rapide esquisse, suivront ensuite d'autres
exposés et photos, texte ... concernant les divers modèles
les plus documentés à l'époque.
Premier type : Gower
Comme
dans le premier centre Gower décrit précedemment.
« Dans les premiers bureaux centraux les lignes étaient
unifilaires et reliées à lune des barres dun
commutateur suisse, les barres de lautre série
communiquaient «chacune avec un appareil ». On se servit
bien vite des jacks-knives qui furent dailleurs bientôt
remplacés par divers systèmes.
On ne pouvait, certes, pas établir plus de cinquante à
soixante communications environ, à l'heure comme les premiers
modèles de Paris vus juste avant.
2ème type. Au montage en moncorde qui
exigeait autant de clés découte, de boutons
dappel et de fiches quil y avait de jacks dans le tableau,
on substitua le montage en dicorde ou en standard. Les tableaux
standards pouvaient être, exceptionnellement, construits pour
200 abonnés au maximum. Les premiers centraux dit à
batterie locale nécessitaient l'alimentation électrique
de la ligne avec une pile chez chaque abonné. la société
LMT (Aboillard) importe des États-Unis
les premiers centraux à batterie locale.
Exemple : Le standard téléphonique de la Gold &
Stock Telegraph Co. de New York, une bourse affiliée à
Western Union, 1880 .
Dés 1891, l'administration des PTT agréa le modèle;
la société LMT décida
alors de construire ces appareils dans ses ateliers.
En 1895 l'administration des PTT adopte le système à
batterie centrale pour le réseau de Paris, la scociété
LMT réalise une extension
de l'usine pour y fabriquer les commutateurs téléphoniques,
manuels de cette époque.
3ème type. Dans les bureaux importants, le
nombre des abonnés devenant de plus en plus considérable,
on dut rechercher un mode de groupement plus commode. Survint alors
le commutateur multiple (voir
la page évolution du manuel), grâce auquel
chaque opératrice peut, sans quitter sa position, atteindre
la totalité des lignes des abonnés du réseau,
puisque chacune des lignes est représentée : par un
jack général placé à portée de
sa main. Comme ce jack général se reproduit autant
de fois qu'il le faut, Le long du meuble, et, , toujours à
la même place, par rapport aux : positions successives des
opératrices, on dit qu'il est disposé en multiple,
d'où le nom de multiple donné à l'ensemble
du système.
Cest la « Western Electric Cy
» qui en 1883 installa les (premiers tableaux multiples).
Le multiple en série constituait un grand progrès
et permettait d'atteindre environ cent communications à l'heure
pour chaque position d'opératrice.
En 1890 trois bureaux de Paris : Gobelins, Etienne Marcel et Wagram
étaient en commande pour un système de commutateur
"multiple".
4ème type. Le montage en série présentait
cet inconvénient quun seul contact mal assuré
isolait de la ligne tous les jacks défectueux.
En 1892, on vit apparaître, dabord à Albany (New-
York), puis à Zurich les multiples en dérivation dans
lesquels chaque ligne était dérivée sur les
différents jacks, sans que linterruption de lun
puisse gêner les autres.
Un nouveau pas en avant fut constitué par la découverte
du multiple en dérivation, dont les signaux d'appel,
a relèvement automatique, sont situés à la
partie supérieure du meuble, ce qui force la téléphoniste,
à chaque appel, à fixer son regard d'abord vers le
haut du meuble pour lire le numéro d'appel, de transcrire
mentalement ce numéro dans celui du jack local correspondant
situé à la partie inférieure du meuble et d'enfoncer
ensuite une fiche de réponse dans ce jack local. Malgré
cet inconvénient, qui était la cause d'une grande
fatigue pour la téléphoniste, ce meuble fut considéré,
à ce moment, comme un progrès réel, car il
permettait d'élever le nombre des communications à
l'heure à 125 environ par opératrice.
5ème type. Quelques années après,
on remédie aux inconvénients des signaux à
relèvement placés à la partie supérieure
du meuble, en les remplaçant par les lampes minuscules associées
aux jacks locaux. Ceci permit de réduire en un faible espace
la surface occupée par ces jacks et ces lampes, à
la partie inférieure du meuble, bien à portée
de la main de l'opératrice. De ce fait, le service était
très notablement amélioré et facilité,
ce qui permettait à l'opératrice d'établir
environ 150 commutations à l'heure.
6ème type.
Vers 1896, apparurent les premiers multiples à
batterie centrale. J'insiste tout particulièrement sur
l'immense progrès que représente l'application du
système dit à batterie centrale, car, c'est grâce
à lui que les autocommutateurs, déjà inventés
depuis 1887, purent ensuite atteindre leur degré de développement
et de perfection actuels. Lla batterie centrale concentre, en un
point unique, la source d'énergie électrique destinée
à remplacer la totalité des piles primaires qui jadis
étaient éparpillées chez tous les abonnés
du réseau. Ceci représente également une grande
économie d'entretien, une plus grande sécurité
de fonctionnement et une meilleure distribution de l'énergie
électrique pour l'ensemble de tous les abonnés. Cela
permet également de simplifier les installations des postes
et des tableaux chez les abonnés, à cause de la suppression
de toutes les piles microphoniques, dé la suppression de
toutes les magnétos d'appel et enfin de la réduction
à deux fils de tous les circuits de connexion chez' les abonnés.
Il y a, en même temps, grâce à la batterie centrale,
une simplification énorme dans les manoeuvres imposées
aux abonnés, car ceux-ci, pour appeler, n'auront plus qu'à
décrocher leur récepteuret pour donner le signal de
fin, n'auront plus qu'à le raccrocher.
En effet, la remise au crochet du récepteur donne automatiquement
ce signal de fin au bureau central, grâce au fonctionnement
du signal de supervision réservé à chacun des
2 deux abonnés. Vous savez, en effet, qu'au bureau central
la communication est établie par une paire de cordons, or,
chacun des abonnés est représenté dans le cordon
qui lui correspond par une lampe de supervision qui ne s'éteint
que lorsque l'abonné a son récepteur décroché,
c'est-à-dire pendant toute la durée de la conversation.
Donc, à la fin de la conversation, Lorsque l'abonné
raccroche son récepteur, la lampe de supervision, qui le
représente, s'alllume. Lorsque les deux lampes de supervision
sont simultanément allumées, il en résulte
un signal de fin de communication tellement précis que la
téléphoniste n'a nul besoin de rentrer sur la ligne
pour s'assurer que les abonnés ont bien terminé leur
conversation. Il en résulte, pour la téléphoniste,
une très grande sécurité dans ses manoeuvres
et un gain de temps énorme, ce qui lui permet d'établir
: environ 200 communications à l'heure. Au moyen du signal
de supervision, un des deux abonnés peut appeler l'attention
de la téléphoniste et lui donner l'ordre de rentrer
en écoute sur la ligne, en faisant produire par cette lampe
des éclats lumineux, éclats qui résultent du
fait que l'abonné soulève et rabaisse, dans un mouvement
lent, le crochet de son récepteur.
L'ensemble des progrès réalisés par la batterie
centrale permit d'améliorer considérablement le service
téléphonique.
7ème type. Mais le progrès ne s'arrêta
pas là, c'est à partir de ce moment que se fait sentir
l'évolution vers l'automatisme, et quoique la batterie centrale
fût déjà très automatique en certaines
de ses opérations, elle se transforma néanmoins en
un commutateur perfectionné, par l'adoption des relais dont
le fonctionnement permet de supprimer les clés d'appel et
les clés d'écouté. Ceci réduit les manoeuvres
de l'opératrice au simple geste de l'enfoncement de la fiche
de réponse dans le jack local associé à la
lampe d'appel et d'introduire ensuite la fiche d'appel dans le jack
général de l'abonné demandé. Lorsque
les deux lampes de supervision s'allument,
l'opératrice retire les deux fiches, ce qui remet aussitôt
tous les organes au repos, prêts à être réutilisés
pour une nouvelle communication. |
Sommaire
Pour bien saisir l'organisation de ces bureaux
et la mise en communication des abonnés entre eux, il
est utile d'entrer dans quelques explications sur les différents
instruments nécessaires à la manoeuvre des appareils.
Tableaux de Centre moyen 100- 200 -300 lignes, et tableau
pour petit centre de 25 lignes
Dans les premiers
grands centraux, les demoiselles restaient debout
pendant de longues heures.
|
Nous nous contenterons de la déscription d'un
bureau simple, expliqué dans de vieux ouvrages
comme le Milon ou les cours Vidal; ils vous donnerons
tous les détails si cela vous passionne.
Nous donnerons tout de même quelques évolutions
pour comprendre le trajetoire qui ménera au central
automatique.
L'entrée des bureaux centraux
étant rigoureusement interdite au public et aux
employés des téléphones qui ne
sont pas de service, nous allons faire pénétrer
le lecteur au milieu du dédale de cet important
fonctionnement des réseaux téléphoniques
et l'y conduire par la pensée.
|
Les
bureaux centraux,
sont composés chacun
de meubles dits commutateurs, et portant des tableaux
à annonciateurs et à Jack-Knives à 25
directions (dans un premier temps) .
Pour la terminologie, si l'installation est peu importante on
fait usage de tableaux commutateurs.
Si l'installation comporte un grand nombre de postes, on emploie
le nom de commutateur standard.
Schéma général de fonctionnement du bureau
central, afin de mettre en communication deux abonnés.
Rappel : il n'y a pas encore la batterie centrale à
cette époque. Les postes d'abonnés sont
équipés de piles (batterie).
A Paris, en raison de limportance du
réseau, il existe plusieurs stations centrales.
On peut diviser les stations centrales, pour la France du moins,
en deux catégories : celles qui concentrent moins de
500 lignes dabonnés, celles qui en comportent davantage.
Ces dernières forment deux subdivisions : celles de Paris,
celles de province; elles ne répondent pas aux mêmes
besoins.
Il y a tout intérêt, au moins en ce qui concerne
les communications téléphoniques urbaines entre
abonnés, à ce que la même téléphoniste
reçoive lappel, établisse la liaison et
la rompe en temps opportun. On évite de la sorte les
pertes de temps résultant de conversations entre collègues,
dordres mal transmis, mal interprétés ou
mal exécutés.
Cest vers ce but, qui consiste à ne mettre quune
seule téléphoniste en jeu pour chaque communication
à donner, que tendent tous les systèmes que nous
aurons à examiner par la suite.
Considérons le cas le plus simple : celui où une
seule téléphoniste suffit pour desservir tout
un réseau; et, tout dabord, combien dabonnés
peut desservir une seule téléphoniste? Cela dépend
évidemment de son habileté professionnelle, mais
il existe évidemment aussi une limite quon ne saurait
dépasser. Pour les relations ordinaires, pour les communications
urbaines, on a commencé par 80, on a ensuite porté
à 100, puis à 120 le nombre des abonnés
dont chaque téléphoniste peut recevoir les appels
: mais, pour atteindre ce résultat, il faut que les lignes
de ces 120 abonnés soient groupées dans un petit
espace, à la portée de la main de la téléphoniste
qui, sans se déranger, doit pouvoir atteindre tous les
organes quelle aura à manuvrer. On tend, dailleurs,
à revenir au chiffre de 80.
Dans les stations centrales de la première catégorie,
celles qui desservent moins de 500 abonnés, les lignes
sont groupées sur des tableaux qui comportent, pour chaque
ligne, un signal dappel (annonciateur d'appel) et un organe
de jonction (jack)\ les tableaux actuellement en service dans
les stations centrales françaises sont de différents
systèmes, que lon tend à unifier; ils sont
disposés pour recevoir 10, 20, 25, 40, 50, 00 ou 100
lignes, différenciées par des numéros.
Outre les organes dont nous venons de parler (annonciateur dappel
et jack), qui sont en quelque sorte le point terminus des lignes
dabonnés, chaque téléphoniste dispose,
pour établir les liaisons demandées, dorganes
qui lui sont propres et dont le nombre correspond aux besoins
de l'exploitation, en laissant toujours disponible une réserve
pour les aléa.
Système monocorde, dicorde. La liaison
entre les abonnés seffectue à laide
de fiches et de cordons souples qui permettent de réaliser
toutes les combinaisons désirables; les fiches qui terminent
les cordons conducteurs souples sont introduites dans les jacks
des abonnés. Ici encore, deux systèmes se trouvent
en présence, ayant leurs avantages et leurs inconvénients
: le système monocorde et le système dicorde.
Dans le système monocorde, chaque ligne dabonné
aboutit, comme nous lavons dit, à un annonciateur
dappel et à un jack individuel, mais, sur ce jack
est installé en dérivation un cordon souple terminé
par une fiche. Il suffit donc, pour donner satisfaction à
labonné À qui demande labonné
B, dintroduire la fiche de A dans le jack de B; il ny
a quune seule manuvre; cest un avantage. Mais,
si le cordon souple qui relie la ligne de A à sa fiche
est en mauvais état, la ligne de A est hors de service
jusquà ce que le cordon ait été changé
ou réparé; or, les cordons souples sont les organes
les plus exposés à usure ou à détérioration
; cest un inconvénient.
Dans le système dicorde les cordons souples sont indépendants
des lignes; chacun deux se termine par deux fiches, dont
la première est introduite dans le jack de l'abonné
appelant et la seconde dans le jack de labonné
appelé; chaque communication à établir
exige donc deux manuvres; cest un inconvénient.
Mais aussi, les cordons étant indépendants des
lignes, on peut mettre à la disposition de chaque téléphoniste
un nombre de cordons suffisant pour quelle puisse laisser
de côté ceux qui sont détériorés
et en avoir encore assez pour assurer son service; cest
un avantage.
La balance faite, le système dicorde a acquis, en France,
la prépondérance et le système monocorde
nest plus admis que dans des cas exceptionnels; les stations
qui en sont encore pourvues seront prochainement transformées.
Les organes de liaison dont nous venons desquisser le
fonctionnement ne suffiraient pas à eux seuls à
satisfaire aux exigences de lexploitation. Il faut, en
premier lieu, que la téléphoniste puisse recevoir
lordre de labonné appelant et lui faire savoir
quon lui donne satisfaction ou bien que la ligne à
laquelle il demande à être relié est momentanément
occupée. Il faut aussi que les abonnés mis en
communication puissent indiquer à la station centrale
que leur conversation est terminée, de façon à
ne pas immobiliser indéfiniment des lignes qui peuvent
être demandées qar dautres abonnés.
De là, nécessité dun poste dopérateur
mis à la disposition de la téléphoniste,
nécessité dun avertisseur de fin de conversation
dont la manuvre incombe aux abonnés.
Le poste dopérateur est ordinairement un appareil
combiné, composé dun microphone et dun
récepteur réunis par une barre dassemblage;
les fils de liaison sont formés par un cordon souple
terminé par une fiche. On met lappareil dans le
circuit en introduisant la fiche dans une mâchoire spéciale,
ce qui, du même coup, ferme le circuit de la ligne à
travers le récepteur et celui de la pile microphonique
sur le microphone. Le récepteur étant appliqué
sur loreille de la téléphoniste, le microphone
se trouve en face de sa bouche, mais lune de ses mains
est immobilisée. Pour parer à cet inconvénient,
dans les grands bureaux, le microphone et le récepteur
ont été rendus indépendants. Le microphone
est suspendu devant la téléphoniste qui peut en
régler la hauteur; le récepteur est garni dun
ressort qui, enveloppant la tête de la téléphoniste,
le maintient dans la position quon lui donne. Cest
le récepteur serre-tête que quelquefois on appelle
improprement casque. Le cordon souple du récepteur se
termine par une fiche qui, introduite dans une mâchoire,
établit la communication tant pour le récepteur
lui-même que pour le microphone.
Par mesure hygiénique chaque téléphoniste
possède un microphone et un récepteur qui lui
sont particulièrement affectés.
Lannonciateur de fin de conversation est cruelquefois
le même que lannonciateur dappel; dautres
fois cest un annonciateur spécial, monté
en dérivation sur les cordons souples de liaison.
Dès que la conversation est terminée, labonné
qui a appelé envoie sur la ligne, par trois coups de
bouton sil a une pile dappel, par quelques tours
de manivelle sil dispose dun appel magnétique,
des courants qui provoquent la chute du volet de lannonciateur
de fin de conversation. La téléphoniste ainsi
avisée coupe la communication en retirant les fiches
introduites dans les jacks des deux abonnés.
Sommaire
Avec les tableaux dont nous venons de parler,
tableaux disposés pour recevoir de 10 à 100 lignes,
une seule téléphoniste suffit pour desservir un
tableau. Lorsque le nombre des abonnés vient à
croître, on ajoute un nouveau tableau, de telle sorte
qui; lextension de la station centrale devient très
simple, puisquon procède par juxtaposition dorganes
semblables. Les cordons des tableaux sont dailleurs assez
longs pour que la téléphoniste puisse prendre
des communications sur les tableaux les plus voisins. Mais si
nous considérons une station centrale desservant 400
ou 500 abonnés et utilisant 4 ou 5 tableaux à
100 directions juxtaposés, on voit que la téléphoniste
de la table B pourra bien prendre des communications sur la
table A située à sa gauche et sur la table C située
à sa droite, mais que ses cordons ne seront pas assez
longs pour atteindre les tables D et E. Dans ce cas, lintervention
dune seconde téléphoniste est nécessaire
et on est conduit à faire usage de fils d'intercommunication.
Ces fils dintercommunication occupant sur les tableaux
des places affectées aux circuits dabonnés,
on en est quitte pour ajouter un tableau supplémentaire
et pour répartir autrement les lignes. Ainsi, un bureau
pour 500 circuits nécessitera 6 tableaux à 100
directions.
En France, les premiers
Tableaux de Commutation retenus sont les Tableaux à Jack-Knife.
Chaque ligne d'abonnés se termine au
Central sur un organe de connexion appelé Jack-Knife.
Un Jack-Knife est en fait une prise femelle bipolaire intégrée
dans le Tableau du Commutateur Manuel. Pour chaque abonné
au téléphone, il y a deux trous dans le Tableau,
où, pour chaque trou, les deux pôles du téléphone
de l'abonné sont reliés.
Pour mettre deux abonnés en relation téléphonique,
l'Opératrice doit connecter, avec un cordon souple, chaque
fil de la ligne d'un abonné demandeur sur chaque fil
de la ligne de l'abonné demandé.
Pour ce faire, l'Opératrice enfonce la fiche mâle
du cordon bifilaire dans une des deux prises femelles Jack-Knife
des deux abonnés à relier ensemble.
Pour chaque abonné connecté, en cours de conversation,
une seule prise femelle Jack-Knife est utilisée.
L'autre peut donc être utilisée par l'Opératrice
pour écouter les conversations. Cette possibilité,
d'écoute fera couler beaucoup d'encre, et sera supprimée
par la suite avec l'arrivée des Tableaux de type Bailleux
où seule subsistera une seule prise femelle bipolaire
pour chaque abonné aboutissant dans le Tableau.
Les premiers commutateurs à 25 points
:
Après le raccordement des câbles souterains à
la rosace, le commutateur raccorde les deux fils de chaque
abonné sur la façade du meuble accèssible
à l'opératrice. Ce commutateur est une charpente
en bois dans la partie supérieure duquel sont placés,
les uns à côté des autres, des commutateurs
à 25 positions contenant 25 annonciateurs et 25
conjoncteurs Jack-Knives, où viennent se relier
les lignes des abonnés.
Chaque positions est munie d'une bobine indicateurs
d'appels, que l'on appelle annonciateurs.
Les cordons que l'on
enfiche dans les jacks servent à relier deux abonnés
entre eux, mais auparavent l'opératrice doit faire certain
nombre d'opérations que l'on va suivre.
Dans la partie inférieure sont alignés, par groupes,
sous chaque tableau, des conjoncteurs destinés
à permettre la mise en communication des abonnés
d'un tableau avec ceux reliés sur un autre tableau qui
est supervisé par une autre position d'opératrice.
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Sommaire
LE
TABLEAU ET LES CONJONCTEURS
1- Le Tableau est
la réunion de plusieurs commutateurs à 25 directions.
Il est divisé en
deux zones : celle du haut, comprenant les annonciateurs
ou indicateurs d'appel, dont les numéros se suivent dans
le sens vertical en se continuant de ligne en ligne par séries
de cinq. La zone au-dessous renferme les Jack-Knives (connecteurs
pour les fiches).
Le Jack-Knife porte, sur un petit bouton d'ivoire qui
sert en même temps à le fixer, un numéro
correspondant à l'annonciateur.
Les tableaux dans un bureau sont groupés par deux, donc
50 positions gérée par une opératrice.
3- Au-dessous des tableaux se trouve la ligne des conjoncteurs.
Les conjoncteurs
servent à établir les communications entre deux
abonnés reliés à un même bureau
mais à deux tableaux trop éloignés
l'un de l'autre pour qu'un seul cordon puisse les unir.
Ils sont reliés les uns aux autres par des fils passant
derrière le meuble commutateur et venant s'attacher aux
Jack-Knives .
Les conjoncteurs sont en réalité des Jack-Knives
n'ayant qu'un seul trou et pas de ressort; nous les appellerons
simplement des jacks pour les distinguer des autres. Ils portent
des lettres alphabétiques et des numéros.
Ces lettres se suivent sur six rangées verticales et
les numéros sur huit, dix, seize, vingt et vingt-quatre
lignes horizontales, selon l'importance du bureau.
Ces mêmes numéros et ces mêmes lettres correspondent
dans chaque conjoncteur
Multiplexage des tables d'opératrices
.
L'annonciateur
ou indicateur d'appel,
tel qu'il apparaît
sur le tableau est une sorte de guichet vertical dans lequel
est fixé un carton portant le numéro de l'abonné
; ce numéro se trouve, à l'état normal,
caché par une plaque articulée, sorte de disque
qui s'enclenche sur l'armature d'un petit électro-aimant
placé à l'intérieur.
Lorsqu'un abonné appelle le bureau en appuyant sur son
bouton de poste, il lance un courant continu dans l'électro-aimant
EE du centre.
Ce courant attire l'armature A, le crochet G se lève
et laisse échapper la plaque P, qui tombe en tournant
autour de son axe.
En tombant, celle-ci laisse à découvert le
numéro de l'abonné appelant et vient en s'appuyant
sur un bouton métallique b former un contact, qui fait
marcher une sonnerie locale.
Ces annonciateurs sont de la dimension d'une pièce de
2 francs ; ils sont placés les uns à côté
des autres et rangés dans l'ordre des numéros.
Une liaison électrique les réunit aux Jack-Knives
portant les mêmes numéros.
le premier annonciateur
le nouveau modèle, et la
Sonnerie
LA
SONNERIE
La sonnerie commune à tous les
abonnés reliés à un même meuble commutateur
et installée à l'extrémité de celui-ci,
elle fonctionne sous l'influence des annonciateurs et attire
l'attention des employés à chaque appel fait par
un abonné.
Pendant le jour, cette sonnerie n'a pas besoin de marcher, car
le bruit produit par la chute de l'annonciateur et le cliquetis
de l'armature de l'électro-aimant suffisent pour attirer
l'attention.
Pour le service de nuit, elle réagit fortement sur un timbre
; ce qui est nécessaire, car le service étant moins
actif, les employés moins nombreux, ceux qui veillent peuvent
être surpris par le sommeil sous l'influence d'une lassitude
facile à comprendre.
L'annonciateur nouveau modèle a été
étudié pour tenir le moins de place possible et
ne possède qu'une seule bobine de 200 ou 300 ohms placée
horizontalement.
Sommaire
LE JACK-KNIFE (inventé
par Scribner)
On appelle Jack-Knife une petite masse de cuivre composée
de deux plaques isolées l'une de l'autre, et qui sont
mises en rapport, l'une avec la ligne de l'abonné, et
l'autre avec l'annonciateur ou indicateur d'appel.
Ces plaques sont munies en dessous, et dans le sens de leur
épaisseur, de deux lames de ressort qui appuient en sens
inverse, en temps normal, sur un contact dépendant du
circuit local de l'indicateur.
Elles sont percées de deux trous, A et B, dont le diamètre
est différent d'une plaque à l'autre et qui sont
destinés à recevoir les fiches , attachées
aux fils métalliques des cordons de communication.
Ces deux trous permettent à l'employé
de se mettre en relation, d'abord avec l'abonné appelant,
puis l'abonné à appeler, au moyen d'une fiche
fixée par un cordon au meuble commutateur et qu'on appelle
fiche d'appel.
Les Jack-Knives, ou commutateurs des abonnés, occupent,
les uns par rapport aux autres, les mêmes positions relatives
que les annonciateurs. Les noms des abonnés et les numéros
correspondant aux numéros des annonciateurs sont inscrits
sous les Jack-Knives.
LA FICHE DE COMMUNICATION est un cordon flexible, contenant
deux conducducteurs métalliques et terminé par
deux fiches à double contact, lesquelles sont composées
de deux parties métalliques isolées l'une de l'autre
mais adaptées au même manche.
L'une de ces parties qui corrrespond à un des fils du
cordon flexible est enveloppée par l'autre , dont elle
est séparée par une bague en ébonite, et
cette autre pièce correspond au second fil
Quand une fiche est enfoncée dans l'un ou l'autre des
trou du Jack-Knife, le fil de l'abonné se continue à
travers le cordon flexible pour regagner soit le téléphone
portatif de l'employé du poste central, soit la ligne
de l'abonné avec lequel la liaison est effectuée.
La fiche en somme est l'organe destiné à relier
la ligne de l'appelant à celle de l'appelé, quand
la communication est établie.
LE JACK-KNIFE DE PILE
Le Jack-Knife de pile est une masse
de cuivre n'ayant qu'un trou dans lequel on introduit la fiche
d'appel toutes les fois qu'on a terminé une communication.
Dès le début des années
1880, des évolutions vinrent améliorer le fonctionnement
des Tableaux d'abonnés et faciliter le travail des Opératrices.
De nouveaux Tableaux à Cordons
Monocordes font leur apparition.
Sur un Tableau à Monocorde, chaque
ligne bifilaire d'abonné aboutit désormais d'une
part sur un cordon bifilaire pourvu en son extrémité
d'une fiche mâle à deux pôles et d'autre
part, en parallèle, un Jack-Knife (femelle) à
simple rupture toujours encastrée dans le Tableau, couplé
avec l'annonciateur et sa clef d'écoute reliée
au poste de l'Opératrice si elle est actionnée.
Lorsqu'un Annonciateur bascule, l'Opératrice actionne
désormais seulement la clef d'écoute de l'abonné
demandeur qui met directement son combiné ou son casque
d'observation en conversation avec l'abonné demandeur
(sans avoir désormais besoin de brancher son combiné
ou son casque avec sa fiche dans une prise différente
à chaque prise d'appel.... Simplification des tâches)
Puis l'Opératrice actionne la clef d'écoute de
l'abonné demandé pour rentrer en relation avec
lui, et s'il répond, l'Opératrice relie le cordon
monocorde de l'abonné demandeur avec la fiche mâle
dans le Jack-Knife (femelle) de l'abonné demandé.
En fin de conversation, l'abonné demandeur actionne à
nouveau l'Annonciateur, qui fait basculer à nouveau le
volet, et qui donne le signal au tableau à l'Opératrice
pour retirer le cordon monocorde de l'abonné demandeur
du Jack-Knife de l'abonné demandé.
Vers la moitié des années 1880,
des évolutions vinrent améliorer le fonctionnement
des Tableaux d'abonnés et faciliter le travail des Opératrices.
De nouveaux Tableaux à Cordons
Dicordes font leur apparition.
D'une architecture technique simplifiés
l es Tableaux Dicordes
remplacèrent rapidement les Tableaux Monocordes :
- Dans chaque Tableau Monocorde, il faut autant de cordons Monocordes
munis de fiches, de clefs d'écoute et de boutons d'appel
qu'il y a d'abonnés reliés.
- Désormais, il n'y a plus que le nombre d'organes nécessaires
à la liaison des différents Jack-Knife d'abonnés,
correspondant au nombre maximal possible de liaisons à
l'heure de la journée la plus chargé.
Ce qui amène à une réduction du prix de
fabrication et de maintenance, et facilite le travail des Opératrices.
- Sur un Tableau à Dicordes, chaque ligne bifilaire d'abonné
aboutit désormais seulement à un Jack-Knife (femelle)
à double rupture toujours encastré dans le Tableau,
couplé avec un annonciateur d'appel.
Lorsqu'un Annonciateur bascule, l'Opératrice, munie d'un
cordon Dicorde, n'a qu'à brancher une première
fiche d'un cordon Dicorde disponible sur le Jack-Knife de l'abonné
demandeur et actionner la clef d'écoute dans une première
position, clef d'écoute qui équipe désormais
ce cordon Dicorde pour relever l'appel et noter la demande de
l'abonné.
Puis, une fois la demande notée, de brancher la seconde
fiche de ce même cordon Dicorde sur le Jack-Knife (femelle)
de l'abonné demandé, puis d'actionner à
nouveau la clef d'écoute dans une seconde position pour
rentrer en contact avec l'abonné demandé par un
bouton d'appel relié à ce même cordon Dicorde.
Si l'abonné demandé répond, l'Opératrice
remet dans sa position d'origine la clef d'écoute du
cordon Dicorde, ce qui met en relation les deux abonnés,
et déconnecte l'Opératrice de la conversation
en cours.
En fin de conversation, l'abonné demandeur actionne à
nouveau l'Annonciateur, qui fait basculer à nouveau le
volet, et qui donne le signal au tableau à l'Opératrice
pour retirer le cordon monocorde de l'abonné demandeur
du Jack-Knife de l'abonné demandé.
En fait, il a été conçu un nouveau
type de cordons, le Cordon Dicorde, d'un modèle
très élaboré, qui permet de simplifier
à la fois les opérations à accomplir par
les Opératrices ainsi que la construction de ces nouveaux
Tableaux.
|
Le système dicorde :
Chaque ligne venant d'un poste du réseau aboutit
à un jack composé de deux lames dont une
touche un contact relié à l'annonciateur.
Qaund un poste du réseau appelle, le voyant de
l'annonciateur apparait et indique quel poste appelle.
Pour relier le poste appelant au poste appelé,
on introduit les deux fiches d'un cordon à deux
fiches dans les jacks correspondants. L'intrduction de
la fiche entre les deux lames élastiques à
pour effet de les éarter et de rompre le contact
de l'anoniateur.
Le poste particulier de l'opérateur possède
aussi une fihe placée à l'extrémité
d'un cordon et qui permet d'apprendre quel est le poste
demandé.
C'est le système adapté au grand nombre
d'abonnés 200 à 10 000 que nous allons étudier.
Figure de gauche en haut.
Dans le système monocorde : figure de gauche
en bas, chaque ligne posède une fiche particulière
qui est introduite directement dans le jack de la ligne
désirée. Ce système exige autant
de fiches que de lignes et par conséquent est applicable
aux tableaux peu importants et désserevant dix
directions maximum.
D'autre part il ne permet pas un changement facile et
rapide des cordons et des fiches usagées.
On trouvera ce genre d'appareils dans les petits centres
ou souvent une opératrice suffit.
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Les Tableaux Standards à Batterie Locale
sont fabriqués pour 10, 25, 50, 100 voire 200 abonnés...
Lorsque l'on dépassait ce nombre d'abonnés, l'on
pouvait, sans trop de gêne pour l'Opératrice "du
meuble", en accoler un second contre le premier, étant
donné que les cordons avaient une longueur suffisante pour
raccorder deux abonnés de deux meubles différents.
Il n'en allait pas de même dans les grandes villes, où
l'on se heurtait au nombre élevé d'abonnés
rattachés à un seul Central Téléphonique...
Ce qui amenait à accoler un nombre élevé
de Tableaux Standards au fur et à mesure de l'accroissement
du nombre de lignes d'abonnés...
Pour contourner cette difficulté, il était nécessaire
de créer entre les différents meubles, des lignes
auxiliaires, sorte d'intermédiaires électriques
disponibles entre deux meubles...
Du coup, deux Opératrices étaient désormais
nécessaires pour établir une conversation entre
deux abonnés rattachés au même Central Téléphonique
mais sur des meubles éloignés... Ce qui nécessitait
plus de personnel, plus de manuvres, plus de délai
pour établissement de la conversation et plus de risques
d'erreurs...
Ce sont dans les grandes villes (Paris ou Marseille, par exemple)
que le travail d'Opératrice s'avère alors le plus
pénible, le plus stressant, le plus usant... N'est pas
Opératrice pendant plusieurs années qui le veut,
mais qui le peut...
Parfois, aux heures les plus chargées, plus aucune ligne
auxiliaire entre certains meubles d'un même Central Téléphonique
n'était disponible, et il était nécessaire
de différer les appels, source de limitation et de fort
mécontentement des usagers...
Avec l'expérience, il a été constaté
qu'au delà de 500 abonnés, l'exploitation des Tableaux
ainsi regroupés devenait particulièrement lourde
et pénible pour les Opératrices. Il était
donc nécessaire, pour les grandes villes de trouver de
nouveaux procédés de Commutation...
Un poste central de moins de 200 directions peut comprendre
des tableaux commutateurs de 3 capacités différentes
: 25, 50 et 100 directions.
Les tableaux à 50 et 100 directions ne différents
essentiellement des tableaux à 25 diretions que sur les
points suivants :
1- le nombre des jacks individuels et des annonciateurs d'abonnés
est de 50 ou de 100 au lieu de 25; pour les tableaux à
50 ces jacks et annoniateurs sont disposées par rangées
horizontales de 10; pour les tableaux à 100, par rangées
de 20.
2- le nombre des paires de cordons et par la suite celui des de
deux clés d'appel et d'une clé d'écoute et
aussi celui des annonciateurs de fin de conversation est de 10,
il est de même pour les tableaux à 50 et 100 directions.
3- Le nombre des jacks de service est de 10 pour les tableaux
à 50, 20 pour pour les tableaux à 100; ces jacks
sont disposés en une seule rangée; immédiatement
au dessus des jacks individuels.
Les nouveaux tableaux à 100 en comportent 40 sur deux rangées.
4- Chaque tableau comporte un poste de secours dans le but de
pouvoir faire desservir en cas de besoin les lignes qui y sont
rattachées , par deux opératrices. A cet effet une
fiche appropeiée à laquelle est reliée, par
un cordon à 4 conducteurs, un appareil combiné,
est introduite dans une mâchoire spéciale placée
sur la droite et en bas du panneau; cette opération produit
la séparation en deux groupes égaux , du nombre
des clés d'écoute ; 5 de ces clés restent
à la disposition de l'opératrice principale, les
5 autres sont utilisées par l'opératrice supplémentaire.
Voici le schéma des communications réalisant cette
disposition en figure 8.
Sommaire
L'appareil téléphonique
dont se servent les employés des bureaux centraux porte
le nom d'appareil combiné
Dès 1882 D'Arsonval,
est sollicité par l'administration pour le marché
du combiné afin d'équiper les "demoiselles
du téléphone" des bureaux centraux, et
invente le tout premier combiné.
Ce combiné est fabriqué par Lenczewski qui travaille
aussi pour d'autres inventeurs : Golubitsky, Abdank, Maiche
... , et avec De Branville en ocobre 1882 ils mettent au point
un appareil portatif sous le nom de "appareil d'opérateur
pour central" et remportent le marché.
Il se compose dun microphone et dun téléphone
accouplés sur le même manche, on a ainsi une main
libre.
L'administration retient aussi le "commutateur à
crochet" de Jules Sieur (comme sur la photo) pour le bureau
de Reims. Rappelons que Sieur vient d'inventer le système
téléphonique complet : tableaux, annonciateurs,
conjoncteurs et clés, matériel plus simple que
celui de la SGT ou de Brown utilisés avant sur les premiers
centraux téléphoniques.
Cet
appareil est composé d'un transmetteur réuni
au récepteur par une tige d'acier servant de manche
; il forme ainsi un tout mobile dont la manoeuvre est
à la fois commode et facile, puisqu'il permet,
en usant d'une seule main, de pouvoir adapter instantanément
le récepteur à l'oreille en même temps
que le transmetteur vient se placer devant la bouche.
Schéma
de câblage et de raccordement d'un combiné
d'opératrice
Remarquez que la
disposition du "combiné", deviendra par
la suite un satndard pour tous les postes, que les cousins
d'outre atlantique appelaient "French Phone"
|
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Plus
tard c'est le Transmetteur microphonique système
Berthon qui équipera les centres manuels.
C'est uncombiné avec un récepteur
Ader n° 3, au moyen d'une poignée
métallique garnie et muni d'un cordon souple
à 4 conducteurs garnie de caoutchouc, pour
bureaux centraux de réseaux téléphoniques.
|
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Le transmetteur microphonique a été
imaginé par M. Berthon, ingénieur-directeur
de la Société Générale
des Téléphones.
C'est un microphone à charbon, mais d'une disposition
tonte spéciale, et qui est des plus commodes et des plus
sûres.
La lame vibrante qui reçoit les inflexions de la voix
est une mince lame de charbon de cornue, encastrée dans
les bords d'un disque en ébonite.
Le microphone se compose de grenaille de charbon renfermée
dans une petite coupelle en ébonite, qui occupe le centre
de l'intérieur du disque, lue seconde lame de charbon
supporte lu coupelle, qui se trouve ainsi comprise entre deux
plaques de charbon, séparées l'une de l'autre
par une bague en caoutchouc. Pendant les mouvements qu'exécutent
les deux lames vibrantes, elles viennent se mettre en contact
avec les petites éminences des grains de charbon, et
par ces points de contact et d'interruption de contact multipliés,
elles établissent ou interrompent le courant électrique
qui transmet les ondulations sonores, c'est-à-dire elles
font l'office d'un excellent microphone.
Il est muni d'un cordon flexible recouvert de soie, renfermant
les fils électriques nécessaires pour le mettre
en communication la ligne de l'abonné, avec la pile et
la bobine d'induction du bureau central.
Cette communication se fait au moyen d'une fiche munie de quatre
larmes, fixée au bout du cordon flexible et que l'employé
introduit dans une sorte de mâchoire armée de quatre
contacts, encastrée dans la menuiserie du meuble des
commutateurs.
Le transmetteur Berthon, combiné avec le récepteur
Ader, a permis de donner au personnel un appareil à la
fois indéréglable, très léger,
facile à manier et qui ne laisse rien
à désirer comme moyen de transmission et comme
moyen d'audition.
Sommaire
Dans notre figure 8, la mâchoire
commutartrice à trois jacks J1 J2 J3; les deux premiers
sont pourvus d'un contact supplémentaire.
La fiche de prise de poste correspondante est composée
de 3 fiches de même calibre que celles servant à
l'établissement des communiations; la fiche centrale
F2 est entierement métallique ; ces 3 fiches sont rendues
solidaires grâce à une pièce en ébonite
pourvue de 4 bornes sous lesquelles se fixent les ferrets du
cordon à 4 conducteurs.
Lorsque la triple fiche n'est pas enfoncée dans la mâchoire,
toutes les clés d'écoute sont à la disposition
du poste principal; la lé N1, qui en partie des 5 clés
de gauche, l'est directement, la clé n2, qui est l'une
des 5 clés de droite, est mise en realation avec ce poste
par l'intermédiare des contacts supplémentaires
des jacks J1 et J2 de la mâchoire.
Si maintenant nous enfonçons la triple fiche, nous rompons
les contacts supplémentaires intérieurs des jacks
J1 et J2 et nous mettons en court circuit les deux ressorts
intérieurs du jack J2. De ce fait, nous supprimons les
communiations de la clé d'écoute N2 avec le poste
prinipal et nous établissons d même coup, celle
de ladite clé avec le recepteur du poste secondaire par
l'intermédiare de l'enroulement "ligne" de
la bobine d'induction B1, spéciale à ce poste
; nous établissons également la communiation du
mirophone de ce poste avec le primaire de cette bobine d'induction
en passant par le contact spécial clé d'écoute
et le commutateur de pile microphonique affetée au poste
de secours.
Dans les nouveaux tableaux, figure 9, la mâchoire commutatrice
est remplaée par une simple clé de jonction dite
"poste de secours" et par une mâhoire à
4 contacts.
En résumé, les tableaux commutateurs
à 50 et 100 diretions ont respetivement la constitution
suivante :
Le nouveau groupe de clés du modèle 1911, ne comporte
plus deux leviers utilisés, l'un (manette blanhe) pour
l'écoute, l'autre (manette noire) pour l'appel des abonnés.
Ce dernier levier doit être incliné en avant pour
l'appel du demandé et en arrière pour le cas rare,
du rappel du demandeur.
Tableaux à 100 diretions :
Sommaire
Pour les bureaux comprenant de 200 à
500 directions ou de 500 à 10 000 ...., se reporter à
un manuel de cours de l'époque.
Je vous recommande l'ouvrage "Installations des Bureaux
Téléphoniques par A.L. VIDAL" qui
détaille tous les types et modèles de centraux
manuels avant 1914.
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Regardons un peu plus en détail le fonctionnement
éléctrique d'un bureau manuel
MISE EN COMMUNICATION DES ABONNÉS ENTRE EUX
Le service des communications dans
les bureaux centraux est de tous les instants, sans aucune interruption
; il est fait le jour par des femmes et la nuit par des hommes.
On doit y apporter la plus grande célérité
possible.
Tous les employés du bureau y coopèrent sans être
spécialement désignés pour telle ou telle
catégorie de correspondances.
Les employés d'un même bureau ou de bureaux différents
se prêtent un mutuel concours afin d'atteindre toute la
rapidité et toute la régularité désirables.
Le personnel chargé du service des communications est
assermenté sans exception.
Sommaire
Les manuvres à effetuer dans un bureau manuel
:
1 - Lorsqu'un annonciateur tombe, l'employé qui
se trouve le plus près du tableau vient immédiatement
le relever, et place la fiche d'appel dans le trou de droite
du Jack-Knife de l'appelant; puis il introduit la fiche à
4 lames de son téléphone portatif dans le commutateur
à 4 contacts (mâchoire) qui correspond à
la fiche d'appel, et répond par le cri d'usage : Allô!
que désirez-vous ?
2 - L'appelant ayant donné le nom et l'adresse,
ou simplement le numéro de la personne avec laquelle
il désire se mettre en rapport, l'employé répète
le nom (ou le numéro) du correspondant qui lui est indiqué
et invite celui-ci à rester à son appareil.
3 - Si la personne demandée se trouve reliée
au même tableau que la personne qui demande,
ou à un tableau assez rapproché pour qu'un
seul cordon puisse les unir, l'employé prend de la main
droite un cordon de communication à deux fiches ; il
introduit une de ces fiches dans le trou de gauche du Jack-Knife
de l'abonné qui a appelé ; il retire la fiche
d'appel qu'il place dans le trou de droite du Jack-Knife de
la personne demandée, et appuie sur le bouton d'appel
pendant une ou deux secondes (ayant toujours le récepteur
à l'oreille).
|
4 - Aussitôt qu'il a reçu
la réponse, il prévient M. Z... qu'il ait à
entrer en communication avec M. X... par ces mots : communiquez,
messieurs ! et introduit en même temps la fiche restée
libre du cordon de communication dans le trou do gauche du Jack-Knife
de l'appelé.
Il reste clans la même position jusqu'à ce qu'il
ait entendu la conversation s'engager ; à ce moment, il
retire la fiche d'appel.
5 - Si la personne demandée répond immédiatement,
la mise en communication de deux abonnés peut s'effectuer
en 12 ou 15 secondes. (A Naslwille (État-Unis), un employé
arrive souvent à établir 200 communications par
heure, et, dans des moments de grande presse, quelques opérateurs
ont même établi vingt-cinq cornmunicactions en cinq
minutes.)
6 - Si, au contraire, l'abonné demandé
est relié à un autre bureau, ou se trouve
sur un tableau trop éloigné du tableau de l'appelant
pour être relié avec un seul cordon de communication,
on a recours au conjoncteur.
L'employé, après avoir introduit l'une des fiches
du cordon de communication dans le trou de gauche du Jack-Knife
de l'abonné qui a appelé, introduit l'autre fiche
dans le trou du Jack-Knife (ou Jack) du conjoncteur, en ayant
soin de prendre le numéro de la série qui correspond
au groupe, dans lequel se trouve l'appelant.
7 - Il prend ensuite un deuxième cordon de communication
et se porte devant le tableau sur lequel se trouve l'abonné
demandé il introduit une des fiches de ce cordon dans le
trou du Jack-Knife (ou Jack) du conjoncteur, même numéro
et même lettre que celui déjà pris pour l'abonné
appelant. Il continue la communication comme dans le premier cas.
8 - Si l'abonné appelé ne répond pas
immédiatement, et si, après avoir renouvelé
les appels trois ou quatre fois par intervalles, il reste encore
muet, l'employé en prévient l'appelant; celui-ci
indique alors si l'on doit renouveler les appels dans un certain
délai ou s'il renonce à correspondre.
9 - Si l'abonné
appelé est en communication avec une autre personne, l'employé
en prévient l'appelant en l'invitant à rappeler
dans quelques instants, ou bien à raccrocher ses récepteurs,
en lui disant qu'on le rappellera aussitôt que la communication
du correspondant qu'il désire sera terminée.
10 - La fin d'une communication est indiquée à
l'employé par la chute des voyants des annonciateurs des
deux abonnés.
A ce signal, l'employé relève les annonciateurs
et se met en relation avec les lignes en correspondance ; il écoute
un instant ; s'il entend parler, il se retire immédiatement
; si, au contraire, il n'entend rien, il prononce le mot : terminé!
à trois reprises, puis au bout d'un instant, si le silence
continue, il relire le cordon de communication.
11 - Si, au bout de quatre ou cinq minutes après
qu'une communication a été établie, le signal
indiquant la fin de la conversation n'a pas été
donné, l'employé se met en relation avec les lignes
en correspondance ; après s'être assuré qu'aucun
des deux correspondants n'est à son appareil, il retire
le cordon de communication.
|
Poste téléphonique chez un abonné
A ce sujet, il est bien recommandé
aux abonnés, lorsqu'ils sont en communication, de ne
pas sonner avant que la conversation ne soit entièrement
terminée.
|
Sur ces premiers centres on dépasse rarement
cent abonnés pour un seul standard; car ce nombre est, en
général, le maximum que peut désservir sana
difficulté une opératrice de poste central.
Si le bureau doit être plus important, les abonnés
sont répartis sur plusieurs meubles, placés les uns
à côté des autres et réunis par des lignes
et des jacks de jonctions comme nous venont de l'expliquer. Il était
impossible de dépasser le nombre de 500 abonnés pour
un bureau central, fonctionnant à l'aide de standards, les
lignes d'intercommunications deviendraient insuffisantes pour un
trafic intense, et le travail exagéré que l'on réclame
d'une opératrice aurait pour conséquence la lenteur
du service.
Avec la croissance du nombre d'abonnés dans les villes principalement,
de nouveaux types de standards vont faire leur apparition .
Sommaire |
Un
NOUVEAU
COMMUTATEUR : LE MULTIPLE
:
C'est en 1883
que la Western Electric Company invente une technique révolutionnaire
: le Multiplage.
Scribner
inventa le « multiplage » des jacks terminaux
des lignes d'abonnés, c'est-à-dire la dérivation
sur chaque ligne d'abonné, à intervalles réguliers,
d'un nombre de jacks égal au nombre des opératrices
du central téléphonique.
Le système des lignes dintercommunication
entre les différentes téléphonistes dun
même bureau a pu être évité par ladoption
des multiples.
Multiples en série, en dérivation.
Le système de commutateur dit multiple consiste
à mettre à la portée de chaque téléphoniste
toutes les lignes dabonnés aboutissant à
la station centrale, tout en lui confiant particulièrement
le soin de desservir un groupe dabonnés qui lui
est propre, dont seule elle reçoit les appels et qui
sont, en quelque sorte, ses clients. Ce groupe dabonnés
est de 80, 100 ou 120 pour chaque téléphoniste.
Pour recevoir les appels de ces abonnés, il faut quelle
dispose de leurs annonciateurs dappel et de leurs jacks
particuliers. Pour les mettre en relation avec lun quelconque
des autres abonnés, il faut quelle dispose de fiches,
de cordons, de clés dappel, dannonciateurs
de fin de conversation, dorganes appelés clés
découte lui permettant de rentrer dans le circuit
si cela est nécessaire, dun poste dopérateur
lui permettant de sentretenir avec les abonnés.
Il faut enfin quelle ait à sa portée autant
de jacks quil existe de lignes reliées au bureau.
Or il existe en France des multiples dune capacité
de 9000 lignes. Une téléphoniste quelconque doit
donc pouvoir atteindre, sans quitter sa place, 9000 jacks appelés
jacks généraux et les 120 jacks particuliers de
ses clients; elle doit, en outre, avoir sous la main les organes
de liaison qui, hâtons-nous de le dire, se réduisent
à 16 paires de fiches et de cordons, 16 paires de clés
dappel, 16 clés découte. La pratique
a démontré que ce nombre est suffisant pour parer
à toutes les éventualités, et cest
là un des avantages du système dicorde, cest-à-dire
de lindépendance du système de liaison.
Avec le système monocorde, il eût fallu à
chaque téléphoniste 120 cordons.
Anciennement, les téléphonistes étaient
obligées de relever à la main les volets des annonciateurs,
doù la nécessité de mettre eeux-ci
à leur portée.
Aujourdhui, le relèvement se fait automatiquement,
par lintroduction de la fiche dans le jack; cest
une manuvre de moins; en outre, il est devenu possible
de grouper les annonciateurs dans le haut des meubles et de
gagner ainsi de la place pour les jacks. Pourvu que la téléphoniste
perçoive distinctement la chute des volets des annonciateurs,
elle na plus à y toucher; il suffit quelle
les voie.
Quant aux jacks, il faut que, les bras étendus, elle
puisse tous les atteindre ; ils devront donc occuper une surface
très restreinte que lon est parvenu à réduire
à environ 1 centimètre carré par jack,
y compris son numéro.
Pour que, sur chaque ligne dabonné, un jack puisse
être mis à la disposition de chaque téléphoniste,
il faudrait que la ligne comportât autant de jacks généraux
quil y a de téléphonistes, plus un jack
individuel pour la téléphoniste qui dessert spécialement
labonné; cela nest pas nécessaire,
grâce à un artifice.
Examinons dabord comment peut être constituée
théoriquement une telle ligne, sans nous préoccuper
du nombre de jack s quelle comporte.
Les jacks peuvent être montés en série ou
en dérivation, doù deux sortes de multiples,
dont la première disparaîtra bientôt; ce
nest plus quune question financière.
Dans le montage en série,lun des fils de
ligne correspond à toutes les douilles des jacks en d,
d, d et aboutit à lannonciate ur dappel;
lautre est coupé à tous les jacks et est
raccordé au jack suivant par le contact des deux ressorts
r,r'; il aboutit également à lannonciateur
dappel. Lorsquune fiche est introduite dans un jack,
elle sépare les ressorts r,r. Il résulte
de cette disposition que la résistance'de
la ligne et des jacks situés à la droite du jack
occupé est éliminée du circuit, mais il
en résulte aussi quun dérangement dans un
jack situé à gauche de celui que lon veut
occuper, notamment un défaut de contact entre les ressorts
r, r\ immobilise la ligne et ne permet plus de faire usage des
jacks situés à la droite du dérangement;
par conséquent un dérangement de cette nature
immobilise le jack individuel.
Dans
le montage en dérivation, les deux fils de ligne sont
continus; un troisième, purement local, sert au test
et au relèvement automatique des volets des annonciateurs.
La résistance entière de la ligne est bien dans
le circuit, mais le dérangement dun jack na
aucune influence sur le fonctionnement des autres.
Examinons le cas dun multiple pour 9000 abonnés
répartis à raison de 120 par téléphoniste.
Est-il nécessaire que les 9000 jacks généraux
soient répétés pour chaque téléphoniste?
Non. Une partie de ces jacks peut être exploitée
par des téléphonistes voisines ; nous allons voir
comment.
Chaque série de 120 abonnés desservie par une
téléphoniste forme un groupe. Un groupe comprend,
outre les organes de liaison, au nombre de 16, 120 jacks individuels
et 120 annonciateurs dappel; il comprend aussi 3000 jacks
généraux. Trois groupes juxtaposés forment
une table ou une section; la section correspond donc à
360 abonnés ; elle contient les 9000 jacks généraux;
cest en combinant convenablement le numérotage
de ces jacks généraux que lon parvient à
les mettre tous à la disposition de chaque téléphoniste.
Le multiple pour 9000 abonnés est desservi
par = 73 téléphonistes; il comprend -y = 25 tables
ou sections.
Soient A, B, C... N les 25 tables ou sections, en allant de
gauche à droite, cest-à-dire du commencement
à la fin du multiple; soient aK, a2, a3, b{, b2, b3,...
les téléphonistes de chacune de ces tables.
La téléphoniste aK de la section A desservira
les abonnés de 0 à 119; elle aura devant elle,
outre les 120 jacks individuels, 3000 jacks généraux;
nous numéroterons ceux-ci de 3000 à 5999. La téléphoniste
a2 desservira les abonnés numérotés de
120 à 239 ; les 3000 jacks généraux quelle
aura devant elle seront numérotés de 6000 à
8999. La téléphoniste a3 desservira les abonnés
de 240 à 359; les jacks généraux qui lui
font face porteront les numéros de 0 à 2999. Pour
les téléphonistes bf, b2, b3 de la section B,
le numérotage des jacks généraux se reproduira
dans le même ordre, 3000 à 5999, 6000 à
8999, 0 à 2999 et ainsi de suite jusquà
la téléphoniste n3 de la dernière section
qui aura devant elle les 3000 jacks généraux compris
entre 0 et 2999.
En cet état, la téléphoniste aK a devant
elle les jacks généraux de 3000 à 5999
et à sa droite ceux de 6000 à 8999. Elle ne peut
atteindre les jacks de 0 à 2999. La téléphoniste
a2 a, à sa gauche, les jacks de 3000 à 5999 de
la téléphoniste a{ ; devant elle, les jacks de
6000 à 8999; à sa droite, les jacks de 0 à
2999 de la téléphoniste a3; elle peut tous les
atteindre. Les autres téléphonistes sont toutes
dans le même cas, sauf la dernière, la téléphoniste
n3 de la section N, qui a, à sa gauche, les jacks de
6000 à 8999 de la téléphoniste n2, et devant
elle les jacks de 0 à 2999.
Il reste donc à pourvoir les téléphonistes
aK et n3 des jacks qui leur manquent. Pour cela, il suffit dajouter
à chacun des bouts du meuble un tiers de section, un
groupe, qui ne comprendra, pour tous organes, que les jacks
généraux qui font défaut. Ce tiers de section,
reporté à la gauche de la téléphoniste
a{, comprendra les jacks généraux de 0 à
2999. Le tiers de section qui terminera le meuble, à
droite de la téléphoniste n3, comprendra les jacks
généraux de 3000 à 5999,
Il est aisé de voir que, de la sorte, sur chaque ligne
dabonné, les jacks généraux sont
répétés, multiplés de trois en trois
groupes ou de section en section; il en existera donc 23 par
ligne pour le multiple entier, soit 23X9000 = 223,000; et, en
y ajoutant les deux tiers de section de bout 225,000 4-6000
= 231,000 au total. Chacun de ces jacks occupe la même
place dans chacun des groupes; il est donc très facile
de les retrouver, ce qui est une condition de rapidité
dans les manuvres.
On voit quavec cette disposition, la téléphoniste
qui reçoit l'appel dun de ses abonnés peut,
sans lintervention daucune autre téléphoniste,
le mettre en communication avec lun quelconque de 8999
autres abonnés desservis par le bureau. Pour cela, elle
placera une de ses fiches dans le jack individuel de labonné
appelant, et la seconde fiche de la même paire dans le
jack général de labonné appelé.
Mais, au préalable, il faut quelle sassure
que cette ligne est libre; cest une manuvre supplémentaire
inévitable. En effet, la téléphoniste qui
opère voit bien quil nexiste pas de fiche
dans le jack général dont elle va prendre possession;
mais elle ne sait pas si, dans lun des 74 autres groupes,
une autre téléphoniste noccupe pas le jack
général ou même le jack particulier de labonné
appelé ; cest ce quil faut contrôler,
cest ce que lon appelle faire le test. Pour cela,
il suffit à la téléphoniste intéressée
de toucher avec la pointe de sa fiche la douille du jack quelle
met à lépreuve. Si, dans son récepteur,
elle perçoit un bruit particulier et bien caractéristique,
la ligne est occupée; elle en avertit labonné
appelant. Si son récepteur reste muet, elle enfonce sa
fiche et établit ainsi la communication demandée.
De tout ce qui précède, il résulte quun
abonné ne peut appeler quune téléphoniste
déterminée, mais quil peut être appelé
par toutes les téléphonistes du bureau.
Si nous négligeons pour un instant les communications
interurbaines, nous pouvons dire que les multiples de province
ne contiennent pas dautres dispositifs que ceux dont nous
avons parlé.
Il nen est plus ainsi lorsquil sagit des multiples
de Paris. Il faut, évidemment, que les différentes
stations centrales de la capitale (elles sont actuellement au
nombre de 7) soient reliées entre elles ou tout au moins
à un centre commun par des fils auxiliaires, en nombre
suffisant pour permettre de mettre en relation les abonnés
desservis par ces différents bureaux. Il faut que ces
fils, ou mieux les jacks qui terminent ces fils, trouvent place
sur les tableaux, de façon que chaque téléphoniste
puisse disposer dun certain nombre dentre eux. Suivant
leur affectation et leur équipement, ces fils auxiliaires
sont appelés lignes de départ ou lignes d'arrivée,
et il est évident que ce qui est lignes de départ
pour un bureau, est lignes darrivée pour le bureau
correspondant.
La ligne de départ ou, pour mieux dire, le côté
départ de la ligne, na pas besoin dannonciateur,
un jack est suffisant; cest par ce jack que la téléphoniste
appelle sa correspondante. La ligne darrivée ou
mieux le côté arrivée de la ligne, doit
être pourvu dun annonciateur afin de permettre à
la téléphoniste du bureau appelé de percevoir
les appels ; il doit aussi être pourvu dun jack
par lequel la téléphoniste appelée répondra.
Les lignes interurbaines aboutissent soit au meuble lui-même,
sur un groupe agencé à cet effet, soit à
des tables spéciales reliées au multiple et qui
peuvent être situées dans une autre pièce.
Dans ce dernier cas, une section du multiple est aménagée
pour servir dintermédiaire entre les téléphonistes
du réseau urbain et celles des tables interurbaines ;
on appelle cette sectiontable intermédiaire (switching).
La téléphoniste qui dessert cette table est en
relation avec chacune des autres téléphonistes
du multiple par une ligne de service. Elle ne dispose pas dannonciateurs
et, par conséquent, doit conserver constamment son récepteur
à loreille, prête à répondre
aux appels, doù quils viennent. Elle a pour
mission de relier les tables interurbaines aux abonnés
sollicités; cest, en quelque sorte, la très
humble servante des téléphonistes interurbaines.
Lorsque les lignes interurbaines aboutissent directement au
meuble, les téléphonistes qui les desservent établissent
les liaisons sans intermédiaire.
Dailleurs, que les lignes interurbaines soient groupées
sur des tables particulières ou sur le multiple lui-même,
la jonction avec les abonnés se fait toujours sur le
premier jack général de la ligne dabonné
et ce jack est à rupture, cest-à-dire quen
introduisant sa fiche dans le jack, la téléphoniste
coupe toute la partie de la ligne située au-delà
de ce jack, portion de ligne qui comprend tous les jacks généraux
et le jack individuel.
La portion de la ligne dabonné mise ainsi en relation
avec la ligne interurbaine est donc réduite au minimum
; elle ne comprend que les conducteurs situés entre lentrée
du multiple et le domicile de labonné.
Il nous reste à considérer le cas de la liaison
dune ligne à simple fil avec une ligne à
double fil, cest le cas de beaucoup de communications
interurbaines.
La plupart des lignes urbaines reliées à un multiple
sont bifilaires et on tend à transformer toutes celles
qui ne le sont pas. Les circuits interurbains sont, au contraire,
très souvent uni-filaires.
Comment relier un circuit métallique avec un autre qui
communique avec la terre ? On y parvient par transformation.
On fait usage, à cette effet, dune bobine à
double enroulement qui a reçu le nom de transformateur.
Les deux enroulements ont des résistances électriques
égales; ils sont formés par deux fils de cuivre
recouverts de soie qui font, autour du noyau, le même
nombre de tours. Par un jack, dit jack de transformation, lun
des enroulements est réuni à la ligne unifilaire
et mis à la terre, lautre est relié par
ses deux bouts à la ligne bifilaire. Ces deux enroulements
agissent lun sur lautre par induction et la parole
passe de lun à lautre sans quaucun
trouble soit apporté à la conversation.
Sommaire
Cette solution, qui sera déployée dans le monde
à partir de 1885 permettra une meilleure exploitation
téléphonique dans les grandes villes, et de moins
pénibles conditions de travail
pour les Opératrices.
A l'Exposition internationale d'électricité
de 1881 était exposé les Commutateurs manuels
, qui ont servis à concevoir ceux utilisés en
France à cette l'époque.
Ce commutateur multiple, qui est le premier installé,
présente les particularités suivantes:
1° Un téléphoniste dessert 80 abonnés
;
2° Au-dessus de chaque téléphoniste et dans
des panneaux disposés à cet effet, se trouvent
de petits Jack-Knifes en nombre égal au total des abonnés
du bureau, et disposés de telle façon que le téléphoniste
puisse immédiatement mettre en communication l'un quelconque
des abonnés qu'il dessert, avec l'un quelconque des abonnés
du bureau central.
Les lignes auxiliaires dans les villes où il y a plusieurs
bureaux centraux, sont traitées comme une ligne d'abonnement
ordinaire.
|
Un grand progrès :
La téléphoniste est assise
|
Ce système a les avantages
suivants :
1° Les communications sont données presque instantanément
;
2° On peut accroître presque indéfiniment la
puissance d'un réseau ;
3° Le téléphoniste peut se rendre compte immédiatement
si l'abonné demandé est libre ou est en communication,
en introduisant sa fiche dans le Jack-Knife de l'abonné
demandé : s'il entend dans son téléphone
un craquement, l'abonné demandé est en communication
;
4° Le téléphoniste est assis pendant son service,
ce qui rend son travail beaucoup moins pénible.
Un perfectionnement considérable apporté aux commutateurs
multiples est le dispositif imaginé par M. .Berthon,
dispositif rendant les Jack-Knives amovibles, ce qui permet
la recherche des dérangements, chose impossible avec
les commutateurs multiples à simple fil existant actuellement.
On a fait une application de ce système de commutateur
multiple au bureau de La Villette nouvellement installé
par la Société.
M. Berthon a imaginé un petit appareil spécial
dit conjoncteur Jack-Knife permettant de donner à chaque
téléphoniste la totalité des lignes auxiliaires.
Ce système permet d'assurer le service du réseau
de Paris en donnant le temps d'étudier à fond
l'établissement d'un bureau central, destiné à
réunir en un seul bureau, les bureaux centraux de l'avenue
de l'Opéra, de la rue Lafayelte, de la place de la République,
de la rue Etienne-Marcel et de la rue d'Anjou.
|
Les Commutateurs Multiples en Série à
Batterie Locale les plus récents voient leurs Annonciateurs
à volet basculant remplacés par des ampoules
à incandescence, qui en s'allumant signalent à l'Opératrice
que tel ou tel abonné demandeur souhaite joindre le Central,
et s'éteignent lorsque les conversations téléphoniques
sont terminées et que les abonnés demandeurs ont
renvoyé un appui sur le bouton d'appel ou un tour de manivelle.
