1877-1895
HISTOIRE DU TELEPHONE EN FRANCE
|
Petit rappel de la situation en France, après
la période ou l'on communiquait par messages écrits et transportés
par une personne, un cavalier, est arrivé la période du
télégraphe optique de Chappe,
à l'époque le plus grand système de télégraphe
optique au monde, presque exclusivement à des fins administratives
et militaires . Vers 1800, le développement de l'électricité
fit naître l'ère du télégraphe électrique.
En 1832 Samuel Morse s'inspira des travaux de ses prédécesseurs
pour inventer un système simple et robuste : le télégraphe
électrique.
Il y a aura bientôt cent quatre vint dix ans naissait le monopole
des télécommunications. Le 2 mai 1837, Louis-Philippe
signait en effet une loi réglementant le télégraphe
de Claude Chappe au profit exclusif de l'Etat. C'est cette loi qui, jusqu'à
la modification du code des PTT cinquante ans plus tard en 1987, a régi
télégraphe, téléphone, radio et télévision
en France et inspiré de nombreuses législations étrangères.
clic
pour agrandir
Au service de gouvernements forts ou absolus, le télégraphe
aérien, inventé par Claude Chappe, a pu s'établir,
s'étendre et fonctionner sans problèmes jusqu'en 1830, et
cela sans la protection d'aucune loi. Tout change avec l'avènement
de Louis-Philippe, période où souffle déjà
le vent du libéralisme.
Jusque-là, le télégraphe avait été
au service exclusif de l'Etat, quoique sa rapidité (pour l'époque)
aurait bien intéressé les milieux d'affaires, surtout les
banquiers. Claude Chappe avait un moment songé à mettre
sa découverte au service du commerce et même de la presse,
mais Bonaparte, sous le Consulat, s'y était opposé. Un
financier, Alexandre Ferrier, après consultation des plus éminents
juristes du moment, décide de créer des lignes télégraphiques
privées en France, fonde une compagnie à cet effet et met
en route une première ligne entre Paris et Rouen. L'administration
télégraphique, fort inquiète, réalise qu'étant
maintenant dans un Etat de droit, elle est sans protection juridique.
Son directeur, Alphonse Foy, tente d'obtenir la promulgation d'une loi
garantissant le monopole de l'Etat, et soumet à plusieurs reprises
des projets au président du conseil. Mais
le ministre de l'intérieur a, en ces années 1831-1834, d'autres
préoccupations plus urgentes, il se contente, par des manoeuvres
dilatoires, à la limite de la légalité, de décourager
Ferrier et ne se presse pas de faire étudier et voter une loi.
Les choses restent en l'état jusqu'en 1836,
année où éclate un scandale
à Bordeaux. Depuis quelque temps, les agents de change et les
assidus de la Bourse de cette ville commencent à trouver étrange
le " flair " particulier de deux banquiers bordelais, les frères
Blanc. Entre 1834 et 1836, afin de connaître avant tout le monde
la clôture des cours de la vente à la Bourse de Paris. Le
piratage a été rendu possible par la corruption d'un agent
télégraphique de Tours, qui ajoutait discrètement
le chiffre du cours aux messages envoyés par l'État. Ceux-ci,
un ou deux jours avant l'arrivée du courrier transmettant la cote,
vendent avant la baisse, ou achètent avant la hausse, réalisant
de fructueuses opérations sur la vente d'Etat, le fameux 3 %, base
des fortunes de l'époque La divulgation de
cette manuvre a contribué au vote de la loi de 1837 sur le
monopole public des communications télégraphiques.
Plus tard en 1850 Louis Napoléon Bonaparte permettra
lusage du télégraphe pour la correspondance privée
tout en maintenant le monopole, cest le début du service
public.
sommaire
Ce n'est qu'en 1844 que le gouvernement français songea
sérieusement à étudier la question de la télégraphie
électrique, alors que en 1838, Morse
était déjà venu à Paris, présenter
son télégraphe (le plus évolué pour cette
époque) à l'Institut de France auprès du baron von
Humboldt, François Arago et d'autres scientifiques, Morse
avait obtenu son brevet le 18 août 1838, premier brevet
au monde pour son télégraphe électrique traçant
(qui écrit) .
Le télégraphe de Morse utilisait un cylindre sur
lequel un ruban de papier était entraîné par un mécanisme
d'horlogerie, un stylet encré relié à l'armature
de l'élecro-aimant récepteur traçait les impulsions
courtes et longues sur le papier en mouvement (point et trait) .
Morse a inventé l'alphabet Morse permettant de traduire les séquences
de traits et points en caractères alphabétiques (peut importe
la langue).
Cependant, Alphonse Foy administrateur des lignes télégraphiques
françaises, responsable de plus de 1 000 opérateurs de stations
de télégraphe optique, dont la plupart étaient
analphabètes, doutait que son peuple puisse apprendre l'alphabet
Morse.
En 1839, sans autre justification, Foy informa Morse
que son système ne sera pas en France !!!
Cependant, Foy organisa une mission en Angleterre pour étudier
le télégraphe éléctrique à aiguilles
en experimentation depuis 1837 par Cooke et Wheatstone.
Foy demanda à Louis-François
Breguet, petit-fils d'Abraham-Louis Breguet et fournisseur
régulier du télégraphe optique, de fabriquer un télégraphe
électrique à aiguilles reproduisant les mouvements du sémaphore
pour faciliter la transition de la télégraphie optique à
la télégraphie électrique en France.
Le télégraphe Breguet-Foy qui en a résulté
utilisait deux aiguilles, ce qui pouvait montrer huit positions
sémaphoriques différentes.
Il fut d'abord expérimenté entre Paris, Saint-Cloud et Versailles
en 1842.
-
La Maison Breguet est fondée en 1783 par lhorloger Abraham
Breguet, originaire de Suisse
Depuis 1833, elle est dirigée par Louis Breguet, qui développe
lactivité de son père en se lançant dans la construction
dappareils scientifiques.
En 1845, il est récompensé pour ses travaux sur la télégraphie
électrique par la Légion dhonneur. Il est élu
à lAcadémie des sciences en 1874.
1842, des tests approfondis ont été effectués
simultanément avec les équipements télégraphiques
optiques utilisés la nuit.
Les expériences ont clairement montré que les performances
du télégraphe électrique étaient de loin supérieures
à celles du télégraphe optique.
Un essai comparatif de télégraphes électriques a ensuite
été effectué le long de la voie ferrée entre
Paris (Gare Saint-Germain) et Rouen en mai 1845.
Trois types d'équipements différents ont été
testés: le télégraphe à deux aiguilles Cooke
et Wheatstone, le télégraphe à deux aiguilles Breguet
et un télégraphe d'écriture élaboré cette
année-là par M. Dujardin.
Suite aux tests effectués les 11 et 18 mai 1845, les équipements
Breguet
ont été installés cette même année sur
la ligne ferroviaire Paris-Rouen entre Paris et Lille. Breguet
a très vite remplacé le télégraphe à
deux aiguilles à deux fils par un télégraphe pas
à pas à un fil plus avancé (similaire au télégraphe
à pointeur Wheatstone et Cooke).
Le télégraphe Breguet, également appelé
télégraphe français, était un équipement
standard sur les chemins de fer français pendant de nombreuses années,
il a même été exporté au Japon, où
le service télégraphique public a été inauguré
en utilisant le télégraphe de Breguet et modifié pour
lutilisation de caractères japonais.
En 1851, le réseau Français posséde
5 000 km de lignes pour 556 stations. Puis sera de 23 000 stations en 1864
et 55 000 en 1877 pour 4587 bureaux.
Le premier câble sous-marin international a été
posé en 1851 entre lAngleterre et La France, le télégraphe
s'étend sur le monde.
La principale réalisation de la télégraphie électrique,
en plus de faire de linformation un produit de valeur et daméliorer
sensiblement la sécurité et la fiabilité du transport
ferroviaire, a été la création dune infrastructure
de télécommunication internationale; une condition préalable
au développement des télécommunications mondiales.
Les progrès de la télégraphie
électrique furent timides , jusqu-à l'arrivée de M.
de Vougy comme directeur général des ligues télégraphiques,
le 28 octobre 1853. S'en suivi un système de télécommunication
plus efficace
La guerre franco-allemande de 1870-1871,
parfois appelée guerre franco-prussienne ou guerre de 1870,
est un conflit qui oppose, du 19 juillet 1870 au 28 janvier 1871,
la France à une coalition d'États allemands dirigée
par la Prusse et comprenant les vingt-et-un autres États
membres de la confédération de l'Allemagne du Nord,
ainsi que le royaume de Bavière, celui de Wurtemberg et le
grand-duché de Bade. Cette guerre fut considérée
par le chancelier Otto von Bismarck comme une conséquence
de la défaite prussienne lors de la bataille d'Iéna
de 1806 contre l'Empire français.
La victoire entraîne l'annexion par
le Reich de l'Alsace (excepté le Territoire de Belfort)
et d'une partie de la Lorraine (Moselle actuelle), que la
France ne récupérera qu'en 1918 à la suite
de la Première Guerre mondiale.
Carte Alsace Lorraine 1871-1918 ,
Voir la page Allemagne.
En 1870 Alfred
Niaudet
neveu de Mr Louis Bréguet
,
organisait
le service télégraphique de larmée du
Rhin ; enfermé à Metz, il créa un système
de communications aériennes pour tromper le blocus. Habillé
en civil, il sen échappait pour rejoindre les armées
de la Défense nationale.
|
|
On ne va pas trader à revoir ce Mr Niaudet
quelques années plus tard, contribuer à l'histoire qui nous
intéresse : le téléphone.
1873 A cette date, le télégraphe est rattaché à
ladministration des Postes.
Le 6 décembre, lAssemblée Nationale vote la fusion
de la poste appartenant au ministère des finances et du télégraphe
au ministère de lintérieur.
Celle ci ne deviendra effective que dans les années 1876 et 1877.
sommaire
Transmettre la parole à distance avec l'électricité
1854 Les travaux de Charles Bourseul,
alors ingénieur Français au télégraphe décrit
le concept de la téléphonie dans un article.
Le professeur allemand Philipp Reis, avait construisit
un instrument reproduisant des sons électriquement, mais suscitèrent
pourtant peu d'intérêt.
Il faudra attendre encore 20 ans et les travaux de A.G.
Bell pour réaliser le premier appareil de téléphone
breveté à cette époque .
Bien avant 1876 les téléphones
acoustiques étaient d'usage dans beaucoup de maison, propriétés,
bureaux, entreprises ... pour communiquer d'un point à un autre
sur une courte distance : voir la page "Téléphone
acoustique".
1876 LA DECOUVERTE DU TÉLÉPHONE
ELECTRIQUE
|
En France, ce fut une tête couronnée qui
affirma l'existence et vanta le mérite de la nouvelle découverte
issue du génie américain A.G.Bell.
L'Empereur du Brésil, don Pedro I er, qui venait de visiter
l'Exposition universelle de Philadelphie en 1876 , et avait été
mis par l'inventeur au courant de tous ses travaux, il arriva à
Paris, à la fin de l'année 1876.
Dans Les
Annales Télégraphiques de 1876 , l'administration
des télégraphes n'est pas très bavarde, voici ce
que l'on peut lire page 613 :
Télégraphe parlant
On fait certain bruit depuis quelques jours autour d'une « véritable
merveille télégraphique », pour employer l'expression
dont on s'est servi.
On viendrait de découvrir tout dernièrement le moyen de
transmettre la parole à des distances quelconques. Il suffirait
de parler a portée
du télégraphe pour se faire entendre d'un bout a
l'autre de l'Europe. On chanterait a New-York et l'on entendrait à
Londres.
Le morceau de musique joué à Paris serait entendu à
Vienne, et réciproquement. On pourrait, avec un fil télégraphique,
faire assister toute la province a l'audition d'un opéra nouveau,
de la vraie musique de chambre, cette fois
Rien n'empêcherait de louer son fil télégraphique
et d'entendre a domicile le meilleur orchestre du monde. J'en passe...
L'avenir nous réserve très-vraisemblablement de pareilles
surprises; mais n'allons pas si vite.
La nouvelle est vraie en principe : on peut transmettre des sons par un
fil électrique; on peut même reproduire, tant bien que mal,
à distance, une mélodie, c'est exact; la nouvelle est vieille,
et il n'est pas inutile de rétablir les faits sous leur véritable
jour.
Après l'exposition de Philadelphie ou l'on dévoile
au monde le téléphone de Bell, la nouvelle se propage
vite par la presse d'abord aux Usa, dans les journaux locaux, puis en
Angleterre, en Allemagne et enfin France dans la presse scientifique comme
"Les Annales Télégraphiques", dans des rapports
de scientifiques comme celui du plus illustre Th.
Du Moncel , de même dans les nombreuses conférences
que Bell organise.
Les articles publiés dans les numéros du
25 Mai et du 25 Juin 1877, pages 559 et 596, du "Le journal télégraphique",
revèlent tardivement aux scientifiques les progrès en télégraphie,
les noms et travaux de Reis et Paul de la Cour :
En 1860, Philipp
Reis, a produit un "téléphone"
qui pouvait transmettre des notes de musique, et même un mot ou
deux zézayant ; et une dizaine d'années plus tard, M. Cromwell
Fleetwood Varley, F.R.S., un électricien anglais connu, a breveté
un certain nombre de dispositifs ingénieux pour appliquer le "téléphone
musical" pour transmettre des messages en divisant les notes en signaux
courts ou longs, après le code Morse, qui pourrait être interprété
par l'oreille ou par l'il en leur faisant marquer un papier en mouvement.
Ces inventions n'ont pas été mises en pratique ; mais quatre
ans après, Herr Paul la Cour, un inventeur danois, a expérimenté
un appareil similaire sur une ligne de télégraphe entre
Copenhague et Fredericia dans le Jutland. Dans celui-ci un diapason vibrant
interrompait le courant qui, après avoir traversé la ligne,
traversait un électro-aimant, et attirait les branches d'un autre
diapason, lui faisant frapper une note comme la diapason émetteur.
En brisant la note à la station émettrice avec une touche
de signalisation, le message était entendu comme une série
de bourdonnements longs et courts. De plus, les bourdonnements étaient
amenés à s'enregistrer sur papier en transformant le récepteur
électro-magnétique en relais, qui actionnait une imprimante
Morse au moyen d'une pile locale
Dans la revue
"Le monde illustré" du 17 Mars 1877
on annonce briévement ce nouveau procédé de communication
.
Agrandir
Au Usa, depuis mai 1877 commence alors
l'essor du téléphone quand Bell présente au public
son invention sous une nouvelle forme imaginée par le professeur
Preece : "the Hand Telephone" ou
"Téléphone à Main" aussi appelé
"butterstamp" aux Usa.
l'intégral
du scientific American du 6 octobre 1877, le monde découvre le Hand
Téléphone
Après des mois d'améliorations et d'expositions
publiques de son invention aux États-Unis, Alexander Graham Bell
se marie le 11 juillet 1877 à Cambridge, dans le Massachusetts.
Son épouse, Mabel, était la fille de Gardiner Green Hubbard,
un sponsor de longue date de son travail, qui seulement deux jours auparavant
avait été élu administrateur de la nouvelle Bell
Telephone Company.
Le 4 août, le couple s'embarqua pour l'Angleterre, emportant
avec eux une réserve de téléphones pour ce qui était
censé être un court voyage de noces comprenant quelques activités
promotionnelles, mais la grossesse précoce de Mabel rendait conseillé
un séjour plus long. Ils ne furent de retour en Amérique
avec leur petite fille que le 10 novembre 1878.
Pendant ce temps, les Bell s'installèrent à
Londres, mais les conférences et les engagements commerciaux de
l'inventeur l'amenèrent dans de nombreux endroits en Grande-Bretagne
et en Irlande, ainsi que il s'est avéré à
Paris, à au moins trois reprises.
Ce qui suit est un bref compte rendu de ces voyages, s'appuyant en grande
partie sur les informations contenues dans les lettres familiales mises
à disposition sur Internet par la Bibliothèque du Congrès
des États-Unis. On tente de replacer ces voyages dans le contexte
auquel ils appartiennent, c'est-à-dire les débuts de l'histoire
du téléphone en France.
En Europe, l'épopée du téléphone commence
d'abord en Angleterre, au retour de l'exposition de Philadelphie,
Sir W. Thomson (Britanique).
présente le téléphone de Bell comme la "merveille
des merveilles", au sein de l'association britanique réunie
à Glasgow en septembre 1876.
Très impressionné par la découverte
de Bell et la démonstration
auxquel il assista le 25 juin 1876 à
l'Exposition universelle de Philadelphie, Sir William Thomson,
obtint une nouvelle démonstration en privé le lendemain
et avant de s'embarquer pour l'Angleterre, il est passé par Boston,
c'est la que Bell lui a donné un ensemble de téléphones
comme ceux qu'il avait vus à Philadelphie, c'est à ce moment
que commence l'aventure du téléphone en Europe.
Si on relit la presse française de l'époque
dans le Petit Parisien du 31 mars 1877, on y découvre
les premiers propos sur le Téléphone
GAIS PROPOS
On annonce une merveilleuse découverte : la sécurité
des maris en voyage, la tranquillité des femmes jalouses, la
joie des hommes politiques et des diplomates ! Demandez, mesdames
et messieurs, demandez le téléphone.
Bien entendu, la chose nous vient d'Amérique, cette terre féconde
en inventions, en attractions de toute sorte. Il n'a pa suffi à
l'Amérique d'inonder l'Europe de clowns et de doctoresses,
d'acrobates et de Barnums; non contente de faire désolations
à Oifenbach et à Blondin, de donner un asile aux Mormons
et à quelques douzaines de sectes également bizarres,
elle vient d'inaugurer le téléphone.
L'expérience a été, parait-il concluante. On
donnait un concert à New-York et les exécutants étaient
à Philadelphie. Eh bien! mesdames et messieurs, interrogez
les dilettantes qui assistaient au concert; personne n'a perdu la
moindre vocalise de la prima donna le plus léger trille du
ténor; aucune nuance de l'ophicléide n'est restée
en route; tous les mugissements du violoncelle sont arrivés
à destination avec une exactitude parfaite. Très sérieusement,
le téléphone offre d'inépuisables ressources.
Un mari soupçonné par sa femme se prétend-il
obligé de passer toutes les soirées à son ministère
? Madame installe subrepticement un téléphone communiquant
avec le bureau conjugal, et acquiert bientôt la conviction que
l'infidèle n'y met jamais les pieds. Pas le plus léger
bruit qui signale la présence du coupable. Le bureau reste
vide, le téléphone n'apporte aucun son. Un jeune étudiant
en droit affirme t'il à sa famille qu'il travaille toute l'après-midi,
chez son répétiteur ? Ici, encore, l'emploi du téléphone
est indiqué.
Qne M. de Lorgeril éprouve un pressant besoin d'assurer le
roi de son dévouement, que M. de Rajuste veuille mettre-son
cur enflammé aux pieds du saint-père, ces honorables
pourront se satisfaire, sans le moindre déplacement, sans frais
de voysge le téléphone ne sera-t-il pas là .
Et quelle admirable application du nouvel instrument au régime
patlamentaire . Sans se déranger, sans affronter un aréopage
toujours inquiétant, le député prononcerait un
discours au milieu de ses électeurs charmés et attendris
il parlerait à Brives, à Dinkerke ou à Landernau,
et le téléphone porterait ses paroles à Versailles,
où elles seraient recueillies par les sténographes.
Le même appareil transmettrait la réponse de l'adversaire.
MM. Mitchel ou Tristan Lambert interrompraient, M. Grévy les
rappellerait à l'ordre, toujours par téléphone.
Au lieu d'orateurs à la Chambre, on aurait ainsi des orateurs
en chambre, une forme nouvelle du parlementarisme.
A la rigueur, un député empêché par un
enrouement ou par une partie de pêche, pourrait se faire remplacer
par quelqu'un de ses électeurs doué d'une belle voix
de tambour :de ville ou le chantre de la paroisse.
PIERRE BENOIT. |
Dans la presse technique, "Extrait
de l'exposé sur l'électricité de TH Du Moncel"
(en pdf avec les gravures)
Puis à peine un an plus tard en juillet
1877 , M. WH Preece, qui devint
plus tard Sir William Preece, ingénieur
en chef de la poste, avec Bell présentent le téléphone
à la British Association à Plymouth.
Dans la presse scientifique, en 1877-78,
voici ce qu'écrit Th. Du Moncel, notre Scientifique
Français
Ce téléphone, en effet, reproduisait les mots articulés,
et ce résultat dépassait tout ce que les physiciens avaient
pu concevoir. Cette fois ce n'était plus une conception que l'on
pouvait, jusqu'à preuve contraire, traiter de fantastique : l'appareil
parlait, et même parlait assez haut pour n'avoir pas besoin d'être
placé contre l'oreille.
Côté administration des Télégraphes, dans les
Annales
télégraphiques page 180-181 , page 218 à
224 on décrit les appareils de Bell en 1876, page 267 on reprend
les informations du journal officiel sur une liaison entre New-York et
Philadelphie, un peu de théorie sur le téléphone
de Bell et Varley page 537 à 542 , on parle déjà
des progrès comme le téléphone d'Edison,
page 548 à 551.
En pages 552 à 60 on décrit l'exposé de Preece
à Plymouth Angleterre ... l'administartion s'interesse
surtout à la télégraphie, ne voyant pas venir que
le téphone va profondément changer le moyen de communiquer.
Le 25 Juillet 1977 Bell
déposera le brevet no 119 626 en France ,
"pour des perfectionnements dans la téléphonie électrique
ou la transmission des sons comme dépêches télégraphiques,
ainsi que dans les appareils téléphoniques.
C'est aussi la revue scientifique "Le journal
télégraphique" du 25 septembre 1877 qui présente
cette découverte
La téléphonie.
Le Journal télégraphique a déjà à
plusieurs reprises entretenu ses lecteurs des expériences faites
dans des directions différentes par MM. Elisha Gray, Graham
Bell et Paul la Cour pour développer l'idée primitive
de Reiss sur la transmission du son par l'électricité.
Les articles publiés dans nos numéros du 25 Mai et du
25 Juin derniers, pages 559 et 596, ayant fait connaître avec
quelque développementles résultats des essais de M.
La Cour, nous uous occuperons surtout ici des études
des autres inventeurs parmi lesquelles, celles de MM. Graham Bell
et Elisha Gray ont déjà obtenu des résultats
remarquables.
M. Bell s'est attaché plus spécialement à perfectionner
son instrument en vue de la reproduction de la voix humaine, tandis
que M. Gray cherche d'une manière générale la
reproduction du son ou le perfectionnement du système électro-harmonique.
Aucun des deux inventeurs n'exclut, d'ailleurs, les expériences
spéciales faites par l'autre.
M. Graham Bell a organisé dans différentes villes des
Etats-Unis des séances publiques où des phrases de conversation
et des discours tout entiers sont transmis par le fil télégraphique.
Dans d'autres occasions il a transmis des mélodies et autres
productions musicales.
D'après le Télégraphie Journal, vol. V, pag.
65, M. Bell a fait à Salem sur son système une conférence
que son appareil téléphonique reproduisait en même
temps à Boston, soit à une distance de 29 kilom. On
prétend même que l'auditoire de Boston aurait entendu,
quand l'orateur a cessé de parler, les applaudissements de
l'auditoire de Salem. Le 23 du même mois des expériences
semblables auraient été faites également avec
succès entre les deux mêmes villes, non plus avec la
parole humaine, mais avec un orgue et avec un cornet. Un peu plus
tard, elles furent tentées sur une plus grande échelle
entre Boston et Providence, avec des circuits de 190 et de 240 kilom.
D'après le Journal of the telegraph (vol. X, pag. 100,102 et
107), les essais auraient rencontré alors beaucoup plus d'obstacles
que sur des lignes courtes. L'on serait parvenu cependant à
distinguer les paroles et même à reconnaître les
particularités de timbre de voix de différents orateurs.
L'imprésario Strakosch, dont le nom est bien connu aussi en
Europe, s'est déjà emparé de la nouvelle invention.
Il a donné dans différentes grandes villes des Etats-Unis
des concerts où, en dehors des productions musicales ordinaires,
il a fait entendre des morceaux exécutés dans une autre
ville et transmis par l'appareil téléphonique.
Les résultats ainsi obtenus ont encouragé un riche particulier,
M. Williams, à faire établir entre ses propriétés
la première ligne expressément affectée à
la téléphonie. Cette ligne dont l'étendue est
de 8 kilomètres fonctionnerait très-bien et permettrait
d'entretenir à cette distance une conversation aussi facilement
que si les interlocuteurs se trouvaient dans la même pièce.
Quant aux dispositions de l'appareil téléphonique de
Bell, voici la description qu'en donne M. Cardarelli dans YElettricista
(tome lor, page 56).
« L'appareil transmetteur se compose essentiellement d'un petit
tube en laiton, d'un diamètre de 7cm. Une des ouvertures est
fermée par une membrane tendue extrêmement mince au milieu
de laquelle est collé à l'extérieur un petit
disque de fer doux de forme ronde ou allongée. Ce petit disque
est placé tout près des pôles d'un électro-aimant
à une distance que des vis micrométriques permettent
de régler à volonté. L'appareil
est disposé de façon qu'on puisse parler dans le tube.
Le fil de la bobine de Pélectro-aimant communique avec la ligne
et par celle-ci avec le récepteur à l'autre station.
Le récepteur est également très-simple; il se
compose d'un électro-aimant à une seule bobine, enfermé
dans un tube de fer qui, entre autres fonctions, a pour effet de condenser
l'intensité du champ magnétique. L'ouverture du tube
de fer est fermée par une feuille de fer doux très-mince
fixée par un seul point au tube qui dans toutes ses autres
parties peut vibrer librement.
Cette feuille mince de fer est influencée par les courants
qui traversent la bobine de l'électro-aimant et répète
par conséquent les vibrations de la membrane du transmetteur.
Les deux appareils, le transmetteur et le récepteur, sont montés
sur des caisses de résonnance pour renforcer le son.
« Quand une parole où note est émise dans le tube
par la voix ou l'instrument, la membrane vibre à l'unisson
avec elle et le morceau de fer doux: en face de l'électro-aimant
vibre également et induit dans ce dernier une série
de courants électriques qui passent par là ligne et
la bobine de l'électro-aimant du récepteur de la station
de réception. La feuille mince de fer doux du récepteur
est aimantée et désaimantée à l'unisson
avec les vibrations de l'air dans le tube du transmetteur. Ainsi le
son ou la parole articulée se transmet fidèlement d'une
extrémité de la ligne à l'autre ».
D'un autre côté, MM. Cecil et Léonard Wray (Télégraphie
Journal, vol. V, page 38) ont récemment imaginé une
nouvelle forme de téléphone que l'on peut considérer
comme inspirée directement par l'invention primitive de Reiss.
Dans leur système, MM. Wray font usage d'une membrane intermédiaire
entre la voix et la membrane de transmission. Cette dernière
consiste en une feuille mince de gutta-percha au milieu de laquelle
est fixée une petife rondelle de platine portant deux fils
de cuivre recourbés et plongeant dans deux godets remplis de
mercure. La rondelle peut ainsi être mis en communication continue
avec un pôle d'une pile sans que la membrane soit en aucune
façon gênée dans ses vibrations. Au-dessous de
la rondelle est une pointe en platine à une distance qui peut
être réglée par une vis micométrique, de
façon qu'à chaque oscillation de la membrane la pile
soit fermée et ouverte une fois. Le récepteur se compose
de deux électro-aimants juxtaposés avec des noyaux libres
d'un côté qui reproduisent les vibrations de la membrane.
Le son est également renforcé par une disposition de
résonnance.
Malgré les beaux résultats obtenus de nos jours avec
la téléphonie, il nous paraîtrait encoi'e prématuré
de se prononcer dès maintenant sur son application pratique
et durable. L'avenir nous dira prochainement, sans doute, si ce nouveau
mode de communication électrique est appelé à
sortir des limites des succès de cabinet et des expériences
de curiosité, pour entrer dans le domaine plus vaste de l'exploitation
pratique qui subirait alors
une transformation radicale. |
sommaire
A la réunion annuelle de l'association Britanique
(BAAS) à Plymouth au mois de septembre 1877,
on apprit les progrés fait depuis et W.Preece,
avec la participation de Bell, ils firent la première démonstration
pratique avec la fameuse paire de Hand-Téléphones amené
par WH Preece.
A
cette réunion Alfred
Niaudet, neveu de Mr
Louis Bréguet (père) et
célébre constructeur de matériel éléctrique
chez Bréguet, qui
parle couramment l'Anglais et qui est aussi membre de la "Society
of telegraph Engineers", le lendemain Niaudet
recoit des mains même
de l'inventeur une paire de téléphones (photo ci
contre au musée du cnam) pour les amener en France.
Niaudet est aussi membre de la Société Française
de Physique dès sa fondation et deviendra administrateur de
la Société Générale des
Téléphones en 1880.
Ces deux téléphones traverserent la Manche, dans une
boite fermée à clef. Ils étaient en bois de frêne
blanc tout à fait rustique et assez semblable à un bilboquet,
la paire sera par la suite, donnée par la veuve A.Breguet au
Musée des arts et métiers à Paris en 1884 et
y sont toujours visibles.
Breguet sans tarder fit une présentation devant un petit
comité apartenant à l'institut et Collége de
France.
Fin septembre 1877 Niaudet et Breguet organisent une présentation
à l'Académie des Sciences à Paris.
|
|
A. Niaudet fait ses premières expériences et
une présentation à Paris début novembre 1877 et termine
en annonçant que M. Bell lui avait formellement promis de venir bientôt
à Paris et dy prendre la parole dans une réunion scientifique.
Ce sera une fête pour les admirateurs de lheureuse invention
du téléphone.
Entre temps le beau père de Bell
G. Hubbard envoi à A. Graham Bell qu'il surnommait
Alec, un courrier de recommandations et principalement de joindre le nouveau
partenaire pour la France
(Cliquez
sur ce lien pour consulter l'original)
Lettre de Gardiner Greene Hubbard à Alexander Graham Bell.
Washington, D. C., 30 novembre 1877.
Cher Alec :
Vos deux "gribouillis" sont arrivés
hier. M. Pollok dit de ne pas retirer de brevets à
l'étranger avant d'en faire la demande ici, car ce faisant,
vous faites dépendre ce brevet de la durée de vie
du brevet anglais et raccourcissez sa durée de vie de trois
ans. Nos brevets durent dix-sept ans l'anglais pour quatorze ans
seulement.
Ne souscrivez pas de brevet conjoint avec Varley, car vous
ne pouvez pas être co-inventeurs des deux côtés
de l'Atlantique, mais il peut être délivré au
nom de vous et de Varley, le but est d'empêcher Varley
d'utiliser le brevet sauf avec votre consentement.
J'envoie également par ce courrier un certain nombre de pétitions
pour des brevets.
Vous pouvez remplir cette pétition puis rédiger la
spécification qui vous convient.
Celui-ci peut être déposé, modifié et
retiré chaque fois que vous êtes prêt.
Vous devez prêter serment à la pétition devant
le conseil américain. M. Pollok m'a donné le nom de
son correspondant à Londres mais j'ai oublié. Je pense
que c'était Johnson Lincolns ? Sur le terrain, il
dit qu'il est le meilleur d'Angleterre, mais que l'on peut mieux
dessiner une spécification que n'importe quel agent de brevets.
Nous nous en sortons très bien avec les téléphones.
De nouvelles commandes arrivent tous les jours.
J'ai écrit par ce Steamer au Col. Fahland, inspecteur
militaire des télégraphes de Berlin, en réponse
à une demande et lui ai envoyé des téléphones.
J'ai également écrit à James Pond, à
Bismarck Platz, Dresde, lui demandant d'agir temporairement
comme notre agent en Allemagne.
Il est fortement recommandé par M. Landenand Judge Home.
Nous lui avons envoyé quatre téléphones
il y a deux semaines.
Veuillez correspondre avec lui. Je lui ai demandé d'aller
à Berlin et de voir Siemens, de savoir ce qu'ils font et
s'ils veulent agir comme nos agents. S'il vous plaît ne soyez
pas trop pressé, si vous le faites, vous ferez une grande
erreur... ni Siemens ni personne d'autre ne
fera grand-chose qui les rendra responsables de dommages et intérêts
envers vous.
Profitez de notre expérience ici et de la vôtre en
Angleterre.
Combien avez-vous accompli dans la vente ou la location de téléphones
avec tout en votre faveur.
M. Roosevelt navigue demain. J'espère
que vous n'avez rien fait en France, je pense que vous aimerez
beaucoup M. Roosevelt et que l'arrangement vous plaira. Il
dépend de votre approbation.
Avec tout mon amour pour toi et Mabel.
Je suis toujours à toi.
Gardiner G. Hubbard.
|
Les premières démonstrations en France
se font au Congrès Scientifique du Havre en septembre 1877
Plusieurs savants venant de Plymouth (Angleterre)
sont présents au Congrès Scientifique du Havre qui se
tient peu après les séances de l'Association Britannique
en aout 1877 comme raconté ci dessus. .
"Ils ont assistés aux expériences de M. Bell, ils
ont fait fonctionner eux-même le Téléphone. Ils
ont pu converser avec des amis, à une distance de plusieurs
centaines de metres, et ce n'est pas sans une légitime émotion
qu'ils reconnaissaient la voix de ceux qui parlaient au loin, en approchant
l'oreille de l'ouverture du Téléphone à la station
d'arrivée" (La Nature, 1877).
En septembre 1877, les frères
Alexandre et Louis Poussin, deux industriels Elbeuviens (de
la ville d'Elbeuf, Seine-Maritime, France), lisent dans
le journal scientifique "la Nature" un article donnant
la description d'un "admirable instrument appelé le Téléphone
inventé par le professeur américain Monsieur Graham
Bell"(voir i dessous).
Les frères Poussin, très
intéressés par les nouvelles applications de la science,
se rendent à Paris pour rencontrer Antoine
Bréguet.
Emporté par l'enthousiasme de celui-ci qui vient de déclarer
à l'Institut : "depuis que j'ai ce magique petit instrument,
je ne dors plus", ils demandent à A.Breguet de construire
sur ses indications (sous licence C.Roosvelt) une paire deTéléphones.
Après l'avoir expérimenté, ils décident
d'en faire profiter les membres de la Société Industrielle
d'Elbeuf. Cette société, créée par leur
père en 1857, réunit tout ce que la ville compte de
notables, industriels et commerçants.
En décembre 1877 l'Industriel Elbeuvien écrit :"aujourd'hui,
un Téléphone est à la disposition des membres
de la Société Industrielle qui pourront ainsi confirmer
tout ce que nous avons déjà dit de cet appareil extraordinaire".
Le président de la société, Monsieur Pelletier,
s'empresse de nommer une commission chargée d'étudier
l'appareil. Cette commision organise le 11 décembre 1877 une
expérience décisive : un Téléphone Bell
est installé dans le local de la société, un
fil d'une longueur d'environ six cent mètres va sur la tour
Saint-Jean et revient vers un deuxième Téléphone
situé dans une autre pièce de la société.
Les expériences faites hier ont parfaitement réussi.
A une très grande distance et dans deux pièces fermées,
la commission, divisée en deux groupes, a pu correspondre.
La parole, un peu affaiblie à la vérité, est
parfaitement claire et permet même de distinguer la personne
qui parle. Tous les sons, toutes les syllabes s'entendent parfaitement
bien. Une boîte à musique dont les sons sont assurément
peu intenses, placée à l'une des stations, a fait entendre
à l'autre extrémité les mêmes sons, avec
la plus grande pureté, et l'on distinguait même très
bien le timbre de l'instrument. L'audition était la même
que si la boîte à musique avait été placée
à quelque distance de l'oreille" (l'Industriel Elbeuvien,décembre
1877).
|
sommaire
Les téléphones fabriqués par sa société
ont précédé Bell en France. Une correspondance de
fin octobre et début novembre 1877 indique que son beau-père
en avait envoyé un carton à un certain Le Gay, au 3,
rue Scribe à Paris, destiné aux « agences scandinaves
et autres ». Mais ni Niaudet ni Breguet n'était au courant
de cette livraison.
(Dans la lettre de Hubbard à Bell, 2 novembre 1877. Ce «
Chal Le Gay, pour lequel Hubbard avait demandé à Bell le
13 novembre d'envoyer cinquante appareils supplémentaires, pour
fournir à plusieurs personnes des téléphones pour
essai, est peut-être le marchand parisien Charles Le Gay, mentionné
, en ce qui concerne les exportations de vin vers les États-Unis,
dans le livre Franco-American Commerce / Statements and Arguments in Behalf
of American Industries. Against the Proposed Franco-American Commercial
Treaty, San Francisco, 1879. Il peut également être le même
personne dont le décès a été rapporté
par le New York Times du 10 janvier 1909 : « Paris 9 janvier
Charles Le Gay, ancien Américain, qui vivait à Paris depuis
quelques années, et qui est décédé )
Antoine Bréguet,
qui parle couramment langlais, membre de la Society of Telegraph
Engineers, et à ce titre se rendit aussi à Plymouth pour
faire la découverte de ce « télégraphe parlant
». Il est tout de suite subjugué par le téléphone
dont il se plait à imaginer le développement, et il se fait
confier par Bell une paire dappareils (par Alfred Niaudet) . Rentré
à Paris, plein denthousiasme, Antoine déclare à
des collègues
« Depuis que jai ce magique petit appareil entre les mains,
je ne dors plus ! »
Dans le bulletin scientifique du journal, le Phare de la Loire, on peut
lire :
« Cest Monsieur Breguet qui a joui du précieux avantage
de tenir entre ses mains et dessayer, à son aise, le téléphone.
Pareil à saint Thomas, il a pu croire parce quil a vu et
touché. Aussi sest-il empressé de faire part à
lAcadémie des Sciences de létonnement que lui
a inspiré le merveilleux appareil américain, non seulement
par les résultats incroyables obtenus, mais aussi par la simplicité
des organes qui le composent. La pureté de la voix humaine et ses
nuances sont si bien conservées que lon peut reconnaître
la voix de la personne qui parle »
En effet, le 29 octobre 1877 Antoine
Breguet fait sa communication sur le téléphone de Bell à
lAcadémie des Sciences dont les vénérables
membres vont à leur tour être séduits par le petit
appareil.
Puis il installa le téléphone dans ses ateliers du 39 quai
de lHorloge pour que tout le monde puisse lessayer :
« Nous eûmes le plaisir de voir latelier de M. Breguet
et le cabinet de travail où se trouvait alors le seul téléphone
double quon connût en France. M. Breguet nous fit voir lappareil
et nous pûmes assister à une expérience concluante.
On prévint par une sonnerie les ouvriers qui se trouvaient au troisième
étage. Ils prirent tour à tour le téléphone
en mains et communiquèrent dans le cabinet de travail leurs impressions,
des appréciations sur la température ; ils lurent des fragments
de journal, comptèrent, et enfin lun deux, qui avait
une jolie voix, électrisa positivement, sans jeu de mot, le grand
air de La Fille de Madame Angot.
La voix sortit de linstrument un peu nasillarde, mais fort nette,
et avec ses nuances les plus faibles. Cétait stupéfiant
!
Beaucoup de hauts personnages, de magistrats, de littérateurs,
de généraux, furent reçus par Monsieur Breguet et
lécoutèrent avec attention, curieux
surtout de voir le téléphone. Après avoir vu par
eux-mêmes, après avoir parlé, chanté eux-mêmes,
ils sen allaient satisfaits et émerveillés ».
La Maison Breguet du quai de lHorloge ne désemplit pas pendant
quAntoine expérimente le téléphone devant ses
amis académiciens, et des
représentants de diverses sociétés savantes. Les
commentaires sur les résultats sont unanimes : « cest
merveilleux ».
La Ville de Rouen découvre le Téléphone le
12 décembre 1877
( vous pouvez lire le compte rendu dans le
Bulletin 1877 de la Société industrielle de Rouen de
cette présentation)
Messieurs Gouault et Dutertre,
membres de la Société Industrielle de Rouen, présentent
le Téléphone Bell lors d'une conférence publique
organisée dans la grande salle de l'Hôtel de ville de
Rouen (Seine-Maritime, France).
La Société Industrielle de Rouen se définit
à l'époque comme "une association ouverte à
toutes les bonnes volontés, étudiant les applications
des découvertes de la science, cherchant à propager
l'instruction technique, s'efforçant de vulgariser les procédés
industriels, en un mot, travaillant à faire la lumière
". Elle regroupe près de 700 membres de toutes origines,
chaque département français est représenté
ainsi que la plupart des pays étrangers (Etats-Unis, Russie,
Allemagne, Angleterre, Suisse, Espagne, Belgique, Hollande,...).
Monsieur Gouault présente l'appareil : "le Téléphone
que je vais décrire et expérimenter est le cornet accoustique
portatif. Il remplit les fonctions alternatives de transmetteur lorsqu'il
reçoit la voix, et de récepteur lorsqu'il l'apporte
à l'oreille. Cet appareil se compose d'un pavillon, destiné
à recevoir la bouche ou l'oreille. Derrière ce pavillon,
une membrane métallique en fer doux, de un à deux dixième
de millimètres d'épaisseur, est tendue entre deux pinces
annulaires en bois réunies par des vis en cuive. Cette membrane
est l'appareil vibrant destiné à recevoir l'impulsion
de la parole ou à la reproduire. Derrière cette plaque,
et à une distance mesurée par une fraction de millimètre,
se trouve un système composé d'une bobine entourée
d'un fil de cuivre isolé et d'un aimant central. Les deux fils
de la bobine ressortent de la gaîne en bois de l'appareil par
deux bornes ; l'un est mis en communication avec un fil télégraphique
aboutissant au récepteur ; l'autre est conduit à la
terre, comme dans les appareils télégraphiques ordinaires"
(Bulletin de la Société Industrielle de Rouen, 1878).
Cette description très scientifique cède parfois la
place à une description plus terre à terre : "l'appareil
de Monsieur Graham Bell se compose essentiellement de deux parties
ayant assez l'aspect des patères en bois qui servent à
retenir les draperies" (le Journal de Rouen, 1877). Monsieur
Gouault donne ensuite le principe du Téléphone : "le
premier principe, d'ordre philosophico-physiologique, est antérieur
à Bell ; le second principe, d'ordre purement physique, était
connu de la science et était implicitement renfermé
dans la loi de Lentz. Bell a eu le bonheur d'en trouver le premier,
je crois, une application pratique". Enfin Messieurs Gouault
et Dutertre réalisent une série d'expériences
qui réussissent parfaitement. Ils montrent qu'il est possible
d'entretenir une conversation à distance, un deuxième
poste étant installé dans l'hôtel de la gendarmerie,
à plus de 300 mètres de la salle de conférence.
Ils présentent également leurs essais sur de longues
distances :
le petit appareil que vous avez sous les yeux a été
expérimenté par Monsieur Dutertre et moi-même
jusqu'à 300 kilomètres de résistance locale.
Monsieur Bréguet affirme avoir perçu les sons que transmet
le téléphone avec des résistances de 1000 kilomètres
! Les expériences faites sur des fils de lignes ont été
moins concluantes, en raison même de la grande sensibilité
de l'appareil. C'est qu'en effet les fils voisins des lignes télégraphiques,
soumis à des courants électriques intenses, agissent
par induction sur le fil télégraphique. Ces courants
induits se superposent à l'action principale du Téléphone
et la troublent d'une manière sérieuse. C'est ainsi
que lors d'une expérience opérée sur un fil de
ligne de l'Etat, j'ai entendu très distinctement, superposés
à la voix transmise, les bruits donnés par trois télégraphes
ordinaires du service. On reconnaissait très nettement le fonctionnement
d'un Morse, d'un Bréguet et d'un Hughes. En dehors de ces actions
et de ces inconvénients extérieurs qu'un service général
téléphonique ne comporterait pas, la transmission par
l'appareil de Bell se fait, sur les fils de ligne, à des distances
importantes. On peut citer les expériences faites il y a quelques
semaines, entre Paris et Mantes, à une distance de 58 kilomètres,
lesquelles ont parfaitement réussies".
Monsieur Gouault termine sa conférence en présentant
ce que pourrait être les premières applications du téléphone
: "il remplacera, dans un avenir rapproché, les tuyaux
accoustiques des habitations privées et des manufactures. Il
rendra de grands secours, en campagne, pour les services des avants-postes,
des reconnaissances des aérostats militaires. On peut espérer
même l'utiliser pendant les batailles, lorsqu'il sera devenu
plus puissant. Il aura d'ailleurs toujours cet immense avantage de
n'exiger la présence d'aucun télégraphiste, et
de permettre, dans des cas graves, la relation directe du général
en chef avec les commandants des camps engagés. Son emploi
est dès à présent indiqué pour les expériences
de tir au polygonne, dans le but de remplacer l'espèce de langage
télégraphique constitué par les sonneries au
clairon. Enfin Monsieur Bell fait des recherches pour en réaliser
l'application à la télégraphie transatlantique
et il a la conviction d'y réussir dans un avenir très
rapproché". Le lendemain, Monsieur Gouault organise une
deuxième conférence pour le public. Dans son rapport
annuel de janvier 1878, le président de la société
s'en félicite : "la présence de la foule qui est
venue entendre la conférence publique et gratuite a affirmé
le succès que notre collègue avait eu la veille".
Voici comment le Journal de Rouen relate la conférence : "l'orateur,
après avoir rappelé qu'un simple jouet avait été
le précurseur du téléphone, a présenté
l'instrument et minutieusement décrit les pièces dont
il se compose, puis il a cherché à exposer la manière
dont se fait la perception des sons. Toutes les fois, a-t-il dit,
que nos sens se trouvent placés dans des circonstances différentes,
mais semblables par leur résultante matérielle, ils
transmettent au cerveau les mêmes impressions, et notre individu
se croit absolument dans des conditions identiques ; c'est ce qui
fait que les amputés croient percevoir une sensation dans le
membre qu'ils n'ont plus ; qu'avec le stéréoscope, nos
yeux croient voir des objets en relief, en examinant une image plate. |
La première liaison téléphonique,
le Premier Communiqué de Presse
Le 18 décembre 1877, Monsieur Gouault, invité
par la Société Industrielle d'Elbeuf, donne, "devant
un auditoire d'élite, une conférence sur le Téléphone".
Aprés avoir présenté l'appareil, il passe aux
expériences.
Voici comment le Bulletin de la Société Industrielle
d'Elbeuf relate les faits : "au moyen des appareils de Messieurs
Poussin, une communication a été établie entre
le local de la Société Industrielle et l'Hôtel
de Ville.
Le conférencier et d'autres personnes ont pu converser avec
les personnes placées dans ce dernier local. Des phrases ont
été échangées ; la sonnerie d'une montre,
produite à l'Hôtel de Ville, s'est faite entendre très
distinctement dans la salle où avait lieu la conférence
; on a pu, de la même manière, entendre l'air et les
paroles d'un couplet de chanson".
Enfin, grâce à la complicité de l'Inspecteur des
lignes télégraphiques de Rouen, Monsieur Gouault
va soulever l'enthousiasme de son auditoire.
Réalise-t-il alors qu'il va effectuer la première
liaison téléphonique "commerciale" en Normandie
et probablement le premier communiqué de presse français
? Le Téléphone Bell est alors relié par un fil
qui, tiré du local de la Société Industrielle,
rejoint le bureau télégraphique puis emprunte la ligne
télégraphique Elbeuf - Rouen.
Voici le commentaire du bulletin de la Société Industrielle
:
"une communication a pu être établie entre le local
de la conférence et la guérite télégraphique
de la gare Saint-Sever à Rouen, et vers 10 heures et demie
du soir, Monsieur Gouault transmettait la dépêche téléphonique
suivante :
"Président Société Industrielle d'Elbeuf
à Président Société Industrielle de Rouen.
Une conférence très intéressante sur le téléphone
a été faite ce soir à la Société
Industrielle d'Elbeuf, par Monsieur Gouault, ingénieur. Mis
en communication avec Rouen grâce à l'obligeance de Monsieur
le Directeur des Télégraphes, le conférencier
transmet cette dépêche oralement pour être communiquée
aux journaux : un incendie qui menaçait de prendre de graves
proportions s'est déclaré ce soir rue de l'Hospice.
Un ouvrier a été sérieusement brulé au
bras et à la poitrine. On est actuellement maître du
feu".
"Les termes de cette dépêche ont été
répétés mot par mot, par la personne qui la recevait
à Rouen : la transmission avait donc parfaitement réussie".
A cette date on pouvait acheter une paire de téléphones
pour la somme de 15 francs ce qui équivalait 2 jours de travail
pour un ouvrier qualifié. |
Parallélement,
fin 1877 , Cornelius Roosevelt
Américain (et cousin du futur Président des USA) qui a quitté
sa patrie en octobre 1877 pour s'établir en France; s'intéresse
aux applications de l'électricité, principalement au télégraphe,
multiplie les démarches auprès de l'administartion des Postes
et Télégraphes pour obtenir une autorisation d'installer
un réseau de lignes privées et exploiter un brevet de "Télégraphe
de quartier" en mars 1877, qu'il n'obtiendra pas mais qui lui permettra
de bien connaître l'organisation des Postes et Télégraphes
et de rencontrer les grands directeurs.
Roosevelt informé sur l'invention du téléphone de
BELL, se rend à Washington pour rencontrer le beau père
de Bell, Gardiner Hubbard et lui propose d'acheter les droits français
de son brevet pour l'exploiter en France.
Bell accepte l'accord de Roosvelt et se mettra en relation avec A.
Niaudet (neveu de Mr
Louis Bréguet) qu'il rencontra en Angleterre à la
réunion de Plymouth, car Antoine Breguet
fils parle l'Anglais et est aussi membre de la " Society
of telegraph Engineers
sommaire
C'est donc A.Breguet qui présenta officiellement
le premier téléphone à la séance du
29 octobre 1877 de l'académie des sciences.
Voici comment un journaliste du quotidien " le Temps " relate
l'événement :
" le succès n'a pas répondu complètement aux
espérances des opérateurs. Les sons entendus étaient
peu distincts et les communications avec la salle du premier étage
beaucoup plus difficiles qu'elles ne l'auraient été avec
un tube acoustique "
Antoine Bréguet qui connaissait
bien l'administration des P&T, reussit à organiser un rendez
vous entre A.G. Bell et Mr Pierret, le directeur
des Postes et Télégraphes (qui ne s'appelle pas encore
les PTT). Quelques jours plus tard,
Graham Bell charge alors Antoine Breguet et Cornelius
Roosevelt, de faire connaître le téléphone en France.
En premier lieu, Antoine Breguet, soucieux de préserver la réputation
de haute qualité de la Maison, améliore laspect extérieur
du téléphone.
On peut lire dans le Petit Journal :
« Lindustrie parisienne, si délicate toujours, na
pas tardé à faire une jolie chose dun assez gros bilboquet,
et le téléphone que nous a montré Monsieur Breguet
est véritablement un joli petit objet, quand on le compare à
lappareil rustique apporté de Londres ».
En se lançant dans lindustrie du téléphone,
la Maison Breguet naura de cesse den améliorer les
performances, laspect pratique et lesthétique.
Le 2 Novembre 1877,
en FRANCE , Alfred Niaudet et Antoine Breguet
expérimentent " le téléphone"
devant des membres de l'institut et du collége de France. Voici
un extrait de l'exposé
de A. Niaudet "Mémoires de la Société des
ingénieurs civils" : Volume 30 année 1877.
Ci dessous deux lettres de correspondance entre Bell et
Niaudet sont echangées, la première rédigée
par Alfred Niaudet, le 8 novembre 1877, quelques jours après la
première démonstration dun téléphone
en France ;
« Cher Monsieur, merci infiniment pour votre intéressante
lettre et pour les journaux que vous mavez transmis. Je serai à
Paris pendant six ou huit jours et jespère vous y rencontrer.
Je vous envoie un journal contenant les comptes rendus de ma conférence
ici. Les remarques de Sir William Thomson ont été si brillantes
quelles devraient certainement être traduites en français
et auront un grand poids. En hâte, vôtre, sincèrement.
Alexander Graham Bell. »
La seconde écrite par Alexander Graham Bell le lendemain, 9 novembre,
à Alfred Niaudet. Lettre autographe signée au physicien
Théodore Schneider.
« Monsieur, Pourriez-vous menvoyer une douzaine de brochures
(éclairage industriel par la lumière électrique
Heilmann et Schneider) ou plutôt pourriez-vous me les faire envoyer
par limprimeur Vve Bader et Cie à qui il me serait agréable
den envoyer le prix. Cette brochure mest quelque fois demandée
et je voudrais pouvoir la faire lire aux personnes qui la désirent.
Vous aurez vu par les petits imprimés de la Soc. de Physique que
jai eu le plaisir dy montrer le 2 novembre dernier, les deux
premiers téléphones qui aient été introduits
en France.
Cest une invention bien extraordinaire, dans son état actuel
; elle se perfectionnera certainement, mais dès à présent,
on ne peut se défendre dune certaine émotion quand
on entend la voix dun ami au travers dun fil télégraphique.
Hier soir, nous avons essayé entre Paris et St Germain et malgré
un temps affreux, nous avons entendu bien des mots, reconnu la voix de
notre correspondant, entendu chanter Au Clair de la Lune. Jétais
saisi comme si je navais jamais entendu le téléphone.
Croyez, Monsieur, à mes sentiments dévoués. Alf.
Niaudet. 6 rue de Seine »
Au moment de son mariage, Bell avait fait de son beau-père
le seul dépositaire de ses droits de brevet dans les cinq pays
européens (Grande-Bretagne, France, Belgique, Allemagne et Autriche)
où il avait déposé ou était sur le point de
le faire. Une fois en Grande-Bretagne, où un agent avait déjà
été nommé, il devint de plus en plus préoccupé
par le développement du secteur téléphonique sur
le continent, en partie parce qu'il pensait que si Hubbard le plaçait
sous sa supervision, il pourrait obtenir un revenu supplémentaire
face à l'augmentation des dépenses familiales. Mabel était
certainement du même avis, comme le montre une lettre du 25 octobre
à sa belle-mère, Eliza Symonds Bell « Ensuite, il
y a ses brevets en France, en Belgique, en Allemagne, en Autriche et en
Italie. Tous sauf le dernier sous le contrôle de mon père
en tant qu'administrateur, mais bien sûr, quand il est si loin et
qu'il a tant de choses à occuper à la maison, il ne peut
pas gérer l'entreprise aussi bien que quelqu'un ici pourrait le
faire
Trois jours plus tard, Bell a référé l'affaire à
Hubbard : Il m'a semblé qu'il serait peut-être possible de
faire en sorte que les brevets continentaux nous profitent maintenant
comme demain si un arrangement pouvait être pris pour me nommer
agent général pour ces brevets jusqu'à l'organisation
des sociétés. là avec une commission [...] Il faut
faire quelque chose ici tout de suite sur le continent si j'avais le pouvoir
en la matière je pourrais négocier avec profit je pense.
Telle était la situation lorsque Bell effectuait son premier voyage
à Paris.
sommaire
Bell arrive à PARIS le 21 novembre,
le soir tout juste arrivé de Londres, Bell s'assoit dans sa chambre
de l'hôtel Wagram pour écrire une lettre à sa femme.
Il avait à peine eu le temps de lui raconter la mer agitée
qu'il avait rencontrée entre Folkstone et Boulogne, qu'à
huit heures il fut interrompu par la visite de Niaudet. Après un
entretien de deux heures et demie, il reprend sa lettre : Niaudet se chargera
de traduire et de publier en France une conférence non précisée
de Bell.
Le lendemain, Bell devait voir Le Gay et un autre marchand appelé
Aymler, ainsi que le chef des Télégraphes français,
Pierret, et le ministre de la Guerre, à qui il comptait
donner des téléphones à des fins expérimentales.
Bell et Pierret conviennent de faire des essais sur les lignes télégraphiques
de l'état.
Dès le lendemain A.G Bell communique sur une ligne
spéciale de son domicile de Paris avec Léon Say
au ministère des finances et des postes et télégraphes
puis avec le ministre de la guerre.
Bell a notamment rencontré Antoine Breguet et son
père, Louis F. C. Breguet et ils obtiennent quatre licences
pour la production de postes téléphoniques en France
.
Le 25 novembre Niaudet transporta les nouveaux téléphones
Breguet à la Société Française de Physique,
où il annonça que Bell « lui avait promis »
formellement de venir prochainement prendre la parole lors d'une réunion
scientifique ». Niaudet a également fait une démonstration
du téléphone à l'École Polytechnique lors
de l'ouverture du cours de physique de Jules Jamin et, le 7 décembre,
à la Société des Ingénieurs Civils.
Concernant le voyage de Bell, il existe également
une lettre non datée de Mabel à son mari, qu'elle a dû
écrire le jour même de son départ, juste après
avoir reçu un télégramme de lui de Folkstone Harbour
demandant, entre autres, une lettre d'Aymler *. qu'il avait probablement
oublié d'emmener avec lui. Mabel lui dit de manière encourageante
que plus elle y pense, plus il lui semble important qu'il soit à
Paris.
(* Aymler ou le supposé John Aylmer, ingénieur
civil, au 4, rue de Naples, qui fut en 1877 secrétaire honoraire
en France de la Society of Telegraph Engineers de Londres, et fut nommé
en 1881 secrétaire de la commission britannique pour l'Exposition
internationale d'électricité qui devait se tenir, à
Paris cette année-là.)
Aucun autre document na été trouvé permettant
détablir la durée du séjour de Bell à
Paris. Ce fut vraisemblablement court et malgré sa prétendue
promesse à Niaudet de sadresser à la communauté
scientifique sans aucun engagement public, à en juger par
le silence de la grande presse parisienne. Néanmoins, certains
des cinq journaux examinés, Le Figaro, La Presse, Le Temps, Le
Gaulois et le Journal des Débats, contenaient des informations
sur le téléphone à ces dates. Ils ont notamment fait
état d'une réunion de Louis Breguet avec des journalistes
le 28 novembre, au cours de laquelle il a montré les appareils
et déclaré qu'il les avait essayés avec succès
entre Paris et Mantes-la-Jolie, distantes de 58 km, et qu'il avait l'intention
de répéter l'expérience avec Nancy. Étonnamment,
le 14 décembre, Le Temps publiait un long article sur le téléphone
sous le titre « Chronique », écrit à la première
personne mais non signé, dont le dernier paragraphe contient une
référence intrigante à ce qui a pu être l'impression
que Bell avait de son expérience. voyage:
Il semble qu'au début M. Graham Bell n'ait pas été
enchanté de l'accueil qu'il a reçu en France ; on aurait
pu le prendre pour un excentrique ; c'est l'excuse que la routine oppose
habituellement au progrès.
Hubbard n'a pas répondu aux demandes de Bell pour un rôle
plus actif dans la gestion de l'introduction du téléphone
dans les pays où son gendre lui avait confié le contrôle
des droits de brevet.
Dans le cas de la France, il a décidé de son propre chef
de nommer Cornelius Roosevelt comme concessionnaire. Cousin germain
du futur président américain Théodore Roosevelt,
il appartenait à une riche famille new-yorkaise et était
retourné en Amérique après l'échec de ses
initiatives visant à introduire la télégraphie privée
en France ce qu'on appelle le télégraphe de quartier
ou « télégraphe de quartier ».
Son frère Hilborne Lewis, qui était lun des associés
de Hubbard dans le secteur téléphonique, la peut-être
recommandé en raison de sa connaissance de la langue et des coutumes
française.
Le 1er décembre, Cornelius rentra en France avec une lettre de
présentation pour Bell.
Décembre 1877
A.Niaudet et C. Roosevelt créent la "Societé
Anonymes des Téléphones Bell"
Cest la première société de téléphonie
créée en France . Son siège social est situé
au 1, rue de la Bourse, à Paris.
La Société Anonyme des Téléphones Bell sera
présente à lexposition universelle de 1878.
Cest là où Cornélius Roosevelt rencontre Frederic
Allen Gower et que les deux hommes
décidront de travailler ensemble.
En décembre 1877,
A.G.Bell réalise une communication gare Saint Lazare entre Paris
et Saint Germain
voici ce que l'univers illustré du 22 décembre 1877
rapporte sur l'Expériences faites à Paris avec le téléphone
Siemens
En même temps Breguet faisait une expérience
concluante entre Mantes la Jolie et Paris.
Dans la lettre datée du 29 novembre, Hubbard félicitait
chaleureusement son porteur. Le lendemain, il écrivit en privé
à Bell :
« Je pense que vous aimerez beaucoup M. Roosevelt et que l'arrangement
vous plaira. Cela dépend de votre approbation. Le 11 décembre,
il a insisté uniquement sur la première partie du message
: « J'espère que vous serez satisfait de M. Roosevelt »,
ajoutant : « Il n'a pas autant d'expérience en affaires que
certains, mais il est tout à fait honnête et est plus capable
de organiser une entreprise pour la France que quiconque que nous pourrions
vous envoyer. »
Rien n'indique que Bell ait osé être ouvertement en désaccord
avec Hubbard sur cette question, mais il a certainement pris son temps
pour rencontrer Roosevelt. Il semble que cela ne se soit produit qu'à
l'occasion d'un nouveau voyage. à Paris, où il arriva probablement
le samedi 19 janvier 1878, cette fois après avoir traversé
la Manche de Douvres à Calais.
Cinq jours plus tard seulement, il était de retour à Londres,
selon une lettre datée du 25 janvier de sa femme à sa belle-mère,
qui donne de précieux détails sur ses déplacements
: *
"Il a eu un entretien avec les meilleurs avocats parisiens que
M. Roosevelt a engagés pour poursuivre une entreprise qui contrefait
les brevets d'Alec. Ils ont d'abord dit que le brevet ne valait rien parce
qu'il avait été demandé trop tard, mais Alec a réussi
à les convaincre que l'affaire n'était pas aussi désespérée
qu'ils l'avaient pensé et ils entameront immédiatement la
procédure. Il faudra néanmoins deux ans pour prouver si
le brevet est valide ou non, et les contrefacteurs continueront probablement
à se fabriquer. mais les poursuites en dissuaderont d'autres qui
étaient sur le point de commencer à fabriquer, et dans deux
ans M. Roosevelt aura le temps de s'établir et de faire de bonnes
affaires même si le brevet échoue. Le gouvernement français
reconnaît Alec et c'est une très bonne chose. M. Roosevelt,
qui a consacré il y a quelque temps de longs mois et d'importantes
sommes d'argent à tenter en vain d'obtenir du gouvernement l'autorisation
de construire des lignes privées et de créer une District
Telegraph Co. à Paris, affirme qu'Alec a accompli en une demi-heure
ce que personne d'autre n'a fait. pourrait faire, à savoir obtenir
que M. Perret, sous-ministre des Télégraphes, offre de construire
aux frais du gouvernement un nombre illimité de lignes téléphoniques
privées, et de lui donner toutes les facilités pour essayer
le téléphone sur toutes les lignes gouvernementales.. M.
Roosevelt dit que cela lui a coupé le souffle. Le gouvernement
va ériger une ligne téléphonique de Paris à
Versailles, sur 20 milles, et, à la demande d'Alec, a commencé
dès le lendemain à installer une ligne pour M. Roosevelt.
Alec rendit visite à M. Léon Say, ministre des Finances,
et aux ministres de la Guerre et de la Marine. Lorsque M. Roosevelt a
dit à M. Léon Say que l'impératrice Eugénie
avait demandé à Alec de lui montrer le téléphone,
il a été d'accord avec M. Roosevelt en pensant qu'il serait
bon que le maréchal Mac Mahon le voie d'abord, et il lui demandera
de nommer un jour"
* Depuis l'hôtel Wagram, Bell avait écrit
à sa femme une lettre décontractée, non datée,
portant uniquement la mention « samedi », et qui contient
une description amusante de ses compagnons de voyage dans le train de
Londres à Douvres. Il lui raconte également que sa première
démarche à Paris a été d'envoyer une note
informant Roosevelt de son arrivée.
Selon la lettre de Mabel du 25 janvier, Bell était absent depuis
six jours et est revenu le 24, ce qui concorde avec le fait qu'il soit
parti le 18 et soit arrivé à Paris le 19, un samedi. Un
deuxième voyage plus tôt à Paris devrait être
écarté, entre autres raisons parce que la mère de
Bell lui a écrit ainsi qu'à Mabel le 25 février,
leur disant que Mme Hubbard lui avait envoyé certaines de leurs
lettres : « nous sommes donc assez bien au courant de vos actions.
, jusqu'à ce que vous partiez une seconde fois pour Paris, d'où
nous espérons que vous êtes déjà revenu. Il
est probable que deux lettres non datées de Mabel à son
mari correspondent à ce voyage. Ces lettres pourraient avoir été
envoyées les 20 et 23 janvier et commencer respectivement par «
J'imagine que vous travaillez dur avec M. Roosevelt... » et «
Je n'écrirai qu'une courte note cette fois-ci... »
Dans cette lettre du 25 janvier, écrite juste après le retour
de Bell de Paris, Mabel dit à sa belle-mère qu'« il
devra y retourner dans quinze jours ».
Bell s'était certainement senti obligé de réagir
aux appels de détresse venant de France. Son instrument était
simple et facile à copier, si bien qu'au moins un commerçant
parisien avait réussi à avoir des téléphones
prêts à être vendus à Noël. Il s'agissait
de Guillaume Walcker, propriétaire du Bazar du Voyage, un
grand magasin place de l'Opéra. (Voir, par exemple, Le Figaro du
25 décembre 1877, Le Temps du 30 décembre 1877 et Le Gaulois
du 27 janvier 1878. L'annonce du Figaro a probablement été
motivée par la publicité du téléphone de Walcker
que le journal diffusait la veille)
Roosevelt a immédiatement commencé à annoncer dans
la presse que la Maison Breguet avait été choisie comme
fabricant exclusif et à avertir les fabricants sans licence qu'ils
seraient poursuivis en justice. Mais en vain. Selon une source, Walcker
« fabriquait et vendait environ deux ou trois mille » téléphones
« au mépris des brevets de Bell ». (George Lewis Gower,
frère de Frederick, pionnier du téléphone, dans une
lettre au Chicago Daily Tribune, 3 septembre 1879)
Cette fois, le séjour de Bell à Paris lui valut quelques
articles payants dans au moins deux journaux de la ville. Les rapports
retrouvés se ressemblent, bien qu'ils diffèrent sur les
dates, et font état de manifestations téléphoniques
chez Say ainsi que d'un dîner offert à Bell par son concessionnaire,
en présence de « plusieurs savants français ».
Il est étonnant que Mabel, toujours si désireuse de vanter
les exploits de Bell auprès de sa mère, n'ait pas fait référence
à cette rencontre dans la lettre citée ci-dessus.
sommaire
A Londres pour organiser la logistique de ses conférences
Bell, fait appel à Fréderic
Allen Gower, jeune éditeur du journal "Providence
Press".
Récit dans "Le figuier 1878 "
"L'année scientifique et industrielle"
Le mémoire lu par Bell
à la société des ingénieurs télégraphistes
de Londres le 31 octobre 1877 et a
été reproduit clans le journal de la société.
En février 1878
G.A.Bell encore en Angleterre, repasse en France et offre à Léon
Say ministre des finances et des Postes et Télégraphes,
un appareil identique à celui qui servit à St Lazare .
Cet appareil nommé "the William's coffin" a été
donné au musée des postes et télégraphes puis
au musée des arts et métiers en 1920. Appareil avec un ou
deux récepteur/émetteur (sans microphone)
Lire aussi dans la nature
Petite histoire et parenthèse importante
pour la suite du développement du téléphone en France
et en Angleterre : Frederick Allen Gower
travailla comme éditorialiste chez Providence Press et Star
en 1871. Il est dit que Gower rencontra Bell par hasard,
lorsqu'il perdit un pari avec un autre membre du personnel, le perdant
devant interroger le "fou" qui a pensé qu'il était
possible de transmettre la voix humaine sur des fils télégraphiques.
Intrigué par les idées de Bell, Gower devint agent de
presse de Bell, puis partenaire d'affaires et conseiller en chef,
ce qui en fit un homme riche.
Selon un article paru dans le journal Providence en 1940, Gower aurait
convaincu Bell que le téléphone était une invention
pratique destinée à un usage autre que commercial.
Le journal "LA
NATURE" du 23 Mars 1878, du 27 AVRIL 1878, du 4
MAI 1878.... reproduis presque en totalité la conférence
de M. Bell. faite pour la revue 'La Nature'.
Ce document, inédit en France, nous paraît offrir une importance
capitale ; nous le recommandons à lattention de nos lecteurs.
sommaire
Les premiers téléphones en France sont alors installés
entre le laboratoire et l'atelier sur deux étages diférents
de la maison des Breguet au 39 Quai de l'Horloge, en 1878, la production
de téléphones commence.
Antoine Breguet a présenté son téléphone à
l'Académie française des sciences en 1878.
C'est A. Bréguet fils
début 1878 qui fut chargé, pendant 5 ans de construire les
téléphones pour la France, dans les ateliers Breguet
39 quai de l'horloge à Paris
Compte tenu que aux US, Watson fabriquait manuellement quelques appareils
Bell, on peut onsidérer que ce bâtiment est donc le plus
ancien lieu de production déquipements de télécommunications
au monde.
La maison Breguet chargé de fabriquer les téléphones
brevet bell en améliore l'aspect et la fiabilité.
|
Dans le petit monde des collectionneur, on appelle
ce modèle LA POIRE , savez vous d'ou vient ce petit
nom ?
Réponse : D'une page publicitaire vu dans
"La Tribune des inventeurs, 1891"
"Non, messieurs ! La poire téléphone
nest pas seulement un merveilleux appareil scientifique, mais
encore son prix peu élevé, la solidité de sa
construction, la rapidité de son installation, la facilité
de son emploi, les services infinis quelle rendra la mettent
au premier rang des découvertes modernes dun usage
réellement pratique. "
Modèle Breguet entre
fin 1877 et début 1878 "Pour la France", collection
Jean Godi
Le poinçon Bell représentant un téléphone
ne sera apposé sur les téléphones que jusqu'en
fin 1878 ou Roosevelt racheta à Breguet tous les droits sur
les brevets Bell déposés en commun au cours de cette
année.
|
Ces appareils
étaient vendus 30 francs à l'époque ce qui équivaut
à 350 € actuels, ils étaient
accompagnés de La
Notice
.
Avec les mises en garde, les explications du pourquoi on en trouve
encore beaucoup qui n'ont pas de marque ...
|
|
Lisons le reste de cette notice
Les téléphones peuvent servir à établir
des communications entre deux points ou plusieurs pièces d'une
maison ou d'un édifice quelconque, soit pour des besoins purement
domestiques, soit pour des usages commerciaux, industriels ou administratifs.
Les observations suivantes pourront servir de guide aux personnes qui
auront à établir des communiations de ce genre avec le téléphone
Bell.
1 - pour obtenir le maximum d'effet il faut avoir dans chaque endroit
deux téléphones à main, c'est à dire deux
de ces cornets représentés par la figure suivante
Quant on écoute, on en met un à chaque oreille; il est clair
qu'on entend mieux avec deux oreilles qu'avec une seule et d'ailleurs
en procédant ainsi, on se garanti contre les bruits extérieurs
qui ne peuvent que troubler.
Quant on arle, on présente devant la bouche l'un des cornets et
on parle dans l'embouchure; mais en même temps on garde le second
téléphone à l'oreille pour saisir les moindres interruptions
de son interlocuteur.
2 - Avant de parler à son correspondant, à son employé,
il faut l'avertir qu'on va parler et, en général il faut
une sonnette comme nous le dirons tout à l'heure.
Cependant si l'un des interlocuteurs A est à son bureau et que
le téléphone soit placé assz près de son oreille,
il entendra que B l'appelle, si B crie un peu fort à l'autre bout
du fil et si A a l'habitude d'entendre ses appels.
On peut ùême entendre un cri pouusé à l'extrémité
B dans toute la pièce A si les conditions sont favorables.
Cette manière de faire pourra être employée quand
l'un des interlocuteurs ne pourra pas à raison de son grade ou
de sa position sociale être sonné par l'autre.
3 - On peut d'ailleurs disposer les choses d'une manière dyssimétrique
comme-suit :
Le bureau A n'a pas de sonnette, il n'a qu'une paire de téléphone
et un bouton d'appel. Quand le correspondant A veut appeler B il presse
le bouton et fait marcher la sonnerie B; la conversation s'engage entre
A et B; car le bureau B a, outre sa sonnerie, deux téléphones
pour parler et entendre. Mais il n'a pas dans ce second bureau B de bouton
d'appel. En résumé donc A peut appeler B; mais B ne peut
pas appeler A. Cela suffira dans un grand nombre de cas.
Pour réliser cette combinaison on pourra placer un fil spécial
pour la sonnerie et se servir comme fil de retour de l'un des conducteurs
du téléphone. Ce sera le plus économique et le plus
simple quand la distance ne sera pas grande, car le prix du fil spécial
de la sonnerie sera plus élevé.
Si au contraire la distance est grande il faudra faire usage d'une combinaison
spéciale pour employer les fils mêmes du téléphone
pour faire fonctionner la sonnerie. Cette combinaison sera du genre de
celle que alons faire connaître ci-après.
4 - Dans le cas général c'est à dire dans le cas
ou A et B pourront se sonner indifféremment dans les deux sens,
il y aura dans chaque bureau deux téléphones, un bouton
pour appeler le correspondant, une sonnette eléctrique pour être
appelé par lui, une pile pour fournir le courant aux appels et
enfin un support pour les téléphones au sujet duquel nous
allons entre dans quelques détails.
Ce support ou tablette présentent deux patères sur lesquelles
on place les téléphones. L'une des ces patère est
fixe, mais l'autre est mobile autour d'un axe et fait un petit mouvement
de bascule quand le poids du téléphone change son équilibre.
Ce déplacement entraine un changement de communication; si le téléphone
est à la patère, la ligne est en communication avec la sonnerie;
si au contraire on prend le téléphone à la main,
la patère remt aussitôt, en basculant, la ligne en communication
avec le téléphone.
La maoeuvre se fait de lamanière suivante /
A presse son bouton d'appel, la sonnerie de B se met à tinter;
B presse à son tour son bouton en réponse et la sonnerie
de A se fait entendre. Aussitôt chacun des deux correspondants prend
ses deux téléphones dans ses mains et la conversation commence.
Quand elle est achevée, chacun replace ses téléphones
sur leur patère et chaque bureau se retrouve sur sonnerie; c'est
à dire prêt à recevoir les appels de l'autre.
5 - Si un bureau doit communiquer avec plusieurs autres, si par exemple
le Directeur d'une usine veut parler sucessivement à tous ses contremaîtres,
il suffira dans le bureau central d'une seule paire de téléphones
qu'on emploiera sur l'une des lignes aboutissant aux bureaux secondaires.
Il faudra dans ce bureau central :
-une sonnerie commune pour toutes les lignes,
-un tableau indicateur faisant savoir quelle ligne a appelé, un
bouton d'appel pour chaque ligne, pour appeler le poste correspndant,
-un commutateut pour chaque ligne pour mettre cette ligne en rapport,
soit avec le tableau indicateur (position d'attente), soit avec le bouton
d'appel (position temporaire) soit enfin avec les téléphones
(position de correspondance).
-Une paire de téléphone.
Il n'y aura pas lieu d'avoir ici le système de patère mobile
faisant commutaeur dont nous avons parlé plus haut; mais il sera
indispenssable dans chacun des bureaux ou stations secondaires.
Le 2 Janvier 1878 est indiqué dans "La Nature"
: Très-récemment, dans une soirée donnée à
la préfecture maritime de Cherbourg, on fut fort étonné,
au milieu des salons, dentendre sonner un vulgaire clairon de la
troupe. Le son en était apporté du bout de la digue par
un téléphone dont le perfectionnement est dû à
M. Collard. M. du Moncel, en rapportant ce fait piquant, a indiqué
rapidement en quoi consiste le perfectionnement; mais bien que M. Bréguet
ait donné aussi son explication, nous ne sommes pas assez sûr
davoir bien compris, pour rien dire de plus à nos lecteurs
En 1881, Antoine Breguet transforme lhorlogerie
familiale en société anonyme sous la dénomination
« Maison Breguet » avec pour objet « la construction,
linstallation et le commerce » de matériel électrique
(télégraphie, téléphonie, signaux, éclairage,
transmission de force à distance, etc.).
sommaire
Bell n'a pas pu protégé son brevet dans
tous les pays car son invention s'est très vite propagée.
En Belgique, le premier brevet dimportation relatif au téléphone
fut déposé par Alexandre Graham Bell, dEdimbourg (Ecosse),
professeur de physiologie vocale à lUniversité de
Boston (États-Unis), le 27 juillet 1877, sous le n°
42696, et accordé le 16 août de la même année.
Le brevet français porte la date du 25 juillet 1877.
Nous donnons ci-après les diverses revendications de Graham Bell.
Comme elles nont jamais été reproduites, en Belgique
du moins, nous pensons que leur publication est destinée à
attirer lattention de tous ceux qui sintéressent à
cette admirable invention.
Nous transcrivons en observant lordre indiqué dans le dit
brevet.
1° Dans un téléphone électrique, la combinaison
dun aimant tubulaire avec une membrane en fer, acier ou autre matière
susceptible daction inductive, comme cela a été ci-dessus
décrit;
2° Dans un téléphone électrique, la combinaison
dune membrane en fer, acier ou autre matière susceptible
dune action inductive avec un aimant tubulaire, de manière
que la membrane en fer soit en contact avec un des pôles de laimant
tubulaire et libre de vibrer dans le voisinage de lautre pôle,
le tout devant fonctionner de la manière indiquée et décrite
;
3° Dans un téléphone électrique, comme cela a
été ci-dessus décrit et illustré, un aimant
tubulaire devant être employé pour parler ou pour entendre,
à leffet de conduire les sons dans la direction de la plaque
ou sécartant de la plaque;
4° Dans un téléphone électrique, comme cela a
été ci-dessus décrit et illustré, lemploi
dun aimant servant de poignée pour lever le téléphone
soit à la bouche, soit à loreille;
5° Dans un téléphone électrique, la combinaison
avec un aimant tubulaire et une plaque métallique, dune bobine
de fil métallique isolé remplissant complètement
lintérieur du téléphone, comme cela a été
ci-dessus indiqué et illustré;
6° Dans un téléphone électrique, un aimant tubulaire
composé comme cela a été ci-dessus indiqué
et décrit;
La méthode pour produire des ondulations dans un courant voltaïque
continu en augmentant ou diminuant graduellement la puissance de la batterie,
comme cela a été ci-dessus décrit;
7° La méthode de transmission électrique des sons vocaux
ou autres, en faisant varier lintensité dun courant
électrique, dune manière proportionnelle aux variations
de la densité produite dans lair par les dits sons;
8° La méthode de transmettre électriquement des sons
vocaux ou autres, en faisant varier lintensité et la polarité
dun courant, suivant une manière proportionnelle à
la vélocité et à la direction du mouvement des particules
de lair pendant la production des sons;
9° Lunion sur un circuit électrique et à laide
de ce circuit, de deux ou dun plus grand nombre de téléphones
construits pour opérer comme il a été dit, de sorte
que si larmature platine de lun ou de lautre des dits
instruments soit mobilisée dune manière quelconque,
les armatures de tous les autres téléphones sur le même
circuit seront mobilisées de la même manière et que
si larmature de transmission est mobilisée ou mise en vibration
par un son, des sons similaires seront produits par le mouvement ou vibration
de larmature des autres téléphones sur le circuit
;
10° Dans un système de télégraphie électrique
ou téléphonie consistant en des instruments transmetteurs
et récepteurs réunis sur un circuit électrique. Je
revendique la production, dans larmature de chaque instrument récepteur,
dun mouvement donné quelconque, en soumettant la dite armature
à une attraction variante dune intensité, quel que
soit le mode de production de cette variation dans laimant et doù
je revendique la production dun son ou de plusieurs sons par larmature
de linstrument récepteur, en soumettant la dite armature
à une attraction dont lintensité varie, de manière
à mettre larmature dans cette forme de vibration qui caractérise
le son ou les sons donnés;
11 ° La combinaison avec un électro-aimant dune plaque
en fer, acier ou autre matière susceptible dune action inductive
qui peut être mise en vibration par le mouvement de lair ambiant
ou par lattraction dun aimant ;
12° Conjointement avec une plaque et électro-aimant, les moyens
ci-dessus décrits ou leurs équivalents, pour ajuster la
position des deux, de sorte que sans se toucher, ils peuvent être
montés aussi près lune de lautre que possible
;
13° Dans un téléphone électrique, la combinaison
avec la plaque dun aimant ayant des spères sur lextrémité
ou les extrémités de laimant les plus rapprochées
de la plaque, comme cela a été ci-dessus décrit;
14° La combinaison avec un téléphone électrique,
tel que ceux ci-dessus décrits, dune boîte sonore,
telle que celles ci-dessus décrites ;
15° Conjointement avec un téléphone électrique
ci-dessus décrit, lemploi dun tube pour transmettre
aussi bien que pour recevoir ces sons passant par le téléphone,
comme cela a été ci-dessus décrit;
16° Dans un téléphone électrique, la combinaison
avec un aimant permanent et une armature plaque, dun pôle
en fer doux formant le noyau pour la bobine, comme cela a été
ci-dessus décrit;
17° Dans un système de télégraphie dans lequel
le récepteur vibrant opère lorgane interrompant le
circuit, dun circuit local indépendant du dit récepteur,
comme cela a été décrit, dun organe vibratoire
servant à interrompre le courant pour le dit circuit local, consistant
en un bras à ressort léger dont lextrémité
libre déborde la portion vibrante du récepteur, conjointement
avec une portion du récepteur et conjointement avec une pointe
de contact dans le dit circuit, avec laquelle le dit bras établit
et interrompt le contact comme cela a été décrit;
et
18° Le télégraphe autographe, comprenant la combinaison
dune série de transmetteurs et de fils transmetteurs, un
seul fil de ligne, des récepteurs correspondants en nombre avec
les transmetteurs accordés à un diapason pour vibrer en
unisson avec la succession dimpulsions électriques transmises
de leurs transmetteurs respectifs, organes vibratoires pour interrompre
le circuit, dont un pour chaque récepteur et un circuit local et
fil récepteur pour chacun de ces organes vibratoires, la série
des fils portant sur du papier préparé, le tout pour fonctionner
comme il a été ci-dessus décrit.