L'opératrice n'a désormais plus à relever
physiquement le volet basculant à la fin de chaque conversation,
ce qui permet une économie de gestes pour l'Opératrice.
En revanche, les Commutateurs Multiples en Série, s'ils
offrent une réelle amélioration dans l'exploitation
téléphonique, sont porteurs de certains défauts
de conception. En effet, avant d'utiliser un Jack Général,
il est d'abord nécessaire d'effectuer un test d'occupation,
pour savoir si un Jack Général est libre ou déjà
occupé par une conversation en cours.
Ce test se fait par le deuxième fil de l'abonné
(fil b) au moyen d'une seule et même pile de test commune
à tout le bureau.
Or, en cas de mauvais isolement de certains abonnés, le
résultat des tests s'en trouve souvent faussé, ce
qui entraîne des erreurs d'exploitation et des fausses manuvres
par les Opératrices ainsi induites en erreur.
De plus, les Commutateurs Multiples en Série souffrent
de câblages et de contacts très nombreux, très
complexes, ce qui entraîne beaucoup de temps perdu dans
la maintenance et la recherche des pannes.
Enfin, leur défaut majeur réside dans le fait qu'en
cas d'extension nécessaire, lorsque l'on souhaite rajouter
un ou plusieurs meubles dans le Commutateur Multiple en Série
déjà en service, il faut obligatoirement couper
l'ensemble des lignes générales, pendant toute la
durée des travaux, ce qui rend le Commutateur Multiple
en Série à peu près inutilisable jusqu'à
la fin de tout travail d'extension...
SCHÉMA
D'INTERCOMMUNICATION DE DEUX ABONNÉS. RELIÉS A DES
MULTIPLES DIFFÉRENTS.
Un abonné, relié
au bureau central A, demandant une communication avec un abonné
relié au bureau central B, la demoiselle du groupe de départ
de A, sur lequel se trouve le jack individuel du premier abonné,
réunit ce jack à l'aide d'un roi-don souple et de
deux fiches avec l'un des jacks généraux d'une ligne
auxiliaire se dirigeant vers B. la ligne auxiliaire, libre à
ce moment et qu'elle doit employer, lui a été indiquée,
à l'aide d'une ligne de service, par la demoiselle du groupe
d'arrivée, au bureau B, des lignes auxiliaires venant de
A. Celle-ci n'a plus qu'à introduire la fiche terminant
la ligne auxiliaire choisie dans l'un des jacks généraux
de l'abonné demandé. La communication est ainsi
établie.
Affublés de ces défauts, les Commutateurs Multiples
en Série sont remplacés à partir de 1892
aux USA par de nouveaux Commutateurs Multiples en Parallèle.
|
Sommaire
Vu dans le journal télégraphique
du 25 décembre 1881
L'Exposition internationale d'électricité,
par M. ROTHEN, Directeur-adjoint des télégraphes suisses.
...
Comme exposants pour installations de stations centrales téléphoniques,
il faut nommer principalement MM. Siemens et Halske, Williams junior
à Boston, Paterson à Londres et la Western electric
manufacturing Company à Chicago.
Les tableaux permutateurs (switch-boards) de MM. Siemens et Halske,
solidement construits, se manuvrent avec des cordes dont les
deux extrémités sont munies de fiches. La forme manque
d'élégance et la manuvre ne semble pas aussi
prompte et aussi facile qu'avec d'autres switch-boards.
Ceux de Williams junior sont établis d'après
le système des permutateurs suisses avec simples fiches qui,
au repos, sont toutes fixées sur la lame de terre.
Le switch-board de M. Patterson se distingue par son élégance,
les électro-aimants des numéros sont tous visibles
et leurs languettes rondes nickelées contribuent à
l'ornementation du switch-board. Le permutateur est un peu reserré.
C'est encore le système suisse, mais les lames transversales
y sont à la même hauteur que les lames longitudinales,
ce qui rend les contacts visibles et en assure l'efficacité.
Devant le permutateur sont disposées autant de touches qu'il
y a de numéros dans le pupitre. Il suffit d'abaisser ces
touches pour faire agir la sonnerie des abonnés, sans qu'il
soit nécessaire, par conséquent, de déplacer
une fiche.
Le switch-board de la Western éléctric manufacturing
Company est moins élégant que celui de M. Paterson,
mais, à notre avis, c'est le meilleur des switch-boards
connus et il mérite bien que nous l'examinions plus
en détail.
La figure 13 représente
ce switch-board vu de face. Comme on le voit, il est extrêmement
étroit, ce qui permet, par conséquent, d'en
placer un grand nombre dans une même salle. Sa largeur
est de 35 centimètres et sa hauteur de 1 mètre
65. En A sont les numéros des abonnés 1 à
50 avec leurs languettes et derrière se trouvent les
électro-aimants combinés pour courant de pile
et pour courant de machine magnéto-électrique.
La partie B contient les 50 trous de contact correspon-dant
aux numéros de A. Derrière ces trous est une
espèce de Jack-knife perfectionné, c'est-à-dire
une dis-position par laquelle l'introduction d'une fiche dans
un trou de B suffit pour interrompre la communication du fil
correspondant avec la terre et établir en même
temps une autre communication.
La petite tablette D supporte 10 fiches et contient, en outre,
deux rangées de boutons composées l'une de cinq
boutons et l'autre de cinq groupes de deux boutons chacun.
Les 10 fiches se divisent aussi en 5 groupes de deux fiches.
Les fiches d'un même groupe ont des cordes de couleurs
différentes. Au milieu de chaque corde est suspendu
un poids, qui en les maintenant tendues les empêche
de se mêler.
La partie C contient 5 relais pour indiquer la fin de la conversation
entre deux abonnés (clearing-out relay).
Voici maintenant comment s'effectue la manuvre de ce
switch-board.
Un abonné, par exemple le n° 8, fait un appel.
Cet appel fait tomber dans la partie A le numéro correspondant.
L'agent de la station centrale place une fiche quelconque
dans le trou 8 et interrompt par cette opération la
communication du n° 8 avec la terre. Il abaisse ensuite
celui des boutons correspondant avec la fiche qui se trouve
dans la rangée de 5 boutons et il peut alors correspondre
avec le n° 8. Supposons que ce dernier demande à
être mis en relation avec le n° 12. L'employé
prend la seconde fiche qui communique avec la corde déjà
employée et la place dans le trou 12. Les deux abonnés
sont alors reliés directement entre eux, mais sans
que le n° 12 en soit encore informé.
Suivant le système employé, c'est ou l'abonné
n° 8 qui appelle directement son correspondant, ou la
station centrale qui se charge de cet appel, Dans le dernier
cas, la sta-tion centrale se sert des deux boutons de la rangée
à 10 boutons, qui correspondent à la corde employée.
En pressant le bouton de droite elle appelle le n° 12,
en pressant le bouton de gauche elle pourrait appeler le n°
8. Quand l'abonné n° 12 répond, la languette
du clearing-out relay correspondant tombe et la station centrale,
en pressant le bouton téléphonique, informe
simultanément les deux abonnés qu'ils peuvent
commencer leur entretien.
Quand celui-ci est fini, la languette du clearing-out relay
retombe de nouveau et indique que la communicalion peut être
enlevée.
L'on peut établir à la fois cinq communications
semblables entre les 50 abonnés d'un même switch-board.
S'il y a plusieurs switch-boards, la communication se fait
direc-tement d'un switch-board à l'autre, comme s'il
s'agissait d'un même switch-board. Si l'on doit combiner
le premier switch-board avec un switch-board assez éloigné
pour que la longueur des cordes ne suffise plus, si par exemple
l'abonné n° 22 désire communication avec
le n° 408, on place une fiche d'une corde quelconque dans
le trou 22 et l'autre fiche de la même corde dans le
trou 1 qui se trouve sur le bord à droite de la partie
B. Au switch-board IX, qui contient les nos 401 à 450,
on place aussi une fiche dans le trou 1 du bord et l'autre
fiche dans le trou 403. Les deux abonnés sont reliés
directement et les manipulations ultérieures sont les
mêmes que plus haut.
Ce switch-board présente plusieurs avantages.
La manuvre des fiches est réduite à un
minimum, le meuble est assez petit pour qu'un même agent
puisse facilement desservir trois switch-boards. Quand deux
abonnés d'un switch-board sont reliés entre
eux, il n'y a plus qu'un seul électro-aimant d'intercalé
dans le circuit, ce qui rend les contacts très sûrs.
Mentionnons encore une disposition spéciale des languettes
de la partie A. Quand une de ces languettes tombe, elle établit
un contact entre un ressort et une pointe et ferme ainsi un
circuit indépendant local qui, à volonté,
fait marcher une sonnerie d'appel.
L'on peut, ainsi, pendant la nuit, éveiller l'agent
pour demander une communication.
Quand le switch-board est employé avec des courants
de machine magnétoélectrique, l'on ne peut plus
faire agir la sonnerie en poussant simplement un bouton. Dans
ce cas, il faut un appareil accessoire appelé inverseur
de courant, qui, sous la pression d'un bouton d'appel, envoie
des courants inversés dans la ligne. |
figure 13
|
... |
Sommaire
1881 -1889 Développement
des centraux manuels de PARIS
Le succès qui venait de couronner les
efforts de la Société générale
des Téléphones, avait fait comprendre aux
plus incrédules toute la valeur de la nouvelle invention
et l'avenir qui lui était réservé.
Aussi, dans la session ordinaire de 1882, le ministre des postes
et des télégraphes demanda aux Chambres et en obtint
un crédit de 250.000 francs destiné à expérimenter
l'exploitation de réseaux téléphoniques dans
certaines villes de province.
1881 L'idée capitale des réseaux
téléphoniques est celle du bureau central
, duquel partent des fils allant chez chacun des abonnés
. Sans cet intermédiaire , le résultat obtenu
ne pourrait être atteint . Il faut noter en passant
que l'emploi de ce moyen est antérieur à l'invention
de Bell . Il y avait à New - York deux ou trois réseaux
à bureau central , servant à des communications
télégraphiques , plusieurs années avant
l'apparition du téléphone .
.
Plan du réseau de Paris et maillage des centraux.
La combinaison des deux idées , réseau à
bureau central et téléphone , est une des
plus heureuses de ce temps - ci . L'importance qu'elle a
prise , , ne peut plus être exactement connue et appréciée
, car il y a des réseaux téléphoniques
dans tous les pays du monde et jusque dans les îles
Hawaï . Quand le réseau n'est pas fort étendu
, un bureau central unique est excellent ; mais quand il
s'étend sur une grande ville comme Paris , la longueur
de certaines lignes serait telle que le prix d'établissement
rendrait l'exécution commercialement im possible
.
Paris a donc été
divisé en quartiers téléphoniques
, ayant chacun leur bureau central auxiliaire .
Ces quartiers sont : l'Opéra ( A ) , le Parc Monceau
( B ) , La Villette ( C ) , le Château d'Eau ( D )
, la rue de Lyon ( E ) , lAvenue des Gobelins ( F
) , la rue du Bac ( G ) , la rue Lecourbe ( H ) et Passy
( I ) . Par exception , le quartier de l'Opéra a
deux bureaux , celui de l'avenue de l'Opéra nº
27 ( A ) et celui du siège social de la Société
générale des téléphones , 66
, rue des Petits - Champs ( S ) .
Ces dix bureaux sont reliés entre eux par des lignes
qu'on appelle auxiliaires , dont le nombre est réglé
sur la fréquence des communications échangées
entre eux .
Ces nombres sont donnés par la figure suivante :
Disposition adoptée . Convergence
des lignes auxiliaires vers un point central .
Le premier système donne une moindre
longueur aux lignes auxiliaires ; mais le second a l'avantage
capital de permettre , au point central du réseau
, de changer les liaisons entre les lignes , et de régler
exactement sur la fréquence des communications entre
deux bureaux donnés , le nombre des lignes qui les
relient . Ce motif , sur lequel nous reviendrons , a fait
préférer le second système . On a d'ailleurs
, réuni le point central du réseau au bureau
le plus important et on a ainsi réduit la longueur
des lignes auxiliaires .
Le réseau de Paris est établi avec circuit
métallique complet , c'est - à - dire avec
un fil pour l'aller et un pour le retour , sans emprunter
la terre .
La plupart des lignes sont souterraines ; elles sont placées
dans les égouts et présentent des facilités
de pose et d'entretien qui leur ont fait donner la préférence
.
Il n'y a , sur un développement
total de 1891 kilomètres , que 107 kilomètres
de lignes aériennes , tandis que tout le reste 1874
kilomètres , est entièrement composé
de lignes en égout .
Lignes aériennes
. - On emploie , à la construction de ces lignes
, du fil d'acier de 2 millimètres de diamètre
, qui pèse envi ron 25 kilogrammes par kilomètre
. Sa charge de rupture à la traction est de 350 kilogrammes
, soit 120 kilogrammes par mil limètre carré
.
Les poteaux sont en fer carré
de 30 à 40 millimètres de côté
, leur hauteur varie de 1 " , 50 à 3 mètres
. Ils portent douze fils au plus et leur distance est de
200 mètres au maximum .
Ces figures montrent la forme d'isolateur
employée ; c'est le petit modèle du Ministère
des postes et des télégraphes .
Les fils ne sont pas attachés
directement aux isolateurs , mais par l'intermédiaire
de sourdines destinées à étouffer le
bruit que le vent fait en soufflant sur les fils et qui
se transmettrait directement aux poteaux et à la
maison qui le porte .
La sourdine qu'on a adoptée
après des essais nombreux d'autres dispositions,
se compose d'une corde de chanvre A recouverte de caoutchouc
, qui est fixée par son milieu à l'isolateur
. Chacune de ses extrémités porte une poulie
B de porcelaine ; les deux fils de la ligne aboutissent
à ces poulies ; on les relie l'un à l'autre
au moyen d'un fil plus fin C dit à ligatures .
La partie de la ligne qui va du fil
de fer ( ligne aérienne ) au poste téléphonique
dans l'appartement de l'abonné , s'appelle l'entrée
de poste . La ligne aérienne est à deux fils
, l'entrée de posle est également à
deux fils isolés et réunis dans un tube de
plomb . Un paratonnerre Bertsch est installé sur
le dernier poteau de la ligne ; il protège le poste
de l'abonné et l'entrée de poste .
Lignes souterraines . - Ces
lignes sont réunies dans des câbles recouverts
de plomb , suspendus à la voûte des égouts
Entrée du 27 avenue de l'Opéra.
Chaque câble contient 14 conducteurs isolés
les uns des autres , constituant 7 lignes doubles d'abonné
. Chacun de ces conducteurs est formé de 3 brins
de fil de cuivre de 1/2 millimètre de diamètre
, tordus ensemble . Le cuivre employé a une assez
haute conductibilité ; elle varie de 90 å 93,35
centièmes de celles du cuivre chimiquement pur .
Ce conducteur est recouvert d'environ 3/10 de millimètre
de gutta percha , ce qui donne à cha que fil avec
sa gutta , un diamètre de 2mm , 2 environ .Cette
première enveloppe du conducteur est entourée
d'un guipage de coton , qu'on emploie de sept couleurs différentes
pour faciliter les recherches ; les deux fils d'un abonné
sont de la même couleur et par suite reconnais sables
à première vue des six autres . Les deux fils
constituant la ligne d'abonné sont tordus un égout
. ensemble , puis les sept doubles lignes sont encore tordues
et recouvertes dun ruban non go 11 dronné ;
ils sont enfin tirés dans un tube de plomb . Les
câbles à 14 conducteurs sous plomb ont un diamètre
de 18 millimètres ; les petits câbles spéciaux
pour un abonné et qui contiennent seulement deux
conducteurs , ont 8 millimètres de diamètre
.
Les essais de ces câbles donnent les résultats
moyens suivants par kilomètre : la résistance
de chaque conducteur est de 30 ohms ; l'isolement est de
4440 megohms .
La Société a été autorisée
par la Ville de Paris à placer ses câbles à
la voùle de l'égout sur une largeur de 30
centimètres et une épaisseur de 10.
On voit figure
la place des fils et des crochets A qui les soutiennent
, par rapport à la conduite .
La figure ci dessus montre à plus grande échelle
le crochet de suspension . Chacune de ses trois parties
ou anses contient 17 câbles ; il y a donc 51 câbles
ou 357 lignes en tout . Ce crochet multiple est scellé
dans la paroi par la tige D.
ENTRÉE DES LIGNES DANS LES POSTES
Les câbles aboutissent en grand nombre aux
bureaux centraux ; cette entrée de poste à
raison de son importance doit être bien étudiée
et faite avec méthode . L'égout est sous le
trottoir qui borde la maison .
Un branchement particulier relie l'égout au mur ,
qui est percé ; l'ouverture qu'on y a pratiquée
est remplie par une plaque métallique P perfurée
de 560 trous destinés à donner passage à
autant de câbles . Un regard placé sur le trottoir
donne accès au branche ment par la galer ie C. Le
câble à 14 fils est déroulé dans
toute sa longueur . On n'y fait aucune trouée ou
saignée pour y attacher une ligne d'abonné
; cela aurait beaucoup d'inconvénients . Les fils
d'abonnés ( doubles ) se relient à l'extrémité
du câble à 14 fils et se séparant pour
aller chacun à sa destination . La longueur moyenne
d'une ligne entre un bureau et un abonné est de 1146
mètres dont 833 mètres dans le câble
à 14 fils et 313 dans le câble à deux
fils .
Chez les abonnés , l'entrée du poste est plus
simple . Il n'arrive chez chacun qu'un petit câble
sous plomb contenant deux conduc teurs . Il va de l'égout
à la maison de l'abonné par une tranchée
souterraine . Le petit câble monte ensuite le long
de la façade , ou mieux dans l'intérieur de
la cour si possible , et dans les escaliers de service .
On procède de la même façon sur les
lignes mixles , au point de jonction de la partie souterraine
avec la partie aérienne ; le câble à
2 conducteurs monte le long de la maison jusqu'au poteau
qui la surmonte . Un paratonnerre Bertsch , est monté
sur le poteau et protège la ligne souterraine contre
les accidents de la foudre.
Puisque nous parlons pour la seconde fois des paratonnerres
, nous devons dire qu'ils sont nécessaires quand
une ligne aérienne , exposée aux actions électriques
atmosphériques , aboutit soit à un poste téléphonique
ou télégraphique , soit à une ligne
souter raine , tandis qu'ils sont inutiles à l'arrivée
des lignes souter raines dans les postes , parce qu'aucune
partie de la ligne n'est exposée aux effets électriques
de l'atmosphère .
Rosaces
. Détail.
vue du dehors
Les câbles allant moitié au plafond , moitié
au plancher du sous - sol, pénètrent dans
une chambre ou grande guérite de bois de forme carrée
, avec quatre pans coupés , présentant des
portes pour pénétrer à l'intérieur
. Chacune des faces principales de cette guérite
présente une grande ouverture circulaire , ou rosace
.
Les câbles sous plomb , une
fois entrés dans la guérite , se distribuent
autour de chacune des quatre rosaces, sur la face intérieure
de la cloison. Puis , l'enveloppe de plomb supprimée
, ils sont séparés en sept lignes à
deux fils , traversent la cloison et viennent aboutir à
des serre - fils doubles, les fils conducteurs sont , deux
à deux , couverls de coton de même couleur
; il y a donc 7 couples de fils de sept couleurs différentes
, qu'on place toujours dans le même ordre autour de
la rosace .
Sur un cercle plus grand sont placées
de petites plaqnes de corne sur lesquelles sont gravés
les noms des abonnés . Sur un cercle plus grand encore
sont d'autres étiquettes donnant les numéros
de chaque câble . De chaque serre - fil part un câble
à deux fils recouverts de gutta - percha , qui va
au bureau proprement dit , et que nous allons suivre . La
disposition de ces fils est un point essentiel à
bien faire comprendre . Les quatre rosaces peuvent être
considérées comme les bases de quatre cônes
dont le sommet commun est au centre géométrique
de la guérite . L'idée de la rosace est celle
de faire passer tous ces fils par ce centre , de telle sorteq
u'ils aient même longueur et qu'ils puissent être
interchangés.
En pratique , voici comment l'idée est réalisée
. Les fils sont soutenus à l'intéricur de
la guérite par des cercles. On leur donne une longueur
supplémentaire qui pend au - dessous de l'anneau
et ils montent enfin au plafond pour traverser le sol du
rez - de - chaussée et arrive dans le bureau . Cette
disposition a pour objet de permettre de placer dans le
voisinage les uns des autres , dans le bureau , les appareils
servant à faire communiquer entre eux les abonnés
dont les communications sont le plus fréquentes ,
pour abréger les maneuvres .
La figure, qui est une coupe transversale du bureau , fait
comprendre qu'il est composé de deux parties semblables
se tournant le dos et séparées par un corridor
. C'est dans ce corridor que sont amenés les câbles
. Ils sont tous réunis dans
une boite qui est entre le plancher de la pièce et
un faux plancher placé au - dessus .
On les voit encore dans la figure qui représente
en plan le rez - de - chaussée , où sont réunis
le magasin de vente et bureau de renscignements et les deux
bureaux téléphoniques de 500 abonnés
chacun . Du côté gauche est le point d'arrivée
; les câbles y sont tous réunis ; à
mesure qu'on avance vers la droite , ils se distribuent
aux deux comnutateurs à droite. et à gauche
, et il n'arrive à l'extrémité du corridor
que les câbles nécessaires aux deux derniers
tableaux des deux bureaux .
|
Sommaire
1882 A PARIS : le réseau
se structure et ses caractéristiques techniques se mettent
en place
.Borné par les fortifications le réseau téléphonique
parisien s'organise autour de 9 puis 12 bureaux "centraux".
Ceux-ci sont bien entendu manuels.
L'établissement des communications se fait ainsi : Quant
un abonné veut parler à un autre il peut se présenter
deux cas :
1° le second abonné habite le même arrondissement
téléphonique, c'est le cas le plus simple ;
2° le second abonné habite un autre arrondissement
; la téléphoniste du bureau À, appelée
par le premier abonné, appelle le bureau D, qui appelle
à son tour le second abonné".
Au 1er janvier 1883, la Société
générale des Téléphones comptait
2.692 abonnés à Paris et 1.500 dans les autres départements.
Au 31 décembre 1883, la SGT compte 3 039 abonnés.
Le plus gros central, Opéra, a 603 abonnés ; le
plus petit (rue Lecourbe) avec 50
Les fils sont simplement posés sur des herses métalliques
suspendues à la voûte des égouts. On évite
ainsi de coûteux et impopulaires terrassements. En outre,
les égouts donnent la plupart du temps la possibilité
de pénétrer chez l'abonné sans travaux supplémentaires.
Cependant, cette contrainte, jointe à la surveillance de
l'administration des Postes et Télégraphes, ne facilite
pas la gestion et oblige à des négociations répétées.
Pour diminuer les dépenses de premier établissement,
l'administration fit participer l'abonné aux frais
de construction de la ligne; voici les bases du régime
sous lequel les réseaux de l'État sont exploités
d'après l'arrêté du 1er janvier 1883.
La part contributive de l'abonné aux frais d'installation
est :
Pour les lignes aériennes dans le périmètre
de distribution gratuite des télégrammes par kilomètre
de fil simple de.............. 150 francs
Pour les lignes souterraines : En câble multiple.............
500 francs, En câble simple............... 900 francs
En dehors du périmètre de distribution gratuite,
les fils sont considérés comme des lignes privées,
et soumis aux règlements spéciaux.
Les appareils sont également fournis par l'abonné.
Ainsi un abonné, relié au bureau central par un
fil de 1 kilomètre, aura à payer au moment de la
mise en service de sa ligne :
Pour 1 kilomètre de ligne....... 150 francs
Pour achat d'appareil............. 133 francs
Pour piles et installations........ 75 francs
Soit un total de...................... 300 francs
|
1883
Paris compte Onze centraux manuels
Désignation |
Emplacement
|
Nombre
des abonnés au 1er Août 1883. |
A |
27,
avenue de l'Opéra |
706 |
B |
Rue
Logelbach, Parc Monceaux. |
328 |
C |
204,
boulevard La Ville tte |
193 |
D |
10,
place de la République. |
432 |
E |
24
et 26, rue de Lyon |
100 |
F |
20,
avenue des Gobelins |
7l |
G |
Rue
du Bac. 62 |
187 |
H |
123,
rue Lecourbe |
43 |
I |
80,
rue de Passy |
62 |
L |
42,
rue de Lafayette |
396 |
M |
25,
rue Etienne Marcel |
220 |
0 |
Rue
de la Pépinière |
pas
ouvert |
|
|
RÉPARTITION
Les chiffres placés au-dessous du nom de
chaque bureau indiquent la classe d'abonnés desservis par
ce bureau ;
l'abonné 728-43 sera relié au 43e Jack de la 28e
section du multiple de Saxe ;
l'abonné 1018-24 sera relié au 24e jack de la 18e
section du nouveau multiple des Archives
|
1884,
au 31 mars, la S.G.T dessert en tout et pour tout 11 villes
avec un total de 5.079 abonnés en France+Algérie,
dont 3.227 pour Paris.
Les 11 villes sont : Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux,
Nantes, Lille, le Havre, Rouen, Saint-Pierre-lès-Galais,
Alger et Oran.
Le premier réseau Normand fut celui d'Elbeuf mis en service
le 25 novembre 1884 avec 46 abonnés, suivirent Halluin, Troyes,
Nancy, Dunkerque.
Le 19 juin 1884, paraît au Journal
Officiel, page 3187, un Rapport daté du 4 mai
1884 adressé au Président de la République,
sur l'organisation des services des Postes et des télégraphes
avant et depuis l'année 1878.
Ce rapport est chargé de faire le point, notamment sur
le développement téléphonique en France depuis
1879.
Il y est détaillé qu'en seulement
une année d'exploitation, la ville de Reims compte une
densité d'abonnés par habitants supérieure
à celle des villes placées sous concession privée
de la S.G.T depuis 4 années. (23 abonnés pour 10.000
habitants pour Reims) supérieure à la meilleure
densité d'une ville sous concession de la S.G.T (allant
de 3 à 22 abonnés pour 10.000 habitants)
En conclusion, en une seule année
d'exploitation, l'Administration des Postes et Télégraphes
fait mieux que la S.G.T en 4 années d'exploitation...
LES CORRESPONDANCES TÉLÉPHONIQUES
GRATUITES ET OBLIGATOIRES
Le conseil municipal de Paris vient de supprimer de droit
le mono pole téléphonique qui existait de fait
depuis 1880.
Une autorisation est accordée à un nouveau concurrent
, et le conseil se réserve le droit d'accorder une
semblable autorisation à toule société
nouvelle qui lui en ferait la demande appuyée d'une
concession préalable délivrée par le
ministre des postes et télégraphes .
Les communications entre les différents réseaux
sont gratuites et obligatoires .
Les frais d'installation des fils téléphoniques
destinés à relier les bureaux auxiliaires des
sociétés concurrentes et à mettre en
communication les réseaux entre eux seront supportés
moitié par chacune des sociétés . Le
conseil se réserve le droit d'imposer le nombre de
fils intermédiaires nécessaire pour assurer
la communication aussi rapidement que possible . Nous n'avons
pas à discuter ici les intentions du conseil , qui
certainement sont excellentes , mais nous avons le devoir
d'indiquer les complications techniques que les décisions
prises entrainent .
Sans parler des dispositions spéciales particulières
à chaque bureau , les systèmes téléphoniques
actuels , d'une exploitation possible dans un réseau
, différent :
1 ° Par le transmetteur , qui peut être simplement
magnétique ou à pile , avec bobine d'induction
" ;
2 ° Par les appels , qui peuvent être magnétiques
, à courants alter natifs , ou à piles avec
des courants continus ;
3 ° Par les annonciateurs , qui peuvent être polarisés
ou non , montés en circuit ou montés en dérivation
;
4 ° Par la ligne , qui peut être aérienne
ou souterraine , à simple fil ou à double fil
;
5 ° Par les bureaux centraux , soit qu'on fasse usage
d'un seul bureau central , ou de plusieurs .
Il est peu probable que les diverses compagnies concurrentes
, si elles n'étaient pas concurrentes , les décisions
prises deviendraient inutiles ; car , dans leur intérêt
, elles devraient rapidement disparaitre |
L'arrêté du 26 juin 1879 est remplacé
par l'arrêté du 18 juillet 1884 (BO P&T 1884
n°20 page 845) autorisant à nouveau l'industrie privée
à demander, à partir du 8 septembre 1884, une nouvelle
autorisation d'exploitation, et fixant le cahier des charges.
Dans la foulée, la seule société privée
qui exploite encore des réseaux téléphoniques
en France, la Société Générale
des Téléphones, parvient à faire renouveler
sa concession pour 5 années de plus.
Mais il s'agira du seul renouvellement. À l'issue de
cette période, lÉtat reprendra en propre en
1889 la construction et l'exploitation de tous les réseaux
téléphoniques du pays.
LEtat crée la première ligne importante,
reliant le réseau de la ville de Reims au palais
de la bourse de Paris, quil équipe de cabines
téléphoniques.
En 1884 lLa répartition des postes d'abonnés
dans les quatiers de Paris n'a rien de très remarquable
pour qui connaît un peu l'histoire de cette ville. Une carte
de 1884 révèle que c'est dans le quartier de l'Opéra
(où se trouve installé le central Gutenberg) et
du Sentier que la densité téléphonique était
la plus forte. La totalité de la Rive gauche ne comptait
que quelques rares abonnés. Mais le septième, le
cinquième, le treizième, le quatorzième et
le quinzième arrondissement constituaient un désert
téléphonique, ce qui n'avait rien d'exceptionnel
étant donné que ces quartiers étaient occupés
essentiellement par des universités et des établissements
religieux (couvents, etc.) ou sanitaires. Toutes les activités
économiques se trouvaient concentrées sur la Rive
Droite, dans le huitième et le neuvième arrondissement,
ainsi que les quartiers du Louvre et du Marais. Le point culminant
était La Bourse. Les Champs Elysées connaissaient
un certain développement téléphonique mais
qui n'était pas plus important que celui du dixième
arrondissement bordé par les gares du Nord et de l'Est
et le Canal Saint-Martin.
Ce qu'il faut donc retenir de cette observation
c'est que, en 1884, seules les fonctions commerciales, industrielles
ou artisanales ont véritablement déterminé
la densité téléphonique des quartiers parisiens.
La ségrégation entre quartiers pauvres et quartiers
riches n'était donc pas perceptible au niveau de l'équipement
téléphonique puisque la fonction résidentielle
n'était pas encore prise en compte. A l'exception d'une
concentration de postes d'abonnés autour du Parc Monceau
(établissement récent de la bourgeoisie), le seizième
et le dix-septième connaissaient un équipement téléphonique
assez faible. En revanche, les postes d'abonnés se développaient
dans l'Est, de part et d'autre du canal Saint-Martin, avec les
deux points forts de la Bastille et de la République, ce
qui confirme le caractère déterminant des activités
économiques. Cet axe se prolonge vers la banlieue nord
qui avait bénéficié de la construction d'un
réseau de canaux dès 1813 : les canaux de l'Ourcq,
Saint-Denis et Saint-Martin.
A la fin de 1885,
Paris compte 4.054 abonnés au téléphone.
Evolution
des postes téléphoniques :
A cette époque, pour des raisons économiques,
les téléphones des abonnés n'étaient
pas encore équipés de combiné
pratique comme les opératrices, mais avec
des microphones "à plaque" dans le jargon
des collectionneurs, les charbons modulant le courant
microphonique étaient disposés sous une
plaque en "pichpin", comme le celébre
poste Ader N°4 ,
écouteurs
et microphone sont séparés
Modèle
ADER type installé à partir de 1879-1880
|
|
Associé aux élites urbaine, l'usage du téléphone
à ses débuts, dans la région parisienne, était
marginal et très déterminé par des besoins
professionnels, en même temps que son extension géographique
restait limitée au noyau urbain au détriment de la
banlieue, alors qu'on pouvait croire a priori que la distance constituait
le principal attrait de l'outil. La comparaison avec Londres, pour
la même période, montre à quel point la banlieue
parisienne avait été peu touchée par l'extension
des lignes.
Par son imbrication avec les logiques sociales, l'implantation du
téléphone semble, de prime abord, dépourvue
de cohérence spatiale : tantôt limitée aux concentrations
urbaines, tantôt trop dispersée dans les zones rurales
comme ce fut le cas pour les régions viticoles prospères,
elle défie toute tentative d'explication rationnelle et semble
davantage se conformer aux exigences des classes politiquement influentes.
Le réseau, à l'aube du siècle, était
doublement local. S'agissant d'un téléphone de notables,
la figure du local renvoie à un maillage ponctuel et dispersé
du réseau, contestable par la faible densité des zones
desservies et des échanges effectifs. S'agissant d'un téléphone
accaparé par les élites urbaines, la figure du local
renvoie à la centralité d'une grande ville dynamique
mais introvertie, entretenant peu d'échanges avec son environnement
extra-muros.
Sommaire
|
CHRONIQUE
DE L'ÉLECTRICITÉ
REVUE SCIENTIFIQUE ILLUSTRÉE du 28 Août 1885
Les mois que nous traversons sont spécialement favorables
à la visite des égouts de Paris les plus vastes
et les mieux entretenus du monde entier. Les entrées réservées
aux curieux sont situées l'une près de l'église
de la Madeleine, l'autre sur la place du Châtelet, à
quelques pas de la fontaine. Les jours de visite, une petite tente
est dressée au-dessus de l'entrée, et des lambrequins
de toile donnent au petit escalier ordinaire de messieurs les égoutiers
un air de cérémonie tout à fait rassurant comme
propreté.
Les visiteurs s'installent successivement dans d'élégants
wagonnets à douze places, puis quatre égoutiers, tout
de blanc habillés, s'attèlent aux wagonnets et leur
donnent en courant sur les trottoirs de l'égout une vitesse
pour le moins égale à celle des bons fiacres. Arrivé
place de la Concorde on quitte les wagonnets pour monter dans de
larges barques flottant sur l'eau même du grand collecteur
qui va se jeter dans la Seine à Asnieres, mais comme tous
les collecteurs se ressemblent, la visite s'arrête à
la Madeleine d'où partira un nouveau convoi appelé
à parcourir les mêmes égouts en sers inverse.
Lorsqu'on a la bonne fortune d'être dans le même wagonnet
qu'un des ingénieurs de la ville de Paris, on recueille une
foule de renseignements très intéressants.
Les gros tuyaux goudronnés qui suivent l'égout tantôt
à droite tantôt à gauche et quelquefois à
la clef de voûte sont les conduites d'eau potable ou d'eau
d'arrosage. Le tuyau gros comme le poing, est celui de la poste
pneumatique, le tube d'un pouce de diamètre est celui des
horloges également pneumatiques.
Les tuyaux de gaz sont absolument exclus des égouts comme
présentant un danger analogue à celui du grisou, dans
les galeries de mines, et cette exclusion est d'autant plus humiliante
pour le gaz que sa rivale l'électricité est admise
avec tous les honneurs dus à son importance, et tous les
tuyaux de plomb qu'on aperçoit sur les côtés
de la voûte contiennent des câbles télégraphiques
ou téléphoniques.
La façon de poser les câbles mérite une description
spéciale.
Cette opération à laquelle les Parisiens assistent
journellement, consiste à présenter au-dessus d'une
ouverture spéciale, appelée un regard, une énorme
bobine en tôle de fer sur laquelle sont enroulés quatre
cents mètres de câbles environ. En se reportant à
la vue même de l'égout, on comprendra facilement la
manuvre que comporte la pose d'un câble télégraphique
ou téléphonique, cette pose a toujours lieu sous la
surveillance de l'Etat. |
Un
ingénieur de la Société générale
des Téléphones nous épiait, paraît-il,
dans notre récente visite des égouts et raconte dans
le Petit Bleu du 24 courant qu'il a aperçu en même
temps l'ingénieur de M. Dauderni prendre des mesures minutieuses,
relatives aux dimensions des voûtes.
Il ne se trompait qu'à moitié : notre compagnon de
visite n'avait que faire des diverses dimensions des voûtes,
dont, d'ailleurs, M. Huet venait de lui envoyer les plans; mais
il étudiait, dans le but de les éviter, les fautes
commises par ses prédécesseurs; il nous faisait même
remarquer le piteux état de certains câbles téléphoniques
|
|
|
Ces câbles, appartenant
évidemment à la Société générale
des Téléphones, semblaient prêts à
tomber de vétusté; au lieu d'avoir la rigidité
des câbles télégraphiques placés
au sommet de la voûte, ils pendaient péniblement
entre leurs clous d'attache, semblables à des guirlandes
funéraires ; c'était horrible à voir.
Si la pose a été mal faite, que la Société
s'en prenne à l'Etat; si au contraire les quatre ou cinq
ans au plus qui te sont écoulés depuis la fondation
de la Société des téléphones ont
suffi pour produire dans les câbles les allongements intempestifs
que nous avons constatés, comme ont pu le faire tous
nos covisiteurs, la Société fera bien de prendre
un parti énergique et de remplacer immédiatement
tous ses câbles en gutta-percha sortant de son usine Ratier,
par des cales Berthoud-Borel dont elle a prudemment acheté
les brevets en France, et dont elle semble ne rien faire.
L'idée d'employer pour les câbles terrestres ou
en égout une matière putrescible comme la gutta-percha,
est déjà une idée assez baroque de M. Cochery;
l'ancien ministre avait au moins comme excuse qu'il n'était
pas électricien. Les directeurs de la Société
des téléphones ne sont pas dans le même
cas, et puisqu'ils ont acheté les brevets Berthould-Borel,
c'est qu'ils comprenaient qu'il leur faudrait tôt ou tard
renoncera à la gutta, et alors pourquoi continuent-ils
à faire poser des câbles coûteux, susceptibles
de fondre dans les égouts voisins des lavoirs, des établissements
de bains, et en général de tous les endroits où
les eaux de condensation des machines à vapeur sont rejetées
à une température élevée ?
|
Sommaire
1888 SITUATION DES RESEAUX TÉLÉPHONIQUES EN FRANCE
VILLES
on sont établis
les réseaux
|
DATE
de la mise en
service
|
NOMBRE
D'ABONNÉS EN
|
1880 |
1881 |
1882 |
1883 |
1884 |
1885 |
1886 |
1887 |
1888 |
PARIS
|
Septemb. 1879
|
479
|
1245
|
2347
|
3039
|
3784
|
3983
|
4548
|
5276
|
6120
|
LYON
|
Octobre...1880
|
33
|
216
|
356
|
498
|
582
|
344
|
694
|
730
|
755
|
MARSEILLE
|
Décembre.1880
|
25
|
142
|
257
|
359
|
386
|
397
|
391
|
407
|
421
|
BORDEAUX |
Juin............1881
|
..
|
114
|
232
|
298
|
323
|
352
|
371
|
403
|
431
|
NANTES |
Janvier......1881
|
..
|
67
|
78
|
87
|
90
|
91
|
105
|
104
|
113
|
LE
HAVRE |
Avril..........1881
|
..
|
109
|
155
|
188
|
196
|
199
|
191
|
237
|
271
|
LILLE |
Février......1882
|
..
|
..
|
94
|
134
|
'1'
|
<<
|
<<
|
<<
|
<<
|
ROUEN |
Juillet .......1883
|
..
|
..
|
..
|
65
|
98
|
103
|
113
|
118
|
148
|
CALAIS |
Juillet .......1883
|
..
|
..
|
..
|
89
|
107
|
107
|
107
|
82
|
58
|
St-ETIENNE
|
Octobre....1885
|
..
|
..
|
..
|
..
|
..
|
26
|
96
|
105
|
104
|
ALGER |
Juillet........1883
|
..
|
..
|
..
|
17
|
21
|
33
|
77
|
88
|
92
|
ORAN |
Août ........1883
|
..
|
..
|
..
|
30
|
49
|
59
|
55
|
38
|
36
|
|
TOTAUX |
537
|
1893
|
3519
|
4804
|
5636
|
5694
|
6748
|
7588
|
8549
|
(1) I,c réseau
de Lille a été repris par l'état à
la fin de 1884.
|
|
VILLES
on sont établis
les réseaux
|
DATE
de la mise en
service
|
NOMBRE
D'ABONNÉS EN
|
1883 |
1884 |
1885 |
1886 |
1887 |
1888 |
Amiens
|
01 Mai
|
.. |
.. |
.. |
38 |
48 |
53 |
Armentieres
|
01 Juin 1885
|
.. |
.. |
12 |
13 |
15 |
13 |
Boulogne.sur.Mer....
|
16..février..1886
|
.. |
.. |
.. |
27 |
27 |
25 |
Caen
|
16....Novembre
|
.. |
.. |
.. |
23 |
26 |
25 |
Cannes
|
01 Mars 1986
|
.. |
.. |
.. |
68 |
94 |
126 |
Dunkerke
|
15 Oct 1984
|
|
46 |
79 |
90 |
103 |
120 |
Elbeuf
|
25 Nov 1884
|
.. |
47 |
52 |
52 |
57 |
56 |
Fourmies
|
01 Fev 1887
|
.. |
.. |
.. |
.. |
116 |
122 |
Halluin
|
11 Fev 1884
|
.. |
9 |
10 |
11 |
11 |
11 |
Lille
|
11 Fev 1884
|
.. |
149 |
159 |
232 |
295 |
352 |
Nancy
|
17 Déc 1884
|
.. |
68 |
104 |
119 |
138 |
156 |
Nice
|
22 Déc 1886
|
.. |
.. |
.. |
7 |
19 |
62 |
Reims
|
01 Avr 1883 |
206 |
235 |
256 |
289 |
342 |
382 |
Roubaix-Tourcoing
|
01 Avr 1883 |
172 |
244 |
297 |
381 |
451 |
530 |
Saint-Quentin
|
31 Déc 1883 |
36 |
49 |
64 |
88 |
96 |
106 |
Troyes
|
01 Avr 1884 |
.. |
125 |
130 |
137 |
145 |
149 |
|
TOTAUX |
414 |
972 |
1163 |
1575 |
1983 |
2288 |
|
En 1888,
l'exploitation interurbaine manuelle est généralisée
entre toutes les villes qui sont équipées d'un réseau
téléphonique urbain déjà en service.
Le 3 août 1888 est établie la première
communication téléphonique manuelle entre Paris et Marseille.
1889
Paris comptait 6 300 lignes : comment faire face à
l'évolution ?
|
|
L'expérience de l'industrie
privée, sévèrement encadrée par
lÉtat, n'a pas été une réussite
en terme de développement du nombre de réseaux,
d'accroissement des réseaux, de souscription de nouveaux
clients et encore moins de leur satisfaction.
À cet échec, deux explications sont avancées
:
Suivant ses propres opinions de pensée, l'on pourra
choisir celle qui nous satisfera le mieux, mais peut-être
la vérité est-elle située quelque part
entre ces deux options :
1) la Société Générale des Téléphones
accuse lÉtat d'avoir dès le départ
entravé la libre entreprise administrativement par
une sur-réglementation et surtaxé de manière
trop lourde et inconséquente les recettes, sans considérer
les dépenses d'investissement et les frais d'exploitation
à engager avant de pouvoir produire des profits taxables.
2) lÉtat accuse la S.G.T de plus penser à
rétribuer grassement ses actionnaires, plutôt
que d'investir dans l'ouverture de nouveaux réseaux,
dans leur développement et dans l'embauche de personnel
en nombre suffisant pour faire évoluer les réseaux
et le service.
La loi de Nationalisation, est votée le 16
juillet 1889
Elle autorise l'Etat à racheter en
10 annuités, les réseaux téléphoniques
appartenant à la Société Générale
des Téléphones. |
Photo ci dessus : Le dimanche 1er septembre 1889,
douze Ingénieurs (ou sous-Ingénieurs) des P &
T, mandatés par M. le Directeur-Ingénieur de la région
de Paris - Caël, prennent possession au nom de lÉtat
des douze Centraux Téléphoniques de Paris.
Chaque ingénieur est accompagné par un Commissaire
de Police et d'une ordonnance du Président du Tribunal de
Commerce de Paris.
Il en sera de même pour toutes les villes de province ou des
colonies concernées par cette nationalisation.
Chaque Commissaire de police lit l'arrêté du 30 août
1889 à haute voix, puis chaque responsable local de la Société
Générale des Téléphones remet une protestation
écrite, le tout en présence d'huissiers de justice.
À la reprise par l'État, le Réseau de Paris
compte 6.504 abonnés au téléphone.
Le 1er septembre 1889 à 17H10, la dépêche télégraphique
de Paris qui parvient aux principaux journaux de France résume
la situation :
« Les douze ingénieurs nommés par lÉtat
se sont présentés ce matin, chacun suivi par un commissaire
de police, dans les douze centres téléphoniques de
Paris. La remise des services a eu lieu sans incident notable ;
la Compagnie des Téléphones a opposé, pour
la forme, une protestation. »
Désormais, lorsque l'on veut s'abonner au téléphone
dans une ville ouverte à l'exploitation, il faut se rendre
dans son bureau de poste de rattachement pour y souscrire. Il en
sera ainsi jusqu'en 1954.
Sous l'il de l'administration
:
Les termes de la
concession sont sévères, et l'on peut penser que la
lourdeur des charges qui pèsent sur la rentabilité
de la concession n'est pas étrangère aux difficultés
du téléphone français.
Ainsi, la concession est d'une durée très courte (cinq
ans), alors qu'en Belgique les concessions sont de vingt-cinq ans
; en Espagne, vingt ans ; en Autriche, dix ou cinq ans selon la
ville.
En outre, l'État se réserve de prélever 10
% des recettes brutes, soit, pour les quatre premières années
d'exploitation et pour l'ensemble des réseaux de la SGT,
soit 433 000 francs.
Lors de la reprise du réseau
par l'État, la croissance du nombre des abonnés
(6 300) impose de revoir la géographie du réseau,
ainsi que son exploitation et les spécifications techniques
des câbles employés.
Un article paru dans la Nature donne le point de vue de l'administration
à cet égard.
A lire ces lignes, l'abonné est le principal ennemi du
réseau ; la multiplication des services offerts, une complication
dont on se passerait bien ; la réalisation d'un service satisfaisant
pour le public, « un idéal aussi irréalisable
que la pierre philosophale ou le mouvement perpétuel ».
Il faut dire que, en ces années 1890, les centraux manuels
ont atteint les bornes de leurs possibilités.
Les gains de productivité se font essentiellement en augmentant
la productivité du personnel (rationalisation du travail
des opératrices, chronométrage), ce qui conduira d'ailleurs
aux grandes grèves de 1906-1909.
L'autre moyen d'obtenir des gains de productivité consiste
en une réorganisation du réseau.
Celle-ci est rendue nécessaire par l'expansion du téléphone
parisien : non seulement le nombre des abonnés a crû
globalement, mais le taux de croissance varie beaucoup d'un central
à l'autre.
Sommaire
Le 25 octobre 1889, les Réseaux Téléphoniques
des villes de Paris, Bordeaux et Lyon sont classés dans
la catégorie des réseaux souterrains.
Les Réseaux Téléphoniques de toutes les autres
villes déjà existants à ce jour sont classés
en réseaux aériens.
En 1890 débute l'ouverture au téléphone
manuel de la banlieue parisienne. 48 réseaux annexes de
Paris seront créés jusqu'en 1893.
En 1890, Paris comptera
7 800 abonnés. et 10 000 abonnés
au total pour la France
Progression du nombre d'abonnées à Paris entre 1883
et 1890
Le quartier de l'Opéra, y compris le secteur de la rue
Lafayette, compte toujours un fort pourcentage d'abonnés,
mais le cur du système s'est déplacé
vers les quartiers industriels et commerciaux de la rue Etienne-Marcel
et de la place de la République.
Faut-il, pour répondre à cette évolution,
multiplier le nombre de centraux ?
Plus ceux-ci sont disséminés, moindre est la longueur
de chaque ligne d'abonné ; on obtient donc un coût
d'établissement moins élevé, ainsi qu'une
meilleure qualité de transmission, puisque, en l'absence
de tout dispositif d'amplification, l'affaiblissement est directement
proportionnel à la longueur du câble.
En revanche, la nécessité de passer au moins
par deux centraux pour la majorité des communications devient
une gêne considérable : lenteur d'établissement
des communications, affaiblissement du signal compensant le gain
réalisé par le raccourcissement des lignes.
Enfin, la multiplication des centraux multiplie les opératrices,
dont le salaire est devenu le poste le plus lourd dans l'exploitation
du réseau.
|
Sommaire
En
1890-1891, l'administration décide de modifier
le réseau de Paris.
L'idéal serait de relier tous les abonnés de Paris
à un central unique : le nombre des abonnés et la
longueur des lignes nécessaires empêchent de recourir
à cette solution.
On adopte alors une solution médiane : le nombre
des bureaux de quartier sera réduit à quatre seulement,
dont l'un beaucoup plus important que les autres.
La SGT pallie ces inconvénients en bricolant les lignes
auxiliaires ou en groupant les abonnés par affinité
; dans un réseau à 10 000 abonnés, il n'en
est plus question.
Le grand bureau central sera localisé rue Gutenberg,
près des Halles, pour tenir compte du déplacement
du centre de gravité du trafic, et pourra desservir 6 000
abonnés du centre.
Un autre bureau, avenue de Wagram, desservira 3 000 abonnés
à Auteuil, à Passy et aux Batignolles ; un troisième
bureau, rue de Belleville, reliera 6 000 abonnés
à Ménil-montant, la Villette, Belleville ... ; un
quatrième bureau desservira la rive gauche.
Le tout devrait permettre d'atteindre 20 000 abonnés.
Parallèlement, les spécifications techniques des
câbles évoluent et la structure du réseau
se complique.
L'administration abandonne les câbles sous plomb de la SGT,
car l'expérience a montré que la gutta percha qui
servait d'isolant, si elle est pratiquement inaltérable
en milieu sous-marin, perd ses propriétés lorsqu'elle
est exposée à l'air. Les nouveaux câbles sont
isolés au papier et à circulation d'air.
En même temps, le réseau est systématiquement
hiérarchisé, et de nouvelles notions, comme les
manchons de jonction ou les chambres de coupures, sont introduites.
En 1891, l'organisation du réseau est la suivante
:
« La ligne double, sans fil de plomb isolé à
la gutta percha, partant de l'appareil d'un abonné arrive
à l'égout, où elle rencontre d'autre lignes
doubles et suit parallèlement ces autres lignes jusqu'à
un manchon de jonction qui sert à relier 7 abonnés
à un câble sous plomb à 14 fils isolés
au papier.
Sept câbles semblables correspondant à 49 abonnés
aboutissent à une chambre de coupure, d'où part
un câble à 104 conducteurs (49 lignes plus 3 de réserve).
Ces câbles à 104 conducteurs arrivent directement
dans le bureau central .
Hiérarchiser ainsi le réseau permet de disposer
de réserves de transmission, seule la dernière partie
de la ligne devant être construite pour raccorder un nouvel
abonné.
Cela permet aussi de procéder plus rapidement aux réparations.
Enfin, en 1891, l'administration se préoccupe de
la qualité de la transmission, donc de la longueur des
lignes : si la longueur moyenne des câbles à 2 fils
reliant chaque abonné à un manchon de jonction est
faible, la longueur moyenne des câbles de 7 abonnés
est de 2 km et celle des câbles de 49 abonnés de
1 600 m, ce qui correspond à une qualité de transmission
assez médiocre.
|
En
outre, l'évolution technique des câbles et l'augmentation
de leur capacité commencent à poser le problème
de la localisation du réseau dans les égouts : l'encombrement
à proximité des centraux est excessif.
A partir de 1891, l'administration des téléphones
tente, non sans de grosses difficultés, d'établir
quelques liaisons en tranchées.
Surtout, après 1900, un procès met aux prises l'administration
et la Ville de Paris.
Celle-ci n'avait autorisé la SGT à se servir des égouts
que moyennant une taxe très élevée, un droit
de location basé sur le kilomètre de ligne posée.
Après le rachat par l'État, l'administration des télégraphes
a cessé purement et simplement de payer quoi que ce soit
à la Ville, arguant qu'il s'agissait d'un réseau d'intérêt
public.
Vers 1901, l'arriéré est tel que, de toute façon,
l'administration ne pourrait plus payer.
En outre, la taxation sur la base du fil ne rend plus compte des
progrès de la technique, à une époque où,
pour une grande longueur de fil, les câbles assurent une faible
occupation des égouts : elle correspond à une redevance
d'un million de francs par an.
Mais le procès fait apparaître que l'administration
n'a aucune idée de la longueur des câbles qu'elle a
enterrés dans le sous-sol de Paris, ni de leur localisation
; à cet égard, la carence de la SGT a été
manifeste.
A partir de 1884, craignant le non-renouvellement de sa concession,
la société a cessé totalement d'investir dans
le réseau, y compris en hommes.
Après 1889, l'administration reste faible numériquement,
même si la direction des services téléphoniques
de Paris en représente le secteur le plus qualifié
et le plus autonome. |
|
II faudra une dizaine d'années pour appliquer réellement
le plan de 1891.
Tous les bureaux créés par la SGT, à l'exception
de celui de Passy, sont successivement fermés : trois en
1894 ; trois en 1895 ; deux en 1900.
Ils sont remplacés par d'autres. Le central Gutenberg,
le plus important, est commencé dès 1893.
Pour la rive gauche, un central neuf est mis en service en 1900,
avenue de Saxe.
Enfin le central de la rue des Sablons, inauguré en 1908,
dessert Passy et Auteuil.
Cependant, le nombre de quatre centraux seulement, annoncé
dans les études de 1891, ne peut être tenu.
Après les modifications de circonscriptions intervenues
en 1904 pour rentabiliser au maximum les disponibilités existantes,
la ville de Paris, en 1907-1908, sera divisée en sept circonscriptions
correspondant à sept centraux téléphoniques. |
Sommaire
1893
Central manuel de Gutenberg Le Nouvel Hôtel des
Téléphones.
En 1893, Paris se dote d'un Hôtel des Postes
moderne, dénommé le Bureau K, équipé,
au départ d'un premier Commutateur Multiple en série
à Batterie Locale, construit sous licence US par la Société
Aboilard, future société
LMT (Édification décidée
en 1889 dès la nationalisation).
La capacité de ce Commutateur Multiple en Série
à Batterie Locale est de 6.000 abonnés.
Voici comment on annonce aux lecteurs du Petit Parisien du 14
novembre 1891 ce Nouvel Hôtel des Téléphones.
Nos lecteurs savent déjà qu'afin d'assurer de façon
régulière la marche du service téléphonique
réparti dans un certain nombre de bureaux distincts, l'Administration
générale des Postes et Télégraphes a
dû décider la construction d'un immeuble où
ce service, plus important chaque jour, se trouverait installé,
avec l'espace, la lumière et le confortable indispensable
à son fonctionnement. Ils savent encore que c'est sur un
terrain de 1350 mètres carrés, qui se trouve délimité
par les rues du Louvre, Gutenberg et Jean-Jacques Rouseeau, non
loin de la Bourse du Commerce. que s'élève cet immeuble
auquel nous avons consacré une chronique lorsque sortirent
du sol, bouleversé par des tranchées profondes, les
premières lignes épaisses de ses fondations.
Plusieurs mois sont nécessaire encore pour l'achèvement
complet de l'édifice, mais les travaux sont assez avancés
cependant pour qu'on puisse, dès aujourd'hui, le juger dana
son ensemble. Le nouvel hôtel des Téléphones
affecte la forme d'un parallélogramme dont les extrémités
sont arrondies: Il se compose de quatre salles superposées,
mesurant 65 mètres de longueur sur 10 mètres
de largeur, et les deux premières sont éclairées
sur la façade principale, rue Gutenberg, par une verrière
de proportions considérable, puisqu'elle ne mesure pas moins
de 12 mètres de hauteur. Cette verrière, une vraie
merveille de légèreté et de hardiesse, est
constituée par une série de minces colonnes de fer
reliées entre elles par
une arcature métallique dont l'entablement se trouve formé
par le troisième étage, au-dessus duquel vient s'appuyer
en encorbellement une loggia qui répète en double
l'arcature de la verrière primcipale. Toute cette afçade
est portée au rez-de-chausée sur un puissant soubassement
à colonnes
de pierre dure qui donne l'idée d'un vieux cloître,
et dont les entrecolonnements sont destinés au remisage des
voitures de l'administration.
Ajoutons que, si l'architecte de ce monument, M. Boussard, a pu
donner grand air a l'extérieur de l'édifice dont il
a conçu les plans, il a su lui imprimer aussi un caractère
d'originalité qui ne manquera pas de séduire, lorsque
séront tombés les échafaudages qui sont, à
cette heure, accrochés le long des murs. C'est qu'en effet
les moellons et les briques ordinaires ont été remplacés,
dans les parties demi-circulaires qui servent de chassis à
la grande verrière dont nous avons parlé par des motifs
en terre cuite et des briques émaillées dont la teinte
gris-perle, très douce à l'oeil et d'un heureux effet,
fera ressortir à merveille l'architecture élégante
des façades qui se trouvent en bordure sur la rue du Louvre
et sur la rue Jean-jacques Rousseau. Mais l'architecte n'a pas voulu
tout sacrifier l'ornementation extérieure du nouvel hotel
des Téléphones, et la décoration
intérieure des salles a été aussi de sa part
l'objet d'un soin spécial.
Qu'allas vont être heureuses, désormais, ces demoiselles
du Téléphone .
Plus de plafonds uniformément gris ou brûlés
de ci de là par la flamme du gaz.
Plus de muraines tapissées d'un mauvais papier triste ayant
pour bordures de larges raies noires, rouges ou verte .
Plus de tout cela.
Les plafonds sont en remplissage de terre cuite, joyeuse a la vue,
et le long des murailles, face à la verrière, une
frise décorative, conçue selon le mode étrusque,
fera défiler, peints dans les gammes douces des personnages
primitifs procédant à la manipulation mais peut-être
ces personnages sont-ils bien en avance sur l'époque qui
leur est assignée par le décorateur des appareils
compliqués et nouveaux du télégraphe et du
téléphone.
Dans la ligne médiane des salles se trouveront les appareils
en pleine lumière, et les quatre salles prévues par
l'architecte, mais dont deux seulement seront mises en service jusqu'à
nouvel ordre, communiqueront entre elles par deux escaliers construit
en matériaux incombustibles, brique, ciment et fer. En somme,
l'aménagement intérieur de cet édifice, qui
doit répondre à des besoins différents, fait
le plus grand honneur à son architecte, qui a tout prévu,
non seulement au point de vue de l'élégance, ce qui
est bien, mais aussi au noint de vue du confortable et de l'hygiène,
ce qui vaut infiniment mieux. Les travaux, commencés le 1er
mai dernier, seront la veille d'être achevés à
la fin de cette année.
Toutefois ce n'est qu'au mois de mai prochain que l'hôtel
des Téléphones, complètement terminé,
recevra son personnel.
Nous venons de parler de la cage; veut-on vont l'habiter, et dont
le chant doucement mélancolique « Allô allô
» nous est bien familier ?
Les demoiselles du téléphone sont à l'heure
actuelle, au nombre de 550 et elles sont chargées
d'assurer le service de 11 000 abonnés, un
chiffre double, s'il vous plaît, de celui constaté
au 1er septembre 1889.
Leur effectif s'accroit d'une unité chaque fois que l'administration
compte vingt-cinq abonnés . Au nouvel autel ou elles vont
habiter dans les premiers mois de 1'an prochain, vont être
amenés toutes les lignes des abonnés du centre de
Paris, dont le service est fait, pour le moment, par 12 bureaux
centraux, ceux notamment de l'Opéra, des rues d'alnjou,
Etienne Marnel, Lafayette, de Lyon, Château-d'Eau, etc.
Simultanément viendront se grouper rue Gutenberg les lignes
àgrande distance, les lignes extra-muros et toutes celles
qui relient au réseau général les 120 cabines
téléphoniques installées à Paris.
Tandis que s'exécutera ce travail considérable, l'Administration
fera procéder à l'installation délinitive du
bureau central de l'avenue de Wagram dont le fonctionnement est
provisoirement assuré depuis le mois de juillet dernier et
qui pourra faire face aux exigences d'au moins 3000 abonnés,
on compte également créer un bureau central à
la Villette.
Le grand avantage de l'hôtel de la rue Gutenberg sert de rendre
plus faciles et de beaucoup plus rapides les communications demandées,
et cette rapidité sera donnée par la suppression des
bureaux intermédiaires, qui sont bligés,
actuellement, de recourir les uns aux autres pour assurer la marche
du service.
Disons en terminant que les messages téléphonés
le mois dernier ont atteint le chiffre énorme de 10 000;
qu'il existe quarante réseaux annexes pour desservir la banlieue,
et qu'afin de donner satisfaction à ses abonnés, plus
nombreux chaque jour, l'Administration des Postes et Télégraphes
et le chef de l'exploitation du service téléphonique,
M. Berthot, ont décidé de doter l'Hôtel de la
rue Gutenberg d'appareils nouveaux perfectionnés.
Un chiffre pour finir : ces appareils ne vont pas coûter moins
de 700,000 francs. |
Sommaire
L'Ouverture de L'Hotel central des
téléphones : GUTEMBERG
Pour PARIS rue Gutenberg, le système dit
multiple constitue une amélioration considérable.
Vu
dans Le journal illustré du 3 septembre 1893
Enfin l'hotel
des téléphones est achevé et il faut espérer
que les abonnés cesseront de gémir sur la lenteur
et la difficultés des communications provenant de ce qu'a
chaque station, chaque fil devait être embranché, ce
qui faisait perdre beaucoup de temps.
Cet Hotel des téléphones est un magnifique monument
situé rue Gutemberg.
Il a été bâti sur la petite bande de 1000 métres
de terrain qui resta à l'Etat, entre la rue du Louvre et
la rue Jean-Jacques Rousseau, après l'édification
de l'hotel des Postes.
Commencé en Avril 1891 sous la direction de M. Boussard,
architecte, auquel on devait dèjà les plans de la
Caisse d'Epargne Centrale, située rue Saint Romain, ul présente
un aspect entièrement nouveaux, tant par l'emploi presque
exclusif de la brique vernisée et du fer, que par la prédominances
des vides sur les pleins, ce qui lui donne l'aspect d'une vaste
ruche vitrée. La grande façade, tout en fer, fait
preuve d'une hardiesse inaccoutumée dans l'emploi du métal
; le complément est en brique émaillées de
couleur blanche veinées de vert, suivant des procédés
qu'on dit restitués de l'industrie persane.
Il en résulte pur l'ensemble un aspect de légèreté
et un éclat qu'on est plus habitué à trouver
aux constructions orientales qu'a celles de l'occident. La moindre
pluie lavera spontanément toute cette faïence et la
fera paraitre éternellement neuve.
De l'aveu de personnes autorisées, ayant visité la
plupart des installations téléphoniques de l'Europe
et de l'Amérique, les salles de l'hôtel des Téléphones
de Paris sont les plus belles qui existent au monde. |
Gutenberg
Cliquez sur un étage pour voir en détail
|
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Ces salles mesurent
60 mètres en longueur et 10 en largeur; leur hauteur de plafond
est d'au moins 5 mètres.
Chacune d'elles a la forme d'un rectangle allongé, terminé
à ses deux bouts par des demi-cercles. De vastes baies distribuent
la lumière. Dans le sous-sol, les trois foyers d'un grand
calorifère fournissent la chaleur à tous les étages.
Au-dessus des chambres de chauffe, un ventilateur puissant répartit
dans la tuyauterie une forte colonne d'air comprimé, provenant
de la distributionde la compagnie Popp. C'est cette colonne d'air
qui répandune douce chaleur dans les différentes salles.
L'été, au contraire, lorsque le calorifère
reste inactif, le même ventilateur sert à l'aération
de l'immeuble, et maintient la fraîcheur si nécessaire
au nombreux personnel groupé autour des appareils...
Le commutateur multiple qui fonctionne à l'hôtel des
Téléphones a été imaginé, en
1880, par MM. Haskins et Wilson, dont la Western
Electric CI, de Chicago, exploite les brevets. Il a été
fourni à l'Administration française par la Société
de matériel téléphonique, installée,
à Paris, sous la direction de M. Aboilard.
Principe du commutateur multiple.
Le multiplage consiste à mettre sous la main de chaque téléphoniste
tous les abonnés du réseau, de façon qu'un
seul opérateur puisse relier, sans intermédiaire,
un abonné quelconque, du groupe qu'il dessert, avec l'un
quelconque de tous les autres abonnés.
Le grand panneau vertical, divisé par des traverses en six
compartiments, est rempli par des réglettes horizontales,
superposées, et percées de trous ronds. Le plateau
horizontal supporte deux rangées de chevilles métalliques.
Le petit panneau vertical est garni d'avertisseurs dont les volets,
en s'abattant, laissent voir les numéros.
Sur la tablette horizontale, sont alignés des leviers de
manoeuvre et des boutons d'appel.
Trois téléphonistes sont assises devant chaque table
et se partagent le travail.
De petites tables, disposées de place en place, en face des
grandes, servent de bureau aux surveillantes qui, de là,
par une manoeuvre très simple, et à l'insu de leurs
subordonnées, peuvent contrôler la march-e du service.
Notre gravure permet d'apprécier l'affectation des divers
étages.
Un immense hall de 60 métres de long recevra 90 employés
pour les chaque étage 1,2 et 3. |
Regardons
le deuxième étape :
Le meuble, qui occupe toute la longueur d'une grande salle, bien
éclairée et bien aérée, se divise en
42 tables..
Devant chaque table sont assises trois téléphonistes
et chacune d'elles doit s'occuper de 80 abonnés dont les
annonciateurs sont placés à portée de sa main.
Mais ici, si chaque téléphoniste ne peut recevoir
l'appel que des 80 abonnés dont elle a le soin, elle peut
directement donner la communication avec les 6000 abonnés
dont le numéro commence par un 1 et elle a devant
elle six mille petits trous, les jack, dont chacun correspond au
numéro d'un abonné.
Suivons mainlenant l'opération.
L'annonciateur donne le numéro de l'abonné qui sonne
: aussitôt la demoiselle prend un cordon, terminé par
une fiche en cuivre, et l'enfonce dans le jack de cet abonné
avec lequel elle se met en communication en abaissant une clef;
si l'abonné appelant n'est plus à l'appareil, elle
le rappelle à l'aide d'un bouton situé à gauche
de la clef.
Si l'abonné appelant demande un abonné dont le numéro
commence par un 1 l'opération est simple : elle prend une
seconde fiche en cuivre et la présente sur le bord du jack
correspondant à l'abonné appelé : elle entend
aussitôt à l'aide du récepteur appliqué
à son oreille, si la ligne est libre ou non : si la ligne
n'est pas libre il y a une sorte de craquement et elle répond
à l'abonné appelant qu'il faut attendre un peu. Si
au contraire la ligne de l'abonné appelé est libre,
la téléphoniste enfonce complètement sa fiche
dans le jack et elle sonne à l'aide d'un bouton situé
à droite de la clef. Dès que l'abonné appelé
a répondu elle n'a plus qu'à relever sa clef et la
communication est établie entre les deux abonnés.
La communication terminée, elle remet tout en place, l'annonciateur
et les deux fiches qui servirent à la communication. |
Si le numéro de l'abonné
appelé commence par un 2 ou par tout autre chiffre, il
faut, recourir à une autre téléphoniste soit
de l'étage supérieur soit des bureaux dont nous
avons donné la nomenclature, et les deux abonnés
communiquent par l'intermédiaire d'une ligne auxiliaire
à laquelle tous deux sont momentanément reliés.
Il en va de même pour le cas où un abonné
demande une des lignes interurbaines : la téléphoniste
le met en communication par l'intermédiaire de ses collègues
qui, au premier étage de la rue Gutenberg, sont préposées
au service des lignes de la province et de l'étranger.
Notons maintenant que derrière les téléphonistes
assises à leurs tables, se tiennent les surveillantes :
il y a une surveillante pour 4 tables,c'est-à-dire pour
12 téléphonistes, et par une disposition ingénieuse,
chaque surveillante, installée à son bureau, peut
à l'aide du microphone entendre les téléphonistes,
ce qu'elles disent et répondent aux abonnés, en
un mot se rendre compte de leur travail.
De l'autre côté du meuble se tiennent les téléphonistes
affectées au service de l'arrivée, c'est-à-dire
qui donnent aux différents bureaux la communication avec
les 6000 abonnés du 2' étage de la
rue Gutenberg.
Au l'étage du poste de la rue Gutenberg, inauguré
en 1893, sont les abonnés dont le chiffre commence par
un 2 et nous pouvons voir déjà ici certain perfectionnement
que nous retrouverons plus loin à la rue Desrenaudes.
Au 1" étage
sont placées les lignes interurbaines; ici la téléphoniste
a en plus de son service habituel une comptabilité à
tenir pour les communications qui se paient à part, et
des numéros d'ordre à donner aux abonnés
qui demandent la communication avec les villes de province et
de l'étranger dont les circuits sont déjà
occupés ou retenus.
Sommaire
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L'installation
de la rue Gutenberg est convenable : l'air et la lumière
n'y font pas défaut et les jeunes filles ne sont pas dans
de mauvaises conditions hygiéniques : chacune d'elles a à
sa disposition une petite armoire en bois qui lui sert de vestiaire.
Et comme la coquetterie ne perd jamais ses droits chez la Parisienne,
si vous ouvrez la porte d'une de ces armoires, vous ne manquerez
pas de trouver un miroir devant lequel la jeune fille se recoiffe
hâtivement, son travail accompli; et puis,faut-il le dire,
sur un des rayons, l'inévitable petite boîte de poudre
de riz !
Une surveillante |
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GROUPES D'ARRIVÉE DU BUREAU DE SAXE.
A, jacks généraux.
B, jacks d'occupation et de non-réppnse.
G, monocordes des lignes auxiliaires d'intercommunication.
D, lampes de supervision.
E, boutons d'appel.
F, poste d opératrice.
G, prise de poste d'opératrice.
H, lampe pilote d'appel.
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Grand
Hall des multiples du bureau de WAGRAM |
Les
lignes de départ sont mises, a l'aide de jacks
généraux qui les répètent dans
tous les groupes du multiple A, à la disposition
de chaque téléphoniste.
Ces groupes sont appelés groupes de départ
.
Si un abonné du multiple A demande un abonné
du multiple B, la demoiselle reliera par un cordon souple
le jack individuel de son abonné avec le jack général
d'une de ses lignes de départ vers le bureau B ;
dans celui-ci, cette même ligne, sous le nom de ligne
d'arrivée, sera mise en relation avec l'abonné
demandé.
Toutes ces lignes d'arrivée, destinées
uniquement à permettre la mise en communication des
abonnés du multiple A avec ceux du multiple B, se
terminent au bureau B par un simple cordon souple et une
fiche. Toutes les fiches des lignes d'arrivée sont
placées sur un multiple spécial formant ce
qu'on appelle les groupes d'arrivée.Sur ces groupes
sont distribués, comme dans les groupes de départ,
tous les jacks généraux des abonnés
du bureau B.
Des lignes spéciales, dites de service, relient les
demoiselles du bureau A avec les téléphonistes
des groupes d'arrivée du bureau B .
C'est en utilisant ces lignes de service, que la téléphoniste
de B indique à la demoiselle de A le numéro
de la ligne de départ qu'elle doit employer pour
lui passer l'abonné demandeur.
Si l'abonné du multiple B ne répond pas ou
si sa ligne n'est pas libre, la téléphoniste
du groupe d'arrivée de B, sans plus perdre son temps,
place la fiche monocorde dans un des jacks spéciaux
dits « jacks de non réponse » ou «
jacks d'occupation » qui, reliés à un
vibrateur, l'ont entendre à l'abonné de A
le rythme particulier, signe convenu de non réponse
ou d'occupation de l'abonné demandé.
Ce dispositif réalise une notable économie
de temps, puisqu'il supprime toute conversation entre l'opératrice
et le demandeur.
|
GROUPES
DE DÉPART
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Dans les centres manuels, les gains de productivité
se font essentiellement en augmentant la productivité
du personnel (rationalisation du travail des opératices,
chronométrage) ce qui conduira d'ailleurs aux grandes
grèves de 1906-1909.
Une cantine fournit, au prix coûtant, des repas chauds
et des boissons hygiéniques.
Au bureau de Passy Sablons, d'agréables terrasses qui
dominent tout le quartier offrent aux demoiselles pendant l'été
un peu d'air et de fraîcheur.
On voit, par ces quelques détails, le souci que prend
l'État pour faciliter aux téléphonistes
leur tâche fatigante, énervante et souvent ingrate.
Sommaire
|
A PARIS, VISITONS
L'HOTEL CENTRAL
DES TÉLÉPHONES A PARIS
Exrait
de "Le Figuier" avenue de l'Opéra
Cet hôtel a été
ouvert au service en février 1894. Il occupe un côté
de la rue Gutenberg, qui le sépare de l'hôtel
des Postes.
Il se compose essentiellement d'une immense galerie vitrée
de soixante-deux mètres de long sur douze mètres de
large, construite sur trois étages au-dessus d'une série
d'arcades en granit sous lesquelles on remise les fourgons de l'administration.
Il y a une entrée rue du Louvre, une autre rue Jean-Jacques-Rousseau.
La charpente, toute en fer, est d'une grande légèreté.
Sa teinte bleu-vert s'harmonise heureusement avec les applications
de .terre cuite et la nuance plus pâle des briques employées
pour la construction de la rotonde qui flanque le bâtiment
à chacune de ses extrémités. L'aspect général
est nouveau et gracieux.
La salle des cabines publiques occupe le rez-de-chaussée
de la rotonde faisant le coin de la rue du Louvre. Ces cabines,
au nombre de sept, sont larges de deux mètres ; chacune est
garnie d'un bureau et d'un fauteuil.
Les accumulateurs sont logés dans le sous-sol. Le laboratoire
pour les essais de résistance et de conductibilité
des fils est au rez-de-chaussée.
La nouvelle installation offre sur l'ancienne de notables avantages.
Dans le système défunt, une téléphoniste
était, à chaque bureau, chargée de répondre
aux appels de vingt-cinq abonnés. Mais elle ne pouvait mettre
elle-même un de ceux-ci en communication qu'avec les vingt-quatre
autres de son groupe, et, quand on lui demandait un groupe différent,
elle était obligée de s'adresser à une autre
employée. Si l'appelé était libre, l'employée
n° 2 le mettait en communication avec le fil auxiliaire qui
la reliait à l'employée n° 1, et celle-ci devait,
à son tour,relier ce fil auxiliaire au fil de l'appelant.
Si l'appelé n'était pas libre, le n° 2 en avisait
le n° 1, qui prévenait son client. Pendant ces diverses
manipulations, les signaux d'appel d'autres abonnés continuaient
à tomber devant les deux téléphonistes, qui
tenaient à gagner du temps. Aussi, en attendant la réponse
de l'employée n° 2, l'employée n" 1 prenait
les ordres d'autres appelants, et les inscrivait sur un carton pour
les exécuter aussitôt que possible. De là résultait
un entrecroisement continuel, source d'erreurs dont pâtissaient
tous les abonnés, et qui se compliquait encore quand le fil
de l'appelé aboutissait à un autre bureau.
Le progrès essentiel que réalise le nouveau système
consiste en ce que chaque téléphoniste peut donner
elle-même directement aux abonnés dont elle a charge
la communication avec les cinq mille autres dont le fil aboutit
au bureau central.
La combinaison grâce à laquelle on a réalisé
ce résultat est simple ; il n'y avait... qu'à la trouver.
|
|
Sommaire
Du domicile de chaque abonné partent deux fils réunis
de distance en distance par groupes de quatorze , lesquels convergent
eux mêmes vers divers points où on les rassemble
en faisceaux de quatre-vingt-dix-huit, dits groupes de cent, qui,
à travers les égouts, arrivent dans les caves de
l'hôtel de la rue Gutenberg.
Ces groupes sont logés dans un caniveau de soixante-dix
centimètres de côté, pouvant contenir cent
câbles et cent conducteurs, soit dix mille fils qui représentent
cinq mille abonnés.
En sortant du caniveau, chaque câble de cent se divise en
deux câbles de cinquante, qui vont, à quelques mètres
de là, s'éparpiller sur le distributeur.
On ne saurait mieux comparer ce distributeur qu'à un casier
à bouteilles.
Les tringles sont garnies de pitons en cuivre dont chacun reçoit
un fil d'abonné.
Puis les conducteurs sont de nouveau groupés, en câbles
de quarante cette fois, qui, passant sur d'énormes fourchettes
en fer, traversent successivement trois plafonds pour apparaître
dans la galerie vitrée, où ils vont être de
nouveau distribués dans le commutateur multiple.
Ce commutateur, qui seul a coûté un million de francs,
présente dans son ensemble l'aspect d'un immense piano.
Placé au milieu de la galerie, dont il suit le grand axe
sur une longueur de cinquante-deux mètres, il est à
double face.
Il se compose, sur chaque face, d'une série de vingt-trois
tables identiques accolées les unes aux autres, et dont
chacune, longue de deux mètres, forme un tout complet.
Examinons une de ces tables.
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La partie supérieure
verticale, qui constituerait le buffet du piano, renferme le tableau
T.
Elle est divisée en six panneaux, dont chacun, mesurant
quatre-vingt centimètres de haut sur vingt-cinq de large,
contient cinquante rangées de vingt trous, soit en tout
mille trous.
Chaque centaine porte un numéro d'ordre, toutes les cinq
rangées, sur le cadre du panneau, et chaque trou est numéroté
dans sa centaine.
Les six panneaux formant la table sont donc percés de six
mille trous, désignés sous le nom américain
de jacks.
Regardons un instant derrière ces trous.
Les fils des abonnés, que nous avons quittés tout
à l'heure au moment où ils sortaient du plancher,
sont logés derrière ces panneaux .
Chacun de ces fils prend contact avec un pivot monté dans
le trou dont le numéro correspond à celui de l'abonné
que le fil représente.
Cette promenade des fils a nécessité un million
deux cent mille soudures.
Chacune des vingt-trois tables se compose de six panneaux semblables
sur lesquels les numéros se répètent en occupant
toujours la même place, et le fil d'un abonné s'accroche
à son numéro dans chacune des tables.
Cette répétition, appelée multiplage, permet
donc de prendre communication avec les six mille abonnés
sur n'importe quelle table du commutateur.
Laissons provisoirement la petite tablette M supportant les fiches,
dont le rôle sera indiqué tout à l'heure,
et arrêtons-nous au tableau des annonciateurs..
|
Des numéros recouverts
par un volet mobile en cuivre sont disposés sur cinq rangées
partagées en trois groupes dont chacun forme une section
de la table, laquelle section est desservie par une téléphoniste.
Il faut donc trois employées par table.
Ces numéros vont de 1 à 80 pour la première
section, de 81 à 160 pour la deuxième, de 161 à
240 pour la troisième, de 241 à 320 pour la première
section de la deuxième table, et ainsi de suite. Chaque
fil d'abonné, après les prises de contact successives
dans le tableau de chaque table, vient aboutir à l'un de
ces numéros, qui se découvre à l'appel du
dit abonné.
De cette disposition il résulte que l'employée chargée
d'une section a devant elle quatre-vingts abonnés pouvant
l'appeler. Elle met elle-même ces abonnés en communication
avec les deux mille abonnés aboutissant aux trous des deux
panneaux de sa section, et, en allongeant le bras, avec les quatre
mille autres répartis dans les quatre autres panneaux de
la table qui se trouvent deux par deux à sa droite et à
sa gauche. Une sixième rangée de volets cache des
carrés rouges qui servent d'annonciateurs de fin de conversation.
Enfin, sur la petite tablette placée au-dessus du tableau
des annonciateurs, on voit, cinq groupes de dix paires de fiches
mobiles à cordon souple ; sur la tablette inférieure,
sont disposés de petits leviers, ou clefs. Chaque clef
et la paire de boutons d'appel qui l'accompagne est reliée
à l'un des cordons dont la fiche se trouve juste en face.
Sommaire
|
Bureau Téléphonique
avenue de l'Opéra : poste réservé au service
de la Bourse
|
Le transmetteur
est logé dans un cornet de nickel suspendu devant la téléphoniste,
qui peut l'amener à ses lèvres, et dès lors
écouter et parler en conservant la liberté de ses
deux mains.
Cette disposition, un peu longue à expliquer, mais facile
à comprendre, permet d'établir instantanément
toutes les communications.
Supposons, par exemple, que l'abonné n° 6 sonne. Aussitôt
un volet tombe, et le n° 6 apparaît sur le tableau des
annonciateurs. D'une main la téléphoniste plante une
fiche dans le jack n° G, qui se trouve dans une des deux rangées
du bas, tandis que de l'autre elle baisse la clef située
en face de cette fiche.
Gela fait, elle demande : « Qui voulez-vous? » L'abonné
répond, par exemple : « 507. »
La téléphoniste prend la seconde fiche du groupe et
l'approche du jack général 507. Si l'abonné
est déjà en communication au moment où la fiche
entre dans son trou, la téléphoniste entend un bruit
particulier produit par le passage du courant. Elle retire la fiche,
prévient l'appelant par les mots « en communication
», remet les deux fiches en place, puis relève la clef
et l'annonciateur.Tout cela se passe en moins de temps qu'il n'en
faut pour l'expliquer.
Au contraire, la ligne est-elle libre, la téléphoniste
introduit sa seconde fiche dans le jack 507 et sonne avec le bouton
placé devant la clef. La communication est dès lors
établie, et l'employée n'a plus qu'à-relever
la clef qui avait pour effet de la mettre elle-même en communication
avec les deux abonnés qui vont causer.
Quand la conversation est terminée, l'appelant sonne, l'annonciateur
rouge se découvre, et l'employée remet les deux fiches
en place.
Actuellement, l'organisation du bureau central suffit au service
des abonnés ; du moins elle assure ce service dans des conditions
fort satisfaisantes. Mais il faudra certainement augmenter l'importance
de l'installation, attendu que le nombre des abonnés s'élève
continuellement. Ce nombre était de six mille quatre cents
le 1er janvier 1890, date de la prise de possession par l'État;
il atteint aujourd'hui treize mille cinq cents, quatorze mille avec
la banlieue. L'augmentation annuelle est d'environ 10 %.
La statistique a établi que chacun de ces abonnés
demande en moyenne cinq communications par jour. En réalité,
certaines personnes en réclament cent cinquante, tandis que
d'autres se contentent d'utiliser leur appareil deux ou trois fois
par semaine.
Le service est particulièrement actif à quatre heures
du matin dans le quartier des Halles et à la Villette ; à
l'heure de la Bourse, dans tous les bureaux ; et, de minuit à
une heure du matin, dans les environs de Passy et des Champs-Elysées,
où les clubmen et leurs amis font une grande consommation
d'électricité.
On cause chaque jour cent quarante fois avec Londres et deux cent
quatre-vingts fois avec Bruxelles.
La moyenne minima officielle pour obtenir une communication est
de trois minutes;quant à la moyenne maxima,... elle n'existait
pas jusqu'à présent. Mais l'administration affirme
que cela va changer.Depuis le 1er janvier 1890, une innovation assez
importante a été introduite au Bureau de l'avenue
de l'Opéra dans le service des téléphonistes.
Il s'agit du Poste assis . Le « Poste assis » ne reçoit
que les communications des autres Bureaux, communications qu'il
a pour devoir de distribuer dans le Bureau même de l'avenue
de l'Opéra. Ainsi, une fois l'appel d'un des Bureaux entendus,
la téléphoniste du « Poste assis » se
met en communication, en abaissant un des petits leviers, ou touches,
placés devant elle, avec sa collègue du « Poste'debout
» chargée d'un « groupe d'abonnés »
et, à l'aide de son appareil Berthon-Ader, elle lui fait
part de la demande du Bureau appelant et lui indique en même
temps le numéro et le nom de la ligne qu'elle doit prendre.
Exemple : « Sur 12, Lafayette, donnez X. » II ne reste
à la téléphoniste du « Poste debout »
qu'à appeler de suite l'abonné demandé, abonné
qui fait partie de son « groupe » et à le mettre
en communication.
Dans la nouvelle installation, chaque téléphoniste
a sous la main toutes les lignes des autres Bureaux. Elle peut donc,
après avoir reçu l'appel d'un abonné de son
groupe, le mettre en communication avec le bureau auquel est reliée
la personne demandée.
Avant l'introduction de ce système, le même service
exigeait la présence de deux téléphonistes
: la première, recevant l'appel des Abonnés et prévenant
la seconde, qui appelait les Bureaux intéressés.
Le « Poste assis » du Bureau de l'avenue de l'Opéra
comporte huit téléphonistes qui suffisent pour recevoir
toutes les demandes des autres Bureaux et les transmettre aux trente-six
téléphonistes du « Poste debout ». D'où
économie du personnel et simplification du service. |
Sommaire
1893 Organisation
des bureaux interurbains, avec le système Mandroux :
En France, antérieurement au 1er janvier 1890, les communications
interurbaines ne pouvaient s'échanger, en principe, qu'entre
les deux points extrêmes d'une même ligne.
Depuis cette époque, le réseau téléphonique
interurbain a été constitué de manière
à permettre aux réseaux d'une même région
de communiquer entre eux par l'intermédiaire d'un poste central.
De plus, ce poste central peut mettre tous les réseaux
urbains de sa région en communication avec les autres régions.
C'est ainsi que Rouen sert de poste central à tous les réseaux
de Normandie; de même, Lille est le centre des communications
interurbaines du Nord.
Des bureaux centraux analogues ont été également
installés à Reims, Nancy, Lyon, Marseille, Nice, Bordeaux,
etc.
Cette organisation a pris un développement d'autant
plus considérable que le réseau téléphonique
interurbain s'étendait davantage.
La table de coupure et de jonction, imaginée par M. Mandroux,
a pour objet de rendre faciles et rapides les opérations
que le personnel des bureaux centraux interurbains est appelé
à exécuter.
Un certain nombre de ces tables sont déjà en service,
notamment à Bordeaux, Orléans, Nimes,
Montpellier, Béziers, Limoges ; elles
fonctionnent très régulièrement.
D'ailleurs, par des modifications de détail, l'inventeur
a adapté chacune de ses tables aux- besoinslocaux du poste
qu'elle est appelée à desservir. |
D'une manière générale,
la table Mandroux permet de réaliser les combinaisons
suivantes :
1° Relier les lignes interurbaines avec le réseau
urbain. :
- a. Par communication métallique directe, lorsque le réseau
comporte un circuit à double fil ;
- b. Par l'intermédiaire d'un transformateur, lorsque le
réseau est à simple fil avec retour par la terre.
Dans les deux cas, le bureau central peut placer un appareil d'opérateur
en dérivation dans le circuit.
2° Relier les lignes interurbaines entre elles :
- a. Par communication métallique directe, avec ou sans annonciateur
de fin de conversation dans le circuit;
- b. Par communication métallique avec relais d'appel embroché
dans le circuit, le bureau central conservant la faculté
de se mettre en communication avec l'un ou l'autre des bureaux extrêmes,
tout en laissant la section inoccupée sur annonciateurd'appel;
- c. Par l'intermédiaire d'un transformateur, lorsqu'une
ligne à circuit métallique doit être reliée
à une ligne à fil unique.
Dans ces différents cas, un appareil d'opérateur peut
être introduit dans le circuit.
Tout en restant indépendante du commutateur affecté
au réseau Urbain, la table Mandroux peut se raccorder à
ce commutateur, quel que soit son système, et sans aucune
modification apportée à l'installation; la photo ci
contre montre la dispositionet l'aspect général d'une
de ces tables.
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Extrait de "L'Electricien"
- TABLEAU TÉLÉPHONIQUE SYSTÈME MANDROUX par
MONTILLOT
M. Mandroux , contrôleur de l'Administration
des Postes et des Télégraphes , vient de faire breveter
un nouveau système de tableau téléphonique
.
Dès l'année 1882 , l'ingénieux inventeur
avait conçu l'idée d'une rosace destinée
à faciliter les relations entre abonnés par l'intermédiaire
des bureaux centraux . Cette rosace était à cinquante
numéros et , suivant les prévisions de M. Mandroux
, on pouvait desservir un réseau de 500 abonnés
en multipliant convenablement le nombre des rosaces .
Au mois de novembre 1884 , date de l'ouverture
du réseau d'Elbeuf , ce système fut installé
dans la localité ; depuis cette époque , il n'a
pas cessé de fonctionner et fonctionne encore à
l'entière satisfaction des abonnés et du personnel
chargé de l'exploitation .
Plus tard , M. Mandroux s'efforça de généraliser
et de perfectionner son invention . Actuellement , il poursuit
l'installation d'un commutateur multiple pour un réseau
de 20 000 abonnés . Nous aurons l'occasion de parler en
son temps de cette vaste conception ; pour le moment , nous nous
proposons de décrire le tableau téléphonique
dont M. Mandroux a bien voulu nous communiquer les dessins .
Ce tableau comporte les mêmes organes essentiels que le
grand commutateur multiple dont il vient d'être question
; la description du premier est en quelque sorte un avant - propos
qui servira à préparer la voie pour l'étude
plus complexe du second .
Le tableau téléphonique de M. Mandroux
dessert 60 abonnés , chiffre qui , d'après l'inventeur
, correspond au travail que peut fournir une habile téléphoniste
sur un réseau dont toutes les lignes sont en pleine activité
. C'est un petit meuble élégant , une sorte de bureau
devant lequel s'assied l'employée . Il est construit pour
des lignes à simple fil ; rien ne serait plus aisé
que de l'établir pour des lignes doubles .
Chacun des soixante groupes ou unités qui correspondent
aux soixante lignes simples se compose de :
-Un conjoncteur ; Une fiche de jonction ; Un plot de repos pour
cette fiche ; Un annonciateur ; Un bouton de prise de contact
. Une réglette métallique mobile et un poste complet
d'opérateur forment les organes communs à toutes
les unités .
Les
conjoncteurs ( fig . 1 ) sont formés par deux blocs de
laiton A , B , isolés l'un de l'autre par une lame d'ébonite
E. Le bloc supérieur est percé d'un trou C destiné
à recevoir la fiche de jonction . Un ressort d'acier R
est maintenu sur la face latérale du conjoncteur par une
vis v, qui mord dans le bloc A. La pièce de contact r '
qui termine le ressort R appuie sur le bloc B et , par conséquent
, établit en temps normal , la liaison électrique
entre les blocs A et B. Vers la partie médiane du ressort
R , une goupille r traverse librement le bloc A et fait saillie
à l'intérieur du trou C. Il est facile de voir que
si , dans le trou C , on introduit une fiche métallique
de calibre convenable , la goupille r est repoussée ; par
suite , le ressort R est chassé en arrière , le
contact r ' abandonne la pièce B et celle - ci se trouve
isolée du reste du système .
La fiche de jonction ( fig . 2 ) est en laiton avec un manche
en ébonite ; son diamètre est le même que
celui du trou C du conjoncteur . Un cordon conducteur souple est
attaché d'une part à la fiche , de l'autre à
un plot fixé sur la face postérieure du tableau
. A ce plot aboutit le fil de ligne dérivé comme
nous le verrons plus loin .
fig 3
fig 4
Les cordons souples sont toujours tendus par un contre - poids
mobile ( la figure 3 montre cette disposition ainsi qu'une vue
d'ensemble du tableau ) ; sans cela , la manocuvre des fiches
deviendrait difficile . Ce contre - poids est un bloc de plomb
surmonté d'une poulie sur la gorge de laquelle passe le
cordon qui d'ailleurs est guidé par une poulie de renvoi
. La longueur des cordons est telle qu'on peut introduire la fiche
dans tous les con joncteurs du tableau et même dans ceux
de tableaux voisins.
Les plots de repos sont de simples douilles en laiton dans lesquelles
on enfonce les fiches lorsqu'on n'en fait pas usage .
La disposition de l'annonciateur ( fig . 4 ) n'offre rien de particulier
; c'est un électro aimant dont l'armature retient un volet
. Chaque annonciateur porte le numéro de la ligne de l'abonné
, et ce numéro est masqué lorsque le volet est retenu
par l'armature . Quand celle - ci est attirée , le volet
tombe par son propre poids et découvre le numéro
.
Les boutons de prise de contact sont des organes purement mécaniques
destinés à relier instantanément l'une quelconque
des lignes aboutissant au tableau avec l'appareil de la téléphoniste
. Le tableau comporte soixante boutons pour les soixante lignes
et un bouton supplémentaire servant à ramener le
mécanisme au repos . Le tout forme un cla vier placé
sur la tablette horizontale du petit meuble .
Chaque bouton est indépendant . C'est un
piston soulevé par un ressort à boudin et traversant
la tablette . La tige de ce piston est terminée par deux
surfaces coniques opposées par leur base , ainsi qu'on
peut le voir dans le bas de la figure 5.
Au - dessous de chacun des pistons ba , ba , bz , b , est un ressort
l appuyé sur une vis v .
Relevé , le piston ne touche pas le ressort l ; abaissé
, il le chasse , prend contact avec lui et le sépare de
la vis v . Au - dessous de tous les pistons court une réglette
métallique . Cet agencement est le point original du système
.
La réglette est montée sur une glissière
et peut se déplacer latéralement suivant un plan
horizontal . Un ressort à boudin r la maintient dans sa
position initiale et ly ramène le cas échéant
.
Les déplacements de la réglette n'ont lieu que par
la pression des pistons . A cet effet , en regard de chaque piston
est une lame en acier C ,, Cg , C3 , C , taillée suivant
un plan incliné et formant comme un crochet .
La réglette est en communication permanente avec le poste
d'opérateur de la téléphoniste .
Cela posé , appuyons sur un des boutons ; les surfaces
biseautées du piston et de la réglette sont mises
en contact , la première chasse la seconde et la réglette
est refoulée vers la droite . Mais , dès que la
grande base de la surface conique du piston a été
dépassée , la réglette revient vers la gauche
, poussée par le ressort à boudin r , et le crochet
embraye la tige du piston qui reste abaissé . A ce moment
, la pointe du cône du piston presse le ressort I et la
communication est rompue avec la vis v .
Le double mouvement de la réglette , mouvement provoqué
par l'abaissement de l'un quelconque des pistons , a pour effet
d'embrayer celui - ci et de dégager tout autre piston préalablement
embrayé . De la sorte , à un moment donné
, il ne peut y avoir qu'une seule ligne en communication avec
l'appareil opérateur de la téléphoniste .
Le 61 ° bouton dont nous avons parlé ne correspond
à aucune ligne ; c'est un bouton neutre , ou de rappel
au blanc , qui reste normalement embrayé sur la réglette
.
Le poste d'opérateur comprend un manipulateur , une pile
d'appel et un appareil combiné Berthon - Ader dont la fiche
s'enfonce dans une mâchoire à quatre contacts encastrée
dans le châssis de la table .
Les communications sont les suivantes :
La ligne aboutit au plot du cordon souple et , par conséquent
, à la portion métallique de la fiche de jonction
; une dérivation de cette ligne arrive au ressort ( fig
. 5 ) . La vis v est réunie à la partie supérieure
du conjoncteur ; la partie inférieure de cet organe est
reliée à l'entrée des bobines de l'annonciateur
, la sortie de ces bobines est à la terre .
La réglette est réunie au massif du manipulateur
dont l'enclume de repos commu nique avec le circuit secondaire
du poste d'opérateur et , par conséquent , avec
le téléphone récepteur . " L'enclume
de travail reçoit l'un des pôles de la pile d'appel
, l'autre pôle étant à la terre . Le circuit
microphonique enfin est constitué comme à l'ordinaire
.
Supposons la téléphoniste assise devant le tableau
garni de ses soixante lignes dont quatre seulement sont représentées
sur notre dessin ( fig . 5 ) .
L'abonné nº 3 appelle , le volet de l'annonciateur
n ° 3 tombe ; la téléphoniste presse sur le
bouton 6 3 ; elle est en communication avec l'abonné n
° 3. Celui - ci demande à communiquer avec l'abonné
nº 1. La téléphoniste abaisse le bouton b '
; par cette maneuvre , elle coupe sa communication avec le n °
3 , mais se trouve en relation avec le n ° 1. D'un coup de
manipulateur elle appelle cet abonné et , dès qu'il
a répondu , intro duit la fiche n ° 3 dans le conjoncteur
n ° 1 : les deux abonnés communiquent entre eux .
La téléphoniste appuie sur le bouton de rappel au
blanc et dégage ainsi le bouton nº 1 , puis elle relève
le volet de l'annonciateur n ° 3 et attend qu'en tombant de
nouveau il indique la fin de la conversation . La fiche n °
3 est alors remise dans le plot de repos .
Il est facile de voir en examinant notre croquis ( fig . 5 ) que
l'annonciateur n ° 3 est resté en dérivation
pendant toute la durée de l'entretien , tandis que l'annonciateur
n ° 1 était hors circuit . La combinaison inverse aurait
eu lieu si , en établissant la liaison entre les deux abonnés
, la téléphoniste avait fait usage de la fiche nº
1 et l'avait placée dans le conjoncteur n ° 3. La téléphoniste
peut d'ailleurs toujours intervenir en substituant son appareil
à l'annonciateur laissé en dérivation et
cela par une simple pression sur le bouton qui porte le même
numéro .
On voit d'après ce qui précède
combien la manoeuvre du tableau de M. Mandroux est simple : une
seule fiche suffit pour relier deux abonnés .
Le nombre des abonnés desservis par
un même bureau est fort souvent supérieur à
soixante ; on peut alors faire usage de tableaux placés
les uns à côté des autres , et les cordons
sont encore assez longs pour que la communication puisse être
donnée directe ment aux abonnés de deux tableaux
adjacents .
Lorsque le nombre des lignes dépasse
180 on est obligé d'avoir recours à des fils d'intercommunication
.
Voici la disposition que propose M. Mandroux : Prenons comme exemple
un réseau de 300 abonnés répartis sur 6 tableaux
( fig . 6 ) .
Les tables A , C , D , F desservent chacune 60 abonnés
, les tables B , E n'en desservent que 30 , et les 30 conjoncteurs
libres de B sont reliés aux 30 conjoncteurs libres de E par
des fils d'intercommunication au nombre de 30 .
Pendant les heures d'activité , chaque
table est desservie par une téléphoniste , soit six
téléphonistes pour 300 abonnés ; aux autres
heures quatre téléphonistes suffisent et on peut supprimer
celles des tables B et E.
Avec cette disposition , si un abonné
de la table A , par exemple , veut parler à un abonné
de la table D , la téléphoniste de la table A appelle
par le clavier de B la télépho niste de la table E
et elle relie la ligne de A avec l'un des conjoncteurs de B réservés
à l'intercommunication . La téléphoniste de
E relie la ligne de l'abonné appelé avec le conjoncteur
situé au - dessus de l'annonciateur par lequel la téléphoniste
de A l'a appelée .ette installation
par groupement des tables serait , au dire de l'inventeur , très
pratique lorsque le nombre des abonnés ne dépasse
pas 600 : c'est le cas de beaucoup de réseaux de province
.
On a déjà remarqué que la
communication entre deux abonnés placés , soit sur
la même table , soit sur des tables différentes ,
est toujours donné avec un seul cordon ; ainsi sur deux
cordons reliés à deux lignes différentes
, un seul établit la jonction entre ces deux lignes ; on
peut utiliser l'autre cordon comme un branchement et relier ainsi
non seulement deux abonnés , comme dans les montages actuels
, mais en relier trois , quatre , etc. , et cela sans introduire
d'autres dérivations que celles des postes d'abonnés
eux - mêmes .
Cette faculté trouverait une application
utile dans certains cas et serait très probable ment appréciée
avec faveur par les abonnés qui pourraient ainsi s'entretenir
comme s'ils étaient autour d'une table de travail .
Depuis que cet article est écrit , M.
Mandroux a modifié d'une manière très élégante
et très pratique la forme de son commutateur : la réglette
, au lieu de se déplacer latéra lement sous l'action
des pistons , oscille de bas en haut . C'est une lame de laiton
pivotant autour d'un axe horizontal . Par la pression du biseau
, cette lame est soulevée et , dès que l'un quelconque
de ces pistons est poussé à fond , elle retombe
par son propre poids et embraye ledit piston : le désembrayage
a lieu lorsqu'un autre piston entre en jeu , poussé en
arrière par la main de l'opérateur .
|
On trouve la description en détail de cette table
Mandoux dans "Le
montillot Téléphonie pratique premier supplément"
de 1895
Sommaire
En
1893 à PARIS
Il y a environ 23.000 abonnés,
répartis sur huit centraux .
--
Les abonnés dont le numéro commence par un 1,
sont reliés au
2e étage de la rue Gutenberg
-- Commence
par un 2, pour ceux reliés au 3e étage de la
rue Gutenberg
-- par un 4, à la rue Chaudron,
-- par un 5 à la place Vagram et à la
rue Desrenaudes
-- par un 6, à Passy
-- par un 7, rue Lecourbe et boulevard Saint-Germain
-- par un 8, boulevard Port-Royal
-- par un 9, rue de la Roquette.
Le poste le plus important est celui de la rue Gutenberg
qui réunit à lui seul 14000 abonnés
sur 23000 : ce n'est pourtant ni le mieux installé, ni le
plus perfectionné.
Il tient le milieu entre le poste du boulevard Saint-Germain où
sont les plus anciens appareils,et celui de la rue Desrenaudes où
nous trouverons les innovations dernières.
Au boulevard Saint-Germain l'installation est déplorable,
dans une salle obscure, insalubre, où une cinquantaine de
jeunes filles sont empilées, manquant d'air, obligées
de se tenir continuellement debout.
Hâtons-nous de dire, d'ailleurs, que ce bureau disparaîtra
d'ici quelques mois, ainsi que celui de la rue Lecourbe, et que
tous deux seront remplacés par celui de l'avenue de Saxe
qu'on est en train de construire. |
Les
numéros des abonnés correspondaient au numéro
de centre de 1 à 9, suivit du numéro d'ordre dans
le centre : Millier Centaine Dizaine et Unité, Exemple
4 42 35
Lorsque l'abonné demandeur de Gutemberg voulait joindre
Chaudron 42.35, les opératrices
connaissaient le repère centre Chaudron=4 pour joindre
l'opératrice distante de Chaudron
Les clients ignoraient les numéros de centre.
|
Le fonctionnement
du réseau téléphonique de Paris a été
l'objet, de plaintes les plus vives ; on a même vu les abonnés
s'unir pour défendre leurs droits.
Il est intéressant de jeter un coup d'oeil sur le développement
pris dans notre capitale par ce nouvel engin de progrès,
et de constater les améliorations indéniables, apportées
en ces derniers temps à l'ensemble du réseau.
Cela ne nous empêchera pas, sans rechercher toutes les causes
des défectuosités existantes qui sont à la
fois d'ordre technique, financier et administratif, de signaler
les points faibles à corriger et les fautes à éviter.
En France, les communications téléphoniques constituent
un monopole d'État, au même titre que les communications
télégraphiques.
Le soin de remplir les obligations de ce monopole est confié
au Ministère des Travaux publics, des Postes et des Télégraphes.
Cette distribution des abonnés n'est pas une chose une
fois faite ;
il y a des mutations fréquentes,
pour diverses raisons : changement de domicile d'un abonné,
arrivée d'un nouvel abonné, etc».
Ce type de gestion n'est possible que pour un petit réseau.
|
Le
réseau a cependant fait l'objet de quelques choix de structure
délibérés.
Ainsi, la société explique que « tous les
fils qui joignent les divers bureaux centraux de Paris passent
tous par un point central situé 27 avenue de l'Opéra.
On aurait pu établir des lignes reliant les bureaux
deux à deux par le chemin le plus court.
Cette méthode aurait diminué la longueur totale
de câbles employée à ce service.
On a cependant préféré le système
du point central d'où rayonnent les fils venant de tous
les bureaux ».
Cela permet de tirer parti des rosaces sur lesquelles les fils
correspondant à chaque abonné sont disposés
à l'aboutissement des câbles : « Si on reconnaît
que le bureau C fait un usage peu actif de ses fils auxiliaire
avec D, tandis que les communications entre D et I sont actives
et sont quelquefois retardées par le manque de lignes,
la manuvre à faire est facile.
On disjoint un fil double CD à son extrémité
C dans la rosace et on le relie à un câble libre
venant du bureau I. »
Cette adaptation du réseau au trafic observé ne
vaut pas seulement pour les lignes auxiliaires.
Pour faciliter le travail des opératrices, « il y
a lieu de réunir [sur les tableaux], autant que possible,
les abonnés en groupes sympathiques, si on nous permet
cette expression, c'est-à-dire en groupes de personnes
causant le plus habituellement ensemble.
Le réseau de Paris, qui vient d'être complètement
transformé, n'est pas encore à batterie centrale
« intégrale », c'est-à-dire sans aucune
pile chez l'abonné.
Pour différentes raisons et jusqu'à nouvel ordre,
l'Administration des Téléphones s'est résolue
à maintenir dans les postes simples les piles microphoniques
et à ne réaliser la centralisation de l'énergie
que pour l'appel.
Cette disposition réduit au minimum les modifications à
effectuer dans le montage des anciens postes d'abonnés
; il suffit, en principe, de remplacer la sonnerie trembleuse
par une magnétique et d'ajouter un condensateur dans son
circuit.
Les bornes de sonnerie de l'appareil sont alors reliées
directement aux bornes de ligne, car il n'y a plus ni bouton,
ni pile d'appel.
Avec un tel poste, l'abonné possède déjà
la plupart des avantages de la batterie centrale, tels que l'automatisme
de l'appel et de la fin de communication.
Il suffit, en effet, pour appeler le bureau central, de décrocher
le récepteur et, pour donner le signal de fin, de le raccrocher.
La sonnerie magnétique, montée en permanence sur
la ligne avec son condensateur, ne résonnera qu'au passage
d'un courant alternatif d'appel.
En décrochant son récepteur, l'abonné ferme
le circuit de ligne ; le courant de la batterie centrale y circule
donc immédiatement.
La lampe d'appel placée au-dessus du jack individuel s'allume
aussitôt sur le multiple et attire l'attention de la téléphoniste.
En même temps, le crochet-commutateur ferme le circuit primaire
de la pile locale microphonique et la conversation peut s'engager.
Il est à remarquer que le bon fonctionnement du transmetteur
est lié au bon état d'entretien de la pile microphonique
et c'est surtout à cause de cette considération
que l'ancien poste ainsi transformé est inférieur
au poste à batterie centrale intégrale
|
Sommaire
En
1894 est mis en service le premier Commutateur Multiple
Manuel en Série, avec Annonciateurs à relèvement
automatique, à Rouen. Le Havre suivra l'année suivante.
Pour les Commutateurs Multiples
Manuels en Série équipés de cette option,
l'Opératrice n'a désormais plus à relever
manuellement le volet basculant de l'Annonciateur de l'abonné
demandeur lorsqu'il relève l'appel.
Ce ne sera qu'en otobre 1905, que le principe de la généralisation
des Commutateurs Multiples en Parallèle à Batterie
Centrale, et à tableaux à voyants lumineux, sera
adopté par l'Administration des P & T.
En 1896, l'Administration décide d'abandonner
la dénomination des bureaux téléphoniques
par lettre-indice et, petite révolution, attribue à
chaque abonné un numéro de téléphone
à 5 chiffres .
La première série ouverte
dans ce Central est la Série 100.
Les abonnés sont groupés par centaine.
Le premier abonné porte donc le numéro de téléphone
suivant : 100-00, et ainsi de suite...
Le 1er octobre 1896, une seconde série,
la Série 200, est mise en service sur un second Commutateur
Multiple en Série à Batterie Locale, d'une capacité
de 9.000 abonnés.
|
Les premiers standards des villes de grande taille étéient
munis d'échelles, afin que les opératrices puissent atteindre
l'ensemble des lignes lors des échanges. Vers la fin des années
1890, cette organisation ne suffisait plus face au nombre croissant
de lignes et en Amérique, Milo G. Kellogg conçut la division
multiple des standards pour que les opérateurs puissent travailler
ensemble, avec une équipe sur le « tableau A » et
une autre sur le « B ». .
1903
La Crise Téléphonique vu dans le Petit Parisien
du 28 juillet
Pléthore de Communications et manque
d'Appareils. Sombre Hypothèse et triste réalité.
Ce qu'on en pense à l'Administration centrale. Le Mal et
ses Remèdes.
Une crise à laquelle le public ne peut manquer de s'intéresser,
car elle le touche directement, sévit actuellement sur les
services téléphoniques en France.Tout ceux et ils
sont nombreux qui, journellement, se servent du téléphone
pour leurs affaires ou même pour leur plaisir, ont pu s'en
rendre compte. Les communications sont lentes, souvent très
défectueuses et l'abonné furieux s'en prend aux demoiselles
du téléphone, trop surchargées de besogne,
affolées parfois et découragées, ne sachant
plus quel parti prendre sous l'orage de récri. minations
qui, sans métaphore, gronde à leurs oreilles.
La Situation
L'administration des Postes et Télégraphes se trouve
donc aux prises avec les plus grandes difficultés et cette
situation anormale a une répercussion directe dans le public.
Celui-ci est mal servi. Les réclamations.demeurent vaines,
et pour cause .
On nous assure, que, ce qui est plus grave encore, que, rue de grenelle,
on envisage comme prochaine la nécessité déplorable
dans laquelle se trouvera l'administration d'opposer un refus aux
nouvelles demandes d'abonnement, tant à Paris que dans les
grandes villes de province .
Cet état de choses n'est pas sans causer de graves soucis
à M. Trouillot, ministre du Commerce, de l'Industrie, des
Poste et des Télégraphes, ainsi qu'à son sous-secrétaire
d'Etat, M. Bérard.
Le Parlement seul peut apporter une solution à la question.
Malheureusement, il ne parait pas s'en être occupé
avec l'activité désirable. Diverses demandes de crédits,
dont l'emploi était surabondamment justifié par la
création de circuits téléphoniques interurbains
d'intérêt général, dernandes introduites
à la Chambre au nom de la commission des postes et télégraphes
par M. de Laurent Castelet, et pour l'installation et l'aménagement
de nouveaux tableaux téléphoniques multiples à
Paris, à Lille et à Lyon, réclamées
avec insistance par M. Decker-David, n'ont pas abouti.
La voix de ces deux honorables députés s'est perdue
au milieu du bruit des discussons orageuses que soulèvent
au PalaisBourbon les questions politiques, et les deux projets de
loi déposés par les ministres du Commerce et des Finances
sout demeurés lettre morte.
Le temps cependant continue à fuir, le mal ne se contente
pas de rester stationnaire il s'aggrave. Les intérêts
d'un grand nombre de commerçants et d'industriels, pour qui
le téléphone est devenu rapidement un auxiliaire indispensable,
sont sérieusement lésés.
M. Tout-le-Monde, dont les réveils ne sont pas toujours agréables
pour ceux qui ont eu l'imprudence de les susciter, s'impatiente
et commence à frapper du pied en un mot, l'heure est venue
d'apporter un remède à cette situation qui ne peut
et ne doit pas s'éterniser.
L'Etat, en s'adjugeant le monopole des téléphones
et en ouvrant une maison de commerce exclusive, ne s'est-il pas
engagé à satisfaire de son mieux sa clientèle
? Son intérêt ne dépend il pas de son activité
et de l'al'amélioration constante de sin exploitation ?
Un ne comprend pas très bien le raisonnement de ce commerçant
qui, ayant en main une affaire merveilleuse, dont les bénéfices
nets se chiffrent par millions, exactementment 23,267,570 francs,
hésite à faire quelques avances indispensables, a
l'extension de son exploitation, d'autant mieux que ce capital doit
être amorti à bref délai et être la source
de nouveaux revenu ?.
Certains, qui se prétendent bien renseignés, se font
forts, il est vrai, d'éclaircir le mystère. Ils fournissent
une explication très sirnple, très claire, mais il
ne nous appartaient ni de la discuter ni même de l'exposer;
car les raisons qu'on donne tendraient à faire croire qu'il
existe dans certains milieux des gens susceptibles de faire passer
leur intérêt particulier avant l'intérêt
général.
La question des téléphones peut se résumer
de la façon suivante. Une exploitation normale n'est
plus possible dès qu'une cause grave vient enrayer sa marche,
toute chose, a dit un philosophe, trouve sa raison d'être
dans sa progression .Or, par suite d'une installation devenue notoirement
insuffisante, les téléphones se trouvent arrêtés
dans leur développement. Pour rendre à cette importante
administration toute sa vitalité et lui permettre de rattraper
le temps perdu, il faudrait créer d'urgence en province les
réseaux interurbains qui font défaut et dont l'absence
retarde considérablement, si elle ne les empêche totalement,
les communications à longues distances, et donner àParis,
centre de cet organisme formidable, les appareils perféctionnés
qui lui sont indispensables. C'est pour ces deux motifs que la France
n'occupe pas dans la statistique que publie annuellément
le Bureau international des administrations télégraphiques
de Berne, le yang auquel elle semble avoir droit.
Les Réseaux de Province
La loi du 20 mai 1890 a organisé le réseau téléphonique
français pour le conduire jusqu'au point où nous le
considérons. Les lignes interurbaines sont construites au
moyen des avances faites à l'Etat par les intéressés,
départements, communes, conseilrf généraux,
chambres de commerce, syndicat, etc.
Au 31 décembre 1902, le nombre des circuits interurbains
était de 3,523 et leur développement de 82,018 kilomètres.
Or, les lignes de jonction entre les divers réseaux sont
devenues insuffisantes elles ne permettent plus le trafic avec toute
la célérité désirable. C'est par milliers
que l'on pourrait compter les demandes de communication qui, dans
une seule journée, ne peuvent être satisfaites.
Outre le mécontentement général qui en résulte,
le Trésor perd le bénéfice matériel
de ces communications non données, et les personnes qui ont
des velléités de s'abonner hésitent à
s'imposer un sacrifice bien lourd en comparaison du peu d'avantages
qu'elles sont appelées à en retirer. Pour employer
une image de M. Bérard, « si l'on conçoit que
les petites rivières qui convergent en un même point
finissent par former un fleuve dont le lit doit naturellement s'élargir
au fur et à mesure qu'il reçoit de nouveaux affluents,
on conçoit aussi que les lignes téléphoniques
qui rattachent les communes aux chefs-lieux de canton et ceux-ci
à leur chef-lieu de département ne pourront écouler
les communications que leur déversent les lignes d'abonnés
et les cabines publiques qu'autant que les chefs-lieux de département
disposeront eux-mêmes d'un nombre suffisant de circuits avec
les départements voisins et avec Paris, le grand centre des
transactions .
Il serait nécessaire que l'Etat consacrât chaque année
des sommes importantes au développement des communications
interurbaines à grandes distances.
Les Bureaux parisiens
A Paris, la situation se présente sous un autres jour. Si
la loi du 20 mai 1890 prévoit la création de lignes
nouvelles, elle ne dit rien des améliorations à apporter
à celles créées précédemment.
Ces frais incombent à l'Etat; mais le crédit qu'il
accorde à l'administration est insuffisant. De ce fait, on
doit reculer indéfiniment l'installation des appareils nouveaux
que rend indispensables le nombre toujours croissant des communications
téléphoniques. Les tableaux commutateurs existants
sont complètement utilisés, et comme ils ne sont pas
susceptibles d'extension, il faut prévoir le moment où,
ainsi que nous le disions tout à l'heure, de nouveaux abonnés
se verront refuser leurs demandes. Pour parer à l'augmentation
du nombre des communications, toutes les « ficelles ont été
employées partout les tableaux multiples ont été
doublés par les standards » mais ce provisoire coûte
très cher, et ce ne peut être que du provisoire. Le
nombre des employés s'accroît inutilement, sans que
la célérité des communications y gagne, car,
en téléphonie particulièrement, l'emploi de
l'organe humain est toujours une cause de faiblesse.
Un avis autorisé
Interrogé par nous sur le mal et les remèdes qu'il
conviendrait d'y apporter, un haut fonctionnaire de l'administration
des postes et des télégraphes nous a dit
- Ce n'est pas sans une certaine crainte que nous envisageons l'avenir.
Depuis longtemps des mesures énergiques auraient dû
être prises pour éviter l'embarras dans lequel nous
nous trouvons.
- Il n'est pas un commerçant, pas un industriel qui agirait
comme le fait l'Etat envers sa maison de commerce des postes et
télégraphes, car il comprendrait qu'en développant
l'outillage il augmenterait la productivité fiscale de la
téléphonie. Et tout cela, c'est reculer pour mieux
sauter, car la crise actuelle des téléphones ne peut
qu'aller en s'aggravant, et, malgré le désir qu'a
l'administration d'en retarder l'échéance, il faut
bien s'en préoccuper.
Dès la rentrée des Chambres, la question se posera
nouveau, d'autant plus impérieuse qu'elle aura attendu plus
longtemps. Il est à souhaiter que d'ici là les vacances
parlementaires sont longues ce retard ne cause pas de perturbations
excessives dans les services téléphoniques et n'irrite
pas le public au point de lui faire prendre en horreur une invention
dont il pourrait retirer, si elte était convenablement exploitée,
des bénéfices considérables. Dois-je vous expliquer
que l'Etat lui-même y trouverait son compte.
On comprend d'autant moins le retard apporté à l'ouverture
des crédits demandés par le ministre du Commerce,
que ceux-ci en somme sont modestes. Les travaux de construction,
d'installation et d'aménagement des appareils à Paris
entraîneraient une dépense de 3,899,739 francs. Il
n'est pas inutile de remarquer en passant que l'installation d'un
tableau multiple constitue une opération très délicate,
très longue et que M. Trouillot faisait preuve d'une sage
clairvoyance en sollicitant dès le 8 juillet 1902 l'ouverture
du crédit dont je viens de vous donner le chiffre.
D'un autre côté, les rapporteurs successifs du budget
des postes et télégraphes ont tous reconnues que l'organisation
primitive de la téléphonie ne pourrait suffire exclusivement
à la constitution du réseau français. Ils ont
tous prévu une époque où le budget devrait
supporter les frais du perfectionnement et de l'achèvement
du réseau en assurant le rattachement de Paris aux centres
départementaux et l'installation des lianes de secours entre
les divers centres régionaux que communauté de besoins
renad solidaires.
En un mot, l'ossature rationelle du réseau téléphonique
français est à créer.
La couibinaison financière proposée par le gouvernement
est ingénieuse. Elle n'aurait dû rencontrer aucune
difficulté. Elle consiste d'empiunter à la Caisse
des dépôts et consignations la somme qui lui est indispensable,
6.100.000 francs, à un taux d'intérêt maximum
de 3 %. Cette avance serait remboursée par semestres de francs,
inscrits au budget pendant cinq ans. D'après les évaluations
des recettes supplémentaires fournies par le nouveau réseau,
il est facile de calculer que le Trésor ne perdrait rien
d'une pareille opéraiion et que ses ressourcesne feraient
que s'augmenter d'une faible proportion il est vrai pendant les
cinq années de remboursement mais d'une somme considérable
après ce délai.
Telles sont dans les grandes lignes les raisons de la crise téléphonique
actuelle en France.
Cet état inquiétant de toute une administration commence
à peine à se faire sentir, va aller en progressant
et chaque jour il aura sa répercussion plus profonde dans
le public. Il était intéressant de mettre la plaie
à nu pour que personne ne poussât, les hauts cris en
la découvrant un beau matin, et d'indiquer le traitement
à suivre pour la guérir. La perturbation qui résulterait
du refus d'acceptation des demandes nouvelles d'abonnement au téléphone
ne manquerait pas de provoquer les plaintes justifiées dés
intéressés, qui sont en droit de compter sur un service
public, et il est utile que le Parlement, dès la rentrée,
inscrive entête de son ordre du jour la question des téléphones,
avec, cette fois, la volonté d'y apporter une solution définitive.
René DRAS |
Sommaire
1904 PARIS, Tableau
de l'évolution des abonnés, des cirucuits, des cabines,
du personnel
Sommaire
C'est à partir de 1899 que
des bureaux téléphoniques « à batterie
centrale » et munis de lampes de signalisation commencèrent
à entrer en service en Europe.
Dans la foulée de la conception des
Commutateurs Multiples en série à Batterie Locale,
toujours désireux de se débarrasser de la difficulté
de maintenance engendrée par la profusion de piles présentes
chez chaque abonné, il est conçu, aux USA dès
193 , un nouveau système de Commutateur Multiple en
Parallèle, désormais à Batterie Centrale.
Le Multiplage en Parallèle, fiabilise
le test libre/occupé des Jack Généraux par
l'utilisation d'un 3ème fil branché sur une batterie
commune, le test s'effectuant sans faire appel au 2ème
fil (fil b) des lignes d'abonnés qui pose souvent problème
au niveau de leur isolement...
Grâce au Multiplage Parallèle, il devient aisé
de réaliser des travaux d'extension du Commutateur, par
adjonction de meubles supplémentaires, sans interruption
de service, pendant l'exploitation.
Enfin, les contacts et les câblages sont nettement simplifiés
ce qui rend la maintenance et la recherche des pannes facilitée.
En France, le premier Commutateur Multiple en Parallèle
à Batterie Centrale sera mis en service à Paris
en Mai 1906.
Mais en Province, il ne sera pas rare d'observer certains anciens
Commutateurs Multiples en Série à Batterie Locale
encore en service jusqu'à la fin des années 1920,
dans des grandes villes telles que Bordeaux...
Mai 1906
voit la mise en service (chaotique) du premier Commutateur Multiple
en Parallèle à Batterie Centrale de Paris, dans
les murs de l'Hôtel des Postes Gutenberg. C'est un
ommutateur construit sous licence US par la Société
Aboilard, future LMT.
Le nouveau Multiple, installé au 4ème étage
de l'Hôtel des Téléphones, est prévu
pour porter les abonnés de la série la plus récente
de ce central, la Série 300.
Il suffit désormais à l'abonné demandeur
parisien de ce Commutateur moderne de décrocher simplement
son combiné téléphonique pour qu'un voyant
s'allume sur le tableau de l'Opératrice au Central téléphonique.
Une fois la communication établie par l'Opératrice,
le voyant reste toutefois allumé tant que la conversation
a cours et que l'abonné demandeur n'a pas raccroché
son combiné.
Le voyant ne s'éteint qu'une fois que l'abonné demandeur
a simplement raccroché son combiné, et à
ce moment-ci, l'Opératrice peut couper la liaison en retirant
le cordon dicorde de la prise jack de l'abonné.
Ce commutateur Multiple est au bout de quelques jours déclaré
défaillant en raison de vices de construction ou de conception,
il sera remplacé par un nouveau Multiple 2 années
plus tard, le 20 août 1908, en remplacement du premier Multiple
du Central Gutenberg datant de 1893 portant les abonnés
de la Série 100 !
Nota : c'est de ce Commutateur Multiple moderne
que se déclarera l'incendie magistral du 20 septembre 1908
qui détruira la totalité de l'Hôtel des Postes
Gutenberg...
Sommaire
1907-1909 Installation
de la batterie centrale en France
Jusque là, une pile pour le microphone
était nécessaire pour amplifier le courant microphonique
et une pile (ou batterie) pour appeler l'opératrice
et alimenter la ligne.
A partir de 1907 arrivèrent les nouveaux centraux
manuels avec batterie centrale, libérant ainsi l'installation
chez l'abonné de la source éléctrique pour
alimenter la ligne, ce qui simplifia les installations et réduira
considérablement les coûts de fabrication et de maintenance
(moins de déplacements, d'interventions) .
Le réseau de Paris,
commence à être transformé en batterie centrale
à partir de 1908, mais n'est pas encore à batterie
centrale « intégrale », c'est-à-dire
sans aucune pile chez l'abonné.
Pour différentes raisons , l'Administration des Téléphones
s'est résolue à maintenir dans les postes simples
les piles microphoniques et à ne réaliser la centralisation
de l'énergie que pour l'appel.
A partir de cette date, sur le réseau de l'Etat les téléphones
appelés modèle 1910 (Appélé aussi
PTT 1910 ou Marty) à magnéto sont installés
sur tous les centraux encore manuels, supprimants la problématique
de l'appel avec la magnéto (à courant alternatif pour
agir sur l'annonciateur).
PTT 1910 BL avec pile micro,
PTT 1910 sans pile, Jacqueson.
Schéma
du 1910 Poste Grammont
Poste SIT
SCHÉMA DE MONTAGE D'UN
ANCIEN POSTE D'ABONNÉ. TRANSFORME POUR LA BATTERIE CENTRALE.
L, ligne. L1, L2,. bornes de ligne.
S1, S2, bornes de sonnerie. C, condensateur.
S, sonnerie magnétique.
Cr. crochet-commutateur fermant le circuit de ligne par le
contact c et le circuit primaire par les contacts a et b.
R, récepteurs. I, bobine d'induction.
T, transmetteur. ZM, CM. bornes de la pile microphonique
PM.
Ces postes conçus et homologués pour
de basculer progressivement en batterie
centrale « intégrale » :
- 45 000 au 1er janvier 1910
- 65 000 en juillet 1914
- 76 000 en 1918
Après avoir sonné, l'abonné
n'a plus qu'à décrocher son combiné pour communiquer
avec l'opératrice.
C'est en 1920 que tous les postes furent en batterie
centrale « intégrale »
c'est à dire sans aucune pile chez l'abonné.
Avec la batterie
centrale :
Comment peut-on alimenter simultanément plusieurs téléphones
par la même batterie sans que pour autant les courants
de conversation se mélangent ?
Tout simplement en insérant entre chaque ligne et la
batterie centrale , une self qui bloque les courants
de conversation et empêche que ceux-ci se referment
au travers de la batterie.
Cette self est installée au central manuel car, on
va utiliser celle ci comme électro-aimant, afin d'avertir
lopératrice lorsque quun courant circule
dans la ligne, cest à dire lorsque labonné
à décroché son combiné. La
self se combine donc avec lannonciateur.
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Sommaire
L'Appareil multiple à Batterie centrale, modèle
de la Société «. Le Matériel Téléphonique
» ou LMT, de Paris.