Un second brevet fut déposé à Bruxelles, le i3
février 1878, sous le n° 44273B, et accordé
le 28 février de la même année.
Voici quelles sont les revendications indiquées par Graham Bell
dans ce brevet :
1° La méthode sus décrite pour produire ou transmettre
des notes musicales à laide de courants ondulatoires délectricité
et à laide desquels deux ou un plus grand nombre de signaux
ou dépêches peuvent être transmis simultanément
sur un seul circuit dans la même ou dans des directions opposées;
2° Lemploi dans un système de télégraphie
multiple à courants ondulatoires délectricité,
dinstruments récepteurs dont les armatures sont accordées
à des diapasons définis, de manière à vibrer
seulement quand un son de même diapason est transmis, comme cela
a été ci-dessus écrit;
3+ Un système de télégraphie dans lequel le récepteur
est mis en vibration par lemploi de courants ondulatoires délectricité,
comme cela a été ci-dessus décrit;
4° La combinaison sus décrite dun aimant permanent ou
autre corps susceptible dune action inductive, avec un circuit fermé,
de manière que la vibration de lun occasionne des ondulations
électriques dans lautre ou dans lui-même et se revendique
cette disposition, que laimant permanent soit mis en vibration dans
le voisinage du fil de conduite formant le circuit ou que le fil de conduite
soit mis en vibration dans le voisinage de laimant permanent ou
soit que le fil de conduite et laimant permanent soient tous les
deux simultanément mis en vibration dans le voisinage lun
de lautre;
5° La méthode pour produire des ondulations dans un courant
voltaïque contenu par la vibration ou mouvement de corps susceptibles
dune action inductive ou par la vibration ou mouvement du fil de
conduite lui-même dans le voisinage de ces corps, comme cela a été
ci-dessus décrit.
Le payement des premières annuités de ces deux brevets ayant
été négligé, conformément à
la loi du 24 mai 1854, par les arrêtés des 7 avril et 21
août 1881, la déchéance de ces deux brevets fut prononcée.
Doù il résulte quen Belgique, de même
quen France et dans beaucoup dautres pays, les premiers brevets
de linventeur du téléphone sont tombés dans
le domaine public.
Toutefois il nen est pas de même en Amérique et en
Angleterre où tous les droits de linventeur ont été
sauvegardés.
En Angleterre et en France, Bell enchaîne les démonstrations
et fait parler la presse scientifique, il ètablit
la première liaison téléphonique intercontinentale
(36 Km) entre Douvres et Calais sur un seul fil (télégraphique)
et retour par la terre.
Dans l'univers illustré page 754 du
1 décembre 1877, nous lisons dans "la France"
que le téléphone vient de fonctionner entre la France et
l'Angleterre.
Deux cornets acoustiques aimantés ont élé placés
la semaine dernière a Saint-Margaret, sur la côle
anglaise, près de Douvres, et a Sangatte, près de
Calais, puis reliés entre eux par un fil métallique.
Des conversations ont été échangées ainsi
à travers le détroit, les résultats obtenus ont paru
très satisfaisants aux inspecteurs des lignes de Douvres et de
Calais.
Les téléphones qui ont servis à cet événement
sont aujourd'hui chez un collectionneur
Australien
sommaire
En Amérique les premiers téléphones
conçus par Bell (comme la photo ci jointe) fin 1877 seront
appelés de façon populaire "the butterstamp",
pour équiper les premiers clients.
Plus tard la même année , le "Butterstamp"
a été remplacé par le "Coffin Téléphone
" (oui son boîtier fait penser un peu à un cercueil).
Le Coffin est équipé d'un générateur à
magnéto entraîné par une manivelle à main
qui envoie du courant alternatif sur la ligne pour alimenter un dispositif
de sonnerie relié directement au bureau central , afin d'alerter
un opérateur, ou à l'autre correcpondant en point à
point.
( Watson a déposé le brevet de la sonnerie , le 1er
Août , 1878. ) . ,
|
|
Les
lecteurs du journal scientifique "La Nature" découvrent
le "téléphone parlant "pour la première
fois dans la presse spécialisée.
|
Schéma de principe (La nature de 1877)
Page 274, 275 et 276, (extrait du journal la nature de 1877)
et aussi (en
1878)
Page 383, 384
|
Sommaire
Systèmes
Bell , de Bréguet et Roosevelt :
|
Concrétement voici ce qui était
proposé aux premiers clients :
Planche Breguet INSTALLATION CLIENT :
exposé au Cnam à Paris
Sur une planchette d'acajou suspendue à la muraille,
sont disposées d'abord une sonnerie trembleuse ordinaire au-dessous
de laquelle est fixé un bouton transmetteur, et en second lieu deux
fourches servant de support aux deux téléphones et dont une est
adaptée à la bascule d'un commutateur disposé comme une clef de
Morse.
Les deux téléphones sont reliés, par deux fils conducteurs disposés
de manière à être extensibles, à quatre boutons d'attache dont deux
sont reliés directement l'un à l'autre et les deux autres à la ligne,
à la terre et à la pile par l'intermédiaire du commutateur, du bouton
transmetteur et de la sonnerie. Le commutateur A se compose d'une
bascule métallique ac portant au-dessus de son point d'articulation,
la fourche de suspension F' de l'un des téléphones; elle se termine
par deux taquets a et c au-dessous desquels sont fixés
les deux contacts du commutateur, et un ressort presse le bras inférieur
de la bascule de manière à faire appuyer constamment l'autre bras
contre le contact supérieur. Pour plus de sûreté, une languette
d'acier ab adaptée à l'extrémité inférieure de la bascule,
frotte contre une colonnette b munie de deux contacts isolés
qui correspondent à ceux de la planchette. La bascule est en communication
avec le fil de ligne par l'intermédiaire du bouton d'appel, et les
deux contacts dont nous venons de parler, correspondent l'un, le
supérieur, avec l'un des fils des téléphones qui sont intercalés
dans le même circuit, l'autre avec la sonnerie S, qui elle-même
communique à la terre. Il résulte de cette disposition, que quand
le téléphone de droite appuie de tout son poids sur son support,
la bascule du commutateur est inclinée sur le contact inférieur,
et, par conséquent, la ligne est mise directement en rapport avec
la sonnerie, ce qui permet d'appeler la station. Quand, au contraire,
le téléphone est enlevé de son support, la bascule est sur le contact
supérieur, et les téléphones sont reliés à la ligne.Pour appeler
la station en correspondance, il suffit d'appuyer sur le bouton
transmetteur; alors la liaison de la ligne avec les téléphones est
brisée et établie avec la pile du poste, laquelle envoie un courant
à travers la sonnerie du poste correspondant. Pour obtenir ce double
effet, le ressort de contact du bouton transmetteur appuie en temps
ordinaire contre un contact adapté à une équerre qui l'enveloppe
par sa partie antérieure, et, au-dessous de ce ressort, se trouve
un second contact qui communique avec le pôle positif de la pile
du poste. L'autre contact correspond au fil de ligne, et une liaison
est établie entre le fil de terre et le pôle négatif de la pile
du poste, ce qui fait que ce fil de terre est commun à trois circuits:
1o Au circuit des téléphones;
2o Au circuit de la sonnerie;
3o Au circuit de la pile locale.La seconde fourche qui
sert de support au téléphone de droite est fixée sur la planchette
et n'a aucun rôle électrique à remplir.
|
Il est facile de comprendre que ce dispositif peut
être varié de mille façons différentes, mais nous nous bornerons au modèle
que nous venons de décrire qui est le plus pratique.
Brevet 122 452 déposé pr M.Brandon au nom de Cornelius
Roosevelt et Louis François clément Breguet le 5 février
1878.
Cette coopération Breguet Roosevelt dura
jusqu'à la fin de 1878, date à laquelle Roosevelt racheta
à Breguet ses droits sur les brevets déposés en commun
au cours de l'année contre une somme de 5000 francs.
|
Cette affichette annonce une conférence sur
le téléphone et le phonographe donnée par Antoine
Bréguet le 12 mai 1878 à Bernay.
On doit à ce brillant physicien la construction
de la machine de Gramme, des travaux sur le téléphone
et l'invention, avec Clément Ader, du Théâtrophone.
Antoine Bréguet fût le premier à annoncer dès
le 1° janvier 1878 qu'un appareil capable d'enregistrer les
sons de la voix humaine était sur le point de faire son apparition
en France.
L'article très intéressant, qu'il publia le 1°
août 1878
dans la Revue des deux mondes (La transmission
de la parole / Le Phonographe, le microphone, l'aérophone)
parait correspondre à cette la conférence.
|
En 1878 Léon Leseur édite un ouvrage
sur les conférences scientifiques qu'il a éffectué
à Thonon et à Annecy pour présenter le téléphone
Donc
- Les grandes villes sont reliées par le télégraphe,
mais il reste à établir les communications entre les bourgs
et les villages
- Les installations téléphoniques nécessaires aux
particuliers servent avant tout pour des communications locales.
- Les postes et Télégraphes considèrent que ce n'est
pas à eux de créer des réseaux de communications
téléphoniques urbains et locaux. L'administration des Télégraphes
a déjà bien du mal à faire face aux nombreux problèmes
que suscite son rattachement à celle des Postes.
La diversité des techniques qui apparaissent sur le marché,
depuis le télégraphe électrique au téléphone
en 1875, traduit lattitude de lÉtat de ne pas développer
les innovations lui-même et de laisser linitiative privée
sen charger. Le cas de figure du réseau téléphonique
est en ce sensexemplaire.
L'Exposition
universelle de Paris de 1878
C'est dans le domaine des techniques de communication
que sont présentées pour la première fois au
public deux innovations appelées à un grand avenir.
A l'occasion de l'exposition le public parisien découvre
le téléphone et le phonographe
.
Dans L'Exposition Universelle de 1878 illustrée, Jules Brunfaut
les décrit : «Deux merveilleuses inventions ayant pour
but les transmissions du son et de la voix humaine: le téléphone
et le phonographe, marqueront notre siècle comme une des
plus grandes victoires de la science. . .»
1er mai
1878 : le
Maréchal Mac Mahon, président de la République
inaugure l'Exposition universelle de Paris
Se trouvant en rapport avec les membres d'une commission
officielle qui s'occupait d'organiser la section d'électricité,
pour l'Exposition universelle de 1878, au palais du Champ de Mars,
Don Pedro Empereur du Brésil, fit connaître
à cette commission le téléphone magnétique
du physicien de Boston.
L'impériale majesté eut beaucoup de peine à
faire admettre aux membres de ladite commission l'existence réelle
et les prodigieux effets du nouvel appareil ; mais il leur répéta
tant de fois et avec tant d'insistance les vers de Molière
:
Je l'ai vu, dis-je, vu. de mes propres yeux, vu, Ce qu'on appelle
vu ! qu'il finit par les convaincre.
Les électriciens de Paris se firent alors les admirateurs
sincères et les sympathiques propagateurs de l'invention
américaine.
La Maison Breguet et Niaudet contre-attaquent
les faussaires en développant des versions modifiées/améliorées
du téléphone.
Ils furent présentés à l'Exposition universelle
qui s'ouvrit à Paris le 1er mai 1878.
En plus de décrire les changements dans la construction
de l'appareil conventionnel, les journaux rapportèrent un
modèle de poche de « montre » ou de «
tabatière », un type de boîte modifié.
pour les longues lignes et un arrangement assez simple pour appeler
le poste correspondant en chantant dans le téléphone.
modèle
Bell tabatière
|
En juin 1878, Frederick Allen Gower,
ancien assistant de Bell, arriva d'Angleterre, rejoignit Roosevelt et
commença également à travailler sur le téléphone,
sa première réalisation étant probablement une nouvelle
modification du modèle de la Box qu'il avait breveté avec
son nouveau partenaire en septembre.
Gower Brevet français 126 511, déposé le 12 septembre
1878, « Perfectionnements dans le téléphone BOX»
Dans la lettre, Roosevelt faisait également appel à l'honneur
de Bell : "Les Edison et Gray avec Phelps ont combiné leurs
intérêts et ont fait beaucoup de bruit ici en exposant à
l'Exposition, devant la presse, etc. à en juger par leur ton, on
pourrait imaginer que Bell était un imposteur et un tricheur".
Ce même été, à l'occasion de l'Exposition universelle,
Roosevelt et Gower s'inquiétaient beaucoup de l'intérêt
suscité à Paris par les travaux téléphoniques
de Thomas Alva Edison et d'autres inventeurs américains, comme
Elisha Gray et George May Phelps.
Le 7 septembre 1878 , après que Roosevelt eut tenté
en vain de voir Bell à Londres, ils lui écrivirent ensemble
une lettre lui demandant d'attendre « un coup écrasant »
: « une grande exposition » de ses téléphones
améliorés, qui aurait lieu entre Paris-Londres-Versailles.
Cependant, Bell n'y est pas allé. Son humeur de cette époque
se reflète clairement dans une lettre qu'il a envoyée à
sa femme le 9 septembre depuis Greenock, en Écosse, où pendant
une courte période il a repris avec plaisir l'enseignement de la
parole aux sourds :
"Une chose, je suis tout à fait déterminé,
c'est de ne plus perdre de temps ni d'argent au téléphone.
Si je dois donner encore plus de mon temps, ce doit être pour l'objet
qui me tient le plus à cur. Si c'est absolument Il est nécessaire
pour les intérêts de M. Roosevelt que j'aille à Paris,
il doit payer mes frais de Greenock à Paris et retour et
me rémunérer pour mon temps sinon je ne songerai
pas à bouger. Je suis allé deux fois à Paris pour
M. Roosevelt à. des dépenses et des désagréments
considérables pour moi et ma présence n'était pas
absolument nécessaire, bien qu'il me l'ait laissé croire,
je n'ai pas l'intention d'y aller une troisième fois, j'en ai assez
du téléphone et j'en ai fini avec ça sauf
pour jouer. chose pour amuser mes moments de loisirs"
Si lon considère que lorsque Bell effectua son premier voyage
à Paris en novembre 1877, Roosevelt nétait pas encore
entré en scène, ses propos suggèrent quil revint
dans la ville dans lintérêt du concessionnaire après
son premier entretien avec lui en janvier 1878. Aucune correspondance
familiale ni article de presse faisant référence à
ce troisième voyage n'ont été retrouvés, mais
un quatrième est bien documenté. Cette fois, la priorité
de Bell dans linvention du téléphone était
en jeu, comme Hubbard lavait exprimé sans ambages dans une
lettre du 26 septembre, faisant référence à lExposition
universelle.
" Les journaux de ce pays ont été
remplis d'annonces et d'annonces indiquant que des médailles d'or
ont été décernées à M. Gray et à
M. Edison et aucune à vous. Cette annonce nous fait un grand préjudice,
et nous pensons qu'elle a été obtenue grâce à
des représentations frauduleuses, et que l'attribution finale ne
sera décernée que le 21 octobre. Le président du
jury estime que l'invention est si merveilleuse qu'elle n'a pu être
réalisée que par un scientifique et un électricien.
Les agents de Gray ont prétendu que Gray était un scientifique
et un électricien, alors que vous ne l'étiez pas ;
et que vous lui avez volé l'invention. Maintenant, nous voulons
que vous vous rendiez immédiatement [à] Paris à nos
frais, que vous emmeniez les lettres de Gray avec vous, que vous voyiez
le président et le jury et que vous fassiez votre propre explication.
Cela suffira, n'importe qui lors d'une petite conversation verra que vous
en savez assez pour avoir inventé le téléphone et
que vous êtes à la fois scientifique et électricien.
J'ai également envoyé par la poste le livre de Prescott
du téléphone qui contient la mise en garde de Gray, montrant
à quel point il en savait peu, et une copie de votre brevet pour
montrer qu'il était disponible deux semaines avant son dépôt28.
Votre intérêt pécuniaire dans cette affaire est trop
grand pour être négligé, et votre honneur est également
quelque peu en jeu.".
Les informations de Hubbard nétaient pas tout à
fait exactes. Ce que le jury a réellement fait n'a pas été
de priver Bell d'un prix mais de le mettre au même niveau que ses
rivaux Gray et Edison en décernant à chacun d'eux la plus
haute distinction, une « grande médaille », pour leur
travail téléphonique, qui chez Edison Le cas de Reconnaissait
également son invention du phonographe. Edison fut d'ailleurs fait
Chevalier de la Légion d'Honneur. Bell semble avoir pris la décision
de manière plutôt sportive.
Le 20 octobre, il se trouve de nouveau à l'Hôtel Wagram,
prêt à assister le lendemain à la cérémonie
officielle de remise des prix, après quoi il partira immédiatement
pour Londres puis pour Oxford, où le philologue Max Müller
l'a invité à donner une série de conférences
sur discours, son dernier engagement scientifique avant de partir pour
l'Amérique.
(Bell a dû donner une idée de ses intentions, car dans une
courte lettre datée du 9 octobre, Roosevelt lui a dit poliment
que le jour qu'il fixerait lui conviendrait, et il a ajouté avec
un certain ressentiment : « Mais je dois vous dire que votre
visite, à part le plaisir de vous voir ne nous sera plus d'une
grande valeur maintenant, car le temps est passé et il est trop
tard. Que Gray et Edison aient porté atteinte à votre réputation,
cela ne fait aucun doute, comme je vous lai écrit à
plusieurs reprises, et même si vous parvenez à « démolir
efficacement leurs affirmations », le temps est passé.)
Le seul document retrouvé de ce voyage à Paris est une lettre
datée du 20 octobre écrite à Mabel par Adam Scott,
l'un des compagnons de voyage de Bell, et continuée sur la même
feuille de papier par Bell lui-même. Après avoir fait un
reportage en plaisantant sur un dîner chez Roosevelt la veille au
soir, Scott continue avec une nouvelle importante :
"Ce matin (dimanche) Alec a été présenté
au comte du Moncel et l'a complètement converti à ses vues".
Ceci est particulièrement important parce que du Moncel est une
grande autorité ici et s'est laissé induire en erreur par
le parti Gray et Edison. » Il est vexé d'avoir ainsi fait
une injustice à Alec, et arrangera les choses. " La deuxième
édition de son Livre sur le téléphone serait publiée
cette semaine, et Alec était arrivé juste à temps
pour arrêter les épreuves " Du Moncel corrigera les
vues données dans le livre, et j'irais plus loin sans la prudence
de garder les preuves réelles sous silence "
Il a donné à Alec un exemplaire de la première édition
et Alec est en train de la lire, pour prendre connaissance de son contenu,
car les épreuves de la deuxième édition doivent lui
être envoyées ce soir..."
Bell, écrivant après Scott, confirme la bonne nouvelle
et ajoute :
" Mon arrivée ici est des plus heureuses en ce moment.
La Western Union publiera probablement des extraits de l'ouvrage de Du
Moncel " mais quel triomphe ce sera pour ton père de pouvoir
descendre sur la Western Union avec la deuxième édition
!! "
Une lecture comparée des deux premières éditions
de Le téléphone, le microphone et le phonographe de Du Moncel
montre bien le dénouement de cet épisode, en effet très
favorable à la prétention de Bell.
Des changements majeurs apparaissent à deux endroits dans la
deuxième édition : les paragraphes traitant de la question
de priorité entre Gray et Bell dans le point « Un coup d'oeil
historique » qui ouvre l'ouvrage (pp. 7-9, correspondant à
8- 10 dans la première édition), et tout le point «
Part de M. Elisha Gray dans l'invention du téléphone »
(pp. 57-61, correspondant aux 56-60 de la première édition.
Septembre
1878 Letter from Cornelius Roosevelt & Frederic Gower to
Alexander Graham Bell
Octobre
1878 Lettre de Cornelius Roosevelt à Alexander Graham
Bell, 9 octobre
Bell de son côté se montre visionnaire,
voici le texte d'une conférence faite en Angleterre fin 1878
:
" la nature simple et économique du téléphone
rend possible la mise en relation de chaque domicile, bureau ou
usine avec un bureau central, de façon à lui donner
le bénéfice de communications directes avec ses voisins
pour un prix n'excédant pas celui du gaz ou de l'eau on peut
concevoir que les câbles des fils téléphoniques
pourront être posés, souterrainement ou suspendus en
l'air, communiquant par des fils de branchement avec des domiciles
privés, maisons de campagne, magasins, usines, les réunissant
ainsi par des fils principaux au bureau central où les fils
pourront être connectés suivant la demande, établissant
ainsi des liaisons directes entre deux lieux quelconques de la ville
je crois même que, dans l'avenir, les fils réuniront
les bureaux centraux d'une ville à l'autre, et qu'un homme
pourra converser d'un bout du pays à l'autre ". |
Après lexposition universelle
de 1878 Cornélius Roosevelt
et Frederic Allen Gower,
décident de travailler ensemble.
Automne 1878 les deux Américains venus en France pour développer
les interêts de Bell, deviennent associés dans le but d'accélerer
la mise en place de réseaux téléphoniques.
Arrivé vers octobre ou novembre 1878, Gower s'installe d'abord
chez Roosvelt. ils se mirent à la tâche, déposant
4 brevets en quelques mois pour tous les accéssoires utiles à
une utilisation commerciale : sonnerie, câbles ...
Gower s'occupa de racheter et développer des ateliers de construction
pour la production d'appareils téléphoniques.
Le 31 octobre 1878, Bell a navigué de Liverpool
à Québec, pour ensuite faire face à une longue période
de litige en matière de brevets aux États-Unis. Gower, qui
a déclaré plus tard dans une interview qu'en France, le
brevet de Bell « était malheureusement trop tard pour avoir
une valeur juridique ». », continua à travailler sur
l'invention de son ami, publia les résultats et déposa de
nouveaux brevets auprès de Roosevelt, le dernier le 18 juin 1879.
Le 6, le gouvernement français avait lancé un appel à
propositions pour établir des réseaux téléphoniques
de service public.
Les démonstrations faites par Alexander Bell
en Angleterre et les développements commerciaux qui en ont résulté
ont montré que le téléphone, bien qu'encore un produit
immature essayant de trouver son application, avait un grand potentiel commercial.
Pour Bell et ses associés, il était clair qu'après
avoir obtenu les brevets américains, leur invention devait également
être protégée en Europe.
Le premier pays à déposer une demande de brevet fut la Grande-Bretagne,
un choix évident pour de nombreux inventeurs américains de
lépoque. Pour Bell, c'était très intéressant,
car les droits étrangers n'étaient pas inclus dans l'accord
d'association et pouvaient constituer pour lui une source de revenus supplémentaires.
Pour obtenir son brevet britannique, affaire compliquée et comportant
toujours le risque d'une publication préalable, il passe un accord
avec les frères canadiens Brown. Cependant, cet effort a échoué
et cest par une voie différente que Bell a obtenu le brevet
britannique 4 765 en 1876. Ce brevet ne contrôlait cependant
que le récepteur téléphonique, alors que le brevet
britannique dEdison contrôlerait lémetteur.
Bientôt, Bell s'est organisée pour obtenir des droits de brevet
dans d'autres pays européens. Là encore, il a rencontré
les mêmes problèmes. Obtenir un brevet en Europe était
compliqué car chaque pays avait sa propre loi sur les brevets. En
novembre 1877, il écrivit à Hubbard : J'ai déposé
des brevets en Italie, en Norvège, en Suède et au Danemark,
mais aucun brevet n'est accordé aux Pays-Bas ou en Suisse et si je
ne vends pas rapidement ici, l'Europe sera inondée de téléphones
bon marché en provenance de Hollande et de Suisse. .
Les brevets scandinaves ont été obtenus grâce au fait
quun ingénieur civil norvégien nommé Jens Hopstock
a, de sa propre initiative, déposé des brevets scandinaves
au nom de Bell. Le reconnaissant Bell lui a donné une licence de
deux ans . Cependant, le brevet allemand avait été perdu parce
que Bell était arrivé trop tard selon les règles de
la loi allemande sur les brevets.
Et en effet, la société allemande Siemens & Halske, déjà
un fabricant électrique dominant actif dans le domaine de la télégraphie
entre autres moteurs électriques et dynamos , a rapidement
produit des téléphones bon marché. Obtenir un brevet
aux Pays-Bas était impossible car le droit des brevets y avait été
suspendu en 1869. Et en France, la demande de brevet était
menacée parce que la téléphonie menaçait le
système télégraphique gouvernemental.
Faire des affaires dans tous ces différents pays s'est avéré
encore plus difficile. Les gouvernements ont agi différemment et
les partenaires commerciaux locaux potentiels nont pas toujours été
choisis judicieusement. Et Edison était un adversaire sérieux
en Grande-Bretagne en raison de sa position en matière de brevets,
et non en raison du succès de son entreprise. Puis, après
pas mal de difficultés, Edison et Bell unissent leurs forces et créent
la « United Telephone Company Ltd. » (brevet de Bell et Edison)
le 13 mai 1880.
Dans l'ensemble, le voyage en Europe aurait pu sensibiliser le public au
nouveau phénomène de la téléphonie, mais d'un
point de vue commercial, il n'a pas été très réussi.
Pour Alexander Bell personnellement, faire des affaires ne faisait pas partie
de ses meilleures capacités, comme il le reconnut quelques années
plus tard lorsqu'il écrivait : Je ne suis pas un homme d'affaires
et je dois admettre que les relations financières me déplaisent
et ne correspondent pas du tout à mon métier.
Cependant, dautres ont désormais compris le potentiel commercial
du télégraphe parlant. Pas seulement en Angleterre, mais dans
toute l'Europe du Nord.
sommaire
Si quelques effets du microphone ont été
découverts à différentes époques avant M.
Hughes, on n'y avait prêté qu'une médiocre attention,
puisque la plupart n'ont même pas été publiés.
Après les travaux de Hughes,
c'est un autre américain Thomas
Edison, fin 1877 qui va apporter les premières évolutions
nécessaires au téléphone de Bell :
le microphone à charbon et la bobine d'induction
|
En 1877, Thomas
Edison (1847-1931) a été invité
par la Western Union Telegraph Company à développer
et améliorer les méthodes de transmission de la
parole.
En 1878 L'émetteur à poudre de carbone est l'un
des développements qui en résulte, il est très
similaire aux microphones conçus par David Edward
Hughes (1831-1901) qui reste l'inventeur du microphone
à charbon.
Son premier brevet de micro à charbon est déposé
en avril 1877 aux USA. |
Edison avait compris que le téléphone
devait communiquer à grande distance, ce que ne faisait pas
le système Bell, alors il employa l'énergie de "la
pile" et conçu un transmetteur (microphone) à variation
de résistance.
30 juillet 1877 Edison
dépose un deuxième brevet qui montre l'utilisation de
la bobine d'induction pour amplifier le courant microphonique.
Avec les téléphones à pile, le problème est plus complexe,
à cause de l'emploi d'une pile qui doit être commune à deux systèmes
d'appareils, et de la bobine d'induction qui doit être intercalée
dans deux circuits distincts.
Dans ce dispositif, la planchette d'acajou porte au milieu une petite
étagère C pour y poser les deux téléphones par leur partie plate.
La sonnerie S est mise en action par un parleur électro-magnétique
P qui peut servir, par l'adjonction d'une clef Morse M au système,
à l'échange d'une correspondance en langage Morse, si les téléphones
faisaient défaut, ou pour l'organisation de ces téléphones eux-mêmes.
Au-dessous de ce parleur, est disposé un commutateur à bouchon D pour
mettre la ligne en transmission ou en réception, avec ou sans sonnerie,
et enfin au-dessous de la planchette étagère C, est disposée, dans
une petite boîte fermée E, la bobine d'induction destinée à
amplifier les courants voltaïques.Quand le commutateur est placé sur
réception, la ligne correspond directement soit au parleur, soit au
téléphone récepteur, suivant le trou dans lequel le bouchon est introduit;
quand, au contraire, il est placé sur transmission, la ligne correspond
au circuit secondaire de la bobine d'induction. Dans ces conditions,
la manœuvre ne peut plus être automatique; mais comme ce genre de
téléphone ne peut être appliqué avec avantage que pour la télégraphie
et que ce sont alors des personnes habituées aux appareils électriques
qui en font usage, cette complication ne peut présenter d'inconvénients.
19 décembre 1877 Edison
dépose un brevet à Paris no 121 687 pour "des
perfectionnements dans les instruments pour contrôler par le
son, la transmission des courants électriques et de la reproduction
des sons correspondants au lointain"
30 juillet 1877 Edisson dépose un brevet de microphone.
Il se compose d'un bouton de poudre de carbone molle comprimée,
de la taille d'une pièce de dix pence, placée entre
deux disques de laiton, contre l'un desquels appuie un diaphragme
de fer.
La parole dans l'embouchure fait vibrer le diaphragme et produit des
variations de la résistance.
(photos de l'original).
|
|
Edison ayant revendiqué la priorité
de la découverte du Microphone, sir
William Thomson; un des plus grands physiciens d'Angleterre, membre
de la Société royale de Londres, trancha le différend
par une lettre dont nous extrayons les passages suivants :
« Au plaisir que le public a éprouvé en prenant connaissance
de ces magnifiques découvertes qui, sous le nom de téléphone,
de microphone et de phonographe, ont tant étonné le monde
savant, est venu se mêler dernièrement, très inutilement,
j'ai besoin de le dire, un des incidents les plus regrettables qui puissent
se produire. Il s'agit d'une réclamation de priorité accompagnée
d'accusation de mauvaise foi, qui a été lancée par
M. Edison contre une personne dont le nom et la téputation sont
depuis longtemps respectés dans l'opinion publique.
« Avant de faire intervenir le public dans une semblable affaire,
M. Edison aurait dû, évidemment, établir sa réclamation
en montrant avec calme la grande similitude qui pouvait exister entre
son téléphone à charbon et le microphone de M. Hughes
qui l'avait suivi. Mais par son attaque violente contre M. Hughes, par
son accusation de piraterie, de plagiat, d'abus de confiance, il a ôté
tout crédit à sa réclamation aux yeux des personnes
compétentes. Rien d'ailleurs n'est moins fondé que ces accusations.
Les magnifiques résultats présentés par M. Hughes,
avec son microphone, ont été décrits par lui même
sous une .forme telle qu'il est impossible de mettre en doute qu'il n'ait
travaillé sur son propre fonds et en dehors de toutes les recherches
de M. Edison qu'il n'avait pas le
plus petit intérêt à s'approprier.
« Il est vrai que le principe physique appliqué par M. Edison
dans son téléphone à charbon, et par M. Hughes dans
son microphone, est le même, mais il est également le même
que celui employé par M. Clérac dans son cylindre à
charbon, qu'il avait donné à M. Hughes et à d'autres,
en 1866, pour des usages pratiques importants, appareil qui, du reste,
dérive entièrement de ce fait signalé, il y a longtemps,
par M. Du Moncel, que l'augmentation de pression entre deux conducteurs
en contact produit une diminutiondans leur résistance électrique.
Ce principe du microphone et de la bobine d'induction va se généraliser
et contribera au développement du téléphone dans
le monde entier.
Schéma de la batterie locale et bobine
d'induction pour amplifier le courant microphonique
A termes tous les téléphones du monde
entier seront équipés de la bobine d'induction et du micro
à charbon .
En dehors de Edison et
Navez, nous avons découvert dans la rubrique Le
microphone de Hughes les revendications et les polémiques
que cela engendre , les autres plus importantes réclamations sont
celles de Berliner, Donough,
Dutertre, Wcntwork-Lacelles-Scott, Weyher,
"Microphone" et " transmetteur téléphonique"
La question des téléphones semble maintenant
s'être éclaircie dans ce sens que tout téléphone
d'avenir doit être muni d'un transmetteur spécial.
C'est la question du transmetteur qui est la principale et celle du téléphone,
c'est-à-dire du récepteur, est devenue secondaire. L'on
peut employer presque indifféremment l'un quelconque des divers
systèmes de téléphone, sous condition d'avoir un
bon transmetteur. Telles sont les raisons qui ont, dans ces derniers temps,
amené les inventeurs à se préoccuper, pour ainsi
dire, exclusivement de perfectionner le transmetteur.
Les formes les plus diverses furent données par
la suite, aux microphones à charbon. On peut citer les microphones
de: Crossley (1878), Gower (1878), Ader (1899), Baillehach'e (1880), Locht-Labyc
(1880), Paterson, Boudet, Maiche, dArsonval
(1880), dArgy (1882),Berliner (1887), White (1897), dont le système
est connu sous le nom de solid-back.
Les premiers dispositifs de M. Dutertre
se rapprochent du microphone de Hughes, et les expériences
auxquelles ils ont donné lieu sont rapportées dans les
journaux de Rouen de février 1878 ; mais à cette date,
M. Hughes avait déjà fait voir les siennes, et d'ailleurs,
jusqu'aux communications de ce dernier savant à la Société
Royale de Londres, on n'avait prêté aucune attention
aux travaux entrepris dans cet ordre d'idées.
10 avril 1876 Le transmetteur
de M.Donough présente une disposition qui, dans
une certaine mesure, se rapproche de celle du microphone, bien
qu'à vrai dire la principale condition pour l'amplification
du son ne s'y rencontre pas. Il est constitué en effet
par deux plaques métalliques à surface rugueuse
C C adaptées sur un diaphragme, et sur ces plaques appuient
les deux extrémités relevées d'une sorte
d'arc métallique D' en argent allemand guidé par
un pivot vertical D T fixé sur le diaphragme. Les surfaces
de contact de cet arc sont aussi rugueuses. Bien que le rôle
de ces surfaces rugueuses ne soit pas indiqué dans le
brevet, il est présumable que c'était pour rendre
le contact moins parfait et plus susceptible de fournir des
variations dans sa résistance, sous l'influence des trépidations
causées par les vibrations du diaphragme |
|
16 octobre 1877 Le microphone
Berliner n'est à proprement
parler qu'un transmetteur téléphonique du genre
de celui de Pollard dont la lame vibrante est constituée
par une lame de charbon sur laquelle viennent appuyer, du côté
opposé à l'embouchure, une ou deux vis métalliques
en rapport avec le circuit téléphonique, et qui constituent
les pièces fixes du contact. On mentionne dans le brevet que
ces pièces peuvent être constituées avec du charbon;
de sorte que l'on pourrait admettre que ce serait M. Berliner qui
aurait le premier combiné les transmetteurs à charbon.
Les brevets de M. Donough et de M. Berliner, sont plutôt
des parleurs microphoniques que des microphones basés
sur les variations de résistance du circuit téléphonique,
suivant l'amplitude des vibrations d'un diaphragme, |
|
Des microphones à poudre de Lippens, Hughes
et Trouvé que l'on pouvait déjà
trouver dans les catalogues :
Le brevet de microphone Anglais d'Edison, qui est
le plus ancien date, en effet, du 30 juillet 1877, et son brevet
Américain du 15 décembre 1877.
Mais ce qui est surtout curieux dans le brevet de Berliner,
c'est qu'il indique aussi l'emploi des bobines d'induction pour
augmenter l'intensité des sons téléphoniques et qu'il
montre que le récepteur peut n'être autre qu'un appareil
exactement semblable au transmetteur.
Nous ferons toutefois remarquer que cet appareil, comme le précédent,
était un transmetteur microphonique et non un microphone, du moins
dans le sens que M. Huges avait donné à ce mot dans l'origine.
En plus du microphone à charbon , il y eut le microphone
à condensateur de Varley, de Pollard de Herz
qui n'ont pas étés exploités, le microphone à
charbon étant bien plus simple et performant.
Dès lapparition du téléphone,
Siemens sintéresse à cette nouvelle technique, il
a alors plus de 63 ans ! Il dépose un premier brevet à Paris
dès le mois de janvier 1878 pour un appareil utilisant la même
technique que celui de Bell.
En 1878 Bourseul dans
son Lot natal, travaille aussi sur le microphone à charbon :
1878 : RAPPORT SUR LES TRAVAUX
DE LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES,
...
Je ne veux pas sortir du domaine de la science sans vous rappeler
les belles expériences faites au sein de de notre Société
par M. Bourseui, direc-
teur des postes et télégraphes du Lot. M. Bourseui
nous a d'abord montré, dans une première séance,
les applications du téléphone et du microphone ; mais
de nouvelles recherches lui ayant permis d'inventer cet autre appareil,
auquel il a donné le nom d'électrophone, il
s'empressa, dans une séance ultérieure, d'expérimenter
devant vous sa découverte ; vous avez pu constater combien,
au moyen du nouvel appareil, les paroles prononcées étaient
exactement reproduites par le fil conducteur, intermédiaire
fidèle des nombreux admirateurs de M. Bourseul, réunis
les uns dans notre salle des séances, les autres au Château
d'eau.
L'ingénieux inventeur de l'électrophone se propose,
nous assure-t-on, d'apporter de nouveaux perfectionnements à
son appareil. Nous espérons que ses efforts mettront enfin
en lumière les mérites de M. Bourseul et que nous
finirons par nous apercevoir que les inventeurs américains
n'ont pas seuls l'initiative de ces découvertes qui,depuis
quelques années, occupent à si juste titre le monde
savant. ...
Séance du 2 décembre 1878 : OBJET
DE LA SÉANCE :
Expérience de l'électrophone, nouvel
appareil inventé par M. Bourseul, Directeur des Postes
et Télégraphes à Cahors.
L'assistance est divisée en deux groupes : l'un est placé
à la Mairie, dans la salle des séances de la Société;
l'autre s'est rendu au Château d'eau distant de la Mairie
d'environ 1 kilomètre.
Les deux stations sont reliées par le fil télégraphique
de secours en cas d'incendie. Ce fil est transformé pour
la circonstance en fil électrophonique.
Avant l'ouverture de la séance plusieurs assistants engagent
spontanément entre les deux stations des conversations suivies.
M. le Président profite d'un instant de suspension pour déclarer
la séance ouverte. Il ajoute que les assistants n'étant
pas tous présents dans la salle, la lecture du procès-verbal
de la séance précédente et les communications
de M. le secrétaire général sont remises à
la prochaine réunion.
M. Bourseul, au Château d'eau, et M. Pelet, à la Mairie,
expliquent le jeu des appareils;
Un courant électrique de quelques couples passe dans le fil
unique qui relie la Mairie au Château d'eau. La terre complète
le circuit.
A chaque station sont deux appareils à travers lesquels passe
le courant : un appareil expéditeur devant lequel on parle,
et un appareil récepteur que
l'on tient constamment à l'oreille.
L'appareil récepteur est encore le téléphone
de M. Bell qui dans la séance de juillet, porté successivement
de la bouche à l'oreille, tenait lieu des deux appareils.
Cette disposition avait l'inconvénient de ne rien transmettre
chaque fois que l'un des deux interlocuteurs changeait trop tôt
ou trop tard son instrument de position.
La présence de deux appareils à chaque station fait
disparaître cet inconvénient. La personne qui a la
réplique plus prompte peut interrompre
l'autre aussi facilement que dans un tête à tête.
Le téléphone de M. Bell est aussi trop sensible aux
bruits étrangers, sa suppression partielle remédie
en partie à cet autre inconvénient.
L'appareil expéditeur est la partie nouvelle de la découverte
de M. Bourseul. Cet appareil exécuté par M. Sarcos
se compose d'une boîte verticale
en bois de placage. Cette boîte a environ dix centimètres
de hauteur, dix centimètres de largeur et un centimètre
d'épaisseur. Elle est fixée sur
un socle en bois que l'on place sur un coussinet destiné
à intercepter les vibrations sonores étrangères.
La boîte est remplie de poudre de coke très fine. Ses
deux faces principales, au-devant de l'une desquelles on parle,
sont percées d'un trou d'en-
viron un centimètre carré. Chacun de ces trous est
fermé par un morceau de charbon.
Les deux charbons pénètrent dans la boîte jusqu'à
la distance de quelques millimètres l'un de l'autre ; l'intervalle
qui les sépare est occupé par la poudre de charbon
; extérieurement, ils communiquentavec deux boutons à
vis de pression fixés sur le socle par lesquels ils sont
maintenus en contact avec les électrodes.
La voix fait vibrer les parois et le contenu de la boîte,
d'où résultent des variations qui modifient le courant
jusqu'à l'appareil récepteur. Là elles produisent
des vibrations qui reproduisent les sons articulés et même
le timbre de la voix assez fidèlement pour qu'on reconnaisse
quelle est la personne qui a parlé.
L'interposition de la poudre de charbon entre les deux conducteurs
est un perfectionnement très important. Sans cette poudre,
il n'est pas impossible, il est vrai, de régler la distance
et la mobilité des conducteurs de manière que le courant
soit affecté convenablementpar les vibrations sonores ; mais
ce réglage qui dépend de l'intensité des sons
à transmettre, de la distance de la station et de plusieurs
autres causes accidentelles est très difficile à obtenir
et à conserver. L'électrophone de M. Bourseul n'a
point besoin d'être réglé.
M. Bourseul travaille à d'autres perfectionnements. Le fil
électrophonique de l'expérience longe sur une partie
de son parcours les fils du télégraphe.
Aussi jusqu'à neuf heures du soir des courants induits accidentels
s'y développent au point que le bruit des appareils télégraphiques
est transmis en
même temps que la voix, ce qui occasionne, par moments, quelque
trouble dans l'auditoire et nécessite des répétitions.
Mais après la fermeture des
bureaux télégraphiques, les conversations les plus
animées s'établissent entre les deux stations avec
autant de facilité et d'entrain que si l'on eût
été dans une salle unique.
L'heure à laquelle se terminent d'ordinaire les séances
de la Société étant arrivée, M. Arnault,
président, transmet à M. Bourseul, au Château
d'eau,
les félicitations et les remerciements de la réunion
de la Mairie, et, après un échange d'adieux entre
les deux stations, chacun se retire.
Ce travail se concétisera en
1879, Bourseul imagine
un microphone à grenaille : "deux charbons de cornue
cylindryques sont enfoncés dans un manchon de caoutchouc
très souple.
Le manchon serre les deux charbons qui s'y trouvent placés
à 1/2 mm l'un de l'autre. Il se forme ainsi un petit espace
clos que je remplis de poudre de coke"
Bourseul après plus de 200 essais n'est toujours pas satisfait,
c'est A.C. d'Argy
qui en 1882 réussi à le faire fonctionner puis c'est
CC. Mildé en 1884 qui le rendra
plus fiable.
Micro
d'Argy
|
Parallélement en 1878, Breguet continu ses
travaux, que l'on peut lire dans un Comptes rendus hebdomadaires des séances
de lAcadémie des sciences, ou il publia :
PHYSIQUE APPLIQUÉE. Sur quelques modifications
nouvelles apportées au téléphone.
« J'ai l'honneur de présenter à
l'Académie les intéressants résultats que j'ai
obtenus d'après les indications de MM. Garnier et
Pollard, ingénieur des constructions navales à
Cherbourg.»
Ayant entendu parler des travaux de M.Edison relatifs à la
téléphonie voltaïque, M.Pollard a cherché
à réaliser les expériences de ce savant, en
employant, comme lui, de la plombagine pour constituer un conducteur
à résistance variable.
Une petite plaque de fer-blanc, tout à fait analogue à
celle du tétéphone de Bell, est mise en contact avec
l'extrémité d'un crayon ordinaire à la mine
de plomb, cette extrémité exerçant une légère
pression sur la~partie centrale de la plaque. Le crayon, d'une part,
et la plaque, de l'autre, sont reliés par des fils de lignes
ordinaires aux deux extrémités du fil de la bobine
d'un téléphone de Bell, et la tige aimantée
du tétéphoneest remplacée ici par une tige
de fer doux. Une pile de dix éléments Leclanché
est interposée dans le circuit.
Lorsque, en parlant, on met en vibration la plaque de l'appareil
transmetteur, l'extrémité du crayon de plombagine
subit une série de modifications dans son contact avec la
plaque, sans que ce contact soit jamais rompu. Ces modifications
se traduisent par des variations dans la résistance du circuit,
au point de contact même, et par conséquent par des
variations dans l'intensité du courant permanent de la pile.
On conçoit dès lors que ce courant, dont l'intensité
ne varie que d'après les mouvements élémentaires
de la plaque vibrante, produise, dans l'électro-aimant du
téléphone récepteur, des alternatives d'attraction
et de non-attraction. Celles-ci agissent absolument à la-
manière ordinaire de l'appareil de Bell, et permettent par
conséquent d'entendre la voix d'une personne parlant au loin
dans le transmetteur.
Outre que l'expérience est intéressante par elle-même,
nous croyons que ces expérimentateurs s'engagent dans une
voie qui pourra les mener à un accroissement de l'intensité
de la voix perçue dans les téléphones ordinaires.
»
Autre Note :
Pendant que MM Garnier et Pollard répétaient en France
les experiences de M. Edison; M.Salet, du laboratoire de M.Wurtz,
était arrivé dans la même voie, à des
résultats qui intéresseront peut être l'Académie.
Il avait déjà, en inversant l'application du principe
de M.Edison, constitué un téléphone fondé
sur les variations de conductibilité au contact entre un
morceau de graphite et une ou plusieurs pointes mousses métalliques.
Ses expériences avaient aussi porté sur différents
corps médiocrement conducteurs, entre autre le charbon de
cornue.
A l'aide de cette dernière substance, M.Salet, en la faisant
communiquer par un large contact avec la membrane vibrante, a obtenu
de notables variations d'intensité dans le courant d'une
pile, variations plus considérables qu'avec les graphites.
Il est donc permis d'espérer que c'est encore là un
résultat qui doit amener à la réalisation d'un
téléphone à plus grande intensité.
|
Poste
Trouvé après
1878 Les prix d'époque.
1878-1879 Les deux premières
années de l'arrivée du téléphone en Farnce,
font l'objet de dépot de nombreux brevets, en voici un extrait
:
- 1878
117492. B. de 15 ans, 13 mars; Roosevelt. Télégraphe
de quartier. C'est un peu avant l'arrivée de Bell sur le
continent
119626. B. de 15 ans, 25 juillet; Bell. Perfectionnements
dans la téléphonie électrique ou la transmission
des sons comme dépêches télégraphiques,
ainsi que dans les appareils téléphoniques
122046. B. de 15 ans, 10 janvier; Pelletier aîné,
Amavet frères et comp. (Société).
Système de téléphone à commutateur
adhérent.
122074. B. de 15 ans, 12 janvier; Tighe. Perfectionnements
dans la production de lélectricité magnétique,
et son application aux téléphones ou télégraphes
parlants.
122125. B. de 15 ans, 16 janvier; Siemens et Halske. Perfectionnements
dans la téléphonie électrique et dans les
appareils téléphoniques.
122212. B. de 15 ans, 22 janvier ; Arger et comp. (Société).
Système perfectionné de téléphone.
122322. B. de 15 ans, 29 janvier; Biloret et Mora. Perfectionnements
apportés à la téléphonie électrique.
122416. B. (brevet anglais devant expirer le 27 novembre 1891)
pris le 2 février, par De Bejar OLawlor. Perfectionnements
dans les appareils pour la transmission électrique des
communinications téléphoniques
122452. B. de 15 ans, 5 février ; Roosevelt et Bréguet.
Perfectionnements aux téléphones
122580. B. de 15 ans, 12 février; Bell. Perfectionnements
dans les appareils téléphoniques.
122709. B. de 15 ans, 15 février ; Fichét et société
Arger et comp. Perfectionnements dans létablissement
des lignes téléphoniques et dans la construction
des téléphones
122717. B. de 15ans, 19 février; Bablon. Perfectionnements
à la téléphonie ou transmission des sons
à distance par lélectricité.
122898. B. de 15 ans, 28 février ; Secretan. Avertisseur
électrophonique.
122927. B. de 15 ans, 1 er mars ; Richmond. Perfectionnements
dans les téléphones ou instruments pour transmettre
et recevoir des sons articulés, transportés télégraphiquement,
dits : télégraphes parlants.
122955. B. de 15 ans, 2 mars ; Breguet. Téléphone
capillaire.
123108. B. de 15 ans, 9 mars ; Trouvé.
Système de téléphone transmetteur.
123277. B. de 15 ans, 18 mars ; Trouvé.
Perfectionnements dans les téléphones.
124406. B. de 15 ans, 10 mai; Gray. Perfectionnements
dans les téléphones et leurs appareils accessoires.
124600. B. (brevet anglais devant expirer le 2 mai 1892) pris
le 20 mai, par Bailey. Perfectionnements dans les téléphones
parlants et leurs accessoires.
125565. B. de 15 ans, 11 juillet ; Rodde. Perfectionnements
dans les téléphones.
126074. B. de 15 ans, 12 août ; Righi. Perfectionnements
aux téléphones.
126389. B. de 15 ans, A septembre; Roger. Système
de téléphone à sons amplifiés, dit:
téléphone-trompette.
126511. B. de 15 ans, 12 septembre; Roosevelt et Gower.
¦ Perfectionnements dans le téléphone
à boîte.
126686. B. de 15 ans, 25 septembre ; Mandroux et Bailey.
Avertisseur électrique applicable aux transmissions
téléphoniques et autres.
126697. B. de 15 ans, 26 septembre ; Gower et Roosevelt.
Téléphone à signal pneumatique.
127071. B. de 15 ans, 22 octobre; Janssens, représenté
par Desnos. Perfectionnements aux microphones.
127383. B. de 15 ans, 12 novembre ; Stein. Appareil électrotéléphonique
destiné à explorer les mouvements du cur et
du pouls.
127390. B. de 15 ans, 12 novembre ; Bailey. Perfectionnements
dans les téléphones électriques et dans les
appareils qui sy rattachent.
127417. B. de 15 ans, 13 novembre ; Gower et Roosevelt.
Signal magnétique pour téléphone.
127733. B. de 15 ans, 3 décembre; Gower et Roosevelt.
Nouveau téléphone dit : téléphone-chronomètre.
127860. B. de 15 ans, 10 décembre; Boudet de Paris.
Perfectionnements au micro-téléphone.
- 1879
128324. B. de 15 ans, 6 janvier ; Roger et Magnier. Système
de téléphone-signal, dit : téléphone-Roger
et Magnier.
128393. B. de 15 ans, 10 janvier ; Dufort et Humblot. Genre
de microphone.
128583. B. de 15 ans, 21 janvier ; Gower et Roosevelt.
Système de téléphone à signal
mécanique.
129320. B. de 15 ans, 27 février; Ader. Récepteur
téléphonique à vibrations moléculaires
électro-magnétiques.
129897. B. de 15 ans, 1 er avril; Dunand et Chevrant.
Microphone à torsion.
130464. B. de 15 ans, 3 mai; Keenan. Perfectionnements
dans les avertisseurs téléphoniques.
130489. B. de 15 ans, 5 mai ; Dumoutier et Grenier. Téléphone
à avertisseur magnéto-électrique.
131271. B. de 15 ans, 18 juin; Gower et Roosevelt.
Système de câble pour relier les appareils
téléphoniques ou télégraphiques.
131387. B. de 15 ans, 23 juin ; Bréguet.
Système de transmission téléphonique avec
sonnerie avertisseur.
131914. B.de 15 ans, 24 juillet ; Soulepjn. Système
perfectionné de transmetteur téléphonique.
131974. B. de 15 ans, 26 juillet; Ader. Système
de téléphone à pôles magnétiques
concentrés.
132270. B. de 15 ans, 16 août; Bailey. Perfectionnements
dans les téléphones magnétiques.
132477. B. de 15 ans, 1 er septembre; dArsonval.
Nouveau microphone.
132315. B. de 15 ans, Bailey. Perfectionnements
dans les téléphones à pile.
132454. B. de 15 ans, 29 août; Short. Perfectionnements
apportés au téléphone.
132640. B. de 15 ans, 8 septembre; Francis. Perfectionnements
dans les signaux pour téléphones et lignes télégraphiques
.
132944. B. de 15 ans, 30 septembre; Ader. Système
davertisseur téléphonique sans pile, à
signal visible.
133092. B. de 13 ans, 10 octobre; Buchin. Système
de téléphone à deux diaphragmes à
réglage indépendant, dit : téléphone
Buchin.
133337. B. de 15ans, 24octobre; Ader. "Téléphone
récepteur à pôles magnétiques surexcités.
133637. B. de 15 ans, 13 novembre ; Holmes et Greenfierd.
Perfectionements dans les câbles ou conducteurs téléphoniques.
133653. B. de 15 ans, 14 novembre ; Brown et Bailey.
Système téléphonique central, système
Brown.
134222. B. de 15 ans, 18 décembre ; Connolly (les
sieurs) et Mac-Tige. Procédés et appareils
perfectionnés pour faciliter la communication téléphonique.
134325. B. de 15 ans, 29 décembre ; Bède.
Perfectionnements aux appareils de transmissions téléphoniques.
134481. B. de 15 ans, 8 janvier ; Berliner. Perfectionnements
aux microphones et transmetteurs téléphoniques.
134734. B. de 15 ans, 26 janvier ; Bramao. Améliorations
apportées aux téléphones.
134838. B. de 15 ans, 31 janvier; Watson et Eldred. Perfectionnements
apportés aux relais des systèmes télégraphiques
ou téléphoniques.
134858. B. de 15 ans, 4 février; Godefroy. Avertisseur
téléphonique.
135119. B. de 15 ans, 17 février; Société
dite : The Chinnock Electric Company. Perfectionnements
dans les conducteurs électriques pour lignes télégraphiques,
téléphoniques, etc., empêchant les troubles
provenant des courants induits.
135120. B. de 15 ans, 17 février ; Société
dite : The Chinnock Electric Company. Perfectionnements
apportés aux conducteurs électriques pour lignes
télégraphiques et téléphoniques, en
vue dempêcher les courants induits de troubler la
transmission des messages.
135667. B. de 15 ans, 28 février; Ader. Système
de poste téléphonique et appareils employés
à cet effet.
135873. B. de 15 ans, 2 avril ; Maiche.
Nouveau téléphone, dit : téléphone
Louis Maiche.
136391. B. de 15 ans, 28 avril ; Bourdin. Dispositif
général de bureau central téléphonique
ou télégraphique, faisant usage de conducteurs doubles
136420. B. de 15 ans, 29 avril ; Lartigue. Perfectionnements
aux appareils téléphoniques.
136471. B. (brevet anglais devant expirer le 20 février
1894) ; pris le 1 er mai, par Eaton. Perfectionnements
apportés aux aimants, aux téléphones et aux
combinaisons des aimants avec téléphones.
136593. B. de 15 ans, 10 mai; Klemm, Marx et Kayser. Appareil
téléphonique perfectionné.
136812. B. de 15 ans, 22 mai ; Dunand et Ciievrant.
Système de téléphone à électro-aimant.
139866. B. de 15 ans, 25 mai; Eaton. Perfectionnements
dans les appareils dappel ou à signaux pour des buts
téléphoniques ou télégraphiques.
136896. B. de 15 ans, 25 mai ; Aboilard. Microphone perfectionné.
136988. B. de 15 ans, l or juin; Anders et Watson. Perfectionnements
apportés aux appareils signaux employés dans les
communications téléphoniques.
136989. B. de 15 ans 1 er juin; Anders. Perfectionnements
apportés aux commutateurs employés dans les échanges
téléphoniques.
136996. B. de 15 ans 1 er juin ; Russell. Perfectionnements
dans les aimants composés permanents et dans les électro-aimants,
dans les téléphones électriques et les circuits
téléphoniques.
137121. B. de 15 ans, 8 juin ; Anders. Perfectionnements
apportés aux appareils-signaux employés dans les
communications téléphoniques.
137472. B. de 15 ans, 9 juin; Herz. Nouveau système
téléphonique.
137258. B. de 15 ans, 15 juin ; Lockwood et Bartlktt. Perfectionnements
apportés aux transmetteurs pour téléphones
ou télégraphes à son articulé.
137259. B. de 15 ans 45 juin; Lockwood et Bartlett. Perfectionnements
apportés aux récepteurs pour téléphones
ou télégraphes à son articulé.
137430. B. de 45 ans, 24 juin; Gower. Perfectionnements
: dans les appareils et transmissions téléphoniques.
137439. B. de 45 ans, 25 juin; Le Goarant de Tromelin. Nouveau
système d'avertisseur téléphonique fonctionnant
sans pile.
137473. B. de 15 ans, 26 juin ; Bourdin. Perfectionnements
dans les téléphones à source électrique.
137514. B. de 15 ans, 29 juin ; Bell et Tainter.
Perfectionnements dans les appareils denregistrement
employés dans les systèmes de communication téléphoniques.
137521. B. de 15 ans, 29 juin ; Lamb. Perfectionnements
dans les conducteurs pour télégraphes, téléphones
et autres fils souterrains.
137645. B. de 15 ans, 7 juillet; Johnson. Perfectionnements
dans les appareils employés pour les signaux téléphoniques.
137803. B. de 15 ans, 15 juillet; Herz. Système
téléphonique ou télégraphique fondé
sur lemploi de diffuseurs pour déterminer le mouvement
électrique dans des circuits ouverts.
137931. B. de 15 ans, 24 juillet; Westinghouse jeune. Système
et appareils perfectionnés pour relier les conducteurs
pour communications téléphoniques.
138097. B. de 15 ans, 4 août; Bartelous. Système
de communications électriques pouvant sappliquer
aux installations téléphoniques ou télégraphiques.
138227. B. de 15 ans, 12 août; Davis etDowü.
Perfectionnements dans les appareils télégraphiques
et téléphoniques.
138921. B. de 15 ans, 29 septembre; Havard. Système
de communication téléphonique au moyen de stations
publiques.
138903. B. de 15 ans, 2 octobre; Trouvé.
Système dappareil avertisseur pour téléphones.
139029. B. de 15 ans, 7 octobre ; Boudet de Paris.
Nouvel appareil microphonique.
139084. B. de 15 ans, 17 novembre ; Gros et Carpentier.
Télégraphie et téléphonie à
grandes distances.
139755. B. de 15 ans, 29 novembre ; de Nottbeck. Perfectionnements
dans les téléphones.
139809. B. de. 15 ans, 23 novembre ; Haskins. Perfectionnements
dans les appareils employés au service téléphonique.
139921. B. de 15 ans, 30 novembre; Ranoall. Perfectionnements
apportés aux appareils téléphoniques.
139997. B. de 15 cns, 6 décembre ; Culbertson et Brown.
Perfectionnements dans les communications électriques,
téléphoniques et autres.
140015. B. de 15 ans, 7 décembre; Rossetti. Perfectionnements
aux téléphones parlants magnéto-électriques.
140017. B. de 15 ans, 7 décembre ; Crossley.
Perfectionnements dans les appareils et les dispositions pour
lusage des téléphones et des microphones.
141875. 22 mars; Maiche.
Pour un système de transmission télégraphique
et téléphonique.
141998. 20 mars; Dolbear. Pour des perfectionnements
dans les appareils téléphoniques.
142036. 30 mars; Bourdin et le général Serge
Ivanowitch de Maltzoff. Pour un système dappareil
pour la pose des câbles télégraphiques ou
téléphoniques souterrains.
142169. 6 avril; Brasseur et Déjart. Pour un commutateur
pour assurer le secret des communications téléphoniques.
142423. 20 avril; Currier et Rue. Pour perfectionnements
dans les appareils électriques ayant pour but dappeler
ou de signaler, et pouvant être appliqués aux appareils
télégraphiques et téléphoniques.
142500. 25 avril; Gugliemini. Pour des perfectionnements
apportés aux téléphones et dans leur emploi
à la télégraphie.
142645. 12 avril; Barbier et Lartigue. Pour un système
de câbles ou de lils conducteurs pour télégraphie,
téléphonie, sonneries électriques, etc.
|
De 1877 à 1887 Pendant
environ 10 ans, les expérimentations améneront
des améliorations, beaucoup d'électricien, ingénieurs
et amateurs proposent des solutions pour augmenter les performances du téléphone,
car le but est de franchir les distances, pouvoir joindre tous les abonnés
entre eux et faire baisser les côuts de revien et de fonctionnement.
Nombreux sont ceux qui déposaient des brevets.
En Télégraphie et Téléphonie on en dénombrait
:
en 1874 : 100
en 1875 : 100
en 1876 : 98
en 1877 : 114
en 1878 : 168
en 1879 : 141
en 1880 : 223
...
En 1881 ce sera le microphone Dolbear
à condensateur . brevet US 239 742 A, 5 avril 1881 qui
restera sans succès
sommaire
D'autres améliorations du microphone qui sont
les plus ancienes plus ou moins connues seront celles de Ducretet,
Bonis, Crossley,
Gaiffe, Trouvé, Lippens et de Courtois, Breguet,
D'Arsonval, Maiche,
Berthon, Mildé, Ochorowicz , Abdank ... et Clémént
Ader :
Clément
Ader, comptera beaucoup pour le développement du téléphone
en France et en Europe.
Né le 2 avril 1841 à Muret
il obtint à Toulouse, son baccalauréat à
15 ans.
C'est un élève très sérieux, particulièrement
doué en mathématiques. En 1857 s'ouvre une nouvelle
section dans l'établissement : une école industrielle
amenant un diplôme d'ingénieur équivalent aux
Arts et Métiers.
Ader fait partie de la première promotion, d'où il sortira
diplômé en 1861.
On pense qu'il prépara les concours d'entrée aux Grandes
Écoles, mais soit il ne se présenta pas aux concours,
soit il échoua. Ses études terminées, il se mit
en quête d'une situation stable. |
Lorsque
la guerre de 1870 éclate et sil
ne participe pas aux combats, Ader prend contact avec le ministre
de la Guerre afin de mettre ses compétences dinventeur
au service de la nation, notamment au travers dun projet de
cerf-volant conçu pour emporter un être humain dans les
airs afin dobserver les positions ennemies. Satisfait davoir
obtenu lautorisation dutiliser le polygone de Toulouse
pour ses expérimentations,
Ader na pas le temps de rendre opérationnel son prototype,
et le tumulte politique de laprès-conflit coupe court
à ses recherches.
Après la guerre, il travaille dans une entreprise de céramique
(Douarche, à Castelnaudary), où il profite du matériel
et du personnel pour perfectionner un planeur de son invention.
Linventeur fait jouer le réseau de son correspondant
afin dobtenir à Paris une salle pour montrer au public
son « planeur en plumes », espérant ainsi attirer
lattention dun investisseur. Malgré ses efforts,
lexposition du planeur en 1874 dans les salons de latelier
de photographie où Nadar immortalise les personnalités
à la mode ne lui apporte aucun soutien financier, et suscite
parfois même des sarcasmes.
Ader décide néanmoins de rester à Paris
le seul endroit où il peut mettre en uvre ses
projets et réussit à convaincre son père
de venir sinstaller avec lui.
Il tente alors de publiciser un brevet quil a déposé
en 1866 pour un « système de chemin de fer, dit rail
amovible.
Avec laide de son père qui se fait cocher intermittent,
il construit son prototype et dépose un nouveau brevet, puis
promène son attelage à Paris, au jardin des Tuileries
ou au parc des Buttes-Chaumont, où il conduit parfois jusquà
trente enfants.
Malgré les recensions enjouées de la presse, il ne trouve
toujours pas dacquéreur pour son invention. |
Clément Ader peut sembler nêtre
quun bricoleur de talent, sans réelles préoccupations
scientifiques. En réalité, il sintéresse
de près aux récentes avancées et communications
de lAcadémie et des revues spécialisées
quil lit afin de se tenir informé : ses inventions sont
pour la plupart directement liées aux derniers progrès
savants et industriels. Mais au-delà de ces préoccupations
concrètes, il ambitionne lui aussi de participer à lavancée
de la science, même lorsquelle nest pas en lien
direct avec ses activités techniques.
Ainsi, ses carnets (Carnets intitulés « Recherches »
: Fonds ADER, doc. 2349) portent la trace de questionnements liés
au rayonnement solaire, à lélectricité
spatiale, à l« obscure action du magnétisme
sur la gélatine », à linduction magnétique
terrestre, et même à léther, dont la preuve
de lexistence est alors au cur du débat scientifique
international, puisque les expériences dAbraham Michelson
et Edward Morley interrogeant la réalité de la notion
(jusquà ce quAlbert Einstein, expert au bureau
des Brevets à Berne, publie en 1905 un article remettant en
cause lidée déther et de temps absolu).
Dans les années 1880, Ader ne possède pas de formation
scientifique suffisante pour résoudre définitivement
la question, bien quil sy essaie, comme en témoignent
plusieurs pages de calculs et croquis dans ses carnets.
La communauté savante lui reconnaît certains mérites
: deux de ses mémoires sont présentés et lus
à lAcadémie des sciences
Ader a ainsi conservé plusieurs cartes de visite obtenues auprès
de scientifiques plus ou moins influents (comme Jules Janssen, académicien
et directeur de lObservatoire de Paris, ou Gabriel Lippmann,
maître de conférences à la Faculté des
sciences), griffonnées de quelques notes de circonstances sur
lintérêt de leur rencontre. On perçoit ainsi
le travail quAder réalisait pour constituer et entretenir
ses contacts jusque dans les enceintes de lAcadémie.
Désormais inventeur-entrepreneur à plein temps, Ader
organise son travail autour de sa demeure parisienne, rue de lAssomption,
qui lui sert datelier pour la plupart de ses projets. Ses correspondants
sadressent à lui en tant quingénieur, comme
le montrent ses échanges épistolaires avec clients et
fournisseurs auprès desquels il possède une réputation,
puisque certains dentre eux connaissent la nature particulière
et parfois hors du commun de ses exigences, et linvitent à
ajouter des plans précis à plusieurs de ses commandes.
Ader possède ainsi tout un réseau de relations professionnelles
dans le milieu des artisans et constructeurs dinstruments.
Par ailleurs, il salarie un petit groupe douvriers, relativement
fidèle à son service sur le long terme, pour réaliser
certains projets. Enfin, il travaille avec le cabinet dagents
de brevets Armengaud jeune, après avoir quitté son ancien
agent Émile Barrault le centralien, visiblement chagriné
par la rupture de leur collaboration une fois la réputation
dAder établie et ses affaires florissantes, lappelle
« mon cher ami » et tente visiblement de le circonvenir
par ses flagorneries (Lettre dÉmile Barrault à
Clément Ader, 31 décembre 1881) . Le statut et lactivité
dAder témoignent donc dun milieu dinventeurs-entrepreneurs
suffisamment vivace pour faire vivre plusieurs agents de brevets sur
la place de Paris, et illustrent bien ce moment précis (avant
que la grande entreprise nabsorbe ces vocations au siècle
suivant) où les avancées conjointes de lindustrie
et des savoirs scientifiques rendent possible lexistence dune
profession libérale (parfois abusivement qualifiée dingénieur-conseil)
qui produit de linvention en continu en vue de bénéfices
le plus souvent industriels, mais parfois aussi militaires ou administratifs.
La liste de brevets déposés par Ader et gérés
par le bureau Armengaud jeune est impressionnante, et senrichit
de plus dune centaine de dépôts et additions de
modifications en lespace de quelques années seulement.
Cest par ailleurs au cours des années 1880-1890 quAder
se consacre en grande partie à son projet davion, lÉole
tout dabord puis lAvion II et lAvion III. Les archives
contiennent lintégralité de son échange
de lettres, souvent estampillées « Secret défense
» ou « Confidentiel », avec le ministère
de la Guerre, suite aux contrats quil signe avec lÉtat
en 1892 et 1894 et aux difficultés dexécution
qui sensuivent. Cette histoire a été amplement
documentée et nous en apprend peu sur le statut dentrepreneur
dinvention à la fin du siècle : nous nous permettons
donc de renvoyer à la bibliographie en ce qui concerne les
échecs dAder en matière aéronautique.
La dernière partie de lactivité inventive dAder
sorganise autour de la télégraphie et de la télégraphie
sans fil, puisquil participe à la mise en place de communications
longue distance,
Le dernier succès dAder concerne la propulsion automobile,
à laquelle il consacre ses recherches dès lors que lengouement
pour ce moyen de transport se généralise, ce qui lui
permet de réinvestir certains résultats de travaux effectués
pour les moteurs de ses avions. Il dépose plusieurs brevets,
et signe initialement un nouveau contrat avec la Société
générale des téléphones devenue Société
industrielle des téléphones, avant que ses moteurs ne
soient repris par une société anglaise, qui commercialise
les voitures Ader dont plusieurs modèles de course qui
obtiendront des prix, lingénieur sétant
toujours passionné pour la vitesse. |
Revenons au téléphone et abordons le
sujet qui peut déranger certaines personnes :
Ader poursuit un but: se consacrer à la construction d'un appareil
volant. Il en possède les données, il a une confiance absolue
dans la réussite, (depuis 1871...) mais il sait aussi que la réalisation
de ses machines exigera des moyens financiers considérables. Il
va les demander à une invention susceptible de les lui procurer
en lui apportant une fortune.
Là aussi il a vu juste. Il s'agit du téléphone
. Nous sommes quelques mois avant l'Exposition de 1878 , Ader reçoit
la visite d'un savant de ses amis, Du Moncel,
et, comme la conversation se porte sur la chronique d'une revue américaine
qui parle vaguement d'une nouvelle invention, le téléphone
de Graham Bell, il est amené à faire part au visiteur
de ses propres travaux sur le même sujet.
Ader qui n'avait jamais rien écrit sur le télephone commence
un récit en 1921, alors qu'il avait 80 ans et que les faits qu'il
relate datait de plus de 40 ans...
Ader évoque son intérêt pour la téléphonie
: Jétais un ami de Du Moncel
; un jour, cétait quelques années avant lexposition
de 1878, il me montra un article dune revue américaine où
on parlait vaguement pour la première fois de téléphone.
En même temps, il mapportait un de ces livres: Exposé
de lélectricité. Tome III, Hachette 1856.
ouvert à la page 110 Transmission électrique de la
parole Pour votre édification, il est indispensable que
vous lisiez cet ouvrage dans lintérêt de lhonneur
français. Vous voyez, me dit-il, on y pensait avant vous et avant
les américains.
Selon les textes, la rencontre avec Du Moncel date "de quelques mois"
ou "des quelques années" avant l'exposition de 1878,
mais comme Ader dit : "Le récepteur ne ressemblait en rien
à celui que Bell venait d'imaginer", on peux supposer raisonnablement
que le téléphone avait déjà été
inventé et que Du Moncel, avec la curiosité scientifique
qu'il avait, en connaissait le fonctionnement... Il est peu probable que
Du Moncel ait seulement montré à Ader son vieux livre alors
qu'il en écrivait un nouveau, très documenté, dont
la deuxième édition fut publié en novembre 1878.
Dans les papiers d'Ader, après sa mort un dossier que nous devons
à M. Georges de Manthé (gendre d'Ader) dans son livre "Le
père de l'aviation"., on y trouve : un chapitre "Commencement
de mon futur ouvrage sur les origines du téléphone"
ou Ader, écrit
"... Au milieu d'une planchette j'avais enfoncé une pointe
qui venait s'appuyer contre une deuxième semblable plantée
sur un bout de buis, le tout formant pupitre avec les deux pointes reliées
à un circuit.
"Le récepteur ne ressemblait en rien à celui que Bell
venait d'imaginer (nous serions donc après 1876), ni comme principe,
ni comme forme. Il se composait simplement d'une autre plaquette de cinq
à six centimètres de longueur, dans laquelle j'avais plaqué
un fil de fer doux de un millimètre de diamètre et de quarante
environ de longueur qui prenait dans l'intérieur d'une petite bobine
dont il formait le noyau et qui, de l'autre bout, était soudé
à une petite masse de cuivre (le hasard avait voulu que ce fut
un bouton de porte ... première pièce venue).
"Transmetteur et récepteur avec une pile Leclanché
étaient dans le même circuit.
"Mon père, installé dans une chambre, m'aidait et parlait
sur le transmetteur avec une inlassable patience. Le récepteur
à l'oreille, j'écoutais ... C'était un bruit de vibrations
informes accompagnées de crépitements que les interruptions
de contact des pointes produisaient. Cela dura quelques jours et même
quelques semaines.
"J'accusais le contact de s'oxyder sous l'étincelle de retour,
mais, après nettoyage, polissage et même platinage, l'effet
n'était pas meilleur.
"J'avais un crayon de charpentier sous ma main. L'idée me
vint de détacher un bout de sa mine et de l'interposer entre les
contacts du transmetteur.
"Aussitôt que l'expérience fut reprise j'entendis clairement
la voix de mon père qui récitait pour la centième
fois le même conte ou la même fable.
"Mes instruments très rudimentaires n'étaient guère
présentables; à peine les fis-je voir à des amis
de la maison ... qui d'ailleurs, eux, n'y comprirent rien.
"Je ne pris aucun brevet, ajournant cette dépense pour
plus tard, lorsque j'aurais perfectionné mes appareils,
et le temps s'écoula.
Cependant ..." Et, comme dans un feuilleton, le manuscrit s'arrête
sur ce mot. Son livre sur "son" invention du téléphone
était terminé....
Et il n'avait pris aucun brevet, dommage !
Ses carnets portent la trace des très nombreuses expériences
quil réalise et qui aboutissent en 1878 au dépôt
dun nouveau brevet pour un procédé téléphonique
de son invention.
Les expériences de C. Ader en 1878
: Téléphones sans diaphragme et sans aimant
La présence d'un noyau aimanté dans le téléphone
récepteur n'est pas indispensable, et nous avons vu que l'électrophone
de M. Ader emploie de petits électro-aimants microscopiques
en fer doux. En faisant des expériences sur ces appareils,
M. Ader a été conduit à construire un récepteur
composé d'une simple tige de fer de un millimètre
de diamètre, enroulée d'une bobine de fil fin, et
il a pu transmettre la parole dans ces conditions avec une très
grande netteté. Le petit fil de fer était piqué
sur une planche, et il constata qu'en appliquant contre le second
bout libre de cette petite tige de fer une masse pesante, l'intensité
des sons était plus que doublée.
Il construisit alors le simple téléphone récepteur
représenté figure 101, formé d'un loquet de
porte B, une tige de fer doux d'un millimètre de diamètre
CC, planté dans une planchette carrée de sapin de
5 centimètres de côté et une petite bobine A
roulée sur un tuyau de plume d'oie.
Le transmetteur employé par M. Ader était celui de
son électrophone , mais tous les transmetteurs à charbon
peuvent faire parler le téléphone ainsi constitué.
On peut, avec ce petit instrument, faire une expérience de
spiritisme assez amusante en fichant le fil de fer CC sur une table
par dessous, en dissimulant habilement les conducteurs et en faisant
parler dans le transmetteur un compère placé dans
une pièce un peu éloignée. Si l'expérience
est faite dans le silence, à une heure avancée de
la nuit, par exemple, toute la table parle, on peut l'entendre en
se plaçant assez près tout autour, et cette expérience
produit l'effet le plus singulier sur les personnes crédules
ou impressionnables.
M. Ader en continuant ses expériences a construit un second
téléphone encore plus simple fig. 102;
|
il est formé
d'une planchette AB et d'une bobine C sur laquelle est roulé
un fil fin avec des spires très peu serrées collée
sur la planchette. L'appareil parle dans ces conditions sous
Faction d'un transmetteur à charbon et de trois piles
Leclanché. Si les spires sont trop serrées ou
noyées dans la gomme laque, le téléphone
ne parle plus, mais en introduisant dans la bobine un clou D,
un petit fil de fer ou une aiguille aimantée Tenant appuyer
contre la planchette, aussitôt on perçoit très
distinctement la parole. £n retirant le clou, le téléphone
redevient muet. |
Puis Ader construit un téléphone
sans diaphragme, sans aimant et sans bobine.
|
Le téléphone
récepteur suivant est encore plus simple. Il se compose
d'une tige de fer doux A (fig. 103) et d'une planchette de bois
B. En appliquant la planchette B contre l'oreille et une masse
métallique pesante à l'autre extrémité
du fil A,
M. Ader a pu reproduire la parole en employant un transmetteur
à charbon.
De la Rive, en 1846, avait constaté les sons produits
dans des conditions analogues avec des courants interrompus
mais M. Ader est le premier qui ait reproduit les sons articulés
par des moyens aussi simples.
Il faut ajouter cependant que ces sons sont très faibles,
mais ils sont néanmoins très distincts et nous
devons remercier ici M. le comte du Moncel qui a bien voulu
nous répéter toutes les expériences que
nous venons de signaler, et dont nous garantissons la parfaite
exactitude.
Ce système pourtant ultra simple restera dans le domaine
des expériences. |
sommaire
Puis le 23 juillet 1878, Ader obtiendra le brevet
125 782 d'un électrophone à main ou
Système de correspondance vocale,
Dans une lettre écrite en 1921, Ader évoque son intérêt
pour la téléphonie : Jétais un ami
de du Moncel ; un jour, cétait quelques années
avant lexposition de 1878, il me montra un article dune
revue américaine où on parlait vaguement pour la première
fois de téléphone. En même temps, il mapportait
un de ces livres : Exposé de lélectricité.
Tome III, Hachette 1856. ouvert à la page 110 Transmission
électrique de la parole Vous voyez, me dit-il, on
y pensait avant vous et avant les américains.
L'électrophone à main :
brevet 125 782 |
Cet appareil se distingue des autres
téléphones à pile par quelques dispositions
nouvelles et intéressantes.
Le transmetteur est constitué par une sorte de porte-crayon
mobile en bois terminé par une soucoupe devant laquelle
on parle. L'extrémité de ce porte-crayon se termine
par un petit cylindre de charbon arrondi à son extrémité
et qui appuie sur un second morceau de charbon fixe de plus
grande section. Le courant traverse le charbon fixe, le petit
crayon mobile et sort par un fil très fin et très
élastique pour rejoindre la ligne.
En maintenant l'appareil vertical, on rompt le circuit; en l'agitant,
on produit des chocs qui se traduisent sur le récepteur
par des bruits intenses pouvant être entendus à
une assez grande distance; en tenant l'appareil un peu incliné,
il y a un léger contact entre les deux charbons et la
transmission téléphonique directe, sans bobine
d'induction, s'effectue très nettement et avec une grande
puissance. |
Le récepteur est un tambour de basque (!) de
15 à 18 centimètres de diamètre, tendu d'une
feuille de parchemin, sur lequel sont fixées six petites armatures
en fer-blanc très minces et très étroites disposées
sur un cercle de 6 centimètres de diamètre.
En face de ces armatures sont placés six petits électro-aimants
microscopiques, chacun d'eux pouvant être réglé
séparément à l'aide d'une vis.
C'est M. Marcel Deprez qui a employé, le premier, ces petits
électro-aimants dans ses enregistreurs pour éviter l'inertie
magnétique des électro-aimants plus gros, inertie qui
produit un retard dans l'aimantation et par suite dans l'inscription
des phénomènes.
Les six petits électro-aimants sont tous disposés en
tension et agissent simultanément sur leurs armatures dans
le même sens avec une très grande rapidité. Avec
ce récepteur, la parole peut être entendue à 5
ou 6 mètres de distance en employant le transmetteur que nous
avons décrit, mais le réglage en est fort difficile,
car la membrane est trop sensible à la chaleur et à
l'humidité.
brevet N°127 180, du 28 octobre
1878 "Récepteur électrophone parlant
à haute voix"
Nous gardons le souvenir d'une conférence dans laquelle l'appareil,
parfaitement réglé quelques heures auparavant, a complètement
refusé de se faire entendre devant un public aussi attentif
que bienveillant, comme doit le faire tout instrument bien élevé
dans une expérience publique.
Aujourd'hui (1881) M. Ader emploie de préférence son
téléphone à surexcitation magnétique (p.
247) comme récepteur, les résultats sont presque aussi
puissants et beaucoup plus sûrs qu'avec l'électrophone. |
Depuis les expériences de M. Ader, M. Boudet
de Paris a construit un téléphone récepteur analogue
dans lequel la planchette de bois est remplacée par un diaphragme
d'acier. Cet appareil reproduit la parole avec le parleur microphonique
du même auteur en employant un seul élément Leclanché.
Le
développement du téléphone et sa commercialisation
peut commencer :
Jusqu'au tout début des années 1880, le modèle dominant
: celui de la télégraphie, ne permit pas aux innovateurs
de penser en d'autres termes.
Le télégraphe et ses usages étaient ancrés
dans un système simple et transparent. Les messages écrits
étaient portés dans les bureaux ouverts, publics. On ne
pouvait se défaire tout de suite de l'idée que c'était
là le seul mode pratique de télécommunications.
Alors qu'en Allemagne, Von Stephan utilisa d'emblée le téléphone
comme un simple auxiliaire du télégraphe, y compris aux
Etats-Unis, l'idée de réseau organisé n'a pas été
envisagée immédiatement. Ce ne sera pas le cas en France.
sommaire
Voici raconté dans les grandes lignes les moments les plus importants,
mais il faut aussi raconter la petite histoire de ceux qui ont poussés
au développement du téléphone en France :
A Cherbourg en janvier deux ingénieurs en
construction navale avaient mis au point un téléphone selon
le principe d'Edison. Les essais ont étés fait à
la préfécture maritime .
D'autres expériences ont lieu comme à Nantes, à
Clermont Ferrand, à Lyon à La Chapelle St
Mesmin c'était l'abbé Godefroy qui avait équipé
son séminaire de 4 postes .... , la plupard par des bricoleurs
en quête d'amélioration des appareils. C'était empirique,
chacun dans l'espoir de déposer un brevet et permettre de développer
un commerce.
Des particuliers ou des services furent les premiers à s'équiper
de téléphones (reliés point à point) pour
un usage privé sans pouvoir communiquer avec l'extérieur.
Cependant il devint possible de louer une ligne télégraphique
pour relier deux appareils téléphoniques
Le Figaro déja pourvu d'un réseau à tubes acoustiques
pour communiquer en interne s'équipa en 1879 du téléphone
pour communiquer à l'extérieur.
De même certains journaux Le temps, Le Moniteur ... s'équipèrent
de réseau similaires.
Dans l'industrie les installations sont nombreuses. Antoine
Bréguet va beaucoup contribuer à faire connaître
le téléphone en France.
Il fait des démonstrations à l'Institut, à la Société
des Ingénieurs Civils et installe dans ses ateliers le téléphone
Bell afin que tout le monde puisse l'essayer : " beaucoup de hauts
personnages, de magistrats, de littérateurs, de généraux,
furent reçus par Monsieur Bréguet. Ils s'en allaient satisfaits
et émerveillés " (le Téléphone expliqué
à tout le monde, Giffard, 1878).
Voici à ce propos ce que nous lisons dans
Lécho du Nord rendant compte d'expériences
téléphoniques faites dans les mines de Ferfay le 5 mars
1878 :
« Il s'agissait principalement d'étudier l'emploi possible
des téléphones dans les charbonnages.
L'essai a pleinement réussi. Les interlocuteurs placés les
uns au haut, les autres au fond d'un puits, ont pu correspondre aisément
à une distance de 350 mètres ; un air de musique a été
joué et aucune note n'a échappé aux oreilles qui
devaient le recueillir.
Toutefois on a constaté qu'on entendait beaucoup mieux sur le sol
que en sous le sol.
La cause de cette déperdition du son est expliquée par la
submersion du câble qui, dans les mines, reçoit perpétuellement
l'eau des cuvelages. »
Enfin, à la suite d'expériences faites le 31 mars
dernier, la compagnie Paris-Lyon-Méditerranée
(PLM) décidait l'installation d'appareils téléphoniques
dans toutes les gares importantes de son réseau.
En Fevrier 1878 on pouvait lire dans le "Journal
Télégraphique"
Note de M. L. DE CHAMPVALLIER. (Extrait dei Comptes-rendus
de l'Académie dei seteneet de Farii, T. LXXXVI, N° 5).
L'hôtel de l'Ecole de l'artillerie, à
Clermont, est relié au village de la Fontaine-du-Berger
(champ de tir) par un fil télégraphique de 14 kilomètres;
ce fil passe par le bureau central télégraphique de
Clermont sans entrer dans l'intérieur de ce bureau
(les poteaux qui supportent le fil de l'Ecole portent en tout :
du bureau télégraphique central au pont de Jaude,
distance 300 mètres environ, huit fils; le fil de l'Ecole
est le quatrième en partant du haut)
A cette distance de 14 kilomètres, un service téléphonique
fonctionne parfaitement : le téléphone employé
est le téléphone ordinaire, petit modèle. Ce
service n'est établi du reste qu'à titre d'expérience.
Egalement à titre d'expériences, un service téléphonique
a été établi entre l'observatoire de Clermont
et celui qui est situé au sommet du Puy-de-Dôme
; la distance est de 15 kilomètres.
Le fil qui relie ces observatoires est porté par les mêmes
poteaux que le fil de l'Ecole, depuis le bureau télégraphique
central jusqu'au col des Riarneaux, c'est-à-dire pendant
une longueur de 10 kilomètres; ce fil passe dans l'intérieur
du bureau télégraphique central; la communication
téléphonique entre les deux observatoires se fait
aussi parfaitement. Ces conditions exceptionnelles nous ont permis
de faire quelques observations intéressantes.
° On communique téléphoniquement
entre les deux stations de l'Ecole, distance 14 kilomètres,
même lorsque des dépêches sont lancées
sur les fils voisins par les appareils Morse.
° On entend très distinctement
et on lit couramment au son toutes les dépêches Morse
qui passent sur les fils, voisins du fil de l'Ecole et même
les dépêches qui passent sur des fils séparés
de lui par un autre fil: celles-ci donnent seulement un son beaucoup
plus faible.
° Quand on parle, au moyen du téléphone,
du sommet du Puy-de-Dôme à l'observatoire de Clermont,
nous entendons très-nettement la voix, de manière
à en reconnaître le timbre, et à distinguer
si c'est un homme ou une femme qui parle ; parfois, nous pouvons
même entendre la dépêche et la comprendre, quand
aucun bruit étranger ne vient contrarier l'audition.
Ce fait démontre la prodigieuse sensibilité du merveilleux
instrument de M. Graham Bell.
En effet, le fil des observatoires est porté,
pendant 10 kilomètres, par les mêmes poteaux que le
nôtre; mais il en est séparé par une distance
de 85 centimètres au moins, car un autre fil, celui de Rochefort,
est placé entre ces deux fils sur les mêmes poteaux.
Ainsi le courant d'induction lancé, par le téléphone,
du sommet du Puy-de-Dôme, peut déterminer un nouveau
courant induit sur un fil placé à près de 1
mètre de distance; ce nouveau courant induit suffit pour
déterminer des vibrations perceptibles à l'oreille.
Nous avons remarqué que nous entendions bien plus distinctement
.
° Du pont do Jaude au col de Riamaux,
distance 50 kilomètres, les poteaux portent trois fils; le
fil de l'Ecole est le troisième ou le plus bas;
° Enfin du col des Riamaux à la
Fontaine-du-Berger, distance A kilomètres, le fil de l'Ecole
est seul sur les poteaux qui le supportent.les dépêches
lancées du sommet du Puy-de-Dôme que celles qui partent
de Clermont : ce fait, qui tient peutêtre à la nature
de la voix de la personne qui parle au Puy-de-Dôme, provient
aussi peut-être de la position respective de notre station
à Clermont par rapport aux deux observatoires.
Quoi qu'il en soit, il résulte de nos expériences,
faites par plusieurs officiers et par des professeurs, les conclusions
suivantes.
° On lit les dépêches Morse
qui passent sur des fils distants de notre fil de 45 ou 90 centimètres,
même quand ces fils n'accompagnent le nôtre que sur
une longueur de 300 mètres, et cette addition ne gêne
en rien si ce n'est par un petit bruit dont on fait facilement abstraction,
le passage et l'audition des dépêches téléphoniques.
Ainsi, au moins jusqu'à 10 kilomètres, et très-probablement
beaucoup plus loin, on peut correspondre avec des fils portés
sur des poteaux qui supportent des fils livrés au passage
des dépêches ordinaires. Nous allons prolonger jusqu'à
leur limite ces expériences.
° Deux lignes télégraphiques
voisines, mais sans communication, mélangent leurs dépêches,
et il nous est arrivé de répondre au Puy-de-Dôme
et d'en recevoir une dépêche, sans que nos fils soient
nulle part. rapprochés de plus de 85 centimètres.
Ajoutons que nous avons mis dans le même
circuit sept téléphones et que sept personnes pouvaient
entendre à la fois la même dépêche, soit
Morse, soit téléphonique, et même une dépêche
induite téléphoniquement, sans affaiblissement appréciable
de l'intensité du son, malgré les résistances
occasionnées par les jonctions de fils.
Il semble que le nombre d'auditeurs d'une même dépêche
passant par un même fil peut être très considérable,
et nous regrettons de n'avoir pas un nombre plus grand de téléphones
pour en faire l'expérience.
Toutes nos expériences sont faites avec un
seul fil, avec communication à la terre aux deux extrémités
de la ligne.
|
En même temps dans Comptes rendus hebdomadaires
des séances de l'Académie des sciences de 1878 on peut aussi
y lire :
ÉLECTRICITÉ. Sur le téléphone.
Note de M. IZARN.
« J'ai installé, depuis quelques semaines,
au lycée de Clermont, un téléphone dans
un fil unique d'une cinquantaine de mètres, qui, traversant
la grande cour du lycée, va du laboratoire de Physique, où
il s'accroche à un bec de gaz, à une pièce
ptacée près de la loge du concierge, où il
s4accroche à un autre bec de gaz.
Cette disposition améliore la perception des sons dans mon
appareil et m'a permis deconstater un fait que je crois intéressant.
En appliquant l'oreille au téléphone,
j'entends très nettement les signaux télégraphiqaes
Morse ou autres, qui proviennent, soit du bureau télégraphique
de Clermont, soit du bureau téléphonique fonctionnant
entre l'École d'artillerie
de Clermont et le polygone de tir établi
à 14 kilomètres de la ville, au pied du Puy-de-Dôme.
J'entends même des paroles et surtout des commandements militaires,
émis dans le téléphone du polygone et destinés
à être entendus à l'École. Or mon fil
est absolument indépendant de ceux où circulent ces
signaux, il en est même très éloigné,
et il est impossible d'invoquer pour l'explication du phénomène
une induction quelconque, s'opérant entre fils attachés
sur une longueur quelconque aux mêmes poteaux.
Mais, comme les prises de terre du bureau
télégraphique et de l'École d'artillerie se
font à une petite distance des tuyaux de gaz, il n'est pas
douteux que le phénomène ne soit du à une dérivation
de courant produite dans mon fil par l'intermédiaire du sol
humide et du réseau métallique des tuyaux. Ce qui
confirme cette explication, c'est que, pendant le jour, j'entends
dans mon téléphone tous les grattements qui se produisent
quand j'envoie mon aide installer un autre téléphone
à l'autre bout du fil, et qui sont la traduction de toutes
les petites variations d'intensité produites par cette opération
dans le courant qui traverse le fil. Pendant la nuit, lorsque les
dépêches de la station télégraphique
ou de l'École se font rares ou ont cessé, on n'observe
plus rien de pareil, ce qui éloigne l'idée d'attribuer
le phénomène aux courants telluriques.
Quoi qu'il en soit, l'Administration des télégraphes
aurait intérêt à établir ses prises de
terre à une distance aussi grande que possible des tuyaux
de gaz, pour ne pas être exposée à voir ses
correspondances saisies au passage, dans certains cas, par tout
particulier ayant le gaz à sa disposition. »
|
Ces expériences se font par dizaine dans tout le pays,
tout le monde veut éxpérimenter ce nouvel instrument merveilleux
capables de transporter la voix.
Application
du téléphone à bord du croiseur le Desaix. Note
de M. TREVE.
Dans une de ses dernières sorties, le Desaix
avait à la remorque un vieux navire, l'Argonaute servant,
dans l'escadre d'évolution, au tir des torpilles d'exercice.
Un fil conducteur fut enroulé autour de l'un des câbles
remorques; l'un des bouts du fil était à bord du Desaix,
l'autre à bord de l'Argonaute. Le circuit était fermé
par la mer au moyen des doublages en cuivre des deux navires. Un
téléphone fut interposé de part et d'autre
dans ce circuit, et les communications furent aussitôt établies
entre les deux navires.
Pendant tout le temps de notre navigation, nous pûmes causer
de navire à navire aussi facilement que si nous nous fussions
trouvés dans le même cabinet. Nous croyons même
avoir remarqué que le retour par la mer donnait plus de netteté
au son.
Depuis, un des officiers du Desaix, M. le lieutenant de vaisseau
Des Portes, a eu la très heureuse pensée d'appliquer
le merveilleux instrument à la manuvre des scaphandres.
On a remplacé une glace du casque par une plaque en cuivre
dans laquelle est enchâssé le téléphone;
ce qui fait que le scaphandrier n'a qu'un léger mouvement
de tête à faire, soit pour recevoir des communications
de l'extérieur, soit pour en adresser.
On comprend tout l'avantage d'un pareil dispositif.
Nous avons à visiter nos carènes; les scaphandriers
descendent et peuvent nous rendre compte de tout ce qu'ils voient
ou font, sans qu'il soit besoin de les ramener hors de l'eau, comme
cela s'est fait jusqu'à ce jour.
Grace au téléphone, un homme parcourant les profondeurs
des mers peut rester constamment en communication parlée
avec son sémblable teresté à la surface.
Note de M. Gm Essnm, présentée par M. Faye.
L'appareil dont j'ai fait usage sur la
ligne de Pontivy à Loudéac (25 kilomètres)
est de petit modèle et ne coûte que 13 francs.
Le téléphone était relié dans chaque
poste par deux fils, d'une part à la terre, de l'autre à
une borne isolée que l'on mettait à volonté
en communication avec le fil de ligne au moyen d'un commutateur.
Le circuit formé par le fil de ligne et les fils du téléphone
ne comprenait les bobines d'aucun électroaimant et ne pouvait
recevoir aucun courant, conditions qui me semblent indispensables.
J'ai constaté, comme toutes les personnes
qui se sont servies de fils télégraphiques pour réunir
deux téléphones, un bruit de grésillement,
dû à des courants induits dans le fil téléphonique
par des influences extérieures. Mais ces influences me semblent
être de deux natures bien distinctes. Un premier grésillement
assez net est dû à l'induction des courants passant
par les autres fils, alternativement fermés et rompus par
un manipulateur quelconque. On distingue alors parfaitement les
coups du manipulateur, et même de plusieurs manipulateurs,
fonctionnant en même temps dans différents bureaux,
pourvu que le fil téléphonique suive, .sur un parcours
même très-restreint, les fils de lignes de ces différents
manipulateurs.
J'ai fait, à l'occasion de cette espèce
de grésillement, une observation qui m'a paru intéressante.
Avec une seule pièce du téléphone, reliée,
comme il a été dit plus haut, à un des fils
de ligne inactif, des mots d'une dépêche, envoyée
de Saint-Brieuc à un bureau voisin sur un fil qui côtoyait
le nôtre sur une très-petite distance, ont été
clairement saisis à Loudéac par le directeur du bureau
télégraphique, habitué à lire une dépêche
au son. Cette observation a été répétée
à plusieurs reprises par le directeur du poste télégraphique
de Pontivy, et il ne peut y avoir aucun doute à cet égard.
Seulement la perception n'est pas facile pour tout le monde; et
la multiplicité des appareils, qui fonctionnen t presque
toujoursen même temps, produit un grésillement plus
compliqué, où il est alors impossible de rien démêler.
Indépendamment de ce grésillement, il se produit dans
le téléphone un bruissement très-confus, un
froissement assez intense parfois pour croire que la plaque vibrante
va se déchirer. C'est: plutôt le soir que dans le jour
qu'on entend ce bruissement, qui devient même insupportable
et empêche de se comprendre au téléphoné,
alors qu'on n'est plus troublé par le travail des bureaux.
On entend aussi ce bruit quand on fait usage d'une seule pièce
du téléphone; et nous l'avons constaté, dans
la nuit, au bureau télégraphique de Pontivy, sur les
différentes lignés de Guémené, de Loqueminé,
de Loudéac, de Lorient. Pour nous-assurer que ce bruit était.
du également à des courants d'induction, nous avpns
interposé dàns le circuit du téléphone
un bon galvanomètre et nous savons constaté en même
temps des déviations très sensibles, tantôt
dans un sens, tantôt dans l'autre.
J'avais cru d'abord que ce bruissement confus coafus était
du au vent ou à la pluie, et qu'il n'était qu'un écho
des vibrations des fils télégraphiques, qu'on entend
facilement près des poteaux. Mais les déviations simultanées
du galvanomètre me portent à attribuer ce bruit à
été que notre fil est placé en différents
endroits dans des couches d'alr dont le potentiel subit des variations
notables et rapides, d'où résulte la production de
courants d'intensité et de directions variables, sensibles
au gatvàaometre et plus encore au téléphone.
Les différents dils dont nous nous servions passent sur des
points élevés, c'est-à-dire dans des couches
d'air ou le potentiel électrique est notablement plus fort
qu'à là hauteur habituelle des fils télégraphiques.
De plus, 1e soir, ces mêmes couches sont plus chargées
d'électricité que dans la journée.
Peut-être pourrait-on, à l'aide du téléphone,
constater, suivre et étudier exactement les variations de
t'électricité atmosphérique, en reliant à
la terre, par l'intermédiaire d'un téléphone,
soit un fil isolé placé à une grande hauteur,
soit une pomte avec ou sans flamme.
Et si, au moyen de la plaque vibrante et d'nn styte, on parvenait
à inscrire les vibrations dues àux vâriationsde
l'électpîcité atmosphérique, on réaliserait
peut-être aussi un moyen commode poùr étudier
ces variations.
Je chercherai a déterminer avec plus de certitude encore
la causée de la production de ce bruissement, en l'absence
de-toute transmission télégraphique par les fils voisins,
et je serai heureux de communiquer à l'Académie les
résultats dermes recherches.
|
sommaire
Même après un an et
demi après l'invention, il n'y a guerre que la presse scientifique
qui relate ces événements, il n'y a pas encore de débouché
pour cet instrument qui ne sert que pour converser de point
à point entre de rares utilisateurs.
L'un des premiers
réseau en France : Retournons en Normandie, la ou la première
liaison a été établie en décembre 1877.
En juillet
1878, M. Dutertre installe un fil téléphonique
entre sa demeure particulière et la mairie de la petite commune
de La Vaupalière dont il est le maire.
Puis peu à peu, il ajoute de nouveaux fils: il relie le garde
champêtre distant de 1600 mètres, le receveur des contributions,
distant de 2000 mètres.
Et en mai 1879, il fait la demande officielle pour un réseau
avec 6 stations : j'ai l'intention de faire construire un réseau
complet de lignes aériennes qui relieraient à la Mairie
la recette des contributions indirectes, dont le receveur est un conseiller
municipal et le domicile du garde-champêtre.
Les mêmes poteaux serviraient à supporter des fils spéciaux
mettant en communication la Mairie avec le presbytère et la
maison de l'adjoint au maire plus le prolongement de la ligne vers
ma demeure particulière.
Les avantages généraux de cette installation seraient
de relier les extrémités de la commune avec la Mairie
d'où seraient expédiés des ordres, il serait
facile d'obtenir promptement les secours des sapeurs pompiers ou de
la gendarmerie.
En mai 1880 M. Dutertre obtient du Ministre, avec avis favorable
du préfet, l'autorisation de relier son réseau à
Maromme, le chef lieu de canton situé à 4 km de La Vaupalière.
Voici la description du réseau : "l'appareil
choisi est celui de Gower (système de Bell perfectionné).
Des études comparatives ont fait reconnaître que le système
Bell est encore celui qui a la supériorité pour transmettre
les caractères distinctifs de la voix M. Dutertre a ajouté
un ingénieux petit système avertisseur, pour qu'il fût
possible de savoir sans retard si quelqu'un se trouvait à l'appareil
sollicité pour répondre immédiatement. Le fil
est supporté à l'aide d'isolateurs mobiles dits à
queue. La portion du fil susceptible d'être en contact avec
le support est entourée d'un morceau de caoutchouc vulcanisé.
Dans une grande étendue du parcours, les supports-isolateurs
sont piqués aux arbres de la forêt le long de la route
qui conduit à La Vaupalière. Une fois en haut de la
côte, les isolateurs sont apposés contre les maisons;
puis, sur un espace d'environ deux kilomètres, ils sont attachés
à des poteaux placés de 90 mètres en 90 mètres.
En face de la mairie, un certain nombre de fils devant provenir de
différentes directions et attendant une destination sont réunis
dans un tuyau, traversent le chemin sous terre et arrivent au système
receveur. Pendant ce cours trajet les fils sont chacun revêtus
d'une couche de gutta-percha ; cet enduit a pour but d'isoler les
courants.
Là, chaque fil est mis en rapport avec un commutateur suisse.
Par le moyen de cet appareil, on établit la communication avec
le point téléphonique avec lequel on doit correspondre.
Les essais sont tout à fait concluants et
certifiés par le docteur Laurent, membre de la Société
Industrielle de Rouen, qui rapporte: j'ai entendu distinctement
les paroles et les phrases émises par les personnes qui ont
communiqué avec moi par le téléphone administratif
de M. Dutertre.
Le son de la voix arrive à l'oreille, de manière à
comprendre très clairement. Le timbre présente même
des différences caractéristiques qui permettent de
reconnaître la voix des personnes qui parlent ".
De son côté, M. Dutertre écrit au Directeur
ingénieur des télégraphes de Rouen : "ce
fil a fait ses preuves; gendarmes, contrôleur des contributions
directes et indirectes, percepteur, agent-voyer, l'ont tous employé
pour avoir des renseignements plus prompts; des malfaiteurs, des
conducteurs de voiture ivres ou sans lanterne, ont pu être
arrêtés, signalés au passage par le secrétaire
de la mairie' (juin 1881).
En novembre 1880, M. Dutertre présente
à ses collègues de la Société Industrielle,
un projet de "téléphonie administrative dans
les communes rurales et de son application au service public".
II montre tout d'abord la supériorité du téléphone
sur le télégraphe : "pour un service télégraphique
il faut un employé spécial, un employé initié
aux difficultés de la marche de l'appareil télégraphique.
Avec l'appareil téléphonique, point de complications
semblables. Tout le monde est apte à parler dans un cornet
téléphonique, à mettre le cornet à l'oreille,
à écouter. Il suffit d'une explication fort simple,
d'une démonstration élémentaire pour permettre
à même une personne dont l'instruction est très
restreinte, pour ne pas dire nulle, de correspondre par le téléphone.
".
M. Dutertre insiste ensuite sur les profits que
chaque commune rurale doit retirer du téléphone :
"je mentionnerai tout d'abord les communications qui doivent
avoir lieu dans la commune. Quand il est nécessaire de recourir
au garde champêtre, il faut avoir sous la main quelqu'un à
envoyer chez ce fonctionnaire, il faut écrire l'ordre à
transmettre, remarquez la vitesse d'exécution avec l'emploi
du téléphone. Une communication verbale est rapidement
faite et allège le fardeau bureaucratique. Actuellement,
il faut de trois à cinq jours pour les communications de
commune à commune.
Les intérêts agricoles eux mêmes
ont une part considérable à attendre du téléphone
administratif. Les dépêches astronomiques, le cours
des denrées, certains conseils urgents, etc... pourront être
propagés dans un bref délai parmi les habitants. Il
n'est pas jusqu'à l'administration militaire pour le recrutement;
lors d'une levée d'hommes, en cas de guerre, et même
la stratégie qui n'aient à profiler largement de linstallation
en question.
En cas d'incendie, on ne saurait encore contester
qu'il soit du devoir de l'autorité municipale de recourir
le plus promptement possible, à tous les moyens, pour faire
appel aux personnes capables de porter secours. II en sera de même
s'il arrive un accident.
Un aune point essentiel que je ne puis passer sous
silence, c'est l'assistance médicale dans les campagnes.
Vous remarquerez que notre petite commune, comme bien d'autres,
est trop petite pour posséder un médecin et un pharmacien.
Les habitants sont obligés, pour se faire soigner, de sadresser
à un praticien domicilié à une distance plus
ou moins gronde ; le médecin n'est pas chez lui, est en tournée,
quelquefois dans une commune avoisinant La Vaupalière ; il
retourne fort tard à son domicile où il trouve l'adresse
du malade de La Vaupalière. Le médecin, harassé
de fatigue renverra au lendemain matin la visite à faire.
Avec l'installation d'un appareil téléphonique quelle
différence ! Un appareil serait placé chez le médecin
cantonal chargé de la médecine chez les indigents
et le médecin le plus voisin de la commune. Le médecin
pourrait être prévenu par le téléphone,
chez lui et dans les communes où il est en tournée,
Il pourrait en passant à chaque station téléphonique,
s'informer s'il est demandé. On peut dire de même pour
ce qui concerne le pharmacien et l'obtention de médicaments
urgents.
Ainsi encore, au moment des élections, pour
les renseignements nombreux que les autorités réclament
,cette installation sera on ne peut plus utile.
M. Dutertre propose ensuite la formation dun
réseau plus complet qui relierait 13 communes du canton de
Maromme.
Il prévoit même des lignes supplémentaires qui
fonctionneraient dans le cas où une ligne du réseau
serait interrompue pour une cause ou pour une autre".
Après avoir pris contact avec les deux compagnies qui exploitent
le téléphone â Paris, il évalue le coût
total à 6.500 Fr dont 150 Fr par km de fil et 100 Fr pour
chaque station téléphonique.
Enfin, pour rentabiliser le réseau, M. Dutertre
propose que le téléphone administratif soit autorisé
à servir les particuliers pour les communications privées
Cela créerait une source de revenus qui pourrait être
employée : premièrement à la défalcation
des premières dépenses d'installation , deuxièmement
à la satisfaction des frais d'entretien , troisièmement
à la rémunération des employés ou des
personnes employées à la manipulation et au soin des
appareils.
Est-il nécessaire de préciser que
ce projet fut présenté au Conseil Général
et au préfet, qu'il fut jugé intéressant mais
que, personne n'y donna suite mis à part une demande
d'enquête du Ministre en juin 1881 qui écrivait alors
: 'j'ai tout lieu de craindre aujourd'hui que la ligne ne serve
à tout autre chose qu'à l'usage auquel elle était
primitivement destinée." Heureusement pour M.Dutertre,
une discrète vérification des gendarmes permet au
préfet de répondre : "le fil ne sert que dans
un intérêt administratif et général".
Malgré le support du docteur Laurent, membre
de la Société Industrielle de Rouen, qui argumenta
sur la supériorité dun réseau téléphonique
entre communes rurales par rapport au télégraphe,
Louis Dutertre qui avait construit et entretenu ce réseau
à ses propres frais dans le souci de lintérêt
administratif et général dut se résoudre à
en arrêter les améliorations en labsence de certitudes
durables de la part des autorités.
|
De la Téléphonie administrative
dans les communes rurales et de son application au service public.
septembre 1881
RAPPORT sur l'installation faite par M. Dutertre, maire de La Vaupalière,
membre de la Société industrielle, etc PAR M. le D''
LAURENT.
SEANCE DU 2 SEPTEMBRE 1881. ( que vous trouverez
à cette adresse https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1225841/)
MESSIEURS,
Dans la séance de novembre 1880 du comité d'utilité
publique, M. Dutertre a appelé l'attention des membres présents
sur l'application qu'il avait faite de la téléphonie
à La Vaupalière, commune dont il est maire, et M.
Mairesse a été choisi pour rapporteur. Mais des occupations
nouvelles et non prévues ont obligé cet honorable
collègue de renoncer à l'élaboration de ce
travail. C'est ainsi que, dans la séance du 20 juillet dernier,
j'ai été désigné pour vous exposer l'organisation
téléphonique installée à la mairie de
La Vaupalière.
Vous vous rappelez les conférences faites à l'Hôtel-de-Ville
de Rouen, en décembre 1877, par notre collègue, M.
Gouault. Après avoir démontré les principes
essentiels sur lesquels était basé le téléphone,
le conférencier nous a parlé des détails de
sa construction et des services que cet instrument était
appelé à rendre dans un avenir plus ou moins prochain.
Je n'ai donc pas à m'occuper de la description du téléphone
ni de sa théorie. Je ne crois pas non plus qu'il m'incombe
de vous signaler dans ce rapport les améliorations successives
apportées aux appareils téléphoniques, depuis
décembre 1877. D'ailleurs, une exposition industrielle réservée
à l'électricité est ouverte à Paris
depuis le 1er août, et je suis persuadé que chacun
des membres de la Société industrielle de Rouen sera
désireux d'examiner les merveilleux petits instruments dont
l'usage se répand si rapidement depuis la découverte
de Graham Bell. Tout ami du progrès ne peut manquer de reconnaître
la nécessité de s'initier aux améliorations
qui vont permettre de généraliser de plus en plus
ce moyen de communication.
Il appartenait à notre distingué collègue,
M. Dutertre, de nous faire apprécier par la pratique quelques-uns
des services que peut procurer la téléphonie. J'ai
dit appartenait; en effet, Messieurs, la science télégraphique
est redevable à cet électricien de perfectionnements
importants, qui ont même été adoptés
par l'Administration des Télégraphes. C'est vous faire
remarquer, dès le début, quelle compétence
possède le créateur du service téléphonique
administratif dans les communes rurales.
Dès le mois de février qui suivit
la conférence (février 1878), M. Dutertre a installé
un fil entre sa demeure particulière, à La Vaupalière,
et la mairie. Puis, peu à peu, il a ajouté de nouveaux
fils à La Vaupalière même plus tard, en avril
1880, il a relié cette commune avec le chef-lieu du canton.
J'ai vérifié à différentes reprises
le fonctionnement de la ligne téléphonique dont j'ai
à vous entretenir. Ce fonctionnement avait été
examiné précédemment par plusieurs membres
de notre compagnie, et notamment par MM. Besselièvro, Mairesse,
Bernardini et Deshays. Ces messieurs pourraient donc vous confirmer
les résultats qui seront consignés par moi dans ce
rapport. J'ai entendu distinctement les paroles et les phrases émises
par les personnes qui ont communiqué avec moi par le téléphone
administratif de M. Dutertre.
Etant à Maromme, j'ai conversé à La Vaupalière
avec M. Quibel, receveur des Contributions, avec M. Dutertre, avec
M. Manneville, secrétaire de la mairie. J'ai entendu, de
Maromme même, la conversation qui avait lieu à La Vaupalière
entre deux points téléphoniques à l'un était
M. Dutertre, à l'autre M. Manneville. A La Vaupalière,
je me suis entretenu avec le secrétaire de la mairie de Maromme,
M. Morel, avec le garde champêtre et le receveur des Contributions.
Le son de la voix arrive à l'oreille, de manière à
comprendre très clairement. Le timbre présente même
des différences caractéristiques qui permettent de
reconnaître la voix des personnes qui parlent. Il faut se
rendre compte par soi-même de ces phénomènes
réellement curieux pour croire qu'il n'y a rien d'exagéré
dans les résultats publiés par les expérimentateurs.
Comment se figurer que la voix parvienne si distinctement, après
avoir parcouru une distance plus ou moins considérable, passant
par un fil très mince ? Les physiciens ont trouvé
que la vitesse de propagation du son dans le fer peut être
évaluée à 5 kilomètres par seconde.
Ici, il ne s'agit plus du son seulement, mais bien de rélectricité,
dont la vitesse de propagation est de 120,000 lieues par seconde.
Les paroles parties du point le plus éloigné du réseau
actuel mettent donc bien moins d'une seconde à se rendre
à l'autre extrémité. Leur transmission a lieu
instantanément. Enfin, étant à Rouen, j'ai
eu recours aux deux voies télégraphique et téléphonique
pour correspondre avec M. Dutertre. Le secrétaire de la mairie
de Maromme a bien voulu servir d'intermédiaire. La dépêche
télégraphique étant adressée à
M. Morel, cet employé l'a transmise téléphoniquement,
à La Vaupalière, à M. Dutertre. Cette combinaison
des deux moyens nous a permis de correspondre plus facilement; par
la voie télégraphique seule, qui s'arrête à
Maromme, on eût été contraint d'envoyer ensuite
un express à la commune de La Vaupalière.
Mes essais ont donc été aussi variés
que possible pour m'éclairer sur les avantages de cette installation.
La ligne téléphonique, dont il est question ici, est
constituée en ce moment par un réseau partant de la
mairie de La Vaupalière et s'étendant par des ramifications
:
1° Chez le garde champêtre de La Vaupalière son
habitation est à 1,600 mètres de la mairie
2° Chez le receveur des Contributions, dont le domicile est
à 2 kilomètres de la mairie
3° A la mairie de Maromme, chef-lieu du canton, située
à 4 kilomètres de la mairie de La Vaupalière.
Ce réseau est incomplet. Dans ses essais primitifs, limités
dans la commune seule, M. Dutertre avait installé quelques
lignes supplémentaires qu'il a été obligé
de supprimer. L'installation a donc dû rester jusqu'à
présent bornée aux ramifications précédentes.
La téléphonie administrative dans
les communes rurales est une innovation. Malheureusement, dans notre
beau pays, tout ce qui est innovation rencontre le plus souvent
des entraves diverses et puissantes. On a à compter avec
la routine, l'ignorance, les préventions, les superstitions,
etc. Aussi, dois-je dire qu'il a fallu la force de conviction et
la méritante persévérance de notre collègue
pour ne pas être rebuté et ne pas renoncer entièrement
à cette entreprise d'ulilité publique. Car, il ne
s'agit pas d'une exploitation privée, mais bien d'un réseau
qui a pour but les intérêts de la commune, les intérêts
du canton et les intérêts départementaux. Je
dois ajouter que c'est à ses frais, avec ses propres deniers,
que M. Dutertre a installé et entretient ce service administratif.
Ne sachant pas si la ligne téléphonique serait autorisée
à fonctionner, et si, par conséquent, elle avait l'espoir
d'une existence plus ou moins durable, notre collègue a cru
devoir s'arrêter dans la voie des améliorations. Cette
ligne marche aujourd'hui telle qu'elle a été disposée
tout d'abord. A La Vaupalière, sous la main du secrétaire
de la mairie, dans la maison commune, est placé un appareil
téléphonique. A chaque point avec lequel a lieu la
communication existe un autre appareil téléphonique.
L'appareil choisi est celui de Gower (système de Bell perfectionné).
Des études comparatives ont fait reconnaître à
notre collègue que le système Bell est encore celui
qui a la supériorité pour transmettre les caractères
distinctifs de la voix. Mais peu importe, an point de vue qui nous
occupe, l'appareil mis en usage. Il n'est pas douteux que les progrès
de la construction téléphonique feront adopter successivement
le mécanisme le plus approprié.
M. Dutertre a ajouté un ingénieux petit système
avertisseur, pour qu'il fût possible de savoir sans retard
si quelqu'un se trouvait à l'appareil sollicité pour
répondre immédiatement.
Un petit bouton à ressort donne lieu à une première
sonnerie (sonnerie d'appel), qui transmet l'avis du désir
de correspondre. Dans le système employé par M. Dutertre,
une seconde sonnerie renfermée dans une petite boîte
superposée à l'appareil fondamental, informe de la
présence d'un auditeur. On n'a pas besoin d'attendre longtemps
pour s'assurer s'il y a, oui ou non, quelqu'un qui répondra
à l'appel du point de départ.
Le fil est supporté à l'aide d'isolateurs mobiles
que l'on peut facilement fixer soit contre le tronc d'un arbre,
soit contre une maison, soit sur des poteaux. Ce sont des isolateurs
dits à queue, et dont la tige terminale s'implante très
facilement dans le bois. La portion du fil en contact et susceptible
d'être en contact avec le support est entourée d'un
morceau de caoutchouc vulcanisé. On évite ainsi l'usure
résultant du frottement que produit l'agitation du fil par
le vent.
J'ai constaté que, dans une grande étendue du parcours,
les supports-isolateurs étaient piqués aux arbres
de la forêt, le long de la route qui conduit à La Vaupalière.
Une fois au haut de la côte, les isolateurs sont apposés
contre les maisons puis, sur un espace d'environ deux kilomètres,
ils sont attachés à des poteaux placés de 90
mètres en 90 mètres. En face de la mairie, un certain
nombre de fils devant provenir de différentes directions
et attendant une destination sont réunis dans un tuyau, traversent
le chemin sous terre et arrivent au système receveur. Pendant
ce court trajet, les fils sont chacun revêtus d'une couche
de guttapercha cet enduit a pour but d'isoler les courants. Là,
chaque fil est mis en rapport avec un commutateur suisse. Par le
moyen de cet appareil, on établit la communication avec le
point téléphonique avec lequel on doit correspondre.
M. Dutertre a appelé tout particulièrement mon attention
sur la commodité des isolateurs qu'il a employés.
C'est ainsi que notre collègue a pu, dans l'espace de deux
heures et demie au plus, établir tous les fils sur la partie
du réseau qui va de la mairie de Maromme à la Maine.
La promptitude d'une installation a une valeur dont il est bon de
tenir compte pour la pose première ou les réparations
ultérieures.
M. Dutertre considère encore comme très important
l'état de relâchement du fil de fer dans l'intervalle
d'un support isolateur à l'autre. La tension aussi exacte
que possible n'est nullement nécessaire, quoiqu'elle soit
exigée pour les lignes télégraphiques. C'est
là un résultat pratique démontré par
une expérience suffisante, puisqu'il en est ainsi depuis
la pose du fil qui va de Maromme à La Vaupalière,
c'est-à-dire depuis avril 1880 jusqu'àce jour, fin
juillet 1881, seize mois environ.
En examinant la disposition des supports-isolateurs sur les arbres
d'une certaine hauteur, on constate facilement que lorsqu'il fait
du vent, des ouragans, les arbres sont mis en mouvement, s'écartant
et se rapprochant plus ou moins sous l'iinfluence des perturbateurs
atmosphériques sur la cime et les branches. Un étirement
exact tend infailliblement à amener la rupture du fil, soit
par la force soutenue, soit par la brusquerie de l'effort. On explique
de cette façon la rupture assez fréquente des fils
télégraphiques soumis aux révolutions aériennes.
Or, comme M. Dutertre l'a vérifié, l'inextension des
fils téléphoniques ne gêne en rien la transmission,
et on aurait tort de croire à une déperdition capable
d'interrompre la circulation vocale. Elle offre même un certain
avantage, en ce que la transmission téléphonique n'est
pas gênée par le bruit que le vent détermine,
lors des ouragans, dans les fils fortement tendus.
J'ai même vu que quelques poteaux avaient été
renversés dans une partie du trajet. Le 61 porte simplement
sur une haie d'épine et il n'existe pas d'interruption. Les
poteaux n'ont pas été relevés jusqu'à
présent. Ce fait est une preuve de plus de l'effet de l'inextension
du fil téléphonique.
Ces détails pratiques méritent d'être appréciés,
et tendent à démontrer la facilité de la pose
d'un trajet téléphonique. Il convient toutefois d'isoler
le fil de tout corps susceptible de propager le courant transmis.
Les corps qu'il importe d'éviter sont ceux dénommés
conducteurs de l'électricité.
Les fils installés par M. Dutertre passent dans la forêt,
à travers les feuilles, et même, sont plus ou moins
en rapport avec des ramifications de petite dimension. Jusqu'ici
on n'a pas accusé la moindre viciation dans la transmission.
J'ai parlé plus haut de préventions et superstitions
contre lesquelles tout inventeur a à lutter. Il ne faudrait
pas croire que M. Dutertre, tout maire qu'il était, n'a eu
qu'à prier ses administrés pour être autorisé
à poser ses supports-isolateurs contre les maisons ou à
la proximité des propriétés. Un certain nombre
avaient peur que les fils n'attirassent le tonnerre. Notre collègue
a dû parlementer à maintes reprises, et tâcher
de les persuader de toutes les manières, que les voisins
de fils téléphoniques ne devaient pas redouter plus
que les autres la chute de la foudre. Les événements
sont même venus favoriser les efforts de M. Dutertre. Depuis
l'installation téléphonique, la foudre n'est tombée
qu'une fois à La Vaupalière, mais à une distance
assez grande d'une maison supportant un de ces fils, à quarante
mètres environ. Ce fait n'a pas peu contribué à
rassurer les voisins des isolateurs.
Messieurs, je ne sais si je vous ai tracé d'une façon
suffisamment explicite les traits qui doivent reproduire dans votre
esprit l'organisation téléphonique due à l'initiative
de M. Dutertre.
Notre collègue a été amené à
cette installation, la première qui existe sur tout le territoire
français, par le désir de satisfaire à certaines
parties du service administratif, et, ici, Messieurs, je tiens à
vous faire reconnaître la supériorité réelle
d'un service téléphonique pour faire communiquer les
communes rurales sur un service télégraphique employé
au même objet.
Rendons-nous bien compte des exigences d'un poste télégraphique
et comparons-les à celles d'un poste téléphonique.
Pour un service télégraphique, il faut un employé
spécial, un employé initié aux difficultés
de la marche de l'appareil télégraphique, un employé
que vous devez payer dans une certaine proportion, en raison de
ses études préliminaires. Malgré la diffusion
de plus en plus grande de l'instruction, vous recruterez rarement
cet employé parmi les habitants de la commune rurale.
Avec l'appareil téléphonique, point de complications
semblables. Tout le monde est apte à parler dans un cornet
téléphonique, à mettre le cornet à l'oreille,
à écouter, à interrompre un trajet, une communication
à l'aide du commutateur. Il suffit d'une explication fort
simple, d'une démonstration élémentaire pour
mettre à même une personne dont l'iustruction est très
restreinte, pour ne pas dire nulle, de correspondre par le téléphone.
Veuillez approfondir toutes les conséquences de cette facilité
du fonctionnement téléphonique. De quel prix n'est
pas la simplicité de manipulation ?.
Mais voici un autre avantage non moins précieux qu'il convient
de vous signaler.
Tandis qu'avec le télégraphe vous ne pouvez faire
passer qu'un nombre de mots très limité dans un temps
donné, dans le même temps, si l'on a recours au téléphone,
on aura conversé très longuement, et des réponses
nombreuses auront été échangées de part
et d'autre; une quantité presque incalculable de mots aura
circulé. En outre, remarquez à ce sujet ce qui a lieu
dans les campagnes pour le fonctionnement télégraphique.
Une dépêche arrive pour une commune située à
deux ou trois lieues du bureau. Les dépêches sont assez
rares. On n'a pas immédiatement à sa disposition,
comme dans les grandes villes, un employé ou un commissionnaire
pour porter la dépêche. Ce n'est qu'après un
temps plus ou moins long qu'on se procure quelqu'un qui consente
à aller remettre une lettre. Ce commissionnaire met un certain
temps à parcourir la distance nécessaire et arriver
chez le destinataire, même quand il y met toute la célérité
possible. Que sera-ce dans le cas où le commissionnaire fera
certaines rencontres, s'arrêtera chez un ami, prendra un rafraîchissement,
etc.? Il faut ensuite rapporter la réponse au bureau et expédier
télégraphiquement cette réponse.
Quand on réfléchit à ces lenteurs obligées
d'un service télégraphique dans les communes rurales,
n'est-il pas opportun de constater au contraire, avec l'adoption
du système téléphonique, des avantages multiples,
avantages de temps, avantages d'argent ?
Je vais insister sur les profits que chaque commune rurale doit
retirer du téléphone administratif.
Si nous examinons les nécessités spécialement
administratives, je mentionnerai tout d'abord les communications
qui doivent avoir lieu dans la commune seule.
Quand il est nécessaire de recourir au garde champêtre,
il faut avoir sous la main quelqu'un à envoyer chez ce fonctionnaire,
il faut écrire l'ordre à transmettre, il faut donc
en plus le temps d'écrire cet ordre. On peut en dire autant
pour le receveur des Contributions directes et indirectes, l'agent
voyer, le commissaire. Remarquez la vitesse d'exécution avec
l'emploi du téléphone. Une communication verbale est
rapidement faite et allège le fardeau bureaucratique. Actuellement,
il faut de trois à cinq jours pour les communications de
commune à commune. J'extrais d'une lettre officielle, adressée
par M. Dutertre à M. le Directeur, ingénieur des Télégraphes,
à Rouen, le passage suivant M. le Directeur contestait au
garde champêtre le rang de fonctionnaire et voulait, pour
la ligne qui va de la mairie de La Vaupalière chez ce fonctionnaire,
exiger une rétribution comme n'étant pas une communication
administrative.
« Le garde champêtre, écrit M. Dutertre, insuffisamment
payé est obligé d'avoir recours à un travail
manuel et ne peut être astreint à venir tous les jours
à la mairie (son habitation est à 1,600 mètres
de la maison commune). Faudra-t-il, lorsqu'il arrivera une demande
de renseignements ou un ordre, courir le chercher à près
de deux kilomètres? (Ma commune a près de six kilomètres
de longueur.) Le secrétaire de la mairie, instituteur, ne
peut ni ne doit se déranger. »
« Ce fil a fait ses preuves; gendarmes, contrôleurs
des contributions directes et indirectes, percepteur, agent-voyer,
l'ont tous employé pour avoir des renseignements plus prompts;
des malfaiteurs, des conducteurs de voitures ivres ou sans lanterne,
ont pu être arrêtés, signalés au passage
par le secrétaire de la mairie. » (Lettre du 7 juin
1881.) Les intérêts agricoles eux-mêmes ont une
part considérable à attendre du téléphone
administratif. Les dépêches astronomiques, le cours
des denrées, certains conseils urgents, etc pourront être
propagés dans un bref délai parmi les habitants.
Il n'est pas jusqu'à l'administration militaire pour le recrutement,
lors d'une levée d'hommes, en cas de guerre, et même
la stratégie qui n'aient à profiter largement de l'installation
en question.
En cas d'incendie, on ne saurait encore contester qu'il soit du
devoir de l'autorité municipale de recourir, le plus promptement
possible, à tous les moyens, pour faire appel aux personnes
capables de porter secours. Le téléphone administratif
sera encore là dans son rôle. Il en sera de même
s'il arrive un accident. Un autre point essentiel que je ne puis
passer sous silence, c'est l'assistance médicale dans les
campagnes.
Pour ne parler que de La Vaupalière, vous remarquerez que
cette petite commune, comme bien d'autres, est trop petite pour
posséder un médecin et un pharmacien. Les habitants
sont obligés, pour se faire soigner, de s'adresser à
un praticien domicilié à une distance plus ou moins
grande. Actuellement, il faut aller à Maromme, à Notre-Dame-de-Bondeville,
à Déville, etc. Il faut un certain temps pour se rendre
à la demeure du médecin le médecin n'est pas
chez lui, est en tournée, quelquefois dans une commune avoisinant
La Vaupalière. La personne envoyée ne peut revenir
assez tôt pour l'atteindre dans cette autre commune, d'où
le praticien, continuant ses visites dans une autre direction, est
parti pour retourner fort tard à son domicile où il
trouve l'adresse du malade de La Vaupalière. Le médecin,
harassé de fatigue, renverra au lendemain matin la visite
à faire. Quel est celui qui souffre le plus de tous ces retards
? C'est le pauvre malade.
Avec l'installation d'un service téléphonique, quelle
différence Un appareil serait placé chez le médecin
cantonal, chargé de la médecine chez les indigents
ou le médecin le plus voisin desservant la commune de La
Vaupalière. Le médecin pourrait être prévenu
par le téléphone, chez lui et dans les communes où
il est en tournée. Il pourrait, en passant à chaque
station téléphonique, s'informer s'il est demandé.
On peut en dire de même pour ce qui concerne le pharmacien
et l'obtention des médicaments urgents.
Je n'ai pas la prétention d'avoir énuméré
tous les services que le téléphone administratif est
appelé à rendre dans les communes rurales. Ainsi encore,
au moment des élections, pour les renseignements nombreux
que les autorités réclament, cette installation sera
on ne peut plus utile.
Comme vous pouvez vous en rendre compte, elle facilitera considérablement
les relations de commune à commune et les relations de chaque
commune avec le chef-lieu de canton. Il y aura évidemment
plus de célérité dans l'envoi des documents
et des rapports, etc.
Messieurs, notre collègue, M. Dutertre, en
établissant le téléphone administratif de La
Vaupalière à Maromme, s'est surtout préoccupé
de servir les intérêts de sa commune et de la région
qu'il habite. Il a étudié la formation d'un réseau
qui comprendrait tout le canton de Maromme.
Je mets sous vos yeux le tracé de ce réseau qui intéresse
treize communes, dont Maromme qui est le chef-lieu de canton des
douze autres.
(Voir pl. XIX.) représente la ligne téléphonique
qui fonctionne actuellement entre la Vaupalière et Maromme.
Les tracés indiquent les communications projetées
avec les autres communes.
Les lignes représentent des lignes supplémentaires
qui fonctionneraient dans le cas où une ligne du réseau
serait interrompue pour une cause ou pour une autre.
Le tracé proposé par M. Dutertre paraît à
notre collègue constituer ce qu'il y aurait de plus économique
et ce qui répondrait le mieux à toutes les exigences
des relations administratives.La longueur du tracé est d'environ
36 kilomètres, l'évaluation maximum de la dépense
est de 150 fr. par kilomètre. Il faut ajouter 100 fr. par
chaque station téléphonique. Ce serait un total d'environ
6,500 fr.
Les lignes pointillées ne sont pas comprises dans les frais.
Chaque commune pourrait ensuite compléter les lignes cidessus,
suivant les différents besoins, au point de vue de la bienfaisance
ou assistance (service médical, service des incendies,etc.),
au point de vue de la sécurité (gendarmerie, garde
champêtre, etc.), etc.
Je croirais sortir du cadre de cet exposé
en essayant d'esquisser les ramifications que réclameraient
ces divers services dans chaque commune. Après ce que je
viens de dire, il suffit de les énoncer pour avoir une idée
satisfaisante de leur utilité et de la facilité de
leur établissement.
Avant de clore ce rapport, permettez-moi de vous
lire un passage emprunté à un livre paru récemment
(1881) sur les télégraphes, par Ternant (Bibliothèque
des Merveilles), page 54.
« Alors qu'en France, le service des communications téléphoniques
se limite à Paris, en ce moment on compte actuellement dans
le nouveau monde quatre-vingt-cinq villes qui se servent de ces
installations. A Chicago, il y a 3,000 abonnés, 600 à
Philadelphie, autant à Cincinnati, un nombre sans cesse croissant
à New-York, et le chiffre des personnes abonnées aux
compagnies téléphoniques en Amérique dépasse
70,000. »
Ce passage n'est pas, je crois, tout à fait exact quant à
la France. Si je suis bien informé, nous avons dans notre
département quelques installations téléphoniques
privées. Si les nouvelles inventions y rencontrent un nombre
considérable de sceptiques, nous possédons des amis
du progrès qui sont bien aises d'encourager les inventeurs.
Il y a aussi des industriels qui s'empressent d'expérimenter
les innovations. Ils sont en petit nombre, il est vrai, mais il
en existe et il importe de stimuler leurs idées généreuses.
Si le téléphone administratif était autorisé
à servir les particuliers pour les communications privées,
on créerait une source de revenus qui pourraient être
employés à : 1° la défalcation des premières
dépenses d'installation; 2° à la satisfaction
des frais d'entretien; 3° à la rémunération
des employés ou personnes préposées à
la manipulation et au soin des appareils. Mais à ces résultats
qu'il est nécessaire d'envisager quand une organisation est
à fonder et qui constituent la partie matérielle de
l'uvre, viennent s'en adjoindre qu'on ne peut passer sous
silence.
En facilitant les communications entre les communes
d'un même canton, en facilitant les communications entre les
habitants de ces communes, on multiplie les éléments
de progrès, on augmente les moyens de développement
de l'intelligence, et par cela même de développement
du commerce et de l'industrie, on ouvre la véritable voie
de prospérité d'un pays quel qu'il soit, tout en contribuant
aussi à assurer son bien-être.
Si l'établissement d'un téléphone administratif
est déjà une amélioration considérable
pour une population, l'adjonction de la téléphonie
privée est un complément nécessaire et je ne
doute pas que les hommes qui ont souci de l'intérêt
général ne s'efforcent de concourir à un but
aussi louable, en contribuant de leur influence et même de
leurs capitaux.
CONCLUSIONS.
Pour résumer les développements donnés dans
le cours de ce rapport, me servant des expressions citées
précédemment, je puis dire sans crainte d'être
démenti le téléphone administratif de La Vaupalière
à Maromme a fait ses preuves.
Je dois en même temps faire ressortir :
1° Les avantages inhérents au fonctionnement d'un service
téléphonique dans les communes rurales;
2° La supériorité du téléphone sur
le télégraphe pour les communications des habitants
des campagnes;
3° Enfin, l'initiative de notre collègue, M. Dutertre.
L'installation dont je vous ai entretenu est due à sa spontanéité.
C'est la première de ce genre sur le territoire français
et je crois qu'il importe de lui donner tout le développement
que mérite son utilité incontestable.
Le comité d'utilité publique a l'honneur
de proposer 1° De solliciter le concours de la Société
industrielle en faveur d'un projet qui, d'ailleurs, émane
d'un de ses membres; 2° Que MM. les membres de la Société
veuillent bien inviter son Bureau à prier M. le Préfet
de soumettre à l'approbation de MM. les membres du Conseil
général l'achèvement du réseau téléphonique
du canton de Maromme.
Le fonctionnement de ce réseau servirait
de type à l'établissement de réseaux semblables
dans les autres cantons de la Seine-Inférieure.
|
sommaire
Beaucoup de constructeurs et d'ingénieurs
réaliseront de merveilleux sytèmes, des téléphones
plus ou moins astucieux, élégants ... pour le bonheur des
collectionneurs d'aujourd'hui, retenons les principaux :
Aboillard - Ader - Atea - Bailleux -Berliner
- Berthon - Blake - Bourseul - Breguet - Burgunder
- Charron-Bellanger - Crossley - D'Arsonval
- Delafon - Digeon - Duchatel - Ducousso - Dunyach-Leclerc - Edison-
Eurieult - Gallais - Grammont - Jacqueson - La Séquanaise - Maiche
- Milde - Morlé-Porché - Morse - Albank - Nee - Ochorowiz
- Pasquet - Pernet - Picart-Lebas - Radiguet - Roulez - Rousselle-Tournaire
- S.I.T - Tavernier - Vande-Meerssche - Wery -Wich ....
(voir la page les téléphones)
En premier on trouve dans le livre
"Le
téléphone expliqué à tout le monde"
de Giffard en février 1878, un bon aperçu des faits,
des discours, des croyances .... de l'état de l'art à cette
date.
Dans la presse scientifique dès 1878 et 1879 comme dans le premier
numéro de "La lumière électrique" de 1879",
on trouve la description du dispositif Ducretet , Perrodon,
Siemens ... Récits de Th Dumoncel
Modèle Ducretet
Du catalogue Ducretet, 30 Francs de l'époque.
....
...
...Cet appareil
sera déployé en Allemagne et ses colonies, aujourd'hui ils
sont rares.
sommaire
Ader continue ses expérimentations et déposa plusieurs
brevet dont :
Brevet du 02 décembre 1879 US222118
MAGNET-TELEPHONES.
Brevet du 27 février 1879 Récepteur
téléphonique à vibration moléculaire électro-magnétique,
vue dans le Scientific American Supplément 178
Récepteur téléphonique à vibrations moléculaires
électromagnétiques de Ader :
Principe de 1878 et
au Musée de Muret
Cornelius Roosevelt et Frederic
Gower, deux représentants dAlexander
Graham Bell à Paris, vont avoir connaissance du brevet
Electrophone dAder et proposer à linventeur de sassocier
avec eux dès 1879 .
Brevet du 26 juillet 1879 n° 131974, Système
de téléphone à pôles magnétiques concentrés
Avec Gower Ader collabore et invente
un dispositif de signal d'appel pour bureau central de la Compagnie des
téléphones Gower.
Brevet du 30 septembre 1879 n° 132944, Système d'avertisseur
téléphonique sans pile, à signal visible, l'exploitation
fugace de cet appareil fonctionnait assez mal dans le central téléphonique
Gower,
Et aussi un Système d'étude expérimental de Ader
sensé démontrer l'existence de la "surexcitation",
il est composé d'un aimant, d'une plaque de tôle retenue
par deux clous et en avant, d'une pièce de fer qui doit être
le "surexcitateur"
vu au Musée de Muret
Par la suite, son récepteur à gros anneaux remplacera les
téléphones Trouvé (de type Bell) et équiperont
les transmetteurs Crossley déjà instrallés
sur les premiers réseaux de Province de Gower.
Brevet du 28 févier
1880 n° 135667, Système de postes téléphoniques
et appareils employés à cet effet.133337
Brevet du 24 octobre 1879- Téléphone récepteur
à pôles magnétiques surexcités.
30 mai 1882- Addition.
19 avril 1883- Addition.
9 mai 1883- Addition.
13 septembre 1883- Addition.
27 février 1884- Addition.
12 mai 1884- Addition.
21 avril 1885- Addition
En fait on a reconnu que l'utilité de cet anneau était
mal démontrée par l'expérience : |
|
Sur ses controverses, le "surexcitateur" d'Ader
d'une efficacité douteuse, mais fortement "médiatisé",
serait une invention politique ?
Ader reçu le prix de physique assorti d'une
somme de 3000 fr par l'Académie des sciences.
Puis il mettra au point le premier téléphone mobile , micro
fixe à charbon, pour mettre sur une table ou un bureau
Brevet du 20 avril 1880 US226584
Visible Signal for Telephones
Le téléphone de Bell a été conservé
comme récepteur. Il ne faut pas, en effet, se laisser tromper par
l'apparence.
Dans le récepteur Ader comme dans le récepteur Gower, on
fait usage d'un barreau aimanté d'une plaque vibrante en tôle
de fer et d'une bobine d'induction. Seulement, dans le récepteur
Ader, le barreau aimanté est replié en arc de cercle, pour
que les deux pôles de l'aimant agissent sur la membrane vibrante.
Mais, qu'il soit droit ou circulaire, c'est toujours le barreau aimanté
du récepteur M. Graham Bell.
ADER s'attacha tellement à sa première découverte
que, la perfectionnant sans cesse, il ne prit pas moins de cinquante brevets
successifs entre 1878 et 1884.
Nous le relirons un peu plus tard que Ader écrivit à M.
Chaumet, sous-secrétaire aux postes, pour l'informer qu'il était
disposé à donner à l'État la marque des récepteurs-Ader
"dont il pourrait exclusivement se servir". La réponse
vint à quelque temps après sous la sous forme d'un avertissement
de l'administration des P.T.T. lui réclamant le paiement de sa
ligne téléphonique personnelle. Ader, inventeur des
appareils téléphoniques français, répondit
qu'il ne paierait pas, laissa couper sa ligne et jamais plus de sa vie
n'eut de téléphone à son domicile.
sommaire
A cette Période dans la presse
locale on peut découvrir à cette même période
l'invention de Edison le PHONOGRAPHE
Dans La
Semaine du Clergé
du 10 Octobre 1877 figure le premier article relatif à
l'invention du phonographe, signé Le Blanc.
Sous le pseudonyme de ce chroniqueur scientifique se cache l'abbé
Lenoir, un ami de Charles Cros.
Pour la première fois, le mot phonographe est employé pour
désigner l'invention décrite quelques mois plus tôt
par le poète dans son pli cacheté adressé le 18 avril
1877 à l 'Académie des Sciences.
Ouvrons une parenthèse sur le phonographe d'Edison
:
la même année que Charles Cros, le 17 juillet 1877, Thomas
A Edison décrit un appareil qui enregistre un message télégraphique
sur du papier qui ensuite pouvait être envoyé de nouveau
par télégraphie. Il en conclut qu'un message téléphonique
peut être enregistré de la même manière.
On a là l'exemple d' une fécondation croisée de deux
techniques, celle du télégraphe et du téléphone.
(clic surimage pour voir le document origine).
Le matin suivant, il se rend compte qu'il n'enregistre pas seulement un
message mais un son.
18.- Juillet 1877 - Esquisse d'un " appareil parlant "
Une fois esquissé, il fera réalisé le prototype par
son assistant John Kruesi du 4 au 6 décembre 1877. Thomas A Edison
teste alors la nouvelle machine en chantant "Mary had a little lamb."
A sa grande surprise, la " machine parlante " répèta
la chanson.
Il en fit ensuite la démonstration dans les bureaux du Scientific
American à New York City qui relate l'évènement dans
son édition du 22 décembre 1877. Auparavent, Thomas A Edison
avait déposé sa demande de brevet le 19 décembre
1877 pour son "phonographe".
Le brevet fut accepté le 17 fèvrier 1878 et décrivait
un appareil très simple.
Archives Edison "
The Edison papers "
Antoine Bréguet,
dans la Revue des deux mondes de juillet-août 1878 sur «
La Transmission de la parole : le phonographe, le microphone, laérophone
», insiste sur laptitude du Nouveau Monde à concevoir
mais surtout mettre en uvre les avancées du progrès
technique.
" Aux Etats-Unis, tout devient franchement commerce
Thomas Edison est peut-être lexemple le plus frappant de notre
époque dun physicien prodigieusement fécond qui nest
jamais tenté de recherches abstraites
Nous avions annoncé, il y a déjà plus de six mois,
quun appareil capable denregistrer les sons de la voix humaine
était sur le point de faire son apparition. Cette prophétie,
alors presque téméraire, sest réalisée
aujourdhui. Plusieurs esprits distingués soccupaient
à la fois de trouver une solution de ce séduisant problème.
Cest à lAmérique que revient la gloire davoir
présenté le premier phonographe, le seul encore pour le
moment. Il est difficile de concevoir un appareil plus simple que celui
dEdison."
A propos de ces deux inventions le Téléphone et le
Phonographe il y a un beau récit d'un journaliste Maurice
Dreyfous à Paris, en 1913
" Ce
qu'il me reste à dire : un demi siècle de choses vues
et entendues (1848-1900)" :
...
J'étais installé rue de la Bourse depuis fort peu de
temps, lorsque je reçus la visite d'un jeune journaliste prodigieusement
débrouillard, qui était accompagné d'un Américain
à grosses lunettes d'or, parlant fort mal le français,
lequel avait nom Roosevelt.
Tous deux m'invitèrent à venir voir, dans une boutique
située juste en face de chez moi, un instrument bizarre, que
Roosevelt désignait sous le nom de plume électrique.
(Il prononçait « le ploume électric ».)
C'était la plus stupide de toutes les inventions. Elle consistait
en une sorte de petite batterie électrique actionnant une aiguille,
prise dans un tube. On écrivait en tenant le tube comme un
porte-plume. L'aiguille toujours en mouvement piquait d'une série
de petits trous un papier sur lequel, on étendait, au moyen
d'un. rouleau de l'encre d'imprimerie. Grâce à ce dispositif,
on pouvait faire un nombre indéfini de copies.
C'est cet objet inepte que le groupe d'Américains installé
rue de la Bourse considérait comme des plus extraordinaires
et destiné à les enrichir.
Ce groupe d'Américains comportait trois personnages principaux
: Roosevelt déjà nommé, Graham Bell,
que les autres avaient l'air de considérer comme un personnage
de médiocre importance, et enfin, un homme actif, insinuant,
toujours en vedette, aimable, empressé, qui n'était
ni grand ni petit, plutôt gras que maigre.
Alors que les autres jargonnaient à peine le français,
il le parlait à-peu près bien, mais avec un accent difficile
à définir, ni anglais, ni allemand, ni français
non plus. Il parlait pour eux tous, il était le metteur en
uvre de toute l'aventure.. Il n'avait pas le sol, et il eût
été très difficile de lui assigner une profession
définie. Il se targuait vaguement du titre de docteur en médecine,
mais il ne se parait jamais de ce titre dans ses relations qui, alors,
n'étaient pas très étendues. Il se contentait
de s'appeler, avec une aimable simplicité, Cornélius
Herz.
A côté de la plume électrique, il y avait trois
inventions :
1 - Une lampe électrique au charbon dont l'un des charbons
était en forme de tige comme celui des appareils de démonstration,
en usage dans les laboratoires d'étude, tandis que l'autre,
là résidait la nouveauté était en forme
de pion de damier. Un mouvement d'horlogerie l'animait d'un va-et-vient
et la largeur de la surface productrice d'étincelles multipliait
les ressources d'incandescence. Nos inventeurs comptaient beaucoup
sur cette lampe je crois que leurs espoirs ont été déçus.
Tout au moins a-t-elle eu l'avantage de servir de guide aux ingénieurs
qui ont créé les lampes électriques au charbon
encore en usage aujourd'hui.
2 - Il y avait bien aussi, dans la boutique où nos inventeurs
exhibaient la plume électrique, un drôle de joujou,
une drôle de mécanique.
Au moyen d'un cornet, d'une sorte de porte-voix retourné, on
envoyait des paroles sur un petit appareil posé sur un cylindre
bardé comme un perdreau d'une pâte sur laquelle on collait
une feuille d'étain très mince.
Tout en parlant dans le cylindre, on tournait une petite manivelle
qui faisait reculer le cylindre à mesure qu'on parlait. Puis,
cette première manuvre étant terminée,
on actionnait la manivelle dans le sens opposé, et la mécanique
répétait, avec une voix de polichinelle essoufflé,
ce qu'on venait de dire dans le cornet récepteur.
Ces messieurs comptaient sur cette amusante machine pour l'exploiter
sur les champs de foire.
Ils l'avaient, dès le premier jour, appelée phonographe.
3 - Enfin, dans la même boutique, se trouvait un petit appareil
dont ses importateurs voyaient vaguement l'application pratique.
Il se composait d'une paire de tubes de bois surmontés d'une
rondelle qui leur donnait l'aspect d'une patère de rideaux.
Tout un mécanisme spécial s'y trouvait enfermé,
les deux appareils étaient reliés entre eux par un
fil métallique, recouvert de soie.
On mettait l'un d'eux devant sa bouche, et l'autre à l'oreille
du voisin, le voisin, alors, entendait ce qui avait été
dit dans l'autre tube.
C'était encore un joujou. Toutefois ce joujou, présenté
à l'Académie des Sciences par l'illustre Bréguet,
avait déjà été pris au sérieux
dans le monde savant. Lorsque l'Académie des Sciences fut appelée
à le voir, il n'en existait que deux exemplaires.
C'était le téléphone de Graham Bell.
Elle le reçut avec une curiosité froide et défiante.
Au sortir de la séance, Graham.Bell n'eut rien de mieux à
faire que de le replacer dans la boutique de la rue de la Bourse,
où il fonctionna pour la joie des voisins.
A quelques jours de là, Graham Bell et Cornelius Roosevelt,
flanqués de l'inévitable Cornelius Herz, tout
joyeux, me racontaient le succès d'une première expérience
qu'ils venaient d'exécuter entre une maison de la rue Vivienne,
et une maison de la place de la Bourse située à une
centaine de mètres de celle-ci.
C'est là que fut donné le premier coup de téléphone
qui ait retenti en France, et peut-être même en Europe.
Cornélius Herz se démena, intrigua jusqu'à
ce qu'il eût abordé le ministre compétent, et
obtenu de lui l'autorisation de se servir des lignes télégraphiques
pour faire un essai de conversation entre Versailles et Paris.
L'expérience réussit, on causa entre le palais de Versailles,
et le cabinet du Ministre.
Le lendemain, l'invention. du téléphone était
lancée.
Il ne restait plus qu'à la vulgariser pour arriver à
l'exploiter. C'était là une grosse affaire.
Cornelius Herz s'y employa, avec intelligence et ténacité.
Il ne se faisait point faute de chercher, partout où il le
pouvait, les gens qui consentiraient à s'abonner au téléphone,
même en payant très bon marché. Il n'en trouvait
guère.
Le phonographe réussit beaucoup plus facilement que le téléphone.
Le jeune journaliste qui marchait de pair avec la troupe d'Américains,
eut l'idée ingénieuse d'organiser des auditions du phonographe
dans une salle du boulevard des Capucines,ordinairement consacrée
à des conférences. La première représentation
du phonographe est restée pour lui et pour moi quelque chose
de mémorable.
La stupéfaction des invités, en entendant cette mécanique,
qui parlait toute seule, fut bien l'une des impressions les plus bouffonnes
que jamais des hommes aient ressenties.
Un employé spécial faisait un boniment qu'il commençait
chaque fois en ces termes
« Monsieur le phonographe, parlez-vous français ? »
L'appareil ripostait en nasillant Oui,monsieur. Oui, oh! alors c'est
très bien! » Nos auditeurs se tordirent de rire, mais
leur gaîté devint délirante lorsqu'on eut placé
des chanteurs de l'Opéra devant l'appareil et quand la mécanique
proclama, sur l'air de Guillaume Tell, et avec des accents de baryton
traduits par Polichinelle A mon pays je dois la vie, Il me devra la
liberté
Le tout se terminait par un couac et par un bruit de friture spécial
et jusqu'alors inconnu.
Pendant tout l'hiver, chaque soir, moyennant dix ou vingt sous par
personne, le phonographe proclama, devant des salles pleines, qu'il
parlait français ; qu'il était très bien et qu'il
avait été inventé par Edison.
Puis chose assez curieuse pendant bien des années, les représentations
de phonographes furent abandonnées aux seuls tenanciers des
baraques foraines.
Quant au téléphone, il a subi bien des transformations,
mais il n'en reste pas moins que l'appareil de Graham Bell, en sa
forme primitive ou à peu près, existe encore d'une façon
courante dans certains postes téléphoniques.
On eut bien vite oublié la quasi indifférence qui l'a
accueilli à son début au temps où Roosevelt et
ses partners coiffés de leur idée « du ploume
électric» ne le présentaient qu'en seconde ligne.
Maurice Dreyfous Paris, 1913 |
sommaire
C'est Tivadar
Puskas, Hongrois et collaborateur favori
d'Edison,
qui inspiré par les commutateurs télégraphiques à
barres, conçut le premier l'idée du commutateur téléphonique
central, ainsi que l'atteste le témoignage d'Edison, en possession
de la famille de Puskâs
Le 5 décembre 1878
Puskas représentant des intérêts de Thomas Edison
en Europe, fonde La Société
du Téléphone Edison
.
Cest la deuxième société de téléphonie
en France, Puskas dans une maison de l'avenue de l'Opéra, ouvre
le premier central téléphonique parisien.
Sur les téléphones du début, le courant microphonique
ne parcourait pas de grandes ditances, c'est Edison
qui trouva le moyen de solutioner ce handicap en introduisant la bobine
d'induction permettant de franchir de grandes distances.
La bobine
schéma
de connexion entre deux postes avec piles
La sonnerie Dans
un premier temps les vibrations faites par l'appareil suffisait pour se
manifester comme sur l'appareil Gower ou Siemens,
En 1878 C'est Watson qui adapta la sonnerie au besoin du téléphone
pour appeler le correspondant. Les sonneries d'appel appliquées aux services
téléphoniques ont été combinées de diverses manières. Quand on emploie
les sonneries trembleuses, il devient nécessaire d'employer une pile,
plus tard en 1879 Edison Brevetera
la "Magnéto Electric Machine", la fameuse
"magnéto" qui équipera beauoup d'appareils dans
le monde.
Relier les abonnés
entre eux : en 1878 c'était la prochaine étape a franchir.
Un récepteur, un transmetteur,
une pile, une bobine, une sonnette, un bouton ou une magnéto
et des fils : nous avons tous les ingrédients
pour pouvoir communiquer d'un point à un autre, et pour communiquer
à travers un réseaux de personnes, il ne manquait plus
qu'un organe central pour mettre en connexion les abonnées.
C'est le début des centraux manuels gérés
par des opérateurs. (Voir la rubrique Bell
son invention, le premier switchbord de New Haven ... )
Communément appelé RTC, le « Réseau Téléphonique
Commuté », est la technologie historique utilisée
pour fournir un service de téléphonie fixe. Il est
à différencier du réseau physique en cuivre (la
boucle locale cuivre) qui est le support physique et qui aboutit le
plus souvent à une prise physique dans les locaux des abonnés.
La boucle locale cuivre permet la transmission de la téléphonie
via le RTC, |
Ader
Gower
Les commutateurs (switchboard) des premiers bureaux centraux téléphoniques
à PARIS étaient identiques aux commutateurs utilisés
par le télégraphe.
Les lignes étaient unifilaires et reliées à
l'une des barres du commutateur, les barres de l'autre série communiquaient
«chacune avec un appareil».
Un bouchon (bâton de cuivre) établisait la connextion entre
les barres métaliques.
C'était la terre qui bouclait le circuit et reliant les
abonnés deux à deux.
En même temps en 1878, M.Bourbouze pupliait
le résultat de ses expérimentations : Suppression du fil
de retour dans l'emploi du téléphone.
Note de M. Bourbouze.
J'ai l'honneur de faire connaître à l'Académie
les résultats que j'ai obtenus en appliquant au téléphone
la disposition qui est employée en télégraphie.
Hier, dans l'ancien collége Rollin,
j'ai fait une série d'expériences qui peuvent se résumer
ainsi. Mon collaborateur, M. Barraud, et moi, nous étant placés
aux extrémités du jardin, c'est-à-dire à 70
mètres de distance, nous avons d'abord, pour nous assurer du fonctionnement
du téléphone, correspondu au moyen du double câble;
puis, nous avons supprimé un fil, et nous avons, chacun de notre
côté, fermé le circuit par la terre, au moyen de lames
de cuivre doré d'environ 1 mètre de long et 2 centimètres
de large, enfoncées dans le sol du jardin à 40 o u 50 centimètres
de profondeur. Nous avons pu constater que les sons se produisaient alors
avec bien plus de netteté. Lorsqu'on supprimait la communication
avec la terre, aucun son n'était perceptible.
Guidé par les résultats que j'ai obtenus pour la télégraphie
sans fils, je me propose de répéter ces expériences
dans les conditions où je me suis déjà placé;
j'aurai l'honneur de présenter à l'Académie le résultat
de ces nouvelles recherches. »
Tivadar Puskás Ingénieur et
inventeur Hongrois qui après avoir étudié le
droit à Vienne, des études d'ingénieur à
l'université de Budapest, émigre en 1866
à Londres, puis en 1873 part travailler aux
États-Unis, où il collabora avec Thomas Edison
et son équipe, pour créer le « Telegraph Exchange
», un multiplex qui aboutit à la construction du premier
centre manuel expérimental, il fut inauguré par la Bell
Telephone Company à Boston en 1877.
En février 1878, en collaboration avec Edison, il
introduit le phonographe en Europe puis décide de s'installer
à Paris.
Après lexposition universelle de 1878, il se rapproche
de Josuah Franklin Bailey qui représente les intérêts
dElisha Gray.
Les deux hommes sassocient avec Georges Alexis Godillot qui
leur amène le capital nécessaire pour créer une
nouvelle société.
En contrepartie, ce dernier impose un de ses jeunes ingénieurs,
Louis Alfred Berthon, pour le poste de directeur technique.
La société A. Berthon et Compagnie,
dite Société du Téléphone
Edison, a pour objet « lexploitation des brevets
français apportés à la Société
pour les téléphones parlants et leurs accessoires
En 1879 Puskás
revindra en Hongrie et, en collaboration avec son frère (Ferenc),
il construisent des centraux manuels sur le territoire de l'empire
austro-hongrois, ainsi que le premier véritable centre
téléphonique manuel de grande envergure à
Paris en premier, en Europe, à Marseille, à
Budapest ... . |
La légende raconte
que le mot « Allô ! »
(ou « ha-lo ! ») utilisé
internationalement pour les appels téléphoniques vient du
hongrois, parce que le pionnier du téléphone Tivadar Puskás
lors de son premier essai répondit : « Je vous entends »,
ce qui se dit en hongrois : hallom,
et les étrangers qui assistaient à cette expérience
reprirent ce mot sous la forme d'une onomatopée, qui devint internationale
à l'exception des Italiens qui disent pronto!, des Portugais
qui disent estou?/estou, sim?, ou des Japonais qui disent mushi mushi.
Selon une autre source, ce mot viendrait du terme anglais, «
haloo » utilisé par les bergers normands installés
en Angleterre après linvasion de Guillaume le Conqué-rant
au XIème siècle, pour sappeler ou pour rassembler
leurs moutons.
Selon les dictionnaires le mot
proviendrait dune salutation que les marins anglais échangeaient
d'un bateau à l'autre et qui sappellait « Hallow
».
«allô » est la version
française de «hello »
La forme écrite de « Hello » nest apparue qu'après
1880 alors que le mot est devenu la salutation la plus courante au téléphone
en amérique et par la suite dans le monde entier
sommaire
1878-79
LE TÉLÉPHONE EN FRANCE : MONOPOLE OU CONCESSION
?
|
1878, création de lÉcole Supérieure de Télégraphie
Ou lémergence dun nouveau métier : ingénieur
des télégraphes.
Les modalités dintégration à lÉcole
sont quasiment identiques à celles en vigueur aujourdhui. Il
y a bien sûr les élèves de lÉcole Polytechnique,
classés daprès leur rang de sortie dans les télégraphes.
Il existe également un concours externe, ouvert aux licenciés
ès sciences, aux anciens de lÉcole Polytechnique, de
lÉcole Normale
Mais lÉcole est aussi destinée à offrir des chances
de promotion au personnel télégraphiste. Ils doivent réussir
un concours interne.
|
Louis-Adolphe
Cochery, président du Congrès de l'Union
postale à Paris en 1878, fut le fondateur de lÉcole,
il en attend deux effets de cette sélection.
Le premier est social : si lorigine des candidats est variée,
leur avancement dans le service après leur sortie a lieu dans
des conditions identiques. Les distinctions dorigine disparaissent
définitivement.
Le second effet sera denrichir le corps des ingénieurs
: « donner à lÉtat, des fonctionnaires,
non seulement au courant de la science actuelle, mais prêts
encore à en hâter les progrès ». |
Le premier directeur de lÉcole fut Edouard
Blavier, secondé par Ernest Mercadier qui devait
par la suite sillustrer comme directeur des études de lÉcole
Polytechnique.
Cest lui qui y fit installer lélectricité, dimportation
toute récente en Europe.Cest pourquoi largot de lX
a désigné cette lumière par le terme de « merca
». Avec linvention du télégraphe électrique
par Samuel Morse en 1837 et la mise au point du téléphone
par Alexander Graham Bell aux États-Unis en 1876, les premiers besoins
en formation se font rapidement et cruellement sentir.
Le lundi 4 novembre 1878 souvre lÉcole Supérieure
de Télégraphie, ancêtre de lENST, le
Service des Télégraphes vient dêtre uni à
celui des Postes au sein dun Sous-secrétariat des Finances.
Sur le plan administratif on est en pleine réorganisation
: l'heure n'est peut-être pas bien choisie pour prendre en charge
une invention nouvelle.
Puis le 1er mars 1878, Adolphe
Cochery fut nommé,
au sein du sous-secrétariat d'État aux Finances,
directeur du service des Postes et Télégraphes,
fonction qui fut transformée en ministère à
part entière le 5 février 1879.
Il occupera ce poste dans huit gouvernements successifs jusqu'au 30
mars 1885.
Il fut à l'origine de l'Exposition internationale d'Électricité
(Paris, 1881) et présida la première Conférence
pour la protection des câbles sous-marins.