Le tarif urbain étant basé sur
la consommation et d'autre part le téléphonistene
devant pas intervenir pour pointer les communications, l'installation
des compteurs a été modifiée de manière
à les rendre automatiques, mais bien que leur fonctionnement
soit très régulier, ils ne doivent être et
ne sont considérés que comme des instruments de
statistique et ce serait s'exposer à des réclamations
incessantes que de baser sur leur installation un abonnement à
conversations taxées unitairement. Ils ne tiennent pas
compte de la durée pour les communications urbaines.
les jacks sont simples et il y a un relais de coupure qui fonctionne
quand on introduit la fiche apportant la batterie sur le 3me fil
ou fil de test..
Le compteur individuel est placé en dérivation sur
ce fil de test ; on peut donc l'ajouter facilement à toute
installation existante.
La bobine du compteur a une résistance de 500 ohms et l'armature
qui est à. la terre, vient toucher une dérivation
de 30 ohms (40 sur les premiers modèles). Les disques sont
au nombre de 4 ce qui correspond à 9.999 communications
avant de recommencer une nouvelle série.
Le fonctionnement automatique du compteur sera expliqué
plus loin.
Ligne d'abonné :
Appel provisoire du central par magnéto :
Ce schéma a reçu une modification provisoire pour
l'appel par magnéto, en attendant la réfection des
lignes dont l'isolement laissait à désirer.
On peut rappeler en effet que la batterie centrale a trois fonctions
bien distinctes :
Le fonctionnement des signaux de supervision, l'alimentation des
microphones, l'appel des abonnés vers le bureau.
Ces fonctions peuvent être réunies ou séparées
suivant les circonstances.
Lorsqu'on installe un appareil à batterie centrale dans
un réseau aérien ou aéro-souterrain, il est
prudent de conserver les magnétos et de n'utiliser la batterie
centrale pour les appels venant des abonnés que successivement
sur les différents secteurs, après avoir constaté
que les lignes sont bien isolées.
Nota
: (Le relais d'appel a 120 ohms. Tous les réseaux pouvant
utiliser l'appel par magnéto, il vaudrait mieux bobiner
à 60 ohms pour ne pas affaiblir l'éclat de la lampe
d'appel)
(On pourrait aussi se servir de la Batterie Générale
pour les appels du bureau vers les abonnés, mais ce n'est
pas le cas des multiples du type considéré)
Le schéma n° 2 indique comment l'installation
est faite au bureau central et chez les abonnés.
En tournant la magnéto, le relais
d'appel fonctionne, la lampe s'allume et reste allumée
jusqu'à l'enfoncement de la fiche, car le courant de la
batterie centrale traverse la lampe et le relais en série.
On peut remplacer la terre par la batterie sur le relais sans
prévenir les abonnés et revenir ainsi à la
première installation, la magnéto ne nuit pas aux
appels.
Si on constate que les lignes sont bonnes pendant un délai
de trois ou quatre semaines, on peut procéder à
l'enlèvement des magnétos, ce qui n'entraîne
d'ailleurs aucun remaniement dans les postes d'abonnés.
C'est ainsi qu'on a procédé à Tunis, et il
reste encore, en raison de la réfection d'artères
par suite de pose de câbles souterrains, un grand nombre
de magnétos.
Les abonnés, tout en appréciant la commodité
de l'appel par batterie centrale, n'insistent pas pour le retrait
des magnétos, car ils se rendent bien compte que le mode
d'appel n'a aucune influence sur la rapidité du service,
la seule chose qui soit réellement importante pour l'abonné.
Cordon d'abonné : schéma n°
3
Il y a une clé d'appel côté réponse,
c'est-à-dire côté de l'abonné demandeur,
mais elle est inutilisée et pour éviter toute tentation
de rappeler l'abonné les boutons sont couverts par une
baguette en bois.
Donc, en aucun cas, l'abonné demandeur n'est rappelé
comme cela est encore prescrit par l'instruction métropolitaine
pour les cas de ligne occupée.
La fiche côté appel, c'est-à-dire côté
de l'abonné demandé, est munie de l'enclenchement
automatique. Il est à fonctionnement magnétique
qui, à notre avis, est préférable à
l'enclenchement mécanique, mais dans tous les cas quel
que soit le modèle, nous considérons ce perfectionnement
comme indispensable.
Il est complété par le contrôle de l'appel
du demandé par le demandeur, ce qui permet de supprimer
totalement l'intervention du téléphoniste pour signaler
les non-réponse.
Pour cela le fil 1 ou de pointe n'est pas coupé pendant
l'appel et les courants alternatifs traversant une branche du
translateur se font entendre dans le récepteur du demandeur.
Le bruit n'est pas assez fort pour être gênant mais
bien suffisant pour le contrôle.
Cette addition qui supprime les avis de « non-réponse
» est le complément nécessaire de l'appel
automatique.
Enfin la clé de compteur à poussoir est supprimée
et remplacée par un relais de supervision placé
sur le fil 2 ou de corps.Ce relais sert au comptage automatique.
Le relais de supervision de la lampe de fin est reporté
sur le fil de pointe où il est d'ailleurs mieux placé,
car il n'est pas traversé au départ par les courants
d'appel et les pertes en ligne ne peuvent pas le faire fonctionner
à tort.
Comptage de statistique automatique : Le fonctionnement
du comptage automatique est le suivant :
Lorsque l'abonné demandé décroche son récepteur,
le relais de supervision ajouté sur le fil 2 ou de corps
fonctionne et envoie la batterie sur le fil 3 ou de test de l'abonné
demandeur ce qui actionne le compteur individuel.
Le courant traverse un premier relais sans résistance dit
de contrôle dont on verra l'usage et un deuxième
relais dit relais verrou également sans résistance
qui a pour but d'empêcher le compteur de fonctionner plusieurs
fois pendant la communication, quelles que soient les fausses
manuvres des abonnés.
Ce relais comprend deux enroulements. Le premier en gros fil de
9/10, 100 tours avec shunt de 5 ohms pour l'absorption de l'extra
courant, le deuxième en fil fin de 13/100 résistance
700 ohmsau moins.
Ce second enroulement est court-circuité au repos par l'armature
même du relais. Quand le contact du relais de supervision
se produit, le compteur individuel fonctionne, le relais verrou
reste au repos, l'intensité qui le; traverse n'étant
pas assez forte bien qu'atteignant presque un ampère.
Mais dès que l'armature à la terre du compteur touche
la dérivation de 30 ohms placée sur le compteur
même, l'intensité du courant est doublée,
le relais verrou fonctionne et reste collé par la batterie,
que son armature trouve au butoir de travail.
En même temps, l'introduction de la résistance de
700 ohms du deuxième enroulement fait retomber le compteur
individuel au repos.
A partir de ce moment, les mouvements de l'armature du relais
de supervision sont sans influence sur le compteur qui a marqué
une communication et. une seule.
Ces mouvements sont très rapides, la consommation malgré
l'intensité des courants est faible en raison de l'introduction
immédiate de la résistance de 700 ohms. Il est nécessaire
d'avoir un contrôle du fonctionnement du compteur. Un relais
spécial ayant 200 tours de fil 9/10 est intercalé
à la prise de la batterie. Ce relais fonctionne en même
temps que le compteur et allume une lampe de contrôle, mais
son armature retombe dès que le relais verrou introduit
la résistance de 700 ohms c'est-à-dire dès
que le compteur a fonctionné ; par contre il resterait
collé si le compteur n'avait pas amené son armature
au contact de la dérivation de 30 ohms, c'est-à-dire
n'avait pas fonctionné.
Il se produit un éclair de la lampe de contrôle qui
indique au téléphoniste que tout a bien marché.
Cet éclair coïncide d'ailleurs avec le relèvement
de la clé d'appel automatique et l'extinction de la lampe
rouge de supervision.
Le relais de contrôle envoie en même temps un courant
dans un compteur ordinaire qui sert de totalisateur pour le groupe
considéré.
Le relais verrou et le relais de contrôle ont leur armature
rappelée au repos par des petites masselottes ; il n'y
a pas de ressort, le fonctionnement est très sûr
et le réglage stable.
En résumé le comptage automatique peut s'ajouter
sur des installations existantes au moyen d'un deuxième
relais de supervision et d'un relais verrou par cordon. Les relais
de contrôle desservent 5 cordons chacun mais il serait facile
de desservir 10 cordons en doublant la résistance de 700
ohms du relais verrou. Les relais ajoutés coûtent
environ 22 francs par cordon.
On ne doit pas s'arrêter à une dépense supplémentaire
de matériel lorsqu'il s'agit d'activer les mises en communication
et de gagner en automatisme.
Les postes d'opérateurs du bureau de renseignements interurbains,
suburbains,annotateurs, urbains,sont tous à circuit ouvert
par condensateur pour éviter des comptages de communications
lorsque les téléphonistes répondent.
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Sommaire
La
machinerie des bureaux à batterie centrale.
On peut se rendre compte de l'importance
de cette batterie centrale, en disant qu'au bureau de Gutenberg,
elle atteint une capacité de 4.000 ampère-heures,
avec un débit normal de 300 à 400 ampères.
Il y a, en réalité, deux batteries de ce genre, fournissant
du courant sous 24 volts, fonctionnant à tour de rôle
et formées chacune de deux groupes de 12 volts reliés
en tension.
C'est ce courant qui circule dans les lignes et actionne les relais
d'appel.
Deux autres batteries de 12 volts desservent les lampes d'appel.
Les unes et les autres sont
rechargées à l'aide de moteurs-générateurs,
branchés sur la distribution
de ville.
La période de charge des batteries de 24 volts est de 9 heures.
Des machines d'appel fournissent le courant alternatif à
25 périodes, nécessaire au fonctionnement des sonneries
magnétiques placées chez les abonnés.
Les différents relais qui entrent dans la constitution du
multiple (appel, supervision, etc.) sont groupés sur un même
meuble spécial. Il en est de même des translateurs
, intercalés, comme nous l'avons vu, dans le circuit des
cordons de fiches.
Sur un tableau spécial sont groupés les fusibles ,
que traversent les lignes de tous les abonnés ; ce sont des
fils de plomb qui fondent, lorsque l'intensité du courant
devient trop grande et peut endommager la ligne.
Une lampe, placée sur ce tableau, s'allume alors instantanément
et attire l'attention du surveillant.
Nous avons étudié précédemment ce qu'était
un multiple.
Nous savons comment la téléphoniste, pour répondre
à la demande d'un des abonnés, relie par un cordon
souple le Jack individuel de celui-ci avec l'un des jacks généraux
de l'abonnée demandé.
Mais il peut arriver aussi qu'un abonné, relié à
un multiple A, désire entrer en communication avec un abonné
appartenant à un multiple B. Ce résultat est obtenu
à l'aide de lignes auxiliaires, reliant entre eux les deux
bureaux A et B.
Ces lignes sont divisées en deux groupes : le premier quitte
le bureau A sous le nom de lignes de départ et parvient au
bureau B sous l'appellation de lignes d'arrivée. Inversement,
le deuxième groupe constitue les lignes de départ
pour B et d'arrivée pour A.
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Fig. III. SALLE DES MACHINES DU BUREAU DE WAQRAM (
RUE DESRENATJDES).
BÂTI DES TRANSLATEURS DIT BUREAU DE SAXE.
TABLEAU
DE FUSIBLES DU BUREAU DE SAXE
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Sommaire
1908
Gutemberg : le naufrage
Une série d'événements et d'accidents met
alors en lumière le fait qu'on a atteint les limites du
système : le dimanche 20 septembre 1908, le central
Gutenberg, sur lequel on a concentré l'essentiel du trafic
des quartiers d'affaires (18 000 abonnés), prend feu vers
7 heures du soir. Lire
dans le Petit Parisien
A minuit, les répartiteurs
et les multiples étaient complètement détruits.
La violence du sinistre avait été si grande que
la construction elle-même était dans un état
lamentable ; aucune utilisation de l'immeuble n'était possible
; il fallait le raser et reconstruire.
La reconstruction d'un central
provisoire durera trois mois, pendant lesquels tout le quartier
entre la Bourse et le Marais est privé de téléphone.
Il ne faut pas oublier de noter les difficultés auxquelles
s'est heurtée l'Administration, au moment même de
la mise en service de la batterie centrale.
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Carte Postale
: incendie du central Gutemberg
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La situation était
donc fort difficile.
On édifia un bâtiment provisoire en fer et en briques,
sur la rue Gutenberg, où furent installés deux nouveaux
multiples équipés à la batterie centrale, commandés
en hâte, l'un à la Société des Ateliers
Thomson-Houston, l'autre à la Société de Matériel
Téléphonique Aboilard.
La première utilisa le matériel déjà
préparé par elle, en vue de la transformation à
la batterie centrale de trois bureaux de la périphérie
; les délais de livraison et d'installation étaient
de un mois et demi pour les groupes de départ et de deux
mois et demi pour le tout.
La seconde construisit les groupes de départ et commanda
en Amérique les groupes d'arrivée, qui lui furent
envoyés complètement équipés ; les délais
consentis étaient de deux mois.
Ce bâtiment provisoire, commencé le 23 septembre, était
mis à la disposition des constructeurs le 12 octobre.
En attendant l'installation des multiples, les lignes de la Présidence
de la République, des Ministères et des grandes administrations
avaient été rattachées en égout sur
des lignes de service et renvoyées, dès le 22 septembre,
aux bureaux de la périphérie.
Ces rattachements de
ligne furent continués les jours suivants et, le 31 octobre,
483 lignes d'abonnés, journaux, services publics et établissements
financiers, ainsi que 220 cabines téléphoniques étaient
rétablies et fonctionnaient normalement dans ces bureaux.
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VUE
DES BARAQUEMENTS DE GUTENBERG, DU COTÉ DE I,A RUE DU LOUVRE.
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VUE DE
L'INTÉRIEUR DES BARAQUEMENTS AVEC LES DEUX MULTIPLES.
Pendant ce temps, le déblaiement et la
réfection du répartiteur d'entrée avaient été
entrepris par les ouvriers de l'administration, travaillant de jour
et de nuit.
Ces travaux, ainsi que ceux concernant, la réparation des
câbles, étaient achevés à la fin de novembre.
Le 5 décembre, l'installation des multiples était
terminée et les abonnés successivement raccordés;
le 25 décembre, aussi bien pour les circuits urbains que
pour les interurbains, le service était entièrement
rétabli. État et constructeurs avaient accompli un
véritable tour de force. |
VUE D'ENSEMBLE DES GROUPES DE DÉPART PENDANT LE MONTAGE.
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L'épilogue de l'incendie de Gutenberg
: en 1910 l'administration se dérobe.
Il y a eu deux ans le 20 septembre dernier
que l'incendie dévorait l'hôtel des téléphones
de Gulenberg.
Quelques semaines après le sinistre,
l'Association des abonnés au téléphone intentait,
au nom de deux abonnés, un procès en dommages-intérêts
à l'administration, se faisant fort de prouver que l'incendie
avait été causé par incurie, et que l'Etat-patron
était responsable du tort qu'il avait causé à
ses clients
L'administration, qui se sent fautive et
qui redouté de voir ses responsabilités et ses fautes
étalées au grand jour, s'est réfugiée
dans le maquis de la procédure. Finalement l'affaire devait
être plaidée au fond en novembre dernier. L'avocat
de l'administration prétexta un deuil pour solliciter,
quinze jours d'avance, une remise. La date fut fixée irrévocablement
au 9 janvier.
De nouveau, l'administration vient de recommencer
ses manoeuvres dilatoires et elle vient d'obtenir une nouvelle
remise au 20 février.
On se demande jusqu'à quand durera
cette comédie et celte perpétuelle dérobade.
Bon gré, mal gré, il faudra bien plaider, et on
assure que le dossier de l'Association des abonnés est
écrasant.
C'est bien ce que redoutent les représentants
de l'Etat, qui n'ont même pas le courage de se montrer beaux
joueurs.
Sommaire
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1910 Le réseau
de PARIS devait souffrir d'une autre calamité et l'on n'a
pas oublié les dégâts causés par l'inondation
de janvier-février .
C'est le réseau souterrain qui est victime de l'inondation.
Le réseau comprenait alors des câbles à circulation
d'air de 224, 112, 27, 7 et 1 paires, 147 chambres de coupure
abritant 1 300 têtes de câbles, 12 000 pièces
de raccord (dites « manchons ») posés en égout.
La moitié des égouts n'est libre que vers mars ;
1 000 lignes ne sont pas dégagées avant avril ;
le réseau n'est entièrement restauré que
le 4 mai.
Le sinistre met en lumière le fait que, « faute de
ressources en matériel et en personnel, le réseau
de Paris n'avait pas été, depuis plusieurs années,
l'objet d'un entretien régulier ».
E. Estaunié, directeur de l'École supérieure
de télégraphie, rapporteur devant la commission
des inondations, souligne qu'il est urgent « de revenir
sur des méthodes d'économie au jour le jour, qui
se traduisent ensuite par des pertes désastreuses ».
Avril 1910, la commission des inondations, édite
le rapport
Bordelongue, un état détaillé et
chiffré des dégats et répartations des réseaux
télégraphiques et téléphoniques de
Paris.
Un débat s'instaure dans la presse : faut-il ou non
sortir le téléphone des égouts ?
L'administration ne prétend pas revenir au réseau
aérien, mais elle prévoit au moins de déplacer
toutes les chambres de coupure au rez-de-chaussée d'immeubles.
Ces deux anecdotes ne constituent-elles pas deux bons points,
en faveur de notre Administration si dénigrée ?
II faudra une dizaine d'années pour appliquer
réellement le plan de 1891 .
Tous les bureaux crées par la S. G. T. â l'exception
de celui de Passy seront successivement fermés : 3 en 1894,
3 en 1895 et 2 en 1900, et remplacés par d'autres .
Le central Gutenberg, le plus important a commencé dès
1893.
Les plans de rénovation du réseau reviennent
à l'ordre du jour.
En effet, 1909-1910 est une période d'intense débat
public sur la crise du téléphone et sur son financement.
En particulier, en 1910, le sénateur Steeg dépose
une proposition de loi sur la réorganisation financière
et administrative du ministère des Postes et Télégraphes.
La même année, le rapporteur du budget de ce ministère,
Charles Dumont, préconise la séparation du
budget général, la tenue de comptes d'exploitation
sur le modèle industriel, la préparation de plans
d'équipement.
Tout cela, en matière de téléphone, s'appuie
sur les études menées sur le réseau de Paris
depuis 1907-1908.
Le programme à réaliser est le suivant : installer
un central autonome pour l'interurbain, reconstruire Gutenberg,
installer dans la circonscription de Gutenberg quatre autres multiples
neufs d'une capacité de 10 000 abonnés, dédoubler
trois circonscriptions, en créer deux autres...
Cela revient, en plus de la construction de Tinter et de la reconstruction
de Gutenberg, à créer neuf bureaux nouveaux d'un
coup.
Le projet sera déposé en 1914 mais la
période n'estait guère propice.
C'est seulement au moment de l'introduction de l'automatique
que cela se révélera possible.
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Sommaire
1911 En vue
de la création d'un nouveau bureau central téléphonique
destiné à desservir une partie de la circonscription
de Desrenaudes et les abonnés du quartier de Montmartre,
l'Administration a loué avec promesse de vente, 266, rue
Marcadet, un bâtiment que l'on construit actuellement, d'après
des plans approuvés par elle. Le bureau Marcadet desservira
une nouvelle circonscription formée de la partie de la circonscription
du bureau de Desrenaudes limitée par les voies suivantes
: Chemin de fer de l'Ouest-Etat, fortifications, boulevard Ornano,
rue du Mont Cenis, rue des Martyrs, boulevards de Clichy et des
Batignolles.
Le bâtiment en question recevra, au début, un tableau
multiple équipé pour 2.200 lignes d'abonnés
et 200 lignes suburbaines, mais il se prêtera facilement,
par la suite, à une installation susceptible de desservir
9000 abonnés. Il suffira, en effet, le moment venu,
de construire un 2e étage, sans avoir à toucher au
ler ; la résistance du plancher haut a été
prévue en conséquence.
Ce multiple fonctionnera, bien entendu, à batterie centrale.
Son agencement différera peu de celui des multiples des autres
bureaux de Paris. Toutefois, il y a lieu de signaler les particularités
suivantes :
a) Répétition du signal d'appel. Chaque relais
d'appel commandera deux signaux lumineux placés au-dessus
de deux jacks locaux reliés à la même ligne
d'abonné, mais situés dans des groupes différents,
séparés par au moins deux positions d'opératrice.
Cette disposition permettra d'assurer l'entraide dans des conditions
très satisfaisantes : 6 téléphonistes, au lieu
de 3 avec le système actuel, pourront répondre aux
appels d'un même abonné, ce qui aura pour conséquence,
non seulement, d'abréger le délai d'attente de cette
réponse, mais encore de répartir entre 5 opératrices,
au lieu de 2, le surcroît de travail résultant de l'absence
momentanée d'une téléphoniste.
De plus si une lampe d'appel vient à brûler, les appels
de l'abonné seront encore reçus par l'autre,
b) Appel sans clé. L'appel des abonnés, sur
les groupes B, se fera automatiquement, par le simple enfoncement
de la fiche dans le jack correspondant. Cette nouvelle disposition
facilitera le travail des opératrices B dont le rendement
sera ainsi accru.
c) Les groupes A ne comporteront pas, au début, de jacks
généraux, mais ils seront disposés pour en
recevoir ultérieurement, si l'utilité en était
reconnue.
d) Les lignes auxiliaires interurbaines seront agencées en
vue de leur liaison avec les tables d'annotatrices du nouveau
bureau interurbain, à installer rue des Archives. Elles
comporteront, dès lors, des signaux lumineux d'occupation,
répétés au-dessus des jacks multiplés
correspondant à chacune d'elles.
e) Les groupes B et intermédiaires recevront les circuits
suburbains de départ desservant les localités situées
au Nord de Paris.Les jacks correspondants, multiples de 5 en 5 panneaux,
seront pourvus de signaux d'occupation.
f) L'emplacement sera prévu pour l'installation d'un système
de compteurs de conversations, du type semi-automatique, ou, de
préférence, du type complètement automatique.
Dans le courant de l'année 1912 même,
la nouvelle circonscription téléphonique est créée,
qui dessert le poste central, rue Marcadet.
Sommaire
La stratégie sur
Paris et sa banlieue :
En 1880 la Société générale
des téléphones a donc racheté toutes les
concessions. Puis en 1 879 à l'expiration de concession
et après une longue et complexe bataille juridique et politique,
le téléphone devient monopole d'Etat.
Dans l'histoire de l'équipement téléphonique
du cadre parisien, on distingue aisément deux périodes.
- La première précédé l'automatisation
de la capitale. Elle court donc jusqu'à la fin des années
1920.
- La seconde est placée sous le double sceau de l'automatisation
et de l'échec de la modernisation du réseau parisien
et de sa région.
Vers 1880 il n'y à Paris et en proche banlieue
que quelques centaines d'abonnés parmi lesquels on compte
22 journaux, 70 banques, des agents de change, des courtiers en
marchandises. Le téléphone est perçu immédiatemment
comme un auxiliaire des échanges, et les milieux d'affaires
parisiens, comme c'est le cas dans toutes les grandes capitales,
sont parmi les premiers clients de la Société générale
des téléphones. Cela explique la précocité
des abonnements dans la banlieue est de la capitale à Pantin,
Saint-Ouen et Aubervilliers à cause de la présence
d'entrepôts et d'ateliers. D'autre part et pour d'autres
raisons, les communes de la banlieue aisée de l'ouest parisien
comme Saint-Cloud, Saint-Germain-en-Laye ou Versailles sont parmi
les premières à être équipées.
Ainsi, téléphoner est autant une opération
qui s'inscrit dans le monde des affaires, qu'un luxueux élément
de confort. Mais c'est surtout une opération complexe.
Dans un premier temps, les "communications",
ou procédés employés pour relier entre eux
les abonnés d'un réseau, sont manuelles.
C'est un opérateur humain, la demoiselle du téléphone,
qui établit les communications demandées puis les
coupe lorsqu'elles sont terminées. Jusqu'en 1907, les installations
sont réalisées dans Paris en batterie locale, les
postes étant munis d'une magnéto que l'abonné
doit actionner au début et à la fin des communications.
Une première transformation du réseau de
Paris consiste à mettre en oeuvre la batterie centrale
pour l'appel, ce qui supprime les magnétos. Jusqu'alors
pour appeler l'opératrice afin d'obtenir la communication
demandée, les abonnés envoyaient un courant sur
la ligne, soit en tournant une magnéto, soit en actionnant
un bouton d'appel relié à une batterie de piles
qui se trouvait chez eux.
L'innovation qui vient des Etats-Unis consiste
à remplacer ces sources particulières de courant
par une batterie centrale c'est-à-dire un puissant groupe
de piles dans chaque central.
Il suffit donc aux utilisateurs de décrocher leur combiné
pour établir le contact. Les travaux de transformation
commencés en 1907 se terminent en 1909. Les piles pour
l'alimentation des microphones subsistent encore chez les abonnés
après la suppression des magnétos, mais à
partir de 1920 tous les postes du réseau de Paris sont
à "batterie centrale intégrale".
Ces modifications techniques facilitent la vie des abonnés
en rendant le geste technique plus simple. On constate pendant
cette période un réel accroissement du nombre d'abonnés
à Paris. De 45 000 au 1er janvier 1910, le nombre d'abonnés
passe à 65 000 en juillet 1914. Cette progression se ralentit
pendant le premier conflit mondial à la fin duquel on dénombre
(31 décembre 1918) 76 000 abonnés répartis
en 16 circonscriptions au centre de chacune desquelles est implanté
un central manuel. La vétusté du réseau est
alors patente, alors que l'incendie du central Gutenberg (18 000
abonnés) en septembre 1908 et les énormes dégâts
provoqués par les inondations de 1910 avaient déjà
souligné et aggravé sont état défectueux.
Or et quand bien même la croissance du nombre
d'abonnés resterait-elle faible par rapport à d'autres
grandes capitales se pose rapidement la question de l'automatisation
du réseau.
En effet, cette transformation correspond à un besoin.
La commutation manuelle montre vite ses limites. Le nombre d'opératrices
suit la croissance du nombre d'abonnés. De fait les centraux
prennent des dimensions imposantes avec pour corollaire des problèmes
accrus de sécurité et de fiabilité de l'exploitation.
La solution (liée à l'impasse technique, en ce qu'
elle y répond) existe. Il s'agit de l'automatisation des
opérations de commutation.
A l'orée des années 1920 plusieurs
systèmes sont développés.
L'adoption d'un système adapté à Paris est
à l'ordre du jour. L'administration a des moyens grâce
à l'adoption d'un budget annexe en juin 1923 et met en
route un plan de modernisation portant sur trois axes dont l'automatisation.
Les industriels sont conscients de son pouvoir. Le premier central
parisien en service jouera un rôle majeur et chacun sait
que le choix engagera l'avenir. Mais il est impensable sur le
plan technique d'équiper une ville comme Paris et sa région
d'une mosaïque de matériels disparates. En outre un
tel choix a une valeur symbolique. En effet, depuis 1892, le service
téléphonique de la région de Paris est constitué
en une direction autonome à la tête de laquelle est
placé un directeur ingénieur. En 1896 les services
de "télécommunications" de Paris et sa
région représentent une circonscription autonome
placée sous la direction de 3 ingénieurs 2. C'est
la seule enclave qui échappe à l'administration
postale.
En 1925, dans le cadre du plan 1923/1924
commence la consultation pour l'équipement du réseau
de Paris pour lequel plusieurs techniques sont en présence.
La première (dont le brevet de base date de 1889) est le
système Strowger. C'est le premier
autocommutateur électromécanique, ainsi appelé
parce que le mouvement des pièces, les balais, nécessaires
à l'établissement de la liaison étaient commandés
par des électroaimants.
Les autres systèmes sont des systèmes dits rotatifs.
Aucune des firmes en concurrence n'était équipée
de matériel français. Les 2 entreprises françaises,
la Compagnie des Téléphones Houston-Thomson et la
Société Industrielle du Téléphone,
utilisaient le matériel Strowger.
- La Société des Téléphones Ericsson,
elle, présentait un matériel suédois et la
Société LMT rachetée
par ITT, un matériel Strowger.
- Quant à la CGTT (Compagnie générale
des télégraphes et téléphones) elle
possédait un Strowger fabriqué
sur brevets Siemens. Elle était donc exclue d'avance, l'administration
refusant dépendre d'une technique allemande.
Après une véritable bataille, racontée avec
talent par lun de ses principaux protagonistes, Maurice
Delorraine les arguments de LMT l'emportent.
Le système Rotary se montrait
plus complet et plus fiable. D'autre part LMT proposait de construire
en France dans la banlieue de Paris à Boulogne-Billancourt
une usine aux capacités de production importantes. Enfin
le système était beaucoup plus avantageux.
Le choix du système Rotary
ainsi fait, les travaux qui sont considérables en bâtiments,
en installations, en lignes ... commencent en 1926.
A ces modifications techniques dans le domaine de l'infrastructure
s'ajoute la transformation des postes d'abonnés.
C'est en effet pendant cette période qu'est décidée
la standardisation des terminaux d'abonnés, l'adoption
et la généralisation du poste de type 1924. La première
tranche de travaux comportait les cinq centraux automatiques de
Carnot (ouverture prévue en 1928) puis Gobelins, Diderot,
Vaugirard, Trudaine. Les prévisions faites alors pour l'ensemble
des zones urbaines et suburbaines de Paris portait sur un total
de 480 000 lignes équipées en automatique -à
l'horizon 1937 -pour desservir environ 330 000 lignes d'abonnés,
soit un taux assez large de disponibilités de l'ordre de
trente pour cent.
Après des opérations de contrôle
et de mise au point qui avaient duré plusieurs mois, le
premier central automatique de Paris "Carnot" fut ouvert
au trafic et inauguré le 22 septembre 1928. Le transfert
des 3 500 premiers abonnés en automatique eu lieu en moins
de trente minutes et les résultats se révélèrent
entièrement satisfaisants dès les premiers jours
d'exploitation. L'installation comprenait un autocommutateur d'une
capacité de 6 000 lignes ainsi que toutes les tables d'opératrices
destinées à assurer les liaisons avec les bureaux
manuels de Paris en respectant les conditions d'exploitation.
En ce qui concerne la région
parisienne les choses sont plus complexes. On peut alors distinguer
trois niveaux 3 correspondant à une hiérarchie spatiale
et tarifaire :
- la banlieue immédiate "déterminée
assez exactement par la zone bénéficiant de la taxe
suburbaine dans ses relations avec Paris" (liste de réseaux
fixés par arrêté ministériel) [zone
A].
- la "grande banlieue" qui correspond
à peu près à la zone d'action du central
parisien à trafic direct dit "central régional"
[zone B].
- la zone C, la plus éloignée
de Paris, dont les centraux fonctionnent dans les mêmes
conditions que les centraux de province.
La banlieue immédiate [zone A] formée
d'une couronne comprenant les communes limitrophes de Paris est
appelée "zone suburbaine" ou parfois zone à
taxe double car à partir de 1926 les communications échangées,
par la voie manuelle, entre Paris et cette zone sont taxées
pour deux unités. Dès les premières prévisions,
la mise en automatique de la zone suburbaine est liée à
celle de la zone urbaine et intégrée dans le même
programme d'ensemble. Jusqu'en 1926 les abonnés de banlieue
sont reliés au bureau de poste de leur commune, ce qui
donne lieu à des réseaux téléphoniques
d'importance très inégale, dotés dun
outillage varié et le plus souvent très désuet.
L'exploitation en est très difficile et de qualité
médiocre. C'est une poussière de réseaux..
Une première opération consiste
à supprimer cet émiettement en groupant les lignes
des abonnés de plusieurs communes dans un central manuel
important dont le nom, sans être celui d'une commune, doit
rappeler autant que possible la situation géographique
des abonnés. Il faut aussi, en prévision de la mise
en automatique, que les trois premières lettres de l'indicatif
du central de banlieue correspondent à un nombre à
trois chiffres ne faisant pas double emploi entre eux ni avec
tous ceux présents ou futurs du réseau urbain .
Quatre centres de transit (Vaugirard, Diderot, Carnot, Nord) sont
alors créés dans Paris. Pour éviter le maintien
d'opératrices dans les centraux automatiques suburbains,
les communications interurbaines des abonnés de ces centraux
doivent être écoulées par une chaîne
de sélection directe à partir de positions spéciales
à clavier du centre interurbain de la rue des Archives.
Cette méthode qui supprime les "groupes intermédiaires"
est par la suite étendue à tous les centraux de
la zone urbaine. La mise en oeuvre de cette organisation nécessite
en banlieue des opérations importantes d'achats de terrains,
de constructions de bâtiments, de remaniements profonds
du réseau des lignes.
Les premiers autocommutateurs suburbains
sont mis en service dans le courant de l'année 1933 :
-"Alésia" équipé
pour 6 000 lignes qui dessert les communes de Montrouge, Malakoff,
Gentilly, Châtillon, Bagneux, Arcueil ;
-"Michelet" équipé
pour 4 000 lignes qui dessert Clamart, Vanves, Issy-les-Moulineaux
;
-"Entrepôt" équipé
pour 4 000 lignes desservant Charenton, Alfortville, Maisons-Alfort,
Saint-Maurice.
Le programme prévu en 1932 aurait dû ainsi conduire
à l'ouverture jusqu'en 1937 de 21 autocommutateurs suburbains
ayant une capacité totale de 83 000 lignes d'abonnés,
mais ce programme ne fut pas complètement réalisé
: à la fin de l'année 1937 les autocommutateurs
suburbains atteignent à peine la capacité totale
de 50 000 lignes. Fin 1939, 14 autocommutateurs seulement sur
les 21 prévus se trouvent réalisés. Certains
autocommutateurs suburbains prévus dès 1932 ne sont
même réalisés que plusieurs années
après la guerre, par exemple celui de "Villette"
qui, pour desservir les localités de Romainville et Noisy-le-Sec,
n'est ouvert qu'en 1954 au lieu de 1937, soit avec un retard de
17 ans sur les prévisions initiales des besoins de l'admi¬
nistration : à partir de 1934, en effet, des réductions
de crédits budgétaires ralentissent les cadences
d'équipement.
Sommaire
Au fur et à mesure que l'exploitation se met en
place, voici quelques considérations en cette année
1911, sur l'utilisation des appareils « manuels »
actuels, c'est-à-dire des multiples.
NOTE SUR
L'EXPLOITATION DES APPAREILS MULTIPLES EN TÉLÉPHONIE
Par M. BARBARAT
Les conditions d'une bonne exploitation technique
des réseaux téléphoniques sont de plus en
plus à l'ordre du jour, maintenant que les systèmes
« automatiques » semblent pouvoir entrer en conçurrence
avec les systèmes « manuels ».
Sans se prononcer sur l'issue de cette lutte, on peut dire qu'un
système « manuel » sera d'autant plus près
de la meilleure exploitation qu'il se rapprochera davantage du
système « automatique ».
D'autre part, on voit que l'abonné peut être amené
à modifier profondément ses habitudes s'il doit
en résulter une accélération dans le service,
et dans tous les cas ce n'est pas la crainte de voir mal accepter
ces changements qui empêchera l'avènement de l'automatique.
Au lieu de regarder comme intangibles quelques
règles admises nous examinerons les conditions à
remplir pour rendre le service manuel aussi automatique que possible
et nous verrons s'il en résulte des modifications inacceptables
pour les abonnés dans la manière de demander la
mise en communication.
Pour réaliser autant que possible l'automatisme
il faut que la téléphoniste n'ait pas à faire
des opérations entraînant un travail mental qui,
si faible qu'il paraisse, devient très fatiguant à
la longue. La mise en communication doit être un acte réflexe.
Les règles suivantes en découlent immédiatement.
1. La téléphoniste
ne doit pas causer avec les abonnés. C'est évidemment
une cause de retard et ceia entraîne en outre une, fatigue
importante.
2. Elle ne doit avoir qu'une seule catégorie
d'abonnés sur son tableau. Si l'enregistrement des communications
est adopté il ne doit donner lien à aucune intervention
de sa part, c'est-à-dire que le comptage doit être
automatique.
3. La téléphoniste ne doit
prendre aucune note, n'avoir à transmettre aucun ordre
la forçant d'une part à faire un travail mental
et d'autre part à attendre la réponse d'une collègue,
ce qui cause de grands retards.
En résumé la téléphoniste,
dans tous les cas, doit répéter le même geste.
Elle ne doit donner que les communications dont les jacks sont
à sa portée et doit être immédiatement
libérée.
La première règle, si elle
est bien observée, a une influence très grande.
Elle supprime les causes de conflit immédiat entre les
abonnés et les opérateurs, conflits qui, bien que
peu graves, sont souvent aigus et toujours énervants. Ils
nuisent non seulement à la rapidité du service mais
font au personnel une réputation tout à fait imméritée.
Il faut donc que la téléphoniste puisse renvoyer
à un service spécial qu'on peut appeler «
renseignements », tout abonné qui a une question
à poser, des indications à obtenir ou des observations
à faire sur le service. Si les « renseignements »
ne peuvent solutionner la question, le chef de bureau peut être
appelé à intervenir, mais dans tous les cas l'opératrice
doit être, comme nous l'avons dit, immédiatement
libérée.
La téléphoniste ne doit jamais avoir besoin, de
rentrer sur la communication pour reconnaître si la conversation
est terminée, c'est le résultat obtenu par les signaux
de supervision dans le système dit à Batterie Centrale.
Il est inutile de décrire ce procédé bien
connu, tout en faisant remarquer que les autres fonctions de la
Batterie Centrale, alimentation des microphones des abonnés
et appels du bureau, peuvent être différées
ou supprimées sans nuire à la rapidité du
service qui seule est examinée actuellement.
Il est également très utile que la téléphoniste
n'ait pas à intervenir pour prévenir l'abonné
que le correspondant demandé « n est pas libre »
ou « ne répond pas ».Il y a toujours, dans
ces cas si fréquents, motif de conversation pour l'abonné,
d'où cause de retard dans le service et de fatigue pour
le personnel.
L'avis « pas libre » doit être donné
automatiquement par l'enfoncement de la 2e fiche dans un jack
spécial de « ligne occupée ». L'abonné
est prévenu par une série de' ronflements rythmés
caractéristiques. Le public a, il est vrai, besoin d'être
habitué à ce signal. C'est une charge pour le service
des renseignements au début ; mais on supprime ainsi toute
conversation entre la téléphoniste et l'abonné,
ce qui arrive souvent quand l'avis est donné verbalement,
l'abonné ne manquant pas do demander à être
rappelé, surtout si c'est autorisé par le règlement.
Le second cas « non réponse
» est une source encore plus grande de récriminations.
Si la téléphoniste signale trop vite « ne
répond pas » elle risque de supprimer une communication
parce que l'abonné demandé n'a pas eu le temps de
se présenter à l'appareil. Si on prescrit à
la téléphoniste de revenir sur la communication
à intervalles répétés, on lui impose
un travail supplémentaire nécessitant un effort
mental, ce qu'il faut absolument éviter. C'est en outre
une cause nouvelle de retard. Dans la plupart des multiples modernes,
l'appel de l'abonné demandé se fait automatiquement
à intervalles réguliers, la clé d'appel étant
à enclenchement magnétique ou mécanique.
Il est facile de faire entendre à l'abonné demandeur
le bruit de l'appel chez l'abonné demandé et cette
disposition dispense absolument la téléphoniste
de répondre à l'abonné demandeur lorsque
l'éducation du public est laite.
L'abonné demandeur se rend compte
que la communication lui a été donnée et
que le Bureau Central ne peut pas faire plus ; il comprend très
bien que toute nouvelle intervention da la téléphoniste
est inutile.
Après avoir attendu plus ou moins
longtemps suivant sa patience et la connaissance des habitudes
ou de l'installation de son correspondant, il raccroche son récepteur
et la communication est rompue par la téléphoniste
qui voit apparaître le signal de fin.
Nous considérons cette pratique encore
peu répandue comme très importante et comme le complément
nécessaire de l'appel automatique du demandé.
La deuxième règle
nous paraît non moins indispensable. Quelle complication
pour la téléphoniste si elle doit chaque fois réfléchir
à son geste suivant la nature des abonnements. D'autre
part on sait que tout pointage des communications retarde considérablement
le service et augmente beaucoup le prix de revient de chaque communication.
L'emploi des compteurs à poussoir
ne simplifie le pointage qu'en apparence, car il faut que la téléphoniste
suive la conversation au moyen des signaux de supervision. Si
elle attend que l'abonné demandé ait répondu
elle perd beaucoup de temps et si elle donne dans l'intervalle
une ou plusieurs autres communications, il faut qu'elle revienne
à celle qu'elle a abandonnée provisoirement, ce
qui exige un travail mental pour se rappeler si elle a pointé
ou non la communication. Il est facile de constater par épreuves
que beaucoup de communications ne sont pas pointées et
que même quelquefois d'autres sont pointées à
tort, même par les meilleures téléphonistes.
Cette considération nous fait rejeter
complètement l'abonnement à conversations taxées
unitairement. Nous le considérons comme le plus défectueux
dans un réseau d'une certaine importance, parce qu'il ralentit
le service et élève le prix de revient de chaque
communication tout en restant exposé à beaucoup
plus d'erreurs qu'on ne le croit généralement même
avec un compteur à poussoir.
L'abonnement complet, c'est-à-dire
donnant droit à un nombre illimité de communications,
dispense de tout pointage.
Bien qu'il soit très supérieur
au précédent au point de vue de l'exploitation technique
il a donné lieu à de vives critiques justifiées
d'ailleurs au point de vue de l'exploitation commerciale. Il est
trop avantageux pour les uns, pas assez pour les autres et par
l'abus qu'il autorise, il contribue par
un autre motif à nuire aussi à la rapidité
-du service qui, je le répète, est le seul point
à envisager pour l,e moment.
Aussi pour remédier à ces
inconvénients très apparents pour le public qui,
au contraire, ne voit pas ceux de l'abonnement à conversations
taxées, on a proposé souvent de supprimer l'abonnement
forfaitaire et de le remplacer précisément par l'abonnement
à communications taxées unitairement.
A notre avis le remède est pire que
le mal. Dans des bureaux d'importance moyenne on a même
laissé subsister les deux modes d'abonnement, en laissant
le choix aux abonnés. Cette combinaison est la plus mauvaise
de toutes, elle oblige la téléphoniste à
réfléchir : à chaque communication, ou bien
il faut grouper les abonnés de même espèce
et alors on n'est plus maître d'équilibrer le travail
au moyen du répartiteur intermédiaire.
Il faut donc rechercher une forme d'abonnement
qui tout en n'imposant aucun pointage à la téléphoniste
tienne compte du désir très naturel des abonnés
de voir le prix varier avec le service rendu. Cette forme c'est
l'abonnement forfaitaire gradué.
L'abonné paie une redevance fixe
à laquelle s'ajoutent des taxes variables suivant la consommation.
Ce système est évidemment bien préférable
aux deux autres. Il n'impose aucun travail supplémentaire
à la. téléphoniste qui donne les communications
comme dans le forfait complet et la redevance exigée est
suffisamment proportionnelle au service rendu, si on choisit convenablement
les échelons.
La difficulté c'est de classer les
abonnés d'après leur consommation. Le pointage à
intervalles variables peut conduire à des , résultats
erronés et complique'le service. Nous pensons que le moyen
le plus simple est d'adopter sur chaque ligne un compteur fonctionnant
automatiquement quand la mise en communication est réalisée.
Sans insister sur le côté technique,
on voit qu'on peut utiliser le contact produit par le relais de
supervision quand l'abonné demandé décroche
pour remplacer le contact établi à la main par la
téléphoniste.
Il semble alors à première
vue que, puisque chaque abonné a un compteur, on pourrait
revenir à la conversation taxée à l'unité,
l'exploitation technique n'en serait pas ralentie, le comptage
étant automatique ; mais on se heurterait à un autre
genre de difficultés. Avec le tarif à l'unité
les réclamations seraient très nombreuses et le
règlement en serait très difficile, car on ne peut
affirmer qu'il n'y a pas quelques erreurs provenant de dérangements
notamment sur les lignes. Il faudrait donc presque toujours admettre
les demandes de réduction présentées. Avec
le tarif à échelons les difficultés ne se
produisent qu'au voisinage des paliers.
En cas de réclamation on se rapporte
au registre où sont consignés k pour chaque abonné
les dérangements qui ont pu affecter sa ligne ou son poste
et il est toujours plus facile de régler équitablement
la réclamation.
Le compteur ne doit être considéré
que comme un instrument de statistique et non comme un registre
de comptabilité.
Les abonnés n'admettraient d'ailleurs
pas et avec raison un compteur automatique pour le paiement des
conversations à l'unité, si ce compteur n'était
pas sous leur contrôle.
La 3e règle nous
semble avoir plus d'importance encore pour la rapidité
du service.
C'est ainsi que la téléphoniste
ne doit pas prendre note d'une communication qui n'a pas eu lieu
pour cause de « ligne occupée ».
C'est à l'abonné demandeur
à rappeler. Cette obligation existe en général
partout et il ne faut pas s'en départir sous prétexte
que le public le demande. Loin d'être utile aux abonnés,
cette mesure est nuisible. D'ailleurs si les communications sont
données rapidement et si le service est bien fait, les
réclamations disparaissent d'ellesmêmes.
La téléphoniste ne doit pas
enregistrer les demandes de communications suburbaines ou interurbaines,
mais renvoyer immédiatement l'abonné à une
annotatrice chargée d'inscrire la demande sur un feuillet
spécial qui recevra ultérieurement les indications
utiles pour débiter le compte individuel.
Cette règle est suivie partout et
cependant c'est la plus difficile à bien faire comprendre
aux abonnés. La plupart ne donnent pas leur
propre numéro, pensant que la téléphoniste
sait bien qui appelle et il en résulte souvent de légères
récriminations. Il faut néanmoins conserver absolument
cette règle tout en cherchant à faire l'éducation
des abonnés. C'est le rôle des « renseignements
».
L'annotatrice
elle-même doit être libérée aussi vite
que possible, par conséquent elle doit renvoyer d'office
aux « renseignements » toute annotation interurbaine
qui serait une cause de retard par suite de demande irrégulière
de l'abonné.
Enfin, s'il y a plusieurs bureaux centraux,
comme à Paris, cette règle adoptée pour l'interurbain
doit être également suivie pour les intercommunications
; c'est-à-dire que l'abonné doit demander d'abord
le bureau correspondant et être renvoyé à
ce bureau où il donnera directement son ordre.
La principale difficulté signalée
à l'interurbain, nécessité de donner son
propre numéro, n'existe plus et par conséquent cette
habitude, si naturelle, serait vite prise par le public.
C'est sur ce point que nous nous séparons
totalement de la méthode d'exploitation américaine,
parce qu'elle force la téléphoniste à transmettre
des ordres et à attendre ses collègues, ce que nous
considérons comme contraire à l'automatisme qu'on
doit chercher à réaliser. Il est inutile d'insister
plus longuement ; mais nous considérons que puisqu'on exige
des abonnés la transmission directe de leur ordre à
l'annotatrice interurbaine, ce qui les force en plus à
répéter leur propre numéro, il n'y a aucune
raison valable pour ne pas suivre la même méthode
rationnelle pour les communications entre bureaux. Ce n'est qu'à
cette condition qu'on obtiendra des téléphonistes
l'unité des manuvres permettant de ramener toutes
les opérations à des actes réflexes, faisant
ainsi d'un système manuel un système se rapprochant
de l'automatique. On supprimera du même coup toutes les
erreurs de retransmission qui sont, malgré le zèle
des téléphonistes, très fréquentes.
Nous rejetons donc complètement, pour arriver
à l'automatisme, la règle d'exploitation qui force
la téléphoniste à transmettre des ordres
sur des lignes appelées pour cette raison lignes d'ordres.
C'est une cause d'erreurs, de retards et de fatigue pour le personnel.
Il résulte des considérations
exposées que les règles nécessaires pour
arriver à l'automatisme des mises en communications au
moyen des appareils manuels, n'entraînent aucune sujétion
inacceptable pour les abonnés.
Il leur est demandé de s'habituer
à rester à l'appareil, de comprendre la signification
du signal «occupé », de constater que leur
correspondant a été appelé et par suite de
ne pas exiger qu'on les prévienne des «non réponses
», de donner leurs ordres de communications interurbaines
avec leur propre numéro à une , 2e téléphoniste
annotatrice et enfin par analogie, dans le cas où le réseau
est desservi par plusieurs multiples, de demander d'abord par
son numéro le bureau où se trouve leur correspondant
et de donner ensuite leur ordre directement à la 2e téléphoniste
dite d'arrivée comme ils le donnent à l'annotatrice.
D'autre part, l'abonnement devra être
unique forfaitaire à tarif gradué suivant la consommation,
avec une taxe fixe représentant l'entretien des installations.
Sommaire
1911 MISE EN SERVICE DE GROUPES
DE RAPPELS dans les bureaux centraux téléphoniques
de Paris.
Les communications téléphoniques
demandées par les abonnés de Paris pour les
localités de la banlieue appartenant au groupe de
Paris n'étant soumises à aucune taxe, la nécessité
de prendre note de ces eommunications disparaît et
le raccordement des circuits de cette catégorie sur
des tables interurbaines ne s'impose pas.
En fait, ces circuits sont, depuis plusieurs années
déjà, répartis sur les multiples de
la périphérie parisienne les plus voisins
des localités qu'ils desservent et placés
dans le multiplage général, au même
titre qu'une ligne d'abonné ordinaire, avec cette
différence toutefois que, destinés seulement
à l'établissement des communications de départ
de Paris, ils n'aboutissent pas à desjacks locaux
et sont dépourvus de dispositifs de réception
d'appels.
Dans ces conditions, l'exploitation de ces circuits présente
des difficultés inhérentes, d'une part, à
leur petit nombre, et, d'autre part, au fractionnement des
multiples sur lesquels ils sont raccordés.
Il est facile de se rendre compte qu'à certaines
heures chargées de la journée, il est presque
impossible au personnel de surveillance, dont l'intervention
est réclamée par le public, de contrôler
l'utilisation effective des circuits et, par suite, de trouver
ceux qui pourraient être disponibles, alors que ces
recherches doivent s'effectuer sur un multiple divisé
et réparti sur plusieurs étages.
Le temps perdu pour ces recherches et ce contrôle,
les pourparlers et les déplacements qu'ils exigent,
influent sur le service général et constituent
une cause de retards1 à laquelle il était
indispensable d'obvier.
L'installation des groupes de rappels qui vient d'être
réalisée dans -quelques-uns des bureaux centraux
parisiens permet d'exploiter plus rationnellement les circuits
suburbains, d'augmenter leur rendement et de libérer
le service de surveillance d'une charge qui le détournait
de sa fonction normale.
La composition d'un groupe de rappels est la suivante :
les circuits, après avoir passé par le multiplage
général, sont détournés et amenés
sur des jacks réunis devant une téléphoniste,
à la place du tableau des jacks locaux d'un groupe
de départ ordinaire. Chacun de ces jacks est muni
d'une lampe d'occupation, allumée lorsqu'une fiche
est enfoncée dans un des jacks généraux
correspondants du multiplage, éteinte lorsque le
circuit est libre.
Quand une téléphoniste
de départ ou d'arrivée des multiples reçoit
une demande de communication pour un de ces circuits, si,
après avoir fait le test, elle n'en trouve pas de
disponible, elle passe, par ligne de service, l'abonné
demandeur à sa collègue desservant le groupe
de rappel.
Celle-ci prend note du numéro du demandeur, de la
communication qu'il désire. et dès que l'extinction
d'une des lampes d'occupation correspondant à un
des circuits intéressés l'avertit de la disponibilité
du circuit, rappelle le demandeur et l'établit avec
le bureau de la localité demandée.
Le système revient en somme, approximativement à
employer l'exploitation par table interurbaine dans les
cas où la liaison immédiate n'a pu aboutir
par les moyens ordinaires.
Les résultats obtenus sont
excellents, le service est rendu incomparablement plus facile
et le rendement des circuits augmenté dans une notable
mesure.
Dans le futur bureau interurbain,
les circuits suburbains seront exploités dans des
conditions qui ont fait l'objet d'une longue étude
et ,qui permettra de leur faire donner leur plein rendement
en réduisant au minimum l'attente imposée
aux abonnés.
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Sommaire
1911 MISE EN SERVICE DE
TABLES D'ANNOTATRICES au bureau interurbain de Paris, 29,
rue du Louvre.
On sait que l'établissement d'une
communication interurbaine demandée par un abonné
de Paris s'effectue en deux temps.
Dans le premier, le demandeur est
mis en relation, par une ligne auxiliaire de départ
du multiple auquel sa ligne est raccordée, avec une
téléphoniste chargée d'inscrire et
de prendre note des appels de l'espèce et de fournir
les indications et renseignements utiles.
Dans le deuxième, lorsque le tour de conversation
est arrivé, la téléphoniste interurbaine
desservant le circuit intéressé, prépare
et établit la communication au moyen d'une ligne
auxiliaire partant de sa: table et aboutissant à
des groupes intermédiaires spéciaux faisant
partie du multiple auquel est reliée la ligne du
demandeur.
Il y a donc établissement de deux
communications successives n'empruntant pas les mêmes
voies, l'une destinée à l'inscription de l'appel,
l'autre à la conversation.
Jusqu'ici, la première de ces
communications était dirigée sur la table
desservant le circuit et reçue, soit par la téléphoniste
interurbaine elle même, soit par une aide placée
à ses côtés, constamment renseignée
par l'opératrice sur les fluctuations du trafic.
Un numéro d'ordre indiquant
le rang d'inscription était attribué à
chaque demande transmise.
Celte méthode présente le
grave inconvénient de détourner la téléphoniste
interurbaine de la surveillance exclusive des circuits qui
lui sont confiés et elle a pour résultat certain,
de diminuer le rendement de la ligne du nombre des communications
qui pourraient être établies dans le temps
mis par l'opératrice à répondre aux
demandeurs et à leur fournir les renseignements nécessaires.
En outre, s'il s'agit d'un circuit
sur lequel le trafic est intense et les. demandes nombreuses,
les abonnés doivent attendre leur tour pour faire
prendre leurs demandes, une seule employée étant
à leur disposition pourinscrire les communications
qu'ils désirent obtenir.
Ces difficultés, leur répercussion
sur le service et le mécontentement du public, préoccupaient
depuis longtemps l'Administration. Afin de les faire disparaître,
elle se résolut à appliquer à Paris,
un mode d'exploitation déjà usité à
l'étranger, consistant à décharger
la téléphoniste desservant un circuit de toute
besogne autre que celle relative à la préparation
et à l'établissement de la. communication
interurbaine.
En d'autres termes, des deux temps
nécessités par une demande deconversation
à grande distance, l'un, le premier, est confié
à une téléphoniste dite annotatrice,
distincte et indépendante de l'opératrice
interurbaine ; le second restant seul à la charge
de cette opératrice.
Ce mode d'exploitation vient d'être
mis en service au bureau interurbain de la rue du Louvre.
Il a été réalisé
de la manière suivante :
La liaison entre les téléphonistes
urbaines et les annotatrices s'effectue par l'intermédiaire
d'employées desservant des meubles spéciaux,
portant le nom de standards de distribution. Des lignes auxiliaires,
partant de chacun des multiples des bureaux centraux de Paris
et multiplées devant les téléphonistes
de départ aboutissent à des monocordes placés
sur un ou plusieurs de ces standards, suivant l'importance
du bureau.
Les lignes reliant les postes d'annotatrices
aux standards sont multiplées sur des jacks pourvus
de signaux lumineux d'occupation devant les téléphonistes
desservant les standards de distribution et chacune de ces
lignes aboutit à une clé munie d'un signal lumineux
d'appel constituant un poste d'annotatrice.
Ces annotatrices sont rangées,
se faisant vis-à-vis, sur les deux côtés
d'une table. Au milieu de la table et suivant son axe, circule
en permanence un chemin roulant formé d'une toile sans
fin entraînée par un tambour qu'actionne, au
moyen d'une courroie et d'un engrenage, un petit moteur électrique
fonctionnant sous le courant du secteur.
Lorsqu'un abonné demande l'interurbain,
la téléphoniste qui le dessert transmet l'appel,
par ligne de conversation, à sa collègue du
standard de distribution ; celle-ci désigne le numéro
de la ligne auxiliaire à employer et enfonce le monocorde
correspondant à cette ligne dansunjack de ligne d'annotatrice
libre, la disponibilité ou l'occupation de cette
dernière lui étant indiquées par l'extinction
ou l'allumage du signal lumineux placé au-dessus
du jack.
L'opératrice du départ
urbain, après avoir reçu l'indication de la
ligne auxiliaire à employer achève, pour ce
qui la concerne, l'établissement de la communication
en enfonçant, dans le jack correspondant à
la ligne désignée, la fiche d'appel de la
paire de cordons utilisée, puis elle relève
sa clé d'écoute.
La simple introduction de la fiche
du monocorde dans le jack de ligne d'annotatrice au standard
de distribution allume à la fois une lampe d'occupation
à capuchon blanc sur le monocorde et la lampe d'appel
placée sur la clé au groupe de l'annotatrice.
L'annotatrice abaisse la clé pour répondre
et se trouve en présence de l'abonné qui formule
sa demande.
L'abaissement de la clé, opéré
par l'annotatrice, provoque, d'une. part, sur le groupe de
départ urbain, l'extinction de la lampe desupervision
placée sur la fiche d'appel de la paire de cordons
utilisée et, d'autre part, sur le standard de distribution,
l'extinction de la lampe à capuchon blanc correspondant
au monocorde employé.
Les deux téléphonistes,
urbaine et distributrice, sont donc averties en même
temps et par la même manuvre, de la réponse
de l'annotatrice.
La demande de communication formulée
par l'abonné est inscrite, par l'annotatrice, sur
une fiche contenant, imprimées d'avance, toutes
les questions utiles.
Lorsque cette fiche est remplie, l'annotatrice donne à
l'abonné au lieu d'un numéro d'inscription
la durée probable de l'attente qu'il aura à
subir avant que son tour n'arrive, jette la fiche sur le
chemin roulant et relève sa clé.
Les durées d'attente relatives
à chaque localité sont affichées sur
un, panneau vertical installé à un des bouts
de la table des annotatrices dans un plan perpendiculaire
à son axe.
Une ligne, multiplée sur toutes les
tables interurbaines et aboutissant au récepteur
d'une employée placée à côté
du panneau d'affichage permet aux opératrices de
transmettre, chaque fois que cela est nécessaire,
les indications relatives aux durées d'attente probables
sur chaque localité, variables suivant le nombre
des inscriptions existant pour cette localité, à
la table interurbaine.
Dès qu'une indication de cette
nature est reçue par l'employée écoutant
en permanence sur la ligne, celle-ci la transmet verbalement
à une bouliste se tenant à ses côtés
et une nouvelle plaquette, conforme à l'indication
venant d'être donnée, est immédiatement
substituée à l'ancienne, en regard du nom
de la localité intéressée.
Les noms et chiffres, affichés
sur le panneau, ont des dimensions telles qu'ils sont parfaitement
visibles de toutes les annotatrices.
La fiche, jetée sur le chemin
roulant, est amenée à l'extrémité
de la table, opposée au
panneau d'affichage, sur un groupe de tri où des
employées la complètent en y inscrivant le
numéro de la table interurbaine dans laquelle elle
doit être dirigée, puis elle est remise à
une bouliste qui la porte à cette table.
Lorsque l'annotatrice relève
sa clé, aprés avoir terminé les opérations
qui lui incombent, elle provoque, par cette manuvre,
d'une part, l'allumage de la lampe de supervision placée
sur la fiche d'appel du cordon utilisé au groupe
de départ urbain et, d'autre part, l'allumage d'une
lampe à capuchon rouge correspondant au monocorde
employé au standard de distribution.
Le signal de fin de communication
est transmis, du même coup, aux deux téléphonistes
intéressées.
Il est important qu'il en soit ainsi : l'opératrice
du standard de distribution peut, en effet, par ce moyen,
libérer la ligne de l'annotatrice avant que sa collègue
urbaine coupe la communication, cette dernière ne
devant réglementairement intervenir, avant que la
deuxième lampe de supervision soit allumée
à son groupe, c'est-à-dire avant que le demandeur
ait raccroché son récepteur.
Au cas d'un afflux de demandes, l'annotatrice
est rendue immédiatement disponible et prête
à recevoir un nouvel appel.
La co-existence des deux lampes à
capuchon blanc et à capuchon rouge sur chaque monocorde
du standard de distribution a pour objet de fixer l'opératrice,
d'une manière certaine, sur l'état de la communication.
L'allumage de la seule lampe blanche
lui indique que l'annotatrice n'a pas répondu ; l'extinction
des deux lampes blanche et rouge l'avertit que la communication
est en cours, et lorsque la lampe rouge s'allume, la conversation
est terminée et le monocorde doit être mis
au repos.
Il n'y a aucun risque d'erreur ou
de confusion.
Ce nouveau mode d'exploitation semble devoir
donner de bons résultats et satisfaire aux besoins
de la clientèle téléphonique.
Tel qu'il a été réalisé,
il constitue un sérieux progrès qui a eu pour
résultat de dispenser de toute attente les abonnés
qui désirent faire inscrire une demande de communication
interurbaine.
Dans l'installation future de l'interurbain,
il sera encore perfectionné ; plusieurs projets ayant
des avantages sensiblement comparables sont à l'étude.
Vu dans le bulletin de l'association de
1911:
L'installation est prévue
pour permettre le mode suivant d'exploitation.
I. Appel effectué
par un circuit interurbain pour un abonné de
Paris.
L'appel est reçu par l'allumage
d'une lampe placée sur la table dont l'opératrice
dessert le . circuit. Cette dernière prend note
de la demande. Pour préparer la communication,
elle se met en relation, par ligne de conversation,
avec la téléphoniste urbaine de l'un des
groupes intermédiaires du multiple auquel est
relié l'abonné demandé. Cette téléphoniste
lui renvoie la ligne de l'abonné sur une ligne
auxiliaire qu'elle lui désigne. Quand le moment
est venu d'établir la communication, l'opératrice
de la table interurbaine sonne elle-même l'abonné
de Paris à l'aide d'un bouton d'appel qui reste
enclanché automatiquement
jusqu'au moment où l'abonné répond.
Elle peut suivre l'étatdela conversation à
l'aide d'une lampe de supervision qui s'allume quand
l'abonné raccroche le récepteur de son
appareil. L'abonné de Paris a donc la faculté
de rappeler atout instant le bureau interurbain en manoeuvrant
le crochet commutateur de son appareil. D'autre part,
une lampe spéciale permet aussi à l'opératrice
de province de rappeler en cours de conversation l'opératrice
de Paris et de lui faire parvenir, de son côté,
le signal de fin de communication. Le groupe intermédiaire
du multiple urbain est averti par l'allumage d'une lampe
du moment où la communication est coupée
à la table interurbaine.
II. Appel effectué par
un abonné de Paris pour un circuit interurbain.
La téléphoniste
du multiple urbain qui répond à l'abonné
le met en relation par une ligne directe avec
la table d'annotatrices du bureau interurbain.