Ci-contre : gravure représentant M. le Ministre des Postes
& Télégraphes - Adolphe Cochery - par Néraudau
- Musée de la Poste.
|
agrandir |
La diversité des techniques qui apparaissent sur
le marché, depuis le télégraphe électrique
au téléphone en 1875, traduit lattitude de lÉtat
de ne pas développer les innovations lui-même et de laisser
linitiative privée sen charger. Le cas de figure du
réseau téléphonique est en ce sensexemplaire.
Adopter le modèle du télégraphe
et développer un grand réseau public ?
Ou bien en concéder l'exploitation à des compagnies autorisées
?
En ce début d'année
1879 la balance penche plutôt
en faveur de la concession pour bien des raisons.
La concession ne représenterait pas une innovation
absolue. Il y a des précédents.
C'est une procédure prévue par la loi de 1851 qui régit
le monopole des communications en France et elle a été abondamment
utilisée pour le développement des lignes de télégraphie
sous-marine. Sur le plan juridique, il n'y a donc pas de problème.
L'exploitation sous forme de concession est à la mode dans les
milieux économiques.
Les capitaux français se désengagent peu à peu des
grosses opérations du type compagnie de Chemin de fer et se portent
volontiers vers des secteurs à mi-chemin de l'industrie et des
services souvent protégés par des monopoles comme les Compagnies
urbaines du gaz, de l'eau ou des omnibus qui se multiplient alors.
Enfin l'application stricte du monopole d'exploitation des réseaux
de communications par l'État ne semble pas indispensable dans le
cas du téléphone.
Elle se justifie surtout (pour des raisons de sécurité)
dans le cas des grands réseaux capables de couvrir l'ensemble du
territoire.
Or le téléphone en 1879 est bien loin de prétendre
à de semblables performances. Au cours de l'année 1878 on
s'est enquis des possibilités réelles de la nouvelle technique
: elles semblent minces.
En pratique, jusqu'en 1884, date de l'ouverture de la première
« ligne longue » entre Boston et Baltimore, on ne saura pas
réaliser de liaison intermédiaire.
Dès lors la sécurité de l'État ne semble pas
exiger que l'administration, qui a d'autres chats à fouetter, se
réserve l'exploitation des réseaux locaux.
La décision du ministre est prise : on
procédera par concessions, mais par concessions provisoires
de cinq ans renouvelables.
Le 26 juin 1879, est publié
le cahier des charges fixant les conditions auxquelles les
compagnies candidates pourront exploiter des réseaux téléphoniques
urbains. Commencent alors 10 ans d'expérience libérale.
Adolphe Cochery autorise les entrepreneurs de l'industrie
privée (qualifiés dans le texte de Permissionnaires)
à construire et à exploiter dans certaines villes des
réseaux téléphoniques en fixant ses clauses et
conditions.
Cet arrêté en substance :
- précise la durée des autorisations concédées
à l'industrie privée pour 5 années. Autorisations
éventuellement renouvelables.
- précise que lÉtat peut racheter de plein droit
les équipements de l'industrie privée quand il le souhaite,
à un prix négocié par les deux parties, ou en
cas de désaccord par des experts.
- ajoute que l'exploitation sera soumise au contrôle de lÉtat
: les agents du Service du Télégraphe désignés
par le Ministre pourront pénétrer dans les locaux téléphoniques
à toute heure du jour ou de la nuit pour y exercer le contrôle
qu'il appartiendra d'accomplir.
- fixe les conditions, notamment financières d'entrée
dans le dispositif, de versement de cautions pour couvrir leur faillite
éventuelle, droit d'usage annuel, redevances régulières
de l'industrie privée.
- précise que les tarifs et les conditions tarifaires seront
fixés par le Ministre des P&T à sa volonté.
- ajoute que les tarifs proposés aux clients devront être
les mêmes pour tous (dans le réseau considéré),
les tarifs de faveur étant strictement interdits. |
Le monde scientifique fut informé par "Le
journal télégraphique du 25 octobre 1879"
Trois Compagnies téléphoniques
exploitant, l'une le système Bell, l'autre le système
Edison, la troisième le système Gower, sont actuellement
établies à Paris, pour desservir les communications
spéciales qui seraient demandées par des établissements
ou des particuliers. Un arrêté récent du Ministre
des postes et des télégraphes (le France a réglé
les clauses et conditions auxquelles les communicationspourraient
être installées et exploitées.
Nous résumons ici les principales dispositions de cet arrêté.
Les fils extérieurs de communication sont établis et
entretenus par le service télégraphique, aux frais exclusifs
des permissionnaires et à la charge par eux de se munir des
autorisations nécessaires auprès des municipalités
ou des propriétaires d'immeubles qui seraient affectés
par la présence des fils et de payer les indemnités
voulues. Aucune responsabilité n'incombe à l'Etat à
raison de l'exécution des travaux ni des dérangements
ou interruptions éventuelles qui pourraient se produire. Les
concessionnaires restent chargés de l'introduction des fils
dans l'intérieur des immeubles et de l'installation des bureaux
et des appareils dont le système employé devra avoir
reçu l'approbation du Ministre des postes et télégraphes.
L'autorisation implique le droit, pour les permissionnaires, de mettre,
selon le cas, pour l'usage des correspondances, chacun des établissements
reliés aux différents bureaux centraux en communication
directe, soit avec ces bureaux, soit entre eux; mais, en aucun cas,
ces correspondances ne pourront avoir d'autre objet que les usages
personnels des clients de l'entreprise, toute communication faite
par ces clients au profit de tiers étant rigoureusement interdite.
Les tarifs à percevoir par abonnement seront soumis à
l'approbation du Ministre. Is devront être établis sur
des bases uniformes pour tous les clients de l'entreprise, tout tarif
de faveur étant interdit, sauf pour les établissements
publics de l'Etat ou de la Ville qui seraient desservis par l'entreprise,
en faveur desquels le Ministre se réserve le droit de déterminer
une réduction dans les limites de 50 pour cent du tarif applicable
aux particuliers.
L'exploitation sera soumise au contrôle de l'Etat. L'entrepreneur
paiera à l'Etat, à titre de droit d'usage du téléphone,
une redevance annuelle égale au dixième des recettes
brutes encaissées par l'entreprise, cette redevance ne pouvant,
pour une année entière, être moindre de cinq mille
francs.
Comme garantie des dépenses d'établissement et d'exploitation
de l'Etat et des redevances à lui dues, l'entrepreneur doit
déposer:
1° avant la délivrance de l'autorisation, un cautionnement
de 20 mille francs jusqu'à l'entier achèvement des travaux
et un second cautionnement de
5 mille francs jusqu'à la fin de l'entreprise;
2° dans le mois qui suit la date de l'autorisation, un cautionnement
de 20 mille francs, jusqu'à la fin de l'entreprise.
Les autorisations sont personnelles et ne peuvent être transférées
sans l'autorisation expresse du Ministre.
Elles ne confèrent aucun privilège pour l'entrepreneur,
ni aucune obligation pour l'Etat, en matière d'autorisation
ou d'exploitation concurrente. Elles sont annulées ou peuvent
être retirées, sans indemnité, de la part de l'Etat,
faute par l'entreprise d'avoir satisfait aux clauses et conditions
de l'acte de concession ou en cas de faillite.
L'Etat se réserve la faculté de racheter, à toute
époque, les droits des concessionnaires ou de faire l'acquisition
des systèmes d'appareils exploités par eux, sans surélévation
provenant des droits de brevet. ... |
A la demande du ministre A. Cochery, le 5 juillet 1879
des expériences sont réalisées sur le réseau
télégraphique civil de Paris à Versailles, puis d'Asnières
à Sceaux.
Elles et se sont révélées peu concluantes, le système
Allemand Siemens-halske est définitivement écarté
au profit du système Edison.
Les expériences de transmission téléphonique de l'armée
n'ont pas été plus encourageantes.
Le Téléphone offre incontestablement le
plus frappant exemple de la rapidité avec laquelle, de nos jours,
se propagent dans le monde entier les inventions réellement utiles.
Accueilli d'abord avec une certaine défiance, considéré
tantôt comme un instrument de laboratoire, tantôt comme un
jouet scientifique, grâce à des perfectionnements de détail,
il ne tarde pas à s'imposer, non seulement aux savants, mais encore
à tous ceux qui s'intéressent aux applications de la science,
comme la solution parfaite du problème de la transmission instantanée
de la parole.
Les chiffres nous démontre qu'aujourd'hui les capitales et les
villes, qui se font remarquer par l'activité de leur commerce ou
leur industrie, possèdent des réseaux de communication téléphonique
dont le développement s'est accru d'une manière surprenante.
Le succès de celle découverte, unique dans l'histoire des
conquêtes de la science, s'explique par les facilités que
le public trouve à leur emploi pour l'expédition des affaires
courantes, les économies de temps qu'il permet de réaliser,
etc., etc.
Les différents régimes sous lesquels fonctionne l'exploitation
des réseaux téléphoniques sont les suivants :
1° Régime de la liberté absolue, sous la seule
observation des règlements de police ou de voirie. Dans ce régime,
les réseaux téléphoniques sont assimilés à
une industrie quelconque. l'État n'intervient aucunement dans l'exploitation.
C'est le système adopté aux États-Unis, en Suède
et en Norvège, et dans la plupart des colonies anglaises.
2° Régime de l'exploitation par l'État. Ce
mode d'exploitation est établi en Europe, en Allemagne en Suisse
et en France (du 1er septembre 1889).
3° Régime d'exploitation définitive, c'est-à-dire
l'organisation sous le contrôle de l'État, dans des conditions
de durée assez étendue, et suivant une réglementation
offrant assez de garantie et de stabilité
4° Enfin le Régime d'exploitation provisoire, ou les
concessions ne sont accordées que pour un nombre d'années
très limitées et insuffisantes, où la réglementation
administrative n'a pas encore un caractère définitif et
pourrait être modifiée d'un jour à l'autre par les
pouvoirs constitués.
Ce système d'exploitation provisoire a été appliqué
en France pendant dix ans, mais on en a reconnu les inconvénients,
aussi le gouvernement a-t-il renoncé à un provisoire qui
n'a plus de raison d'être pour les téléphones au degré
de perfectionnement où déjà ils sont parvenus; il
est revenu au régime d'exploitation par l'État à
la date du 1" septembre 1889
En France, nous avons toujours la déplorable habitude de nous montrer
méfiants pour les nouvelles inventions, ou trop légers à
leur égard, et de ne songer à les adopter qu'après
une longue application à l'étranger; nous perdons toujours
ainsi un temps précieux.
Lexemple de la France sera rapidement suivi,
en1880, par l Angleterre, la Belgique, le Danemark, la Hollande,
la Norvège, la Suède, lAllemagne;
en 1881 par l'Autriche, l Italie, le Portugal, la Suède;
en 1872 par la Hongrie, la Russie;
en 1883 par la Chine;
en 1885 par l Espagne.
Alors que les premiers centraux
manuels s'installent, en 1879
Daniel et Thomas Connolly avec J.McTighe Américains
de Grande Bretagne, mettent au point le prmier commutateur
téléphonique automatique au monde, il sera perfetionné
en 1881, et breveté en 1883
Il sera présenté à l'exposition universelle de 1881
à PARIS
1879 Le combiné
téléphonique. c'est un perfectionnement qui se
fait naturelement .
Le concept d'un appareil portatif monobloc qu'un
utilisateur de téléphone tiendrait contre son oreille
et devant sa bouche est apparu à Londres peu après
l'invention officielle du téléphone. Bien que les
premiers brevets de CE McEvoy et GE Pritchett n'aient pas donné
lieu à des appareils commerciaux en 1877, RG Brown
de New York a réussi l'année suivante à concevoir
un combiné émetteur-récepteur combiné,
qu'il a utilisé dans un central téléphonique
local dans le district. de la "Bourse de New York". Ayant
peu de succès dans la promotion de l'appareil ailleurs aux
États-Unis, Brown partit pour la France pour devenir ingénieur
électricien à la Société
Générale des Téléphones
à Paris. Là, ses créations trouvèrent
un écho et leurs adaptations furent largement utilisées
en Europe, où elles devinrent connues sous le nom de téléphones
français .
BROWN a été précédé par les inventeurs
britanniques, McEvoy et Pritchett qui reçurent
des brevets en 1877 pour les combinés.
McEvoy a décrit un récepteur "Butterstamp"
avec un tube parlant attaché qui descendait devant la bouche
de l'utilisateur. Le tube attaché à un autre émetteur
Bell du côté du téléphone. Pritchett
a décrit un combiné au son plutôt moderne en
termes généraux, mais comme le matériel pratique
n'existait pas à l'époque pour le construire, son
brevet n'a pas suscité d'intérêt.
Puis le brevet que Duquet
au Canada, reçu, le 1er février 1878, pour
des modifications « facilitant la transmission du son
et améliorant les propriétés acoustiques
» et surtout pour la conception dun nouvel appareil
réunissant, sur une même planchette, lémetteur
et le récepteur.
Au portugal c'est le
téléphone de table Bramão (portugal)
qui revendique le premier téléphone qui présente
d'une seule pièce l'écouteur et le microphone.
|
Duquet
1878 |
|
L'Américain Brown
dit: "Je ne revendique pas globalement la combinaison dans
un instrument de deux téléphones de manière
à ce que lorsque l'un est appliqué à la
bouche, l'autre soit appliqué à l'oreille ...
un tel objet n'est pas nouveau ". Son brevet concernait
un agencement du récepteur qui permettait de l'ajuster
à la longueur de la tête de l'utilisateur et un
émetteur semi-pivotant dont l'angle s'ajusterait quelque
peu pour faire face à la bouche de l'utilisateur.
Brown a construit certains de ses téléphones
pour la Western Union's Gold and Stock Exchange, pour laquelle
il travaillait.
Nous n'avons aucune information sur qui a suggéré
pour la première fois de joindre deux instruments, mais
le concept était bien connu de Brown.
C'est tardivement le 3 février 1880, que Robert
G Brown reçu un brevet américain pour un
"téléphone parlant électrique"
qui était simplement un combiné. (voir
brevet ci contre)
L'invention de Brown a été vu avec un manque
total d'intérêt aux USA, alors Brown est allé
en France et est devenu ingénieur général
pour la Société Générale des
Téléphones qui aimé l'idée du
combiné et ils ont produit leur premier modèle
en 1879. |
Prinipalement utilisés par les opératrices de centre
manuel, afin de se libérer une main. Le Combiné Berthon
Pour
opératrice. Autre
Modèle Plus tardif, qui équipera des téléphones
mobiles Ader et Berthon.
L'inventeur français Mercadier a montré qu'un
récepteur pouvait être réduit à une taille
assez petite, si certains rapports critiques tels que l'écart
entre le diaphragme et l'assemblage magnétique étaient
maintenus.
Modèle
Radiguet
Ces premiers modèles sont appelés "Poele à
frire" par les collectionneurs.
Cela a permis à Ader, en particulier, de développer
un récepteur de boîtier de montre qui était
assez efficace et assez petit pour être utilisé sur
un combiné.
L'Europe avait l'avantage d'avoir de nombreux inventeurs et de sociétés
travaillant sur les problèmes les perfectionnements, mais
aux États-Unis, en raison des protections, des brevets, des
exigences en capital d'un système téléphonique
en constante évolution, les fonds de recherche étaient
limités.
Les émetteurs de carbone Hunnings, Berliner et Edison, bien
qu'ignorés par Bell aux États-Unis, ont été
transformés en petits émetteurs pratiques en Europe.
Même l'émetteur crayon carbone de Berthon a été
miniaturisé à la taille du combiné.
Il était plutôt sensible aux vibrations, mais cela
a aidé à réduire le tassement des granules
de carbone, ce n'était donc pas autant un inconvénient
qu'il n'y paraissait.
Les américains l'appelèrent le French Phone.
En France cette dispostion en combiné restera jusqu'à
aujourd'hui (même sur nos smartphones) alors qu'aux Usa il
faudra attendre les années 1910, jusqu'alors tous les téléphones
américains avaient un micro fixe et un écouteur tenu
par une main.
|
sommaire
En 1879, le ministre des Postes et Télégraphes,
Albert Cochery, décide de créer une commission dexamen
pour tenter de savoir ce que valent vraiment les différents systèmes
téléphoniques.
Lexpérience a lieu le 5 juillet 1879, dans la salle 25 du
bureau central des Télégraphes entre Paris, Versailles,
Asnières et Sceau.
Le système allemand Siemens est alors définitivement écarté
au profit du système américain dEdison : «
On a essayé les téléphones Siemens et Halske.
Ce dernier ne portait pas jusquà Versailles et lappel
nétait même pas entendu ! ».
L'arrêté relatif aux autorisations d'établissements
de communications téléphoniques le 26 juin 1879 (BO P&T
1879 n° 17 page 585), le Ministre des Postes et des Télégraphes
Adolphe Cochery autorise les entrepreneurs de l'industrie privée
(qualifiés dans le texte de Permissionnaires) à construire
et à exploiter dans certaines villes des réseaux téléphoniques
en fixant ses clauses et conditions.
Il y aura trois demandes de concessions, pour l'organisation de réseaux
téléphoniques formulées par des sociétes présentant
des garanties suffisantes et furent admises , trois sociétés
détentrices de brevets américains chargés d'établir
et d'exploiter pendant cinq ans des réseaux dans quatre importantes
villes de France : Paris, Lyon, Marseille et Bordeaux.
Les centres manuels avec opératries étaient déja
largement utilisés aux Usa, en France sauf dans quelques rares
d'installations privées, il n'y avait encore pas de standard manuel
pour interconnecer les utilisateurs du téléphone.
L'usage jusqu'à maintenant était de relier deux points,
deux téléphones par une liaison privée ou une liaison
télégraphique louée.
La première
société à demander une concession est
la Compagie du Téléphone Gower
Roosvelt la CdTG Gower
à cette date avait racheté les ateliers Rodde
du 9 boulevard Magenta, ainsi que la collaboration de Rodde
qui lui aussi avait cherché à mettre au point un nouveau
téléphone.
Gower installa aussi un atelier et des bureaux près de
la place Vendôme, 66 rue des petits champs.
|
La CdTg obtient l'autorisation
le 29 juin 1879 pour
les villes de Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, Nantes et
Lille grace à Gower qui avait le soutient du Sénateur
Hébrard.
Le représentant de cette société étant
M. le Sénateur Adrien Hébrard.
Elle ouvre son Central 66 Rue Neuve
des Petits Champs à Paris en décembre
1879.
Ce fut le premier central téléphonique français,
on y raccorda les 42 premiers abonnés
au réseau Parisien fin 1879 et 60 personnes
ont signé une promesse dabonnement.
Restait un problème à résoudre,
le financement. La banque" le crédit mobilier"
pris le contrôle de la CdTG en obtenant le transfert
de la conession le août 1879.
L'abonnement a été fixé à 1000
frans par an.
|
Cornélius Rossvelt
qui posséde les droits d'exploitation Bell , et Gower,
avaient déjà en décembre 1878 brevetés
une modification du téléphone Bell " le téléphone
chronomètre" : brevet du 3 décembre
1878. C'est l'appareil qui est présenté à
la l'Académie des sciences du 27 janvier 1879.
Appareil très performant et n'utilisant pas d'éléctricité.
(Téléphone rare très recherché par les
collectionneurs)
Gower, réalisa une des premières modifications du
téléphone Bell, il eut l'idée de replier l'aimant
en arc de cercle, de manière à présenter ses
deux pôles en regard de la membrane de fer sur laquelle ils
doivent agir. L'action doit être plus énergique, puisqu'elle
s'exerce par deux pôles au lieu d'un. En même temps,
M. Gower donna à la membrane vibrante plus de surface, ce
qui accrut l'effet de résonnance.
La membrane de fer circulaire est placée au fond d'une boîte
ronde, en laiton.
Lire "La
Nature de Décembre 1878" qui présente ce
nouveau téléphone magnétique Gower (photo
Cnam à Paris)
Le commutateur
suisse
" M. Stroh a appelé l'attention des
membres de la Société des ingénieurs télégraphistes
et électriciens de Londres sur les difficultés qu'on
avait à fabriquer du bon acier à aimants en Angleterre
. Deux morceaux coupés dans la même barre donnent des
résultats différents .
En France , d'autre part , il a trouvé que les aimants
puissants de bonne qualité étaient en acier fondu
de MM . Charrière et Cº . La puissance remarquable du
téléphone Gower - Bell est due en grande partie à
l'emploi d'acier français . Avec du bon acier le mode d'aimantation
n'a aucune influence .
En réponse à M. Stroh , M. Le Neve Foster a dit qu'il
se sert d'acier français à Silvertown depuis un an
et que ses excellentes propriétés magnétiques
provenaient de sa composition dans laquelle le tungstème
entre dans la proportion d'environ trois pour cent ".
Paris offrait un espace excellent
car il ny avait pas besoin de creuser des tranchées
ou de créer une canalisation spéciale : on utilisa
le réseau dégouts dont la Ville de Paris a été
dotée par Belgrand pour la construction des lignes téléphoniques
souterraines. De plus, lune des spécificités
de la ville (et de la préfecture) de Paris est davoir
imposé à la compagnie de renoncer aux fils aériens
et demprunter le réseau des égouts. Ceci se
révéla fort utile au niveau de la connectivité,
étant donné quil fallait relier plusieurs points
diversement espacés par des lignes disposées de manière
à permettre le plus grand nombre de liaisons directes, avec
une longueur la plus petite possible. Le réseau dégout
sy prêtait justement. Nous pouvons imaginer le visage
quaurait eu Paris, si la ville avait été quadrillée
par des fils aériens à limage de New York ou
de San Francisco du début du 20e siècle.
Le bureau central du réseau de Paris est dirigé
par un jeune ingénieur, Clément
Ader, qui ne tardera pas à faire parler de lui.
Ainsi le 24 septembre 1879 la société Gower a demandé
a la préfecture du département de la Seine l'autorisation
de faire
établir dans les égouts de Paris 101 lignes téléphoniques.
Un plan est joint à la demande.
Cela ne se fera ni sans frais ni sans délais. La société
doit d'abord verser une provision de 20 000 F, un cautionnement
spécial de 5 000 F plus un cautionnement supplémentaire
de 20 000 F.
Ceci fait, le Directeur des travaux de Paris affirme aux gérants
de la Société "je ne vois aucun inconvénient
â ce que vous procédiez, dès â présent,
à l'établissement des fils" sauf bien sûr
â donner avis du début des travaux à au moins
trois ingénieurs détenteurs de l'autorité sur
une parcelle du sous-sol : l'ingénieur de l'assainissement
pour le service des égouts, l'inspecteur des eaux, et 1'ingénieur
de la section intéressée en ce qui concerne les tranchées
sur la voie publiques.
Les premières
lignes : Il y a en tout
huit lignes à chacun six conducteurs qui divergent à
partir de la rue Neuve des Petits Champs siège de la Société.
Ceci permet accessoirement de voir qui étaient les 48 premiers
abonnés : des banques "dont celles qui finançaient
la Compagnie (Société générale, qui
utilise le réseau un peu comme un réseau intérieur
entre sespropres bureaux, le Crédit mobilier, la Société
financière, la banque franco Egyptienne, la Banque générale
de Change) des financiers (Chambre syndicale des agents de Change),
des hommes d'affaires intéressés dans le financement
des sociétés de télégraphie sous-marine
et de téléphone (Erlanger), des journaux (La Lanterne,
le National) , ainsi que l'agence Havas.
Le réseau bénéficie au départ de la
concentration de ce type d'activités autour de la Bourse
et le trajet des fils suit le tracé des rues avoisinantes
.
La prévision d'extension du réseau est réduite
à sa plus simple expression.
Deux jours plus tards, le 29 octobre la Société Gower
dans une nouvelle lettre précise à l'inspecteur qu'elle
"le prie de bien vouloir utiliser le sixième fil de
la sixième ligne (un câble â six conducteurs)
pour le Cercle franco-américain 4, place de l'Opéra.
Le premier modéle de téléphone
Gower fut adopté pendant quelque temps, pour la correspondance
téléphonique, par la Société de Paris,
qui ne tarda pas néanmoins à l'abandonner, vu son
prix élevé, son volume considérable et sa trop
faible portée.
Un autre modèle fut créé et utilisé
principalement en Angleterre.
Modèle
Anglais Gower-Bell
et Gower Bell Français
|
La deuxième
société à
demander une concession est la "Société
Française de Correspondance Téléphonique",
elle obtient une autorisation pour la seule ville de Paris. Son
représentant est M. le Sénateur Louis-Alexandre Foucher
de Careil.
Le siège social était au 7 avenue
de l'opéra, dirigé par un ingénieur
: Léon Soulerin
Soulerin est né le 15 juillet 1844 en Ardèche. D'abord
géomètre en Haute-Savoie, il travailla ensuite comme
ingénieur en Amérique du Nord, de 1867 à 1879.
C'est à ce titre qu'il prit part à la construction
du chemin de fer de Milwaukee Manitowoc et Gree-Bay.
Il part aux Etats-Unis en 1868 où il se lance dans la construction
de ponts.
Dès 1877, il sintéresse au téléphone
et devient le vice-président de la Chicago
Telephonic Exchange.
Il rejoint alors la France et obtient la concession pour exploiter
le téléphone dans la ville de Paris le 23 juillet
1879.
Le système proposé est le récepteur de
Bell avec le transmetteur microphonique de Francis Blake,
un Américain qui vient de faire breveter son système
et de le vendre à la Bell Telephone Company.
Grâce à une communication habile et une redevance dabonnement
nettement moins chère que ses deux concurrents, 400 frans
par an, la société dispose de 72 souscripteurs à
la fin de 1879.
Soulerin ne réussit pas à installer un bureau central
capable de relier ses futurs abonnés
Petite annécdote : Article lu dans un article du Figaro daté
du 21 décembre 1884
Il nous apprend dans quelles circonstances M. Soulerin installa
la première ligne de téléphone dans la capitale
en 1878 :
Le téléphone qui alors allait d'une chambre à
l'autre dans un appartement, ne pouvait pas grand chose ; il fallait
le faire fonctionner à une longue distance pour convaincre
les récalcitrants.
Le Ministre ne permettait point la pose d'un câble sur la
voie publique ; la question était à l'étude,
comme on dit. On sait ce que cela signifie le plus souvent, n'est-il
pas vrai ? Une question à l'étude, c'est quatre vingt
dix neuf fois sur cent un enterrement de première classe
pour l'invention qui en est l'objet. Le téléphone
Bell, appareil américain, importé par un Français,
M. Soulerin, était moins appuyé en haut lieu que ses
concurrents. Poussé à bout, cet homme ingénieux
fit un véritable coup d'État... Dans la nuit, sans
permission préalable, il fit établir un téléphone,
partant de la halle aux blés et aboutissant dans la haute
rue Richelieu, et, par une ironie audacieuse..., il attacha le poteau
conducteur sur l'ancien hôtel des Postes, monument officiel...
Les gardiens de la paix, en voyant les ouvriers affairés
sur la toiture de M. Cochery, ne se doutaient de rien ; au petit
jour, le téléphone clandestin fonctionnait et M. Cochery
fut invité à venir le voir.« Savez-vous que
vous venez de commettre un délit ? » s'écria
M. Cochery, « et que vous pourriez être arrêté
pour avoir établi une ligne télégraphique en
dehors de l'État ? ». « Ce soir, j'aurai fait
enlever votre téléphone ! »Mais la première
colère passée, M. Cochery se ravisa. Non seulement
il ne fit pas enlever le premier fil, mais il existe encore aujourd'hui
(en 1884) ...
|
Le 8 septembre 1879 la
troisième société, est la future "
Société Française des Téléphones
" SFT, avec le système Edison.
Son siège était au 45 avenue
de l'opéra.
Comme nous l'avons vu, Théodore Puskas né en Hongrie
immigre en Angleterre puis aux Etats-Unis sympathise avec Thomas
Edison.
En février 1878, Edison introduit le phonographe en Europe
puis décide de sinstaller à Paris. Après
lexposition universelle de 1878, il se rapproche de Josuah
Franklin Bailey qui représente les intérêts
dElisha Gray. Les deux hommes sassocient avec Georges
Alexis Godillot qui leur amène le capital nécessaire
pour créer la nouvelle société. En contrepartie,
ce dernier impose un de ses jeunes ingénieurs, Louis Alfred
Berthon, pour le poste de directeur technique.
La société A. Berthon et Compagnie, dite Société
du Téléphone Edison, a pour objet « lexploitation
des brevets français apportés à la Société
pour les téléphones parlants et leurs accessoires
».
La société obtient le 8 septembre 1879 lautorisation
dexploiter un réseau téléphonique à
Paris, Lyon, Bordeaux, Marseille, Nantes et Lille, mais, dans un
premier temps, elle choisit de concentrer ses efforts sur Paris.
Le siège social est situé au 45, rue de lOpéra,
à Paris.
La compagnie installe chez ses abonnés le téléphone
à pupitre imaginé par George Phelps : les récepteurs
sont des Phelps, le microphone à charbon est celui dEdison.
Récepteur à craie
modèle Phelpps
Les téléphonistes du bureau central sont équipés
du premier combiné introduit en France par lAméricain
Brown.
Au mois de mars 1880, 24 abonnés sont raccordés et
150 ont signé une promesse dabonnement.
La Société des Téléphones Edison, annonce
quelle reçoit les abonnements au tarif de 600 francs
payables 50 francs par mois, labonnement comporte la pose
et lentretien des fils et des appareils.
Jeudi 28 août 1880 des expériences fort intéressantes
sont faite sur les téléphones perfectionnés
du système Edison, téléphones destinés
au service de communications quune Société se
propose détablir entre les abonnés de Paris
et de la banlieue.
Voici en quelques mots en quoi consiste ce service. Chaque abonné
reçoit mensuellement une liste de tous les abonnés
avec un numéro dordre correspondant à chacun
deux. Si, par exemple, labonné 107 veut correspondre
verbalement avec labonné 218, il envoie un signal au
poste central établi avenue de lOpéra. Le poste
central ainsi averti demande alors à labonné
107 quelle est la personne avec laquelle il désire que la
communication soit établie. Après que le poste central
a été averti que la communication doit être
établie avec le n° 218, il avertit ce dernier que le
n° 107 demande à lui parler. Le poste central établit
alors la communication entre le no 107 et le n° 218. Lorsque
la conversation est términée (conversation que le
poste central ne peut entendre), un signal spécial en avertit
le poste central qui supprime alors les communications entre les
n 03 107 et 218 et remet alors les appareils dans la position d'attente.
Il ny a ainsi ni perte de temps ni fausse manuvre. Ce
système fort ingénieux, fonctionne déjà
à New-York, Boston, San Francisco, etc., et y donne les meilleurs
résultats. Le nombre de communications entre particuliers
saugmente de jour en jour, ce qui est la meilleure preuve
du succès.
La Société du téléphone Edison se propose
détendre le réseau téléphonique
aux environs de Paris, de telle sorte quun particulier puisse
correspondre à la fois avec les autres abonnés, son
usine, les usines voisines, sa maison de campagne, etc., etc. Nous
entrerons dans peu de détails relativement aux appareils
employés par la Société Edison. Les abonnés
auront à leur choix deux systèmes de communications
à leur disposition. Le premier, qui garantit le secret des
correspondances, se fera par un téléphone à
charbon transmetteur relié à un téléphone
Phelpps . Ce système oblige le correspondant à approcher
loreille de linstrument ou linstrument de loreille
pour entendre les paroles émises par le correspondant. Dans
le second système, que nous avons vu fonctionner jeudi avec
grand succès à la gare de lOuest, les paroles
se reproduisent avec assez dintensité pour être
perçues à plusieurs mètres de linstrument.
Ce second système a été décrit dans
le numéro de la Nature du 17 mai 1879, mais nous devons signaler
ici un grand perfectionnement qui lui a été apporté.
Le cylindre composé de chaux, de potasse et dacétate
de mercure na plus besoin dêtre maintenu humide
comme dans le premier modèle que nous avons décrit,
ce qui dispense absolument de toute espèce dentretien.
Lorsque lappareil reste muni dun mouvement dhorlogerie
permettant de supprimer la manivelle mue à la main, son fonctionnement
reste parfait et sera certainement très apprécié
dans le cas où le secret des communications ne constitue
quune condition secondaire du service téléphonique.
Dans les expériences auxquelles nous avons assisté
le loud speaking téléphone, tel est le nom
donné par linventeur à cet appareil,
nous avons pu entendre dans une salle de plus de 100 mètres
carrés de superficie des airs de flûte joués
à Asnières à dix centimètres de lembouchure
du transmetteur. Dans une autre expérience, des paroles prononcées
à Mantes ont été très distinctement
entendues dans la salle entière. Espérons que ces
expériences ne resteront pas lettre morte et que Paris sera
bientôt doté dun réseau téléphonique
au moins aussi complet que celui de plusieurs villes de lAmérique,
dont linitiative hardie doit nous encourager et nous stimuler
dans la voie du progrès.
Après un désaccord entre ses fondateurs,
la Société du Téléphone Edison sera
dissoute et se transforme en Société Française
des Téléphones, système Edison et autres, le
27 mars 1880.
|
Il s'ensuit un jeu de transfert de capitaux et de concessions
d'exploitation assez compliqué entre hommes d'affaires :
- Le 21 août 1879, l'État transfère à M. Charles
Wallut, directeur du Crédit Mobilier, l'autorisation en date du
27 juin 1879 accordée initialement à M. Adrien Hébrard,
à la demande de ce dernier.
- Le 23 septembre 1879, l'État transfère à M. Léon
Soulerin, Ingénieur, l'autorisation en date du 12 juillet 1879
accordée initialement à M. Louis-Alexandre Foucher de Careil,
à la demande de ce dernier.
Il apparaît probable que les deux sociétés Compagnie
du Téléphone (Système Gower) et Société
Française de Correspondance Téléphonique, aient employé
les services de deux sénateurs de la République pour négocier
plus aisément l'obtention auprès de lÉtat des
deux concessions (27 juin 1879 et 12 juillet 1879), puis que ces deux
sénateurs se soient ensuite retirés.
Les premiers postes téléphoniques installés
par la Société Générale
sont des Gower ou des Edison puis des Crossley et enfin des appareils
Ader de types mobiles ou muraux.
sommaire
Les trois sociétés détentrices de brevets américains
sont donc chargés d'établir et d'exploiter pendant cinq
ans des réseaux dans quatre importantes villes de France : Paris,
Lyon, Marseille et Bordeaux. On s'aperçoit vite que ces trois systèmes
ne sont pas compatibles entre eux (interconnectables).
Vu dans le Journal Télégraphique de
Octobre 1879
T rois Compagnies téléphoniques exploitant, l'une le
système Bell, l'autre le système Edison, la troisième
le système Gower, sont actuellement établies à
Paris, pour desservir les communications spéciales qui seraient
demandées par des établissements ou des particuliers.
Un arrêté récent du Ministre des postes et des
télégraphes (le France a réglé les clauses
et conditions auxquelles ^s communications pourraient être installées
et exploitées. JNo"s résumons ici les principales
dispositions de cet arrêté.
- Les fils extérieurs de communication sont établis
et entretenus par le service télégraphique, aux frais
exclusifs des permissionnaires et à la charge par eux de se
munir des autorisations nécessaires auprès des municipalités
ou des propriétaires d'immeubles qui seraient affectés
par la présence des fils et de payer les indemnités
voulues. Aucune responsabilité n'incombe à l'Etat à
raison de l'exécution des travaux ni des dérangements
ou interruptions éventuelles qui pourraient se produire.
- Les concessionnaires restent chargés de l'introduction des
fils dans l'intérieur des immeubles et de l'installation des
bureaux et des appareils dont le système employé devra
avoir reçu l'approbation du Ministre des postes et télégraphes.
- L'autorisation implique le droit, pour les permissionnaires, de
mettre, selon le cas, pour l'usage des correspondances, chacun des
établissements reliés aux différents bureaux
centraux en communication directe, soit avec ces bureaux, soit entre
eux; mais, en aucun cas, ces correspondances ne pourront avoir d'autre
objet que les usages personnels des clients de l'entreprise, toute
communication faite par ces clients au profit de tiers étant
rigoureusement interdite.
- Les tarifs à percevoir par abonnement seront soumis à
l'approbation du Ministre. Us devront être établis sur
des bases uniformes pour tous les clients de l'entreprise, tout tarif
de faveur étant interdit, sauf pour les établissements
publics de l'Etat ou de la Ville qui seraient desservis par l'entreprise,
en faveur desquels le Ministre se réserve le droit de déterminer
une réduction dans les limites de 50 pour cent du tarif applicable
aux particuliers.
- L'exploitation sera soumise au contrôle de l'Etat.
- L'entrepreneur paiera à l'Etat, à titre de droit d'usage
du téléphone, une redevance annuelle égale au
dixième des recettes brutes encaissées par l'entreprise,
cette redevance ne pouvant, pour une année entière,
être moindre de cinq mille francs.
Comme garantie des dépenses d'établissement et d'exploitation
de l'Etat et des redevances à lui dues, l'entrepreneur doit
déposer:
1° avant la délivrance de l'autorisation: un cautionnement
de 20 mille francs jusqu'à l'entier achèvement des travaux
et un second cautionnement de 5 mille francs jusqu'à la fin
de l'entreprise;
2° dans le mois qui suit la date de l'autorisation: un cautionnement
de 20 mille francs, jusqu'à la fin de l'entreprise.
- Les autorisations sont personnelles et ne peuvent être transférées
sans l'autorisation expresse du Ministre. Elles ne confèrent
aucun privilège pour l'entrepreneur, ni aucune obligation pour
l'Etat, en matière d'autorisation ou d'exploitation concurrente.
Elles sont annulées ou peuvent être retirées,
sans indemnité, de la part de l'Etat, faute par l'entreprise
d'avoir satisfait aux clauses et conditions de l'acte de concession
ou en cas de faillite. - L'Etat se réserve la faculté
de racheter, à toute époque, les droits des concessionnaires
ou de faire l'acquisition des systèmes d'appareils exploités
par eux, sans surélévation provenant des droits de brevet.
|
En même temps, la Compagnie des Chemins de Fer du
Nord, qui s'intéresse aussi au téléphone pour remplacer
ses télégraphes, se livre à des recherches et dès
1880 réussit une première transmission entre Paris et Saint-Quentin
(140 kilomètres).
L'amplificateur-répéteur n'existe pas encore et il faut
utiliser du fil à forte section très lourd.
Ce premier essai de liaison interurbaine est réalisé sur
la voie ferrée qui passe entre Marest et Quierzy ... où
il faudra attendre encore 40 ans avant l'arrivée du téléphone.
sommaire
Le jeu de transfert de capitaux et de concessions d'exploitation
bat son plein.
D'un côté :
- le 2 février 1880, est fondée officiellement
la Compagnie des Téléphones.
ex Compagie
du Téléphone Gower Roosvelt , chargé
d'exploiter les réseaux de Marseille Lyon Nates Bordeeux Lille
et Le Havre et Paris .
Son Président est M. Amédée Jametel, Banquier
du Crédit Mobilier à Paris . Cette société
est créée à l'occasion de l'absorption de la Société
Française de Correspondance Téléphonique
en grande difficulté (alors détenue par M. Léon Soulerin)
par la Compagnie du Téléphone Gower
(alors détenue par M. Charles Wallut) .
A Paris se trouvent le bureau central, situé au siège social
66, rue Neuve-des-Petits-Champs à Paris, et un bureau annexe à
La Villette avec 30 lignes, mais 4 nouveaux bureaux sont en construction.
Au mois doctobre 1880, 200 abonnés sont déjà
reliés et 130 attendent leur tour. La société installe
chez ses abonnés le téléphone Gower.
Son but est « la création et lexploitation
en France et dans les Colonies Françaises de réseaux téléphoniques
».
Au mois doctobre 1880, 200 abonnés sont déjà
reliés et 130 attendent leur tour. La société installe
chez ses abonnés le téléphone Gower.
En province, la compagnie a ouvert un réseau à Lyon avec
23 abonnés « reliés », à Marseille avec
25 abonnés et à Nantes avec 19 abonnés (octobre 1880).
Elle est aussi installée à Bordeaux, Lille et Le Havre où
les discussions sont en cours avec les municipalités, au Havre
c'est la guerre ave la compagnie des téléphones qui demande
des droits trop élevés.
La société installe chez ses clients de province le téléphone
à crayons de charbon de John Crossley
sommaire
Au 2 février 1880, il ne reste plus que deux
sociétés exploitant le téléphone en France.
Le 2 avril 1880, l'État transfère ensuite à M. Amédée
Jametel, fondateur de la Compagnie des Téléphones, les deux
concessions d'exploitation téléphonique accordées
les 27 juin 1879 et 12 juillet 1879 détenues jusques alors par
MM Wallut et Soulerin, à la demande de ces derniers.
Le 23 Avril 1880, l'État transfère ces deux concessions
directement à la personne morale de la Compagnie des Téléphones,
à la demande de son Président, M. Amédée Jametel.
Reste de l'autre côté :
la SFT
Le 27 mars 1880, La Banque Franco-Égyptienne
fonde la Société Française
des Téléphones (Système Edison et
autres), en rachetant la Société Berthon et Cie.
Au mois doctobre 1880, 240 abonnés sont raccordés
et 330 sont en attente de construction ; le bureau central est situé
au 45, avenue de lOpéra, et deux bureaux auxiliaires
fonctionnent. La société installe chez ses clients lappareil
à pupitre Edison-Phelps mais reçoit de nombreuses
plaintes du fait du fonctionnement très délicat du microphone
Edison qui demande de fréquents déplacements chez les
clients pour le remettre en état.
Le 21 avril 1880, l'État transfère à la
Société Française des Téléphones
(système Edison et autres), fondée par la Banque Franco-Égyptienne,
la concession d'exploitation accordée le 8 septembre 1879 détenue
jusques alors par M. Alfred Berthon, à la demande de ce dernier.
|
|
LA Fusion :
Trois sociétés, trois systèmes. On
comprend les problèmes dinterconnexion qui surgiren trapidement.
Les deux systèmes trop différents des deux
sociétés restantes n'arrivent pas à raccorder leurs
nouveaux abonnés. De plus la ville de Paris avait donné
une autorisation mais provisoire aux deux sociétés pour
utiliser les égouts, envisage de réglementer la situation
et de prélever une redevance pour cela.
La société Edison tente de rarccoder ses clients en aérien,
mais d'une part cela étéit trop couteux, et d'autres parts
de nombreux propiétaires refusaient la fixation de câbles
aux toitures et façades de leur habitations.
Devant ce problème, John Harjes représentant
de la Société Française des Téléphones,
et la banque Franco-Egyptienne renouent les contacts avec la Compagnie
des Téléphones, contribue au rapprochement des deux sociétés
trouvant l'une et l'autre leur intérêt financier. De plus
la Compagnie des Téléphones trouve intéressant de
pouvoir récupérer les brevets Edison et de pouvoir augmenter
sa capacité de production. Pour la Société Générale
des Téléphones , cette alliance devait lui permettre de
se développer en province et retrouver une existance légale.
Pour ces raisons c'est la Compagnie des Téléphones qui va
absorber l'autre société, bien que cella n'arrengeait pas
Edison.
- Le 16 et 17 août 1880, est fondée officiellement
la Société Générale
des Téléphones. Cette société,
présidée par Amédée Jametel, est créée
dans le but prévisionnel de fusionner la Compagnie des Téléphones
(Gower) et la Société Française des Téléphones
(Système Edison et autres).
Edison tenant à ce que son nom apparaisse dans la nouvelle société,
s'en sort satisfait
- le 7 et 30 octobre 1880, au cours de la première assemblée,
la fusion entre la Compagnie des Téléphones (Gower) et la
Société Française des Téléphones Système
Edison et autres, est officialisée. La
Société Générale des Téléphones
est pérennisée.
Le directeur nommé de la SGT
est Henri Lartigue, ex directeur de la Compagnie des Téléphones.
Le 10 décembre 1880,
l'État transfère enfin à M. Amédée
Jametel, Président de la Société
Générale des Téléphones,
la concession d'exploitation accordée le 8 septembre 1879
détenue depuis le 21 avril 1880 par la Banque Franco-Égyptienne,
à la demande de cette dernière.
La formation de cette Société
téléphonique fut accueillie avec joie par les hommes
de progrès.
Elle établit son siège social à Paris, 66
rue Neuve-des-Petits Champs, et le transféra plus
tard au 41 rue Caumartin.
Cette Société s'occupa activement et avec un plein
succès de l'établissement de ses réseaux téléphoniques
en province, et de la réorganisation du réseau de
Paris déjà installé depuis 1879.
Cependant cette concession à durée limitée
n'est valable que jusqu'en 1884.
Alfred
Niaudet, qui
a reçu des
mains même de Bell les deux téléphones importés
en France, aussi membre de la Société Française
de Physique dès sa fondation et devient un administrateur
de la Société générale des Téléphones.
Un autre administrateur redoutable est Jules Armengaud, ingénieur
conseil en brevets d'invention.
La SGT « inaugura le service téléphonique
de Paris avec 400 souscripteurs, le 30 septembre 1879.
Fin 1880 la SGT compte plus de 450 abonnés
sur Paris et 460 en attente de raccordement. Et chaque abonné
ne passe pas plus d'un appel par jour en moyenne.
|
Le réseau de 430 Km au moment de la fusion des
compagnies sagrandit rapidement pour atteindre 820 Km en 1881.
Cette extension a permis de nouveaux points daccès se traduisant
par de nouveaux abonnés.
Au commencement de 1881, la SGT comptait déjà sept bureaux
centraux desservant son réseau de Paris et avait construit plus
de trois cents lignes.
« Le nombre des abonnés sest élevé de
454 à 1240, sur lesquels 905 sont reliés. Le nombre de communications
demandées en une semaine, qui était de 4000 en octobre,
a atteint 45 000 la semaine dernière ; il a plus que décuplé.
En 1880 la « Société Générale
des Téléphones » racheta les divers réseaux,
lexemple de la France sera rapidement suivi
en1880, par : lAngleterre, la Belgique, le Danemark, la Hollande,
la Norvège, la Suède, lAllemagne;
en 1881 par: l'Autriche, lItalie, le Portugal, la Suède;
en 1882 par : la Hongrie, la Russie;
en 1883 par la Chine;
en 1885 par lEspagne
La SGT
créa ensuite les réseaux de Bordeaux, Marseille, Nantes
et le Havre.
sommaire
le téléphone acoustique de
Mr Léger : Article du 01 janvier 1880 de la revue "Le
Panthéon de l'industrie"
QUEL est le véritable avenir réservé au
téléphone ?
Bien que l'on puisse dire que ses applications en sont encore à
la période d'essai, on peut affirmer, dès aujourd'hui,
sans témérité, que cet instrument n'acquerra
jamais une puissance suffisante pour se substituer au télégraphe
électrique, dans les communications à des distances
dépassant quelques kilomètres, et que, pour les communications
à des distances relativement très-faibles, il ne pourra
remplacer utilement les simples appareils acoustiques, qui sont infiniment
plus commodes.
En somme, il existe actuellement deux grands modes de communication
à distance : l'électricité, qui transmet les
signaux d'une extrémité de la terre a l'autre ; les
ondes sonores, qui les transmettent très-commodément
entre les diverses pièces d'un même édifice. Le
téléphone, appareil mixte, dans lequel le courant électrique
sert à la transmission des ondes sonores, donne tout naturellement
des résultats moyens, transmettant la parole à des distances
médiocres et exigeant quelques-unes des ressources, comportant
quelques-uns des embarras, causant quelques-unes des dépenses
du télégraphe lui même.
On ne peut donc attribuer qu'à un engouement irréfléchi
l'empressement qu'ont mis quelques particuliers à démolir
les tubes acoustiques dans leur hôtel ou leur usine, à
leur substituer les fils du téléphone, et à installer
des piles gênantes, coûteuses, malpropres, dangereuses
même, à la place des simples pavillons de porte-voix
ou des simples embouchures qui leur avaient rendu jusque-là,
sans frais et sans embarras, de si excellents services.
Mais laissons là cette manie passagère, qu'explique
l'enthousiasme inspiré par tonte nouveauté.
On s'apercevra rapidement qu'on n'a pas absolument besoin d'une pile
voltaïque pour demander ses chaussettes à son valet de
chambre, et que le tube acoustique accomplit plus sûrement et
plus simplement une pareille besogne.
Et pour qu'on n'éprouve aucune hésitation à y
venir ou à y revenir, pour qu'on n'accuse pas, comme on l'a
osé faire, ces tubes d'avoir une trop faible portée,
nous examinerons l'état vrai de la question, en signalant le
point de perfection auquel ces tubes ont été amenés
par l'unique spécialiste de ce genre dé construction,
M. Léger, qui étudie depuis vingt cinq ans les questions
d'acoustique pratique.
Nous demanderons même à nos lecteurs la permission de
ne pas sortir des beaux ateliers de la rue Saint-Denis, 156, sans
signaler à leur attention deux autres créations de M.
Léger, dont une se rapporte également à l'acoustique.
Notons tout d'abord ce fait que M. Léger, dans la construction
de ses canalisations acoustiques, emploie exclusivement le fer-blanc,
c'est-à-dire, comme on sait, la mince tôle de fer étamée.
Il y a, de ce choix, deux raisons principales : l'économie,
qui condamne les tubes de cuivre, et le besoin d'éviter les
sels vénéneux qui ne tardent pas à se développer
sur la surface du même métal, et, dans le cas actuel,
peuvent nuire gravement à la santé.
Maintenant, on adresse aux tubes acoustiques deux grands reproches
: la faible portée qu'ils auraient et qui limiterait leur emploi
à de très-petites distances, la difficulté qu'y
rencontreraient les ondes sonores à franchir les coudes, ce
qui rendrait leur emploi presque impossible, les communications en
ligne droite étant un fait exceptionnel.
Appliquées aux tubes de M. Léger, ces objections n'ont
aucune portée ; nous ne le prouverons non par des théories,
mais par des faits incontestables, attestés dans des rapports
officiels à la Société d'Encouragement, à
la Société des Sciences industrielles, à l'Académie
nationale, à l'Institut des Arts industriels, etc.
Nous trouvons là l'indication d'un tube acoustique installé
dans un grand hôtel du faubourg Saint Honoré, établissant,
malgré la présence de seize coudes, des communications
parfaitement distinctes, à 135 mètres de distance.
Dans la maison du Bon Marché, qui possède quinze appareils
établis par M. Léger, plusieurs de ces appareils ont
plus de 125 mètres de développement, et l'un d'entre
eux, qui atteint 200 mètres, n'a pas moins de trente-cinq coudes.
Nous pourrions signaler des circonstances tout à fait semblables
dans les 800 mètres de tubes établis à Noisiel,
dans l'usine de M. Menier, dans les vingt et un appareils que possède
l'hôtel du même industriel au parc Monceaux, etc., etc.
; mais nous pensons, que les exemples précédents suffisent
a éclairer nos lecteurs sur les services que peuvent rendre
es appareils installés par M. Léger dans les hôtels,
les bureaux,, les magasins, les ateliers, les restauran ts, sur les
bateaux à vapeur, etc.
N'oublions pas, du reste, que ces appareils ont obtenu, seuls parmi
les appareils acoustiques, six médailles et un diplôme
d'honneur dans les Expositions et à la suite de rapports entièrement
favorables dus à diverses Sociétés savantes.
Nous avons dit comment M. Léger avait étudié,
pendant un quart de siècle, le perfectionnement des appareils
acoustiques.
Parmi les améliorations qu 'il y a réalisées,
il en est deux qui nous paraissent particulièrement remarquables
:
C'est d'abord' l'emploi d'un système d'embranchement qui permet
de communiquer à la fois, très commodément. dans
diverses directions, et c est ensuite une embouchure en forme dé
conque, qui concentre les paroles émises à 4 ou 5 mètres
de distance, et permet, soit de communiquer sans se déplacer,
soit d'entendre la conversation de malfaiteurs réunis dans
un bureau pour le dévaliser.
La construction des porte-voix et des cornets acoustiques, étudiée
par M. Léger avec un zèle non moins persévérant,
s'est enrichie d'une multitude de types très-habilement appropriés
aux divers cas de surdité.
L'idée du plus remarquable de tous a été inspirée
à M. Léger par un hasard heureux.
Mis en possession d'un cornet bi-auriculaire très défectueux,
sans valeur aucune, mais construit d'après une idée
très juste du docteur Constantin Paul, il l'étudia,
le remania, le transforma, réussit à en faire le plus
merveilleux cornet acoustique qu'on eût connu jusque-là.
Mis au courant: de ce qui s'était passé, le docteur
Constantin Paul, après des expériences multipliées
à l'hôpital Saint-Antoine, encouragea l'habile constructeur
qui-avait si admirablement interprété et développé
sa pensée, l'aida même de ses conseils, et aujourd'hui
le cornet auriculaire dans les mille formes que M. Léger. lui
a données, opère dè véritables miracles.
Nous en citerons deux. Un sourd-muet, qui avait perdu l'oui à
l'âge de dèux ans que Hall considérait comme affecté
d'une surdité congénitale. et qui avait été
instruit, comme tel, dans le langage des sours-muet, qui fut pris
tout à coup d'une stupéfaction voisine de la terreur
lorsque muni du cornet Léger, il entendit parler pour la première
fois de sa vie, sans comprendre (il l'écrivit lui-même)
aucune des paroles qu'on lui adressait. Un autre exemple attesté
par un certificat : une ieune fille du monde, âgée de
seize ans, sourde-muette de naissance, put, grâce au cornet
Léger, assister aux concerts, aux auditions musicales que son
infirmité lui avait jusque-là empêché de
fréquenter.
Dans sa forme la plus complèle, le cornet
bi-auriculaire comprend : deux oreillons en fer-blanc terminés
par des olives en ivoire qu'on introduit dans le conduit: de chaque
oreille; deux tubes en caoutchouc, munis à l'intérieur
d'un ressort à boudin en fil de fer émaillé,
et s'embranchant sur un tube unique terminé par un pavillon
placé devant la poitrine ; une bride passant sur la tète
et retenant en place les deux oreillons, de façon que les
mains restent entièrement inoccupées. Une application
très-curieuse de cet appareil consiste à retourner
le pavillon sur la poitrine, pour s'ausculter soi-même. Le
cornet Léger est, du reste, dans tous les cas, un excellent
stéthoscope.
Nous voudrions dire quelques mots d'une autre invention très-remarquable
de M. Léger, dont la description, malheureusement, s'éloignerait
trop de notre sujet. Il s'agit du tlte?'?no{fène, petit appareil
domestique qui, par des transformations très-simples, peut
servir de chaufferette, de bassinoire, de boule pour le lit, de
veilleuse, de réchaud, et qui ne consomme qu'un demi-centime
par heure.
Nous n'insistons pas, ne voulant pas. d'ailleurs,
diviser l'attention de nos lecteurs, qui doivent, à cette
heure, considérer, comme nous, les inventions acoustiques
de M. Léger comme un des plus remarquables progrès'
de la science industrielle.
L. B.
|
sommaire
1880 Faisons
le point de la situation en Europe Extrait du Journal Télégraphique
de janvier 1880
Le téléphone en ville (Téléphone exchanges),
par M. ROTHEN, Directeur-adjoint des télégraphes Suisse.
On entend souvent les personnes qui
ne s'occupent pas directement des applications de l'électricité,
demander pourquoi le bruit qui s'est fait autour du téléphone
il y a deux ans, a cessé aussi subitement et si de ce silence
on doit conclure que la nouvelle invention a été abandonnée.
Ces personnes oublient que c'est le propre de toute invention, après
avoir au moment de son apparition, surtout si elle présente
des effets aussi merveilleux que le téléphone, surexcité
tous les esprits, d'entrer dans une période de calme
relatif, de recueillement où l'invention se consolide
et se perfectionne. C'est dans cette période que se trouve
aujourd'hui le téléphone.
Toutefois, l'accueil qu'il a reçu du public est bien différent
d'un côté ou de l'autre de l'Atlantique. Bien qu'il y
ait certainement en Europe un nombre assez considérable de
téléphones en activité, il est pourtant incontestable
qu'il ne s'y est pas encore complètement acclimaté et
vulgarisé. Son établissement souvent ne répond
qu'à une satisfaction de curiosité, d'autres fois qu'à
des besoins superflus. La masse du public n'y songe pas et n'étant
sollicitée par aucun désir de communications plus fréquentes,
plus faciles que celles dont la télégraphie ordinaire
la fait jouir, oublie complètement le téléphone.
Il n'est pas rare de trouver des villes considérables
où pas un seul appareil téléphonique n'est en
activité.
En Amérique, les choses sont toutes différentes.
Là, le téléphone est devenu comme une nécessité
de la vie moderne. Dans presque toutes les villes de quelque importance
il existe des réseaux téléphoniques plus ou moins
étendus, établissant entre les clients de l'entreprise
des communications directes. Ainsi à Washington il y a plus
de 200, à Chicago plus de 1200 maisons reliées ainsi
entre elles par des fils téléphoniques. Ce nouveau système
de communication est si apprécié en Amérique
que son extension ne s'arrête pas et que l'on peut prévoir
le moment où la moindre ville aura son réseau spécial
de téléphones.
Le téléphone ainsi appliqué, nous paraît
offrir au commerce et aux relations de famille de tels avantages qu'au
moment où se font aussi, dans quelques grandes villes européennes,
des tentatives pour l'implanter dans les habitudes de la vie quotidienne,
une étude des téléphone exchanges américains
et des moyens de les adapter aux conditions de nos moeurs et de nos
usages européens, nous paraît présenter un intérêt
tout particulier d'actualité.
En Amérique, le réseau téléphonique
d'une ville se compose d'un ou de plusieurs offices centraux d'où
rayonnent dans toutes les directions des fils aboutissant chacun à
la maison d'un des clients de l'entreprise. Tout possesseur
d'un téléphone peut ainsi être mis en communication
directe avec tous les autres. S'il y a 400 abonnés
dans une ville, un abonné quelconque a la faculté d'entrer
en communication directe avec les 399 autres. Avec le nombre des abonnés,
la valeur du téléphone s'accroît naturellement
pour chacun d'eux, puisque cette augmentation étend le cercle
de ses relations possibles. Une fois le premier noyau formé,
l'augmentation du nombre des abonnés d'une même ville
se produit sûrement comme s'augmente nécessairement avec
le temps la crisetallisation autour d'un noyau plongé dans
une solution saturée et cette augmentation tend même
à progresser par un mouvement accéléré,
jusqu'au jour où il est donné satisfaction à
tous les besoins de communication.
Dès qu'il a atteint une certaine étendue, les services
que peut rendre dans une ville le réseau téléphonique,
sont incomparables.
C'est le malade qui désire à chaque instant conférer
avec son médecin ou c'est ce dernier qui tient à être
constamment informé de la marche de la maladie. Ce sont les
fournisseurs auprès de qui il faut provoquer immédiatement
l'envoi des objets nécessaires pour répondre à
une exigence imprévue; c'est le commissionnaire dont ou a besoin
pour une course, pour le transport de colis ou de malles; c'est l'intervention
de la police ou des pompiers que réclame un accident ou un
commencement d'incendie; c'est le moyen de se procurer un supplément
de marchandises pour satisfaire à une commande dont l'importance
dépasse le stock disponible; pour le banquier, c'est la facilité
d'obtenir immédiatement la garantie qu'il peut en toute sécurité
payer la traite présentée inopinément à
sa caisse, etc., etc.
On pourrait aisément multiplier le nombre de ces exemples,
mais les quelques-uns que nous venons de résumer suffisent
pour faire ressortir combien les communications téléphoniques
peuvent épargner de temps, de courses et de peines pour atteindre
plus vite et, en supprimant les intermédiaires, plus sûrement
au but désiré. Aussi ne nous étonnerons-nous
pas de trouver dans les journaux américains un concert unanime
d'éloges de la part de ceux qui font usage de ces communications
téléphoniques et l'expression de leur désir d'en
conserver la jouissance, alors même que cette jouissance leur
coûterait beaucoup plus cher.
En dehors des réseaux dont nous venons de parler, il existe
aussi des lignes téléphoniques indépendantes,
par exemple, celles qui relient les bureaux d'un industriel à
son usine, le comptoir d'un, commerçant à sa maison
d'habitation. Or, si l'une de ces deux stations téléphoniques
particulières est en communication avec le réseau général,
l'autre s'y trouve naturellement aussi.
Quelquefois, le réseau général est établi
d'une manière un peu différente.
Du bureau central les fils rayonnent aussi dans toutes les directions,
mais sur chaque fil il y a plusieurs abonnés intercalés.
Ce système revient bien meilleur marché que le premier,
car il demande moins de fils; et ceux-ci étant généralement
des fils souterrains, tiennent une place importante dans l'ensemble
des frais d'installation. Mais il a le grand inconvénient de
ne pas assurer le secret absolu des communications. Le premier est
donc préférable malgré l'augmentation des dépenses
d'établissement.
En se rendant compte des services énormes que peut rendre dans
une ville un réseau téléphonique, l'on est amené
à se demander pourquoi Ton n'a pas songé plus tôt
à en installer dans les villes européennes. Il y a à
cela différentes raisons dont deux nous paraissent surtout
importantes ; la première, c'est que les téléphones
perfectionnés sont encore trop peu connus; la seconde c'est
que les Administrations télégraphiques font obstacle
à l'installation de réseaux téléphoniques
comme entreprises privées.
Occupons-nous d'abord de la première raison.
Il y a beaucoup de personnes qui croient le téléphone
encore dans l'état d'enfance où il se trouvait il y
a deux ans, époque où les résultats obtenus n'étaient
pas, en effet, assez encourageants pour provoquer sa prompte vulgarisation.
La reproduction de la parole était incertaine, extrêmement
faible et n'était saisissable que par une oreille exercée.
L'on entendait bien qu'on parlait, mais peu de personnes étaient
en état de reconnaître les mots proférés.
Même avec les téléphones perfectionnés,
l'on peut observer des faits analogues. Certaines personnes n'arrivent
à saisir les paroles prononcées à l'extrémité
de la ligne qu'à moins de recourir aux meilleurs téléphones
connus.
Depuis sa première apparition, le téléphone a
subi d'innombrables modifications et soi-disant améliorations.
La plupart d'entre elles ont disparu peu de temps après leur
apparition et il n'en a subsisté qu'un petit nombre. On peut
diviser ces dernières en deux catégories : téléphones
sans pile et téléphones avec pile; ou bien encore les
distinguer en téléphones où le même instrument
sert de transmetteur et de récepteur et téléphones
avec transmetteur spécial.
Les spécimens les plus connus des téléphones
perfectionnés sans pile, sont le téléphone
Siemens et le téléphone Gower. Le premier
dont le Journal télégraphique a donné une description
détaillée (vol. IV, page 304) est excellent. Il se distingue
par une reproduction parfaite du son articulé, par un appel
très caractéristique qui peut s'entendre même
d'une chambre voisine et par un réglage facile. En le réglant
il faut seulement avoir soin de ne pas chercher à atteindre
la dernière limite de clarté et de force, car pour y
arriver l'on doit rapprocher l'aimant aussi près que possible
du diaphragme sans toutefois que ce dernier se courbe sous l'influence
de l'attraction. Mais le diaphragme se trouve presque alors à
l'état d'équilibre instable, et la moindre influence,
par exemple un changement de température, suffit à le
dérégler. Avec l'habitude du réglage du téléphone,
un pareil accident est sans importance, mais entre des mains inexercées
il devient, comme nous avons pu nous en convaincre plus d'une fois,
un obstacle sérieux à l'usage du téléphone.
- Le téléphone Gower se présente sous la forme
d'une boîte cylindrique de peu de hauteur qu'on applique le
long d'une paroi. A l'orifice central est fixé un tube flexible
en caoutchouc avec embouchure en forme d'entonnoir. Un sifflet à
l'intérieur de la boîte tient lieu de la petite trompette
d'appel du téléphone Siemens. L'aimant a la forme d'un
demi-cercle avec pôles recourbés vers le centre dans
la direction du diamètre. Chaque pôle est armé
d'une bobine ovale. Le diaphragme est assez grand et épais.
Les appréciations relatives aux effets du téléphone
Gower sont très contradictoires ; quelques-unes le prônent
comme un des meilleurs sinon le meilleur des téléphones,
tandis que d'autres le considèrent comme ne donnant pas des
résultats satisfaisants. N'ayant pas eu l'occasion de l'expérimenter
personnellement, nous nous abstiendrons de nous prononcer sur sa valeur.
Quant aux téléphones à pile où à
transmetteur spécial, ils ont, tout d'abord, par rapport aux
autres, un grand désavantage, celui de nécessiter l'emploi
d'une pile; mais cet inconvénient est racheté par d'autres
bonnes qualités. Nous citerons comme spécimens principaux
de ces téléphones, le transmetteur Blake, le
transmetteur Edison et le téléphone électro-chimique
du même inventeur.
- Le transmetteur Blake est une sorte de microphone. Extérieurement,
il affecte la forme d'une boîte verticale suspendue à
une paroi, avec embouchure sur la face antérieure et quatre
serre-fils. Derrière l'embouchure se trouve un diaphragme ordinaire
métallique. Quant à l'intérieur de la boîte,
en voici la disposition. En arrière et au centre du diaphragme
est fixée perpendiculairement une tige en métal ou en
charbon de cornue extrêmement courte, qu'un ressort fait presser
légèrement contre le diaphragme. Derrière la
tige et appuyant contre elle au moyen d'un second ressort, se trouve
un cylindre compacte de noir de fumée. La partie de la petite
tige qui touche ce cylindre est appointie et si la tige est, un charbon
de cornue, cette pointe est platinée pour assurer un bon contact.
Quand maintenant le diaphragme est mis en vibration par la voix humaine
ou autrement, la tige exerce, par secousses, des pressions réitérées
contre le cylindre de noir de fumée et la résistance
électrique de celui-ci varie en conformité de ces pressions.
Les deux ressorts qui soutiennent la tige ^ le cylindre de noir de
fumée, font partie d'un circuit Métrique local où
sont en outre intercalés une pile de quelques éléments,
de préférence Leclanché ou Callaud, et le fil
primaire d'une petite bobine d'induction. Lorsque 'instrument est
intercalé pour la transmission, le courant courant continu
prend donc le chemin suivant. Partant du pôle positif de la
pile il passe à travers la tige et le cylindre de noir de fumée;
puis il parcourt le fil primaire de la bobine d'induction et retourne
au pôle négatif de la pile. L'intensité de ce
courant continu variant suivant la pression exercée par le
diaphragme sur la tige et le cylindre de noir de fumée, ces
variations produisent dans le fil secondaire de la bobine des courants
d'induction que le fil de ligne conduit à l'autre station où
ils passent par un téléphone Bell ordinaire ou toute
autre espèce de téléphone perfectionné.
L'appel s'effectue au moyen d'une sonnerie qu'actionne un courant
électrique. Dans le système Blake, l'installation téléphonique
exige l'emploi d'un permutateur pour interrompre le circuit local
et intercaler la sonnerie quand les téléphones sont
au repos. Le système du réglage de la pression est simple
et ingénieux.
- Le transmetteur d'Edison ressemblant beaucoup à celui
de Blake, nous nous bornerons à indiquer les parties par lesquelles
il en diffère. Un petit cylindre creux en laiton est collé
par une matière isolante au diaphragme. Ce cylindre presse
en trois points sur un disque en charbon de cornue d'un diamètre
d'environ 16mm, revêtu du côté du diaphragme d'un
dépôt galvanique de cuivre. Ce disque repose sur un autre
disque de noir de fumée, de même diamètre et d'un
millimètre d'épaisseur environ, lequel à son
tour appuie contre une plaque métallique. Une vis sert à
régler la pression. Le récepteur est un téléphone
Bell, de préférence du système modifié
par M. Phelps sous le nom de « Pony-Crown-Telephone. »
Il est très petit et possède un aimant recourbé
en cercle qui sert en même temps de poignée. Il suffit
de un à trois éléments Leclanché pour
produire le courant local qui circule dans le transmetteur à
charbon et le fil primaire de la bobine d'induction. La « Gold
and Stock Telegraph Company» à New-York qui paraît
investie des droits d'exploitation de ce téléphone,
combine les deux instruments avec une sorte de petit pupitre qui porte,
en outre, une sonnette d'appel, un permutateur automatique et un petit
bouton de contact pour l'appel. Le transmetteur est fixé par
un bras à la gauche du pupitre, ce qui permet de lui donner
la position convenable pour correspondre, tout en laissant les deux
mains libres. Au côté droit du pupitre est suspendu à
une corde en double fil métallique le téléphone
Phelps. Le crochet qui maintient ce téléphone dans les
moments de repos, n'est autre chose que le permutateur automatique.
En décrochant le téléphone, le permutateur se
déplace, intercale la pile locale et généralement
établit les communications nécessaires. Quand le téléphone
Phelps est suspendu à son crochet, le transmetteur et le récepteur
sont exclus du circuit, et à leur place se trouve intercalée
la sonnerie d'appel. Nous avons pu nous convaincre, par notre propre
expérience, de l'efficacité de ce téléphone.
C'est le plus parfait que nous connaissions. La reproduction de la
parole y est extrêmement distincte et n'a rien de confus. Les
personnes qui ne sont pas familiarisées avec les communications
téléphoniques et même celles qui ont l'ouïe
un peu dure, saisissent néanmoins dès le premier moment
tout ce qui est transmis par ce téléphone. Si, au lieu
d'un seul récepteur, on en emploie deux, en en appliquant un
à chaque oreille, la conversation n'est pas troublée
par les bruits extérieurs même très-forts. L'usage
de ce téléphone n'est donc pas limité à
des locaux tranquilles. Son prix est, il est vrai, un peu élevé.
Tandis, eu effet, qu'un couple de téléphones Siemens
coûte 87 frs. 50. et un couple de téléphones
Gower 200 frs, deux pupitres Edison-Phelps reviennent à
470 francs.
Depuis bientôt un an, on parle d'un nouveau téléphone
d'Edison, c'est-à-dire d'un récepteur électro-chimique
qui, dans l'installation que nous venons de décrire, remplacerait
le récepteur Phelps et qui donnerait de merveilleux résultats.
Ce récepteur est basé sur le principe déjà
appliqué par M. Edison dans son électromotographe. Comme
d'ordinaire, il comporte un diaphragme, mais ce diaphragme est en
mica. Au centre est fixée une tige mince de quelques centimètres
de longueur, dont la pointe recourbée, repose sur un cjdindre
de chaux imbibé d'une solution d'hydrate de potasse et d'acétate
de mercure. Les impulsions électriques engendrées dans
le fil secondaire de la bobine d'induction à la station correspondante,
s'écoulent à la terre par la tige et par le cylindre
de chaux. Quand on tourne le cylindre, le frottement considérable
de la chaux a pour effet d'avancer un peu la pointe de la tige et
le diaphragme se courbe légèrement vers l'intérieur,
prenant une forme concave; mais chaque courant qui passe de la pointe
au cylindre diminuant le frottement, la tige revient en arrière
et, le diaphragme peut, suivant la force et durée du courant,
arriver à reprendre plus ou moins exactement la forme plane.
Les impulsions du courant se transforment donc mécaniquement
en vibrations du diaphragme de mica. L'inconvénient de ce téléphone
consiste dans l'obligation de tourner le cylindre avec une manivelle
aussi longtemps qu'on doit recevoir. A la réunion annuelle
des naturalistes américains, à Saratoga en 1879, ce
téléphone, exhibé par M. Edison lui-même,
a produit une grande sensation. Nous avons lu aussi de divers côtés
des appréciations très-enthousiastes, mais ne le connaissant
que par les comptes-rendus, nous ne pouvons juger ce système
d'après nos expériences personnelles. Un fait, toutefois,
qui s'est produit récemment, serait de nature à éveiller
nos doutes à son égard. Une Administration télégraphique
ayant, à notre connaissance demandé l'automne dernier
à un électricien renommé des Etats-Unis, l'envoi
d'un couple des meilleurs téléphones qui existent en
Amérique, cet électricien n'a pas même mentionné
le téléphone électro-chimique, et ce sont les
transmetteurs à charbon et les téléphones Phelps
qu'il a choisis.
Quoi qu'il en soit, l'inefficacité de tel ou tel système
n'est plus un obstacle à la généralisation du
téléphone. Il existe actuellement des spécimens
assez parfaits pour que, dans toutes les conditions, n'importe qui
puisse s'en servir sans incertitude ni confusion.
Passons maintenant à la seconde raison qui nous paraît
entraver la généralisation rapide des téléphones
en Europe.
En Amérique il n'y a pas de monopole télégraphique.
Les Sociétés téléphoniques n'ont à
compter qu'avec les propriétaires dont elles empruntent le
terrain pour poser leurs lignes. En Europe, le téléphone
est, avec raison, regardé comme relevant du monopole de la
télégraphie. Les intéressés ont bien cherché
à faire placer le téléphone en dehors des communications
i électriques dont l'exploitation est réservée
à l'Etat, mais ces prétentions ne résistent pas
à l'examen impartial de la question. Il suffit de se demander
ce que la loi a, par le monopole de la télégraphie,
entendu attribuer à l'Etat pour reconnaître de suite
que le mode de transmission électrique n'est pas limité
aux communications dont le sens se révèle par l'intermédiaire
de la vue et qu'il s'étend à celles dont la connaissance
parvient à l'esprit par le canal de l'oreille. S'il y avait
là pour le téléphone un titre à échapper
au monopole légal, il en serait de même pour nombre d'appareils
qu'utilise depuis longtemps la télégraphie électrique,
par exemple, les parleurs, les récepteurs à cloche,
etc. Du moment que le courant engendré à l'extrémité
d'une ligne se traduit à l'autre extrémité par
un langage intelligible, il y a télégraphie électrique.
Or, la fonction du téléphone rentre évidemment
dans les limites de cette conception. Partant de ce point de vue,
les Administrations ne sauraient considérer les installations
téléphoniques privées comme échappant
à leur action et elles doivent ou les prohiber complètement
ou les soumettre à un droit de concession. Admettons même
le cas peu probable où une jurisprudence étroite arguerait,
dans certaines législations, des termes d'une loi qui n'a pu
prévoir le téléphone, P«ul contester à
l'Etat ses droits régaliens, il serait toujours facile, ce
semble, d'obtenir des pouvoirs publics une nouvelle loi ou une modification
plus compréhensive de la joi existante, qui soumettrait le
téléphone au monopole qui est à la base uu service
télégraphique.
Telle a été, en effet, l'attitude des Administrations
télégraphiques dans tous les pays où le téléphone
a cherché à s'implanter.
En Angleterre, l'Office britannique a paru, d'abord, vouloir interdire
les circuits téléphoniques, et s'il semble maintenant
revenu de cette idée première, ce n'est qu'en imposant
aux établissements de ce genre une redevance assez élevée.
En France, les Compagnies téléphoniques ont dû,
pour pouvoir poser leurs fils et ouvrir leur exploitation, se pourvoir
de concessions de l'Etat, concessions toujours révocables et
soumises aussi à des redevances déterminées.
En Suisse, chaque kilomètre de fil téléphonique
est imposé d'une redevance annuelle de dix francs et la concession
n'est donnée que sous des clauses spéciales garantissant
le secret des dépêches télégraphiques proprement
dites. Les autres Administrations ont, sans doute, garanti leurs droits
par des précautions de même nature. Actuellement où
le téléphone est encore dans son enfance, ces précautions
peuvent suffire ; mais cet enfant grandira et il y a lieu de craindre
qu'en dépit de toutes ces restrictions, le téléphone
ne vienne briser un jour le monopole télégraphique,
si les Administrations ne se décident pas dès maintenant
à le monopoliser complètement, c'est-à-dire à
établir et à exploiter elles-mêmes les réseaux
téléphoniques.
Dans notre opinion, c'est en entrant hardiment dans cette voie que
l'Etat pourra lutter efficacement contre les atteintes à son
monopole, car les circuits téléphoniques nous paraissent
appelés à un tel avenir qu'ils ne tarderont pas à
accaparer toutes les communications intérieures des villes.
Que fera-t-on alors ? Essaiera-t-on de mettre en communication le
bureau central de l'Etat et les bureaux centraux des exploitations
téléphoniques indépendantes ? Mais ne serait-ce
pas là un commencement d'abdication ? Ce résultat fatal,
il faut donc le prévenir à temps, et le moyen c'est
d'englober le téléphone dans la télégraphie
! Il va sans dire que cette absorption n'empêcherait point d'accorder
aux particuliers des concessions pour des lignes téléphoniques
isolées, de même que l'Etat concède actuellement
des lignes télégraphiques d'intérêt privé.
Cette ligne isolée ne porte aucun préjudice au monopole
gouvernemental tant qu'elle reste indépendante du réseau
Public, mais ce qu'il ne faut pas aliéner, même contre
de redevance élevée, ce sont les réseaux urbains,
car c'est toujours chose difficile que de racheter des privileges
une fois qu'on les a laissés échapper. Ce que butent
aux Gouvernements les rachats des chemins de fer ce qu'a coûté
à l'Office britannique le rachat de ses télégraphes,
est un exemple et une leçon.
Pour nous bien pénétrer de cette vérité
que les «téléphone exchanges » ne sont que
de la télégraphie, jetons un coup-d'oeil sur la manière
dont ces entreprises ont organisé leurs Offices centraux dans
les villes américaines. Tous les fils qui desservent différents
souscripteurs aboutissent à un centre commun, chacun d'eux
passant par un électro-aimant spécial devant lequel
une plaque légère couvre un numéro qui est le
numéro de l'abonné. Quand celui-ci le client
23, par exemple pousse son bouton d'appel, le couvercle de
l'électroaimant correspondant tombe et le numéro 23
apparaît. Un certain nombre d'agents, jeunes garçons
et jeunes filles, surveillent continuellement ces numéros et
aussitôt que le couvercle tombe, on prévient par l'appel
« hallo » le client N" 23, celui-ci répond:
«je désire être mis en communication avec tel numéro,
par exemple le numéro 47.» Ce désir est communiqué
au «switchman» qui dirige le grand permutateur (switch)
qui se trouve au milieu de la salle. Le switchman (souvent il y en
a plusieurs) a à sa disposition un certain nombre de petites
cordes métalliques se terminant à chaque extrémité
par une fiche. Il prend une de ces cordes, place une des fiches dans
le trou 23; l'autre dans le trou 47 et les deux clients se trouvent
en communication directe. Toutes ces opérations demandent moins
de temps que leur description. Souvent le bureau central est organisé
de façon que le demandeur d'une communication est avisé,
par les mots «ail right», quand l'Office central a établi
la communication demandée et que la fin de l'entretien des
deux interlocuteurs est indiquée à l'Office central
par un nouveau signe qui frappe à la fois l'oreille et l'oeil
et attire ainsi l'attention des employés sur les deux numéros
dont la communication peut être interrompue.
Les dispositions de détail varient légèrement,
suivant les Sociétés et les instruments qu'elles emploient.
Nous nous bornerons à décrire, dans ses détails,
l'une des méthodes les plus en usage et dont la connaissance
peut donner l'idée du mode de fonctionnement. Supposons que
le nombre de souscripteurs soit assez grand pour qu'ils ne puissent
être tous réunis dans un seul et même permutateur.
On augmente alors le nombre de ces derniers qui s'élève
quelquefois à 10 et même à 20. Au-dessous de la
rangée des permutateurs est disposée une série
de rails métalliques isolés l'un de l'autre et passant
devant chacun d'eux. Au commencement du service, les switchinen se
rangent à l'une des extrémités de la série
des permutateurs. Le premier client demandant une communication, est
desservi par le premier switchman qui, après avoir accompli
sa tâche, vient se mettre à l'extrémité
de la rangée de ses collègues; c'est au second switchman
à desservir le second client et ainsi de suite. I Chaque switchman
reste avec son client jusqu'à ce qu'il se soit assuré
que la communication demandée est bien établie. Le long
des permutateurs sont disposés un certain nombre de «
switchman's téléphones. » Dans ces téléphones
portatifs, le transmetteur et le récepteur sont réunis
en une seule pièce, de sorte que quand on porte le
récepteur à l'oreille, le transmetteur se trouve devant
la bouche. Le switchman met la fiche de la corde téléphonique
dans le trou du client et le prévient par l'exclamation «
hallo » ou « well, sir ? » Ayant appris avec quel
numéro le client désire être abouché, si
ce numéro se trouve dans un autre permutateur, il détache
la corde du téléphone et la fixe avec l'autre fiche
à un rail non encore occupé. Alors il se rend au permutateur
où figure le numéro demandé, place la fiche d'une
corde dans le ti*ou en question et avec une seconde corde également
à fiche, il frappe trois fois sur une plaque qu'une pile met
en communication avec la terre. La sonnerie de la personne appelée
fonctionne et avec son téléphone le switchman se met
en communication avec le client. Aussitôt cette communication
établie, l'autre fiche de la corde est fixée au rail
qui la relie au premier permutateur et le switchman peut alors correspondre
avec les deux clients et les informer qu'ils sont reliés en
circuit direct. Chaque rail communique avec la terre par l'intermédiaire
d'un relais très-sensible. Quand les deux clients ont fini
leur entretien, l'un d'eux presse son bouton d'appel, le relais réagit,
ferme une pile locale dans l'Office central et un signal très-apparent
indique que tel et tel rail devient libre, sur quoi on retire les
fiches.
Avec le nombre des clients, les difficultés de l'Office central
augmentent rapidement, comme on a pu le voir par l'article publié
dans notre dernier numéro, p. 583; mais MM. Haskins et Wilson
seraient, paraît-il, arrivés, par une combinaison ingénieuse,
à triompher de ces difficultés.
Il serait trop long de donner ici la liste de toutes les villes américaines
qui possèdent déjà des téléphone
exchanges avec un nombre plus ou moins grand de souscripteurs. Disons
seulement qu'à Cincinnati où il y a plus de 800 souscripteurs,
les demandes de communications faites à l'Office central dépassent
6000 par jour;
En Europe, c'est dans les villes anglaises que les communications
téléphoniques semblent prendre le plus facilement. Londres,
Manchester, Liverpool, Glasgow, Shèffield, Hull, Durham, Birmingham
ont déjà leurs télé phone Companies; quelques-unes
de ces villes même en ont deux ou trois se faisant concurrence.
A Manchester, on se propose de relier téléphoniquement
entre elles les places de Boehdale, Oldham, Ashton, Bolton, Bury,
Middleton, Stalybridge et Stockport.
Sur le continent, nous ne trouvons guère encore à
nommer que Paris, où trois
Compagnies de téléphones se sont constituées
et ont commencé par se faire la guerre jusqu'à ce qu'elles
aient trouvé plus profitable à leurs intérêts
de s'amalgamer.
Quant à l'application du téléphone
à des lignes particulières, elle est très-répandue.
On en trouve dans les stations de chemin de fer, les hôpitaux,
les châteaux, les grands établissements industriels,
même les églises. Ce sont les célèbres
brasseurs Bass et C° qui ont peut-être le réseau
particulier le plus complet, avec leurs 12 fils partant d'un bureau
central vei-s leurs différents établissements. La Soufheni-Railroad-Pittsburgh-Washington
Gy a remplacé ses appareils télégraphiques par
des téléphones. Le téléphone est établi
à Windsor Castle et au palais Buckinghnm. Les journaux Le Figaro
et Le Temps ont leurs circuits téléphoniques.
Pour les téléphones exchanges, les fils doivent la plupart
du temps être des fils souterrains, par cette raison déjà
que ces réseaux sont établis à l'intérieur
des villes, et aussi à cause du grand nombre de fils qui doivent
rayonner du bureau central dans toutes les directions. La nouvelle
invention de M. Brooks qui consiste à réunir les fils
dans des tubes à gaz remplis de pétrole, semble avoir
beaucoup facilité l'établissement de ces réseaux
La règle des Compagnies téléphoniques est de
procéder exclusivement par location. La jouissance des lignes,
des instruments et l'entretien des uns et des autres sont assurés
aux souscripteurs moyennant une redevance annuelle fixe
En Amérique cette location annuelle est de 7.5 à
8 dollars; à Londres, on demande 20 £ si la ligne ne
dépasse pas 1600m de longueur; à Paris le loyer varie
entre 500 et 1000 francs.
Nous avons jeté un rapide
coup-d'oeil sur le mouvement téléphonique qui se prépare
à envahir l'Europe.
Notre génération peut se féliciter d'être
dotée de cette nouvelle facilité de communication qui,
par le temps qu'elle fait gagner journellement, tend à prolonger
la vie, mais, nous le répétons encore une fois, le moment
est venu pour l'Etat de prendre en main l'exploitation de ce moyen
merveilleux de communication, car les telephones exchanges ne tarderont
pas à devenir une puissance qu'il sera plus tard difficile
de déposséder.
sommaire
|
Jusquà lannée 1881, année
de lExposition universelle qui sest tenue à Paris,
les pouvoirs publics ne portèrent pas attention à la diffusion
du téléphone, ce qui explique quil ne fut pas une
priorité des politiques officielles déquipement. Entre
lalternative dun financement par lÉtat ou la
concession, cest la seconde qui fut choisie. Cest dailleurs
la règle générale depuis Louis Philippe et le télégraphe.
Dautres raisons motivèrent le choix de la concession. La
première raison est que ladministration du télégraphe
est en crise. Le développement dune nouvelle technique nécessite
beaucoup dinvestissements et
ladministration nest pas en mesure de les apporter. «
En 1877, une des premières décisions du gouvernement républicain,
revenu au pouvoir après lintermède Mac Mahon, a été
de provoquer la fusion, au sein dun même ministère
des Postes et Télégraphes, puisque jusqualors la poste
dépendait du ministère des Finances et les télégraphes
du ministère de lIntérieur. (
) Par ailleurs,
la tendance économique générale est à la multiplication
des concessions, en particulier des régies urbaines : compagnies
des eaux ou des tramways électriques ». Or, jusquen
1884, la technique du téléphone nautorise que des
réseaux urbains, il parait logique dadapter le même
système de concession. Ainsi, le ministère des PT laisse
le soin à linitiative privée de développer
lensemble de lexploitation téléphonique de Paris.
Le système de la concession, procédure quont également
connue les chemins de fer, fut par conséquent adopté pour
permettre de garder un certain contrôle.
Revenons sur Clément Ader, devenu l'INGENIEUR-CONSEIL
DE LA SGT qui lui achète les droits d'exploitation de ses brevets
.
Il a innové et construisit ses premiers appareils dans les ateliers
Bréguet, Ils sont équipés d'un microphone
à crayon de charbon de sa conception et de deux écouteurs
aussi de sa conception. Ader ne sera pas salarié de la soiété,
il préféra se contenter d'un intéressement et des
droits d'exploitation négociés avec la SGT. Ceal lui permit
d'acheter un pied à terre sur Paris, 68 rue de l'Assomption ou
il installe son laboratoire.
Ader revenant aux fondamentaux de Hughes et de Crossley, construit
le microphone composé de 10 bâtons en charbon montés
sur 3 traverses.
Il est très simple à fabriquer et pas onéreux, facile
à installer, ne necessite aucun réglage : il est donc très
avantageux.
Le microphone de Crossley
(à gauche ) et le micro Ader
Brevet US274246A approuvé
le 20 Mars 1883
Le téléphone longue distance dEdison les concurrençait
sur le territoire américain et la conquête du marché
français ouvrait ainsi de nouveaux débouchés.
....
..
Ces modèles sont aujourd'hui recherchés par tous les collectionneurs
de vieux téléphones .
sommaire
En 1880 le système Crossley est installé
sur les réseaux de Lyon, Marseille, Bordeaux et Nantes, puis sera
commércialisé par la SGT jusuq'en 1890 pour la province.
Microphone Creossley à charbon qui inspira Ader.
1880 vu dans Lélectricité N°19 du 5 octobre
1880 Lélectrophone Louis Maiche
(son parcours en détail)
Le système de communications
téléphoniques imaginé par M. Louis Maiche se
compose de deux appareils qui sont tous deux semblables à celui
que nous allons décrire et qui sont mis en rapport A. une distance
quelconque par un fil télégraphique.
Lélectrophone de ce physicien se compose
dune boite en bois AA ayant environ 25 centimètres
de côté, devant laquelle se place la personne qui veut
parler.
Lintérieur de cette caisse est doublé
dune seconde caisse en verre B, isolée de la première
pur une épaisse couche de ouate CC ; cest cette caisse
en verre qui reçoit les ondes sonores produites par la parole
et transforme le mouvement vibratoire de lair en action mécanique
se résumant par une différence de pression sur deux
billes en charbon D, qui fixées à deux charnières
E E reçoivent le courant électrique dune pile
composée dun ou deux éléments et transmettent
les différences dintensité résultant
des différences de pression à un téléphone
Identique situé à une distance quelconque et servant
de bobine dinduction au moyen des conducteurs ordinaires.
La bobine dinduction, les boules en charbon
et les conducteurs qui les relient sont disposés de manière
à navoir jamais besoin dêtre touchés
ni réglés. Lappareil, tel quil est sur
le dessin, peut fonctionner indéfiniment sans aucune espèce
de réparation et entre toutes les mains.
A gauche se trouve un petit bouton G, semblable
à ceux des sonneries électriques dappartement.
Quand on parle à une distance de la cloche
en verre, qui peut aller jusquà plusieurs mètres,
celle-ci vibre à lunisson de lair, et ses vibrations
se transforment instantanément et complètement en
effets mécaniques se traduisant par des différences
de pression des deux boules en charbon, lesquelles déterminent
dans la bobine les courants induits qui peuvent être recueillis
à la station darrivée de la même manière
quils ont été produits, cest-à-dire
à laide de la bobine de Ruhmkorff du récepteur.
Les mouvements moléculaires du verre, dont
la surface est cent fois plus grande que celle du disque vibrant
dun téléphone ordinaire, acquièrent une
grande intensité en se concentrant ou se totalisant sur le
point où reposent les boules en charbon.
Lintensité des effets ainsi accumulés
permet de donner aux boules en charbon et aux pièces qui
les supportent des dimensions et un poids qui assurent une parfaite
stabilité et dispensent de toute espèce de réglage,
en se plaçant bien au-dessus de toutes les causes de dérangement.
Il ny a plus rien là qui rappelle le
microphone, et cependant la sensibilité de lappareil
est si grande quune résistance de quinze cents kilomètres
nempêche pas dentendre distinctement les battements
dune montre et le souffle de la respiration.
Parmi les expériences les plus intéressantes
qui ont eu lieu sur lélectrophone, nous citerons lessai
qui a été fait entre la Chambre des députés
et le Sénat ; un autre entre le Bureau central des lignes
télégraphiques de Paris et celui de Versailles. Deux
autres postes sont établis dans les conditions les moins
favorables qui puissent se présenter, sans que le résultat
en soit influencé en quoi que ce soit. Lun relie les
forges dAntoigné (Sarthe) à la gare de Monbizot
; lautre, partant également des forges dAntoigné,
relie cet établissement avec les bureaux de M. Chappée,
leur propriétaire, situés au Mans, à une distance
de 28 km environ. Le fil est disposé sur les poteaux ordinaires
qui supportent les fils de lÉtat et ceux de la Compagnie
du chemin de fer de lOuest. Le voisinage de ces fils na
rien de nuisible ; le retour se fait par la terre comme dans les
installations télégraphiques ordinaires.
Dans latelier de M. Louis Maiche, que nos
abonnés pourront visiter, à notre recommandation,
en nous en adressant la demande, nous avons pu entendre une conversation
en intercalant dans le circuit un morceau de bois blanc dune
épaisseur dun décimètre, et même
une cloche de verre, sans que le son de la voix fût très
notablement diminué. Pour exécuter ces belles et curieuses
expériences, il faut appliquer de chaque côté
de la substance intercalée une feuille détain
semblable à celle dun condensateur. Cette circonstance
montre admirablement lextrême facilité que les
courants dinduction ont à se propager malgré
les obstacles dont leur route est semée.
Elle permet de concevoir lespérance
que le courant téléphonique ainsi constitué
puisse être utilisé pour faire franchir à la
parole humaine des mers profondes.
|
Dès que les premiers réseaux téléphoniques
urbains furent installés en France, la lutte s'engagea entre les
constructeurs d'appareils.
Certains réseaux étaient exploités par la Société
générale des téléphones, d'autres restaient
la propriété de l'État,
Évidemment, la Société n'admettait sur ses réseaux
que les appareils dont elle possédait les brevets; mais l'État
restait libre d'adopter pour son service tels appareils qui lui convenaient;
il avait intérêt même, tout en n'admettant que des
instruments de premier choix, à établir la concurrence entre
les fabricants, de façon à faire profiter les abonnés
des perfectionnements que cette concurrence ne manquerait pas de faire
naître.
Pour le bonheur des collectionneurs d'aujourd'hui, le nombre des types
de téléphones, d'abord restreint, augmenta rapidement, à
mesure que la téléphonie elle-même se développait.
En juin 1880, Cornéluis Herz
suivant ses travaux pour la téléphonie il put faire entendre
son "condensateur parlant".
c'est un téléphone à condensateur étudié
pour s'affranhir des longues distances. Mais ce sysème ne sera
jamais adopté en pratique.
En 1881 M. le Dr Herz voulut faire l'expérience de ses appareils
dans des conditions réellement pratiques.
Un certain nombre de lignes télégraphiques de l'État
furent mises à sa disposition, et il put même opérer
sur un câble sous-marin, entre Brest et Penzanec (Angleterre).
Avec ce câble, dans lequel les transmissions télégraphiques
présentent tant de difficultés, on obtint la transmission
assez nette de la parole, Avec les lignes télégraphiques
aériennes la réussite fut plus complète.
Les expériences furent faites, avec succès, d'Orléans
à Blois, puis d'Orléans à Tours. On transmit
ensuite d'Orléans jusqu'à Poitiers, Angoulème,
et enfin Bordeaux, où la distance atteignit 457 kilomètres.
La transmission était parfaitement nette, et les conversations
se faisaient avec la plus grande facilité.
On voulut obtenir davantage; on porta la dislance à 1140 Km.
A cet effet, on opéra entre Brest et Tours, en passant par Paris.
A cette distance éinorme, on put envoyer et recevoir distinctement
des mots et des phrases.
...
La Compagnie des chemins de fer du Nord fit faire plusieurs expériences
de téléphonie à grande distance entre Paris et Saint-Quentin
et entre Paris et Amiens (retour par Creil). La longueur de la ligne sur
laquelle on opérait dans ces dernières conditions, est de
260 kilomètres environ.
La Compagnie des chemins de fer de l'Est, ainsi que les autres
Compagnies se livrèrent aux mêmes expériences ou se
prêtèrent à celles que l'on voulut faire sur des distances
plus grandes encore.
M. de Parville écrivait à ce sujet : « On a fait au
mois d'août 1880, des expériences intéressantes sur
les transmissions téléphoniques à l'administration
centrale des télégraphes et sur nos principales lignes de
chemins de fer. Après les incertitudes et les tâtonnements
de la première heure, le téléphone entre définitivement
dans le domaine de la pratique.
Déjà, aux États-Unis, on se sert du téléphone
dans les principales grandes villes pour correspondre d'un quartier à
l'autre. Tout porte à croire que Paris va posséder à
bref délai son réseau téléphonique. Chaque
particulier pourra se faire entendre d'un bout à l'autre de la
ville et converser à l'aise à quelques lieues de distance.
Nous croyons bon, à ce propos, de faire connaître sommairement
les résultats des essais qui sont en cours d'exécution.
A l'administration, les expériences entreprises sur l'initiative
du Ministre des Postes et des Télégraphes ont lieu entre
Paris et Versailles, Asnières et Sceaux.
« La distance entre Paris et Versailles est de 21 kilomètres;
entre Paris et Asnières, de 8 kilomètres; entre Paris et
Sceaux, de 10 kilomètres.
Les téléphones sont installés à Paris dans
la salle n° 25 du bureau central, au milieu de laquelle fonctionnent
sans interruption plus de 100 appareils Hughes et Morse. Il était
bon de savoir si, malgré le bruit des manipulations, on pourrait
se servir utilement des téléphones.
« Les téléphones sont en relation avec les fils télégraphiques
ordinaires. Jusqu'aux fortifications, c'est-à-dire sur un parcours
de 4 kilomètres, les fils sont enfermés dans des câbles
; c'est seulement hors de Paris que la ligne devient aérienne jusqu'à
destination. Les transmissions se font par un seul fil. Le retour a lieu
par la terre.
« Dans une première expérience, la communication avec
le sol a été faite en commun avec celle des autres appareils;
dans une seconde, on a relié avec la terre hors de Paris ; dans
une troisième, seulement, à Asnières. Les transmissions
ont été excellentes dans tous les cas, mais naturellement
encore plus accentuées dans la troisième expérience.
« Les essais du bureau central ont été
exécutés avec le téléphone Edison, le
seul à à notre avis, qui, dans l'état, actuel des
choses, donne des résultats satisfaisants aux grandes distances.
Les premières expériences effectuées mettent hors
de doute que l'articulation de la voix est bonne et que les sons se distinguent
nettement avec le téléphone Edison. Pendant plus de deux
heures, les différents employés de l'administration ont
pu communiquer avec leurs collègues des bureaux télégraphiques
de Versailles, Asnières et Sceaux. Les cours de la Bourse ont été
transmis ainsi sans erreur. Les noms propres ont seulement produit de
l'hésitation chez quelques agents. Il semble préférable
de les transmettre lettre par lettre, comme s'il s'agissait de communications
télégraphiques ..............
« Les expériences entreprises par les chemins de fer sont
encore plus concluantes.
Au chemin de fer de l'Ouest, M. Noblet, chef du service télégraphique,
a mis en service un téléphone Edison entre Paris et Saint-Germain
(21 km.), Paris et Mantes (37 km.), Paris et Rouen (140 km.). On se sert
du fil télégraphique aérien sur les poteaux de Saint-Germain;
il est bon de dire toutefois que ce fil est réuni dans un câble,
sur une longueur de 400 mètres environ, avec les autres fils de
la ligne dans la traversée des tunnels.
Les transmissions se font très nettement, plus rapidement et plus
commodément qu'avec les appareils télégraphiques.
Les résultats obtenus de Paris à Mantes ont été
excellents.
De Paris à Rouen la parole arrive nette aussi ; l'intensité
du son est seulement un peu affaiblie ; certains mots doivent être
répétés.
« Sur la ligne du Nord, M. Lartigue a établi un téléphone
Edison, de Paris à Creil (50 km.), de Paris à Creil
par Pontoise (65 km.), de Paris à Amiens avec retour par Creil
(260 kim).. Sur les deux premières lignes les communications n'ont
rien laissé à désirer. On a pu parler sans perdre
un mot de la conversation. Sur la troisième, après un parcours
de 260 kilomètres, les sons sont arrivés affaiblis ; pratiquement,
la limite de transmission semble atteinte; il faut élever la voix
et répéter quelquefois le même mot pour pouvoir se
faire entendre. On ne saurait encore dire si l'affaiblissement des sons
est dû à la grande distance franchie ou aux. pertes de courant
résultant des dérivations à la terre.
« Au chemin de fer de l'Est, le téléphone
Edison a été employé entre Paris et Lagny (28 kim.)
et Paris et Meaux (40 km.). De l'avis unanime, les transmissions ont été
parfaites........
« En somme, il n'y a aucun doute à avoir maintenant sur ce
point. On peut, en se servant des fils aériens ou souterrains porter
la voix nettement et assez fort à plus de 50 kilomètres
avec le téléphone à charbon et à pile d'Edison;
on peut parler aussi facilement à 5 kilomètres avec le téléphone
magnétique de Phelps, Gray, Gower, en s'isolant du bruit des voitures
et des conversations. Mais le téléphone ne rendra de services
réels aux chemins de fer et aux particuliers que sur des distances
peu grandes; il est évident qu'il y aura surtout avantage à
établir des communications entre les points extrêmes de la
ville et principalement entre le centre de la zone suburbaine et les petites
villes ou les groupes de villas des environs.
Le téléphone Edison reste très pratique dans ces
conditions d'exploitation.
« En résumé, il résulte de ces détails
qu'il est aujourd'hui parfaitement démontré qu'avec des
lignes convenables on peut transmettre la parole à des distances
qui sont, en pratique, largement suffisantes pour assurer le service téléphonique
d'une grande ville. C'est un progrès. »
La même année, le général de Nansouty, qui
a créé au sommet du pic du Midi-de-Bigorre, dans le département
des Hautes-Pyrénées, un observatoire météorologique,
fit installer sur la montagne un téléphone qui met la station
scientifique du pic en communication avec la station télégraphique
de la petite ville do Bagnères-de-Bigorre. La distance est de 26
kilomètres.
D'autres installations téléphoniques particulières
furent également établies à Paris et dans plusieurs
villes de province.
sommaire
Dès 1880, une prospection commerciale fut entreprise
par la S.G.T. pour constituer des réseaux dans différentes
grandes villes de province.
La S.G.T. mit en service successivement les réseaux de
- Lyon, le 15 octobre 1880,
- Marseille, le 15 décembre 1880,
- Nantes, le 15 janvier 1881,
- Le Havre, le 15 avril 1881,
- et Bordeaux le 30 juin 1881.
Le
premier appareil téléphonique à la Présidence
de la République fut installé en novembre 1880.
On a procédé à l'Elysée, sous la surveillance
du bureau télégraphique, à la pose et installation
d'un téléphone dans le cabinet du président de
la République. Cet appareil est relié par des fils spéciaux
aux bureaux de la présidence de la Chambre, à ceux de
la présidence du Sénat et à tous les ministères.
Voici comment la presse de l'époque rapporta l'évènement
:
"On a
procédé il y a quelques jours à la pose de l'appareil
qui est relié par des fils spéciaux aux bureaux de la
Présidence de la Chambre des Députés, à
ceux de la Présidence du Sénat et aux différents
ministères, de manière que le chef de l'Etat puisse
communiquer verbalement avec tous les membres du gouvernement chaque
fois qu'il sera nécessaire".Mais en fait cette installation
fut réalisée à l'insu du Président.
Le poste "Ader" du Président Grévy
et Monsieur
Cochery Ministre des Postes et Télégraphes
Ecoutons Clément Ader relater dans ses mémoires comment
les choses se sont réellement passées :
"Monsieur Grévy était Président
de la République, Monsieur Cochery Ministre des Postes
et Télégraphes et Monsieur Caël Directeur de la
région télégraphique de Paris. Le téléphone
était peu connu à cette époque. Le Président
ne témoignait aucun désir de l'avoir et cependant il
fallait, dans ses hautes fonctions, qu'il en eût un à
portée de main, sur sa table de travail. Un jour, à
l'insu du Président, nous installâmes une ligne téléphonique
depuis le ministère des Télégraphes jusqu'au
bureau de l'Elysée, aboutissant à un téléphone
placé sur le bureau du Président".
Lorsqu'il entra dans
son cabinet, l'appareil attira tout de suite son attention. Le régisseur,
prétextant une raison de service, s'y trouvait déjà.
Le Président lui demanda : "que signifie cet objet ?,
d'où vient-il ? C'est Monsieur Cochery qui a donné l'ordre
de le placer là. Dans ce cas, ce doit être un instrument
utile !"
Et aussitôt le régisseur présente l'appareil au
Président en lui expliquant la manière de s'en servir.
Pendant ce temps, Monsieur Caël assurait la communication avec
le Ministre. On devine l'équivoque qui suivit ces préparatifs.
"Mais c'est la voix de Cochery que j'entends, s'écria
le Président... Merci cher ami de m'avoir réservé
cette surprise. Je ne m'attendais pas à une telle satisfaction
!...Merci encore ! "
Et Monsieur Cochery, déconcerté par ces remerciements
inattendus, ne trouvait à répondre que des : "Ah!...Ah!...bien...très
heureux, Monsieur le Président, si j'ai pu vous être
agréable !". |
Fin 1880 La France compte
3039 abonnés au téléphone sur le réseau public
de Paris plus 1812 abonnés hors de Paris.
En 1880, le
réseau téléphonique de Paris n'avait que 440 kilomètres
de développement.
Ader continue ses expérimentations, et dépose
de très nombreuses additions à son brevet initial,
ainsi quun nouveau brevet pour un appareil permettant de retransmettre
stéréophoniquement (cest-à-dire en reproduisant
la spatialité de lécoute grâce à deux
micros et deux écouteurs) une représentation
théâtrale
Brevet du 13 janvier 1882 US257453
TELEPHONIC TRANSMISSION OF SOUND FROM THEATERS
sommaire
1881
lexposition internationale délectricité
de 1881.
Le directeur de cette éxposition n'est autre
que Cornélius Herz . Le journal La
Lumière électrique entama une campagne en faveur de
l'Exposition projetée, et contribua puissamment à
amener son succès.
Au début, l'initiative privée devait se charger de
tous les détails d'exécution et fournir les fonds
nécessaires.
Dans ce but, le docteur Cornélius Herz
avait provoqué la formation d'un comité, composé
notamment de MM. Hébrard, sénateur, directeur du journal
le Temps; Jules Bapst, directeur du Journal des Débats; baron
Jacques de Reinach, Georges Berger, qui devint ensuite le commissaire
général, et le docteur Cornélius Herz.
Ce comité élabora le plan d'ensemble du projet d'Exposition
internationale d'électricité, et il était
tout disposé à se cbarger lui-même de son exécution.
Ce projet, présenté au Gouvernement, ayant été
très chaudement accueilli, par M. Varroy, alors ministre
des Travaux publics, puis par son successeur, M. Sadi Carnot, fut
adopté par le conseil des ministres.
Le Gouvernement, jaloux de s'approprier cette création, demanda
à se substituer à l'initiative privée, et à
faire de l'Exposition d'électricité une entreprise
de l'État. Soutenu par le ministre des travaux publics Sadi
Carnot, le ministre des Postes et Télégraphes,
M. Cochery, fut chargé d'en diriger l'exécution
ainsi que de former un Congrès international d'élecriciens.
L'ouverture officielle de cette Exposition, d'un genre absolument
nouveau, se fît le 10 août 1881, en présence
du Président de la République Jules Grévy,
avec une solennité qui convenait à une manifestation
aussi importante, au point de vue des progrès de la science
électrique.
On ne se doutait guère que dans ce vaste Palais de l'Industrie,
construit il y avait trente ans à peine, pour renfermer des
Expositions universelles et générales, s'ouvrirait
un jour une Exposition, non pas même d'une science, mais d'une
branche restreinte d'une seule science.
Ce fut là un phénomène bien remarquable, et
qui montre d'une façon bien frappante le développement
qu'a pris de nos jours l'application des sciences à l'industrie.
Les expositions internationales constituent ces grands rendez-vous
du 19ème siècle entre les états du monde "développé".
Chacun y expose sa puissance technique et économique dans
une rivalité qui saffirme vouloir nêtre
que "pacifique".
Lélectricité y prend naturellement toute sa
place. Cest le cas à Londres en 1862, à Paris
en 1867 et 1878, à Vienne en 1875 et à Philadelphie
en 1876. Mais lexposition de 1881, à Paris, est
une innovation.
Cest la première fois quune exposition internationale
est entièrement consacrée à lélectricité
et à ses applications. Cette rencontre prendra une importance
particulière avec lorganisation, pendant lexposition,
du premier congrès international des électriciens.
750 000 personnes visiteront
lexposition entre le 11 août et le 20 novembre.
Dès lentrée dans le Palais des Champs-Élysées
le spectacle est grandiose.Au milieu du rez-de-chaussée,
un phare électrique, modèle de ceux qui doivent
être installés sur les côtes, éclaire
la salle de ses feux tournants de différentes couleurs.
Ce phare symbolise à lui seul deux des grandes affaires
de cette exposition : léclairage et lutilisation
des génératrices électriques de forte puissance.
Le Télégraphe :
Le télégraphe occupe nécessairement une
place importante dans cette exposition. Cest en 1838 que
Samuel Morse a fait breveter, en même temps que son alphabet,
Depuis cette date le télégraphe a déjà
fait le tour du monde et il sest amélioré.
Le télégraphe à cadran en usage dans les
chemins de fer se lit sur des cadrans portant les lettres de
lalphabet. Le télégraphe imprimeur de Hughes
utilise un clavier du type de celui de nos actuelles machines
à écrire. Le système Wheatstone utilise
des bandes perforées. Le système Baudot est un
concentré dingéniosité. Il permet
dexpédier, ensemble, plusieurs signaux qui, de
plus, sont imprimés à larrivée. Avec
le procédé duplex dEdison les messages peuvent
se croiser sur la même ligne. |
|
|
Le Téléphone Mais
lattraction vedette de lexposition est le téléphone.
Lappareil avait déjà été
présenté en 1876 à lexposition de
Philadelphie.
Le téléphone de Bell et ses variantes, tel celui
de Edison, se répandent avec une extrême rapidité.
La raison essentielle en est la densité du réseau
de lignes télégraphiques déjà existantes.
Elles sont utilisées par le téléphone qui
a dailleurs souvent été désigné
comme un "télégraphe parlant".
Le problème est cependant celui de la résistance
électrique de ces lignes et la faible intensité
du signal émis.
Les cinq ans qui séparent la découverte de lexposition
de 1881 ont été mis à profit par Bell lui-même
et par dautres ingénieux techniciens pour trouver
des solutions.
Un premier "amplificateur" est utilisé au niveau
de lémetteur. Celui-ci devient un "microphone"
capable de transmettre au loin les sons les plus faibles.
Sa réalisation met en uvre une propriété
du graphite dont la découverte est attribuée à
lAméricain David Hughes. Lintensité
du courant débité par la pile varie donc au gré
des vibrations et son intensité est bien plus forte que
celle du faible courant produit dans la bobine inductrice initialement
proposée par Bell. Dès lors la résistance
des fils de la ligne télégraphique nest
plus un problème.
Plusieurs microphones sont ainsi présentés à
lexposition dont celui construit par D'arsonval
et Paul Bert (photo ci contre) qui comporte une série
de tubes de graphite soumis à une pression réglable.
sommaire
|
Lexposition de M. Edison au Palais de lIndustrie,
occupe deux salons formant à eux seuls une exposition complète
et unique.
Lélectricité y apparaît sous toutes ses
formes : télégraphes, téléphones, aimants
diviseurs des minerais, phonographe, appareils de précision
pour les expériences de cabinet, électro-motographe,
etc. ; et autour de tous ces objets, le long des cloisons, ou suspendues
au plafond, ses lampes isolées sur des genouillères,
des chandeliers, ou groupées dans les cristaux des lustres.
Nous navançons rien de contraire à la plus stricte
vérité, en disant que léclairage à
incandescence de M. Edison, constitue, à cause de ses dispositions
pratiques, industrielles, une véritable révolution
dans l'éclairage de nos immeubles, révolution que
la presse française a unaniment pressentie, et qui est en
voie daccomplissement dans la capitale des États-Unis.
A New-York, les travaux dinstallation sont déjà
faits pour quinze mille lampes; ils se poursuivent activement dans
divers quartiers de cette ville ; lorsquils seront terminés
on dotera les autres villes des États-Unis et du Canada du
système Edison, car pour linstant il est impossible
de répondre à toutes les demandes qui en sont faites.
M. Edison a exposé une collection de photographies des fabriques
où se construisent le matériel de son système
déclairage, composé non seulement de sa lampe,
mais dune canalisation ingénieuse, dont tous les organes
sont si intimement reliés les uns aux autres, que, sans elle,
lapplication pratique générale de la lumière
élec- tique ne pourrait être réalisée.
Ses barres en matière isolante, traversées par les
conducteurs ; ses boîtes de jonction doù les
barres conductrices se répartissent dans les rues et dans
les maisons ; ses patères dattache aux cloisons ; ses
genouillères semblables à celles du gaz, sont exposées
dans le salon. Il est facile de se rendre compte que la fabrication
de ces objets est du domaine de lindustrie courante. Une des
photographies représente la première fabrique de lampes
établies à Menlo-Park, la résidence de M. Edison.
Elle occupe 150 personnes qui fabriquent 2,000 lampes par jour.
On y voit sucessivement le soufflage du verre, la carbonisation
des filaments de bambou, les pompes à faire le vide dans
les lampes, le montage des lampes et leur emballage. Les machines-outils
y sont actionnées par des machines électro-dynamiques
du système Edison. Auprès de la maison qu'il habite
sélève un laboratoire, subdivisé en sections
de physique, de chimie de métallurgie et de mécanique.
Cent personnes environ y sont actuellement occupées à
réaliser, dans la pratique, les expériences conçues
par M. Edison. Une force motrice de 80 chevaux, disponible nuit
et jour, sert au fonctionnement des machines. Il est aisé
de concevoir quels résultats positifs, sérieux, peuvent
être obtenus par un tel concours defforts réunis
sous la direction unique du savant américain. Ajoutons que
sa bibliothèque est constamment tenue au courant de toute
les publications des sociétés savantes : Comptes rendus
de l'Académie des sciences, Annales de physique et de chimie,
Annales Poggendorf, de Transactions and Proceedings of the Royal
Society of London, Sillimans journal, Il Nuovo Cimento, etc.
A New-York, Goork-Street, la compagnie concessionnaire du système
Edison occupe trois cents ouvriers ; cest le centre daction
actuel. Là, sont rassemblés tous les moteurs à
vapeur, chaudières, machines dynamo-électriques employés
dans le système Edison et provenant dusines liées
à la Compagnie par un contrat avec cahier des charges.
M. Edison a prévu, pour Paris, le cas où linstallation
de ses deux salons ne suffirait pas à dissiper les préjugés
des personnes que leurs habitudes ou une certaine prévention
desprit, retiennent attachées au système déclairage
au gaz, à lhuile ou au pétrole, etc. Il monte
une chaudière à vapeur pour un moteur de 150 chevaux
; une machine dynamo-électrique à vapeur se composant
dun moteur à vapeur à grande vitesse, parfaitement
équilibré, tournant à 360 tours par minute
et actionnant, à la même vitesse, une armature qui
lui est directement attachée, et dont le poids dépasse
trois tonnes et demie. Cette armature développe une énergie
électrique équivalant à 120 chevaux et est
mise en mouvement par le moteur à vapeur qui en développe
125. Elle doit alimenter sept cents lampes qui serviront à
léclairage du grand escalier du Palais. La quantité
de charbon consommée sous le générateur de
vapeur sera comparée à celle utilisée pour
produire une égale quantité de lumière de gaz,
de façon à établir par une expérience
industrielle, léconomie de la lumière Edison.
Parmi les nombreux appareils du même inventeur, disposés
dans les deux salons du Palais de lIndustrie, fonctionne le
télégraphe quadruplex qui permet denvoyer à
la fois plusieurs dépêches pouvant se bifurquer dans
deux directions par un seul et même fil; le téléphone
à charbon, utilisé actuellement dans le monde entier,
et qui est accompagné de modèles de toutes formes
de cet instrument, depuis la première expérience avec
du charbon en fil jusquau transmetteur de charbon compact
employé pour reproduire les sons de la voie humaine ; tous
ces appareils sont exposés dans une collection historique
qui montre à quel point le sujet a été étudié
par M. Edison.
On voit aussi plusieurs formes de magnéto-téléphones
construits par M. Edison bien avant que cet inventeur ait exécuté
ses premiers essais de téléphone parlant. Citons également
le phonographe qui enregistre la parole humaine, la reproduit, et
qui, par des dispositions toutes nouvelles, la transmet en outre
à distance par le téléphone ; plus loin cest
la plume électrique qui permet de reproduire une lettre,
un dessin, à un nombre considérable dexemplaires.
Parmi les appareils servant aux expériences de laboratoire,
se trouvent le microté- simètre avec lequel, en 1878,
M. Edison a pu mesurer les changements les plus faibles de température.
Cet appareil lui a permis de reconnaître des rayons calorifiques
dans les rayons lumineux émis par la plupart des étoiles
fixes: il a aussi démontré le premier la possibilité
denregistrer les phases de mouvement produites par un rayon
de lumière ondulatoire. Lorodoscope, appareil qui permet
de rendre visible la présence de certaines huiles essentielles
et des vapeurs dhydrocarbure, et denregistrer leur action.
Le Webermètre, balance très délicate qui enregistre
la quantité de courant qui a traversé un circuit pendant
un temps donné. Les avantages de cet instrument seront très
appréciés par les physiciens qui soccupent des
quantités électriques et connaissent la valeur du
pont de Wheatstone et du galvanomètre de Thompson. Le "Webermètre
révèle et permet de mesurer un courant si faible quil
ne déposerait que dix milligrammes de cuivre dans lespace
d'un siècle. L'électro-motographe, qui permet de transmettre
la parole au loin comme le télé phone, mais en la
reproduisant avec son intensité naturelle, est lobjet
de la vive curiosité du public.
sommaire
Le Ministère des Postes et Télégraphes
aux commandes.
La mise en oeuvre de lexposition
de 1881 a été confiée au Ministère
des Postes et Télégraphes désigné
sous le sigle P&T.
Le téléphone c'est la merveille, le grand évènement
de lExposition de 1881 pour le public, et lon peut
ajouter, pour les savants eux-mêmes.
Cest une foule qui se précipite tous les soirs
dans les quatre salles destinées aux démonstrations
du téléphone. Il faut attendre souvent plusieurs
heures avant dentrer, par groupes de vingt, dans une salle
dont les murs sont tapissés de tapis dOrient et
le sol recouvert dun épais tapis. Là, chacun
peut écouter pendant 5 minutes les airs qui se chantent
ou se jouent à lOpéra relié à
la salle par une ligne traversant les égouts.
Laccueil est enthousiaste : " Il faut avoir entendu
dans les téléphones de lExposition dElectricité,
pour se rendre exactement compte de la délicatesse avec
laquelle les sons se trouvent transmis. Non seulement on entend
les artistes, mais on reconnaît leur voix, on distingue
les murmures du public dans la salle, on perçoit ses
applaudissements. |
|
La plus importante exposition téléphonique
fut celle de la S.G.T .
La Société générale
des Téléphones est propriétaire ou concessionnaire
exclusive, en France, des brevets relatifs aux appareils indiqués
dans son catalogue comme brevetés. Elle entend exercer tous
ses droits sur les appareils et sur leurs dérivés
couverts par ses brevets.
En conséquence, elle seule construit ou fait construire les
appareils faisant lobjet de ses brevets; ils ne peuvent être
vendus que par elle ou par les intermédiaires auxquels elle
en fournit; ils portent tous sa marque et son poinçon.
Tout appareil qui ne porterait pas cette marque sera réputé
contrefait. La Société poursuivra les constructeurs,
introducteurs, vendeurs et détenteurs dappareils contrefaits.
M. Ader, qui avait présidé de la manière
la plus intelligente et la plus heureuse à toutes ces installations,
fit ainsi reconnaître la supériorité de son
appareil et les appareils de diverses sortes posés chez les
abonnés furent tous retirés et remplacés par
le téléphone à microphone Ader.
De cette époque date réellement l'extension de la
téléphonie en France.
Elle avait établi dans l'intérieur du Palais de l'Industrie
un bureau central desservant une trentaine de stations repérées
par des numéros et éparpillées dans toutes
les parties du Palais.
Pour diminuer les bruits ambiants, chaque poste téléphonique
était installé dans une sorte de guérite en
bois de chêne dont l'intérieur était capitonné
sur toutes ses faces (en quelque sorte ce furent les premières
cabines téléphoniques publiques).
Ce qui détermina le triomphe de la téléphonie,
à l'Exposition d'électricité, celui d'abord
la distribution, à l'intérieur du palais, d'un certain
nombre
de pavillons téléphoniques, sortes de petits réduits
dans lesquels on avait établi des pupitres de téléphone
Ader, que le public faisait lui-même
parler.
La commission supérieure de l'Exposition avait pensé,
avec raison, que c'était là le meilleur moyen de convaincre
les visiteurs de la valeur et de l'utilité pratique de la
nouvelle invention de la téléphonie.
Mais ce qui fit particulièrement le succès de la téléphonie,
ce fut le coup de théâtre c'est le cas de le
dire des auditions musicales. M. Ader parvint à résoudre
le problème, jusque-là fort imparfaitement résolu,
de faire entendre à plusieurs kilomètres de distance
un orchestre, des churs et des chants d'opéra.
Déjà sans doute, et dès les premiers temps
de sa découverte, c'est-à-dire en 1877, M. Graham
Bell était parvenu, en modifiant son transmetteur, à
faire entendre, de Boston à Salem, des chants, un solo d'instrument
et même quelques morceaux d'orchestre. Mais si l'on essayait
d'augmenter le nombre des chanteurs et des instruments, l'audition
devenait confuse et incomplète.
M. Ader s'occupa, avec une ardeur sans égale, à vaincre
toutes les difficultés du transport téléphonique
des représentations théâtrales, et il parvint
à en triompher merveilleusement. En disposant sur le théâtre
plusieurs transmetteurs microphoniques, convenablement distribués,
et aboutissant tous au même récepteur, il parvint à
faire entendre au Palais de l'industrie les chants, l'orchestre
et les churs qui composaient une représentation du
Grand Opéra. Le plus grand succès fut l'installation
des auditions téléphoniques
du grand Opéra. désigné sous le nom de
"théatrophone",
et fonctionne en stéréophonie.
Devant la scène de lopéra des "transmetteurs"
(larges plaques posées sur des tiges de graphite), sont disposées
de chaque côté de la loge du souffleur. Chaque série
est reliée à lun des deux écouteurs dont
dispose lauditeur restituant ainsi le "relief" du
son.
Si le téléphone est une révélation pour
la majorité des visiteurs, ce nest pourtant pas une
nouveauté à Paris.
Il y existe un réseau dont ses promoteurs nhésitent
pas à affirmer quil est "le plus parfait de ceux
fonctionnant aujourdhui, tant en Europe quaux Etats-Unis"
.
A cette exposition Louis Maiche
représentait "La société
de l'électrophone" et ses nombreux appareils
divers.
SOCIÉTÉ DE L'ÉLECTROPHONE
L. MAICHE & C ie PARIS 3, RUE LOUIS LE GRAND
PARIS
M. L. Maiche, dont les découvertes scientifiques et industrielles
sont bien connues, expose toute une série dappareils,
qui se distinguent par un caractère de frappante originalité
et une grande fécondité de conception. De nombreux
problèmes, parmi les plus complexes de la science électrique,
ont été abordés par lui avec une véritable
hardiesse, et sont résolus sous nos yeux de la manière
la plus heureuse.
Chacun deux ayant une importance pratique considérable,
nous allons les examiner en détail et séparément
:
Électrophone. (Transmetteur de la parole à
grandes distances.)
Cet appareil est exposé dans la grande galerie du premier
étage, où deux postes ont pu être établis
à chacune de ses extrémités. Il fonctionne
au milieu du bruit des machines, du piétinement et des
conversations des promeneurs, sans quaucune précaution
ait été prise pour se soustraire à ces
inconvénients. Ces conditions fâcheuses ont été
choisies à dessein pour démontrer au public la
supériorité de lappareil. Nous avons été
frappés par la hauteur du ton et la netteté de
la voix transmise; malgré les bruits environnants, pas
un mot dune lecture rapide à voix basse ne nous
a échappé. Il nétait pas nécessaire
de sapprocher de lappareil pour parler, nous pouvions
même lui tourner le dos. Cest certainement, suivant
lopinion de toutes les personnes présentes, le
plus puissant des appareils connus.
Mais cest surtout en vue des longues distances que M.
Maiche a combiné les différentes parties de son
électrophone. On sait que la transmission de la parole
sur les lignes télégraphiques, présente
des difficultés de toutes natures; M. Maiche les a surmontées
avec un rare bonheur. Les journaux scientifiques ont relaté
les essais de son appareil, faits de Calais à Douvres
et de Douvres à Londres, dans laprès-midi,
à lheure où le service des lignes télégraphiques
est le plus actif : on sait que ces expériences ont eu
le succès le plus complet. La conversation sest
effectuée entre ces points pendant plusieurs heures,
librement, et sans interruption. Pour obtenir ce résultat,
il fallait, entre autres difficultés, supprimer les bruits
dinduction produits parles fils conducteurs les uns sur
les autres, sous linfluence de lenvoi de dépêches
télégraphiques dans les lignes voisines, bruits
qui sont assez hauts pour couvrir la voix.
Suppression de linduction. Une expérience
extrêmement curieuse est faite sous nos yeux, en vue de
démontrer lefficacité des moyens employés
par M. Maiche pour anéantir ces bruits dinduction,
et laisser subsister la voix dans toute sa plénitude.
On se sert dun câble renfermant trois fils isolés.
Dans lun de ces fils, passe le courant interrompu dune
pile; le deuxième est mis en rapport avec un téléphone
ordinaire, dans lequel on entend un bourdonnement insupportable;
le troisième est celui qui relie, entre eux, deux électrophones.
Le bruit produit par le courant interrompu de la pile, et qui
est entendu avec tant de force dans le deuxième fil,
nest plus perçu dans le troisième (qui est
cependant voisin du premier au même degré que le
deuxième), il se trouve complètement anéanti,
et le tic-tac dune montre, placée près de
lun des électophones, est clairement et seul entendu
à lautre poste, bien que des résistances
équivalant à plusieurs milliers de kilomêtres
aient été interposées dans le circuit.
Transmission et reçeption de plusieurs voix sur
un seul fil. M. Maiche nous fait aussi voir la transmission
et la réception simultanée de plusieurs voix sur
une même ligne. Au départ, deux personnes parlent
en même temps. A larrivée, deux personnes
écoutent. Chacune de ces deux personnes entend séparément
la voix quelle veut entendre, et sans aucun mélange.
Dans les appareils télégraphiques Duplex, on utilise
le temps perdu entre lenvoi de chaque signal. Ici, rien
de semblable : les voix sont mélangées sur la
ligne et se séparent à larrivée.
Condensateur expéditeur de la parole.
Lutilisation du condensateur (un simple cahier de papier)
comme expéditeur de la parole est toute une révélation.
Il est employé seul, cest-à-dire sans le
secours daucun téléphone, microphone ou
bobine. On avait déjà réussi à se
servir du condensateur comme récepteur, mais jusquà
présent, personne navait imaginé de lutiliser
comme transmetteur. La découverte de M. Maiche sur ce
point est certainement grosse pour lavenir, le condensateur
présentant sur le microphone des avantages pratiques
marqués. Nous ne nous étendrons pas davantage
sur ce sujet; nous nous contentons den signaler toute
limportance, et de mentionner les résultats très
surprenants obtenus par M. Maiche.
M. Maiche expose aussi, dans cet ordre didées,
une collection des appareils dits « électrophones
», quil a imaginés jusquà
présent, et qui ont subi peu à peu les transformations
qui ont abouti au type actuel. Nous remarquons, entrautres,
lappareil breveté en 1878.
Cest une caisse sonore, transmettant les vibrations du
son à une série de charbons cylindriques disposés
dune manière spéciale.
Cette disposition des charbons multiples avait donné
lieu, dans lorigine, à quelques critiques, cependant
elle forme la base des imitations que constituent certains appareils
actuels très prônés. M. Maiche y a substitué
depuis ses dispositions actuelles qui, suivant lui, sont bien
préférables. Télégraphie.
On sait de quelle utilité sont ces relais qui permettent
lenvoi de dépêches à de très
grandes distances.
Le système exposé par M. Maiche permet la transmission
de ces dépêches à des distances illimitées.
Pour le démontrer, M. Maiche fait fonctionner un récepteur
ordinaire de Morse au moyen dun seul élément
de pile, même le plus faible, en employant pour résistance
le vide dun tube de Geisler. Chaque signal qui simprime
à larrivée paraît dabord sous
la forme dune lueur dans le tube, ce qui permet au public
de « voir passer » la dépêche.
Pile inusable. La pile télégraphique Maiche
a vivement excité lattention des électriciens.
La dépolarisation seffectue par la combinaison
de loxigène de lair avec lhydrogène
de leau, sous l'influence de charbons platinés
humides, renfermés dans un vase en porcelaine plongeant
légèrement dans de leau acidulée.
Une petite coupe en porcelaine, disposée au-dessous du
vase poreux, contient un peu de mercure, sur lequel repose le
zinc. Des conducteurs en platine transmettent le courant à
deux bornes fixées à un couvercle en ébonite
qui recouvre le bocal, et sert de support à tout le système.
Le résultat se résume ainsi : usure du zinc réduite
à ses dernières limites ; dépolarisation
indéfinie ne coûtant rien ; constance rigoureuse
; grande propreté. Pour la télégraphie,
les sonneries, les signaux, etc., on peut dire que cest
la pile par excellence. Sa force électro-motrice est
égale à 1,250, celle de Daniel étant égale
à 1,000.
Lumière éléctrique à domicile.
Il nous reste à parler du système de régénération
des piles, imaginé par M. L. Maiche.
Ce système nau aucun rapport direct avec les appareil
dits « accumulateurs. » M. Maiche a pour but de
fournir la lumière électrique à domicile
de la manière suivante, qui est des plus simples : Étant
donné une pile capable de produire cette lumière
électrique (500 bougies, par exemple), cette pile, sans
odeur, nayant besoin daucun entretien, est enfermée
dans un endroit quelconque de lappartement, ou même
de la cave. Pour séclairer, il suffît de
tourner un commutateur, et la pile fonctionne sur toute espèce
de lampe électrique. Elle finirait par sépuiser
après huit ou dix heures de travail, mais un simple fil
conducteur la met en rapport avec une usine électrique,
installée plus ou moins loin, laquelle transmet à
la pile, par ce même conducteur, un courant électrique
inverse. Ce courant régénère la pile, pendant
la journée, la remet dans son état primitif, et
la rend ainsi propre à servir de nouveau sans délai.
Cette pile se régénère ainsi indéfiniment,
au fur et à mesure quon la utilisée.
On voit, par le rapide exposé que nous venons de faire,
tout lintérêt que présente lexposition
de M. Maiche. Cet intérêt explique laffluence
de public que lon remarque dans cette partie du Palais.
Nous regrettons que le cadre qui nous est imposé ne nous
permette pas de nous étendre davantage sur le côté
technique de chacune des inventions que nous venons dénumérer.
Mais nos lecteurs auront pu néanmoins se rendre compte
de la grande importance pratique de ces travaux considérables,
et ceux qui auront été à même de
les examiner sur place partageront certainement les impressions
que nous avons exprimées au début de cet article.
|
Entre le palais du Trocadéro et un autre
palais hâtivement bâti sur le champ de Mars, la galerie
des machines, la galerie du travail, l'exposition sur l'histoire
de l'industrie abritent les merveilles du « siècle
de l'industrie ».
Dans un coin de la section électricité, un petit dispositif
pour le moment n'attire guère l'attention. On l'appelle le
téléphone.
La commission chargée de mettre en place la section d'électricité
de l'Exposition a même failli l'oublier.
Pourtant les représentants commerciaux des inventeurs américains
Bell et Edison
s'activent. Ils ont déposé des brevets en Europe et
rassemblent des capitaux pour monter des sociétés
de Téléphone. Ils adressent au ministre des P. et
T. des demandes de concession en bonne et due forme.
Fort heureusement, Cornelius Roosvelt chargé par Bell
de l'éxploitation du téléphone en France avait
profité de cette oportunité pour demander un espace
aménage à l'exposition, car depuis l'exposition de
1876 à Philadelphie, le téléphone Bell n'avait
pas beaucoup d'audience auprès du public.
Bell n'était pas le seul dans le domaine, il y avait l'italien
Righi avec un téléphone plus abouti ... En
voici une Note de M. Righi, présentée par M. du Moncel.
(Extrait) lors des Comptes rendus hebdomadaires des séances
de l'Académie des sciences
« Le récepteur
de ce téléphone est, à peu près,
un téléphone Bell; seulement, la lame de fer est
fixée sur une membrane de papier parchemin, tendue au
fond d'un entonnoir, et l'aimant est plus gros qu'à l'ordinaire.
Le transmetteur se compose d'une planchette dé bois,
ou d'unè lame métallique, ou encore d'une membrane
tendue, au- milieu de laquelle est fixée une pièce
métallique dont la surface inférieure est plane.
Cette pièce s'appuie sur de la poudre conductrice contenue
dans un dé métallique, qui est porté par
une lame élastique pressée par une vis. La poudre
peut être formée d'argent, de cuivre, de fer, de
charbon, de plombagine, ou mieux encore d'un mélange
d'une des dernières substances avec de l'argent. »
Le courant dune pile passe par la poudre et par la bobine du
récepteur. Les trépidations de la pièce
métallique qui touche la poudre produisent dans celle-ci
des variations notables de conductibilité, qui donnent
lieu à des variations d'intensité dans le courant,
et enfin à des vibrations dans la membrane du récepteur,
L'avantage qu'il y a à faire
usage d'une poudre au lieu de corps solides, tels que le charbon
ou le graphite, c'est qu'avec ces corps, qui sont friables,
des parcelles se détachent et donnent lieu à des
sons discardants qui empêchent de bien comprendre les
mots.
Pour correspondre entre deux postes, il faut placer, à
chacun, un transmetteur et un récepteur. Une boussole
indique le passage et l'intensité du courant, et un commutateur
permet d'enlever du circuit le transmetteur dans le poste où
l'on écoute. Ou peut faire fonctionner l'appareil avec
des lignes d'une grande résistance, en adaptant des bobines
d'induction. A chaque poste, on a une pile dont le courant se
ferme, en passant par le gros fil de la bobine d'induction,
dans le récepteur et dans le transmetteur (lorsque l'on
transmet). - On a ainsi deux circuits indépendants dans
les deux postes. Un troisième circuit est formé
par la ligne de terre et le fil fin des ,deux bobines. On a
pu intercaler des bobines de résistance représentant
2000 kilomètres, sans que les sons aient été
sensiblement affaiblis. Enfin, celui qui écoute dans
un des postes peut, à tout moment, parler à son
tour et interrompre, s'il le faut, son correspondant. »
|
A l'exposition universelle de 1881, on pourra
voir fonctionner le premier commutateur
téléphonique automatique au monde. (brevet automatic
telephone-exchange 22.458 de 1979 ).
Une invention de Daniel et Thomas Connolly
et J.McTighe Américains de Grande Bretagne en 1879
inventent le , il sera perfetionné
en 1881, et breveté en 1883.
L'utilisation d'un cadran est beaucoup plus ancienne
que le téléphone. il a été suggéré
par William F.Cooke en 1836 en liaison avec la télégraphie
et a été utilisé pour la première fois
dans le télégraphe à cadran de 1839 du Professeur
Wheatstone. Au cours des années suivantes, il a fait l'objet
de nombreuses améliorations et a été utilisé
non seulement dans les systèmes de télégraphie
à cadran, mais aussi dans les systèmes d'alarme d'incendie
et de messagerie de district.
Le premier cadran de téléphone pour le système
Connolly est alors inspiré
du système télégraphique Froment de 1851
Le
cadran Connoly
le cadran Froment
|
Trente postes téléphoniques
à pupitre Ader sont disponibles sur l'exposition pour communiquer
sur l'ensemble de l'exposition.
Afin de s'isoler du bruit ambiant ils étaient installés
dans des guérites en bois, capitonné à l'intérieur
. Ce sont ces même premières cabines téléphoniques
que l'on commencera à installer sur les réseaux en 1885
!
On découvre ainsi dans les allées de l'exposition les nouveaux
appareils de Wheatstone destinés à la transmission automatique
des dépêches par l'appareil Morse et «augmentant donc
dans une large proportion la capacité des lignes.
Une grande place est accordée également aux appareils imprimeurs
de Dujardin, D'Arlincourt, Bijeon, Digney ou bien encore Hughes. Ces appareils,
ainsi que les appareils autographiques de Meyer et Lenoir issus des travaux
de Caselli, posent les jalons des futurs développements du télex
à partir de la fin des années 1920 et de la télécopie
dans la première moitié des années 1970. Outre les
progrès techniques, l'exposition laisse entrevoir l'importance
croissante de la télégraphie électrique. Depuis l'exposition
de 1867, la télégraphie a confirmé et accentué
son rôle économique et stratégique. Le réseau
des câbles sous-marins dépasse alors la longueur totale de
60 000 milles marins. De réelles évolutions se sont manifestées
dans les modes de réalisation des câbles. De véritables
progrès ont vu le jour dans la technique de pose dans les fonds
sous-marins. Quant aux tentatives de transmissions stimultanées
sur un même fil (transmissions en temps partagé), elles viennent
d'aboutir avec les travaux de Wheatstone, de Meyer et surtout avec les
recherches accomplies par le télégraphiste français
Emile Baudot.
Le téléphone, quant à lui, n'occupe qu'une place
médiocre à l'exposition. L'accueil qui lui a été
fait en 1877 quand Antoine Bréguet l'a présenté à
l'Académie des sciences, est loin d'être enthousiaste. Ce
n'est que discrètement et après bien des pressions
dont celle de l'empereur du Brésil qu'il trouve une modeste
place, «perdu» dans des collections d'appareils télégraphiques.
Si le télégraphe et les techniques qui s'y rapportent (dont
le «télégraphe parlant» de Graham Bell) occupent
donc en 1878 un certain espace, nombreux sont les chroniqueurs qui se
plaignent du peu de place accordée aux autres applications de l'électricité
:
Les démonstrations emportèrent l'adhésion des journalistes
mais pas celui du public qui était plutôt interessé
par le phonographe d'Edison.
Le résultat obtenu fut l'inverse de celui attendu.
L'autre succès est le Théatrophone
de Ader , sous l'initiative de Antoine Breguet il realisa l'installtion
de transmetteurs Ader à l'Opéra de Paris. Des recepteurs
étaient disponibles dans un salon de l'expostion pour pouvoir écouter
à distance ce qui était joué à l'Opéra.
La maison Breguet et la SGT reçurent un diplôme d'honneur
à l'issue de l'exposition. Clément Ader reçu une
médaille d'or.
Avec plus de 900 000 visiteur, l'Exposition de 1881 réussit,
comme on le sait, au delà de toutes les espérances.
Aussi, dans l'année qui suivit, le Gouvernement français
voulut-il témoigner sa reconnaissance à l'initiateur d'une
manifestation si heureuse pour notre pays, en nommant M. le docteur Herz
officier de la Légion d'honneur.
M. LARTIGUE donne quelques renscignements sur l'installation
des lignes téléphoniques à Paris .
Les fils sont partout doubles , pour éviter l'induction . Pour
les auditions de l'Opéra , il existait dix microphones de chaque
côté de la rampe ; les récepteurs étaient divisés
en 10 séries , de 8 chacune ; chaque microphone correspondant à
8 téléphones , places en tension , destinés chacun
à l'oreille droite d'un auditeur , et le microphone symétrique
à 8 téléphones destinés à l'oreille
gauche . Le récepteur était le téléphone Ader
å surexcitateur . Le courant était fourni à chaque
microphone par 15 éléments Leclanché fonctionnant
successivement par séries de 3 : la bobine intercalée dans
le circuit avait un circuit inducleur dont la résistance élait
1obm , 5 et un circuit induit de 150 ohms . Chaque bobine du récepteur
avait une résistance de 40 ohms : la résistance totale de
chaque récepteur est de 80 ohms .
sommaire
La société
SGT lance en 1881 le Théâtrophone,
sur une idée de C.Ader.
Ecouteurs
à l'exposition Transmétteurs
à l'Opéra
La SGT se distingua lors de lexposition internationale délectricité
de 1881, avec la mise en place dans lenceinte de lexposition
du « théâtrophone»
permettant dentendre les spectacles donnés à lOpéra
ou à la Comédie française.
Des micros sont installés de chaque côté de la scène
de l'Opéra Garnier et permettent découter lopéra
en restant chez soi. Il s'agit de simples micro au carbone à simple
phase, une technologie ancienne qui ne permettait pas un très bon
rendu acoustique et musical. Même si les micros sont installés
de chaque côté de la scène cela ne signifie pas que
le spectacle était retransmis en stéréo.
Le système sera rapidement étendu à d'autres salles
de spectacle. Le Tribut de Zamora de Charles Gounod fut le premier opéra
de lhistoire à être retransmis via des fils téléphoniques
dans un autre immeuble. Au lendemain de la quinzième représentation,
on pouvait lire dans Le Ménestrel du 22 mai 1881 : « [Le
téléphone] a été mis en communication avec
la salle de lOpéra, à lheure même des
représentations. Réussite complète ! On entendait
parfaitement, rue Richer [dans les magasins de lOpéra], les
voix de Mmes Krauss, Dufrane, Janvier, celles de MM. Sellier, Melchissédec
et Lorrain, dans Le Tribut de Zamora. » « C'est très
curieux. On se met aux oreilles deux couvre-oreilles qui correspondent
avec le mur, et l'on entend la représentation de l'Opéra,
on change de couvre-oreilles et l'on entend le Théâtre-Français,
Coquelin, etc. On change encore et l'on entend l'Opéra-Comique.
Les enfants étaient charmés et moi aussi »
...
Inventeur et maître duvre de ce système qui fut
lun des clous de cette exposition, Clément Ader fut récompensé
par une médaille dor
Ce succès contribua à renforcer les liens entre Ader et
la Société générale des téléphones.
Cest au cours de lannée 1881, en effet, que cette dernière
devint propriétaire des inventions de Clément Ader et quelle
sassura sa collaboration exclusive en matière de téléphonie.
On pouvait lire dans la revue "L'Electricien" de 1881, l'article
de A. NIAUDET .
Il a été fait ces jours
derniers entre l'Hippodrome et les bureaux de la Compagnie internationale
des Téléphones , 15 , place Vendôme , une expérience
intéressante . L'orchestre de l'Hippodrome , qui joue dans
la journée et le soir pour les deux représentations
quotidiennes , a été entendu par de nombreux invités
réunis place Vendôme . Il y avait là 96 récepteurs
téléphoniques ; chaque auditeur en ayant deux , 48 personnes
pouvaient entendre à la fois .
Nous allons cntrer dans quelques détails sur les dispositions
prises par le docteur J. Moser pour obtenir ce résultat .
Grâce à la complaisance de l'administration de l'Hippodrome
et à celle de la Société générale
des Téléphones , on a pu faire usage des deux fils qui
servent habituellement à la direction de l'Hippodrome qui compte
parmi les abonnés du réseau de Paris . Mais de ces deux
fils , il en fallait un pour l'échange des conversations ,
ordres donnés , avis transmis , etc. , etc. , tout à
fait indispensables pour mener à bien une opération
exécutée , comme celle - ci , entre deux points éloignés
.
Il ne restait donc plus qu'un seul fil pour l'audition musicale .
Voici comment les appareils étaient disposés à
l'Hippodrome .
Il y avait 25 transmetteurs microphoniques montés sur une planche
unique , placée elle - même un peu inclinée sur
l'horizon tale et au - dessus du chef d'orchestre . Les microphones
étaient , bien entendu , au - dessus de la planche , protégés
de la poussière par une boîle légère .
La planche elle - même était suspendue par quatre cordes
. La pile agissant sur ces microphones était composée
de 5 accumulateurs Reynier - Faure au début ; l'intensité
du courant était indiquée par un galvanomètre
Deprez placé dans le circuit ; on la maintenait sensiblement
constante en ajoutant à ces 3 accumulateurs un autre , puis
un autre , jusqu'au nombre total de 9. Le résultat aurait pu
être obtenu également avec 5 éléments Danvell
modèle Reynier , qui ont une très faible résistance
et une constance absolue . Le courant de la pile est dérivé
entre les 25 microphones , puis dans les 24 fils primaires de 24 bobines
d'induction , montés par 2 en série et 12 en déri
vation . L'intensité du courant est de 12 ampères environ
.
Les 24 circuits secondaires des 24 bobines d'induction sont groupés
par 4 en série et 6 en dérivation . La résistance
de chacune est de 300 ohms , soit pour leur ensemble 1200 ohms .
La ligne de l'Ilippodrome , de 3512 mètres de longueur , aboutit
66 , rue des Petits - Champs , à l'un des bureaux de la Société
générale des Téléphones auquel aboutit
également la ligne de la place Vendôme qui est très
courte . Avec le raccordement à la rue des Petits - Champs
, la communication était établie . Les récepteurs
du type Ader étaient groupés par 16 en série
et 6 en dérivation .
La netteté de l'audition a été parfaite et il
a paru que tous les auditeurs , ceux de l'après - midi et ceux
du soir , partaient satisfaits .
Nous ne croyons pas qu'on puisse contester qu'il
y ait là un progrès sensible sur le mode d'installation
mis en oeuvre entre l'Opéra et le palais de l'Industrie ,
lors de l'Exposition d'électricité de 1881. Il y avait
d'un côté 10 microphones et de l'autre 80 récepteurs
; mais la moitié seulement des récepteurs était
en service à la fois ; il y avait donc en fait 4 récepteurs
par microphone avec 2 fils , soit en tout 20 fils . La réduction
du nombre des fils facilitera la pose ; elle diminuera le coût
de l'installation , et par suite permettra un plus grand nombre
d'applications .
L'expérience de M. Moser a été
faite avec un seul fil , parce que le second avait un autre usage
; mais nous ne prétendons pas que , dans d'autres cas , il
faille n'employer qu'un fil ; tout au contraire , nous pensons qu'il
conviendra généralement d'unir ainsi deux fils pour
éviter les bruits d'induction .
Nous dirons en terminant que dans les dispositions
de M. Moser la principale nouveauté consiste dans l'association
en dérivation des 25 microphones , dans l'association des 24
fils secondaires des bobines d'induction en tension et en quantité
comme on fait avec des éléments de pile .
P.-S. Nous apprenons au moment de mettre
sous presse que la Société technique russe a été
chargée , par la Direction de l'Exposition d'électricité
à Saint - Pétersbourg , d'établir entre l'Exposition
et le Grand Opéra des auditions téléphoniques
.
Il y avait 8 téléphones Blake , placés
dans les loges , parce que des difficultés assez grandes
s'opposaient à ce qu'on les mit devant la rampe . Chacun
d'eux n'avait qu'un seul élément Leclanché
, mais on le remplaçait de temps à autre par un second
de rechange , au moyen d'un commutateur .
Les fils secondaires des transmetteurs étaient groupés
par 4 en tension , de sorte qu'il y avait deux circuits allant à
l'Exposition , composés chacun d'un fil isolé et de
la terre pour le retour . On plaça les deux fils , chacun
d'un côté du canal , pour éviter l'induction
; c'était là un avantage , mais payé par une
double dépense de poteaux .
Chacune de ces lignes , y compris les appareils , avait une résistance
de 1171 ohms .
Les récepteurs étaient au nombre de 20 pour chaque
circuit , soit 40 en tout , ou 20 auditeurs simultanés .
Cette expérience pratique est intéressante
, mais on voit qu'elle a été dépassée
par celle de Paris .
|
Antoine Breguet avec Clément Ader, qui présentent
le « théâtrophone », audition téléphonique
de lOpéra, ce qui constitue le plus grand succès de
lExposition internationale. En même temps, il lance la construction
de nouveaux ateliers au 19, rue Didot dans le quartier de Plaisance (14e
arrondissement) dont il ne verra pas lachèvement. Surmené,
Antoine Breguet succombe à 31 ans, le 8 juillet 1882, à
un accident cardio-vasculaire. Il est inhumé au cimetière
du Père-Lachaise.
sommaire
Durant la première moitié des années 1880, cette
collaboration fut intense et, en 1884, Clément Ader était
à lorigine de près de 74 brevets et certificats daddition.
Limplication de Ader dans la téléphonie lui permet
par ailleurs délargir son réseau dinfluence
: impressionné par le succès de linstallation au Palais
de lindustrie, Adolphe Cochery, ministre des Postes et Télégraphes,
le fait nommer chevalier de la Légion dhonneur :
Pendant près de vingt ans, Clément Ader fut donc un collaborateur
essentiel de la Société des téléphones.
Ader écrivit à M. Chaumet, sous-secrétaire aux postes,
pour l'informer qu'il était disposé à donner à
l'État la marque des récepteurs-Ader "dont il pourrait
exclusivement se servir". (Ader fournira dans sa vie d'autres marques
de désintéressement).
La réponse vint à quelque temps après sous la sous
forme d'un avertissement de l'administration des P.T.T. lui réclamant
le paiement de sa ligne téléphonique personnelle. Ader,
inventeur des appareils téléphoniques français, répondit
qu'il ne paierait pas, laissa couper sa ligne et jamais plus de sa vie
n'eut de téléphone à son domicile.
Le succès général de la téléphonie
à l'Exposition d'électricité de Paris détermina
la création de la correspondance téléphonique en
France.
Déjà l'Amérique avait pris les devants, et appliqué
sur une assez grande échelle cette invention au service du public,
pour remplacer le télégraphe électrique. On mit plus
de temps en France à l'adopter. L'administration des télégraphes
suscitait toutes sortes de difficultés et d'obstacles à
une méthode de correspondance rapide, dont elle redoutait, à
bon droit, la concurrence pour la télégraphie électrique.
Ces résistances, toutefois, ne pouvaient durer. Trois compagnies
s'étaient créées à Paris, pour exploiter les
correspondances par le téléphone, et chacune avait adopté
des appareils différents.
Devant se développer après le succès
de l'exposition, les demandes abondent et pour faire face la SGT doit
quitter son petit atelier qui ne prduit qu'une centaine de poste par mois.
Celle i décide alors à procéder à une augmentation
de capital et pour aller plus vite il est néessaire de dissoudre
la société et d'en recréer une autre . Ce sera fait
le 4 novembre 1881 lors d'une assemblée extraordinaire.
Les nouveaux status de la " Société
Générale des Téléphones, Réseaux téléphoniques
et Constructions électriques" sont déposés
le 16 novembre.
(Les noms de Gower et Edison ont disparus !!)
Son siège social rue Neuve-des-Petits-Champs est transféré
au 41 rue Caumartin en 1882.
Les activités de la SGT sont alors :
- L'exploitation des réseaux téléphoniques de Paris
et des plus importantes villes.
- La construction et la vente des appareils électriques
- Les industries se rapportant à la fabrication de câbles
électriques et à l'emploi du caoutcouc et de la gutta percha.
Le nombre des abonnés inscrits à Paris, à la Société
générale des Téléphones, qui n'était
que de 1602 vers la fin de 1881, était un an plus tard de 2394.
C'était une augmentation de 792 abonnés en un an; en province,
l'augmentation était de 664 dans le même laps de temps; ce
qui formait un total de 3846 abonnés au 30 septembre 1882.
Nantes : Un appareil téléphonique affecté au service
des abonnés (cabine publique) fut installé à cette
époque à l'hôtel de la bourse, ainsi qu'à la
préfecture.
L'ancienne société
des téléphones est liquidée
: Extrait dans "Le Courrier du Finistère" du
10 décembre 1881, on y lisait :
Le Journal général d'Affiches publie
l'avis suivant :
La Société générale des Téléphones,
systèmes EDISON, GOWER et autres, en liquidation, a l'honneur
d'inviter MM. les actionnaires à déposer leurs artions
au siège social, 66, rue des Petits-Champs, à Paris,
en execution de la délibération de l'assemblée
générale extaordinaire du 4 novembre courant, à
l'effet :
1° D'échanger ces actions contre des récépissés
provisoires, contre lesquels il leur sera délivré un
nombre identique d'actions, entièrement libérées,
de la Société générale des Téléphones
(réseaux téléphoniques et construction électriques)
société anonyme au capital de 45 millions de francs,
en formation, dont les status sont aux minutes de Mr DUP0UR, notaire
à Paris, à la date du 8 aovembre 1881, ??? la constitution
définitive de cette Société.
2° De recevoir, sur les actions de la Société en
liquidation, les intérêts calculés à raison
de cinq pour cent l'an, du l er janvier au 31 octobre 1881, sur les
sommes dont les actious étaient libérées, sous
déduction des impôts résultant des lois de finance.
3° D'user du droit de préféence qui leur est réservé
jusqu'au 10 décembre inclusivement, à la souscription
au pair, de 17300 scions de la Société générale
des Téléphones (réseanx téléphoniques
et constructions éleciriques) avec irréductibilité,
à raison d'une action de la nouvelle Société
pour une action de la Société en liquidation.
MMrs actionnaires devront accompagner le dépôt de leurs
titres du premier versement de 125 franc sur chaque action de la Société
générale des Téléphones (réseaux
téléphoniques et constructions électriques) qu'ils
ont l'intention de souscrire, versement à opérer an
crédit de la Société en formation.
Dans le cas où à l'expiration du délai qui leur
est réservé pour user de ce droit de souscription, soit
après le 1er Décembre, les 17.300 actions n'auraient
pas toutes été souscrites, MM. les actionnaires souscripteurs
en seront prévenus par un avis inséré au Journal
des annonces légales et par lettre recommandée, et ils
devront déclarer, dans le délai de trois jours, s'ils
entendent souscrire les actions ainsi disponibles, et ce, an prorata
des actions possédées par eux, sinon, ils seraient considérés
somme ayant abandonné leurs droits. |
sommaire
D'autres inovations : 1880-1882 Paul
Bert et d'Arsonval
Le premier modèle
février 1880 construit par Ducretet
Téléphone magnétique
à pôles concentriques La Lumière Electrique,
12 août 1882, et Académie des Sciences, 7 août
1882
|
Cet appareil constitue un perfectionnement
important du téléphone de Bell, au double point
de vue de la simplicité de construction et des effets
obtenus. Jai démontré, contrairement aux
idées reçues alors, que la Jorce portante de laimant
nentre pour rien dans les effets obtenus au point de vue
de la netteté et de la force de la production de la parole
par cet instrument. La seule chose qui ait de linfluence,
cest la longueur du fil noyé dans le champ magnétique,
et le nombre de lignes de force qui coupent la bobine normalement
son axe.
Par conséquent, pour obtenir le maximum de force, il
faut noyer complètement bobine dans un champ magnétique
aussi intense que possible.
Je suis arrivé à ce résultat en faisant
un aimant annulaire dont un des pôles occupe le centre
et dont le second se recourbe autour du premier ; la bobine
se place entre les deux et tout le fil qui la garnit se trouve
ainsi soumis laction 4u champ magnétique. |
Ainsi que le montre la figure 49, laimant se
compose dun élément de spire A dont une extrémité
porte le pôle central n sur lequel sq place la bobine B, lautre
extrémité porte un cylindre de fer T, enveloppant, de
toute part, cette bobine qui se trouve ainsi noyée dans un
champ magnétique annulaire très condensé. Ce
modèle a été adopté exclusivement sur
les réseaux téléphoniques de l'Etat et pour les
postes destinés à notre artillerie. Il a reçu
différentes formes et différentes dimensions, suivant
la destination
Voici lopinion du célèbre électricien anglais
M. Preece, au sujet de cet instrument (congrès de Sou»
thampton) :
« DArsonval a, de son coté,
perfectionné le récepteur Bell. Il a placé la
bobine dans'un puissant champ magnétique de forme annulaire,
de façon à concentrer sur elles les lignes de force.
La bobine induite est noyée entièrement dans le champ
magnétique. Les effets sont considérablement augmentés.
Laugmentation de lampleur de la voix ne saccompagne
nullement de la perte darticulation, comme cela a lieu dordinaire,
la parole est reproduite sans aucun changement du timbre »,
Daprès l'éminent directeur du post-office de Londres,
cet appareil était le seul, transmettant avec une parfaite
netteté, les consonnances si variées du the anglais
.
Nouveaux microphones En commun avec
Paul Bert (Biologie et journal « La
Nature », 1879)
Au cours des recherches sur la surdite, je fus amené,
avec Paul Bert, à moccuper du microphone pour essayer
dutiliser les propriétés amplificatrices de
linstrument primitif de Hughes. Comme il arrive en bien des
cas, nous avons trouvé autre chose que ce que nous cherchions.
Par des pertectionnements successifs de notre premier appareil,
nous arrivâmes à combiner différents instrument
qui donnèrent dexcellents résultats pour la
téléphonie pratique. Les premiers en date sont fondés
sur le groupement des contaçts mlprophoniques en quantité.
La figure représente un
microphone composé dune sérié de
crayons de charbon C, enfilés verticalement dans deux
plaques percées de trous qui leur servent de guide.
Leur partie inférieure trempe dans un bain de mercure,
contenu dans le tyibe, et ce liquide, en exerçant une
poussée, égale sur
chacun deux, constitue un ressort dune grande douceur.
La partie supérieure de ces mêmes çharbons
vient appuyer légèrement sur un diaphragme portant
un disque de charbon et qui reçoit les vibrations de
la voix. La pression des charbons contre le diaphragme et, pap
çonséquent, la sensibilité de linstrument
est facilement réglée en faisant varier le niveau
de mercure dans le tube,
Dans les modèles, ci contre, nous avons supprimé
le mercure et utilisé slmplemeut la pesanteur comme force
appuyant les contacts microphoniques. |
|
Microphones à réglage magnétique,
en commun avec Paul Bert (Académie
des Sciences, i 5 mars 1880 et « La Lumière Electrique
», ti novembre 1882)
Dans tout appareil microphonique, les
contacts doivent être appuyés lun sur lautre,
avec une force plus ou moins grande, suivant le degré de
sensibilité quon veut donner à lappareil.
Dans nos précédents appareils nous avions, Paul Bert
et moi, employé, soit la poussée dun liquide,
soit la pesanteur, Ce système de réglage ne permet
pas de placer indifféremment lappareil dans toutes
les positions.
En 1879, nous en avons trouvé un qui a le double avantage
d'agir dans toutes les positions et à distance c'est 1'attraction
magnétique.
Le réglage de lefifort exercé est rendu
des plus précis et peu sappliquer à nombre dinstruments.
Le premier dispositif de ce réglage ne nous donna pas, en
pratique, de bons résultats. Pensant bien que cela tenait,
non au principe, mais au mode dapplication, je me suis attaché
ultérieurement à varier les lles modèles et
jai complètement réussi en adoptant la disposition
suivante :
1881 Brevet N° 140 690 construit par Ducretet
Le microphone est un simple microphone Hughes vertical à
quatre crayons de charbon montés sur pointes.
Ces charbons sont entourés ainsi que le montre le dessin,
dune chemise de fer blanc.
Derrière eux se trouve un aimant en fer à cheval,
quon peut approcher plus ou moins, et dont lattraction
magnétique règle à distance la pression de
charbons.
Des modèles spéciaux de ces appareils ont été
étudiés pour résister aux chocs des plus violents
; et comme, grâce à leur réglage magnétique,
ils fonctionnent dans toutes les positions, on a pu introduire le
microphone dans le service des forts, des écoles à
feu, des polygones dartillerie, etc.
Jai combiné ces différents modèles sur
la demande de mon éminent ami le général Brugère
pour ses expériences de tir.
Malgré le mauvais état des lignes ils ont donné
aux polygones de Vincennes, de Châlons et de Cercottes. des
résultats complètement satisfaisants. Ces mêmes
appareils fonctionnent également au palais de la Bourse pour
les transmissions téléphoniques à grande distance
(Paris-Bruxelles, Paris- Reims, etc.).
Modèles différents du même appareil, adoptés
pour les réseaux de lÉtat. La figure ci dessous
est un modèle à pied se posant sur une table ou un
bureau.
Combiné d'opération pour bureau central. Il se compose
dun microphone et dun téléphone accouplés
sur le même manche, on a ainsi une main libre.
|
sommaire
Dès 1880 le standard téléphonique
: l'organe central ou sont raccordés toutes les lignes
de téléphone des clients pour pouvoir les mettre en relation
est expliquée dans cette rubrique Réseaux
et Centraux manuels. qui décrit l'aspect technique du centre,
des raccordements et aussi des conditions de travail des opératrices
à l'époque.
Quant au mot standard téléphonique, il vient certainement
de l'anglais stand (debout), position des opératrices
devant le tableau (switchbord).
Centre urbain ,
petit centre à 25 lignes
Dans les premiers centraux, les
demoiselles étaient debout pendant de longues heures.
Schéma
général de fonctionnement du bureau central, afin de mettre
en communication deux abonnés.
Rappel : il n'y a pas encore la batterie centrale à cette
époque. Les postes d'abonnés sont équipés
de piles (batterie).
sommaire
A l'Exposition internationale d'électricité
de 1881 était exposé les Commutateurs manuels, qui ont
servis à concevoir ceux utilisés en France à cette
l'époque par Tivadar
Puskás (voir plus
haut)
Vu dans le journal télégraphique du
25 décembre 1881
L'Exposition internationale d'électricité,
par M. ROTHEN, Directeur-adjoint des télégraphes suisses.
...
Comme exposants pour installations de stations centrales téléphoniques,
il faut nommer principalement MM. Siemens et Halske, Williams junior
à Boston, Paterson à Londres et la Western electric
manufacturing Company à Chicago.
Les tableaux permutateurs (switch-boards) de MM. Siemens et Halske,
solidement construits, se manuvrent avec des cordes dont les
deux extrémités sont munies de fiches. La forme manque
d'élégance et la manuvre ne semble pas aussi prompte
et aussi facile qu'avec d'autres switch-boards.
Ceux de Williams junior sont établis d'après
le système des permutateurs suisses avec simples fiches qui,
au repos, sont toutes fixées sur la lame de terre.