Une des annotatrices reçoit la demande, en
prend note sur une fiche de papier et renseigne l'abonné
sur la durée probable de l'attente en consultant
un panneau d'affichage visible de toutes les annotatrices.
Dès que la fiche de demande de communication
est remplie, elle est envoyée par tube pneumatique
à la table dont l'opératrice dessertie
circuit demandé. Cette dernière la classe
à son rang et/quand le moment est venu, elle
rappelle l'abonné et établit la communication
de la même manière que dans le cas précédent
(I). L'heure et la durée de la communication
sont imprimées sur la fiche correspondante
à l'aide d'un calculographe actionné
par la simple manoeuvre d'un levier au début
et à la fin de la communication.
L'installation des tables d'annotatrices
du nouveau bureau interurbain différera du
système actuel par les deux points suivants:
- Elle ne comportera plus de
standards spéciaux, appelés «
standards de distribution », servant à
distribuer les appels aux annotatrices libres. Chacune
des lignes d'appel venant des différents bureaux
de Paris aboutira directement à la table des
annotatrices, de telle façon que le simple
enfoncement de la fiche dans le Jack de la ligne d'appel
sur le multiple urbain aura pour effet de faire apparaître
des signaux lumineux fonctionnant ensemble et placés
l'un sur une clé installée
sur le Keyboard de l'une des positions d'annotatrices,
les autres au-dessus de jacks multiples devant d'autres
positions d'annotatrices. La réponse d'une
annotatrice par l'abaissement de la clé ou
par l'enfoncement d'une fiche dans un des jacks correspondants
aux signaux d'appel, provoque, d'une part, la disparition
de tous les signaux et, d'autre part, l'extinction
de la lampe de supervision au groupe de départ
urbain.
Chaque lampe sera multiplée
sur cinq jacks dont chacun sera à la portée
de deux annotatrices. Il en résulte la possibilité
pour 11 annotatrices de répondre sur une même
ligne d'appel (20 sur les jacks et 1 sur la clé).
Chacune aura devant elle 6 clés sur lesquelles
elle devra répondre tout d'abord, et à
sa portée 60 jacks à signaux lumineux
sur lesquels elle devra répondre toutes les
fois qu'aucun appel ne sera en instance sur une des
clés placées devant elle. Grâce
à cette disposition, les appels se répartissent
d'eux-mêmes, d'une façon sensiblement
égale entre les diverses opératrices,
et l'intermédiaire des standards de distribution
peut être supprimé.
- La deuxième caractéristique
de l'installation nouvelle des annotatrices est l'emploi
de tubes pneumatiques pour faire parvenir les-fiches
de demandes aux tables interurbaines.
Actuellement ces fiches, rassemblées
à l'une des extrémités de la
table des annotatrices à l'aide d'une courroie
sans fin, sont distribuées par des boulistes.
Dans le nouveau bureau interurbain, ces fiches seront
rassemblées de la même façon à
l'une des extrémités de la table ; elles
y seront reçues par des trieuses qui, après
les avoir contrôlées, les plieront et
les passeront à une tubiste voisine qui les
enverra par un tube direct à la table intéressée.
Un même tube desservira deux tables interurbaines
voisines. Pour expédier une fiche, il suffira,
après avoir soulevé la trappe du tube
à utiliser, d'y introduire la fiche préalablement
pliée d'une façon spéciale; la
simple fermeture de la trappe commandera l'envoi de
l'air comprimé qui chassera la fiche dans le
tube. La téléphoniste de la table interurbaine
n'aura aucune manoeuvre à effectuer pour recevoir
cette fiche qui sera déposée automatiquement
sur le Keyboard.
Le système d'affichage
des durées d'attente pour les différents
circuits sera analogue à celui du
bureau interurbain actuel ; des essais seront faits
ultérieurement pour le remplacer par un système
d'affichage automatique.
III. Appel provenant d'un circuit
interurbain pour un autre circuit
interurbain (communication en
passe-Paris).
Si l'appel émane d'un
circuit de catégorie supérieure à
celle du circuit demandé, la téléphoniste
de la table à laquelle est relié le
premier circuit doit disposer sans délai du
second circuit et, par une ligne de service, elle
demande elle-même le renvoi à la téléphoniste
qui le dessert normalement.
À chaque circuit correspond
une ligne mulliplée de deux en deux tables
qui lui est spécialementatl'ectéepourlesintercommunications,
et sur laquelle il peut être renvoyé
par la manoeuvre d'une clé spéciale
placée sur la table du circuit. Dès
que le circuit demandé devient libre, la téléphoniste
qui le dessert le renvoie sur le mulfiplage, comme
il vient d'être dit, et une lampe spéciale
d'occupation lui indique l'instant où le circuit
devient libre. De son côté, la téléphoniste
qui l'a demandé, est prévenue par l'extinction
de la lampe de supervision de la paire de cordons
employée, dès qu'il lui est renvoyé.
Ces signaux d'occupation évitent
un échange d'ordres entre les opératrices
et immobilisent le circuit pendant le minimum de temps
nécessaire.
Si l'appel provient d'un circuit
de catégorie inférieure à celle
du circuit demandé, la téléphoniste
qui dessert le premier se. met en relation avec une
annotatrice qui enregistre la demande comme elle le
ferait pour celle d'un abonné. La table desservant
le circuit de catégorie supérieure opère
ensuite comme dans le cas précédent,
dès qu'elle peut en disposer.
IV. Seroice de nuit.
Pendant les heures de nuit ou
de faible trafic tous les circuits peuvent être
concentrés sur 50 tables. A partir de minuit
une deuxième concentration peut être
faite sur 10 tables seulement.
La concentration se fait, pour
chaque circuit, par la manoeuvre d'une clé
spéciale, qui le renvoie en permanence sur
le multiplage en même
temps qu'elle substitue la lampe d'appel de nuit à
la lampe d'appel de jour.
Le bureau comprendra au début
200 tables qui pourront desservir environ 700 circuits
; chaque table pourra recevoir en moyenne 3,5 circuits
et un maximum de 4 à 5, s'il s'agit de circuits
de faible trafic. 50 annotatrices recevront les appels
destinés à ces 200 tables.
Un emplacement suffisant est
prévu pour 320 tables pouvant desservir environ
1.100 circuits et nécessitant environ 80 annotatrices.
Au bureau interurbain seront reliés
uniquement les circuits taxés au départ
de Paris et qui sont acluellementau nombre de 400
environ.
Quant aux circuits du groupe de Paris,
c'està-dire non taxés au départ,
ils sont actuellement reliés aux multiples
urbains de la périphérie. Ces circuits
interurbains, qui sont au nombre de plus de 500, nécessitent
une méthode d'exploitation spéciale,
différente de celle des circuits interurbains
et différente aussi de celle des lignes d'abonnés.
Aussi un bureau spécial sera-t-il prévu
pour les desservir.
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Les centraux manuels vont continuer à
évoluer, l'automatisme prendra le relais petit à
petit mais il restera quand même des abonnés
reliés en manuel jusuq'aux années 1960.
|
Sommaire
Evolution en
Angleterre :
Distributeur automatique de trafic. (Telephony 28 janvier
1911).
Certains tableaux multiples manuels arrivent
à être remplis d'une façon très
rapide et les Compagnies et Administrations voient d'autre
part augmenter chaque année leurs dépenses
de personnel, sans encaisser de suppléments de recettes
correspondant à ces dépenses, le distributeur
automatique de trafic peut dans ces conditions rendre de
grands services.
Ce distributeur permet de relier une ligne
quelconque d'un groupe d'abonnés avec une ligne auxiliaire
libre. Par exemple, la figure 1 montre schématiquement
10 lignes auxiliaires ; le distributeur permettra de laisser
ces 10 lignes à la disposition de 100 abonnés
et de relier à volonté l'un de ces abonnés
à l'une des lignes auxiliaires laissée libre.
Dans ce but, un commutateur spécial, L. SI, L. S2
est installé pour chaque ligne d'abonné. Ce
commutateur se compose essentiellement d'un
plongeur et d'une série de dix contacts. Un électro-aimant
M sert 1 à mettre le plongeur en relation avec l'un
des contacts de la série et par suite à relier
l'une des lignes d'abonnés avec une ligne auxiliaire.
Dans l'état ordinaire, les
plongeurs sont reliés à une tige S, qui tourne
sur les supports B et B'. L'électro-directeur placé
au sommet contrôle la position de la tige S de telle
sorte que tous les plongeurs au repos se trouvent orientés
vers les contacts d'une ligne inoccupée. Lorsqu'un
abonné décroche son récepteur, l'électro
M de son commutateur de ligne attire, par exemple, le plongeur
n° 3, et le met en contact avec la ligne nu 3 que nous
supposons libre dans l'exemple choisi.
L'encoche du plongeur quitte en même temps la tige
S. Simultanément l'aimant directeur
fait mouvoir la tige de telle sorte que les autres plongeurs
se trouvent placés en face de la ligne libre à
prendre, c'est-à-dire le n° 4.
Lorsqu'un autre abonné décrochera son récepteur,
son plongeur se mettra au contact de la ligne indiquée,
et les autres plongeurs se placeront en face du contact
libre qui suit.
Dans le distributeur automatique de trafic,
on emploie deux rangées de commutateurs de ligne,
les primaires et les secondaires, comme dans une installation
ordinaire d'automatique.
|
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Les commutateurs primaires (fig. 2) sont
réunis par groupes de 50 à 100, et desservent
50 à 100 lignes d'abonnés.
Chaque groupe est pourvu de 10 lignes auxiliaires, quoique
pour la clarté de la figure on n'en ait représenté
que trois. Ces lignes se dirigent vers les commutateurs
secondaires, qui sont identiques aux primaires ; elles arrivent
ensuite aux groupes d'opérateurs, où elles
se terminent par les appareils accessoires ordinaires (fiches,
lampes, clés, etc.).
Lorsqu'un abonné décroche
son récepteur, les opérations suivantes se
succèdent rapidement : son commutateur primaire de
ligne établit la connexion avec une ligne inoccupée
: le commutateur secondaire relié à
cette ligne établit à son tour la connexion
avec une ligne secondaire inoccupée ; une lampe s'allume
devant l'opérateur qui appuie sur sa clef d'écoute,
reçoit le numéro demandé, fait le test,
enfonce sa fiche dans le jack général et sonne.
2 lampes de supervision fonctionnent comme dans les appareils
manuels ordinaires. Le raccrochement des récepteurs
donne le signal de fin.
Cette disposition assure la répartition
égale des appels entre tous les opérateurs.
Durant les heures de calme, tous les appels peuvent être
servis par les quelques opérateurs qui restent de
service. Pendant la nuit, un seul opérateur peut
desservir tout le tableau sur un même groupe. Le nombre
de lignes à amener à chaque tableau peut varier
suivant l'habileté des opérateurs ou, si on
le désire, représenter exactement la même
intensité de travail.
|
Si à un moment donné on désire
installer l'automatique complet, il suffit d'ajouter les
sélecteurs nécessaires au poste central et
les dispositifs d'appel aux postes d'abonnés.
|
Le distributeur automatique de trafic
semble appelé à un grand avenir dans les réseaux
où le trafic se développe rapidement.
Puis les systèmes
semi-automatiques, eux-aussi, cherchent à obtenir
la faveur du public.
Dans le service semi-automatique, l'abonné n'a besoin
que d'un téléphone ordinaire à batterie
centrale.
On appelle l'opératrice du bureau central en la manière
usuelle, en décrochant le récepteur, et le
mécanisme automatique est mis en mouvement par l'opératrice.
Cette dernière reçoit de l'abonné appelant
l'indication verbale du numéro désiré,
et elle le reproduit en abaissant une série de clefs
convenables ; les machines font le reste de la besogne.
La rapidité avec laquelle l'opératrice peut
écouler les appels de cette manière est bien
plus grande que sur un meuble commutateur ordinaire, où
la même opératrice doit établir les
connexions au moyen de fiches et de cordons simples, essayer
et appeler la ligne demandée.
Sommaire
|
En même temps en 1911 : on réflechie aux solutions
d'avenir.
On compare déjà les commutateurs automatiques aux
commutateurs manuels , selon l'étude de John J. CARTY Ingénieur
en chef de L'American Teleplione et Teleyraph C ,
J.Carty est celui qui a permis une utilisation étendue du
téléphone dans les zones rurales des États-Unis.
|
Vu dans le bulletin de l'association.
Sans commentaire aucun, ces chiffres
nous mettent de suite en garde contre le grave danger qu'il yaurait
de juger par induction que, puisque le système soi-disant
automatique pouvait s'adapter aux besoins d'un petit nombre d'abonnés,
il serait également adaptable au réseau de la ville
de New-York ou de tout autre cité où il est à
prévoir que le développement
du téléphone suivra une ligne ascendante normale.
(voir le bulletin de décembre)
Ce sentiment de prévoyance est fortifié quand on considère
que la cité de New-York s'entoure d'une vaste région
suburbaine à laquelle elle est intimement reliée par
des milliers de fils téléphoniques desservis par un
très grand nombre de bureaux centraux reliés entre
eux par un véritable plexus de lignes auxiliaires. Mais il
nous faut considérer encore autre chose dans l'étude
que nous faisons du système dit automatique en vue de l'appliquer
aux réseaux des villes de l'Amérique. Le grand idéal
de M. Théodore Vail, le fondateur de l'entreprise téléphonique
en Amérique, et actuellement encore son grand chef, est que
nous arriverons à établir un service universel, c'est-à-dire
que chaque individu ou C° des Etals-Unis d'Amérique qui
devrait avoir le téléphone, l'aura, et que chacun
ainsi pourvu, pourra en un temps raisonnable et de n'importe quel
endroit où il se trouve, être mis en communication
avec n'importe quel autre abonné et avoir avec lui une conversation
satisfaisante.
Ceci n'est pas un rêve, une utopie. Nous y travaillons d'une
façon continue depuis plus de 30 ans, et maintenant, c'est
à pas de géants que nous arrivons à son accomplissement.
Actuellement, une énorme quantité de communications
interurbaines se l'ait entre la ville de New-York et sa banlieue
sur une superficie de 50 kilomètres alentours. Dans 90 %
de ces appels la connexion se fait en moyenne en 38 secondes, et
pour les autres 10 % , la moyenne est d'environ 80 secondes. Dans
tous ces cas. les conditions de transmission sont telles que les
abonnés peuvent s'entretenir avec facilité.
Un appel local prend moins de temps, 22 secondes seulement quand
il passe par un seul bureau central, un peu plus quand il passe
par deux bureaux centraux.
Les chiffres que je viens de donner sont comptés du moment
où le bureau central reçoit le signal par l'allumage
de la lampe au moment où l'abonné est mis en communication
avec l'abonné demandé
Mais, pour établir un service universel, les distances seront
forcément beaucoup plus grandes que celles-ci.
Nous avons déjà un service efficace par un câble
souterrain pupinisé entre New-York el. Philadelphie (144
km.), de même un service entre New-York et Boston (378 km.).
Nos grandes lignes interurbaines s'étendent jusqu'à
Chicago et à d'autres villes de l'Ouest, encore plus distantes,
aussi bien qu'à Washington, Baltimore, Atlanta el à
d'autres cités lointaines du Sud.
Nous faisons actuellement l'extension d'un cable souterrain pupinisé
de New-York à Washington (378 km.) el nous travaillons à
des études et des projets pour compléter la ligne
souterraine entre New-York et Boston. En plus, par l'adoption de
circuits fantômes aériens pupinisés entre New-York
el Chicago et par des extensions similaires vers l'Ouest, aussi
loin, qu'Omaha et de là jusqu'aux Montagnes Rocheuses, nous
espérons, vers le ler janvier, avoir tellement étendu
notre frontière interurbaine, que des communications téléphoniques
pourront avoir lieu entre NewYork et Denvers, dans le Colorado,
à une distance d'environ. 3.540 km.
J 'ai mentionné ces faits pour donner quelque idée
de l'importance et de Ja complication du grand réseau à
pourvoir de commutateurs et pour mettre fortement en relief le point
de vue auquel nous devons juger les capacités de ce soi-disant
système automatique.
Notre problème est national et, non pas paroissial, il est
même international, comme votre présence ici le prouve
éloquemment. Nous devons doter le public d'un vaste réseau
dont les commutateurs ne forment, qu'une partie, ce réseau
ne devant, pas seulement, être adapté aux personnes
d'aujourd'hui, de cette année ou même de l'année
prochaine, mais il doit être susceptible d'atteindre son efficacité
la plus grande, à chaque période de sa vie entière.
Il faut remplir ces conditions, si nous voulons éviter des
bévues colossales et des frais énormes de reconstruction.
Nous devons envisager notre« plant» en croissance connue
l'architecte qui dessine un parc, se représente le paysage
loi qu'il sera plus lard. Il doit planier ses arbres, non pour le
résultat immédiat, mais il doit avoir présent,
à l'esprit l'espace qui sera occupé ainsi, la taille
et la nature de sa plantation, lorsqu'elle arrivera à maturité.
Il doil réserver de la place pour laisser croître et
se développer ses arbres, il doit avoir dans son esprit,
dès l'origine, l'effet d'ensemble qu'il veut produire.
Il en est de même pour nous. Nous ne devons pas choisir un
commutateur à cause de son apparente séduction immédiate
si, en regardant dans l'avenir, on s'aperçoit que son développement
sera forcément, arrêté el qu'il ne pourra, pas
survivre aux rigoureux hivers de la pratique.
Nous sommes en train de dessiner un grand parc planté de
bosquets de haute futaie el d'arbrisseaux. Nous ne faisons pas un
simple potager. Nous planions des avenues bordées de chênes,
nous ne cultivons pas des couches de champignons. C'est avec de
telles pensées que nous avons étudié, en Amérique,
la question des différents types de commutateurs el lorsqu'elle
esl considérée de cette façon, on esl étonné
de voir combien il y a des dispositions du soi-disant commutateur
automatique, qui ne peuvent s'appliquer aux -conditions exigées
par la pratique.
Dans ces conditions, la plus essentielle pour nous est la nécessité
de pourvoir au service des « bureaux privés annexes
» (désignés ci-après B. P. A). On installe
chez l'abonné un tableau commutateur relié par des
lignes auxiliaires au Bureau Central. Ce tableau commutateur dessert
un certain nombre, parfois très considérable, de postes
éparpillés dans les dépendances de l'abonné
: certains de ces B. P. A. téléphoniques comptent
jusqu'à 1500 postes téléphoniques. Toutefois,
ce nombre est l'exception.
Ce système de B. P. A. est une des méthodes les plus
satisfaisantes pour l'établissement des connexions locales
entre les différents postes répartis dans les divers
locaux de l'établissement, de l'abonné et pour permettre
à chacun de ces postes, par l'intermédiaire des lignes
auxiliaires allant au Bureau Central, d'être relié
avec un quelconque des postes du réseau local suburbain ou
interurbain. Quel que soit le travail déjà accompli
et les revendications qui ont été faites à
ce sujet, on n'a pas encore pu trouver un moyen pratique permettant
de se passer de téléphonistes dans ces B. P. A.
La recherche d'une solution pratique, répondant à
toutes les exigeances du réseau, du trafic et des conditions
commerciales, est tellement décourageante que, actuellement,
l'opinion la meilleure est qu'il n'y a à s'attendre, dans
celle recherche, qu'à un mécompte. Il ne. faut pas
supposer que chacun de ces B. P. A. est desservi par une téléphoniste
n'ayant rien d'autre à faire. C'est le cas dans les grandes
installations, mais dans les petites, dont il existe un tres grand
nombre, le B. P. A. est desservi par quelqu'un chargé en
même temps d'autres fondions. Ces B. P. A. constituent une
des branches les plus utiles et les plus importantes du téléphone
en Amérique.
On peut se faire une idée de leur popularité et de
l'extension déjà atteinte el qu'on espère-étendre
encore à l'avenir, par l'inspection des chiffres suivants
:
En 1900, New-York avait, un total de 1.050 B. P. A. installés
chez les abonnés et desservant 12.650 postes.
En 1910, New-York compte 11.960 B. P. A. auxquels sont reliés
162.560 postes.
En 1930, tel que cela résulte de nos éludes sur ce
sujet, nous escomptons avoir 88.400 B. P. A. auxquels seront reliés
un total de 1.079.000 postes.
Ces chiffres ont une profonde signification., car ils montrent,
que, dans la mise en exécution des projets d'après
lesquels les travaux sont guidés, nous atteindrons un point
où plus de la moitié des postes reliés au réseau
de New-York devront être desservis par des téléphonistes,
alors même qu'on installerait l'automatique aux bureaux centraux.
Mais cei n'est pas tout, car si le système automatique était
appliqué à New-York, il y aurait toujours un grand
nombre de téléphonistes chargées des communications
taxées, des communications à grandes distances, du
service des monitrices el de beaucoup d'autres classes du service.
Je n'ai pas devant moi l'évaluation du nombre de téléphonistes
qui serait nécessaire pour le réseau final que nous
avons établi, mais il y a quelques années, une élude
fut faite pour déterminer si le système automatique
pourrait avanlageuse.menl être employé à New-York.
On trouva alors, en comptant les téléphonistes des
B. P. A. el celles des bureaux centraux, que le soi-disant système
manuel exigerait 13.000 téléphonistes, tandis que
le soi-disant, système automatique même en laissant
de côté les « opérateurs mécaniciens
» exigerait 10.000 téléphonistes. Nous
avons étudié ce système automatique non seulement
par rapport à son application aux grandes villes, mais aussi
à un état tout entier. A cet. effet, une étude
fut faite du système téléphonique de l'Etat
du Connecticut. Cette étude occupa une équipe d'ingénieurs
compétents, pendant, plusieurs mois. Son résultat,
fut. de montrer qu'à l'époque où celle étude
fut faile, en comptant, la totalité des téléphonistes
nécessitées par les B. P. A. et par les bureaux centraux,
il en eut fallu 892 avec le système manuel et 600 avec le
système automatique, sans compter, dans ce dernier nombre,
les opérateurs mécaniciens. Tout cela démontre
d'une façon irrécusable, que le système dit
automatique, qui possède tant de dispositions attrayantes
lorsqu'on considère son application à des conditions
simplifiées, devient de plus en plus inutilisable au fur
cl à mesure que le réseau se développe.
Alors même que le système automatique serait
appliqué au cas très simple d'un district desservi
par un seul bureau central, nous n'avons encore jamais trouvé
un cas où ses dépenses annuelles seraient inférieures
à celles d'un système manuel. Nous avons analysé
les conditions de ces deux cas et nous avons trouvé que la
comparaison manquait de base exacte.
Là où ces commutateurs « automatiques »
avaient été installés, ils remplaçaient
des commutateurs usés, tombés en désuétude
et devenus inefficaces el la comparaison était faite entre
un commutateur automatique du type le plus efficace connu jusqu'à
ce jour et un commulaleur manuel d'un type défectueux.
Dans certains cas, cette comparaison fut faite entre le commutateur
« automatique » du type le plus récent et le
plus perfectionné, et le commutateur « manuel »
du type le plus défectueux et, le plus ancien qu'on pût
trouver. Il n'est pas étonnant, dans ces conditions, que
d'une telle comparaison on puisse obtenir des chiffres apparcmmenl
en faveur de l'automatique.
Nous nous sommes imposé beaucoup de peine et de dépenses
pour faire ces comparaisons sur une base plus juste el d'une manière
plus complète et équitable. Nous avons fait des éludes
dans un grand nombre de villes américaines, en prenant en
considération les facteurs de l'exploitation, de l'entretien,
de l'amortissement, des impôts, de l'assurance et ainsi de
suite.
Dans tous les cas, nous avons trouvé
que les charges annuelles étaient en faveur du commulaleur
soi-disant manuel.
Je crois m'êlre suffisamment
étendu sur ce sujet pour montrer que le commutateur «
automatique » proprement dit ne supprime pas les téléphonistes,
ne peut pas fonctionner sans la surveillance constante de mécaniciens
expérimentés el qu'au fond, ce n'est pas un commutateur
automatique, mais simplement une variété des commulaleurs
« semi-automatiques », parmi lesquels celui désigné
sous le nom; de « manuel » doit également être
compris.
Ces considérations nous amènent à un point,
d'où nous pouvons envisager notre sujet avec un esprit libre
de tout préjugé.
Nous ne faisons pas de controverse, mais nous étudions la
question, non au point de vue de partisans intéressés
soit au système automatique soit au système manuel,
mais au point, de vue du perfectionnement, du service téléphonique.
Nous avons devant nous une importante question de technique téléphonique,
laquelle demande pour sa solution une compréhension tres
nette d'une foule de sujets relatifs aux installations, du trafic;
et. au côté commercial cle l'entreprise. C'est une
grande erreur de considérer notre problème comme étant
purement mécanique. Il est beaucoup plus étendu et
plus profond cl il comprend les questions les plus importantes cle
l'économie politique.
Ayant, dépouillé notre question de sou déguisement
verbal, nous voyons que les systèmes ne sont pas aussi antagonistes
que cela pourrait paraître à première vue. Ils
s'appuient tous les deux sur une base commune chacun, reconnaît
l'importance des opérations manuelles guidées par
l'intelligence humaine , chacun reconnaît, l'importance
du mécanisme automatique chacun emploie les deux méthodes
chacun est, semi-automatique.
A présent nous sommes préparés à
formuler à nouveau la question. Nous voyons que cela devient,
un problème de la division du travail et revient, dans une
répartition du total des opéralions, à les
effectuer de telle manière que le travail guidé par
l'intelligence humaine, soit employé là où
il est le plus efficace, et que le mécanisme automatique
soit employé là où il est, le plus efficace.
Ainsi, bien établie, la question est la suivante :
« Quel esl le meilleur type de commutateurs
semi-automaliques à employer. »
Le commulaleur soi-disant automatique,
tel que je l'ai montré, est, reconnu impropre à répondre
aux besoins d'un vaste réseau.
Le soi-disant commutaleur « manuel » a été
éprouvé par les exigences de réseaux complexes,
comprenant 5 millions de téléphones et il a été
reconnu comme répondant à tous les besoins réels.
Grâce à lui, nous donnons aujourd'hui un service excellent
et notre étude des perfectionnements montre que, si rien
de meilleur ne peut être obtenu, nous pouvons, avec le système
manuel, répondre d'une façon satisfaisante, à
tous les besoins du public
Seulement il ne nous convient pas de rester, satisfait avec cela.
Nous devons, en tous temps, nous efforcer d'obtenir des perfectionnements.
Ce sont là les traditions de l'A. T. T. Cie et nous avons,
de plus, les instructions précises de notre président
- Vail, souvent, réitérées, de chercher toujours
des perfectionnements, de façon, à nous permettre
en tous temps, dans les limites du possible, de metIre à
la disposition du public le système que l'expérience
a démontré être le meilleur.
Conformément à celle politique, nous avons dépensé
des centaines de milliers de dollars, en expériences relatives
à ce sujet.
Nous avons passé plusieurs années à développer
un commulaleur qui est franchement, semi automatiqe et non pas déguisé
sous un autre nom et que nous installons en ce moment à NewYork,
pour servir d'expérience démonstrative.
Les partisans de ce commutateur prétendent que c'est xui&
erreur de placer, comme cela se fait avec le soi-disant système
automatique, des mécanismes automatiques compliqués,
à chaque poste d'abonné. Us préconisent l'emploi
d'un poste d'abonné identique à celui usité
dans le soidisant « manuel » et ils affirment que cet
appareil est, en réalité beaucoup plus automatique
que celui employé dans le soi-disant automatique lui-même.
Nous devons admettre qu'il y a beaucoup de
force dans cet argument, car une brève analyse du fonctionnement
de chacun des appareils, montre que les opérations manuelles
requises au poste automatique sonl plus nombreuses que celles du
poste manuel et, en réalité toutes les opérations
manuelles requises au poste manuel le sont également, au
poste automatique, avec, en plus, un certain
nombre d'opéralions manuelles dépendant de la nature
de l'appel à faire.
Ils affirment, en plus, que le « poste
automatique » est compliqué à un très
haut degré, tandis que le poste manuel comprend des éléments
simples et que, par conséquent, avec le plus grand nombre
de postes que comporte un réseau étendu, le système
automatique se trouverait placé en désavantage notable.
Dans le système semi-automatique dont
je parle actuellement, la contre-partie du mécanisme automatique
exigé par chaque poste d'abonné du système
automatique, est placée au bureau central. Il en résulte
qu'un seul de ces mécanismes est, nécessaire à
chaque place de téléphoniste, au lieu d'un pour chaque
appareil chez l'abonné. Ceci réduit énormément
le nombre des complications et puisqu'il ne faut qu'un mécanisme
par place de téléphoniste, on peut dépenser
davantage pour sa construction, de sorte qu'il peut être établi
avec beaucoup de précision el par conséquent peut
fonctionnel plus sûrement. De plus, comme ces mécanismes
sont placés au bureau central, ils sont sous la surveillance
immédiate d'employés compétents, qui peuvent
remplacer instantanément un appareil momentanément
défectueux, par uni de rechange.
Dans le système «semi-automatique
», la téléphoniste «A », c'est-à-dire
celle qui reçoit l'appel des abonnés, est maintenue,
parce que c'est au moment de la réponse à l'abonné
que l'intervention d'une téléphoniste est la plus
nécessaire, pour pouvoir satisfaire aux nombreuses exigences
du service. J'ai bien examiné celle question et j'ai été
très profondément impressionné par ce raisonnement.
Mais tandis que la place de la téléphoniste A est,
l'endroit où l'on a besoin de l'intelligence humaine, il
n'en esl pas de même pour la téléphoniste B
(c'est-à-dire celle à qui la téléphoniste
A transfère les appels destinés à un autre
bureau).
Si on analyse le travail d'une téléphoniste
B, on trouve que théoriquement il peut être fait entièrement
au moyen d'un mécanisme et que l'intelligence humaine n'entre
pas en ligne cle compte dans son travail.
Par conséquent, dans ce système
semi-automatique, toutes les téléphonistes B sont
supprimées et remplacées par des mécaniciens.
Ceci réduit beaucoup le nombre des téléphonistes
nécessaires et si les mécanismes peuvent arriver à
fonctionner d'une façon satisfaisante, on pourra compter
sur une plus grande précision. Celle opinion est basée
sur les statistiques qui montrent qu'une tres grande partie des
erreurs commises a lieu entre les opératrices A et B. Comme
dans le système semi automatique les mécanismes nécessaires
aux positions A d'un bureau central, sont relativement peu nombreux,
la dépense totale pour les bien étudier et les bien
construire n'est pas énorme, de sorte qu'on peut obtenir
le plus haut degré de précision dans leur fonctionnement,.
A cause du grand nombre de mécanismes nécessités
dans le système automatique un par poste d'abonné
on ne peut pas les construire avec autant de soin, car l'augmentation
du prix serait multipliée Irop de fois.
Il en résulte qu'en ce qui concerne
celle partie vitale des deux systèmes, le système
automatique esl. désavantagé.
(A suivre).
"chacun est, semi-automatique"
Pour la France, c'est ce qui va nous guider (avec
un peu de retard), pour introduire le semi automatique dans les
zones urbaines, les grandes villes et développer l'automatique
rural pour les zones rurales .
En France en Février 1914, il a été
décidé d'installer un centre
Rotary 7A semi-automatique à Roubaix (2.800
lignes à la mise en service projetée) et un autre
à Tourcoing (1.200 lignes à la mise en service projetée).
Mais ce projet sera reporté avec l'arrivée de la
guerre.
Ce sera en Novembre 1915 que Angers, ouvre le premier centre
rotatif semi-automatique de type Rotary 7A. (suivront deux
centres à Marseille en 1919 et 1927).
|
Sommaire
1912 Le nombre
d'abonné sur Paris augmente : en découle une évolution
de la numérotation à 5 chiffres :
Il importe de signaler que le nouveau numéro des abonnés,
qui y seront reliés, au lieu de commencer par les chiffres
1, 2, 3,....8 ou 9, comporte d'abord le nom du bureau, les deux
groupes de chiffres qui suivent indiquant, comme dans les autres
cas, la place qu'occupe la ligne téléphonique sur
le multiple (Ex. : Marcadet 11-37).
Circulaire n° 35 du 28 octobre 1912 relative au changement
apporté dans la manière d'appeler les abonnés
au téléphone du réseau de Paris.
"Ainsi que vous le savez, les numéros
actuellement attribués aux abonnés du téléphone
du réseau de Paris sont constitués par cinq chiffres
qui s'énoncent par groupes de trois et deux chiffres, le
premier chiffre indiquant le multiple auquel aboutit la ligne.
Ce mode d'appel présentant des
inconvénients d'ordre divers, l'Administration a décidé
d'y remédier en adoptant une numérotation nouvelle
comportant, pour chaque abonné, le nom du bureau auquel sa
ligne est reliée et un numéro de quatre ou cinq chiffres
formé suivant le cas par deux groupes de deux chiffres ou
de trois el deux chiffres chacun.
Les séries en usage seront, en conséquence, modifiées
comme il suit :
La série 1 sera remplacée par Gutemberg.
2 Central.
3 Louvre.
4 Nord.
5 Wagram.
6 Passy.
7 Saxe.
8 Gobelins.
9 Roquette.
En outre, trois nouvelles séries porteront les noms de :
Marcadet. Bergère. Trudaine.
L'attention des abonnés sera appelée sur cette innovation
par un avis inséré à la première page
du supplément à l'Annuaire des Départements
qui va paraître prochainement.
Dès maintenant, il est loisible aux demandeurs de présenter
leurs appels sous l'une ou l'autre de ces deux formes. Mais la forme
nouvelle devra être d'un emploi exclusif à partir du
moment où sera distribué le Volume de Paris. Il est
bien entendu d'ailleurs que si, à ce moment, des abonnés
continuaient à se servir des anciens numéros d'appel,
la transmission de ces numéros devrait être faite par
les téléphonistes en substituant aux chiffres indicatifs
des multiples les appellations mentionnées ci-dessus.
En vue de l'application de ces dispositions, je vous prie de vouloir
bien donner, dès à présent, des instructions
précisés aux titulaires des bureaux de toutes catégories
de votre Département pourvus du service téléphonique.
Je vous prie de m'accuser réception de la présente
correspondance.
Le Sous-Secrétaire d'Etat des
Postes et des Télégraphes, Ch. CHAUMET. "
Le
multiple |
1912 Circulaire
n° 34 du 28 octobre 1912 relative aux dispositions à prendre
pour rappeler aux abonnés les instructions s'appliquant à
l'usage du téléphone.
"L'Administration est souvent amenée à
constater que des communications téléphoniques sont établies
d'une façon défectueuse, tant au départ qu'à
l'arrivée, par suite de fausses manoeuvres effectuées
par !es nouveaux abonnés, notamment par ceux qui sont reliés
au réseau par l'intermédiaire de tableaux.
Je vous prie de profiter de toutes les
occasions favorables pour rappeler aux abonnés les instructions
relatives à l'usage du téléphone, et d'inviter
les monteurs à observer strictement les recommandations ci-après
:
Après avoir procédé à l'installation du
poste ou du tableau, ils devront toujours mettre l'abonné et
son personnel au courant des manoeuvres à effectuer, et leur
signaler à l'Annuaire (pages 3 et suivantes), les règles
à observerpour appeler et répondre correctement. Dans
les déparlements pourvus d'un chet monteur, celui-ci devra à
son tour, après avoir vérifié l'installation, s'assurer
que l'abonné sait l'utiliser convenablement; il en rendra compte
à son Receveur ou au Chef du Poste central.
Enfin, si le chef-monteur n'a pu, dans la huitaine, visiter un poste
nouvellement installé, le commis contrôleur, dans les réseaux
qui disposent d'un emploi de cet ordre, devra se rendre chez l'abonné,
le prier d'appeler le poste central, vérifier si l'abonné
se conforme exactement aux dispositions réglementaires pour l'appel
et pour la réponse, et lui signaler en les redressant toules
les fausses manoeuvres qui peuvent troubler l'établissement régulier
des communications.
Pour le Sous-Secrétaire d'État ".
Sommaire
1912
la numérotation des centres :
En région parisienne (Seine, Seine-et-Marne,
Seine-et-Oise), les numéros se composent uniquement de chiffres,
de 1 à 4 en fonction de la taille des villes.
Pour remédier aux problèmes d'organisation
naissants, le système est donc refondu en 1912 en créant
dans Paris et sa banlieue les indicatifs littéraux abrégés
en 3 caractères, suivis d'un numéro à 4 chiffres.
À Paris à partir du 1er octobre
1912, le numéro de téléphone devient le nom
du central de rattachement suivi de deux groupes de deux chiffres
(ou, plus rarement, d'un chiffre suivi de deux autres), le premier groupe
correspondant au central, le second à l'abonné.
Les 13 centraux s'appellent alors :
- Archives (ex série 1000) ; Octobre
1909 (Rue d'Argout, à proximité de Gutenberg. Il s'agit
de locaux utilisés provisoirement suite à l'incendie du
Central Gutenberg...).
- Bergère (nouvelle circonscription) ;
- Central (ex série 200) ; 1er octobre 1896 (attesté
en Février 1897) (dans les murs de Gutenberg)
- Gobelins (ex Port-Royal ; ex série 800) ; Juillet 1898
- Gutenberg (ex série 100) ; 24 septembre 1893
- Louvre (ex série 300) ;
- Marcadet (nouvelle circonscription) ;
- Nord (ex Chaudron ; ex série 400) ; Février 1897
- Passy (ex série 600) ; série Passy portée
ancien central Passy de la SGT à partir de Mars 1897.
- Roquette (ex série 900) ; 15 juillet 1896
- Saxe (ex série 700) ; Janvier 1898, Devient Ségur
le 27 mars 1922 (confusion auditive entre Passy et Saxe)
- Trudaine (nouvelle circonscription) ;
- Wagram (ex Desrenaudes ; ex série 500). Premier bureau
construit par la société Aboilard avec du
matériel fabriqué en France.
Particularité du 3ème bureau : Le Louvre
(ex-Série 300) - Mai 1906 (dans les murs de Gutenberg).ex-Série
300 portée par autre multiple de Gutenberg depuis Février
1902. Gutenberg communément dénommé
Hôtel des Téléphones.
Ce multiple portant la Série 300 est déclaré inopérant
pour vice de fabrication ou de conception... Le Multiple est reconstruit
puis mis en service le 20 août 1908, portant cette fois-ci, la
Série 100. Mais Gutenberg est détruit par incendie ayant
démarré suite à problèmes de surchauffe
de câbles le 20 septembre 1908 (séries 100, 200 et 300
sont alors rendues hors service : 18.000 abonnés, ainsi que le
meuble interurbain de Paris sont détruits).
Reconstruction provisoire en baraquements de bois (Gutenberg-Barraque)
débute dès le 23 septembre 1908. Gutenberg-Barraque est
livrée vide à l'Administration le 13 octobre 1908. L'installation
de deux multiples téléphoniques de remplacement débute
le jour même. Remise en service le 26 novembre 1908 pour la Série
200. Remise en service le 1er décembre 1908 pour les séries
100 et 300, soit environ 3 semaines avant la date prévisionnelle
du 25 décembre 1908 pour la totalité des abonnés.
Entièrement reconstruit "en dur" et remis en service
le 20 septembre 1912.
Les numéros se composent du nom complet
du central et dun numéro ex : Wagram 15.80
Progressivement, Paris comptera une multitude de
Bureaux manuels urbains jusqu'en 1927 par création de bureaux
supplémentaires portant de nouvelles séries de numéros
de téléphone à la veille du début de la
transformation en Automatique Urbain :
Anjou - Août 1927 (11, rue d'Anjou).
Archives - 2 février 1913 (61, rue des Archives) qui est
aussi le nouveau bureau Interurbain. Série Archives
ouverte en Octobre 1909, portée provisoirement par autre commutateur
manuel à côté de Gutenberg.
Auteuil - Août 1914 (21, rue Jasmin). Ultime Centre Téléphonique
Manuel parisien mis en service avant la 1ère guerre mondiale.
Bergère - Mai 1913 (2, rue Bergère - 57, rue du
Fbg Poissonnière). Série Bergère
ouverte le 1er octobre 1912, portée provisoirement par le commutateur
manuel Gutenberg.Série Bergère fusionnée
sur Provence le 17 décembre 1926 (série Provence ouverte
depuis Février 1926).
Botzaris - Janvier 1927 (22, rue Chaudron).
Carnot - 4 juin 1926 (10, rue de Madrid).
Combat - Novembre 1922 (22, rue Chaudron).
Danton - 1er août 1926 (37, rue du Cherche-Midi).
Douane - Septembre 1926 (22, rue Chaudron).
Diderot - 19 février 1922 (187, avenue Daumesnil).
Série Diderot étant ouverte en Janvier 1921,
portée par le commutateur manuel Roquette.
Élysées - 20 février 1918 (106, rue de la
Boëtie). Série Élysées ouverte
dans les murs de Gutenberg et de Wagram le 8 septembre 1913 sur deux
multiples manuels provisoires. Élysées est l'unique Centre
Téléphonique Manuel parisien mis en service durant la
1ère guerre mondiale.
Fleurus - 27 juillet 1924 (37, rue du Cherche-Midi), avec distributeur
automatique d'appels aux opératrices. Série Fleurus
ouverte initialement en Février 1914 dans les murs de Saxe-Ségur.
Devient Littré en Février 1927, avant le
début de la mise de Paris en Automatique en 1928 (Nécessité
technique afin d'éviter la confusion avec Élysées
par les Enregistreurs automatiques, quand on comptait créer à
Paris une numérotation à 6 caractères au lieu des
7 finalement adoptés).
Galvani - Juin 1921 (29, rue Desrenaudes).
Invalides - Mars 1925 (55, avenue de Saxe).
Kléber - 1er octobre 1926 (29, rue des Sablons).
Laborde - 28 janvier 1925 (10, rue de Madrid). Série
Laborde ouverte en Janvier 1923, portée par autre commutateur
manuel.
Marcadet - 16 mai 1913 (266, rue Marcadet) XIème bureau
initialement prévu pour 1912 sous la Série 2000.
Ménilmontant - Avril 1926 (26, rue Sorbier) (+ gros transferts
le 2 juillet 1926).
Opéra - 6 mars 1927 (46 bis, rue du Louvre).
Provence - Février 1926 (2, rue Bergère - 57, rue
du Fbg Poissonnière).
Richelieu - Mars 1925 (46 bis, rue du Louvre).
Turbigo - Octobre 1926 (61, rue des Archives).
Trudaine - 2 juillet 1921 (18, rue de Navarin). Série
Trudaine ouverte le 1er octobre 1912, portée provisoirement
par le commutateur manuel Gutenberg. Série Trudaine
transférée en Février 1913 dans les murs de Bergère.
Vaugirard - 1er décembre 1924 (55, avenue de Saxe).
Bureau Régional Inter-Poissonnière
8 octobre 1927 (2, rue Bergère - 57, rue du Fbg Poissonnière).
Bureau chargé d'établir par voie manuelle les communications
entre Paris et certains bureaux de banlieue (en moyenne distance), pour
soulager le Bureau Interurbain afin que l'Interurbain se consacre aux
liaisons grande distance.
Sommaire
1912 ETUDE DE RENTABILITE DES SYSTÈMES
TÉLÉPHONIQUES
En principe, il n'existe que deux catégories de systèmes
téléphoniques différents :
1 - Les systèmes manuels, dans lesquels l'établissement
et la suppression des connexions sont opérés
au bureau central par les soins d'agents téléphonistes
;
2 - Les systèmes automatiques dans lesquels le même
travail est effectué par les abonnés.
A la première catégorie appartiennent les espèces
suivantes:
1 - Les systèmes à appel magnétique ;
2 - Les systèmes ordinaires à batterie centrale
;
3 - Les systèmes à répartiteurs d'appels
;
4 - Les systèmes semi-automatiques.
La deuxième catégorie n'est guère représentée,
dans la pratique, que par des systèmes dérivés
du Strowger à alimentation centrale de courant.
Le problème technique à résoudre est
le suivant : Relier l'extrémité, aboutissant au
bureau central, d'un circuit d'abonné à l'extrémité,
aboutissant au même bureau central, du circuit d'un autre
abonné quelconque, avec lequel le premier abonné
désire communiquer, puis, une fois la conversation achevée,
supprimer la connexion.
Comparaison des différents systèmes.
Nous pouvons écarter, tout d'abord, les systèmes
à appel magnétique comme surannés et de
valeur inférieure.
Il ne nous reste donc plus à comparer que les systèmes
simples à batterie centrale, les systèmes répartiteurs,
les systèmes semiautomatiques et les systèmes
entièrement automatiques.
La puissance de transmission est, toutes choses égales,
à peu près équivalente quel que soit le
système.
D'autre part, un système donné, malgré
une infériorité technique réelle, peut
être rendu, par une exploitation appropriée, pratiquement
supérieur à un autre système en principe
plus parfait.
Par la suite, nous allons supposer que chaque système
est utilisé avec son meilleur rendement.
Dans cette hypothèse, la comparaison des frais d'exploitation
donne une véritable mesure de la valeur.
Les frais d'exploitation se composent de 15 % des frais de premier
établissement, des dépenses d'entretien pour les
appareils des abonnés et du bureau central, ainsi que
des dépenses proprement dites des conversations.
Quant au réseau, au bâtiment, à l'éclairage,
au chauffage, etc., ils n'ont pas à entrer en ligne de
compte, car ils sont indépendants du système employé.
Bureaux centraux ordinaires à batterie centrale.
Prenons comme type d'un bureau ordinaire à batterie centrale
l'installation d'Amsterdam.
D'après les prix actuels des appareils admettons
que l'installation soit prévue pour 10.000 abonnés
le capital en apparéils, tant pour les abonnés
que pour le bureau central, représente 1.062.000 fr.
Par suite, l'intérèt et l'amortissement s'élèvent
à 159.375 fr. chaque année.
Le service des mises en communication a, en 1910, occupé
145 dames, y compris les aspirantes et les débutantes
: la dépense de ce dernier chef, s'est élevée
à 156.250 fr.
Enfin, l'entretien des appareils du bureau central et d'abonnés
a entraîné une dépense de 75.000 fr.
Les frais d'exploitation pour un bureau ordinaire à batterie
centrale de 10.000 abonnés ressortent donc, autant qu'ils
dépendent du système, à :
1 - Intérêt et amortissement 159.375 fr.
2 - Service d'établissement des connexions 156.250 fr.
3 - Entretien des appareils installés chez les abonnés
et dans le bureau central. 75.000 fr.
TOTAL ......... 390.625 fr.
Systèmes répartiteurs d'appels.
Le seul système répartiteur sur l'exploitation
duquel on ait des données officielles, est celui d'Aven,
employé à Rotterdam.
Les appareils de l'abonné ne se distinguent pas de ceux
des bureaux ordinaires à batterie centrale.
La dépense pour une installation à 10.000 abonnés
construite d'après le système de Rotterdam, s'élèverait,
suivant une évaluation du Professeur Van der Bilt, à
1.375.000 fr, ce qui exigerait une dépense annuelle de
206.250 fr. pour l'intérêt et l'amortissement.
L'établissement des connexions, étant donné
le chiffre de 7.400 lignes d'abonnés, a nécessité,
en 1910, 114 dames, y compris une surveillante et sept débutantes,
d'où une dépense de 109.530 fr.
Pour 10.000 lignes d'abonnés il faudrait donc, dans les
mêmes proportions, recourir à 163 dames téléphonistes,
dont la rétribution entraînerait une dépense
de 170.000 fr.
Les frais d'entretien, pour les dispositifs du bureau central
et pour les dispositifs installés chez les abonnés
s'élèvent à 7 fr. 25 par ligne d'abonné,
ce qui représente pour un bureau central de 10.000 abonnés
une dépense de 75.000 fr.
L'emploi du système répartiteur Aven comporte
donc une dépense de :
1 - Intérêts et amortissement 206.250 fr.
2 - Service des connexions 170.000 fr
3 - Entretien des appareils chez les abonnés et dans
le bureau central 75.000 fr
TOTAL ............ 451.250 fr.
Les systèmes semi-automatiques.
Dans les systèmes semi-automatiques l'équipement
du poste d'abonné ne diffère pas de celui que
nous rencontrons sur les réseaux ordinaires à
batterie centrale. En outre, les manuvres que doit effectuer
l'abonné sont les mêmes. Quant à l'équipement
du bureau central, il est le même que celui d'un bureau
central entièrement automatique, à cette différence
près que l'on doit mettre à la disposition de
chaque opératrice des combinateurs qui à l'aide
d'impulsions successives de courant établissent la suite
des connexions.
Le prix de revient d'une installation semi-automatique est donc
le même que celui d'une installation entièrement
automatique, augmenté du coût des combinateurs
et diminué de la différence entre les appareils
d'abonnés à batterie centrale et les appareils
spéciaux à disque sélecteur.
Quant aux frais d'exploitation, ils sont les mêmes que
dans un bureau central entièrement automatique, augmentés
cependant de la dépense des téléphonistes
et de leurs combinateurs et réduits d'une façon
d'ailleurs peu appréciable, en ce qui concerne l'entretien
des appareils d'abonnés.
Les frais de premier établissement pour une installation
de 10.000 abonnés s'élèvent aujourd'hui
à 2.000.000 fr, en notant d'ailleurs qu'il ne peut s'agir,
pour le moment, que de systèmes dérivés
des types Strowger.
Pour les services de l'intérêt et de l'amortissement,
d'après l'expérience jusqu'ici acquise, la proportion
de 15 % prévue en ce qui concerne les bureaux manuels
peut être considérée, ici également,
comme suffisante.
La dépense annuelle de ce chef serait donc de 300.000
fr.
En ce qui concerne le nombre des dames téléphonistes
nécessaire pour l'exécution du service, il correspond
à celui qu'il faut prévoir dans un bureau central
répartiteur, dont il a été question précédemment,
car l'économie résultant de la suppression de
la manuvre des fiches se trouve compensée par la
mise en action du combinateur.
Cependant on peut réduire ce nombre du chiffre des opératrices
chargées de la répartition, attendu que la distribution
des appels se fait automatiquement. Il faudrait donc prévoir
111 dames téléphonistes, d'où, d'après
les salaires appliqués à Rotterdam, une dépense
annuelle, de ce chef, de 115.000 fr.
Les frais d'entretien de l'outillage du bureau central sont
les mêmes que pour un bureau central entièrement
automatique, avec en plus la dépense d'entretien des
combinateurs.
Les appareils du bureau central et des abonnésexigent,
en entretien, une dépense annuelle de 187.500 fr.
Le total des dépenses d'exploitation ressort donc à
:
1 - Intérêt et amortissement. 300.000 fr
2 - Personnel 115.000 fr
3 - Entretien des dispositifs des postes d'abonnés et
du bureau central. 187.500 fr
TOTAL ........ 602.500 fr.
Les systèmes automatiques.
Les frais de premier établissement d'une installation
entièrement automatique du système Strowger
- Siemens s'élèvent, pour 10.000 abonnés,
à 2.500,000 fr. Une somme de 15 % prévue pour
l'intérêt et l'amortissement donne une dépense
annuelle de 375.000 fr.
L'entretien des appareils du bureau central et des abonnés
exige 182.500 fr.
Par suite, le total des frais d'exploitation d'une installation
entièrement automatique de 10.000 abonnés est
de :
1 - Intérêt et amortissement 375.000 fr.
2 - Entretien des appareils du bureau central et des abonnés
182.500 fr
TOTAL .......... 557.500 fr.
Comparaison.
Les frais d'exploitation d'un réseau public de 10.000
abonnés sont donc les suivants :
1 - Système manuel à batterie centrale 390.625
fr.
2 - Système distributeur Aven 451.250 fr
3 - Système semi-automatique, genre Strowger ...... 602.500
fr
4 - Système automatique ......................................
557.500 fr
Il s'agit maintenant de rechercher quelles particularités
techniques de chaque système, en admettant que le rendement
soit maintenu à son même niveau, permettent une
diminution des frais d'exploitation.
Tous les systèmes souffrent de deux inconvénients
: la minime utilisation des dispositifs techniques et l'inégalité
d'intensité du travail, c'est-à-dire les fortes
variations qui se produisent, d'un moment à l'autre,
dans le nombre des conversations simultanées.
Les deux inconvénients en question sont inhérents
au caractère du service téléphonique et
ne peuvent être atténués au delà
d'une certaine mesure, pas plus qu'une station centrale ne peut
être affranchie des oscillations quotidiennes qui se produisent
dans la consommation du courant.
Des deux maux dont il s'agit, le dernier n'a pas à retenir
notre attention, car il ne peut manifestement pas être
tempéré.
On ne peut que comparer les moyens adoptés pour combattre
les effets nuisibles de l'inégalité du trafic.
En ce qui concerne la faible utilisation de l'outillage, elle
ne peut pas être influencée, pour les postes d'abonnés,
par le choix du système.
Pour ce qui est de l'utilisation des conducteurs, on se trouve
enfermé dans des limites étroites. Ici, c'est
le degré de subdivision des installations qui décide.
Sous ce rapport, tous les systèmes manuels se trouvent
dans la même situation La limite, c'est-à-dire
le nombre maximum des bureaux centraux et des lignes auxiliaires
qu'il faut donner à un réseau déterminé,
dépend de nombreuses circonstances accessoires, telles
que trafic local, bâtiments, densité de la population,
agencement du bureau central, etc. ; la question de la plus
ou moins grande utilisation des lignes devient absolument sans
importance.
Sur les réseaux automatiques, on a la possibilité
de pratiquer un sectionnement étendu, mais deux motifs
font que ce sectionnement étendu, théoriquement
possible, ne peut pas être complètement réalisé
pratiquement.
D'abord les réseaux de lignes existent déjà
et le service automatique, ultérieurement introduit,
doit nécessairement s'adapter au réseau qu'il
rencontre. En second lieu, les dispositifs automatiques des
bureaux centraux exigent une surveillance, un contrôle
et un entretien continuel et attentif, incompatibles avec un
grand nombre de stations centrales.
C'est pourquoi les deux bureaux centraux de Munich ont été
construits pour recevoir chacun 5.000 abonnés, ce qui
représente un degré de division tout à
fait comparable à celui en usage avec les systèmes
manuels.
Reste à examiner l'outillage des bureaux centraux au
point de vue d'une meilleure utilisation.
Dans tous les systèmes, le premier organe pouvant être
mis en action par l'abonné, est le relais d'appel. Dans
les systèmes manuels, l'actionnement de cet organe provoque
l'allumage d'une lampe à incandescence et placée
sur une des positions de téléphonistes du bureau
central.
Évidemment, celte lampe ne doit s'allumer qu'à
la volonté de l'abonné. On ne peut pas plus modifier
son degré d'utilisation qu'on ne peut modifier celui
du poste de l'abonné. Il en est autrement pour le ressort-contact
qui ferme et interrompt le circuit de cette lampe à incandescence.
Ce ressort-contact n'a besoin d'être mis à la disposition
de l'abonné appelant que pour la durée de l'appel.
Il devient libre au moment de la demande d'occupation et il
pourrait être immédiatement après utilisé
pour l'appel émis par un autre abonné. Au lieu
d'avoir un ressort-contact constamment disponible pour chaque
abonné, il suffirait d'avoir un seul ressort contact
pour un groupe d'abonnés, mis successivement à
la disposition de ces abonnés. Chaque abonné du
groupe intéressé ne disposerait pas du ressort-contact
d'une façon continue, mais à des intervalles de
deux à trois secondes par exemple. Si on réunissait
en un seul groupe 50, 100, 150 ou 200 abonnés, au lieu
du même nombre de relais d'appel, un seul suffirait, et
l'utilisation de ce seul organe commun d'appel serait de 50
à 200 fois celle du relais d'appel individuel.
En dehors de la faible utilisation des organes individuels d'appel,
il faut noter que leur présence entraîne un sensible
gaspillage de courant. Aussi longtemps qu'elle traite un appel,
la téléphoniste ne peut pas s'occuper d'un deuxième,
ni d'un troisième appel qui lui parviendront simultanément.
L'allumage des lampes de ces abonnés jusqu'au moment
où l'appel peut être traité, est absolument
inutile et représente une perte sèche, de même
que le courant de la batterie centrale, s'écoulant dans
cet intervalle vers le pdste de l'abonné, est une perte
sèche.
On évite naturellement ces pertes en renversant la situation
: plusieurs abonnés ne s'adressent plus simultanément
et vainement à un bureau central qui n'est pas prêt
à leur donner satisfaction, mais le bureau central, toujours
prêt à donner satisfaction, recherche l'un après
l'autre les abonnés appelants et exécute successivement,
puisqu'il ne peut le faire simultanément, leurs demandes.
Un dispositif, qui sera examiné plus tard, empêchera
que les abonnés appartenant à un groupe aient
à attendre jusqu'à ce que les appels émis
précédemment par d'autres abonnés aient
pris fin.
La possibilité d'augmenter l'utilisation des organes
d'appel du bureau central est identique pour tous les systèmes
manuels.
Au lieu d'avoir, dans un grand bureau central, des milliers
de relais d'appel et de coupure qui ne sont actionnés
qu'un temps infiniment court, on emploie des commutateurs d'une
construction très simple, à raison d'une unité
par groupe d'abonnés, et demeurant constamment en activité.
La suppression des relais individuels d'appel et de coupure
entraîne naturellement la réduction correspondante
d'autres organes, notamment la suppression des châssis
de relais, la réduction de la dépense en câbles,
la diminution de l'encombrement, etc.
Puisque l'on a ainsi la possibilité de réduire
sensiblement les organes des bureaux manuels et de mieux utiliser
l'outillage restant, une question se pose : pourrait-on,
dans les manuvres d'établissement et de suppression
des connexions, opérer des perfectionnements ?
La partie la plus coûteuse de l'outillage envisagé
est constituée par les jacks.
Nous avons déjà vu le nombre considérable
de ces panneaux dans les bureaux centraux ordinaires à
batterie centrale et leur minime utilisation.
Les derniers progrès, sous ce rapport, ont été
faits par les systèmes répartiteurs.
Évidemment, la simple suppression des organes individuels
d'appel, à elle seule, accentuerait l'effet déjà
indiqué, du principe de la répartition, étant
donné que l'afflux des appels à chaque téléphoniste
et par suite le travail de cette dernière deviendra plus
uniforme et conséquemment plus facile. Mais. on se demande
alors si le travail en question lui-même ne peut pas être
supprimé.
En principe, il faut évidemment répondre par l'affirmative,
car le travail des téléphonistes chargées
de la répartition se trouve déjà supprimé
dans les systèmes semi-automatiques. Mais, dans ces systèmes,
on obtient pareille élimination en attribuant à
chaque abonné non seulement un organe individuel d'appel,
mais encore un dispositif individuel lui permettant de rechercher
la téléphoniste qui se trouve inoccupée
à un moment donné. Or, comme ce dernier dispositif
est naturellement assez coûteux, la perte résultant
dans l'exploitation ordinaire, de l'utilisation insuffisante
du dispositif individuel d'appel se trouve quadruplée.
La solution du problème est donc la suivante : ne pas
mettre de façon permanente et exclusivement à
la disposition d'un seul abonné l'organe d'appel, pas
plus que l'organe sélecteur, mais mettre ces organes,
sucessivement, à la disposition d'un nombre plus ou moins
grand d'abonnés, et cela pendant le temps seulement nécessaire
pour exécuter un appel.
La répartition automatique des appels exige naturellement,
pour chaque abonné, plusieurs lampes d'appel. Comme le
nombre des abonnés reliés à l'organe commun
d'appel et de distribution 50, 100, 150, 200 se
détermine d'après l'activité téléphonique
des abonnés, il arrive que les abonnés ayant un
trafic élevé ont une lampe dans chaque panneau
de jacks, que les abonnés d'une deuxième catégorie
reçoivent une lampe dans un panneau de jacks sur deux
et que les autres ont une lampe dans un panneau sur trois ou
sur quatre seulement.
Le nombre total des lampes d'appel est variable dans chaque
cas particulier et peut être évalué de (
n * m ) /3 jusqu'à (n * m ) / 4 ou n représente
le nombre des abonnés et m le nombre des panneaux de
jacks.
Afin de pouvoir compléter l'énumération
des simplifications qu'introduit dans le bureau central le système
des organes simultanés d'appel et de répartition
nous l'appellerons pour plus de simplicité le
système des commutateurs simultanés (Simultanschaltersystem),
il faut signaler un effet exercé par ce système
sur le service des opératrices.
Comme, à un moment donné, les appels parvenant
à un bureau central se répartissent automatiquement
et d'une manière parfaitement uniforme sur tous les panneaux
des jacks dudit bureau central et sur tous les postes d'opératrices,
il arrive que l'appel d'un abonné se manifeste et est
traité tantôt sur tel poste, tantôt sur tel
autre : par suite, on n'a plus à surveiller exactement,
ce qui serait autrement nécessaire, le rendement de chaque
opératrice et à transférer les fils d'abonnés
de positions d'opératrices surchargées à
d'autres moins chargées.
On peut donc se dispenser de l'intervention du répartiteur
intermédiaire, lequel est à la fois coûteux
et encombrant.
Les simplifications des dispositifs techniques d'un bureau à
commutateur simultané, au regard d'un bureau central
ordinaire à batterie centrale, sont donc les suivantes
:
1 - Plus de relais d'appel ;
2 - Plus de relais de coupure ;
3 - Suppression des châssis correspondant à ces
relais ;
4 - Réduction de moitié des panneaux de jacks
:
5 - Suppression du répartiteur intermédiaire ;
6 - Économie de 30 % à 40
% , de câble ;
7 - Installation d'une source d'énergie plus petite ;
8 - Diminution de l'encombrement et de la superficie nécessaire
en correspondance avec la diminution des dispositifs techniques..
Par contre, il faut augmenter l'outillage de ( n /130 ) commutateurs
simultanés (n est le nombre d'abonnés) ; et de
n * m ) /3 jusqu'à (n * m ) / 4 lampes d'appel (m = le
nombre des panneaux de jacks).
Les organes d'une installation à commutateurs simultanés
fonctionnent comme il est dit ci-après :
L'abonné décroche son téléphone.
Au bout d'un temps inférieur à deux secondes,
le commutateur simultané auquel il est relié se
trouve actionné de manière que, dans les deux
secondes suivantes une des lampes à incandescence attribuée
à cet abonné s'allume sur le panneau de jacks
où une opératrice libre est prête à
répondre à l'appel.
Celle-ci opère alors de la façon ordinaire. Au
moment où la fiche de réponse pénètre
dans le jack, le commutateur simultané (organe d'appel
et organe sélecteur) occupé par l'abonné
appelant se trouve libéré et peut être immédiatement
utilisé par un autreabonné du même groupe.
Lorsqu'une opératrice répond à un appel,
l'accès à son poste se trouve supprimé
pour d'autres appels.
Par suite, un appel amené l'instant d'après par
le même commutateur simultané est conduit à
une autre opératrice inoccupée.
Pour chaque appel parvenant dans le bureau central, le temps
pendant lequel les dispositifs d'appel se trouvent occupés
est absolument uniforme; ce temps est d'environ quatre secondes.
Un commutateur simultané peut donc écouler 15
appels par minute, soit 900 appels à l'heure.