Le switch-board de M. Patterson se distingue par son élégance,
les électro-aimants des numéros sont tous visibles et
leurs languettes rondes nickelées contribuent à l'ornementation
du switch-board. Le permutateur est un peu reserré. C'est
encore le système suisse, mais les lames transversales
y sont à la même hauteur que les lames longitudinales,
ce qui rend les contacts visibles et en assure l'efficacité.
Devant le permutateur sont disposées autant de touches qu'il
y a de numéros dans le pupitre. Il suffit d'abaisser ces touches
pour faire agir la sonnerie des abonnés, sans qu'il soit nécessaire,
par conséquent, de déplacer une fiche.
Le switch-board de la Western éléctric manufacturing
Company est moins élégant que celui de M. Paterson,
mais, à notre avis, c'est le meilleur des switch-boards
connus et il mérite bien que nous l'examinions plus
en détail.
La figure 13 représente
ce switch-board vu de face. Comme on le voit, il est extrêmement
étroit, ce qui permet, par conséquent, d'en placer
un grand nombre dans une même salle. Sa largeur est de
35 centimètres et sa hauteur de 1 mètre 65. En
A sont les numéros des abonnés 1 à 50 avec
leurs languettes et derrière se trouvent les électro-aimants
combinés pour courant de pile et pour courant de machine
magnéto-électrique.
La partie B contient les 50 trous de contact correspon-dant
aux numéros de A. Derrière ces trous est une espèce
de Jack-knife perfectionné, c'est-à-dire une dis-position
par laquelle l'introduction d'une fiche dans un trou de B suffit
pour interrompre la communication du fil correspondant avec
la terre et établir en même temps une autre communication.
La petite tablette D supporte 10 fiches et contient, en outre,
deux rangées de boutons composées l'une de cinq
boutons et l'autre de cinq groupes de deux boutons chacun. Les
10 fiches se divisent aussi en 5 groupes de deux fiches. Les
fiches d'un même groupe ont des cordes de couleurs différentes.
Au milieu de chaque corde est suspendu un poids, qui en les
maintenant tendues les empêche de se mêler.
La partie C contient 5 relais pour indiquer la fin de la conversation
entre deux abonnés (clearing-out relay).
Voici maintenant comment s'effectue la manuvre de ce switch-board.
Un abonné, par exemple le n° 8, fait un appel. Cet
appel fait tomber dans la partie A le numéro correspondant.
L'agent de la station centrale place une fiche quelconque dans
le trou 8 et interrompt par cette opération la communication
du n° 8 avec la terre. Il abaisse ensuite celui des boutons
correspondant avec la fiche qui se trouve dans la rangée
de 5 boutons et il peut alors correspondre avec le n° 8.
Supposons que ce dernier demande à être mis en
relation avec le n° 12. L'employé prend la seconde
fiche qui communique avec la corde déjà employée
et la place dans le trou 12. Les deux abonnés sont alors
reliés directement entre eux, mais sans que le n°
12 en soit encore informé.
Suivant le système employé, c'est ou l'abonné
n° 8 qui appelle directement son correspondant, ou la station
centrale qui se charge de cet appel, Dans le dernier cas, la
sta-tion centrale se sert des deux boutons de la rangée
à 10 boutons, qui correspondent à la corde employée.
En pressant le bouton de droite elle appelle le n° 12, en
pressant le bouton de gauche elle pourrait appeler le n°
8. Quand l'abonné n° 12 répond, la languette
du clearing-out relay correspondant tombe et la station centrale,
en pressant le bouton téléphonique, informe simultanément
les deux abonnés qu'ils peuvent commencer leur entretien.
Quand celui-ci est fini, la languette du clearing-out relay
retombe de nouveau et indique que la communicalion peut être
enlevée.
L'on peut établir à la fois cinq communications
semblables entre les 50 abonnés d'un même switch-board.
S'il y a plusieurs switch-boards, la communication se fait direc-tement
d'un switch-board à l'autre, comme s'il s'agissait d'un
même switch-board. Si l'on doit combiner le premier switch-board
avec un switch-board assez éloigné pour que la
longueur des cordes ne suffise plus, si par exemple l'abonné
n° 22 désire communication avec le n° 408, on
place une fiche d'une corde quelconque dans le trou 22 et l'autre
fiche de la même corde dans le trou 1 qui se trouve sur
le bord à droite de la partie B. Au switch-board IX,
qui contient les nos 401 à 450, on place aussi une fiche
dans le trou 1 du bord et l'autre fiche dans le trou 403. Les
deux abonnés sont reliés directement et les manipulations
ultérieures sont les mêmes que plus haut.
Ce switch-board présente plusieurs avantages.
La manuvre des fiches est réduite à un minimum,
le meuble est assez petit pour qu'un même agent puisse
facilement desservir trois switch-boards. Quand deux abonnés
d'un switch-board sont reliés entre eux, il n'y a plus
qu'un seul électro-aimant d'intercalé dans le
circuit, ce qui rend les contacts très sûrs. Mentionnons
encore une disposition spéciale des languettes de la
partie A. Quand une de ces languettes tombe, elle établit
un contact entre un ressort et une pointe et ferme ainsi un
circuit indépendant local qui, à volonté,
fait marcher une sonnerie d'appel.
L'on peut, ainsi, pendant la nuit, éveiller l'agent pour
demander une communication.
Quand le switch-board est employé avec des courants de
machine magnétoélectrique, l'on ne peut plus faire
agir la sonnerie en poussant simplement un bouton. Dans ce cas,
il faut un appareil accessoire appelé inverseur de courant,
qui, sous la pression d'un bouton d'appel, envoie des courants
inversés dans la ligne. |
figure 13
C'est ce principe qui était en cours pour nos bureaux
en France .
|
... |
Dès le début, dans les bureaux centraux
téléphoniques urbains , devenus déjà assez
importants, on reconnut la nécessité de permettre à
une seule opératrice, malgré le nombre élevé
des abonnés, de terminer seule l'établissement d'une communication
demandée.
Avec la croissance des abonnés et des centraux manuels, d'ingénieux
systèmes permettaient d'établir des connections entre abonnés
de bureaux différents avec le concours d'opératrices pour
manoeuvrer. Cela allongeait les temps d'établissement des mises
en relation et amenait de l'affaiblissement sur les communications.
Plus tard pour y remédier, Scribner inventa le «
multiplage » des jacks terminaux des lignes d'abonnés,
c'est-à-dire la dérivation sur chaque ligne d'abonné,
à intervalles réguliers, d'un nombre de jacks égal
au nombre des opératrices du central téléphonique.
Ce concept s'appliqua aux grandes villes comme Paris.
sommaire
La demoiselle du téléphone
appelé téléphoniste ou opératrice à
l'extérieur de la France, était une personne, presque toujours
féminine sauf au tout début, qui actionnait un standard
téléphonique pour établir les communications entre
usagers dans les premières décennies de la téléphonie,
jusque dans les années 1960 en France..
L'expression demoiselle du téléphone, caractéristique
de la téléphonie française, remonte à une
période où le réseau téléphonique commuté
n'était pas automatisé. Les plus célèbres
figures de ce microcosme sont les « demoiselles du téléphone
», ainsi appelées parce que cette catégorie de personnel
était recrutée exclusivement parmi des jeunes filles célibataires,
dont l'éducation et la morale sont irréprochables.
Durant les premières décennies de la téléphonie,
elles perdaient généralement leur emploi lorsqu'elles se
mariaient.
Leur fonction est de prendre les demandes d'appel des abonnés,
puis de les mettre en relation. Leur poste de travail est constitué
d'un tableau à prises jack et de cordons appelés dicordes,
servant à connecter les abonnés entre eux.
Regardons la face cachée , côté
Bureau central manuel , installation
des câbles, des lignes avec les étapes de déploiement
du réseau de Paris.
Le travail des demoiselles du téléphone était
réputé éprouvant pour les nerfs, particulièrement
en heure de pointe où malgré le faible nombre d'abonnés,
les appels pouvaient être incessants. Cependant, dès les
années 1900, elles disposaient de congés payés d'un
mois, de tarifs réduits pour les billets de train et d'un médecin
du travail. À Paris, en plus de leur salaire, elles recevaient
une prime pour couvrir leurs frais de logement et une indemnité
de repas.
Ces demoiselles sont aussi des cibles parfaites pour les clients mécontents
du service. On leur reproche leur mauvaise humeur ainsi que la lenteur
d'établissement des communications.
Dans le contexte du début du XXe siècle, les abonnés
sont surtout des gens fortunés qui ne supportent pas que le «
petit personnel » ait autant d'influence sur leurs affaires. Pourtant,
des concours d'efficacité sont organisés pour améliorer
la qualité du service : on met en compétition des opératrices
pour assurer le maximum de connexions à l'heure. Les records sont
de l'ordre de 400 établissements de connexion à l'heure,
qui correspond à une communication toutes les dix secondes.
Dans une de ses Chroniques au Figaro, Marcel Proust
Proust décrit sa fascination pour le travail des «Demoiselles
du téléphone», ces «vierges vigilantes par qui
les visages des absents surgissent près de nous», qu'il reprend
presque littéralement dans Le côté de Guermantes
à propos de la conversation téléphonique du Narrateur
et de sa grand-mère,
Un matin, Saint-Loup mavoua quil avait
écrit à ma grandmère pour lui donner de
mes nouvelles et lui suggérer lidée, puisquun
service téléphonique fonctionnait entre Doncières
et Paris, de causer avec moi. Bref, le même jour, elle devait
me faire appeler à lappareil et il me conseilla dêtre
vers quatre heures moins un quart à la poste. Le téléphone
nétait pas encore à cette époque dun
usage aussi courant quaujourdhui. Et pourtant lhabitude
met si peu de temps à dépouiller de leur mystère
les forces sacrées avec lesquelles nous sommes en contact que,
nayant pas eu ma communication immédiatement, la seule
pensée que jeus, ce fut que cétait bien
long, bien incommode, et presque lintention dadresser
une plainte : comme nous tous maintenant, je ne trouvais pas assez
rapide à mon gré, dans ses brusques changements, ladmirable
féérie à laquelle quelques instants suffisent
pour quapparaisse près de nous, invisible mais présent,
lêtre à qui nous voulions parler et qui, restant
à sa table, dans la ville quil habite (pour ma grandmère
cétait Paris), sous un ciel différent du nôtre,
par un temps qui nest pas forcément le même, au
milieu de circonstances et de préoccupations que nous ignorons
et que cet être va nous dire, se trouve tout à coup transporté
à ces centaines de lieues (lui et toute lambiance où
il reste plongé) près de notre oreille, au moment où
notre caprice la ordonné. Et nous sommes comme le personnage
du conte à qui une magicienne, sur le souhait quil en
exprime, fait apparaître dans une clarté surnaturelle
sa grandmère ou sa fiancée en train de feuilleter
un livre, de verser des larmes, de cueillir des fleurs, tout près
du spectateur et pourtant très loin, à lendroit
même où elle se trouve réellement. Nous navons,
pour que ce miracle saccomplisse, quà approcher
nos lèvres de la planchette magique et à appeler - quelquefois
un peu trop longtemps, je le veux bien - les Vierges Vigilantes dont
nous entendons chaque jour la voix sans jamais connaître le
visage, et qui sont nos Anges gardiens dans les ténèbres
vertigineuses dont elles surveillent jalousement les portes ; les
Toutes-Puissantes par qui les absents surgissent à notre côté,
sans quil soit permis de les apercevoir ; les Danaïdes
de linvisible qui sans cessent vident, remplissent, se transmettent
les urnes des sons ; les ironiques Furies qui, au moment que nous
murmurions une confidence à une amie, avec lespoir que
personne ne nous entendait, nous crient cruellement : « Jécoute
» ; les servantes toujours irritées du Mystère,
les ombrageuses prêtresses de lInvisible, les Demoiselles
du téléphone !
Et aussitôt que notre appel a retenti, dans
la nuit pleine dapparitions sur laquelle nos oreilles souvrent
seules, un bruit léger - un bruit abstrait - celui de la
distance supprimée - et la voix de lêtre cher
sadresse à nous.
Cest lui, cest sa voix qui nous parle,
qui est là. Mais comme elle est loin ! Que de fois je nai
pu lécouter sans angoisse, comme si devant cette impossibilité
de voir, avant de longues heures de voyage, celle dont la voix était
si près de mon oreille, je sentais mieux ce quil y
a de décevant dans lapparence du rapprochement le plus
doux, et à quelle distance nous pouvons être des personnes
aimées au moment où il semble que nous naurions
quà étendre la main pour les retenir. Présence
réelle que cette voix si proche - dans la séparation
effective ! Mais anticipation aussi dune séparation
éternelle ! Bien souvent, écoutant de la sorte, sans
voir celle qui me parlait de si loin, il ma semblé
que cette voix clamait des profondeurs doù lon
ne remonte pas, et jai connu lanxiété
qui allait métreindre un jour, quand une voix reviendrait
ainsi (seule, et ne tenant plus à un corps que je ne devais
jamais revoir) murmurer à mon oreille des paroles que jaurais
voulu embrasser au passage sur des lèvres à jamais
en poussière.
Extrait de Le côté de Guermantes
(À la recherche du temps perdu de Marcel Proust)
|
La difficulté à établir les communications
a inspiré Fernand Raynaud qui en a fait un sketch comique, Le 22
à Asnière.
...
On était, dès cette époque, accoutumé à
construire dans les grandes villes des centraux téléphoniques
urbains pouvant recevoir chacun jusqu'à 10000 abonnés. Pour
desservir un tel central, il fallait un minimum d'une centaine de positions
de dames employées, et encore davantage s'il y avait à prévoir
dans une très grande ville des intercommunications entre plusieurs
centraux, la réalisation de ces intercommunications diminuant évidemment
le rendement de chaque opératrice.
Dans les années 1880-1930, la tendance a été
d'augmenter la commodité des manuvres de l'opératrice,
de façon à augmenter son rendement.
Les clés d'appel et d'écoute dont elle se sert ont été
rendues plus ou moins automatiques, de telle sorte que le temps pris pour
servir chaque appel soit réduit au minimum. Les cordons de l'opératrice
d'une position urbaine sont devenus très compliqués, et
toute une série d'électro-aimants, avec des câblages
enchevêtrés, viennent jouer en temps utile sur chaque cordon
pour permettre à la téléphoniste de ne pas s'immobiliser
sur un appel qu'elle a commencé à servir. D'autres électros,
montés également sur chaque cordon, comptent les conversations
de chaque abonné, en discernant si la conversation a été
efficace ou non. Chaque cordon est enfin muni d'électros et de
lampes de signalisation spéciales pour que l'opératrice
soit avertie du raccrochage de l'appareil chez chaque abonné en
conversation.
Dans une grande ville comme Paris, nous sommes arrivés à
faire assurer par des téléphonistes l'écoulement
de 160 demandes de communication à l'heure. C'est un chiffre tout
à fait remarquable, surtout si l'on songe qu'à Paris, il
y a une quarantaine de séries téléphoniques différentes,
et que presque toujours une demande de communication émanée
d'une série est à destination d'une autre.
A la fin de l'année 1891, 812
demoiselles du téléphone sont comptabilisées en France.
sommaire
1881 La compagnie de téléphone
européenne Edison Gower-Bell d'Europe a été créée
le 28 octobre 1881.
Ses zones d'opérations couvraient toute l'Europe continentale,
à l'exception de la France, de la Turquie et de la Grèce.
Elle a été créée
pour contrôler les brevets et les intérêts commerciaux
dAlexander Graham Bell , de Thomas Edison et de Frederic Allan Gower,
des États-Unis, qui détenait auparavant une franchise de
la Bell Telephone Company en Nouvelle-Angleterre au début des années
1880.
En France au commencement de 1881, la Société
générale des Téléphones comptait déjà
7 bureaux centraux desservant son réseau
de Paris, et avait construit plus de 300 lignes.
Cette Société avait en plus établi
des réseaux téléphoniques dans de Grandes villes
de province.
Le prix de l'abonnement avait été fixé par un arrêté
ministériel à 600 francs par an pour le réseau de
Paris et à 400 francs pour les réseaux de province.
- A Lyon, le réseau a progressé assez rapidement.
Depuis 1881, les habitants de cette ville peuvent en cas d'accident grave
ou d'incendie, prévenir instantanément le bureau central
de police. Cinq bureaux de police étaient reliés à
cette époque avec le bureau central : le bureau du 2° arrondissement,
rue Sorbier; du 3° arrondissement, rue Annonay ; du 4e arrondissement,
rue Soleysel ; du 5e arrondissement, rue Bourgneux, et à l'abattoir
de Mattetières.
- A Nantes, le téléphone fut reçu avec faveur.
Dès le mois de mai 1881, c'est-à-dire quelques mois à
peine après son ouverture, le réseau de la Société
générale avait atteint un développement de 20 kilomètres
et desservait plus de 40 abonnés dans cette ville
- Au Havre, le réseau téléphonique établi
en 1881, atteignit rapidement 100 abonnés; la Société
des Téléphones inaugura au mois d'août 1881, un service
de petits facteurs ou commissionnaires pour courses, ou port de petits
paquets, dépêches télégraphiques, échantillons,
etc. Mais ce service ne dura que quelques jours ; il fut supprimé
sur l'injonction du ministre des postes et des télégraphes.
- A Bordeaux, le réseau téléphonique,
installé en 1880, se développait rapidement. En juillet
1881, la Société générale des Téléphones
desservait déjà dans cette ville plus de 50 abonnés.
La Chambre de commerce de Bordeaux fit relier plusieurs locaux, dépendant
de son administration, au bureau central. Elle permit aussi l'organisation
à la Bourse, d'un bureau spécial d'où chaque abonné
du réseau, sur la présentation de sa carte d'abonnement,
pouvait être mis en communication avec les autres abonnés.
Plusieurs industriels sont, depuis 1881. reliés directement avec
leurs succursales situées dans un autre quartier de la ville que
la maison-mère.
En raison du développement rapide de son réseau téléphonique,
la Société générale des Téléphones
décida qu'à partir du 15 novembre 1881, le service aurait
lieu à Bordeaux, sans interruption, nuit et jour.
- A Paris, à l'Institut, quai Conti, les salles des diverses
académies sont, depuis le mois de décembre 1881, reliées
entre elles par des appareils téléphoniques, et les bureaux
des diverses sections en séance sont en relation directe avec le
personnel des secrétariats perpétuels pour demander les
renseignements ou les manuscrits dont ils peuvent avoir besoin.
- A Saint-Etienne (Loire), des postes téléphoniques
furent établis en 1881, reliant entre eux les bureaux de police.
Le téléphone fut également installé dans d'importantes
maisons de cette localité, des fabriques de rubans, d'armes à
feu, de quincaillerie, de verrerie, de coutellerie, et surtout dans toutes
les grandes exploitations houillères de la ville et des environs.
- A Angoulême, un service téléphonique entre
l'École d'artillerie, l'arsenal de la Madeleine et les autres établissements
militaires fut établi au commencement de 1881. Soit par suite de
l'indifférence du public, qui regardait le téléphone
comme un simple jouet sans utilité pratique, soit surtout par suite
des nombreuses difficultés élevées par l'administration,
qui craignait l'absorption du télégraphe par le téléphone,
jusqu'en 1882, ce nouveau mode de transmission avait, en somme, fait peu
de progrès en France.
sommaire
A l'époque, une prodigieuse confusion
régnait, non dans la question scientifique , mais dans l'exploitation
industrielle du téléphone.
Plus de deux cents appareils avaient été décrits,
construits, brevetés, pour assurer la transmission de la parole
à de grandes distances.
Les compagnies exploitant les brevets Graham Bell, Edison, Elisha Gray,
Gower, Blake, Crossley, Ader, etc., se disputaient le privilège
d'exploiter les correspondances par le téléphone. Cent et
un inventeurs réclamaient leur part au soleil de la gloire, ou
plutôt de l'argent, et personne n'était en état de
voir juste dans cette véritable tour de Babel de l'électricité.
Les savants, égarés au milieu de cette nuée de perfectionnements
ou prétendus tels, étaient dans l'impossibilité de
porter un jugement à leur sujet.
Il fallait qu'un grand coup fût porté, pour faire jaillir
la lumière au milieu des ténèbres de ces questions,
pour apporter l'équité, la justice, dans tant de controverses
intéressées.
Ce grand coup fut frappé, cet événement désiré
se produisit, et ses conséquences ne se firent pas attendre.
Au mois de juillet 1881, s'ouvrit à Paris, le concours universel
d'électricité auquel étaient conviées toutes
les nations des deux mondes.
Comme l'imposant aréopage de ses jurys internationaux comptait
la fine fleur de la science européenne, on put examiner avec connaissance
de cause et avec maturité toutes les questions que soulevait la
téléphonie au point de vue scientifique ou industriel, et
la lumière ne tarda pas à se faire.
Les divers systèmes de téléphonie à l'Exposition
d'électricité de Paris en 1881,
Succès du téléphone de M. Graham Bell.
Les audilions de l'Opéra et leur influence pour la vulgarisation
de la téléphonie.
Établissement de la correspondance par le téléphone
en Amérique et en Europe.
Le transport à grande distance reste le seul desideratum
de la téléphonie.
Limites actuelles de la portée du téléphone.
Les appareils téléphoniques du Dr Herz pour les transmissions
à grandes distances.
Système de M. Van Rysselberghe, de Bruxelles.
Le système Hopkins et les expériences de transmission
à grande distance faites en 1883, de New- York à Chicago
et Cleveland.
Au moment où s'ouvrit, à Paris, l'Exposition internationale
d'électricité, les systèmes électriques en
compétition étaient à peu près les suivants
:
1° Le téléphone magnétique de M. Graham Bell,
avec son transmetteur et son récepteur identiques, fonctionnant
sans pile électrique et seulement par les courants ondulatoires
provoqués par un aimant, appareil
2° Le téléphone musical de M. Elisha Gray;
3° Le téléphone à transmetteur de charbon de
M. Edison, avec son récepteur particulier.
4° Le téléphone Gower, constitué essentiellement
par la disposition circulaire de l'aimant et la large surface vibrante
du transmetteur; appareil
5° Le téléphone Crossley, peu différent du téléphone
Ader et qui avait fait ses preuves en Angleterre;
6° Le téléphone Ader, résultant de la réunion
du microphone de Hughes et du récepteur Gower, avec addition de
certains procédés reconnus avan-
tageux pour renforcer le courant électrique
« J'en passe et des meilleurs, » ainsi que dit don Ruy Gomez
au roi d'Espagne, au 5 e acte à'Hernani. L'épithète
élogieuse que nous fournit le poète nous permet de passer
courtoisement sous silence une nuée d'appareils qui, par leur variété
et leur complication, jetteraient le plus grand trouble dans l'esprit
du lecteur, si nous voulions les étudier de près.
A l'Exposition universelle d'électricité, le téléphone
musical de M. Elisha Gray, le téléphone à transmetteur
de charbon de M. Edison, et le téléphone
Gower, furent absolument distancés par le téléphone
Ader.
sommaire
Le récepteur "Ader à petit
anneau" deuxième version
Impossible de retracer d'une façon précise la génèse
de ce récepteur, les médias d'époque consultés
sont tous restés silencieux à ce propos, mais il a des pistes
à suivre...En abandonnant le "surexcitateur" (partie essentielle
de l'appareil...), Ader aurait donc "proposé" un second
type de récepteur.
Toujours dans le "Cours d'installations téléphoniques"
de H. Milon de 1923, on trouve les dessins et la description de ce récepteur
Ader :
Dans les types Ader plus récents (fig.7), la poignée est indépendante
de l'aimant, et celui-ci est constitué par des barreaux demi-circulaires
disposés à plat dans le boîtier. Deux séries
de ces barreaux superposés sont placés en regard l'une de
l'autre, avec les pôles de même nom en opposition, de façon
à former une sorte d'aimant circulaire avec deux pôles diamètralement
opposés.
Sur ces pôles on fixe les equerres de fer doux qui doivent supporter
les noyaux des bobines. Cette forme a l'avantage d'être peu encombrante,
et de permettre de donner à la poignée ou au support une forme
quelconque, adaptée au mode d'emploi de l'appareil et à la
convenance de la personne qui l'utilise; mais elle ne permet pas l'emploi
d'aimants aussi puissants. (Que le modèle à "surexcitateur).
Comme le récepteur "Ader" n'a donné lieu à
aucun brevet de la part d'Ader, on peut supposer qu'il a été
développé par le bureau d'étude de la Société
générale des téléphones
sommaire
Après la création de SGT
en 1880, comment se passe un projet de réseau pour les villes qui
en ont l'intention ?
A savoir : c'est en mai 1880 que la première demande a été
déposée à la Compagnie des Téléphones
de PARIS avant la création de la SGT.
voici l'exemple de LILLE, renouvelant sa demande à la SGT,
débattue par le Conseil Municipal à la Séance du
Mardi 7 Juin 1881
M. Rochart présente le rapport suivant
au nom de la Commission des travaux :
Me s s ie u r s, La question dinstallation à Lille
, dun réseau téléphonique, que vous avez
renvoyée le 6 Mai courant, se limite à une demande
dautorisation faite par la Société générale
des téléphones.
Cette question paraît donc très simple et , dans une
certaine mesure, il aurait pu nous suffire peut-être de vous
rapporter quaprès étude , nous étions
daccord avec lAdministration, et quen conséquence
nous vous priions daccorder lautorisation demandée.
Votre Commisssion, toutefois, ne la pas pensé ainsi
et elle a cru, au contraire, devoir vous retracer les efforts et
les travaux de lAdministration de telle sorte que, par eux,
la question vous fut plus intimement connue et que votre discussion,
sil sen établit une à ce propos , fût
plus facile et plus précise.
Depuis un an déjà la ville de Lille était sollicitée
par plusieurs Compagnies pour autoriser létablissement
dun réseau téléphonique.
Les premières demandes remontent en effet aux 4 et 14 Mai
1880. Elles étaient produites alors par :
1.° La Société des téléphones de
Paris, devenue la Société générale des
téléphones, et combinée à
2.° La Compagnie téléphonique du Nord qui postulait
également et dont les principaux membres se sont aujourdhui
fondus dans la Société générale.
A cette époque, et étant donné lintérêt
de ce service, notre honorable Maire dabord , M. D U T IL
L E U L , visita pour renseignements M . le Ministre des postes
et télégraphes. M. le Ministre linvita à
attendre que la Société générale actuelle
se fût formée, car elle le devait faire à un
capital considérable ; elle devait se nantir de tous les
brevets spéciaux et jouir de lautorisation du Ministre
spécial.
Cette Société sest formée en effet et
sest constituée en assemblée générale,
le 3o Octobre dernier, au capital de 8,65o,ooo fr. suivant document
acquis au dossier. Elle est autorisée à établir
des réseaux téléphoniques par bureaux centraux
aux charges dun cahier créé le 26 Juin 1879,
par le Ministère des postes et télégraphes
quii, assimilant les téléphones aux télégraphes,
prentd à sa charge la pose et lentretien des réseaux
extérieurs, moyennant les conditions quil impose à
la Société.
Proposition de M. A. Jametel .
Le 10 Décembre dernier, M. A , JAMETEL, Président
de cette Société, renouvelait la demande faite précédemment
à lAdministration municipale. Il rappelait les charges
qui lui avaient été verbalement réclamées
et donnait le mode et la mesure de son intervention gratuite. Il
proposait deux moyens, dont le premier consistait en létablissement
d'un réseau spécial aux services municipaux , et le
second en le raccordement de ces services au bureau central de la
Société , comme lavaient fait, disait-il, plusieurs
municipalités belges.
Dans le premier cas , la Ville devait se pourvoir des autorisations
gourvernementales, faire construire ses lignes et fournir le personnel
nécessaire à son service. La Société
offrait, mais avec conservation de la propriété, les
appareils nécessaires à quatorze postes et lentretien
constant à titre gratuit.
Dans le second cas , la Société sengageait à
installer à ses frais quatorze lignes reliées son
bureau central et à assurer le bon fonctionnement, dans les
termes de larrêté ministériel du 26 Juin
1879 , que nous avions au dossier.
Si des dispositions prises par lAdministration et le service
des travaux municipaux ne réduisaient pas à néant
ces deux présentations , il y aurait eu , pour votre Commission
des travaux, à étudier de très près
les conséquences introduites par le choix de l'un ou lautre
moyen et à vous le présenter avec détails et
conclusions.
Premières dispositions de lAdministration
.
Cette étude a été faite ,mais une acceptation
ultérieure de la gratuité absolue en rend la présentation
inutile. Vous connaîtrez un peu plus loin la modification
acceptée par la Société. LAdministration
envoya à létude du service des travaux, la demande
de M. JAMETEL, et M. MONGY lui adressa le 20 Décembre un
rapport aux termes duquel on demandait à la Société
les deux sacrifices suivants :
1 ° Relier par un réseau téléphonique lH
ôtel-de-Ville avec les postes de police, les postes de pompiers,
le réservoir de lArbrisseau et le réservoir
dEmmerin ;
2 ° Payer une taxe de 10 f,. par chaque kilomètres de
fil traversant la Ville et la banlieue.
On demandait donc létablissement gratuit dun
poste à lHôtel-de-Ville ;
Huit postes de police pour les huit arrondissements ;
Plus deux pour les nouveaux récemment établis ;
Quatorze postes de pompiers, dont les fils sont déjà
établis pour leur télégraphie actuelle ; mais
dont les détails devront être revus et sans doute modifiés
comme isolateurs particulièrement et généralement
appropriés à leur double fonction future ;
Deux postes aux établissements hydrauliques , soit vingt-sept
postes au lieu de quatorze offerts ;
Nous pouvons aussi juger, si vous le voulez bien, de l'importance
de la taxe que lon se proposait dappliquer.
L a Société compte, dans un temps assez rapide, posséder
environ cinq cents abonnés dont la moyenne de longueur de
fils serait de deux kilomètres. Le produit de la taxe devrait
donc être de : 5oo X 2 X 10 = 10 000 fr. Par abonné
20 fr.
Cette taxe devait porter en effet sur les abonnés, car la
Société avait déjà alors obtenu lhomologation
dun tarif que nous vous dirons plus loin et dailleurs
... Elle se refusait très absolument à supporter aucune
taxe.
Dans ces conditions le service des travaux propose à lAdministration
de remplacer les conditions ci-dessus par les suivantes déclarant
en passant quétant donné larrêté
dassimilation des fils téléphoniques aux fils
télégraphiques, il ne paraissait pas en effet, y avoir
plus de raisons dimposer les uns que les autres.
Voici quelles furent les conditions modifiées :
1.° Etablissement dun réseau téléphonique
complet pour relier lHôtel-de-Ville avec les postes
de police, les postes de pompiers, létablissement hydraulique
dEmmerin et le réservoir supérieur de lArbrisseau
;
2.° Installation dun indicateur magnétique permettant
de Connaître à chaque instant le niveau deau
du réservoir supérieur de lArbrisseau ;
3.° Obligations de placer les fils aériens du réseau,
en suivant pour la traversée des voies publiques, les indications
qui seront données par lAdministration municipale ;
4.0 Obligation par la Compagnie dopérer, à première
réquisition de lAdministration municipale , toutes
les modifications qui pourraient être réclamées
dans la hauteur et la direction des fils.
L Administration, à ce moment, avant que de vous présenter
son sentiment, voulut encore léclairer par la recherche
de précédents quavaient déjà créés
dautres villes. C est ainsi quà sa demande
il lui a été répondu par les villes de: 1.°
Nantes, 2.° Bordeaux, 3.° du Havre.
Enquête ouverte parlAdministration
Tarif dabonnement
Il est peut être intéressant de vous faire connaître
ces réponses ; nous allons vous les indiquer sommairement
:
Il fut répondu de Nantes :« Quil avait
été donné autorisation à la Société
des téléphones, autorisée par le Ministère»
des postes et télégraphes, de manière précaire
et révocable, la Ville réservant tous ses» droits.
»
De Bordeaux : Par lexposé de conditions particulières
aux poses souterraines et aériennes et par cette réflexion
que « dans lintérêt de la propagation des
communications téléphoniques , la Ville » de
Bordeaux renonçait, quant à présent du moins,
à frapper la Société d'une taxe ou »
redevance. »
Du Havre enfin : « Que la Ville avait autorisé
la Société à ses risques et périls,
sous privilège et aux » conditions du n.° 18 du
tarif de ses droits de voirie, et que jusquà présent
la Compagnie » navait pas, malgré ses efforts,
commencé à fonctionner. » Le n.° 18 du tarif
de voirie de la ville du Havre, Messieurs , frappe les fils ou cables
de télégraphie et de téléphonie particulières
soit aériens, soit souterrains, dune taxe de :
0.10 fr le mètre courant pour réseaux de 1 mètre
à 5oo par an ;
0.05 fr pour longueur de 501 à 1,000 mètres;
0.25 fr pour longueur de plus de 1,000 mètres ;
Ces droits poursuivant les abonnés jusquà leurs
appareils.
Au compte dabonnés que nous avons supposé à
Lille et pour leur longueur moyenne également supposée,
limposition au taux du Havre, serait à Lille de 5oo
X 2000 X 0,25=3 25,000 fr. Soit par abonné 25,000/500 = 5o
francs.
Cette taxe est, sans aucun doute, la raison qui fait que la Société
réunit très peu dabonnés au Havre, car
déjà le tarif homologué dabonnement à
ladite Société est assez lourd. Il est en effet de
:
400 fr. par an et par ligne ou de
375 fr. par an pour deux lignes à la même personne,
ou de
35o fr. par an pour trois lignes à la même personne.
Vous pouvez voir maintenant, Messieurs, par cet exposé, sans
doute très long pour une question paraissant aussi simple,
toute léconomie de la demande d'autorisation.
Avant que de vous dire quelles sont les conclusions de votre Commission
, nous allons vous rappeler quelles sont les dernières demandes
de lAdministration et quelle est la valeur de laccord
que la Société générale des téléphones
paraît être disposée à nous faire. Voici
dabord cet accord :
Daprès une discussion verbale qui a eu lieu en derniers
contacts entre lAdministration municipale représentée
par son Directeur des travaux et M. LARTIQUE , Directeur général
des téléphones (Société générale)
M. MONGY aurait dit à M. LARTIGUE : Nous sommes disposés
à vous donner lautorisation que vous recherchez, sauf
approbation par le Conseil municipal aux conditions que nous vous
avons dites déjà, mais à condition aussi ,
que vous nous établirez notre réseau et nos services
sans que nous intervenions pour quoi que ce soit. M. LARTIGUE aurait
promis de faire accepter ces conditions par la Société
générale des téléphones .
Cest à cette déclaration que nous faisions allusion
alors que nous vous disions quil était devenu inutile
de vous présenter létude que nous avions faite
des dispositions du cahier des charges.
La Société nous constitue par là des bénéfices
de services que nous pensons estimables et assez coûteux pour
elle.
En effet : En établissant le réseau à ses frais,
la Société peut avoir à payer à lEtat,
service des télégraphes, une redevance immédiate
de 260 fr. par kilomètre de fil, et, étant données
les dernières demandes de lAdministration , sans y
comprendre les fils des pompiers qui ne sont quà approprier
, ni le fil dEmmerin qui doit aussi exister , il y a environ
40 kilomètres municipaux à faire établir présentement.
Cela fait un sacrifice denviron 40 x 25o = 10.000 fr. plus;
pour entretien annuel à 20 fr. = 800 fr.
En nous constituant labonnement gratuit sur 27 postes ,plus
deux réclamés par lAdministration en dernier
lieu, soit sur 29 ; en distrayant lHôtel-de-Ville ,
considéré comme un bureau central municipal, soit,
au plus juste , 28 postes ou réseaux , il en vient un abandon
de 28 x 35o, tarif inférieur réduit au terme du cahier
des charges (article 6) à 175, cest-à-dire à
5o pour 100 , doù somme annuelle de 4,900 fr.C est
donc un sacrifice de 10 000 fr. une fois payés et une somme
de 4,900 x 800 = 5,700 fr. abandonnée annuellement.
Dans ces conditions donc, il paraît à votre Commission
superflu de gêner lessor de la Société
par laddition dune taxe quelconque , du moins appliquée
présentement.
Dans ses conclusions , votre Commission réserve dailleurs
tous vos droits à cet égard. Nous vous demandons la
permission de vous répéter maintenant les demandes
de lAdministration municipale à la Société
générale des Téléphones :
1.° Etablissement dun réseau téléphonique
complet reliant lHôtel-de-Ville avec la Préfecture
, les postes de police, les postes de Pompiers , labattoir,
lusine hydraulique dEmmerin et le réservoir supérieur
de lArbrissean ;
2.° Installation d'un indicateur magnétique permettant
de connaître à chaque instant le niveau de leau
du réservoir supérieur de lArbrisseau ;
3.° Obligation de placer les fils aériens du réseau
, en suivant, pour la traversée des voies publiques , les
indications qui seront données par lAdministration
municipale ;
4.° Obligation par la Société dopérer
à première réquisition toutes les modifications
qui pourraient être réclamées dans la hauteur
et dans la direction des fils.
Réflexions de la Commission.
Sur le premier point : Nous sommes daccord avec lAdministration;
mais nous proposons dy ajouter létablissement
, aux mêmes conditions , des postes futurs de pompiers et
de police. Ces postes additionnels devant en effet correspondre
à une augmentation de population provoquée par nos
efforts et nos dépenses , constituent pour la Compagnie des
chances de sûre clientèle dont elle nous doit reconnaissance.
Sur le second point : Nous sommes daccord également
et demandons quil soitajouté à lindicateur
un appareil denregistrement automatique. C est dailleurs
sans importance.
Sur les troisième et quatrième points : Nous ferons
observer quaux termes des rapports créés par
le cahier des charges du 26 Juin entre l Etat et la Société
, les obligations réclamées par lAdministration
municipale doivent porter, non sur la Société téléphonique,
mais bien sur le service détat des télégraphes
; toutefois , la Société générale des
Téléphones se déclarant certaine de lagrément
de lEtat, nous pensons suffisant de lui réclamer ces
dites obligations, quitte à elle de les obtenir de ses contractants,
et rien , du reste, nempêche lAdministration municipale
de rechercher conjointement cette même acceptation du service
dEtat.
Demande de la commission
Votre Commission, sortant maintenant du cadre de lAdministration
, vous demande de réclamer avec elle le raccord du bureau
central municipal indispensable à la rapidité des
communications, comme aussi à leur toute entière discrétion
... avec le « bureau central de la Société.
»
Voici pourquoi : Il se peut très bien que des rapports en
quelque sorte directs sétablissent entre ladministration
et certains abonnés , et même tous les abonnés
, et quinversement, des rapports sétablissent
des abonnés aux services municipaux.
Supposez , par exemple , des appels aux pompiers ou aux postes de
police pour cause dincendie ou de meurtre. Ces communications
deviennent précieuses .
Il est facile de réaliser cette communication. On le pourrait
faire par un seul fil ; mais il aurait le désagrément
de rendre les communications limitées à un seul service
à la fois.
On le peut faire avec deux fils et jouir dune réduction
de tarif déjà indiquée.
Votre Commission a pensé que trois fils seraient le nombre
à choisir pour la plus grande facilité de tous rapports
de lAdministration à abonnés, ou de tous rapports
inverses, dautant que le tarif, qui sapplique à
trois fils pour une même personne (collective ou non), est
encor einférieur et vous le connaissez à
celui de deux fils.
Ce service, dailleurs très peu coûteux, quoique
très agréable , doit être payé par nous
cependant, car la Société et lEtat nous démontrent
ici que le service nest plus exclusivement municipal, mais
est au moins mi privé.Toutefois, nous ne le paierions pas
au tarif ordinaire, car nous vous prierions de réclamer de
lAdm inisjration quelle veuille bien solliciter lapplication
du tarif réduit indiqué à larticle 6,
§ III et IV , du cahier des charges du 26 Juin 1879, qui stipule
:
« Quil sera (toutefois) accordé un tarif réduit
aux établissements publics de lEtat ou municipaux qui
seraient desservis par une entreprise. »
E t que :
« Le taux de la réduction sera déterminé
par le Ministre des Postes et Télégraphes , sans »
pouvoir dépasser la moitié de la taxe applicable aux
particuliers. »
Notre sacrifice annuel
Donc , le taux pour trois lignes à une même personne
sera pour nous , sans nul doute , de 35o f r . x 0,5, = 175 fr.
par ligne, soit dç 175 x 3 = 525 fr. par an, comprenant linstallation
à faire par la Société téléphonique
, comme aussi lentretien.
Soins municipaux.
Quant au service municipal, il sera très bien assuré
par le personnel actuel organisé, s dépenses pour
cela, à la condition peut-être de quelques soins supplémentaires
. II réclame un service nocturne, déjà assuré
par les pompiers.
En résumé, Messieurs , votre Commission des
travaux vous propose :
1.° Le vote des conclusions de lAdministration
municipale;
2.° Le vote des conclusions de votre Commission des travaux
;
3.° Le vote, par suite, dune imputation annuelle de 525
fr. pour le service conjugué du public et de lAdministration
.
En appuyant toutefois sur ce point que votre autorisation est accordée
sans privilège, ni monopole.
Elle vous demande par surplus et à titre de vu :
Dexprimer le désir de voir à lavenir,
et le plus tôt possible , opérer par le consentement
du Ministre des Postes et des Téle'graphes , le raccord entre
les abonnés des lignes téléphoniques et les
services télégraphiques spéciaux, pour lexpédition
directe des télégrammes et vice-versa , pour leur
directe réception.
M. MARSILLON sétonne de voir figurer, parmi les conditions
réclamées par la V ille , la pose dun indicateur
magnétique, destiné à indiquer le niveau deau
dans le réservoir de lArbrisseau. Ce nest pas
là de la téléphonie.
M. le RAPPORTEUR répond quétant donnée
la nécessité détablir un fil le long
de la distribution deau, il devenait facile dobtenir
lindication électrique du niveau des bassins , et que
lAdministration a agi véritablement dans un intérêt
municipal en réclamant cet indicateur.
Les conclusions du rapport de la Commission sont ensuite mises
aux voix et adoptées.
|
Pour Lile, l'aventure commence, le bureau est installé
au 3 de la place de la gare, les lignes sont construites sur le toit des
immeubles, le réseau est inauguré le 1er mai 1882 avec 26
lignes et 94 demande sont en attente. Le 1er avril 1883 se sera le tour
de de Roubaix-Tourcoing qui ouvrira son réseau.
sommaire
1882
Antoine Breguet décédera en 1882, son partenaire Alfred
Niaudet en 1883, et Louis Breguet, a près de 80 ans
est incapable de supporter ces malheurs, il meurt une quinzaine de jours
après Niaudet. Il semble que l'usine de production de téléphone
de Breguet ait été reprise par Clément Ader.
En juillet 1882, le Ministre des Postes et Télégraphes
obtint un crédit de 250 000 Francs destiné à expérimenter
l'exploitation de réseaux téléphoniques dans certaines
villes de province.
A.Cochery émet un décret qui permet l'établissement
et l'usage des lignes télégraphiques d'intérêt
privé.
Ce qui permet de pouvoir relier des lignes privées au réseau
télégraphique de l'état ou bien de relier entre eux
deux établissements privés.
Les frais d'établissement sont de 250 francs par km de ligne, les
frais d'entretien sont de 20 francs par an et par km de ligne et
l'état prélève un droit d'usage de la ligne de 15
francs par an et par km de ligne
Dès 1882
- la Société Générale des Téléphones,
la souveraine, sinquiéte des trops nombreux constructeurs qui commençaient
à proposer des téléphones pour les installations
domestiques et à lui faire de l'ombre
- la Société général
des téléphones obtint du gouvernement de pouvoir
relier sur un même fil à abonnement réduit, deux abonnés
habitant un même immeuble.
Un appareil spécial installé à chaque étage
permet à chacun des locataires de communiquer avec tous les abonnés
du réseau et réciproquement.
Dans les administrations importantes, la Société générale
des Téléphones a eu l'idée d'installer des petits
réseaux téléphoniques destinés à desservir
tous les services intérieurs. De petites lignes, partant des bureaux
des différents chefs de services d'une même administration,
viennent aboutir à un tableau central à plusieurs directions
; ces lignes peuvent être en nombre illimité.
Le tableau central étant relié
lui-même au bureau central du réseau de la Société,
il s'ensuit que chaque chef de service peut, de son bureau, être
directement mis en communication, non seulement avec ses collègues,
mais avec tous les abonnés du réseau.
|
La figure gauche représente un de ces tableaux
à plusieurs directions, qui est la réduction d'un
bureau central d'administration.
Le nombre des directions est variable
La figure droite est un poste central mobile composé
d'une planchette horizontale supportant une boîte forme pupitre,
en acajou, noyer ou bois noir, sur laquelle sont montés des
leviers qui font office de commutateurs Jack-Knives, et qui contient
la bobine d'induction, les communications et le crochet commutateur
automatique pour mettre le poste sur sonnerie ou sur téléphone,
crochet auquel on suspend l'appareil téléphonique
combiné.
Le tout est monté sur un pied en fonte.
A droite un autre modèle Berthon-Ader
|
|
|
Ce poste central est composé d'une planchette verticale
munie de bornes, avec annonciateurs à disque et commutateurs Jack-Knives,
grand modèle, cordon avec fiche, repos de fiche, crochet pour suspendre
les cordons de communication à deux fiches et place réservée
pour un appareil transmetteur Ader, ou pour un appareil transmetteur Berthon;
le tout monté au double fil.
La Société a donné une forme encore plus pratique aux
postes centraux destinés à desservir ces réseaux locaux;
elle a construit des postes mobiles, aussi gracieux que commodes, comportant
chacun un nombre plus ou moins grand d'annonciateurs et de commutateurs
et qui permettent à chaque chef de service d'être relié
directement aux autres chefs de service ou à leurs subordonnés
sans passer par un poste central commun. Tous les services si nombreux de
la Compagnie générale Transatlantique, dans son hôtel
de la rue Auber, sont ainsi reliés entre eux et de plus sont, mis
en communication, par un poste central spécial, avec le réseau
de Paris. C'est le type parfait de ces d'installations.
Outre que cette prodigalité de lignes, dont l'utilité n'est
pas toujours démontrée, est une charge pécuniaire,
elle est surtout une grande source d'embarras pour les personnes qui ont
à s'adresser à ces administrations. On ne sait sur quelle
ligne on doit sonner pour avertir la personne avec laquelle on a besoin
de s'entretenir.Il arrive souvent qu'un chef de service se trouve dérangé
pour un autre, ce qui est un ennui pour lui et une perte de temps pour celui
qui demande.
Remarquons en passant que dans plusieurs administrations un certain nombre
de lignes téléphoniques relient différents services
directement avec le réseau de Paris.
Ces inconvénients sont dus à l'incompétence pratique
des personnes qui sont chargées de faire faire ces installations.
Il est facile de les éviter, en concentrant sur un même point
toutes les lignes appartenant à une même administration.
C'est d'ailleurs ce qu'ont fait plusieurs administrations bien avisées,
sur les conseils de personnes compétentes.
Toute personne ayant à s'adresser à ces administrations correspond
directement avec un fonctionnaire chargé spécialement de ce
service.
Selon la nature du renseignement demandé, celui-ci le fournit immédiatement
ou met le demandeur en communication directe avec le service ou la personne
intéressée.
De la sorte, nul n'est dérangé inutilement et toute demande
reçoit une prompte solution. Economie de temps et d'argent.
sommaire
|
Beaucoup de maisons de commerce
un peu importantes, à Paris et dans les grandes villes
de province,
possédaient déjà le téléphone.
Les municipalités de Marseille, de Lyon, de Bordeaux organisèrent
des réseaux dits municipaux.
|
Les postes de pompiers, les bureaux d'octroi, les commissariats
de police et les divers grands services de l'administration de chaque
ville furent reliés à un poste central placé à
la mairie. Les villes du Havre, de Rouen, suivirent cet exemple , d'autres
moins importantes s'y rallièrent. La province devança
Paris dans cette voie.
Mais ces réseaux municipaux, sauf deux ou trois, comme ceux de
Marseille, de Lyon, de Calais, sont absolument fermés et, contrairement
à ce qui existe dans tous les autres pays, il serait difficile
de trouver dans la liste des abonnés des réseaux urbains,
une ligne téléphonique pouvant permettre au public de
se mettre en rapport, soit avec un poste de police, soit avec un poste
de pompiers, en cas de sinistre ou d'incendie .C'est seulement en 1889
que fut établie une ligne téléphonique reliant
le réseau de Paris avec l'état-major des sapeurs-pompiers
,quartier général d'incendie).
Vers la fin de 1882, en même temps que l'on s'occupait de l'installation
d'un réseau téléphonique à Nice, on établissait
un poste de téléphone près de cette ville, au sommet
du Mont-Vinaigre, le point le plus central des montagnes de l'Estérel.
On a construit sur le Mont-Vinaigre une maisonnette où se tiennent
deux gardiens chargés de donner le signal lorsque des incendies
se déclarent dans la forêt de l'Estérel. Toutes
les maisons forestières de l'Estérel sont reliées
entre elles par un réseau téléphonique qui communique
avec l'inspection centrale dont le siège est à Fréjus
A PARIS : A partir de 1882 cependant le réseau se structure
et ses caractéristiques techniques se mettent en place. Borné
par les fortifications le réseau téléphonique parisien
s'organise autour de 9 puis 12 bureaux "centraux". Ceux-ci
sont bien entendu manuels.
L'établissement des communications se fait ainsi : Quant
un abonné veut parler à un autre il peut se présenter
deux cas :
1° le second abonné habite le même arrondissement téléphonique,
c'est le cas le plus simple ;
2° le second abonné habite un autre arrondissement ; la téléphoniste
du bureau À, appelée par le premier abonné, appelle
le bureau D, qui appelle à son tour le second abonné".
Hormis l'adoption précoce des circuits â deux fils, choix
"moderniste" dont on ne cessera par la suite de féliciter
la S. G. T. les caractéristiques du réseau sont encore
très frustes. Tous les câbles sont isolés, sur le
modèle des câbles sous-marins, â la gutta percha*
II n'existe que deux types de câbles. D'une part les lignes auxiliaires
qui relient entre eux les bureaux. D'autre part les câbles qui
desservent les abonnés : les deux fils constituant chaque circuit
sont réunis dans les égouts en câbles de sept paires
toronnées et protégées par une enveloppe de plomb.
Le reseau a cependant fait l'objet de quelques choix de structure deliberes.
Ainsi la societe explique que "tous les fils qui joignent les divers
bureaux centraux de Paris passent tous par un point central situe 27
avenue de l'Opera. On aurait pu etablir des lignes allant par le chemin
le plus court du bureau A a chacun des autres, du bureau B a tous ceux
des lettres suivantes, du bureau C aux suivants etc. Cette methode aurait
meme diminue la longueur totale de cable employe a ce service. On a
cependant prefere le systeme du point central d'ou rayonnent les fils
venant de tous les bureaux" .
Cela permet de tirer parti des rosaces sur lesquelles les fils correspondant
a chaque abonne sont disposees a l'aboutissement des cables "si
on reconnait que le bureau C fait un usage peu actif de ses fils auxiliaires
avec D tandis que les communications entre D et I sont actives et sont
quelquefois retardees par le manque de lignes, la manoeuvre a faire
est facile... On disjoint un fil double CD a son extremite C dans la
rosace et on le relie a un cable libre venant du
bureau I.
Cette adaptation du reseau au trafic observe ne vaut pas seulement pour
les lignes auxiliaires. Pour faciliter le travail des operatrices "il
y a lieu de reunir (sur les tableaux) autant que possible, les abonnes
en groupes sympathiques, si on nous permet cette expression, c'est-a-dire
en groupes de personnes causant le plus habituellement ensemble. Cette
distribution des abonnes n'est pas une chose une fois faite ; il y a
des mutations frequentes pour diverses raisons changement, de domicile
d'un abonne, arrivee d'un nouvel abonne, etc.
Ce type de gestion du réseau correspond à un petit réseau.
Parallélement , après Cornéluis
Herz, des travaux sont repris et développés par un électricicn
belge, M. Van Rysselberghe, directeur du service météorologique
de Bruxelles, ils ont donné des résultats dans le monde
scientifique , mais l'idée et les études préliminaires
sont entièrement dues au docteur Ilerz.
Les essais de M. Van Rysselberghe furent faits entre Paris
et Bruxelles, le 17 mai 1882, à une distance de 544
kilomètres.
M. Van Rysselberghe, outre qu'il supprime l'induction dans les fils
voisins, comme l'avait fait son prédécesseur, est arrivé
à ce résultat remarquable, de pouvoir faire fonctionner
en même temps, et sur un même fil, un appareil téléphonique
et un appareil télégraphique.
La revue "L'Electricen" nous raconte :
Des expériences téléphoniques très intéressantes
, et qui peuvent avoir des conséquences pra liques importantes
, ont été faites , le mois dernier , entre Paris et Bruxelles
. M. van Rysselberghe , directeur du service
météorologique de Belgique , inventeur du nouveau procédé
, a , d'une part , perfectionné le téléphone ,
et de l'autre , il a trouvé un système faisant disparaitre
l'induction occasionnée par les lignes télégraphiques
. Enfin , il a atteint ce résultat remarquable de pouvoir faire
travailler , en même temps , sur un même fil , un appareil
télégraphique et un appareil téléphonique
, en sorte que l'on peut à la fois sur ce fil faire passer une
conversation et un échange de dépêches .
Voici , par exemple , deux messages qui ont été envoyés
simultanément le 17 mai 1882 .
Par le Morse on a transmis ce qui suit :
A Monsieur Call , directeur - ingénieur des télégraphes
. Je prie monsieur le directeur - ingénieur Caël de recevoir
par Morse , de Bruxelles à Paris , mes compliments les plus affectueux
; la présente depeche passée , en même temps qu'un
télégramme téléphonique , à M. le
ministre Cochery , sur l'unique fil qui nous relie en ce moment .
En même temps le téléphone dictait le message
suivant :
A Monsieur COCHERY , ministre des postes
et des lélégraphes . Je suis heureux de transmettre à
M. le Ministre des postes et des télégraphes de France
, au nom de l'administration des télégraphes de Belgique
, la première dépêche téléphonique
Transmise entre Bruxelles et Paris , par une méthode due à
M. van Rysselberghe et permettant de transmettre par un même fil
des télégrammes ordinaires en même temps que des
dépêches parlées .
Je suis certain d'être l'interprète de M. le Ministre des
travaux publics de Belgique en exprimant à M. le Ministre des
postes et des télégraphes de France toute la satisfaction
que nous éprouvons en constatant la possibilité d'aug
menter encore les relations entre les deux pays .
Dans d'autres expériences, faites avec beaucoup d'attention,
par l'administration française, en 1882, entre Paris et Nancy,
on a fait franchir à la
voie 555 kilomètres. Pendant une heure les ingénieurs
conversèrent entre eux d'une gare à l'autre, au moyen
du fil de la ligne télégraphique.
Bien mieux que les Américains avec le
système Hopkins à la même époque,
des expéricncs faites en France, avec le téléphone
de M. le Dr Cornélius Herz, on a pu transmettre
la parole beaucoup plus loin, puisqu'on a pu parler de Tours à
Brest, en passant par Paris, sur une longueur de circuit de 1140
kilomètres, avec le fil de fer de 4 millimètres des
télégraphes
.1882-1883 Evolution du téléphone
dans le monde en nombre d'abonnés
Derrière
les Etats unis, la France est plutôt bien équipée.
sommaire
1883 la SGT décide
de leur faire un procès pour contrefaçon pour essayer
d'enrayer cette concurence.
La SGT est représenté par Armengaud Jeune, ingénieur
conseil et administrateur de la société, et J.E.Engrand
avoué de 1ere instance auprès du tribunal de la Seine.
Suivirent des saisies descriptives chez certains constructeurs et fait
assigner devant le tribunal de la Seine des sociétés dont
: La Société anonyme Maison Bréguet; Maiche, Lenczewski,
Journaux, De Locht-Labye , Beillahache, M portevin fils... Mildé
fils, la Société du gaz de nice , Bert et D'Arsonval,
D'Argy ...
A.Jeune expert en brevet tend à prouver que les appareils dérivent
des brevet français d'Edison pour l'emploi du micro à
charbon et de la bobine d'induction.
Le régime des réseaux exploités
par l'Etat fut également fixé par un arrêté
en date du 1er janvier 1883.
Pour diminuer la dépense à la charge de l'Etat, l'Administration
admit le principede la contribution de l'abonné en vue de l'établissement
de la ligne : l'abonné avance une certaine somme et l'Etat le
rembourse en ne lui faisant pas payer ses futures redevances annuelles.
L'abonnement est moins élevé que celui de la S.G.T., il
est de 200 Francs pour les réseaux de moins de 200 abonnés
et 150 Francs pour les autres mais contrairement à la S.G.T qui
fournit le poste, les abonnés doivent acheter leurs appareils.
L'Etat installe le poste et fournit les piles et les accessoires moyennant
une redevance supplémentaire de 75 Francs. Pourla même
prestation et pour un réseau de plus de 200 abonnés, le
coût à la S.G.T est donc de 400 Francs et 425 Francs pour
un réseau d'Etat.
l'État qui a certes concédé les réseaux
de certaines villes à l'industrie privée, n'en a pas pour
autant renoncé à ses droits, et décide d'ouvrir
en propre des réseaux téléphoniques dans d'autres
villes, moins peuplées, donc moins favorables à l'essor
du téléphone.
Ainsi, le 1er avril 1883, l'Administration ouvre-t-elle à l'exploitation
téléphonique les réseaux téléphoniques
des villes de Reims et de Roubaix-Tourcoing puis Saint
quentin le 31 décembre 1883.
De son côté la Société Générale
mettait en service ses derniers réseaux :
- Calais le 1er juillet 1883,
- Rouen le 15 juillet 1883,
- Alger le 26 juillet 1883,
- et Oran le 10 août 1883.
|
En 1883, larchitecte du nouvel Hôtel
de ville de Paris ouvre un marché pour linstallation
dun service complet de 400 sonneries électriques dalarme,
dun service dincendie de 45 postes et dun système
de 100 porte-voix pour la correspondance des cabinets.
Charles Mildé remporte la totalité du marché
en proposant dinstaller, au même prix, un service
téléphonique complet à la place des porte-voix.
Il sassocie alors avec Arthur dArgy qui vient
de mettre au point un microphone à poudre de charbon et ils
déposent ensemble un brevet pour « un nouveau poste
téléphonique à bon marché »
En 1884, Charles Mildé a lidée
daméliorer légèrement le microphone dArgy
et dépose un brevet à son seul nom, spoliant alors
linventeur
|
sommaire
Au 1er janvier 1883, la Société générale
des Téléphones comptait 2.692 abonnés à Paris
et 1.500 dans les autres départements.
En septembre de la même année,
le nombre total des abonnés de la Société s'élevait
à 4.739, répartis de la manière suivante :
Paris, 2.992; Lyon, 528 ; Marseille, 336 ; Bordeaux, 280; le Havre, 191;
Lille, 128; Nantes, 89; Saint-Pierre-lès-Calais,85; Rouen, 62;
Oran, 30; Alger,18.
A Rouen, le réseau ne put être établi qu'en 1883.
Une des causes du retard qu'a subi l'établissement
définitif des lignes dans cette ville provient de la difficulté
qu'éprouva la Société à obtenir des propriétaires
l'autorisation de poser les supports sur les toits de leurs immeubles.
Saint-Pierre-les-Calais (Calais-Saint-Pierre depuis la fusion des deux
municipalités), aujourd'hui le premier centre manufacturier du
Pas-de-Calais, est une des villes de France où le téléphone
a pris le plus rapide accroissement.
Au 1er décembre 1883, son réseau téléphonique
comptait 87 abonnés, tandis que Rouen n'en avait à la même
époque que 63 pour une population plus que triple.
Un certain nombre d'installations téléphoniques furent faites,
dans le courant de cette année, chez des propriétaires d'usines
de Paris et des environs qui ont leurs fabriques et leurs maisons reliées
par une ligne téléphonique privée.
Au 31 décembre 1883, la SGT compte 3 039 abonnés.
A PARIS, Le plus gros central, Opéra,
a 603 abonnés ; le plus petit rue Lecourbe en a 50.
les canalisations souterraines : A partir de 1882,
le réseau se structure, et ses caractéristiques techniques
se mettent en place.
Borné par les fortifications, le réseau téléphonique
parisien s'organise autour de huit, puis de douze bureaux «
centraux ».
RÉPARTITION DES BUREAUX
CENTRAUX de PARIS.
Les chiffres placés au-dessous du nom de chaque
bureau indiquent la classe d'abonnés desservis par ce bureau
;
l'abonné 728-43 sera relié au 43e Jack de la 28e section
du multiple de Saxe ;
l'abonné 1018-24 sera relié au 24e jack de la 18e
section du nouveau multiple des Archives
Mais la répartition par centraux a évolué.
Le quartier de l'Opéra y compris le secteur de la rue Lafayette
compte toujours un fort pourcentage d'abonnés mais le coeur
du système s'est déplacé vers les quartiers
industriels et commerciaux de la rue Etienne Marcel et de la place
de la République.
Plus de détails
sur les Réseaux et Centraux manuels.
|
|
Le musée Grévin fut mis en communication
avec le concert de l'Eldorado. Tous les soirs des auditions téléphoniques
théâtrales avaient lieu au musée.
Plus tard ce musée fut également relié aux théâtres
des Nouveautés et des Variétés.
sommaire
En juillet 1883, l'hôtel et la maison
de banque de M. le baron de Rothschild, rue Laffitte, à
Paris, furent mis en communication téléphonique avec
le château de Ferrières, une des résidences
du baron Alphonse de Rothschild ,dans le département de Seine-et-Marne.
Cette installation comprend 90 kilomètres de fils doubles.
A l'aide d'un commutateur spécial, M. de Rothschild peut communiquer
à tous les instants du jour et de la nuit, de son château
de Ferrières, avec tous les abonnés du réseau
de Paris.
C'est le 21 mars 1885 que fut créé la Compagnie
des signaux magnétiques et communications téléphoniques.
Siège à Paris au 51rue Vivienne par Corléluis
Herz et Adren François Hebrard
Il a été construit un poste à appel magnétique
et à transmetteur microphonique par la Compagnie des signaux
magnétiques et communications téléphoniques.
ce poste a été expérimenté entre les bureaux
de MM. Rothschild frère rue Laffitte et le château de
Ferrières, distance de 38 kilomètres, qui a donné
les résultats les plus satisfaisants.
Ce poste est représenté dans les figures ci dessus.
Le microphone est du système Hughes et chaque poste possède
deux éléments Lalande et Chaperon fixés au dos
des parois latérales de la boîte. Cet appareil est dune
sensibilité excessivement grande. La figure gauche donne une
vue extérieure du poste complet; la figure droite montre la
disposition des organes intérieurs. |
Dans le département de Seine-et-Oise, 12 postes
téléphoniques reliaient entre eux les établissements
des grandes fabriques Decauville.
Les fils aboutissent à Petit-Bourg, Évry et Corbeil; de
sorte que les chefs de gare de ces trois localités peuvent prévenir,
par le téléphone, M. Decauville de l'arrivée en gare
de ses marchandises.
Depuis le l° septembre 1883, les grandes compagnies de chemins de
fer de France ont adopté le téléphone comme appareil
avertisseur concurremment avec le télégraphe.
A cette époque, la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest reliait
par une ligne téléphonique ses deux grandes gares de Paris,
Montparnasse et Saint-Lazare.
Des postes téléphoniques dits postes de secours furent posés
à la gare Saint-Lazare, ainsi que dans les stations de Bois-Colombes
et Colombes embranchement.
sommaire
Le succès qui venait de couronner les efforts de la Société
générale des Téléphones, avait fait comprendre
aux plus incrédules toute la valeur de la nouvelle invention et
l'avenir qui lui était réservé.
Aussi, dans la session ordinaire de 1882, le ministre des postes et des
télégraphes demanda aux Chambres et en obtint un crédit
de 250.000 francs destiné à expérimenter l'exploitation
de réseaux téléphoniques dans certaines villes de
province.
Pour diminuer les dépenses de premier établissement, l'administration
fit participer l'abonné aux frais de construction de la ligne;
voici les bases du régime sous lequel les réseaux de l'État
sont exploités d'après l'arrêté du 1er janvier
1883.
La part contributive de l'abonné aux frais d'installation est :
Pour les lignes aériennes dans le périmètre de distribution
gratuite des télégrammes par kilomètre de fil simple
de.................................. 150 francs
Pour les lignes souterraines : En câble multiple............. 500
francs, En câble simple............... 900 francs
En dehors du périmètre de distribution gratuite, les fils
sont considérés comme des lignes privées, et soumis
aux règlements spéciaux. Les appareils sont également
fournis par l'abonné.
Ainsi un abonné, relié au bureau central par un fil de 1
kilomètre, aura à payer au moment de la mise en service
de sa ligne :
Pour 1 kilomètre de ligne....... 150 francs
Pour achat d'appareil............. 133 francs
Pour piles et installations........ 75 francs
Soit un total de...................... 300 francs
sommaire
Juste pour le plaisir de raconter, 1883 est
aussi une date importante pour ce siècle des découvertes :
|
- Le 24 décembre 1883, lingénieur
allemand Paul Nipkow, alors étudiant à Berlin,
réalise pour la première fois dans une chambre dhôtel
le balayage dune image à laide dun disque
percé de trous : le principe de la télévision
naissait, avant dêtre breveté en 1884.
Se basant sur ce procédé, ainsi
que sur les travaux notamment de Herz,
de Marconi et de Braun (tube cathodique), linventeur écossais
John Baird présente en 1926 son procédé
de réception dimages, quil nomme « Televisor
».
Le public voit apparaître sur lécran la première
émission télévisée : le visage de
deux ventriloques.
|
Le chant du téléphone. On découvre
ce qu'on appellera plus tard le "larsen" , phénoméne
redouté ds acousticiens et musiciens.
On désigne ainsi un phénomène
très curieux que plusieurs expérimentateurs ont déjà
signalé, et sur lequel de récentes observations de M.
Deckert, de Vienne, attirent plus particlièrement l'attention.
Il consiste dans ce fait qu'un téléphone placé
dans des conditions déterminées, peut, en quelque sorte,
entretenir sa propre vibration et faire entendre un son indéfiniment
prolongé. Les dispositions à prendre pour réaliser
l'expérience sont très simples en elles-mêmes,
ne demandent qu'un peu de soin et de bons appareils : un microphone
de grande sensibililé étant mis en court circuit sur
sa batterie et le fil primaire de sa bobine d'induction, on place
un téléphone, de préférence bipolaire,
de construction soignée, en face et à faible distance
du microphone. Si, dans ces conditions, on vient, en soufflant ou
en sifflant, à ébranler la couche d'air qui sépare
les deux appareils, le récepteur téléphonique
rend un son qui pourra ne cesser que lorsque le courant qui actionne
le microphone aura pris fin.
Le son émis est assez intense et de hateur variable, selon
les appareils utilisés; il persiste lorsqu'on intercale un
diaphragme de faible épaisseur; un tube de même diamètre
que l'intervalle le renforce, de même que l'adjontion de quelques
éléments de pile. Avec des appareils de précision,
le téléphone chante dès qu'on le touche légèrement,
ou même parfois spontanément.
On a donné diverses explications de ce phénomène
: une l'attribue à l'action du courant dont les variations
se traduiraient par des effets calorifiques, puis acoustiques, la
fréquence des vibrations allant en s'affaiblissant ; une autre
en fait une théorie purement acoustique. La plus plausible
et la plus complète de ces théories paraît être
celle qu'en donne M. A.-W. Lamberg; elle repose sur ce fait connu,
que le passage d'un courant constant par un contact imparfait, mobile
et élastque, met en vibration le conducteur lui-même,
qui produit une sorte de bourdonnement : ce serait le cas du microphone.
Pour expliquer le chant du téléphone, M. Lamberg distingue
trois périodes : la première impulsion part de la membrane
du microphone, dont le mouvement vibratoire est modifié par
suite du ouvement de l'atmosphère ambiante; le contact des
charbons devient plus parfait et la résistance diminuant, le
courant primaire acquiert plus d'intensité : cela se traduit
dans la deuxième période par des courants induits qui
influencent le magnétisme du téléphone; enfin
le troisième terme de cette série est le phénomène
acoustique de la vibration de la. colonne d'air qui se trouve entre
les diaphragmes des deux appareils. Entre ces trois moments il s'exercerait
une action réciproque, analogue k celle qui se produit entre
le système inducteur et linduit d'une dynamo qui s'amorce et
qui tendrait à renforcer le phénomène jusqu'à
son maximum d'intensité.
Quoi qu*il en soit de l'exactitude de ces causes, le chant du téléphone,
ainsi provoqué par le seul rapprochement convenable des deux
principaux organes téléphoniques, serait susceptible
d'être transmis à distance et deviendrait le sujet d'applications
nouvelles très intéressantes , dont quelques-unes sont
déjà brevetées. |
sommaire
En 1884, au 31 mars,
la S.G.T dessert en tout et pour tout 11 villes avec un
total de 5.079 abonnés en France+Algérie, dont 3.227
pour Paris.
(Nous parlons bien d'abonnements réels 1 abonnement=1
ligne téléphonique reliée au central, et non pas
du nombre de "postes de toute nature", notion flatteuse qui
permettait de doubler artificiellement le nombre d'abonnés au téléphone,
en comptant les multiples téléphones souvent branchés
en parallèle sur les lignes... Ces deux notions étant souvent
confondues par erreur dans les divers ouvrages rédigés a
postériori).
Les 11 villes desservie sont : Paris, Lyon, Marseille,
Bordeaux, Nantes, Lille, le Havre, Rouen, Saint-Pierre-lès-Galais,
Alger et Oran.
En 1884 furent mis en service les réseaux de Halluin, Troyes, Nancy,
Dunkerque et Elbeuf.
La concession accordée à la S.G.T. en 1879 arrivant à
terme en 1884, cette expérience avait pour but de fournir de précieux
renseignementssur l'un ou l'autre mode d'exploitation, le 19 juin 1884,
paraît au Journal Officiel, page 3187, un Rapport daté
du 4 mai 1884 adressé au Président de la République,
sur l'organisation des services des Postes et des télégraphes
avant et depuis l'année 1878. Ce rapport est chargé de faire
le point, notamment sur le développement téléphonique
en France depuis 1879.
Les termes de la nouvelle concession furent consignés dans le cahier
des charges du 18 juillet 1884. Ils reproduisaient les principales clauses
de celui de 1879 :
- La concession est accordée pour cinq ans,
- Le permissionnaire paie à l'Etat, à titre de droit d'usage,
10 % des recettes brutes,
- L'Etat construit et entretient les résaux aux frais des concessionnaires
et peut à tout moment racheter le matériel de l'entreprise.
De son côté le permissionnaire est chargé de l'introduction
des fils à l'intérieur des immeubles,d'installer les téléphones
chez les souscripteurs, d'assurer le service téléphonique
en installant les centraux et en rémunérant les techniciens
et les demoiselles du téléphone.
Il y est détaillé qu'en seulement une année d'exploitation,
la ville de Reims compte une densité d'abonnés par habitants
supérieure à celle des villes placées sous concession
privée de la S.G.T depuis 4 années. (23 abonnés pour
10.000 habitants pour Reims) supérieure à la meilleure densité
d'une ville sous concession de la S.G.T (allant de 3 à 22 abonnés
pour 10.000 habitants)
En conclusion, en une seule année d'exploitation, l'Administration
des Postes et Télégraphes fait mieux que la S.G.T en 4 années
d'exploitation...
L'arrêté du 26 juin 1879 est remplacé
par l'arrêté du 18 juillet 1884 (BO P&T 1884 n°20
page 845) autorisant à nouveau l'industrie privée à
demander, à partir du 8 septembre 1884, une nouvelle autorisation
d'exploitation, et fixant le cahier des charges.
Dans la foulée, la seule société privée qui
exploite encore des réseaux téléphoniques en France,
la Société Générale des Téléphones,
parvient à faire renouveler sa concession pour 5 années
de plus.
LEtat crée la première ligne importante,
reliant le réseau de la ville de Reims au palais de la bourse
de Paris, quil équipe de cabines téléphoniques.
Jugeant certainement la situation précaire, la S.G.T. diminua ses
investissements. Elle céda à l'Etat le réseau de
Lille et mit en service son dernier réseau à Saint-Etienne
le 15 juillet 1884.
Par contre les affaires de l'Etat devenaient florissantes
et en 1884 furent mis en service les réseaux de Halluin, Troyes,
Nancy, Dunkerque et Elbeuf.
Le premier réseau Normand fut celui d'Elbeuf
mis en service le 25 novembre 1884 avec 46 abonnés.
sommaire
|
LES
CABINES TÉLÉPHONIQUES
Avant la fin de 1884, on commença l'installation
de cabines téléphoniques publiques à Paris
et dans quelques villes de province.
Ces cabines, qui rendent tant de services, existent actuellement,à
Paris, dans tous les bureaux de postes et télégraphes
et les bureaux centraux de la Société générale
des Téléphones, au nombre de 82 à Paris,
et 77 dans les villes de province. |
Ce
service fut ouvert au public le 1er janvier 1885.
Fin 1885, Paris compte
35 cabines enregistrant chacune une trentaine de communications hebdomadaires
Le
régime de ces communications a été fixé par
décret du 31 décembre 1884, dont voici les termes
Le Président
de la République française.
Vu l'article 2 de la loi du 2l mars 1878 ;
Vu la loi du 5 avril 1878;
Sur le rapport du Ministre des Postes et des Télégraphe
;
Décrète :
|
Article
premier.
|
Toute
personne peut, à partir des cabines téléphoniques
mises par l'Étatà la disposition du public, correspondre,
soit avec une autre personne placée dans une cabine téléphonique
de la même ville, soit avec un abonné du réseau.
La taxe à percevoir pour l'entrée dans les cabines publiques
est fixée, par cinq minutes de conversation : A Paris, à
0 fr. 50
Dans toutes les autres localités de France, d'Algérie
et de Tunisie, à 0 fr. 25 |
Article
2.
|
Des communications
téléphoniques à distance peuvent être
mises à la disposition du public.
Les lignes auxquelles est appliquée cette mesure sont indiquées
par décision ministérielle.
La taxe à percevoir par cinq minutes de conversation de ville
à ville est fixée :
Pour toute distance inférieure à 100 kilomètres,
à 1 franc.
Cette taxe peut être réduite à 50 centimes lorsque
les deux villes entre lesquelles l'échange des conversations
par téléphone a lieu, ont été classées,
par décision du Ministre des Postes et des Télégraphes,
comme faisant partie d'un seul et môme groupe téléphonique.
Les conditions dans lesquelles cette taxe est perçue, soit
sur la personne qui demande la communication, soit par moitié
sur chacune des deux personnes en correspondance, et en général
toutes les conditions d'exécution du service sont déterminées
par arrêtés du Ministre des Postes et des Télégraphes.
Fait à
Paris, le 31 décembre 1884. Signé : JULES GRÉVY.
Par le Président de la République,
Le Ministre des Postes et des Télégraphes,
Signé : AD. COCHERY.
sommaire
|
Depuis cette époque toute personne est admise à
communiquer avec n'importe quel abonné au réseau de Paris
aux conditions suivantes :
Les personnes non abonnées au service téléphonique
du Paris, payent une taxe de 50 centimes pour cinq minutes de conversation.
Dans toutes les autres localités de France, d'Algérie et
de Tunisie, 23 centimes.
Le gouvernement délivre aux abonnés de Paris, sur
la présentation de leur contrat, une carte d'abonnement,
dont le prix est de 40 francs par an, et qui leur permet de communiquer
dans tous les bureaux téléphoniques et bureaux de quartiers
de la Société générale des Téléphones
indistinctement.
La Société générale des Téléphones
remet à tous ses abonnés, sur la présentation de
leur contrat d'abonnement, des cartes de communication, leur donnant droit
de communiquer gratuitement dans tous les bureaux de quartiers de la Société
générale des Téléphones, mais dans ses bureaux
seulement.
Chaque abonné a droit à autant de cartes qu'il a d'abonnements.
Les cercles et les établissements publics, tels que cafés,
restaurants, hôtels, etc, abonnés aux réseaux téléphoniques
concédés à l'industrie privée, sont autorisés
à mettre le téléphone à la disposition de
leurs membres ou clients, moyennant le payement d'un abonnement double
de celui qui est fixé par le tarif applicable aux abonnés
ordinaires.
Le deuxième abonnement perçu par le permissionnaire revient
intégralement à l'État.
Le produit des communications par cabine publique est entièrement
acquis à l'État dans les réseaux de l'État
; dans les réseaux de la Société, il se partage entre
l'État et la Société.
Après neuf heures du soir, le public n'était pas admis toutefois
àtéléphoner dans les cabines de Paris; depuis le
1er avril 1887, un certain nombre de cabines ont été mises
à sa disposition après neuf heures dans les bureaux suivants
:
Toute la nuit : bureau n° 44, rue de Grenelle ;
Jusqu'à minuit : bureau n° 92, rue Boissy-d'Anglas .
...................................... 11, avenue de l'Opéra;
.......................................89, au Grand-Hôtel;
11 heures du soir: bureau n° 5, place de la République;
.......................................17, rue des Halles ;
.......................................26, gare du Nord ;
.......................................33, boni, de l'Hôpital;
.......................................45, av. des Ch.-Elysées
:
.......................................91, boul. Saint-Denis.
sommaire
1883 - 1885 à NICE
jeudi 14 juin 1883 Le Petit Niçois nous apprend quune
entreprise de la ville vient d'installer un téléphone, qui
serait le troisième à Nice.
À noter quil sagit encore de liaisons point à
point et que, dun poste dappel, on ne peut joindre que le
seul correspondant auquel le câble vous relie.
« Téléphones. Un troisième téléphone
a été établi hier à. Nice.
Cest la Société générale de transports
qui la fait établir pour mettre en communication ses bureaux
de la rue Gubernatis avec ses remises situées au quartier Riquier.
On sait quil existait déjà deux téléphones
dans notre ville : lun entre la Caisse de Crédit et la Villa
de M. Sicard à Saint-Jean ; lautre entre le Théâtre
Français et le café de la Maison Dorée. »
Un autre article du Petit Niçois paru le 6 mars 1885 écrit
« Téléphone. À la suite dune
démarche auprès de M. le ministre des postes et télégraphes,
des avantages plus sérieux viennent dêtre accordés
à notre ville pour létablissement dun réseau
téléphonique. M. Cochery persiste toujours il est
vrai à refuser une exploitation quelconque des téléphones,
exploitation quil ne saurait concéder à une cité
sans être immédiatement assiégé de demandes
analogues, mais il consent, en faveur de Nice, à une nouvelle réduction
dans le chiffre des abonnements pour commencer les travaux.
Ce chiffre, qui avait déjà été réduit
à 80 au lieu de 200, se trouve maintenant fixé à
50. Dans ces conditions excellentes nous espérons que nos concitoyens
sempresseront de profiter des faveurs accordées par le gouvernement
à la ville de Nice et que prochainement fonctionnera parmi nous
cet utile et rapide moyen de communication. »
1885
L'affaire de contrefaçon de 1882 intentée par la SGT
refait surface.
Les avocats de la SGT produisent un document pour instruire le futur procès
( à lire dans la lumière électrique du 21 mars 1885),
pour Louis Maiche la conclusion est sans appel "Ce parleur de M.Maiche
reproduit tous les caractères distinctifs du système Edison";
L.Maiche ne peut pas luter contre la mauvaise foi de la puissante et souveraine
SGT. Et c'est pareil pour les autres sociétés poursuivies
: La Société anonyme Maison Bréguet; Lenczewski,
... Bert et D'Arsonval, d'Argy, Mildé ....
Cela entraina la faillite de Locht Labye ainsi que d'autres constructeurs.
1885 Avec la constructions des appareils télégraphiques
et des progrès ininterrompus, les lignes aériennes n'avaient
pas évoluées depuis plus de trente ans sous le régne
des télégraphes jusqu'à ce que Lazare Weiller,
ingénieur Français, signala le parti qu'on peut tirer pour
la fabrication des lignes téléphonies du bronze phosphoreux.
En cherchant à se rendre compte du rôle joué par la
phosphore dans la conductibilité du bronze, Lazare Weiller fut
conduit à substituer le phosphore par le silicium pour aboutir
au bronze siliceux bien plus avantageux sur tous les plans pour construire
nos réseaux téléphoniques.