En réalité, en comptant 10 conversations par abonné,
pour un travail journalier de 10 heures, il n'a que 130 appels
à écouler par heure.
Par suite, il pourrait presque suffire même si le trafic
total des 130 abonnés se trouvait condensé en
une seule heure de la journée.
L'abonné reçoit donc, dans tous les cas, du bureau
central, une réponse immédiate à son appel.
Dans le bureau central, l'action du commutateur simultané
est la suivante : Comme sur chaque position d'opératrice,
à un moment donné, il ne peut parvenir qu'un seul
appel à la condition que le service soit normalement
organisé le laps de temps s'écoulant depuis
l'instant de l'appel jusqu'à la réponse, se trouve
uniformément limité au plus strict minimum.
On évite ainsi un amoncellement d'appels sur une position
d'opératrice et le retard qui en résulte dans
le traitement des divers appels.
Le travail est plus réglé, moins nerveux et, par
suite, plus efficace.
Comme les demandes parvenant au bureau central se répartissent
à chaque instant, avec une uniformité mathématique,
sur la totalité des panneaux de jacks en service, le
travail imposé aux opératrices est, pour toutes,
absolument égal et, durant chaque heure de service, il
peut être constamment maintenu au maximum admissible au
moyen d'une augmentation ou d'une diminution du total des panneaux
de jacks.
Le verrouillage rendant un poste d'opératrice occupé,
inaccessible à d'autres appels, a lieu par l'actionnement
de la clef d'écoute lors de la demande d'occupation.
Grâce à un dispositif enregistreur fonctionnant
simultanément, on peut fixer la durée de chaque
abaissement de la clef d'écoute et faire connaître
à distance, par un signal visible ou perceptible à
l'oreille, toute prolongation anormale de cet abaissement.
On peut en outre maintenir en des limites immuables et aussi
étroites que possible le temps qui s'écoule, dans
chaque cas, entre l'insertion dans le jack de la fiche de réponse
et l'insertion de la fiche de demande.
Les caractéristiques du fonctionnement d'une installation
à commutateurs simultanés sont donc les suivantes
:
1 - Répartition absolument égale du travail entre
les diverses opératrices à tout moment ;
2 - Rendement maximum des opératrices
obtenu avec un minimum d'efforts ;
3 - Suite immédiate donnée à tout appel
parvenu au bureau central ;
4 - L'abonné appelant n'attend jamais du fait qu'au même
instant un ou plusieurs autres appels occupent son opératrice
;
5 - Impossibilité qu'une opératrice donne la préférence
à l'appel d'un abonné, aux dépens de l'appel
d'un autre abonné ;
6 - Impossibilité qu'une opératrice puisse brimer
un abonné qu'elle juge désagréable ;
7 - Impossibilité pour l'abonné de déterminer
quelle opératrice a traité son appel ;
8 - Possibilité de faire correspondre aux fluctuations
du trafic, le nombre des opératrices avec un degré
d'occupation toujours uniforme ;
9 - Contrôle automatique du travail des opératrices.
Il faut encore distinguer entre le travail de jour et le travail
de nuit. Au commencement du service de nuit, tous les commutateurs
simultanés sont mis au repos et le total des panneaux
de jacks du bureau central est limité à un, deux,
trois ou quatre positions, suivant que les abonnés ont
été répartis en une, deux, trois ou quatre
catégories différentes basées sur leur
activité téléphonique.
Les 50, 100, 150 ou 200 abonnés d'un groupe utilisent
de nouveau un organe commun d'appel (relais avec lampe à
incandescence) qui permet de reconnaître, non pas directement,
mais seulement par suite de l'actionnement du commutateur simultané
intéressé, l'abonné qui a appelé.
Une fois cette détermination faite, le traite-ment de
l'appel dans le bureau central s'exécute comme durant
la journée.
Des explications précédentes, il ressort que :
10 - Le service de nuit se trouve essentiellement facilité
de ce fait que tout le trafic se concentre sur quatre positions
d'opératrices au maximum installées les unes à
côté des autres, ce qui dispense de surveiller
et desservir l'ensemble des panneaux de jacks de tout le bureau.
En dehors de l'économie en personnel résultant
de l'amélioration générale du service des
connexions, une installation de commutateurs simultanés
exige le même personnel qu'une installation à répartiteurs,
moins les opératrices chargées de la manuvre
des répartiteurs.
En prenant comme point de départ le réseau de
Rotterdam, qui dispose d'un personnel relativement nombreux,
on trouve que l'économie en personnel doit être
d'un tiers.
En conséquence, les dépenses annuelles d'exploitation
d'un réseau de 10.000 abonnés desservi par des
commutateurs simultanés se chiffreraient comme il suit
:
1 - Intérêt et amortissement 117.200 fr.
2 - Service des connexions 113.400 fr
3 - Entretien des dispositifs chez l'abonné et dans le
bureau central 75.000 fr
TOTAL ............... 305.600 fr.
RÉSUMÉ. L'étude ci-dessus compare
les frais de premier établissement et d'exploitation
des installations téléphoniques ordinaires à
batterie centrale avec les installations à répartiteurs,
les installations semi-automatiques, les installations entièrement
autornatiques et les installations à commutateurs simultanés.
Il résulte de cette comparaison que pour un réseau
de 10.000 abonnés déterminé le coût
annuel d'exploitation serait, suivant le système employé
:
1 - Système ordinaire à batterie centrale 390.625
fr.
2 - Système à batterie centrale et à répartiteurs
451.250 fr
3 - Système semi-automatique 597.800 fr
4 - Système entièrement automatique 544.655 fr
5 - Système à commutateurs simultanés 305.560
fr
Pour cette année 1912 la rentabilité est encore
au centre manuel à batterie centrale comme à Paris.
Les gains de productivité se font essentiellement en
augmentant la productivité du personnel (rationalisation
du travail des opératices, chronométrage) ce qui
a conduit aux grandes grèves de 1906-1909.
L'expérience du premier central automatique à
Lyon en système Lorimer n'a
pas donné une grande satisfaction, le système
a été abandonné avant que la guerre de
1914 n'éclate et la prévision d'installer un sysytème
Strowger à Nice
en 1912 n'aboutira que en 1913, avec 20 ans de retard sur
les Etats-Unis.
|
Sommaire
EN MEME TEMPS en 1912 , l'Angleterre fait
aussi l'ÉTAT ACTUEL DE LA TÉLÉPHONIE AUTOMATIQUE
The Post-Office Electrical Engineers Journal, janv. 1912.
La nouvelle que le Post-Office (équivalent des PTT en
France) a décidé d'installer un outillage automatique
dans quelques-uns de ses bureaux téléphoniques
centraux, neufs ou reconstruits, a provoqué un très
vif intérêt.
Tout le monde, aujourd'hui, s'attend à quelque chose de
nouveau dans le régime téléphonique du Royaume-Uni.
Les ingénieurs téléphonistes, cependant,
savent fort bien que ce quelque chose n'est pas nouveau, en réalité.
Le procédé automatique est aussi ancien que le système
manuel à batterie centrale ; mais, comme il représente
un écart bien plus radical des pratiques d'antan, les difficultés
de son introduction ont été plus grandes.
C'est seulement dans ces dernières années que les
praticiens téléphonistes ont reconnu le caractère
pratique du bureau téléphonique automatique, qu'ils
ont constaté qu'il sera bien accueilli du public et que,
dans des conditions convenables, il donnera un service plus économique
et meilleur que le système manuel auquel nous avions autrefois
accordé notre confiance.
Le Post-Office britannique n'est pas un initiateur en matière
de téléphonie automatique.
Avec la prudence qui le caractérise, il n'aborde la question
qu'à une heure relativement tardive, au moment où
il peut recueillir les avantages de l'expérience acquise
par les administrations, plus aventureuses, de l'Amérique,
de l'Allemagne, de l'Autriche, de la Hollande, de la Suède
et d'autres pays encore.
Jusqu'à présent, le Post-Office n'a encore fait
que trois petites commandes, se rapportant chacune à
environ 500 lignes d'abonnés, pour Epsom,
pour Caterham et pour ses propres locaux administratifs
de Londres.
On étudie présentement des devis d'installations
plus étendues, devant desservir jusqu'à 10.000 abonnés.
A Epsom, l'on doit appliquer le système Strowger,
avec son dispositif d'appel à cadran bien connu.
L'outillage a déjà été livré
et pour l'installer, on n'attend plus que l'achèvement
de la salle de commutation.
Caterham aura le système Lorimer,
lequel emploie des téléphones pourvus de leviers
; ces derniers permettent à l'abonné de former les
unités du numéro désiré et de contrôler
l'exactitude de ce numéro avant de lancer l'appel.
Les mérites relatifs du cadran et des leviers, comme dispositifs
d'appel, n'ont pas encore été officiellement déterminés
: aussi les deux installations d'Epsom et de Caterham permettront-elles
au Post-Office d'arriver à une conclusion sur ce point.
Sans doute, la plupart des systèmes automatiques peuvent
fonctionner avec l'un ou l'autre de ces deux dispositifs d'appel
; mais la question, au point de vue de l'abonné, ne laisse
pas de présenter une certaine importance.
Naturellement, les préférences de l'ingénieur
vont au disque-commutateur, lequel est le plus simple des deux
dispositifs et le moins onéreux quant aux frais de premier
établissement et à l'entretien.
Le Lorimer est un système à dépense continuelle
d'énergie ; il comprend une série d'arbres de transmission
et d'embrayages maintenus continuellement en rotation par un moteur
et fournissant le mouvement convenable aux appareils conjoncteurs
au moment du besoin.
Les relais et les électroaimants joints aux conjoncteurs
sélecteurs ne jouent qu'un rôle de contrôle.
L'appareil Strowger, d'autre part, est normalement au repos, et
tous les mouvements de ses conjoncteurs sont directement produits
par les impulsions transmissives de courant et sélectrices
qui agissent sur les électroaimants des conjoncteurs.
Parmi les autres systèmes automatiques importants existant
actuellement, il faut signaler celui de la Compagnie « Western
Electric » qui comprend un actionnement par moteur
avec un agencement d'arbres transmissifs tournant continuellement
; les systèmes respectifs de la Compagnie « American
Automatic », de la Compagnie « Kellogg
», de la Compagnie « North Electric
» (automanuel Clément) et de MM. Siemens
et Halske (ce dernier est le Strowger légèrement
modifié) utilisent, au contraire, des impulsions électromagnétiques
directes, transmissives de signaux.
Une entreprise anglaise, récemment créée
la Compagnie « Automatic Telephone
Manufacturing » a acquis la vaste usine téléphonique,
située à Liverpool, de la Compagnie « British
Insulated and Helsby Cables » et se propose de fabriquer
surtout des appareils téléphoniques automatiques.
La Compagnie « Western Electric » et MM. Siemens frères
se préparentégalement à fabriquer l'outillage
automatique dans leurs usines téléphoniques de Londres,
et d'autres grandes maisons anglaises de constructions téléphoniques
prennent des mesures dans le même sens.
Il est donc probable que le Post-Office, en ce qui concerne
ses installations téléphoniques, puisse maintenir
le principe de la concurrence entre fournisseurs si utile aux
administrations d'Etat.
Le système automatique a encore ses adversaires, et ces
derniers invoquent souvent, et peut-être à tort,
la haute autorité des ingénieurs de la Compagnie
« American Telephone and Telegraph » pour préconiser
le système manuel aux dépens de l'automatique.
Sans doute, la Compagnie « American Telephone and Telegraph
» ne possède actuellement aucun système automatique
ou semi-automatique fonctionnant dans ses bureaux centraux. Mais
il faut remarquer que les immenses intérêts téléphoniques
que commande la grande entreprise américaine et les conditions
délicates de son organisation font entrer en ligne de compte
de nombreuses considérations auxquelles échappe
le Post-Office ; l'introduction de la commutation automatique
est pour elle une mesure considérable, qu'elle ne pourra
aborder qu'après les délibérations les plus
mûries et des recherches expérimentales les plus
minutieuses.
En réalité, 1' « American Téléphone»
a été si favorablement impressionnée par
les résultats de l'appareil commutateur automatique qu'elle
a consacré une somme importante à l'étude
et à l'essai d'un système semi-automatique.
Un pareil système exige l'installation d'un appareillage
identique, quant à la forme et au fonctionnement, à
celui d'un système entièrement automatique. Le nombre
des organes nécessaires dans un bureau central semi-automatique
est, en réalité, plus grand que dans un bureau central
entièrement automatique, car il faut, en outre, aménager,
dans le premier de ces bureaux, l'équivalent des organes
d'appel des abonnés.
L'Ingénieur en chef de la Compagnie « American Telephone
and Telegraph » a publiquement déclaré qu'il
compte obtenir, par l'introduction du système semi-automatique,
un service plus efficace et plus économique que celui donné
par le présent système manuel.
En tout état de cause, les ingénieurs téléphonistes
vont avoir à traverser une longue période d'efforts
ardus pour solutionner les nouveaux problèmes, en adaptant
les solutions aux nouveaux besoins.
Au point de vue de l'organisation générale, le système
automatique est moins souple que le système manuel, et
les résultats dépendent plus essentiellement des
plans élaborés à l'origine et de la minutie
avec laquelle ils ont été étudiés.
Sans se baser sur des conjectures ou des hypothèses, il
faut préalablement se livrer à des études
du trafic, à l'élaboration de devis aussi étendus
et aussi complets que la prudence l'exige, et n'aborder qu'ensuite
les travaux d'installation d'un réseau automatique.
Les problèmes de liaison, ceux du coût des méthodes
de service par bureaux « satellites », ne peuvent
être convenablement solutionnés que si l'on prévoit
l'avenir.
Avec le système automatique, toutes les sections de la
localité desservie dépendent les unes des autres
dans une large mesure, et la localité elle-même doit
être considérée comme un tout.
On ne saurait s'écarter du plan d'organisation primitif
avec la même facilité que dans le cas d'un bureau
manuel et surtout sans entraîner des dépenses beaucoup
plus considérables.
La formation d'un bon personnel d'agents de bureaux centraux constitue
une des questions de la plus haute importance, et c'est en cette
matière que l'on peut prévoir les plus grosses difficultés.
Il faut envisager la possibilité de grèves et d'autres
troubles provenant de la main-d'uvre.
Même à Chicago, le quartier-général
du systèmè Strowger, nous apprenons que les nouvelles
installations automatiques sont en train de traverser ou viennent
de traverser une période agitée par les conflits
de la main-d'uvre.
Nous avons la conviction que le personnel de notre service technique
accomplira courageusement les lourdes tâches qu'exigera
de lui l'introduction du système automatique, en y consacrant
toute son activité.
L'établissement d'instructions, de règlements, la
mise en exploitation de systèmes nouveaux imposera aussi
aux agents de l'Administration centrale des travaux à la
fois méticuleux et pénibles.
De ces recherches et de ces travaux, chacun aura sa part et le
succès viendra couronner nos efforts. |
Sommaire
Téléphonie automatique ou Téléphonie
manuelle ?
Tous les états s'interrogent comme nous venons de le voir, c'est
trop honéreux pour certains, trop ci, trop ça,
1910-1914 sont les années charnières ou l'automatique
va se justifier pour plonger le monde dans l'ère de la téléphonie
automatique.
JOHN HESKETH. (Electrician,
25 Mars 1913)
M. John Hesketh, Ingénieur en Chef du département
fédéral australien des Postes et des Télégraphes,
à la suite d'un voyage qu'il a fait en Amérique
et en Europe pour étudier les plus récents progrés
réalisés en téléphonie, termine son
rapport par les conclusions suivantes :
La question de l'adoption d'un système automatique doit
être discutée dans chaque cas particulier.
Dans les bureaux centraux présentant une certaine importance,
le coût de la commutation mécanique est moindre flue
celui de la commutation manuelle.
La commutation mécanique se trouve justifiée dans
les bureaux centraux desservant plus de 500 abonnés, et
l'avantage, au point de vue financier, augmente avec le nombre
des bureaux centraux sur le réseau.
Le coût de premier établissement de l'outillage automatique
est deux ou trois fois plus élevé que celui de l'outillage
manuel, mais il en résulte une diminution desfrais opératoires;
d autre part, il est possible d'obtenir, dans certains cas, une
économie dans le prix de revient de la construction des
lignes du chef de l'adoption d'un système automatique ou
semi-automatique.
On peut prévoir qu'avec un système manuel il serait
nécessaire, dans quinze ans, d'avoir un effectif d'employés
égal à 5 fois l'effectif actuel.
De grandes difficultés dans le recrutement ne manqueraient
pas de se produire.
En admettant même qu'un système manuel puisse permettre
une économie de 5 shillings par ligne et par an, dans les
frais d'exploitation, il vaudrait mieux sacrifier cette somme
et probablement plus, en raison des probabilités futures,
afin d'obtenir les autres avantages du service automatique.
On admet aujourd'hui, dans le monde téléphonique,
que le système de l'avenir pour les grands réseaux
doit être automatique.
Cette tendance apparaît dans les mesures récemment
adoptées en Angleterre, en Allemagne, en Bavière,
en Autriche. en Hollande, tous pays qui utilisent des systèmes
automatiques ou prévoient l'emploi de pareils systèmes.
Dans ces conditions on peut poser les principes suivants :
a) S'il arrive qu'un nouvel outillage devienne nécessaire
dans un bureau central appartenant à un réseau à
bureaux multiples il convient de ne provoquer de soumissions que
pour un outillage complètement automatique ou semi-automatique
;
b) Dans le cas où il s'agit de l'extension d'un outillage
manuel, il convient d'examiner de près, dans chaque cas,
la question de savoir s'il vaut mieux installer un outillage séparé,
automatique ou semi-automatique, au lieu d'étendre l'outillage
manuel existant ;
c) Dans les autres bureaux centraux pour lesquels on prévoit
immédiatement un accroissement de plus de 500 abonnés
en cinq ans, il y a lieu de provoquer des soumissions portant
soit sur l'outillage entièrement automatique soit sur l'outillage
semi-automatique à batterie centrale.
|
C'est en 1912 que M. Chaumet, sous-secrétaire
d'Etat aux Postes et Télégraphes, a décidé
l'établissement de commutateurs semi-automatiques en
Rotary dans les bureaux d'Angers
et de Marseille et de commutateurs automatiques Strowger
à Nice
et à Orléans.
Les travaux d'aménagement de ces
bureaux étaient tous entrepris en juillet 1914 quand
la guerre éclata.
Malgré la raréfaction de la main-d'uvre
l'équipement du bureau d'Angers a été achevé
et le bureau semi-automatique mis en service en novembre 1915.
Parallélement à l'arrivée
du commutateur entierement automatique, les évolutions
de centres manuels continuent car la demande est toujours croissante
et il faut répondre aux besoins.
Alors Le Dimanche 2 février 1913 le nouvel Interurbain
de Paris, installé au N° 61 de la rue des Archives,
a été mis en service .
|
LE NOUVEAU BUREAU TÉLÉPHONIQUE
INTERURBAIN DE PARIS Par M. SELLIER, Ingénieur des Postes
et Télégraphes.
L'installation comprend 200 tables interurbaines
avec extension possible à 320 et 25 tables d'annotatrices
comportant chacune 2 positions d'opératrices, avec extension
possible à 40.
Il est ainsi prévu qu'on pourra desservir 1.000 circuits
avec extension possible à 1 600.
Actuellement, il y a 152 tables en service desservant 508 circuits.
Mode d'exploitation. Nous
pouvons distinguer 3 cas dans l'exploitation interurbaine :
1° Appel d'un abonné de Paris
pour un circuit interurbain ;
2° Appel effectué par un circuit
interurbain pour un abonné de Paris ;
3° Appel provenant d'un circuit interurbain
pour un autre circuit interurbain. (Communication en passe-Paris).
I. L'abonné relié à
un bureau central de Paris demandant une communication interurbaine,
la téléphoniste du groupe auquel il est relié
le met en relation avec une annotatrice, qui prend note de la
demande, remplit une fiche qu'elle fait parvenir à la
table interurbaine intéressée (par tubes pneumatiques)
et indique à l'abonné demandeur une durée
probable d'attente. Quand le tour de cet abonné viendra,
la téléphoniste interurbaine desservant le circuit
que sa communication doit emprunter le rappellera par l'intermédiaire
d'une téléphoniste dite
« intermédiaire » située au bureau
dont dépend l'abonné demandeur à laquelle
en temps utile, elle aura fait préparer la communication
afin de laisser le circuit le moins longtemps possible inoccupé.
C'est à l'interurbaine qu'est dévolu le soin de
sonner l'abonné.
II. Communication demandée par
un circuit pour un abonné de Paris.
Dans ce cas, lorsque le tour de l'abonné
demandé arrivera, l'interurbaine qui, au préalable,
aura fait préparer la communication par une intermédiaire
du bureau auquel est relié l'abonné demandé,
sonnera cet abonné.
Nous voyons que, dans les deux cas, le
mode d'action de l'opératrice interurbaine sera le même,
que l'abonné soit demandeur ou demandé, c'est-à-dire
que la demande de communication lui ait été faite
par une annotatrice ou par une téléphoniste du
bureau où aboutit le circuit.
III. Communication en passe-Paris.
Tous les circuits sont multiplés
de 2 en 2 tables, mais cela par la manuvre d'une clé
située sur la table à laquelle ce circuit est
normalement relié.
Si l'appel èmane d'un circuit A
de catégorie supérieure à celle du circuit
demandé B, la téléphoniste desservant A
en demande le renvoi à sa collègue desservant
B, par ligne de service. Dès que ce circuit devient libre,
B effectue le renvoi sur le multiplage à l'aide de sa
clé. Nous verrons plus loin la description de cette clé
et des signaux lumineux d'occupation qui sont prévus.
Si l'appel provient d'un circuit A de catégorie inférieure
à celle du circuit demandé B, la téléphoniste
desservant le premier se met en relation avec une annotatrice
qui enregistre l'appel. comme elle le ferait pour celui provenant
d'un abonné.
Les annotatrices. Dans le nouvel
Interurbain de Paris, les « Standards de distribution
» ont été supprimés.
Les centraux urbains sont reliés directement avec les
annotatrices (installées au 3e étage de l'immeuble).
Pour permettre une meilleure utilisation
de ces dernières, on a usé du montage suivant
:
La ligne d'appel n'aboutit pas à
une seule annotatrice, mais est multiplée sur 5 autres
tables. L'enfoncement d'une fiche au bureau urbain dans le jack
d une ligne d'appel, a pour effet d'allumer des lampes d'appel
placées au-dessous de chacun des jacks de cette ligne
dans le multiplage, ainsi qu'une lampe située sur le
key-board de celles des annotatrices à laquelle aboutirait
l'appel si la ligne n'était pas multiplée. L'annotatrice
rentrera en écoute soit par l'abaissement d'une clé
correspondant à la lampe du key-board, soit par l'enfoncement
d'une fiche dans le jack situé sous la lampe d'appel,
de l'un des jacks multipliés. En tous cas. l'une ou l'autre
de ces 2 manuvres éteindra toutes les lampes d'appel
de la ligne appelante. En même temps la lampe de supervision
au départ sera shuntée, ce qui avertira la téléphoniste
du groupe de départ urbain que la liaison entre l'abonné
demandeur et une annotatrice est effectuée.
Ces tables d'annotatrices sont au nombre
de 25 (comportant chacune 2 positions d'opératrices).
Chaque lampe d'appel est multiplée sur 5 tables, d'où
possibilité pour il opératrices (10 sur les jacks,
1 sur la clé) de répondre à un même
appel.
Chacune a devant elle 6 clés correspondant
à 6 lignes auxquelles elle devra répondre tout
d'abord, et 60 jacks à signaux lumineux sont à
sa portée. Un dicorde spécial avec clé
d'écoute et signal lumineux est prévu sur chaque
table. Enfin des lignes de service, et des jacks en dérivation
sur les lignes d'appel aboutissant normalement à la table
(celles munies de clés) sont aussi prévues pour
le renvoi au service des renseignements.
Dispositions particulières.
1° Pour éviter à la téléphoniste
de départ de chercher une ligne d'annotatrice libre (en
faisant le test de celles qu elle a devant elle) des lampes
d'occupation s'allument au-dessus des conjoncteurs correspondant
à une ligne auxiliaire, dès que celle-ci est prise
en un point quelconque du meuble.
2° Nous avons vu que lorsqu'une annotatrice
répond à un appel l'abaissement de la clé
ou l'enfoncement de sa fiche éteint toutes les lampes
d'appel. Quand l'annotatrice relève sa clé ou
enlève sa fiche, elle rallume la lampe de supervision
au départ. La téléphoniste de départ
est avisée qu'elle peut couper. Seulement il s'écoule
un temps appréciable entre le moment où l'annotatrice
retire sa fiche et celui où la téléphoniste
de départ coupe. Il a fallu prévoir un dispositif
de collage du relai R qui coupe l'alimentation directe des lampes
et leur substitue une alimentation à travers 500 ohms
quand l'annotatrice répond, de façon que ce relai
ne lâche pas son armature quand l'annotatrice coupe (ce
qui autrement rallumerait les lampes d'appel et ferait croire
à un nouvel appel sur la ligne appelante). La
fig. 1 montre comment on est arrivé à ce résultat.
Lorsque la téléphoniste urbaine
coupe la communication, tout revient au repos.
L'annotatrice mise ainsi en relation
avec un abonné, prend note de sa demande, de son numéro
d'appel remplit une fiche qu'elle fera parvenir à la
table interurbaine intéressée (par tubes).
Ces fiches sont de diverses couleurs : blanche pour communications
ordinaires ; rose pour communications en transit ; bleu ardoise
pour communications internationales ou officielles ; verte pour
les renseignements. Elles sont en carton léger et mesurent
143 m/m sur 61 m/m.
Durée d'attente. L'annotatrice, devant
indiquer à l'abonné demandeur une durée
probable d'attente, consulte un tableau visible de toute la
salle, où sont indiquées (selon les indications
des interurbaines) les durées d 'attente. Ce tableau
est tenu à jour par les soins de 2 dames, munies d'un
récepteur auquel aboutit une ligne de conversation multiplée
sur les tables interurbaines ; elles reçoivent ainsiles
indications des téléphonistes desservant les circuits.
Les durées d'attente sont traduites par l'allumage d'un
jeu de 4 lampes de couleur (par circuit) selon un langage conventionnel.
Dans un avenir prochain cet allumage pourrait même être
directement commandé des tables interurbaines par les
téléphonistes intéressées.
Envoi de la fiche par l'annotatrice
à la téléphoniste interurbaine intéressée.
Les fiches ainsi remplies parviennent aux tables intéressées
en 2 temps :
1 - L'annotatrice, après
avoir plié suivant un trait indiqué la fiche l'introduit
dans un tube placé sur la table entre 2 opératrices.
En appuyant sur un bouton, elle met le tube en relation avec
la conduite d'air comprimé. Une lampe s'allume sur le
key-board qui s'éteindra lorsque la fiche sera arrivée
à destination, alors le. bouton remontera. Au cas où
il ne remonterait pas, par, suite d'un incident quelconque,
un bouton de rappel permet de le ramener au repos.
.
Salle des annotatrices avec affichage lumineux des durées
d'attente. Et Table de tri.
2 - Les tubes pneumatiques aboutissent
à une table de tri. Ils débouchent à la partie
supérieure d'une trémie en verre, et tombent ainsi
sur la table de tri. (C'est la fiche qui, à la sortie du
tube, crée le contact nécessaire àl'extinction
de la lampe et au rappel du bouton automatique) (Fig. 2).
Les fiches sont alors classées par
table et renvoyées par un système identique aux
tables intéressées.
Elles sont déposées sur ces tables par un tube qui
débouche entre 2 positions d'opératrices et dessert
2 tables.
Equipement des tables interurbaines.
200 tables ont été prévues avec extension
à 320. Actuellement il y en a 152 en service desservant
508 circuits. Ceux-ci sont uniquement 4ies circuits taxés
au départ de Paris ; ceux du groupe de Paris, non taxés
au départ sont actuellement reliés aux centraux
urbains de la périphérie.
Chaque table interurbaine comporte :
a) Sur le panneau vertical
:
1 ° Cinq jacks de circuit avec porte-étiquettes.
Un jack de réponse aux appels des tables ; ,
2° Cinq lampes d'appel de jour, cinq
lampes d'occupation et une lampe d'appel des tables ;
3° Les clés de renvoi pour
l'intercommunication et pour la concentration de nuit ;
4° Pour chaque jack de circuit, un
compteur de durée et la lampe , indicatrice correspondante
;
5° Vingt réglettes de 20 jacks
de lignes auxiliaires séparées par des entre-réglettes
munies de porte-étiquettes. (La place libre pour 10 autres
réglettes avec entre-réglettes) ;
6° Cinq réglettes de 20 jacks
de lignes d'appel des tables interurbaines avec entre-réglettes
* munies de porte-étiquettes. (La place libre pour 3
autres réglettes avec entre-réglettes).
Vingt réglettes de 20 jacks multiplées
de 2 en 2 tables pour le renvoi des circuits et les réglettes
de porte-étiquettes correspondantes. (La place sera réservée
pour 10 autres réglettes) ; Salle
dus Labiés interurbaines (5° étage).
7° Une réglette de 20 lignes
de service pourvues de signaux visibles d'occupation;
8° Une lampe pilote des lampes d'appel
et des lampes de fin côté circuit ;
9° Cinq casiers destinés à
recevoir les fiches.
b) Sur le keyboard :
Huit paires de cordons munis d'une lampe de fin côté
circuit,, d'une lampe de supervision coté urbain, un
bouton d'appel coté circuit, une clé d'écoute,
une clé d'appel automatique avec bouton de déclanchement
côté abonné.
Deux paires de cordons servant aux intercommunications, n&
différant des précédentes que parle remplacement
du bouton d'appel automatique par un bouton d'nppel de circuit,
et l'adjonction d'une clé permettant d'intercaler un
translateur.
Trente boutons de conversation (avec la place libre pour 30
autres)' munis de porte-étiquettes.
Les organes de tubes pneumatiques (un par 2 tables).
Un commutateur de courant d'appel à 3 positions.
Une clé interruptrice de microphone.
Un calculographe (un par 2 tables contiguës).
Une prise de poste pour microphone plastron.
On a prévu aussi une lampe indicatrice d'appel automatique-
(verte) qui s'allume quand l'opératrice actionne la clé
d'appel " automatique et s'éteint quand l'abonné
a décroché.
La table possède aussi un renvoi à la table de
tri par tube pneumatique (celui-ci fonctionne d'ailleurs par
aspiration).
Clé de renvoi (voir
schéma, fig. 3) et de concentration.
En manuvrant cette clé
la téléphoniste renvoie le circuit sur le multiplage.
La lampe d'occupation s'allume quand le circuit est pris d'un
côté sans l'être de l'autre.
La téléphoniste qui a demandé
le renvoi et a préventivement enfoncé une fiche
dans le jack du multiplage du circuit qui est à sa portée,
est avertie que le circuit est mis à sa disposition par
l'extinction de la lampe de supervision du cordon employé.
La conversation terminée elle coupe
et rallume ainsi la lampe d'occupation de ce circuit sur la
table à laquelle il est relié normalement, ce
qui indique à la téléphoniste
qui le dessert, qu'elle peut en disposer pour une autre communication.
Il faut signaler ici une modification
apportée au schéma ancien. La téléphoniste
ne dispose plus d'un jack de transformation en dérivation
sur le jack direct. Quand elle veut prendre le circuit par transformation
il lui faut utiliser une des 2 paires de cordons spéciaux
munis d'une clé d'insertion de translateur.
De même pour les circuits combinants
d'un circuit fantôme, elle ne dispose aussi que d'un seul
jack, ils sont donc toujours pris par transformation, le transformateur
étant inséré à demeure, à
l'entrée du circuit dans le bureau sur un panneau de
coupure dont nous parlerons plus loin (voir fig. 5).
Service de nuit.
Pendant les heures de nuit ou de faible trafic, 2 concentrations
peuvent avoir lieu :
première concentration : Tous les circuits sont renvoyés
sur 50 tables, cela par la manuvre d'une clé qui
renvoie le circuit en permanence sur le multiplage et substitue
à la lampe d'appel de jour du circuit, une autre placée
sur la table de concentration ;
deuxième concentration : elle renvoie alors tous les
circuits sur 10 tables seulement.
Les tables de première concentration
portent donc en plus de l'équipement normal 15 lampes
d'appel de nuit. Celles de 2e concentration en comportent 20
(15 de première concentration et 5 de deuxième).
Comptabilité. Calculographe.
Uu calculographe installé entre 2 positions d'opératrices
permet, par la manuvre de 2 leviers d'imprimer sur la
fiche l'heure du début de la conversation et la durée
de cette conversation. Les seules indications du calculographe
seront retenues, et servent à l'imputation au compte
de l'abonné demandeur de la communication par lui demandée.
Sommaire
Les Autres Centres manuels de PARIS
Allons
maintenant, si vous le voulez bien, à la rue Desrenaudes
: nous y trouvons un bureau nouvellement installé
dans un bâtiment d'une sobre élégance.
Du haut en bas, la visite en est des plus intéressantes
: dans une cave aboutit, à la sortie des égouts,
une énorme gaine maçonnée et parfaitement
étanche qui contient les câbles, à 224
paires de fils.
Ces câbles sortent de leur gaine à l'étage
supérieur en montent verticalement : ils ne sont
plus alors que revêtus de papier, desséché
au moyen de l'air comprimé,
Les câbles aboutissent au répartiteur où
tous les fils se séparent les uns des autres et se
fixent sur des bornes en cuivre appelées amorces
Là les fils extérieurs sont en contact avec
les fils intérieurs qui vont alors sur une grande
grille horizontale où ils prennent le numéro
de l'abonné.
Après avoir traversé la salle des accumulateurs
où une dynamo charge les plaques et fournit l'électricité
nécessaire pour le service des sonneries et des microphones,
nous arrivons en haut dans une superbe et vaste salle inondée
de lumière où travaille le personnel.
Là les meubles sont les mêmes que ceux du troisième
étage de la rue Gutenberg, c'est le même système
dit multiple, les avertisseurs sont situés en haut
et au dessus des jack, la téléphoniste n'a
jamais à y toucher : un disque s'abaisse quand l'abonné
sonne; il se relève de lui-même quand la conversation
a pris fin.
Et maintenant que nous avons ainsi étudié
de façon, hélas très superficielle,
les installations et les appareils, faisons un peu connaissance,
si vous le voulez bien, avec la demoiselle du téléphone,
celle que tant de gens, vraiment un peu injustes
maudissent et bousculent pour sa prétendue
lenteur.
S'il était donné à tous de visiter
les postes téléphoniques, j'affirme que les
abonnés les plus cassants, les plus grincheux, mettraient
davantage de courtoisie et de patience dans leurs réclamations
C'est un métier vraiment épuisant que celui
de téléphoniste : le récepteur fixé
à l'oreille par un ressort surre-tête, la jeune
fille est placée devant le microphone suspendu en
face de sa bouche; de cette façon elle a les mains
complètement libres pour les diverses manipulations
que nous avons précédemment décrites.Beaucoup
de débutantes ne peuvent supporter ce serre-tête
à cause des migraines qu'il donne et sont obligées
de renoncer à la profession.
Celles qui résistent sont astreintes à un
labeur extrêmement pénible : les communications,
surtout à certaines heures de la journée notamment
de 9 h. et demie à midi, de 5 heures à 6 h
et demie, se succèdent sans interruption et il faut
à la téléphoniste une extraordinaire
habileté et une expérience consommée
pour répondre à toutes et ne pas commettre
d'erreur.
Certaines téléphonistes donnent jusqu'à
250 communications à l'heure ! Croyez-vous qu'elles
aient le temps de bavarder comme certains les en accusent
?
Quelques-uns s'imaginent aussi que les téléphonistes
se distraient à écouter certaines communications
intéressantes : il est vrai que la disposition des
appareils le leur permet; mais en réalité
elles n'en ont jamais le temps et d'ailleurs les surveillantes
s'en apercevraient aussitôt.
Ainsi, toute négligence, toute impolitesse est sûrement
réprimée, et le public se trouve très
suffisamment armé contre les fautes possibles de
la téléphoniste.
Celle-ci, par contre, est-elle toujours protégée
coinre la grossièreté, l'impertinence, l'injustice
de certains abonnés : pour cela, non.
Il y a, paraît-il, des abonnés, véritables
goujats, qui adressent à ces femmes, à ces
jeunes fiIles, des injures immondes, des expressions d'une
révoltante ignominie; d'autres, vieux marcheurs libidineux,
ou gigolos dépravés, trouvent extrêmement
amusant de débiter quelques, saletés pornographiques
à ces laborieuses employées. L'administration
pourrait, dans ce cas, couper la ligne et supprimer l'abonnement
de ces malotrus personnages.
En réalité, elle n'use guère de ce
moyen de répression; et c'est, à mon avis,
regrettable.
Le public a le droit d'être bien servi et il a raison
de se montrer exigeant pour le bon fonctionnement des services
; mais il a le devoir de respecter la dignité et
la pudeur de ces jeunes filles qui travaillent si courageusement
pour un bien faible salaire.
La téléphoniste débute à 1000
francs par an, sur lesquels une retenue de 500 est faite
pour la retraite : elle a en plus 200 francs de frais de
séjour à Paris et 1 franc par jour de présence
pour indemnité de nourriture. Elle peut compter sur
une augmentation de 100 francs tous les 15 ou 18 mois.
Telle est la situation des demoiselles du téléphone;
situation peu enviable en vérité, mais à
laquelle elles tiennent. Aussi voient elles avec une grosse
inquiétude l'essai qui va être tenté
au bureau de Wagram dont la réouverture fut faite
avec une vingtaine de jeunes gens.
immondes, des expressions d'une révoltante ignominie;
d'autres, vieux marcheurs libidineux, ou gigolos dépravés,
trouvent extrêmement amusant de débiter quelques,
saletés pornographiques à ces laborieuses
employées. L'administration pourrait, dans ce cas,
couper la ligne et supprimer l'abonnement de ces malotrus
personnages.
En réalité, elle n'use guère de ce
moyen de répression; et c'est, à mon avis,
regrettable.
Le public a le droit d'être bien servi et il a raison
de se montrer exigeant pour le bon fonctionnement des services
; mais il a le devoir de respecter la dignité et
la pudeur de ces jeunes filles qui travaillent si courageusement
pour un bien faible salaire.
La téléphoniste débute à 1000
francs par an, sur lesquels une retenue de 500 est faite
pour la retraite : elle a en plus 200 francs de frais de
séjour à Paris et 1 franc par jour de présence
pour indemnité de nourriture. Elle peut compter sur
une augmentation de 100 francs tous les 15 ou 18 mois. |
PLAN DU PREMIER CENTRAL OPERA
Ci
dessus : vue en coupe,
dessous le Sous sol . En fond vue du 1er étage
Vue
dS
|
|
LES LIGNES :
I. Les circuits. On a-employé
pour la partie souterraine située entre le répartiteur
d'entrée et les guérites de raccordement des câbles
à 14 paires. Ce câble a coûté 7 fr.
par mètre au lieu que 2 câbles à 7 paires
coûtent : 2 x 4,45 = 8.90 par mètre.
L'encombrement des égouts rendait d'ailleurs nécessaire
cette mesure. On peut dire que le prix des câbles relevés
comptés au poids ne sera pas inférieur au prix des
câbles posés. De plus les câbles à 14
paires ont toutes leurs paires combinables, tandis que le câbles
à 7 paires n'en a que 6.
Lorsqu'il s'agit de transferts ordinaires,
on va jusqu'au point de coupure. Ici, les points de coupure sont
les guérites très lointaines, on ne pouvait songer
à aller jusque là. On a donc pris ces câbles
en dérivation en un point choisi
de façon à n'être pas trop loin du bureau
nouveau et à ce que la longueur définitive du câble
soit aussi réduite que possible .
Les pièces en Y ont demandé du soin pour éviter
les mélanges et permettre la coupure ultérieure
facile de la partie abandonnèe après le transfert;
cette dernière opération s'est faite
très rapidement, l'ensemble des 60 dérivations a
été supprimé en 2 jours par 6 équiques.
Le travail ci-dessus indiqué a, d'autre
part, eu l'avantage de faire disparaître de nombreuses sections
de câbles divers (fils de 5m/m, 4 rn/m, 3 m/m...) dont la
présence sur les lignes compliquait les essais et les recherches,
sans aucun avantage pour l'audition.
Il existe aussi quelques câbles en
fil de 1 rn/m pour desservir les circuits de banlieue, ces câbles
ont été pris en dérivation les uns aux répartiteurs
des bureaux centraux de Paris (Nord, Roquette...) les autres en
égout dans des conditions analogues à celles qui
ont été dites plus haut.
II. Lignes auxiliaires. Ces lignes
se divisent en lignes de service qui ont été simplement
placées dans les câbles auxiliaires du bureau urbain
des Archives aboutissant dans le même immeuble, et en
lignes de communication interurbaines proprement dites. A chacune
de celles-ci est annexé un troisième fil servant
aux signaux. Pour ces dernières lignes on a constitué
des câbles spéciaux à 112 tierces, les fils
de ligne étant du calibre de 1 m/m et le 3e de 6/10 de
m/m (ce dernier ne servant pas aux communications, son diamètre
pouvait être réduit avantageusement).
On a consommé 42km. de ce matériel qui
a coûté 9 fr. le mètre (1 câble 1/2
à 112 paires aurait coûté 10 fr.).
Tous ces câbles ont été posés directement
entre le bureau des Archives et les bureaux centraux intéressés
; ils ont libéré par suite une quantité
importante de fils auxiliaires existant dans les câbles
reliés à Gutenberg, et qui seront utilisés
pour l'extension.
III. Répartiteurs. Les
répartiteurs sont au nombre de 2 : le répartiteur
des circuits sur lequel les têtes verticales comportent
sur chaque fil de ligne : un fusible, un parafoudre en dérivation,
et une bobine thermique. Le fonctionnement de la bobine et du
fusible sont signalés automatiquement par une sonnerie.
Chaque réglette reçoit 56 circuits.
Les têtes verticales des répartiteurs
des lignes trifilaires comportent des réglettes de 224
tierces. Les 3 fils correspondant à une même communication
aboutissent à des équipages où les fusibles
sont remplacés par des barrettes en cuivre amovibles.
Les lignes auxiliaires de service sont
reliées au répartiteur de M.
Dispositions diverses. Un système,
fondé sur l'emploi de l'air comprimé et signalant
automatiquement les fissures des câbles même quand
il n'en résulte pas de baisse d'isolement, sera mis en
service prochainement sur tous les câbles.
Les câbles, à la sortie du
répartiteur, descendent, en même temps que ceux
qui desservent le bureau M, dans une tour d'ascension ; à
chaque plancher, chacun d'eux passe dans un tuyau individuel,
obturé soigneusement ; ils se répartissent ensuite
au pied de cette tour, suivant leurs directions, et sont posés
ensuite sur des herses dans les galeries. Les câbles correspondant
au seul bureau interurbain sont au nombre de 50 environ dans
ces galeries, ce qui correspond comme encombrement à
1 bureau de 7.000 abonnés environ, le bureau M ayant
d'autre part 3.500 abonnés, on voit que le nombre total
des câbles est important et qu'il justifie amplement le
développement qu'on a dû donner à ces galeries.
Dispositif de coupure. A
leur sortie du répartiteur d'entrée les 2 fils
de lignes se rendent aux têtes verticales d'un nouveau
répartiteur intermédiaire
qui les renvoie sur un panneau de coupure.
Celui-ci présente, par circuit,
2 jacks pris en dérivation, seulement celui qui est situé
du côté de la ligne est à double rupture.
Un cordon à 4 conducteurs, muni d'une double fiche permet
d'effectuer le renvoi du circuit (côté ligne et
côté table) à une table d'essai.
Le panneau de coupure comporte 1.000 de
ces paires de jacks jumelés, avec extension possible
à 1.600. Ceux-ci sont disposés par rangées
verticales correspondant à 4 tables interurbaines, chaque
table comportant 5 circuits.
Table d'essai. Elle comporte 200
positions de mise en observation des circuits correspondant
aux 200 monocordes à fiche double du panneau de coupure.
Le circuit côté meuble aboutit à un jack
(supérieur) muni d'une lampe d'appel allumée par
les appels provenant du bureau. Le signal sera éteint
par l'enfoncement d'une fiche dans le jack. Le circuit côté
ligne aboutit à un jack (inférieur) par l'intermédiaire
d'un premier bouton dit « bouton d'inversion » permettant
la permutation des 2 fils de ligne.
Un 2e bouton de mise à la terre
permet de mettre à la terre le premier ou le 2e fil de
ligne selon que le bouton d'inversion est poussé ou non.
Enfin un 3e bouton permet par son enfoncement
de relier le circuit à un annonciateur à voyant,
placé à la partie supérieure du tableau.
Dans le cas où le bouton de commutation n'est pas poussé,
tandis que le bouton de mise à la terre est enfoncé,
une pile de 24 volts dont un pôle est à la terre,
est connectée aux 2 fils de ligne à travers l'annonciateur.
Postes d'essais. 8 postes
d'essais (chaque poste comportant 1 cordon d'essai, son voltmètre
et les 10 clés de manuvre). Ces clés sont
:
1 - Clé d'appel (en + et en - ;
2 - clé d'appel en alternatif;
3 - clé d'inversion ;
4 - clé de terre ;
5 - clé interruptrice de terre ;
6 - clé de voltmètre ;
7 - clé interruptrice des batteries ;
8 - clé de changement des batteries ;
9 - clé de shunt et de voltage ;
10 - clé d'écoute.
En outre chaque poste comprend :
1° une fiche de conversation reliée directement au
poste téléphonique de l'opérateur avec
sa clé d'appel ;
2° une fiche de renvoi il la table, de mesure ;
3° un dicorde avec sa clé combinée d'appel
et d'écoute et sa clé d'appel. La clé de
circuit d'appel à 3 positions est commune à ces
3 cordons.
Le voltmètre est gradué de 0 à
40, il est à 3 sensibilités :
1° sensibilité de 100.000 ohms,
batterie de 40 v. ;
2° sensibilité de 10.000 ohms,
batterie de 4 v. ;
3° sensibilité de 1.000 ohms,
batterie de 4 v.
Le circuit étant renvoyé
à la tablé d'essais, l'opérateur de cette
table aura à déterminer :
1° la nature du défaut (observation au voltmètre
avec le cordon d'essai) ;
2° l'emplacement du défaut (mesure au pont de Wheatstone).
Les combinés et les appropriés.
Les transformateurs servant à
la constitution des combinés sont pris en dérivation
sur le circuit entre les 2 jacks du panneau de coupure. Le schéma
précédent en donne la disposition.
De ce fait quand on prend le circuit par
le jack à rupture (pour faire un essai de ligne) on coupe
l'installation de combinaison.
De même, l'installation d'appropriation
au télégraphe est ainsi conçue. Actuellement
il y a : 55 circuits combinés ; 24
circuits appropriés.
Table de renseignements.
Une table de renseignements a été prévue
pour donner à un abonné tel renseignement qu'il
désire.
L'annotatrice avec lequel il a été mis en relation
le renvoie à cette table en utilisant son dicorde dont
elle enfonce une fiche dans le jack de la ligne appelante, et
l'autre dans le jack d'une ligne de service aboutissant à
la dite table. Lorsque l'abonné désire savoir
combien de temps il lui faut attendre encore une communication
demandée, l'annotatrice remplit une fiche verte qu'elle
envoie pneumatiquement à la table intéressée.
L'interurbaine donne le renseignement,
le fait parvenir pneumatiquement à la table des renseignements
(par l'intermédiaire de la table de tri) c'est elle qui
rappelle l'abonné (par l'intermédiaire d'une téléphoniste
intermédiaire du central auquel il est rattaché)
et le lui communique.
Table de contrôle.
Une table de contrôle permet de se porter en écoute
soit sur le poste d'une opératrice quelconque du bureau
(interurbaine ou annotatrice) soit sur un circuit déterminé,
soit sur une ligne de conversation vers un bureau urbain.
Les installations d'énergie.
Elles sont communes avec celles du bure-au urbain des
Archives de 3.500 abonnés, et sont du type courant. La
Batterie d'accumulateurs a une capacité de 5.000 ampères-heures.
Installation pneumatique.
Compresseurs rotatifs travaillant l'un au vide, l'autre à
la compression et mus par un moteur électrique de 6 HP
alimenté par le courant continu du secteur .
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Sommaire
Au début des années 1920,
des « tables de réclamations » sont installées
dans les bureaux centraux du réseau téléphonique
de Paris.
Ces meubles téléphoniques, qui se distinguent des
« multiples » sur lesquels travaillent les téléphonistes
employées à la commutation, sont les supports de
travail des services dédiés à la réception
des « réclamations » et des « plaintes
» des abonnés.
Progressivement, un petit corps dopératrices se détache
de celui des opératrices classiques pour venir travailler
sur les « tables ».
Un ratio proposé dans un article de 1922 pose quune
table de réclamations doit disposer de quatre positions
dopératrices par « multiple » de 10 000
abonnés.
Cette même année, le réseau téléphonique
de Paris compte environ 120 000 lignes.
En partant du principe que ce ratio fut réalisé
en pratique, on peut estimer quune cinquantaine de postes
étaient alors consacrés à cette tâche.
En 1922 - Quittons à présent
l'enfance du téléphone pour examiner l'état
du réseau parisien, au lendemain de la Première
Guerre mondiale et à la veille du programme d'automatisation
du réseau. Sur les douze centraux existants, seulement
trois desservaient les quartiers de la rive gauche en totalisant
16.200 abonnés au 1er janvier 1922, dont 6.150 pour le
central Ségur, 1.900 pour celui des Gobelins et 8.150
pour celui de Fleurus.
En ce qui concerne les quartiers résidentiels
de la Rive droite, soit le seizième et le dix-septième,
ils étaient desservis par trois centraux, Auteuil, Passy
et Wagram (nous n'avons pas compté les Champs- Elysées
en raison de leur caractère mixte, partagés entre
les activités et les résidences). Le central Wagram
desservait la partie comprise entre l'avenue de la Grande- Armée,
l'avenue Friedland et la rue de Rome, ce qui correspond aujourd'hui
au « bon dix-septième », le « mauvais
dix-septième » ayant été affecté
au central Marcadet. Ces trois centraux comptaient 16.490 abonnés,
au total, soit légèrement plus que tous les quartiers
de la rive gauche réunis, pour une superficie pourtant
plus réduite. Ces lignes d'abonnés se répartissaient
de la façon suivante : 2.700 pour Auteuil, 6.530 pour
Passy et 7.260 pour Wagram. Depuis 1884, la relation entre la
densité téléphonique et la composante bourgeoise
des quartiers résidentiels se voit donc confirmée,
notamment dans les seizième et dix-septième arrondissements.
Les quartiers périphériques
du Nord et de l'Est, desservis par les centraux Marcadet, Nord
et Roquette, se placent parmi les plus déshérités.
Ces trois centraux comptent 17.555 abonnés, dont 2.400
à Marcadet, 9.110 au central Nord et 6.045 à Roquette.
Ce chiffre reflète surtout le dynamisme économique
de la zone Est- Nord.
En résumé, de tous les quartiers
périphériques que nous avons énumérés
jusque-là, ceux qui ont été annexés
à Paris après 1860, seuls les quartiers résidentiels
riches ont vu leur densité téléphonique
s'accroître substantiellement. Cette tendance est d'autant
plus sensible qu'il y a peu d'activités économiques
dans ces zones de l'Ouest pour justifier le développement
du téléphone. En revanche, les quartiers périphériques
de la Rive gauche, du Nord et de l'Est, sont peu concernés
par le développement du téléphone même
s'ils ont connu des afflux de population importants depuis 1
860. La rareté du téléphone est plus perceptible
sur la rive gauche en raison de la relative absence d'activités.
Compte tenu de la présence des universités sur
la rive gauche, les principales activités étaient
l'imprimerie, le brochage et la reliure.
En résumé, nous dirons donc que, durant la première
décennie du téléphone, l'utilisation commerciale
ou professionnelle de cette invention était presque exclusive
de tout autre usage. Ce qui explique que le téléphone
ne se soit étendu qu'aux quartiers les plus dynamiques
sur le plan des activités économiques. Dès
lors, la ségrégation sociale de l'espace - qui
est liées surtout à la fonction résidentielle
- ne pouvait être perceptible à travers la distribution
des lignes téléphoniques. Le clivage Est-Ouest,
qui reflète la répartition des classes sociales
dans Paris, ne pouvait donc pas être mis en évidence
par le schéma distributif du téléphone
en 1884. En revanche, le clivage Nord-Sud (ou Rive droite -
Rive gauche), qui recoupe la répartition des activités
dans Paris, se trouve totalement confirmé par la distribution
des centraux et des postes d'abonnés en 1884. Ce clivage
subsiste de façon durable puisqu'en 1922, il existe quatre
fois plus de centraux sur la Rive droite (12 stations) que sur
la Rive gauche (3 stations). Si l'on prend le nombre d'abonnés,
la Rive droite en compte à elle seule 75 795, contre
16 200 abonnés pour la Rive gauche. Si l'on prend uniquement
les quartiers comportant essentiellement des activités
commerciales ou autres, c'est-à-dire le noyau économique
de la Rive droite, constitué par les centraux Gutenberg,
Laborde, Trudaine et Archives, ces quartiers totalisent 36 260
abonnés, soit 40 % de la totalité des abonnés
parisiens. Le quartier de l'Opéra, desservi par le central
Gutenberg, compte à lui seul 22 800 abonnés, c'est-à-dire
considérablement plus que tous les autres quartiers de
la Rive gauche réunis (16 200). Ce qui signifie que près
d'un demi-siècle après son invention, le téléphone
demeurait encore un outil essentiellement réservé
aux professionnels.
Dès 1922 donc, on voit se dessiner
l'embourgeoisement du seizième arrondissement ainsi que
son assimilation progressive du téléphone domestique.
Cependant, le déplacement des catégories sociales
aisées vers l'Ouest ne s'arrête pas aux frontières
de Paris. Dès 1922, on peut déjà se rendre
compte que la bourgeoisie a débordé Paris en direction
des sites verdoyants de la banlieue Ouest, puisque Neuilly et
Boulogne deviennent les banlieues les plus équipées
en téléphone, avec celles de la zone industrielle
du Nord.
Sommaire
En 1924,
le 27 juillet, c'est à Paris qu'est mis en service
le Central Téléphonique Urbain Manuel le
plus moderne équipé de distributeurs d'Appels
Automatique aux Opératrices.
Le premier Central Manuel équipé
de cet ultime perfectionnement est Fleurus, sis au 37,
rue du Cherche-Midi. (Fleurus changera de dénomination
pour devenir Littré en Février 1927)
Alors que tout Commutateur Multiple, qu'il soit en série
à Batterie Locale, ou en parallèle en Batterie
Centrale, chaque section du meuble est affectée à
une Opératrice qui ne s'occupe d'établir les communications
demandées uniquement par "ses abonnés"
dont elle voit les volets ou les lampes respectives d'appel.
Il en découle que certaines Opératrices qui ont
des abonnés peu bavards se retrouvent chanceuses, tandis
que d'autres Opératrices héritent d'une section
du meuble composée statistiquement d'abonnés très
actifs au téléphone.
Ainsi, certaines Opératrices peuvent-elles se retrouver
crouler sous les appels à établir, tandis que
d'autres se trouvent bien souvent en position de sous-emploi
au même moment.
La technique du distributeur d'appel supprime cette inégalité
entre opératrice, car désormais, dès que
n'importe quel abonné rattaché au Central décroche
son combiné téléphonique, l'abonné
demandeur se retrouve mis en contact avec la première
Opératrice disponible du Central.
Chaque nouvelle communication demandée par n'importe
quel abonné se retrouve donc distribuée à
la première Opératrice disponible qui suit la
précédente servie.
Avantage : la charge de travail devient équivalente
pour toutes les Opératrices du même Commutateur
Manuel, et l'exploitation en est d'autant optimisée par
les heures les plus chargées de la journée.
Inconvénient : les abonnés n'ont
plus à faire à leur Opératrice habituelle,
mais à l'une des Opératrices du Central Manuel,
d'où une certaine déshumanisation pour des abonnés
qui finissaient par connaître leur Opératrice suivant
les plannings de service.
Très progressivement, la technologie du Distributeur
d'Appels Automatique aux Opératrices sera généralisée,
notamment dans les Commutateurs Interurbains Manuels partout
en France, afin de rationaliser l'exploitation du Téléphone.
En exemple, il convient de citer le Centre Manuel Régional
Inter-Poissonnière de Paris qui, mis en service le 8
octobre 1927, sera modernisé en 1946 par de nouveaux
meubles équipés du Distributeur d'Appels Automatique
aux Opératrices.
En 1928, le 19 mars marque
la première communication téléphonique
entre la France et l'Algérie Française, obtenue
par voie entièrement manuelle.
Cette première conversation se déroule,
à Paris, dans le bureau de M. le Ministre des PTT - Maurice
Bokanowski, en présence, notamment de M. le Directeur
de l'Exploitation Téléphonique - Henri Milon.
La conversation est obtenue, à partir de Paris à
10H36, par voie entièrement manuelle, au départ
du bureau de M. le Ministre des PTT, raccordé au Centre
Téléphonique Ségur ; l'appel étant
transféré au Centre Téléphonique
Louvre par voie manuelle, puis, transféré au Bureau
Central Radio (BCR) sis rue Montmartre, puis transmis par câble
Liaison Souterraine à Grande Distance (LGD), à
la station Radio de Sainte-Assise, laquelle transmet la communication
téléphonique suivant la nouvelle technique dite
des ondes courtes projetées.
La station Radio d'Alger (à proximité de la Colonne
Voirol), distante de 1500 km, transmet la communication par
liaison filaire au Centre Téléphonique d'Alger.
La communication est transférée par voie manuelle
au Centre Téléphonique du Gouvernement général
de l'Algérie, jusqu'au bureau de M. le Gouverneur général.
M. le Ministre des PTT - Maurice Bokanowski entrera en contact
avec M. le Gouverneur général en Algérie
- Pierre Bordes.
En 1928, le 28 mars marque la première communication
téléphonique entre la France et les USA, obtenue
par voie entièrement manuelle.
En 1930, le 27 juin, marque la première
communication téléphonique entre la France et
le Maroc, obtenue par voie entièrement manuelle.
En 1932, le 1er juillet, le téléphone interurbain
manuel entre la France continentale et la Corse est mis en service.
C'est donc à cette date que la Corse se voit téléphoniquement
rattachée à la France...
|
Les téléphonistes ou opératrices
appelées "Les demoiselles du téléphone"
Pour
illustrer le travail des demoiselles du téléphone
on peut lire cette page
Extrait d'un passage du livre "Les demoiselles du téléphone"
de M. Campana ou elle intégre les PTT en 1919 sur
un multiple à Bordeaux :
... J'entrai donc dans la grande armée des
téléphonistes au service d'une grande cause, le
Progrès, vêtue d'une blouse en guise d'uniforme,
flanquée d'une surveillante en guise de sous-officier.
Celle ci, fort aimable avec une débutante bien introduite,
m'installe quelques instants avant le début du service
à une place vide, devant une sorte de meuble indéfinissable
composé essentiellement de trous. Les standards de l'époque
étaient assez semblables, en beaucoup plus important, à
ceux qui sont installés aujourd'hui dans les hotels ou
les entrprises. L'opératrice s'asseyait à une table,
le key-board -- l'invention de M. Graham Bell, agé de cinquante
ans à peine, se ressentait encore de ses origines anglo-saxones
-- ou étaient plantés douze fichess disposées
par paires et reliées chacune à un fil. En angle
avec le key-board se dressait à la verticle, devant la
préposée, un immense panneau qui comprenait d'abord,
dans le bas, une centaine de petites lampes correspondants chacune
à un trou, le jack, et un numéro, c'est à
dire à un abonné.
Sur ces rangées, me dit l'ancienne, vous avez "vos"
cent abonnés.
Suis je leur servante ou leur maîtresse ? Si je les "ai",
eux aussi, il m'"ont".
Au dessus des lampes des ces abonnés-départ, des
rangées et des rangées de trous, ou de jacks, comme
un gigantesque jeu de solitaire. Il y en a 6000, 8000 peut être,
autant que d'abonnés dans le central, et chacun correspond
à un numéro.
La surveillante a mis le casque -- les écouteurs reliés
à une lamelle de métal qui passe par dessus la coiffure
(soit le chignon qui date d'avant guerre et symbolise déjà
la vieille fille, soit les cheveux courts, pour celles qui "se
sont fait couper les ch'veux"). Elle a disposé devant
sa bouche une sorte de cornet :
-- Voyez la lampe qui s'allume ? Entre nous, je sais qu'il s'agit
de M.Piquemal, un marchand de vins du centre de la ville.
-- Je le connais, il habite en bas de chez moi !
-- Le prends une fiche sur le key-board, je l'enfonce dans le
jack correspondant à sa lampe et je suis en communication
avec lui.
-- Mais ça clignote.
--Il s'impatiente, nous allons le calmer.
Elle a joint le geste à la parole, mais n'à enfoncé
la fiche qu'à la fin de ses explications.
L'abonné n'a pas l'air content :
-- Je ne peux pas vous passez la surveillante, lui dit-ell, c'est
moi.
Le marchand de vins prends aussitôt un ton plus concilliant.
-- Le 42.21 ? Tout de suite, ne quittez pas.
Elle tire la fiche appariée à la première,
cherche sur le grand panneau le 42.21. C'est loin et c'est haut.
Moi, j'aurais dû me lever. La surveillante trouve le numéro,
enfonce la deuxième fiche dans le jack ; "la communication
est établei", conclut-elle. Et moi, je deviens la
demoiselle du téléphone du marchand de vins qui
m'avait fait faire ma première expérience téléphonique,
à l'autre bout de la ligne.
-- Trois standardiste seulement peuvent utiliser le même
panneau, poursuit mon interlocutrice. Elles ne desservent donc
que trois cents abonnés-départ. Pour trois cents
autres, il faut trois autres ipératrices et un panneau
identique, et ainsi de suite. Ces panneaux sont multipliés
autant que nécessaire, c'est pourquoi on les appelles des
multiples.
Nous sommes trois au coude à coude. Aux heures de pointe,
nous devons sans cesse nous lever, nous rasseoir, passer le bras
l'une par dessus la tête de l'autre et, quand le numéro
à trouver est trop éloigné, demander à
la voisine: "Tiens, donne moi le 66.59."
Le nombre des abonnés est en constante augmentation, on
rajoute des lignes, par conséquent des rangées de
trous. Le central de Bordeaux arrive à saturation, il est
question de le faire passer à l'automatique.
... |
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Photos souvenir du personnel de
la Brigade B
du nouveau centre de Gutemberg dans les années 1930
Cliquez sur les images pour les agrandir |
Sommaire
Cantine du bureau de Saxe |
Salle de repos du bureau de Saxe
|
Sommaire
1913
Début de l'automatisation à
Nice
1927 On
prévoit, en automatique, la mise en service imminente de
Rennes et, dans le courant de l'année, celles de Nantes,
Rordeaux, Troyes, Colmar et Fontainebleau. Lyon sera mis en service
en 1928 et Rouen en 1929.
L'exécution du programme se poursuivra par Nancy, Lille-Roubaix-
Tourcoing, Saint- Etienne, Toulouse, Limoges, Clermont-Ferrand,
Dunkerque, etc.
Strasbourg, qui possédait en 1918 un multiple manuel dans
un état de vétusté incroyable, et qui a dû
à cette circonstance de se voir équiper d'urgence
en matériel manuel neuf, ne sera probablement pas pourvue
de l'automatique avant 1936 environ, époque à laquelle
son meuble actuel arrivera à fin de service.
A l'exception de Dieppe, équipée en système
« Ericsson» et de Nantes en«Rotary». toutes
les villes citées ont reçu le système «
Strowger ».
A Fontainebleau, on ouvre un automatique du système anglais
«tout à relais ».
Enfin, Angers et Marseille sont pourvues du semi-automatique «
Rotary» (que l'on transforme actuellement
dans cette dernière ville en automatique complet).
Ce système « Rotary» est celui que connaitront
les Parisiens
1927 Paris : Prévisions
Le point en 1928
l'Administration française a établi un vaste programme
de transformation de ses installations les plus anciennes, programme
qui comporte, d'une part, le remplacement des installations manuelles
usagées des grandes villes, et, d'autre part, la substitution
de petits appareils automatiques de modèles spéciaux
aux tableaux manuels en usage dans certains bureaux de campagne.
En principe, les bureaux de moyenne importance doivent seuls demeurer
manuels, mais cette règle n'a rien d'absolu.
Services urbains.
La première partie du programme (transformation
progressive des bureaux très importants) a déjà
reçu une réalisation partielle. |
Centraux automatiques déjà
en service :
|
Réseaux en cours de transformation
:
Rouen : 6 000 abonnés ;
Nîmes : 1800 abonnés;
Epinal : 1200 abonnés ;
A Paris : Il y a 160 000 abonnés.
Les travaux de transformation dureront une douzaine d'années,
et le nombre des abonnés atteindra environ 350 000 quand
ils seront terminés.
Neuf bureaux automatiques sont déjà commandés
et en cours de construction :
Carnot, 6000 abonnés déjà en service
;
Gobelins, 10000;
Vaugirard, 8000;
Diderot, 10000;
Trudaine, 10000;
Danton, 10000;
Odéon, 6000;
Anjou, 10000;
Opéra, 10000. |
Le réseau de Paris devant comporter un
grand nombre de bureaux de 10 000 abonnés chacun, les
numéros d'appel comprendront trois lettres et
quatre chiffres.
Le principe de l'automatisation du réseau de Paris et
de la zone suburbaine (1ère couronne) en système
ROTARY 7A1 est approuvé le 9 octobre 1926 par le Conseil
des Ministres à partir du rapport rédigé
par M. le Ministre chargé des PTT - Maurice Bokanowski
:
Le 13 octobre 1926, ITT gagne l'appel
d'offre incluant la commande des 4 premiers Commutateurs d'abonnés
ROTARY 7A1 de Paris .
Ce premier marché de 4 Commutateurs Urbains ROTARY
7A1 Carnot, Gobelins, Diderot et
Trudaine est signé pour le montant de 80 millions
de francs (valeur 1926), soit 51 millions d'euros (valeur 2015).
Somme à laquelle il faille ajouter un avenant du 5 mars
1929 de 11 millions de francs (valeur 1929). Les montants de
l'automatisation de Paris sont colossaux, dès le début
du processus.
le ROTARY 7A1
est retenu pour Paris par souci d'homogénéisation
du réseau parisien et ce malgré la conception
entre-temps en 1927 d'une seconde variante : le ROTARY 7A2.
Enfin, on prévoit l'équipement
assez prochain des réseaux de : Nancy; Saint-Etienne;
Lyon (Lalande) ; Trouville-Deauville (central commun à
ces deux villes) ; Lille-Roubaix-Tourcoing (central commun à
ces trois villes) ; Bayonne-Biarritz (central commun).
.1928
Annonce du premier central automatique de Paris central Carnot
en juillet 1928 dans le Petit Parisien
|
L'AUTOMATIQUE AU TELEPHONE
Tous les types drôles, dont se nourrissait
la verve des revuistes et des chansonniers disparaissent
l'un après l'autre le pioupiou genre Polin n'est
plus l'agent ahuri a cédé la place aux tacticiens
de la rue que nous voyons chaque jour il lenr tâche
difficile il restait la téléphoniste, vous
savez "Celle qui entend des voix et ne répond
pas. Voici que la téléphoniste, à son
tour, va disparaître. Déjà Nice et Angers
n'en ont plus. Marseille n'en a plus que pour les deux tiers
de ses abonnes. Paris, dans dix ans, n'aura plus aucun de
Ces anges invisibles qui, plus ou moins capricieusement,
vous relient au reste du monde ou vous donnent. en dépit
des appareils les plus perfectionnés, une impression
de terrible et profond isolement. "
C'est par le central Carnot que la transformation
du réseau, parisien va commencer. Elle sera réalisée
dans quelques semaines. Les autres centraux suivront.
Dans deux lustres, la transformation sera complète.
Déjà, en prévision de ;cette substitution
du machinisme au travail humain, l'administration de P.
T. T.
|
Le 22 septembre 1928
à 22 Heures, le premier central téléphonique
automatique fut mis en service à Paris est
Carnot, 23 rue de Médéric :, en présence
du Ministre du Commerce, de lIndustrie, des Postes et
Télégraphes Henry Chéron .
A cette occasion on installe chez les abonnés
reliés au téléphone automatique un poste
à cadran avec dix ronds
permettant de composer des numéros alpha-numériques
qui commencent tous par les trois premières lettres du
central. Ainsi "INV" pour le central "Invalides".
En 1928, à la mise en service de Carnot Automatique,
seules les communications locales
du quartier autour du Central Carnot sont intégralement
automatiques.
Le Rotary 7A1 semi automatique, ne veut pas dire
plus d'opératrices.
Grande salle des opératrices
du Centre Téléphonique Automatique ROTARY 7A1
Paris-Carnot au second étage
Quand
un abonné de Carnot Automatique désire téléphoner
à un abonné manuel de Paris, il décroche
son téléphone, compose son numéro de téléphone
au cadran. Ce numéro est alors directement affiché
sur les positions de départ par des indicateurs lumineux
( Opératrices de Départ A, situées
contre les murs droit ou gauche de la salle). Ces opératrices
contactent alors à l'aide de leurs cordons-dicordes le
Centre Manuel parisien demandé.
Lorsqu'un abonné d'un Centre
Manuel parisien veut téléphoner à un abonné
automatique de Paris-Carnot, il décroche et converse
avec son opératrice de départ (Opératrices
A) de son centre téléphonique de rattachement,
et cette opératrice va contacter avec ses cordons-dicordes
une opératrice spéciale d'arrivée située
dans Carnot (Opératrices Semi-B, situées
dans la rangée au milieu de la salle), et cette opératrice
Semi-B va directement actionner, à l'aide de clefs,
le Commutateur Automatique Carnot (situé au 3ème
étage) en ayant composé sur ce clavier le numéro
d'abonné de Carnot Automatique demandé. Le Commutateur
Carnot, via son réseau de Connexion, n'a plus qu'à
déterminer une voie de passage pour établir la
communication et envoyer les signaux de sonnerie à l'abonné
automatique de Carnot demandé.
1929
vu dans le Petit Parisien du 7 juilet : L'automatique Gobelins
a été inauguré hier
La presse avait été conviée, hier malin,
à visiter, boulevard de Port-Royal. l'immeuble où
est installé le central téléphonique automatique
Gobelins qui a été mis en service quelques heures
plus tard, entre 22 et 23 heures. Sous la conduite de M. Reyuaud-Bonin.
inspecteur des services téléphoniques de Paris,
les visiteurs parcoururent les divers étages du vaste
immeuble de fer et de ciment armé, aux larges baies.
Un moteur Diesel de 300 CV et des dynamos installés dans
le sous-sol suppléeront, le cas échéant,
aux pannes éventuelles du secteur. Au-dessus s'alignent
les accumulateurs et transformateurs de courant. Enfin, deux
étages sont réservés. à ces ingénieux
groupements d'appareils que sont les sélecteurs en perpétuel
mouvement, mais travaillant sans aucune présence humaine.
ils semblent animés d'une vie étrange. Ce sont
eux qui donnent les diverses communications, remplaçant
automatiquement les demoiselles du téléphone.
Sur les 9.000 lignes du central Golielins, 6.000 vont être
mises à l'automatique et 3.000 resteront au central manuel,
boulevard de Port-Royal, sous le nom d' Odéon .
Le second ROTARY 7A1 de Paris est mis en service
au Centre Téléphonique des Gobelins le
6 juillet 1929 ; il y a
assuré un service satisfaisant jusquau 7 juillet
1982, soit 53 ans.
Suivront :
- Diderot (av. Daumesnil), 10.000 lignes,
mis en service le 11 janvier 1930,
- Trudaine (rue de Navarin), 10.000 lignes, mis en service le
6 décembre 1930.
Le dernier ROTARY 7A1 de France, celui de Paris-Alésia
(à Montrouge), sera arrêté le 26 juin 1984.
L'automatisation du réseau parisien intra-muros prend
10 ans. Quasiment terminée en 1935, elle s'achèvera
en 1938.
Standardiste
vers 1920
Sommaire
Les services ruraux
L'introduction de la téléphonie automatique
dans les campagnes est moins avancée.
Divers systèmes ont été expérimentés
: dans la Seine-Inférieure, à Oissel, Bihorel,
Sainte-Adresse, etc. ; dans la Seine-et-Oise, à V élizy,
Saint-Cyr, Fontenay-le-Fleury, et dans la Seine, à Rungis.
D'autres essais seront organisés prochainement sur une
plus vaste échelle et d'après une conception différente,
dans la région de Mantes et dans celle d'Orléans
: il s'agira de transformer en automatiques tous les bureaux
manuels situés dans une zone donnée, ayant pour
centre un bureau important (Mantes ou Orléans).
Cette conception de l'automatique rural mérite
une mention particulière.
Les postes d'abonnés ne recevront aucune modification.
Pour obtenir une communication, un abonné appellerad'abord
la téléphoniste du bureau centre de groupe, au
moyen de la magnéto de son poste, et sans décrocher
son appareil.
Si le circuit vers le centre de groupe est libre, ou dès
qu'il le deviendra, la téléphoniste percevra l'appel,
rappeilera l'abonné et prendra sa demande.
Si la communication est demandée pour un réseau
ne faisant pas partie du groupe, elle sera établie comme
actuellement par des procédés manuels.
Si elle est destinée à un abonné d'un des
réseaux du groupe, la téléphoniste appellera
automatiquement le demandé ; les correspondants une fois
mis en communication directe, la téléphoniste
aura la faculté de rester en écoute pour surveiller
l'établissement régulier de la communication.
Le raccrochage des appareils libérera tous les organes
automatiques utilisés dans la conversation.
Prenons un exemple dans le groupe de Mantes (fig ci dessus)
: si un abonné de Tilly désire une communication,
son appel arrive à travers les bureaux ruraux de Tilly,
Dammartin, Septeuil, à la téléphoniste
de Mantes, si les trois tronçons du circuit TillyMantes
sont libres, ou sinon, dès qu'ils le deviennent.
Dès réception de ce signal, qui consiste dans
l'allumage d'une lampe, la téléphoniste sonne
l'abonné. Il décroche et formule sa demande :
s'il demande un abonné d'un réseau automatique
du groupe, tel que Saint-Illiers-la-Ville, par exemple, la téléphoniste,
au moyen de son cadran d'appel, sélectionne le circuit
ou les tronçons de circuit à'utiliser pour atteindre
le bureau rural demandé, puis choisit, dans ce bureau,
la ligne de l'abonné désiré.
Dès que celui-ci décroche son appareil, il se
trouve en communication avec le demandeur.
La téléphoniste, en se retirant après s'être
assurée que la conversation est engagée, libère
les portions de circuit qui ne sont pas comprises entre les
deux correspondants.
A l'issue de la conversation, les deux interlocuteurs raccrochent
et envoient le signal de fin par quelques tours de magnéto,
ce qui ramène instantanément au repos les organes
automatiques ayant servi à établir la liaison.
De son côté, la téléphoniste, avertie,
le cas échéant, de la fin de la conversation par
l'allumage d'une lampe, libère les organes manuels utilisés.Par
mesure de précaution contre les négligences éventuellesdes
abonnés, un dispositif coupe automatiquement les communications
et libère les organes et les circuits six minutes après
l'établissement de la communication.
Les automatiques ruraux de ce type ont été étudiés
pour fonctionner correctement avec les lignes souvent très
défectueuses des abonnés ruraux, et avec un minimum
d'entretien. Ils sont alimentés en courant continu par
de petites batteries d'accumulateurs chargées, soit à
distance, à travers les circuits venant du bureau manuel
centre de groupe, soit par le secteur de la localité,
à l'aide de redresseurs appropriés.
Les automatiques ruraux offrent des avantages pour l'Administration,
en libérant les receveuses des petits bureaux du souci
d'assurer le service téléphonique, mais c'est
surtout pour les populations des campagnes qu'ils sont intéressants
: aux avantages généraux attachés à
la téléphonie automatique, ils joignent celui
de procurer aux usagers un service aussi prolongé que
celui des villes.
L'économie réalisée sur l'exploitation
et la possibilité de concentrer le service de plusieurs
réseaux en un point unique, permettent même de
doter ces réseaux ruraux d'un service permanent : c'est
la possibilité d'appeler, à toute heure de jour
et de nuit, même les dimanches et jours fériés,
le médecin, le vétérinaire, la gendarmerie,
etc.
LA TÉLÉPHONIE AUTOMATIQUE PRIVÉE.
En même temps qu'elle s'introduisait dans les bureaux
publics, la téléphonie automatique pénétrait
dans les installations privées.
Dans ce domaine, ses progrès furent beaucoup plus rapides
et on vit bientôt apparaître une grande variété
d'appareils répondant aux besoins les plus divers.
Les réseaux automatiques privés.
Les premières installations automatiques construites
pour le service particulier des abonnés furent purement
privées, c'est-àdire sans possibilité de
communiquer avec les postes du réseau public. Cette solution
n'était pas entièrement satisfaisante, car elle
obligeait les usagers à avoir une double installation.
Aussi, l'Administration ayant admis les installations mixtes,
le téléphone automatique eut vite fait de trouver
son application dans cette catégorie, qui comporte à
la fois des postes supplémentaires (c'est-à-dire
pouvant communiquer avec le réseau public) et des postes
privés.
Les premiers communiquent entre eux, avec le réseau public
et avec les postes privés de l'installation; les seconds
communiquent entre eux et avec les postes supplémentaires,
mais non avec le réseau public.
L'automatique pénétra d'abord dans ces installations
sous la forme « semi-automatique ».
Installations mixtes semi-automatiques.
Elles sont ainsi appelées parce qu'elles permettent
l'établissement automatique partiel ou intégral
de certaines communications avec le réseau privé
et le réseau public, sans l'intervention d'une téléphoniste
privée.
Ces installations, qui sont très répandues et
le seraient encore bien davantage si elles étaient mieux
connues du public, sont de types très divers.
Dans les unes, la téléphoniste privée intervient
pour l'établissement de toutes les communications avec
le réseau (départ et arrivée), et l'organe
servant à réaliser ces communications est un tableau
avec jacks, fiches, clés, boutons, lampes ou voyants,
analogue aux tableaux des installations purement manuelles.
Dans d'autres, la téléphoniste établit
les communications avec le réseau, au moyen d'organes
appartenant en propre aux systèmes automatiques : boutons
à enclenchement, cadrans d'appel, etc.
Dans un troisième type, plus perfectionné encore,
l'opératrice n'intervient que pour établir ou
signaler les communications en provenance du réseau public
; les postes supplémentaires peuvent se connecter automatiquement
et directement au réseau et l'appeler de même,
sans avoir recours à la téléphoniste privée
(ce recours restant toutefois possible si le besoin s'en fait
sentir).
Ces dernières installations, qui sont dites « à
prise directe du réseau », permettent également
aux postes supplémentaires d'envoyer à la téléphoniste
du bureau public le signal de « fin de conversation »
et de se déconnecter eux-mêmes à l'issue
de la conversation.
Comme certaines maisons à fort trafic téléphonique
(banques, journaux, grandes industries ou maisons de commerce)
dépensent par jour plusieurs milliers de francs de communications
interurbaines et internationales, et comme les retards apportés
par leurs téléphonistes particulières à
envoyer au bureau public les signaux de fin de conversation
ont pour conséquence, non seulement d'immobiliser inutilement
leurs lignes, mais encore et surtout de faire porter au compte
de ces abonnés des unités de conversation supplémentaires,
il est très avantageux pour eux d'envoyer automatiquement
au bureau central le signal de fin, dès que les communications
sont achevées.
Un autre avantage de ces installations est de simplifier les
manuvres de la téléphoniste à un
point tel que celle-ci peut desservir aisément des installations
très importantes.
Meuble pour installation mixte semi-automatique
Installations mixtes purement automatiques.
Si le réseau public est manuel, on est bien obligé
de conserver une opératrice au moins, pour l'établissement
des communications d'arrivée.
Mais, si le réseau public est lui-même automatique,
des autocommutateurs privés spéciaux permettent
:
1° Aux postes intérieurs (supplémentaires
et privés) de communiquer automatiquement ;
2° Aux postes supplémentaires de se mettre automatiquement
en communication avec un poste quelconque du réseau public
;
3° A un abonné quelconque du réseau public
de se mettre luimême automatiquement en communication
avec l'un des postes supplémentaires de l'installation.
Installations automatiques d'immeubles
- Cette dernière faculté
(automaticité des communications d'arrivée)
trouve aussi son application dans les installations d'immeubles,
mises par les propriétaires à la disposition
des locataires et desservies par les concierges.
On sait que le service de ces postes d'immeubles, très
répandus à Paris, laisse beaucoup à
désirer.
Avec les nouveaux appareils, le locataire peut se mettre
automatiquement en relation avec un abonné quelconque
du réseau public et, réciproquement, si l'on
a attribué à son poste un numéro particulier
s'ajoutant au numéro d'appel de l'immeuble, un abonné
du réseau peut se mettre automatiquement en relation
avec lui.
Mais on se trouve ici en présence d'une difficulté.
Il existe plusieurs systèmes de téléphonie
automatique pouvant être utilisés dans les
bureaux publics, et ces systèmes peuvent être
rangés en deux grandes catégories :
les systèmes « à sélection directe
», encore appelés « à commande
en avant » ou « pas à pas », et
les systèmes « à sélection indirecte
» ou « à commande en arrière »
Jusqu'à présent, les autocommutateurs privés
dont nous venons de parler, et qui permettent l'appel automatique
des postes supplémentaires par le réseau,
ne peuvent fonctionner que dans les réseaux dotés
de systèmes à sélection directe. |
Installation automatique pour immeuble,
desservant dix postes |
Le réseau de Paris devant être équipé
en système à sélection indirecte, ses abonnés
ne pourront pas encore profiter des facilités que procurent
les autocommutateurs à appel automatique généralisé,
déjà expérimentés dans d'autres capitales.
Toutefois, il ne semble pas impossible de
surmonter cette ditticulté.
Comme on le voit, la téléphonie automatique tend
aujourd'hui à se substituer complètement à
la téléphonie manuelle, aussi bien dans le domaine
public que dans le domaine privé, et c'est dans ses applications
à la téléphonie privée que l'automatisme
est arrivé au plus haut degré de perfectionnement,
parce qu'ici, une plus grande latitude a été laissée
dès le début à l'initiative des constructeurs.
Jusqu'à ces temps derniers, la téléphonie
automatique n'eût pas été possible, en France,
sur les grands circuits interurbains, parce qu'ils étaient
en général en mauvais état. |
Mais l'Administration a entrepris la construction
de câbles souterrains à grande distance, renfermant
un nombre considérable de conducteurs bien isolés,
et pourvus de distance en distance de relais amplificateurs.
Elle a déjà mis en service les
câbles suivants :
En 1927 : Paris-Sélestat-Strasbourg, avec embranchement
sur Mulhouse-Bàle ;
En 1928 : Paris-Lille-Bruxelles.
Elle construit actuellement deux autres grands
câbles :
Paris-Lyon-Marseille (avec embranchements vers la Suisse et
l'Italie);
Paris- Bordeaux (avec embranchements sur Toulouse, Nantes, Limoges).
Sur ces câbles, relient ou relieront les grandes villes
de France (et certaines villes de l'étranger) sans délais
d'attente, la téléphonie automatique est possible.
Techniquement, rien ne s'opposerait à ce qu'un abonné
de Marseille, par exemple, pût appeler directement, à
l'aide de son cadran auto-matique, un abonné de Paris,
de Bordeaux, de Lyon, etc.; des questions de tarification y
font seules obstacle.
|
|
Sommaire
Paris et banlieues regard
sur le déploiement du réseau :
Il faut se souvenir que le réseau parisien
a pu être, à un moment donné, « surdimensionné
» par raport aux besoins, jusqu'aux années cinquante.
Outil destiné à abolir la distance, le téléphone
a pourtant tardé à franchir les portes de la capitale,
comme en témoigne la comparaison avec Londres et Boston,
et a été paradoxalement confiné à
une vocation locale.
Enfin, les signes de la distinction n'ont pas joué en
sa faveur puisque les classes aisées lui ont accordé
peu d'importance dans leur mode d'habiter, et ce sont les quartiers
autrefois affectés aux activités artisanales et
au transport fluvial qui ont, les premiers, bénéficié
du développement téléphonique, tel le canal
Saint- Martin, longtemps considéré comme un quartier
populaire.
Répartition spatiale des téléphones
et ségrégation des quartiers parisiens
a) En 1884 - La
répartition des postes d'abonnés dans les quatiers
de Paris n'a rien de très remarquable pour qui connaît
un peu l'histoire de cette ville.
Une carte de 1884 révèle que c'est dans le quartier
de l'Opéra (où se trouve installé le central
Gutenberg) et du Sentier que la densité téléphonique
était la plus forte.
La totalité de la Rive gauche ne comptait que quelques
rares abonnés. Mais le septième, le cinquième,
le treizième, le quatorzième et le quinzième
arrondissement constituaient un désert téléphonique,
ce qui n'avait rien d'exceptionnel étant donné
que ces quartiers étaient occupés essentiellement
par des universités et des établissements religieux
(couvents, etc.) ou sanitaires.
Toutes les activités économiques se trouvaient
concentrées sur la Rive Droite, dans le huitième
et le neuvième arrondissement, ainsi que les quartiers
du Louvre et du Marais. Le point culminant était La Bourse.
Les Champs Elysées connaissaient un certain développement
mais qui n'était pas plus important
que celui du dixième arrondissement bordé par
les gares du Nord et de l'Est et le Canal Saint-Martin.
Ce qu'il faut donc retenir de cette observation
c'est que, en 1884, seules les fonctions commerciales, industrielles
ou artisanales ont véritablement déterminé
la densité téléphonique des quartiers parisiens.
La ségrégation entre quartiers pauvres et quartiers
riches n'était donc pas perceptible au niveau de l'équipement
téléphonique puisque la fonction résidentielle
n'était pas encore prise en compte.
A l'exception d'une concentration de postes d'abonnés
autour du Parc Monceau (établissement récent de
la bourgeoisie), le seizième et le dix-septième
connaissaient un équipement téléphonique
assez faible. En revanche, les postes d'abonnés se développaient
dans l'Est, de part et d'autre du canal Saint-Martin, avec les
deux points forts de la Bastille et de la République,
ce qui confirme le caractère déterminant des activités
économiques. Cet axe se prolonge vers la banlieue nord
qui avait bénéficié de la construction
d'un réseau de canaux dès 1813 : les canaux de
l'Ourcq, Saint-Denis et Saint-Martin.
b) En 1922
- Quittons à présent l'enfance du téléphone
pour examiner l'état du réseau parisien, au lendemain
de la Première Guerre mondiale et à la veille
du programme d'automatisation du réseau. Sur les douze
centraux existants, seulement trois desservaient les quartiers
de la rive gauche en totalisant 16.200 abonnés au 1er
janvier 1922, dont 6.150 pour le central Ségur, 1.900
pour celui des Gobelins et 8.150 pour celui de Fleurus.
En ce qui concerne les quartiers résidentiels
de la Rive droite, soit le seizième et le dix-septième,
ils étaient desservis par trois centraux, Auteuil, Passy
et Wagram (nous n'avons pas compté les Champs- Elysées
en raison de leur caractère mixte, partagés entre
les activités et les résidences). Le central Wagram
desservait la partie comprise entre l'avenue de la Grande-Armée,
l'avenue Friedland et la rue de Rome, ce qui correspond aujourd'hui
au « bon dix-septième », le «
mauvais dix-septième » ayant été
affecté au central Marcadet. Ces trois centraux comptaient
16.490 abonnés, au total, soit légèrement
plus que tous les quartiers de la rive gauche réunis,
pour une superficie pourtant plus réduite. Ces lignes
d'abonnés se répartissaient de la façon
suivante : 2.700 pour Auteuil, 6.530 pour Passy et 7.260 pour
Wagram. Depuis 1884, la relation entre la densité téléphonique
et la composante bourgeoise des quartiers résidentiels
se voit donc confirmée, notamment dans les seizième
et dix-septième arrondissements.
Les quartiers périphériques
du Nord et de l'Est, desservis par les centraux Marcadet, Nord
et Roquette, se placent parmi les plus déshérités.
Ces trois centraux comptent 17.555 abonnés, dont 2.400
à Marcadet, 9.110 au central Nord et 6.045 à Roquette.
Ce chiffre reflète surtout le dynamisme économique
de la zone Est- Nord.
En résumé, de tous les quartiers
périphériques que nous avons énumérés
jusque-là, ceux qui ont été annexés
à Paris après 1860, seuls les quartiers résidentiels
riches ont vu leur densité téléphonique
s'accroître substantiellement. Cette tendance est d'autant
plus sensible qu'il y a peu d'activités économiques
dans ces zones de l'Ouest pour justifier le développement
du téléphone. En revanche, les quartiers périphériques
de la Rive gauche, du Nord et de l'Est, sont peu concernés
par le développement du téléphone même
s'ils ont connu des afflux de population importants depuis 1
860. La rareté du téléphone est plus perceptible
sur la rive gauche en raison de la relative absence d'activités.
Compte tenu de la présence des universités sur
la rive gauche, les principales activités étaient
l'imprimerie, le brochage et la reliure3.
En résumé, nous dirons donc que,
durant la première décennie du téléphone,
l'utilisation commerciale ou professionnelle de cette invention
était presque exclusive de tout
autre usage. Ce qui explique que le téléphone
ne se soit étendu qu'aux quartiers les plus dynamiques
sur le plan des activités économiques.
Dès lors, la ségrégation sociale de l'espace
qui est liées surtout à la fonction résidentielle
ne pouvait être perceptible à travers la distribution
des lignes téléphoniques. Le clivage Est-Ouest,
qui reflète la répartition des classes sociales
dans Paris, ne pouvait donc pas être mis en évidence
par le schéma distributif du téléphone
en 1884. En revanche, le clivage Nord-Sud (ou Rive droite -
Rive gauche), qui recoupe la répartition des activités
dans Paris, se trouve totalement confirmé par la distribution
des centraux et des postes d'abonnés en 1884. Ce clivage
subsiste de façon durable puisqu'en 1922, il existe quatre
fois plus de centraux sur la Rive droite (12 stations) que sur
la Rive gauche (3 stations). Si l'on prend le nombre d'abonnés,
la Rive droite en compte à elle seule 75 795, contre
16 200 abonnés pour la Rive gauche. Si l'on prend uniquement
les quartiers comportant essentiellement des activités
commerciales ou autres, c'est-à-dire le noyau économique
de la Rive droite, constitué par les centraux Gutenberg,
Laborde, Trudaine et Archives, ces quartiers totalisent 36 260
abonnés, soit 40 % de la totalité des abonnés
parisiens. Le quartier de l'Opéra, desservi par le central
Gutenberg, compte à lui seul 22 800 abonnés, c'est-à-dire
considérablement plus que tous les autres quartiers de
la Rive gauche réunis (16 200). Ce qui signifie que près
d'un demi-siècle après son invention, le téléphone
demeurait encore un outil essentiellement réservé
aux professionnels.
Dès 1922 donc, on voit se dessiner l'embourgeoisement
du seizième arrondissement ainsi que son assimilation
progressive du téléphone domestique. Cependant,
le déplacement des catégories sociales aisées
vers l'Ouest ne s'arrête pas aux frontières de
Paris. Dès 1922, on peut déjà se
rendre compte que la bourgeoisie a débordé Paris
en direction des sites verdoyants de la banlieue Ouest, puisque
Neuilly et Boulogne deviennent les banlieues les plus équipées
en téléphone, avec celles de la zone industrielle
du Nord.
Les réseaux suburbains :
Les réseaux annexes de Paris ne
furent créés qu'en 1891, à la faveur de
la restructuration provoquée par la nationalisation du
téléphone.
Avant cette date, les banlieusards désireux de communiquer
avec Paris devaient se soumettre au régime des lignes
d'intérêt privé établies aux conditions
fixées par la Société générale
du téléphone (SGT).
Le nombre des lignes privées établies avant 1889
dans la banlieue parisienne était de 245.
Pour les grandes villes de province, elles étaient au
nombre de 42 à Marseille, 39 à Lyon et 26 à
Bordeaux.
Citons les principales banlieues parisiennes pourvues de lignes
privées extra-muros, les reliant à Paris à
la date de mai 1889 :
- Saint-Denis 27 lignes
- Aubervilliers 24 lignes
- Charenton 23 lignes
- Ivry 22 lignes
- Neuilly 20 lignes
- Pantin 17 lignes
- Saint-Ouen 15 lignes
- Levallois-Perret 9 lignes
- Montreuil 8 lignes
- Saint-Cloud 5 lignes
Le développement des fils posés
hors des fortifications étaient
de 532 km.
Ainsi qu'on peut le constater, le développement
du téléphone de banlieue avant 1889 correspondait
essentiellement à la petite couronne de Paris. Mis à
part Neuilly et Saint-Cloud/Boulogne, toutes les banlieues desservies
par les lignes privées étaient des banlieues laborieuses,
occupées par des installations industrielles qui, pour
la plupart, résultaient d'un transfert ou d'un prolongement
des activités exercées dans les quartiers artisanaux
de Paris. Quoique la composante résidentielle de Neuilly
ne fût pas exclusive puisque l'industrie de la parfumerie
et des produits de beauté était
groupée en banlieue Nord- Ouest, soit à Neuilly,
Courbevoie, Colombes et Bezons, à proximité d'une
clientèle aisée habitant les quartiers ouest-
parisiens.
On peut donc en déduire que la première génération
des lignes téléphoniques de banlieue desservaient
en priorité une clientèle professionnelle dont
les entreprises ont été déportées
vers la périphérie de Paris, en s' arrêtant
toutefois à peu de distance de la ville.
Cette exclusivité d'une clientèle
professionnelle pour le téléphone de banlieue
s'explique aisément par le coût des lignes privées
imposé par la SGT avant la nationalisation du téléphone.
Ces lignes d'intérêt privé sont établies
par la SGT, mais appartiennent à l'Etat à partir
du point où elles sortent des limites de l'octroi d'une
ville. L'abonnement que devait payer un abonné de la
banlieue pour communiquer avec le réseau urbain combinait
une double taxation, répartie entre la SGT et les PTT.
Même en se limitant seulement à cette petite couronne,
un abonné de la banlieue parisienne devait payer au minimum
un abonnement annuel de 1 200 F, soit le double de l'abonnement
d'un Parisien.
Un tel tarif était pour le moins dissuasif pour tout
usage domestique du téléphone en banlieue. On
mesure mieux la portée de la politique tarifaire lorsqu'on
compare le réseau parisien au réseau londonien.
Dès 1885, on a vu se constituer
à Londres une nouvelle société téléphonique
- parallèlement à la United Telephone Company
de Londres - qui avait pour but d'exploiter toutes les villes
situées dans un rayon de 12 miles (19 km) autour de Londres.
C'est dire toute l'importance que revêtaient déjà
à cette époque les échanges entre la capitale
et ses zones suburbaines, ou ce qu'il conviendrait d'appeler
des villes satellites. Ces villes pouvaient non seulement communiquer
entre elles mais aussi avec le réseau londonien.
Peu à peu donc, on vit se mettre en place un service
téléphonique uniforme s' appliquant à Londres
et ses communes suburbaines dans un rayon de 19 kilomètres
à partir du General Post Office. Cette zone élargie
était desservie par 24 bureaux centraux qui communiquaient
tous entre eux. Le service téléphonique urbain
et suburbain était assuré au tarif uniforme de
500 F par an, appliqué indifféremment à
tous les abonnés qu'ils soient localisés au centre
ou à la périphérie. Cela signifie qu'un
habitant londonien résidant à 19 km du centre
payait moins de la moitié de l'abonnement auquel était
soumis le Parisien de banlieue, pour un service qui n'était
même pas équivalent puisqu'il ne recouvrait qu'une
zone de 4 km autour de Paris.
On ne saurait mieux mettre en évidence l'abîme
qui sépare les conceptions spatiales du service téléphonique
propres à chaque pays.
A la conception centralisée du service téléphonique
de Paris, profondément pénalisante pour les habitants
de la périphérie, s'opposait la définition
d'une zone téléphonique locale à Londres
élargie à toutes les communes suburbaines distantes,
avec un traitement équitable pour tous les abonnés.
Cette profonde différence des politiques tarifaires est
en soi si éloquente qu'elle se passe de tout commentaire.
La politique tarifaire très restrictive de la SGT avait
limité le développement des lignes suburbaines
à la petite couronne de Paris et ses installations industrielles.
Peu à peu, de nombreuses demandes émanant des
localités de province, notamment des banlieues industrielles
du Nord et de la Marne, ont amené l'administration à
réviser le statut des réseaux annexes qu'elle
avait l'intention de créer dans ces régions.
La répartition spatiale des réseaux
téléphoniques suburbains créés en
1890-1891, donc après la nationalisation du téléphone
en 1889, illustre de manière assez convaincante la conquête
bourgeoise des sites les plus agréables de la région
parisienne.
C'est la première phase d'occupation des abords des forêts,
des parcs et des points d'eau. A l'Ouest, d'abord, notons la
présence des réseaux autour du bois de Boulogne
(Neuilly, Boulogne) ; des forêts de Saint-Germain et de
Marly avec une série de réseaux qui gravitent
le long de la Seine (Saint-Germain, Le Vésinet, Marly,
Croissy, Châtou et Rueil) : le parc de Maisons-Lafitte
; toujours aux abords de la Seine, notons Andresy, Saint-Cloud
et Sèvres ; Ville-d'Avray, Versailles, Viro- flay, Meudon
et Clamait jouissent tous de la proximité d'une forêt
ou d'un bois. Même pour la banlieue Nord, la présence
des installations industrielles n'empêche pas l'implantation
excentrée des réseaux près de la forêt
de Montmorency et du lac d'Enghien. Cependant, tout le Nord-Est,
de Saint-Denis à Montreuil, reste voué aux activités
industrielles. C'est à l'Est, dans le prolongement du
bois de Vincennes, qu'on retrouve les banlieues favorisées
desservies par les réseaux de Saint-Mandé, Vincennes,
Fontenay-sous-Bois, Nogent- sur-Marne et Joinville-le-Pont,
jouissant pour la plupart du pittoresque des bords de Marne.
C'est encore Saint-Maur-des-Fossés, pris en étau
dans la boucle de la Marne, qui démontre de la manière
la plus convaincante le lien qui existe entre le téléphone
suburbain de 1890 et les sites de plaisance : le vieux Saint-Maur,
le parc de Saint-Maur et La Varenne-Saint-Hilaire étaient
réputés pour leurs week-ends au bord de l'eau
et leurs pique-niques sur l'herbe. La majorité des habitations
de La Varenne-Saint-Hilaire étaient des résidences
secondaires réservées aux week- ends.
En somme, le schéma spatial mis en évidence
par la répartition des téléphones en 1891
n'est guère différent de celui qu'Alan Moyer avait
déjà dégagé à propos de Boston.
Le mécanisme d'extension spatiale du téléphone
est semblable dans les deux cas, même si les densités
téléphoniques n'ont aucune commune mesure dans
ces deux agglomérations : les milieux d'affaires au centre
avec le taux d'équipement le plus
fort, puis l'extension du téléphone à une
première couronne occupée par les activités
industrielles, et enfin le raccordement des résidences
bourgeoises au-delà du périmètre industrialisé.
Les distances par rapport au centre (hôtel de ville) régissant
la localisation des classes laborieuses sont à peu près
identiques dans les cas bostonien et parisien en 1890. Alan
Moyer situait les habitations ouvrières dans un périmètre
distant de 2 miles (3,2 km) de l'hôtel de ville, se terminant
à 3 miles (4,8 km) de ce point central. Ce qui correspondait
grosso modo aux quartiers périphériques de Paris
annexés après 1860, à l'exception des arrondissements
de l'Ouest occupés par la bourgeoisie.
Cependant, la similitude entre Boston et Paris
se termine là, et les logiques spatiales divergent dès
qu'il s'agit de la localisation des classes moyennes et des
catégories très favorisées. Pour Boston,
les classes moyennes se sont installées à la périphérie
de la ville, dans une zone comprise entre 3,5 miles (5,6 km)
et 6 miles (9,6 km) de distance à partir de l'hôtel
de ville. C'était la limite du service de tramway à
l'époque. Les catégories sociales très
aisées disposant de moyens de transport personnels se
sont installées au-delà de cette limite, entre
6 miles (9,6 km) et 8 miles (12,8 km) du centre- ville.
A Paris, on l'a vu, cette occupation bourgeoise
de la proche banlieue ne s'est pas produite compte tenu du manque
d'attractivité de ces zones, mis à part les bois.
La petite couronne parisienne a donc été accaparée
par les activités industrielles, les classes moyennes
et aisées ayant préféré rester à
l'intérieur de Paris. Les banlieues attrayantes, dont
l'essor était déjà perceptible à
partir de la répartition des réseaux téléphoniques
de 1891, étaient presque toutes beaucoup plus éloignées
du centre que les banlieues de Boston occupées par la
bourgeoisie en 1890.
Saint-Germain-en-Laye et Marly se trouvaient à plus de
22 km de Paris, Montmorency à 19 km. Andresy, Maisons-Lafitte,
Versailles ou La Varenne-Saint-Hilaire n'étaient pas
d'un accès rapide. En les comparant avec les banlieues
de Boston en 1890, on devait effectuer presque le double de
la distance pour atteindre les zones suburbaines « chic
» de Paris.
Compte tenu des moyens de transport disponibles à l'époque,
il semble irréaliste de penser que ces résidences
suburbaines pouvaient être d'un usage permanent. A la
différence des banlieues bostoniennes, où la bourgeoisie
résidait en permanence, les propriétés
suburbaines de Paris étaient probablement utilisées
de manière saisonnière, permettant aux Parisiens
de s'évader à la campagne.
Sommaire
Le réseau parisien entre les deux guerres :
La chasse à l'abonné dans les années
trente. En accédant à l'automatique, le réseau
parisien avait été conçu avec une capacité
d'accueil supérieure au nombre réel d'abonnés
qui ont effectivement sollicité l'accès au réseau.
C'est du moins ce que laissent entendre toutes les notes de
service que nous avons pu dépouiller aux Archives, dont
le contenu peut surprendre ceux qui ont été habitués
à l'interprétation selon laquelle il existe un
« malthusianisme du téléphone français
», sorte de volonté délibérée
de ne pas diffuser largement cet outil au sein de la société
française. Cette interprétation vaut pour la période
qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, surtout à partir
de 1960, où on a vu affluer les demandes en instance
insatisfaites durant des années. Mais, avant la Seconde
Guerre mondiale, les indices dont on dispose laisseraient plutôt
croire que les PTT avaient à faire face à une
absence critique de « demande sociale », absence
encore renforcée par la crise économique de 1929.
Ce qui nous conforte dans cette interprétation, c'est
une lettre du ministre des PTT, G. Mandel, dont on retrouve
trace dans une note de service rédigée le 27 mars
1935 par M. Mailley, alors ingénieur en chef chargé
des lignes téléphoniques et télégraphiques
de Paris et de banlieue.
Cette note de service no 532 mentionne que le ministre déplore
l'insuffisance du nombre d'abonnés en France, d'autant
plus injustifié que l'administration a consenti de nombreux
avantages financiers à l'usager. Face à cette
absence de débouchés pour l'industrie du téléphone,
le ministre ne voyait pas d'autre action possible qu'une campagne
publicitaire menée par les agents des PTT eux- mêmes,
transformés pour la circonstance en démarcheurs
du porte-à-porte ! Pour inciter le personnel à
mener une propagande active auprès du public en faveur
du téléphone, le ministre propose qu'on offre
une récompense de 50 F à chaque agent qui ramènerait
un abonné supplémentaire à l'administration.
Nous rapportons ci-dessous quelques passages significatifs de
la lettre du ministre : « Vous n'êtes pas sans
savoir qu'en France le nombre des abonnés au téléphone
est lamentablement insuffisant. Le chiffre des postes en service
y atteint à peine 1.300.000 alors qu'il est outre-Rhin
de 2.960.000, en Angleterre de 2.109.000 et aux Etats-Unis de
17.426.000. Cependant, le prix
de l'abonnement au téléphone n 'est pas plus élevé
chez nous qu'ailleurs. Et, par sucroît, l'Administration
consent depuis quelques temps aux abonnés de très
nombreux avantages tels que la fourniture gratuite de la ligne,
la location des appareils à un tarif réduit (...)
Mais, faute d'un sérieux effort de propagande, la plupart
de ces avantages sont restés ignorés de la plus
grande partie du public (...) J'ai donc décidé
défaire désormais appel aux agents des PTT pour
entreprendre cette propagande nécessaire. Aussi vous
prierais-je d'attirer leur attention sur la note de service
ci-jointe et de leur dire qu'en retour du surcroît d'effort
qui va leur être demandé, l'on allouera une rémunération
de 25 ou de 50 francs à tout fonctionnaire ou agent qui
procurera un nouvel abonné. »
On est ici bien loin d'une politique
malthusienne.
Les incitations de l'administration allaient jusqu'au raccordement
gratuit, ce qui ne se reproduira plus dans la période
contemporaine. D'autre part, il est intéressant de noter
que la récompense accordée pour la « chasse
à l'abonné » était de 25 F pour la
province et 50 F pour Paris, ce qui dénote
un manque à gagner important pour le réseau parisien.
D'autres notes de service confirment que
le réseau parisien était loin d'être saturé.
Lorsqu'en 1930 se pose le problème de l'automatisation
du réseau de Paris (celui de Nice avait été
le premier à bénéficier de l'automatique
en 1922, le programme prévu avait laissé une marge
de croissance suffisante entre la capacité future du
réseau et l'évolution du nombre d'abonnés
qui avait jusqu'alors doublé tous les 10 ans depuis 1909.
Le programme d'automatisation prévoyait d'accueillir
500.000 abonnés en 1936 dans 42 centraux, alors que le
nombre d'abonnés à Paris était de 186.365
en 1931.
A partir de cette date le téléphone
en France entre dans une période de stagnation qui durera
jusqu'en 1952.
Les causes immédiates sont évidentes : la crise
économique et la Seconde Guerre mondiale, à laquelle
il faut ajouter les options du Premier Plan qui occultèrent
les télécommunications de leur objectif premier,
le redémarrage de la France.
On connaît la suite du scénario : en 1968, le taux
d'équipement téléphonique des ménages
français était de 15 % ; en 1980, il atteignait
80 %.
|
En 1934,
un décret de suppressions d'emploi est signé
le 17 avril 1934 (BO PTT n°14 page 282).
D'autres décrets de cet ordre se succéderont cette
année-là. Il y aura même
la réduction voire la suppression avec effet rétroactif
au 1er août 1933 de multiples indemnités dues à
certaines catégories d'agents des PTT . D'autres décrets
suivront en Décembre 1934.
L'année 1934 verra aussi la réduction massive
de commandes de matériels neufs. Il s'agit du contrechoc
dû à la crise de 1929 née (comme à
l'accoutumée) aux USA qui a fini par retomber sur l'Europe.
La réduction des crédits intervenue à partir
de 1934 restera comme une très dure épreuve dans
les PTT et un sérieux coup d'arrêt dans le développement
du réseau téléphonique français ainsi
que dans son automatisation qui ne pourra être achevée
que 45 ans plus tard en 1979.
Le temps perdu dans le non-déploiement des commutateurs
automatiques rotatifs ne sera plus jamais rattrapé avant
le début de la seconde guerre mondiale en 1939 ; les caisses
sont vides et l'État est exsangue. |
Sommaire
1925
PETIT MANUEL DISTRIBUE PAR LE SECRETERIAT DES
PTT AUX ABONNES DE PARIS
Publications de l'Indicateur Universel des P. T. T.,3, rue
de Champagny, Paris (VIIe). Voir la présente brochure.
|
|
|
COMMENT
IL FAUT SE SERVIR
DU TÉLÉPHONE A PARIS
(Voir la table des matières
à la dernière page.)
L'établissement d'une communication téléphonique
nécessite la collaboration :
A. De l'abonné demandeur;
B. Du central téléphonique;
C. De l'abonné demandé.
|
L'abonné
demandé peut être atteint par la
téléphoniste qui a reçu l'appel
(caa exceptionnel).
L'établissement de la communication exige
l'intervention de deux téléphonistes
|
A
Paris :
Pour toute communica-tion
téléphonique, interviennent outre
les deux abonnés, appelant et appelé,
une ou plus générale-mentdeux téléphonistes:
Celle qui répond au demandeur.
Celle qui donne le numéro demandé.
|
|
Au
poste demandeur
Avant
de décrocher l'appareil assurez-vous
bien du numéro que vous voulez demander.
en consultant le dernier annuaire et ses suppléments.
Si ce numéro ne figure pas encore à
l'annuaire ou dans ses suppléments demandez-le
au Service des Renseignements du bureau où
il doit être rattaché d'après
la liste par rues qui figure à la fin de
l'annuaire.Exemple : Pour un abonné de la
rue Cambacérès, demandez : * les Renseignements
d'Elysées "
|
Exemple
: Pour un abonné de
la rue Cambacérès, demandez
les Renseignements d'Elysées
|
Un
abonné qui ne veut pas perdre son temps doit
modifier avec soin la liste de ses principaux correspon-dants
dès que paraît un nouvel annuaire.
Faites-le et obligez votre personnel à le faire.
Ne conservez pas les annuaires périmés,
n'en faites plus usage.
Si vous avez besoin de plusieurs annuaires pour vos
services, adressez-vous, pour
leur achat, aux guichets des bureaux de poste
ou au
Dépôt Central
du Matériel des P. T. T.,
75, boulevard Brune, 75 PARIS |
Dès
que paraît l'Annuaire, Je tiens le répertoire
des numéros téléphoniques de
mes
correspondants sur le modèle très pratique
fourni par les Publications
de l'Indicateur
Universel des P. T. T.,
3, rue de Champagny, Paris (VIIe).
Voir page i de la présente brochure. |
|
|
Pour
faire un appel,
décrochez le récepteur, portez le à
l'oreille et attendez la réponse de la téléphoniste
sans agiter le crochet. |
Une lampe s'allume,
devant la téléphoniste, au décrochage
de l'appareil.
Si vous êtes seul à appeler, la réponse
ne se fera pas attendre.
Mais si plusieurs appels ont lieu presque simultanément,
vous devrez attendre votre tour.
|
Si vous
êtes seul, vous êtes servi. |
|
N'agitez
pas le crochet pendant l'attente de la réponse du
bureau.
Cette
manuvre est inutile. |
Elle
n'active pas la réponse de la téléphoniste,
au contraire elle gêne celle-ci, quand elle se porte
sur votre ligne, pour s'annoncer.
|
A Littré, avant la réponse
de la téléphoniste, la manuvre du crochet
peut vous faire perdre votre rang et prolonger votre attente. |
|
La
téléphoniste répond : " j'écoute
"
Aussitôt, sans parole superflue,
faites
votre appel.
|
Je parle
clairement..... mon appareil près des
lèvres, je décompose les nombres qui prêtent
à confusion.
Dites notamment : |
Parlez clairement sans élever la voix en rapprochant
le plus possible les lèvres de l'appareil.
Détachez nettementes groupes de chiffres.
Décomposez les nombres qui prêtent
à confusion, comme : treize, seize, six, dix.
|
Pour
quatre..... quatrrre.
cinq...... cinque.
six........ sisse, deux fois trois.
sept...... septe, quatre et trois.
huit...... huite, deux fois quatre.
dix....... dix, deux fois cinq.
treize...... treize, six et septe.
seize...... tieize, deux fois huite.
Exemple : Gulenberg 13.09 s'énonce :
Gulenberg treize (six et sept) zéro, neuf. |
Soyez
bref et précis.
Les
groupes de chiffres prêtent à confusion,
vous l'avez remarqué quand vous parlez chiffres
avec un correspondant, quand vous passez des prix, des
cours, des dates, des mesures.
Vous vous rendez compte combien il est difficile d'éviter
des erreurs.
Prenez donc un soin particulier pour faire
vos appels au téléphone et exigez de voite
personnel qu'il prenne le même soin.
La
téléphoniste doit répéter
le numéro que vous demandez, écoutez attentivement
cette répétition.
|
|
|
Une
fois que la Téléphoniste a pris votre
Appel, les cas suivants peuvent se produire :
1° L'abonné demandé répond
;
2° L'abonné demandé n'est pas
libre ;
3° L'abonné demandé ne répond
pas ;
4° L'abonné demandé n'est pas
sonné ;
5° La communication est coupée accidentellement
;
6° On vous donne un faux numéro ;
7° On vous donne votre correspondant, mais il
est en cours de conversation avec un autre abonné
;
8° Vous êtes mis en communication avec
deux abonnés inconnus.
|
|
Table
de Renseignements pour les abonnés transférés
qui ont changé de numéro; abonnés
nouveaux qui ne figurent pas encore à l'annuaire
; abonnés absents.
|
|
|
Sommaire
|
L'abonné
demandé répond
Dès que la liaison est établie avec le numéro
que vous avez
demandé, un roulement à cadence lente: (brrrrr.....
brrrrr.)
reproduisant la sonnerie du téléphone vous
indique que le numéro demandé est bien appelé.
Il répond, après que vous avez entendu ce
roulement, dans un délai qui dépend de ses
habitudes.
Ce roulement à cadence lente est ce qu'on nomme le
retour d'appel.
Le numéro demandé n'est pas
libre
A. Ce renseignement est donné par un ronflement
Dès que j'entends le signal " pas libre"
ie raccroche mon appareil. |
interrompu
d'une cadence rapide :
(brrr__ brrr__ brrr,... brrr),
qu'il ne faut pas confondre avec le ronflement à
cadence plus lente vous indiquant que votre correspondant
est appelé: (brrrrr... brrrrr... brrrrr...).
Dans la plus grande généralité
des cas, c'est par ce signal que vous êtes prévenu
que votre correspondant n'est pas libre.La telépboniàte
n'a pas a |
intervenirdès
que vous recevez ce signal, raccrochez vos récepteurs
et attendez pour rappeler ce même numéro un
temps suffisant pour l'échange et la rupture d'une
communication de durée moyenne (environ 3 minutes).
B. Ce renseignement est donné « de vive
voix »
Ce renseignement peut aussi être donné, dans
certains cas,
|
Les
téléphonistes A, B, C peuvent
essayer directement devant elles les lignes
d'abonnés. |
|
immédiatement
après votre demande et de vive voix, par
la téléphoniste. Par exemple pour
un appel d'un Ségur pour Ségur, d'un
Passy pour Passy.
N'en soyez pas surpris ; quand ce renseignement
est donné de vive voix et presque instantanément,
c'est que votre téléphoniste a, devant
elle, le tableau de tous les abonnés de son
bureau et que, par un essai rapide sur la ligne
du numéro demandé, elle est avertie
par un bruit spécial, dans son récepteur,
que ce numéro n'est pas libre.
|
|
|
|
L'abonné
demandé ne répond pas
Il n'y a pas de signal de non réponse
pour les abonnés de Paris.
|
Si
au bout d'un laps de temps que vous devez apprécier
suivant les habitudes de votre correspondant,
Bébé
répond au téléphone
|
,vous
n'avez pas obtenu sa réponse, après
a^oir entendu le retour d'appel, comme il est dit
dans le cas où l'abonné répond,
raccrochez sans insister davantage.
Le retour d'appel vous indique 1° que la communication
est bien établie,
2° que Dotre correspondant est bien sonné.
|
Si
vous n'entendez pas sonner votre correspondant
|
Si
vous n'entendez pas le retour d'appel, dont on vient
de parler, rappelez la téléphoniste
en manoeuvrant lentement le crochet j usqu'à
ce qu'elle se présente et dites-lui simplement
:
On ne sonne pas mon numéro.
|
On ne sonne pas mon numéro
Peu après, vous devez entendre le retour
d'appel. |
|
|
Sommaire
|
Votre
communication
est coupée accidentellement
|
A.
Si vous êtes le demandeur
Ne raccrochez pas
Manoeuvrez lentement
le crochet jusqu'à ce que la téléphoniste
revienne en ligne et dites-lui :
On a coupé la communication avec le n° X.. que
j'avais demandé
|
|
B
Si vous êtes le demandé
Ne coupez pas |
Raccrochez et
attendez que votre correspondant vous rappelle,
En opérant dans les deux cas, A et B, comme il est
indiqué ci-dessus :
1° La communication coupée est rétablie
sans difficulté ;
2° Le compteur n'est pas actionné de nouveau
et, par conséquent, une seule unité de conversation
est comptée. |
Quand,
après une communication coupée accidentellement,
les deux correspondants se redemandent en même temps,
le rétablisse ment de la communication est impossible.
Chacun d'eux reçoit le signal « Pas libre ». |
|
On
vous donne un faux numéro
|
Le petit téléphoniste
de la maison X...., quand il eut appelé par
erreur ! !
|
Pour
obtenir la rectification de cette erreur, manuvrez
lentement le crochet jusqu'à la réponse
de la téléphoniste et dites-lui :
On m'a donné un faux numéro, Je demande
Provence 99.15... Faites ce nouvel appel en l'accentuant
très nettement et prenez garde que la téléphoniste
répète bien, ce numéro sans erreur.
Un abonné qui est appelé par erreur
doit dire :
« Ici, numéro X......», puis raccrocher
sans délai. |
On
vous donne
votre correspondant, mais il
|
est
en conversation
avec un autre abonné
Dans ce cas, retirez-vous,
raccrochez, à moins que votre correspondant,
averti de votre présence, ne vous demande
de rester en ligne.
|
Photo Sartony, rue Laffitte. |
Les
photographies de cette brochure sortent des ateliers
Sartony, 45, rue Laffitte, à Paris, photographe
agréé de l'Administration des P. T.
T. |
Vous
tenez pas, comme cette dame, Hotre appareil de la
main droite, qui doit rester libre pour écrire
notes et renseignements. |
|
Vous
êtes mis en communication avec deux abonnés
inconnus qui sont en conversation
Apprenez
à bien connaître les signaux.
Raccrochez comme il vient d'être dit, Puis
au bout d'une minute reprenez votre appel.
Ne confondez pas l'appel du numéro demandé
cadence lente avec le signal " Pas libre"
cadence rapide.
Il n'y a pas de signal de non réponse.
Retenez
bien que : " Pas libre "
ne veut pas dire que sa ligne est occupée
Exemple
Vous demandez l'abonné X... au moment
où il est appelé pour une communication
interurbaine» vous obtenc un " pas libre
"
|
Vous demandez l'abonné X... (qui est absent
de chez lui). Si pendant qu'on le sonne, un autre
correspondant le demande, ce second correspondant
obtiendra un " pas libre alors qu'en réalité
X. . . ne répond pas. |
|
L'abonnée :
c'est trop fort ! Toujours pas libre
|
La
téléphoniste : pas libre
Dans certains cas, il n'y a donc pas
contradiction entre le renseignement "Pas Libre"
et la non réponse pour un abonné demandé
|
|
|
Sommaire
|
Disposition
générale
d'une ligne d'abonné dans un Multiple |
|
|
Dès
qu'une fiche esi enfoncée dans l'un des jacks 1,1,
3, 4, 5, 6, qui aboutissent tous à la même
ligne d'abonné, cet abonné marque "pas
libre".
Remarquez :
Que lous appckz loujow: au même endroit, mais que
Hous êtes appelé pat plusieurs points différents. |
Photo Sartony, rue Laffitte.
Une lampe d'appel d'abonné.
Votre intérêt est de consulter
la présente brochure et de la conserver
|
|
Observez
rigoureusement
Une
minute d'attente
entre chaque communication
|
J'attends
toujours une minute entre chaque communication:
Une vraie minute de 60 secondes !!
|
Dès
qu'une communication es terminée, raccro. chez,
et si vou: désirez une nouvelle communication,
attendez une minute avant de décrocher de nouveau |
*
Voici pourquoi :
De petites lampes " signaux " s'allument
devant la téléphoniste lorsque les abonnés,
la communication terminée, raccrochent leur
appareil. Aussitôt la téléphoniste
coupe la communication.
Donc, raccrocher est indispensable pour qu'une communication
soit coupée.
Et il faut raccrocher pendant une minute environ
pour que la téléphoniste ait le temps
d'apercevoir les signaux et de rompre la communication.
Quand un abonné n'observe pas cette attente
et reprend l'appareil au bout de quelques secondes,
il fait disparaître le signal et la téléphoniste
peut supposer que l'abonné est toujours en
conversation. Pendant ce temps l'abonné n'obtient
pas de réponse et met son correspondant dans
l'impossibilité d'appeler et d'être appelé.
Au lieu de faire gagner du temps, cette précipitation
en fait perdre et provoque des plaintes injustifiées. |
|
|
|
Sommaire
Suivez
bien cette règle : |
Si une communication
est coupée accidentellement c'est le demandeur
qui doit rester à l'appareil et rappeler la téléphoniste
pour obtenir le rétablissement de la communication.
Le demandé doit se borner à raccrocher.
|
Remarquez-le
: |
Parmi vos correspondants,
ce sont toujours les mêmes gui m' sonl pas libres,
et toujours les mêmes qui répondent lardtiemenl.
Faites-le leur observer :
Une maison qui n'est jamais libre, parce qu'elle n'a pas
assez de lignes, mécontente ses clients et les
perd.
Une maison où l'on tarde à répondre
aux appels téléphoniques, donne l'impression
d'une maison sans ordre.
|
première sectionde départ
à trudaine, avec la surveillante, à 11 H
le matin
|
|
Avis aux abonnés
" Littré "
Manuvres recommandées
|
Pour les appels : |
- Un dispositif automatique
distribue régulièrement et uniformément
aux téléphonistes de " LITTRE "
les appels des abonnés de façon que chacun
d'eux soit servi à son tour.
Il est essentiel, chaque fois qu'un abonné "
LITTRÉ ' appelle, qu'il attende la réponse
de la téléphoniste sans manuvrer le
crochet mobile ou la fiche de son tableau.
Cette manoeuvre pourrait aHoir pour résultat de
faire perdre le rang d'appel et par conséquent
d'augmenter la durée d'attente
|
Pour rappeler la téléphoniste
sur une communication : |
Quand il y a lieu de rappeler
la téléphoniste de " LITTRE "
soit pour faire sonner l'abonné demandé,
soit pour obtenir une rectification quelconque, manuvrer
k crochet (ou la fiche du tableau) une ou deux fois au
plus d tanhment. A la première manuvre un
signal permanent apparaît devant la téléphoniste
et subsiste jusqu'à la rentrée en écoute
sur la demande de l'abonné.
|
La présente brochure est en vente aux
PUBLICATIONS DE L'INDICATEUR UNIVERSEL DES P. T. T., 3, rue de
Champagny, PARIS (7e), au prix de 1 franc. |
|
Pour
demander une communication Suburbaine
(Banlieue immédiate de Paris)
ou une communication avec les bureaux rattachés
au 'Régional'
(Grande Banlieue)
1° Les communications d'un abonné
de Paris avec un abonné du :
|
Distribution des lignes d'abonnés dans
le nouveau Vous devrez lui répéter
multiple "Provence" (10.000 lignes)
|
Boulogne-sur-Seine,
Clichy-la - Garenne,
Courbevoie,
Levallois-Perret,
Montreuil-sous- Bois,
Neuilly - sur - Seine,
Saint-Denis,
Vincennes,
Saint-Cloud,
Saint-Ouen,
se demandent et s'obtiennent comme pour Paris.
2° Pour les communications aitec un abonné
rattaché à l'un des autres réseaux
suburbains (voir Annuaire page 8) Formulez votre demande
comme ci-dessus. Dîtes:
jisnières 4.14 |
Mais,
pour ces bureaux, l'opératrice de banlieue
intervient et s'annonce en disant, par exemple : "
Asnières, qui demandez-vous ? " Vous devrez
lui répéter e numéro que vous
demandez.
3° Pour les communications aHet' les abonnés
des bureaux rattachés au
" Régional ". (Voir liste à
l'Annuaire, page lo).
Demandez le " Régional " et faites
l'appel à la téléphoniste de
ce bureau comme pour l'interurbain. |
|
|
Sommaire
|
Au
poste central téléphonique
|
La téléphoniste
répond aux appels en s'annonçant de la façon
suivante : "j'émule ".
Elle doit répéter les appels.
Veillez à l'exactitude de cette répétition
et rectifiez immédiatement si votre numéro
a été mal compris.
Dans le cas où elle est seule à intervenir
pour donner suite à votre appel, la téléphoniste
vous donne presque instantanément et de vive voix
le renseignement "pas libre", si la ligne de votre
correspondant est occupée.
Dans le cas contraire, le numéro demandé est
sonné.
|
Rôle
de la téléphoniste :
Une téléphoniste de départ.Les petits
points blancs représentent les lampes d'abonnés
Une téléphoniste dessert de 90 à
130 abonnés en moyenne
|
Groupedl'arrivée.
Téléphoniste de " T^rudaine "
répondant aux appels de " Gutenberg
|
Dans
la plupart des cas, la téléphoniste transmet
l'appel à une deuxième téléphoniste,
qui sonne l'abonné demandé quand sa ligne
est libre ou qui provoque l'envoi du signal "pas libre
", si le numéro demandé est occupé.
il ne dépend pas du la téléphoniste
qu'un numéro soit libre; il ne dépend pas
d'elle davantage qu'il réponde ou ne réponde
pas.
La téléphoniste doit répondre aux manuvres
du crochet ou de la fiche du tableau ayant pour but de faire
rectifier une erreur ou de faire sonner l'abonné
demandé.
Quand la téléphoniste transmet l'appel en
votre présence, restez silencieux. S'il vous parait
qu'elle perd du temps, c'est qu'elle attend son tour sur
le distributeur d'ordre automatique. |
|
Au
poste appelé
|
Je n'ai jamais su me servir de ce
fichu instrument !!!
|
L'abonné
doit répondre sans retard, et au lieu de dire
" allô ! " ou " j'écoute
" dire aussitôt :
« Ici Gutenberg 28.75 »
(c'est-à-dire donner son numéro)
Si l'appel reçu par l'opératrice du
tableau est destiné à un poste |
supplémentaire,
cette opératrice doit abaisser la clé
de garde pendant qu'elle sonne le poste supplémentaire.