On peut lire l'étude de 1885 "Construction
des réseaux électriques aériens en fils de bronze
silicieux" de Vivarez, Henry
1885 Conformément aux conventions passées
entre le ministre des postes et télégraphes et la Société
générale des Téléphones, les abonnés
du réseau téléphonique de Paris pourront prochainement
expédier et recevoir leurs dépèches télégraphiques
par le téléphone. A cet effet, on procède actuellement
à l'établissement, dans le bureau télégraphique
central de la rue de Grenelle-Saint-Germain, d'un service téléphonique
qui fonctionnera de jour et de nuit.
Les télégrammes échangés dans ces conditions,,
seront soumis à la taxe du tarif en vigueur ; mais les abonnés
qui voudront profiter de cette nouvelle mesure, devront contracter un
abonnement supplémentaire, dont le ministre a fixé le montant
à la somme de 50 francs par an.
Toujours en 1885 , en revenant du Portugal où il a effectué
des expériences à grande distance, M. Van Rysselbergh
a eu une entrevue avec M. Cochery au sujet de l'installation
des communications téléphoniques entre Rouen et le Havre,
Les travaux sont déjà commencés dans les bureaux
télégraphiques de ces deux villes et, d'ici peu de temps,
les abonnés des réseaux pourront correspondre entre eux,
comme le font déjà ceux d'Anvers et de Bruxelles.
1885 Le
gouvernement s'occupa de la réception et de la transmission des
dépêches télégraphiques par téléphones.
Conformément à une convention passée entre le Ministre
des Postes et des Télégraphes et la Société
générale des Téléphones, depuis le 15 février
1885, les abonnés du réseau téléphonique de
Paris peuvent expédier et recevoir leurs dépêches
télégraphiques par le téléphone. Un service
téléphonique qui fonctionne de nuit et de jour est établi
à cet effet dans le bureau télégraphique central
de la rue de Grenelle.
Les télégrammes échangés dans ces conditions
sont soumis à la taxe du tarif en vigueur ; mais les abonnés
qui veulent profiter de cette mesure doivent contracter un abonnement
supplémentaire, dont le montant fixépar le ministre, est
de 50 francs par an.
Le texte des dépêches adressées aux abonnés
de ce service doit être précédé du mot : TÉLÉPHONE.
Toute dépêche téléphonée est en même
temps confirmée par écrit par le service ordinaire des tubes
pneumatiques.
La Société générale des Téléphones,
étant responsable vis-à-vis de l'État de l'acquittement
des taxes à percevoir pour les dépêches transmises
par téléphone, peut exiger que chaque abonné à
ce service spécial lui constitue une provision eu rapport avec
l'usage qu'il compte en faire.
Les dépêches en langues étrangères ne peuvent
être transmises par téléphone.
L'administration supérieure a pris les dispositions suivantes concernant
la façon d'utiliser les bons de réponses payées dans
le cas des télégrammes téléphonés à
domicile :
1° L'autorisation de conserver et utiliser les bons de réponse
sera donnée au receveur du bureau n° 44, au lieu et place des
agents de la Société.
2° Toute dépêche avec réponse payée, restituée
au poste central après avoir été transmise par téléphone
à l'abonné, sera envoyée au bureau n° 44.
3° Le bureau n° 44 établira le bon de réponse dans
tous les cas de dépêches téléphonées,
le conservera s'il en a l'autorisation, et l'appliquera eh établissant
les taxes à un télégramme expédié par
le bénéficiaire
du bon.
4° Si l'autorisation n'a pas été donnée, le bon
sera inséré dans le télégramme à expédier
par les tubes au destinataire. Sur l'adresse du télégramme
et sur le reçu, il sera fait mention de l'envoi du bon.
Nota. L'abonnement annuel de 50 francs, mentionné ci-dessus,
donne, en même temps, le droit d'user du service des communications
interurbaines, c'est-à-dire de communiquer avec tous les réseaux
téléphoniques reliés ou à relier à
celui de Paris, dans les conditions prévues par l'arrêté
ministériel du 2 février 1887.
Par suite de cette convention, il fut décidé que la transmission
des télégrammes par téléphone pourrait être
faite clans plusieurs villes, notamment à Bordeaux et à
Marseille. Il fut décidé, en outre, que des cabines téléphoniques
publiques seraient placées dans certains bureaux des postes et
télégraphes de ces villes.
En 1885 Edouard ESTAUNIÉ ingénieur
des télégraphes, réalise avec son collègue
Émile Brylinski le premier dispositif permettant de mesurer les
courants électriques dans les lignes téléphoniques.
Ce système obtiendra une médaille de bronze à l'Exposition
Universelle de Paris en 1889
sommaire
Nous donnons ci-après le texte d'un décret
du 20 octobre 1889 (l'État ayant pris possession de tous
les réseaux téléphoniques le 1er septembre) paru
au Journal officiel du 23 du même mois ayant pour objet d'autoriser
et de réglementer la transmission téléphonique des
télégrammes
Article
premier.
|
Les
abonnés aux réseaux téléphoniques
urbains peuvent expédier et recevoir des télégrammes
par la ligne qui les rattache à ces réseaux.
La transmission de ces télégrammes est effectuée
gratuitement, sauf l'exception visée ci-après
; mais elle est subordonnée au dépôt préalable
d'une provision destinée à garantir le remboursement
de la taxe télégraphique.
Dans les villes comportant un réseau souterrain, l'abonné
qui se propose d'user de la disposition qui précède
est tenu de verser annuellement, et d'avance, une redevance
de 50 francs. |
Article
2.
|
Les
localités autres que les chefs-lieux de canton peuvent
être reliées à un bureau télégraphique
au moyen d'un fil téléphonique.
Ce fil et le bureau téléphonique qui le dessert
sont établis avec la participation des communes intéressées.
La part contributive de ces communes aux frais de premier
établissement est fixée à 100 fr. par
kilomètre de ligne neuve à construire, ou à
50 fr. par kilomètre de fil à établir
sur appuis déjà existants et à 300 fr.
pour fournitures d'appareils et installation du poste téléphonique. |
Article
3.
|
Dans
les localités possédant une recette des postes,
le service téléphonique est confié
au receveur.
Dans toutes les autres, le gérant des bureaux téléphoniques
et son suppléant sont désignés par
le maire après avoir été agréés
par le directeur départemental. Ils devront être
remplacés sur la demande de l'administration.
Ils bénéficient sur la transmission des télégrammes
des mêmes remises que les gérants des bureaux
télégraphiques municipaux.
Ils prêtent le même serment professionnel.
|
Article
4.
|
Toute
personne peut expédier et recevoir des télégrammes
par une ligne téléphonique municipale.
La transmission de ces télégrammes est effectuée
gratuitement, mais elle est subordonnée au payement
de la taxe télégraphique.
Le payement de cette taxe est effectué entre les mains
du gérant du bureau téléphonique. Si
ce gérant n'est pas en même temps receveur des
postes, ses recettes et ses dépenses sont comprises
dans la comptabilité du bureau télégraphique
avec lequel il communique. |
Article
5.
|
Tout
télégramme destiné à être
distribué par un bureau téléphonique
municipal est soumis à des frais d'exprès à
moins que la municipalité n'ait pris ses dispositions
pour que cette distribution puisse s'effectuer gratuitement. |
Article
6.
|
Un
télégramme ne peut être téléphoné,
soit par une ligne urbaine, soit par une ligne municipale,
que s'il est écrit en français, en langue claire
et si son texte n'excède pas cinquante mots. |
Article
7.
|
.Le
président du conseil, ministre du commerce, de l'industrie
et des colonies, est chargé de l'exécution du
présent décret qui sera inséré
au Journal officiel et au Bulletin des lois. |
Fait
à Paris, le 20 octobre 1889
|
En 1885, l'Administration ouvre la première
liaison grande distance entre Rouen et Le Havre
sommaire
LES COMMUNICATIONS INTERURBAINES
C'est aussi en 1885, que le gouvernement entreprit l'établissement
des lignes téléphoniques interurbaines.
Le 16 janvier de cette année, deux communications à longue
distance furent mises à la disposition du public entre Rouen et
le Havre (192 kilomètres).
Les abonnés du réseau téléphonique de ces
deux villes peuvent correspondre entre eux à partir de leur domicile,
en payant une taxe de 1 franc par cinq minutes de conversation.
Entre Auxerre et Clamecy, sur le canal de l'Yonne, une installation téléphonique
établie par l'administration des ponts et chaussées, avec
des appareils du système Ader, relie, entre elles, toutes les écluses
sur une longueur de 63 kilomètres. 40 postes fonctionnent parfaitement
bien depuis 1883.
Du reste, depuis 1882, la direction technique des télégraphes,
des départements du Nord et du Pas-de-Calais, avait appliqué
ce système de communication aux canaux de ces deux départements.
Aux mines d'Anzin, une installation analogue de 38 postes téléphoniques,
faite par la Société générale des Téléphones,
en 1883, relie toutes les gares de la Compagnie et toutes les fosses de
la région.
En janvier 1886, le
nombre total des abonnés, en France, était de 7.173.
répartis sur 22 réseaux.
Onze de ces réseaux, exploités par la Société
générale des Téléphones, formaient un total
de 6.180 abonnés.
A cette époque l'État fit construire des lignes téléphoniques
entre Paris et Reims, Rouen et le Havre, Lille et Roubaix-Tourcoing.
En juillet de la même année le téléphone fut
substitué au télégraphe pour relier les différentes
stations du chemin de fer à voie étroite de Vahnondois (Aisne)
Vu dans le journal de physique : théorie du téléphone
magnétique transmetteur.
|
Mercadier 1886
téléphone à reception multiple
|
Le 24 février 1887,
à huit heures du matin, a été inauguré le
service de la correspondance téléphonique entre Paris
et Bruxelles.
La distance est de 333 kilomètres.
A la Bourse de Paris, le public a l'usage de deux cabines dont l'une est
affectée aux communications d'une façon permanente.
A Bruxelles, une cabine accessible jour et nuit est installée au
bureau du dépôt des télégrammes. Une seconde
cabine, établie près de la grande salle des réunions,
est ouverte au service pendant les heures de la Bourse seulement.
Extrait du journal La Nature, n°714 du 21 février 1887 :
Samedi dernier, 29 janvier, a eu lieu
linauguration officielle de la ligne téléphonique
de Paris à Bruxelles. Toutes les personnes invitées
à cette cérémonie ont été vivement
frappées de la netteté et de la clarté des communications.
On a mis aussi à létude les moyens à adopter
pour
relier la ligne aux postes dabonnés des deux réseaux
ce qui lui donnerait une valeur considérable. On a également
essayé, la semaine dernière, de transmettre à
Bruxelles la musique de lOpéra de Paris ; lexpérience
a bien réussi et Sa Majesté la Reine a pu entendre de
son palais tout un acte de Faust. Actuellement la ligne relie deux
cabines respectivement placées dans les bourses des deux capitales.
Elle est aérienne sur tout son parcours, sauf dans lintérieur
de Paris, depuis la porte de la Villette jusquà la Bourse
; dans cette partie elle est faite suivant le système Fortin
Hermann, qui, comme on le sait, supprime les effets de retardation
présentés par les lignes souterraines ordinaires et
place celles-ci dans des conditions analogues à des fils aériens.
La ligne comprend deux fils, aller et retour, de bronze siliceux de
3 millimètres de diamètre, se croisant à chaque
poteau. Cest à cette disposition, ainsi quà
lemploi dun métal de haute conductibilité,
quest due la netteté de la transmission. Les appareils
placés dans les cabines des deux bourses, sont ceux qui sont
employés dans tous les postes dabonnés ; on nà
pas eu besoin davoir recours à des téléphones
très sensibles, comme sur la ligne de Paris à Reims. |
Quelques mois plus tard, un second article nous en dévoile
les aspects techniques La Nature, n°756 du 26 novembre 1887 :
Il y a aujourdhui neuf mois que
louverture du service téléphonique de Paris à
Bruxelles a eu lieu : les résultats obtenus ont dépassé
les espérances, et lencombrement de cette ligne est devenu
tel à certaines heures de la journée, quil a fallu
songer à doubler le service en établissant une seconde
ligne dont la construction, est, ou va être terminée.
Nous croyons donc intéressant de résumer les conditions
dinstallation techniques qui ont permis de réaliser effectivement
ces communications, et dutiliser la ligne aux communications
télégraphiques et téléphoniques simultanées.
Disons tout dabord que la netteté des transmissions téléphoniques
entre Paris et Bruxelles nemprunte absolument rien aux vertus
particulières des transmetteurs et récepteurs téléphoniques
employés. Tous les microphones et téléphones
expérimentés ont donné sensiblement les mêmes
résultats satisfaisants. La facilité relative des transmissions
tient simplement à la nature de la ligne, à double fil,
en bronze phosphoreux ou silicieux de très grande conductibilité
et aérienne, dans la plus grande partie de sa longueur qui
est de 320 km, soit 640 km de fil total. Cette ligne comporte trois
tronçons distincts, lun en bronze phosphoreux, le deuxième
en bronze silicieux, le troisième en câbles enfermés,
système Fortin-Hermann, de la Chapelle à la Bourse de
Paris. La résistance totale de la ligne ne dépasse pas
1 600 ohms, ce qui, joint à lemploi du double fil contribue
à assurer une excellente transmission téléphonique.
La ligne est anti-inductée par un croisement des deux fils
à chaque poteau ; ils se substituent lun à lautre
dans le prolongement de chaque ligne et égalisent les effets
dinduction des nombreux fils télégraphiques parallèles
voisins par une succession de boucles dans lesquelles ces effets dinduction
étant égaux et de signes contraires, sannulent
à peu près omplètement.
Les appareils employés à Paris sont des microphones
dArsonval avec des récepteurs dArsonval ou Aubry.
À Bruxelles on fait usage des microphones Berliner ou Dejongh
avec des récepteurs Bell. Les piles qui desservent le circuit
microphonique (les deux postes fonctionnent avec des bobines dinduction)
sont à Paris, les éléments de Lalande et Chaperon
; à Bruxelles des piles Leclanché, modèle à
sac de M. Warnon.
Les combinaisons des circuits assez complexes exigés aux deux
bureaux où aboutissent les lignes, Bourse de Paris et Bourse
de Bruxelles, sont toutes faites à partir dun tableau
général. La figure montre les dispositions densemble
de ce tableau pour le poste de la Bourse de Paris : toutes les communications
des circuits entre eux sétablissent à laide
de crochet Sieur, dont la manoeuvre est très rapide et qui
donnent des contacts très sûrs. |
Une seconde ligne téléphonique directe,
de Paris à Bruxelles, a été ouverte au public le 13
mars 1888.
Le nombre des cabines aux Bourses des deux villes a été doublé.
Aux termes d'une convention établie entre les gouvernements français
et belge, le tarif d'abonnement des correspondances téléphoniques
entre Paris et Bruxelles est établi ainsi qu'il suit :
Mensuellement, pour un usage quotidien
de 10 minutes consécutives ou moins........ 100 fr.
plus de 10 minutes jusqu'à 20 minutes........200 fr.
plus de 20 minutes jusqu'à 30 minutes....... 300 fr.
plus de 30 minutes jusqu'à 40 minutes....... 400 fr.
plus de 40 minutes jusqu'à 60 minutes ...... 300 fr.
plus de 60 minutes jusqu'à 70 minutes....... 530 fr.
plus de 70 minutes jusqu'à 80 minutes....... 600 fr.
et ainsi de suite en augmentant de 30 francs par période de 10 minutes.
Voici le régime des abonnements :
Les correspondances de plus de 10 minutes s'opèrent en une ou plusieurs
séances de 10 minutes au maximum; la communication n'est maintenue
à l'expiration de chaque période de cette durée que
s'il n'y a aucune autre demande en instance. Le montant des taxes est perçu
par anticipation.
La durée de l'abonnement est d'un mois au moins; elle se prolonge
de mois en mois par tacite reconduction. L'abonnement peut être résilié
de part et d'autre moyennant avis donné quelques jours à l'avance.
Il n'est fait aucun décompte de taxe à raison d'une interruption
de service d'une durée de 2f[ heures au moins. Passé ce délai
de 24 heures, il est remboursé à l'abonné, pour chaque
période nouvelle de 24 heures d'interruption, un trentième
du montant mensuel de l'abonnement.
Jusqu'à disposition contraire à concerter entre les administrations
des postes et télégraphes, les correspondances du régime
de l'abonnement ne sont point admises durant les heures de la tenue des
Bourses de Bruxelles et de Paris.
Les communications d'État jouissent de la priorité attribuée
aux télégrammes d'État.
La date de la mise en vigueur du régime d'abonnement n'est pas encore
fixée.
Voici les documents officiels concernant ce nouveau service :
RÉPUBLIQUE
FRANÇAISE MINISTÈRE DES POSTES ET DES TÉLÉGRAPHES
Le Président de la République,
Vu l'article 2 de la loi du 21 mars 1878 ;
Vu la loi du 5 avril 1878;
Vu l'article 17 de la convention télégraphique
internationale de Saint-Pétersbourg et l'article 67
du règlement de service annexé à cette
convention et revisé à Berlin ;
Décrète : |
Article
premier. |
La
taxe à percevoir pour les communications téléphoniques
entre Paris et Bruxelles est fixée à 3 francs
par cinq minutes de conversation |
Article
2.
|
Les
produits de ces taxes seront répartis entre la France
et la Belgique dans la proportion déterminée,
pour le partage des produits des taxes télégraphiques,
par l'arrangement conclu entre les deux pays à la date
du 22 juin 1886. |
Signé
: JULES GRÉVY
Par le Président de la République,
le Ministre des Postes et Télégraphes.
Signé : F. GRANET.
Pour ampliation :
Par le Chef de bureau du Personnel.
Signé : LEROY
|
REPUBLIQUE
FRANÇAISE MINISTÈRE DES POSTES ET DES TÉLÉGRAPHES
Le Ministre des Postes et des Télégraphes,
Vu le règlement de service arrêté, en
exécution de l'article 9, de la convention internationale,
le 1er décembre 1886;
Vu l'article h de ce règlement;
Arrête : |
Article
premier.
|
Les
abonnés au réseau téléphonique
de Paris, qui en feront la demande au Ministre, pourront être
autorisés à communiquer avec Bruxelles à
partir de leurs domiciles. |
Article
2.
|
Les
modifications qu'il pourrait être nécessaire
d'apporter aux postes téléphoniques de ces abonnés
seront faites par les soins de la Société concessionnaire
du réseau de Paris aux frais des abonnés. |
Article
3
|
La
liste de ces abonnés sera tenue au bureau de lu Bourse
et un compte sera ouvert à chacun d'eux. |
Article
4
|
Chacun
de ces abonnés devra verser une provision de soixante
francs (60 francs) représentant vingt communications
de cinq minutes sur laquelle sera prélevé
le montant des taxes à percevoir pour les communications
données avec Bruxelles.
|
Dès
que ces prélèvements auront réduit
la provision d'un abonné à 20 francs ou au-dessous,
cet abonné sera invité à compléter
sa provision normale de 60 francs.
Il est interdit aux agents des cabines d'accorder des communications
aux abonnés dont la provision serait épuisée.
|
Article
5.
|
Les
conditions applicables à ces communications seront
celles qui sont en vigueur pour les conversations échangées
à partir de la cabine de la Bourse, c'est-à-dire
que les cinq minutes de conversation commenceront à
partir du moment où les deux correspondants sont
mis en relation effective.
|
Article
6.
|
Le
présent arrêté sera déposé
au cabinet du Ministre bureau du Personnel) pour être
notifié à qui de droit. |
Fait
à Paris, le 23 février 1887.
Signé : F. GRANET.
|
|
sommaire
CONSTRUCTION DE LA LIGNE
DE PARIS A MARSEILLE
Nous donnons ci-après la description de l'installation de la ligne
téléphonique qui relie Paris à Marseille.
En raison des distances considérables que l'on est parvenu à
franchir, cette ligne fait, en quelque sorte, époque dans l'histoire
de la téléphonie.
Le lecteur aura ainsi un aperçu de la construction des lignes
téléphoniques interurbaines.
De la Bourse de Paris, elle est souterraine jusqu'à la gare de
Vincennes, place de la Bastille; elle devient aérienne sur le reste
du parcours. Elle suit le chemin de fer de Vincennes jusqu'à la
ligne de Grande Ceinture, par laquelle elle rejoint le chemin de fer de
Paris à Mulhouse.
Elle quitte cette ligne à Troyes, et va rejoindre, à Dijon,
la ligne de Marseille.
Son développement est. en chiffres ronds, y compris les croisements,
changements, etc., de 1.000 kilomètres, soit pour le circuit complet,
de 2.000 kilomètres.
S'écartant quelque peu de la ligne principale de Paris à
Marseille, les fils téléphoniques passent par Troyes, Dijon,
Arles, Marseille. Ils sont en cuivre de haute conductibilité. Leur
diamètre est de 4,Smm. Le poids est d'environ 146 kilogrammes par
kilomètre et le prix de 2 fr. 30 le kilogramme.
La construction de la ligne téléphonique de Paris à
Marseille a coûté près d'un million.
La longueur moyenne des couronnes est de 200 mètres.
Le raccordement s'opère suivant le mode de jonction adopté
pour les lignes télégraphiques, à l'aide de manchons
et non de ligatures, le tout recouvert d'une soudure spéciale.
Il se trouve donc une soudure tous les 200 mètres de fil courant
; il faut ajouter à ce nombre considérable de points de
jonction, les soudures placées aux croisements des conducteurs,
supérieurs et inférieurs.
Les conducteurs placés en tète des appuis, sont posés
ainsi : le premier fait face à la voie, le second est fixé
du côté opposé à 50 centimètres au-dessous
de l'autre. En ligne, c'est-à-dire hors des villes et en libre
parcours, ils sont alternés de kilomètre en kilomètre,
pour l'atténuation des effets d'induction.
Sur certains points où les dispositions du réseau ordinaire
le permettent, les croisements n'ont été faits que de deux
en deux kilomètres. Ce cas se présente pour quelques départements.
Par contre, à proximitédes grandes nappes de fils des lignes
principales des départements du Rhône ou des Bouches du-Rhône,
l'alternat des fils de bronze se trouve beaucoup plus rapproché.
Pour la traversée de certains tunnels qu'il n'était pas
possible d'éviter, on a raccordé les sections aériennes
à l'aide de câbles du type Fortin-Hermann, composés
de fils de cuivre de haute conductibilité, enfilés séparément
dans des chapelets de petits cylindres en bois paraffiné, puis
tordus ensemble au nombre de six, permettant d'établir deux autres
circuits téléphoniques. La torsade entière est contenue
dans un tube de plomb très épais, dont les sections sont
réunies à l'aide de manchons spéciaux
sommaire
|
On aEnfin, il n'est fait usage
comme supports, et pour assurer un isolement parfait, que
d'isolateurs grand modèle double cloche. adopté
la disposition suivante : soit A l'appui, B le fil supérieur
placé face à la voie, C le fil inférieur
regardant l'extérieur de la voie. On place en avant
du poteau un isolateur double aa' ; puis toujours en avant,
un isolateur simple b à 0,25m au dessous du précédent. |
On fixe en arrière du poteau un second isolateur
simple V à la hauteur de b et, à 0,25m au-dessous
de lui, un isolateur double cc' séparé ainsi verticalement
du premier support aa' par une distance de 0,20m. Le fil supérieur
antérieur Best arrêté, comme il est dit plus
loin, sur l'isolateur a, passe sur l'isolateur b et de là
sur le fil inférieur postérieur C'. Inversement, le
fil B' supérieur descend en arrière du poteau sur
le support postérieur b' et se rattache en c au fil postérieur
inférieur C..
Les figures ci contre montrent le mode de raccord par manchons employés
dans la construction des lignes en fil de bronze.
|
|
Manchon de ligne
Les deux brins passent dans
le manchon et, au lieu de se couder simplement sur une longueur
de quelques millimètres, le dépassent de chaque
côté de plusieurs centimètres. Les fils
de bronze devenant aigres et cassants quand ils sont
chauffés et refroidis trop vivement, ce qui peut se
produire lors de la confection des manchons, pour éviter
une rupture du crochet et, par suite, du fil, on roule, à
droite et à gauche sur le fil opposé, les brins
laissés en excédent (fig. 118). Le tout est
noyé dans la soudure. Le manchon viendrait-il à
se rompre, les torsades se serrent en glissant l'une vers
l'autre et la communication n'est pas interrompue.
|
Manchon de croisement. -
- Les deux fils traversent le manchon et se recouvrent comme ci-dessus.
Mais, en outre, un fil de bronze de 1 millimètre de diamètre
passe entre les brins principaux et s'enroule ensuite d'un côté
sur le fil de ligne, de l'autre sur la tringle de croisement. Le
tout, d'une grande solidité, est noyé ensuite dans
la soudure.
|
Ainsi établie, la ligne offre une résistance
électrique moyenne de 1.08 ohm par kilomètre
L'oeuvre des ambulances urbaines a décidé,
au commencement de 1887, d'employer le téléphone
pour mettre l'hôpital Saint-Louis, où est établi le
premier poste de secours, en communication avec les postes avertisseurs
destinés à signaler les accidents et à demander des
secours. Ces postes, au nombre de vingt-neuf, pour le moment, sont placés
chez les pharmaciens et dans les bureaux de police et reliés par
des lignes souterraines spéciales : ils fonctionnent actuellement
et rendent les plus grands services.
Au Havre, les grands paquebots sont souvent obligés de rester plusieurs
heures en rade en attendant l'heure de la marée pour pouvoir entrer,
et lorsqu'ils arrivent pendant la nuit ou par un temps brumeux, il est
impossible de les signaler à la Compagnie Transatlantique, qui
ne peut, par conséquent, prendre les dépêches ou les
passagers.
Aussi cette Compagnie a fait relier téléphoniquement, en
1888, la rade du Havre avec la ville et,
par suite,avec Paris, puisqu'il existe déjà une communication
téléphonique entre les deux villes.
La Compagnie a mouillé en rade une bouée téléphonique
de forme cylindro-conique, qui est reliée par un câble avec
la terre.
Tous les grands bateaux de la Compagnie étant pourvus d'une installation
téléphonique, il suffit de relier le téléphone
à bord avec la bouée.
Le nombre des abonnés reliés aux différents réseaux
de la Société générale des Téléphones
était :
1880 de 537 en 1881 -- 1 893
1882 -- 3 519 en 1883 -- 4 804
1884 -- 5 636 en 1885 -- 5 694
1886 -- 6 748 en 1887 -- 7 588
1888 -- 8 549
répartis dans onze réseaux.
La Société générale des Téléphones
paye à l'État une redevance de 10 % sur les recettes brutes
de tous les réseaux qu'elle possède en France. Elle paye
également, à la ville de Paris, un droit de passage des
fils téléphoniques dans les égouts, qui est calculé
à tant par mètre de fil. Ce droit augmente dans la même
proportion que la longueur des câbles.
Les redevances payées à l'État et à la ville
de Paris se sont élevées pour
1879 à la somme de fr. . .2.424.70
1880 ............................16.082.30
1881.............................79.463.72
1882...........................277.502.94
1883...........................417.384.19
1884...........................523.637.06
1885...........................543.718.46
1886...........................659.324.99
1887...........................717.804.23
1888...........................813.415.92
Pendant la période de 1880 à 1888, l'État a reçu
pour prélèvements divers........ 3.729.422 fr. 47
En 1887, arrive la
première liaison internationale entre Paris et Bruxelles. Il en
coute une taxe de 3 Francs pour cinq minutes de conversation.
sommaire
1888
En octobre 1888, le gouvernement, préoccupé
d'assurer l'extension des communications téléphoniques, étudie
une combinaison nouvelle.
Cette combinaison est destinée à permettre l'établissement
de réseaux téléphoniques dans les villes qui n'en sont
pas encore dotées, sans obliger l'État à immobiliser
un capital, et à lui assurer en outre, au bout d'un petit nombre
d'années, sans qu'il ait eu à s'exposer à aucun risque
ni à supporter aucune charge, la valeur importante que représente
un réseau téléphonique.
Elle fit l'objet d'un projet de loi qui fut voté par les deux Chambres
et promulgué le 22 décembre 1888.
Voici la convention passée entre l'État et la ville de Limoges,
qui doit servir de base à l'établissement de tous les réseaux
urbains
Entre les
soussignés :
M. le Directeur général des Postes et des Télégraphes,
agissant au nom et pour le compte de l'État, sous la réserve
de l'approbation de II. Le Ministre des Finances, d'une part,
Et M. Fourneau (Léon), chevalier de la Légion d'honneur,
adjoint, agissant aux lieu et place de M. Tarrade (Adrien), maire,
absent, au nom et pour le compte de la ville de Limoges, en vertu
d'une délibération du conseil municipal en date du dix
octobre mil huit cent quatre-vingt-huit, d'autre part, il a été
convenu et stipulé ce qui suit : |
Article
premier.
|
Un réseau
téléphonique sera établi par les soins de l'administration
des Postes et Télégraphes pour l'usage des habitants
de la ville de Limoges, dans un délai de quatre mois à
partir du jour où le présent traité sera devenu
définitif.
La ville de Limoges avancera à l'État :
1° Toutes les dépenses de premier établissement;
2° Les frais d'entretien et d'exploitation du réseau.
Celle double obligation prendra fin lorsque la Ville sera remboursée
de ses avances, en exécution des articles 3 et 4 ci-après. |
Article
2.
|
Les
dépenses d'établissement afférentes à
la construction et à l'installation du poste central téléphonique
et des appuis nécessaires pour recevoir quatre cents fils sont
fixées à forfait à la somme de dix-huit mille
quatre cent cinquante-sept francs (18.457 fr.).
Celles afférentes à la construction des lignes sont
fixées à cent cinquante francs (150 fr.) par kilomètre
de fil.
Les sommes avancées à titre de dépenses d'établissement
seront versées avant l'exécution des travaux.
Les frais d'entretien seront calculés à raison de vingt
francs (20 fr.) par an et par kilomètre de fil.
Les frais d'exploitation seront calculés à raison de
deux mille francs (2.000 fr.) par an et par cinquante abonnés
ou fraction de cinquante abonnés, et d'une somme complémentaire
de mille francs (1.000 fr.) par an et par vingt-cinq abonnés
on fraction de vingt-cinq abonnes en plus des cinquante premiers abonnés. |
Les
sommes avancées à titre de frais d'entretien et d'exploitation
seront versées avant la mise en exploitation des lignes.
Tous les versements seront faits à titre de fonds de concours
à la caisse du trésorier général du département. |
Article
3.
|
L'État
sera propriétaire des lignes construites, mais il délègue,
dès à présent, à la ville, le droit d'encaisser
à son profit toutes les sommes qui seront dues par les abonnés,
soit comme contribution aux frais d'établissement de leurs
lignes, soit comme abonnement pour l'usage de ces lignes, jusqu'à
concurrence des sommes avancées à l'État pour
dépenses de premier établissement, d'entretien ou d'exploitation. |
Article
4
|
L'État
se réserve la faculté de mettre à toute époque
fin à la dite délégation en remboursant à
la Ville les sommes dont elle sera restée à découvert
du chef des versements effectués à l'État.
Si ce remboursement était rendu nécessaire par l'adoption
d'un projet confiant à l'industrie privée l'exploitation
des réseaux téléphoniques appartenant à
l'État, il pourrait n'être effectué qu'en prenant
pour bases les termes et conditions auxquels se ferait la concession
de cette exploitation; mais, dans ce cas, les avances faites par la
Ville produiraient intérêts au taux de quatre pour cent. |
Article
5
|
La ville de
Limoges s'engage par avance à adopter les mesures de comptabilité
usuelles qui seraient jugées nécessaires pour assurer
le contrôle des recettes dont le recouvrement lui est attribué
par la présente convention. |
Article
6
|
Toute disposition
résultant d'actes législatifs ou réglementaires,
ou de décisions administratives en vigueur ou à intervenir
en ce qui concerne les réseaux téléphoniques
de l'État, s'appliquera de plein droit an réseau téléphonique
de Limoges. |
Article
7
|
La présente
convention sera soumise à l'approbation des Chambres.
|
Article
8
|
Les frais
de timbre et d'enregistrement sont à la charge de la ville
de Limoges.Fait double à Limoges le 14 octobre mil huit cent
quatre-vingt-huit. |
Signé
: L. POUMEAU, adjoint.
Signé : G. COULON.
|
sommaire
En 1887, en France,
l'exploitation interurbaine manuelle est complètement généralisée
entre toutes les villes qui sont équipées d'un réseau
téléphonique urbain déjà en service.
1888
SITUATION DES
LIGNES TÉLÉPHONIQUES INTERURBAINES
VILLES
on sont établis
les réseaux
|
DATE
de la mise en
service
|
NOMBRE
D'ABONNÉS EN
|
1880 |
1881 |
1882 |
1883 |
1884 |
1885 |
1886 |
1887 |
1888 |
PARIS
|
Septemb. 1879
|
479
|
1245
|
2347
|
3039
|
3784
|
3983
|
4548
|
5276
|
6120
|
LYON
|
Octobre...1880
|
33
|
216
|
356
|
498
|
582
|
344
|
694
|
730
|
755
|
MARSEILLE
|
Décembre.1880
|
25
|
142
|
257
|
359
|
386
|
397
|
391
|
407
|
421
|
BORDEAUX |
Juin............1881
|
..
|
114
|
232
|
298
|
323
|
352
|
371
|
403
|
431
|
NANTES |
Janvier......1881
|
..
|
67
|
78
|
87
|
90
|
91
|
105
|
104
|
113
|
LE
HAVRE |
Avril..........1881
|
..
|
109
|
155
|
188
|
196
|
199
|
191
|
237
|
271
|
LILLE |
Février......1882
|
..
|
..
|
94
|
134
|
'1'
|
<<
|
<<
|
<<
|
<<
|
ROUEN |
Juillet .......1883
|
..
|
..
|
..
|
65
|
98
|
103
|
113
|
118
|
148
|
CALAIS |
Juillet .......1883
|
..
|
..
|
..
|
89
|
107
|
107
|
107
|
82
|
58
|
St-ETIENNE
|
Octobre....1885
|
..
|
..
|
..
|
..
|
..
|
26
|
96
|
105
|
104
|
ALGER |
Juillet........1883
|
..
|
..
|
..
|
17
|
21
|
33
|
77
|
88
|
92
|
ORAN |
Août ........1883
|
..
|
..
|
..
|
30
|
49
|
59
|
55
|
38
|
36
|
|
TOTAUX |
537
|
1893
|
3519
|
4804
|
5636
|
5694
|
6748
|
7588
|
8549
|
(1) I,c réseau
de Lille a été repris par l'état à
la fin de 1884.
|
|
VILLES
on sont établis
les réseaux
|
DATE
de la mise en
service
|
NOMBRE
D'ABONNÉS EN
|
1883 |
1884 |
1885 |
1886 |
1887 |
1888 |
Amiens
|
01 Mai
|
.. |
.. |
.. |
38 |
48 |
53 |
Armentieres
|
01 Juin 1885
|
.. |
.. |
12 |
13 |
15 |
13 |
Boulogne.sur.Mer....
|
16..février..1886
|
.. |
.. |
.. |
27 |
27 |
25 |
Caen
|
16....Novembre
|
.. |
.. |
.. |
23 |
26 |
25 |
Cannes
|
01 Mars 1986
|
.. |
.. |
.. |
68 |
94 |
126 |
Dunkerke
|
15 Oct 1984
|
|
46 |
79 |
90 |
103 |
120 |
Elbeuf
|
25 Nov 1884
|
.. |
47 |
52 |
52 |
57 |
56 |
Fourmies
|
01 Fev 1887
|
.. |
.. |
.. |
.. |
116 |
122 |
Halluin
|
11 Fev 1884
|
.. |
9 |
10 |
11 |
11 |
11 |
Lille
|
11 Fev 1884
|
.. |
149 |
159 |
232 |
295 |
352 |
Nancy
|
17 Déc 1884
|
.. |
68 |
104 |
119 |
138 |
156 |
Nice
|
22 Déc 1886
|
.. |
.. |
.. |
7 |
19 |
62 |
Reims
|
01 Avr 1883 |
206 |
235 |
256 |
289 |
342 |
382 |
Roubaix-Tourcoing
|
01 Avr 1883 |
172 |
244 |
297 |
381 |
451 |
530 |
Saint-Quentin
|
31 Déc 1883 |
36 |
49 |
64 |
88 |
96 |
106 |
Troyes
|
01 Avr 1884 |
.. |
125 |
130 |
137 |
145 |
149 |
|
TOTAUX |
414 |
972 |
1163 |
1575 |
1983 |
2288 |
|
DESIGNATION DES LIGNES
|
Distance en Km
|
Date de la mise en service
|
Rouen-Havre |
90
|
01
Jan 1885
|
Paris-Reims |
172
|
01
Dec 1885
|
Elbeuf-Louviers |
20
|
01
Fev 1886
|
Rouen-Elbeuf |
20
|
01
Fev 1886
|
Rouen-Louviers |
40
|
01
Fev 1886
|
Paris-Havre |
228
|
08
Mai 1887
|
Paris-Rouen |
140
|
25
Juin 1887
|
Paris-Lille |
250
|
01
Dec 1887
|
ParisBruxelles.1ecircuit |
335
|
24
Fev 1887
|
ParisBruxelles.2.circuit |
|
15
Mars1888
|
Paris-Lyon |
512
|
06
Août 1888
|
Paris-Marseille |
863
|
06
Août 1888
|
Marseille-Lyon
|
352
|
06
Août 1888
|
Paris-Versailles |
19
|
18
Nov 1889
|
(1) Réseau tout
à fait local et limité. |
|
|
L'expérience de l'industrie privée, sévèrement
encadrée par lÉtat, n'a pas été une
réussite en terme de développement du nombre de réseaux,
d'accroissement des réseaux, de souscription de nouveaux clients
et encore moins de leur satisfaction.
À cet échec, deux explications sont avancées. Suivant
ses propres opinions de pensée, l'on pourra choisir celle qui nous
satisfera le mieux, mais peut-être la vérité est-elle
située quelque part entre ces deux options :
1) la Société Générale des Téléphones
accuse lÉtat d'avoir dès le départ entravé
la libre entreprise administrativement par une sur-réglementation
et surtaxé de manière trop lourde et inconséquente
les recettes, sans considérer les dépenses d'investissement
et les frais d'exploitation à engager avant de pouvoir produire
des profits taxables.
2) lÉtat accuse la S.G.T de plus penser à rétribuer
grassement ses actionnaires, plutôt que d'investir dans l'ouverture
de nouveaux réseaux, dans leur développement et dans l'embauche
de personnel en nombre suffisant pour faire évoluer les réseaux
et le service.
Les centraux manuels ont atteint les bornes de leurs
possibilités.
Les gains de productivité se font essentiellement en augmentant
la productivité du personnel (rationalisation du travail des opératices,
chronométrage) ce qui conduira d'ailleurs aux grandes grèves
de 1906-1909.
L'autre possibilité d'obtenir les gains de productivité
porte sur l'organisation du réseau. C'est pourquoi paraissent les
premiers articles théoriques sur l'organisation des réseaux
des grandes villes et du réseau parisien en particulier.
Il faut par exemple tenir compte dans la prévision du nouveau réseau
de la longueur des fils. Plus il y a de centraux, moindre est la longueur
de chaque ligne d'abonné et on obtient donc un coût d'établissement
moins élevé ainsi qu'une meilleure qualité de transmission
puisque, en l'absence de tout dispositif d'amplification dans le réseau
de Paris, l'affaiblissement est directement proportionnel à la
longueur du câble.
En revanche avec les centraux manuels que l'augmentation du nombre des
abonnés a amenés à la limite supérieure de
leurs capacités, la nécessité ,inhérente au
réseau de la S. G. T, de passer au moins par deux centraux pour
la majorité des communications devient un obstacle considérable
â la rapidité d'établissement des communications.
En outre, le passage par deux centraux fait perdre en affaiblissement
ce que l'on, gagnait en raccourcissant les lignes d'abonnés. Enfin
la multiplication des centraux multiplie les opératrices dont le
salaire est devenu le poste le plus lourd dans l'exploitation du réseau.
La S. G. T. palliait ces inconvénients en bricolant les lignes
auxiliaires ou en groupant les abonnés par affinité. Dans
un réseau â 10 000 abonnés, il n'en est plus question.
1888 : lÉcole
Professionnelle des Postes et Télégraphes évolue.
Dix ans après sa création, lÉcole Supérieure
de Télégraphie accomplit sa première transformation
en devenant lÉcole Professionnelle des Postes et Télégraphes.
Elle comporte donc deux sections : à la section des élèves-ingénieurs
sétait ajoutée une section délèves-administrateurs.
Plus dun demi-siècle avant la création de lÉcole
nationale dadministration (ENA), on avait jugé que la gestion,
elle aussi, réclamait une formation supérieure et des techniques
propres.
Parmi les directeurs de lÉcole, on remarque Léon
Thévenin, dont le nom reste associé au célèbre
théorème quil énonça et qui constitue,
encore de nos jours, un outil danalyse des systèmes électriques
linéaires.
Édouard Estaunié lui succèdera en 1901. Célèbre
à plus dun titre, il a largement marqué lévolution
de lÉcole. Ce polytechnicien, grand commis de lÉtat
et romancier connu, inaugura des cycles de leçons données
par des conférenciers extérieurs à ladministration
; Henri Poincaré et Pierre Curie en firent partie. Il introduisit
également des cours de culture générale, emmenant même
les élèves au Louvre le dimanche matin ; comme quoi la question
des humanités ne date pas dhier ! É. Estaunié
donna ainsi à lÉcole cet élan de haute université
quelle na cessé de présenter et de développer
depuis lors. Cest lui qui, en 1904, forgea le terme de « télécommunication
» en voulant faire la synthèse de tous les « appareils
» et de toutes les disciplines enseignées sous sa responsabilité.
sommaire
En
1889, le 26 mars, la Chambre
des Députés forme une Commission pour examiner un projet
de loi autorisant entre autre, le rachat, via le financement de la Caisse
des Dépôts, des réseaux exploités par la Société
Générale des Téléphones.
La loi votée le 16 juillet 1889 qui en découle est promulguée
le jour même et publiée au JORF le 27 juillet 1889 (page
3685).
Un décret d'application du 14 septembre 1889 qui débloque
les fonds nécessaires au rachat suit (BO P&T 1889 n°9 page
543).
Nota : l'État a veillé à attendre
que la durée de la concession de 5 années (1884 - 1889)
ait été atteinte avant de nationaliser.
LÉtat est autorisé à racheter,
en 10 annuités, les réseaux téléphoniques
appartenant à la Société Générale des
Téléphones.
À compter de cette date, lÉtat
nationalise le Téléphone, et les crédits de fonctionnement
et de développement nécessaires seront ouverts pour 1889
et 1890 au budget ordinaire du ministère nouvellement en charge
du Téléphone : le Ministère du Commerce, de l'industrie
et des Colonies.
Le 21 septembre 1889, un rapport du Ministre du commerce,
de l'industrie et des colonies, suivi d'un décret (BO P&T 1889
n°9 page 550) fixe les nouvelles conditions d'abonnement des réseaux
rachetés en propre par l'État.
13 Juillet 1889 : Nationalisation
du Téléphone Français
La concession faite à la Société
générale des Téléphones en 1879, pour une
durée de 5 ans, en vertu de laquelle elle exploitait les réseaux
téléphoniques de Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, Rouen,
Le Havre, Nantes, Saint-Etienne, Alger, Oran et Saint-Pierre-les-Calais,
a été renouvelée en 1884 pour une nouvelle période
quinquennale ; elle atteignait le terme fixé à sa durée
le 8 septembre 1889.
Dès 1886, M Granet, ministre des Postes et des Télégraphes,
s'était préoccupé de trouver un régime définitif.
Le 18 janvier 1887, il déposa à la Chambre des députés
un projet de loi accordant le monopole de l'exploitation de tous les réseaux
téléphoniques pendant trente-cinq ans, à la Société
générale des Téléphones, qui devait se constituer
sous le nom de Société fermière, à charge
par celle-ci de payer une redevance à l'État, qui serait
devenu seul propriétaire à l'expiration de la concession.
La Chambre repoussa sans débat le projet de convention, le 19 mars
1889.
La situation étant devenue entière, le gouvernement dut
se préoccuper de présenter un nouveau projet ayant pour
base l'exploitation des réseaux téléphoniques par
l'État. D'après l'enquête effectuée par le
Secrétariat des Postes (*), l'installation de réseaux téléphoniques
est en cours dans 18 départements situés pour la plupart
dans le Nord, la Région Parisienne et la Basse-Normandie.
Partout ailleurs, les réseaux départementaux restent à
l'état de projet ou sont carrément repoussés comme
dans la Manche, lé Finistère, les Côtes-du-Nord, la
Vendée et les Basses-Alpes.
(*) « Le grand réseau téléphonique »,
Le Journal de Montmêdy, 21/9/1899. L'article entrevoit pour le téléphone
en France un avenir radieux...
Déposé le 23 mars 1889, ce projet de loi fut voté
par la Chambre et définitivement adopté par le Sénat
le 13 juillet 1889.
Nous le reproduisons ci-après :
PROJET
DE LOI ADOPTÉ PAR LE SÉNAT ET LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS
; TEXTE DÉFINITIF
|
Portant autorisation
au gouvernement de traiter avec les villes pour rétablissement
de réseaux téléphoniques d'intérêt
local, et d'emprunter à la Caisse des dépôts et
consignations les sommes nécessaires pour effectuer le rachat
des réseaux exploités par la Société générale
des Téléphones. |
Article
premier.
|
Le gouvernement est autorisé
à accepter au nom de l'État les offres qui pourront
être faites par les villes, établissements publics ou
syndicats de verser au Trésor, à titre d'avance sans
intérêts, les sommes nécessaires à rétablissement,
à l'entretien et à l'exploitation de réseaux
téléphoniques urbains, et à affecter les produits
de chaque réseau ainsi créé au remboursement
des avances dont il aura été l'objet, sans autre engagement
de la part de l'État.
Il sera rendu compte chaque année au Parlement des traités
passés en exécution de cette disposition et de la situation
de chacun des réseaux ainsi établis. |
Article
2.
|
Le gouvernement est autorisé
à all'ecler au rachat, à la mise en état de bon
fonctionnement et au développement des réseaux téléphoniques
appartenant à la Société générale
des Téléphones, une avance pouvant s'élever à
10 millions qui sera faite au Trésor par la Caisse des dépôts
et consignations.
Le remboursement de cette avance aura lieu en dix annuités
au plus, calculées au taux d'intérêt de 4 % |
Article
3
|
Les avances versées au Trésor
par la Caisse des dépôts et consignations seront
inscrites au budget des recettes des exercices 1889 et 1890
au titre du paragraphe 7 (Ressources exceptionnelles).
Il sera l'ait emploi de ces avances en vertu de crédits
inscritsà un chapitre spécial du budget du ministère
du commerce, de l'industrie et des colonies ^2" section,
Postes et Télégraphes). Ces crédits
pourront être ouverts par décrets pendant la
prorogation des Chambres, dans les conditions de l'article
5 de la loi du 4 décembre 1879. |
Article
4
|
Pendant les exercices 1889 et 1890, les crédits
nécessaires seront ouverts au budget ordinaire du ministère
du commerce, de l'industrie et des colonies (2e section,
service des Postes et des Télégraphes). |
Article
5
|
A partir de l'exercice 1891, les recettes
et les dépenses du service téléphonique,
y compris les annuités de remboursement à la
Caisse des dépôts et consignations, feront l'objet
d'un budget annexe rattaché pour ordre au budget général
de l'État, ministère du commerce, de
l'industrie et des colonies, -- service des Postes et dos
Télégraphes. |
En vertu de celte loi, autorisant le rachat et l'exploitation
des réseaux téléphoniques, l'administration
des Postes et Télégraphes prit définitivement
possession des différents bureaux de tous les réseaux
de la Société générale des Téléphones,
le dimanche 1er septembre 1889 à minuit.
La prise de possession des téléphones par l'État
a eu pour premier et heureux résultat la réduction
de l'abonnement aux réseaux téléphoniques urbains.
sommaire
|
Un décret du 19 octobre 1889
(l'État ayant
pris possession de tous les réseaux téléphoniques
le 1" septembre) paru au Journal officiel du. 23 du même
mois, fixe la taxe des conversations téléphoniques
sur les réseaux urbains et interurbains, quand elles ne sont
pas soumises au régime de l'abonnement. :
Voici le texte de ce décret
Article
premier.
|
La
taxe à payer à l'entrée d'une cabine
téléphonique publique pour obtenir la communication
avec un réseau urbain est fixée à 50
centimes à Paris, à 25 centimes dans toutes
les autres villes
|
Article
2.
|
La
taxe élémentaire à payer par conversation
téléphonique interurbaine est fixée
à 50 centimes par 100 kilomètres ou fraction
de 100 kilomètres de distance entre les points reliés
par la ligne téléphonique.
La distance est calculée d'après le parcours
réel de chaque ligne.
|
Article
3.
|
Pour
l'application des taxes ci-dessus indiquées, la durée
normale de la conversation téléphonique est
fixée à 5 minutes.
Cette durée peut être réduite à
trois minutes sur les lignes et dans les conditions déterminées
par arrêté ministériel.
Si les besoins du service l'exigent, une conversation ne peut
pas être prolongée au delà d'une durée
double de sa durée normale. |
Article
4.
|
Sont
abrogées toutes les dispositions contraires au présent
décret, sauf celles du décret du 28 décembre
1885 fixant la taxe à percevoir pour les communications
téléphoniques échangées entre
Paris et Bruxelles |
Article
5.
|
Les
taxes ci-dessus fixées seront appliquées à
partir du 1er novembre prochain. |
Article
6.
|
Fait
à Paris, le 19 octobre 1889.
Le Président du conseil, Ministre du commerce, de
l'industrie et des colonies, est chargé de l'exécution
du présent décret, lequel sera inséré
au Journal officiel et au Bulletin des lois.
|
Le réseau de Limoges a été
livré au public le 1" juillet 1889
|
En France, le service téléphonique était
concédé depuis 1879 à l'industrie privée,
mais les réseaux exploités par la Société
générale des téléphones n'étaient établis
que dans les plus grandes villes, le Gouvernement désira par conséquent
doter aussi de ce service les villes moins importantes et le Parlement
lui alloua
à cet effet, en 1882, un premier crédit de 250 000 fr.
Les résultats de cette mesure furent excellents : le produit des
abonnements fut suffisant pour amortir le capital engagé dans la
construction et pour donner un
nouveau développement à ces réseaux secondaires.
C'est ainsi que l'Administration a pu établir successivement des
systèmes téléphoniques à Reims, Roubaix,
Tourcoing, Troyes, St-Quentin, Elbeuf et dans d'autres villes, sans
demander des crédits supplémentaires.
Une comparaison entre la situation des réseaux téléphoniques
de l'Etat et celle des réseaux exploités par la Société
générale des téléphones, montre que les systèmes
établis par cette dernière entreprise dans les Départements
se sont péniblement développés et que le nombre de
leurs abonnés s'est lentement accru, tandis que les réseaux
de l'Etat se sont rapidement étendus.
Dans son rapport à la Chambre des députés à
Paris séance du 28 Mai 1889 sur le projet de loi
concernant le rachat des réseaux téléphoniques privés
et l'établissement de réseaux téléphoniques
d'intérêt local, l'honorable député, M. George
Cochery, donne le tableau comparatif ci-après de la situation des
réseaux de l'Etat et de ceux de la Société générale:
VILLES. Nombre d'habitants par abonné.
1. Fourmies . . . ....................... 123 Etat.
2. Cannes ................................ 198 ,
8. Reims .................................. 243 ,
4. Roubaix-Tourcoiug .............. 268 ,
5. Dunkerque . . ....................... 308 ,
6. Troyes ................................. 308 ,
7. Paris .................................... 370 Société.
8. Le Hâvre . . .......................... 344.
9. Saint-Quentin . ..................... 396 Etat.
10. Elbeuf .................................410 ,
11. Nancy .................................468 ,
12. Lyon ..................................498 Société.
13. Lille ....................................605 Etat.
14. Bordeaux . . .......................512 Société.
15. Alger ................................. 619 ,
16. Rouen ............................... 716 ,
17. Calais ............................... 798 ,
18. Marseille . . ....................... 862 ,
19. Saint-Etienne . .................1.057 ,
20. Nantes ............................1.094 ,
21. Nice ................................1.241 Etat.
22. Halluin ............................ 1.273
23. Amiens ............................1.396 ,
24. Oran ...............................1.472 Société.
25. Caen ............................. 1 644 Etat.
26. Boulogne-sur-Mer ..........1.760
27. Armentières. . .................1.923
Le même rapporteur fait ressortir que le réseau principal
de la Société générale, celui de Paris, figuredans
ce tableau au septième rang et que les réseaux des centres
de population les plus importants, où les distances sont plus grandes,
où il règne une plus grande activité et où
le téléphone peut rendre par conséquent le plus de
services, sont desservis par les Sociétés concessionnaires;
néanmoins, malgré les conditions moins favorables des réseaux
de l'Etat, ces derniers ont eu un développement plus intense que
les systèmes téléphoniques de la Société.
Les résultats obtenus par l'Administration ont été
si satisfaisants que le Parlement français a accueilli avec faveur
et adopté à une grande majorité, par la loi du 26
Juillet 1889, le rachat desconcessions téléphoniques privées.
sommaire
Du 6 Mai 1889 au 31 Octobre
1889 s'ouvre l'Exposition Universelle de Paris Centenaire
de la Révolution française.
Téléphones
- Expo Paris 1889
Au pied de la Tour Eiffel, entre le pavillon finlandais et celui de
la Compagnie du gaz, la Société des téléphones
a installé un pavillon, qui contient en même temps son
exposition et le bureau du service téléphonique de l'Exposition
universelle.
Comme construction, ce pavillon représente le type de la bâtisse
par excellence ; il est en bois armé de fer ou, si l'on aime
mieux, en fer armé de bois. Par exemple, les montants principaux
sont formés de quadruples madriers de sapins, reliés
par des boulons, tandis que les poutres sont formées de fer
en I, garnies de deux madriers de sapin, un sur chaque face. L'extérieur
est en panneaux de bois, montés sur des fers à T...
Toutes les pièces transversales, ayant rigoureusement la même
dimension (3m,30), sont pour ainsi dire interchangeables, et tout
l'ensemble, vissé, fer sur bois ou bois sur fer, peut se régler
à l'aide de tournevis ou de clés anglaises, si les variations
de l'atmosphère font gonfler ou gondoler le bois, ou dilatent
le métal. Ce n'est presque plus une maison, c'est un coucou
de la Forêt Noire.
Mais il faut rendre cette justice à ce genre de construction,
qu'elle est parfaitement d'accord avec la nature du téléphone
lui-même. Qu'est-ce en effet qu'une installation téléphonique?
Un ensemble d'appareils, de conducteurs, de postes, etc., qu'il s'agit
d'accoler par application et par superfétation à des
immeubles déjà existants, en les dégradant le
moins possible, et en dépensant fort peu de temps et d'argent.
Quoi de mieux, par conséquent, pour synthétiser le système
téléphonique, que ce pavillon que l'on eût pu
élever eu quelques heures, s'il n'avait fallu, pour trouver
un sol propice, se livrer à des travaux de fondations qui rendent
le sous-uvre bien pi us important que la construction extérieure.
La Société des téléphones a fait édifier
ainsi un pavillon, composé d'une partie centrale et de deux
ailes.
La partie centrale est surmontée d'une tourelle téléphonique,
dite de concentration. Cette tourelle est sur le modèle de
celles qui surmontent les stations centrales des téléphones,
dans les villes où l'on n'a pas cru devoir imposer aux sociétés
téléphoniques les ruineuses installations souterraines.
J'ai dit ruineuses; ces installations le sont surtout pour les consommateurs,
parce que les compagnies, qui n'entendent pas y perdre, ce
en quoi elles ont, du reste, bien raison, sont forcées
de surélever, d'une manière véritablement exorbitante,
le prix des abonnements. Ainsi nous payons à Paris 600 francs
par an, pour un abonnement au seul réseau urbain, tandis que
l'on paie en Belgique 60 francs, dix fois moins, pour avoir la jouissance
du réseau belge, qui comprend plusieurs villes, et par conséquent
une étendue très considérable.
C'est peut-être afin de décider le gouvernement à
autoriser ces installations aériennes que la Société
des téléphones a montré sa tourelle flanquée
de herses, qui remplissent le même but de réunir les
fils aboutissant, par exemple, sur la même maison.
Pénétrons dans le pavillon, examinons-le en détail.
Constatons d'abord que l'idée première du téléphone
revient à un Français, M. Bourseul, qui publia ses idées
en 1854. Malheureusement il s'en tint là.
Ce n'est qu'en 1876, que Bell installa le premier téléphone
et c'est en novembre 1877 que ce téléphone fut introduit
pour la première fois en Europe, où il excita la curiosité
et l'admiration la plus grande. De son côté, Edison chercha
à perfectionner cet appareil et pensa y faire intervenir le
courant de piles électriques.
Pendant quelques temps les perfectionnements apportés furent
nuls, mais ils devinrent importants, quand l'invention du microphone
donna une impulsion nouvelle à la question.
Combien sommes-nous loin déjà des téléphones
à ficelle, véritables jouets d'enfants, qui cependant
auraient dû depuis longtemps tenter l'esprit de perfectionnement
de nos physiciens, mais ils n'ont pas daigné s'en occuper,
c'était trop vieux, il remontait à 1667.
Le principe général des téléphones est
le suivant. Les vibrations de la voix sont communiquées à
une plaque vibrante placée devant un aimant. L'extrémité
de l'aimant est enveloppée d'un long fil de cuivre entouré
de soie. Voilà le transmetteur.
Le récepteur est identiquement semblable, sinon comme forme,
mais comme construction et c'est le même fil qui, formant bobine
au transmetteur, s'enroulera aussi autour de l'aimant du récepteur,
en bobine également, de sorte que ce fil de cuivre est sans
fin. Et le transmetteur pourra être très éloigné,
pourvu qu'il soit relié au récepteur par le même
fil.
Si l'on parle devant la plaque vibrante, ses mouvements de va-et-vient
réagissant sur la force magnétique de l'aimant, engendrent
un courant électrique dans le fil qui se transmettra au récepteur.
Sous l'influence de ce courant, l'aimant de ce dernier subira les
mêmes variations de force magnétique que le premier,
et la plaque plus ou moins attirée, entrera en vibrations pour
reproduire la voix. Ce qui se trouve transmis, ce n'est donc pas,
à proprement parler, la voix, mais une série de courants
ondulatoires électriques qui la reproduisent.
Pour augmenter la portée des téléphones, on leur
a adjoint des microphones. Leur forme est des plus variables, ce sont
de petits bâtonnets ou des boules de charbon de cornue, qui
entrant aussi en vibration, accroissent l'intensité du son.
En 1879, trois sociétés avaient l'autorisation d'installer
le service téléphonique. Elles exploitaient trois systèmes
différents; les appareils Grower, Edison, Blake.
L'année suivante les trois sociétés ayant fusionné,
constituèrent la : Société générale
des téléphones.
Les premières autorisations données furent renouvelées
jusqu'en septembre 1889. Et aujourd'hui la Société devient,
pour l'exploitation des lignes, propriété de l'Etat,
non sans protestations de la part de la Société, qui
est propriétaire de ses appareils, ateliers et magasins de
vente. Car la Société s'était adjoint la fabrication
en grand des câbles. A cet effet, elle avait acquis les établissements
Rattier à Bezons, qui étaient une manufacture de caoutchouc.
Au centre du Pavillon des Téléphones, au premier étage
est un bureau, tout installé et fonctionnant pour assurer le
service de l'Exposition.
Chaque abonné a une ligne spéciale, aboutissant à
un bureau central, où les employés donnent les communications
demandées. Mais comme on ne peut mettre une sonnerie par abonné,
il y a un système spécial représenté dans
le haut du commutateur central. Lorsqu'on veut appeler, une petite
plaque se renverse, et montre le numéro de l'abonné
et, en tombant, ferme le circuit delà sonnerie qui marche.
Au-dessous des séries de numéros, on voit les commutateurs,
disposés en Jack-Knifs. Ce nom provient de ce qu'à l'origine,
le ressort de contact était comme une lame de couteau, et que
cette disposition était due à un Canadien nommé
Jack. C'est par ces commutateurs que s'établissent les relations
des abonnés du bureau, entre eux.
La troisième partie, la plus inférieure, comporte encore
du Jack-Knifs, mais pour les abonnés de bureaux différents.
De nombreuses fiches sont suspendues tout le long du bureau pour agir
sur les Jack-Knifs, elles sont composées de deux parties métalliques,
isolées l'une de l'autre, et adaptées au même
manche.
Donc, si un abonné veut une communication, il prévient,
une plaque tombe qui montre son numéro, en même temps
que la sonnerie marche.
Les demoiselles, chargées du service du bureau, se mettent
en communication avec l'abonné pour lui demander à qui
il veut parler, l'employée prévient la personne indiquée
qu'on la demande et quand il lui est répondu, elle met les
deux abonnés en relation par une fiche.
Ceci est très simple en apparence, mais exige une habitude
excessivement grande.
Les fils des téléphones sont souterrains. Ils traversent
les égouts pour arriver au grand bureau central, 27, avenue
de l'Opéra, au nombre de plusieurs mille. Ils sont recouverts
de gutta-percha, et réunis par faisceaux d'une dizaine, dans
des tubes de plomb. Ces fils arrivent dans la cave et sont épanouis
circulairement autour de quatre grands trous pratiqués sur
les quatre faces d'une chambre, située au milieu de la cave.
Cette disposition est représentée à la partie
inférieure du pavillon du Champs de Mars. Puis les fils remontent
au bureau, pour se distribuer aux commutateurs divers. On réunit
autant que possible entre eux, les abonnés qui sont le plus
souvent en rapport.
Le poste installé à l'Exposition, donne la communication
immédiate avec un abonné quelconque du bureau central.
Quant aux lignes auxiliaires des villes où il y a plusieurs
bureaux, elles sont considérées comme une ligne ordinaire.
Enfin, un avantage que les employés apprécient beaucoup,
ils sont assis.
L'appareil Berlhon-Ader, composé d'un récepteur Ader
et d'un microphone Berthon, exclusivement employé par la Société,
disposé sur une poignée métallique, permet d'avoir
à la fois le récepteur à l'oreille et le transmetteur
devant la bouche. Cette disposition en fait l'appareil de bureau par
excellence, qui permet de parler, d'entendre et d'écrire au
besoin.
Une forme commode encore, est le poste Ader avec magnéto pour
l'appel et sonnerie électrique. Là, la sonnerie marche,
grâce à un courant déterminé par la rotation
d'une bobine devant un aimant. Le transmetteur est un petit pupitre
portant en son milieu une plaque de bois mince, faisant fonction de
plaque vibrante, le microphone est sous cette plaque. Cet appareil
est très répandu sur les réseaux étrangers.
Enfin, le même poste Ader simple, sans la sonnerie magnéto,
de la forme que nous représentons, ou de la forme à
colonne, est très apprécié, pour sa justesse,
sa régularité et sa commodité.
Le poste militaire portatif, est la forme réduite du poste
Ader avec sonnerie d'appel, magnéto-électrique, mais
le transmetteur et le récepteur sont de la forme Berthon-Ader
combiné. Il pèse 7 kilogrammes.
Près de ces appareils se trouvent encore, dans l'exposition,
des postes-centraux fixes ou mobiles, à plusieurs directions;
ainsi que les nouvelles piles à l'agar-agar. Ce sont des piles
sèches, dans lesquelles le chlorhydrate d'ammoniaque est en
suspension dans de la gélatine de varech ou agar-agar. Ces
piles sont très employées.
On trouve aussi les formes les plus fantaisistes de boutons de sonnerie.
Dans la vitrine sont des télégraphes, des relais, destinés
à augmenter l'intensité des courants à certains
moments.
Adroite du bureau central, se trouve tout le matériel construit
par la Société.
D'abord le caoutchouc et tous ses emplois divers, soit en caoutchouc
souple, soit en caoutchouc dur : courroies, tuyaux, clapets, tissus.
Et une exposition de câbles des plus intéressantes.
Les câbles téléphoniques sont surtout isolés
au caoutchouc vulcanisé. Qu'ils soient aériens ou souterrains,
ils sont cordés par paire, pour éviter les effets d'induction.
Il y a aussi des câbles à lumière électrique
et des câbles transatlantiques.
La Compagnie possède des réseaux téléphoniques
à Paris, Calais, Saint-Étienne, le Havre, Rouen, Lyon,
Marseille, Nantes, Alger, Oran.
La ligne de Paris à Bruxelles a 314 kilomètres. Il y
a un double fil conducteur en bronze siliceux de 3 millimètres
de diamètre. Ce double conducteur est fixé sur les mêmes
poteaux que les fils télégraphiques, ce qui créait
une difficulté assez grande, car les courants télégraphiques
nuisent beaucoup aux courants téléphoniques. Pour parer
à cet inconvénient, les fils téléphoniques
sont croisés entre eux de distance en distance, de sorte que
c'est alternativement le fil d'aller et le fil de retour qui se trouvent
le plus près du fil télégraphique, et cela suffit
pour que les courants induits se trouvent annulés.
La ligne de Paris à Marseille a 800 kilomètres, elle
passe par Troyes, Dijon, Bourg, Lyon, Valence, Avignon, Arles. C'est
aussi une ligne aérienne à double fil, en bronze siliceux
de 4 millimètres 1/2. Les fils sont croisés comme sur
la ligne de Bruxelles. Il y a interruption à Lyon. La correspondance
se fait de Paris à Lyon, et Lyon donne la communication sur
Marseille.
On a renoncé aux fils de cuivre ou de fer, qui n'offraient
pas assez de résistance. On adopte exclusivement maintenant
du bronze phosphoreux ou siliceux. Aussi, avec des fils semblables
de 1 millimètre 1/4 de diamètre, on a pu espacer les
poteaux de 270 mètres supportant 40 fils, à Anvers il
y a une portée de 275 mètres pour 125 fils, à
Gand une portée de 340 mètres avec 3 fils. Enfin la
ligne du château de Laeken au théâtre de la Monnaie,
a une portée de 700 mètres.
Les plus violentes tourmentes de neige n'abîment pas ces fils,
et de plus, le bronze ne s'oxyde pas comme le fer.
N'oublions pas de parler des auditions téléphoniques
théâtrales, qui, au début, ont tant émerveillé
le public. Elles ont lieu dans le bas du pavillon. Et ce qui intrigue
le plus, c'est que non seulement on entend parfaitement l'orchestre
et les acteurs, mais on a même la sensation du déplacement
de l'acteur sur la scène. Voici comment ce résultat
est atteint :
Ce sont les téléphones Ader qui servent à ces
auditions. A cet effet, un certain nombre de téléphones
sont disposés sur le devant de la scène parallèlement
à la rampe, et de chaque côté du trou du souffleur.
Supposons qu'il y ait dix téléphones le long de la
rampe, de chaque côté du souffleur. Prenons par exemple
le dernier téléphone de gauche près des décors,
et le premier téléphone de droite, près du
souffleur, et supposons que ces deux téléphones soient
reliés de telle façon que le téléphone
de droite arrive à l'oreille droite. Si l'acteur est au milieu
de la scène, le téléphone de droite plus proche,
sera plus influencé que celui de gauche et les sons seront
plus intenses dans l'oreille droite que dans l'oreille gauche. Si
l'acteur s'éloigne, le son s'affaiblit naturellement, s'il
s'approche à gauche, c'est l'oreille gauche qui entendra
le mieux. Ce procédé bien simple est des plus remarquables.
Il y a aussi les auditions de concert, aux quatre coins du grand
bureau du premier étage du pavillon. En mettant une pièce
de 50 centimes, on met en mouvement un téléphone qui
vous fait entendre un morceau du concert.
Ce pavillon est vraiment organisé comme un vrai théâtre,
avec des dessous, des acteurs, invisibles, mais que l'on entend
parfaitement. Assis tranquillement dans un fauteuil, on pourrait
assister à nos diverses représentations théâtrales,
s'offrir une revue tous les soirs.
|
Après
La nationalisation, 1890 Il y a, cette année
: 10 000 abonnés au téléphone en France
Au 1er septembre 1889, date de la reprise par l'État
de l'exploitation des réseaux concédés, l'administration
a laissé les choses dans le statu quo mais elle a décidé
qu'en raison de l'insuffisance de l'outillage du réseau de Paris,
il ne serait plus jusqu'à nouvel ordre accordé de concessions
d'appel direct entraînant l'usage d'un fil auxiliaire.
Cet état de chose ne devant être que provisoire, le décret
du 14 Mars 1890 a fixé les tarifs auquel l'usage de ses lignes
doit être soumis à partir du 1er janvier 1890; ce tarif est
le suivant : 150 francs dans les réseaux souterrains et 37 fr 50
dans les réseaux aériens.
Ce tarif kilométrique ,calculé sur la longueur réelle
des lignes auxiliaires, est perçu d'avance en deux termes égaux,
au 1 er janvier et au 1 er juillet de chaque année, en même
temps que l'abonnement urbain.
L'abonnement souscrit pour l'usage d'une ligne auxiliaire ne peut être
moindre d'une année.
Il se renouvelle d'année en année par tacite reconduction
s'il n'a pas été dénoncé au moins un mois
avant son expiration.
Le décret du 31 Mars 1890 modifie celui du 21 septembre 1889.
Les principales dispositions en sont reportées sur le modèle
de police d'abonnement que nous donnons ci-après, modèle
réglé par l'arrêté du 11 juin 1890.
Modèle de Police.
........DIRECTION
GENERALE
.........ABONNEMENT PRINCIPAL No..........
DES POSTES ET DES TÉLÉGRAPHES RÉSEAU
TÉLÉPHONIQUE, D.............
Je soussigné
....................................................................................................................................................................................................
dans le but de relier ...............................................................................
situé à .............. ................:........ rue
........................................... n" ....
au réseux téléphonique d........................................................................
Déclare contracter un abonnement principal d'UN an, moyennant
le prix de ....................................cent francs par an
et aux clauses et conditions énumérées dans le
règlement ci-dessous.
.................................................. , le..................
.......... 18
|
Des
abonnements. Article
premier.
|
Les abonnements
à un réseau téléphonique urbain sont de
deux sortes : l'abonnement principal et l'abonnement supplémentaire.
L'abonnement principal comporte l'usage d'une ligne reliant l'établissement
de l'abonné à un bureau central et d'un poste téléphonique.
L'abonnement supplémentaire comporte l'usage d'un poste téléphonique
desservi par une ligne greffée sur la ligne de l'abonné
principal, avec l'autorisation de l'Administration et de cet abonné
principal.
Le poste téléphonique se compose, outre les générateurs
d'électricité, d'un appareil récepteur et transmetteur
et d'un dispositif d'appel. |
Droits
de l'abonné. Article 2. |
L'abonnement
confère à l'abonné le droit de correspondre
au moyen da son poste avec tous les abonnés du m ême
réseau.
Ce droit ne peut être exercé que par le titulaire de
l'abonnement, ses employés et les personnes habitant avec
lui.
Les personnes fréquentant un cercle ou établissement
public peuvent faire usage de l'appareil téléphonique
dont il est pourvu, mais il est formellement interdit au titulaire
de l'abonnement de percevoir une redevance quelconque.
|
Article
3. |
Pendant
toute la durée de l'abonnement, l'abonné peut, avec
l'autorisation de l'administration, céder à des tiers
les droits qu'il tient soit de l'abonnement principal, soit des
abonnements supplémentaires, à charge par lui de rester
responsable du payement intégral du montant des abonnements
pendant toute la durée du contrat.
|
Article
4. |
Les
noms des abonnés ou de leurs concessionnaires sont inscrits
sur une liste qui leur est distribuée périodiquement. |
Installation
et entretien de la ligne et du poste.
Article 5.
|
Le
matériel de la ligne et les générateurs d'électricité
sont fournis par l'État. Les divers appareils composant un
poste téléphonique et les accessoires qui seraient
demandés par l'abonné sont fournis par lui. Il est
tenu de les choisir parmi les modèles types indiqués
par l'Administration et de pourvoir à leur renouvellement
quand ils seront devenus impropres au service. Ces appareils, avant
d'être mis en place, doivent avoir été vérifiés
et acceptés par les agents de l'Administration.
La ligne, les postes téléphoniques et les accessoires
sont installés et entretenus par l'Administration et à
ses frais.
Mais l'entretien des meubles et objets de luxe (pupitres, accoudoirs,
etc.}, dont l'abonné complète l'installation du poste
pour ses facilités ou ses convenances personnelles, reste
à la charge de cet abonné.
Quand les postes sont situés en dehors du périmètre
du réseau urbain, cet entretien donne lieu au remboursement
par l'abonné des frais de transport et de séjour des
agents qu'il aura appelés.
Toutes les détériorations qui seraient le résultat
d'un fait extérieur ou d'un usage anormal de l'appareil resteront
à la charge de l'abonné.
|
Article
6. |
Le
poste de l'abonné est établi à l'endroit désigné
par lui dans les locaux qu'il occupe.
L'abonné doit obtenir du propriétaire l'autorisation
de faire les installations nécessaires. Il prend à
sa charge les diverses réparations qu'entraînerait
l'établissement ou la suppression de ces installations.
Dès que les travaux sont commencés, l'abonné
ne peut obtenir l'installation du poste dans un autre immeuble ou
à une autre place du même immeuble que celle qu'il
aura d'abord désignée s'il ne s'engage à payer
les frais qu'entraînerait ce changement.
|
Article
7. |
Il
est interdit à l'abonné de greffer aucun fil sur celui
dont l'usage lui est concédé, de démonter ou
de déplacer les fils, appareils ou accessoires, ni de faire
aucune modification dans son installation.
L'administration se réserve la faculté d'introduire
dans son installation tous les changements qu'elle croira utiles
au fonctionnement du service.
|
Article
8. |
L'abonné
doit accorder aux agents de l'Administration, chargés du
service téléphonique, qui justifient de leur qualité,
l'accès, à des heures convenables, des locaux où
sont installés la ligne et le poste.
|
Article
9.
|
Abonnement
principal..
. Le montant annuel de l'abonnement principal est fixé
:
. Dans le périmètre du réseau :
à 400 francs à Paris et 300 francs dans les départements,
pour les réseaux souterrains;
à 200 francs pour les réseaux aériens.
Il peut être fixé par décret à 150 francs
ou 100 francs, dans certains cas particuliers.
Il est réduit de 50 pour 100 pour les services publics de
l'Etat et de 25 pour -100 pour les services publics des départements
et des communes.
Les abonnés des réseaux classés dans
la catégorie des réseaux annexes peuvent à
leur gré contracter soit un abonnement au réseau local
dans les conditions du tarif ordinaire, soit un abonnement au réseau
principal auquel est rattaché le réseau annexe.
Les abonnés de cette dernière catégorie acquittent
l'abonnement principal ou supplémentaire tel qu'il est fixé
par le présent article aux paragraphes 1 et 2 ci-dessus (A)
augmenté d'un supplément d'abonnement de 10 francs
par kilomètre de ligne reliant le bureau central annexe au
bureau central du réseau principal.
Les cercles et établissements accessibles au public
acquittent l'abonnement principal augmenté de la moitié
de cet abonnement lorsqu'ils mettent leur poste téléphonique
à la disposition de leurs clients.
Dans certaines villes, des abonnements dits de saison seront
admis, pour une période de six mois, pour la totalité
ou pour partie des abonnés. Dans ce cas, le montant de l'abonnement
réduit à la moitié de l'abonnement normal annuel
doit être versé au commencement de chaque période
semestrielle; en outre, la contribution aux frais de premier établissement
dos ligues doit être versée en une seule, fois en même
temps que le premier terme, d'abonnement. Une interruption d'une
année entière dans l'usage du poste entraînerait
la résiliation de l'abonnement.
Les accessoires installés sur la demande de l'abonné
entraînent un supplément d'abonnement égal à
15 pour 100 de la valeur de ces accessoires mis en place, sans que
ce supplément puisse être inférieur à
5 francs, toute fraction de franc étant d'ailleurs comptée
pour 1 franc.
|
Durée
de l'abonnement. Article 10. |
L'abonnement
court à partir du jour où linslallation du poste permet
la communication avec le réseau. |
Article
11. |
L'abonnement
principal ou supplémentaire, ne peut être consenti
pour moins de une année calculée à partir du
1er janvier ou du 1er juillet qui suit ladite installation.
|
Article
12. |
Après
la première période d'une année, l'abonnement
se renouvelle de trimestre en trimestre par tacite reconduction.
|
Article
13 |
En
cas de décès de l'abonné, la durée de
son abonnement n'est pas interrompue et ses héritiers sont
solidairement tenus de son exécution.
|
Article
14.
|
L'administration
peut à toute époque mettre lin au contrat, à
charge par elle de rembourser à l'abonné les sommes
imputables sur la période restant à courir.
|
Article
15. |
L'abonnement
est versé à la caisse du Receveur du bureau de poste
et de télégraphe de la localité desservie par
le réseau. II est payé eu deux termes égaux,
sauf le cas de résiliation, dans la première quinzaine
de janvier et de juillet de chaque année. Toutefois, le premier
semestre est payé au moment de la signature du contrat. En
outre, la partie de l'abonnement correspondant à la période
comprise entre la date où le poste peut être utilisé
par l'abonné et le commencement du premier semestre est versée
au moment de la mise en service.
Le défaut de paiement aux dates indiquées tient lieu
de demande de résiliation. Sur la demande des abonnés
et moyennant le paiement d'une indemnité de 0 fr. 25 pour
quittance, le montant de l'abonnement sera recouvré à
leur domicile.
|
Lignes
auxiliaires. Article 16. |
Les
lignes auxiliaires des réseaux téléphoniques
urbains peuvent être mises, par voie d'abonnement, à
la disposition des abonnés pour leur permettre de communiquer
entre eux, deux par deux, d'une manière permanente.
Le tarif d'abonnement est fixé à cent cinquante francs
(150 fr.) dans les réseaux souterrains et à trente-sept
francs cinquante centimes (37 fr. 50) dans les réseaux aériens,
par an et par kilomètre de ligne, à calculer d'après
la longueur réelle. II est perçu d'avance on
deux termes égaux au 1er janvier et au 1er juillet de chaque
année, en même temps que l'abonnement au réseau
urbain.
|
Télégrammes
téléphonés. Article 17. |
Les
abonnés peuvent expédier et recevoir des télégrammes
par la ligne qui les rattache au réseau.
La transmission de ces télégrammes est effectuée
gratuitement, sauf l'exception visée ci-après; mais
elle est subordonnée au dépôt préalable
d'une provision destinée à garantir le remboursement
de la taxe télégraphique.
Dans les villes comportant un réseau souterrain, l'abonné
qui se propose d'user de la disposition qui précède
est tenu de verser, annuellement et d'avance, une redevance de 50
francs.
|
Correspondance
à partir des cabines publiques. Article 18. |
Les
abonnés peuvent obtenir, sur leur demande et moyennant la
justification de leur identité, la faculté de correspondre
gratuitement dans les limites du réseau, par l'intermédiaire
des cabines publiques qui y sont reliées.
|
Droits
de l'État. Article 19.
|
L'État
n'est soumis à aucune responsabilité à raison
du service de la correspondance privée par voie téléphonique.
Tous travaux exécutés par l'Administration qui auraient
pour conséquence une interruption du service de plus de quinze
jours, entraîneraient une diminution correspondante dans le
montant semestriel de l'abonnement.
|
Article
20. |
La
correspondance téléphonique peut être suspendue
par le Gouvernement, soit sur une ou plusieurs lignes du réseau
séparément, soit sur toutes les lignes à la
fois.
|
Article
21. |
L'étendue
du réseau urbain, sa nature, la durée quotidienne
du service et toutes les mesures que son exécution rendra
nécessaires, sont déterminées par des décisions
administratives auxquelles l'abonné est tenu de se conformer
|
Sanctions.
Article 22. |
En
cas d'inexécution des dispositions qui précèdent,
spécialement lorsque la ligne est utilisée dans des
conditions autres que celles déterminées eu l'article
2, l'Administration peut suspendre provisoirement la communication
téléphonique. Si, huit jours après une mise
en demeure notifiée par lettre recommandée, les irrégularités
signalées n'ont pas cosse, l'Administration peut retirer
définitivement à l'abonné l'usage de sa ligue.
|
Dispositions
transitoires. Article 23. |
Les
tarifs d'abonnement déterminés par la présente
police ne sont pas applicables aux abonnés des réseaux
do l'État qui payaient uno redevance inférieure.