Il ne faut pas raccrocher l'appareil pendant qu'on
cherche un renseignement. |
Sachez Attendre
II ne faut pas raccrocher parce que
le poste demandeur vous ayant dit : « Ne quittez
pas, Monsieur X... va vous parler » votre correspondant,
Monsieur X..., se fait attendre pour venir en ligne.
Evitez aux téléphonistes d'avoir à
revenir, pour cette raison, sur une communication
qui a été normalement établie. |
Né négligez pas de raccrocher
dès
qu'une communication est terminée
|
Comment réaliser
l'installation de son Téléphone
Et comment organiser son service téléphonique
Quelle que soit son importance
|
Disposez
votre
installation de téléphone de façon
commode, pratique, à votre portée, et
telle que vous puissiez répondre sans délai
aux appels du bureau central |
Si vous avez
un magasin au rez
de chaussée et votre bureau
au premier étage, ne vous
contentez pas d un appareil
unique.
Moyennant un faible
complément
d'abonnement
vous pouvez
obtenir un
deuxième poste
en dérivation.
|
|
Vous ne perdrez
plus de temps et n'en ferez pas perdre à
vos correspondants. Ayez un nombre de
lignes proportionné à tous vos besoins,
aussi bien pour les appels que vous pouvez recevoir
que pour ceux que vous pouvez formuler..Une maison
bien administrée doit avoir une organisation
téléphonique parfaite
Si elle est beaucoup demandée; si elle reçoit
beaucoup d'ordre, de commandes, elle doit
rechercher les lignes en série, c'est à
dire
aux numéros qui se suive,t , et souscrire
ses abonnements à sens unique, c'est
à dire en ligne spécialisées
d'arrivée,
pour passer ces appels.
Si une maison a un nombre
assez élévé de communi-
-cations inter-urbaines,
elle doit prendre des
abonnements aux lignes
Inter, qui sont rigoureu-
-sement réservées aux
communications avec
la province.
|
Quand vous avez
votre magasin au rez de chaussée,
n'ayez pas votre téléphone au premier
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Sommaire
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On
peut également favoriser son service téléphonique
en souscrivant des abonnements à des lignes qui ne
figurent pas à l'annuaire.
Ces lignes sont réservées à certains
correspondants du choix de l'abonné, ou bien elles
sont destinées à assurer des liaisons pour
certains |
postes supplémentaires, après la fermeture
des bureaux.
Exemple : Une ligne mixte relie, après fermeture
des bureaux, l'appartement du directeur avec le réseau
et lui permet de recevoir des communications et d'en demander.
Une autre est reliée avec le gardien de nuit, etc.
Pour donner à votre installation téléphonique
toute la souplesse nécessaire, et pour qu'elle fonctionne
en parfait accord avec les multiples, demandez à
la Direction des Services téléphoniques du
Paris de vous envoyer un de ses agents de contrôle,
qui se mettra à votre disposition pour fixer le meilleur
rendement de vos lignes.
Veillez à ce que votre personnel utilise également
vos diverses lignes. Pour exercer cène surveillance,
consultez les relevés mensuels de vos communications. |
Ne
confiez pas votre téléphone à des
enfants ou à des employés inexpérimentés.
Faites suivre à vos opérateurs ou opératrices
le cours gratuit de Téléphonie pratique
que l'Administration a institué dans votre intérêt.
Vous éviterez beaucoup de difficultés, et
vous gagnerez du temps et de l'argent.
Cours gratuit de
Téléphonie pratique
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Voir les renseignements
a l'avant-derniere page de la présente brochure |
Ne
confiez pas le téléphone
à un petit groom.
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Dérangements
des postes téléphoniques
Comment on peut en réduire
le nombre
et comment on doit les signaler.
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Votre intérêt,
comme le nôtre, est de ne pas avoir d'interruption
dans votre service téléphonique :
Prenez donc soin de votre installation et de
tous vos appareils, qui sont des instruments délicats.
Evitez de placer des appareils téléphoniques
dans des endroits humides.
- Dénouez les cordons sans traction, avec méthode.
Ne manuvrez pas les crochets et fiches
avec brutalité.
En agissant ainsi, vous éviterez de provoquer
des dérangements : (Vis desserrées,
mauvais contacts, ressorts faibles, etc.,.) qui occasionnent
dans vos communications des interruptions intermittentes,
des hachures de phrases, des bruits, souvent attribués
à tort à des coupures intempestives
des téléphonistes.
- A la téléphoniste ou au correspondant
qui ne vous entend pas, ne répondez pas : «
Moi, je vous entends bien. » Cela n'a rien de
commun. Parlez plus près de l'appareil. Mais
si cette remarque se répète, n'hésitez
pas à demander la vérification de votre
appareil.
Remplacez les appareils ancien modèle
et ceux qui vous sont signalés comme étant
défectueux. Un bon appareil est indispensable
à qui veut téléphoner sans effort
et avec le minimum de difficultés. |
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Sommaire
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Service
des Réclamations
Si les
règles et les manuvres très
simples rappelées
ci-sont bien observées,
Si les conseils qui précèdent sont
retenus et mis en pratique,
beaucoup de difficultés seront évitées,
beaucoup de temps sera économisé et
l'occasion de réclamer sera beaucoup plus
rare.
|
Ne discutez paâ avec tev opératrices,
voua abonnés de Pans, faiteà perdre
du lempà aux autres abonnée et au Directeur
départemental
voua en perdez, pour celle raiôon, à
volrt tour. |
Les
réclamations téléphoniques peuvent
être formulées :
Par téléphone, en s'adressant, à
Paris, au Service des Réclamations créé
spécialement à cet effet dans chacun
des Bureaux Centraux Téléphoniques,
ou, dans les autres réseaux, au Receveur du
bureau auquel 1 abonné est relié.
Verbalement, en se présentant au Poste Central
Téléphonique auquel 1 abonné
est rattaché. |
Un
bureau est chargé de recevoir les réclamations
verbales.
Par écrit, à la Direction des Services
téléphoniques, 24, rue Bertrand, à
Paris, pour les abonnés de Paris, au directeur
départemental pour les autres réseauxUne
opération téléphonique ne laisse
aucune trace. Il est donc indispensable de formuler
les réclamations dans le plus court délai
en indiquant :
la nature de l'incident,
le jour et l'heure précise où il s'est
produit, le poste à partir duquel le réclamant
a téléphoné, le poste demandé.
Le Service des Réclamations donne aux plaintes
qu'on lui adresse toute la suite qu'elles comportent.
Il est, en conséquence, recommandé
aux abonnés de recourir, dans tous les cas,
à ce service de préférence
à la Surveillante ou au Contrôleur
qu'il y a intérêt à laisser
à leur rôle particulier.
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Sommaire
Des
Anciens indicatifs téléphoniques à la numérotaion
à 10 chiffres
Sommaire
Le changement de numérotation
Les opinions des abonnés. Adversaires et partisans.
Que îaut-il conclure ?
Au sujet du changement de numérotage
projeté par l'administration, nous avons reçu
un certain nombre de lettres en réponse à la question
que nous avions posée.
Les avis des abonnés sont assez partagés à
ce sujet. Donnons-leur la parole, en citant les lettres les
plus caractéristiques.
D'abord les adversaires
:
- Monsieur le Président de l'Association des abonnés
au téléphone.
Nous avons l'honneur de lire dans voire publi cation d'octobre
dernier le projet de changement de numérotage. A notre
avis, nous estimons que les nouveaux abonnés pourront
peut être apprécier cette réforme, mais
pour les anciens nous ne voyons quel avantage cela pourra leur
créer ; surtout pour les négociants ou commerçants
dont les nombreux clients sont habitués à leur
numéro ancien d'appel, il en résulterait certainement
de nombreuses erreurs. D'autre part, beaucoup de maisons de
commerce ont des traités pour plusieurs années
avec leurs imprimeries : circulaires, factures, etc., sont tirées
pour être livrées à délais et à
époques déterminées ; en résumé,
nous ne sommes pas partisans de cette.innovation.
Avec nos remerciements pour les soins que vous apportez à
la défense de nos intérêts, nous vous prions
d'agréer l'assurance de notre considération distinguée.
- VlGNON FILS ET Oie.
Monsieur le Président,
J'ai vu dans votre dernier numéro l'avis de changement
de numéros pour les 500 et la modification projetée
pour les autres bureaux.
C e n'est pas assez que l'administration nous donne un service
on ne peut plus défectueux, il faut encore nous ennuyer
avec toutes ces modifications qui n'ont ni queue ni tête.
îl y a deux ans on a déjà changé
une partie des numéros 100, il nous a fallu refaire tous
nos imprimés et pendant plus d'un an nous avons eu des
confusions. Encore aujourd'hui quand les gens qui ne téléphonent
pas souvent demandent notre ancien numéro, on répond
qu'on ne connaît pas. Cette situation est intolérable.
Il va encore falloir changer pour les 500, j'ai deux postes
dans cette série.
Au lieu de toutes ces vexations, ne vaudrait-il pas mieux nous
faire des améliorations ?
Je vous en signale une qui ferait certainement plaisir à
beaucoup de gens et qui existe dans d'autres pays.
On devrait mettre dans chaque kiosque de voiture un poste téléphonique
de façon qu'on pourrait de chez soi (le soir surtout),
demander à la place une ou plusieurs voitures ; il y
a toujours du monde à ce kiosque. Ne croyez-vous pas
cette réforme intéressante ? Nous nous croyons
bien en avance en France ; j'étais, il y a quinze ans,
en Norwège. il y avait à cette époque des
téléphones publics à tous les coins de
rue où moyennant dix centimes on téléphonait
dans toute la ville. Que nous sommes loin, 15 ans après,
de cette commodité ! ! !
Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations les plus empressées.
- Un abonné et membre de votre Association.
(N.-B. La réforme que demande notre adhérent,
est, en effet, très intéressante. Elle a fait
récemment l'objet d'une initiative de M. Achille au Conseil
municipal, et elle est actuellement mise en pratique avec le
concours de commerçants abonnés au téléphone.
N. D. L. R.)
Voici maintenant une approbation sous
réserve :
Monsieur le Président,
Nous avons lu, dans votre numéro
du mois écoulé, votre article concernant le changement
de numérotage que la direction des services téléphoniques
de Paris se proposerait d'apporter pour généraliser
cette mesure dans tous les réseaux parisiens.
Puisque vous demandez l'avis de vos adhérents
sur cette question, nous venons vous informer que nous ne verrions
aucun inconvénient à ce que ce changement soit
opéré, s'il doit apporter réellement une
amélioration notable dans les communications et épargner
aux commerçants et industriels les ennuis fréquents
d'une organisation insuffisante.
Toutefois, nous croyons qu'il faut protester,
en effet, contre la décision prise par l'administration
de faire précéder le numéro destiné
à chaque abonné, de l'appellation du bureau central
auquel il est relié. Si, pour toute demande de communication,
l'indication du bureau central est indispensable, il serait
préférable de le désigner simplement par
la première lettre, soit : M, pour Marcadet, G, pour
Gutenberg, A, pour Archives, etc. ; de sorte que pour l'abonné
à qui sera dévolu le n° 04-90 du bureau Marcadet,
l'appel serait le suivant : « M 04-90 »
Au cas où deux bureaux commenceraient
par la même lettre, il serait facile de donner pour l'un
des deux une lettre conventionnelle ; de cette façon,
seraient évitées les appellations inélégantes
dans le genre de celle dont se plaint, avec uste
raison, le correspondant dont vous avez publié la protestation.
Peut-être l'administration trouvera-t-elle,
dans le moyen terme ci-dessus, la possibilité de concilier
les exigences de ses services avec celles de ses abonnés.
Veuillez agréer, Monsieur le Président,
l'expression de nos sentiments distingués.
- BAKRAULT FRÈRES.
Ecoutons à leur tour les partisans
de la réforme :
Monsieur le Président,
En réponse à la question
que vous posez aux abonnés dans le numéro d'octobre
du Bulletin, au sujet du changement de numérotage, je
crois, d'après ce que j'ai pu voir à l'étranger,
que ce changement sera très commode. C'est un chiffre
(pour les 100000, deux chiffres) en moins â retenir et
énoncer, et les chances d'erreurs seront diminuées
d'autant. Dès à présent, on est souvent
amené à préciser si on demande un numéro
: « six cent, à Passy ». Il y a onze ans,
on a effectué cette modification à Buenos-Àires
où je me trouvais alors. Tout le monde s'en est déclaré
très satisfait :,les chiffres de la colonne des «
mille » ont été supprimés et remplacés
par le nom du bureau. Cela permet, sans effort de mémoire
excessif, d'appeler un abonné d'un réseau très
étendu. La considération « esthétique
» ou « élégante » est vraiment
hors de thèse ici.
Croyez, Monsieur le Président,
à mes sentiments distingués.
- O. SASSO.
Monsieur le Président,
Dans le numéro d'octobre de votre
Bulletin vous demandez ce que pensent les abonnés du
changement de numérotage proposé par l'administration.
Pour mon compte, je n'y trouve que des
avantages. L'objection tirée de l'inélégance
de l'appellation nouvelle, dont parle un de vos correspondants,
ne me paraît pas bien sérieuse, et je ne vois pas
ce que l'indication Marcadet 04-90 a de plus inélégant
que 404-90. Sur les têtes de lettres des commerçants
anglais, nous voyons figurer des indications telles que «
National 498 Bank ; Post-Office 10.506 Central » qui ressemblent
beaucoup aux nouvelles indications que l'administration nous
demande de porter sur nos papiers à lettres. D'ailleurs,
ce n'est là qu'un point de détail bien infime,
si, comme je le pense, après les quelques légers
tâtonnements nécessaires à la mise en marche
d'une innovation quelconque, le nouveau système doit
donner aux abonnés un service mieux fait ; mais il faudrait,
à mon avis, que l'administration modifie complètement
le service d'appel actuel et qu'elle établisse
un nouveau procédé d'une façon rigoureuse
et méthodique.
Le système actuel employé
depuis seulement quelques années ne me paraît pas
avoir donné beaucoup de satisfaction aux abonnés
et je ne crois pas que, quels que soient le perfectionnement
des appareils et l'habileté des téléphonistes,
il puisse jamais éviter les nombreuses causes d'erreur
inhérentes à sa technique.
En effet, comment se passe actuellement
la mise en communication de deux abonnés faisant partie
de deux bureaux distincts ? Je suis relié au bureau de
la Roquette et je veux avoir la communication avec, par exemple,
le 721-26. J'appelle ma téléphoniste, je lui demande
le numéro que je désire, elle le répète
et se retire immédiament de la ligne, même si elle
l'a mal répété, avant que j'aie le temps
de lui faire corriger son erreur. Elle se met en communication
par une ligne de service avec le groupe d'arrivée de
Saxe et elle demande à sa collègue le 721-26.
A certaines heures, cette demande se fait au milieu d'un brouhaha
que l'on ne peut comparer qu'à celui d'une criée
aux halles. La téléphoniste de Saxe donne à
la mienne le n° 46 par exemple, ce qui veut dire qu'elle
établit le n° 721-26 ou le numéro qu'elle
a cru entendre demander surlaligne auxiliaire n° 46. La
téléphoniste delà Roquette établit
ma ligne en communication avec la ligne auxiliaire 46 et je
me trouve relié avec la ligne 721-26. Il reste encore
à l'opératrice de la Roquette à actionner
la clef d'appel pour prévenir mon correspondant que je
le demande. Il y a donc dans ce procédé la transmission
d'une demande à deux personnes différentes, et
celles-ci peuvent très bien mal entendre le numéro,
ce qui fait qu'au lieu de 721-26 on me donnera le 731-26, ou
le 721-36, ou le 731-38, ou le 731-28.
En outre, au milieu du brouhaha du bureau
de Saxe, la téléphoniste de la Roquette a très
bien pu prendre pour elle l'indication donnée à
une de ses collègues d'un autre bureau et tandis que
la téléphoniste de Saxe répondait par exemple
23 à une téléphoniste de la Roquette ou
de la Villette, ma téléphoniste a pu croire que
23 s'adressait à elle. Alors, elle m'a établi
avec un numéro quelconque n'ayant aucun rapport d'assonnance
avec celui que je lui ai demandé. Ce qui fait que l'abonné
portant le numéro 721-45, par exemple, sera dérangé
inutilement alors qu'on demandele n° 721-26. Ou bien alors,
la téléphoniste m'ayant branché sur une
ligne déjà occupée me répondra pas
libre, alors que, plus tard, mon correspondant interrogé
m'affirmera qu'il n'a pas téléphoné de
la journée.
Voilà donc une source de mauvais
services indépendante tout à fait de l'habileté
de l'opératrice, indépendante de la qualité
des appareils, qui aura pour effet d'indisposer les abonnés
et d'énerver le personnel par suite de réclamations
fort justes de l'abonné et cependant indépendantes
du personnel.
En outre, au point de vue de la rapidité
du service, le système actuel est encore défectueux.
La téléphoniste que j'ai appelée a été
obligée de se mettre en communication avec sa correspondante
du groupe d'arrivée du bureau demandé ; d'attendre
la réponse de celle-ci pour lui demander le numéro
dont j'ai besoin ; d'attendre sa réponse pour prendre
la ligne auxiliaire nécessaire et enfin attendre la réponse
de mon correspondant pour s'assurer que la communication demandée
est bien établie enfin. Pendant ce temps, parmi les 90
ou 100 personnes qu'elle a dû servir en plus de moi, il
en est bien certainement qui l'appellent et s'impatientent de
ne pas la voir répondre. Autre source de l'éclamations,
de retards et d'énervementpour l'abonné et l'opératrice.
Dans le nouveau système qui, d'ailleurs,
était déjà autrefois, avant l'application
du système actuel, employé par quelques maisons
au courant du fonctionnement des téléphones, l'abonné
qui désirera avoir le n" 721-26, alors Saxe 21-26,
dira à sa téphoniste : Donnez moi Saxe. Pas moyen
de confondre Saxe avec la Villette tandis que 700 peut se confondre
avec 400.
La téléphoniste du groupe
de départ, à qui l'on peut donner sur le multiple
une clef d'appel automatique, n'a qu'à établir
son abonné avec le bureau de Saxe et appuyer sur sa clef
automatitique dont l'appel se fera instantanément et
s'arrêtera dès que la téléphoniste
de Saxe aura répondu. L'abonné.qui est resté
à l'appareil, ce qu'il doit d'ailleurs faire déjà
avec le système actuel, dira alors à la téléphoniste
de Saxe : Donnez moi le 21-26. Transmission du numéro
à une seule personne, diminution des causes d'erreurs
et facilité de corrections en cas de mauvaise audition
du numéro demandé.
La téléphoniste de Saxe
s'assure que le numéro demandé est libre, l'établit
avec le demandant et actionne la clef d'appel, ce qu'elle peut
faire tout en répondant à d'autres demandes. La
réponse de l'abonné s'enregistre automatiquement
au bureau de Saxe. Le téléphoniste cesse d'actionner
la clef d'appel et les deux correspondants sont en communication.
Il a fallu quelques secondes à
la téléphoniste du groupe de départ pour
mettre son abonné en communication avec le groupe d'arrivée
du bureau demandé et elle a pu répondre instantanément
à ses autres abonnés qui l'appelaient, sans avoir
à se préoccuper du service des lignes auxiliaires
dont elle doit entendre correctement le numéro dans des
conditions souvent très défavorables.
Il me semble donc qu'il y aurait un grand
progrès au point de vue de la sûreté et
de la rapidité des communications. Les abonnés,
moins souvent dérangés inutilement, se hâteraient
davantage de répondre, et tout fonctionnerait beaucoup
mieux et vous auriez à enregistrer beaucoup moins de
l'éclamations.
Veuillez agréer, Monsieur le Président,
mes bien sincères salutations.
- L. GUIGUEN ET C,e.
Après avoir entendu les deux sons de cloche, quelle
conclusion faut-il tirer ?
D'abord, que les changements fréquents
de numérotage sont extrêmement fâcheux pour
le commerce et l'industrie. Il est fort regrettable que l'administration
ait hésité entre plusieurs systèmes, et
qu'après avoir imposé récemment un changement
à toute une série du 100, elle prépare
maintenant une organisation différente. Avec un peu de
méthode et d'esprit de suite, ces inconvénients
pourraient être évités. Cette restriction
faite, le nouveau système nous paraît préférable
à l'ancien, et surtout aux numéros de six chiffres
qu'on a essayé d'introduire. Moins il y a de chiffres,
moins il y a de causes d'erreurs. La téléphoniste
peut confondre 500 avec 700, mais non pas Saxe avec Roquette.
Ce système est d'ailleurs d'un usage général
à l'étranger, où il donne satisfaction.
Nous sommes aussi partisans du double appel, dont M. Guiguen
montre très bien la supériorité.
On peut évidemment songer à
remplacer le nom du bureau par la première lettre, mais
nous croyons que ce système prêterait à
de nombreuses erreurs : les noms des lettres n'ayant pas une
résonnance assez distincte à l'oreille, il serait
facile de confondre P et B, D et T, etc.
Ce qui nous semblerait préférable,
c'est que chaque bureau fût désigné par
un nom de quartier très caractéristique, pour
éviter toute confusion de la part de l'abonné
appelant. Marcadet, Sablons, Besrenaudes, noms de petites rues
inconnues en dehors de leur quartier, ne disent rien : mieux
vaudrait choisir des désignations comprises de tous à
première vue, comme Opéra, Bourse, Passy, etc.
Il importe enfin qu'une période
transitoire soit ménagée afin de ne léser
aucun intérêt. Et surtout qu'il soit bien entendu
que ce changement soit le dernier, que le nouveau numérotage
soit définitif et qu'il ne lui soit apporté à
l'avenir nul changement sous aucun prétexte.
|
Sommaire
Indicatifs manuels en 1912
À partir du 1er octobre 1912, le numéro
de téléphone devient le nom du central de rattachement
suivi de deux groupes de deux chiffres (ou, plus rarement, d'un
chiffre suivi de deux autres)6, le premier groupe correspondant
au central, le second à l'abonné.
Dès lors, si l'appelé dépend du même
bureau que l'appelant, ce dernier ne compose au cadran que les
quatre (ou trois) chiffres, sans solliciter la téléphoniste
: ce sont les prémices de l'automatique. Les
13 centraux s'appellent alors :
Archives (ex série 1000) ;
Bergère (nouvelle circonscription) ;
Central (ex série 200) ;
Gobelins (ex Port-Royal ; ex série 800) ;
Gutenberg (ex série 100) ;
Louvre (ex série 300) ;
Marcadet (nouvelle circonscription) ;
Nord (ex Chaudron ; ex série 400) ;
Passy (ex série 600) ;
Roquette (ex série 900) ;
Saxe (ex série 700) ;
Trudaine (nouvelle circonscription) ;
Wagram (ex Desrenaudes ; ex série 500).
En avril 1928, six mois avant la
mise en service de l'automatique, 31 centraux (contre 17
en 1921) desservent Paris :
Anjou , Archives ; Auteuil ; Botzaris ;Carnot
; Central ; Combat ; Danton ; Diderot ; Élysées7
; Galvani ; Gobelins ; Gutenberg ; Invalides ; Kléber
; Laborde ;
Littré (ex Fleurus) ; Louvre ; Marcadet ;Ménilmontant
; Nord ; Opéra ; Passy ; Provence (ex Bergère)
; Richelieu ; Roquette ; Ségur (ex Saxe) ;
Trudaine ; Turbigo ; Vaugirard ; Wagram.
Avec l'apparition de l'automatique, on compose sur
le cadran les trois premières lettres de
l'indicatif (d'où son nom de littéral) suivis
de deux fois deux chiffres (numéros du central
et de l'abonné).
1931
Trois centraux ont changé de nom :
Fleurus (en service de 1914 à 1927 - devenu Littré)
; Fleurus se prêtait à une abréviation de
quatre lettres plutôt que de trois.
Saxe (en service de 1912 à 1923 - devenu Ségur).
L'abandon de Saxe s'explique aisément par une germanophobie
exacerbée après la Première Guerre mondiale
Bergère (en service de 1912 à 1926 - devenu Provence).
Mais la suppression de Bergère
se justifie mal.
Sommaire
Indicatifs automatiques 1928
À partir du 22 septembre 1928 à 22 heures, les
abonnés du central Carnot peuvent joindre, par
l'automatique, n'importe quel correspondant parisien en composant
son numéro de téléphone, soit un préfixe
formé des trois premières lettres du nom du central
(appelé indicatif littéral) suivi de quatre chiffres
(2 + 2).
L'opératrice n'est plus sollicitée que pour obtenir
la province (interurbain, régional) ou l'étranger
(international).
Le cadran du téléphone des nouveaux
appareils comporte, sur le modèle de celui du Royaume-Uni,
l'alphabet complet (sauf le Z) superposé aux chiffres,
imprimé sur un disque rotatif (dit système Rotary).
Le 1 étant réservé aux services, les
lettres sont distribuées par groupes de trois pour la plupart,
selon la répartition suivante :
2 = ABC ;
3 = DEF ;
4 = GHI ;
5 = JKL ;
6 = MN ;
7 = PRS ;
8 = TUV ;
9 = WXY ;
0 = OQ.
À l'initiale, cinq lettres ne seront jamais utilisées
(H, Q, U, X et Y) ; trois resteront sous-employées (J à
Jasmin et Jussieu ; K à Kellermann et Kléber ; W
à Wagram).
L'automatisation du réseau parisien
intra-muros prend 10 ans.
Quasiment terminée en 1935, elle s'achèvera à
Central en 1938.
Dès 1929, on prend l'habitude
d'écrire les numéros de téléphone
en faisant ressortir les trois premières lettres de l'indicatif
soit en majuscules (le reste étant laissé en minuscules),
soit en lettres grasses (et la suite en maigre) : par exemple
BALzac 00.01 ou Balzac 00.01.
Sommaire
À partir du milieu des années 1940, pour
soulager la tâche des imprimeurs et typographes, on n'indique
plus que les trois premières lettres (suivies, au début,
d'un point indiquant l'abréviation) en capitales d'imprimerie
(BAL 00.01).
Cette formulation présente l'avantage de correspondre
exactement à la combinaison composée sur le cadran.
Au fil des ans, certaines appellations disparaissent
:
Bac (en service de 1944 à 1946 - devenu
Babylone) ;
Caumartin (en service de 1933 à 1937) ;
Copernic (en service de 1947 à 1954) ;
Glacière (en service de 1932 à 1937) ;
Médéric (en service de 1948 à 1950 - un
record de brièveté !) ;
Sébastopol (en service de 1957 à 1961).
Parmi les indicatifs planifiés pour les
années 1934-1935, trois projets n'aboutiront pas
: Lorette ; Madeleine ; Niel.
Nom d'une rue du 7e arrondissement, Bac - déjà
desservi par sa monosyllabie, comme le non-retenu
Niel - évoquait imparfaitement le 6e arrondissement,
erreur que corrigera Babylone.
La disparition de Caumartin se justifie sans doute par une méconnaissance
orthographique ayant entraîné la composition abusive
de Combat.
Pour la même raison, Lorette risquait d'être formulé
LAU.
Médéric est victime de la rime avec son aîné
Copernic, qui disparaîtra à son tour quelques années
plus tard, la confusion s'étant probablement installée...
Par contre, on comprend mal l'abandon
d'indicatifs aussi satisfaisants que Glacière ou Sébastopol,
voire d'un projet aussi viable que Madeleine (peut-être
victime de sa connotation confessionnelle... ou anglophone !).
Pour répondre à l'impératif
de notoriété qui guide le choix des indicatifs
(voir infra, Un choix limité), plusieurs d'entre eux
prennent le nom officiel d'un arrondissement parisien (Louvre
; Élysée(s) ; Opéra ; Gobelins
; Vaugirard ; Passy ; Batignolles(-Monceaux) ; (Butte-)Montmartre
; Ménilmontant - soit près de la moitié)
ou d'un quartier (Archives ; Odéon ; Invalides ; (Champs-)Élysées
; Europe ; Roquette ; Auteuil ; Batignolles ; Clignancourt ;
Combat - soit un sur huit seulement).
On remarque l'inadéquation géographique
de certaines appellations.
Les indicatifs Odéon, Gobelins, Opéra et Batignolles,
rattachés à des centraux téléphoniques
respectivement situés dans les 5e, 8e et 18e arrondissements,
désignent en fait des secteurs voisins : les 6e (Odéon),
13e (Gobelins), 9e (Opéra) et 17e (Batignolles) arrondissements.
L'« effet d'entraînement »
produit par l'offre est plus qu'incertain dans le cas du téléphone
: avant de parler d'une « dénégation à
la demande », il faut se souvenir que le réseau
parisien a pu être, à un moment donné, «
surdimensionné » par raport aux besoins, jusqu'aux
années cinquante. Outil destiné à abolir
la distance, le téléphone a pourtant tardé
à franchir les portes de la capitale,
Sommaire
L'abandon du système (1963)
Le 1er octobre 1963, la circonscription téléphonique
de Paris est la dernière en France à remplacer
la numérotation alphanumérique par le tout en
chiffres.
Simple hasard ? Les indicatifs littéraux sont abandonnés
51 ans jour pour jour après leur mise en service...
Chénier, Gounod et Bossuet seront les derniers inaugurés,
les deux premiers en janvier 1964, le troisième en mai
suivant.
Mais annoncés un an auparavant sous leur forme littérale
(déjà imprimée sur certains papiers d'affaire
ou cartes de visite), ils sont mis en service sous forme de
chiffres.
Certains projets conçus en lettres seront
mis en service sous forme de chiffres après octobre 1963
:
Manufacture / 626, le 25 janvier 1965 au central
Observatoire ;
Ampère / 26723, le 29 octobre 1965 au central Carnot
;
Denfert-Rochereau / 336, en 1966 au central Gobelins.
Par contre, Dugommier / 384 devait fonctionner
en 1965 au central Diderot mais n'aboutira pas.
Les indicatifs commençant par les lettres
G et I (= chiffre 4), O (= chiffre zéro) et W (= chiffre
9) disparaîtront entre 1969 et 1980.
Pour les chiffres 4 et zéro, c'était un préalable
à l'introduction des actuels préfixes parisiens
en 01 4 : il fallait améliorer la lisibilité des
numéros en évitant tout risque de confusion visuelle.
Quant au 9, l'unique indicatif parisien concerné était
924 (ancien Wagram) ; sa suppression s'explique par un souci
de rationalisation car tous les autres indicatifs en 9 desservaient
la grande banlieue.
Une longue survivance
L'utilisation des anciens indicatifs littéraux restera
longtemps possible. Ses divers détournements aussi
Elle ne prendra fin que 22 ans plus tard, le 25 octobre 1985,
avec la numérotation à huit chiffres
Sommaire
Une
étude très poussée du sujet à été
faite et mise sur le net Wikipedia
|
En Complément :
Toutes cette technique et organisation nous
viennent des Etats Unis qui ont toujours eut 20 d'avance sur
les autres pays du monde,
De Douglas A Kerr : Voici
un document qui décrit bien et en détail Les
Centraux Manuels aux Usa
LES RESEAUX TELEPHONIQUES
DE PARIS 1879 - 1927 Catherine BERTHO - 1983.
(en pdf)
Entre 1879 et 1927 le réseau téléphonique
parisien vit au rythme du téléphone français
dont il illustre fidèlement les évolutions, tant
juridiques et politiques que techniques. On peut pour cette
préhistoire distinguer trois périodes
Dans un premier temps, entre 1879 et 1889 le développement
du réseau est confié â une compagnie concessionnaire,
la Société générale de Téléphones.
Celle-ci bâtit sous la surveillance pointilleusse de l'administration
des télégraphes et des autorités parisiennes
un premier réseau qui a la particularité d'être
entièrement souterrain et calqué sur les réseaux
d'égoûts.
Après 1889 et la "nationalisation" du téléphone
commence une seconde période. L'administration engage
une refonte du réseau parisien pour tenir compte à
la fois de l'évolution de la technique et de la croissance
du nombre des abonnées.
Mais les incidents de 1908 - 1910 montrent les limites de ces
efforts : l'incendie du central Gutenberg en 1908, puis la crue
de 1910 perturbent profondément un réseau dont
l'insuffisance est désormais dénoncée de
toutes parti
L'automatisation du réseau de Paris, étudiée
à partir de 1922 devrait être l'occasion de le
rebâtir sur des bases techniques et économiques
solides
En 1927 cependant on est encore loin d'avoir rompu avec l'héritage
du vieux réseau de la Société générale
des Téléphones.
Les réseaux des sociétés
concessionnaires 1879-1889
Le 26 juin 1879 le ministères des Postes
et Télégraphes publie un arrêté déterminant
les conditions auxquelles pourront être concédés
les réseaux téléphoniques. Trois sociétés
se portent candidates pour le réseaux de Paris. Au bout
de trois mois elles fusionnent et le 30 septembre 1879 la Société
générale des Téléphones se trouve
seule à pied d'oeuvre, dotée de 400 souscripteurs
et chargée de réaliser le premier réseau
téléphonique français.
La tâche n'est pas particulièrement
facile.
Les termes de la concession sont sévères
et l'on peut penser que la lourdeur des charges qui pèsent
sur la société n'est pas étrangère
aux difficultés du téléphone français
en pesant sur le rentabilité de la concession.en
France la concession est d'une durée très courte
(5 ans) alors qu'en Belgique les concessions sont de 25 ans,
en Espagne 20 ans, en Autriche 10 ou 5 ans selon la ville.
L'Etat en outre se réserve de prélever 10 % des
recettes brutes, soit pour les quatre premières années
d'exploitation et pour l'ensemble des réseaux de la S.
G. T. 433 000 F (1).
Ces contraintes sévères se retrouvent dans les
conditions qui président â l'établissement
du réseau. D'une part la S. G. T. agit sous l'oeil sévère
et parfois suspicieux de l'administration. D'autre part elle
oeuvre dans Paris, ville aux institutions anciennes dont le
sous-sol est à la fois très convoité et
très réglementé.
Les clauses de la concession prévoyaient
un curieux partage entre l'administration des télégraphes
et les compagnies concessionnaires : aux compagnies la responsablité
de l'équipement de l'abonné, du poste téléphonique
jusqu'à la façade de l'immeuble ainsi que la responsabilité
des centraux téléphonique. A l'administration
celle des fils et câblée qu'elle se réserve
le droit de poser aux frais de la compagnie concessionnaire.
Par ailleurs la ville et la préfecture
de Paris ont imposé â la compagnie, à l'exemple
de ce qui s'est fait pour le télégraphe vingt
ans plus tôt de renoncer aux fils aériens et d'emprunter
le réseau des égouts
Or c'est une exigence qui dans un premier temps au moins est
contradictoire avec l'état de la technique. Les tout
premiers réseaux étaient prévus à
l'exemple du télégraphe "en aérien
et avec un seul fil par abonné et retour par la terre.
Il faut plusieurs mois pour que l'on se rende compte, aux Etats-Unis
comme en Europe, qu'un circuit à deux fils est nécessaire.
Par ailleurs établir les fils téléphoniques
en parallèle dans les égouts comme on le fait
au début provoque des phénomènes électriques
qui se traduisent soient par un bruit de "friture"
insuportable soit par la possibilité d'écouter
les conversations adressées à un abonné
voisin. Autant d'obstacles sérieux à une exploitation
commerciale.
(1) V. BELUGOU, Etude sur l'exploitation
des réseaux téléphoniques dans les villes,
dans Annales télégraphiques, 1888, pp 38-56.
On comprend que la Société générale
des Téléphone tienne â faire savoir a ses
abonnés potentiels dans un article paru en 1882 dans
le journal de vulgarisation scientifique La nature qu'en adoptant
le circuit à deux fils et les câbles torsadés
elle a réussi a éliminer ces inconvénients
.
L'installation du réseau téléphonique
dans les égoûts a à l'origine, des avantages
dont la S. G. T. ne manque pas de se féliciter devant
ses actionnaires : les fils sont simplement posés sur
des herses métalliques suspendues à la voûte
des égouts. On évite ainsi de coûteux et
impopulaires terrassements. En outre les égoûts
donnent la plupart du temps la possibilité de pénétrer
chez l'abonné sans travaux supplémentaires.
Cependant cette contrainte, jointe â la
surveillance de l'administration des Postes et Télégraphes
ne facilite pas la gestion et oblige à des négociations
répétées. Témoins les démarches
que doit faire la société Gower concessionnaire
d'un des trois réseaux parisiens avant son absorbtion
par la S. G. T. pour raccorder ses 48 premiers abonnés.
Ainsi le 24 septembre 1879 la société
(2) Gover a demandé â la préfecture du département
de la Seine l'autorisation de faire établir dans les
égouts de Paris 101 lignes téléphoniques.
Un plan est joint à la demande. Cela ne se fera ni sans
frais ni sans délais. La société doit d'abord
verser une provision de 20 000 F, un cautionnement spécial
de 5 000 F plus un cautionnement supplémentaire de 20
000 F. Ceci fait, le Directeur des travaux de Paris affirme
aux gérants de la Société "je ne vois
aucun inconvénient â ce que vous procédiez,
dès â présent, à l'établissement
des fils" sauf bien sûr â donner avis du début
des travaux â au moins trois ingénieurs détenteurs
de l'autorité sur une parcelle du sous-sol : l'ingénieur
de l'assainissement pour le service des égouts, l'inspecteur
des eaux, et 1' "ingénieur de la section intéressée
en ce qui concerne les tranchées sur la voie publiques"
.
(2) Archives nationales, F90 bis 2031.
Soumise à la surveillance des hommes
des égouts la Société Gower l'est aussi
à celle des ingénieurs des télégraphes.
Le 27 octobre la Société Gower adresse à
l'ingénieur chargé de poser "son" réseau
la nomenclature des premiers câbles. Ceux-ci sont modestes
(3) . Il y a en tout huit lignes à chacun six conducteurs
qui divergent à partir de la rue Neuve des Petits Champs
siège de la Société. Ceci permet accessoirement
de voir qui étaient les 48 premiers abonnés :
des banques " dont celles qui finançaient la Compagnie
(Société générale, qui utilise le
réseau un peu comme un réseau intérieur
entre ses propres bureaux, le Crédit mobilier, la Société
financière, la banque franco Egyptienne, la Banque générale
de Change) des financiers (Chambre syndicale des agents de Change),
des hommes d'affaires intéressés dans le financement
des sociétés de télégraphie sous-marine
et de téléphone (Erlanger), des journaux (La Lanterne,
le National) , ainsi que l'agence Havas.
Le réseau bénéficie au départ de
la concentration de ce type d'activités autour de la
Bourse et le trajet des fils suit le tracé des rues avoisinantes
.
La prévision d'extension du réseau est réduite
à sa plus simple expression. Deux jours plus tards, le
29 octobre la Société Gower dans une nouvelle
lettre précise à l'inspecteur qu'elle le prie
de bien vouloir utiliser le sixième fil de la sixième
ligne (un câble â six conducteurs) pour le Cercle
franco-américain 4, place de l'Opéra".
Mais cette courtoisie ne dure pas. Lors des
dures discussions pour le renouvellement de la concession en
1884 et en 1889 la S. G. T. est mise en cause pour le grand
nombre d'abonnés qui attendent encore leur raccordement.
Elle fait alors peser la respnsabilité du retard sur
l'administration incapable selon les avocats de la société
de réaliser le réseau au rythme demandé.
Et il est vrai que dans un premier temps la mise en place des
liaison butte sur l'insuffisance de l'approvisionnement en câbles.
(3) Archives nationales F90 bis 2031
Un article paru dans La Nature sous le titre
Le nouveau système téléphonique de la ville
de Paris" (8) donne le point de vue de l'administration
à cet égard.
Il convient d'abord de s'arrêter sur le ton de cet article,
profondément malthusien et pessimiste.
A lire ces lignes l'abonné est le principal ennemi du
réseau (9), la multiplication des services offerts, une
complication dont on se passerait bien (10), la réalisation
d'un service satisfaisant pour le public un idéal aussi
irréalisable que la pierre philosophale ou le mouvement
perpétuel.
Ces lignes tracées en 1893 ne traduisent pas seulement
l'humeur atrabilaire d'un individu ou l'inaptitude de l'administration
au service commercial ; elles témoignent aussi du fait
que l'on arrive dans les années 1890 à une limite
technique pour les réseaux téléphoniques.
Les centraux manuels ont atteint les bornes de leurs possibilités.
Les gains de productivité se font essentiellement en
augmentant la productivité du personnel (rationalisation
du travail des opératices, chronométrage) ce qui
conduira d'ailleurs aux grandes grèves de 1906-1909.
L'autre possibilité d'obtenir les gains de productivité
porte sur l'organisation du réseau. C'est pourquoi paraissent
les premiers articles théoriques sur l'organisation des
réseaux des grandes villes et du réseau parisien
en particulier.
(8) £. Hospitalier, Le nouveau système
téléphonique de la ville de Paris, dans La Nature,
1885, pp 38-43 (9) Ibid, p39-43 "
A la reprise des réseaux par l'Etat, la taxe fut réduite
de 600 â 400 F, et cette réduction amena un accroissement
si rapide du nombre des abonnés qu'il fallut modifier
entièrement les procédés et les appareils
de mise en communication pour répondre â des besoins
qui, il faut bien le reconnaître, dépassaient les
ressources de l'art et ne s'étaient encore manifestés
aussi rapidement dans aucune autre ville du monde, même
en Amérique où la téléphonie a cependant
pris naissance, mais où des tarifs plus élevés
restreignent avec raison le nombre des abonnés"
p39-43 (10) Ibid, p39 : "
Après le service urbain les progrès de la téléphonie
ont permis de rendre les communications interurbaines, puis
dans une certaine mesure internationale. Citons- encore les
cabines téléphoniques publiques-, les abonnés
multiples.. le théatrophone qui ont chacune leurs exigences
spéciales. toutes ces complications de service... ont
soulevé des problèmes assez ardus dont les solutions
n'ont pas toujours suivi d'assez près les nouveaux besoins
: dans bien des cas même, telle solution rationnelle devenait
rapidement caduque...
En effet les responsables du téléphone
parisien en 1890 se trouvent devant un réseau beaucoup
plus Important par sa taille et par sa vitesse de croissance.
Non seulement le nombre des abonnées
a cru globalement mais le nombre des abonnés rattachés
à chaque central a cru différemment.
En 1883 il y avait 3 000 abonnés au total â Paris,
en 1889, 6300, en 1890, 7 800.
Mais la répartition par centraux a évolué.
(11) Le quartier de l'Opéra y compris le secteur de la
rue Lafayette compte toujours un fort pourcentage d'abonnés
mais le coeur du système s'est déplacé
vers les quartiers industriels et commerciaux de la rue Etienne
Marcel et de la place de la République.
L'administrâtion abandonne les câbles
sous plomb de la S. G. T. car l'expérience a montré
que la gutta percha qui servait d'isolant, si elle est pratiquement
inaltérable en milieu sous-marin, perd ses propriétés
lorsqu'elle est exposée â l'air. Les nouveaux câbles
sont isolés au papier et à circulation d'air.
En même temps le réseau est systématiquement
hiérarchisé et de nouvelles notions comme les
manchons de jonction ou les chambres de coupures sont introduites.
En 1891 l'organisation du réseau est la suivante : (12)
La ligne double sans fils de plomb isolé
à la gutta percha, partant de l'appareil d'un abonné
arrive à l'égoût où elle rencontre
d'autres lignes doubles et suit parallèlement ces autres
lignes jusqu'à un manchon de jonction qui sert â
relier 7 abonnés â un câble sous plomb â
14 fils isolés au papier. Sept câbles semblables
correspondant à 49 abonnés aboutissent à
une chambre de coupure d'où part un câble à
104 conducteurs (49 lignes plus 3 de réserve). Ces câbles
à 104 conducteurs arrivent directement dans le, bureau
central.
Hiérarchiser ainsi le réseau permet
de disposer de réserves de transmission, seule la dernière
partie de la ligne devant être construite pour raccorder
un nouvel abonné. Cela permet aussi de procéder
plus rapidement aux réparations.
Enfin en 1891, l'administration se préoccupe de la qualité
de la transmission et donc de la longueur des lignes : si la
longueur moyenne des câbles â 2 fils reliant chaque
abonné â un manchon de jonction est faible, la
longueur moyenne des câbles de 7 abonnés est de
2 km et celle des câbles de 49 abonnés de 1 600
m, ce qui correspond à* une qualité de transmission
assez médiocre.
En outre l'évolution technique des câbles
et l'augmentation de leur capacité commence à
poser le problème de la localisation du réseau
dans les égoûts. L'encombrement à proximité
des centraux est excessif.
A partir de 1891 l'administration des téléphones
tente, non sans de grosses difficultés d'établir
quelques liaisons en tranchées (13).
Surtout un procès met aux prises
l'administration et la ville de Paris après 1900. La
ville n'avait autorisé la SGT à se servir des
égoûts que moyennant une taxe très élevée,
un droit de location basé sur le kilomètre de
ligne posée. Après le rachat par l'Etat, l'administration
des Télégraphes a cessé purement et simplement
de payer quoi que ce soit à la ville de Paris arguant
qu'il s'agissait d'un réseau d'intérêt public.
Vers 1901 l'arriéré est tel que l'administration
de tout es façons ne pourrait plus payer. En outre la
taxation sur la base du fil ne rend plus compte des progrès
de la technique â une époque où les câbles
assurent pour une grande longueur de fil une faible occupation
des égoûts. Elle correspond à* une redevance
de 1 million F/an. Mais le procès fait apparaître
que l'administration n'a aucune idée de la longueur des
câbles qu'elle a enterré dans le sous-sol de Paris,
ni de leur localisation. A cet égard la carence de la
S. G. T. est manifeste. A partir.de 1884, craignant le non renouvellement
de sa concession, la société a cessé totalement
d'investir dans le réseau, y compris en hommes.
Après 1889, l'administration reste faible numériquement,
même si la direction des services téléphoniques
de Paris en représente le secteur le plus qualifié
et le plus autonome (14).
(13) Archives nationales F90 bis 2031 (14)
L.J. LIBOIS, Genèse et croissance des Télécommunications
, Mas son, 1983, p 217. 1892 : erection du service téléphonique
de la région, de Paris en une direction autonome. 1896
: création du poste de directeur des services électriques
de la région de Paris.
L'application du plan de 1891 et ses limites
II faut une dizaine d'années pour
appliquer réellement le plan de 1891. Tous les bureaux
crées par la S. G. T. â l'exception de celui de
Passy sont successivement fermés : 3 en 1894, 3 en 1895
et 2 en 1900, et remplacés par d'autres (15). Le central
Gutenberg, le plus important est commencé dès
1893.
Un central neuf pour la rive gauche est mis
en service en 1900 avenue de Saxe. Enfin le central de la rue
de Sablons, mis en service en 1908 dessert Passy et Auteuil.
Cependant le nombre de quatre centraux seulement annoncé
dans les études de 1891 ne peut être tenu. Après
les modifications de circonscriptions intervenues en 1904 pour
rentabiliser au maximum les diponibilités existantes,
la ville de Paris est en 1907-1908 divisée en sept circonscriptions
correspondant â sept centraux téléphoniques*
Une série d'événements
et d'accidents met alors en lumière le fait qu'on a atteint
les limites du système. Le dimanche 20 septembre 1908
le central Gutenberg sur lequel on a concentré l'essentiel
du trafic des quartiers d'affaires (18 000 abonnés) prend
feu. La reconstruction d'un central provisoire durera trois
mois pendant lesquels tout le quartier entre la Bourse et le
Marais est privé de téléphone.
En janvier-février 1910 c'est le réseau
souterrain qui est victime de l'inondation (16). Le réseau
comprenait alors des câbles à circulation d'air
de 224 et 112 paires (gros câbles), 27, 7 et 1 paire (petits
câbles) 147 chambres de coupures abritant 1 300 têtes
de câbles, 12 000 pièces de raccord (dits "manchons")
posés en égoût. La moitié des égoûts
n'est libre que vers mars ; 1 000 lignes ? ne sont pas dégagées
avant avril ; le réseau n'est entièrement restauré
que
(15) Archives nationales, F90 bis 2031. Rapport
de l'Ingénieur en Chef (16) Installations récentes
du service des postes, 1910, p. 155
Par ailleurs les câbles en égoût
sont l'objet de toutes sortes d'atteinte : les outils des êgoutiers
en blessent l'enveloppe de plomb, les eaux les attaquent, les
rats les mordent. Comme ils sont empilés pour gagner
de la place on peut difficilement les atteindre pour réparer.
En outre, ils ne vivent que trente ans en moyenne ce qui oblige
à prévoir des annuités d'amortissement
sensiblement plus élevées que pour les câbles
en canalisation. Enfin lé personnel travaille moins vite,
moins bien et plus dangereusement en égoût .
Suit un vigoureux plaidoyer pour les galeries
Bien rangés sur des herses spéciales dans un environnement
sain et surtout réservé au téléphone
les câbles peuvent être facilement identifiés
, réparés ou dérivés... Moins coûteuse
la canalisation multiple rend presque les mêmes services.
En 1925 la prefecture de Paris a tenté d'en empêcher
le développement en faisant observer que tout, nouvel
occupant du sous-sol devait être en mesure au moins de
contourner ses voisins et qu'en conséquence les canalisations
rectilignes étaient prohibées. Les P. T. T. annoncent
aussitôt croquis et chiffres à l'appui qu'elles
sont capables de tirer leurs câbles même en courbe.
Les hommes du téléphone vont gagner.
A partir de 1925 le nombre de galeries et de canalisations spécifiquement
P. T. T. croit sans discontinuer (17 km de galerie en 1927).
En 1927 la disparition totale de l'ancien réseau de gros
câble en égoût est programmée ainsi
que le transfert des sous-répartiteurs, trop vulnérables
aux., crues et aux orages, dans des immeubles mieux protégés.
Enfin l'ingénieur du service des lignes de Paris commence
à savoir ce qu'il a sous sa juridiction. Un plan "P.C.
365 bis" vient d'être confectionné qui localise
les câbles interurbains, les câbles auxiliaires
et une partie des gros câbles d'abonnés* Mais â
aucun moment les services téléphoniques de Paris
ne savent à quoi ressemble dans le détail leur
réseau. Les bureaux ne disposent ni de nomenclatures
ni de plans autre que des relevés de détail.
 cet égard le réseau téléphonique
de Paris se ressent de la situation générale où
se trouve l'administration du téléphone entre
1889 et 1925.
L'extrême faiblesse de ses crédits et de ses cadres
techniques l'amène à toujours bricoler au plus
juste. L'élan novateur de 1923 porte essentiellement
sur la partie noble du réseau, celle qui touche de plus
près aux abonnés par le biais des opératrices
: les centraux. Le réseau souterrain doit suive. 11 suit
mais il semble avoir atteint en 1927,alors que l'automatisation
bat son plein, ses limites.
|
Sommaire
Transition progressive
du Téléphone Manuel vers lAutomatique :
Dans la Zone Automatique de Paris à partir de 1928
avec la mise en service de Carnot, il apparaît donc
que les nombreux Commutateurs Manuels jusqualors en service
nont pas pu être tous remplacés le même
jour.
La transition du Manuel vers le 100% Automatique
dans la Zone Automatique de Paris sest, en effet, étalée
de 1928 à 1960.
Bref Rappel sur l'automatisation de Paris
avec le Rotary 7A1
|
Il est décidé, le 9 octobre
1926, d'automatiser tout Paris, ainsi que les 1ère
et 2ème couronnes en un seul système unifié
pour la région parisienne : le système ROTARY
7A1.
- Carnot (rue Guyot), 6.000 lignes, mis en service le
22 septembre 1928, complété à 10.000
lignes le 27 avril 1929,
- Gobelins (bd de Port-Royal), 10.000 lignes, mis en
service le 6 juillet 1929,
- Diderot (av. Daumesnil), 10.000 lignes, mis en service
le 11 janvier 1930,
- Trudaine (rue de Navarin), 10.000 lignes, mis en service
le 6 décembre 1930.
- Vaugirard (rue Jobbé-Duval), 8.000 lignes, mis
en service le 12 avril 1930, complété à
10.000 lignes le 10 mars 1934.
- Wagram (rue Guyot), 10.000 lignes, mis en service le
12 juillet 1930.
Puis 4 Centres de
Transit Urbains Automatiques sont commandés en Avril
1929 à la société L.M.T, les 2 premiers
Centres de Transit Urbains Automatiques
- Carnot et Combat, pour écouler le trafic
entre centres téléphoniques automatiques de Paris
ainsi qu'entre Paris et sa banlieue, tous deux sont mis en
service dans Paris le 21 septembre 1929.
Suivront
- Vaugirard le 16 novembre 1929 en Centre de Transit
Urbain Automatique .
- Diderot le 7 décembre 1929
Il faudra attendre une trentaine d'années pour que les
4 Centres de Transit Urbains ROTARY 7A1 soient secondés
par 2 autres Centres de Transit supplémentaires en système
ROTARY 7B1 : Bonne Nouvelle 5ème CTU le 26 avril
1958 et Bonne Nouvelle 6ème CTU le 13 avril 1962.
La Rive Gauche de Paris intra-muros sera la première
moitié de Paris entièrement automatisée,
en système ROTARY 7A1, par la mise en service du Commutateur
de Littré le 14 octobre 1933, in-extremis
avant la saturation de Littré-Manuel.
Début 1928, on comptera 30 centraux (contre
17 en 1921) desservent Paris :
Anjou , Archives ; Auteuil ; Botzaris ;Carnot
; Combat ; Danton ; Diderot ; Élysées7 ; Galvani
; Gobelins ; Gutenberg ; Invalides ; Kléber ; Laborde
; Littré (ex Fleurus) ; Louvre ; Marcadet ;Ménilmontant
; Nord ; Opéra ; Passy ; Provence (ex Bergère)
; Richelieu ; Roquette ; Ségur (ex Saxe) ; Trudaine ;
Turbigo ; Vaugirard ; Wagram.
La totalité du réseau de Paris intra-muros
est entièrement automatisée en système
ROTARY 7A1 le 21 mai 1938, avec la mise en service du Commutateur
dénommé "Central" (dans les murs
de Gutenberg).
|
Lautomatisation soudaine et complète
dune Zone Automatique savérant impossible
à mettre en uvre, il en a été retenu
deux principes concernant la transition progressive adoptée
:
1) Tout abonné raccordé
sur un Commutateur Automatique doit pouvoir téléphoner
directement par lAutomatique via son Cadran dAppel,
que labonné à joindre dans sa même
Zone Automatique soit relié à un Commutateur Automatique
ou à un Commutateur Manuel.
2) Tout abonné raccordé sur un Commutateur Manuel
doit pouvoir téléphoner par son Opératrice
habituelle rattachée à son Central Manuel. À
la charge de lOpératrice Manuelle de Départ
(Opératrice A) détablir la communication
quelque soit le type dabonné demandé (Manuel
ou Automatique).
Première solution transitoire :
Une solution transitoire a été
adoptée, pour permettre la mise en service rapide de
Carnot en 1928 ainsi que Colbert Marseille en 1927.
Cette solution adoptée provisoirement
en 1928 pour le premier bureau automatisé de Paris nécessitait
dans tous les cas possibles lemploi de 2 opératrices
pour procéder à létablissement dune
communication dans les sens Automatique vers Manuel et Manuel
vers Automatique.
- À Carnot Automatiques, lorsque
labonné demandé
est raccordéà un
Commutateur Automatique (en fait, le leur), toute la chaîne
de Sélection et dAcheminement est 100% automatique,
la communication est obtenue par voie entièrement automatique
via le Cadran dAppel de labonné demandeur.
- En Zone Paris, pour un abonné raccordé sur
un Central Manuel, lorsque labonné
demandé est raccordé
sur un autre abonné manuel, la procédure demeure
inchangée : lOpératrice de Départ
(Opératrice A) du Central Manuel prend lappel,
note le numéro demandé et procède à
lacheminement via le processus manuel traditionnel, en
appelant en utilisant un Cordon-Dicorde une Opératrice
d'arrivée (Opératrice B) du Central Manuel d'Arrivée
demandé, puis, enfin, il revient à lOpératrice
dArrivée (Opératrice B) du Centre Manuel
demandé détablir la communication entre
le demandeur et le demandé à laide de ses
Cordons-Dicordes. Il faut donc dans ce cas mobiliser 2 opératrices
pour établir une communication entrante dans le sens
Manuel vers Manuel, de manière conforme à la procédure
en Manuel.
- À Carnot Automatiques, lorsque
labonné demandé
est raccordé à un
Central Manuel de la Zone Automatique, labonné
demandeur décroche son téléphone et compose
au Cadran dAppel le numéro de labonné
demandé. Ainsi, pour labonné demandeur relié
à un Commutateur Automatique, rien ne change en apparence.
Mais le Traducteur Automatique de départ détecte
quil sagit dune route non encore automatisée
et ainsi, il achemine lappel demandé par le cadran
directement sur le premier pupitre dOpératrice
de Départ (Opératrice A) disponible au Central
Automatique Carnot, et le communique à lOpératrice
de Départ (Opératrice A) au moyen de lampes qui
vont indiquer sur son pupitre le numéro complet de labonné
manuel demandé. (Positions Indicateurs dAppel Tandem
de Départ). Cette Opératrice Tandem de Départ
(Opératrice A) contacte alors lOpératrice
dArrivée du Central Manuel avec ses Cordons-Dicordes,
à la charge de cette Opératrice dArrivée
Manuelle (Opératrice B) détablir la communication
avec labonné manuel demandé. Il faut
donc dans ce cas mobiliser 2 opératrices pour établir
une communication sortante dans le sens Automatique vers Manuel,
mais pour labonné automatique demandeur, tout est
transparent, il na jamais à parler aux opératrices.
- Le Commutateur Automatique communique à une de ces
positions d'Opératrice Tandem (Indicateurs dAppel
Tandem) le numéro de l'abonné demandé du
Central Manuel à l'aide de lampes numérotées.
Les Cordons-Dicordes servent à l'Opératrice Tandem
à connecter la ligne du demandeur du Commutateur Semi-Automatique
ou Automatique vers une Opératrice d'Arrivée (Opératrice
B) située dans le Central Manuel demandé, Opératrice
d'Arrivée qui reçoit vocalement le numéro
et finit le travail d'acheminement.
- À l'inverse, la présence d'un Cadran d'Appel
sur chaque position Tandem semble indiquer que le pupitre opère
dans le sens inverse, c'est à dire que l'Opératrice
puisse recevoir, par voie manuelle, via une Opératrice
distante d'un Centre Manuel, un appel téléphonique,
et que celle-ci puisse ensuite contacter via son cadran téléphonique
un abonné de la Zone Automatique . En effet, Marseille
devait constituer un cas spécifique en raison d'un premier
Commutateur Semi-Automatique automatisé ultérieurement,
suivi par des Commutateurs Automatiques, et par l'absence de
Centre de Transit ROTARY entre ces Commutateurs...
En Zone Paris et Marseille, pour un abonné
raccordé sur un Central Manuel, lorsque labonné
demandé est raccordé sur un abonné
automatique (Carnot et Colbert I), la procédure, vue
de labonné manuel demandeur demeure apparemment
inchangée : lOpératrice de Départ
(Opératrice A) du Central Manuel prend lappel,
note le numéro demandé et contacte le Central
Automatique demandé (Carnot ou Colbert I), en tombant
sur la première Opératrice dArrivée
spécialisée disponible au Central Automatique
(Opératrice Semi-B) et en lui dictant le numéro
de labonné automatique demandé (à
Carnot ou Colbert I). À la charge de lOpératrice
Semi-B de taper sur un clavier spécial le numéro
de labonné automatique demandé (Carnot ou
Colbert I), lacheminement final vers labonné
automatique demandé est alors établi automatiquement
par le Commutateur Automatique. Il faut donc dans ce cas mobiliser
2 opératrices pour établir une communication entrante
dans le sens Manuel vers Automatique.
Opératrices
Spécialisées (dites Opératrices Semi-B)
Marseille
En Automatique, ces tables sans cordons-dicordes sont uniquement
sollicitées par les abonnés des Centraux Manuels
voisins pour obtenir un abonné Automatique.
Seconde solution transitoire :
Dès louverture des Commutateurs
Automatiques suivants (Gobelins en 1929 et Dragon en 1928) une
solution notablement améliorée est retenue, qui
a mis environ une année à être déployée
préalablement dans les plus importants Centraux Manuels.
Comme précédemment, à
partir dun Commutateur Automatique de Départ, lorsque
labonné demandé est raccordé à
un Central Manuel de la Zone Automatique, labonné
demandeur décroche son téléphone et compose
au Cadran dAppel le numéro de labonné
demandé. Ainsi, pour labonné demandeur relié
à un Commutateur Automatique, rien ne change en apparence.
Et le Traducteur Automatique de départ détecte
quil sagit dune route non encore automatisée
et ainsi, il achemine lappel demandé par le Cadran
dAppel directement sur le premier pupitre dOpératrice
dArrivée disponible au Central Manuel dArrivée,
et le communique à cette Opératrice au moyen de
lampes qui vont indiquer sur son pupitre le numéro complet
de labonné manuel demandé. (Positions Indicateurs
dAppel Tandem dArrivée). Cette Opératrice
Tandem dArrivée Manuelle (Opératrice B)
établit la communication avec labonné manuel
demandé à laide de ses Cordons-Dicordes.
Il faut donc dans ce cas mobiliser 1 seule opératrice
pour établir une communication sortante dans le sens
Automatique vers Manuel, et pour labonné automatique
demandeur, tout est transparent, il na jamais à
faire aux opératrices.
Comme précédemment, en Zone Paris
et Marseille, pour un abonné raccordé sur un Central
Manuel, lorsque labonné demandé est raccordé
sur un abonné automatique, la procédure, vue de
labonné manuel demandeur demeure apparemment inchangée
: lOpératrice Manuelle de Départ (Opératrice
A) du Central Manuel prend lappel, mais dispose désormais
sur place, dans son Central Manuel, de léquipement
de Sélection Directe permettant dactionner le Commutateur
Automatique demandé comme si elle était aussi
une Opératrice dArrivée Semi-B du Central
Automatique Distant en tapant sur un clavier spécial
le numéro de labonné automatique demandé,
lacheminement final vers labonné automatique
demandé est alors établi automatiquement par le
Commutateur Automatique. Il faut donc dans ce cas mobiliser
1 seule opératrice pour établir une communication
entrante dans le sens Manuel vers Automatique.
Pour parvenir à ce résultat permettant
de diviser par 2 le nombre dOpératrices nécessaires
à létablissement des communications téléphoniques
entre des Commutateurs Automatiques et des Centraux Manuels
dans les deux sens, il a fallut adapter tous les Centraux
Manuels de Paris et de Marseille en 1928 et 1929, déquipements
spécifiques qui soient en relation électrique
directe avec les Commutateurs Automatiques Distants au fur et
à mesure de leur mise en service.
Le risque derreurs détablissement
de communication sen trouve dautant réduit
que la procédure est simplifiée.
De surcroît le temps détablissement de ces
types de communications sen trouve dautant plus
réduit.
Et les Opératrices ont beaucoup moins de manuvres
et defforts physiques à accomplir.
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