Ces abonnés pourront renouveler leur abonnement aux conditions
de prix antérieurement fixées; mais s'ils cèdent
leur droit à l'abonnement, leurs cessiounaires devront acquitter
intégralement le montant des taxes.
|
Ordre
et durée des conversations. Article 24 |
Les
communications sont données suivant l'ordre strict des demandes.
Deux correspondants ne peuvent occuper une ligne auxiliaire pendant
plus de dix minutes, lorsque d'autres personnes attendent leur tour
de communiquer.
Dans ce dernier cas, si, à l'expiration des dix minutes réglementaires,
les correspondants ne se conforment pas à l'invitation qui
leur est faite de cesser la conversation, la communication leur
est retirée d'office.
|
Article
25
|
Les
clauses de la présente police recevront leur exécution
à partir du 1 er juillet 1890.
|
Article
26 |
Les
frais de timbre et ceux d'enregistrement auxquels pourrait donner
lieu le contrat d'abonnement sont à la charge de l'abonné.
NOTA. L'abonné soussigné demande que le montant
de son abonnement soit recouvré à son domicile. (Art.
15.)
|
Signature
:
|
sommaire
Après 1889, le financement des réseaux n'a
pas été assuré de façon massive et centralisé
comme cela avait été le cas pour la télégraphie.
L'administration semble avaoir sous-estimé l'importance des investissements
à effectuer.
Le jeune ministère des P & T se heurte au ministère
des finances. Grand maître des crédits, dépendent
de lui aussi bien le montant des investissements que celui des effectifs
et donc l'entretien qu'il sera possible de réaliser. Dans l'incapacité
d'être maîtresse de ses investissements (la demande d'un budget
annexe est repoussée en 1891/1892), l'administration fait appel
aux "avances remboursables". En vert de la loi du 20 mai 1890,
les cconseils généraux , municipalités, chambre de
commerc et autres personnes morales, sont conviés à faire
au monopole l'avance sans intérêt du capital nécessaire
à la construction des lignes, sauf à être remboursés
petit à petit sur les produits ultérieurs . Ainsi l'Administration
n'installera de téléphones que la ou les colléctivités
locales assureront le préfinancement de l'opération. La
puissance publique donne ainsi une représentation de sa toute puissance
par la voie royale de la nationalisation. Et s'empresse bine vite, par
le biais du financement des réseaux, de se rendre impuissante.
Outre qu'ainsi les notables (ils détiennent les cordons de la bourse)
sont dorénavant maître du réseau, ce type de financement
ne permet pas de poser la question majeure du développement des
liaisons interurbaines. Mais plus grave et plus aberrent sur le plan économique
, ce type de financement propoque l'éparpillement des réseaux
car les organismes prêteurs exigent souvent en échange de
leur avance, l'installation d'un central.
Les avances remboursables ont provoqués une véritable prolifération
de centraux. La France accuse, par rapport à ses principaux voisins,
un réél retard.
Une circulaire, adressée le 9 août 1890
aux préfets par le Ministre du Commerce, de l'Industrie et
des Colonies, appelle leur attention sur l'importance qu'il y aurait à
développer sans retard le réseau téléphonique
municipal.
Cette circulaire n'est que le développement de la loi votée
le 20 mai 1890 et du décret du 9 juillet 1890; elle fait ressortir
les conditions auxquelles peuvent être établis les bureaux
téléphoniques municipaux.
Les communes feront à l'État l'avance entière des
frais de premier établissement; mais cette avance leur sera, par
la suite, intégralement remboursée, sans intérêts,
sur les produits réalisés par l'application d'une surtaxe
fixe de 25 centimes par chaque télégramme téléphoné
à leur bureau ou par leur bureau.
Ces principes s'appliquent également aux établissements
publics et particuliers et aux syndicats d'intéressés, à
condition toutefois que le téléphone, installé sur
leur demande, soit à la disposition du public; dans le cas contraire,
ce bureau rentrerait dans la catégorie des postes d'intérêt
privé prévus par les règlements antérieurs.
En 1890, avec les appareils mis en service, le prix de premier établissement
d'un bureau téléphonique peut être fixé :
1° A 130 francs en moyenne et à 230 francs au plus par kilomètre
de ligne;
2° A 300 francs au plus pour l'installation du bureau et des appareils.
Dans certaines circonstances, lorsqu'il s'agira, par exemple, de l'installation
de deux bureaux téléphoniques employant le même fil,
cette dépense pourra même être réduite.
L'entretien des appareils et des fils ainsi établis, et l'indemnité
allouée à l'agent chargé de transmettre les télégrammes
téléphonés (15 centimes au départ et 10 centimes
à l'arrivée par télégramme téléphoné)
ainsi que de percevoir la taxe ordinaire et la surtaxe spéciale,
demeureront à la charge de l'Etat.
L'Administration se préoccupe d'une organisation de service qui
permettrait d'échanger des conversations téléphoniques
entre la commune dotée du téléphone et le bureau
télégraphique auquel elle se trouvera rattachée,
et même entre plusieurs communes reliées au même bureau
télégraphique.
Un décret du 31 décembre 1890, suivi d'une longue instruction,
règle la comptabilité téléphonique à
dater du 1er janvier 1891.
L'article 9 du décret du 31 mai 1890 permet de réduire,
par décret, à 130 ou 100 francs, dans certains cas particuliers,
les abonnements aux réseaux aériens, dont le taux normal
est de 200 francs.
Par décret du 7 novembre 1890, cette mesure est rendue applicable
à tous les réseaux dont la population ne dépasse
pas 25 000 âmes. L'abonnement à ces réseaux est réduit
à 150 francs. Toutefois, les localités de cette catégorie,
déjà pourvues d'un réseau, ne sont admises à
bénéficier de cet abaissement de tarif qu'autant que le
nombre des abonnés n'est pas supérieur à 100.
Jusqu'à ce jour (31 octobre 1890), les circuits téléphoniques
à longue distance, sauf celui de Paris-Bruxelles, dont le service
est permanent, et celui de Paris-Havre, dont le service vient d'être
prolongé jusqu'à minuit, ne sont mis à la disposition
du public que pendant les heures du service de jour, c'est-à-dire
de 7 heures du matin en été et de 8 heures en hiver à
9 heures du soir.
Le trafic est très actif sur ces lignes, à certaines périodes
de la journée, et notamment pendant la durée de la Bourse,
mais il faiblit ensuite. Pour accroître le rendement, il a semblé
possible d'appliquer des réductions de taxe à des circuits
spécialement désignés, et durant les heures de service
pendant lesquelles le trafic normal est à peu près nul.
En conséquence, il est créé, pour les heures de nuit,
un tarif de conversation à prix réduits, fixé par
unité de conversation interurbaine et par 100 kilomètres
ou fraction de 100 kilomètres à 30 centimes pour les conversations
ordinaires et à 20 centimes pour les conversations par abonnement.
A dater du 3 novembre 1890, toute personne pourra, à partir de
l'une quelconque des cabines téléphoniques publiques du
réseau de Paris, expédier par téléphone un
message, dans le rayon de distribution compris entre la Seine et les grands
boulevards (suivent les noms des bureaux distributeurs).
La transmission des
messages n'est autorisée provisoirement que de 10 heures
à 6 heures du soir.
La remise d'un ticket de conversation donne accès dans la
cabine dont l'occupation est limitée à cinq minutes
et qui peut être étendue à dix, moyennant une
nouvelle taxe de 50 centimes.
La période de conversation commence au moment où le
préposé a établi la communication avec le bureau
télégraphique destinataire du message.
L'indication lui en est fournie par l'expéditeur qui lui
fait connaître le nom et le numéro de la rue.
Le message doit être téléphoné en français
et en langage clair; il doit être dicté lentement et
très distinctement, pour permettre à l'employé
de la cabine destinataire de le transcrire facilement.
L'agent chargé de la réception doit collationner l'adresse,
les mots qui lui paraissent douteux et le texte in extenso, si l'expéditeur
l'exige. Le message est, dès sa réception, remis au
service de distribution.
Les abonnés du réseau téléphonique de
Paris peuvent, de leur domicile, expédier des messages, sous
la réserve du versement d'une provision au bureau des postes
et des télégraphes qui dessert leur domicile.
Le décret du 23 mars 1891 crée des abonnements
spéciaux comportant l'usage d'une ligne destinée à
relier un établissement public ou privé à un
ou plusieurs circuits téléphoniques interurbains.
L'abonnement confère à l'abonne, moyennant payement
des taxes réglementaires, le droit de correspondre à
partir de son domicile :
1° De réseau à réseau par les lignes interurbaines
;
2° Avec les abonnés de même catégorie aboutissant
au même bureau, lorsqu'il n'existe pas dans la ville de réseau
téléphonique urbain.
sommaire
|
Les
demoiselles du téléphone vers 1900 au central Opéra
|
Un des grands avantages qui résulteront
de cette innovation, sera notamment, pour les transmissions commerciales,
la suppression des intermédiaires entre maisons de commerce; les
négociants pourront s'entretenir de leurs bureaux avec leurs correspondants
et traiter directement, de patron à patron, les affaires.
Il suffira de l'envoi d'albums de dessins reproduisant par la photographie
les dimensions réduites des modèles, de carnets d'échantillons,
pour permettre de conclure les marchés et entretenir à l'avenir
les relations commerciales, débarassées de tout leur cortège
d'intermédiaires qui surchargent de frais le prix des marchandises.
Les prix seront débattus de vive voix et l'affaire sera terminée
par une conversation de quelques minutes, au besoin confirmée par
la correspondance, nous l'admettons, mais faisant gagner un temps précieux
pour l'exécution de la commande.
Ainsi donc, économie de temps, réduction de frais, par conséquent
réduction du prix et accroissement de la consommation, tels seront
les résultats généraux de l'application de la téléphonie
à grande distance aux transmissions commerciales de ville à
ville, de pays à pays.
Quant aux expériences de téléphonie a grande distance
par câble sous-marin, elles n'ont données jusqu'ici que des
résultats peu satisfaisants ; entre autres celles qui furent tentées
entre Douvres et Ostende, par M. Van Rysselberghe.
Ces insuccès qu'il est fort important de signaler, assurent à
la France, sur le continent, une prépondérance sur l'Angleterre.
La distance de Paris, par câble télégraphique
aux principales places commerçantes de l'Europe les plus éloignées
est de :
Naples................ 2032 kilomètres
Lisbonne............ 2124
Bucharest............2560
St-Petestburg......2719
Odessa................2760
Constantinople...3230
Toutes ces distances sont inférieures à trois mille
deux cent cinquante Kilométres, limite admise provisoirement
pour la conversation par un fil de cinq millimètres.(Il parait
certain qu'avec un fil équivalent à 5mm on correspondrait
à trois mille deux cent cinquante kilométres).
La France doit donc profiter de l'insuccès de la téléphonie
par câble sous-marin pour faire prévaloir la prépondérance
de son commerce sur le commerce anglais en Europe.
Il appartient à l'Etat, dans la période de crise commerciale
que traverse la France à cette époque, de marcher pour
ainsi dire à la conquête de ces succès pacifiques
qui sont le privilège du plus hardi et surtout du plus diligent.
|
|
sommaire
Dans les réseaux aériens, l'abonné doit, en outre,
comme part dans les frais de premier établissement, une somme de
15 francs par 100 mètres ou fraction de 100 mètres de fil
simple.
Toutefois, les frais d'établissement des lignes présentant
des diflicultés spéciales sont remboursés intégralement
à l'Administration, d'après les dépenses de matériel
et de main-d'uvre, y compris 5 pour 100 à titre de frais
généraux.
Le montant de cette redevance peut, sur la demande de l'abonné,
être réparti sur toute la période de l'abonnement
et perçu semestriellement par parties égales.
En dehors du périmètre du réseau, l'abonnement principal,
tel qu'il est fixé aux paragraphes ci-dessus, est augmenté
d'un supplément d'abonnement de 30 francs par kilomètre
de fil simple souterrain, et 15 francs par kilomètre de fil simple
aérien, pour la section de ligne comprise entre le domicile de
l'abonné et le périmètre du réseau urbain.
L'abonné doit, en outre, participer aux frais d'établissement
de cette section de ligne d'après le tarif adopté pour les
ligues d'intérêt privé.
Abonnement supplémentaire.
Le montant de l'abonnement supplémentaire est fixé ainsi
qu'il suit :
Quand le poste, supplémentaire est installé dans le même
immeuble que le poste principal :à 160 francs à Paris, à
120 francs dans les départements.
Quand le poste est installé dans un immeuble différent,
situé soit dans le périmètre, soit en dehors du périmètre
du réseau, l'abonnement supplémentaire fixé par le
paragraphe précédent est augmenté d'un supplément
d'abonnement de 30 francs par kilomètre de fil simple souterrain
et 15 francs par kilomètre de fil simple aérien, pour la
section de ligne reliant le poste supplémentaire au fil de l'abonné
principal. L'abonné doit, en outre, participer aux frais d'établissement
de cette section de ligne d'après le tarif adopté pour les
lignes d'intérêt privé.
Les postes téléphoniques desservis par des lignes d'intérêt
privé aboutissant au domicile d'un abonné peuvent être
mis en communication avec le réseau moyennant le payement de l'abonnement
supplémentaire fixé ci-dessus. Les appareils composant ces
postes doivent être choisis parmi les modèles admis par l'Administration.
Le titulaire d'un abonnement principal on supplémentaire peut demander
l'installation d'appareils téléphoniques destinés
à doubler, pour ses besoins personnels, le poste pour lequel il
a contracté son abonnement. Cette installation ne peut avoir lieu
que dans le même immeuble et après vérification des
conditions dans lesquelles il sera fait usage des appareils. Une redevance
de 50 francs à Paris et de 40 francs dans les départements
est perçue pour chaque appareil installé dans ces conditions.
En 1891 l'administration
décide de modifier le réseau de Paris.
L'idéal serait de relier tous les abonnés de Paris à
un central unique.
Le nombre des abonnés et la longueur des lignes alors nécessaires
empêchent de recourir à cette solution. On adopte alors une
solution médiane.
Le nombre des bureaux de quartier sera réduit â quatre seulement
dont l'un beaucoup plus important que les autres.
Le grand bureau cental sera localisé rue Gutenberg près
des Halles pour tenir compte du déplacement du centre de gravité
du trafic et desservira les 6 000 abonnés du centre. Un autre bureau
avenue de Wagram desservira les 3 000 abonnés d'Auteuil,
Passy et des Batignolles ; un troisième bureau rue de Belleville
reliera les 6 000 abonnés de Ménilmontant , la Villette,
Belleville etc.; un quatrième bureau desservira la rive gauche.
Le tout devrait permettre d'atteindre 20 000 abonnés
L'administration abandonne les câbles sous plomb
de la SGT car l'expérience a montré que la gutta percha
qui servait d'isolant, si elle est pratiquement inaltérable en
milieu sous-marin, perd ses propriétés lorsqu'elle est exposée
â l'air.
Les nouveaux câbles sont isolés au papier et à circulation
d'air.
En même temps le réseau est systématiquement
hiérarchisé et de nouvelles notions comme les manchons de
jonction ou les chambres de coupures sont introduites.
En 1891 l'organisation du réseau
est la suivante :
"La ligne double sans fils de plomb isolé à la gutta
percha, partant de l'appareil d'un abonné arrive à l'égoût
où elle rencontre d'autres lignes doubles et suit parallèlement
ces autres lignes jusqu'à un manchon de jonction qui sert â
relier 7 abonnés â un câble sous plomb â 14 fils
isolés au papier.
Sept câbles semblables correspondant à 49 abonnés
aboutissent à une chambre de coupure d'où part un câble
à 104 conducteurs (49 lignes plus 3 de réserve). Ces câbles
à 104 conducteurs arrivent directement dans le, bureau central**.
Hiérarchiser ainsi le réseau permet de disposer de réserves
de transmission, seule la dernière partie de la ligne devant être
construite pour raccorder un nouvel abonné. Cela permet aussi de
procéder plus rapidement aux réparations.
Enfin en 1891, l'administration se préoccupe de la qualité
de la transmission et donc de la longueur des lignes : si la longueur
moyenne des câbles â 2 fils reliant chaque abonné â
un manchon de jonction est faible, la longueur moyenne des câbles
de 7 abonnés est de 2 km et celle des câbles de 49 abonnés
de 1 600 m, ce qui correspond à une qualité de transmission
assez médiocre.
En outre l'évolution technique des câbles et l'augmentation
de leur capacité commence à poser le problème de
la localisation du réseau dans les égoûts. L'encombrement
à proximité des centraux est excessif. A partir de 1891
l'administration des téléphones tente, non sans de grosses
difficultés d'établir quelques liaisons en tranchées.
II faudra une dizaine d'années pour appliquer réellement
ce plan . Tous les bureaux crées par la S. G. T. â l'exception
de celui de Passy seront successivement fermés : 3 en 1894, 3 en
1895 et 2 en 1900, et remplacés par d'autres . Le central Gutenberg,
le plus important sera commencé dès 1893..
En 1891, à partir
du 1er janvier, par le décret du 31 décembre 1890 (BO P&T
1891 n°1 page 31), la séparation comptable des dépenses
entre services des télégraphes et des téléphones
entre en vigueur.
Un Budget Annexe des Téléphones est créé.
Mais ceci ne durera que 2 petites années.
Les dépenses afférentes :
1) à la construction des circuits téléphoniques interurbains;
2) au rétablissement, à l'extension, à la mise en
bon état de fonctionnement ainsi qu'à l'entretien des réseaux
téléphoniques urbains,
devront être liquidées sur les fonds d'un budget annexe des
téléphones.
Toutefois, au niveau organisation, le téléphone est encore
accolé au télégraphe.
En 1891, la Poste Britanique annonce le lancement imminent du service
téléphonique public Londres-Paris. 8 s pour 3 minutes,
d'une valeur de 40 £ d'aujourd'hui.
Dans les essais de télégraphie et de téléphonie
simultanées, effectués entre Paris et Londres, au mois d'avril
1893, l'office anglais réalisait une importante amélioration.
sur l'emploi du système duplex Wheatstone et Hughes.
Cette dernière application fut même l'objet d'expériences
si variées et d'observations si minutieuses qu'elle ressortit bientôt
comme l'une des plus importantes du programme. En même temps un
service pratique en duplex Hughes fut étudié et organisé
successivement sur les câbles de Calais-Douvres, Boulogne-Folkestone
et Dieppe-Newhaven. Le câble du Havre, ne pouvant fournir le rendement
normal, avait été, dès le début, complètement
éliminé. Les résultats acquis pendant la période
d'essais furent tels que l'administration française et l'office
anglaise résolurent de maintenir provisoirement en service régulier
une installation duplex Hughes, Quand se produisit l'interruption du câble
de Boulogne à Folkestone, le 14 février, il y avait près
de deux ans que le poste central de Paris et le post-office de Londres
utilisaient journellement, dans des conditions très satisfaisantes,
ce système de transmission télégraphique.
Aussi, lors de l'interruption du 14 février, le premier soin des
correspondants fut-il de constituer d'autres installations duplex .
|
Le bi-telephone dErnest Mercadier
(1891)
Avec linnovation technologique de lingénieur
français Ernest Mercadier et le développement dun
apparatus quil nomme bi-téléphone,
le casque audio commence à sapprocher de la forme que
nous lui connaissons aujourdhui : deux écouteurs, un
câble les reliant de part et dautre du visage, et un
poids permettant un port prolongé sans fatigue excessive.
Destiné aux opérateurs téléphoniques,
le bi-téléphone est conçu pour maintenir
les pièces en position opérative sans quil soit
nécessaire duser de la main pour les supporter, et
par là même libérer les mains afin deffectuer
dautres tâches. (traduction de la rédaction,
contenu du brevet déposé en 1891
Ci contre, le schéma issu du brevet
US Patent N°US454138, du 16 juin 1891.
|
Toujours en 1891 les résultats pratiques obtenus en télégraphie
et de téléphonie simultanées, et en service régulier
de entre Paris et Bruxelles ne laissent subsister aucune objection contre
ce système. Les Hughes installés fonctionnent dans des conditions
pratiques aussi normales que sur un fil ordinaire; L'adjonction du télégraphe
au téléphone n'entrave en aucune façon les communications
téléphoniques, celles-ci restent aussi silencieuses que de
coutume.
A titre d'essai, pendant la journée du 4 mai , un circuit Paris-Anvers
est mis en service sur un fil de circuit téléphonique; il
a assuré le service télégraphique de Paris central
avec Anvers tandis que fonctionnaient régulièrement les deux
communications téléphoniques Paris-Bruxelles et Bruxelles-
Anvers. D'autre part, il a été relié aussi à
Lyon, de manière à constituer sur le circuit télégrapho-téléphonique
Paris-Bruxelles et Bruxelles-Anvers une communication directe télégraphique
Lyon- Anvers. L'expérience, concluante quoique de peu de durée,
montre qu'on pourrait réaliser, sur un triple circuit
1891 Etat des réseaux téléphoniques en France
Cliquer pour agrandir
Cliquer pour agrandir
sommaire
En 1892, le 1er juillet,
par le décret du 20 juin 1892 (BO P&T n°7 page 591), le
Service Téléphonique de la région de Paris est constitué
en une direction a la tête de laquelle est placé un Directeur-Ingénieur.
La Direction du service téléphonique de la région
de Paris comprend, comme la Direction Régionale, de Paris, les
départements de la Seine, de Seine-et-Oise et de Seine-et-Marne.
(Ce qui représente actuellement la totalité de la région
Île-de-France.)
Monsieur Jean Baptiste Pol BERTHOT est le premier Directeur du Service
Téléphonique de la région de Paris nommé au
1er juillet 1892. (décret du 20 juin 1892 (BO P&T n°7 page
591)). Il le restera jusqu'à son départ en retraite le 15
juillet 1894.
En dehors de la région de Paris, seuls des Directeurs des Postes
et Télégraphes (les Télégraphes incluant les
Téléphones sans qu'il en soit fait mention) sont nommés.
C'est donc à Paris (et uniquement à Paris) qu'est nommée,
en la personne du Directeur du Service Téléphonique, la
première autorité qui ne va s'occuper que de téléphone.
(restant pourvue d'une autonomie budgétaire plus symbolique que
réelle).
La loi de finances du 26 décembre 1892 supprime le
Budget Annexe des Téléphones, après seulement deux
exercices annuels.
Normalisation de la fabrication des appareils de téléphone
:
L'abaissement des taxes après la nationalisation de 1889, eut pour
conséquence une augmentation considérable dans le nombre des
abonnements.
Chaque constructeur d'appareils électriques voulut avoir son modèle
de téléphone. Beaucoup cherchèrent à produire
à bon marché. Il en résulta que, si les appareils avaient
bel aspect, si les parties visibles étaient soignées, les
organes cachés n'étaient pas toujours d'un fini irréprochable.
« Du moment que l'appareil fonctionne bien, disait-on dans Les milieux
intéressés, cela suffit. » Non, cela ne suffit pas,
et l'Administration chargée des réparations, tant pour son
compte que pour celui des abonnés, ne pouvait se désintéresser
de la question.
Aussi, le 10 juin 1892, adressait-elle aux constructeurs un programme
auquel ils devaient se conformer, à dater du 1er
janvier 1893, sous peine de voir prononcer l'interdiction de
l'emploi de leurs appareils sur le réseau.
« 1° Toutes les vis entrant
dans la construction des appareils téléphoniques devront
être faites avec des tarauds fabriqués avec un jeu qui
sera établi par les soins du Dépôt central des
Télégraphes et dont un exemplaire sera remis aux constructeurs
qui en feront la demande.
« 2° Les contacts à butée seront absolument
proscrits et remplacés par des contacts à frottement.
« 3° Il y aura lieu de supprimer les boudins qui sortent
des joues des bobines d'induction. Noyer dans ces joues des plots
métalliques sur lesquels on prendra les communications avec
les circuits de la bobine.
« 41 Ne faire usage que de paillettes d'acier, avec contacts
platinés, pour les ressorts de communication.
« 5° Le ressort antagoniste du crochet mobile devra fonctionner,
d'une façon normale, sous des poids de 200 à 600 grammes
attachés au crochet.
« 6° Les vis à bois seront remplacées par
des vis à métaux ou par des boulons. Les têtes
des boulons seront munies d'un pied et les écrous refendus,
pour permettre le serrage au tournevis.
« 7° Toutes les communications seront établies en
fil de cuivre, recouvert d'un isolant avec tresse de coton ou de soie
et terminé par des poulies en laiton. La tresse sera rouge
pour le circuit primaire, bleue pour le circuit secondaire, jaune
pour le circuit d'appel et des trois couleurs pour les fils communs
à plusieurs circuits.
« 8° Les bornes auront la disposition et porteront les indications
: L1+L2 pour les fils de lignes, S1+S2 pour la sonnerie d'appel,
ZS+CS aux pôles - et + de la pile d'appel, ZM+CM aux pôles
- et + de la pile du microphone.
« 9° On n'emploiera, pour les joues des bobines d'induction,
que du bois de buis, bien sec et bien sain. (Depuis, l'emploi de l'ébonite
a été autorisé.)
« 10° Les cordons souples seront attachés sur les
récepteurs à des bornes extérieures.
« 11° Les membranes des récepteurs seront vernies.
» Enfin, l'Administration, sans en faire une obligation, conseille
l'adoption des dispositions suivantes :
11 - 1° Fendre les têtes des boutons pour permettre le serrage
au tournevis.
11 - 2° Placer le crochet commutateur à gauche, ce qui
permet à la personne qui se sert du téléphone
d'avoir la main droite libre..
11 - 3° Ne plus faire usage, pour les bobines des récepteurs,
de bobines en bois qui se fendent, et employer, au contraire, des
joues métalliques soudées sur le noyau, en veillant
à ce que cette carcasse métallique soit bien isolée
du fil qu'elle supporte.
|
Marquages
attestant de la conformité des appareils se présente
sous la forme de 3 groupes de lettres et chiffres apposés:
soit au fer rouge au dos ou sous les appareils en bois
soit sous forme de 3 poinçons sur les parties métalliques.
Le premier poinçon est composé
des lettres "LT" au centre d'un ovale, un
losange, etc...
LT étant le sigle du service chargé de vérifier
la conformité des appareils (Lignes Téléphoniques).
Le second est un groupe de 1 ou 2 chiffres représentant
le mois du contrôle,
Le troisième poinçon représente l'année
du controle.
|
|
Il est donc normal que la date mentionnée par
ces poinçons soit postérieure à la date de marché
ou d'adjudication apparaissant sur la plaque constructeur.
Depuis tous les appareils ayant accès au réseau de l'état
sont dotés d'un numéro de série constructeur.
La plupart des constructeurs d'appareils téléphoniques
se sont conformés à ces prescriptions et ont présenté
des appareils répondant aux nouvelles exigences ; quelques-uns
se sont abstenus, et leurs appareils ne sont plus admis sur les réseaux
français ; d'autres, enfin, en ont profité pour apporter
à leurs systèmes des améliorations plus étendues
que celles que l'Administration réclamait, et qui avaient principalement
pour but de diminuer les chances de dérangements et de faciliter
l'entretien.
Nous nous plaisons à reconnaître que le programme de
l'Administration a provoqué une sorte d'émulation entre
les constructeurs, et que les nouveaux types de récepteurs
et de transmetteurs sont beaucoup plus soignés que les anciens.
A titre d'exemple
de changement en 1893 :
En 1893 Breguet dans son nouveau modèle de récépteur
à manche à placé à l'extérieur
les bornes (auparavant à l'intérieur), puis a
adopté un aanneau (plutôt que la barre de fer doux
droite). A l'intérieur du boitier en laiton est placé
une cuvette FF au cenre de laquelle est calée une bobine
à joues métaliques dont le fil recouvert a une
résistance de 320 ohms. Les extremités du fil
de la bobine, soudées à la poulie en laiton, sont
pincées sous des vis qui soutiennent en même temps
les bornes DD. Vis et bornes sont isolées du boitier
et de la cuvette par des rondelles en ébonite. Un anneau
A sert de poignée.
La plaque vibrante N a un diamètre do 50 millimètres
et une épaisseur de 0,2 millimètre. |
|
Par suite des modifications provoquées
par l'Administration dans la construction des appareils téléphoniques
téléphoniques, l'installation des postes
simples d'abonnés se réduit aujourd'hui
à deux types : l'un pour le modèle mural (ftg.
52); l'autre pour le modèle portatif (fig. 53).
Pour cette dernière installation, on a admis que, dans
tous les postes, les brins du cordon souple seraient attachés
à la planchette de raccordement, de la manière
suivante :
le brin bleu à la première traverse,
rouge seconde
blanc troisième
vert quatrième
jaune cinquième
marron sixième
noir septième
|
|
|
Changement pôur les transmetteurs Ader
numéros 1, 2, 3, 4, 7.
La figure ci contre représente le mécanisme
du nouveau levier-commutateur.
Changement du Transmetteur Sieur : Le mécanisme
du levier-commutateur de l'appareil Sieur a été
complètement changé
Récepteur Sieur : Le récepteur Sieur est resté
simple, comme il l'était au début, toutefois,
en raison des modifications apportées au système
de bascule du levier mobile du transmetteur, il a fallu changer
la forme de l'anneau de suspension, pour que le récepteur
puisse indifféremment s adapter aux transmetteurs de
l'ancien et du nouveau modèle.
.....
|
|
Décembre
1893 Création de la Société
Industrielle des Téléphones (SIT) suite à
la fusion des usines de câbles et caoutchouc Menier et de la Société
Générale des Téléphones (SGT).
Son capital est de 18 millions de francs et son siège social est
situé au 25, rue du 4 septembre, à Paris.
Elle possède la quasi-totalité des brevets en matière
de téléphonie : Gower, Edison, Blake, Crossley, Ader
Le nouveau directeur technique spécialisée en téléphonie,
est Gérard Bailleux. Celui-ci met rapidement au point un
nouveau transmetteur à grenaille à base de parcelles danthracite
concassées. Il équipe bientôt une nouvelle gamme de
téléphones de luxe.
Sit mural Sit
sur pieds Berthon-Ader
« Le transmetteur vertical porte une embouchure permettant de parler
à voix basse, même à grande distance, et les récepteurs
sont munis dune poignée évitant la fatigue dans les
conversations un peu longues ».
Les financements du téléphone sont alors reversés
au budget général de lÉtat. La situation va
ainsi s'étendre sur une durée de 31 ans...
En province, organisation des bureaux interurbains,
avec le système Mandroux :
En France, antérieurement au 1er janvier 1890, les communications
interurbaines ne pouvaient s'échanger, en principe, qu'entre les
deux points extrêmes d'une même ligne.
Depuis cette époque, le réseau téléphonique
iinterurbain a été constitué de manière à
permettre aux réseaux d'une même région de communiquer
entre eux par l'intermédiaire d'un poste central. De plus, ce poste
central peut mettre tous les réseaux urbains de sa région
en communication avec les autres régions.
C'est ainsi que Rouen sert de poste central à tous les réseaux
de Normandie; de même, Lille est le centre des communications interurbaines
du Nord.
Des bureaux centraux analogues ont été également
installés à Reims, Nancy, Lyon, Marseille, Nice, Bordeaux,
etc.
Cette organisation a pris un développement d'autant plus
considérable que le réseau téléphonique interurbain
s'étendait davantage.
La table de coupure et de jonction, imaginée par M. Mandroux, a
pour objet de rendre faciles et rapides les opérations que le personnel
des bureaux centraux interurbains est appelé à exécuter.
Un certain nombre de ces tables sont déjà en service, notamment
à Bordeaux, Orléans, Nimes, Montpellier,
Béziers, Limoges ; elles fonctionnent très
régulièrement.
D'ailleurs, par des modifications de détail, l'inventeur a adapté
chacune de ses tables aux besoins locaux du poste qu'elle est appelée
à desservir.
Avant le téléphone automatique qui
arrivera en 1913 pour Nice et 1928 pour Paris Carnot , c'était
le règne des centres manuels
Divers modèles de commutateurs des bureaux centraux téléphoniques
se sont succédés. je vais vous en faire une très
rapide esquisse.
Phase préhistoire
« Dans les premiers bureaux centraux les lignes étaient
unifilaires et reliées à lune des barres dun
commutateur suisse, les barres de lautre série
communiquaient «chacune avec un appareil ». On se servit
bien vite des jacks-knives qui furent dailleurs bientôt
remplacés par divers systèmes.
On ne pouvait, certes, pas établir plus de cinquante à
soixante communications environ, à l'heure comme les premiers
modèles de Paris vus juste avant.
lère phase. Au montage en moncorde qui exigeait
autant de clés découte, de boutons dappel
et de fiches quil y avait de jacks dans le tableau, on substitua
le montage en dicorde ou en standard. Les tableaux standards pouvaient
être, exceptionnellement, construits pour 200 abonnés
au maximum.
2ème phase. Dans les bureaux importants, le nombre
des abonnés devenant de plus en plus considérable, on
dut rechercher un mode de groupement plus commode. Survint alors le
commutateur multiple, grâce auquel chaque opératrice
peut, sans quitter sa position, atteindre la totalité des lignes
des abonnés du réseau, puisque chacune des lignes est
représentée : par un jack général placé
à portée de sa main. Comme ce jack général
se reproduit autant de fois qu'il le faut, Le long du meuble, et,
, toujours à la même place, par rapport aux : positions
successives des opératrices, on dit qu'il est disposé
en multiple, d'où le nom de multiple donné à
l'ensemble du système.
Cest la « Western Electric Cy » qui en 1883 installa
les (premiers tableaux multiples).
Le multiple en série constituait un grand progrès et
permettait d'atteindre environ cent communications à l'heure
pour chaque position d'opératrice.
3ème phase. Le montage en série présentait
cet inconvénient quun seul contact mal assuré
isolait de la ligne tous les jacks défectueux.
En 1892, on vit apparaître, dabord à Albany (New-
York), puis à Zurich les multiples en dérivation dans
lesquels chaque ligne était dérivée sur les différents
jacks, sans que linterruption de lun puisse gêner
les autres.
Un nouveau pas en avant fut constitué par la découverte
du multiple en dérivation, dont les signaux d'appel,
a relèvement automatique, sont situés à la partie
supérieure du meuble, ce qui force la téléphoniste,
à chaque appel, à fixer son regard d'abord vers le haut
du meuble pour lire le numéro d'appel, de transcrire mentalement
ce numéro dans celui du jack local correspondant situé
à la partie inférieure du meuble et d'enfoncer ensuite
une fiche de réponse dans ce jack local. Malgré cet
inconvénient, qui était la cause d'une grande fatigue
pour la téléphoniste, ce meuble fut considéré,
à ce moment, comme un progrès réel, car il permettait
d'élever le nombre des communications à l'heure à
125 environ par opératrice.
4ème phase. Quelques années après,
on remédie aux inconvénients des signaux à relèvement
placés à la partie supérieure du meuble, en les
remplaçant par les lampes minuscules associées aux jacks
locaux. Ceci permit de réduire en un faible espace la surface
occupée par ces jacks et ces lampes, à la partie inférieure
du meuble, bien à portée de la main de l'opératrice.
De ce fait, le service était très notablement amélioré
et facilité, ce qui permettait à l'opératrice
d'établir environ 150 commutations à l'heure.
5ème phase.
Vers 1896, apparurent les premiers multiples à batterie
centrale. J'insiste tout particulièrement sur l'immense
progrès que représente l'application du système
dit à batterie centrale, car, c'est grâce à lui
que les autocommutateurs, déjà inventés depuis
1887, purent ensuite atteindre leur degré de développement
et de perfection actuels. Lla batterie centrale concentre, en un point
unique, la source d'énergie électrique destinée
à remplacer la totalité des piles primaires qui jadis
étaient éparpillées chez tous les abonnés
du réseau. Ceci représente également une grande
économie d'entretien, une plus grande sécurité
de fonctionnement et une meilleure distribution de l'énergie
électrique pour l'ensemble de tous les abonnés. Cela
permet également de simplifier les installations des postes
et des tableaux chez les abonnés, à cause de la suppression
de toutes les piles microphoniques, dé la suppression de toutes
les magnétos d'appel et enfin de la réduction à
deux fils de tous les circuits de connexion chez' les abonnés.
Il y a, en même temps, grâce à la batterie centrale,
une simplification énorme dans les manoeuvres imposées
aux abonnés, car ceux-ci, pour appeler, n'auront plus qu'à
décrocher leur récepteuret pour donner le signal de
fin, n'auront plus qu'à le raccrocher.
En effet, la remise au crochet du récepteur donne automatiquement
ce signal de fin au bureau central, grâce au fonctionnement
du signal de supervision réservé à chacun des
2 deux abonnés. Vous savez, en effet, qu'au bureau central
la communication est établie par une paire de cordons, or,
chacun des abonnés est représenté dans le cordon
qui lui correspond par une lampe de supervision qui ne s'éteint
que lorsque l'abonné a son récepteur décroché,
c'est-à-dire pendant toute la durée de la conversation.
Donc, à la fin de la conversation, Lorsque l'abonné
raccroche son récepteur, la lampe de supervision, qui le représente,
s'alllume. Lorsque les deux lampes de supervision sont simultanément
allumées, il en résulte un signal de fin de communication
tellement précis que la téléphoniste n'a nul
besoin de rentrer sur la ligne pour s'assurer que les abonnés
ont bien terminé leur conversation. Il en résulte, pour
la téléphoniste, une très grande sécurité
dans ses manoeuvres et un gain de temps énorme, ce qui lui
permet d'établir : environ 200 communications à l'heure.
Au moyen du signal de supervision, un des deux abonnés peut
appeler l'attention de la téléphoniste et lui donner
l'ordre de rentrer en écoute sur la ligne, en faisant produire
par cette lampe des éclats lumineux, éclats qui résultent
du fait que l'abonné soulève et rabaisse, dans un mouvement
lent, le crochet de son récepteur.
L'ensemble des progrès réalisés par la batterie
centrale permit d'améliorer considérablement le service
téléphonique.
6ème phase. Mais le progrès ne s'arrêta
pas là, c'est à partir de ce moment que se fait sentir
l'évolution vers l'automatisme, et quoique la batterie centrale
fût déjà très automatique en certaines
de ses opérations, elle se transforma néanmoins en un
commutateur perfectionné, par l'adoption des relais dont le
fonctionnement permet de supprimer les clés d'appel et les
clés d'écouté. Ceci réduit les manoeuvres
de l'opératrice au simple geste de l'enfoncement de la fiche
de réponse dans le jack local associé à la lampe
d'appel et d'introduire ensuite la fiche d'appel dans le jack général
de l'abonné demandé. Lorsque les deux lampes de supervision
s'allument, l'opératrice retire les deux fiches, ce qui remet
aussitôt tous les organes au repos, prêts à être
réutilisés pour une nouvelle communication.
7ème phase. 14 ans environ, après que
la Batterie Centrale eut été bien mise au point, les
ingénieurs de la Western Electric Company se mirent à
l'oeuvre pour développer un nouveau système automatique
basé sur des principes entièrement nouveaux. Cette étude
fut terminée vers 1910 et l'on aménagea à cette
époque, à New-York, un bureau' central semi-automatique
desservant 45o postes d'abonnés pouvant être reliés
au réseau général. Jusqu'à ce jour, ce
bureau a donné toute satisfaction et il a permis de garantir
l'excellence du système; non seulement au point de vue de la
rapidité et de la sécurité des communications,
mais encore au point de vue de l'économie de l'entretien. Ce
système est remarquable par la robustesse i et la simplicité
de son mécanisme absolument indéréglable.
Il est identique à celui de la Batterie Centrale sauf que certaines
machines y font, le travail des opératrices; Au début
, avec un commutateur semi-automatique il puvait assurer 5oo communications
à l'heure. |
A
PARIS Il y a en 1893, environ 23.000 abonnés, qui sont
répartis entre huit centraux dont voici la nomenclature
:
-- Les abonnés dont le numéro commence par un 1,
sont reliés au
2e étage de la rue Gutenberg
-- Ceux
dont le numéro commence par un 2, sont reliés
au 3e étage de la rue Gutenberg
-- par un 4, à la rue Chaudron,
-- par un 5 à la place Vagram et à la
rue Desrenaudes
-- par un 6, à Passy
-- par un 7, rue Lecourbe et boulevard Saint-Germain
-- par un 8, boulevard Port-Royal
-- par un 9, rue de la Roquette.
Le poste le plus important est celui de la rue Gutenberg qui
réunit à lui seul 14000 abonnés sur 23000
: ce n'est pourtant ni le mieux installé, ni le plus perfectionné.
Il tient le milieu entre le poste du boulevard Saint-Germain où
sont les plus anciens appareils,et celui de la rue Desrenaudes où
nous trouverons les innovations dernières.
Au boulevard Saint-Germain l'installation est déplorable, dans
une salle obscure, insalubre, où une cinquantaine de jeunes
filles sont empilées, manquant d'air, obligées de se
tenir continuellement debout.
Hâtons-nous de dire, d'ailleurs, que ce bureau disparaîtra
d'ici quelques mois, ainsi que celui de la rue Lecourbe, et que tous
deux seront remplacés par celui de l'avenue de Saxe qu'on est
en train de construire. |
|
1893 l'Hotel central des téléphones, GUTEMBERG
le système dit multiple constitue une
amélioration considérable.
Cliquez sur un étage pour voir en détail
|
|
Le
journal illustré du 3 septembre 1893
Enfin l'hotel des
téléphones est achevé et il faut espérer
que les abonnés cesseront de gémir sur la lenteur et
la difficultés des communications provenant de ce qu'a chaque
station, chaque fil devait être embranché, ce qui faisait
perdre beaucoup de temps.
Cet Hotel des téléphones est un magnifique monument
situé rue Gutemberg.
Il a été bâti sur la petite bande de 1000 métres
de terrain qui resta à l'Etat, entre la rue du Louvre et la
rue Jean-Jacques Rousseau, après l'édification de l'hotel
des Postes.
Commencé en Avril 1891 sous la direction de JM. Boussard,
architecte, auquel on devait dèjà les plans de la Caisse
d'Epargne Centrale, située rue Saint Romain, ul présente
un aspect entièrement nouveaux, tant par l'emploi presque exclusif
de la brique vernisée et du fer, que par la prédominances
des vides sur les pleins, ce qui lui donne l'aspect d'une vaste ruche
vitrée. La grande façade, tout en fer, fait preuve d'une
hardiesse inaccoutumée dans l'emploi du métal ; le complément
est en brique émaillées de couleur blanche veinées
de vert, suivant des procédés qu'on dit restitués
de l'industrie persane.
Il en résulte pur l'ensemble un aspect de légèreté
et un éclat qu'on est plus habitué à trouver
aux constructions orientales qu'a celles de l'occident. La moindre
pluie lavera spontanément toute cette faïence et la fera
paraitre éternellement neuve.
De l'aveu de personnes autorisées, ayant visité la plupart
des installations téléphoniques de l'Europe et de l'Amérique,
les salles de l'hôtel des Téléphones de Paris
sont les plus belles qui existent au monde.
Plus de détails sur les Réseaux
et Centraux manuels. |
Vers 1895 : COMMENT SE FAISAIT LA TAXATION TÉLÉPHONIQUE
Voici ce que l'on pouvait lire dans les annales télégraphiques
de 1895 : ou nous étions à l'étude de solution comme
l'exemple de l'Autriche ci dessous.
Les taxes globales, actuellement appliquées par la plupart des
administrations en ce qui concerne le service téléphonique
local, se distinguent par la simplicité
toute particulière que comporte leur décompte. Aux débuts
de la téléphonie, elles ont répondu pleinement aux
besoins du public et des entreprises; mais, en l'état actuel, il
sera difficile de les appliquer pendant longtemps encore.
Tant qu'on n'a pas possédé d'expérience sur le service
téléphonique pratique, sur l'extension et l'intensité
qu'il acquerrait, tant que les frais d'exploitation ont échappé
à toute évaluation même approximative, tant qu'on a
dû procéder à des changements incessants pour obtenir
un service irréprochable, et enfin tant qu'on a pu considérer
l'usage du téléphone comme un objet de luxe accessible seulement
aux classes aisées, il a paru juste de fixer les tarifs d'abonnement
à un chiffre uniforme pour tous les abonnés en élevant
suffisamment ce chiffre de manière à pouvoir assurer le service,
dans toutes circonstances, en réalisant un bénéfice
suffisant.
Mais le téléphone a conquis droit de cité dans le monde
des affaires, et il est devenu un véritable besoin pour un grand
nombre de classes; les dispositifs adoptés ont acquis un certain
degré de stabilité ; et, en même temps, on a la possibilité
de déterminer d'avance, avec un certain degré d'exactitude
suffisant, l'augmentation des frais d'exploitation qui est la conséquence
de l'accroissement du nombre des abonnés d'un réseau. Un état
de choses si profondément modifié est aussi peu compatible
avec le tarif actuellement en vigueur qu'un système exclusivement
global de droits le serait avec les conditions présentes des services
des chemins de fer, des postes et des télégraphes. La tarification
téléphonique actuelle offre les défauts suivants :
1** Pour les abonnés faisant fréquemment usage du téléphone,
les droits actuelâ sont trop bas, par rapport aux économies
que leur fait réaliser ce nouveau moyen de communication ; par contre,
pour les abonnés qui ne font que modérément usage du
téléphone, les mêmes droits sont trop élevés.
En outre, les abonnés d'un grand réseau payent trop peu en
comparaison des abonnés d'une petite ville. Il en résulte
que les abonnés au téléphone se recrutent actuellement
surtout dans les cercles qui font un usage très intensif de la correspondance
téléphonique et qui, par suite, formulent des exigences élevées
au sujet de la capacité de service des dispositifs d'exploitation^
et cela sans fournir en retour de compensation correspondante ; par suite,
le chiffre des abonnés aura atteint son maximum, lorsque tous les
membres de ces cercles se trouveront reliés aux réseaux locaux
; quant aux grandes masses des centres de population, l'on ne parviendra
jamais, avec le tarif uniforme actuel, à leur rendre accessibles
les importants avantages offerts par le trafic téléphonique;
2** Le rendement des réseaux téléphoniques ne peut
pas s'accroître dans les proportions désirables, proportions
effectivement atteintes par les autres services de communications, parce
que, avec l'accroissement du nombre des abonnés, les frais d'exploitation
augmentent beaucoup plus vite que les recettes résultant d'un tarif
global ;
3** Les réclamations relatives à l'imperfection du service
ne cesseront jamais sur les grands réseaux, malgré l'adoption
des dispositifs les plus parfaits , tant que chaque abonné pourra
faire usage du téléphone sans restriction aucune, c'est-à-dire
tant que, par la graduation des droits, on n'aura pas donné au téléphone
le caractère d'un moyen public de communication.
Ces défauts qui, avec le temps, entraveront le développement
ultérieur de la téléphonie et empêcheront sa
vulgarisation, l'on ne peut les éliminer qu'en créant un système
de tarif naturel, dans lequel il y aura un rapport exact entre le service
effectué et la compensation donnée en retour. Ce qui distingue
les correspondances téléphoniques locales du service postal,
du service télégraphique et même du service téléphonique
interurbain, c'est que, dans ces trois derniers services, toutes les facilités
offertes sont accessibles à tous contre versement de certaines taxes,
tandis que l'abonné au téléphone, lui, dispose à
l'exclusion de toute autre personne d'un appareil particulier et d'un fil
de raccordement avec le bureau central.
C'est là le seul trait qui différencie le service téléphonique
local ; et on peut en tenir compte en astreignant l'abonné soit à
rembourser les dépenses faites pour son usage exclusif sous forme
d'une taxe de construction perçue une fois pour toutes, soit à
acquitter chaque année une taxe principale. Nous n'examinerons pas
ici lequel, de ces deux modes de paiement, est préférable.
D'après les idées émises jusqu'ici à ce sujet,
on semble d'accord pour admettre comme préférable la perception
annuelle, sur les abonnés, d'une taxe fondamentale représentative
du service des intérêts et de l'amortissement des frais d'installation.
Par le paiement de la taxe fondamentale, laquelle sera plus ou moins élevée
suivant la longueur du fil de raccordement et la nature des appareils mis
à la dis-
position des abonnés, l'abonné s'est seulement donné
la possibilité de correspondre, à partir de son domicile,
avec d'autres abonnés. Si l'abonné fait plus ou moins fréquemment
usage de l'installation mise à sa disposition exclusive, s'il réclame
dans une mesure plus ou moins grande les services du bureau téléphonique
central, les faits doivent trouver leur expression dans une deuxième
taxe, la taxe d'exploitation.
Il s'agit donc de trouver la méthode la plus convenable afin de pouvoir
contrôler exactement l'emploi des téléphones par les
divers abonnés sans accroître le
travail du bureau central et de pouvoir déterminer en conséquence
la taxe d'exploitation à percevoir.
La méthode la plus simple pour atteindre ce résultat est sans
doute celle expérimentée depuis quelque temps en Suisse et
qui consiste à faire prendre note, par les employés du bureau
central, du nombre des conversations provoquées par chaque abonné.
Mais un pareil procédé impose au bureau central un surcroit
de travail qu'il n'est guère facile de tolérer à la
longue, il complique extraordinairement la comptabilité et, en outre
, il a le défaut de ne pas donner à l'abonné intéressé
la possibilité de contrôler, en tout temps, ses dépenses
de correspondance téléphonique et de mettre un terme aux abus
éventuellement commis par son personnel. Une autre proposition a
été formulée, d'après laquelle on déterminerait,
à certaines dates, le nombre des conversations téléphoniques
tenues, dans la journée, par l'abonné. Des chiffres obtenus,
on déduirait une moyenne annuelle et, sur la base des relèvements
ainsi effectués, on classerait les abonnés en différentes
catégories. Mais un pareil système laisse la porte ouverte
à des éventualités accidentelles et à des inexactitudes
qui pourraient amener des contestations délicates entre l'administration
publique et les particuliers.
La même observation s'applique aux propositions faites de classer
les abonnés d'après leurs professions, leur importance dans
le monde des affaires, etc. Pour ce qui est des dispositifs d'enregistrement
automatiques, remarquons que l'on a imaginé quantité dé
compteurs automatiques, de compteurs de conversations, d'enregistreurs du
temps employé, mais qui, d'une construction rudimentaire, enregistrent
uniformément tous les appels faits au bureau central ou bien encore
enregistrent la durée pendant laquelle les téléphones
ont cessé d'être accrochés. Sans parler des autres désavantages
que comportent les appareils précités et que nous examinerons
plus loin, la dernière particularité que nous venons de signaler
suffit à elle seule pour faire écarter ces compteurs et chronomètres.
L'application d'une taxe d'exploitation ne se justifierait que si la détermination
de l'emploi fait du téléphone repose sur des bases absolument
justes et inattaquables et si l'abonné n'est astreint à un
paiement qu'au cas où il aura reçu la contre-partie de son
débours. L'abonné paiera volontiers pour une conversation
qui aura eu lieu effectivement, mais non pour un appel demeuré sans
résultat.
Enfin, si l'on tient compte d'une autre proposition, d'après laquelle
on fixerait le prix de la conversation à un chiffre assez bas pour
que l'abonné reste indifférent à la taxation d'une
conversation en plus ou en moins, alors la détermination d'une taxe
par conversation n'a pas grand objet et, dans ce cas, mieux vaut maintenir
les taxes globales actuelles.
Les dispositifs techniques, qui permettront d'amener une solution de la
question des taxes téléphoniques et cela sans accroître
le travail du bureau central, doivent donc satisfaire aux conditions ci-après
:
« On peut adopter pour mesure de l'usage d'un poste téléphonique
soit le nombre des conversations effectives, soit leur nombre et leur durée
simultanément ». Il ne suffit pas d'enregistrer seulement la
durée des conversations, car il n'y a pas égalité dans
le travail réclamé du bureau lorsque l'abonné maintient
longtemps la même communication ou bien lorsque, durant le même
laps de temps, il demande dix ou vingt communications différentes.
Dans le service local, il y a avantage à tenir compte non seulement
du nombre, mais encore de la durée des conversations, car par là
on rappelle, en tout temps, l'attention de l'abonné sur la nécessité
de donner le signal de fin de conversation. En outre, il est de toute justice
de tenir compte de la durée des
conversations; car une longue conversation permet de régler plus
d'affaires qu'un court entretien, en sorte que, dans le premier cas, on
rend à l'abonné un plus
grand service que dans le second. Par suite, l'adoption d'un système
tenant compte de la durée des conversations aura pour conséquence
d'encourager les abonnés à abréger, autant que possible,
leurs entretiens et à donner en temps voulu le signal de fin de conversation,
ce qui entraînera, dans le service général, une exactitude
plus grande, au grand avantage de tous les abonnés.
Une autre question qu'il convient d'examiner brièvement, c'est celle
de savoir s'il faut porter une seule conversation au compte des deux correspondants
ou
simplement au compte de l'abonné appelant. Il est de toute justice
de ne faire payer que l'abonné qui a demandé la communication,
car rarement l'abonné
appelé se trouvera en mesure de se refuser de prime abord à
correspondre avec d'autres abonnés et par suite on ne peut songer
à lui faire acquitter une taxe
pour des communications peut-être importunes.
Quand même une grande partie du trafic téléphonique
consisterait en conversations dans lesquelles ce serait l'abonné
appelé, et non le demandeur, qui y aurait le plus d'intérêt,
néanmoins, il faudrait maintenir le principe d'après lequel
l'abonné appelant acquitte la taxe voulue, tout en laissant aux intéressés
le soin de régler leurs comptes ensemble. C'est là d'ailleurs
le principe aujourd'hui en vigueur dans les relations postales et télégraphiques;
dans ces cas, c'est l'expéditeur qui, le plus souvent, acquitte la
taxe prescrite. Il découle de ces observations que la solution technique
de la question des taxes téléphoniques consiste à construire
des appareils susceptibles d'enregistrer automatiquement et exactement toute
conversation réellement effectuée et même encore la
durée de la mise en communication chez tabonné qui aura provoqué
l'entretien.
Nous décrivons ci-après un Système de compteur qui
répond à ces desiderata, qui peut s'appliquer même sur
les plus grands réseaux sans entraîner beaucoup de frais, et
qui permet l'enregistrement automatique des conversations, soit quant à
leur nombre et à leur durée, soit ce qui simplifie considérablement
les dispositifs à introduire dans le bureau central quant à
leur nombre seulement, sans égard à la durée.
Le principe adopté consiste en ce que les courants, partant du bureau
central pour actionner les compteurs, sont émis sur la ligne d l'abonné
appelant dès que la communication se trouve réellement établie,
et qu'en outre, si la durée des conversations doit être notée,
cette émission se renouvelle ultérieurement d'elle même
à des intervalles de temps déterminés. Pour l'enregistrement
des émissions de courants marquant le nombre des unités de
conversation, on dispose de petits compteurs électriques placés
dans le bureau central ou dans les postes d'abonnés.
INSTALLATION DANS LE BUREAU CENTRAL.
Pour
l'enregistrement des conversations comme nombre et comme durée.
Pour
le double enregistrement précité, le système repose
sur les principes suivants :
a) Chaque conversation, jusqu'à concurrence d'une
durée déterminée, par exemple 6 minutes, est notée
comme une unité de conversation et chaque nouvelle période
commencée de 6 minutes se compte comme une autre conversation
;
b) Le comptage automatique des unités de conversation n'a jamais
lieu que pour l'abonné appelant ;
c) Le comptage a lieu dès que l'opérateur a effectué
la mise en communication de deux abonnés ;
il ne s'effectue pas si l'agent de service constate que la communication
demandée ne peut avoir lieu immédiatement pour un motif quelconque.
On atteint cet objectif multiple au moyen d'un jeu de clés
installé dans une partie quelconque du bureau et relié, par
des conducteurs, aux commutateurs centraux. Ce dispositif de contacts comporte
tout d'abord un arbre de transmission W [fig. 1 et 2), lequel tourne constamment
et lentement sous l'action d'un mécanisme d'horlogerie et qui, durant
le laps de temps sus-mentionné de 6 minutes, opère une révolution
complète ; cet arbre porte autant de roues à rochet qu'il
existe de paires de fiches de communication dans le commutateur central
en cause.
A côté de chaque roue d'accouplement, on voit, sur Tarbre W,
un disque_fou sur Tarbrear, lequel porte une encoche 1 et une came n (qui
ne se trouve pas dans le même plan que l'encoche ) , ainsi qu'un cliquet
K, avec son ressort correspondant . Contre le disque fou sur l'arbre x s'appuie
l'extrémité recourbée
ô, du levier d'armature H, grâce à la pression du ressort
lame f . L'électro-aimant M, dont les bobines ont environ 25 homs
de résistance, se trouve intercalé dans
le circuit d'une pile locale Bj et le circuit de cet électr0 peut
être fermé en faisant basculer à l'intérieur
du meuble le levier de la clé correspondante
L 'opérateur faisait tourner le levier bascule correspondant
de sa table d'opérateur, comme on peut le voir sur le schéma
de conception, la bascule enlève ainsi la communication dela terre,
et établit le contact en E, en sorte que le courant de la pile B
s'écoule par l'électro-aimant M qui alors attire son armature,
et par là le comptage d'une unité se trouve obtenu chez l'abonné
appelant.
Dans la position de repos, le ressort-lame presse l'extrémité
du levier d'armature et la maintient dans l'encoche du disque mobile x alors
b appuie sur le
bras h du cliquet K et maintient ce dernier éloigné de la
roue à rochet r, en sorte que les disques a: et r ne sont pas solidaires,
mais si on manuvre, après avoir établi une communication,
le levier de la clé qui correspond à la paire de fiches, alors
on enlève la communication avec la terre et on ferme le circuit local
en E [fig. 3); et l'armature A de l'électro-aimant M (fig. 1) se
trouve attirée; l'extrémité recourbé A, de l'armature,
dans ces conditions, sort de l'encoche, et
le cliquet K est amené par le ressort / en prise avec la roue r,
en sorte que le disque monté sur l'arbre W est entraîné
par lui.
Dans le fascicule XXII de la Zeitschrift fur Elektrotechnik de Vienne, 1893,
nous avons décrit un dispositif de contacts avec lequel la numération
des unités de conversation commence au moment où la seconde
fiche du fil souple de communication se trouve être levée.
Ce dispositif, sur les commutateurs simples, répondrait parfaitement
au desideratum en vue. En d'autres termes, il permettrait de ne compter
que les seules conversations effectuées, parce que l'opérateur
voit d'un coup d'il que la communication demandée est libre
ou occupée. Sur les commutateurs multiples naturellement le même
dispositif enregistrerait les appels au sujet desquels l'opérateur,
seulement après essai du fil demandé, constate que la communication
ne peut être pour le moment établie, mais cela à la
condition d'utiliser la seconde fiche. Comme il importe de n'imputer aux
abonnés que les seules conversations réellement survenues,
de manière à éviter des réclamations justifiées
de la part du public, et en outre afin d'obtenir la possibilité de
séparer complètement le dispositif de contacts du commutateur,
ce qui facilitera grandement l'emploi du compteur sur les réseaux
déjà existants, nous avons depuis apporté k notre appareil
la modification ci-après : le disque de contact x est accouplé
k l'arbre principal au moment où l'opérateur exécute
la dernière manipulation nécescitée par rétablissement
d'une communication, c'est-à-dire au moment où il déplace
le levier bascule, en sorte qu'il sait exactement que la conversation peut
avoir lieu.
|
|
Pendant cette rotation,
comme on voit sur la. fig 1, la came n rencontrant la dent m, soulèvera
un moment le ressort de contact c^ du point de contact c^, et l'appliquera
contre le ressort de contact c^. Les pièces de contact c, et
c^ sont intercalées dans le fil souple qui relie les deux fiches
d'une paire. Dans le schéma de la partie figurée à
titre d'exemple d'un panneau d'annonciateurs pour fils simples (voir
fig, 3), les pièces c^ et c, se trouvent placées entre
l'annonciateur de fin de conversation A et le contact de repos de
la clé d'écoute T, affectés à l'abonné
appelant. Ce ressort de contact c^ se trouve relié avec une
pile B, ayant un pôle à la terre, laquelle doit actionner
le compteur central du poste d'opérateur en cause , ainsi que
les compteurs de conversations installés dans les postes d'abonnés.
Lorsque deux abonnés ont été reliés ensemble
au moyen des fiches S 5 du conducteur , les compteurs se trouvent
actionnés par le fait que la came n applique le ressort de
contact c^ contre c,; le courant de la pile B, se rend alors d'un
côté à la terre, et de l'autre côté
il traverse, le compteur principal Z en passant par Cg et c^, les
clés T^ et T,, le conducteur , pour se rendre au compteur de
l'abonné appelant puis à la terre, tandis que le conducteur
de l'abonné demandé demeure isolé pendant ce
court laps de temps.
La construction
de la clé à levier se trouve représentée
à la fig. 4.
Le levier-bascule K, qui doit, sur les panneaux d'annonciateurs en
usage en Autriche, assurer, lorsqu'il se trouve dans sa position normale
, la communication de l'âme du fil simple des fiches avec la
terre, est pourvu d'une deuxième pièce de contact. Cette
deuxième pièce est formée du levier h mobile
autour de l'axe a et du butoir c dans la position normale indiquée,
il interrompt le circuit local de i'électro-aimant correspondant;
dans la position de conversation, par contre, il ferme ce circuit
et, conséquemment, provoque l'attraction de l'armature A (fig-
1).
Il est maintenant facile de s'expliquer comment fonctionne le compteur
au cas d'une conversation.
Supposons que l'unité de conversation soit fixée à
6 minutes. Quand un abonné appelle, l'opérateur de service,
après avoir enfoncé sa fiche de droite (la blanche),
prend le numéro de l'abonné appelé, puis il insère
sa fiche de gauche (la noire) dans le jack de l'abonné demandé
et appelle ce dernier. S'il est impossible d'éveiller l'attention
de l'abonné demandé ou, pour un motif quelconque, d'établir
la communication désirée (par xemple parce que l'essai,
sur les commutateurs multiples, démontre que le fil demandé
est déjà occupé), l'opérateur avise l'abonné
appelant en conséquence et l'appel n'est pas compté.
Si au contraire l'abonné appelé répond à
l'appel et que la conversation puisse avoir lieu, l'opérateur
fait tourner le levier bascule correspondant, enlève ainsi
la communication à la terre, et établit le contact en
E, en sorte que le courant de la pile B s'écoule par lélectroaimant
M qui alors attire son armature, et par là le comptage d'une
unité se trouve obtenu chez l'abonné appelant.
Si la communication persiste encore après
6 minutes, on obtient le comptage d'une nouvelle unité; car
les deux ressorts de contact c, et c sont pressés de nouveau
l'un contre l'autre pendant un instant par la came revenue dans
sa position normale ; par suite de cette manuvre , un courant
de courte durée se trouve envoyé au travers du compteur
central et du compteur ndividuel; pendant ce temps, l'autre conducteur
demeure isolé un court instant, et la deuxième unité
de conversation est enregistrée sur le compteur de l'abonné
appelant, etc.
De cette manière, les unités de conversation se trouvent
comptées automatiquement, sans intervention de l'opérateur
jusqu'à ce que le signal de fin de conversation soit donné
par les abonnés et que la communication se trouve interrompue
dans le bureau central.
Quand la communication est interrompue, le retour du levier-bascule
dans sa position normale entraîne le désembrayage du
disque x. De temps à autre, tous les trois mois ou six mois,
on relève les chiffres marqués par les compteurs et
on détermine, d'après ces chiffres, la somme à
payer par l'abonné à titre de droit d'exploitation.
Le même dispositif de contacts peut s'installer sans difficulté
sur tous les commutateurs dicordes; mais naturellement, dans chaque
cas, la construction des pièces détachées et
leur insertion doivent avoir lieu en conformité avec rorganisation
particulière et le schéma
des communications du commutateur en cause.
Avec les commutateurs monocordes, ce n'est pas un dispositif de
contacts pour chaque fil d'abonné, mais bien seulement dix
ou vingt de ces dispositifs par poste d'opérateur que l'on
doit installer sur l'arbre; puis, au moyen de commutateurs spéciaux,
lorsqu'on établit une communication, on introduit un de ces
dispositifs alors inoccupé sur le conducteur de l'abonné
appelant, et cela pour la durée de la conversation.
Sur les panneaux d'annonciateurs du système dicorde, on atteint
facilement le but en vue en doublant le dispositif de contacts qui
est composé des pièces et en disposant les ressorts
c à
côté l'un de l'autre de manière qu'ils soient
tous les deux simultanément séparés des pièces
de contact c, par la came n faite suffisamment large à cet
effet, et qu'ils soient amenés en contact avec les ressorts
c, qui se trouvent également placés à côté
l'un de l'autre.
Les deux ressorts c, et les. deux pièces de contact correspondantes
c, s'intercalent sur le cordon double de la paire de fiches; un
ressort c, est relié avec la pile mise à la terre
et l'autre ressort de même nom est mis en communication directe
avec la terre. En faisant tourner le levier-bascule comme précédemment,
on ferme le circuit local et, par suite, on embraye sur l'arbre
le disque de contact.
La came latérale w réunit les ressorts c, et les ressorts
Cj.
Par suite, le courant compteur va de la pile dont un pôle
est mis à la terre à l'un des ressorts c et au ressort
correspondant c, il pénètre sur le conducteur de l'abonné
appelant, dans l'appareil compteur de ce dernier, il passe sur le
conducteur de retour et se rend à la terre en traversant
le deuxième couple de ressorts c, et c^.
D'autre part, en utilisant la terre pour le courant de comptage
même sur les conducteurs dicordes, il devient possible d'employer
une pile commune dans chaque bureau central.
L'application de notre système aux commutateurs multiples
n'entraîne aucune complication; car, quelle que soit la construction
du commutateur, toujours une
paire de fiches est reliée par un cordon souple contenant
le conducteur dans lequel les contacts c^, c, et c, peuvent être
insérés; en outre, d'ailleurs, le dispositif de contacts
peut être installé en demeurant complètement
séparé du panneau d'annonciateurs.
Sur les grands réseaux qui comptent plusieurs bureaux centraux
et dans lesquels, pour l'établissement de certaines communications
, le concours de deux opérateurs ou d'un plus grand nombre
est nécessaire, il importe d'adjoindre, à chaque panneau,
qui contient des jacks de conducteurs d'intercommunication entre
les bureaux, un nombre de connecteurs sans dispositif de contacts,
correspondant au nombre de ces conducteurs.
Ce chiffre doit être indiqué nettement, faute de quoi
une seule et même unité de conversation pourrait se
compter deux ou trois fois.
Sur les grands réseaux, l'opérateur, appelé
par l'abonné, aurait à employer un fil souple avec
fiche pourvu d'un dispositif de contact, à introduire la
fiche blanche dans le jack de l'abonné appelant et la fiche
noire dans le fil d'intercommunication allant au bureau central
intéressé, mais cela tout en différant l'emploi
du levier bascule jusqu'à l'arrivée de l'avis de l'autre
bureau central que la communication désirée est établie.
Quant à l'opérateur du second bureau central, il doit
effectuer la mise en communication avec les fiches spécialement
réservées pour ne pas donner de contact. Si alors
on fait tourner les leviers-bascules dans les deux bureaux centraux,
le comptage d'une unité aura lieu chez l'abonné appelant.
On évitera complètement les erreurs dans le choix
des vraies paires de fiches, si les fils d'intercommunication entre
les bureaux centraux se trouvent amenés à chaque panneau
comme les fils d'abonnés et si les jacks locaux de ces fils,
dans chaque bureau, sont attribués exclusivement à
un agent, de sorte que les divers agents n'aient à manipuler
qu'une seule espèce de fils souples avec fiches.
Dans les bureaux centraux importants, il sera préférable
de réunir les dispositifs de contact dans un seul endroit,
de les relier par des câbles aux commutateurs , d'accoupler
tous les arbres entre eux, ainsi qu'avec l'arbre principal, et d'actionner
ce dernier par un petit moteur tournant à un nombre déterminé
de tours.
A un poste d'opérateur, on ne peut lancer simultanément
deux émissions du courant de comptage, car l'opérateur
ne peut jamais, juste au même moment,
établir deux communications.
Par suite, si un compteur totalisateur spécial (Z dans la
fig. 3) est intercalé sur le fil de mise en communication
entre la pile de compteur commune pour tout le bureau central et
les ressorts de contact d'un poste, ce compteur principal enregistera
toutes les conversations qui seront transmises de ce poste dans
un certain laps de temps, résultat précieux pour les
opérations statistiques et pour le contrôle.
Comme, dans un bureau central, il ne peut se faire qu'autant d'émissions
dé courant simultanées qu'il y a de postes, la force
à donner à la pile de compteur se
déterminera d'après les principes que l'on applique
pour les piles télégraphiques communes.
Quant aux frais occasionnés par le dispositif de contacts
etpar abonné. même sur les petits réseaux, ne
sont pas très élévés.
Sur un grand réseau, les mêmes frais seront relativement
moindres et ils seront d'autant moindres que le bureau central aura
plus d'importance.
Ainsi que la description ci-dessus permet de le constater, le mécanisme
du dispositif de contacts proposé est assez simple pour donner
le résultat que l'on
en attend, c'est-à-dire pour pouvoir fonctionner exactement
durant des années, sans exiger la moindre réparation,
à condition toutefois que la construction
soit parfaite. Notre dispositif présente, en outre, cet avantage
qu'il peut s'adapter à des réseaux déjà
existants sans entraîner le moindre arrêt dans le service,
attendu qu'il suffit simplement de modifier quelques communications
de fils et de changer les leviers à bascule, ce qui peut
se faire de nuit et sans interrompre le travail.
|
Installation à effectuer dans le bureau
central pour compter simplement les unités de conversation
sans avoir égard à leur durée.
Si l'on veut renoncer aux avantages, énumérés
au début, d'une taxation différente pour les conversations
courtes et longues, le système de contacts dans le- bureau
central n'a plus de raison d'être. Dans ce dernier cas, il
suffit, en effectuant la dernière manuvre destinée
à l'établissement d'une communicatien, de lancer un
courant sur le fil de l'abonné appelant, ce par quoi l'appareil
enregistreur de ce dernier se trouvera actionné.
On arrive à cette fin de différentes manières
également avec les différentes espèces de commutateurs.
S'il s'agit des panneaux d'annonciateurs généralement
employés en Autriche, on tourne le levier-bascule (commutateur
à levier) déjà mentionné plusieurs fois,
aussitôt que les deux abonnés
attendent leurs appels réciproques ; il faut donc donner
à ce levier une forme telle que, pendant qu'il passe de sa
position normale à la position de conversation, pendant un
instant, le fil de l'abonné appelé se trouvé
isolé et que celui de l'abonné appelant soit en communication
avec la pile du compteur. Un commutateur de ce genre, devant se
mouvoir dans une seule direction, aurait en conséquence,
pour les conducteurs bifilaires par exemple, à prendre les
positions suivantes durant une révolution complète
:
a) Position normale. Les deux conducteurs bifilaires à
la terre;
b) Après une rotation de 90°. Les deux fils du
circuit de l'abonné appelé sont isolés, tandis
qu'un fil du circuit de l'abonné appelant est relié
à la pile du compteur et que le second fil communique avec
la terre.;
c) Après une rotation de 180°(position de conversation),
Les deux circuits sont directénaent reliés
ensemble sans participation de la terre. Si le mouvement rotatoire
de ce commutateur a lieu autour d'un axe vertical, un mouvemoent
par trop rapide devient alors impossible, en sorte qu'on a la certitude
d'obtenir un contact compteur d'une durée suffisante. Suivant
les apparences, cette sorte de compteur offre une simplification
sensible des dispositifs nécessaires, dans le bureau central,
pour obtenir le même résultat. Mais si Ton songe que
même les frais résultant du dispositif de contacts
décrit sous A reviendront à un chiffre très
minime par abonné, que ce dernier n'exigera que fort peu
d'entretien et que d'ailleurs les travaux d'adaptation nécessaires
sur les commutateurs déjà en service seront à
peu près les mêmes, on reconnaîtra que la première
forme, c'est à-dire celle qui enregistre la durée
des conversations, mérite la préférence, étant
donné qu'elle donne la possibilité d'astreindre le
public à une observation
rigoureuse des règles de service.
APPAREILS ENREGISTREURS.
Pour l'enregistrement des courants compteurs, on peut employer utilement
tout compteur électrique susceptible de réglage et
qui se met en mouvement assez lentement pour obéir à
des courants intenses et continus, mais non aux courants alternatifs
des appels magnéto. La différence de notre système
avec tous les autres compteurs de conversations ou enregistreurs
chronométriques, consiste en ce que la partie la plus importante
du dispositif enregistreur se trouve dans le bureau central tandis
qu'il suffit de pourvoir les nombreux postes d'abonnés de
compteurs simples
et à bon marché circonstance qui faciliterait
dans une large mesure, au point de vue du prix de revient, l'application
du dit système. Comme type de compteur simple, à bon
marché et de fonctionement sûr, on peut citer l'appareil
construit par la maison 0. Schâffler de Vienne. Il peut enregistrer
jusqu'à 10.000 conversations.
On obtiendra un appareil enregistreur encore moins volumineux en
appliquant le principe adopté dans l'horloge électrique
d'Arzberger , principe au sujet duquel nous n'avons pas à
entrer ici dans des détails. Le compteur
peut être intercalé dans le conducteur aussi bien au
bureau central que dans le poste de l'abonné et, pour prévenir
complètement tout affaiblissement de l'effet acoustique,
il est possible d'installer son électro-aimant en pont, au
moyen d'un condensateur à fil placé en dérivation.
Si l'on dispose les compteurs dans le bureau central, on a l'avantage
de ne pas se trouver dans la nécessité de modifier
les appareils d'abonnés déjà en service qui
appartiennent aux types les plus divers. Avec une pareille innovation
il serait tout indiqué d'installer dans un local spécial,
accessible au public, les enregistreurs pourvus du numéro
de chaque abonné et
disposés sur les fils d'abonnés entre le paratonnerre
et le panneau d'annonciateurs de manière que chaque
abonné eût en tout temps la possibilité de constater
les indications fournies par son compteur.
En outre, il faudrait adopter un dispositif permettant, en cas d'orage,
de mettre hors circuit tous les compteurs ou, en d'autres termes,
de mettre à la terre en avant des compteurs tous les fils
d'abonnés, ainsi que la chose est déjà possible
avec la plupart des paratonnerres présentement en usage.
Quant à insérer sans plus le compteur sur les appareils
de l'abonné entre le paratonnerre et le commutateur à
crochet, la chose est impraticable pour plusieurs motifs. Dans ce
cas, il peut arriver que le compteur ne fonctionne pas par suite
d'un accident ou d'une manuvre volontaire, ou encore que le
compteur
soit mis en mouvement bous l'action d'un coup de foudre ou de courants
qui pénètrent sur la ligne lors d'un essai ou d'un
contact de fils. Pour rendre ces éventualités impossibles,
il faut insérer le compteur derrière l'appareil sur
le conducteur qui va à la terre ou sur le fil de retour.
En outre, il faut compléter le commutateur automatique conformément
aux indications données par les schéma des fig. 5
et 6 (ces schémas ont été établis en
prenant comme point de départ les types de téléphone
utilisés en Autriche),
de manière que le compteur ne se trouve intercalé
sur le circuit que pour la durée de la conversation, c'est-à-dire
à partir du moment où le téléphone se
trouve détaché, jusqu'au moment du signal de fin de
conversation et soit mis en court circuit pendant le reste du temps.
Cette installation (fig. 5) consiste en principe en un levier de
détente L à trois branches, mobile autour de la goupille
(Zapfen) a, lequel, dans la position normale, s'applique contre
le levier à ressort de rappel J mobile autour de g; ce dernier
levier est isolé de la ligne. Alors le bras W du levier de
détente L presse le ressort et établit un contact
entre L et la borne K ce par quoi le compteur Z (fig. 6)
arrive à former un court circuit, si bien que, quand le téléphone
se trouve suspendu, ce compteur ne peut être actionné.
Lorsqu'on enlève le téléphone, le levier J
du commutateur à crochet s'éloigne du butoir c relié
à la sonnerie et à l'appel magnéto, et il s'applique
contre le buttoir d qui conduit au téléphone T. Le
ressort y fait alors tourner le levier de détente; par suite
le contact entre ce levier et le ressort est interrompu et le court
circuit du compteur est supprimé. L'abonné peut, même
dans cette position, faire à loisir usage de son appareil;
il peut appeler, recevoir des appels ou parler; seulement, il lui
est impossible d'arrêter le fonctionnement normal du compteur,
tant qu'il ne donne pas, au moyen de son appel magnéto, le
signal de clôture. Si, après avoir accroché
le téléphone, l'abonné tourne la manivelle
de son appel magnéto, il fait en même temps tourner
l'exentrique G qui est accouplé par un engrenage avec l'appel
magnéto et qui agit sur la branche Wg du levier de détente
en relevant ce dernier, de manière qu'il reprend sa position
primitive derrière le levier automatique J; par suite, le
contact entre le levier de détente et le ressort est rétabli
et le compteur se trouve de nouveau
mis en court circuit. L'excentrique G est agencé de manière
que l'action de son point le plus élevé coïncide
avec le changement de pôle de l'armature de l'appel magnéto
; il s'ensuit que l'excentrique ne peutprendre uoe position de repos
directement au-dessous de l'extrémité du levier de
détente. Dans le schéma ci-joint des fils du poste
d'abonné {fig. 6), A indique le levier de contact pour la
pile du microphone , M le microphone, Q la bobine d'induction ,
Z le compteur (à ce dernier , comme nous l'avons déjà
dit , pour éliminer l'influence de ses bobines sur la transmission
des sons , on peut adjoindre, disposés en parallèles,
un petit condensateur à fil (C) et E la borne de terre ou
la borne du fli de retour. Dans la position normale telle qu'elle
est indiquée, le compteur Z se trouve en court circuit par
a, L. Si l'on enlève le transmetteur téléphonique,
le contact
entre L et est interrompu avec le téléphone décroché,
le courant compteur part de c et traverse IrfQ; quand le téléphone
est de nouveau accroché , le courant compteur part de c et
traverse Icgi pour passer au travers du compteur et se rendre eu
à la terre ou sur le fil de retour. Si l'on enferme toutes
les bornes d'entrée, de même que le compteur , dans
de petites boites qui sont ensuite plombées , il devient
impossible d'empêcher, par quelque artifice, le fonctionnement
du compteur. Même la mise hors circuit de l'ensemble des appareils
microtéléphoniques obtenu en enfonçant la fiche
de mise à la terre en cas d'orage (K fig, 6) n'empêche
pas le fonctionnement du compteur, tant que l'abonné ne met
pas aussi en court circuit le compteur, en faisant tourner l'appel
magnéto. Sans parler de la sécurité que l'on
peut ainsi obtenir dans le pointage des conversations, ce dispositif
complémentaire qui n'entraîne que des frais insignifiants,
peut être adapté aux appareils neufs, étant
donné qu'il fonctionne automatiquement , et aura en outre
cet avantage que les intéressés, dans leur propre
intérêt, donneront plus d'attention aux signaux de
fin de conversation.
En imaginant le système de compteur ci -dessus décrit,
on a eu pour principal objectif dobtenir un comptage absolument
certain et effectué avec le contrôle de l'abonné
des conversations effectives et de rendre par suite possible une
tarification absolument juste de la taxe d'exploitation. Avec le
système ci-dessus, on n'a pas à craindre de complication
dans le service ; car les opérations à effectuer,
pour établir les comunications, restent les
mêmes et , d'autre part , l'opération de comptage s'effectue
sans la coopération de l'opérateur. Même dans
les relations interurbaines ou quand il s'agit de l'acheminement
de télégrammes par téléphone, il ne
peut se produire d'erreur dans le comptage, si l'opérateur
n'oublie pas que, avec le dispositif indiqué, pour les appels
venant du dehors, il doit toujours utiliser la fiche de droite et,
pour les appels venant du bureau, la fiche de gauche.
Sur l'ordre du Ministère Royal Impérial du Commerce,
le système de compteurs que nous venons d'exposer se trouve
appliqué actuellement au réseau téléphonique
de Stockerau, près de Vienne, où on enregistre les
conversations comme nombre et comme durée.
Le système en question fonctionne dans la ville précitée
depuis le 18 décembre 1894 et y donne toute satisfaction.
|
sommaire
Période suivante de l'histoire
du téléphone en France |